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Les Meneuses

25 ans d'histoire du produit en France : du Far West à la maturité avec Rachel Dubois (Consultante & Coach Senior)

25 ans d'histoire du produit en France : du Far West à la maturité avec Rachel Dubois (Consultante & Coach Senior)

42min |28/10/2024
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42min |28/10/2024
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Description

Comment le produit a-t-il évolué en France au cours des 25 dernières années ? Dans cet épisode Rachel Dubois explore cette évolution. Des années 2000, où le produit était perçu comme un simple livrable technique. À 2024 où il est totalement mature. On fait un voyage inspirant à travers l'histoire du produit en France.


Rachel est aussi une militante engagée pour plus de diversité dans la tech. Elle nous parle de ses combats pour une représentation équitable et de son nouveau projet entrepreneurial audacieux qui vise à promouvoir des alternatives inclusives et éthiques.


Au cours de cet épisode Rachel te parle :

  • De l’évolution de la culture produit en France

  • De sororité et son engagement militant pour une tech + inclusive

  • De sa prise de parole en conf de son 1er talk en 2008 à aujourd’hui

  • De son projet entrepreneurial disruptif avec un board 100% féminin


📕 On a cité dans l'épisode avec Rachel :


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rachel

    Et le produit, à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc, c'était très siloté. Les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter les meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. et aujourd'hui j'accueille Rachel Dubois. On fait un retour sur les 25 dernières années du monde du produit en France. Elle te partage ses engagements militants pour plus d'inclusion dans le secteur et son nouveau projet entrepreneurial. C'est passionnant. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti ! Bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Rachel, comment est-ce que tu vas ? Très bien,

  • Rachel

    et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis contente de te retrouver. J'adore ton t-shirt pour les personnes qui regardent sur YouTube l'épisode. Validé. Rachel, merci beaucoup d'être avec moi aujourd'hui. Je suis vraiment contente de t'avoir et de pouvoir partager ta belle et riche expérience. Pour les personnes qui ne connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Rachel

    Moi, je suis consultante et coach senior. Je bosse dans la tech depuis un peu plus de 25 ans. J'ai commencé comme développeuse web et j'ai très rapidement basculé product manager, puis après sur des rôles de direction de produits dans des entreprises, des petites start-up, du jeu vidéo, puis après des grands groupes. Je suis tombée en même temps aussi dans la marmite agile début des années 2000 et ça, ça a vraiment impacté mon parcours sur la partie produit puis sur la partie leadership. Et j'ai toujours eu cette casquette comme ça, d'un côté opérationnel dans le produit puis de l'autre côté un peu coach-mentor. Voilà, j'ai bossé pour des tas de boîtes super sympas, Orange, Le Grand, Airbus, etc. Et plus récemment, Spotify. Et aujourd'hui, je suis à mon compte, j'ai monté une boîte afin de promouvoir des alternatives aux approches, aux modèles actuels, et pas que sur l'agilité et sur le produit.

  • Chloé

    Waouh, le teasing ! On va en reparler un petit peu après, si tu veux bien, on va faire un peu... un bond dans le passé pour voir un petit peu comment est-ce que t'es tombée dans la tech et t'as découvert le secteur donc il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui

  • Rachel

    25 ans même tu vois parce que mon histoire remonte aux années 90 fin des années 90 je vais pas dire précisément quoi pour garder un peu de mystère pour mon grand âge, mais oui, donc ça remonte à ça, puis c'est une histoire de hasard, de curiosité, de si je peux pas passer par la droite, je vais passer par la gauche, et de chemin de traverse comme ça. Donc à la fin des années 90, j'ai un diplôme en poche de la fac de médecine, je suis orthoptiste diplômée d'état et tout ça, je cherche du boulot, c'est galère, il n'y a que des remplaces, c'est très très galère, et là j'ai un ami qui me propose, me dit, viens on va faire des sites web. Il faut imaginer que dans les années 90, les sites web, c'est en plein boom. Et il se trouve que moi, j'en fais depuis quelques années gratuitement parce que c'est ma passion. Tu vois, pour des assos, genre ton assos de jeux de rôle, l'asso de GN d'à côté, ou pour des commerces de famille, je fais un peu d'HTML, je fais du flash, des choses comme ça. Du coup, je me dis, why not ? Il faut manger, il faut se mettre un toit sur la tête. Donc, why not, on y va. Et on se lance là-dedans. Alors évidemment, c'est un fiasco parce que la boîte, Dans la boîte, on est tous très motivés par Internet et les nouvelles technologies, mais personne ne connaît rien au business, n'a aucune compétence. Et donc, cette boîte-là, on la plante, évidemment. Mais ça confirme que ce qui me plaît, ce n'est pas tant mon diplôme, mon métier, mais vraiment créer des logiciels, créer des sites Internet. Surtout à l'époque, on était vraiment sur la partie site Internet. Alors, je ne baisse pas les bras et je continue dans cette direction. Et je rentre début 2000 dans les toutes premières startups, une petite startup parisienne qui m'embauche d'abord en tant que webmaster. Ça s'appelait comme ça, webmaster, tu fais des mises à jour, tu gères la base de données et tout ça. Mise à jour technique. Et il faut vraiment imaginer que Paris, à ce moment-là, c'est vraiment en plein boom. Donc, c'est vraiment le Far West, tout est possible. Si tu as envie de bosser, si tu as envie d'essayer, si tu as envie de faire un peu, de disrupter un peu les trucs, tout est possible. et moi ce qui m'intéresse à ce moment là je m'aperçois que je suis pas la meilleure programmeuse du monde j'ai appris toute seule et ce qui m'intéresse vraiment c'est plutôt les utilisateurs, les clients et je suis plutôt assez bonne pour ça donc bim je bascule du côté produit donc ça là tu vois on est tout début des années 2000 je crois que Ouais, même 99-2000. Et puis après, le premier job officiel avec le titre produit, tout qui va bien, c'est 2001-2002. Et depuis, je suis là.

  • Chloé

    Magnifique. J'aime bien cette notion de Far West, tout est possible.

  • Rachel

    C'est clairement le Far West.

  • Chloé

    J'imagine un peu le truc. Ça doit être super intéressant. Donc dans le produit depuis le début des années 2000, tu baignes dedans depuis les prémices en France au final. Comment est-ce que cette culture produit s'est installée, elle a évolué depuis ? Parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de produits et je sais que ce sont des métiers qui étaient faits au début des années 2000 mais qui n'avaient pas forcément le chapeau produit et on n'avait pas forcément la culture qu'on peut avoir aujourd'hui. Je suis curieuse de cette évolution et comment ça a grandi en France.

  • Rachel

    On se raconte un peu l'histoire qu'on prend en bobine et qu'on se raconte l'histoire toutes les deux. Carrément. Ça va être trop chouette. C'est vrai que je considère que c'est vraiment une chance d'avoir pu observer et contribuer, c'est-à-dire participer à cette évolution du product en France depuis les débuts. Effectivement, dans les années 2000, on n'appelait pas ça product manager, etc. Ce qui se faisait en France à l'époque, c'était plutôt de la gestion de projet classique. Et même dans les startups, c'était de la gestion de projets classiques, avec presque du cycle en V au début sur les choses. Et mon premier titre, mon tout premier titre, en 2002, quand je rentre dans la plus grosse startup, c'était chef de produit marketing. Ça s'appelait comme ça. Et on était plus proche, d'ailleurs on était localisé avec les sales, la partie vente, avant-vente. Et pas tant que ça avec les techs. Et la transformation jusqu'à aujourd'hui, elle a été progressive. Donc, il y a eu plusieurs phases clés. Il y a eu, on va dire, le boom Internet des années 2000-2005, où là, le concept de product management, tel que nous l'imaginons aujourd'hui, il est complètement absent. On est dans une approche traditionnelle de gestion de projet. Il y a des cycles en V, tu fais des cahiers des charges. Moi, je faisais des PFS, Product Functional Specification, détaillé, brief, machin, etc. même des plans sur 12-18 mois. Et même dans les startups, de toute façon, les startups à l'époque, c'était soit avec cette gestion projet classique un peu rigide, soit c'était vraiment le far west, c'était rien et n'importe quoi. Et le produit à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc c'était très siloté, les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui. Le premier virage qu'on prend, c'est aux alentours 2005-2006, avec l'arrivée en France des méthodes agiles. Scrum pour ne pas le nommer, mais il y en a eu d'autres. Et c'était assez révolutionnaire parce que du coup, on embarquait avec Scrum, en fait, ça venait des startups de la Silicon Valley. Et dans ce coup, on se met à parler du client, d'itération courte, de feedback, donc des récupérations de l'information du client pour améliorer. On était encore très focalisés sur le comment livrer plutôt que sur le pourquoi livrer et quoi livrer comme ça. Mais je pense que c'était un des vrais débuts. C'est aussi le moment où on commence à voir apparaître des trucs comme Product Owner, Product Manager en France. Et après, quand il y a eu les startups françaises qui ont commencé à exploser, tu vois, comme des BlablaCars. Je crois que BlablaCars, c'est 2006 ou 2008. tu as eu des Criteo, quand tu as tout cet écosystème startup français qui a vraiment gagné en puissance, en visibilité, ça a aussi démontré qu'une autre approche était possible. Et eux, ils tiraient comme ça toutes ces approches venues des US. Et on a vu arriver sur la place le Lean Startup, le MVP, le Product Park Adfit, etc. On a commencé à avoir des gens qui parlaient de ça, il y avait des conférences, et on a vu se construire tout doucement la communauté. Et puis la troisième phase, je pense, il peut y avoir des débats là-dessus, mais la troisième phase c'est 2015, 2016, assez récent en fait, où on commence à avoir une vraie professionnalisation du métier de Product Manager. Les entreprises comprennent que le rôle de Product Manager, ce n'est pas un rôle de chef de projet amélioré. Il y a encore des petites difficultés à comprendre que Product Manager, c'est un métier par rapport à des rôles que tu peux... Tu peux avoir dans des cadres agiles comme Scrum, par exemple, PO ou dans Safe. Mais voilà, mais ça, ça s'améliore. Il y a quand même une montée en compétence là-dessus. Il y a une compréhension que c'est un rôle qui est vraiment stratégique pour l'entreprise dans cette capacité à connecter comme ça le business, la tech, le design, la stratégie de l'entreprise, etc. On voit apparaître les premières formations dédiées avec tous les gens comme Tigat qui sont très militants là-dessus. On voit aussi augmenter une inflation des salaires, c'est plutôt bon signe, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une impétence là-dessus. Et aujourd'hui, je pense, tu vois, 2024, je pense qu'on a atteint une vraie maturité du produit en France. On a une communauté qui est dense, qui est riche, il y a pas mal d'événements, il y a des livres qui sont écrits, on parlait il n'y a pas longtemps de... de Discovery Discipline, par exemple. Donc, on voit qu'on est moteur, on voit que nos entreprises innovent sur des pratiques produits. Elles utilisent, je ne sais pas, les OKR, on parle de Continuous Discovery, on parle de Dual Track, on parle des choses comme ça. Et il y a de plus en plus de boîtes qui montrent qu'on peut faire du Product Management classe mondiale en France, par exemple, au Doctolib et au Back Market ou des gens comme ça. Donc pour moi, vraiment, ça s'est construit comme ça, ça a pris du temps et voilà, on est dans la place en France. Et le défi aujourd'hui, ça va être plutôt de comment est-ce qu'on continue à innover, à accélérer en gardant notre identité, parce qu'on n'a pas besoin de copier la Silicon Valley surtout. Et comment est-ce qu'on peut conjuguer le product management à la française.

  • Chloé

    C'est génial de voir l'évolution et comment aujourd'hui on est quand même à un certain stade de maturité et comment petit à petit ça s'est ouvert pour arriver vers ça. Et tu parlais de la partie agilité qui est quelque chose qui a été super important pour le product en France, mais aussi que tu mets bien en avant. comment aujourd'hui tu t'impliques dans toute cette partie agilité ? Je sais que tu as beaucoup de talk, que tu es beaucoup présente pour mettre en avant cette bannière un peu agilité. Comment ça se traduit pour toi et qu'est-ce qui fait que ça a été le déclic et le changement au niveau product ?

  • Rachel

    De la partie des talks, je voudrais juste préciser, moi j'ai commencé par le produit et l'agilité est arrivée après et je pense que ça a été un accélérateur et ça a été aussi un vecteur. pour la communauté produits en France. Et au début, c'était cool parce que via l'agilité que les entreprises intégraient dans la tech, on pouvait mettre en avant le produit. Mais tu vois, aujourd'hui, ma croyance, c'est que le product est suffisamment mature aujourd'hui pour ne plus avoir besoin de l'agilité comme point d'entrée. Et aujourd'hui, on peut avoir des sujets, des prises de parole. des retours d'expérience et des choses comme ça qui sont strictement sur le produit indépendamment d'agilité. C'est quelque chose qui marche bien avec, mais qui n'est plus forcément autant nécessaire qu'au tout début.

  • Chloé

    Ok, super intéressant. J'ai eu des retours aussi sur le fait que ça a permis de donner un cadre, mais qu'aujourd'hui, parfois, on est un peu trop dans les frameworks, etc. Il y a un peu trop enfermé et qu'il faut... Comme tu disais, aujourd'hui, le produit a suffisamment de maturité. Ça arrivait à sortir peut-être de ce cadre qui a aidé à arriver à cette maturité pour aussi créer ce qui fonctionne et la suite, comme tu disais, la suite du product à la française. Donc, c'est des jolis sujets, des jolis débats à avoir.

  • Rachel

    Oui, et puis le product n'a pas attendu l'agilité maintenant. Il n'y a plus que le rôle de... de product manager, tu as le rôle de PPM qui existe, de product marketing manager, tu as le rôle de product ops qui existe. On a aussi tous les rôles autour de la data, tu vois, qui sont ce qui... Donc, ça, c'est quand même vachement étoffé, vachement enrichi, en profondeur, en largeur. Bon, c'est vraiment intéressant, quoi.

  • Chloé

    Ouais, de ouf. Et donc, je te parlais de la partie talk parce que tu m'avais dit que tu étais... L'une des premières à prendre la parole à l'époque sur la partie product et tech en France. Comment ça t'est tombé dessus ? Qu'est-ce qui t'a motivée ? Parce que ce n'est pas forcément facile de parler en public et de partager tout ça. Raconte-moi un petit peu les prémices de tout ça pour toi.

  • Rachel

    J'ai toujours eu, je pense, une volonté de rendre ce que je fais. à la communauté ce que la communauté m'avait apporté. Parce que quand j'ai commencé au tout début des années 2000, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas grand-chose. Il fallait l'inventer et tu pouvais l'inventer qu'en allant voir ce que faisaient les autres qui partageaient avec toi les retours d'expérience et tu te construis comme ça. Mon premier talk, c'était un talk qui était en 2008 ou en 2009 qui s'appelait du chef de produit marketing au product owner agile. C'était le titre exact de la conf. Et j'étais contente de montrer aux gens de la tech comment les choses avaient évolué entre les tout débuts et là, en 2008, où est-ce qu'on en était. J'y suis allée, un mélange de fierté et puis un peu de stress. Et puis c'est aussi à ce moment-là que j'étais confrontée aussi au manque de diversité de la tech à ce moment-là et aussi au fait que... dans la tech et dans la communauté agile, tout le monde n'est pas que gentillesse et bienveillance. Et le premier temps, ça m'a marquée. Le tout premier temps, on m'a dit, c'est bien Rachel. Tu sais, tu es là parce que tu étais la seule. La seule femme, tu sais. Et donc, tu sais, diminuer ton contenu ou ce que tu avais apporté. J'étais furaque sur le coup, mais vraiment. Et c'est dur parce que quand tu es jeune, en plus, tu n'as pas forcément la confiance en toi. C'est la première fois que tu le fais. Mais moi, je suis quelqu'un de très têtu. Donc, j'ai dit, ah ouais, on va voir. Et donc, du coup, j'ai continué. J'ai essayé d'aider d'autres personnes à le faire. Et tu vois, en 2024, je continue toujours à faire des talks partout en France, dans le monde, etc. Donc, je ne me suis pas arrêtée aux remarques acides qu'on peut avoir, aux grincheux. Mais ça marche encore. Même aujourd'hui. Je reçois des petites mesquineries du genre Oh là là, mais t'es partout, dis donc ! Genre Faudrait pas que tu sois là quand même, tu sais ? Ou alors Qu'est-ce que j'ai entendu ? C'était… Oh là là, cette conférence, tu l'as bien rentabilisée, dis donc ! Au sujet d'un contenu de conférence que j'avais présenté que trois fois. Alors qu'il y a énormément de conférenciers masculins qui présentent un sujet, un même sujet, trois, cinq, dix, vingt fois sans que personne ne les interroge sur la rentabilité de leurs efforts. Ou alors tous les commentaires sur ton poids, ton look. Toi, j'avais décidé de mettre du rouge à lèvres rouge récemment et j'ai eu Ah ben alors Rachel, tu te maquilles toi ? Ben ouais, et alors tu sais, ou les commentaires sur ta vie familiale, tu sais. Ah ben c'est bien toutes ces conférences, mais ça ne t'impacte pas pour les enfants ? Ouais, tu vois, et voilà. Donc forcément au début, ça fait mal. Donc forcément tu t'endurcis un petit peu pour éviter d'avoir mal à chaque fois. Et puis après, en vieillissant, tu prends du recul, tu comprends que toutes ces petites agressions un peu mesquines, ça parle plus de la médiocrité des gens qui te les font que de toi. Et puis au final, t'en rigoles pas mal avec les copines et puis les alliés dans le circuit, quoi. Mais...

  • Chloé

    Ah ouais, non, mais tu m'étonnes. Déjà, ça me foutra toujours les nerfs, les commentaires sur le physique. En fait, t'as rien demandé, on est là pour parler de ça. Je suis là pour faire mon talk et pas pour que tu me dises comment je suis habillée ou comment je suis maquillée. Bref, c'est un truc qui me dépasse. Et quand tu as fait ton premier talk, du coup, l'anecdote de Ah, mais c'était super, t'es là parce que t'étais la seule meuf super, ça veut dire quoi ? T'as juste rempli ton quota ridicule d'une seule femme. Donc ouais, j'imagine que... Puis les années, tu as dû t'endurcir et heureusement que tu as eu cette force de caractère qui n'est pas forcément facile à avoir quand on a des retours comme ça. Ça peut vite démotiver.

  • Rachel

    Je pense que c'est un point commun de pas mal des femmes leaders dans la tech, c'est d'avoir cette capacité à encaisser quand même pas mal. Moi, ce qui m'a aidée, c'est qu'il y a plein de femmes formidables dans le réseau, dans la communauté tech, agile, produit. Et que... on les voit de plus en plus et qu'elles osent de plus en plus. Il y a quand même aussi beaucoup de solidarité, de sororité entre nous. Et on s'aide, on se soutient, on se mentor, on s'entraîne, etc. Donc, c'est trop cool. Maintenant, même ça a suffisamment bien évolué, les mentalités, en presque 15 ans, pour que maintenant les organisateurs, ils aient des points de vigilance à faire en sorte qu'est-ce qu'on a au moins une diversité de genres. à défaut d'avoir toutes les diversités représentées, mais au moins, est-ce qu'on a une diversité de genre ? Voilà, et je trouve ça intéressant. Ouais,

  • Chloé

    ouais. Et ce sujet de sororité, c'est un peu le fil rouge quand même de ton histoire, parce que depuis le début, tu milites pour la présence des femmes dans la tech et t'as fait beaucoup de choses pour faire bouger les lignes. Comment est-ce que tu vois cette évolution du rôle des femmes dans le secteur depuis un peu plus de 20 ans ?

  • Rachel

    Dans le métier du produits spécifiquement, et après on va étendre un petit peu dans la tech, au tout début, tout début, contrairement à ce que les gens pensent, le métier du produit c'était très féminin. Parce qu'on était les petites choses du marketing. Donc moi, quand j'ai commencé, les chefs de produit, c'était essentiellement des filles. Il y avait un gars avec nous. Parce que c'était très siloté. Donc on était plutôt les trucs là-bas, on n'allait pas dans la tech. Quand on a commencé avec Agilité à se rapprocher des équipes de tech, des ingé, etc., là, c'était d'un seul coup l'inverse. Tu te trouvais qu'on était seul dans des équipes entières de mecs. Tu vois, il y a une speakeuse tech que j'aime beaucoup, qui s'appelle Aurélie Vaché. On a fait nos débuts ensemble dans la même boîte, c'était une start-up franco-danoise. Et je me souviens, on était sur un gros projet, et sur la vingtaine de personnes du projet, on était deux meufs, elle et moi. Elle, au niveau de tout ce qui était test et infra, tu vois, c'est vachement dur quand t'es une nana. Et moi, côté produit, voilà. Donc ça s'est un petit peu inversé. au début c'était pas facile parce que quand t'es toute seule, la seule femme dans les réunions techniques, pareil c'est comme les conférences, faut bien s'endurer la situation a évolué aujourd'hui c'est mieux mais c'est pas non plus fifou quoi on est encore pas à l'équilibre dans la tech en général tu vois Il y a plein d'études qui montrent ça. Sarah Dufour l'expliquerait beaucoup mieux que moi parce qu'elle a toujours tous les chiffres en tête et les références. Mais oui, on voit qu'au fur et à mesure que tu progresses dans les études et dans la vie professionnelle, il y a de moins en moins de femmes. Au fur et à mesure que tu progresses, que tu vois la progression dans l'organisation, c'est-à-dire de contributeur jusqu'à dirigeant d'entreprise, plus tu vas vers les cimes, moins tu en as. Donc, il reste des choses à faire. Il y a des combats à mener. Et moi, je suis maman. d'une fille et d'un garçon. Et je me dis, ça m'oblige. Ça m'oblige pour les deux qu'on puisse faire changer ça.

