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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

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59min |03/12/2024
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Description

Pour cet épisode, nous sommes ravis d’accueillir aujourd’hui Léon Laulusa, le Dean (Président) de l'ESCP Business School :


  • Léon est Président de l'ESCP Business School, classée 2ème école de commerce Française par le prestigieux Financial Times, derrière HEC Paris. Il prend la direction de l'école en mai 2023, après 18 ans au sein de celle-ci, à apprendre tout les rouages et la culture de cette école historique.


  • Léon est arrivé en France à l'âge de 8 ans, en provenance du Laos avec sa famille, après avoir fui un contexte de guerre civile. Il tombe alors amoureux de la France qui l'accueille lui et ses proches, qu'il voit comme un vrai pays de libertés et d'émancipation intellectuelle.


  • C'est un également un Homme pour lequel l'humilité et la valeur travail sont centrales. Il diffuse sa vision du monde de l'éducation de demain, en expliquant l'importance de prendre du plaisir et de s'adapter dans le monde de demain, notamment avec l'arrivée de l'IA. Léon a toujours grandi en apprenant des plus expérimentés que lui, notamment avec Yannick Noah, quand il était ramasseur de balles à Rolland Garros.


Dans ce 7ème épisode, nous avons parlé de la proposition de valeur d'une école de commerce par rapport à du contenu gratuit comme il existe dans les podcast ou sur Youtube, des nouveaux modèles éducatifs comme l'école 42 de Xavier Niel, ou encore de la méditation, ou du fait d'apprendre tout au long de la vie !


Bon voyage avec Les Sages ! 



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre dans un format inédit qui est négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les... les plus grands leaders et leadeuses qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur emprunter. Bon voyage avec les salles. Léon Lalouisa est un symbole de maïtocratie. Arrivé quand il était petit en France, en provenance du Laos avec ses parents, il découvre la différence et la richesse de la France,

  • Speaker #1

    un pays dont il tombe amoureux.

  • Speaker #0

    Léon est assaufé de curiosité et commence à apprendre à travers son expérience dans le tennis. Au début ramasseur de balles, il finit capitaine des ramasseurs en côtoyant les plus grands, notamment Yannick Noah. Léon apprend ses bases dans l'audit et la comptabilité,

  • Speaker #1

    puis tombe amoureux une deuxième fois,

  • Speaker #0

    cette fois-ci de l'apprentissage et de la transmission. Il donne ses premiers cours à HEC Paris, puis finit par rentrer à l'ESIP Business School.

  • Speaker #1

    18 ans plus tard,

  • Speaker #0

    il devient le président de cette prestigieuse école de commerce, classée deuxième école en France. Léon est un stratège, qui observe et écoute et déploie une vision sur l'éducation de demain. Allez,

  • Speaker #1

    on y va avec Léon ! Bonjour Léon, et merci d'avoir accepté mon invitation pour ESH.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très bien, et toi, ça va ?

  • Speaker #1

    Écoute, ça va. Merci de nous accueillir. Du coup, on est sur l'un des campus de l'ESCP Business School. Oui. Du coup, on est à la frontière entre Paris et le Valois-Péret, c'est ça ?

  • Speaker #2

    On est à Paris 17ème, donc sur le site de Paris-Champéret. Effectivement, nous avons aussi à Paris un autre site qui est à... Paris Montparnasse dans le 15e. Et puis après, nous avons cinq autres sites, évidemment à Berlin, Londres, Madrid, Turin et Varsovie.

  • Speaker #1

    Ok. Donc une école internationale. D'ailleurs, en préparant l'interview, vous avez changé de nom il y a peu de temps. Parce que pour moi, c'était l'ESCP Europe. Et maintenant, vous vous appelez l'ESCP Business School.

  • Speaker #2

    Oui. Le nom commercial, c'est l'ESCP Business School. Pourquoi ? Parce que nous sommes une école internationale. pan-européenne et l'Europe est consubstantielle à l'ESCP. Et on veut aussi rayonner notre marque au niveau mondial. Et lorsqu'on dit ESCP Europe, on pense que c'est une école européenne pour l'Europe. C'est vrai. Alors que l'ESCP Business School, c'est une école européenne avec un rayonnement mondial. Ok,

  • Speaker #1

    bon, peut-être préparée aux métiers sur tous les continents.

  • Speaker #2

    Absolument, et c'est déjà le cas. Ok.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Alors, est-ce que pour commencer, du coup, je peux te demander de te présenter en quelques phrases pour les auditeurs ?

  • Speaker #2

    Léon Lollusa, j'ai 56 ans. Je suis vraiment ravi d'être avec toi, Nicolas, et avec ton émission. Mon parcours, très simplement, je suis d'origine laotienne-chinoise. Je suis arrivé à l'âge de 8 ans. en France en 1976 plus précisément. Et donc j'ai eu la chance, et je crois que ça c'est la chance de la France, d'accueillir les personnes issues de l'immigration. Et moi j'étais un réfugié, enfin avec ma famille, réfugié politique. Et grâce à toute la scolarité, la méritocratie républicaine, de pouvoir justement exercer des métiers dont je suis passionné et qui m'intéressent.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'était justement une de mes questions. Pourquoi, avec ta famille, vous avez fait le choix de venir en France ? Donc, c'était pour des raisons politiques. Ça veut dire qu'il y avait un contexte de guerre, peut-être ?

  • Speaker #2

    Il y avait une guerre civile dans notre pays. Et je me souviens, j'avais huit ans. Et à l'aéroport, il y avait les militaires qui surveillaient. Et les militaires demandaient à ma mère, parce que mon père ne venait pas avec nous. Donc, j'avais mon frère aîné qui était avec moi. Et j'avais mon autre grand frère et ma grande soeur qui étaient à Hong Kong qui faisaient les études. Et après, on s'est rejoint en Thaïlande. Et je me souviens à cette époque-là, j'avais presque 8 ans. Et les militaires demandaient, mais vous allez où ? Et ma mère disait, je vais aller en France amener mes deux enfants en France pour des soins dentaires. Et donc sans mon père, parce que justement, il fallait... Surtout ne pas dire qu'on partait, qu'on quittait définitivement. Donc on a tout laissé nos biens, le patrimoine au Laos pour venir. Et on a la chance d'être accueillis en France par la Croix-Rouge en tant que réfugiés politiques. Et ça, ça m'a marqué à vie. Et mes parents, lorsqu'on est arrivés, on a atterri à Roissy-Charles-de-Gaulle, ils disent maintenant la France est ton pays.

  • Speaker #1

    Ok. Et pourquoi à l'époque, pourquoi la France ? C'était un pays qui faisait rêver, je ne sais pas si c'est le mot, mais pourquoi ils ont choisi la France ? Peut-être, je ne sais pas, il y a peut-être l'Allemagne ou l'Espagne ou les États-Unis ?

  • Speaker #2

    Clairement, en fait, c'est parce que mon papa a fait le lycée français. Et donc, il parlait français et il parlait aussi anglais. Parce que mes parents avaient une société d'import-export. Donc, on achetait des produits français. On importait, en tout cas, mes parents au Laos. Et donc, c'était le choix porté soit les États-Unis, soit la France. Pourquoi la France ? C'est parce que ma tante, donc une cousine de ma mère, habitait depuis les années 50. Elle me dit que la France est géniale, un pays très cultivé, très ouvert en termes de culture. culture très ouverte et aussi c'est l'époque où ils accueillaient ce qu'on appelle les réfugiés boat people en fait. Et alors pourquoi on n'a pas choisi les États-Unis ? Parce que c'est vrai que mon père voulait aller aux États-Unis parce que nos amis aussi disaient mais les États-Unis vous pouvez réussir en tant qu'entrepreneuriat.

  • Speaker #1

    Le rêve américain.

  • Speaker #2

    Le rêve américain, tout est possible. Et on a plutôt choisi la culture, justement l'apprentissage. Parce que la France est un pays, un grand pays de culture.

  • Speaker #1

    Vu de l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça que le choix qui a été fait finalement par nos parents, de venir en France et puis on a eu la chance, comme je disais, d'être accueillis par la Croix-Rouge durant six mois pour qu'on s'adapte à notre nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Parce que c'est quand même... Moi, j'ai voyagé... Le seul road trip de six mois dans ma vie que j'ai fait, c'était en Asie. Et mon papa vit là-bas, d'ailleurs. Donc, entre l'Asie et l'Europe, c'est quand même deux cultures qui sont différentes. Toi, t'arrives, t'as huit ans, je crois. Comment ça se passe ? Est-ce que c'est simple ? C'est quoi tes premières impressions ? Est-ce que t'as un temps d'adaptation ?

  • Speaker #2

    En fait, quand on est enfant, le temps d'adaptation est relativement rapide. C'est vrai, à cette époque, je ne parlais pas du tout français. Et moi, le mot que mon papa m'a appris, il dit tu dis merci Donc la première personne qu'on me voyait, qui me parlait, je dis merci Et à chaque fois qu'on me disait quelque chose, je disais merci et je souriais. Et en fait, ce qui m'a marqué, c'est que lorsqu'on est enfant, on adore les glaces. Et je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Et donc, je trouvais bizarre, c'est qu'on mangeait les viandes, mais sans découper en petits morceaux. Vous savez qu'en Asie, on aime bien avoir des petits morceaux coupés, etc. Et donc, j'avais un steak et je me disais, c'est bizarre, c'est un grand steak. Et puis, il n'y avait pas de goût et il fallait mettre du sel et du poivre, c'est tout. Et il n'y avait pas de sauce. Et je me disais, mais c'est bizarre. Et puis, il faut couper ça. Donc, il faut avoir l'habitude de couper et de manger. Et je dis, mais... Ça, je n'aime pas trop, je ne suis pas très habitué. En revanche, les glaces, tout le monde adore. Donc, je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Donc, je m'empressais de manger rapidement. Et puis après, ma première cuillère du yaourt, je dis mais elle est bizarre cette glace. Elle est très acidulée et puis il n'y a pas de sucre. Je dis mais c'est quoi ce pays où on mange des choses qui sont totalement différentes ? Deuxième chose que j'ai découvert, je dis mais c'est bizarre sur le sol. Il y a des glaçons, en fait, c'était des glaces, en fait, parce qu'il y avait la neige. C'était l'hiver. C'était l'hiver et on est arrivé le 1er janvier 1976. Et là, je découvrais...

  • Speaker #1

    C'était par hasard, juste, cette date du 1er janvier ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est vraiment par hasard. C'était pas complètement...

  • Speaker #1

    Choisi.

  • Speaker #2

    Choisi, etc. Et c'est pour ça qu'on a dû attendre, parce que comme c'était le jour de l'an, pour que la Croix-Rouge arrive, etc. pour venir nous accueillir et pour nous placer dans un camp, temporairement. Et donc, c'est un camp d'accueil. Et c'est là que j'ai dit, tiens, la nourriture, elle est différente. Le temps, il fait très froid. Et en plus, il y a la neige. Je n'ai jamais connu de neige de ma vie. Et en plus, quelques mois plus tard, quand on s'est retrouvé à Paris, puisqu'on est parti à Metz, à l'est... de la France pendant six mois. Et lorsqu'on est revenu à Paris, là, j'ai eu la chance d'aller en colonie de vacances, à la montagne. Et là, pour moi, c'était un rêve, parce que lorsqu'on vous amène durant la nuit en car, Et le lendemain matin, vous ouvrez vos yeux et vous voyez les montagnes remplies de neige. Et là, vous vous dites, mais je suis dans un rêve ou c'est la réalité ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu n'avais jamais vu. Dans des livres peut-être ou à la télé ?

  • Speaker #2

    Même pas. À la télé, c'était en noir et blanc. Et donc, c'était vraiment... Et ça, pour moi, je me dis, mais est-ce que je suis dans un rêve ou c'est la réalité ? Et pour moi, et puis c'était une grandeur aussi. Et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Et quand même, quand t'arrives, quand t'as 8 ans, du coup, tu me dis si je me trompe, mais tu parles pas français. Non. Parce que ça, c'est aussi un peu un enjeu, je pense aussi, pour comprendre, pour se faire des amis, comprendre la culture, etc. Est-ce que t'es scolarisé, du coup ?

  • Speaker #2

    Oui, avec deux ans de retard, en fait. Parce que, donc j'avais 8 ans. Alors, c'est vrai qu'en France, ils disent, vous avez 8 ans, c'est au CE2. Donc j'arrive au CE2. Et donc la maîtresse, même si j'avais six mois d'adaptation, où on nous apprenait le français, je commençais à comprendre un petit peu. Mais à parler, à lire, tout ça, c'était difficile. Et donc la première chose, quand j'arrivais au CE2, la maîtresse me dit mais vous lisez le livre Et donc je commençais à lire, mais en fait, je lisais que les articles. Je disais le la les etc. je ne pouvais pas prononcer les autres mots parce que je n'avais pas appris. Et donc là, je me souviens, les jeunes camarades de l'époque riaient, se moquaient de moi et disaient mais c'est bizarre, il ne sait pas parler français, etc. Et donc, du coup, je me suis retrouvé en deux classes inférieures au CP, au cours préparatoire, pour justement apprendre à parler, à épeuler avec les syllabes, etc. le français.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que tu es rentré en CE2. Et entre guillemets, tu as été rétrogradé en PP pour pouvoir apprendre et mieux t'adapter.

  • Speaker #2

    Alors, j'avais une chance, c'est que j'étais très en avance en mathématiques.

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que les maths, c'est un peu universel, le langage des maths.

  • Speaker #2

    Oui, dans le calcul, donc j'étais très à l'aise. Et après, ce que tu dis est très juste, comme je ne pouvais pas m'exprimer avec les camarades de classe, donc la maîtresse dit, mais l'enfant, il est trop sage. Il est trop timide. Oui, c'est normal, parce que comme je ne pouvais pas m'exprimer, et je ne savais pas, et le moyen, dans la récré, comme j'avais du mal à m'exprimer, et pour m'interagir, il y avait des enfants qui s'amusaient à se battre, en amusement. Eh bien, j'essaie de me battre. en amusement avec eux pour essayer de me socialiser.

  • Speaker #1

    De créer du lien. De créer du lien. C'est un langage versel.

  • Speaker #2

    Et sans pouvoir parler, parce que j'avais du mal, je ne comprenais pas totalement. Et donc, grâce au CP, j'ai pu apprendre à lire, écrire, etc. Et comme les mathématiques étaient faciles pour moi, du coup, j'ai suivi ça très, très facilement, l'adaptation et la scolarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as dû, entre guillemets, tu vois, le soir, je ne sais pas si ça se faisait, des cours pour apprendre plus vite ? Parce que j'ai l'impression que tu étais aussi issu d'une famille où l'apprendre sèche, c'est important. Et tu vois, pour attraper un peu ton retard, au-delà de la journée comme tout le monde, est-ce que le soir ou le matin, je ne sais pas, ou le week-end, tu avais des cours de français ou tu regardais dans les livres ?

  • Speaker #2

    Non, parce que pour moi, c'est que j'ai appris cela. quand j'ai quand même fait deux années d'études au Laos, c'est que...

  • Speaker #1

    C'était la maternelle, en gros ?

  • Speaker #2

    Non, même, c'est un peu l'équivalent du cours préparatoire et le CE1, en fait, finalement. Et j'étais dans une école bilingue, laotien et chinois, un mandarin. Une école privée. Et donc, c'était très strict. Et il fallait écouter le professeur ou la maîtresse de la maîtresse. etc. Donc, j'écoutais. Donc, moi, quand j'étais en classe en France, j'écoutais. J'écoutais et j'appliquais. Voilà ce qu'il fallait faire. Et mon père, justement, le soir, lui, il aime bien la précision, l'excellence. Et donc, il me dit, il faut bien écrire. Il faut bien appliquer. À l'époque, il y avait le buvard, etc. Il faut bien écrire les lettres, ça. Et donc, il me dit, mais oh là là, ça ne va pas du tout. Tu écris mal. Il faut bien écrire. appliquer, il faut prendre le temps de bien écrire. Et comme ça, j'ai appris avec lui à bien écrire pour prendre le temps. Mais sinon, c'est moi qui travaillais tout seul. C'est-à-dire qu'on avait les livres, etc. Il fallait faire les exercices demandés par la maîtresse de l'école.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #1

    Si je reviens sur un passage un petit peu en amont que tu as évoqué, si tu me le permets. Quand tu arrives en France, tu dis que vous arrivez dans un camp. Est-ce que tu as des souvenirs ? Qu'est-ce que c'est concrètement ? Est-ce que c'est pendant quelques semaines ? Vous êtes avec d'autres personnes qui sont issues de l'immigration, peut-être politique. Est-ce que tu t'en souviens ? Comment tu l'as vécu ? Est-ce que c'était dur ?

  • Speaker #2

    Oh, c'était pas dur parce que pour nous, mes parents, même si j'avais 8 ans, mes parents ont dit voilà, il y a la guerre, en tout cas civile. Et je me souviens parce qu'au Laos, il y avait les militaires tous les soirs qui venaient voir mes parents en disant bon, il faut que tout ce que vous faites appartient à l'État. Donc il faut venir aux réunions, comment aider l'État, etc. Et donc nous, on a pris la décision de partir et de tout laisser. Et on avait la chance, c'est la santé et la famille étaient là. Donc lorsqu'on arrive, on a été accueillis. Et ça vraiment, c'est une chance incroyable que la France nous accepte d'être accueillis dans un camp d'accueil. Je me souviens, c'est à Créteil, pendant deux semaines. Évidemment, c'est des chambres. Et puis, vous êtes plusieurs personnes, vous êtes quatre dans une chambre, etc. Mais pour nous, on était contents. Donc, après les deux semaines, il y avait le choix d'aller dans telle ou telle région de France. Et on avait pris le choix d'aller en fait à Metz parce que ma tante habitait dans cette région. Et comme ça, pour être plus près d'elle. Et on est resté dans ce camp d'accueil. C'est un peu un foyer sonacotra.

  • Speaker #1

    Sonacotra ?

  • Speaker #2

    Oui, on dit ça. Tu vois, en fait, tu as une chambre où tu as quatre personnes. Il n'y a pas de douche, etc. Donc, c'est des douches collectives. Pendant six mois, on était là, mais on était très contents. C'est le temps d'adaptation pour les réfugiés. Ils ont proposé des métiers à mes parents dans la région de Metz. Et mes parents ont dit non, non, nous, on... On préfère venir sur Paris ou revenir sur Paris parce qu'il y a plus d'opportunités de travail. Du coup, mes parents se sont retrouvés évidemment ouvriers. Mon père a chez Renault, par exemple. Ma mère, c'est Suchard. À l'époque, il y avait une usine de chocolaterie, etc. Alors qu'ils étaient commerçants, entrepreneurs.

  • Speaker #1

    Comment ils l'ont vécu ? Ça me fait penser à dans les sages dans la saison 1, on a interviewé la famille Klaba qui est à l'origine de OVH, l'hébergeur. Et eux c'était des immigrés polonais et pareil Henri Klaba lui en Pologne c'était un haut dirigeant et il est retourné entre guillemets en bas de l'échelle. Et j'ai l'impression que c'est un peu la même chose pour tes parents. Comment ils l'ont vécu ? Est-ce que tu vois le fait d'être accueilli par la France ça a pris le dessus ? Même si peut-être le quotidien était moins plus dur. Comment ils l'ont vécu ? de changer de métier, de retourner peut-être en bas de l'échelle ?

  • Speaker #2

    En fait, ce n'est pas grave. Pour nous, ce n'est même pas le bas de l'échelle. C'est-à-dire que pour nous, la chance, c'était qu'on était tous réunis, sains et saufs. Je crois que c'est ça la chance. Et d'abord, c'est de la liberté.

