- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur les femmes de l'ouest, le podcast qui va Ă la rencontre de celles qui font vivre la cĂŽte atlantique. Avant de vous prĂ©senter mon invitĂ©, j'ai juste un petit message Ă vous partager. Si vous recherchez la communautĂ© avec laquelle vous Ă©vadez et notamment surfez pour l'annĂ©e Ă venir, vous ĂȘtes au bon endroit. En 2026, on vous prĂ©pare quelques sĂ©jours pour aller dompter des vagues de rĂȘve avec un groupe de surfeuses passionnĂ©es. Alors si toi aussi t'es motivĂ©, rejoins notre canal Small Waves Surf Club sur le compte Instagram du podcast. L'arrivĂ©e d'un enfant est Ă la fois un bouleversement et un Ă©vĂ©nement que beaucoup de couples attendent. Pour Carole, aujourd'hui maman de 3 enfants, la naissance de Marcel a marquĂ© bien plus qu'un tournant, lorsqu'ils ont appris Ă la naissance qu'il Ă©tait porteur de trisomie 21. Dans cet Ă©pisode... Carole nous raconte son cheminement et celui de son conjoint pour accepter et dĂ©passer toutes les projections que l'on peut se faire lorsque l'on devient parent pour la premiĂšre fois. Dans cette conversation, on aborde Ă©galement le sujet des rĂ©seaux sociaux comme un moyen de normaliser ce qui est mis trop souvent de cĂŽtĂ© dans nos sociĂ©tĂ©s, nos diffĂ©rences. Carole nous parle aussi de comment ils ont fait de cette particularitĂ© extraordinaire une force pour construire une vie de famille unie au bord de la mer Ă l'Orient. Je vous laisse donc en compagnie de Carole, maman de l'extraordinaire Marcel. Bonjour Carole.
- Speaker #1
Bonjour, tu vas bien ?
- Speaker #0
Oui, c'était la question que j'allais te poser. Courcircuitée. Courcircuitée. Comment vas-tu
- Speaker #1
Carole ? Ăa va trĂšs bien, c'est une belle journĂ©e, je suis trĂšs contente de te rencontrer. Et je suis curieuse de savoir quel genre de questions tu vas me poser.
- Speaker #0
Alors l'idĂ©e de cet Ă©change, Carole, et en fait la rĂ©alitĂ©, c'est qu'on m'a sollicitĂ©, enfin on m'a dit, ah ça serait bien si tu pouvais inviter Carole sur le podcast, je pense qu'elle a beaucoup de choses Ă partager. Alors je me suis dit, bon dĂ©jĂ , pourquoi pas ? Donc je t'ai proposĂ©, je suis trĂšs heureuse que tu sois lĂ aujourd'hui au micro du podcast. Est-ce que tu pourrais Ă©ventuellement, c'est une question que je pose de temps en temps, mais te prĂ©senter, nous dire d'oĂč tu viens ? ce que tu fais et ce que tu as fait et ce que tu fais Ă©ventuellement aujourd'hui.
- Speaker #1
Ăa marche. Je m'appelle Carole, fraĂźchement quarantenaire. Je viens de Rennes, donc ce n'est pas la cĂŽte ouest, mais je suis lĂ©gitime ici parce que mes grands-parents sont de l'Armor Place, juste Ă cĂŽtĂ© de Lorient. Et on a dĂ©mĂ©nagĂ© il y a bientĂŽt 4 ans ici avec ma famille, qui est composĂ©e de mon mari et de mes 3 enfants. Marcel, qui a 9 ans, qui est porteur de trisomie 21. et qui est un peu l'Ă©lĂ©ment qui fait certainement qu'on se rencontre aujourd'hui, puisque c'est grĂące Ă lui que je suis sur les rĂ©seaux sociaux et donc un peu plus visible. Ma famille est composĂ©e de Basile, mon deuxiĂšme, qui a 7 ans, et de Colette, vraie l'Orientaises, puisqu'elle est nĂ©e ici un mois aprĂšs notre arrivĂ©e.
- Speaker #0
Ok, trĂšs belle famille alors ! Et comment c'est la vie Ă Lorient ?
- Speaker #1
C'est incroyable. En fait, j'ai fait une petite story cette semaine en disant que ça fait bientĂŽt 4 ans et donc ça fait bientĂŽt 1400 jours. que tous les jours je me dis, waouh, mais qu'est-ce qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on est bien ici, quelle chance, quel cadre de vie, quelle lĂ©gĂšretĂ©. Je vais me faire taper sur les doigts par certaines parce que souvent on me dit, mais chut, arrĂȘte de dire que c'est bien. Mais je crois que je ne peux pas le cacher en fait, je suis vraiment trop bien ici. On a trouvĂ© notre Ă©quilibre et on se sent chez nous.
