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LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Une alsacienne qui fait de la cuisine japonaise

LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Rencontres autour du bol 11 - Claude Kribs

LES PETITES HISTOIRES DE MICHELLE - Rencontres autour du bol 11 - Claude Kribs

13min |09/09/2025|

3

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13min |09/09/2025|

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Description

Aujourd’hui, nous poursuivons l'entretien avec Claude Kribs, potier passionné et héritier d’une tradition vivante. Nous entrons dans l’univers des fours à très haute température, des terres uniques venues de La Borne, et découvrons cette alchimie subtile entre argile, feu et cendres qui fait naître des pièces uniques.


Claude nous parle de la grande famille des métiers d’art, de la solidarité entre potières et potiers, et de son attachement à une approche profondément connectée à la nature. Entre héritage, technique et poésie du geste, c’est une immersion au cœur d’un savoir-faire rare et inspirant.


🔗 Écoutez l’épisode dès maintenant !


Retrouvez moi sur facebook : L'Escalier - Du Jardin à l'Assiette, instagram : michelleschneider9363 et sur mon site : www.a-lescalier.com où vous pouvez me laisser un message.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michel, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon. Aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. nous ferons des visites dans le jardin source d'émerveillement et d'abondance et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créé belle écoute à vous Au cours de la même journée, après ma visite dans l'atelier de Catherine Colombat, j'ai fait un crochet par 9 églises. pour retrouver Claude Cripps, un autre céramiste, présent dans la boutique de l'escalier. Neuve-Église est nichée dans le Val-de-Villée, au pied des Vosges. Depuis l'autoroute, on y accède par une route de vallée qui devient plus sinueuse à la fin. L'arrivée donne l'impression d'entrer dans un recoin préservé des Vosges, loin du bruit de la plaine. Ici, changement total d'ambiance. Chez Catherine, j'avais assisté à l'émaillage de ses nouvelles créations dans un atelier lumineux équipé d'un four électrique. Elle y mène la cuisson de ses pièces avec soin, cherchant des effets subtils grâce à ses émeaux enrichis de cendres de sarment de vigne. Chez Claude, tout autre décor. Je m'installe avec lui sous la panty qui abrite le grand four à bois qu'il y a construit. Là, changement de procédé. Claude raconte la spécificité et la magie des cuissons au bois, une technique vivante, imprévisible, presque alchimique. Nous allons emboîter ses pas dans ce parcours du feu et de la terre, sur plusieurs épisodes, jusqu'à l'équinoxe, lorsque nous basculerons vers l'automne.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille. Je peux dire que dans les métiers d'art, je crois qu'on est toujours mis un peu à part, les potières et les potiers, parce que d'abord, on aime bien exposer ensemble. Il n'y a pas franchement de rivalité. C'est plus, à mon avis, de la complémentarité. Quand on est ensemble, devine de quoi on parle. On parle céramique. On parle un peu d'autre chose aussi, des fois un peu de cuisine quand même. Mais non, non, mais on parle céramique, on est passionné et on échange bien. Et puis bon, dans des fours comme le mien, je peux accepter que d'autres potières ou potiers mettent quelques pièces, surtout celles ou ceux qui veulent me donner un coup de main. Donc ça, ça se fait régulièrement.

  • Speaker #0

    Et si ces personnes qui te déposent des pièces à cuire, elles ne risquent pas de mettre en péril ? Non.

  • Speaker #1

    D'autres pièces ? Non, parce que pour que j'accepte de mettre des pièces d'autres personnes, je pose quelques conditions quand même par rapport aux pièces, pour être sûr justement qu'il n'y ait pas de dégâts. Il faut que les gens aient une terre qui supporte la très haute température. Moi, je monte quand même à 1320 degrés, donc c'est quand même déjà très haut. Et donc, il faut que les gens aient des terres qui supportent et me garantissent que leurs terres supportent. Puis après, s'ils font de l'émail, tout ça, c'est pareil. Il faut que leur zémo soit capable de supporter la très haute température. Il ne faut pas que ça coule et que ça me salisse tous les plaques et tout ce qui est à côté. Donc là, il y a les quelques conditions de départ. Mais en règle générale, les gens qui me demandent, c'est des gens qui ont déjà fait ou qui ont une idée déjà bien forte de ce que c'est. Donc, il n'y a jamais de souci à ce niveau-là. Puis sinon, je le dis, je ne veux pas non plus abîmer mon four. Mais jusqu'à maintenant, je n'ai jamais eu de souci. Et qu'est-ce qui éclate ? Moi, je leur demande de venir avec des pièces biscuitées, donc des pièces qui ont déjà été cuites une première fois à 1000 degrés. Donc, a priori, il n'y a plus de risque d'éclat. C'est surtout aux biscuits qu'il y a des soucis. Et encore, moi, je fais attention parce que moi, je fais beaucoup de monocuissons, donc je ne biscuite pas. Et donc, je démarre toujours. Moi, mon début de cuisson est toujours hyper lent pour que mes pièces n'éclatent pas non plus.

  • Speaker #0

    Donc, tu émailles direct sur l'argile ?

  • Speaker #1

    Alors, j'émaille très peu. J'émaille que partiellement mes pièces. Et quand j'émaille, c'est sur du cru.

  • Speaker #0

    Mais tu mets de l'engobe ?