  • Chloé

    Il faut. Il faut, en effet, parce qu'il y a encore trop d'écarts et trop de différences. Sur cette partie militante, qui est un sujet qui est quand même important pour toi, Il y a ça qui est en toi depuis un moment, mais est-ce qu'il y a eu un moment déclencheur, quelque chose qui a fait que tu t'es dit putain, mais en fait, ce qui se passe ou ce que je vis, c'est pas normal, il faut que j'agisse

  • Rachel

    Ça a été plutôt une accumulation d'éléments déclencheurs, des éléments de ta vie privée. Moi, j'ai subi des agressions, comme toutes les femmes. Malheureusement, si tu veux, comme 8 femmes sur 10, tu t'es fait agresser sexuellement. Donc tu te fais ça, tu as toutes les... les brimades, les propos, les comportements dégradants. Et en plus, moi, j'ai commencé vachement jeune. Tu vois, tu as 20 ans, tu es dans un métier où tu ne te sens pas légitime, tu es complètement influençable. Moi, je sens que le premier boulot que j'ai eu dans une start-up, j'étais super contente, trop bien, machin. J'en discute avec quelqu'un qui était exactement dans le même parcours que moi. On était vraiment au même niveau, pareil, etc. La seule différence qu'on avait entre tous les deux, c'est situé dans la culotte. et sur la feuille de paille. Et j'étais là, mais ça m'a tellement mis en colère. C'était avec toute cette colère que tu peux avoir quand tu as 20 ans, de dire, mais de révolte et de dire, on va changer ça. On va changer ça avec grandes actions après grandes actions et petites actions après petites actions. Tu vois, une personne après l'autre. Et on lâche rien. Et je crois que cette colère-là, elle ne m'a jamais quitté, en fait. Même aujourd'hui où je te parle, tu l'entends dans ma voix, ça t'a m'énervé. Je parle là, on ne parle que des problèmes liés au genre, mais il y a toutes les autres formes de discrimination qui m'insupportent. La tech est encore massivement bien blanche, bien hétéronormée, bien validiste. Et non, on peut faire mieux. Donc oui, c'est de travailler au quotidien, c'est de travailler aussi par le leadership, c'est-à-dire de développer la visibilité des femmes leaders dans la tech, leur donner accès. Et toi, tu vois ce que tu fais, c'est typiquement une action militante, je pense, de créer un espace-temps sûr et bienveillant pour que les femmes puissent exprimer. les mots puissent être dits et les voix puissent être posées. Donc tout ça, c'est vraiment important. Il faut continuer à créer ça. Il faut continuer à créer des espaces pour ça, accueillir des gens et les aider là-dedans. C'est aussi toutes les petites choses de l'entraide active, parce que j'avais dit, toutes les petites choses que tu peux faire, valoriser, tu vois, quand une femme réussit quelque chose, moi, je lui donne toujours du feedback positif, des petits nudges comme ça, où tu le dis, où tu l'écris, tu vois.

  • Chloé

    chaque acte compte au final et il va dans ce sens là et en tout cas cette notion de colère je la comprends et la partage et je pense que c'est c'est aussi un moteur pour pour mettre en sorte des choses pour pour aller changer tout ça il ya une partie domino toi des actions

  • Rachel

    touche quelqu'un et ça va peut-être débloquer quelque chose qui va toucher d'autres personnes donc il faut vraiment travailler là-dessus.

  • Chloé

    Je fais un mini-break dans l'épisode pour te demander ton aide. Si tu apprécies les meneuses et que ça t'apporte de la valeur, il y a un moyen super simple de m'aider. C'est laisser une note et un avis sur Apple Podcast ou Spotify. 5 étoiles et un petit mot pour me dire ce que tu aimes dans le podcast. Ça prendra une minute et ça m'apporte énormément. 1. Pour me motiver et avoir tes retours et 2. Pour booster la découvrabilité du podcast. et m'aider à ce qu'ils soient mieux référencés. Ce projet me tient à cœur, mais je réalise tout toute seule, à côté de mon boulot. Ce sont des heures de travail et toi tu peux me soutenir gratuitement en laissant une note et un com sur Apple ou sur Spotify. Je te remercie du fond du cœur pour tout ça et on peut repartir sur la suite de l'épisode. Je sais que tu as fait beaucoup de mentoring auprès de femmes, que c'est quelque chose que tu fais et qui te tient à cœur. Quels seraient les trois conseils que tu donnerais ? aux jeunes femmes qui souhaitent prendre la parole dans le domaine de la tech.

  • Rachel

    Fais-toi entendre, c'est-à-dire commence, commence petit mais commence, c'est-à-dire tu n'oses pas, tu veux faire juste un petit blog post, vas-y, fais un petit meet-up local. Si tu veux vraiment faire des conférences et que tu n'oses pas, il y a tous les systèmes de tremplin qui existent et dans les tremplins, il y a de plus en plus de gens bienveillants qui prennent. qui ont à cœur de faire entendre les bonnes voix, d'accompagner les gens, de les coacher. Tu vois, là, je travaille dans le comité de programmation de contenu de TechRoc, qui est une des plus grosses conférences sur la tech et les leaders de la tech. Et il y a un tremplin, et c'est un tremplin qui est engagé, donc qui va rechercher la diversité, qui va rechercher d'autres voix, qui va les accompagner. Donc ça, ça existe, et ça existe dans plein, plein de conférences. Le deuxième conseil, ça serait aussi de... Trouvez votre voix authentique, c'est-à-dire ne parlez pas forcément des sujets à la mode que les gens entendent, mais parlez de ce qui est vraiment important pour vous, parce que c'est beaucoup plus facile au début de se donner du courage et de passer le cap quand on est sur quelque chose qui te tire en avant et qui te fait avancer. Et puis, oui, et puis après, il faut se construire un réseau de soutien, que ce soit dans la tech, dans le produit ou dans l'agilité. Vous verrez qu'il y a très souvent des femmes speakers qui sont là depuis longtemps et ces femmes speakers là. très souvent, t'as toujours le risque d'avoir une pygmy ou deux qui traînent, ça arrive toujours mais sinon t'as quand même une grosse majorité de femmes qui sont passées par là et qui vont vous aider, vous accompagner vous mentorer,

  • Chloé

    vous donner des conseils il y a quand même pas mal de bienveillance à ce niveau là ouais clairement c'est vrai que cette notion de sororité je la trouve incroyable et à chaque fois plus ça va, plus je creuse plus je vois et j'échange avec des femmes... qui sont vraiment merveilleuses et pour bienveillance donc c'est pas du bullshit donc contrairement bon parfois il peut y avoir du bullshit mais généralement et en tout cas Rachel toi tu m'avais fait une liste à rallonge de personnes et toutes je les suis et portent des messages et sont vrais aussi dans ce qu'elles disent et dans ce qu'elles font donc je trouve ça vraiment merveilleux parce que la tech c'est pas le monde des bisounours mais du coup ça a fait un petit cocon de une seule zone de confort où tu sais que tu vas pouvoir aller rencontrer des personnes comme ça et ça fait du bien ça donne chaud au coeur il y en a besoin Et tout à l'heure, tu nous as teasé ton projet. Donc là, l'idée, c'est de pouvoir en parler un petit peu plus. On en a discuté quand on a préparé l'épisode. Et tu m'as notamment dit que tu lances ta boîte avec une ambition que je trouve géniale et très forte, c'est d'avoir un board 100% féminin. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu vas faire ? Quels sont les avantages à faire ça ? Quels sont les défis aussi que tu peux rencontrer avec une telle approche ? Donc voilà,

  • Rachel

    raconte-nous tout. Il y a pas mal de choses qui ne sont pas encore figées et calées, ça prend du temps, évidemment. Donc effectivement, j'ai commencé à créer une entreprise, une société de conseil. Cette partie-là, ce n'est pas forcément la plus révolutionnaire, même si dans l'intention de ce qu'on veut faire, c'est-à-dire de travailler vraiment sur comment réconcilier le business et la tech ensemble via le produit et la façon dont on imagine ça pour les entreprises, la façon dont on veut. Les aider à construire des produits qui soient plus efficaces, plus inclusifs, plus éthiques, avec d'autres opératives modèles et sortir un peu des côtés, un peu des recettes. Déjà, ça, c'est intéressant, mais ce n'est pas forcément la plus grosse difficulté, on va dire. Parce que ça, on sait le faire, c'est juste notre métier et on sait bien le faire avec mes associés. Non, ce qui est plus intéressant, c'est de voir quel est le modèle sociétal. Donc, c'est là où on passe pas mal de temps à discuter. Le board féminin, ce n'est pas que le board féminin. C'est en bord féminin, c'est aussi une intention sociale et d'impact, c'est-à-dire qu'on envisage, enfin on espère que l'activité va nous permettre de nous développer, de recruter. Et du coup aussi, c'est des questions sur le partage de la valeur, le partage de la propriété. Donc on s'était posé beaucoup de questions, tu vois, sur déjà par exemple le modèle juridique. Qu'est-ce qu'on veut créer comme entreprise sur le modèle juridique ? Comment est-ce qu'on veut ? partager les actions, c'est-à-dire comment est-ce qu'on veut partager la propriété de l'entreprise, comment est-ce qu'on veut prendre les décisions. C'est vrai que dans la plupart des entreprises de la tech, il peut y avoir des femmes, mais c'est rarement, la direction est rarement assumée par 100% de femmes. Alors je dis femmes, c'est une femme ou personne assignée femme, ou personne qui s'identifie en femme, j'entends, parce que la vérité est plus complexe que ça. Et du coup, on s'est dit, on... Ça n'a jamais été vraiment tenté. Qu'est-ce que ça pourrait apporter de différent ? Est-ce que c'est possible d'avoir un autre modèle de gouvernance ? Est-ce que c'est possible de prendre des décisions différentes ? C'est un board qui est féminin, mais on est aussi dans des problématiques de disciplines différentes. On est aussi dans des problématiques de cultures différentes. On est aussi dans des problématiques d'inclusion différentes. L'idée, c'est de montrer... que ça peut être possible. L'idée, c'était de créer un précédent pour montrer que ça peut être possible. Et de donner, on espère, ça peut paraître un peu prétentieux, mais c'est aussi d'inspirer d'autres femmes ou d'autres talents en se disant c'est possible d'être chef d'entreprise au féminin, c'est possible d'avoir ce leadership-là, c'est possible d'imaginer autrement. Alors, on n'est pas les seuls à faire ça. On a été beaucoup, beaucoup, beaucoup inspirés par... Une boîte qui s'appelle, deux boîtes qui s'appellent IETA et Shodo. Alors, je sais que tu as interviewé la CTO de Shodo et c'est des gens comme IETA qui nous intéressent beaucoup parce qu'ils requestionnent comment est-ce qu'on travaille avec des collaboratoristes, tu vois, et comment est-ce qu'on redistribue l'argent, comment est-ce qu'on prône la transparence de salaire, voilà. Et tout ça, c'est quelque chose qui est complètement dans le modèle social de ce qu'on veut créer.

  • Chloé

    Oui. J'aime bien les exemples que tu as partagés. En effet, j'ai vu Laurie de Chaudot au micro des Menaise et qui, aujourd'hui, elle partage et même avec les autres dirigeants, partage toute la politique qu'ils mettent en place et qui vient un peu disrupter les modèles qu'on avait jusqu'à aujourd'hui. Pareil pour l'État avec Pauline. Donc, c'est bien de voir. naître des nouvelles entreprises comme ça et de montrer de la transparence, de montrer que oui, l'idée c'est de faire du business mais c'est aussi de faire du business qui soit pas crade entre guillemets voilà c'est ça et que c'est possible de le faire donc déjà bravo à toi de te lancer là-dedans, du coup c'est quoi la suite, la tu en es où et quels sont les prochains mois et qu'est-ce qui va se passer pourquoi

  • Rachel

    toi on vient juste déposer les statuts de l'entreprise une première version des statuts d'entreprise et je crois qu'on a acheté un nom de domaine mais on n'a pas créé le site on est vraiment on est au tout début parce que quand on discute de ce projet depuis le mois de mars février mars on a fait une étude de marché on a construit vraiment réfléchi pas mal de trucs depuis mars mais on n'est pas dans les mêmes temporalités en ce moment donc on essaie de petit à petit recoller nos temporalités respective Là, c'est poser le socle, on va dire, faire en sorte que dans les six prochains mois, on arrive à poser le socle, à vraiment communiquer le projet de façon publique et sortir les premiers contenus qui nous tiennent à cœur. On est encore en mode laboratoire.

  • Chloé

    Et comment tu te sens par rapport à tout ça ?

  • Rachel

    excité, vraiment très content, excité c'est à la fois,

  • Chloé

    24h c'est pas suffisant dans une journée et à la fois ça en même temps c'est tellement trop donc c'est chouette c'est très stimulant intellectuellement j'ai vraiment hâte de voir la suite comment ça va se dessiner pour finir j'ai les 3 dernières questions classiques que je pose à toutes les invitées la première c'est les 3 conseils que tu donnerais à la Rachel d'il y a 10 ans ?

  • Rachel

    Je vais peut-être tricher parce que je vais t'attendre des 4. La première, c'est fais-toi confiance. Tu es beaucoup plus compétente que tu le penses. Il y a encore 10-15 ans, j'étais rongée par le doute et le syndrome de l'imposteur. Il faut lui mettre des grands coups de pied aux fesses, celui-là. La deuxième, c'est n'attends pas d'être parfaite ou le moment parfait pour te lancer et saisir des opportunités. Parce qu'en fait, ça ne sera jamais le moment parfait et tu ne seras jamais parfaite. Et puis tant mieux. Le troisième, c'est de comprendre que la vulnérabilité, tu vois, j'ai de l'émotion qui monte dans la voix quand je te le dis, la vulnérabilité n'est pas une faiblesse. C'est vraiment une force et c'est une force qui te connecte de façon très authentique avec les autres. Et la Rachel d'il y a 10-15 ans, elle était... tellement dans le doute qu'elle cherchait à se protéger d'une carapace bien dure et forte, et que du coup, je pense que tu passes à côté de choses. Et le quatrième, c'est que la Rachel, il y a dix ans, ne savait pas qu'elle allait avoir un cancer, et que ça allait être le traumatisme de sa vie, et la pire peur qu'elle ait eue, et j'avais envie de lui dire, ça va être terrible, mais tu vas t'en sortir. Et voilà, résilience.

  • Chloé

    Merci. Tu m'as aimé. Merci. Tu vois, moi aussi, je suis vulnérable. Je suis très émotive.

  • Rachel

    C'est important de montrer ses émotions. Je trouve ça important. Donc,

  • Chloé

    merci pour ça. Oui, mais merci pour tout ça. Et je valide. Je pense que c'est difficile à s'en rendre compte. Et quand on a passé un peu tous ces caps, on se dit Waouh ! Si j'avais su plus tôt ou des choses comme ça, mais c'est aussi la vie. On grandit, on apprend toute notre vie et on change. Donc, de très beaux conseils. Merci beaucoup, Rachel. Est-ce que tu peux nous partager une de tes inspirations ?

  • Rachel

    Question dure. Je savais que tu allais la poser, mais ça va. Parce que toi, derrière moi, il y a plein de livres.

  • Chloé

    Mais oui,

  • Rachel

    je vois qu'il y en a. Je dévore ça. Donc, c'est très, très dur. Et je me suis dit, bon, alors, qu'est-ce qui t'a vraiment... Qu'est-ce que tu voudrais... Alors, je voudrais parler d'une personne. Alors, elle peut être controversée, donc c'est pour ça que je vais mettre un petit disclaimer. Donc, je voulais parler de Reshma Chojani. C'est une Américaine et elle est la fondatrice d'un mouvement qui s'appelle Girls Who Code. Je dis controversée parce qu'elle est aussi... C'est une politicienne américaine et que... Voilà, c'est pas toujours... Moi, je suis pas toujours alignée avec tout ce qui se fait aux États-Unis, avec toutes leurs prises de... Voilà. Alors, c'est quelqu'un qui est... qui est très particulière parce qu'elle est américaine d'origine indienne et elle a souffert d'être racisée pendant toute sa vie et elle a aussi souffert de tout ce qui était la discrimination faite aux filles sur l'accès aux formations liées au maths, à l'accès aux maths, à l'accès aux sciences informatiques et aussi au fait qu'on inculquait à nos filles, on inculque à nos filles à être parfaites et belles. plutôt d'être courageuse, volontaire et d'essayer des choses. Et que ça, ça va impacter toute leur carrière et ça va les fermer les portes de la tech. Elle a écrit un bouquin, Brave Not Perfect. Donc elle milite vraiment pour que les filles, les fillettes, aient un accès plein aux mathématiques et qu'elles soient courageuses par rapport à ça et qu'il faut vraiment abandonner ça. Elle a créé cette association, elle a changé la vie de centaines de milliers de jeunes filles aux Etats-Unis en leur donnant accès à la tech.

  • Chloé

    très cool, je la connaissais pas donc tu vois, tu me l'as fait découvrir et je vais aller regarder tout ça et je mettrai d'ailleurs les liens sur les bouquins dans la description de l'épisode pour les personnes qui sont intéressées génial, et la dernière question je sais que tu en as beaucoup mais qui est-ce que tu aimerais entendre si tu devais choisir qu'une seule personne ? pas compliqué à entendre dans ce podcast ce serait qui ?

  • Rachel

    Ah c'est dur Oui c'est dur C'est dur parce que je t'en ai donné plein. La première fois qu'on a discuté, tu étais au tout début de ton projet. Je t'ai fait une liste qui était longue comme ça parce que je voulais te motiver, te dire qu'il y a plein de filles formidables. Et je vois la liste des gens que tu as interviewées. C'est génial. Il n'y a que des femmes incroyables qui t'ont répondu, donc ça, c'est cool.

  • Chloé

    Et il y en a encore plein.

  • Rachel

    J'hésite, j'hésite. En produit, en pur produit, il y a Nesrin Changel. parce qu'elle a un parcours de fou elle a fait du Google, du Spotify elle est brillantissime humainement parlant c'est une super personne je pensais à Alexandra Leloup c'était l'ancienne CPO de chez Deezer et qui vient de changer et qui a aussi un parcours absolument incroyable et une vision vraiment pour le coup le leadership produit aux féminins en France dans des grands groupes etc donc ça elle est super chouette La dernière, c'était Noémie Coguet. C'est elle qui dirige TechRox. Parce que c'est quelqu'un que je ne connaissais absolument pas. Et de travailler avec elle au quotidien quasiment sur la partie contenu, elle est incroyable. Elle a une énergie de ouf. Si la conf, elle est aussi incroyable qualitativement et inclusive, je trouve que ça tient beaucoup à elle aussi.

  • Chloé

    Bravo déjà en tout cas à elles pour ce qu'elles font. Et merci pour les recommandations. Et merci pour cette discussion, tout ce partage. Tu as tellement de choses à partager que c'est compliqué de condenser. Peut-être qu'on refera quelque chose ensemble quand on aura pu avancer aussi dans ton projet. En tout cas, je te souhaite le meilleur, Rachel. Merci pour tout ce que tu fais. Merci de ta bienveillance. Et oui, en effet, on s'était eues avant même que je lance le podcast, où j'étais vraiment au début. Et tu as été un amour, tout simplement, et super motivant. Donc franchement, c'est des rencontres comme ça qui motivent et qui font du bien. Donc c'est cool. Je suis contente de faire cet épisode avec toi. Et je te souhaite le meilleur pour la suite.

  • Rachel

    Merci. Et comme on est toutes les deux toulousaines... J'espère qu'on aura l'occasion de se prendre un café un de ces quatre, ça sera vraiment chouette. Parce que les gens ne le savent pas, mais ça a été rock'n'roll d'enregistrer cet épisode. On se mérite un café toutes les deux.

  • Chloé

    Oui, j'irai même à un resto, tu vois.

  • Rachel

    En tout cas, merci et continue comme ça parce que je pense que toutes les femmes de la tech, toutes les femmes du product, elles ont vraiment besoin de ce contenu et d'être dans un environnement... serein, sécurisé, bienveillant où tu peux vraiment exprimer et poser ton message ça fait du bien donc continue saison 2 !