- Speaker #0
Est-ce que justement tu pourrais éventuellement nous dire, est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur sur ce déménagement ou sur cette... Enfin ouais, sur ce déménagement qui vous a amené à Lorient en particulier ?
- Speaker #1
C'est un projet qu'on avait en commun avec Sylvain. Quand on venait au week-end chez ma grand-mĂšre et qu'on devait rentrer Ă Rennes, et puis ensuite, aprĂšs, on habitait Ă Saint-Jacques-de-la-Lande, Ă l'extĂ©rieur de Rennes, c'Ă©tait Ă contre-cĆur. On se disait, mais pourquoi ? Pourquoi on va se faire suer chez nous alors qu'on est trop bien ici ? Et on s'Ă©tait dit, Ă 40 ans, ça pourrait ĂȘtre hyper cool qu'on dĂ©mĂ©nage Ă Lorient. Et Ă l'Ă©poque, les prix n'Ă©taient pas trop chers quand on regardait. Ăa, c'Ă©tait avant le confinement. Et en fait, le projet des 40 ans s'est avancĂ© de 4 ans parce qu'on a eu une Ă©preuve dans la famille, le papa de Sylvain est dĂ©cĂ©dĂ© trĂšs rapidement et en fait on s'est dit mais voilĂ , la vie peut ĂȘtre courte, pourquoi perdre entre guillemets 4 ans, allons-y tout de suite quoi. Et donc c'est un projet qui s'est fait rapidement. AprĂšs je ne vais pas te mentir, ce n'Ă©tait pas forcĂ©ment trĂšs simple parce que justement du fait du handicap de Marcel, on voulait ĂȘtre sĂ»r de trouver une maison dans une ville. oĂč il y a un service mĂ©dical adaptĂ©, oĂč il y a une Ă©cole avec une classe ULIS. Donc voilĂ , ça a Ă©tĂ© un peu stressant parce qu'on voulait ĂȘtre sĂ»rs avant de faire une offre sur telle ou telle maison que tout autour corresponde Ă nos besoins. Et en fait, c'est un peu par hasard qu'on est arrivĂ© dans un quartier de Lorient en particulier et que finalement, on se rend compte que c'est un super quartier qui est trop bien situĂ© et on est trop bien ici tous ensemble.
- Speaker #0
Et justement, alors oui, tu l'as dit, en effet, je pense que Marcel est un garçon plein de vie. tu partages un peu de sa vie finalement sur les rĂ©seaux sociaux est-ce que tu pourrais nous parler peut-ĂȘtre de cette annonce qui vous a Ă©tĂ© faite une fois que Marcel est nĂ© ?
- Speaker #1
Oui effectivement, on a dĂ©couvert le handicap de Marcel Ă sa naissance donc il y en a encore beaucoup aujourd'hui qui me disent mais non mais c'est pas possible c'est un choix, vous l'avez gardĂ© mais vous l'avez forcĂ©ment su et en fait non, mĂȘme encore en 2025 on est toutes suivies pendant la grossesse ... Mais il peut y avoir encore des fois des malformations, des anomalies gĂ©nĂ©tiques qui passent Ă travers. Et donc nous, ça a Ă©tĂ© le cas en 2015. J'ai eu un suivi de grossesse tout Ă fait ordinaire. J'ai eu le triple test vers deux mois et demi, trois mois, je ne sais plus prĂ©cisĂ©ment, qui est revenu nĂ©gatif. Pour moi, tout allait bien et mon enfant allait naĂźtre « normal » . Donc ça a Ă©tĂ© effectivement une grosse surprise parce que dĂšs qu'on l'a vu, on a trouvĂ© qu'il avait un physique particulier. qui nous faisait penser de suite Ă des personnes porteuses de trisomie 21. Donc je l'ai souvent dit, mais c'est vraiment ça, il avait les oreilles ourlĂ©es, il avait des yeux en amande, voilĂ , il y avait vraiment un ensemble qui nous a mis la puce Ă l'oreille et trĂšs vite, nos doutes ont