Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les détours d'Olivia. Aujourd'hui, j'ai envie de parler de sexualité lesbienne et particulièrement des clichés qu'il y a autour de ça. Ça m'énerve un petit peu, c'est pour ça que j'en parle. Alors je ne sais pas, pour ce qui est des plus jeunes, parce que je commence à vieillir mine de rien, je ne sais pas ce qu'il en est si on pose toujours ce type de questions du type « comment vous faites pour faire l'amour entre femmes ? » Moi on m'a posé cette question tellement de fois. Et j'ai l'impression qu'encore aujourd'hui, il y a encore pas mal de stéréotypes autour de ça. Et donc, qu'est-ce qu'on fait face à ce type de jugement, finalement ? Est-ce que ça veut dire, si on découpe un peu tout ça ? Donc, si on pose ce genre de questions, déjà, c'est qu'on sépare un peu les lesbiennes et qu'on les met comme une espèce à part. Comme si, comment ils font, nous les hétéros, on fait comme ça, donc comment elles, elles font ? Qu'est-ce que ça peut bien être ? Quand c'est deux mecs ensemble, on sait ce qu'ils font. Et d'ailleurs, ça dérange un petit peu, on le dit rarement à voix haute. Mais entre nanas, il n'y a pas d'organes masculins, donc c'est bizarre quand même. Donc qu'est-ce qu'elles peuvent bien faire, au final ? Alors effectivement, c'est marrant, il suffit de regarder la sexualité lesbienne au cinéma pour voir que ça suscite quand même pas mal de mystères. On pense que deux lesbiennes qui font l'amour se font des petits bisous. Alors je confirme qu'on se fait quand même des bisous, pas non plus déconner. Mais pas que. Ou alors on voit l'extrême inverse, on voit deux femmes qui se secouent dans tous les sens, de façon complètement froide et sans âme, dans des positions très acrobatiques. Donc on dirait qu'elles sont plutôt en train de faire du sport plus qu'autre chose. Moi personnellement je préfère être confortable. Et je pense qu'il en est de même pour les couples hétéros. Et je pense aussi au porno, même chose. Quand on regarde ça, souvent on voit deux nanas qui se frottent frénétiquement et de façon complètement robotique, qui ont l'air de se faire chier plus qu'autre chose. Enfin, ça c'est le cas du porno en général. Donc c'est souvent comme ça. Mais avec les nanas, entre elles, ça c'est systématique dans le porno. Et puis surtout, elles hurlent. C'est comme si l'absence d'organes masculins faisait qu'il fallait compenser par autre chose, par le niveau sonore peut-être, et donc aussi des positions extrêmement farfelues. Donc c'est comme s'il fallait absolument rendre le sexe entre femmes plus visuel, pour montrer qu'il se passe vraiment un truc. Et il y a ce discours qui persiste, dans l'inconscient collectif peut-être, comme quoi deux femmes qui font l'amour, il leur manque quelque chose, clairement. C'est quand même incroyable comme cette idée peut effrayer certains hommes qui auraient l'impression qu'on leur coupe les couilles. Et dans le porno, c'est cette population-là qu'on cherche à rassurer. C'est « Messieurs, ne vous inquiétez pas, vous êtes indispensables. Vous restez indispensables au plaisir des femmes. » Et lorsqu'on s'aventure à dire le contraire à certains hommes, ils vont dire « Ouais, t'as encore une nana qui déteste les mecs. » Voilà, donc c'est un petit peu le serpent qui se mord la queue. Sans jeu de mots aucun. C'est comme si le plaisir qu'on peut donner à une femme en étant un homme était forcément rattaché à leur existence même. Et j'ai envie de rassurer ces messieurs et de leur dire que vous existez autrement que par votre sexe. Donc ne vous inquiétez pas, le monde a besoin de vous. C'est juste que tout n'est pas que phallocentré. Et donc la conséquence finalement de ce type d'image qu'on renvoie, c'est forcément une espèce de révolte de masse du milieu lesbien. On la voit dans les séries, au cinéma, etc. Enfin, notamment, je ne sais pas si vous avez connu cette série qui s'appelle The L Word. Et ça, ce truc, ça a fait un carton. Et puis, moi, j'étais collée devant la télé et je regardais ce truc-là. Et là, pour le coup, il y a des villages entiers, des villages entiers de lesbiennes. Où tout le monde, il n'y a que des lesbiennes partout. Et je crois que ça se passe dans Los Angeles. Il me semble, dans un quartier huppé de Los Angeles, tu ne sais pas pourquoi, mais elles ne bossent pas, les meufs. Elles ne font que traîner dans les bars et se rouler des pelles. Dans des quartiers ultra chicots de Los Angeles. C'est-à-dire que de l'épicier jusqu'à ton voisin, ta voisine, tout le monde est lesbienne. Je crois que je vais passer mon temps à rigoler sur ce podcast. Je suis censée travailler en même temps, je prends sur mon temps de travail, il faut bien que je respire un peu. En vrai, je pense que cette série n'a pas fait de mal. On s'est rendu compte au fur et à mesure que c'était vraiment un gros cliché. Mais c'est légitime qu'on veuille aussi bousculer les mentalités en rendant la sexualité lesbienne plus visible et dire « Eh oh, nous aussi on existe » . Mais alors du coup, on n'y va pas à moitié. On ne fait pas dans la demi-mesure. Pouf, on t'envoie un truc où la terre entière est lesbienne. Voilà, comme ça c'est fait. Et pour les scènes de sexe, il y en a à foison, on a vraiment l'embarras du choix. Certaines sont belles, d'autres sont vraiment tirées par les cheveux, mais bon, un peu comme partout. C'est cool qu'il y ait eu cette série quand même. Il y a eu Orange is the New Black aussi, enfin moi je n'aime pas trop cette série pour diverses raisons, mais je crois que ça a contribué aussi à rendre un peu tout ça moins invisible. Personnellement, je suis fan de ces trucs où on montre la sexualité sous toutes ses formes. Sous toutes leurs complexités, par exemple quand on regarde dans la série 10%, il y a une des nanas qui est lesbienne. Et en fait c'est juste un bout de l'histoire, on n'en fait pas une montagne. Et je trouve qu'au contraire, de banaliser un peu la chose, c'est quelque part de se dire « bah ouais, la sexualité est lesbienne, on est lesbienne, c'est comme ça, il n'y a pas d'autre chose à dire finalement » . C'est comme dans la vraie vie, il y a des hétéros, des bi. Lesbiennes, c'est normal quoi. Et pareil pour ce qui est du sexe, du coup, on n'est pas une espèce à part. Voilà, on a tous des corps, on a des corps de femmes, et puis on se démerde avec ce qu'on a, et puis des fois c'est super. Et quand quelque chose nous manque, en effet, il y a pour s'amuser. À bientôt, ciao !