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LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Une alsacienne qui fait de la cuisine japonaise

LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Onsen, sento - la suite

LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Onsen, sento - la suite

13min |25/02/2025|

5

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13min |25/02/2025|

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Description

La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais.


Retrouvez moi sur facebook : L'Escalier - Du Jardin à l'Assiette, instagram : michelleschneider9363 et sur mon site : www.a-lescalier.com où vous pouvez me laisser un message.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Dans un premier épisode, je vous parlais de ma découverte du sento de mon quartier de Kyoto. La fréquentation de ce bain public, jour après jour, créant ainsi une habitude, m'a donné l'illusion de véritablement habiter le quartier. Être repéré, reconnu, intégré dans la vie d'un quartier, c'est bien l'essentiel de ce que je recherche dans mes voyages au Japon. La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais. Dans le programme que mon hôte Kazuo-san m'a concocté pour un dimanche, il avait intégré la visite d'un super sento, une adaptation moderne du sento où l'on peut passer la journée entière. Les super centaux, associés à des lieux de consommation, sont très fréquentés par les Japonais dans leur temps de loisir. Les bains luxueux, en pierre naturelle, faisaient partie d'un complexe commercial avec plusieurs restaurants, des boutiques, dont un magasin d'objets d'occasion. Le marché de l'occasion est très présent au Japon. Les Japonais consomment beaucoup, cela se vite. Et comme ils ont peu de place, ils n'accumulent pas. Très souvent, ces objets ont l'air neufs. Ici, ils étaient présentés sur des rayonnages, comme dans un supermarché, par catégorie, mais avec des objets uniques juxtaposés. J'ai fait beaucoup d'acquisitions dans ces lieux, et je ne peux m'empêcher de penser à la personne qui en a eu l'usage avant moi. C'est une forme de lien. avec l'autre bout du monde quand il s'intègre dans mon quotidien. À Kanazawa, un port sur la côte ouest, l'hôtel réservé avait son propre sento. Simplement, il fallait se rendre dans une annexe de l'hôtel de l'autre côté de la rue. Et me voilà dans cette situation incongrue, traversant le trafic du centre-ville, jambes nues, drapées dans le yukata mis à disposition par l'hôtel. Sautant par-dessus les flaques pour ne pas mouiller les chaussons qui faisaient partie de l'équipement. Le sento proposé était en fait une vaste salle de bain aseptisée aménagée sur le modèle du sento avec un seul bassin où pouvaient s'immerger les clients de l'hôtel. Beaucoup moins glamour mais néanmoins très appréciée dans cette ville où je revenais de mes visites que ce soit au jardin Kenrokuen Au port réputé pour ses crabes ou au village des samouraïs, trempé jusqu'aux eaux par la neige mouillée, qui n'a cessé de tomber pendant mon séjour. A Takayama, cœur des Alpes japonaises, j'ai passé une semaine dans une auberge de jeunesse. J'avais beaucoup d'endroits à explorer dans ce secteur et beaucoup de nourriture à goûter. Le sento auquel j'ai pu accéder était mis à disposition par un hôtel de luxe qui se trouvait assez loin de mon point de résidence. Mais la longue distance à parcourir à pied n'était pas un obstacle, tant cette immersion dans l'eau chaude m'était devenue indispensable. Dès son ouverture aux clients non résidents dans l'hôtel, je me pointais au guichet d'accueil. Il faisait déjà nuit. Là, on me délivrait dans un joli emballage tout le matériel nécessaire, les produits de soins et le sarrachi. que je pouvais garder. J'en ai toute une collection précieusement conservée. Ces sarrachis offerts m'ont accompagnée dans tous mes voyages. Ayant testé l'efficacité du séchage avec un sarrachi mouillé, j'ai adopté cette pratique japonaise. Ce petit chiffon sèche bien plus vite qu'une serviette éponge qui, elle, prend beaucoup plus de place dans la valise. Dans les temples zen fréquentés à Koyasan, l'immersion dans l'eau du sento est une pratique spirituelle. Il s'agit de se purifier, de laver le corps aussi bien que l'esprit. Les horaires stricts de leur mise à disposition doivent être respectés. Dans des lieux de vie pas ou mal chauffés, c'est surtout la survie du corps qui est assurée pour moi, qui ne suit pas. pas entraîné à