Ă©tĂ© confirmĂ©s Ă la maternitĂ©, le jour mĂȘme, le soir de sa naissance. Enfin, Ă©videmment, lĂ , c'est... C'est une sensation de monde qui s'Ă©croule parce qu'on ne s'attend pas du tout à ça. Ă 30 ans, premier enfant, on se projette dĂ©jĂ , tiens, notre enfant il fera du surf avec son papa, enfin voilĂ , des choses comme ça. Et lĂ , en fait, tout nous paraĂźt irrĂ©alisable et on se dit, waouh, c'est un enfant qui ne saura rien faire. Et donc nous, notre vie, on ne va plus rien faire non plus. Et donc c'est trĂšs pessimiste, c'est trĂšs noir comme tableau. Parce que pour le coup, nous, on n'avait pas d'exemple autour de nous. Sur les rĂ©seaux sociaux, je pense qu'on Ă©tait beaucoup moins nombreux Ă partager aussi le quotidien d'enfants porteurs de handicap. Et donc, oui, pas une nouvelle des plus rĂ©jouissantes. Mais aprĂšs, trĂšs vite, on s'est rendu compte qu'on Ă©tait attachĂ©s Ă Marcel, Ă 7 enfants. Et quand je dis trĂšs vite, c'est dans les 2-3 jours. Parce qu'en fait, Ă la maternitĂ©, on nous a proposĂ© de l'abandonner. Et donc lĂ , tout de suite, ça a Ă©tĂ© un choc. On s'est dit, mais comment est-ce possible ? Alors, c'est dans l'obligation. Ils sont obligĂ©s de nous proposer cette option-lĂ . On ne propose pas Ă un enfant sans handicap d'ĂȘtre abandonnĂ©. Mais lĂ , nous, on nous a proposĂ©. Et on s'est rendu compte qu'on n'en avait pas du tout envie, qu'on n'en Ă©tait pas capable. Et au fond, on s'est dit, c'est pas plus mal qu'on ait eu cette proposition parce qu'en fait, on ne veut pas. Nous, on l'aime dĂ©jĂ comme il est. C'est notre fils. C'est nous qui avons voulu le mettre sur terre. Il nous a choisi. Il y avait un truc de OK, en fait, let's go. C'est parti. On va faire ça ensemble. Et puis tout de suite avec Sylvain, on s'est dit, c'est triste ce qui nous arrive, mais je suis contente que ça se passe avec toi parce que je sais qu'ensemble, on va y arriver.
- Speaker #0
Incroyable, je suis assez Ă©mue parce que c'est vrai que j'imagine qu'en tant que jeune parent, en effet c'est la premiĂšre fois que vous deveniez parent, et d'avoir cette question qui vous est posĂ©e, c'est quand mĂȘme un double choc finalement. Comment on peut potentiellement faire ça Ă un ĂȘtre humain qui vient tout juste de... Alors aprĂšs,
- Speaker #1
encore une fois, c'est trÚs bien qu'il y ait cette proposition, et je ne juge pas les personnes qui vont le faire, qui vont laisser leur enfant, comme on dit, pupille l'état, mais moi je m'en sentais... pas capable. Et surtout, on avait les dispositions, les ressources, la famille, l'entourage. Mais j'en sais rien, moi, une maman célibataire... Enfin, voilà , il y a plein de raisons. Tous les cas sont particuliers. Mais je ne pensais pas que c'était une demande qu'on pouvait avoir.
- Speaker #0
Et j'imagine, tu l'as dĂ©jĂ un petit peu Ă©voquĂ©, mais tout ce que vous aviez peut-ĂȘtre projetĂ©, et souvent, c'est ce que font les parents, les futurs parents... TrĂšs souvent on dit que ce n'est pas forcĂ©ment la meilleure chose Ă faire, de projeter sur ses enfants certaines choses. Comment vous avez gĂ©rĂ© ce nouveau quotidien Ă trois, et d'autant plus avec des besoins, tu l'as dit, qui Ă©taient spĂ©cifiques Ă ce petit garçon ?