  • Chloé

    Merci beaucoup ! Un grand merci pour ton écoute, on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse, j'espère que l'épisode t'a plu, si c'est le cas laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises et s'il te reste encore un peu de temps Partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Description

Comment le produit a-t-il évolué en France au cours des 25 dernières années ? Dans cet épisode Rachel Dubois explore cette évolution. Des années 2000, où le produit était perçu comme un simple livrable technique. À 2024 où il est totalement mature. On fait un voyage inspirant à travers l'histoire du produit en France.


Rachel est aussi une militante engagée pour plus de diversité dans la tech. Elle nous parle de ses combats pour une représentation équitable et de son nouveau projet entrepreneurial audacieux qui vise à promouvoir des alternatives inclusives et éthiques.


Au cours de cet épisode Rachel te parle :

  • De l’évolution de la culture produit en France

  • De sororité et son engagement militant pour une tech + inclusive

  • De sa prise de parole en conf de son 1er talk en 2008 à aujourd’hui

  • De son projet entrepreneurial disruptif avec un board 100% féminin


📕 On a cité dans l'épisode avec Rachel :


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Transcription

  • Rachel

    Et le produit, à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc, c'était très siloté. Les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter les meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. et aujourd'hui j'accueille Rachel Dubois. On fait un retour sur les 25 dernières années du monde du produit en France. Elle te partage ses engagements militants pour plus d'inclusion dans le secteur et son nouveau projet entrepreneurial. C'est passionnant. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti ! Bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Rachel, comment est-ce que tu vas ? Très bien,

  • Rachel

    et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis contente de te retrouver. J'adore ton t-shirt pour les personnes qui regardent sur YouTube l'épisode. Validé. Rachel, merci beaucoup d'être avec moi aujourd'hui. Je suis vraiment contente de t'avoir et de pouvoir partager ta belle et riche expérience. Pour les personnes qui ne connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Rachel

    Moi, je suis consultante et coach senior. Je bosse dans la tech depuis un peu plus de 25 ans. J'ai commencé comme développeuse web et j'ai très rapidement basculé product manager, puis après sur des rôles de direction de produits dans des entreprises, des petites start-up, du jeu vidéo, puis après des grands groupes. Je suis tombée en même temps aussi dans la marmite agile début des années 2000 et ça, ça a vraiment impacté mon parcours sur la partie produit puis sur la partie leadership. Et j'ai toujours eu cette casquette comme ça, d'un côté opérationnel dans le produit puis de l'autre côté un peu coach-mentor. Voilà, j'ai bossé pour des tas de boîtes super sympas, Orange, Le Grand, Airbus, etc. Et plus récemment, Spotify. Et aujourd'hui, je suis à mon compte, j'ai monté une boîte afin de promouvoir des alternatives aux approches, aux modèles actuels, et pas que sur l'agilité et sur le produit.

  • Chloé

    Waouh, le teasing ! On va en reparler un petit peu après, si tu veux bien, on va faire un peu... un bond dans le passé pour voir un petit peu comment est-ce que t'es tombée dans la tech et t'as découvert le secteur donc il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui

  • Rachel

    25 ans même tu vois parce que mon histoire remonte aux années 90 fin des années 90 je vais pas dire précisément quoi pour garder un peu de mystère pour mon grand âge, mais oui, donc ça remonte à ça, puis c'est une histoire de hasard, de curiosité, de si je peux pas passer par la droite, je vais passer par la gauche, et de chemin de traverse comme ça. Donc à la fin des années 90, j'ai un diplôme en poche de la fac de médecine, je suis orthoptiste diplômée d'état et tout ça, je cherche du boulot, c'est galère, il n'y a que des remplaces, c'est très très galère, et là j'ai un ami qui me propose, me dit, viens on va faire des sites web. Il faut imaginer que dans les années 90, les sites web, c'est en plein boom. Et il se trouve que moi, j'en fais depuis quelques années gratuitement parce que c'est ma passion. Tu vois, pour des assos, genre ton assos de jeux de rôle, l'asso de GN d'à côté, ou pour des commerces de famille, je fais un peu d'HTML, je fais du flash, des choses comme ça. Du coup, je me dis, why not ? Il faut manger, il faut se mettre un toit sur la tête. Donc, why not, on y va. Et on se lance là-dedans. Alors évidemment, c'est un fiasco parce que la boîte, Dans la boîte, on est tous très motivés par Internet et les nouvelles technologies, mais personne ne connaît rien au business, n'a aucune compétence. Et donc, cette boîte-là, on la plante, évidemment. Mais ça confirme que ce qui me plaît, ce n'est pas tant mon diplôme, mon métier, mais vraiment créer des logiciels, créer des sites Internet. Surtout à l'époque, on était vraiment sur la partie site Internet. Alors, je ne baisse pas les bras et je continue dans cette direction. Et je rentre début 2000 dans les toutes premières startups, une petite startup parisienne qui m'embauche d'abord en tant que webmaster. Ça s'appelait comme ça, webmaster, tu fais des mises à jour, tu gères la base de données et tout ça. Mise à jour technique. Et il faut vraiment imaginer que Paris, à ce moment-là, c'est vraiment en plein boom. Donc, c'est vraiment le Far West, tout est possible. Si tu as envie de bosser, si tu as envie d'essayer, si tu as envie de faire un peu, de disrupter un peu les trucs, tout est possible. et moi ce qui m'intéresse à ce moment là je m'aperçois que je suis pas la meilleure programmeuse du monde j'ai appris toute seule et ce qui m'intéresse vraiment c'est plutôt les utilisateurs, les clients et je suis plutôt assez bonne pour ça donc bim je bascule du côté produit donc ça là tu vois on est tout début des années 2000 je crois que Ouais, même 99-2000. Et puis après, le premier job officiel avec le titre produit, tout qui va bien, c'est 2001-2002. Et depuis, je suis là.

  • Chloé

    Magnifique. J'aime bien cette notion de Far West, tout est possible.

  • Rachel

    C'est clairement le Far West.

  • Chloé

    J'imagine un peu le truc. Ça doit être super intéressant. Donc dans le produit depuis le début des années 2000, tu baignes dedans depuis les prémices en France au final. Comment est-ce que cette culture produit s'est installée, elle a évolué depuis ? Parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de produits et je sais que ce sont des métiers qui étaient faits au début des années 2000 mais qui n'avaient pas forcément le chapeau produit et on n'avait pas forcément la culture qu'on peut avoir aujourd'hui. Je suis curieuse de cette évolution et comment ça a grandi en France.

  • Rachel

    On se raconte un peu l'histoire qu'on prend en bobine et qu'on se raconte l'histoire toutes les deux. Carrément. Ça va être trop chouette. C'est vrai que je considère que c'est vraiment une chance d'avoir pu observer et contribuer, c'est-à-dire participer à cette évolution du product en France depuis les débuts. Effectivement, dans les années 2000, on n'appelait pas ça product manager, etc. Ce qui se faisait en France à l'époque, c'était plutôt de la gestion de projet classique. Et même dans les startups, c'était de la gestion de projets classiques, avec presque du cycle en V au début sur les choses. Et mon premier titre, mon tout premier titre, en 2002, quand je rentre dans la plus grosse startup, c'était chef de produit marketing. Ça s'appelait comme ça. Et on était plus proche, d'ailleurs on était localisé avec les sales, la partie vente, avant-vente. Et pas tant que ça avec les techs. Et la transformation jusqu'à aujourd'hui, elle a été progressive. Donc, il y a eu plusieurs phases clés. Il y a eu, on va dire, le boom Internet des années 2000-2005, où là, le concept de product management, tel que nous l'imaginons aujourd'hui, il est complètement absent. On est dans une approche traditionnelle de gestion de projet. Il y a des cycles en V, tu fais des cahiers des charges. Moi, je faisais des PFS, Product Functional Specification, détaillé, brief, machin, etc. même des plans sur 12-18 mois. Et même dans les startups, de toute façon, les startups à l'époque, c'était soit avec cette gestion projet classique un peu rigide, soit c'était vraiment le far west, c'était rien et n'importe quoi. Et le produit à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc c'était très siloté, les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui. Le premier virage qu'on prend, c'est aux alentours 2005-2006, avec l'arrivée en France des méthodes agiles. Scrum pour ne pas le nommer, mais il y en a eu d'autres. Et c'était assez révolutionnaire parce que du coup, on embarquait avec Scrum, en fait, ça venait des startups de la Silicon Valley. Et dans ce coup, on se met à parler du client, d'itération courte, de feedback, donc des récupérations de l'information du client pour améliorer. On était encore très focalisés sur le comment livrer plutôt que sur le pourquoi livrer et quoi livrer comme ça. Mais je pense que c'était un des vrais débuts. C'est aussi le moment où on commence à voir apparaître des trucs comme Product Owner, Product Manager en France. Et après, quand il y a eu les startups françaises qui ont commencé à exploser, tu vois, comme des BlablaCars. Je crois que BlablaCars, c'est 2006 ou 2008. tu as eu des Criteo, quand tu as tout cet écosystème startup français qui a vraiment gagné en puissance, en visibilité, ça a aussi démontré qu'une autre approche était possible. Et eux, ils tiraient comme ça toutes ces approches venues des US. Et on a vu arriver sur la place le Lean Startup, le MVP, le Product Park Adfit, etc. On a commencé à avoir des gens qui parlaient de ça, il y avait des conférences, et on a vu se construire tout doucement la communauté. Et puis la troisième phase, je pense, il peut y avoir des débats là-dessus, mais la troisième phase c'est 2015, 2016, assez récent en fait, où on commence à avoir une vraie professionnalisation du métier de Product Manager. Les entreprises comprennent que le rôle de Product Manager, ce n'est pas un rôle de chef de projet amélioré. Il y a encore des petites difficultés à comprendre que Product Manager, c'est un métier par rapport à des rôles que tu peux... Tu peux avoir dans des cadres agiles comme Scrum, par exemple, PO ou dans Safe. Mais voilà, mais ça, ça s'améliore. Il y a quand même une montée en compétence là-dessus. Il y a une compréhension que c'est un rôle qui est vraiment stratégique pour l'entreprise dans cette capacité à connecter comme ça le business, la tech, le design, la stratégie de l'entreprise, etc. On voit apparaître les premières formations dédiées avec tous les gens comme Tigat qui sont très militants là-dessus. On voit aussi augmenter une inflation des salaires, c'est plutôt bon signe, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une impétence là-dessus. Et aujourd'hui, je pense, tu vois, 2024, je pense qu'on a atteint une vraie maturité du produit en France. On a une communauté qui est dense, qui est riche, il y a pas mal d'événements, il y a des livres qui sont écrits, on parlait il n'y a pas longtemps de... de Discovery Discipline, par exemple. Donc, on voit qu'on est moteur, on voit que nos entreprises innovent sur des pratiques produits. Elles utilisent, je ne sais pas, les OKR, on parle de Continuous Discovery, on parle de Dual Track, on parle des choses comme ça. Et il y a de plus en plus de boîtes qui montrent qu'on peut faire du Product Management classe mondiale en France, par exemple, au Doctolib et au Back Market ou des gens comme ça. Donc pour moi, vraiment, ça s'est construit comme ça, ça a pris du temps et voilà, on est dans la place en France. Et le défi aujourd'hui, ça va être plutôt de comment est-ce qu'on continue à innover, à accélérer en gardant notre identité, parce qu'on n'a pas besoin de copier la Silicon Valley surtout. Et comment est-ce qu'on peut conjuguer le product management à la française.

  • Chloé

    C'est génial de voir l'évolution et comment aujourd'hui on est quand même à un certain stade de maturité et comment petit à petit ça s'est ouvert pour arriver vers ça. Et tu parlais de la partie agilité qui est quelque chose qui a été super important pour le product en France, mais aussi que tu mets bien en avant. comment aujourd'hui tu t'impliques dans toute cette partie agilité ? Je sais que tu as beaucoup de talk, que tu es beaucoup présente pour mettre en avant cette bannière un peu agilité. Comment ça se traduit pour toi et qu'est-ce qui fait que ça a été le déclic et le changement au niveau product ?

  • Rachel

    De la partie des talks, je voudrais juste préciser, moi j'ai commencé par le produit et l'agilité est arrivée après et je pense que ça a été un accélérateur et ça a été aussi un vecteur. pour la communauté produits en France. Et au début, c'était cool parce que via l'agilité que les entreprises intégraient dans la tech, on pouvait mettre en avant le produit. Mais tu vois, aujourd'hui, ma croyance, c'est que le product est suffisamment mature aujourd'hui pour ne plus avoir besoin de l'agilité comme point d'entrée. Et aujourd'hui, on peut avoir des sujets, des prises de parole. des retours d'expérience et des choses comme ça qui sont strictement sur le produit indépendamment d'agilité. C'est quelque chose qui marche bien avec, mais qui n'est plus forcément autant nécessaire qu'au tout début.

  • Chloé

    Ok, super intéressant. J'ai eu des retours aussi sur le fait que ça a permis de donner un cadre, mais qu'aujourd'hui, parfois, on est un peu trop dans les frameworks, etc. Il y a un peu trop enfermé et qu'il faut... Comme tu disais, aujourd'hui, le produit a suffisamment de maturité. Ça arrivait à sortir peut-être de ce cadre qui a aidé à arriver à cette maturité pour aussi créer ce qui fonctionne et la suite, comme tu disais, la suite du product à la française. Donc, c'est des jolis sujets, des jolis débats à avoir.

  • Rachel

    Oui, et puis le product n'a pas attendu l'agilité maintenant. Il n'y a plus que le rôle de... de product manager, tu as le rôle de PPM qui existe, de product marketing manager, tu as le rôle de product ops qui existe. On a aussi tous les rôles autour de la data, tu vois, qui sont ce qui... Donc, ça, c'est quand même vachement étoffé, vachement enrichi, en profondeur, en largeur. Bon, c'est vraiment intéressant, quoi.

  • Chloé

    Ouais, de ouf. Et donc, je te parlais de la partie talk parce que tu m'avais dit que tu étais... L'une des premières à prendre la parole à l'époque sur la partie product et tech en France. Comment ça t'est tombé dessus ? Qu'est-ce qui t'a motivée ? Parce que ce n'est pas forcément facile de parler en public et de partager tout ça. Raconte-moi un petit peu les prémices de tout ça pour toi.

  • Rachel

    J'ai toujours eu, je pense, une volonté de rendre ce que je fais. à la communauté ce que la communauté m'avait apporté. Parce que quand j'ai commencé au tout début des années 2000, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas grand-chose. Il fallait l'inventer et tu pouvais l'inventer qu'en allant voir ce que faisaient les autres qui partageaient avec toi les retours d'expérience et tu te construis comme ça. Mon premier talk, c'était un talk qui était en 2008 ou en 2009 qui s'appelait du chef de produit marketing au product owner agile. C'était le titre exact de la conf. Et j'étais contente de montrer aux gens de la tech comment les choses avaient évolué entre les tout débuts et là, en 2008, où est-ce qu'on en était. J'y suis allée, un mélange de fierté et puis un peu de stress. Et puis c'est aussi à ce moment-là que j'étais confrontée aussi au manque de diversité de la tech à ce moment-là et aussi au fait que... dans la tech et dans la communauté agile, tout le monde n'est pas que gentillesse et bienveillance. Et le premier temps, ça m'a marquée. Le tout premier temps, on m'a dit, c'est bien Rachel. Tu sais, tu es là parce que tu étais la seule. La seule femme, tu sais. Et donc, tu sais, diminuer ton contenu ou ce que tu avais apporté. J'étais furaque sur le coup, mais vraiment. Et c'est dur parce que quand tu es jeune, en plus, tu n'as pas forcément la confiance en toi. C'est la première fois que tu le fais. Mais moi, je suis quelqu'un de très têtu. Donc, j'ai dit, ah ouais, on va voir. Et donc, du coup, j'ai continué. J'ai essayé d'aider d'autres personnes à le faire. Et tu vois, en 2024, je continue toujours à faire des talks partout en France, dans le monde, etc. Donc, je ne me suis pas arrêtée aux remarques acides qu'on peut avoir, aux grincheux. Mais ça marche encore. Même aujourd'hui. Je reçois des petites mesquineries du genre Oh là là, mais t'es partout, dis donc ! Genre Faudrait pas que tu sois là quand même, tu sais ? Ou alors Qu'est-ce que j'ai entendu ? C'était… Oh là là, cette conférence, tu l'as bien rentabilisée, dis donc ! Au sujet d'un contenu de conférence que j'avais présenté que trois fois. Alors qu'il y a énormément de conférenciers masculins qui présentent un sujet, un même sujet, trois, cinq, dix, vingt fois sans que personne ne les interroge sur la rentabilité de leurs efforts. Ou alors tous les commentaires sur ton poids, ton look. Toi, j'avais décidé de mettre du rouge à lèvres rouge récemment et j'ai eu Ah ben alors Rachel, tu te maquilles toi ? Ben ouais, et alors tu sais, ou les commentaires sur ta vie familiale, tu sais. Ah ben c'est bien toutes ces conférences, mais ça ne t'impacte pas pour les enfants ? Ouais, tu vois, et voilà. Donc forcément au début, ça fait mal. Donc forcément tu t'endurcis un petit peu pour éviter d'avoir mal à chaque fois. Et puis après, en vieillissant, tu prends du recul, tu comprends que toutes ces petites agressions un peu mesquines, ça parle plus de la médiocrité des gens qui te les font que de toi. Et puis au final, t'en rigoles pas mal avec les copines et puis les alliés dans le circuit, quoi. Mais...

  • Chloé

    Ah ouais, non, mais tu m'étonnes. Déjà, ça me foutra toujours les nerfs, les commentaires sur le physique. En fait, t'as rien demandé, on est là pour parler de ça. Je suis là pour faire mon talk et pas pour que tu me dises comment je suis habillée ou comment je suis maquillée. Bref, c'est un truc qui me dépasse. Et quand tu as fait ton premier talk, du coup, l'anecdote de Ah, mais c'était super, t'es là parce que t'étais la seule meuf super, ça veut dire quoi ? T'as juste rempli ton quota ridicule d'une seule femme. Donc ouais, j'imagine que... Puis les années, tu as dû t'endurcir et heureusement que tu as eu cette force de caractère qui n'est pas forcément facile à avoir quand on a des retours comme ça. Ça peut vite démotiver.

  • Rachel

    Je pense que c'est un point commun de pas mal des femmes leaders dans la tech, c'est d'avoir cette capacité à encaisser quand même pas mal. Moi, ce qui m'a aidée, c'est qu'il y a plein de femmes formidables dans le réseau, dans la communauté tech, agile, produit. Et que... on les voit de plus en plus et qu'elles osent de plus en plus. Il y a quand même aussi beaucoup de solidarité, de sororité entre nous. Et on s'aide, on se soutient, on se mentor, on s'entraîne, etc. Donc, c'est trop cool. Maintenant, même ça a suffisamment bien évolué, les mentalités, en presque 15 ans, pour que maintenant les organisateurs, ils aient des points de vigilance à faire en sorte qu'est-ce qu'on a au moins une diversité de genres. à défaut d'avoir toutes les diversités représentées, mais au moins, est-ce qu'on a une diversité de genre ? Voilà, et je trouve ça intéressant. Ouais,

  • Chloé

    ouais. Et ce sujet de sororité, c'est un peu le fil rouge quand même de ton histoire, parce que depuis le début, tu milites pour la présence des femmes dans la tech et t'as fait beaucoup de choses pour faire bouger les lignes. Comment est-ce que tu vois cette évolution du rôle des femmes dans le secteur depuis un peu plus de 20 ans ?

  • Rachel

    Dans le métier du produits spécifiquement, et après on va étendre un petit peu dans la tech, au tout début, tout début, contrairement à ce que les gens pensent, le métier du produit c'était très féminin. Parce qu'on était les petites choses du marketing. Donc moi, quand j'ai commencé, les chefs de produit, c'était essentiellement des filles. Il y avait un gars avec nous. Parce que c'était très siloté. Donc on était plutôt les trucs là-bas, on n'allait pas dans la tech. Quand on a commencé avec Agilité à se rapprocher des équipes de tech, des ingé, etc., là, c'était d'un seul coup l'inverse. Tu te trouvais qu'on était seul dans des équipes entières de mecs. Tu vois, il y a une speakeuse tech que j'aime beaucoup, qui s'appelle Aurélie Vaché. On a fait nos débuts ensemble dans la même boîte, c'était une start-up franco-danoise. Et je me souviens, on était sur un gros projet, et sur la vingtaine de personnes du projet, on était deux meufs, elle et moi. Elle, au niveau de tout ce qui était test et infra, tu vois, c'est vachement dur quand t'es une nana. Et moi, côté produit, voilà. Donc ça s'est un petit peu inversé. au début c'était pas facile parce que quand t'es toute seule, la seule femme dans les réunions techniques, pareil c'est comme les conférences, faut bien s'endurer la situation a évolué aujourd'hui c'est mieux mais c'est pas non plus fifou quoi on est encore pas à l'équilibre dans la tech en général tu vois Il y a plein d'études qui montrent ça. Sarah Dufour l'expliquerait beaucoup mieux que moi parce qu'elle a toujours tous les chiffres en tête et les références. Mais oui, on voit qu'au fur et à mesure que tu progresses dans les études et dans la vie professionnelle, il y a de moins en moins de femmes. Au fur et à mesure que tu progresses, que tu vois la progression dans l'organisation, c'est-à-dire de contributeur jusqu'à dirigeant d'entreprise, plus tu vas vers les cimes, moins tu en as. Donc, il reste des choses à faire. Il y a des combats à mener. Et moi, je suis maman. d'une fille et d'un garçon. Et je me dis, ça m'oblige. Ça m'oblige pour les deux qu'on puisse faire changer ça.