l'ascétisme des moines. J'exploitais mon créneau horaire au maximum, accumulant comme une pile rechargeable le maximum de chaleur pour tenir jusqu'à ce qu'on vienne me chercher le lendemain pour la première prière du matin. Je regardais avec envie ces moines juste vêtues de leur robe alors que moi j'avais superposé toutes les épaisseurs isolantes disponibles dans ma valise. À Sapporo, lorsque j'y séjournais pour le célèbre festival des neiges, le sento était vital vu ce que j'ai enduré au niveau du froid. Il n'était pas du tout près de mon hébergement, mais j'étais prête à tous les sacrifices pour bénéficier de ce réconfort. Les bains, était complété par un bar et une salle de restaurant. Cet espace ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables, mais avait au moins le mérite de me permettre de tenir le choc dans ce grand nord couvert de neige. Dans mon quartier tokyoïte d'Asakusa, le sento se trouvait au centre d'un labyrinthe de venelles sans trottoir, un micro-village avec des plantes en pot devant les... porte, à deux pas des grandes artères saturées de trafic. Il jouxtait une laverie appartenant au même propriétaire. C'était le lieu de purification ultime. Entouré de tours, il avait malgré tout son rotten bureau, son bain extérieur, un brin kitsch, mais l'intention y était. Quel luxe au cœur de cette ville immense ! d'avoir ces replis intimes où les corps nus peuvent se côtoyer en toute simplicité. À Sumida, le quartier des Sumo à Tokyo, je bénéficiais dans l'appartement loué d'un ofuro, une cabine étanche, une espèce de coque préfabriquée, incluant un grand bassin profond où l'on peut s'installer à plusieurs et se détendre à domicile en bonne compagnie. J'ai retrouvé le tabouret et la douchette basse à l'extérieur du bain comme dans les sento. Comme au sento, il faut être propre avant de s'immerger. Un couvercle refermé sur le bain après usage maintient la température de l'eau et une résistance intégrée au système permet de la réchauffer si nécessaire. Contrairement à nous, qui vit dans la baignoire après chaque bain, on conserve l'eau du Opholo plusieurs jours. Un vrai luxe dans un micro-appartement et un confort extraordinaire, tout comme mon sauna à domicile. Bien sûr, je ne vais pas cracher dans la soupe, mais seul dans mon bain, je déplorais que cet indéniable confort au quotidien m'ampute de pans entiers de vie sociale, de tranches de vie partagées. Au sud du Japon... Sur l'île de Kyushu, très réputée pour ses stations thermales autour de Beppu, j'ai surtout fréquenté les Ashiju, des onsen pour les pieds. On les trouve dans des espaces publics, sur des places, à la sortie des gares. On se déchausse, retrouve son pantalon et les uns à côté des autres, on trempe ses pieds dans de grands bassins alimentés par des sources chaudes. C'est assez efficace, suffisant en tout cas pour se réchauffer et très drôle aussi. Encore faut-il avoir de quoi se sécher après cette immersion. Du onsen de Gouma, je ne garde que le souvenir d'un gros stress. Frédéric, un ami artiste établi au Japon après avoir épousé une japonaise, m'avait concocté un programme ultra dense pour la courte... durée de mon séjour chez lui la visite d'un onsen dont la contrée est riche en faisait partie après un long trajet en autobus avant que nous n'allions rejoindre nos bains respectifs nous convenons de l'endroit et de l'heure du rendez-vous pour le retour à l'heure dite même un peu avant je me poste au lieu de rendez-vous convenu Les minutes passent et ne le voyant pas venir, l'inquiétude monte. L'inquiétude monte tellement que je commence à circuler au risque de ne pas être au bon endroit s'il me cherche. Il extrémise, on finit par se rencontrer. Nous étions finalement très près l'un de l'autre sans nous voir. Mais il a fallu prendre nos jambes à notre coup, courir comme des dératés avec nos sacs pour attraper le dernier bus du jour. Ouf ! Du nord au sud du Japon, les sento ont balisé ma route. Ils sont mes points de repère dans tous les endroits traversés. C'est la plongée dans l'eau chaude qui, tout en me permettant de survivre aux rigueurs de l'hiver japonais, m'a enracinée dans la vie sociale de ce pays. Ce rituel quasi quotidien m'a procuré un sentiment d'appartenance à un quartier. C'est ma manière d'habiter le Japon. Un nouvel épisode des petites histoires de Michelle vous attend tous les mardis. Pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

Description

La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais.