  • Speaker #1

    Premier objectif.

  • Speaker #2

    Ça, c'est le premier objectif. Et la liberté, je crois que c'est ça le point. Et aussi de pouvoir, grâce à la France... d'apprendre grâce à l'éducation, etc. Je crois que c'est ça le point. Évidemment, c'était dur pour mes parents, surtout pour ma mère qui ne parlait pas français. Déjà, de prendre le métro pour aller au travail. Donc ça aussi, il faut reconnaître. Donc, elle comptait les stations de métro.

  • Speaker #1

    Oui, comme forcément, elle n'arrivait pas à lire, à chercher un autre moyen de...

  • Speaker #2

    Voilà, pour dire, est-ce que je me trompe ? Et puis, on ne peut pas se tromper de sortie. Parce que si il y a... Il y a un métro qui a deux sorties, il ne faut pas se tromper. Donc, tu vois, c'est des adaptations comme ça, mais on était vraiment très soudés par rapport à ça. Donc, ce n'était pas pour nous, évidemment. On était contents parce que c'était pour nous une nouvelle vie. Et donc, il faut créer cette nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et tu as évoqué le mot liberté. Pour tous les Français, c'est dans la devise, etc. Mais en fait, moi, par exemple, j'ai grandi en France et tu vois, on n'a jamais connu l'inverse de la liberté. Et c'est quoi pour toi la liberté ? Tu vois comment dans ta définition de la liberté, c'est la liberté de parole, c'est la liberté de bouger. C'est quoi pour quelqu'un qui n'a pas vécu justement ? qui a vécu la liberté maintenant, mais avant, tes parents ne l'ont pas vécu.

  • Speaker #2

    En fait, c'est la liberté de penser, la liberté en termes de mobilité. Donc, tout type de liberté où on peut faire ce qu'on souhaite, on peut dire des choses, ce qu'on pense, librement. Je crois que c'est ça qui est important. Et la liberté d'entreprendre aussi. Et c'est tout ça. Et ça, c'est un parti pris de mes parents. Ils ont dit, nous, on a fait le choix de partir.

  • Speaker #1

    OK. Pour retrouver cette liberté, se retrouver en famille de manière safe. Oui,

  • Speaker #2

    absolument.

  • Speaker #1

    Si j'avance un peu dans ton parcours, du coup, est-ce que là, tu es au collège, ton lycée en France. Est-ce qu'à ce moment-là, tu as des passions ou déjà tu as des rêves ? Tu veux devenir, faire un métier en particulier ?

  • Speaker #2

    À cet âge-là, je n'avais pas de rêve de métier. Et là, je me suis retrouvé, c'est le tennis. J'avais une passion grâce à mon grand frère qui adorait jouer au tennis. Donc je l'ai suivi, etc. Et j'ai touché la raquette et j'ai aimé. Et donc j'ai commencé à faire la compétition, etc. Et à tel point que lorsque j'étais adolescent, j'ai postulé, candidaté à Roland-Garros. pour être ramasseur de balles. Donc, j'ai fait ça pendant trois années. Et c'est trois années passionnantes.

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Alors, qu'est-ce que tu as aimé dans le tennis quand tu dis la raquette ? C'est quoi concrètement ? Pourquoi ce sport t'a fait un... Pourquoi tu as aimé ce sport ? Tu as eu un déclic envers ce sport ?

  • Speaker #2

    J'ai aimé ce sport parce que c'est un sport très tactique. En fait, on peut gagner un adversaire sans être le plus fort. Et moi, j'aimais cela. C'est-à-dire, moi, j'aime bien... lorsque je joue avec quelqu'un, les premiers jeux, j'essaie de trouver ses défauts. Et ses points de faiblesse, finalement. Et après, je vais jouer sur ses défauts. Même si mon jeu n'est pas beau à voir, le but, c'était de le renverser et de gagner la partie. Lorsque j'étais en compétition, bien entendu. J'aimais beaucoup, et c'était ce jeu à la fois de tactique, mais de force et d'endurance. Donc je trouvais que ce sport était très complet.

  • Speaker #1

    Et comment, quand tu parles de tactique, de stratégie, comment concrètement, en amont des matchs, parce que tu jouais, je crois que tu as joué un peu à un niveau quasi professionnel, je crois, mais comment tu te renseignais sur l'adversaire en amont ? Parce que concrètement...

  • Speaker #2

    En fait, moi, j'étais un amateur, modestement. J'étais classé, effectivement, mais je jouais en championnat de France, en championnat de Paris, etc. En fait, c'est qu'on connaît le classement. Si j'avais un adversaire mieux classé que moi, je suis challenger. Et comment le gagner ? Parce que lui, il est sûr de lui. Il dit, c'est quelqu'un qui est moins bien classé que moi, il est plus petit que moi de taille, etc. Et moi, c'est que déjà, les premières balles d'échauffement, ça nous permet de voir sa force, sa puissance et ses points forts. Et après, c'est au cours de matchs qu'on peut s'apercevoir. Donc, je fais des tests. Donc je fais des lobes, je fais des revers coupés, ce qu'on appelle slicés, des coups droits, enfin tout type de coups.

  • Speaker #1

    Pour voir sa réaction.

  • Speaker #2

    Exactement, pour tester. Là où il est à l'aise, là où il est moins à l'aise. Est-ce qu'il est à l'aise au filet, au moins, etc. Et comme ça, les quatre premiers jeux, ça me permettait de le tester, de voir là où je peux gagner. Et c'est comme ça, après je reconstruis mon jeu pour justement faire la différence.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup... Finalement, tu étais peut-être meilleur, on va dire, dans la tête que physiquement. Et tu jouais avec ta force de tactique, de stratège ?

  • Speaker #2

    Exactement. C'est-à-dire que je jouais sur mes points forts. Donc, je cachais mes points faibles. En fait, c'est là le point. Et ça, lorsque j'ai eu l'assent d'être ramasseur de balles à Roland-Grosse, j'ai croisé Yannick Noah, c'est ce qu'il m'a dit. Donc, j'ai dit, mais Yannick... Quel conseil tu pourrais me donner pour moi qui souhaite progresser ? Il m'a dit d'abord je ne t'ai pas vu jouer, mais il faut que je te vois jouer. Et la deuxième chose c'est que renforce tes points forts. C'est toujours ça qu'il faut renforcer, ces points forts.

  • Speaker #1

    Et quand tu vois Yannick Noah, tu oses aller lui parler ? Tu le connais ? Tu as du culot ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est le culot. Moi, j'adore. Moi, c'est comme ça. Pour moi, il n'y a pas de barrière. C'est une personne, bien connue, etc. Et je m'approche de lui, je dis Yannick, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je peux parler avec toi ?

  • Speaker #1

    Comme tu le disais, avec tes parents, etc. Et du coup, il te dit d'aller sur tes points forts. Et si on revient en amont, tu es un passionné de tennis et donc tu rentres en tant que ramasseur de balles à Roland-Garros. C'est un job que tu fais à côté, c'est un job passion, c'est un job pour gagner un peu d'argent aussi ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est que d'abord on candidate à la Fédération Française de Tennis et on est présélectionné. Donc il y a des tests, c'est au mois de... De février, on sait qu'on est présélectionné. Et ils convoquent à l'époque 300 personnes pour retenir une centaine. Et donc, comment ? On fait des tests d'endurance. On va courir au bois de boulonne pendant une heure pour voir si on tient au moins. On va faire des tests de jets, de lancement de balles, etc. Et comment on ramasse, etc. Et pour voir si on écoute. Et donc, il y a... trois semaines de test, trois week-ends de test. Et à l'issue de ça, on dit qu'on est sélectionné pour être à Roland-Garros. Et donc, j'ai eu la chance d'être sélectionné. Effectivement, c'est trois semaines où il faut être absent à l'école. Et en fait, comme on n'est pas majeur, on a des bons d'achat dans une boutique de vêtements de sport. Et à l'époque...

  • Speaker #1

    C'est ta rémunération ?

  • Speaker #2

    C'était une super rémunération parce qu'en trois semaines, j'avais 3000 francs. En 1983, c'est énorme. C'est comme si tu dis que tu as 3000 euros en trois semaines. En termes de pouvoir d'attraper. C'est super. J'étais très, très content.

  • Speaker #1

    Tu avais quel âge du coup ?

  • Speaker #2

    Là, à l'époque, j'étais en quatrième. Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    C'est fou.

  • Speaker #2

    Donc c'était pas pour l'argent en fait que je faisais ou pas. L'argent au sens d'avoir un bon d'achat pour acheter ces vêtements de sport.

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une expérience et c'était la passion du tennis, de rencontrer mes idoles. Yannick Noah, bien entendu, John McEnroe, tous les grands joueurs professionnels. Et ça, c'était de s'approcher, de voir au plus proche. Et oui, et comment ils jouent, vraiment, et la force. Et ça, il y a une différence entre la télé et la réalité. Et on dit, waouh, à la télé, on ne voit pas la force. puissance alors que sur le terrain et lorsque vous ramassez une balle même au service lorsqu'il faut un service et qu'il y a un rebond vous prenez la balle je peux vous dire que leur service est assez puissant.

  • Speaker #1

    Et du coup tu deviens, j'ai l'impression que tu as vraiment cette logique d'apprentissage quasi quotidienne déjà à l'époque et du coup ça te permet peut-être d'être meilleur et du coup tu deviens tu m'as raconté Capitaine des ramasseurs de balles et après capitaine des capitaines.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est que d'abord, on attribue un responsable de l'équipe, qu'on appelle ça dans chaque cours. On a un responsable de l'équipe qui va organiser justement qui va ramasser, qui va être en pause, etc. Pour que tout se passe bien durant les matchs, évidemment. Et donc, j'étais tout de suite pris comme capitaine d'une équipe. Et après, il y a une grade, en tout cas en termes de capitaine, c'est-à-dire que les meilleurs capitaines étaient dans, évidemment, les cours numéro un à l'époque, cours central, et donc là où il y avait la télévision, où il y avait les matchs des stars. Et donc petit à petit, je commençais à aller dans les meilleurs cours, les cours où il y a beaucoup de public. Et après, la deuxième année, j'ai repostulé, évidemment, j'ai été accepté, et là je suis devenu capitaine des capitaines. C'est-à-dire, en fait, le responsable de toutes les équipes pour, évidemment, coordonner et puis choisir les personnes. Et donc, ça, c'est en fait, finalement, un apprentissage à comment mieux ramasser, évidemment, ça veut dire s'améliorer et puis à respecter les règles. Et ça, c'est important. Et c'est pour ça, je pense que mes premières leçons de leadership. Je crois que j'ai appris quand j'étais ramasseur de balles.

  • Speaker #1

    C'était un apprentissage implicite à l'époque. Je pense qu'on ne se dit pas qu'on apprend sur le leadership. Et parce que du coup, tu avais une fonction de management.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que lorsque tu as des adolescents, certains t'écoutent, mais certains t'écoutent pas.

  • Speaker #1

    Il n'y avait que des ados ou tu avais des gens beaucoup plus âgés ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait que des ados. En fait, la personne la plus âgée avait 18 ans, enfin une personne majeure. Dans la même portage. La grande majorité, ils avaient entre 13 et 15 ans. Et chacun veut voir ses idoles, ne respectent pas, etc. Et donc, par exemple, les temps de pause, normalement tu as un quart d'heure, mais certains, ils vont faire une demi-heure. Donc, il faut les faire comprendre, qu'il faut respecter, etc. Et qu'il y a un roulement, etc. Donc, tu vois, c'est un management. Donc, il faut les relations avec autrui, avec l'autre. C'est important. Il faut comprendre, etc. Voilà, donc je crois. Et puis, il faut fédérer l'équipe. Il faut encourager aussi l'équipe.

  • Speaker #1

    OK. Et comment on devient... Parce que dans le management, il y a aussi une notion de légitimité pour te faire accepter de tes équipes. Comment tu deviens légitime auprès de tes équipes ? Et aussi, en amont de cette interview, on en parlait et tu me disais que ton objectif, c'était de créer de l'énergie avec ces gens.

  • Speaker #0

    Oui, parce que, en fait, déjà, ta législative vient du fait que tu es le responsable de l'équipe, donc tu es capitaine. Donc, ils sont censés t'écouter. Donc,

  • Speaker #1

    désigner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que sinon, s'ils ne t'écoutent pas, on peut rapporter à notre responsable, justement, là, plutôt côté administratif. Donc, c'est les personnes adultes. Et on dit, celui-là n'a pas de confiance, donc il ne va pas revenir la deuxième semaine. Parce que, comme tu sais, la première semaine, il y a une centaine. Et après, on réduit parce qu'il y a moins de matchs. Donc, on a moins de besoin de ramasseurs de balles.

  • Speaker #1

    T'as envie d'aller jusqu'à la finale ou jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Exactement, jusqu'au bout et de rester, de faire la haie d'honneur, etc. Donc, c'est important. Donc, tu vois, il y en met quand même au début certains comme c'est des passionnés du tennis. Donc, je comprends. Ils veulent aller voir tel match ou rencontrer tel tennisman connu, etc. Et donc, je pense qu'il faut aussi parler avec l'équipe, donc les membres de l'équipe, dire voilà, il faut que tu respectes telle chose. Donc, il faut être transparent, ce qu'on attend. Et donc, déjà, être clair, donner les règles du jeu au départ. Donc, je dis voilà, ce que j'attends de vous, c'est de faire ça, ça. Et puis, nous sommes une équipe, donc il faut qu'on crée une énergie. Il faut que finalement, durant le match. On soit invisible pour les compétiteurs, ceux qui jouent ou celles qui jouent, parce qu'ils ou elles sont tellement concentrés, on est là pour leur servir, mais il ne faut pas qu'on soit visible. Donc il faut qu'on soit le moins de bruit possible et le mieux servir pour qu'on les dérange moins.

  • Speaker #1

    Ok, c'est intéressant ça, parce que c'est vrai que je pense que dans tous les sports, il y a une notion de concentration qui est hyper importante. Mais j'ai l'impression que dans le tennis, limite encore plus.

  • Speaker #0

    Je prends l'exemple, Yannick Noah, que j'ai eu la chance de ramasser à plusieurs reprises, notamment contre Mats Willander. Il ratait un coup, en tout cas, où il n'a pas fait ce qu'il a souhaité faire. Il me regardait les yeux dans les yeux et il parlait, mais il parlait à lui-même. Il était tellement concentré qu'il ne me voyait pas alors que j'étais en face de lui. Et ça, c'est... Pour quelqu'un, un enfant, un adolescent, il dit mais c'est bizarre.

  • Speaker #1

    Pourquoi il me crée-tu ?

  • Speaker #0

    Pourquoi il m'agresse un peu comme ça ? Mais en fait, non, c'est parce qu'il était tellement concentré. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir cette attitude zen et ne pas bouger et ne pas réagir parce que sinon, ça va le déstabiliser.

  • Speaker #1

    Ok. Tu vois, même dans le milieu professionnel, on en parlera, mais c'est un début même d'apprentissage, un peu de gestion des émotions. Tu vois, de ne pas réagir justement à une réaction de l'autre qui peut te paraître hostile.

  • Speaker #0

    Oui, et ça, je pense que ça aussi, j'ai appris grâce à cela aussi, de ne pas réagir tout de suite. Il faut comprendre l'autre, pourquoi elle est réagie ainsi, et pas face à nous ou vis-à-vis de nous, mais parce qu'elle était tellement concentrée sur un but bien précis. Oui,

  • Speaker #1

    hyper intéressant. Et du coup, tu as un très bon niveau en tennis. Tu joues dans ta classe d'âge, tu joues quasi à niveau national ou professionnel, on peut dire ça.

  • Speaker #0

    Plutôt régional. Et au début, je voulais faire sport-études. Donc j'ai eu l'occasion de parler avec Jean-Paul Lotte, etc. Il m'a dit oui.

  • Speaker #1

    Jean-Paul Lotte, c'est qui pour notre éclair ?

  • Speaker #0

    C'était à l'époque l'entraîneur national. Donc au niveau de la fédération, il était équipe, il faisait partie de l'équipe de France et capitaine justement pour la Coupe d'Evis lorsque Yannick Noah était... joueur dans l'équipe. Et il m'a dit, oui, mais par rapport à mon âge, par rapport à ma taille, tout ça, déjà, je n'étais pas dans l'équipe nationale, ça c'était clair. Je n'avais pas la force et puis le niveau nécessaire. Mais quand même, si je voulais faire un métier, effectivement, c'était le sport-études qu'il fallait. Mais mes parents ont dit non. parce qu'ils ont bien raison, mais sur le moment, je me dis mais pourquoi ? Pourtant, je suis très passionné.

  • Speaker #1

    Parce que toi, la passion, elle est prendre le dessus.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Plus que le rationnel.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai mes camarades de l'époque qui faisaient la compétition, etc. Ils sont devenus semi professionnels.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Donc de très bon niveau, négatif, etc. Mais ce n'est pas au niveau international, comme on dit. Après, effectivement, on peut devenir professeur, etc. de tennis. par la suite. Et donc, c'est là où, après, j'ai abandonné, parce que après Roland-Garros, j'ai abandonné le tennis, parce que mes parents ont dit, non, non, pas de sport-études, c'est les études, c'est plus important que sport, voilà, donc j'ai abandonné.

  • Speaker #1

    T'as arrêté la compétition, ou t'as arrêté totalement ?

  • Speaker #0

    Même totalement. Et donc, ça me faisait bizarre parce que lorsque je regardais Roland Garros à la télévision, je me disais que ça me fait mal au cœur parce que je connais les coulisses, je connais certaines personnes qui coordonnaient, les juges, évidemment les joueurs. Donc, je me disais que durant les deux premières années, c'était difficile pour moi de regarder à la télévision et pas d'être sur le terrain avec eux.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'était un peu ton rêve d'enfant aussi. Ok, donc comme tes parents te disent, c'est les études, donc tu fais un bac C, qui est un bac scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, mathématiques, physique.

  • Speaker #1

    Ok, et quand j'ai préparé l'interview, j'ai vu que, alors tu es quelqu'un, t'adores l'apprentissage, peut-être que tu, je peux te qualifier de scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors, j'étais scolaire, mais à la fois, j'étais un peu feignant, on va dire comme ça.

  • Speaker #1

    C'est le chemin le plus court ?

  • Speaker #0

    En fait, j'aime bien écouter, j'aime bien faire la règle du 20-80, la règle de Pareto. C'est-à-dire, comment je peux passer 20% de mon temps pour générer 80% du résultat ? Et pas faire le contraire, passer 80% de mon temps pour générer 20% du résultat. En fait, j'étais comme ça. J'ai toujours été comme ça. Donc, je cherchais les moyens de faciliter pour apprendre vite. Et donc, le seul moyen, c'est d'écouter la maîtresse ou le professeur en classe. Et puis, de bien écouter et de tout de suite faire les devoirs. et puis faire quelques exercices supplémentaires pour bien assimiler. Donc je faisais ça et ça me faisait gagner du temps.