  • Speaker #1

    Non, je ne mets quasiment pas d'engobe. Mais qu'est-ce qui fait à tous tes destins ? Moi, j'ai une terre que je cherche dans le Berry, à la Borne, dans le centre de la France. La Borne, c'est un village... C'est un village où, depuis le Moyen-Âge, il y a toujours eu une production de céramique. Et depuis le XVIIIe siècle, on cuit en haute température, on fait du grès. Il y a eu une production traditionnelle de grès jusqu'au début des années 1960. Et puis après, quand le grès a été concurrencé par l'alu, par l'arc opal, par le plastique, le grès a... que les gens qui vendaient ça ont perdu des marchés parce que le plastique revenait moins cher, parce que l'alu revenait moins cher, ça ne cassait pas. Donc, le gré a été un peu concurrencé, a perdu comme ça en réputation. Mais coup de chance, parce qu'à la borne, il y a un énorme filon d'argile, très belle et bonne argile. Et puis, il y a des forêts, donc il y avait les fours à bois. Et donc... Quand le gré traditionnel a perdu un peu, au Beaux-Arts de Bourges, il y avait un couple, Jean et Jacqueline Lerat, un couple d'enseignants, qui étaient mondialement connus pour leur travail céramique. Ils étaient plus sur le versant de la sculpture, mais ils étaient quand même bien encore en connexion avec la poterie traditionnelle de la borne. Et donc, eux avaient des étudiants dans leur cours au Beaux-Arts de Bourges, des étudiants du monde entier qui venaient. Et donc, ces étudiants, leur cursus terminé, ils cherchaient à s'installer à la borne. Ça tombait bien. Les ateliers, la plupart des ateliers étaient fermés, mais ils étaient toujours là. Les fours, les vieux fours à bois, ils étaient là. Et puis, donc, on trouvait à ce moment-là des maisons à pas cher. On trouvait, voilà. Alors, c'est le Berry profond. C'est un endroit qui est quand même un peu retiré du monde. Mais avec un petit avantage, c'est à 200 km de Paris, donc pour les artistes, les galeries n'étaient pas loin, c'était vraiment l'endroit idéal. Donc là, de nombreux étudiants des Beaux-Arts de Bourges se sont installés là, donc des gens du monde entier. Et puis voilà, les ateliers ont commencé à retrouver une nouvelle vie, alors plus forcément évidemment dans la céramique traditionnelle, mais dans de la sculpture, dans une céramique plus contemporaine. Et ça a donné une nouvelle vie, un nouvel essor à cet endroit. Et actuellement, dans l'association, il y a 90 ateliers, je crois, à la borne et puis dans les hameaux environnants. 90 ateliers. Depuis une quinzaine d'années, ils ont un grand centre de création contemporaine. Il y a des expos de prestige tous les mois. Les gens viennent de leur emploi entière sur et même de plus loin aux expos. Il se passe vraiment énormément de choses tout le temps. Il y a actuellement 13 nationalités à la borne de gens installés. Juste pour dire, c'est rigolo, parce que c'est un mot, trou du cul du monde, il n'y a pas de trottoir, ils l'ont gardé dans leur jus. Ils refusent même l'installation de ronds-points, juste pour dire que... Ça fait du bien, ça. Ah bah ouais, quand tu vas là-bas, c'est bizarre. Et puis voilà, ils t'entendent parler toutes les langues, il y a une émulation pas possible. C'est un endroit... Moi, je fais venir ma terre de là-bas, je... Ça fait 40 ans que je la cherche chez le même Jacques Corny, il a 80 ans là maintenant. Bon, c'est ses fils qui l'aident, mais voilà, donc je cherche. Alors c'est une terre, pour en revenir aux effets et aux engobes et à l'émail dont j'ai quasiment pas besoin, c'est une terre qui tient hyper bien à la très haute température, qui prend super bien les cendres de cuisson. Donc rien que déjà avec les cendres et les atmosphères de cuisson, j'arrive à avoir des couleurs naturellement sans chercher d'autres. C'est une terre qui contient naturellement, en quantité infinitésimale, un peu d'oxyde de fer et un tout petit peu d'oxyde de manganèse. Avec l'oxyde de fer en oxydation, quand on provoque des gros apports d'oxygène, Dans la cuisson, on va avoir toute la palette des jaunes, des bruns, des oranges, des rouges. Quand on réduit, quand on diminue l'oxygène, du coup on dégage du carbone, on va avoir toujours avec l'oxyde de fer les bleus et les verts. Donc comme les alternances d'oxydation et de réduction sont alternées en permanence, on a déjà un gros mix entre toutes ces couleurs-là. absolument pas nécessaire de ramener quoi que ce soit de plus, puisqu'on l'a déjà naturellement. Et puis il y a le manganèse qui se met là-dessus, c'est les pourpres. Donc si on met encore des nuages de pourpres là-dedans, déjà la terre, elle n'a besoin de rien. Le feu, les atmosphères et les centres de cuisson l'habillent déjà, sans que le potier ait besoin de rien faire. Après, moi j'aime bien mettre un petit peu, partiellement, je laisse toujours la terre apparente à un endroit sur mes pièces, parce qu'elle est tellement belle que ça serait dommage de la cacher. Mais je mets, moi, partiellement, de l'émail comme ça, la louche, un petit jet, pour avoir quelques effets supplémentaires. Mais de base, je n'ai pas besoin de beaucoup, beaucoup cacher la terre. Elle est super belle, toute seule, naturellement. Et c'est ce que je recherche aussi. Si je cuis au bois, c'est justement parce que le bois me permet tous ces effets-là. Mais il faut avoir la terre adéquate. Je sais que là, un peu sur le marché, maintenant, les fournisseurs de terre, ben voilà. proposent des terres, moi j'appelle ça des terres techniques, c'est des terres que les potiers veulent, ils veulent que le tesson soit toujours toujours de la même couleur, qui ne change pas, alors c'est vrai je les ai testées dans mon four, ça donne rien quoi, c'est des terres qui résistent à... Déjà les tessons sont neutres, donc il n'y a pas de couleur à aller chercher parce que c'est lavé complètement, voilà, la plupart de gens veulent un tesson blanc, un tesson clair, justement pour pouvoir développer leurs émeaux, précisément et tout ça, bon. Moi, je ne travaille pas du tout dans l'esprit d'art. En fait,

  • Speaker #0

    c'est un autre monde.

  • Speaker #1

    C'est un monde différent. C'est un monde différent. Oui, oui, c'est un monde différent. On ne recherche pas la même chose. Moi, je suis le plus possible. J'essaye d'être dans l'esprit de la céramique coréenne, de la céramique japonaise, où on est quand même très, très influencés, très attirés par la nature. Et on essaye de faire corps avec elle et de la magnifier si c'est possible. Le feu nous aide bien à ce niveau-là. Mais j'essaye d'être le plus proche possible de ce que la nature me montre. Quand on va se promener en montagne, on va voir de la roche qu'il y a, une roche qui contient un peu de fer, on va avoir des effets comme ça. Et moi j'arrive à m'extasier devant ça. C'est juste la nature, le temps et la fusion, quand la côte terrestre est formée avec les volcans et tout ça. C'est ça que j'essaye simplement de retrouver avec mon four.