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  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Dans un premier épisode, je vous parlais de ma découverte du sento de mon quartier de Kyoto. La fréquentation de ce bain public, jour après jour, créant ainsi une habitude, m'a donné l'illusion de véritablement habiter le quartier. Être repéré, reconnu, intégré dans la vie d'un quartier, c'est bien l'essentiel de ce que je recherche dans mes voyages au Japon. La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais. Dans le programme que mon hôte Kazuo-san m'a concocté pour un dimanche, il avait intégré la visite d'un super sento, une adaptation moderne du sento où l'on peut passer la journée entière. Les super centaux, associés à des lieux de consommation, sont très fréquentés par les Japonais dans leur temps de loisir. Les bains luxueux, en pierre naturelle, faisaient partie d'un complexe commercial avec plusieurs restaurants, des boutiques, dont un magasin d'objets d'occasion. Le marché de l'occasion est très présent au Japon. Les Japonais consomment beaucoup, cela se vite. Et comme ils ont peu de place, ils n'accumulent pas. Très souvent, ces objets ont l'air neufs. Ici, ils étaient présentés sur des rayonnages, comme dans un supermarché, par catégorie, mais avec des objets uniques juxtaposés. J'ai fait beaucoup d'acquisitions dans ces lieux, et je ne peux m'empêcher de penser à la personne qui en a eu l'usage avant moi. C'est une forme de lien. avec l'autre bout du monde quand il s'intègre dans mon quotidien. À Kanazawa, un port sur la côte ouest, l'hôtel réservé avait son propre sento. Simplement, il fallait se rendre dans une annexe de l'hôtel de l'autre côté de la rue. Et me voilà dans cette situation incongrue, traversant le trafic du centre-ville, jambes nues, drapées dans le yukata mis à disposition par l'hôtel. Sautant par-dessus les flaques pour ne pas mouiller les chaussons qui faisaient partie de l'équipement. Le sento proposé était en fait une vaste salle de bain aseptisée aménagée sur le modèle du sento avec un seul bassin où pouvaient s'immerger les clients de l'hôtel. Beaucoup moins glamour mais néanmoins très appréciée dans cette ville où je revenais de mes visites que ce soit au jardin Kenrokuen Au port réputé pour ses crabes ou au village des samouraïs, trempé jusqu'aux eaux par la neige mouillée, qui n'a cessé de tomber pendant mon séjour. A Takayama, cœur des Alpes japonaises, j'ai passé une semaine dans une auberge de jeunesse. J'avais beaucoup d'endroits à explorer dans ce secteur et beaucoup de nourriture à goûter. Le sento auquel j'ai pu accéder était mis à disposition par un hôtel de luxe qui se trouvait assez loin de mon point de résidence. Mais la longue distance à parcourir à pied n'était pas un obstacle, tant cette immersion dans l'eau chaude m'était devenue indispensable. Dès son ouverture aux clients non résidents dans l'hôtel, je me pointais au guichet d'accueil. Il faisait déjà nuit. Là, on me délivrait dans un joli emballage tout le matériel nécessaire, les produits de soins et le sarrachi. que je pouvais garder. J'en ai toute une collection précieusement conservée. Ces sarrachis offerts m'ont accompagnée dans tous mes voyages. Ayant testé l'efficacité du séchage avec un sarrachi mouillé, j'ai adopté cette pratique japonaise. Ce petit chiffon sèche bien plus vite qu'une serviette éponge qui, elle, prend beaucoup plus de place dans la valise. Dans les temples zen fréquentés à Koyasan, l'immersion dans l'eau du sento est une pratique spirituelle. Il s'agit de se purifier, de laver le corps aussi bien que l'esprit. Les horaires stricts de leur mise à disposition doivent être respectés. Dans des lieux de vie pas ou mal chauffés, c'est surtout la survie du corps qui est assurée pour moi, qui ne suit pas. pas entraîné à l'ascétisme des moines. J'exploitais mon créneau horaire au maximum, accumulant comme une pile rechargeable le maximum de chaleur pour tenir jusqu'à ce qu'on vienne me chercher le lendemain pour la première prière du matin. Je regardais avec envie ces moines juste vêtues de leur robe alors que moi