  • Chloé

    Il faut. Il faut, en effet, parce qu'il y a encore trop d'écarts et trop de différences. Sur cette partie militante, qui est un sujet qui est quand même important pour toi, Il y a ça qui est en toi depuis un moment, mais est-ce qu'il y a eu un moment déclencheur, quelque chose qui a fait que tu t'es dit putain, mais en fait, ce qui se passe ou ce que je vis, c'est pas normal, il faut que j'agisse

  • Rachel

    Ça a été plutôt une accumulation d'éléments déclencheurs, des éléments de ta vie privée. Moi, j'ai subi des agressions, comme toutes les femmes. Malheureusement, si tu veux, comme 8 femmes sur 10, tu t'es fait agresser sexuellement. Donc tu te fais ça, tu as toutes les... les brimades, les propos, les comportements dégradants. Et en plus, moi, j'ai commencé vachement jeune. Tu vois, tu as 20 ans, tu es dans un métier où tu ne te sens pas légitime, tu es complètement influençable. Moi, je sens que le premier boulot que j'ai eu dans une start-up, j'étais super contente, trop bien, machin. J'en discute avec quelqu'un qui était exactement dans le même parcours que moi. On était vraiment au même niveau, pareil, etc. La seule différence qu'on avait entre tous les deux, c'est situé dans la culotte. et sur la feuille de paille. Et j'étais là, mais ça m'a tellement mis en colère. C'était avec toute cette colère que tu peux avoir quand tu as 20 ans, de dire, mais de révolte et de dire, on va changer ça. On va changer ça avec grandes actions après grandes actions et petites actions après petites actions. Tu vois, une personne après l'autre. Et on lâche rien. Et je crois que cette colère-là, elle ne m'a jamais quitté, en fait. Même aujourd'hui où je te parle, tu l'entends dans ma voix, ça t'a m'énervé. Je parle là, on ne parle que des problèmes liés au genre, mais il y a toutes les autres formes de discrimination qui m'insupportent. La tech est encore massivement bien blanche, bien hétéronormée, bien validiste. Et non, on peut faire mieux. Donc oui, c'est de travailler au quotidien, c'est de travailler aussi par le leadership, c'est-à-dire de développer la visibilité des femmes leaders dans la tech, leur donner accès. Et toi, tu vois ce que tu fais, c'est typiquement une action militante, je pense, de créer un espace-temps sûr et bienveillant pour que les femmes puissent exprimer. les mots puissent être dits et les voix puissent être posées. Donc tout ça, c'est vraiment important. Il faut continuer à créer ça. Il faut continuer à créer des espaces pour ça, accueillir des gens et les aider là-dedans. C'est aussi toutes les petites choses de l'entraide active, parce que j'avais dit, toutes les petites choses que tu peux faire, valoriser, tu vois, quand une femme réussit quelque chose, moi, je lui donne toujours du feedback positif, des petits nudges comme ça, où tu le dis, où tu l'écris, tu vois.

  • Chloé

    chaque acte compte au final et il va dans ce sens là et en tout cas cette notion de colère je la comprends et la partage et je pense que c'est c'est aussi un moteur pour pour mettre en sorte des choses pour pour aller changer tout ça il ya une partie domino toi des actions

  • Rachel

    touche quelqu'un et ça va peut-être débloquer quelque chose qui va toucher d'autres personnes donc il faut vraiment travailler là-dessus.

  • Chloé

    Je fais un mini-break dans l'épisode pour te demander ton aide. Si tu apprécies les meneuses et que ça t'apporte de la valeur, il y a un moyen super simple de m'aider. C'est laisser une note et un avis sur Apple Podcast ou Spotify. 5 étoiles et un petit mot pour me dire ce que tu aimes dans le podcast. Ça prendra une minute et ça m'apporte énormément. 1. Pour me motiver et avoir tes retours et 2. Pour booster la découvrabilité du podcast. et m'aider à ce qu'ils soient mieux référencés. Ce projet me tient à cœur, mais je réalise tout toute seule, à côté de mon boulot. Ce sont des heures de travail et toi tu peux me soutenir gratuitement en laissant une note et un com sur Apple ou sur Spotify. Je te remercie du fond du cœur pour tout ça et on peut repartir sur la suite de l'épisode. Je sais que tu as fait beaucoup de mentoring auprès de femmes, que c'est quelque chose que tu fais et qui te tient à cœur. Quels seraient les trois conseils que tu donnerais ? aux jeunes femmes qui souhaitent prendre la parole dans le domaine de la tech.

  • Rachel

    Fais-toi entendre, c'est-à-dire commence, commence petit mais commence, c'est-à-dire tu n'oses pas, tu veux faire juste un petit blog post, vas-y, fais un petit meet-up local. Si tu veux vraiment faire des conférences et que tu n'oses pas, il y a tous les systèmes de tremplin qui existent et dans les tremplins, il y a de plus en plus de gens bienveillants qui prennent. qui ont à cœur de faire entendre les bonnes voix, d'accompagner les gens, de les coacher. Tu vois, là, je travaille dans le comité de programmation de contenu de TechRoc, qui est une des plus grosses conférences sur la tech et les leaders de la tech. Et il y a un tremplin, et c'est un tremplin qui est engagé, donc qui va rechercher la diversité, qui va rechercher d'autres voix, qui va les accompagner. Donc ça, ça existe, et ça existe dans plein, plein de conférences. Le deuxième conseil, ça serait aussi de... Trouvez votre voix authentique, c'est-à-dire ne parlez pas forcément des sujets à la mode que les gens entendent, mais parlez de ce qui est vraiment important pour vous, parce que c'est beaucoup plus facile au début de se donner du courage et de passer le cap quand on est sur quelque chose qui te tire en avant et qui te fait avancer. Et puis, oui, et puis après, il faut se construire un réseau de soutien, que ce soit dans la tech, dans le produit ou dans l'agilité. Vous verrez qu'il y a très souvent des femmes speakers qui sont là depuis longtemps et ces femmes speakers là. très souvent, t'as toujours le risque d'avoir une pygmy ou deux qui traînent, ça arrive toujours mais sinon t'as quand même une grosse majorité de femmes qui sont passées par là et qui vont vous aider, vous accompagner vous mentorer,

  • Chloé

    vous donner des conseils il y a quand même pas mal de bienveillance à ce niveau là ouais clairement c'est vrai que cette notion de sororité je la trouve incroyable et à chaque fois plus ça va, plus je creuse plus je vois et j'échange avec des femmes... qui sont vraiment merveilleuses et pour bienveillance donc c'est pas du bullshit donc contrairement bon parfois il peut y avoir du bullshit mais généralement et en tout cas Rachel toi tu m'avais fait une liste à rallonge de personnes et toutes je les suis et portent des messages et sont vrais aussi dans ce qu'elles disent et dans ce qu'elles font donc je trouve ça vraiment merveilleux parce que la tech c'est pas le monde des bisounours mais du coup ça a fait un petit cocon de une seule zone de confort où tu sais que tu vas pouvoir aller rencontrer des personnes comme ça et ça fait du bien ça donne chaud au coeur il y en a besoin Et tout à l'heure, tu nous as teasé ton projet. Donc là, l'idée, c'est de pouvoir en parler un petit peu plus. On en a discuté quand on a préparé l'épisode. Et tu m'as notamment dit que tu lances ta boîte avec une ambition que je trouve géniale et très forte, c'est d'avoir un board 100% féminin. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu vas faire ? Quels sont les avantages à faire ça ? Quels sont les défis aussi que tu peux rencontrer avec une telle approche ? Donc voilà,

  • Rachel

    raconte-nous tout. Il y a pas mal de choses qui ne sont pas encore figées et calées, ça prend du temps, évidemment. Donc effectivement, j'ai commencé à créer une entreprise, une société de conseil. Cette partie-là, ce n'est pas forcément la plus révolutionnaire, même si dans l'intention de ce qu'on veut faire, c'est-à-dire de travailler vraiment sur comment réconcilier le business et la tech ensemble via le produit et la façon dont on imagine ça pour les entreprises, la façon dont on veut. Les aider à construire des produits qui soient plus efficaces, plus inclusifs, plus éthiques, avec d'autres opératives modèles et sortir un peu des côtés, un peu des recettes. Déjà, ça, c'est intéressant, mais ce n'est pas forcément la plus grosse difficulté, on va dire. Parce que ça, on sait le faire, c'est juste notre métier et on sait bien le faire avec mes associés. Non, ce qui est plus intéressant, c'est de voir quel est le modèle sociétal. Donc, c'est là où on passe pas mal de temps à discuter. Le board féminin, ce n'est pas que le board féminin. C'est en bord féminin, c'est aussi une intention sociale et d'impact, c'est-à-dire qu'on envisage, enfin on espère que l'activité va nous permettre de nous développer, de recruter. Et du coup aussi, c'est des questions sur le partage de la valeur, le partage de la propriété. Donc on s'était posé beaucoup de questions, tu vois, sur déjà par exemple le modèle juridique. Qu'est-ce qu'on veut créer comme entreprise sur le modèle juridique ? Comment est-ce qu'on veut ? partager les actions, c'est-à-dire comment est-ce qu'on veut partager la propriété de l'entreprise, comment est-ce qu'on veut prendre les décisions. C'est vrai que dans la plupart des entreprises de la tech, il peut y avoir des femmes, mais c'est rarement, la direction est rarement assumée par 100% de femmes. Alors je dis femmes, c'est une femme ou personne assignée femme, ou personne qui s'identifie en femme, j'entends, parce que la vérité est plus complexe que ça. Et du coup, on s'est dit, on... Ça n'a jamais été vraiment tenté. Qu'est-ce que ça pourrait apporter de différent ? Est-ce que c'est possible d'avoir un autre modèle de gouvernance ? Est-ce que c'est possible de prendre des décisions différentes ? C'est un board qui est féminin, mais on est aussi dans des problématiques de disciplines différentes. On est aussi dans des problématiques de cultures différentes. On est aussi dans des problématiques d'inclusion différentes. L'idée, c'est de montrer... que ça peut être possible. L'idée, c'était de créer un précédent pour montrer que ça peut être possible. Et de donner, on espère, ça peut paraître un peu prétentieux, mais c'est aussi d'inspirer d'autres femmes ou d'autres talents en se disant c'est possible d'être chef d'entreprise au féminin, c'est possible d'avoir ce leadership-là, c'est possible d'imaginer autrement. Alors, on n'est pas les seuls à faire ça. On a été beaucoup, beaucoup, beaucoup inspirés par... Une boîte qui s'appelle, deux boîtes qui s'appellent IETA et Shodo. Alors, je sais que tu as interviewé la CTO de Shodo et c'est des gens comme IETA qui nous intéressent beaucoup parce qu'ils requestionnent comment est-ce qu'on travaille avec des collaboratoristes, tu vois, et comment est-ce qu'on redistribue l'argent, comment est-ce qu'on prône la transparence de salaire, voilà. Et tout ça, c'est quelque chose qui est complètement dans le modèle social de ce qu'on veut créer.

  • Chloé

    Oui. J'aime bien les exemples que tu as partagés. En effet, j'ai vu Laurie de Chaudot au micro des Menaise et qui, aujourd'hui, elle partage et même avec les autres dirigeants, partage toute la politique qu'ils mettent en place et qui vient un peu disrupter les modèles qu'on avait jusqu'à aujourd'hui. Pareil pour l'État avec Pauline. Donc, c'est bien de voir. naître des nouvelles entreprises comme ça et de montrer de la transparence, de montrer que oui, l'idée c'est de faire du business mais c'est aussi de faire du business qui soit pas crade entre guillemets voilà c'est ça et que c'est possible de le faire donc déjà bravo à toi de te lancer là-dedans, du coup c'est quoi la suite, la tu en es où et quels sont les prochains mois et qu'est-ce qui va se passer pourquoi

  • Rachel

    toi on vient juste déposer les statuts de l'entreprise une première version des statuts d'entreprise et je crois qu'on a acheté un nom de domaine mais on n'a pas créé le site on est vraiment on est au tout début parce que quand on discute de ce projet depuis le mois de mars février mars on a fait une étude de marché on a construit vraiment réfléchi pas mal de trucs depuis mars mais on n'est pas dans les mêmes temporalités en ce moment donc on essaie de petit à petit recoller nos temporalités respective Là, c'est poser le socle, on va dire, faire en sorte que dans les six prochains mois, on arrive à poser le socle, à vraiment communiquer le projet de façon publique et sortir les premiers contenus qui nous tiennent à cœur. On est encore en mode laboratoire.

  • Chloé

    Et comment tu te sens par rapport à tout ça ?

  • Rachel

    excité, vraiment très content, excité c'est à la fois,

  • Chloé

    24h c'est pas suffisant dans une journée et à la fois ça en même temps c'est tellement trop donc c'est chouette c'est très stimulant intellectuellement j'ai vraiment hâte de voir la suite comment ça va se dessiner pour finir j'ai les 3 dernières questions classiques que je pose à toutes les invitées la première c'est les 3 conseils que tu donnerais à la Rachel d'il y a 10 ans ?

  • Rachel

    Je vais peut-être tricher parce que je vais t'attendre des 4. La première, c'est fais-toi confiance. Tu es beaucoup plus compétente que tu le penses. Il y a encore 10-15 ans, j'étais rongée par le doute et le syndrome de l'imposteur. Il faut lui mettre des grands coups de pied aux fesses, celui-là. La deuxième, c'est n'attends pas d'être parfaite ou le moment parfait pour te lancer et saisir des opportunités. Parce qu'en fait, ça ne sera jamais le moment parfait et tu ne seras jamais parfaite. Et puis tant mieux. Le troisième, c'est de comprendre que la vulnérabilité, tu vois, j'ai de l'émotion qui monte dans la voix quand je te le dis, la vulnérabilité n'est pas une faiblesse. C'est vraiment une force et c'est une force qui te connecte de façon très authentique avec les autres. Et la Rachel d'il y a 10-15 ans, elle était... tellement dans le doute qu'elle cherchait à se protéger d'une carapace bien dure et forte, et que du coup, je pense que tu passes à côté de choses. Et le quatrième, c'est que la Rachel, il y a dix ans, ne savait pas qu'elle allait avoir un cancer, et que ça allait être le traumatisme de sa vie, et la pire peur qu'elle ait eue, et j'avais envie de lui dire, ça va être terrible, mais tu vas t'en sortir. Et voilà, résilience.

  • Chloé

    Merci. Tu m'as aimé. Merci. Tu vois, moi aussi, je suis vulnérable. Je suis très émotive.

  • Rachel

    C'est important de montrer ses émotions. Je trouve ça important. Donc,

  • Chloé

    merci pour ça. Oui, mais merci pour tout ça. Et je valide. Je pense que c'est difficile à s'en rendre compte. Et quand on a passé un peu tous ces caps, on se dit Waouh ! Si j'avais su plus tôt ou des choses comme ça, mais c'est aussi la vie. On grandit, on apprend toute notre vie et on change. Donc, de très beaux conseils. Merci beaucoup, Rachel. Est-ce que tu peux nous partager une de tes inspirations ?

  • Rachel

    Question dure. Je savais que tu allais la poser, mais ça va. Parce que toi, derrière moi, il y a plein de livres.

  • Chloé

    Mais oui,

  • Rachel

    je vois qu'il y en a. Je dévore ça. Donc, c'est très, très dur. Et je me suis dit, bon, alors, qu'est-ce qui t'a vraiment... Qu'est-ce que tu voudrais... Alors, je voudrais parler d'une personne. Alors, elle peut être controversée, donc c'est pour ça que je vais mettre un petit disclaimer. Donc, je voulais parler de Reshma Chojani. C'est une Américaine et elle est la fondatrice d'un mouvement qui s'appelle Girls Who Code. Je dis controversée parce qu'elle est aussi... C'est une politicienne américaine et que... Voilà, c'est pas toujours... Moi, je suis pas toujours alignée avec tout ce qui se fait aux États-Unis, avec toutes leurs prises de... Voilà. Alors, c'est quelqu'un qui est... qui est très particulière parce qu'elle est américaine d'origine indienne et elle a souffert d'être racisée pendant toute sa vie et elle a aussi souffert de tout ce qui était la discrimination faite aux filles sur l'accès aux formations liées au maths, à l'accès aux maths, à l'accès aux sciences informatiques et aussi au fait qu'on inculquait à nos filles, on inculque à nos filles à être parfaites et belles. plutôt d'être courageuse, volontaire et d'essayer des choses. Et que ça, ça va impacter toute leur carrière et ça va les fermer les portes de la tech. Elle a écrit un bouquin, Brave Not Perfect. Donc elle milite vraiment pour que les filles, les fillettes, aient un accès plein aux mathématiques et qu'elles soient courageuses par rapport à ça et qu'il faut vraiment abandonner ça. Elle a créé cette association, elle a changé la vie de centaines de milliers de jeunes filles aux Etats-Unis en leur donnant accès à la tech.

  • Chloé

    très cool, je la connaissais pas donc tu vois, tu me l'as fait découvrir et je vais aller regarder tout ça et je mettrai d'ailleurs les liens sur les bouquins dans la description de l'épisode pour les personnes qui sont intéressées génial, et la dernière question je sais que tu en as beaucoup mais qui est-ce que tu aimerais entendre si tu devais choisir qu'une seule personne ? pas compliqué à entendre dans ce podcast ce serait qui ?

  • Rachel

    Ah c'est dur Oui c'est dur C'est dur parce que je t'en ai donné plein. La première fois qu'on a discuté, tu étais au tout début de ton projet. Je t'ai fait une liste qui était longue comme ça parce que je voulais te motiver, te dire qu'il y a plein de filles formidables. Et je vois la liste des gens que tu as interviewées. C'est génial. Il n'y a que des femmes incroyables qui t'ont répondu, donc ça, c'est cool.

  • Chloé

    Et il y en a encore plein.

  • Rachel

    J'hésite, j'hésite. En produit, en pur produit, il y a Nesrin Changel. parce qu'elle a un parcours de fou elle a fait du Google, du Spotify elle est brillantissime humainement parlant c'est une super personne je pensais à Alexandra Leloup c'était l'ancienne CPO de chez Deezer et qui vient de changer et qui a aussi un parcours absolument incroyable et une vision vraiment pour le coup le leadership produit aux féminins en France dans des grands groupes etc donc ça elle est super chouette La dernière, c'était Noémie Coguet. C'est elle qui dirige TechRox. Parce que c'est quelqu'un que je ne connaissais absolument pas. Et de travailler avec elle au quotidien quasiment sur la partie contenu, elle est incroyable. Elle a une énergie de ouf. Si la conf, elle est aussi incroyable qualitativement et inclusive, je trouve que ça tient beaucoup à elle aussi.

  • Chloé

    Bravo déjà en tout cas à elles pour ce qu'elles font. Et merci pour les recommandations. Et merci pour cette discussion, tout ce partage. Tu as tellement de choses à partager que c'est compliqué de condenser. Peut-être qu'on refera quelque chose ensemble quand on aura pu avancer aussi dans ton projet. En tout cas, je te souhaite le meilleur, Rachel. Merci pour tout ce que tu fais. Merci de ta bienveillance. Et oui, en effet, on s'était eues avant même que je lance le podcast, où j'étais vraiment au début. Et tu as été un amour, tout simplement, et super motivant. Donc franchement, c'est des rencontres comme ça qui motivent et qui font du bien. Donc c'est cool. Je suis contente de faire cet épisode avec toi. Et je te souhaite le meilleur pour la suite.

  • Rachel

    Merci. Et comme on est toutes les deux toulousaines... J'espère qu'on aura l'occasion de se prendre un café un de ces quatre, ça sera vraiment chouette. Parce que les gens ne le savent pas, mais ça a été rock'n'roll d'enregistrer cet épisode. On se mérite un café toutes les deux.

  • Chloé

    Oui, j'irai même à un resto, tu vois.

  • Rachel

    En tout cas, merci et continue comme ça parce que je pense que toutes les femmes de la tech, toutes les femmes du product, elles ont vraiment besoin de ce contenu et d'être dans un environnement... serein, sécurisé, bienveillant où tu peux vraiment exprimer et poser ton message ça fait du bien donc continue saison 2 !