  • Speaker #0

    Un nouvel épisode des Petites Histoires de Michel vous attend. Tous les mardis, pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

Description

Aujourd’hui, nous poursuivons l'entretien avec Claude Kribs, potier passionné et héritier d’une tradition vivante. Nous entrons dans l’univers des fours à très haute température, des terres uniques venues de La Borne, et découvrons cette alchimie subtile entre argile, feu et cendres qui fait naître des pièces uniques.


Claude nous parle de la grande famille des métiers d’art, de la solidarité entre potières et potiers, et de son attachement à une approche profondément connectée à la nature. Entre héritage, technique et poésie du geste, c’est une immersion au cœur d’un savoir-faire rare et inspirant.


🔗 Écoutez l’épisode dès maintenant !


Retrouvez moi sur facebook : L'Escalier - Du Jardin à l'Assiette, instagram : michelleschneider9363 et sur mon site : www.a-lescalier.com où vous pouvez me laisser un message.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michel, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon. Aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. nous ferons des visites dans le jardin source d'émerveillement et d'abondance et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créé belle écoute à vous Au cours de la même journée, après ma visite dans l'atelier de Catherine Colombat, j'ai fait un crochet par 9 églises. pour retrouver Claude Cripps, un autre céramiste, présent dans la boutique de l'escalier. Neuve-Église est nichée dans le Val-de-Villée, au pied des Vosges. Depuis l'autoroute, on y accède par une route de vallée qui devient plus sinueuse à la fin. L'arrivée donne l'impression d'entrer dans un recoin préservé des Vosges, loin du bruit de la plaine. Ici, changement total d'ambiance. Chez Catherine, j'avais assisté à l'émaillage de ses nouvelles créations dans un atelier lumineux équipé d'un four électrique. Elle y mène la cuisson de ses pièces avec soin, cherchant des effets subtils grâce à ses émeaux enrichis de cendres de sarment de vigne. Chez Claude, tout autre décor. Je m'installe avec lui sous la panty qui abrite le grand four à bois qu'il y a construit. Là, changement de procédé. Claude raconte la spécificité et la magie des cuissons au bois, une technique vivante, imprévisible, presque alchimique. Nous allons emboîter ses pas dans ce parcours du feu et de la terre, sur plusieurs épisodes, jusqu'à l'équinoxe, lorsque nous basculerons vers l'automne.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille. Je peux dire que dans les métiers d'art, je crois qu'on est toujours mis un peu à part, les potières et les potiers, parce que d'abord, on aime bien exposer ensemble. Il n'y a pas franchement de rivalité. C'est plus, à mon avis, de la complémentarité. Quand on est ensemble, devine de quoi on parle. On parle céramique. On parle un peu d'autre chose aussi, des fois un peu de cuisine quand même. Mais non, non, mais on parle céramique, on est passionné et on échange bien. Et puis bon, dans des fours comme le mien, je peux accepter que d'autres potières ou potiers mettent quelques pièces, surtout celles ou ceux qui veulent me donner un coup de main. Donc ça, ça se fait régulièrement.

  • Speaker #0

    Et si ces personnes qui te déposent des pièces à cuire, elles ne risquent pas de mettre en péril ? Non.

  • Speaker #1

    D'autres pièces ? Non, parce que pour que j'accepte de mettre des pièces d'autres personnes, je pose quelques conditions quand même par rapport aux pièces, pour être sûr justement qu'il n'y ait pas de dégâts. Il faut que les gens aient une terre qui supporte la très haute température. Moi, je monte quand même à 1320 degrés, donc c'est quand même déjà très haut. Et donc, il faut que les gens aient des terres qui supportent et me garantissent que leurs terres supportent. Puis après, s'ils font de l'émail, tout ça, c'est pareil. Il faut que leur zémo soit capable de supporter la très haute température. Il ne faut pas que ça coule et que ça me salisse tous les plaques et tout ce qui est à côté. Donc là, il y a les quelques conditions de départ. Mais en règle générale, les gens qui me demandent, c'est des gens qui ont déjà fait ou qui ont une idée déjà bien forte de ce que c'est. Donc, il n'y a jamais de souci à ce niveau-là. Puis sinon, je le dis, je ne veux pas non plus abîmer mon four. Mais jusqu'à maintenant, je n'ai jamais eu de souci. Et qu'est-ce qui éclate ? Moi, je leur demande de venir avec des pièces biscuitées, donc des pièces qui ont déjà été cuites une première fois à 1000 degrés. Donc, a priori, il n'y a plus de risque d'éclat. C'est surtout aux biscuits qu'il y a des soucis. Et encore, moi, je fais attention parce que moi, je fais beaucoup de monocuissons, donc je ne biscuite pas. Et donc, je démarre toujours. Moi, mon début de cuisson est toujours hyper lent pour que mes pièces n'éclatent pas non plus.

  • Speaker #0

    Donc, tu émailles direct sur l'argile ?

  • Speaker #1

    Alors, j'émaille très peu. J'émaille que partiellement mes pièces. Et quand j'émaille, c'est sur du cru.

  • Speaker #0

    Mais tu mets de l'engobe ?