- Speaker #1
Effectivement, dĂ©jĂ avoir un enfant, finalement on ne s'en rend pas compte, mais ça chamboule quand mĂȘme un Ă©quilibre familial. Il y a des ajustements Ă faire d'emploi du temps, d'organisation et de prĂ©sence. Et lĂ , c'est vrai que moi je n'ai pas pu reprendre le travail tout de suite, puisque je voulais ĂȘtre auprĂšs de Marcel pour le stimuler. ... Pour mettre en place son suivi mĂ©dical prĂ©coce, c'est-Ă -dire, alors qu'il avait que deux mois, aller chez la kinĂ© toutes les semaines, aller chez l'orthophoniste, aller chez le dentiste pour qu'il ait une plaque palatine, aller chez la psychomotricienne. Et voilĂ , tout ça, ça a Ă©tĂ© des rendez-vous Ă mettre en place dans les six premiers mois de sa vie. Et je voulais ĂȘtre au taquet pour ĂȘtre sĂ»re de rien louper et que la stimulation commence immĂ©diatement. Donc moi, j'ai repris le travail qu'aux six mois de Marcel et pas Ă temps plein, pour pouvoir l'accompagner justement. Et sinon, il allait dans une crĂšche ordinaire. que je ne remercierai jamais assez, c'est la crĂšche EnfantĂ©sie Ă Rennes, exceptionnelle et qui est dans l'inclusion justement dĂšs le plus jeune Ăąge des enfants porteurs de handicap.
- Speaker #0
D'accord, et justement quand vous avez, alors il me semble que votre deuxiÚme enfant Basile est lui aussi né du cÎté de Rennes ?
- Speaker #1
Oui, tout Ă fait, dans le mĂȘme hĂŽpital.
- Speaker #0
Et quand vous avez fait votre transition, ce dĂ©mĂ©nagement, que vous avez eu cet Ă©vĂ©nement qui vous a rappelĂ© que la vie est courte et qu'il faut... Aller vers ce dont on a vraiment besoin et envie pour notre famille. Comment s'est peut-ĂȘtre passĂ© aussi ce dĂ©mĂ©nagement ? Tu as dit qu'il y avait vraiment des besoins spĂ©cifiques. Est-ce que tu as retrouvĂ©, en effet, dans cette ville, tout ce dont tu avais besoin ?
- Speaker #1
Oui, alors effectivement, c'Ă©tait spĂ©cial parce que la mĂȘme annĂ©e, on a appris la maladie, je suis tombĂ©e enceinte, mon beau-pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©, Colette est nĂ©e ici, il y avait le dĂ©mĂ©nagement gĂ©rĂ©, les enfants Ă©taient encore jeunes, voilĂ . Mais on a tout retrouvĂ© et le confort ici, c'est-Ă -dire qu'Ă Rennes, On Ă©tait Ă l'extĂ©rieur de Rennes pour un rendez-vous mĂ©dical Ă Rennes. C'est dĂ©jĂ 25-30 minutes avec les bouchons, le temps de se garer, faire le rendez-vous, repartir. Ăa me prenait facilement 1h30, 2h pour un rendez-vous. Et donc lĂ , Ă Lorient, tout est Ă 5 minutes. 5 minutes Ă vĂ©lo, et puis aprĂšs on ne met que 5 minutes pour aller Ă l'Ă©cole. Et puis on ne remet que 5 minutes pour aller... Il y a un vrai confort. Et aprĂšs, bien Ă©videmment, en grandissant, Marcel a moins de besoins. C'est-Ă -dire qu'il ne fait plus de kinĂ©, il ne fait plus de psychomotricitĂ©. Il y a des problĂšmes qu'on suit au dĂ©but, en tout cas on anticipe certains problĂšmes pour les Ă©liminer et au fur et Ă mesure il y a de moins en moins de problĂšmes. De toute façon il n'y a pas de problĂšme dans la vie, il n'y a que des solutions. LĂ il va reprendre la kinĂ© orofaciale, mais c'est pareil, c'est Ă les 7 minutes en voiture. Il y a vraiment un gros confort et on a trouvĂ© tous les professionnels assez facilement. Quand on sort la carte de l'handicap, mĂȘme au tĂ©lĂ©phone, je veux dire... Trouver un orthophoniste, c'est plus facile qu'un enfant lambda, voilĂ .
- Speaker #0
Est-ce que justement tu pourrais nous parler de la façon dont tu as toi-mĂȘme grandi auprĂšs de Marcel dans cette relation mĂšre-fils que vous avez ? Et peut-ĂȘtre si tu as des souvenirs Ă nous partager, des choses qui t'ont marquĂ© dans... Tu t'es dit un sentiment vraiment de fiertĂ© accomplie.