  • Chloé

    Merci beaucoup ! Un grand merci pour ton écoute, on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse, j'espère que l'épisode t'a plu, si c'est le cas laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises et s'il te reste encore un peu de temps Partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

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Description

Comment le produit a-t-il évolué en France au cours des 25 dernières années ? Dans cet épisode Rachel Dubois explore cette évolution. Des années 2000, où le produit était perçu comme un simple livrable technique. À 2024 où il est totalement mature. On fait un voyage inspirant à travers l'histoire du produit en France.


Rachel est aussi une militante engagée pour plus de diversité dans la tech. Elle nous parle de ses combats pour une représentation équitable et de son nouveau projet entrepreneurial audacieux qui vise à promouvoir des alternatives inclusives et éthiques.


Au cours de cet épisode Rachel te parle :

  • De l’évolution de la culture produit en France

  • De sororité et son engagement militant pour une tech + inclusive

  • De sa prise de parole en conf de son 1er talk en 2008 à aujourd’hui

  • De son projet entrepreneurial disruptif avec un board 100% féminin


📕 On a cité dans l'épisode avec Rachel :


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Transcription

  • Rachel

    Et le produit, à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc, c'était très siloté. Les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter les meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. et aujourd'hui j'accueille Rachel Dubois. On fait un retour sur les 25 dernières années du monde du produit en France. Elle te partage ses engagements militants pour plus d'inclusion dans le secteur et son nouveau projet entrepreneurial. C'est passionnant. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti ! Bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Rachel, comment est-ce que tu vas ? Très bien,

  • Rachel

    et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis contente de te retrouver. J'adore ton t-shirt pour les personnes qui regardent sur YouTube l'épisode. Validé. Rachel, merci beaucoup d'être avec moi aujourd'hui. Je suis vraiment contente de t'avoir et de pouvoir partager ta belle et riche expérience. Pour les personnes qui ne connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Rachel

    Moi, je suis consultante et coach senior. Je bosse dans la tech depuis un peu plus de 25 ans. J'ai commencé comme développeuse web et j'ai très rapidement basculé product manager, puis après sur des rôles de direction de produits dans des entreprises, des petites start-up, du jeu vidéo, puis après des grands groupes. Je suis tombée en même temps aussi dans la marmite agile début des années 2000 et ça, ça a vraiment impacté mon parcours sur la partie produit puis sur la partie leadership. Et j'ai toujours eu cette casquette comme ça, d'un côté opérationnel dans le produit puis de l'autre côté un peu coach-mentor. Voilà, j'ai bossé pour des tas de boîtes super sympas, Orange, Le Grand, Airbus, etc. Et plus récemment, Spotify. Et aujourd'hui, je suis à mon compte, j'ai monté une boîte afin de promouvoir des alternatives aux approches, aux modèles actuels, et pas que sur l'agilité et sur le produit.

  • Chloé

    Waouh, le teasing ! On va en reparler un petit peu après, si tu veux bien, on va faire un peu... un bond dans le passé pour voir un petit peu comment est-ce que t'es tombée dans la tech et t'as découvert le secteur donc il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui

  • Rachel

    25 ans même tu vois parce que mon histoire remonte aux années 90 fin des années 90 je vais pas dire précisément quoi pour garder un peu de mystère pour mon grand âge, mais oui, donc ça remonte à ça, puis c'est une histoire de hasard, de curiosité, de si je peux pas passer par la droite, je vais passer par la gauche, et de chemin de traverse comme ça. Donc à la fin des années 90, j'ai un diplôme en poche de la fac de médecine, je suis orthoptiste diplômée d'état et tout ça, je cherche du boulot, c'est galère, il n'y a que des remplaces, c'est très très galère, et là j'ai un ami qui me propose, me dit, viens on va faire des sites web. Il faut imaginer que dans les années 90, les sites web, c'est en plein boom. Et il se trouve que moi, j'en fais depuis quelques années gratuitement parce que c'est ma passion. Tu vois, pour des assos, genre ton assos de jeux de rôle, l'asso de GN d'à côté, ou pour des commerces de famille, je fais un peu d'HTML, je fais du flash, des choses comme ça. Du coup, je me dis, why not ? Il faut manger, il faut se mettre un toit sur la tête. Donc, why not, on y va. Et on se lance là-dedans. Alors évidemment, c'est un fiasco parce que la boîte, Dans la boîte, on est tous très motivés par Internet et les nouvelles technologies, mais personne ne connaît rien au business, n'a aucune compétence. Et donc, cette boîte-là, on la plante, évidemment. Mais ça confirme que ce qui me plaît, ce n'est pas tant mon diplôme, mon métier, mais vraiment créer des logiciels, créer des sites Internet. Surtout à l'époque, on était vraiment sur la partie site Internet. Alors, je ne baisse pas les bras et je continue dans cette direction. Et je rentre début 2000 dans les toutes premières startups, une petite startup parisienne qui m'embauche d'abord en tant que webmaster. Ça s'appelait comme ça, webmaster, tu fais des mises à jour, tu gères la base de données et tout ça. Mise à jour technique. Et il faut vraiment imaginer que Paris, à ce moment-là, c'est vraiment en plein boom. Donc, c'est vraiment le Far West, tout est possible. Si tu as envie de bosser, si tu as envie d'essayer, si tu as envie de faire un peu, de disrupter un peu les trucs, tout est possible. et moi ce qui m'intéresse à ce moment là je m'aperçois que je suis pas la meilleure programmeuse du monde j'ai appris toute seule et ce qui m'intéresse vraiment c'est plutôt les utilisateurs, les clients et je suis plutôt assez bonne pour ça donc bim je bascule du côté produit donc ça là tu vois on est tout début des années 2000 je crois que Ouais, même 99-2000. Et puis après, le premier job officiel avec le titre produit, tout qui va bien, c'est 2001-2002. Et depuis, je suis là.

  • Chloé

    Magnifique. J'aime bien cette notion de Far West, tout est possible.

  • Rachel

    C'est clairement le Far West.

  • Chloé

    J'imagine un peu le truc. Ça doit être super intéressant. Donc dans le produit depuis le début des années 2000, tu baignes dedans depuis les prémices en France au final. Comment est-ce que cette culture produit s'est installée, elle a évolué depuis ? Parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de produits et je sais que ce sont des métiers qui étaient faits au début des années 2000 mais qui n'avaient pas forcément le chapeau produit et on n'avait pas forcément la culture qu'on peut avoir aujourd'hui. Je suis curieuse de cette évolution et comment ça a grandi en France.

  • Rachel

    On se raconte un peu l'histoire qu'on prend en bobine et qu'on se raconte l'histoire toutes les deux. Carrément. Ça va être trop chouette. C'est vrai que je considère que c'est vraiment une chance d'avoir pu observer et contribuer, c'est-à-dire participer à cette évolution du product en France depuis les débuts. Effectivement, dans les années 2000, on n'appelait pas ça product manager, etc. Ce qui se faisait en France à l'époque, c'était plutôt de la gestion de projet classique. Et même dans les startups, c'était de la gestion de projets classiques, avec presque du cycle en V au début sur les choses. Et mon premier titre, mon tout premier titre, en 2002, quand je rentre dans la plus grosse startup, c'était chef de produit marketing. Ça s'appelait comme ça. Et on était plus proche, d'ailleurs on était localisé avec les sales, la partie vente, avant-vente. Et pas tant que ça avec les techs. Et la transformation jusqu'à aujourd'hui, elle a été progressive. Donc, il y a eu plusieurs phases clés. Il y a eu, on va dire, le boom Internet des années 2000-2005, où là, le concept de product management, tel que nous l'imaginons aujourd'hui, il est complètement absent. On est dans une approche traditionnelle de gestion de projet. Il y a des cycles en V, tu fais des cahiers des charges. Moi, je faisais des PFS, Product Functional Specification, détaillé, brief, machin, etc. même des plans sur 12-18 mois. Et même dans les startups, de toute façon, les startups à l'époque, c'était soit avec cette gestion projet classique un peu rigide, soit c'était vraiment le far west, c'était rien et n'importe quoi. Et le produit à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc c'était très siloté, les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui. Le premier virage qu'on prend, c'est aux alentours 2005-2006, avec l'arrivée en France des méthodes agiles. Scrum pour ne pas le nommer, mais il y en a eu d'autres. Et c'était assez révolutionnaire parce que du coup, on embarquait avec Scrum, en fait, ça venait des startups de la Silicon Valley. Et dans ce coup, on se met à parler du client, d'itération courte, de feedback, donc des récupérations de l'information du client pour améliorer. On était encore très focalisés sur le comment livrer plutôt que sur le pourquoi livrer et quoi livrer comme ça. Mais je pense que c'était un des vrais débuts. C'est aussi le moment où on commence à voir apparaître des trucs comme Product Owner, Product Manager en France. Et après, quand il y a eu les startups françaises qui ont commencé à exploser, tu vois, comme des BlablaCars. Je crois que BlablaCars, c'est 2006 ou 2008. tu as eu des Criteo, quand tu as tout cet écosystème startup français qui a vraiment gagné en puissance, en visibilité, ça a aussi démontré qu'une autre approche était possible. Et eux, ils tiraient comme ça toutes ces approches venues des US. Et on a vu arriver sur la place le Lean Startup, le MVP, le Product Park Adfit, etc. On a commencé à avoir des gens qui parlaient de ça, il y avait des conférences, et on a vu se construire tout doucement la communauté. Et puis la troisième phase, je pense, il peut y avoir des débats là-dessus, mais la troisième phase c'est 2015, 2016, assez récent en fait, où on commence à avoir une vraie professionnalisation du métier de Product Manager. Les entreprises comprennent que le rôle de Product Manager, ce n'est pas un rôle de chef de projet amélioré. Il y a encore des petites difficultés à comprendre que Product Manager, c'est un métier par rapport à des rôles que tu peux... Tu peux avoir dans des cadres agiles comme Scrum, par exemple, PO ou dans Safe. Mais voilà, mais ça, ça s'améliore. Il y a quand même une montée en compétence là-dessus. Il y a une compréhension que c'est un rôle qui est vraiment stratégique pour l'entreprise dans cette capacité à connecter comme ça le business, la tech, le design, la stratégie de l'entreprise, etc. On voit apparaître les premières formations dédiées avec tous les gens comme Tigat qui sont très militants là-dessus. On voit aussi augmenter une inflation des salaires, c'est plutôt bon signe, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une impétence là-dessus. Et aujourd'hui, je pense, tu vois, 2024, je pense qu'on a atteint une vraie maturité du produit en France. On a une communauté qui est dense, qui est riche, il y a pas mal d'événements, il y a des livres qui sont écrits, on parlait il n'y a pas longtemps de... de Discovery Discipline, par exemple. Donc, on voit qu'on est moteur, on voit que nos entreprises innovent sur des pratiques produits. Elles utilisent, je ne sais pas, les OKR, on parle de Continuous Discovery, on parle de Dual Track, on parle des choses comme ça. Et il y a de plus en plus de boîtes qui montrent qu'on peut faire du Product Management classe mondiale en France, par exemple, au Doctolib et au Back Market ou des gens comme ça. Donc pour moi, vraiment, ça s'est construit comme ça, ça a pris du temps et voilà, on est dans la place en France. Et le défi aujourd'hui, ça va être plutôt de comment est-ce qu'on continue à innover, à accélérer en gardant notre identité, parce qu'on n'a pas besoin de copier la Silicon Valley surtout. Et comment est-ce qu'on peut conjuguer le product management à la française.

  • Chloé

    C'est génial de voir l'évolution et comment aujourd'hui on est quand même à un certain stade de maturité et comment petit à petit ça s'est ouvert pour arriver vers ça. Et tu parlais de la partie agilité qui est quelque chose qui a été super important pour le product en France, mais aussi que tu mets bien en avant. comment aujourd'hui tu t'impliques dans toute cette partie agilité ? Je sais que tu as beaucoup de talk, que tu es beaucoup présente pour mettre en avant cette bannière un peu agilité. Comment ça se traduit pour toi et qu'est-ce qui fait que ça a été le déclic et le changement au niveau product ?

  • Rachel

    De la partie des talks, je voudrais juste préciser, moi j'ai commencé par le produit et l'agilité est arrivée après et je pense que ça a été un accélérateur et ça a été aussi un vecteur. pour la communauté produits en France. Et au début, c'était cool parce que via l'agilité que les entreprises intégraient dans la tech, on pouvait mettre en avant le produit. Mais tu vois, aujourd'hui, ma croyance, c'est que le product est suffisamment mature aujourd'hui pour ne plus avoir besoin de l'agilité comme point d'entrée. Et aujourd'hui, on peut avoir des sujets, des prises de parole. des retours d'expérience et des choses comme ça qui sont strictement sur le produit indépendamment d'agilité. C'est quelque chose qui marche bien avec, mais qui n'est plus forcément autant nécessaire qu'au tout début.

  • Chloé

    Ok, super intéressant. J'ai eu des retours aussi sur le fait que ça a permis de donner un cadre, mais qu'aujourd'hui, parfois, on est un peu trop dans les frameworks, etc. Il y a un peu trop enfermé et qu'il faut... Comme tu disais, aujourd'hui, le produit a suffisamment de maturité. Ça arrivait à sortir peut-être de ce cadre qui a aidé à arriver à cette maturité pour aussi créer ce qui fonctionne et la suite, comme tu disais, la suite du product à la française. Donc, c'est des jolis sujets, des jolis débats à avoir.

  • Rachel

    Oui, et puis le product n'a pas attendu l'agilité maintenant. Il n'y a plus que le rôle de... de product manager, tu as le rôle de PPM qui existe, de product marketing manager, tu as le rôle de product ops qui existe. On a aussi tous les rôles autour de la data, tu vois, qui sont ce qui... Donc, ça, c'est quand même vachement étoffé, vachement enrichi, en profondeur, en largeur. Bon, c'est vraiment intéressant, quoi.

  • Chloé

    Ouais, de ouf. Et donc, je te parlais de la partie talk parce que tu m'avais dit que tu étais... L'une des premières à prendre la parole à l'époque sur la partie product et tech en France. Comment ça t'est tombé dessus ? Qu'est-ce qui t'a motivée ? Parce que ce n'est pas forcément facile de parler en public et de partager tout ça. Raconte-moi un petit peu les prémices de tout ça pour toi.

  • Rachel

    J'ai toujours eu, je pense, une volonté de rendre ce que je fais. à la communauté ce que la communauté m'avait apporté. Parce que quand j'ai commencé au tout début des années 2000, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas grand-chose. Il fallait l'inventer et tu pouvais l'inventer qu'en allant voir ce que faisaient les autres qui partageaient avec toi les retours d'expérience et tu te construis comme ça. Mon premier talk, c'était un talk qui était en 2008 ou en 2009 qui s'appelait du chef de produit marketing au product owner agile. C'était le titre exact de la conf. Et j'étais contente de montrer aux gens de la tech comment les choses avaient évolué entre les tout débuts et là, en 2008, où est-ce qu'on en était. J'y suis allée, un mélange de fierté et puis un peu de stress. Et puis c'est aussi à ce moment-là que j'étais confrontée aussi au manque de diversité de la tech à ce moment-là et aussi au fait que... dans la tech et dans la communauté agile, tout le monde n'est pas que gentillesse et bienveillance. Et le premier temps, ça m'a marquée. Le tout premier temps, on m'a dit, c'est bien Rachel. Tu sais, tu es là parce que tu étais la seule. La seule femme, tu sais. Et donc, tu sais, diminuer ton contenu ou ce que tu avais apporté. J'étais furaque sur le coup, mais vraiment. Et c'est dur parce que quand tu es jeune, en plus, tu n'as pas forcément la confiance en toi. C'est la première fois que tu le fais. Mais moi, je suis quelqu'un de très têtu. Donc, j'ai dit, ah ouais, on va voir. Et donc, du coup, j'ai continué. J'ai essayé d'aider d'autres personnes à le faire. Et tu vois, en 2024, je continue toujours à faire des talks partout en France, dans le monde, etc. Donc, je ne me suis pas arrêtée aux remarques acides qu'on peut avoir, aux grincheux. Mais ça marche encore. Même aujourd'hui. Je reçois des petites mesquineries du genre Oh là là, mais t'es partout, dis donc ! Genre Faudrait pas que tu sois là quand même, tu sais ? Ou alors Qu'est-ce que j'ai entendu ? C'était… Oh là là, cette conférence, tu l'as bien rentabilisée, dis donc ! Au sujet d'un contenu de conférence que j'avais présenté que trois fois. Alors qu'il y a énormément de conférenciers masculins qui présentent un sujet, un même sujet, trois, cinq, dix, vingt fois sans que personne ne les interroge sur la rentabilité de leurs efforts. Ou alors tous les commentaires sur ton poids, ton look. Toi, j'avais décidé de mettre du rouge à lèvres rouge récemment et j'ai eu Ah ben alors Rachel, tu te maquilles toi ? Ben ouais, et alors tu sais, ou les commentaires sur ta vie familiale, tu sais. Ah ben c'est bien toutes ces conférences, mais ça ne t'impacte pas pour les enfants ? Ouais, tu vois, et voilà. Donc forcément au début, ça fait mal. Donc forcément tu t'endurcis un petit peu pour éviter d'avoir mal à chaque fois. Et puis après, en vieillissant, tu prends du recul, tu comprends que toutes ces petites agressions un peu mesquines, ça parle plus de la médiocrité des gens qui te les font que de toi. Et puis au final, t'en rigoles pas mal avec les copines et puis les alliés dans le circuit, quoi. Mais...

  • Chloé

    Ah ouais, non, mais tu m'étonnes. Déjà, ça me foutra toujours les nerfs, les commentaires sur le physique. En fait, t'as rien demandé, on est là pour parler de ça. Je suis là pour faire mon talk et pas pour que tu me dises comment je suis habillée ou comment je suis maquillée. Bref, c'est un truc qui me dépasse. Et quand tu as fait ton premier talk, du coup, l'anecdote de Ah, mais c'était super, t'es là parce que t'étais la seule meuf super, ça veut dire quoi ? T'as juste rempli ton quota ridicule d'une seule femme. Donc ouais, j'imagine que... Puis les années, tu as dû t'endurcir et heureusement que tu as eu cette force de caractère qui n'est pas forcément facile à avoir quand on a des retours comme ça. Ça peut vite démotiver.

  • Rachel

    Je pense que c'est un point commun de pas mal des femmes leaders dans la tech, c'est d'avoir cette capacité à encaisser quand même pas mal. Moi, ce qui m'a aidée, c'est qu'il y a plein de femmes formidables dans le réseau, dans la communauté tech, agile, produit. Et que... on les voit de plus en plus et qu'elles osent de plus en plus. Il y a quand même aussi beaucoup de solidarité, de sororité entre nous. Et on s'aide, on se soutient, on se mentor, on s'entraîne, etc. Donc, c'est trop cool. Maintenant, même ça a suffisamment bien évolué, les mentalités, en presque 15 ans, pour que maintenant les organisateurs, ils aient des points de vigilance à faire en sorte qu'est-ce qu'on a au moins une diversité de genres. à défaut d'avoir toutes les diversités représentées, mais au moins, est-ce qu'on a une diversité de genre ? Voilà, et je trouve ça intéressant. Ouais,

  • Chloé

    ouais. Et ce sujet de sororité, c'est un peu le fil rouge quand même de ton histoire, parce que depuis le début, tu milites pour la présence des femmes dans la tech et t'as fait beaucoup de choses pour faire bouger les lignes. Comment est-ce que tu vois cette évolution du rôle des femmes dans le secteur depuis un peu plus de 20 ans ?

  • Rachel

    Dans le métier du produits spécifiquement, et après on va étendre un petit peu dans la tech, au tout début, tout début, contrairement à ce que les gens pensent, le métier du produit c'était très féminin. Parce qu'on était les petites choses du marketing. Donc moi, quand j'ai commencé, les chefs de produit, c'était essentiellement des filles. Il y avait un gars avec nous. Parce que c'était très siloté. Donc on était plutôt les trucs là-bas, on n'allait pas dans la tech. Quand on a commencé avec Agilité à se rapprocher des équipes de tech, des ingé, etc., là, c'était d'un seul coup l'inverse. Tu te trouvais qu'on était seul dans des équipes entières de mecs. Tu vois, il y a une speakeuse tech que j'aime beaucoup, qui s'appelle Aurélie Vaché. On a fait nos débuts ensemble dans la même boîte, c'était une start-up franco-danoise. Et je me souviens, on était sur un gros projet, et sur la vingtaine de personnes du projet, on était deux meufs, elle et moi. Elle, au niveau de tout ce qui était test et infra, tu vois, c'est vachement dur quand t'es une nana. Et moi, côté produit, voilà. Donc ça s'est un petit peu inversé. au début c'était pas facile parce que quand t'es toute seule, la seule femme dans les réunions techniques, pareil c'est comme les conférences, faut bien s'endurer la situation a évolué aujourd'hui c'est mieux mais c'est pas non plus fifou quoi on est encore pas à l'équilibre dans la tech en général tu vois Il y a plein d'études qui montrent ça. Sarah Dufour l'expliquerait beaucoup mieux que moi parce qu'elle a toujours tous les chiffres en tête et les références. Mais oui, on voit qu'au fur et à mesure que tu progresses dans les études et dans la vie professionnelle, il y a de moins en moins de femmes. Au fur et à mesure que tu progresses, que tu vois la progression dans l'organisation, c'est-à-dire de contributeur jusqu'à dirigeant d'entreprise, plus tu vas vers les cimes, moins tu en as. Donc, il reste des choses à faire. Il y a des combats à mener. Et moi, je suis maman. d'une fille et d'un garçon. Et je me dis, ça m'oblige. Ça m'oblige pour les deux qu'on puisse faire changer ça.