  • Speaker #1

    Non, je ne mets quasiment pas d'engobe. Mais qu'est-ce qui fait à tous tes destins ? Moi, j'ai une terre que je cherche dans le Berry, à la Borne, dans le centre de la France. La Borne, c'est un village... C'est un village où, depuis le Moyen-Âge, il y a toujours eu une production de céramique. Et depuis le XVIIIe siècle, on cuit en haute température, on fait du grès. Il y a eu une production traditionnelle de grès jusqu'au début des années 1960. Et puis après, quand le grès a été concurrencé par l'alu, par l'arc opal, par le plastique, le grès a... que les gens qui vendaient ça ont perdu des marchés parce que le plastique revenait moins cher, parce que l'alu revenait moins cher, ça ne cassait pas. Donc, le gré a été un peu concurrencé, a perdu comme ça en réputation. Mais coup de chance, parce qu'à la borne, il y a un énorme filon d'argile, très belle et bonne argile. Et puis, il y a des forêts, donc il y avait les fours à bois. Et donc... Quand le gré traditionnel a perdu un peu, au Beaux-Arts de Bourges, il y avait un couple, Jean et Jacqueline Lerat, un couple d'enseignants, qui étaient mondialement connus pour leur travail céramique. Ils étaient plus sur le versant de la sculpture, mais ils étaient quand même bien encore en connexion avec la poterie traditionnelle de la borne. Et donc, eux avaient des étudiants dans leur cours au Beaux-Arts de Bourges, des étudiants du monde entier qui venaient. Et donc, ces étudiants, leur cursus terminé, ils cherchaient à s'installer à la borne. Ça tombait bien. Les ateliers, la plupart des ateliers étaient fermés, mais ils étaient toujours là. Les fours, les vieux fours à bois, ils étaient là. Et puis, donc, on trouvait à ce moment-là des maisons à pas cher. On trouvait, voilà. Alors, c'est le Berry profond. C'est un endroit qui est quand même un peu retiré du monde. Mais avec un petit avantage, c'est à 200 km de Paris, donc pour les artistes, les galeries n'étaient pas loin, c'était vraiment l'endroit idéal. Donc là, de nombreux étudiants des Beaux-Arts de Bourges se sont installés là, donc des gens du monde entier. Et puis voilà, les ateliers ont commencé à retrouver une nouvelle vie, alors plus forcément évidemment dans la céramique traditionnelle, mais dans de la sculpture, dans une céramique plus contemporaine. Et ça a donné une nouvelle vie, un nouvel essor à cet endroit. Et actuellement, dans l'association, il y a 90 ateliers, je crois, à la borne et puis dans les hameaux environnants. 90 ateliers. Depuis une quinzaine d'années, ils ont un grand centre de création contemporaine. Il y a des expos de prestige tous les mois. Les gens viennent de leur emploi entière sur et même de plus loin aux expos. Il se passe vraiment énormément de choses tout le temps. Il y a actuellement 13 nationalités à la borne de gens installés. Juste pour dire, c'est rigolo, parce que c'est un mot, trou du cul du monde, il n'y a pas de trottoir, ils l'ont gardé dans leur jus. Ils refusent même l'installation de ronds-points, juste pour dire que... Ça fait du bien, ça. Ah bah ouais, quand tu vas là-bas, c'est bizarre. Et puis voilà, ils t'entendent parler toutes les langues, il y a une émulation pas possible. C'est un endroit... Moi, je fais venir ma terre de là-bas, je... Ça fait 40 ans que je la cherche chez le même Jacques Corny, il a 80 ans là maintenant. Bon, c'est ses fils qui l'aident, mais voilà, donc je cherche. Alors c'est une terre, pour en revenir aux effets et aux engobes et à l'émail dont j'ai quasiment pas besoin, c'est une terre qui tient hyper bien à la très haute température, qui prend super bien les cendres de cuisson. Donc rien que déjà avec les cendres et les atmosphères de cuisson, j'arrive à avoir des couleurs naturellement sans chercher d'autres. C'est une terre qui contient naturellement, en quantité infinitésimale, un peu d'oxyde de fer et un tout petit peu d'oxyde de manganèse. Avec l'oxyde de fer en oxydation, quand on provoque des gros apports d'oxygène, Dans la cuisson, on va avoir toute la palette des jaunes, des bruns, des oranges, des rouges. Quand on réduit, quand on diminue l'oxygène, du coup on dégage du carbone, on va avoir toujours avec l'oxyde de fer les bleus et les verts. Donc comme les alternances d'oxydation et de réduction sont alternées en permanence, on a déjà un gros mix entre toutes ces couleurs-là. absolument pas nécessaire de ramener quoi que ce soit de plus, puisqu'on l'a déjà naturellement. Et puis il y a le manganèse qui se met là-dessus, c'est les pourpres. Donc si on met encore des nuages de pourpres là-dedans, déjà la terre, elle n'a besoin de rien. Le feu, les atmosphères et les centres de cuisson l'habillent déjà, sans que le potier ait besoin de rien faire. Après, moi j'aime bien mettre un petit peu, partiellement, je laisse toujours la terre apparente à un endroit sur mes pièces, parce qu'elle est tellement belle que ça serait dommage de la cacher. Mais je mets, moi, partiellement, de l'émail comme ça, la louche, un petit jet, pour avoir quelques effets supplémentaires. Mais de base, je n'ai pas besoin de beaucoup, beaucoup cacher la terre. Elle est super belle, toute seule, naturellement. Et c'est ce que je recherche aussi. Si je cuis au bois, c'est justement parce que le bois me permet tous ces effets-là. Mais il faut avoir la terre adéquate. Je sais que là, un peu sur le marché, maintenant, les fournisseurs de terre, ben voilà. proposent des terres, moi j'appelle ça des terres techniques, c'est des terres que les potiers veulent, ils veulent que le tesson soit toujours toujours de la même couleur, qui ne change pas, alors c'est vrai je les ai testées dans mon four, ça donne rien quoi, c'est des terres qui résistent à... Déjà les tessons sont neutres, donc il n'y a pas de couleur à aller chercher parce que c'est lavé complètement, voilà, la plupart de gens veulent un tesson blanc, un tesson clair, justement pour pouvoir développer leurs émeaux, précisément et tout ça, bon. Moi, je ne travaille pas du tout dans l'esprit d'art. En fait,

  • Speaker #0

    c'est un autre monde.

  • Speaker #1

    C'est un monde différent. C'est un monde différent. Oui, oui, c'est un monde différent. On ne recherche pas la même chose. Moi, je suis le plus possible. J'essaye d'être dans l'esprit de la céramique coréenne, de la céramique japonaise, où on est quand même très, très influencés, très attirés par la nature. Et on essaye de faire corps avec elle et de la magnifier si c'est possible. Le feu nous aide bien à ce niveau-là. Mais j'essaye d'être le plus proche possible de ce que la nature me montre. Quand on va se promener en montagne, on va voir de la roche qu'il y a, une roche qui contient un peu de fer, on va avoir des effets comme ça. Et moi j'arrive à m'extasier devant ça. C'est juste la nature, le temps et la fusion, quand la côte terrestre est formée avec les volcans et tout ça. C'est ça que j'essaye simplement de retrouver avec mon four.