- Speaker #1
Ok. Effectivement, quand on devient parent, c'est un gros changement. Mais alors lĂ , devenir parent d'un enfant porteur de handicap, en fait, on est tout de suite projetĂ© dans une parentalitĂ© autre, avec, j'ai l'impression, encore plus de responsabilitĂ©s peut-ĂȘtre. On perd une part d'insouciance, c'est vrai. Mais par contre, les moindres petits progrĂšs, les moindres petits bonheurs sont dĂ©cuplĂ©s parce qu'on profite beaucoup plus de l'instant prĂ©sent et les premiers pas de Marcel qui Ă©taient tardifs. Vraiment, sans aide, sans chariot, il avait 27 mois. Donc c'est deux ans et trois mois. Moi, j'Ă©tais enceinte de six mois. Je n'en pouvais plus de le porter, Ă©videmment. Mais la fiertĂ©, je me vois encore trĂšs, trĂšs bien. LĂ , c'Ă©tait sur un terrain de sport. Des choses comme ça, apprendre Ă faire du vĂ©lo. Des choses qui font toujours plaisir en tant que parents, mais qui, lĂ , sont dĂ©cuplĂ©es. Donc oui, avec Marcel, on a grandi aussi dans le sens oĂč... Ă titre personnel aussi, moi j'ai gagnĂ© en aisance, je suis beaucoup plus sĂ»re de moi maintenant que j'ai Marcel. Je suis trĂšs fiĂšre de lui. Oui, je ne sais pas, je pense qu'on a grandi et on a changĂ©, j'espĂšre en mieux.
- Speaker #0
J'imagine qu'il y a tous ces moments de joie, de rĂ©jouissance, d'accomplissement, mais est-ce qu'aussi peut-ĂȘtre il y a d'autres aspects du quotidien ou de la vie en gĂ©nĂ©ral oĂč tu te dis mince ?
- Speaker #1
tu vois qu'il y a des difficultĂ©s pour lui ou des endroits oĂč il n'est peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment compris et tu te dis il y a encore tellement de progrĂšs Ă faire dans la sociĂ©tĂ© je ne dirais pas qu'on est confrontĂ© au handicap tous les jours finalement parce que c'est dans notre quotidien mais il y a des moments oĂč je n'ai pas d'exemple particulier mais Marcel va avoir certaines rĂ©actions on se dit ouais lĂ effectivement c'est casse-pied pour rester poli mais c'est comme ça C'Ă©tait plus en dĂ©but d'annĂ©e scolaire, mais Basile, lui, pour le coup, a des aisances pour les apprentissages. Et donc, de voir la diffĂ©rence entre Marcel, qui est le grand frĂšre, Basile... Basile a dĂ©passĂ© maintenant Marcel au niveau de la facilitĂ©, des connaissances, etc. Mais en fait, on a tellement appris maintenant Ă vivre au jour le jour et Ă voir le positif.
- Speaker #0
que je sais pas ça va Ă quoi je parle tant mieux tant mieux et justement tout Ă l'heure on parlait aussi en off du temps que tu t'accordais pour toi comment en tant que, il y a plein de casquettes de maman mais aussi avec certaines responsabilitĂ©s que tout le monde n'a pas forcĂ©ment tu arrives Ă t'extraire peut-ĂȘtre d'une certaine façon ou trouver des parenthĂšses justement pour toi, pour souffler Ă©ventuellement pour ton couple, c'est quelque chose que tu veux en parler mais De trouver des moments au refuge qui, je ne sais pas, sont peut-ĂȘtre nĂ©cessaires dans ce cadre.
- Speaker #1
Oui, c'est complĂštement nĂ©cessaire. AprĂšs, au dĂ©but, ce n'Ă©tait pas facile parce que j'avais... LĂ , je parle vraiment de trois, quatre premiĂšres annĂ©es avec Marcel. J'avais donc trois jours en entreprise et deux jours avec lui pour le stimuler, courir Ă tous les rendez-vous mĂ©dicaux. Puis ensuite, Sylvain Ă©tait souvent en dĂ©placement, gĂ©rer les deux enfants. Donc lĂ , pour le coup, j'avais trĂšs peu de temps pour moi. Donc c'Ă©tait assez Ă©puisant et en arrivant ici, je me suis dit mais il y a un moment, il y a eu Colette aussi, troisiĂšme enfant que j'ai eu au sein pendant 13 mois, elle ne voulait rien d'autre. Donc je me suis dit, je pense que j'ai fait ma part et maintenant j'aimerais bien, histoire d'ĂȘtre plus dispo ou en tout cas de meilleure composition avec tout le monde, je pense qu'il va falloir que je prenne du temps pour moi. Et donc j'ai arrĂȘtĂ© le salariat et j'ai organisĂ© mon emploi du temps. C'est l'avantage en Ă©tant... Parce que lĂ , je suis Ă mon compte. C'est l'avantage, c'est que si je veux, je peux travailler que le matin, pas l'aprĂšs-midi, et je reprends le soir. J'ai vraiment un emploi du temps hyper mallĂ©able, et donc je vais au sport en gĂ©nĂ©ral le lundi matin, je vais au dessin le mercredi soir, je vais au yoga le jeudi, alors c'est pas toutes les semaines, mais j'essaye d'avoir deux, trois, mĂȘme quatre fois des moments pour moi. Et Sylvain Ă©tant souvent aussi, enfin il est pas mal en dĂ©placement, mais il est aussi souvent en tĂ©lĂ©travail, du temps Ă deux, on en a aussi, l'as-midi, on mangeait ensemble par exemple. Donc non, je suis tout Ă fait consciente de la chance que j'ai de pouvoir avoir un emploi du temps qui peut paraĂźtre aux yeux de certains, enfin je pense que certains pensent que je ne bosse pas du tout, alors que c'est faux, c'est juste que ça peut ĂȘtre le week-end, ça peut ĂȘtre le soir, tĂŽt le matin, dans la nuit si je me rĂ©veille, enfin voilĂ , il n'y a pas de moment, mais du coup je privilĂ©gie quand mĂȘme mes moments Ă moi perso.