  • Chloé

    Il faut. Il faut, en effet, parce qu'il y a encore trop d'écarts et trop de différences. Sur cette partie militante, qui est un sujet qui est quand même important pour toi, Il y a ça qui est en toi depuis un moment, mais est-ce qu'il y a eu un moment déclencheur, quelque chose qui a fait que tu t'es dit putain, mais en fait, ce qui se passe ou ce que je vis, c'est pas normal, il faut que j'agisse

  • Rachel

    Ça a été plutôt une accumulation d'éléments déclencheurs, des éléments de ta vie privée. Moi, j'ai subi des agressions, comme toutes les femmes. Malheureusement, si tu veux, comme 8 femmes sur 10, tu t'es fait agresser sexuellement. Donc tu te fais ça, tu as toutes les... les brimades, les propos, les comportements dégradants. Et en plus, moi, j'ai commencé vachement jeune. Tu vois, tu as 20 ans, tu es dans un métier où tu ne te sens pas légitime, tu es complètement influençable. Moi, je sens que le premier boulot que j'ai eu dans une start-up, j'étais super contente, trop bien, machin. J'en discute avec quelqu'un qui était exactement dans le même parcours que moi. On était vraiment au même niveau, pareil, etc. La seule différence qu'on avait entre tous les deux, c'est situé dans la culotte. et sur la feuille de paille. Et j'étais là, mais ça m'a tellement mis en colère. C'était avec toute cette colère que tu peux avoir quand tu as 20 ans, de dire, mais de révolte et de dire, on va changer ça. On va changer ça avec grandes actions après grandes actions et petites actions après petites actions. Tu vois, une personne après l'autre. Et on lâche rien. Et je crois que cette colère-là, elle ne m'a jamais quitté, en fait. Même aujourd'hui où je te parle, tu l'entends dans ma voix, ça t'a m'énervé. Je parle là, on ne parle que des problèmes liés au genre, mais il y a toutes les autres formes de discrimination qui m'insupportent. La tech est encore massivement bien blanche, bien hétéronormée, bien validiste. Et non, on peut faire mieux. Donc oui, c'est de travailler au quotidien, c'est de travailler aussi par le leadership, c'est-à-dire de développer la visibilité des femmes leaders dans la tech, leur donner accès. Et toi, tu vois ce que tu fais, c'est typiquement une action militante, je pense, de créer un espace-temps sûr et bienveillant pour que les femmes puissent exprimer. les mots puissent être dits et les voix puissent être posées. Donc tout ça, c'est vraiment important. Il faut continuer à créer ça. Il faut continuer à créer des espaces pour ça, accueillir des gens et les aider là-dedans. C'est aussi toutes les petites choses de l'entraide active, parce que j'avais dit, toutes les petites choses que tu peux faire, valoriser, tu vois, quand une femme réussit quelque chose, moi, je lui donne toujours du feedback positif, des petits nudges comme ça, où tu le dis, où tu l'écris, tu vois.

  • Chloé

    chaque acte compte au final et il va dans ce sens là et en tout cas cette notion de colère je la comprends et la partage et je pense que c'est c'est aussi un moteur pour pour mettre en sorte des choses pour pour aller changer tout ça il ya une partie domino toi des actions

  • Rachel

    touche quelqu'un et ça va peut-être débloquer quelque chose qui va toucher d'autres personnes donc il faut vraiment travailler là-dessus.

  • Chloé

    Je fais un mini-break dans l'épisode pour te demander ton aide. Si tu apprécies les meneuses et que ça t'apporte de la valeur, il y a un moyen super simple de m'aider. C'est laisser une note et un avis sur Apple Podcast ou Spotify. 5 étoiles et un petit mot pour me dire ce que tu aimes dans le podcast. Ça prendra une minute et ça m'apporte énormément. 1. Pour me motiver et avoir tes retours et 2. Pour booster la découvrabilité du podcast. et m'aider à ce qu'ils soient mieux référencés. Ce projet me tient à cœur, mais je réalise tout toute seule, à côté de mon boulot. Ce sont des heures de travail et toi tu peux me soutenir gratuitement en laissant une note et un com sur Apple ou sur Spotify. Je te remercie du fond du cœur pour tout ça et on peut repartir sur la suite de l'épisode. Je sais que tu as fait beaucoup de mentoring auprès de femmes, que c'est quelque chose que tu fais et qui te tient à cœur. Quels seraient les trois conseils que tu donnerais ? aux jeunes femmes qui souhaitent prendre la parole dans le domaine de la tech.

  • Rachel

    Fais-toi entendre, c'est-à-dire commence, commence petit mais commence, c'est-à-dire tu n'oses pas, tu veux faire juste un petit blog post, vas-y, fais un petit meet-up local. Si tu veux vraiment faire des conférences et que tu n'oses pas, il y a tous les systèmes de tremplin qui existent et dans les tremplins, il y a de plus en plus de gens bienveillants qui prennent. qui ont à cœur de faire entendre les bonnes voix, d'accompagner les gens, de les coacher. Tu vois, là, je travaille dans le comité de programmation de contenu de TechRoc, qui est une des plus grosses conférences sur la tech et les leaders de la tech. Et il y a un tremplin, et c'est un tremplin qui est engagé, donc qui va rechercher la diversité, qui va rechercher d'autres voix, qui va les accompagner. Donc ça, ça existe, et ça existe dans plein, plein de conférences. Le deuxième conseil, ça serait aussi de... Trouvez votre voix authentique, c'est-à-dire ne parlez pas forcément des sujets à la mode que les gens entendent, mais parlez de ce qui est vraiment important pour vous, parce que c'est beaucoup plus facile au début de se donner du courage et de passer le cap quand on est sur quelque chose qui te tire en avant et qui te fait avancer. Et puis, oui, et puis après, il faut se construire un réseau de soutien, que ce soit dans la tech, dans le produit ou dans l'agilité. Vous verrez qu'il y a très souvent des femmes speakers qui sont là depuis longtemps et ces femmes speakers là. très souvent, t'as toujours le risque d'avoir une pygmy ou deux qui traînent, ça arrive toujours mais sinon t'as quand même une grosse majorité de femmes qui sont passées par là et qui vont vous aider, vous accompagner vous mentorer,

  • Chloé

    vous donner des conseils il y a quand même pas mal de bienveillance à ce niveau là ouais clairement c'est vrai que cette notion de sororité je la trouve incroyable et à chaque fois plus ça va, plus je creuse plus je vois et j'échange avec des femmes... qui sont vraiment merveilleuses et pour bienveillance donc c'est pas du bullshit donc contrairement bon parfois il peut y avoir du bullshit mais généralement et en tout cas Rachel toi tu m'avais fait une liste à rallonge de personnes et toutes je les suis et portent des messages et sont vrais aussi dans ce qu'elles disent et dans ce qu'elles font donc je trouve ça vraiment merveilleux parce que la tech c'est pas le monde des bisounours mais du coup ça a fait un petit cocon de une seule zone de confort où tu sais que tu vas pouvoir aller rencontrer des personnes comme ça et ça fait du bien ça donne chaud au coeur il y en a besoin Et tout à l'heure, tu nous as teasé ton projet. Donc là, l'idée, c'est de pouvoir en parler un petit peu plus. On en a discuté quand on a préparé l'épisode. Et tu m'as notamment dit que tu lances ta boîte avec une ambition que je trouve géniale et très forte, c'est d'avoir un board 100% féminin. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu vas faire ? Quels sont les avantages à faire ça ? Quels sont les défis aussi que tu peux rencontrer avec une telle approche ? Donc voilà,

  • Rachel

    raconte-nous tout. Il y a pas mal de choses qui ne sont pas encore figées et calées, ça prend du temps, évidemment. Donc effectivement, j'ai commencé à créer une entreprise, une société de conseil. Cette partie-là, ce n'est pas forcément la plus révolutionnaire, même si dans l'intention de ce qu'on veut faire, c'est-à-dire de travailler vraiment sur comment réconcilier le business et la tech ensemble via le produit et la façon dont on imagine ça pour les entreprises, la façon dont on veut. Les aider à construire des produits qui soient plus efficaces, plus inclusifs, plus éthiques, avec d'autres opératives modèles et sortir un peu des côtés, un peu des recettes. Déjà, ça, c'est intéressant, mais ce n'est pas forcément la plus grosse difficulté, on va dire. Parce que ça, on sait le faire, c'est juste notre métier et on sait bien le faire avec mes associés. Non, ce qui est plus intéressant, c'est de voir quel est le modèle sociétal. Donc, c'est là où on passe pas mal de temps à discuter. Le board féminin, ce n'est pas que le board féminin. C'est en bord féminin, c'est aussi une intention sociale et d'impact, c'est-à-dire qu'on envisage, enfin on espère que l'activité va nous permettre de nous développer, de recruter. Et du coup aussi, c'est des questions sur le partage de la valeur, le partage de la propriété. Donc on s'était posé beaucoup de questions, tu vois, sur déjà par exemple le modèle juridique. Qu'est-ce qu'on veut créer comme entreprise sur le modèle juridique ? Comment est-ce qu'on veut ? partager les actions, c'est-à-dire comment est-ce qu'on veut partager la propriété de l'entreprise, comment est-ce qu'on veut prendre les décisions. C'est vrai que dans la plupart des entreprises de la tech, il peut y avoir des femmes, mais c'est rarement, la direction est rarement assumée par 100% de femmes. Alors je dis femmes, c'est une femme ou personne assignée femme, ou personne qui s'identifie en femme, j'entends, parce que la vérité est plus complexe que ça. Et du coup, on s'est dit, on... Ça n'a jamais été vraiment tenté. Qu'est-ce que ça pourrait apporter de différent ? Est-ce que c'est possible d'avoir un autre modèle de gouvernance ? Est-ce que c'est possible de prendre des décisions différentes ? C'est un board qui est féminin, mais on est aussi dans des problématiques de disciplines différentes. On est aussi dans des problématiques de cultures différentes. On est aussi dans des problématiques d'inclusion différentes. L'idée, c'est de montrer... que ça peut être possible. L'idée, c'était de créer un précédent pour montrer que ça peut être possible. Et de donner, on espère, ça peut paraître un peu prétentieux, mais c'est aussi d'inspirer d'autres femmes ou d'autres talents en se disant c'est possible d'être chef d'entreprise au féminin, c'est possible d'avoir ce leadership-là, c'est possible d'imaginer autrement. Alors, on n'est pas les seuls à faire ça. On a été beaucoup, beaucoup, beaucoup inspirés par... Une boîte qui s'appelle, deux boîtes qui s'appellent IETA et Shodo. Alors, je sais que tu as interviewé la CTO de Shodo et c'est des gens comme IETA qui nous intéressent beaucoup parce qu'ils requestionnent comment est-ce qu'on travaille avec des collaboratoristes, tu vois, et comment est-ce qu'on redistribue l'argent, comment est-ce qu'on prône la transparence de salaire, voilà. Et tout ça, c'est quelque chose qui est complètement dans le modèle social de ce qu'on veut créer.

  • Chloé

    Oui. J'aime bien les exemples que tu as partagés. En effet, j'ai vu Laurie de Chaudot au micro des Menaise et qui, aujourd'hui, elle partage et même avec les autres dirigeants, partage toute la politique qu'ils mettent en place et qui vient un peu disrupter les modèles qu'on avait jusqu'à aujourd'hui. Pareil pour l'État avec Pauline. Donc, c'est bien de voir. naître des nouvelles entreprises comme ça et de montrer de la transparence, de montrer que oui, l'idée c'est de faire du business mais c'est aussi de faire du business qui soit pas crade entre guillemets voilà c'est ça et que c'est possible de le faire donc déjà bravo à toi de te lancer là-dedans, du coup c'est quoi la suite, la tu en es où et quels sont les prochains mois et qu'est-ce qui va se passer pourquoi

  • Rachel

    toi on vient juste déposer les statuts de l'entreprise une première version des statuts d'entreprise et je crois qu'on a acheté un nom de domaine mais on n'a pas créé le site on est vraiment on est au tout début parce que quand on discute de ce projet depuis le mois de mars février mars on a fait une étude de marché on a construit vraiment réfléchi pas mal de trucs depuis mars mais on n'est pas dans les mêmes temporalités en ce moment donc on essaie de petit à petit recoller nos temporalités respective Là, c'est poser le socle, on va dire, faire en sorte que dans les six prochains mois, on arrive à poser le socle, à vraiment communiquer le projet de façon publique et sortir les premiers contenus qui nous tiennent à cœur. On est encore en mode laboratoire.

  • Chloé

    Et comment tu te sens par rapport à tout ça ?

  • Rachel

    excité, vraiment très content, excité c'est à la fois,

  • Chloé

    24h c'est pas suffisant dans une journée et à la fois ça en même temps c'est tellement trop donc c'est chouette c'est très stimulant intellectuellement j'ai vraiment hâte de voir la suite comment ça va se dessiner pour finir j'ai les 3 dernières questions classiques que je pose à toutes les invitées la première c'est les 3 conseils que tu donnerais à la Rachel d'il y a 10 ans ?

  • Rachel

    Je vais peut-être tricher parce que je vais t'attendre des 4. La première, c'est fais-toi confiance. Tu es beaucoup plus compétente que tu le penses. Il y a encore 10-15 ans, j'étais rongée par le doute et le syndrome de l'imposteur. Il faut lui mettre des grands coups de pied aux fesses, celui-là. La deuxième, c'est n'attends pas d'être parfaite ou le moment parfait pour te lancer et saisir des opportunités. Parce qu'en fait, ça ne sera jamais le moment parfait et tu ne seras jamais parfaite. Et puis tant mieux. Le troisième, c'est de comprendre que la vulnérabilité, tu vois, j'ai de l'émotion qui monte dans la voix quand je te le dis, la vulnérabilité n'est pas une faiblesse. C'est vraiment une force et c'est une force qui te connecte de façon très authentique avec les autres. Et la Rachel d'il y a 10-15 ans, elle était... tellement dans le doute qu'elle cherchait à se protéger d'une carapace bien dure et forte, et que du coup, je pense que tu passes à côté de choses. Et le quatrième, c'est que la Rachel, il y a dix ans, ne savait pas qu'elle allait avoir un cancer, et que ça allait être le traumatisme de sa vie, et la pire peur qu'elle ait eue, et j'avais envie de lui dire, ça va être terrible, mais tu vas t'en sortir. Et voilà, résilience.

  • Chloé

    Merci. Tu m'as aimé. Merci. Tu vois, moi aussi, je suis vulnérable. Je suis très émotive.

  • Rachel

    C'est important de montrer ses émotions. Je trouve ça important. Donc,

  • Chloé

    merci pour ça. Oui, mais merci pour tout ça. Et je valide. Je pense que c'est difficile à s'en rendre compte. Et quand on a passé un peu tous ces caps, on se dit Waouh ! Si j'avais su plus tôt ou des choses comme ça, mais c'est aussi la vie. On grandit, on apprend toute notre vie et on change. Donc, de très beaux conseils. Merci beaucoup, Rachel. Est-ce que tu peux nous partager une de tes inspirations ?

  • Rachel

    Question dure. Je savais que tu allais la poser, mais ça va. Parce que toi, derrière moi, il y a plein de livres.

  • Chloé

    Mais oui,

  • Rachel

    je vois qu'il y en a. Je dévore ça. Donc, c'est très, très dur. Et je me suis dit, bon, alors, qu'est-ce qui t'a vraiment... Qu'est-ce que tu voudrais... Alors, je voudrais parler d'une personne. Alors, elle peut être controversée, donc c'est pour ça que je vais mettre un petit disclaimer. Donc, je voulais parler de Reshma Chojani. C'est une Américaine et elle est la fondatrice d'un mouvement qui s'appelle Girls Who Code. Je dis controversée parce qu'elle est aussi... C'est une politicienne américaine et que... Voilà, c'est pas toujours... Moi, je suis pas toujours alignée avec tout ce qui se fait aux États-Unis, avec toutes leurs prises de... Voilà. Alors, c'est quelqu'un qui est... qui est très particulière parce qu'elle est américaine d'origine indienne et elle a souffert d'être racisée pendant toute sa vie et elle a aussi souffert de tout ce qui était la discrimination faite aux filles sur l'accès aux formations liées au maths, à l'accès aux maths, à l'accès aux sciences informatiques et aussi au fait qu'on inculquait à nos filles, on inculque à nos filles à être parfaites et belles. plutôt d'être courageuse, volontaire et d'essayer des choses. Et que ça, ça va impacter toute leur carrière et ça va les fermer les portes de la tech. Elle a écrit un bouquin, Brave Not Perfect. Donc elle milite vraiment pour que les filles, les fillettes, aient un accès plein aux mathématiques et qu'elles soient courageuses par rapport à ça et qu'il faut vraiment abandonner ça. Elle a créé cette association, elle a changé la vie de centaines de milliers de jeunes filles aux Etats-Unis en leur donnant accès à la tech.

  • Chloé

    très cool, je la connaissais pas donc tu vois, tu me l'as fait découvrir et je vais aller regarder tout ça et je mettrai d'ailleurs les liens sur les bouquins dans la description de l'épisode pour les personnes qui sont intéressées génial, et la dernière question je sais que tu en as beaucoup mais qui est-ce que tu aimerais entendre si tu devais choisir qu'une seule personne ? pas compliqué à entendre dans ce podcast ce serait qui ?

  • Rachel

    Ah c'est dur Oui c'est dur C'est dur parce que je t'en ai donné plein. La première fois qu'on a discuté, tu étais au tout début de ton projet. Je t'ai fait une liste qui était longue comme ça parce que je voulais te motiver, te dire qu'il y a plein de filles formidables. Et je vois la liste des gens que tu as interviewées. C'est génial. Il n'y a que des femmes incroyables qui t'ont répondu, donc ça, c'est cool.

  • Chloé

    Et il y en a encore plein.

  • Rachel

    J'hésite, j'hésite. En produit, en pur produit, il y a Nesrin Changel. parce qu'elle a un parcours de fou elle a fait du Google, du Spotify elle est brillantissime humainement parlant c'est une super personne je pensais à Alexandra Leloup c'était l'ancienne CPO de chez Deezer et qui vient de changer et qui a aussi un parcours absolument incroyable et une vision vraiment pour le coup le leadership produit aux féminins en France dans des grands groupes etc donc ça elle est super chouette La dernière, c'était Noémie Coguet. C'est elle qui dirige TechRox. Parce que c'est quelqu'un que je ne connaissais absolument pas. Et de travailler avec elle au quotidien quasiment sur la partie contenu, elle est incroyable. Elle a une énergie de ouf. Si la conf, elle est aussi incroyable qualitativement et inclusive, je trouve que ça tient beaucoup à elle aussi.

  • Chloé

    Bravo déjà en tout cas à elles pour ce qu'elles font. Et merci pour les recommandations. Et merci pour cette discussion, tout ce partage. Tu as tellement de choses à partager que c'est compliqué de condenser. Peut-être qu'on refera quelque chose ensemble quand on aura pu avancer aussi dans ton projet. En tout cas, je te souhaite le meilleur, Rachel. Merci pour tout ce que tu fais. Merci de ta bienveillance. Et oui, en effet, on s'était eues avant même que je lance le podcast, où j'étais vraiment au début. Et tu as été un amour, tout simplement, et super motivant. Donc franchement, c'est des rencontres comme ça qui motivent et qui font du bien. Donc c'est cool. Je suis contente de faire cet épisode avec toi. Et je te souhaite le meilleur pour la suite.

  • Rachel

    Merci. Et comme on est toutes les deux toulousaines... J'espère qu'on aura l'occasion de se prendre un café un de ces quatre, ça sera vraiment chouette. Parce que les gens ne le savent pas, mais ça a été rock'n'roll d'enregistrer cet épisode. On se mérite un café toutes les deux.

  • Chloé

    Oui, j'irai même à un resto, tu vois.

  • Rachel

    En tout cas, merci et continue comme ça parce que je pense que toutes les femmes de la tech, toutes les femmes du product, elles ont vraiment besoin de ce contenu et d'être dans un environnement... serein, sécurisé, bienveillant où tu peux vraiment exprimer et poser ton message ça fait du bien donc continue saison 2 !

  • Chloé

    Merci beaucoup ! Un grand merci pour ton écoute, on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse, j'espère que l'épisode t'a plu, si c'est le cas laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises et s'il te reste encore un peu de temps Partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Description

Comment le produit a-t-il évolué en France au cours des 25 dernières années ? Dans cet épisode Rachel Dubois explore cette évolution. Des années 2000, où le produit était perçu comme un simple livrable technique. À 2024 où il est totalement mature. On fait un voyage inspirant à travers l'histoire du produit en France.