  • Speaker #0

    Un nouvel épisode des Petites Histoires de Michel vous attend. Tous les mardis, pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

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Aujourd’hui, nous poursuivons l'entretien avec Claude Kribs, potier passionné et héritier d’une tradition vivante. Nous entrons dans l’univers des fours à très haute température, des terres uniques venues de La Borne, et découvrons cette alchimie subtile entre argile, feu et cendres qui fait naître des pièces uniques.


Claude nous parle de la grande famille des métiers d’art, de la solidarité entre potières et potiers, et de son attachement à une approche profondément connectée à la nature. Entre héritage, technique et poésie du geste, c’est une immersion au cœur d’un savoir-faire rare et inspirant.


🔗 Écoutez l’épisode dès maintenant !


Retrouvez moi sur facebook : L'Escalier - Du Jardin à l'Assiette, instagram : michelleschneider9363 et sur mon site : www.a-lescalier.com où vous pouvez me laisser un message.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michel, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon. Aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. nous ferons des visites dans le jardin source d'émerveillement et d'abondance et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créé belle écoute à vous Au cours de la même journée, après ma visite dans l'atelier de Catherine Colombat, j'ai fait un crochet par 9 églises. pour retrouver Claude Cripps, un autre céramiste, présent dans la boutique de l'escalier. Neuve-Église est nichée dans le Val-de-Villée, au pied des Vosges. Depuis l'autoroute, on y accède par une route de vallée qui devient plus sinueuse à la fin. L'arrivée donne l'impression d'entrer dans un recoin préservé des Vosges, loin du bruit de la plaine. Ici, changement total d'ambiance. Chez Catherine, j'avais assisté à l'émaillage de ses nouvelles créations dans un atelier lumineux équipé d'un four électrique. Elle y mène la cuisson de ses pièces avec soin, cherchant des effets subtils grâce à ses émeaux enrichis de cendres de sarment de vigne. Chez Claude, tout autre décor. Je m'installe avec lui sous la panty qui abrite le grand four à bois qu'il y a construit. Là, changement de procédé. Claude raconte la spécificité et la magie des cuissons au bois, une technique vivante, imprévisible, presque alchimique. Nous allons emboîter ses pas dans ce parcours du feu et de la terre, sur plusieurs épisodes, jusqu'à l'équinoxe, lorsque nous basculerons vers l'automne.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille. Je peux dire que dans les métiers d'art, je crois qu'on est toujours mis un peu à part, les potières et les potiers, parce que d'abord, on aime bien exposer ensemble. Il n'y a pas franchement de rivalité. C'est plus, à mon avis, de la complémentarité. Quand on est ensemble, devine de quoi on parle. On parle céramique. On parle un peu d'autre chose aussi, des fois un peu de cuisine quand même. Mais non, non, mais on parle céramique, on est passionné et on échange bien. Et puis bon, dans des fours comme le mien, je peux accepter que d'autres potières ou potiers mettent quelques pièces, surtout celles ou ceux qui veulent me donner un coup de main. Donc ça, ça se fait régulièrement.

  • Speaker #0

    Et si ces personnes qui te déposent des pièces à cuire, elles ne risquent pas de mettre en péril ? Non.

  • Speaker #1

    D'autres pièces ? Non, parce que pour que j'accepte de mettre des pièces d'autres personnes, je pose quelques conditions quand même par rapport aux pièces, pour être sûr justement qu'il n'y ait pas de dégâts. Il faut que les gens aient une terre qui supporte la très haute température. Moi, je monte quand même à 1320 degrés, donc c'est quand même déjà très haut. Et donc, il faut que les gens aient des terres qui supportent et me garantissent que leurs terres supportent. Puis après, s'ils font de l'émail, tout ça, c'est pareil. Il faut que leur zémo soit capable de supporter la très haute température. Il ne faut pas que ça coule et que ça me salisse tous les plaques et tout ce qui est à côté. Donc là, il y a les quelques conditions de départ. Mais en règle générale, les gens qui me demandent, c'est des gens qui ont déjà fait ou qui ont une idée déjà bien forte de ce que c'est. Donc, il n'y a jamais de souci à ce niveau-là. Puis sinon, je le dis, je ne veux pas non plus abîmer mon four. Mais jusqu'à maintenant, je n'ai jamais eu de souci. Et qu'est-ce qui éclate ? Moi, je leur demande de venir avec des pièces biscuitées, donc des pièces qui ont déjà été cuites une première fois à 1000 degrés. Donc, a priori, il n'y a plus de risque d'éclat. C'est surtout aux biscuits qu'il y a des soucis. Et encore, moi, je fais attention parce que moi, je fais beaucoup de monocuissons, donc je ne biscuite pas. Et donc, je démarre toujours. Moi, mon début de cuisson est toujours hyper lent pour que mes pièces n'éclatent pas non plus.

  • Speaker #0

    Donc, tu émailles direct sur l'argile ?

  • Speaker #1

    Alors, j'émaille très peu. J'émaille que partiellement mes pièces. Et quand j'émaille, c'est sur du cru.

  • Speaker #0

    Mais tu mets de l'engobe ?