- Speaker #0
Il y a d'autres questions, je pense, qu'on peut aborder ou d'autres sujets que je pense qui sont intéressants et aussi c'est ce pour quoi on se parle aujourd'hui. C'est aussi la place du handicap et le rendre visible. C'est quelque chose que toi tu fais, entre guillemets, d'une certaine façon via les réseaux sociaux. Alors j'ai vu et j'ai écouté quelques petites vidéos de toi. Et il me semble que ce besoin d'expression aussi, c'est quelque chose que toi tu ressentais à la naissance de Marcel, de partager ce quotidien.
- Speaker #1
Exactement, en fait j'Ă©tais pas du tout sur les rĂ©seaux sociaux avant alors j'avais comme tout le monde mon compte Facebook mais que j'alimentais pas beaucoup je ne comprenais pas les parents qui mettaient des photos de leurs enfants sur les rĂ©seaux et puis il y a Marcel qui dĂ©boule et puis cette envie de sensibiliser parce que moi-mĂȘme je me sentais pas sensibilisĂ©e je me suis dit mais en fait si personne n'en parle comment est-ce qu'on peut avoir des connaissances comment est-ce qu'on peut savoir qu'ils ont tel et tel besoin que ça peut arriver Ă tout le monde etc et donc j'ai eu cette idĂ©e de Alors, c'Ă©tait d'abord une... page Facebook. Et puis, six mois plus tard, la page Facebook, Marcel avait quatre mois, et Instagram, c'Ă©tait l'Ă©tĂ©, il devait avoir dix mois. Et en fait, je me suis dit, pour parler, sensibiliser sur ce handicap, il faut que je montre Marcel. C'est trĂšs bien d'avoir des propos sur le handicap, sensibiliser Ă telle ou telle action par rapport Ă tel ou tel handicap, mais il me faut une image. Donc, Marcel Ă©tait un peu... il symbolisait un peu cette prise de parole et donc au dĂ©but c'Ă©tait vraiment trĂšs trĂšs axĂ© trisomie 21 et voilĂ pourquoi Marcel va chez le kinĂ© alors qu'il a que deux mois pourquoi Marcel lĂ Ă un an il fait une analyse de son sommeil pourquoi Marcel il fait ci il fait ça donc c'Ă©tait vraiment pour expliquer un peu le quotidien d'une famille et d'un enfant porteur de ce handicap et puis sensibiliser et donc toujours de façon optimiste alors ça je pense que de nature je le suis mais il y avait aussi un truc de je me dis bah en fait en fait... Plus on est optimiste, plus on reste dans une... J'ai plus ce terme, mince, cercle vertueux, quoi. Donc c'est venu naturellement et ça m'a aidĂ©e aussi. Je pense que j'ai fait ma thĂ©rapie comme ça. Et puis aprĂšs, j'ai eu un deuxiĂšme enfant qui n'avait pas ce handicap. J'avais envie de partager autre chose. Donc lĂ , je suis encore dans la sensibilisation, mais plus, je pense, du cĂŽtĂ© dĂ©dramatisation. On a un enfant handicapĂ© et ça ne nous a pas empĂȘchĂ© d'avoir une famille de trois enfants, de dĂ©mĂ©nager, d'avoir des projets, de bouger, etc.