Rachel est aussi une militante engagée pour plus de diversité dans la tech. Elle nous parle de ses combats pour une représentation équitable et de son nouveau projet entrepreneurial audacieux qui vise à promouvoir des alternatives inclusives et éthiques.


Au cours de cet épisode Rachel te parle :

  • De l’évolution de la culture produit en France

  • De sororité et son engagement militant pour une tech + inclusive

  • De sa prise de parole en conf de son 1er talk en 2008 à aujourd’hui

  • De son projet entrepreneurial disruptif avec un board 100% féminin


📕 On a cité dans l'épisode avec Rachel :


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Transcription

  • Rachel

    Et le produit, à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc, c'était très siloté. Les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter les meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. et aujourd'hui j'accueille Rachel Dubois. On fait un retour sur les 25 dernières années du monde du produit en France. Elle te partage ses engagements militants pour plus d'inclusion dans le secteur et son nouveau projet entrepreneurial. C'est passionnant. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti ! Bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Rachel, comment est-ce que tu vas ? Très bien,

  • Rachel

    et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis contente de te retrouver. J'adore ton t-shirt pour les personnes qui regardent sur YouTube l'épisode. Validé. Rachel, merci beaucoup d'être avec moi aujourd'hui. Je suis vraiment contente de t'avoir et de pouvoir partager ta belle et riche expérience. Pour les personnes qui ne connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Rachel

    Moi, je suis consultante et coach senior. Je bosse dans la tech depuis un peu plus de 25 ans. J'ai commencé comme développeuse web et j'ai très rapidement basculé product manager, puis après sur des rôles de direction de produits dans des entreprises, des petites start-up, du jeu vidéo, puis après des grands groupes. Je suis tombée en même temps aussi dans la marmite agile début des années 2000 et ça, ça a vraiment impacté mon parcours sur la partie produit puis sur la partie leadership. Et j'ai toujours eu cette casquette comme ça, d'un côté opérationnel dans le produit puis de l'autre côté un peu coach-mentor. Voilà, j'ai bossé pour des tas de boîtes super sympas, Orange, Le Grand, Airbus, etc. Et plus récemment, Spotify. Et aujourd'hui, je suis à mon compte, j'ai monté une boîte afin de promouvoir des alternatives aux approches, aux modèles actuels, et pas que sur l'agilité et sur le produit.

  • Chloé

    Waouh, le teasing ! On va en reparler un petit peu après, si tu veux bien, on va faire un peu... un bond dans le passé pour voir un petit peu comment est-ce que t'es tombée dans la tech et t'as découvert le secteur donc il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui

  • Rachel

    25 ans même tu vois parce que mon histoire remonte aux années 90 fin des années 90 je vais pas dire précisément quoi pour garder un peu de mystère pour mon grand âge, mais oui, donc ça remonte à ça, puis c'est une histoire de hasard, de curiosité, de si je peux pas passer par la droite, je vais passer par la gauche, et de chemin de traverse comme ça. Donc à la fin des années 90, j'ai un diplôme en poche de la fac de médecine, je suis orthoptiste diplômée d'état et tout ça, je cherche du boulot, c'est galère, il n'y a que des remplaces, c'est très très galère, et là j'ai un ami qui me propose, me dit, viens on va faire des sites web. Il faut imaginer que dans les années 90, les sites web, c'est en plein boom. Et il se trouve que moi, j'en fais depuis quelques années gratuitement parce que c'est ma passion. Tu vois, pour des assos, genre ton assos de jeux de rôle, l'asso de GN d'à côté, ou pour des commerces de famille, je fais un peu d'HTML, je fais du flash, des choses comme ça. Du coup, je me dis, why not ? Il faut manger, il faut se mettre un toit sur la tête. Donc, why not, on y va. Et on se lance là-dedans. Alors évidemment, c'est un fiasco parce que la boîte, Dans la boîte, on est tous très motivés par Internet et les nouvelles technologies, mais personne ne connaît rien au business, n'a aucune compétence. Et donc, cette boîte-là, on la plante, évidemment. Mais ça confirme que ce qui me plaît, ce n'est pas tant mon diplôme, mon métier, mais vraiment créer des logiciels, créer des sites Internet. Surtout à l'époque, on était vraiment sur la partie site Internet. Alors, je ne baisse pas les bras et je continue dans cette direction. Et je rentre début 2000 dans les toutes premières startups, une petite startup parisienne qui m'embauche d'abord en tant que webmaster. Ça s'appelait comme ça, webmaster, tu fais des mises à jour, tu gères la base de données et tout ça. Mise à jour technique. Et il faut vraiment imaginer que Paris, à ce moment-là, c'est vraiment en plein boom. Donc, c'est vraiment le Far West, tout est possible. Si tu as envie de bosser, si tu as envie d'essayer, si tu as envie de faire un peu, de disrupter un peu les trucs, tout est possible. et moi ce qui m'intéresse à ce moment là je m'aperçois que je suis pas la meilleure programmeuse du monde j'ai appris toute seule et ce qui m'intéresse vraiment c'est plutôt les utilisateurs, les clients et je suis plutôt assez bonne pour ça donc bim je bascule du côté produit donc ça là tu vois on est tout début des années 2000 je crois que Ouais, même 99-2000. Et puis après, le premier job officiel avec le titre produit, tout qui va bien, c'est 2001-2002. Et depuis, je suis là.

  • Chloé

    Magnifique. J'aime bien cette notion de Far West, tout est possible.

  • Rachel

    C'est clairement le Far West.

  • Chloé

    J'imagine un peu le truc. Ça doit être super intéressant. Donc dans le produit depuis le début des années 2000, tu baignes dedans depuis les prémices en France au final. Comment est-ce que cette culture produit s'est installée, elle a évolué depuis ? Parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de produits et je sais que ce sont des métiers qui étaient faits au début des années 2000 mais qui n'avaient pas forcément le chapeau produit et on n'avait pas forcément la culture qu'on peut avoir aujourd'hui. Je suis curieuse de cette évolution et comment ça a grandi en France.

  • Rachel

    On se raconte un peu l'histoire qu'on prend en bobine et qu'on se raconte l'histoire toutes les deux. Carrément. Ça va être trop chouette. C'est vrai que je considère que c'est vraiment une chance d'avoir pu observer et contribuer, c'est-à-dire participer à cette évolution du product en France depuis les débuts. Effectivement, dans les années 2000, on n'appelait pas ça product manager, etc. Ce qui se faisait en France à l'époque, c'était plutôt de la gestion de projet classique. Et même dans les startups, c'était de la gestion de projets classiques, avec presque du cycle en V au début sur les choses. Et mon premier titre, mon tout premier titre, en 2002, quand je rentre dans la plus grosse startup, c'était chef de produit marketing. Ça s'appelait comme ça. Et on était plus proche, d'ailleurs on était localisé avec les sales, la partie vente, avant-vente. Et pas tant que ça avec les techs. Et la transformation jusqu'à aujourd'hui, elle a été progressive. Donc, il y a eu plusieurs phases clés. Il y a eu, on va dire, le boom Internet des années 2000-2005, où là, le concept de product management, tel que nous l'imaginons aujourd'hui, il est complètement absent. On est dans une approche traditionnelle de gestion de projet. Il y a des cycles en V, tu fais des cahiers des charges. Moi, je faisais des PFS, Product Functional Specification, détaillé, brief, machin, etc. même des plans sur 12-18 mois. Et même dans les startups, de toute façon, les startups à l'époque, c'était soit avec cette gestion projet classique un peu rigide, soit c'était vraiment le far west, c'était rien et n'importe quoi. Et le produit à l'époque, il était plus vécu comme un espèce de livrable technique qu'une solution réellement à un besoin utilisateur. Donc c'était très siloté, les commerciaux vendaient, les techs développaient, le marketing faisait la com. Il n'y avait pas toute cette cohérence transverse qu'apporte le produit aujourd'hui. Le premier virage qu'on prend, c'est aux alentours 2005-2006, avec l'arrivée en France des méthodes agiles. Scrum pour ne pas le nommer, mais il y en a eu d'autres. Et c'était assez révolutionnaire parce que du coup, on embarquait avec Scrum, en fait, ça venait des startups de la Silicon Valley. Et dans ce coup, on se met à parler du client, d'itération courte, de feedback, donc des récupérations de l'information du client pour améliorer. On était encore très focalisés sur le comment livrer plutôt que sur le pourquoi livrer et quoi livrer comme ça. Mais je pense que c'était un des vrais débuts. C'est aussi le moment où on commence à voir apparaître des trucs comme Product Owner, Product Manager en France. Et après, quand il y a eu les startups françaises qui ont commencé à exploser, tu vois, comme des BlablaCars. Je crois que BlablaCars, c'est 2006 ou 2008. tu as eu des Criteo, quand tu as tout cet écosystème startup français qui a vraiment gagné en puissance, en visibilité, ça a aussi démontré qu'une autre approche était possible. Et eux, ils tiraient comme ça toutes ces approches venues des US. Et on a vu arriver sur la place le Lean Startup, le MVP, le Product Park Adfit, etc. On a commencé à avoir des gens qui parlaient de ça, il y avait des conférences, et on a vu se construire tout doucement la communauté. Et puis la troisième phase, je pense, il peut y avoir des débats là-dessus, mais la troisième phase c'est 2015, 2016, assez récent en fait, où on commence à avoir une vraie professionnalisation du métier de Product Manager. Les entreprises comprennent que le rôle de Product Manager, ce n'est pas un rôle de chef de projet amélioré. Il y a encore des petites difficultés à comprendre que Product Manager, c'est un métier par rapport à des rôles que tu peux... Tu peux avoir dans des cadres agiles comme Scrum, par exemple, PO ou dans Safe. Mais voilà, mais ça, ça s'améliore. Il y a quand même une montée en compétence là-dessus. Il y a une compréhension que c'est un rôle qui est vraiment stratégique pour l'entreprise dans cette capacité à connecter comme ça le business, la tech, le design, la stratégie de l'entreprise, etc. On voit apparaître les premières formations dédiées avec tous les gens comme Tigat qui sont très militants là-dessus. On voit aussi augmenter une inflation des salaires, c'est plutôt bon signe, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une impétence là-dessus. Et aujourd'hui, je pense, tu vois, 2024, je pense qu'on a atteint une vraie maturité du produit en France. On a une communauté qui est dense, qui est riche, il y a pas mal d'événements, il y a des livres qui sont écrits, on parlait il n'y a pas longtemps de... de Discovery Discipline, par exemple. Donc, on voit qu'on est moteur, on voit que nos entreprises innovent sur des pratiques produits. Elles utilisent, je ne sais pas, les OKR, on parle de Continuous Discovery, on parle de Dual Track, on parle des choses comme ça. Et il y a de plus en plus de boîtes qui montrent qu'on peut faire du Product Management classe mondiale en France, par exemple, au Doctolib et au Back Market ou des gens comme ça. Donc pour moi, vraiment, ça s'est construit comme ça, ça a pris du temps et voilà, on est dans la place en France. Et le défi aujourd'hui, ça va être plutôt de comment est-ce qu'on continue à innover, à accélérer en gardant notre identité, parce qu'on n'a pas besoin de copier la Silicon Valley surtout. Et comment est-ce qu'on peut conjuguer le product management à la française.

  • Chloé

    C'est génial de voir l'évolution et comment aujourd'hui on est quand même à un certain stade de maturité et comment petit à petit ça s'est ouvert pour arriver vers ça. Et tu parlais de la partie agilité qui est quelque chose qui a été super important pour le product en France, mais aussi que tu mets bien en avant. comment aujourd'hui tu t'impliques dans toute cette partie agilité ? Je sais que tu as beaucoup de talk, que tu es beaucoup présente pour mettre en avant cette bannière un peu agilité. Comment ça se traduit pour toi et qu'est-ce qui fait que ça a été le déclic et le changement au niveau product ?

  • Rachel

    De la partie des talks, je voudrais juste préciser, moi j'ai commencé par le produit et l'agilité est arrivée après et je pense que ça a été un accélérateur et ça a été aussi un vecteur. pour la communauté produits en France. Et au début, c'était cool parce que via l'agilité que les entreprises intégraient dans la tech, on pouvait mettre en avant le produit. Mais tu vois, aujourd'hui, ma croyance, c'est que le product est suffisamment mature aujourd'hui pour ne plus avoir besoin de l'agilité comme point d'entrée. Et aujourd'hui, on peut avoir des sujets, des prises de parole. des retours d'expérience et des choses comme ça qui sont strictement sur le produit indépendamment d'agilité. C'est quelque chose qui marche bien avec, mais qui n'est plus forcément autant nécessaire qu'au tout début.

  • Chloé

    Ok, super intéressant. J'ai eu des retours aussi sur le fait que ça a permis de donner un cadre, mais qu'aujourd'hui, parfois, on est un peu trop dans les frameworks, etc. Il y a un peu trop enfermé et qu'il faut... Comme tu disais, aujourd'hui, le produit a suffisamment de maturité. Ça arrivait à sortir peut-être de ce cadre qui a aidé à arriver à cette maturité pour aussi créer ce qui fonctionne et la suite, comme tu disais, la suite du product à la française. Donc, c'est des jolis sujets, des jolis débats à avoir.

  • Rachel

    Oui, et puis le product n'a pas attendu l'agilité maintenant. Il n'y a plus que le rôle de... de product manager, tu as le rôle de PPM qui existe, de product marketing manager, tu as le rôle de product ops qui existe. On a aussi tous les rôles autour de la data, tu vois, qui sont ce qui... Donc, ça, c'est quand même vachement étoffé, vachement enrichi, en profondeur, en largeur. Bon, c'est vraiment intéressant, quoi.

  • Chloé

    Ouais, de ouf. Et donc, je te parlais de la partie talk parce que tu m'avais dit que tu étais... L'une des premières à prendre la parole à l'époque sur la partie product et tech en France. Comment ça t'est tombé dessus ? Qu'est-ce qui t'a motivée ? Parce que ce n'est pas forcément facile de parler en public et de partager tout ça. Raconte-moi un petit peu les prémices de tout ça pour toi.

  • Rachel

    J'ai toujours eu, je pense, une volonté de rendre ce que je fais. à la communauté ce que la communauté m'avait apporté. Parce que quand j'ai commencé au tout début des années 2000, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas grand-chose. Il fallait l'inventer et tu pouvais l'inventer qu'en allant voir ce que faisaient les autres qui partageaient avec toi les retours d'expérience et tu te construis comme ça. Mon premier talk, c'était un talk qui était en 2008 ou en 2009 qui s'appelait du chef de produit marketing au product owner agile. C'était le titre exact de la conf. Et j'étais contente de montrer aux gens de la tech comment les choses avaient évolué entre les tout débuts et là, en 2008, où est-ce qu'on en était. J'y suis allée, un mélange de fierté et puis un peu de stress. Et puis c'est aussi à ce moment-là que j'étais confrontée aussi au manque de diversité de la tech à ce moment-là et aussi au fait que... dans la tech et dans la communauté agile, tout le monde n'est pas que gentillesse et bienveillance. Et le premier temps, ça m'a marquée. Le tout premier temps, on m'a dit, c'est bien Rachel. Tu sais, tu es là parce que tu étais la seule. La seule femme, tu sais. Et donc, tu sais, diminuer ton contenu ou ce que tu avais apporté. J'étais furaque sur le coup, mais vraiment. Et c'est dur parce que quand tu es jeune, en plus, tu n'as pas forcément la confiance en toi. C'est la première fois que tu le fais. Mais moi, je suis quelqu'un de très têtu. Donc, j'ai dit, ah ouais, on va voir. Et donc, du coup, j'ai continué. J'ai essayé d'aider d'autres personnes à le faire. Et tu vois, en 2024, je continue toujours à faire des talks partout en France, dans le monde, etc. Donc, je ne me suis pas arrêtée aux remarques acides qu'on peut avoir, aux grincheux. Mais ça marche encore. Même aujourd'hui. Je reçois des petites mesquineries du genre Oh là là, mais t'es partout, dis donc ! Genre Faudrait pas que tu sois là quand même, tu sais ? Ou alors Qu'est-ce que j'ai entendu ? C'était… Oh là là, cette conférence, tu l'as bien rentabilisée, dis donc ! Au sujet d'un contenu de conférence que j'avais présenté que trois fois. Alors qu'il y a énormément de conférenciers masculins qui présentent un sujet, un même sujet, trois, cinq, dix, vingt fois sans que personne ne les interroge sur la rentabilité de leurs efforts. Ou alors tous les commentaires sur ton poids, ton look. Toi, j'avais décidé de mettre du rouge à lèvres rouge récemment et j'ai eu Ah ben alors Rachel, tu te maquilles toi ? Ben ouais, et alors tu sais, ou les commentaires sur ta vie familiale, tu sais. Ah ben c'est bien toutes ces conférences, mais ça ne t'impacte pas pour les enfants ? Ouais, tu vois, et voilà. Donc forcément au début, ça fait mal. Donc forcément tu t'endurcis un petit peu pour éviter d'avoir mal à chaque fois. Et puis après, en vieillissant, tu prends du recul, tu comprends que toutes ces petites agressions un peu mesquines, ça parle plus de la médiocrité des gens qui te les font que de toi. Et puis au final, t'en rigoles pas mal avec les copines et puis les alliés dans le circuit, quoi. Mais...

  • Chloé

    Ah ouais, non, mais tu m'étonnes. Déjà, ça me foutra toujours les nerfs, les commentaires sur le physique. En fait, t'as rien demandé, on est là pour parler de ça. Je suis là pour faire mon talk et pas pour que tu me dises comment je suis habillée ou comment je suis maquillée. Bref, c'est un truc qui me dépasse. Et quand tu as fait ton premier talk, du coup, l'anecdote de Ah, mais c'était super, t'es là parce que t'étais la seule meuf super, ça veut dire quoi ? T'as juste rempli ton quota ridicule d'une seule femme. Donc ouais, j'imagine que... Puis les années, tu as dû t'endurcir et heureusement que tu as eu cette force de caractère qui n'est pas forcément facile à avoir quand on a des retours comme ça. Ça peut vite démotiver.

  • Rachel

    Je pense que c'est un point commun de pas mal des femmes leaders dans la tech, c'est d'avoir cette capacité à encaisser quand même pas mal. Moi, ce qui m'a aidée, c'est qu'il y a plein de femmes formidables dans le réseau, dans la communauté tech, agile, produit. Et que... on les voit de plus en plus et qu'elles osent de plus en plus. Il y a quand même aussi beaucoup de solidarité, de sororité entre nous. Et on s'aide, on se soutient, on se mentor, on s'entraîne, etc. Donc, c'est trop cool. Maintenant, même ça a suffisamment bien évolué, les mentalités, en presque 15 ans, pour que maintenant les organisateurs, ils aient des points de vigilance à faire en sorte qu'est-ce qu'on a au moins une diversité de genres. à défaut d'avoir toutes les diversités représentées, mais au moins, est-ce qu'on a une diversité de genre ? Voilà, et je trouve ça intéressant. Ouais,

  • Chloé

    ouais. Et ce sujet de sororité, c'est un peu le fil rouge quand même de ton histoire, parce que depuis le début, tu milites pour la présence des femmes dans la tech et t'as fait beaucoup de choses pour faire bouger les lignes. Comment est-ce que tu vois cette évolution du rôle des femmes dans le secteur depuis un peu plus de 20 ans ?

  • Rachel

    Dans le métier du produits spécifiquement, et après on va étendre un petit peu dans la tech, au tout début, tout début, contrairement à ce que les gens pensent, le métier du produit c'était très féminin. Parce qu'on était les petites choses du marketing. Donc moi, quand j'ai commencé, les chefs de produit, c'était essentiellement des filles. Il y avait un gars avec nous. Parce que c'était très siloté. Donc on était plutôt les trucs là-bas, on n'allait pas dans la tech. Quand on a commencé avec Agilité à se rapprocher des équipes de tech, des ingé, etc., là, c'était d'un seul coup l'inverse. Tu te trouvais qu'on était seul dans des équipes entières de mecs. Tu vois, il y a une speakeuse tech que j'aime beaucoup, qui s'appelle Aurélie Vaché. On a fait nos débuts ensemble dans la même boîte, c'était une start-up franco-danoise. Et je me souviens, on était sur un gros projet, et sur la vingtaine de personnes du projet, on était deux meufs, elle et moi. Elle, au niveau de tout ce qui était test et infra, tu vois, c'est vachement dur quand t'es une nana. Et moi, côté produit, voilà. Donc ça s'est un petit peu inversé. au début c'était pas facile parce que quand t'es toute seule, la seule femme dans les réunions techniques, pareil c'est comme les conférences, faut bien s'endurer la situation a évolué aujourd'hui c'est mieux mais c'est pas non plus fifou quoi on est encore pas à l'équilibre dans la tech en général tu vois Il y a plein d'études qui montrent ça. Sarah Dufour l'expliquerait beaucoup mieux que moi parce qu'elle a toujours tous les chiffres en tête et les références. Mais oui, on voit qu'au fur et à mesure que tu progresses dans les études et dans la vie professionnelle, il y a de moins en moins de femmes. Au fur et à mesure que tu progresses, que tu vois la progression dans l'organisation, c'est-à-dire de contributeur jusqu'à dirigeant d'entreprise, plus tu vas vers les cimes, moins tu en as. Donc, il reste des choses à faire. Il y a des combats à mener. Et moi, je suis maman. d'une fille et d'un garçon. Et je me dis, ça m'oblige. Ça m'oblige pour les deux qu'on puisse faire changer ça.