  • Speaker #1

    Non, je ne mets quasiment pas d'engobe. Mais qu'est-ce qui fait à tous tes destins ? Moi, j'ai une terre que je cherche dans le Berry, à la Borne, dans le centre de la France. La Borne, c'est un village... C'est un village où, depuis le Moyen-Âge, il y a toujours eu une production de céramique. Et depuis le XVIIIe siècle, on cuit en haute température, on fait du grès. Il y a eu une production traditionnelle de grès jusqu'au début des années 1960. Et puis après, quand le grès a été concurrencé par l'alu, par l'arc opal, par le plastique, le grès a... que les gens qui vendaient ça ont perdu des marchés parce que le plastique revenait moins cher, parce que l'alu revenait moins cher, ça ne cassait pas. Donc, le gré a été un peu concurrencé, a perdu comme ça en réputation. Mais coup de chance, parce qu'à la borne, il y a un énorme filon d'argile, très belle et bonne argile. Et puis, il y a des forêts, donc il y avait les fours à bois. Et donc... Quand le gré traditionnel a perdu un peu, au Beaux-Arts de Bourges, il y avait un couple, Jean et Jacqueline Lerat, un couple d'enseignants, qui étaient mondialement connus pour leur travail céramique. Ils étaient plus sur le versant de la sculpture, mais ils étaient quand même bien encore en connexion avec la poterie traditionnelle de la borne. Et donc, eux avaient des étudiants dans leur cours au Beaux-Arts de Bourges, des étudiants du monde entier qui venaient. Et donc, ces étudiants, leur cursus terminé, ils cherchaient à s'installer à la borne. Ça tombait bien. Les ateliers, la plupart des ateliers étaient fermés, mais ils étaient toujours là. Les fours, les vieux fours à bois, ils étaient là. Et puis, donc, on trouvait à ce moment-là des maisons à pas cher. On trouvait, voilà. Alors, c'est le Berry profond. C'est un endroit qui est quand même un peu retiré du monde. Mais avec un petit avantage, c'est à 200 km de Paris, donc pour les artistes, les galeries n'étaient pas loin, c'était vraiment l'endroit idéal. Donc là, de nombreux étudiants des Beaux-Arts de Bourges se sont installés là, donc des gens du monde entier. Et puis voilà, les ateliers ont commencé à retrouver une nouvelle vie, alors plus forcément évidemment dans la céramique traditionnelle, mais dans de la sculpture, dans une céramique plus contemporaine. Et ça a donné une nouvelle vie, un nouvel essor à cet endroit. Et actuellement, dans l'association, il y a 90 ateliers, je crois, à la borne et puis dans les hameaux environnants. 90 ateliers. Depuis une quinzaine d'années, ils ont un grand centre de création contemporaine. Il y a des expos de prestige tous les mois. Les gens viennent de leur emploi entière sur et même de plus loin aux expos. Il se passe vraiment énormément de choses tout le temps. Il y a actuellement 13 nationalités à la borne de gens installés. Juste pour dire, c'est rigolo, parce que c'est un mot, trou du cul du monde, il n'y a pas de trottoir, ils l'ont gardé dans leur jus. Ils refusent même l'installation de ronds-points, juste pour dire que... Ça fait du bien, ça. Ah bah ouais, quand tu vas là-bas, c'est bizarre. Et puis voilà, ils t'entendent parler toutes les langues, il y a une émulation pas possible. C'est un endroit... Moi, je fais venir ma terre de là-bas, je... Ça fait 40 ans que je la cherche chez le même Jacques Corny, il a 80 ans là maintenant. Bon, c'est ses fils qui l'aident, mais voilà, donc je cherche. Alors c'est une terre, pour en revenir aux effets et aux engobes et à l'émail dont j'ai quasiment pas besoin, c'est une terre qui tient hyper bien à la très haute température, qui prend super bien les cendres de cuisson. Donc rien que déjà avec les cendres et les atmosphères de cuisson, j'arrive à avoir des couleurs naturellement sans chercher d'autres. C'est une terre qui contient naturellement, en quantité infinitésimale, un peu d'oxyde de fer et un tout petit peu d'oxyde de manganèse. Avec l'oxyde de fer en oxydation, quand on provoque des gros apports d'oxygène, Dans la cuisson, on va avoir toute la palette des jaunes, des bruns, des oranges, des rouges. Quand on réduit, quand on diminue l'oxygène, du coup on dégage du carbone, on va avoir toujours avec l'oxyde de fer les bleus et les verts. Donc comme les alternances d'oxydation et de réduction sont alternées en permanence, on a déjà un gros mix entre toutes ces couleurs-là. absolument pas nécessaire de ramener quoi que ce soit de plus, puisqu'on l'a déjà naturellement. Et puis il y a le manganèse qui se met là-dessus, c'est les pourpres. Donc si on met encore des nuages de pourpres là-dedans, déjà la terre, elle n'a besoin de rien. Le feu, les atmosphères et les centres de cuisson l'habillent déjà, sans que le potier ait besoin de rien faire. Après, moi j'aime bien mettre un petit peu, partiellement, je laisse toujours la terre apparente à un endroit sur mes pièces, parce qu'elle est tellement belle que ça serait dommage de la cacher. Mais je mets, moi, partiellement, de l'émail comme ça, la louche, un petit jet, pour avoir quelques effets supplémentaires. Mais de base, je n'ai pas besoin de beaucoup, beaucoup cacher la terre. Elle est super belle, toute seule, naturellement. Et c'est ce que je recherche aussi. Si je cuis au bois, c'est justement parce que le bois me permet tous ces effets-là. Mais il faut avoir la terre adéquate. Je sais que là, un peu sur le marché, maintenant, les fournisseurs de terre, ben voilà. proposent des terres, moi j'appelle ça des terres techniques, c'est des terres que les potiers veulent, ils veulent que le tesson soit toujours toujours de la même couleur, qui ne change pas, alors c'est vrai je les ai testées dans mon four, ça donne rien quoi, c'est des terres qui résistent à... Déjà les tessons sont neutres, donc il n'y a pas de couleur à aller chercher parce que c'est lavé complètement, voilà, la plupart de gens veulent un tesson blanc, un tesson clair, justement pour pouvoir développer leurs émeaux, précisément et tout ça, bon. Moi, je ne travaille pas du tout dans l'esprit d'art. En fait,

  • Speaker #0

    c'est un autre monde.

  • Speaker #1

    C'est un monde différent. C'est un monde différent. Oui, oui, c'est un monde différent. On ne recherche pas la même chose. Moi, je suis le plus possible. J'essaye d'être dans l'esprit de la céramique coréenne, de la céramique japonaise, où on est quand même très, très influencés, très attirés par la nature. Et on essaye de faire corps avec elle et de la magnifier si c'est possible. Le feu nous aide bien à ce niveau-là. Mais j'essaye d'être le plus proche possible de ce que la nature me montre. Quand on va se promener en montagne, on va voir de la roche qu'il y a, une roche qui contient un peu de fer, on va avoir des effets comme ça. Et moi j'arrive à m'extasier devant ça. C'est juste la nature, le temps et la fusion, quand la côte terrestre est formée avec les volcans et tout ça. C'est ça que j'essaye simplement de retrouver avec mon four.