j'avais superposé toutes les épaisseurs isolantes disponibles dans ma valise. À Sapporo, lorsque j'y séjournais pour le célèbre festival des neiges, le sento était vital vu ce que j'ai enduré au niveau du froid. Il n'était pas du tout près de mon hébergement, mais j'étais prête à tous les sacrifices pour bénéficier de ce réconfort. Les bains, était complété par un bar et une salle de restaurant. Cet espace ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables, mais avait au moins le mérite de me permettre de tenir le choc dans ce grand nord couvert de neige. Dans mon quartier tokyoïte d'Asakusa, le sento se trouvait au centre d'un labyrinthe de venelles sans trottoir, un micro-village avec des plantes en pot devant les... porte, à deux pas des grandes artères saturées de trafic. Il jouxtait une laverie appartenant au même propriétaire. C'était le lieu de purification ultime. Entouré de tours, il avait malgré tout son rotten bureau, son bain extérieur, un brin kitsch, mais l'intention y était. Quel luxe au cœur de cette ville immense ! d'avoir ces replis intimes où les corps nus peuvent se côtoyer en toute simplicité. À Sumida, le quartier des Sumo à Tokyo, je bénéficiais dans l'appartement loué d'un ofuro, une cabine étanche, une espèce de coque préfabriquée, incluant un grand bassin profond où l'on peut s'installer à plusieurs et se détendre à domicile en bonne compagnie. J'ai retrouvé le tabouret et la douchette basse à l'extérieur du bain comme dans les sento. Comme au sento, il faut être propre avant de s'immerger. Un couvercle refermé sur le bain après usage maintient la température de l'eau et une résistance intégrée au système permet de la réchauffer si nécessaire. Contrairement à nous, qui vit dans la baignoire après chaque bain, on conserve l'eau du Opholo plusieurs jours. Un vrai luxe dans un micro-appartement et un confort extraordinaire, tout comme mon sauna à domicile. Bien sûr, je ne vais pas cracher dans la soupe, mais seul dans mon bain, je déplorais que cet indéniable confort au quotidien m'ampute de pans entiers de vie sociale, de tranches de vie partagées. Au sud du Japon... Sur l'île de Kyushu, très réputée pour ses stations thermales autour de Beppu, j'ai surtout fréquenté les Ashiju, des onsen pour les pieds. On les trouve dans des espaces publics, sur des places, à la sortie des gares. On se déchausse, retrouve son pantalon et les uns à côté des autres, on trempe ses pieds dans de grands bassins alimentés par des sources chaudes. C'est assez efficace, suffisant en tout cas pour se réchauffer et très drôle aussi. Encore faut-il avoir de quoi se sécher après cette immersion. Du onsen de Gouma, je ne garde que le souvenir d'un gros stress. Frédéric, un ami artiste établi au Japon après avoir épousé une japonaise, m'avait concocté un programme ultra dense pour la courte... durée de mon séjour chez lui la visite d'un onsen dont la contrée est riche en faisait partie après un long trajet en autobus avant que nous n'allions rejoindre nos bains respectifs nous convenons de l'endroit et de l'heure du rendez-vous pour le retour à l'heure dite même un peu avant je me poste au lieu de rendez-vous convenu Les minutes passent et ne le voyant pas venir, l'inquiétude monte. L'inquiétude monte tellement que je commence à circuler au risque de ne pas être au bon endroit s'il me cherche. Il extrémise, on finit par se rencontrer. Nous étions finalement très près l'un de l'autre sans nous voir. Mais il a fallu prendre nos jambes à notre coup, courir comme des dératés avec nos sacs pour attraper le dernier bus du jour. Ouf ! Du nord au sud du Japon, les sento ont balisé ma route. Ils sont mes points de repère dans tous les endroits traversés. C'est la plongée dans l'eau chaude qui, tout en me permettant de survivre aux rigueurs de l'hiver japonais, m'a enracinée dans la vie sociale de ce pays. Ce rituel quasi quotidien m'a procuré un sentiment d'appartenance à un quartier. C'est ma manière d'habiter le Japon. Un nouvel épisode des petites histoires de Michelle vous attend tous les mardis. Pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