- Speaker #0
Et bouger, vous bougez quand mĂȘme pas mal, si j'ai bien compris. En tout cas... Alors,
- Speaker #1
pas forcĂ©ment loin, mais oui, on aime bien, effectivement, dĂ©couvrir. Alors, on aime bien dĂ©couvrir la Bretagne. Le week-end dernier, on Ă©tait Ă Groix. Il y a un mois, on Ă©tait sur l'Ăźle de Molenne. Il n'y a pas besoin de partir trĂšs, trĂšs loin pour ĂȘtre dĂ©paysĂ© et dĂ©couvrir des choses. AprĂšs, oui, voyager dans un pays Ă©tranger, c'est cool pour la langue, Ă©ventuellement. Il y a quand mĂȘme des choses diffĂ©rentes qui se passent dans les autres pays. Mais il n'y a pas besoin de partir si loin. Donc oui, on aime bien bouger.
- Speaker #0
Une autre question, alors on parle, et si je me rappelle bien, il y a quelques minutes, tu l'as évoqué, ce terme de normal, normalité. Qu'est-ce que ce terme évoque pour toi ? Est-ce que c'est un terme qui fait partie de ton vocabulaire, au contraire, que tu vises plutÎt à reléguer ?
- Speaker #1
En fait, moi, je pense que ce qui est normal, c'est d'ĂȘtre diffĂ©rent. Donc, je ne vois pas ça comme un gros mot de parler de normalitĂ©. Ou de dire qu'on est tous diffĂ©rents. Des fois, les gens me disent qu'il est diffĂ©rent. Je dis que si, il est diffĂ©rent. Comme nous deux, on est diffĂ©rents. Il ne faut pas avoir peur des fois. Tout comme parler Ă quelqu'un de son handicap. Des fois, on a peur de faire des boulettes. Et donc, on se retient. Mais normalitĂ©... En mĂȘme temps, ça ne veut rien dire. Mais ça ne me dĂ©range pas que quelqu'un utilise en disant que c'est normal d'ĂȘtre diffĂ©rent.
- Speaker #0
retenons ça c'est normal d'ĂȘtre diffĂ©rent est-ce que justement justement Dans ton parcours de femme, de mĂšre, d'amie aussi, dans un cadre plus grand, est-ce que tu aurais peut-ĂȘtre un message Ă partager Ă des personnes, Ă des parents qui se retrouvent dans cette situation, peut-ĂȘtre au dĂ©but d'incomprĂ©hension, avec des Ă©motions qui peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©es et trĂšs en contradiction aussi pour ces familles-lĂ ?
- Speaker #1
C'est facile Ă dire maintenant que j'ai le recul, mais en fait c'est tout simplement dire ça va aller. Ăa va aller. Oui, il y aura des moments durs, des moments de doute, des moments oĂč peut-ĂȘtre on pourrait se dire « si seulement il n'avait pas eu son handicap, ce serait plus simple, ce serait plus ceci, plus cela » . Mais en fait, ça va aller. Et puis, si ça nous arrive Ă nous, moi, je me suis dit que ce n'Ă©tait pas pour rien. C'est qu'on a quelque chose Ă faire de ça. C'est qu'on est capable. Et puis, en fait, ce sont des enfants qui ont plein de capacitĂ©s, plein d'envie d'apprendre aussi. Donc aprĂšs, si on a envie de partager des choses, eux, ils prennent aussi. VoilĂ , il faut se dire que ça va aller. Et puis aussi, il ne faut pas avoir honte, parce que je pense qu'il ne faut pas se refermer sur soi et dans sa famille. Il faut vraiment ĂȘtre fier de son enfant comme de n'importe quel enfant. Et puis en fait, je pense que du coup, aprĂšs, on dĂ©gage quelque chose qui fait que les gens n'ont pas peur de venir vers nous aussi. Et lĂ , je vois bien, Ă Lorient, on s'est refait trĂšs facilement des amis. Et le sujet Marcel, ce n'est pas un sujet pour aucun des enfants d'ailleurs. Les enfants savent qu'il y a un handicap, puisqu'on en parle, qu'il y a des actions comme la JournĂ©e mondiale, etc. Mais ce n'est pas du tout un sujet. Et je pense mĂȘme que les parents, aprĂšs, sont mĂȘme contents que leurs enfants cĂŽtoient un enfant porteur d'une diffĂ©rence, parce que ça va les ouvrir, parce que pour eux, ça va devenir normal.
- Speaker #0
J'ai une autre petite question qui est vraiment reliĂ©e plus, on va dire, au territoire. Et peut-ĂȘtre si tu as des endroits oĂč tu aimes amener que ce soit tes enfants, ou mĂȘme si toi, tu aimes bien te promener dans tes moments de ressourcement, est-ce que tu peux nous livrer ces petits...