  • Speaker #0

    Un nouvel épisode des Petites Histoires de Michel vous attend. Tous les mardis, pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

Description

Aujourd’hui, nous poursuivons l'entretien avec Claude Kribs, potier passionné et héritier d’une tradition vivante. Nous entrons dans l’univers des fours à très haute température, des terres uniques venues de La Borne, et découvrons cette alchimie subtile entre argile, feu et cendres qui fait naître des pièces uniques.


Claude nous parle de la grande famille des métiers d’art, de la solidarité entre potières et potiers, et de son attachement à une approche profondément connectée à la nature. Entre héritage, technique et poésie du geste, c’est une immersion au cœur d’un savoir-faire rare et inspirant.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans les petites histoires de Michel, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon. Aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. nous ferons des visites dans le jardin source d'émerveillement et d'abondance et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créé belle écoute à vous Au cours de la même journée, après ma visite dans l'atelier de Catherine Colombat, j'ai fait un crochet par 9 églises. pour retrouver Claude Cripps, un autre céramiste, présent dans la boutique de l'escalier. Neuve-Église est nichée dans le Val-de-Villée, au pied des Vosges. Depuis l'autoroute, on y accède par une route de vallée qui devient plus sinueuse à la fin. L'arrivée donne l'impression d'entrer dans un recoin préservé des Vosges, loin du bruit de la plaine. Ici, changement total d'ambiance. Chez Catherine, j'avais assisté à l'émaillage de ses nouvelles créations dans un atelier lumineux équipé d'un four électrique. Elle y mène la cuisson de ses pièces avec soin, cherchant des effets subtils grâce à ses émeaux enrichis de cendres de sarment de vigne. Chez Claude, tout autre décor. Je m'installe avec lui sous la panty qui abrite le grand four à bois qu'il y a construit. Là, changement de procédé. Claude raconte la spécificité et la magie des cuissons au bois, une technique vivante, imprévisible, presque alchimique. Nous allons emboîter ses pas dans ce parcours du feu et de la terre, sur plusieurs épisodes, jusqu'à l'équinoxe, lorsque nous basculerons vers l'automne.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille. Je peux dire que dans les métiers d'art, je crois qu'on est toujours mis un peu à part, les potières et les potiers, parce que d'abord, on aime bien exposer ensemble. Il n'y a pas franchement de rivalité. C'est plus, à mon avis, de la complémentarité. Quand on est ensemble, devine de quoi on parle. On parle céramique. On parle un peu d'autre chose aussi, des fois un peu de cuisine quand même. Mais non, non, mais on parle céramique, on est passionné et on échange bien. Et puis bon, dans des fours comme le mien, je peux accepter que d'autres potières ou potiers mettent quelques pièces, surtout celles ou ceux qui veulent me donner un coup de main. Donc ça, ça se fait régulièrement.

  • Speaker #0

    Et si ces personnes qui te déposent des pièces à cuire, elles ne risquent pas de mettre en péril ? Non.

  • Speaker #1

    D'autres pièces ? Non, parce que pour que j'accepte de mettre des pièces d'autres personnes, je pose quelques conditions quand même par rapport aux pièces, pour être sûr justement qu'il n'y ait pas de dégâts. Il faut que les gens aient une terre qui supporte la très haute température. Moi, je monte quand même à 1320 degrés, donc c'est quand même déjà très haut. Et donc, il faut que les gens aient des terres qui supportent et me garantissent que leurs terres supportent. Puis après, s'ils font de l'émail, tout ça, c'est pareil. Il faut que leur zémo soit capable de supporter la très haute température. Il ne faut pas que ça coule et que ça me salisse tous les plaques et tout ce qui est à côté. Donc là, il y a les quelques conditions de départ. Mais en règle générale, les gens qui me demandent, c'est des gens qui ont déjà fait ou qui ont une idée déjà bien forte de ce que c'est. Donc, il n'y a jamais de souci à ce niveau-là. Puis sinon, je le dis, je ne veux pas non plus abîmer mon four. Mais jusqu'à maintenant, je n'ai jamais eu de souci. Et qu'est-ce qui éclate ? Moi, je leur demande de venir avec des pièces biscuitées, donc des pièces qui ont déjà été cuites une première fois à 1000 degrés. Donc, a priori, il n'y a plus de risque d'éclat. C'est surtout aux biscuits qu'il y a des soucis. Et encore, moi, je fais attention parce que moi, je fais beaucoup de monocuissons, donc je ne biscuite pas. Et donc, je démarre toujours. Moi, mon début de cuisson est toujours hyper lent pour que mes pièces n'éclatent pas non plus.

  • Speaker #0

    Donc, tu émailles direct sur l'argile ?

  • Speaker #1

    Alors, j'émaille très peu. J'émaille que partiellement mes pièces. Et quand j'émaille, c'est sur du cru.

  • Speaker #0

    Mais tu mets de l'engobe ?