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La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Dans un premier épisode, je vous parlais de ma découverte du sento de mon quartier de Kyoto. La fréquentation de ce bain public, jour après jour, créant ainsi une habitude, m'a donné l'illusion de véritablement habiter le quartier. Être repéré, reconnu, intégré dans la vie d'un quartier, c'est bien l'essentiel de ce que je recherche dans mes voyages au Japon. La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais. Dans le programme que mon hôte Kazuo-san m'a concocté pour un dimanche, il avait intégré la visite d'un super sento, une adaptation moderne du sento où l'on peut passer la journée entière. Les super centaux, associés à des lieux de consommation, sont très fréquentés par les Japonais dans leur temps de loisir. Les bains luxueux, en pierre naturelle, faisaient partie d'un complexe commercial avec plusieurs restaurants, des boutiques, dont un magasin d'objets d'occasion. Le marché de l'occasion est très présent au Japon. Les Japonais consomment beaucoup, cela se vite. Et comme ils ont peu de place, ils n'accumulent pas. Très souvent, ces objets ont l'air neufs. Ici, ils étaient présentés sur des rayonnages, comme dans un supermarché, par catégorie, mais avec des objets uniques juxtaposés. J'ai fait beaucoup d'acquisitions dans ces lieux, et je ne peux m'empêcher de penser à la personne qui en a eu l'usage avant moi. C'est une forme de lien. avec l'autre bout du monde quand il s'intègre dans mon quotidien. À Kanazawa, un port sur la côte ouest, l'hôtel réservé avait son propre sento. Simplement, il fallait se rendre dans une annexe de l'hôtel de l'autre côté de la rue. Et me voilà dans cette situation incongrue, traversant le trafic du centre-ville, jambes nues, drapées dans le yukata mis à disposition par l'hôtel. Sautant par-dessus les flaques pour ne pas mouiller les chaussons qui faisaient partie de l'équipement. Le sento proposé était en fait une vaste salle de bain aseptisée aménagée sur le modèle du sento avec un seul bassin où pouvaient s'immerger les clients de l'hôtel. Beaucoup moins glamour mais néanmoins très appréciée dans cette ville où je revenais de mes visites que ce soit au jardin Kenrokuen Au port réputé pour ses crabes ou au village des samouraïs, trempé jusqu'aux eaux par la neige mouillée, qui n'a cessé de tomber pendant mon séjour. A Takayama, cœur des Alpes japonaises, j'ai passé une semaine dans une auberge de jeunesse. J'avais beaucoup d'endroits à explorer dans ce secteur et beaucoup de nourriture à goûter. Le sento auquel j'ai pu accéder était mis à disposition par un hôtel de luxe qui se trouvait assez loin de mon point de résidence. Mais la longue distance à parcourir à pied n'était pas un obstacle, tant cette immersion dans l'eau chaude m'était devenue indispensable. Dès son ouverture aux clients non résidents dans l'hôtel, je me pointais au guichet d'accueil. Il faisait déjà nuit. Là, on me délivrait dans un joli emballage tout le matériel nécessaire, les produits de soins et le sarrachi. que je pouvais garder. J'en ai toute une collection précieusement conservée. Ces sarrachis offerts m'ont accompagnée dans tous mes voyages. Ayant testé l'efficacité du séchage avec un sarrachi mouillé, j'ai adopté cette pratique japonaise. Ce petit chiffon sèche bien plus vite qu'une serviette éponge qui, elle, prend beaucoup plus de place dans la valise. Dans les temples zen fréquentés à Koyasan, l'immersion dans l'eau du sento est une pratique spirituelle. Il s'agit de se purifier, de laver le corps aussi bien que l'esprit. Les horaires stricts de leur mise à disposition doivent être respectés. Dans des lieux de vie pas ou mal chauffés, c'est surtout la survie du corps qui est assurée pour moi, qui ne suit pas. pas entraîné à l'ascétisme des moines. J'exploitais mon créneau horaire au maximum, accumulant comme une pile rechargeable le maximum de chaleur pour tenir jusqu'à ce qu'on vienne me chercher le lendemain pour la première prière du matin. Je regardais avec envie ces moines juste vêtues de leur robe alors que moi