  • Chloé

    Il faut. Il faut, en effet, parce qu'il y a encore trop d'écarts et trop de différences. Sur cette partie militante, qui est un sujet qui est quand même important pour toi, Il y a ça qui est en toi depuis un moment, mais est-ce qu'il y a eu un moment déclencheur, quelque chose qui a fait que tu t'es dit putain, mais en fait, ce qui se passe ou ce que je vis, c'est pas normal, il faut que j'agisse

  • Rachel

    Ça a été plutôt une accumulation d'éléments déclencheurs, des éléments de ta vie privée. Moi, j'ai subi des agressions, comme toutes les femmes. Malheureusement, si tu veux, comme 8 femmes sur 10, tu t'es fait agresser sexuellement. Donc tu te fais ça, tu as toutes les... les brimades, les propos, les comportements dégradants. Et en plus, moi, j'ai commencé vachement jeune. Tu vois, tu as 20 ans, tu es dans un métier où tu ne te sens pas légitime, tu es complètement influençable. Moi, je sens que le premier boulot que j'ai eu dans une start-up, j'étais super contente, trop bien, machin. J'en discute avec quelqu'un qui était exactement dans le même parcours que moi. On était vraiment au même niveau, pareil, etc. La seule différence qu'on avait entre tous les deux, c'est situé dans la culotte. et sur la feuille de paille. Et j'étais là, mais ça m'a tellement mis en colère. C'était avec toute cette colère que tu peux avoir quand tu as 20 ans, de dire, mais de révolte et de dire, on va changer ça. On va changer ça avec grandes actions après grandes actions et petites actions après petites actions. Tu vois, une personne après l'autre. Et on lâche rien. Et je crois que cette colère-là, elle ne m'a jamais quitté, en fait. Même aujourd'hui où je te parle, tu l'entends dans ma voix, ça t'a m'énervé. Je parle là, on ne parle que des problèmes liés au genre, mais il y a toutes les autres formes de discrimination qui m'insupportent. La tech est encore massivement bien blanche, bien hétéronormée, bien validiste. Et non, on peut faire mieux. Donc oui, c'est de travailler au quotidien, c'est de travailler aussi par le leadership, c'est-à-dire de développer la visibilité des femmes leaders dans la tech, leur donner accès. Et toi, tu vois ce que tu fais, c'est typiquement une action militante, je pense, de créer un espace-temps sûr et bienveillant pour que les femmes puissent exprimer. les mots puissent être dits et les voix puissent être posées. Donc tout ça, c'est vraiment important. Il faut continuer à créer ça. Il faut continuer à créer des espaces pour ça, accueillir des gens et les aider là-dedans. C'est aussi toutes les petites choses de l'entraide active, parce que j'avais dit, toutes les petites choses que tu peux faire, valoriser, tu vois, quand une femme réussit quelque chose, moi, je lui donne toujours du feedback positif, des petits nudges comme ça, où tu le dis, où tu l'écris, tu vois.

  • Chloé

    chaque acte compte au final et il va dans ce sens là et en tout cas cette notion de colère je la comprends et la partage et je pense que c'est c'est aussi un moteur pour pour mettre en sorte des choses pour pour aller changer tout ça il ya une partie domino toi des actions

  • Rachel

    touche quelqu'un et ça va peut-être débloquer quelque chose qui va toucher d'autres personnes donc il faut vraiment travailler là-dessus.

  • Chloé

    Je fais un mini-break dans l'épisode pour te demander ton aide. Si tu apprécies les meneuses et que ça t'apporte de la valeur, il y a un moyen super simple de m'aider. C'est laisser une note et un avis sur Apple Podcast ou Spotify. 5 étoiles et un petit mot pour me dire ce que tu aimes dans le podcast. Ça prendra une minute et ça m'apporte énormément. 1. Pour me motiver et avoir tes retours et 2. Pour booster la découvrabilité du podcast. et m'aider à ce qu'ils soient mieux référencés. Ce projet me tient à cœur, mais je réalise tout toute seule, à côté de mon boulot. Ce sont des heures de travail et toi tu peux me soutenir gratuitement en laissant une note et un com sur Apple ou sur Spotify. Je te remercie du fond du cœur pour tout ça et on peut repartir sur la suite de l'épisode. Je sais que tu as fait beaucoup de mentoring auprès de femmes, que c'est quelque chose que tu fais et qui te tient à cœur. Quels seraient les trois conseils que tu donnerais ? aux jeunes femmes qui souhaitent prendre la parole dans le domaine de la tech.

  • Rachel

    Fais-toi entendre, c'est-à-dire commence, commence petit mais commence, c'est-à-dire tu n'oses pas, tu veux faire juste un petit blog post, vas-y, fais un petit meet-up local. Si tu veux vraiment faire des conférences et que tu n'oses pas, il y a tous les systèmes de tremplin qui existent et dans les tremplins, il y a de plus en plus de gens bienveillants qui prennent. qui ont à cœur de faire entendre les bonnes voix, d'accompagner les gens, de les coacher. Tu vois, là, je travaille dans le comité de programmation de contenu de TechRoc, qui est une des plus grosses conférences sur la tech et les leaders de la tech. Et il y a un tremplin, et c'est un tremplin qui est engagé, donc qui va rechercher la diversité, qui va rechercher d'autres voix, qui va les accompagner. Donc ça, ça existe, et ça existe dans plein, plein de conférences. Le deuxième conseil, ça serait aussi de... Trouvez votre voix authentique, c'est-à-dire ne parlez pas forcément des sujets à la mode que les gens entendent, mais parlez de ce qui est vraiment important pour vous, parce que c'est beaucoup plus facile au début de se donner du courage et de passer le cap quand on est sur quelque chose qui te tire en avant et qui te fait avancer. Et puis, oui, et puis après, il faut se construire un réseau de soutien, que ce soit dans la tech, dans le produit ou dans l'agilité. Vous verrez qu'il y a très souvent des femmes speakers qui sont là depuis longtemps et ces femmes speakers là. très souvent, t'as toujours le risque d'avoir une pygmy ou deux qui traînent, ça arrive toujours mais sinon t'as quand même une grosse majorité de femmes qui sont passées par là et qui vont vous aider, vous accompagner vous mentorer,

  • Chloé

    vous donner des conseils il y a quand même pas mal de bienveillance à ce niveau là ouais clairement c'est vrai que cette notion de sororité je la trouve incroyable et à chaque fois plus ça va, plus je creuse plus je vois et j'échange avec des femmes... qui sont vraiment merveilleuses et pour bienveillance donc c'est pas du bullshit donc contrairement bon parfois il peut y avoir du bullshit mais généralement et en tout cas Rachel toi tu m'avais fait une liste à rallonge de personnes et toutes je les suis et portent des messages et sont vrais aussi dans ce qu'elles disent et dans ce qu'elles font donc je trouve ça vraiment merveilleux parce que la tech c'est pas le monde des bisounours mais du coup ça a fait un petit cocon de une seule zone de confort où tu sais que tu vas pouvoir aller rencontrer des personnes comme ça et ça fait du bien ça donne chaud au coeur il y en a besoin Et tout à l'heure, tu nous as teasé ton projet. Donc là, l'idée, c'est de pouvoir en parler un petit peu plus. On en a discuté quand on a préparé l'épisode. Et tu m'as notamment dit que tu lances ta boîte avec une ambition que je trouve géniale et très forte, c'est d'avoir un board 100% féminin. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu vas faire ? Quels sont les avantages à faire ça ? Quels sont les défis aussi que tu peux rencontrer avec une telle approche ? Donc voilà,

  • Rachel

    raconte-nous tout. Il y a pas mal de choses qui ne sont pas encore figées et calées, ça prend du temps, évidemment. Donc effectivement, j'ai commencé à créer une entreprise, une société de conseil. Cette partie-là, ce n'est pas forcément la plus révolutionnaire, même si dans l'intention de ce qu'on veut faire, c'est-à-dire de travailler vraiment sur comment réconcilier le business et la tech ensemble via le produit et la façon dont on imagine ça pour les entreprises, la façon dont on veut. Les aider à construire des produits qui soient plus efficaces, plus inclusifs, plus éthiques, avec d'autres opératives modèles et sortir un peu des côtés, un peu des recettes. Déjà, ça, c'est intéressant, mais ce n'est pas forcément la plus grosse difficulté, on va dire. Parce que ça, on sait le faire, c'est juste notre métier et on sait bien le faire avec mes associés. Non, ce qui est plus intéressant, c'est de voir quel est le modèle sociétal. Donc, c'est là où on passe pas mal de temps à discuter. Le board féminin, ce n'est pas que le board féminin. C'est en bord féminin, c'est aussi une intention sociale et d'impact, c'est-à-dire qu'on envisage, enfin on espère que l'activité va nous permettre de nous développer, de recruter. Et du coup aussi, c'est des questions sur le partage de la valeur, le partage de la propriété. Donc on s'était posé beaucoup de questions, tu vois, sur déjà par exemple le modèle juridique. Qu'est-ce qu'on veut créer comme entreprise sur le modèle juridique ? Comment est-ce qu'on veut ? partager les actions, c'est-à-dire comment est-ce qu'on veut partager la propriété de l'entreprise, comment est-ce qu'on veut prendre les décisions. C'est vrai que dans la plupart des entreprises de la tech, il peut y avoir des femmes, mais c'est rarement, la direction est rarement assumée par 100% de femmes. Alors je dis femmes, c'est une femme ou personne assignée femme, ou personne qui s'identifie en femme, j'entends, parce que la vérité est plus complexe que ça. Et du coup, on s'est dit, on... Ça n'a jamais été vraiment tenté. Qu'est-ce que ça pourrait apporter de différent ? Est-ce que c'est possible d'avoir un autre modèle de gouvernance ? Est-ce que c'est possible de prendre des décisions différentes ? C'est un board qui est féminin, mais on est aussi dans des problématiques de disciplines différentes. On est aussi dans des problématiques de cultures différentes. On est aussi dans des problématiques d'inclusion différentes. L'idée, c'est de montrer... que ça peut être possible. L'idée, c'était de créer un précédent pour montrer que ça peut être possible. Et de donner, on espère, ça peut paraître un peu prétentieux, mais c'est aussi d'inspirer d'autres femmes ou d'autres talents en se disant c'est possible d'être chef d'entreprise au féminin, c'est possible d'avoir ce leadership-là, c'est possible d'imaginer autrement. Alors, on n'est pas les seuls à faire ça. On a été beaucoup, beaucoup, beaucoup inspirés par... Une boîte qui s'appelle, deux boîtes qui s'appellent IETA et Shodo. Alors, je sais que tu as interviewé la CTO de Shodo et c'est des gens comme IETA qui nous intéressent beaucoup parce qu'ils requestionnent comment est-ce qu'on travaille avec des collaboratoristes, tu vois, et comment est-ce qu'on redistribue l'argent, comment est-ce qu'on prône la transparence de salaire, voilà. Et tout ça, c'est quelque chose qui est complètement dans le modèle social de ce qu'on veut créer.

  • Chloé

    Oui. J'aime bien les exemples que tu as partagés. En effet, j'ai vu Laurie de Chaudot au micro des Menaise et qui, aujourd'hui, elle partage et même avec les autres dirigeants, partage toute la politique qu'ils mettent en place et qui vient un peu disrupter les modèles qu'on avait jusqu'à aujourd'hui. Pareil pour l'État avec Pauline. Donc, c'est bien de voir. naître des nouvelles entreprises comme ça et de montrer de la transparence, de montrer que oui, l'idée c'est de faire du business mais c'est aussi de faire du business qui soit pas crade entre guillemets voilà c'est ça et que c'est possible de le faire donc déjà bravo à toi de te lancer là-dedans, du coup c'est quoi la suite, la tu en es où et quels sont les prochains mois et qu'est-ce qui va se passer pourquoi

  • Rachel

    toi on vient juste déposer les statuts de l'entreprise une première version des statuts d'entreprise et je crois qu'on a acheté un nom de domaine mais on n'a pas créé le site on est vraiment on est au tout début parce que quand on discute de ce projet depuis le mois de mars février mars on a fait une étude de marché on a construit vraiment réfléchi pas mal de trucs depuis mars mais on n'est pas dans les mêmes temporalités en ce moment donc on essaie de petit à petit recoller nos temporalités respective Là, c'est poser le socle, on va dire, faire en sorte que dans les six prochains mois, on arrive à poser le socle, à vraiment communiquer le projet de façon publique et sortir les premiers contenus qui nous tiennent à cœur. On est encore en mode laboratoire.

  • Chloé

    Et comment tu te sens par rapport à tout ça ?

  • Rachel

    excité, vraiment très content, excité c'est à la fois,

  • Chloé

    24h c'est pas suffisant dans une journée et à la fois ça en même temps c'est tellement trop donc c'est chouette c'est très stimulant intellectuellement j'ai vraiment hâte de voir la suite comment ça va se dessiner pour finir j'ai les 3 dernières questions classiques que je pose à toutes les invitées la première c'est les 3 conseils que tu donnerais à la Rachel d'il y a 10 ans ?

  • Rachel

    Je vais peut-être tricher parce que je vais t'attendre des 4. La première, c'est fais-toi confiance. Tu es beaucoup plus compétente que tu le penses. Il y a encore 10-15 ans, j'étais rongée par le doute et le syndrome de l'imposteur. Il faut lui mettre des grands coups de pied aux fesses, celui-là. La deuxième, c'est n'attends pas d'être parfaite ou le moment parfait pour te lancer et saisir des opportunités. Parce qu'en fait, ça ne sera jamais le moment parfait et tu ne seras jamais parfaite. Et puis tant mieux. Le troisième, c'est de comprendre que la vulnérabilité, tu vois, j'ai de l'émotion qui monte dans la voix quand je te le dis, la vulnérabilité n'est pas une faiblesse. C'est vraiment une force et c'est une force qui te connecte de façon très authentique avec les autres. Et la Rachel d'il y a 10-15 ans, elle était... tellement dans le doute qu'elle cherchait à se protéger d'une carapace bien dure et forte, et que du coup, je pense que tu passes à côté de choses. Et le quatrième, c'est que la Rachel, il y a dix ans, ne savait pas qu'elle allait avoir un cancer, et que ça allait être le traumatisme de sa vie, et la pire peur qu'elle ait eue, et j'avais envie de lui dire, ça va être terrible, mais tu vas t'en sortir. Et voilà, résilience.

  • Chloé

    Merci. Tu m'as aimé. Merci. Tu vois, moi aussi, je suis vulnérable. Je suis très émotive.

  • Rachel

    C'est important de montrer ses émotions. Je trouve ça important. Donc,

  • Chloé

    merci pour ça. Oui, mais merci pour tout ça. Et je valide. Je pense que c'est difficile à s'en rendre compte. Et quand on a passé un peu tous ces caps, on se dit Waouh ! Si j'avais su plus tôt ou des choses comme ça, mais c'est aussi la vie. On grandit, on apprend toute notre vie et on change. Donc, de très beaux conseils. Merci beaucoup, Rachel. Est-ce que tu peux nous partager une de tes inspirations ?

  • Rachel

    Question dure. Je savais que tu allais la poser, mais ça va. Parce que toi, derrière moi, il y a plein de livres.

  • Chloé

    Mais oui,

  • Rachel

    je vois qu'il y en a. Je dévore ça. Donc, c'est très, très dur. Et je me suis dit, bon, alors, qu'est-ce qui t'a vraiment... Qu'est-ce que tu voudrais... Alors, je voudrais parler d'une personne. Alors, elle peut être controversée, donc c'est pour ça que je vais mettre un petit disclaimer. Donc, je voulais parler de Reshma Chojani. C'est une Américaine et elle est la fondatrice d'un mouvement qui s'appelle Girls Who Code. Je dis controversée parce qu'elle est aussi... C'est une politicienne américaine et que... Voilà, c'est pas toujours... Moi, je suis pas toujours alignée avec tout ce qui se fait aux États-Unis, avec toutes leurs prises de... Voilà. Alors, c'est quelqu'un qui est... qui est très particulière parce qu'elle est américaine d'origine indienne et elle a souffert d'être racisée pendant toute sa vie et elle a aussi souffert de tout ce qui était la discrimination faite aux filles sur l'accès aux formations liées au maths, à l'accès aux maths, à l'accès aux sciences informatiques et aussi au fait qu'on inculquait à nos filles, on inculque à nos filles à être parfaites et belles. plutôt d'être courageuse, volontaire et d'essayer des choses. Et que ça, ça va impacter toute leur carrière et ça va les fermer les portes de la tech. Elle a écrit un bouquin, Brave Not Perfect. Donc elle milite vraiment pour que les filles, les fillettes, aient un accès plein aux mathématiques et qu'elles soient courageuses par rapport à ça et qu'il faut vraiment abandonner ça. Elle a créé cette association, elle a changé la vie de centaines de milliers de jeunes filles aux Etats-Unis en leur donnant accès à la tech.

  • Chloé

    très cool, je la connaissais pas donc tu vois, tu me l'as fait découvrir et je vais aller regarder tout ça et je mettrai d'ailleurs les liens sur les bouquins dans la description de l'épisode pour les personnes qui sont intéressées génial, et la dernière question je sais que tu en as beaucoup mais qui est-ce que tu aimerais entendre si tu devais choisir qu'une seule personne ? pas compliqué à entendre dans ce podcast ce serait qui ?

  • Rachel

    Ah c'est dur Oui c'est dur C'est dur parce que je t'en ai donné plein. La première fois qu'on a discuté, tu étais au tout début de ton projet. Je t'ai fait une liste qui était longue comme ça parce que je voulais te motiver, te dire qu'il y a plein de filles formidables. Et je vois la liste des gens que tu as interviewées. C'est génial. Il n'y a que des femmes incroyables qui t'ont répondu, donc ça, c'est cool.

  • Chloé

    Et il y en a encore plein.

  • Rachel

    J'hésite, j'hésite. En produit, en pur produit, il y a Nesrin Changel. parce qu'elle a un parcours de fou elle a fait du Google, du Spotify elle est brillantissime humainement parlant c'est une super personne je pensais à Alexandra Leloup c'était l'ancienne CPO de chez Deezer et qui vient de changer et qui a aussi un parcours absolument incroyable et une vision vraiment pour le coup le leadership produit aux féminins en France dans des grands groupes etc donc ça elle est super chouette La dernière, c'était Noémie Coguet. C'est elle qui dirige TechRox. Parce que c'est quelqu'un que je ne connaissais absolument pas. Et de travailler avec elle au quotidien quasiment sur la partie contenu, elle est incroyable. Elle a une énergie de ouf. Si la conf, elle est aussi incroyable qualitativement et inclusive, je trouve que ça tient beaucoup à elle aussi.

  • Chloé

    Bravo déjà en tout cas à elles pour ce qu'elles font. Et merci pour les recommandations. Et merci pour cette discussion, tout ce partage. Tu as tellement de choses à partager que c'est compliqué de condenser. Peut-être qu'on refera quelque chose ensemble quand on aura pu avancer aussi dans ton projet. En tout cas, je te souhaite le meilleur, Rachel. Merci pour tout ce que tu fais. Merci de ta bienveillance. Et oui, en effet, on s'était eues avant même que je lance le podcast, où j'étais vraiment au début. Et tu as été un amour, tout simplement, et super motivant. Donc franchement, c'est des rencontres comme ça qui motivent et qui font du bien. Donc c'est cool. Je suis contente de faire cet épisode avec toi. Et je te souhaite le meilleur pour la suite.

  • Rachel

    Merci. Et comme on est toutes les deux toulousaines... J'espère qu'on aura l'occasion de se prendre un café un de ces quatre, ça sera vraiment chouette. Parce que les gens ne le savent pas, mais ça a été rock'n'roll d'enregistrer cet épisode. On se mérite un café toutes les deux.

  • Chloé

    Oui, j'irai même à un resto, tu vois.

  • Rachel

    En tout cas, merci et continue comme ça parce que je pense que toutes les femmes de la tech, toutes les femmes du product, elles ont vraiment besoin de ce contenu et d'être dans un environnement... serein, sécurisé, bienveillant où tu peux vraiment exprimer et poser ton message ça fait du bien donc continue saison 2 !

  • Chloé

    Merci beaucoup ! Un grand merci pour ton écoute, on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse, j'espère que l'épisode t'a plu, si c'est le cas laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises et s'il te reste encore un peu de temps Partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

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