  • Speaker #1

    Ok, et du coup tu as une moyenne qui est, j'ai lu, honorable, mais pas non plus excellente, et j'ai lu que c'était aussi en partie parce que tu faisais, donc là tu as arrêté le job de ramasseur de balles à Roland-Garros, mais par contre tu fais des petits boulots le week-end, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'il fallait avoir un peu, quand on est adolescent on commence à sortir aussi, et j'avais... C'était l'âge où on aimait bien sortir le week-end avec nos kamas de classe. Donc, il fallait quand même aussi avoir l'argent de poche. Donc, je travaillais soit le samedi ou le dimanche ou les deux pour avoir l'argent de poche. Donc, j'étais chef de rang, en fait, dans un restaurant. Et donc, je faisais ça. Et ce qui m'a marqué, c'est qu'à l'époque, on gagnait. très, très bien notre vie, les chefs de rang. En plus, avec les pourboires. Et c'était les calmes d'un salaire d'un ingénieur. Donc, tu imagines, tu dis, voilà, tu vas avoir ton bac, etc. Et tu dis, tu as un salaire d'un bac plus 5. Tu dis, waouh, c'est quand même le choix. Mais moi, j'ai quand même fait le choix de dire, non, il faut continuer les études. Et ça, c'était un boulot, justement, pour avoir l'argent de poche et pouvoir sortir de... durant les vacances ou avec mes camarades, etc.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as choisi, du coup, qu'est-ce qui t'a poussé à continuer ces études ? On va en parler, tu as fait plusieurs diplômes, parce que tu avais quand même, du coup, tu as fait ce constat que du coup, sur des métiers pas forcément, je vais dire pas forcément intellectuels, mais on ne peut pas les résumer comme ça, mais plus des métiers manuels, tu gagnais quasi autant qu'un ingénieur.

  • Speaker #0

    En fait, moi, je me suis dit que Ce métier est difficile. Parce que quand on dit chef de rang, c'est serveur en fait. C'est responsable des tables et vous devez servir finalement les clients. Ce n'est pas les commis. Les commis sont là pour débarrasser et pour mettre la vaisselle, les couverts, etc. Les verres. Et donc on prend les commandes, etc. C'est un métier difficile parce qu'il faut arriver à 10h30. On termine à 15h et après, il faut revenir à 18h30 pour terminer minuit, une heure.

  • Speaker #1

    Tu as une longue pause des fois où tu ne sais peut-être pas trop quoi en faire.

  • Speaker #0

    Et donc, on gagnait très bien notre vie avec les pourboires aussi. Et ça aussi, j'ai appris finalement à bien parler avec les clients pour finalement, en termes de service, pour qu'ils puissent finalement... choisir, bien choisir ou recommander les plats par rapport à leurs préférences. Et ça aussi, c'était un apprentissage. Et je me suis dit, ce n'est pas le métier que je souhaite faire. J'aurais pu effectivement économiser et puis créer un restaurant, par exemple. Mais ce n'était pas ce choix-là parce que c'était aussi le côté intellectuel, cette curiosité qui me manquait.

  • Speaker #1

    Qui te stimule.

  • Speaker #0

    Qui me stimule. Après, j'ai même, après les étés, j'ai fait aussi des stages dans les banques. en tant que guichetier dans une agence bancaire. Donc ça, ça m'a aussi permis de voir autre chose. Et je crois que... Mais à chaque expérience professionnelle, je dis non, ce n'est pas ce métier-là que je souhaite faire. Donc c'est les études qui me proposera beaucoup plus d'opportunités.

  • Speaker #1

    OK. Et donc tu as ton bac C. Et après, alors, sauf si tu veux, focus, te concentrer sur un de tes diplômes. Mais moi, ce qui m'a marqué, du coup, quand j'ai préparé l'interview, c'est que tu as fait beaucoup d'études. Tu as fait un DUT à l'université. Après, tu as fait un master à la Sorbonne. Puis un master en administration des entreprises à l'IAE de Paris. Et enfin, un diplôme d'expertise comptable. Alors déjà, est-ce que tu as fait tous ces études dans la continuité ? Et c'est quoi le cheminement entre... Le cheminement, pourquoi tu as choisi de faire, entre guillemets, autant de diplômes ?

  • Speaker #0

    En réalité, je voulais être publicitaire. Ok. Donc, ça n'a rien à voir avec les chiffres. Parce que j'aime bien la création, la créativité, l'innovation, etc. La curiosité. Et en fait, ma sœur faisait des études de comptabilité. Elle était en master et me dit, écoute, ma grande sœur, écoute, moi, je serai expert comptable un jour. Comme ça, toi, tu peux aussi faire des études de comptabilité. Comme ça, on pourra ouvrir un cabinet d'expertise. Quant à mon ensemble, c'est comme ça que j'ai suivi ma grande sœur. Parce qu'en Asie, on aime bien respecter nos aînés. Puis,

  • Speaker #1

    il y a une notion de la famille qui est forte aussi.

  • Speaker #0

    Absolument. Et donc, de cette responsabilité et cette solidarité entre les membres de la famille. Et aussi, je ne connais pas la comptabilité, donc j'ai suivi ce parcours-là. Alors maintenant, pourquoi faire autant d'études ? Parce que j'adore étudier. En fait, j'adore lire, j'adore apprendre parce que je suis très curieux. J'aime bien toujours découvrir.

  • Speaker #1

    C'est infini.

  • Speaker #0

    C'est infini et aussi, moi, je me suis dit, finalement, les études nous amènent à beaucoup d'opportunités et de rencontres. Plus on étudie, plus on va rencontrer des personnes très intéressantes intellectuellement, riches de connaissances. Et c'est surtout ça qui m'intéressait.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu es libre dans tes choix ou tes parents te guident ou te poussent vers des études ? Ou non, entre guillemets, ils te laissent la liberté de choisir à peu près ce que tu veux ?

  • Speaker #0

    Mes parents me disent, il faut que tu arrives à un niveau master. et plutôt il faut aussi un référentiel un peu c'est un truc voilà et mais pas à avoir plusieurs masters et encore moins doctorat psy mais ça sert à quoi un doctorat mais il me faisait confiance il nous faisait confiance en fait à chaque fois et dit voilà tu es tu dis ce que tu veux tu

  • Speaker #1

    es ce que tu veux du moment que ça te plaît et une question que je me pose parce qu'aujourd'hui du coup tu es dean c'est à dire Le patron, tu me diras si c'est ça exactement ou pas, mais de l'ESCP Business School, quand tu es étudiant, tu as aussi une problématique souvent financière, de payer tes études, de devoir te loger, de manger, etc. Toi, à cette époque, du coup, parce que tu fais de longues études, où tu t'enrichis intellectuellement beaucoup, comment tu fais pour vivre financièrement ? Tu as encore sous le toit de tes parents, ou tu bosses encore le week-end ?

  • Speaker #0

    En fait, les deux... Donc, je vivais chez mes parents, donc j'avais ce sens-là. Et aussi, je faisais des petits boulots pour avoir l'argent de poche. Et troisième point, c'est que j'avais la chance d'être boursier. Du coup, ce n'était pas beaucoup, mais ça me permettait aussi de payer les livres, de faire quelques sorties avec les camarades, etc. Donc, je pense que ça, c'était... une chance pour moi. Et donc, ça m'encouragait davantage à étudier. Ce n'était pas que je souhaite travailler, je dirais, le plus longtemps possible. Non, parce qu'entre temps, j'ai fait aussi, j'ai commencé aussi à travailler, tout en étudiant, en fait.

  • Speaker #1

    OK. Et du coup, ton premier job, je ne sais pas si tu es en CDI ou pas, mais c'est à quel âge quand tu as ton premier job ?

  • Speaker #0

    Je crois aux alentours de... De 23-24 ans.

  • Speaker #1

    Ok. D'accord, parce que du coup, les études que j'ai mentionnées avant, tu les as fait en différé après ?

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Le doctorat notamment,

  • Speaker #1

    oui. Ok. Et donc, ton premier job, c'est dans l'audit, parce que tu as un diplôme d'expertise comptable.

  • Speaker #0

    Oui, un master, une MSCCF, maîtrise de sciences techniques comptables et financières, ce qui est très prisé par les cabinets d'audit. Et effectivement, j'ai commencé à faire l'audit. Donc l'audit, c'est la vérification des comptes, la conformité aux règles, à la loi, mais également comment améliorer leur excellence opérationnelle, c'est-à-dire les processus dans les entreprises.

  • Speaker #1

    Et c'est un métier qui t'a plu ? Et je me pose cette question aussi parce que tu vois, quand tu es étudiant, quand tu as tes premières expériences professionnelles, elles sont aussi très significatives. Tu découvres le monde du travail qui est un monde différent du monde d'étudiant. Qu'est-ce que tu te souviens de cette expérience en audit ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai trouvé que c'était très, très, très formateur. Et pourquoi ? Parce que c'était finalement les livres de l'entreprise. les comptes de l'entreprise et finalement c'est la conséquence de leur stratégie de l'entreprise. Et j'essaie de comprendre les cycles d'activité d'une entreprise et ça se reflétait dans les comptes. C'est ça, c'est un apprentissage, c'est finalement de décoder à travers les comptes de l'entreprise finalement les opérations que les entreprises ont faites. les prises de décisions. Et donc, j'aimais faire ça. Et c'est pour ça qu'à tel point que j'aimais que je prenais les dossiers de travail à la maison et je faisais le week-end. Et je lisais aussi parce qu'on avait ce qu'on appelle les dossiers permanents de l'entreprise qui permettent de comprendre le cycle d'activité, les problématiques de l'entreprise. Et pour moi, c'était passionnant. Et c'est comme ça que j'ai progressé très rapidement. en l'espace de à peine neuf mois, j'étais promu chef d'émission, alors que normalement, il fallait trois ans, trois à cinq ans pour devenir chef d'émission.

  • Speaker #1

    Et quand je t'écoute, du coup, ça me fait penser, parce que tu parlais de la loi de Pareto, des 20-80, d'essayer d'optimiser un peu, je pense, ton temps vs la performance ou l'impact que ça a. Et en même temps, je t'entends dire que tu travaillais beaucoup, même le soir, le week-end, etc. Est-ce que pour toi c'est encore, tu vois avec le recul, aujourd'hui tu te dis que c'est quand même... Tu as eu un aspect un peu tactique, stratégique, mais c'est aussi ta valeur travail qui est très forte. Et à un moment qu'il faut passer aussi beaucoup d'heures, peut-être.

  • Speaker #0

    En fait, c'est la passion. Pour moi, je ne dis pas que c'est le temps de travail, c'est la passion, parce que j'étais passionné. Quand je suis passionné à une mission, une tâche, je prends le temps. Et puis, comme je suis curieux et j'adore apprendre, donc quand quelque chose, je ne comprends pas. Il faut que je prenne le temps de comprendre. Et plus j'apprends, plus j'apprends plus vite. En fait, c'est ça aussi. Il y a cette loi algorithmique qui fait que plus on apprend, plus on acquiert une méthodologie et plus vous allez apprendre beaucoup plus vite. Ça,

  • Speaker #1

    je ne savais pas. C'est des facilités que tu développes, des soft skills un peu ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est apprendre à apprendre, en fait. Et ça, j'ai appris par la suite qu'apprendre à apprendre, c'était intéressant. Parce que plus on apprenait... Quelque chose qu'on ne maîtrise pas et une fois qu'on a maîtrisé, plus après on va maîtriser plus rapidement une autre discipline ultérieurement.

  • Speaker #1

    Et du coup, sur tes premières expériences, alors je ne sais pas si c'est dans ton expérience dans l'audit, mais j'ai vu qu'on t'appelait, tu avais un surnom, on t'appelait Monsieur Francis Lefebvre. Oui,

  • Speaker #0

    en fait, parce que dans ma maîtrise... de sciences techniques comptables financières, il y avait beaucoup de l'apprentissage par cœur, c'est-à-dire les lois, les textes de loi. Et donc, en termes de fiscalité, juridique, comptable, il faut connaître les références pour justifier. Et certains clients ou messieurs payants me posaient la question, mais Léon, ils étaient surpris. Ils me disaient, mais sur ce point-là, comment on ferait ça ? Donc, ils aiment bien justement avoir... une vision collective. Pour moi, il me semble que l'article FL de Francis Lefebvre parle de ce point-là. Et après, il regarde et dit, mais c'est vrai. Donc, j'avais un peu finalement les principaux thématiques, en tout cas parties importantes, je les connaissais et je pouvais citer dans telle partie, il y avait ce point-là précis, etc.

  • Speaker #1

    Et du coup, après, alors, Tu commences par l'audit et après tu vas du coup en conseil chez Deloitte. Alors à l'époque, je crois que ce n'était pas Deloitte. Après,

  • Speaker #0

    je suis revenu parce qu'après, j'ai fait trois ans de stratégie dans un cabinet à l'international. Et après, je suis revenu et effectivement, après, j'ai fait du conseil. Ok.

  • Speaker #1

    Et si j'avance un petit peu, alors ce que j'ai vu, c'est que tu devais tes premières vacations. Donc, qui sont les vacations ? C'est des cours, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'enseignement.

  • Speaker #1

    Ok, et à HEC Paris, où ça ne s'invente pas, qui est une école concurrente de l'ESCP Business School. Comment tu as été choisi, avec le recul, pour toi, pourquoi tu as été choisi pour donner des cours à HEC Paris, qui à l'époque c'était déjà l'école...

  • Speaker #0

    Numéro 1, bien sûr. Ok,

  • Speaker #1

    d'accord. Et comment tu as été choisi, c'était une fierté pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est parce que mon directeur de thèse était professeur à HEC. Ok. J'ai fait ma thèse à l'université de Paris Dauphine. À l'époque, il y avait des professeurs de l'ESCP et d'HEC. J'ai eu la chance d'avoir mon professeur superviseur, directeur de thèse HEC. Il m'a dit, Léon, écoute, maintenant, comme tu fais une thèse avec moi, il faut que tu viennes enseigner à HEC. Il m'annonça au mois de juin et pour septembre. C'est des cours d'anglais. Il faut créer... tout le programme parce qu'il m'a donné le syllabus. Il dit tu as toute ta liberté mais tout en respectant les syllabus et puis aussi les cas que tu dois le traduire en anglais, etc. Donc c'est assez passionnant. Mais c'était très difficile parce que j'ai jamais enseigné de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai lu, c'est que les débuts ne sont pas faciles. Et du coup c'est un peu... Encore un apprentissage ? C'est peut-être une louche froide, mais c'est aussi un apprentissage ?

  • Speaker #0

    Mon premier cours à HEC, c'est un cours à l'époque d'1h30, en anglais en plus. Je n'ai jamais fait d'enseignement, évidemment, de comptabilité, de gestion en anglais. Et je ne savais pas comment, finalement, calibrer la durée. Mon premier cours s'est terminé en 50 minutes alors qu'il fallait le faire en 1h30. Parce que je n'avais aucune notion.

  • Speaker #1

    Tu avais un peu un malaise à la fin ?

  • Speaker #0

    D'abord, j'ai trouvé que les études étaient brillantes. En plus, c'était des élèves qui venaient du monde entier. Donc, il faut déjà aussi bien comprendre parce que parfois, dans certains pays, il y a les accents. Donc, il faut bien être à l'aise en anglais pour le niveau, pour comprendre ce qu'ils veulent dire, etc. Et oser parce que j'avais finalement trois à quatre ans d'écart d'âge avec eux. Donc, ce n'était pas beaucoup. Et donc, c'est un apprentissage aussi de tout. Et surtout, deuxième cours, je dis, oh là, là, il faut que je fasse le maximum. Il vaut mieux faire plus que moi. Voilà, donc c'était un apprentissage aussi dans la pédagogie et dans la préparation des cours. Et aussi, ce qui est important, c'est l'apprentissage de l'écoute.

  • Speaker #1

    OK. Et justement, ça m'intéresse parce qu'aujourd'hui, encore une fois, tu es digne de l'ESCP Business School. Moi, j'ai 31 ans, je suis sorti d'études il y a 6-7 ans, et j'ai fait la post-bac du groupe EDEC, qui est une école de commerce également. Et tu vois, je me demandais, enfin, je trouve que c'est dur. Alors, il y a un rapport entre les élèves et les professeurs, et pour être professeur, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    D'abord, l'EDEC, c'est une école excellente, donc bravo. En fait, tout métier n'est pas facile. Je crois que ce qui fait que ça rend plus facile, c'est d'être passionné par rapport à un métier. Et moi, j'ai trouvé ma voie dans l'éducation, notamment dans l'enseignement supérieur. Je crois que c'est ça qui est important. Du coup, la durée de travail, je ne le vois pas. Et aussi, dire que c'est un métier difficile. Probablement, certainement, mais lorsqu'on est passionné,

  • Speaker #1

    évidemment,

  • Speaker #0

    ça passe plus facilement. Et on est toujours dans la quête de l'apprentissage et aussi de soi pour finalement se dépasser, se surpasser. Et dire que lorsqu'un élève vient de te voir, dit Monsieur, je suis vraiment très content grâce à vous, j'ai tout compris. Et puis, j'ai eu la chance d'avoir dans ce métier, qui peut paraître difficile pour certains, mais pour moi, c'est un métier que j'adore, lorsqu'ils viennent vous voir. L'ensemble de la classe, ils vous offrent une bouteille de champagne ou un magnum d'un grand vin, et là vous dites Ah, vraiment j'ai bien fait de faire ce métier Et j'ai eu cette Ausha à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    C'est ta récompense ?

  • Speaker #0

    C'est la récompense. Je crois que c'est la plus belle récompense qu'on peut avoir. Lorsque vos élèves viennent vous voir ou lorsque je les rencontre 10, 15, 20 ans plus tard, qu'ils viennent me dire Mais monsieur, grâce à vous, j'ai aimé la comptabilité. Et ça, je crois que je dis Ah, au moins j'aurais fait changer quelque chose.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la richesse de la transmission. Mais je reviens quand même parce que ce qui m'intéresse de comprendre, c'est aussi comment est-ce qu'à l'époque, tu as un enjeu pour toi de capter l'attention, de te faire écouter ? Parce que moi, j'ai un souvenir aussi, tu vois, des fois, des courses, tu es long. Et même si tu as quelqu'un en face de toi qui est hyper passionnant, il faut réussir à captiver un peu son public et maintenir l'attention. Est-ce que tu as des souvenirs autour de ça ? Est-ce que tu avais un peu des techniques pour capturer l'attention des étudiants ?

  • Speaker #0

    Tu sais, Nicolas, chaque année ou chaque promotion, chaque groupe d'élèves est différent. Et c'est ça qui fait la beauté. Et donc, c'est difficile. On apprend tout le temps.

  • Speaker #1

    Tu te remets toujours en question.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait depuis 1996 que j'enseigne. Et chaque année, je dois apprendre, je dois m'adapter. Et je crois que c'est ça la beauté de l'enseignement. Et effectivement, capter l'attention au fil des années, on apprend. Moi, j'aime bien raconter des histoires. Je raconte l'histoire sur la comptabilité. Parce que c'est vrai que si vous parlez des comptes, pour certains qui adorent, alors il y a une facilité, mais certains ou certaines qui n'aiment pas, ou a priori, du coup, on est moins captif. Et moi, j'aime bien raconter l'histoire. Et puis j'aime bien raccrocher par rapport au réel. Donc j'aime bien donner des exemples aussi de ce qui se passe. grâce à mon expérience professionnelle.

  • Speaker #1

    Tu donnes des cours à HVC Paris, c'est en parallèle de ton boulot du coup ? Merci d'avoir écouté cette première partie d'épisode des Sages. Vous pouvez écouter la deuxième partie, écouter la suite, à la suite de cet épisode sur votre plateforme préférée. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et c'est vraiment super encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, merci pour ça. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcasts, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour cet épisode, nous sommes ravis d’accueillir aujourd’hui Léon Laulusa, le Dean (Président) de l'ESCP Business School :


  • Léon est Président de l'ESCP Business School, classée 2ème école de commerce Française par le prestigieux Financial Times, derrière HEC Paris. Il prend la direction de l'école en mai 2023, après 18 ans au sein de celle-ci, à apprendre tout les rouages et la culture de cette école historique.