j'avais superposé toutes les épaisseurs isolantes disponibles dans ma valise. À Sapporo, lorsque j'y séjournais pour le célèbre festival des neiges, le sento était vital vu ce que j'ai enduré au niveau du froid. Il n'était pas du tout près de mon hébergement, mais j'étais prête à tous les sacrifices pour bénéficier de ce réconfort. Les bains, était complété par un bar et une salle de restaurant. Cet espace ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables, mais avait au moins le mérite de me permettre de tenir le choc dans ce grand nord couvert de neige. Dans mon quartier tokyoïte d'Asakusa, le sento se trouvait au centre d'un labyrinthe de venelles sans trottoir, un micro-village avec des plantes en pot devant les... porte, à deux pas des grandes artères saturées de trafic. Il jouxtait une laverie appartenant au même propriétaire. C'était le lieu de purification ultime. Entouré de tours, il avait malgré tout son rotten bureau, son bain extérieur, un brin kitsch, mais l'intention y était. Quel luxe au cœur de cette ville immense ! d'avoir ces replis intimes où les corps nus peuvent se côtoyer en toute simplicité. À Sumida, le quartier des Sumo à Tokyo, je bénéficiais dans l'appartement loué d'un ofuro, une cabine étanche, une espèce de coque préfabriquée, incluant un grand bassin profond où l'on peut s'installer à plusieurs et se détendre à domicile en bonne compagnie. J'ai retrouvé le tabouret et la douchette basse à l'extérieur du bain comme dans les sento. Comme au sento, il faut être propre avant de s'immerger. Un couvercle refermé sur le bain après usage maintient la température de l'eau et une résistance intégrée au système permet de la réchauffer si nécessaire. Contrairement à nous, qui vit dans la baignoire après chaque bain, on conserve l'eau du Opholo plusieurs jours. Un vrai luxe dans un micro-appartement et un confort extraordinaire, tout comme mon sauna à domicile. Bien sûr, je ne vais pas cracher dans la soupe, mais seul dans mon bain, je déplorais que cet indéniable confort au quotidien m'ampute de pans entiers de vie sociale, de tranches de vie partagées. Au sud du Japon... Sur l'île de Kyushu, très réputée pour ses stations thermales autour de Beppu, j'ai surtout fréquenté les Ashiju, des onsen pour les pieds. On les trouve dans des espaces publics, sur des places, à la sortie des gares. On se déchausse, retrouve son pantalon et les uns à côté des autres, on trempe ses pieds dans de grands bassins alimentés par des sources chaudes. C'est assez efficace, suffisant en tout cas pour se réchauffer et très drôle aussi. Encore faut-il avoir de quoi se sécher après cette immersion. Du onsen de Gouma, je ne garde que le souvenir d'un gros stress. Frédéric, un ami artiste établi au Japon après avoir épousé une japonaise, m'avait concocté un programme ultra dense pour la courte... durée de mon séjour chez lui la visite d'un onsen dont la contrée est riche en faisait partie après un long trajet en autobus avant que nous n'allions rejoindre nos bains respectifs nous convenons de l'endroit et de l'heure du rendez-vous pour le retour à l'heure dite même un peu avant je me poste au lieu de rendez-vous convenu Les minutes passent et ne le voyant pas venir, l'inquiétude monte. L'inquiétude monte tellement que je commence à circuler au risque de ne pas être au bon endroit s'il me cherche. Il extrémise, on finit par se rencontrer. Nous étions finalement très près l'un de l'autre sans nous voir. Mais il a fallu prendre nos jambes à notre coup, courir comme des dératés avec nos sacs pour attraper le dernier bus du jour. Ouf ! Du nord au sud du Japon, les sento ont balisé ma route. Ils sont mes points de repère dans tous les endroits traversés. C'est la plongée dans l'eau chaude qui, tout en me permettant de survivre aux rigueurs de l'hiver japonais, m'a enracinée dans la vie sociale de ce pays. Ce rituel quasi quotidien m'a procuré un sentiment d'appartenance à un quartier. C'est ma manière d'habiter le Japon. Un nouvel épisode des petites histoires de Michelle vous attend tous les mardis. Pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