- Speaker #1
Oui. Alors souvent, j'ai l'impression des fois d'ĂȘtre guide touristique parce qu'effectivement, on me demande, je viens Ă Lorient ce week-end, qu'est-ce que je peux faire ? Alors, je le dis trĂšs souvent et d'ailleurs, regardez bien mes stories Ă la une parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'infos. Mais premiĂšre chose pour moi, ça va ĂȘtre se balader le long de la cĂŽte. Enfin voilĂ , vraiment, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il fasse beau. Moi, je trouve ça incroyable. Et puis aprĂšs, les endroits de repli s'il pleut ou pour boire un cafĂ©, ça papote lĂ oĂč nous sommes aujourd'hui, j'aime beaucoup. L'Ă©tĂ© j'aime beaucoup la guinguette qui s'appelle le taquet qui est Ă la plage j'aime beaucoup aller chez cafĂ© code zĂ©ro dans l'orient il y a plein d'endroits aussi cafĂ© ancrage il faut que j'en dise beaucoup et on a une chance aussi on a beaucoup beaucoup de trĂšs bons restaurants je trouve alors avenue de la perriĂšre c'est mon qg vraiment donc c'est lĂ bas que je fais du dessin c'est lĂ bas que je fais du yoga c'est lĂ bas que je vais boire des coups c'est lĂ bas que je mange beaucoup mais voilĂ je trouve qu'on a il y a plein de choses Ă l'orient On pourrait croire que ça ne paye pas de mine, esthĂ©tiquement, mais en tout cas, il y a une envie de redynamiser la ville. Et il y a, j'allais dire une jeunesse, des gens de 30-40 ans, en tout cas, qui sont lĂ pour, je trouve, redynamiser l'ensemble et proposer plein de chouettes choses et lieux.
- Speaker #0
Pour toute la famille. Pour toute la famille, oui,
- Speaker #1
bien sûr.
- Speaker #0
J'espĂšre que tout le monde a tout notĂ©, parce qu'on partagera Ă©ventuellement. Et j'ai une derniĂšre question Ă te poser, Carole. Tu viens juste de parler qu'en effet... Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il fasse trĂšs beau, la cĂŽte, il faut quand mĂȘme aller la voir parce que c'est magnifique. Qu'est-ce que justement pour toi ça reprĂ©sente cet ocĂ©an Atlantique ?
- Speaker #1
C'est une sensation de bien-ĂȘtre. Alors je ne suis pas forcĂ©ment Ă l'aise dans l'eau, Ă©tonnamment, je peux mĂȘme avoir peur. Donc moi le surf par exemple, je ne m'y suis pas vraiment mise parce que ça m'impressionne. Mais il y a ce cĂŽtĂ© aussi de se sentir tout petit en face, un sentiment de libertĂ© aussi et juste se poser, Ă©couter les vagues. Ă©couter la mer, Ă©couter le broie de la plage, c'est une sensation de bien-ĂȘtre. Et visuellement, c'est trĂšs beau. Ăa change de couleur tout le temps. C'est un spectacle, en fait, constant.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Carole. On partagera toutes tes informations. Ăventuellement, si tu as quelques ressources, on les mettra en Ă©vidence, notamment les petits cafĂ©s, pour que tout le monde puisse les dĂ©couvrir. Merci beaucoup pour cette conversation et pour ton... Partage d'expĂ©rience.
- Speaker #1
Merci Ă toi pour cette invitation.
- Speaker #0
Un grand merci pour avoir pris le temps d'Ă©couter cet Ă©change avec Carole. J'espĂšre que cela vous aura plu et peut-ĂȘtre aussi bouleversĂ© Ă certains moments. Si en tous les cas vous avez apprĂ©ciĂ© l'Ă©change, n'hĂ©sitez surtout pas Ă le partager autour de vous et Ă©ventuellement de mettre 5 Ă©toiles au podcast sur votre plateforme d'Ă©coute prĂ©fĂ©rĂ©e. Et au passage, ce podcast est indĂ©pendant, alors si vous ĂȘtes arrivĂ© jusqu'ici, un grand merci et vous pouvez nous soutenir sur les Femmes de l'Ouest en faisant un don. sur le lien qui est prĂ©sent dans notre bio Instagram. Cela nous permettra de poursuivre cette belle aventure et de continuer Ă vous partager des rencontres avec des femmes engagĂ©es.