Speaker #0Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Mukashi Mukashi, c'est comme ça qu'on commence les histoires au Japon. Voici deux histoires que j'ai envie de vous partager. La première histoire m'est arrivée au Japon. J'avais établi mon camp de base à Okayama, ville très bien située d'où je comptais rayonner vers plusieurs destinations. Je m'étais décidé à enfin me rendre à Naoshima, cette île musée à visiter absolument d'après mon ami Jean-Jacques, avant qu'elle ne soit trop courue. Je souhaitais aussi me rendre à Tokushima, sur une autre île, pour y découvrir le restaurant d'un célèbre cuisinier, Hirohisa Koyama, dont j'ai aimé un livre, dans lequel j'ai abondamment puisé de l'inspiration. Saveurs du Japon, traditions et recettes d'une grande cuisine. Plus récemment, je l'ai redécouvert dans une vidéo qui m'a donné très envie d'éprouver les ambiances d'un site naturel qui se trouve en décor de fond dans la vidéo. Il s'agit des tourbillons de Naruto qui se forment aux grandes marées quand la mer intérieure de ces taux se déverse dans l'océan pacifique hirohisa koyama vantait la qualité des poissons pêchés là dans cette mer agitée je décide un lundi matin de me rendre sur l'île de naoshima c'est une petite île qui se mourait Les Japonais ont fait le pari de la faire revivre à travers des projets artistiques très ambitieux. Pour m'y rendre, je dois prendre un train jusqu'à Chayamachi, enchaîner avec un autre train pour le port d'Uno, puis prendre le ferry. Il pleut, c'est pas cool ! Arrivé au port d'Uno, l'héroïne de l'histoire, moi en l'occurrence, est déjà trempée et pas de chance, on m'annonce. Pas de bateau pour Naoshima aujourd'hui, les musées sont tous fermés. L'héroïne ne se laisse pas démonter et rebondit aussitôt sur son autre projet, les tourbillons de Naruto. Retour à Chayamachi, nouveau train pour Takamatsu. et passage sur une autre île, Shikoku. À Takamatsu, nouveau train pour Ikenotami, puis changement pour Naruto. Bref, du voyage. Je suis trempée, il fait froid. En surfant sur mon téléphone pendant le voyage, je découvre fortuitement une table des marées et prends conscience qu'il faut être sur le site au bon moment. à l'heure des marées, pour observer des vortex énormes qui se forment dans la mer. Non seulement le hasard a fait que je sois sur place pile au moment d'une marée, mais cerise sur le gâteau, il s'agissait d'une grande marée, ce qui amplifie le phénomène. Au Japon, quand on prend un train pour une longue distance, Il est de tradition d'acheter un Eki Bento. Eki veut dire gare et Bento, c'est la jolie boîte avec un repas complet, artistiquement composé. Je choisis soigneusement le mien parmi l'offre abondante et je l'ouvre dès que je suis installée à ma place. Je le dessine dans mon carnet de voyage puis je commence à le déguster. Un super Bento, plein de bonnes choses, très varié et délicieux. Je commence par décoller l'étiquette avec les ingrédients pour la coller dans mon carnet. Elle me permettra de faire une révision de mon vocabulaire japonais. Et là, c'est le point noir de l'histoire. Plus de carnet dans mon sac. Mon précieux carnet, que seul Yusuke, son papa et son ami ont feuilleté à Koyasan, est resté en rade. quelque part sur la route. Je passe par des montagnes russes de sentiments que je vous laisse le soin d'imaginer. C'est comme si on avait arraché un membre. Arrive un moment où je décide de lâcher l'affaire, de me concentrer sur l'objet de mon déplacement et de profiter du paysage qui défile alors que je suis bien au sec. À Naruto, il y a encore de la route à faire pour s'approcher de ce fameux tourbillon. Je prends un taxi pour être sûre d'arriver au moment de la marée. Là, je me laisse prendre par la puissance du tourbillon qu'on peut voir dans des espaces aménagés sur un pont à 40 mètres au-dessus de la mer. J'en oublie totalement la perte de mon précieux carnet. Il commence à faire nuit, il pleut toujours et j'ai encore plus froid. Heureusement, dans le train du retour, les banquettes sont chauffées. J'enchaîne tellement de trains que je m'embrouille. Soudain, je suis traversée par une onde de choc. La perte