  • Speaker #1

    Non, je ne mets quasiment pas d'engobe. Mais qu'est-ce qui fait à tous tes destins ? Moi, j'ai une terre que je cherche dans le Berry, à la Borne, dans le centre de la France. La Borne, c'est un village... C'est un village où, depuis le Moyen-Âge, il y a toujours eu une production de céramique. Et depuis le XVIIIe siècle, on cuit en haute température, on fait du grès. Il y a eu une production traditionnelle de grès jusqu'au début des années 1960. Et puis après, quand le grès a été concurrencé par l'alu, par l'arc opal, par le plastique, le grès a... que les gens qui vendaient ça ont perdu des marchés parce que le plastique revenait moins cher, parce que l'alu revenait moins cher, ça ne cassait pas. Donc, le gré a été un peu concurrencé, a perdu comme ça en réputation. Mais coup de chance, parce qu'à la borne, il y a un énorme filon d'argile, très belle et bonne argile. Et puis, il y a des forêts, donc il y avait les fours à bois. Et donc... Quand le gré traditionnel a perdu un peu, au Beaux-Arts de Bourges, il y avait un couple, Jean et Jacqueline Lerat, un couple d'enseignants, qui étaient mondialement connus pour leur travail céramique. Ils étaient plus sur le versant de la sculpture, mais ils étaient quand même bien encore en connexion avec la poterie traditionnelle de la borne. Et donc, eux avaient des étudiants dans leur cours au Beaux-Arts de Bourges, des étudiants du monde entier qui venaient. Et donc, ces étudiants, leur cursus terminé, ils cherchaient à s'installer à la borne. Ça tombait bien. Les ateliers, la plupart des ateliers étaient fermés, mais ils étaient toujours là. Les fours, les vieux fours à bois, ils étaient là. Et puis, donc, on trouvait à ce moment-là des maisons à pas cher. On trouvait, voilà. Alors, c'est le Berry profond. C'est un endroit qui est quand même un peu retiré du monde. Mais avec un petit avantage, c'est à 200 km de Paris, donc pour les artistes, les galeries n'étaient pas loin, c'était vraiment l'endroit idéal. Donc là, de nombreux étudiants des Beaux-Arts de Bourges se sont installés là, donc des gens du monde entier. Et puis voilà, les ateliers ont commencé à retrouver une nouvelle vie, alors plus forcément évidemment dans la céramique traditionnelle, mais dans de la sculpture, dans une céramique plus contemporaine. Et ça a donné une nouvelle vie, un nouvel essor à cet endroit. Et actuellement, dans l'association, il y a 90 ateliers, je crois, à la borne et puis dans les hameaux environnants. 90 ateliers. Depuis une quinzaine d'années, ils ont un grand centre de création contemporaine. Il y a des expos de prestige tous les mois. Les gens viennent de leur emploi entière sur et même de plus loin aux expos. Il se passe vraiment énormément de choses tout le temps. Il y a actuellement 13 nationalités à la borne de gens installés. Juste pour dire, c'est rigolo, parce que c'est un mot, trou du cul du monde, il n'y a pas de trottoir, ils l'ont gardé dans leur jus. Ils refusent même l'installation de ronds-points, juste pour dire que... Ça fait du bien, ça. Ah bah ouais, quand tu vas là-bas, c'est bizarre. Et puis voilà, ils t'entendent parler toutes les langues, il y a une émulation pas possible. C'est un endroit... Moi, je fais venir ma terre de là-bas, je... Ça fait 40 ans que je la cherche chez le même Jacques Corny, il a 80 ans là maintenant. Bon, c'est ses fils qui l'aident, mais voilà, donc je cherche. Alors c'est une terre, pour en revenir aux effets et aux engobes et à l'émail dont j'ai quasiment pas besoin, c'est une terre qui tient hyper bien à la très haute température, qui prend super bien les cendres de cuisson. Donc rien que déjà avec les cendres et les atmosphères de cuisson, j'arrive à avoir des couleurs naturellement sans chercher d'autres. C'est une terre qui contient naturellement, en quantité infinitésimale, un peu d'oxyde de fer et un tout petit peu d'oxyde de manganèse. Avec l'oxyde de fer en oxydation, quand on provoque des gros apports d'oxygène, Dans la cuisson, on va avoir toute la palette des jaunes, des bruns, des oranges, des rouges. Quand on réduit, quand on diminue l'oxygène, du coup on dégage du carbone, on va avoir toujours avec l'oxyde de fer les bleus et les verts. Donc comme les alternances d'oxydation et de réduction sont alternées en permanence, on a déjà un gros mix entre toutes ces couleurs-là. absolument pas nécessaire de ramener quoi que ce soit de plus, puisqu'on l'a déjà naturellement. Et puis il y a le manganèse qui se met là-dessus, c'est les pourpres. Donc si on met encore des nuages de pourpres là-dedans, déjà la terre, elle n'a besoin de rien. Le feu, les atmosphères et les centres de cuisson l'habillent déjà, sans que le potier ait besoin de rien faire. Après, moi j'aime bien mettre un petit peu, partiellement, je laisse toujours la terre apparente à un endroit sur mes pièces, parce qu'elle est tellement belle que ça serait dommage de la cacher. Mais je mets, moi, partiellement, de l'émail comme ça, la louche, un petit jet, pour avoir quelques effets supplémentaires. Mais de base, je n'ai pas besoin de beaucoup, beaucoup cacher la terre. Elle est super belle, toute seule, naturellement. Et c'est ce que je recherche aussi. Si je cuis au bois, c'est justement parce que le bois me permet tous ces effets-là. Mais il faut avoir la terre adéquate. Je sais que là, un peu sur le marché, maintenant, les fournisseurs de terre, ben voilà. proposent des terres, moi j'appelle ça des terres techniques, c'est des terres que les potiers veulent, ils veulent que le tesson soit toujours toujours de la même couleur, qui ne change pas, alors c'est vrai je les ai testées dans mon four, ça donne rien quoi, c'est des terres qui résistent à... Déjà les tessons sont neutres, donc il n'y a pas de couleur à aller chercher parce que c'est lavé complètement, voilà, la plupart de gens veulent un tesson blanc, un tesson clair, justement pour pouvoir développer leurs émeaux, précisément et tout ça, bon. Moi, je ne travaille pas du tout dans l'esprit d'art. En fait,

  • Speaker #0

    c'est un autre monde.

  • Speaker #1

    C'est un monde différent. C'est un monde différent. Oui, oui, c'est un monde différent. On ne recherche pas la même chose. Moi, je suis le plus possible. J'essaye d'être dans l'esprit de la céramique coréenne, de la céramique japonaise, où on est quand même très, très influencés, très attirés par la nature. Et on essaye de faire corps avec elle et de la magnifier si c'est possible. Le feu nous aide bien à ce niveau-là. Mais j'essaye d'être le plus proche possible de ce que la nature me montre. Quand on va se promener en montagne, on va voir de la roche qu'il y a, une roche qui contient un peu de fer, on va avoir des effets comme ça. Et moi j'arrive à m'extasier devant ça. C'est juste la nature, le temps et la fusion, quand la côte terrestre est formée avec les volcans et tout ça. C'est ça que j'essaye simplement de retrouver avec mon four.

  • Speaker #0

    Un nouvel épisode des Petites Histoires de Michel vous attend. Tous les mardis, pensez à vous abonner à ma newsletter pour continuer de voyager au Japon avec moi.

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