  • Léon est arrivé en France à l'âge de 8 ans, en provenance du Laos avec sa famille, après avoir fui un contexte de guerre civile. Il tombe alors amoureux de la France qui l'accueille lui et ses proches, qu'il voit comme un vrai pays de libertés et d'émancipation intellectuelle.


  • C'est un également un Homme pour lequel l'humilité et la valeur travail sont centrales. Il diffuse sa vision du monde de l'éducation de demain, en expliquant l'importance de prendre du plaisir et de s'adapter dans le monde de demain, notamment avec l'arrivée de l'IA. Léon a toujours grandi en apprenant des plus expérimentés que lui, notamment avec Yannick Noah, quand il était ramasseur de balles à Rolland Garros.


Dans ce 7ème épisode, nous avons parlé de la proposition de valeur d'une école de commerce par rapport à du contenu gratuit comme il existe dans les podcast ou sur Youtube, des nouveaux modèles éducatifs comme l'école 42 de Xavier Niel, ou encore de la méditation, ou du fait d'apprendre tout au long de la vie !


Bon voyage avec Les Sages ! 



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre dans un format inédit qui est négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les... les plus grands leaders et leadeuses qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur emprunter. Bon voyage avec les salles. Léon Lalouisa est un symbole de maïtocratie. Arrivé quand il était petit en France, en provenance du Laos avec ses parents, il découvre la différence et la richesse de la France,

  • Speaker #1

    un pays dont il tombe amoureux.

  • Speaker #0

    Léon est assaufé de curiosité et commence à apprendre à travers son expérience dans le tennis. Au début ramasseur de balles, il finit capitaine des ramasseurs en côtoyant les plus grands, notamment Yannick Noah. Léon apprend ses bases dans l'audit et la comptabilité,

  • Speaker #1

    puis tombe amoureux une deuxième fois,

  • Speaker #0

    cette fois-ci de l'apprentissage et de la transmission. Il donne ses premiers cours à HEC Paris, puis finit par rentrer à l'ESIP Business School.

  • Speaker #1

    18 ans plus tard,

  • Speaker #0

    il devient le président de cette prestigieuse école de commerce, classée deuxième école en France. Léon est un stratège, qui observe et écoute et déploie une vision sur l'éducation de demain. Allez,

  • Speaker #1

    on y va avec Léon ! Bonjour Léon, et merci d'avoir accepté mon invitation pour ESH.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très bien, et toi, ça va ?

  • Speaker #1

    Écoute, ça va. Merci de nous accueillir. Du coup, on est sur l'un des campus de l'ESCP Business School. Oui. Du coup, on est à la frontière entre Paris et le Valois-Péret, c'est ça ?

  • Speaker #2

    On est à Paris 17ème, donc sur le site de Paris-Champéret. Effectivement, nous avons aussi à Paris un autre site qui est à... Paris Montparnasse dans le 15e. Et puis après, nous avons cinq autres sites, évidemment à Berlin, Londres, Madrid, Turin et Varsovie.

  • Speaker #1

    Ok. Donc une école internationale. D'ailleurs, en préparant l'interview, vous avez changé de nom il y a peu de temps. Parce que pour moi, c'était l'ESCP Europe. Et maintenant, vous vous appelez l'ESCP Business School.

  • Speaker #2

    Oui. Le nom commercial, c'est l'ESCP Business School. Pourquoi ? Parce que nous sommes une école internationale. pan-européenne et l'Europe est consubstantielle à l'ESCP. Et on veut aussi rayonner notre marque au niveau mondial. Et lorsqu'on dit ESCP Europe, on pense que c'est une école européenne pour l'Europe. C'est vrai. Alors que l'ESCP Business School, c'est une école européenne avec un rayonnement mondial. Ok,

  • Speaker #1

    bon, peut-être préparée aux métiers sur tous les continents.

  • Speaker #2

    Absolument, et c'est déjà le cas. Ok.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Alors, est-ce que pour commencer, du coup, je peux te demander de te présenter en quelques phrases pour les auditeurs ?

  • Speaker #2

    Léon Lollusa, j'ai 56 ans. Je suis vraiment ravi d'être avec toi, Nicolas, et avec ton émission. Mon parcours, très simplement, je suis d'origine laotienne-chinoise. Je suis arrivé à l'âge de 8 ans. en France en 1976 plus précisément. Et donc j'ai eu la chance, et je crois que ça c'est la chance de la France, d'accueillir les personnes issues de l'immigration. Et moi j'étais un réfugié, enfin avec ma famille, réfugié politique. Et grâce à toute la scolarité, la méritocratie républicaine, de pouvoir justement exercer des métiers dont je suis passionné et qui m'intéressent.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'était justement une de mes questions. Pourquoi, avec ta famille, vous avez fait le choix de venir en France ? Donc, c'était pour des raisons politiques. Ça veut dire qu'il y avait un contexte de guerre, peut-être ?

  • Speaker #2

    Il y avait une guerre civile dans notre pays. Et je me souviens, j'avais huit ans. Et à l'aéroport, il y avait les militaires qui surveillaient. Et les militaires demandaient à ma mère, parce que mon père ne venait pas avec nous. Donc, j'avais mon frère aîné qui était avec moi. Et j'avais mon autre grand frère et ma grande soeur qui étaient à Hong Kong qui faisaient les études. Et après, on s'est rejoint en Thaïlande. Et je me souviens à cette époque-là, j'avais presque 8 ans. Et les militaires demandaient, mais vous allez où ? Et ma mère disait, je vais aller en France amener mes deux enfants en France pour des soins dentaires. Et donc sans mon père, parce que justement, il fallait... Surtout ne pas dire qu'on partait, qu'on quittait définitivement. Donc on a tout laissé nos biens, le patrimoine au Laos pour venir. Et on a la chance d'être accueillis en France par la Croix-Rouge en tant que réfugiés politiques. Et ça, ça m'a marqué à vie. Et mes parents, lorsqu'on est arrivés, on a atterri à Roissy-Charles-de-Gaulle, ils disent maintenant la France est ton pays.

  • Speaker #1

    Ok. Et pourquoi à l'époque, pourquoi la France ? C'était un pays qui faisait rêver, je ne sais pas si c'est le mot, mais pourquoi ils ont choisi la France ? Peut-être, je ne sais pas, il y a peut-être l'Allemagne ou l'Espagne ou les États-Unis ?

  • Speaker #2

    Clairement, en fait, c'est parce que mon papa a fait le lycée français. Et donc, il parlait français et il parlait aussi anglais. Parce que mes parents avaient une société d'import-export. Donc, on achetait des produits français. On importait, en tout cas, mes parents au Laos. Et donc, c'était le choix porté soit les États-Unis, soit la France. Pourquoi la France ? C'est parce que ma tante, donc une cousine de ma mère, habitait depuis les années 50. Elle me dit que la France est géniale, un pays très cultivé, très ouvert en termes de culture. culture très ouverte et aussi c'est l'époque où ils accueillaient ce qu'on appelle les réfugiés boat people en fait. Et alors pourquoi on n'a pas choisi les États-Unis ? Parce que c'est vrai que mon père voulait aller aux États-Unis parce que nos amis aussi disaient mais les États-Unis vous pouvez réussir en tant qu'entrepreneuriat.

  • Speaker #1

    Le rêve américain.

  • Speaker #2

    Le rêve américain, tout est possible. Et on a plutôt choisi la culture, justement l'apprentissage. Parce que la France est un pays, un grand pays de culture.

  • Speaker #1

    Vu de l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça que le choix qui a été fait finalement par nos parents, de venir en France et puis on a eu la chance, comme je disais, d'être accueillis par la Croix-Rouge durant six mois pour qu'on s'adapte à notre nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Parce que c'est quand même... Moi, j'ai voyagé... Le seul road trip de six mois dans ma vie que j'ai fait, c'était en Asie. Et mon papa vit là-bas, d'ailleurs. Donc, entre l'Asie et l'Europe, c'est quand même deux cultures qui sont différentes. Toi, t'arrives, t'as huit ans, je crois. Comment ça se passe ? Est-ce que c'est simple ? C'est quoi tes premières impressions ? Est-ce que t'as un temps d'adaptation ?

  • Speaker #2

    En fait, quand on est enfant, le temps d'adaptation est relativement rapide. C'est vrai, à cette époque, je ne parlais pas du tout français. Et moi, le mot que mon papa m'a appris, il dit tu dis merci Donc la première personne qu'on me voyait, qui me parlait, je dis merci Et à chaque fois qu'on me disait quelque chose, je disais merci et je souriais. Et en fait, ce qui m'a marqué, c'est que lorsqu'on est enfant, on adore les glaces. Et je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Et donc, je trouvais bizarre, c'est qu'on mangeait les viandes, mais sans découper en petits morceaux. Vous savez qu'en Asie, on aime bien avoir des petits morceaux coupés, etc. Et donc, j'avais un steak et je me disais, c'est bizarre, c'est un grand steak. Et puis, il n'y avait pas de goût et il fallait mettre du sel et du poivre, c'est tout. Et il n'y avait pas de sauce. Et je me disais, mais c'est bizarre. Et puis, il faut couper ça. Donc, il faut avoir l'habitude de couper et de manger. Et je dis, mais... Ça, je n'aime pas trop, je ne suis pas très habitué. En revanche, les glaces, tout le monde adore. Donc, je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Donc, je m'empressais de manger rapidement. Et puis après, ma première cuillère du yaourt, je dis mais elle est bizarre cette glace. Elle est très acidulée et puis il n'y a pas de sucre. Je dis mais c'est quoi ce pays où on mange des choses qui sont totalement différentes ? Deuxième chose que j'ai découvert, je dis mais c'est bizarre sur le sol. Il y a des glaçons, en fait, c'était des glaces, en fait, parce qu'il y avait la neige. C'était l'hiver. C'était l'hiver et on est arrivé le 1er janvier 1976. Et là, je découvrais...

  • Speaker #1

    C'était par hasard, juste, cette date du 1er janvier ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est vraiment par hasard. C'était pas complètement...

  • Speaker #1

    Choisi.

  • Speaker #2

    Choisi, etc. Et c'est pour ça qu'on a dû attendre, parce que comme c'était le jour de l'an, pour que la Croix-Rouge arrive, etc. pour venir nous accueillir et pour nous placer dans un camp, temporairement. Et donc, c'est un camp d'accueil. Et c'est là que j'ai dit, tiens, la nourriture, elle est différente. Le temps, il fait très froid. Et en plus, il y a la neige. Je n'ai jamais connu de neige de ma vie. Et en plus, quelques mois plus tard, quand on s'est retrouvé à Paris, puisqu'on est parti à Metz, à l'est... de la France pendant six mois. Et lorsqu'on est revenu à Paris, là, j'ai eu la chance d'aller en colonie de vacances, à la montagne. Et là, pour moi, c'était un rêve, parce que lorsqu'on vous amène durant la nuit en car, Et le lendemain matin, vous ouvrez vos yeux et vous voyez les montagnes remplies de neige. Et là, vous vous dites, mais je suis dans un rêve ou c'est la réalité ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu n'avais jamais vu. Dans des livres peut-être ou à la télé ?

  • Speaker #2

    Même pas. À la télé, c'était en noir et blanc. Et donc, c'était vraiment... Et ça, pour moi, je me dis, mais est-ce que je suis dans un rêve ou c'est la réalité ? Et pour moi, et puis c'était une grandeur aussi. Et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Et quand même, quand t'arrives, quand t'as 8 ans, du coup, tu me dis si je me trompe, mais tu parles pas français. Non. Parce que ça, c'est aussi un peu un enjeu, je pense aussi, pour comprendre, pour se faire des amis, comprendre la culture, etc. Est-ce que t'es scolarisé, du coup ?

  • Speaker #2

    Oui, avec deux ans de retard, en fait. Parce que, donc j'avais 8 ans. Alors, c'est vrai qu'en France, ils disent, vous avez 8 ans, c'est au CE2. Donc j'arrive au CE2. Et donc la maîtresse, même si j'avais six mois d'adaptation, où on nous apprenait le français, je commençais à comprendre un petit peu. Mais à parler, à lire, tout ça, c'était difficile. Et donc la première chose, quand j'arrivais au CE2, la maîtresse me dit mais vous lisez le livre Et donc je commençais à lire, mais en fait, je lisais que les articles. Je disais le la les etc. je ne pouvais pas prononcer les autres mots parce que je n'avais pas appris. Et donc là, je me souviens, les jeunes camarades de l'époque riaient, se moquaient de moi et disaient mais c'est bizarre, il ne sait pas parler français, etc. Et donc, du coup, je me suis retrouvé en deux classes inférieures au CP, au cours préparatoire, pour justement apprendre à parler, à épeuler avec les syllabes, etc. le français.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que tu es rentré en CE2. Et entre guillemets, tu as été rétrogradé en PP pour pouvoir apprendre et mieux t'adapter.

  • Speaker #2

    Alors, j'avais une chance, c'est que j'étais très en avance en mathématiques.

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que les maths, c'est un peu universel, le langage des maths.

  • Speaker #2

    Oui, dans le calcul, donc j'étais très à l'aise. Et après, ce que tu dis est très juste, comme je ne pouvais pas m'exprimer avec les camarades de classe, donc la maîtresse dit, mais l'enfant, il est trop sage. Il est trop timide. Oui, c'est normal, parce que comme je ne pouvais pas m'exprimer, et je ne savais pas, et le moyen, dans la récré, comme j'avais du mal à m'exprimer, et pour m'interagir, il y avait des enfants qui s'amusaient à se battre, en amusement. Eh bien, j'essaie de me battre. en amusement avec eux pour essayer de me socialiser.

  • Speaker #1

    De créer du lien. De créer du lien. C'est un langage versel.

  • Speaker #2

    Et sans pouvoir parler, parce que j'avais du mal, je ne comprenais pas totalement. Et donc, grâce au CP, j'ai pu apprendre à lire, écrire, etc. Et comme les mathématiques étaient faciles pour moi, du coup, j'ai suivi ça très, très facilement, l'adaptation et la scolarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as dû, entre guillemets, tu vois, le soir, je ne sais pas si ça se faisait, des cours pour apprendre plus vite ? Parce que j'ai l'impression que tu étais aussi issu d'une famille où l'apprendre sèche, c'est important. Et tu vois, pour attraper un peu ton retard, au-delà de la journée comme tout le monde, est-ce que le soir ou le matin, je ne sais pas, ou le week-end, tu avais des cours de français ou tu regardais dans les livres ?

  • Speaker #2

    Non, parce que pour moi, c'est que j'ai appris cela. quand j'ai quand même fait deux années d'études au Laos, c'est que...

  • Speaker #1

    C'était la maternelle, en gros ?

  • Speaker #2

    Non, même, c'est un peu l'équivalent du cours préparatoire et le CE1, en fait, finalement. Et j'étais dans une école bilingue, laotien et chinois, un mandarin. Une école privée. Et donc, c'était très strict. Et il fallait écouter le professeur ou la maîtresse de la maîtresse. etc. Donc, j'écoutais. Donc, moi, quand j'étais en classe en France, j'écoutais. J'écoutais et j'appliquais. Voilà ce qu'il fallait faire. Et mon père, justement, le soir, lui, il aime bien la précision, l'excellence. Et donc, il me dit, il faut bien écrire. Il faut bien appliquer. À l'époque, il y avait le buvard, etc. Il faut bien écrire les lettres, ça. Et donc, il me dit, mais oh là là, ça ne va pas du tout. Tu écris mal. Il faut bien écrire. appliquer, il faut prendre le temps de bien écrire. Et comme ça, j'ai appris avec lui à bien écrire pour prendre le temps. Mais sinon, c'est moi qui travaillais tout seul. C'est-à-dire qu'on avait les livres, etc. Il fallait faire les exercices demandés par la maîtresse de l'école.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #1

    Si je reviens sur un passage un petit peu en amont que tu as évoqué, si tu me le permets. Quand tu arrives en France, tu dis que vous arrivez dans un camp. Est-ce que tu as des souvenirs ? Qu'est-ce que c'est concrètement ? Est-ce que c'est pendant quelques semaines ? Vous êtes avec d'autres personnes qui sont issues de l'immigration, peut-être politique. Est-ce que tu t'en souviens ? Comment tu l'as vécu ? Est-ce que c'était dur ?

  • Speaker #2

    Oh, c'était pas dur parce que pour nous, mes parents, même si j'avais 8 ans, mes parents ont dit voilà, il y a la guerre, en tout cas civile. Et je me souviens parce qu'au Laos, il y avait les militaires tous les soirs qui venaient voir mes parents en disant bon, il faut que tout ce que vous faites appartient à l'État. Donc il faut venir aux réunions, comment aider l'État, etc. Et donc nous, on a pris la décision de partir et de tout laisser. Et on avait la chance, c'est la santé et la famille étaient là. Donc lorsqu'on arrive, on a été accueillis. Et ça vraiment, c'est une chance incroyable que la France nous accepte d'être accueillis dans un camp d'accueil. Je me souviens, c'est à Créteil, pendant deux semaines. Évidemment, c'est des chambres. Et puis, vous êtes plusieurs personnes, vous êtes quatre dans une chambre, etc. Mais pour nous, on était contents. Donc, après les deux semaines, il y avait le choix d'aller dans telle ou telle région de France. Et on avait pris le choix d'aller en fait à Metz parce que ma tante habitait dans cette région. Et comme ça, pour être plus près d'elle. Et on est resté dans ce camp d'accueil. C'est un peu un foyer sonacotra.

  • Speaker #1

    Sonacotra ?

  • Speaker #2

    Oui, on dit ça. Tu vois, en fait, tu as une chambre où tu as quatre personnes. Il n'y a pas de douche, etc. Donc, c'est des douches collectives. Pendant six mois, on était là, mais on était très contents. C'est le temps d'adaptation pour les réfugiés. Ils ont proposé des métiers à mes parents dans la région de Metz. Et mes parents ont dit non, non, nous, on... On préfère venir sur Paris ou revenir sur Paris parce qu'il y a plus d'opportunités de travail. Du coup, mes parents se sont retrouvés évidemment ouvriers. Mon père a chez Renault, par exemple. Ma mère, c'est Suchard. À l'époque, il y avait une usine de chocolaterie, etc. Alors qu'ils étaient commerçants, entrepreneurs.

  • Speaker #1

    Comment ils l'ont vécu ? Ça me fait penser à dans les sages dans la saison 1, on a interviewé la famille Klaba qui est à l'origine de OVH, l'hébergeur. Et eux c'était des immigrés polonais et pareil Henri Klaba lui en Pologne c'était un haut dirigeant et il est retourné entre guillemets en bas de l'échelle. Et j'ai l'impression que c'est un peu la même chose pour tes parents. Comment ils l'ont vécu ? Est-ce que tu vois le fait d'être accueilli par la France ça a pris le dessus ? Même si peut-être le quotidien était moins plus dur. Comment ils l'ont vécu ? de changer de métier, de retourner peut-être en bas de l'échelle ?

  • Speaker #2

    En fait, ce n'est pas grave. Pour nous, ce n'est même pas le bas de l'échelle. C'est-à-dire que pour nous, la chance, c'était qu'on était tous réunis, sains et saufs. Je crois que c'est ça la chance. Et d'abord, c'est de la liberté.

  • Speaker #1

    Premier objectif.

  • Speaker #2

    Ça, c'est le premier objectif. Et la liberté, je crois que c'est ça le point. Et aussi de pouvoir, grâce à la France... d'apprendre grâce à l'éducation, etc. Je crois que c'est ça le point. Évidemment, c'était dur pour mes parents, surtout pour ma mère qui ne parlait pas français. Déjà, de prendre le métro pour aller au travail. Donc ça aussi, il faut reconnaître. Donc, elle comptait les stations de métro.