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La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais.


Retrouvez moi sur facebook : L'Escalier - Du Jardin à l'Assiette, instagram : michelleschneider9363 et sur mon site : www.a-lescalier.com où vous pouvez me laisser un message.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Dans un premier épisode, je vous parlais de ma découverte du sento de mon quartier de Kyoto. La fréquentation de ce bain public, jour après jour, créant ainsi une habitude, m'a donné l'illusion de véritablement habiter le quartier. Être repéré, reconnu, intégré dans la vie d'un quartier, c'est bien l'essentiel de ce que je recherche dans mes voyages au Japon. La fréquentation du sento de quartier, nécessaire à ma survie physique, est devenue un vecteur de sociabilité avec le Japon au quotidien. Cet aspect m'importait autant que la visite de toutes les destinations prônées comme incontournables dans les guides touristiques. Après cette délicieuse première expérience, chaque fois que je posais ma valise dans un endroit, une de mes premières questions était Où est le sento ? J'ai ainsi balisé tous mes voyages au Japon par la recherche de ces sento, mon assurance-vie dans l'hiver japonais. Dans le programme que mon hôte Kazuo-san m'a concocté pour un dimanche, il avait intégré la visite d'un super sento, une adaptation moderne du sento où l'on peut passer la journée entière. Les super centaux, associés à des lieux de consommation, sont très fréquentés par les Japonais dans leur temps de loisir. Les bains luxueux, en pierre naturelle, faisaient partie d'un complexe commercial avec plusieurs restaurants, des boutiques, dont un magasin d'objets d'occasion. Le marché de l'occasion est très présent au Japon. Les Japonais consomment beaucoup, cela se vite. Et comme ils ont peu de place, ils n'accumulent pas. Très souvent, ces objets ont l'air neufs. Ici, ils étaient présentés sur des rayonnages, comme dans un supermarché, par catégorie, mais avec des objets uniques juxtaposés. J'ai fait beaucoup d'acquisitions dans ces lieux, et je ne peux m'empêcher de penser à la personne qui en a eu l'usage avant moi. C'est une forme de lien. avec l'autre bout du monde quand il s'intègre dans mon quotidien. À Kanazawa, un port sur la côte ouest, l'hôtel réservé avait son propre sento. Simplement, il fallait se rendre dans une annexe de l'hôtel de l'autre côté de la rue. Et me voilà dans cette situation incongrue, traversant le trafic du centre-ville, jambes nues, drapées dans le yukata mis à disposition par l'hôtel. Sautant par-dessus les flaques pour ne pas mouiller les chaussons qui faisaient partie de l'équipement. Le sento proposé était en fait une vaste salle de bain aseptisée aménagée sur le modèle du sento avec un seul bassin où pouvaient s'immerger les clients de l'hôtel. Beaucoup moins glamour mais néanmoins très appréciée dans cette ville où je revenais de mes visites que ce soit au jardin Kenrokuen Au port réputé pour ses crabes ou au village des samouraïs, trempé jusqu'aux eaux par la neige mouillée, qui n'a cessé de tomber pendant mon séjour. A Takayama, cœur des Alpes japonaises, j'ai passé une semaine dans une auberge de jeunesse. J'avais beaucoup d'endroits à explorer dans ce secteur et beaucoup de nourriture à goûter. Le sento auquel j'ai pu accéder était mis à disposition par un hôtel de luxe qui se trouvait assez loin de mon point de résidence. Mais la longue distance à parcourir à pied n'était pas un obstacle, tant cette immersion dans l'eau chaude m'était devenue indispensable. Dès son ouverture aux clients non résidents dans l'hôtel, je me pointais au guichet d'accueil. Il faisait déjà nuit. Là, on me délivrait dans un joli emballage tout le matériel nécessaire, les produits de soins et le sarrachi. que je pouvais garder. J'en ai toute une collection précieusement conservée. Ces sarrachis offerts m'ont accompagnée dans tous mes voyages. Ayant testé l'efficacité du séchage avec un sarrachi mouillé, j'ai adopté cette pratique japonaise. Ce petit chiffon sèche bien plus vite qu'une serviette éponge qui, elle, prend beaucoup plus de place dans la valise. Dans les temples zen fréquentés à Koyasan, l'immersion dans l'eau du sento est une pratique spirituelle. Il s'agit de se purifier, de laver le corps aussi bien que l'esprit. Les horaires stricts de leur mise à disposition doivent être respectés. Dans des lieux de vie pas ou mal chauffés, c'est surtout la survie du corps qui est assurée pour moi, qui