de mon précieux carnet remonte à ma conscience. Là, je me convainc avec force. Ce carnet t'appartient. C'est une partie de toi. Il te reviendra. Je me rassure en planifiant de m'arrêter à Chayamachi, où je dois repasser le lendemain. Là, je pourrais enquêter à la gare pour savoir s'il a éventuellement été trouvé dans un des trains que j'ai emprunté. Je suis enfin de retour à Okayama vers 19h30. Et là, au moment où je descends du quai par un immense escalier roulant, une petite voix me dit d'aller voir aux objets trouvés. Une autre petite voix rétorque. « N'importe quoi ! Tu as pris cinq trains différents, tu as changé deux fois d'île et tu veux retrouver ton carnet ici, à Okayama ? » Bien docile pour une fois, j'écoute la petite voix qui m'envoie aux objets trouvés. Mon carnet y était. C'est ça, le Japon. Je vous laisse imaginer l'immense joie qui m'a envahi et aussi la taille de la boîte de gâteaux à la mesure de cette joie, déposée au service des objets trouvés le lendemain matin. Comment ce petit carnet accordéon en papier japon a pu se retrouver à Okayama le même jour ? J'imagine qu'ils l'ont parcouru. Comme j'y avais noté mon itinéraire pour la journée sur la dernière page, avec départ et retour à Okayama, il a dû leur paraître logique de le déposer dans la gare d'Okayama. Merci aux employés des chemins de fer japonais, merci mes anges qui m'accompagnent dans ce voyage et merci à moi-même d'avoir suivi la petite voie. qui m'a menée vers mon trésor. Il était une fois, une autre histoire qui se déroule en France quelques mois plus tard. Je partais chez métro avec mon carnet journal qui est aussi mon carnet de travail. où je dessine mes menus pour les repas japonais avec la liste des achats à faire. Il y a deux entrepôts chez Métro. Je m'arrête d'abord du côté des fournitures. J'épingle le carnet sur le chariot avec la pince prévue pour ça. Après avoir chargé mes achats dans la voiture, je me rends dans l'entrepôt consacré aux denrées alimentaires. Là, une fois la barrière franchie, Je m'aperçois que je n'ai pas mon carnet. Ah, j'ai dû le laisser sur le siège de passager. Je fais mes courses de mémoire et me dis que je vérifierai à mon retour dans la voiture si j'ai bien toute la marchandise dont j'ai besoin. Mais mon carnet n'est pas sur le siège de la voiture. Pas ni. Ce carnet est précieux et intime. Je suis pétrifiée à l'idée. que quelqu'un en découvre le contenu je retourne précipitamment du côté des fournitures pas de carnet épinglé sur les chariots rangés à l'accueil on me répond que non personne n'a déposé de carnet je demande à l'hôtesse si elle veut bien lancer un appel au micro elle refuse vous n'avez qu'à faire le tour du magasin fiévreuse j'arpente les rayons sans succès Je retourne alors dans l'autre entrepôt, beaucoup plus grand, dans l'espoir qu'il a peut-être été déposé là-bas. J'explique la situation à l'accueil et demande à l'employée de passer un appel au micro. Elle me répond qu'elle ne sait pas quoi dire. Je lui propose de faire l'annonce moi-même. Elle refuse et finit par me balancer sur un ton agressif. « Mets votre carnet ! » Il est dans la poubelle ! Après quelques secondes de sidération, je me suis dit « Michel, elle t'a donné une info. Va faire les poubelles du parking. » Dans une des poubelles, de loin, je distingue mon carnet à travers le sac transparent. Là, c'est joie et colère en même temps. Je fais l'amer constat qu'il existe des personnes incapables d'apprécier la valeur d'un tel objet, incapables de ressentir de l'empathie pour celui ou celle qui l'a oublié. Quelle sale énergie dans cet endroit ! Et dire que je me suis fait cette réflexion dès mon arrivée sur le parking. Les faits me l'ont confirmé. Au moins, je suis soulagée à l'idée que... personne n'est allé fourrer son nez dans mon intimité, ce qui m'aurait réellement traumatisé. Deux histoires, deux ambiances. Je vous laisse évaluer l'abîme entre deux civilisations. Pour ma part, je préfère les histoires qui commencent avec Mokashi Mokashi. Un nouvel épisode des petites histoires de Michelle vous attend tous les mardis. Pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.