  • Speaker #1

    Oui, comme forcément, elle n'arrivait pas à lire, à chercher un autre moyen de...

  • Speaker #2

    Voilà, pour dire, est-ce que je me trompe ? Et puis, on ne peut pas se tromper de sortie. Parce que si il y a... Il y a un métro qui a deux sorties, il ne faut pas se tromper. Donc, tu vois, c'est des adaptations comme ça, mais on était vraiment très soudés par rapport à ça. Donc, ce n'était pas pour nous, évidemment. On était contents parce que c'était pour nous une nouvelle vie. Et donc, il faut créer cette nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et tu as évoqué le mot liberté. Pour tous les Français, c'est dans la devise, etc. Mais en fait, moi, par exemple, j'ai grandi en France et tu vois, on n'a jamais connu l'inverse de la liberté. Et c'est quoi pour toi la liberté ? Tu vois comment dans ta définition de la liberté, c'est la liberté de parole, c'est la liberté de bouger. C'est quoi pour quelqu'un qui n'a pas vécu justement ? qui a vécu la liberté maintenant, mais avant, tes parents ne l'ont pas vécu.

  • Speaker #2

    En fait, c'est la liberté de penser, la liberté en termes de mobilité. Donc, tout type de liberté où on peut faire ce qu'on souhaite, on peut dire des choses, ce qu'on pense, librement. Je crois que c'est ça qui est important. Et la liberté d'entreprendre aussi. Et c'est tout ça. Et ça, c'est un parti pris de mes parents. Ils ont dit, nous, on a fait le choix de partir.

  • Speaker #1

    OK. Pour retrouver cette liberté, se retrouver en famille de manière safe. Oui,

  • Speaker #2

    absolument.

  • Speaker #1

    Si j'avance un peu dans ton parcours, du coup, est-ce que là, tu es au collège, ton lycée en France. Est-ce qu'à ce moment-là, tu as des passions ou déjà tu as des rêves ? Tu veux devenir, faire un métier en particulier ?

  • Speaker #2

    À cet âge-là, je n'avais pas de rêve de métier. Et là, je me suis retrouvé, c'est le tennis. J'avais une passion grâce à mon grand frère qui adorait jouer au tennis. Donc je l'ai suivi, etc. Et j'ai touché la raquette et j'ai aimé. Et donc j'ai commencé à faire la compétition, etc. Et à tel point que lorsque j'étais adolescent, j'ai postulé, candidaté à Roland-Garros. pour être ramasseur de balles. Donc, j'ai fait ça pendant trois années. Et c'est trois années passionnantes.

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Alors, qu'est-ce que tu as aimé dans le tennis quand tu dis la raquette ? C'est quoi concrètement ? Pourquoi ce sport t'a fait un... Pourquoi tu as aimé ce sport ? Tu as eu un déclic envers ce sport ?

  • Speaker #2

    J'ai aimé ce sport parce que c'est un sport très tactique. En fait, on peut gagner un adversaire sans être le plus fort. Et moi, j'aimais cela. C'est-à-dire, moi, j'aime bien... lorsque je joue avec quelqu'un, les premiers jeux, j'essaie de trouver ses défauts. Et ses points de faiblesse, finalement. Et après, je vais jouer sur ses défauts. Même si mon jeu n'est pas beau à voir, le but, c'était de le renverser et de gagner la partie. Lorsque j'étais en compétition, bien entendu. J'aimais beaucoup, et c'était ce jeu à la fois de tactique, mais de force et d'endurance. Donc je trouvais que ce sport était très complet.

  • Speaker #1

    Et comment, quand tu parles de tactique, de stratégie, comment concrètement, en amont des matchs, parce que tu jouais, je crois que tu as joué un peu à un niveau quasi professionnel, je crois, mais comment tu te renseignais sur l'adversaire en amont ? Parce que concrètement...

  • Speaker #2

    En fait, moi, j'étais un amateur, modestement. J'étais classé, effectivement, mais je jouais en championnat de France, en championnat de Paris, etc. En fait, c'est qu'on connaît le classement. Si j'avais un adversaire mieux classé que moi, je suis challenger. Et comment le gagner ? Parce que lui, il est sûr de lui. Il dit, c'est quelqu'un qui est moins bien classé que moi, il est plus petit que moi de taille, etc. Et moi, c'est que déjà, les premières balles d'échauffement, ça nous permet de voir sa force, sa puissance et ses points forts. Et après, c'est au cours de matchs qu'on peut s'apercevoir. Donc, je fais des tests. Donc je fais des lobes, je fais des revers coupés, ce qu'on appelle slicés, des coups droits, enfin tout type de coups.

  • Speaker #1

    Pour voir sa réaction.

  • Speaker #2

    Exactement, pour tester. Là où il est à l'aise, là où il est moins à l'aise. Est-ce qu'il est à l'aise au filet, au moins, etc. Et comme ça, les quatre premiers jeux, ça me permettait de le tester, de voir là où je peux gagner. Et c'est comme ça, après je reconstruis mon jeu pour justement faire la différence.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup... Finalement, tu étais peut-être meilleur, on va dire, dans la tête que physiquement. Et tu jouais avec ta force de tactique, de stratège ?

  • Speaker #2

    Exactement. C'est-à-dire que je jouais sur mes points forts. Donc, je cachais mes points faibles. En fait, c'est là le point. Et ça, lorsque j'ai eu l'assent d'être ramasseur de balles à Roland-Grosse, j'ai croisé Yannick Noah, c'est ce qu'il m'a dit. Donc, j'ai dit, mais Yannick... Quel conseil tu pourrais me donner pour moi qui souhaite progresser ? Il m'a dit d'abord je ne t'ai pas vu jouer, mais il faut que je te vois jouer. Et la deuxième chose c'est que renforce tes points forts. C'est toujours ça qu'il faut renforcer, ces points forts.

  • Speaker #1

    Et quand tu vois Yannick Noah, tu oses aller lui parler ? Tu le connais ? Tu as du culot ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est le culot. Moi, j'adore. Moi, c'est comme ça. Pour moi, il n'y a pas de barrière. C'est une personne, bien connue, etc. Et je m'approche de lui, je dis Yannick, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je peux parler avec toi ?

  • Speaker #1

    Comme tu le disais, avec tes parents, etc. Et du coup, il te dit d'aller sur tes points forts. Et si on revient en amont, tu es un passionné de tennis et donc tu rentres en tant que ramasseur de balles à Roland-Garros. C'est un job que tu fais à côté, c'est un job passion, c'est un job pour gagner un peu d'argent aussi ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est que d'abord on candidate à la Fédération Française de Tennis et on est présélectionné. Donc il y a des tests, c'est au mois de... De février, on sait qu'on est présélectionné. Et ils convoquent à l'époque 300 personnes pour retenir une centaine. Et donc, comment ? On fait des tests d'endurance. On va courir au bois de boulonne pendant une heure pour voir si on tient au moins. On va faire des tests de jets, de lancement de balles, etc. Et comment on ramasse, etc. Et pour voir si on écoute. Et donc, il y a... trois semaines de test, trois week-ends de test. Et à l'issue de ça, on dit qu'on est sélectionné pour être à Roland-Garros. Et donc, j'ai eu la chance d'être sélectionné. Effectivement, c'est trois semaines où il faut être absent à l'école. Et en fait, comme on n'est pas majeur, on a des bons d'achat dans une boutique de vêtements de sport. Et à l'époque...

  • Speaker #1

    C'est ta rémunération ?

  • Speaker #2

    C'était une super rémunération parce qu'en trois semaines, j'avais 3000 francs. En 1983, c'est énorme. C'est comme si tu dis que tu as 3000 euros en trois semaines. En termes de pouvoir d'attraper. C'est super. J'étais très, très content.

  • Speaker #1

    Tu avais quel âge du coup ?

  • Speaker #2

    Là, à l'époque, j'étais en quatrième. Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    C'est fou.

  • Speaker #2

    Donc c'était pas pour l'argent en fait que je faisais ou pas. L'argent au sens d'avoir un bon d'achat pour acheter ces vêtements de sport.

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une expérience et c'était la passion du tennis, de rencontrer mes idoles. Yannick Noah, bien entendu, John McEnroe, tous les grands joueurs professionnels. Et ça, c'était de s'approcher, de voir au plus proche. Et oui, et comment ils jouent, vraiment, et la force. Et ça, il y a une différence entre la télé et la réalité. Et on dit, waouh, à la télé, on ne voit pas la force. puissance alors que sur le terrain et lorsque vous ramassez une balle même au service lorsqu'il faut un service et qu'il y a un rebond vous prenez la balle je peux vous dire que leur service est assez puissant.

  • Speaker #1

    Et du coup tu deviens, j'ai l'impression que tu as vraiment cette logique d'apprentissage quasi quotidienne déjà à l'époque et du coup ça te permet peut-être d'être meilleur et du coup tu deviens tu m'as raconté Capitaine des ramasseurs de balles et après capitaine des capitaines.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est que d'abord, on attribue un responsable de l'équipe, qu'on appelle ça dans chaque cours. On a un responsable de l'équipe qui va organiser justement qui va ramasser, qui va être en pause, etc. Pour que tout se passe bien durant les matchs, évidemment. Et donc, j'étais tout de suite pris comme capitaine d'une équipe. Et après, il y a une grade, en tout cas en termes de capitaine, c'est-à-dire que les meilleurs capitaines étaient dans, évidemment, les cours numéro un à l'époque, cours central, et donc là où il y avait la télévision, où il y avait les matchs des stars. Et donc petit à petit, je commençais à aller dans les meilleurs cours, les cours où il y a beaucoup de public. Et après, la deuxième année, j'ai repostulé, évidemment, j'ai été accepté, et là je suis devenu capitaine des capitaines. C'est-à-dire, en fait, le responsable de toutes les équipes pour, évidemment, coordonner et puis choisir les personnes. Et donc, ça, c'est en fait, finalement, un apprentissage à comment mieux ramasser, évidemment, ça veut dire s'améliorer et puis à respecter les règles. Et ça, c'est important. Et c'est pour ça, je pense que mes premières leçons de leadership. Je crois que j'ai appris quand j'étais ramasseur de balles.

  • Speaker #1

    C'était un apprentissage implicite à l'époque. Je pense qu'on ne se dit pas qu'on apprend sur le leadership. Et parce que du coup, tu avais une fonction de management.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que lorsque tu as des adolescents, certains t'écoutent, mais certains t'écoutent pas.

  • Speaker #1

    Il n'y avait que des ados ou tu avais des gens beaucoup plus âgés ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait que des ados. En fait, la personne la plus âgée avait 18 ans, enfin une personne majeure. Dans la même portage. La grande majorité, ils avaient entre 13 et 15 ans. Et chacun veut voir ses idoles, ne respectent pas, etc. Et donc, par exemple, les temps de pause, normalement tu as un quart d'heure, mais certains, ils vont faire une demi-heure. Donc, il faut les faire comprendre, qu'il faut respecter, etc. Et qu'il y a un roulement, etc. Donc, tu vois, c'est un management. Donc, il faut les relations avec autrui, avec l'autre. C'est important. Il faut comprendre, etc. Voilà, donc je crois. Et puis, il faut fédérer l'équipe. Il faut encourager aussi l'équipe.

  • Speaker #1

    OK. Et comment on devient... Parce que dans le management, il y a aussi une notion de légitimité pour te faire accepter de tes équipes. Comment tu deviens légitime auprès de tes équipes ? Et aussi, en amont de cette interview, on en parlait et tu me disais que ton objectif, c'était de créer de l'énergie avec ces gens.

  • Speaker #0

    Oui, parce que, en fait, déjà, ta législative vient du fait que tu es le responsable de l'équipe, donc tu es capitaine. Donc, ils sont censés t'écouter. Donc,

  • Speaker #1

    désigner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que sinon, s'ils ne t'écoutent pas, on peut rapporter à notre responsable, justement, là, plutôt côté administratif. Donc, c'est les personnes adultes. Et on dit, celui-là n'a pas de confiance, donc il ne va pas revenir la deuxième semaine. Parce que, comme tu sais, la première semaine, il y a une centaine. Et après, on réduit parce qu'il y a moins de matchs. Donc, on a moins de besoin de ramasseurs de balles.

  • Speaker #1

    T'as envie d'aller jusqu'à la finale ou jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Exactement, jusqu'au bout et de rester, de faire la haie d'honneur, etc. Donc, c'est important. Donc, tu vois, il y en met quand même au début certains comme c'est des passionnés du tennis. Donc, je comprends. Ils veulent aller voir tel match ou rencontrer tel tennisman connu, etc. Et donc, je pense qu'il faut aussi parler avec l'équipe, donc les membres de l'équipe, dire voilà, il faut que tu respectes telle chose. Donc, il faut être transparent, ce qu'on attend. Et donc, déjà, être clair, donner les règles du jeu au départ. Donc, je dis voilà, ce que j'attends de vous, c'est de faire ça, ça. Et puis, nous sommes une équipe, donc il faut qu'on crée une énergie. Il faut que finalement, durant le match. On soit invisible pour les compétiteurs, ceux qui jouent ou celles qui jouent, parce qu'ils ou elles sont tellement concentrés, on est là pour leur servir, mais il ne faut pas qu'on soit visible. Donc il faut qu'on soit le moins de bruit possible et le mieux servir pour qu'on les dérange moins.

  • Speaker #1

    Ok, c'est intéressant ça, parce que c'est vrai que je pense que dans tous les sports, il y a une notion de concentration qui est hyper importante. Mais j'ai l'impression que dans le tennis, limite encore plus.

  • Speaker #0

    Je prends l'exemple, Yannick Noah, que j'ai eu la chance de ramasser à plusieurs reprises, notamment contre Mats Willander. Il ratait un coup, en tout cas, où il n'a pas fait ce qu'il a souhaité faire. Il me regardait les yeux dans les yeux et il parlait, mais il parlait à lui-même. Il était tellement concentré qu'il ne me voyait pas alors que j'étais en face de lui. Et ça, c'est... Pour quelqu'un, un enfant, un adolescent, il dit mais c'est bizarre.

  • Speaker #1

    Pourquoi il me crée-tu ?

  • Speaker #0

    Pourquoi il m'agresse un peu comme ça ? Mais en fait, non, c'est parce qu'il était tellement concentré. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir cette attitude zen et ne pas bouger et ne pas réagir parce que sinon, ça va le déstabiliser.

  • Speaker #1

    Ok. Tu vois, même dans le milieu professionnel, on en parlera, mais c'est un début même d'apprentissage, un peu de gestion des émotions. Tu vois, de ne pas réagir justement à une réaction de l'autre qui peut te paraître hostile.

  • Speaker #0

    Oui, et ça, je pense que ça aussi, j'ai appris grâce à cela aussi, de ne pas réagir tout de suite. Il faut comprendre l'autre, pourquoi elle est réagie ainsi, et pas face à nous ou vis-à-vis de nous, mais parce qu'elle était tellement concentrée sur un but bien précis. Oui,

  • Speaker #1

    hyper intéressant. Et du coup, tu as un très bon niveau en tennis. Tu joues dans ta classe d'âge, tu joues quasi à niveau national ou professionnel, on peut dire ça.

  • Speaker #0

    Plutôt régional. Et au début, je voulais faire sport-études. Donc j'ai eu l'occasion de parler avec Jean-Paul Lotte, etc. Il m'a dit oui.

  • Speaker #1

    Jean-Paul Lotte, c'est qui pour notre éclair ?

  • Speaker #0

    C'était à l'époque l'entraîneur national. Donc au niveau de la fédération, il était équipe, il faisait partie de l'équipe de France et capitaine justement pour la Coupe d'Evis lorsque Yannick Noah était... joueur dans l'équipe. Et il m'a dit, oui, mais par rapport à mon âge, par rapport à ma taille, tout ça, déjà, je n'étais pas dans l'équipe nationale, ça c'était clair. Je n'avais pas la force et puis le niveau nécessaire. Mais quand même, si je voulais faire un métier, effectivement, c'était le sport-études qu'il fallait. Mais mes parents ont dit non. parce qu'ils ont bien raison, mais sur le moment, je me dis mais pourquoi ? Pourtant, je suis très passionné.

  • Speaker #1

    Parce que toi, la passion, elle est prendre le dessus.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Plus que le rationnel.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai mes camarades de l'époque qui faisaient la compétition, etc. Ils sont devenus semi professionnels.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Donc de très bon niveau, négatif, etc. Mais ce n'est pas au niveau international, comme on dit. Après, effectivement, on peut devenir professeur, etc. de tennis. par la suite. Et donc, c'est là où, après, j'ai abandonné, parce que après Roland-Garros, j'ai abandonné le tennis, parce que mes parents ont dit, non, non, pas de sport-études, c'est les études, c'est plus important que sport, voilà, donc j'ai abandonné.

  • Speaker #1

    T'as arrêté la compétition, ou t'as arrêté totalement ?

  • Speaker #0

    Même totalement. Et donc, ça me faisait bizarre parce que lorsque je regardais Roland Garros à la télévision, je me disais que ça me fait mal au cœur parce que je connais les coulisses, je connais certaines personnes qui coordonnaient, les juges, évidemment les joueurs. Donc, je me disais que durant les deux premières années, c'était difficile pour moi de regarder à la télévision et pas d'être sur le terrain avec eux.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'était un peu ton rêve d'enfant aussi. Ok, donc comme tes parents te disent, c'est les études, donc tu fais un bac C, qui est un bac scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, mathématiques, physique.

  • Speaker #1

    Ok, et quand j'ai préparé l'interview, j'ai vu que, alors tu es quelqu'un, t'adores l'apprentissage, peut-être que tu, je peux te qualifier de scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors, j'étais scolaire, mais à la fois, j'étais un peu feignant, on va dire comme ça.

  • Speaker #1

    C'est le chemin le plus court ?

  • Speaker #0

    En fait, j'aime bien écouter, j'aime bien faire la règle du 20-80, la règle de Pareto. C'est-à-dire, comment je peux passer 20% de mon temps pour générer 80% du résultat ? Et pas faire le contraire, passer 80% de mon temps pour générer 20% du résultat. En fait, j'étais comme ça. J'ai toujours été comme ça. Donc, je cherchais les moyens de faciliter pour apprendre vite. Et donc, le seul moyen, c'est d'écouter la maîtresse ou le professeur en classe. Et puis, de bien écouter et de tout de suite faire les devoirs. et puis faire quelques exercices supplémentaires pour bien assimiler. Donc je faisais ça et ça me faisait gagner du temps.

  • Speaker #1

    Ok, et du coup tu as une moyenne qui est, j'ai lu, honorable, mais pas non plus excellente, et j'ai lu que c'était aussi en partie parce que tu faisais, donc là tu as arrêté le job de ramasseur de balles à Roland-Garros, mais par contre tu fais des petits boulots le week-end, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'il fallait avoir un peu, quand on est adolescent on commence à sortir aussi, et j'avais... C'était l'âge où on aimait bien sortir le week-end avec nos kamas de classe. Donc, il fallait quand même aussi avoir l'argent de poche. Donc, je travaillais soit le samedi ou le dimanche ou les deux pour avoir l'argent de poche. Donc, j'étais chef de rang, en fait, dans un restaurant. Et donc, je faisais ça. Et ce qui m'a marqué, c'est qu'à l'époque, on gagnait. très, très bien notre vie, les chefs de rang. En plus, avec les pourboires. Et c'était les calmes d'un salaire d'un ingénieur. Donc, tu imagines, tu dis, voilà, tu vas avoir ton bac, etc. Et tu dis, tu as un salaire d'un bac plus 5. Tu dis, waouh, c'est quand même le choix. Mais moi, j'ai quand même fait le choix de dire, non, il faut continuer les études. Et ça, c'était un boulot, justement, pour avoir l'argent de poche et pouvoir sortir de... durant les vacances ou avec mes camarades, etc.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as choisi, du coup, qu'est-ce qui t'a poussé à continuer ces études ? On va en parler, tu as fait plusieurs diplômes, parce que tu avais quand même, du coup, tu as fait ce constat que du coup, sur des métiers pas forcément, je vais dire pas forcément intellectuels, mais on ne peut pas les résumer comme ça, mais plus des métiers manuels, tu gagnais quasi autant qu'un ingénieur.