ne suit pas. pas entraîné à l'ascétisme des moines. J'exploitais mon créneau horaire au maximum, accumulant comme une pile rechargeable le maximum de chaleur pour tenir jusqu'à ce qu'on vienne me chercher le lendemain pour la première prière du matin. Je regardais avec envie ces moines juste vêtues de leur robe alors que moi j'avais superposé toutes les épaisseurs isolantes disponibles dans ma valise. À Sapporo, lorsque j'y séjournais pour le célèbre festival des neiges, le sento était vital vu ce que j'ai enduré au niveau du froid. Il n'était pas du tout près de mon hébergement, mais j'étais prête à tous les sacrifices pour bénéficier de ce réconfort. Les bains, était complété par un bar et une salle de restaurant. Cet espace ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables, mais avait au moins le mérite de me permettre de tenir le choc dans ce grand nord couvert de neige. Dans mon quartier tokyoïte d'Asakusa, le sento se trouvait au centre d'un labyrinthe de venelles sans trottoir, un micro-village avec des plantes en pot devant les... porte, à deux pas des grandes artères saturées de trafic. Il jouxtait une laverie appartenant au même propriétaire. C'était le lieu de purification ultime. Entouré de tours, il avait malgré tout son rotten bureau, son bain extérieur, un brin kitsch, mais l'intention y était. Quel luxe au cœur de cette ville immense ! d'avoir ces replis intimes où les corps nus peuvent se côtoyer en toute simplicité. À Sumida, le quartier des Sumo à Tokyo, je bénéficiais dans l'appartement loué d'un ofuro, une cabine étanche, une espèce de coque préfabriquée, incluant un grand bassin profond où l'on peut s'installer à plusieurs et se détendre à domicile en bonne compagnie. J'ai retrouvé le tabouret et la douchette basse à l'extérieur du bain comme dans les sento. Comme au sento, il faut être propre avant de s'immerger. Un couvercle refermé sur le bain après usage maintient la température de l'eau et une résistance intégrée au système permet de la réchauffer si nécessaire. Contrairement à nous, qui vit dans la baignoire après chaque bain, on conserve l'eau du Opholo plusieurs jours. Un vrai luxe dans un micro-appartement et un confort extraordinaire, tout comme mon sauna à domicile. Bien sûr, je ne vais pas cracher dans la soupe, mais seul dans mon bain, je déplorais que cet indéniable confort au quotidien m'ampute de pans entiers de vie sociale, de tranches de vie partagées. Au sud du Japon... Sur l'île de Kyushu, très réputée pour ses stations thermales autour de Beppu, j'ai surtout fréquenté les Ashiju, des onsen pour les pieds. On les trouve dans des espaces publics, sur des places, à la sortie des gares. On se déchausse, retrouve son pantalon et les uns à côté des autres, on trempe ses pieds dans de grands bassins alimentés par des sources chaudes. C'est assez efficace, suffisant en tout cas pour se réchauffer et très drôle aussi. Encore faut-il avoir de quoi se sécher après cette immersion. Du onsen de Gouma, je ne garde que le souvenir d'un gros stress. Frédéric, un ami artiste établi au Japon après avoir épousé une japonaise, m'avait concocté un programme ultra dense pour la courte... durée de mon séjour chez lui la visite d'un onsen dont la contrée est riche en faisait partie après un long trajet en autobus avant que nous n'allions rejoindre nos bains respectifs nous convenons de l'endroit et de l'heure du rendez-vous pour le retour à l'heure dite même un peu avant je me poste au lieu de rendez-vous convenu Les minutes passent et ne le voyant pas venir, l'inquiétude monte. L'inquiétude monte tellement que je commence à circuler au risque de ne pas être au bon endroit s'il me cherche. Il extrémise, on finit par se rencontrer. Nous étions finalement très près l'un de l'autre sans nous voir. Mais il a fallu prendre nos jambes à notre coup, courir comme des dératés avec nos sacs pour attraper le dernier bus du jour. Ouf ! Du nord au sud du Japon, les sento ont balisé ma route. Ils sont mes points de repère dans tous les endroits traversés. C'est la plongée dans l'eau chaude qui, tout en me permettant de survivre aux rigueurs de l'hiver japonais, m'a enracinée dans la vie sociale de ce pays. Ce rituel quasi quotidien m'a procuré un sentiment d'appartenance à un quartier. C'est ma manière d'habiter le Japon. Un nouvel épisode des petites histoires de Michelle vous attend tous les mardis. Pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

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