  • Speaker #0

    En fait, moi, je me suis dit que Ce métier est difficile. Parce que quand on dit chef de rang, c'est serveur en fait. C'est responsable des tables et vous devez servir finalement les clients. Ce n'est pas les commis. Les commis sont là pour débarrasser et pour mettre la vaisselle, les couverts, etc. Les verres. Et donc on prend les commandes, etc. C'est un métier difficile parce qu'il faut arriver à 10h30. On termine à 15h et après, il faut revenir à 18h30 pour terminer minuit, une heure.

  • Speaker #1

    Tu as une longue pause des fois où tu ne sais peut-être pas trop quoi en faire.

  • Speaker #0

    Et donc, on gagnait très bien notre vie avec les pourboires aussi. Et ça aussi, j'ai appris finalement à bien parler avec les clients pour finalement, en termes de service, pour qu'ils puissent finalement... choisir, bien choisir ou recommander les plats par rapport à leurs préférences. Et ça aussi, c'était un apprentissage. Et je me suis dit, ce n'est pas le métier que je souhaite faire. J'aurais pu effectivement économiser et puis créer un restaurant, par exemple. Mais ce n'était pas ce choix-là parce que c'était aussi le côté intellectuel, cette curiosité qui me manquait.

  • Speaker #1

    Qui te stimule.

  • Speaker #0

    Qui me stimule. Après, j'ai même, après les étés, j'ai fait aussi des stages dans les banques. en tant que guichetier dans une agence bancaire. Donc ça, ça m'a aussi permis de voir autre chose. Et je crois que... Mais à chaque expérience professionnelle, je dis non, ce n'est pas ce métier-là que je souhaite faire. Donc c'est les études qui me proposera beaucoup plus d'opportunités.

  • Speaker #1

    OK. Et donc tu as ton bac C. Et après, alors, sauf si tu veux, focus, te concentrer sur un de tes diplômes. Mais moi, ce qui m'a marqué, du coup, quand j'ai préparé l'interview, c'est que tu as fait beaucoup d'études. Tu as fait un DUT à l'université. Après, tu as fait un master à la Sorbonne. Puis un master en administration des entreprises à l'IAE de Paris. Et enfin, un diplôme d'expertise comptable. Alors déjà, est-ce que tu as fait tous ces études dans la continuité ? Et c'est quoi le cheminement entre... Le cheminement, pourquoi tu as choisi de faire, entre guillemets, autant de diplômes ?

  • Speaker #0

    En réalité, je voulais être publicitaire. Ok. Donc, ça n'a rien à voir avec les chiffres. Parce que j'aime bien la création, la créativité, l'innovation, etc. La curiosité. Et en fait, ma sœur faisait des études de comptabilité. Elle était en master et me dit, écoute, ma grande sœur, écoute, moi, je serai expert comptable un jour. Comme ça, toi, tu peux aussi faire des études de comptabilité. Comme ça, on pourra ouvrir un cabinet d'expertise. Quant à mon ensemble, c'est comme ça que j'ai suivi ma grande sœur. Parce qu'en Asie, on aime bien respecter nos aînés. Puis,

  • Speaker #1

    il y a une notion de la famille qui est forte aussi.

  • Speaker #0

    Absolument. Et donc, de cette responsabilité et cette solidarité entre les membres de la famille. Et aussi, je ne connais pas la comptabilité, donc j'ai suivi ce parcours-là. Alors maintenant, pourquoi faire autant d'études ? Parce que j'adore étudier. En fait, j'adore lire, j'adore apprendre parce que je suis très curieux. J'aime bien toujours découvrir.

  • Speaker #1

    C'est infini.

  • Speaker #0

    C'est infini et aussi, moi, je me suis dit, finalement, les études nous amènent à beaucoup d'opportunités et de rencontres. Plus on étudie, plus on va rencontrer des personnes très intéressantes intellectuellement, riches de connaissances. Et c'est surtout ça qui m'intéressait.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu es libre dans tes choix ou tes parents te guident ou te poussent vers des études ? Ou non, entre guillemets, ils te laissent la liberté de choisir à peu près ce que tu veux ?

  • Speaker #0

    Mes parents me disent, il faut que tu arrives à un niveau master. et plutôt il faut aussi un référentiel un peu c'est un truc voilà et mais pas à avoir plusieurs masters et encore moins doctorat psy mais ça sert à quoi un doctorat mais il me faisait confiance il nous faisait confiance en fait à chaque fois et dit voilà tu es tu dis ce que tu veux tu

  • Speaker #1

    es ce que tu veux du moment que ça te plaît et une question que je me pose parce qu'aujourd'hui du coup tu es dean c'est à dire Le patron, tu me diras si c'est ça exactement ou pas, mais de l'ESCP Business School, quand tu es étudiant, tu as aussi une problématique souvent financière, de payer tes études, de devoir te loger, de manger, etc. Toi, à cette époque, du coup, parce que tu fais de longues études, où tu t'enrichis intellectuellement beaucoup, comment tu fais pour vivre financièrement ? Tu as encore sous le toit de tes parents, ou tu bosses encore le week-end ?

  • Speaker #0

    En fait, les deux... Donc, je vivais chez mes parents, donc j'avais ce sens-là. Et aussi, je faisais des petits boulots pour avoir l'argent de poche. Et troisième point, c'est que j'avais la chance d'être boursier. Du coup, ce n'était pas beaucoup, mais ça me permettait aussi de payer les livres, de faire quelques sorties avec les camarades, etc. Donc, je pense que ça, c'était... une chance pour moi. Et donc, ça m'encouragait davantage à étudier. Ce n'était pas que je souhaite travailler, je dirais, le plus longtemps possible. Non, parce qu'entre temps, j'ai fait aussi, j'ai commencé aussi à travailler, tout en étudiant, en fait.

  • Speaker #1

    OK. Et du coup, ton premier job, je ne sais pas si tu es en CDI ou pas, mais c'est à quel âge quand tu as ton premier job ?

  • Speaker #0

    Je crois aux alentours de... De 23-24 ans.

  • Speaker #1

    Ok. D'accord, parce que du coup, les études que j'ai mentionnées avant, tu les as fait en différé après ?

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Le doctorat notamment,

  • Speaker #1

    oui. Ok. Et donc, ton premier job, c'est dans l'audit, parce que tu as un diplôme d'expertise comptable.

  • Speaker #0

    Oui, un master, une MSCCF, maîtrise de sciences techniques comptables et financières, ce qui est très prisé par les cabinets d'audit. Et effectivement, j'ai commencé à faire l'audit. Donc l'audit, c'est la vérification des comptes, la conformité aux règles, à la loi, mais également comment améliorer leur excellence opérationnelle, c'est-à-dire les processus dans les entreprises.

  • Speaker #1

    Et c'est un métier qui t'a plu ? Et je me pose cette question aussi parce que tu vois, quand tu es étudiant, quand tu as tes premières expériences professionnelles, elles sont aussi très significatives. Tu découvres le monde du travail qui est un monde différent du monde d'étudiant. Qu'est-ce que tu te souviens de cette expérience en audit ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai trouvé que c'était très, très, très formateur. Et pourquoi ? Parce que c'était finalement les livres de l'entreprise. les comptes de l'entreprise et finalement c'est la conséquence de leur stratégie de l'entreprise. Et j'essaie de comprendre les cycles d'activité d'une entreprise et ça se reflétait dans les comptes. C'est ça, c'est un apprentissage, c'est finalement de décoder à travers les comptes de l'entreprise finalement les opérations que les entreprises ont faites. les prises de décisions. Et donc, j'aimais faire ça. Et c'est pour ça qu'à tel point que j'aimais que je prenais les dossiers de travail à la maison et je faisais le week-end. Et je lisais aussi parce qu'on avait ce qu'on appelle les dossiers permanents de l'entreprise qui permettent de comprendre le cycle d'activité, les problématiques de l'entreprise. Et pour moi, c'était passionnant. Et c'est comme ça que j'ai progressé très rapidement. en l'espace de à peine neuf mois, j'étais promu chef d'émission, alors que normalement, il fallait trois ans, trois à cinq ans pour devenir chef d'émission.

  • Speaker #1

    Et quand je t'écoute, du coup, ça me fait penser, parce que tu parlais de la loi de Pareto, des 20-80, d'essayer d'optimiser un peu, je pense, ton temps vs la performance ou l'impact que ça a. Et en même temps, je t'entends dire que tu travaillais beaucoup, même le soir, le week-end, etc. Est-ce que pour toi c'est encore, tu vois avec le recul, aujourd'hui tu te dis que c'est quand même... Tu as eu un aspect un peu tactique, stratégique, mais c'est aussi ta valeur travail qui est très forte. Et à un moment qu'il faut passer aussi beaucoup d'heures, peut-être.

  • Speaker #0

    En fait, c'est la passion. Pour moi, je ne dis pas que c'est le temps de travail, c'est la passion, parce que j'étais passionné. Quand je suis passionné à une mission, une tâche, je prends le temps. Et puis, comme je suis curieux et j'adore apprendre, donc quand quelque chose, je ne comprends pas. Il faut que je prenne le temps de comprendre. Et plus j'apprends, plus j'apprends plus vite. En fait, c'est ça aussi. Il y a cette loi algorithmique qui fait que plus on apprend, plus on acquiert une méthodologie et plus vous allez apprendre beaucoup plus vite. Ça,

  • Speaker #1

    je ne savais pas. C'est des facilités que tu développes, des soft skills un peu ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est apprendre à apprendre, en fait. Et ça, j'ai appris par la suite qu'apprendre à apprendre, c'était intéressant. Parce que plus on apprenait... Quelque chose qu'on ne maîtrise pas et une fois qu'on a maîtrisé, plus après on va maîtriser plus rapidement une autre discipline ultérieurement.

  • Speaker #1

    Et du coup, sur tes premières expériences, alors je ne sais pas si c'est dans ton expérience dans l'audit, mais j'ai vu qu'on t'appelait, tu avais un surnom, on t'appelait Monsieur Francis Lefebvre. Oui,

  • Speaker #0

    en fait, parce que dans ma maîtrise... de sciences techniques comptables financières, il y avait beaucoup de l'apprentissage par cœur, c'est-à-dire les lois, les textes de loi. Et donc, en termes de fiscalité, juridique, comptable, il faut connaître les références pour justifier. Et certains clients ou messieurs payants me posaient la question, mais Léon, ils étaient surpris. Ils me disaient, mais sur ce point-là, comment on ferait ça ? Donc, ils aiment bien justement avoir... une vision collective. Pour moi, il me semble que l'article FL de Francis Lefebvre parle de ce point-là. Et après, il regarde et dit, mais c'est vrai. Donc, j'avais un peu finalement les principaux thématiques, en tout cas parties importantes, je les connaissais et je pouvais citer dans telle partie, il y avait ce point-là précis, etc.

  • Speaker #1

    Et du coup, après, alors, Tu commences par l'audit et après tu vas du coup en conseil chez Deloitte. Alors à l'époque, je crois que ce n'était pas Deloitte. Après,

  • Speaker #0

    je suis revenu parce qu'après, j'ai fait trois ans de stratégie dans un cabinet à l'international. Et après, je suis revenu et effectivement, après, j'ai fait du conseil. Ok.

  • Speaker #1

    Et si j'avance un petit peu, alors ce que j'ai vu, c'est que tu devais tes premières vacations. Donc, qui sont les vacations ? C'est des cours, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'enseignement.

  • Speaker #1

    Ok, et à HEC Paris, où ça ne s'invente pas, qui est une école concurrente de l'ESCP Business School. Comment tu as été choisi, avec le recul, pour toi, pourquoi tu as été choisi pour donner des cours à HEC Paris, qui à l'époque c'était déjà l'école...

  • Speaker #0

    Numéro 1, bien sûr. Ok,

  • Speaker #1

    d'accord. Et comment tu as été choisi, c'était une fierté pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est parce que mon directeur de thèse était professeur à HEC. Ok. J'ai fait ma thèse à l'université de Paris Dauphine. À l'époque, il y avait des professeurs de l'ESCP et d'HEC. J'ai eu la chance d'avoir mon professeur superviseur, directeur de thèse HEC. Il m'a dit, Léon, écoute, maintenant, comme tu fais une thèse avec moi, il faut que tu viennes enseigner à HEC. Il m'annonça au mois de juin et pour septembre. C'est des cours d'anglais. Il faut créer... tout le programme parce qu'il m'a donné le syllabus. Il dit tu as toute ta liberté mais tout en respectant les syllabus et puis aussi les cas que tu dois le traduire en anglais, etc. Donc c'est assez passionnant. Mais c'était très difficile parce que j'ai jamais enseigné de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai lu, c'est que les débuts ne sont pas faciles. Et du coup c'est un peu... Encore un apprentissage ? C'est peut-être une louche froide, mais c'est aussi un apprentissage ?

  • Speaker #0

    Mon premier cours à HEC, c'est un cours à l'époque d'1h30, en anglais en plus. Je n'ai jamais fait d'enseignement, évidemment, de comptabilité, de gestion en anglais. Et je ne savais pas comment, finalement, calibrer la durée. Mon premier cours s'est terminé en 50 minutes alors qu'il fallait le faire en 1h30. Parce que je n'avais aucune notion.

  • Speaker #1

    Tu avais un peu un malaise à la fin ?

  • Speaker #0

    D'abord, j'ai trouvé que les études étaient brillantes. En plus, c'était des élèves qui venaient du monde entier. Donc, il faut déjà aussi bien comprendre parce que parfois, dans certains pays, il y a les accents. Donc, il faut bien être à l'aise en anglais pour le niveau, pour comprendre ce qu'ils veulent dire, etc. Et oser parce que j'avais finalement trois à quatre ans d'écart d'âge avec eux. Donc, ce n'était pas beaucoup. Et donc, c'est un apprentissage aussi de tout. Et surtout, deuxième cours, je dis, oh là, là, il faut que je fasse le maximum. Il vaut mieux faire plus que moi. Voilà, donc c'était un apprentissage aussi dans la pédagogie et dans la préparation des cours. Et aussi, ce qui est important, c'est l'apprentissage de l'écoute.

  • Speaker #1

    OK. Et justement, ça m'intéresse parce qu'aujourd'hui, encore une fois, tu es digne de l'ESCP Business School. Moi, j'ai 31 ans, je suis sorti d'études il y a 6-7 ans, et j'ai fait la post-bac du groupe EDEC, qui est une école de commerce également. Et tu vois, je me demandais, enfin, je trouve que c'est dur. Alors, il y a un rapport entre les élèves et les professeurs, et pour être professeur, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    D'abord, l'EDEC, c'est une école excellente, donc bravo. En fait, tout métier n'est pas facile. Je crois que ce qui fait que ça rend plus facile, c'est d'être passionné par rapport à un métier. Et moi, j'ai trouvé ma voie dans l'éducation, notamment dans l'enseignement supérieur. Je crois que c'est ça qui est important. Du coup, la durée de travail, je ne le vois pas. Et aussi, dire que c'est un métier difficile. Probablement, certainement, mais lorsqu'on est passionné,

  • Speaker #1

    évidemment,

  • Speaker #0

    ça passe plus facilement. Et on est toujours dans la quête de l'apprentissage et aussi de soi pour finalement se dépasser, se surpasser. Et dire que lorsqu'un élève vient de te voir, dit Monsieur, je suis vraiment très content grâce à vous, j'ai tout compris. Et puis, j'ai eu la chance d'avoir dans ce métier, qui peut paraître difficile pour certains, mais pour moi, c'est un métier que j'adore, lorsqu'ils viennent vous voir. L'ensemble de la classe, ils vous offrent une bouteille de champagne ou un magnum d'un grand vin, et là vous dites Ah, vraiment j'ai bien fait de faire ce métier Et j'ai eu cette Ausha à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    C'est ta récompense ?

  • Speaker #0

    C'est la récompense. Je crois que c'est la plus belle récompense qu'on peut avoir. Lorsque vos élèves viennent vous voir ou lorsque je les rencontre 10, 15, 20 ans plus tard, qu'ils viennent me dire Mais monsieur, grâce à vous, j'ai aimé la comptabilité. Et ça, je crois que je dis Ah, au moins j'aurais fait changer quelque chose.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la richesse de la transmission. Mais je reviens quand même parce que ce qui m'intéresse de comprendre, c'est aussi comment est-ce qu'à l'époque, tu as un enjeu pour toi de capter l'attention, de te faire écouter ? Parce que moi, j'ai un souvenir aussi, tu vois, des fois, des courses, tu es long. Et même si tu as quelqu'un en face de toi qui est hyper passionnant, il faut réussir à captiver un peu son public et maintenir l'attention. Est-ce que tu as des souvenirs autour de ça ? Est-ce que tu avais un peu des techniques pour capturer l'attention des étudiants ?

  • Speaker #0

    Tu sais, Nicolas, chaque année ou chaque promotion, chaque groupe d'élèves est différent. Et c'est ça qui fait la beauté. Et donc, c'est difficile. On apprend tout le temps.

  • Speaker #1

    Tu te remets toujours en question.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait depuis 1996 que j'enseigne. Et chaque année, je dois apprendre, je dois m'adapter. Et je crois que c'est ça la beauté de l'enseignement. Et effectivement, capter l'attention au fil des années, on apprend. Moi, j'aime bien raconter des histoires. Je raconte l'histoire sur la comptabilité. Parce que c'est vrai que si vous parlez des comptes, pour certains qui adorent, alors il y a une facilité, mais certains ou certaines qui n'aiment pas, ou a priori, du coup, on est moins captif. Et moi, j'aime bien raconter l'histoire. Et puis j'aime bien raccrocher par rapport au réel. Donc j'aime bien donner des exemples aussi de ce qui se passe. grâce à mon expérience professionnelle.

  • Speaker #1

    Tu donnes des cours à HVC Paris, c'est en parallèle de ton boulot du coup ? Merci d'avoir écouté cette première partie d'épisode des Sages. Vous pouvez écouter la deuxième partie, écouter la suite, à la suite de cet épisode sur votre plateforme préférée. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et c'est vraiment super encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, merci pour ça. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcasts, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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Description

Pour cet épisode, nous sommes ravis d’accueillir aujourd’hui Léon Laulusa, le Dean (Président) de l'ESCP Business School :


  • Léon est Président de l'ESCP Business School, classée 2ème école de commerce Française par le prestigieux Financial Times, derrière HEC Paris. Il prend la direction de l'école en mai 2023, après 18 ans au sein de celle-ci, à apprendre tout les rouages et la culture de cette école historique.


  • Léon est arrivé en France à l'âge de 8 ans, en provenance du Laos avec sa famille, après avoir fui un contexte de guerre civile. Il tombe alors amoureux de la France qui l'accueille lui et ses proches, qu'il voit comme un vrai pays de libertés et d'émancipation intellectuelle.


  • C'est un également un Homme pour lequel l'humilité et la valeur travail sont centrales. Il diffuse sa vision du monde de l'éducation de demain, en expliquant l'importance de prendre du plaisir et de s'adapter dans le monde de demain, notamment avec l'arrivée de l'IA. Léon a toujours grandi en apprenant des plus expérimentés que lui, notamment avec Yannick Noah, quand il était ramasseur de balles à Rolland Garros.


Dans ce 7ème épisode, nous avons parlé de la proposition de valeur d'une école de commerce par rapport à du contenu gratuit comme il existe dans les podcast ou sur Youtube, des nouveaux modèles éducatifs comme l'école 42 de Xavier Niel, ou encore de la méditation, ou du fait d'apprendre tout au long de la vie !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre dans un format inédit qui est négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les... les plus grands leaders et leadeuses qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur emprunter. Bon voyage avec les salles. Léon Lalouisa est un symbole de maïtocratie. Arrivé quand il était petit en France, en provenance du Laos avec ses parents, il découvre la différence et la richesse de la France,

  • Speaker #1

    un pays dont il tombe amoureux.

  • Speaker #0

    Léon est assaufé de curiosité et commence à apprendre à travers son expérience dans le tennis. Au début ramasseur de balles, il finit capitaine des ramasseurs en côtoyant les plus grands, notamment Yannick Noah. Léon apprend ses bases dans l'audit et la comptabilité,

  • Speaker #1

    puis tombe amoureux une deuxième fois,

  • Speaker #0

    cette fois-ci de l'apprentissage et de la transmission. Il donne ses premiers cours à HEC Paris, puis finit par rentrer à l'ESIP Business School.

  • Speaker #1

    18 ans plus tard,

  • Speaker #0

    il devient le président de cette prestigieuse école de commerce, classée deuxième école en France. Léon est un stratège, qui observe et écoute et déploie une vision sur l'éducation de demain. Allez,

  • Speaker #1

    on y va avec Léon ! Bonjour Léon, et merci d'avoir accepté mon invitation pour ESH.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très bien, et toi, ça va ?

  • Speaker #1

    Écoute, ça va. Merci de nous accueillir. Du coup, on est sur l'un des campus de l'ESCP Business School. Oui. Du coup, on est à la frontière entre Paris et le Valois-Péret, c'est ça ?

  • Speaker #2

    On est à Paris 17ème, donc sur le site de Paris-Champéret. Effectivement, nous avons aussi à Paris un autre site qui est à... Paris Montparnasse dans le 15e. Et puis après, nous avons cinq autres sites, évidemment à Berlin, Londres, Madrid, Turin et Varsovie.

  • Speaker #1

    Ok. Donc une école internationale. D'ailleurs, en préparant l'interview, vous avez changé de nom il y a peu de temps. Parce que pour moi, c'était l'ESCP Europe. Et maintenant, vous vous appelez l'ESCP Business School.

  • Speaker #2

    Oui. Le nom commercial, c'est l'ESCP Business School. Pourquoi ? Parce que nous sommes une école internationale. pan-européenne et l'Europe est consubstantielle à l'ESCP. Et on veut aussi rayonner notre marque au niveau mondial. Et lorsqu'on dit ESCP Europe, on pense que c'est une école européenne pour l'Europe. C'est vrai. Alors que l'ESCP Business School, c'est une école européenne avec un rayonnement mondial. Ok,

  • Speaker #1

    bon, peut-être préparée aux métiers sur tous les continents.

  • Speaker #2

    Absolument, et c'est déjà le cas. Ok.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Alors, est-ce que pour commencer, du coup, je peux te demander de te présenter en quelques phrases pour les auditeurs ?

  • Speaker #2

    Léon Lollusa, j'ai 56 ans. Je suis vraiment ravi d'être avec toi, Nicolas, et avec ton émission. Mon parcours, très simplement, je suis d'origine laotienne-chinoise. Je suis arrivé à l'âge de 8 ans. en France en 1976 plus précisément. Et donc j'ai eu la chance, et je crois que ça c'est la chance de la France, d'accueillir les personnes issues de l'immigration. Et moi j'étais un réfugié, enfin avec ma famille, réfugié politique. Et grâce à toute la scolarité, la méritocratie républicaine, de pouvoir justement exercer des métiers dont je suis passionné et qui m'intéressent.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'était justement une de mes questions. Pourquoi, avec ta famille, vous avez fait le choix de venir en France ? Donc, c'était pour des raisons politiques. Ça veut dire qu'il y avait un contexte de guerre, peut-être ?

  • Speaker #2

    Il y avait une guerre civile dans notre pays. Et je me souviens, j'avais huit ans. Et à l'aéroport, il y avait les militaires qui surveillaient. Et les militaires demandaient à ma mère, parce que mon père ne venait pas avec nous. Donc, j'avais mon frère aîné qui était avec moi. Et j'avais mon autre grand frère et ma grande soeur qui étaient à Hong Kong qui faisaient les études. Et après, on s'est rejoint en Thaïlande. Et je me souviens à cette époque-là, j'avais presque 8 ans. Et les militaires demandaient, mais vous allez où ? Et ma mère disait, je vais aller en France amener mes deux enfants en France pour des soins dentaires. Et donc sans mon père, parce que justement, il fallait... Surtout ne pas dire qu'on partait, qu'on quittait définitivement. Donc on a tout laissé nos biens, le patrimoine au Laos pour venir. Et on a la chance d'être accueillis en France par la Croix-Rouge en tant que réfugiés politiques. Et ça, ça m'a marqué à vie. Et mes parents, lorsqu'on est arrivés, on a atterri à Roissy-Charles-de-Gaulle, ils disent maintenant la France est ton pays.

  • Speaker #1

    Ok. Et pourquoi à l'époque, pourquoi la France ? C'était un pays qui faisait rêver, je ne sais pas si c'est le mot, mais pourquoi ils ont choisi la France ? Peut-être, je ne sais pas, il y a peut-être l'Allemagne ou l'Espagne ou les États-Unis ?

  • Speaker #2

    Clairement, en fait, c'est parce que mon papa a fait le lycée français. Et donc, il parlait français et il parlait aussi anglais. Parce que mes parents avaient une société d'import-export. Donc, on achetait des produits français. On importait, en tout cas, mes parents au Laos. Et donc, c'était le choix porté soit les États-Unis, soit la France. Pourquoi la France ? C'est parce que ma tante, donc une cousine de ma mère, habitait depuis les années 50. Elle me dit que la France est géniale, un pays très cultivé, très ouvert en termes de culture. culture très ouverte et aussi c'est l'époque où ils accueillaient ce qu'on appelle les réfugiés boat people en fait. Et alors pourquoi on n'a pas choisi les États-Unis ? Parce que c'est vrai que mon père voulait aller aux États-Unis parce que nos amis aussi disaient mais les États-Unis vous pouvez réussir en tant qu'entrepreneuriat.

  • Speaker #1

    Le rêve américain.

  • Speaker #2

    Le rêve américain, tout est possible. Et on a plutôt choisi la culture, justement l'apprentissage. Parce que la France est un pays, un grand pays de culture.

  • Speaker #1

    Vu de l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça que le choix qui a été fait finalement par nos parents, de venir en France et puis on a eu la chance, comme je disais, d'être accueillis par la Croix-Rouge durant six mois pour qu'on s'adapte à notre nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Parce que c'est quand même... Moi, j'ai voyagé... Le seul road trip de six mois dans ma vie que j'ai fait, c'était en Asie. Et mon papa vit là-bas, d'ailleurs. Donc, entre l'Asie et l'Europe, c'est quand même deux cultures qui sont différentes. Toi, t'arrives, t'as huit ans, je crois. Comment ça se passe ? Est-ce que c'est simple ? C'est quoi tes premières impressions ? Est-ce que t'as un temps d'adaptation ?

  • Speaker #2

    En fait, quand on est enfant, le temps d'adaptation est relativement rapide. C'est vrai, à cette époque, je ne parlais pas du tout français. Et moi, le mot que mon papa m'a appris, il dit tu dis merci Donc la première personne qu'on me voyait, qui me parlait, je dis merci Et à chaque fois qu'on me disait quelque chose, je disais merci et je souriais. Et en fait, ce qui m'a marqué, c'est que lorsqu'on est enfant, on adore les glaces. Et je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Et donc, je trouvais bizarre, c'est qu'on mangeait les viandes, mais sans découper en petits morceaux. Vous savez qu'en Asie, on aime bien avoir des petits morceaux coupés, etc. Et donc, j'avais un steak et je me disais, c'est bizarre, c'est un grand steak. Et puis, il n'y avait pas de goût et il fallait mettre du sel et du poivre, c'est tout. Et il n'y avait pas de sauce. Et je me disais, mais c'est bizarre. Et puis, il faut couper ça. Donc, il faut avoir l'habitude de couper et de manger. Et je dis, mais... Ça, je n'aime pas trop, je ne suis pas très habitué. En revanche, les glaces, tout le monde adore. Donc, je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Donc, je m'empressais de manger rapidement. Et puis après, ma première cuillère du yaourt, je dis mais elle est bizarre cette glace. Elle est très acidulée et puis il n'y a pas de sucre. Je dis mais c'est quoi ce pays où on mange des choses qui sont totalement différentes ? Deuxième chose que j'ai découvert, je dis mais c'est bizarre sur le sol. Il y a des glaçons, en fait, c'était des glaces, en fait, parce qu'il y avait la neige. C'était l'hiver. C'était l'hiver et on est arrivé le 1er janvier 1976. Et là, je découvrais...

  • Speaker #1

    C'était par hasard, juste, cette date du 1er janvier ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est vraiment par hasard. C'était pas complètement...

  • Speaker #1

    Choisi.

  • Speaker #2

    Choisi, etc. Et c'est pour ça qu'on a dû attendre, parce que comme c'était le jour de l'an, pour que la Croix-Rouge arrive, etc. pour venir nous accueillir et pour nous placer dans un camp, temporairement. Et donc, c'est un camp d'accueil. Et c'est là que j'ai dit, tiens, la nourriture, elle est différente. Le temps, il fait très froid. Et en plus, il y a la neige. Je n'ai jamais connu de neige de ma vie. Et en plus, quelques mois plus tard, quand on s'est retrouvé à Paris, puisqu'on est parti à Metz, à l'est... de la France pendant six mois. Et lorsqu'on est revenu à Paris, là, j'ai eu la chance d'aller en colonie de vacances, à la montagne. Et là, pour moi, c'était un rêve, parce que lorsqu'on vous amène durant la nuit en car, Et le lendemain matin, vous ouvrez vos yeux et vous voyez les montagnes remplies de neige. Et là, vous vous dites, mais je suis dans un rêve ou c'est la réalité ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu n'avais jamais vu. Dans des livres peut-être ou à la télé ?

  • Speaker #2

    Même pas. À la télé, c'était en noir et blanc. Et donc, c'était vraiment... Et ça, pour moi, je me dis, mais est-ce que je suis dans un rêve ou c'est la réalité ? Et pour moi, et puis c'était une grandeur aussi. Et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Et quand même, quand t'arrives, quand t'as 8 ans, du coup, tu me dis si je me trompe, mais tu parles pas français. Non. Parce que ça, c'est aussi un peu un enjeu, je pense aussi, pour comprendre, pour se faire des amis, comprendre la culture, etc. Est-ce que t'es scolarisé, du coup ?

  • Speaker #2

    Oui, avec deux ans de retard, en fait. Parce que, donc j'avais 8 ans. Alors, c'est vrai qu'en France, ils disent, vous avez 8 ans, c'est au CE2. Donc j'arrive au CE2. Et donc la maîtresse, même si j'avais six mois d'adaptation, où on nous apprenait le français, je commençais à comprendre un petit peu. Mais à parler, à lire, tout ça, c'était difficile. Et donc la première chose, quand j'arrivais au CE2, la maîtresse me dit mais vous lisez le livre Et donc je commençais à lire, mais en fait, je lisais que les articles. Je disais le la les etc. je ne pouvais pas prononcer les autres mots parce que je n'avais pas appris. Et donc là, je me souviens, les jeunes camarades de l'époque riaient, se moquaient de moi et disaient mais c'est bizarre, il ne sait pas parler français, etc. Et donc, du coup, je me suis retrouvé en deux classes inférieures au CP, au cours préparatoire, pour justement apprendre à parler, à épeuler avec les syllabes, etc. le français.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que tu es rentré en CE2. Et entre guillemets, tu as été rétrogradé en PP pour pouvoir apprendre et mieux t'adapter.

  • Speaker #2

    Alors, j'avais une chance, c'est que j'étais très en avance en mathématiques.

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que les maths, c'est un peu universel, le langage des maths.

  • Speaker #2

    Oui, dans le calcul, donc j'étais très à l'aise. Et après, ce que tu dis est très juste, comme je ne pouvais pas m'exprimer avec les camarades de classe, donc la maîtresse dit, mais l'enfant, il est trop sage. Il est trop timide. Oui, c'est normal, parce que comme je ne pouvais pas m'exprimer, et je ne savais pas, et le moyen, dans la récré, comme j'avais du mal à m'exprimer, et pour m'interagir, il y avait des enfants qui s'amusaient à se battre, en amusement. Eh bien, j'essaie de me battre. en amusement avec eux pour essayer de me socialiser.

  • Speaker #1

    De créer du lien. De créer du lien. C'est un langage versel.

  • Speaker #2

    Et sans pouvoir parler, parce que j'avais du mal, je ne comprenais pas totalement. Et donc, grâce au CP, j'ai pu apprendre à lire, écrire, etc. Et comme les mathématiques étaient faciles pour moi, du coup, j'ai suivi ça très, très facilement, l'adaptation et la scolarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as dû, entre guillemets, tu vois, le soir, je ne sais pas si ça se faisait, des cours pour apprendre plus vite ? Parce que j'ai l'impression que tu étais aussi issu d'une famille où l'apprendre sèche, c'est important. Et tu vois, pour attraper un peu ton retard, au-delà de la journée comme tout le monde, est-ce que le soir ou le matin, je ne sais pas, ou le week-end, tu avais des cours de français ou tu regardais dans les livres ?

  • Speaker #2

    Non, parce que pour moi, c'est que j'ai appris cela. quand j'ai quand même fait deux années d'études au Laos, c'est que...

  • Speaker #1

    C'était la maternelle, en gros ?

  • Speaker #2

    Non, même, c'est un peu l'équivalent du cours préparatoire et le CE1, en fait, finalement. Et j'étais dans une école bilingue, laotien et chinois, un mandarin. Une école privée. Et donc, c'était très strict. Et il fallait écouter le professeur ou la maîtresse de la maîtresse. etc. Donc, j'écoutais. Donc, moi, quand j'étais en classe en France, j'écoutais. J'écoutais et j'appliquais. Voilà ce qu'il fallait faire. Et mon père, justement, le soir, lui, il aime bien la précision, l'excellence. Et donc, il me dit, il faut bien écrire. Il faut bien appliquer. À l'époque, il y avait le buvard, etc. Il faut bien écrire les lettres, ça. Et donc, il me dit, mais oh là là, ça ne va pas du tout. Tu écris mal. Il faut bien écrire. appliquer, il faut prendre le temps de bien écrire. Et comme ça, j'ai appris avec lui à bien écrire pour prendre le temps. Mais sinon, c'est moi qui travaillais tout seul. C'est-à-dire qu'on avait les livres, etc. Il fallait faire les exercices demandés par la maîtresse de l'école.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #1

    Si je reviens sur un passage un petit peu en amont que tu as évoqué, si tu me le permets. Quand tu arrives en France, tu dis que vous arrivez dans un camp. Est-ce que tu as des souvenirs ? Qu'est-ce que c'est concrètement ? Est-ce que c'est pendant quelques semaines ? Vous êtes avec d'autres personnes qui sont issues de l'immigration, peut-être politique. Est-ce que tu t'en souviens ? Comment tu l'as vécu ? Est-ce que c'était dur ?

  • Speaker #2

    Oh, c'était pas dur parce que pour nous, mes parents, même si j'avais 8 ans, mes parents ont dit voilà, il y a la guerre, en tout cas civile. Et je me souviens parce qu'au Laos, il y avait les militaires tous les soirs qui venaient voir mes parents en disant bon, il faut que tout ce que vous faites appartient à l'État. Donc il faut venir aux réunions, comment aider l'État, etc. Et donc nous, on a pris la décision de partir et de tout laisser. Et on avait la chance, c'est la santé et la famille étaient là. Donc lorsqu'on arrive, on a été accueillis. Et ça vraiment, c'est une chance incroyable que la France nous accepte d'être accueillis dans un camp d'accueil. Je me souviens, c'est à Créteil, pendant deux semaines. Évidemment, c'est des chambres. Et puis, vous êtes plusieurs personnes, vous êtes quatre dans une chambre, etc. Mais pour nous, on était contents. Donc, après les deux semaines, il y avait le choix d'aller dans telle ou telle région de France. Et on avait pris le choix d'aller en fait à Metz parce que ma tante habitait dans cette région. Et comme ça, pour être plus près d'elle. Et on est resté dans ce camp d'accueil. C'est un peu un foyer sonacotra.

  • Speaker #1

    Sonacotra ?

  • Speaker #2

    Oui, on dit ça. Tu vois, en fait, tu as une chambre où tu as quatre personnes. Il n'y a pas de douche, etc. Donc, c'est des douches collectives. Pendant six mois, on était là, mais on était très contents. C'est le temps d'adaptation pour les réfugiés. Ils ont proposé des métiers à mes parents dans la région de Metz. Et mes parents ont dit non, non, nous, on... On préfère venir sur Paris ou revenir sur Paris parce qu'il y a plus d'opportunités de travail. Du coup, mes parents se sont retrouvés évidemment ouvriers. Mon père a chez Renault, par exemple. Ma mère, c'est Suchard. À l'époque, il y avait une usine de chocolaterie, etc. Alors qu'ils étaient commerçants, entrepreneurs.

  • Speaker #1

    Comment ils l'ont vécu ? Ça me fait penser à dans les sages dans la saison 1, on a interviewé la famille Klaba qui est à l'origine de OVH, l'hébergeur. Et eux c'était des immigrés polonais et pareil Henri Klaba lui en Pologne c'était un haut dirigeant et il est retourné entre guillemets en bas de l'échelle. Et j'ai l'impression que c'est un peu la même chose pour tes parents. Comment ils l'ont vécu ? Est-ce que tu vois le fait d'être accueilli par la France ça a pris le dessus ? Même si peut-être le quotidien était moins plus dur. Comment ils l'ont vécu ? de changer de métier, de retourner peut-être en bas de l'échelle ?

  • Speaker #2

    En fait, ce n'est pas grave. Pour nous, ce n'est même pas le bas de l'échelle. C'est-à-dire que pour nous, la chance, c'était qu'on était tous réunis, sains et saufs. Je crois que c'est ça la chance. Et d'abord, c'est de la liberté.

  • Speaker #1

    Premier objectif.

  • Speaker #2

    Ça, c'est le premier objectif. Et la liberté, je crois que c'est ça le point. Et aussi de pouvoir, grâce à la France... d'apprendre grâce à l'éducation, etc. Je crois que c'est ça le point. Évidemment, c'était dur pour mes parents, surtout pour ma mère qui ne parlait pas français. Déjà, de prendre le métro pour aller au travail. Donc ça aussi, il faut reconnaître. Donc, elle comptait les stations de métro.

  • Speaker #1

    Oui, comme forcément, elle n'arrivait pas à lire, à chercher un autre moyen de...

  • Speaker #2

    Voilà, pour dire, est-ce que je me trompe ? Et puis, on ne peut pas se tromper de sortie. Parce que si il y a... Il y a un métro qui a deux sorties, il ne faut pas se tromper. Donc, tu vois, c'est des adaptations comme ça, mais on était vraiment très soudés par rapport à ça. Donc, ce n'était pas pour nous, évidemment. On était contents parce que c'était pour nous une nouvelle vie. Et donc, il faut créer cette nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et tu as évoqué le mot liberté. Pour tous les Français, c'est dans la devise, etc. Mais en fait, moi, par exemple, j'ai grandi en France et tu vois, on n'a jamais connu l'inverse de la liberté. Et c'est quoi pour toi la liberté ? Tu vois comment dans ta définition de la liberté, c'est la liberté de parole, c'est la liberté de bouger. C'est quoi pour quelqu'un qui n'a pas vécu justement ? qui a vécu la liberté maintenant, mais avant, tes parents ne l'ont pas vécu.

  • Speaker #2

    En fait, c'est la liberté de penser, la liberté en termes de mobilité. Donc, tout type de liberté où on peut faire ce qu'on souhaite, on peut dire des choses, ce qu'on pense, librement. Je crois que c'est ça qui est important. Et la liberté d'entreprendre aussi. Et c'est tout ça. Et ça, c'est un parti pris de mes parents. Ils ont dit, nous, on a fait le choix de partir.

  • Speaker #1

    OK. Pour retrouver cette liberté, se retrouver en famille de manière safe. Oui,

  • Speaker #2

    absolument.

  • Speaker #1

    Si j'avance un peu dans ton parcours, du coup, est-ce que là, tu es au collège, ton lycée en France. Est-ce qu'à ce moment-là, tu as des passions ou déjà tu as des rêves ? Tu veux devenir, faire un métier en particulier ?

  • Speaker #2

    À cet âge-là, je n'avais pas de rêve de métier. Et là, je me suis retrouvé, c'est le tennis. J'avais une passion grâce à mon grand frère qui adorait jouer au tennis. Donc je l'ai suivi, etc. Et j'ai touché la raquette et j'ai aimé. Et donc j'ai commencé à faire la compétition, etc. Et à tel point que lorsque j'étais adolescent, j'ai postulé, candidaté à Roland-Garros. pour être ramasseur de balles. Donc, j'ai fait ça pendant trois années. Et c'est trois années passionnantes.

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Alors, qu'est-ce que tu as aimé dans le tennis quand tu dis la raquette ? C'est quoi concrètement ? Pourquoi ce sport t'a fait un... Pourquoi tu as aimé ce sport ? Tu as eu un déclic envers ce sport ?

  • Speaker #2

    J'ai aimé ce sport parce que c'est un sport très tactique. En fait, on peut gagner un adversaire sans être le plus fort. Et moi, j'aimais cela. C'est-à-dire, moi, j'aime bien... lorsque je joue avec quelqu'un, les premiers jeux, j'essaie de trouver ses défauts. Et ses points de faiblesse, finalement. Et après, je vais jouer sur ses défauts. Même si mon jeu n'est pas beau à voir, le but, c'était de le renverser et de gagner la partie. Lorsque j'étais en compétition, bien entendu. J'aimais beaucoup, et c'était ce jeu à la fois de tactique, mais de force et d'endurance. Donc je trouvais que ce sport était très complet.

  • Speaker #1

    Et comment, quand tu parles de tactique, de stratégie, comment concrètement, en amont des matchs, parce que tu jouais, je crois que tu as joué un peu à un niveau quasi professionnel, je crois, mais comment tu te renseignais sur l'adversaire en amont ? Parce que concrètement...

  • Speaker #2

    En fait, moi, j'étais un amateur, modestement. J'étais classé, effectivement, mais je jouais en championnat de France, en championnat de Paris, etc. En fait, c'est qu'on connaît le classement. Si j'avais un adversaire mieux classé que moi, je suis challenger. Et comment le gagner ? Parce que lui, il est sûr de lui. Il dit, c'est quelqu'un qui est moins bien classé que moi, il est plus petit que moi de taille, etc. Et moi, c'est que déjà, les premières balles d'échauffement, ça nous permet de voir sa force, sa puissance et ses points forts. Et après, c'est au cours de matchs qu'on peut s'apercevoir. Donc, je fais des tests. Donc je fais des lobes, je fais des revers coupés, ce qu'on appelle slicés, des coups droits, enfin tout type de coups.

  • Speaker #1

    Pour voir sa réaction.

  • Speaker #2

    Exactement, pour tester. Là où il est à l'aise, là où il est moins à l'aise. Est-ce qu'il est à l'aise au filet, au moins, etc. Et comme ça, les quatre premiers jeux, ça me permettait de le tester, de voir là où je peux gagner. Et c'est comme ça, après je reconstruis mon jeu pour justement faire la différence.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup... Finalement, tu étais peut-être meilleur, on va dire, dans la tête que physiquement. Et tu jouais avec ta force de tactique, de stratège ?

  • Speaker #2

    Exactement. C'est-à-dire que je jouais sur mes points forts. Donc, je cachais mes points faibles. En fait, c'est là le point. Et ça, lorsque j'ai eu l'assent d'être ramasseur de balles à Roland-Grosse, j'ai croisé Yannick Noah, c'est ce qu'il m'a dit. Donc, j'ai dit, mais Yannick... Quel conseil tu pourrais me donner pour moi qui souhaite progresser ? Il m'a dit d'abord je ne t'ai pas vu jouer, mais il faut que je te vois jouer. Et la deuxième chose c'est que renforce tes points forts. C'est toujours ça qu'il faut renforcer, ces points forts.

  • Speaker #1

    Et quand tu vois Yannick Noah, tu oses aller lui parler ? Tu le connais ? Tu as du culot ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est le culot. Moi, j'adore. Moi, c'est comme ça. Pour moi, il n'y a pas de barrière. C'est une personne, bien connue, etc. Et je m'approche de lui, je dis Yannick, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je peux parler avec toi ?

  • Speaker #1

    Comme tu le disais, avec tes parents, etc. Et du coup, il te dit d'aller sur tes points forts. Et si on revient en amont, tu es un passionné de tennis et donc tu rentres en tant que ramasseur de balles à Roland-Garros. C'est un job que tu fais à côté, c'est un job passion, c'est un job pour gagner un peu d'argent aussi ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est que d'abord on candidate à la Fédération Française de Tennis et on est présélectionné. Donc il y a des tests, c'est au mois de... De février, on sait qu'on est présélectionné. Et ils convoquent à l'époque 300 personnes pour retenir une centaine. Et donc, comment ? On fait des tests d'endurance. On va courir au bois de boulonne pendant une heure pour voir si on tient au moins. On va faire des tests de jets, de lancement de balles, etc. Et comment on ramasse, etc. Et pour voir si on écoute. Et donc, il y a... trois semaines de test, trois week-ends de test. Et à l'issue de ça, on dit qu'on est sélectionné pour être à Roland-Garros. Et donc, j'ai eu la chance d'être sélectionné. Effectivement, c'est trois semaines où il faut être absent à l'école. Et en fait, comme on n'est pas majeur, on a des bons d'achat dans une boutique de vêtements de sport. Et à l'époque...

  • Speaker #1

    C'est ta rémunération ?

  • Speaker #2

    C'était une super rémunération parce qu'en trois semaines, j'avais 3000 francs. En 1983, c'est énorme. C'est comme si tu dis que tu as 3000 euros en trois semaines. En termes de pouvoir d'attraper. C'est super. J'étais très, très content.

  • Speaker #1

    Tu avais quel âge du coup ?

  • Speaker #2

    Là, à l'époque, j'étais en quatrième. Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    C'est fou.

  • Speaker #2

    Donc c'était pas pour l'argent en fait que je faisais ou pas. L'argent au sens d'avoir un bon d'achat pour acheter ces vêtements de sport.

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une expérience et c'était la passion du tennis, de rencontrer mes idoles. Yannick Noah, bien entendu, John McEnroe, tous les grands joueurs professionnels. Et ça, c'était de s'approcher, de voir au plus proche. Et oui, et comment ils jouent, vraiment, et la force. Et ça, il y a une différence entre la télé et la réalité. Et on dit, waouh, à la télé, on ne voit pas la force. puissance alors que sur le terrain et lorsque vous ramassez une balle même au service lorsqu'il faut un service et qu'il y a un rebond vous prenez la balle je peux vous dire que leur service est assez puissant.

  • Speaker #1

    Et du coup tu deviens, j'ai l'impression que tu as vraiment cette logique d'apprentissage quasi quotidienne déjà à l'époque et du coup ça te permet peut-être d'être meilleur et du coup tu deviens tu m'as raconté Capitaine des ramasseurs de balles et après capitaine des capitaines.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est que d'abord, on attribue un responsable de l'équipe, qu'on appelle ça dans chaque cours. On a un responsable de l'équipe qui va organiser justement qui va ramasser, qui va être en pause, etc. Pour que tout se passe bien durant les matchs, évidemment. Et donc, j'étais tout de suite pris comme capitaine d'une équipe. Et après, il y a une grade, en tout cas en termes de capitaine, c'est-à-dire que les meilleurs capitaines étaient dans, évidemment, les cours numéro un à l'époque, cours central, et donc là où il y avait la télévision, où il y avait les matchs des stars. Et donc petit à petit, je commençais à aller dans les meilleurs cours, les cours où il y a beaucoup de public. Et après, la deuxième année, j'ai repostulé, évidemment, j'ai été accepté, et là je suis devenu capitaine des capitaines. C'est-à-dire, en fait, le responsable de toutes les équipes pour, évidemment, coordonner et puis choisir les personnes. Et donc, ça, c'est en fait, finalement, un apprentissage à comment mieux ramasser, évidemment, ça veut dire s'améliorer et puis à respecter les règles. Et ça, c'est important. Et c'est pour ça, je pense que mes premières leçons de leadership. Je crois que j'ai appris quand j'étais ramasseur de balles.

  • Speaker #1

    C'était un apprentissage implicite à l'époque. Je pense qu'on ne se dit pas qu'on apprend sur le leadership. Et parce que du coup, tu avais une fonction de management.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que lorsque tu as des adolescents, certains t'écoutent, mais certains t'écoutent pas.

  • Speaker #1

    Il n'y avait que des ados ou tu avais des gens beaucoup plus âgés ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait que des ados. En fait, la personne la plus âgée avait 18 ans, enfin une personne majeure. Dans la même portage. La grande majorité, ils avaient entre 13 et 15 ans. Et chacun veut voir ses idoles, ne respectent pas, etc. Et donc, par exemple, les temps de pause, normalement tu as un quart d'heure, mais certains, ils vont faire une demi-heure. Donc, il faut les faire comprendre, qu'il faut respecter, etc. Et qu'il y a un roulement, etc. Donc, tu vois, c'est un management. Donc, il faut les relations avec autrui, avec l'autre. C'est important. Il faut comprendre, etc. Voilà, donc je crois. Et puis, il faut fédérer l'équipe. Il faut encourager aussi l'équipe.

  • Speaker #1

    OK. Et comment on devient... Parce que dans le management, il y a aussi une notion de légitimité pour te faire accepter de tes équipes. Comment tu deviens légitime auprès de tes équipes ? Et aussi, en amont de cette interview, on en parlait et tu me disais que ton objectif, c'était de créer de l'énergie avec ces gens.

  • Speaker #0

    Oui, parce que, en fait, déjà, ta législative vient du fait que tu es le responsable de l'équipe, donc tu es capitaine. Donc, ils sont censés t'écouter. Donc,

  • Speaker #1

    désigner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que sinon, s'ils ne t'écoutent pas, on peut rapporter à notre responsable, justement, là, plutôt côté administratif. Donc, c'est les personnes adultes. Et on dit, celui-là n'a pas de confiance, donc il ne va pas revenir la deuxième semaine. Parce que, comme tu sais, la première semaine, il y a une centaine. Et après, on réduit parce qu'il y a moins de matchs. Donc, on a moins de besoin de ramasseurs de balles.

  • Speaker #1

    T'as envie d'aller jusqu'à la finale ou jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Exactement, jusqu'au bout et de rester, de faire la haie d'honneur, etc. Donc, c'est important. Donc, tu vois, il y en met quand même au début certains comme c'est des passionnés du tennis. Donc, je comprends. Ils veulent aller voir tel match ou rencontrer tel tennisman connu, etc. Et donc, je pense qu'il faut aussi parler avec l'équipe, donc les membres de l'équipe, dire voilà, il faut que tu respectes telle chose. Donc, il faut être transparent, ce qu'on attend. Et donc, déjà, être clair, donner les règles du jeu au départ. Donc, je dis voilà, ce que j'attends de vous, c'est de faire ça, ça. Et puis, nous sommes une équipe, donc il faut qu'on crée une énergie. Il faut que finalement, durant le match. On soit invisible pour les compétiteurs, ceux qui jouent ou celles qui jouent, parce qu'ils ou elles sont tellement concentrés, on est là pour leur servir, mais il ne faut pas qu'on soit visible. Donc il faut qu'on soit le moins de bruit possible et le mieux servir pour qu'on les dérange moins.

  • Speaker #1

    Ok, c'est intéressant ça, parce que c'est vrai que je pense que dans tous les sports, il y a une notion de concentration qui est hyper importante. Mais j'ai l'impression que dans le tennis, limite encore plus.

  • Speaker #0

    Je prends l'exemple, Yannick Noah, que j'ai eu la chance de ramasser à plusieurs reprises, notamment contre Mats Willander. Il ratait un coup, en tout cas, où il n'a pas fait ce qu'il a souhaité faire. Il me regardait les yeux dans les yeux et il parlait, mais il parlait à lui-même. Il était tellement concentré qu'il ne me voyait pas alors que j'étais en face de lui. Et ça, c'est... Pour quelqu'un, un enfant, un adolescent, il dit mais c'est bizarre.

  • Speaker #1

    Pourquoi il me crée-tu ?

  • Speaker #0

    Pourquoi il m'agresse un peu comme ça ? Mais en fait, non, c'est parce qu'il était tellement concentré. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir cette attitude zen et ne pas bouger et ne pas réagir parce que sinon, ça va le déstabiliser.

  • Speaker #1

    Ok. Tu vois, même dans le milieu professionnel, on en parlera, mais c'est un début même d'apprentissage, un peu de gestion des émotions. Tu vois, de ne pas réagir justement à une réaction de l'autre qui peut te paraître hostile.

  • Speaker #0

    Oui, et ça, je pense que ça aussi, j'ai appris grâce à cela aussi, de ne pas réagir tout de suite. Il faut comprendre l'autre, pourquoi elle est réagie ainsi, et pas face à nous ou vis-à-vis de nous, mais parce qu'elle était tellement concentrée sur un but bien précis. Oui,

  • Speaker #1

    hyper intéressant. Et du coup, tu as un très bon niveau en tennis. Tu joues dans ta classe d'âge, tu joues quasi à niveau national ou professionnel, on peut dire ça.

  • Speaker #0

    Plutôt régional. Et au début, je voulais faire sport-études. Donc j'ai eu l'occasion de parler avec Jean-Paul Lotte, etc. Il m'a dit oui.

  • Speaker #1

    Jean-Paul Lotte, c'est qui pour notre éclair ?

  • Speaker #0

    C'était à l'époque l'entraîneur national. Donc au niveau de la fédération, il était équipe, il faisait partie de l'équipe de France et capitaine justement pour la Coupe d'Evis lorsque Yannick Noah était... joueur dans l'équipe. Et il m'a dit, oui, mais par rapport à mon âge, par rapport à ma taille, tout ça, déjà, je n'étais pas dans l'équipe nationale, ça c'était clair. Je n'avais pas la force et puis le niveau nécessaire. Mais quand même, si je voulais faire un métier, effectivement, c'était le sport-études qu'il fallait. Mais mes parents ont dit non. parce qu'ils ont bien raison, mais sur le moment, je me dis mais pourquoi ? Pourtant, je suis très passionné.

  • Speaker #1

    Parce que toi, la passion, elle est prendre le dessus.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Plus que le rationnel.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai mes camarades de l'époque qui faisaient la compétition, etc. Ils sont devenus semi professionnels.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Donc de très bon niveau, négatif, etc. Mais ce n'est pas au niveau international, comme on dit. Après, effectivement, on peut devenir professeur, etc. de tennis. par la suite. Et donc, c'est là où, après, j'ai abandonné, parce que après Roland-Garros, j'ai abandonné le tennis, parce que mes parents ont dit, non, non, pas de sport-études, c'est les études, c'est plus important que sport, voilà, donc j'ai abandonné.

  • Speaker #1

    T'as arrêté la compétition, ou t'as arrêté totalement ?

  • Speaker #0

    Même totalement. Et donc, ça me faisait bizarre parce que lorsque je regardais Roland Garros à la télévision, je me disais que ça me fait mal au cœur parce que je connais les coulisses, je connais certaines personnes qui coordonnaient, les juges, évidemment les joueurs. Donc, je me disais que durant les deux premières années, c'était difficile pour moi de regarder à la télévision et pas d'être sur le terrain avec eux.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'était un peu ton rêve d'enfant aussi. Ok, donc comme tes parents te disent, c'est les études, donc tu fais un bac C, qui est un bac scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, mathématiques, physique.

  • Speaker #1

    Ok, et quand j'ai préparé l'interview, j'ai vu que, alors tu es quelqu'un, t'adores l'apprentissage, peut-être que tu, je peux te qualifier de scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors, j'étais scolaire, mais à la fois, j'étais un peu feignant, on va dire comme ça.

  • Speaker #1

    C'est le chemin le plus court ?

  • Speaker #0

    En fait, j'aime bien écouter, j'aime bien faire la règle du 20-80, la règle de Pareto. C'est-à-dire, comment je peux passer 20% de mon temps pour générer 80% du résultat ? Et pas faire le contraire, passer 80% de mon temps pour générer 20% du résultat. En fait, j'étais comme ça. J'ai toujours été comme ça. Donc, je cherchais les moyens de faciliter pour apprendre vite. Et donc, le seul moyen, c'est d'écouter la maîtresse ou le professeur en classe. Et puis, de bien écouter et de tout de suite faire les devoirs. et puis faire quelques exercices supplémentaires pour bien assimiler. Donc je faisais ça et ça me faisait gagner du temps.

  • Speaker #1

    Ok, et du coup tu as une moyenne qui est, j'ai lu, honorable, mais pas non plus excellente, et j'ai lu que c'était aussi en partie parce que tu faisais, donc là tu as arrêté le job de ramasseur de balles à Roland-Garros, mais par contre tu fais des petits boulots le week-end, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'il fallait avoir un peu, quand on est adolescent on commence à sortir aussi, et j'avais... C'était l'âge où on aimait bien sortir le week-end avec nos kamas de classe. Donc, il fallait quand même aussi avoir l'argent de poche. Donc, je travaillais soit le samedi ou le dimanche ou les deux pour avoir l'argent de poche. Donc, j'étais chef de rang, en fait, dans un restaurant. Et donc, je faisais ça. Et ce qui m'a marqué, c'est qu'à l'époque, on gagnait. très, très bien notre vie, les chefs de rang. En plus, avec les pourboires. Et c'était les calmes d'un salaire d'un ingénieur. Donc, tu imagines, tu dis, voilà, tu vas avoir ton bac, etc. Et tu dis, tu as un salaire d'un bac plus 5. Tu dis, waouh, c'est quand même le choix. Mais moi, j'ai quand même fait le choix de dire, non, il faut continuer les études. Et ça, c'était un boulot, justement, pour avoir l'argent de poche et pouvoir sortir de... durant les vacances ou avec mes camarades, etc.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as choisi, du coup, qu'est-ce qui t'a poussé à continuer ces études ? On va en parler, tu as fait plusieurs diplômes, parce que tu avais quand même, du coup, tu as fait ce constat que du coup, sur des métiers pas forcément, je vais dire pas forcément intellectuels, mais on ne peut pas les résumer comme ça, mais plus des métiers manuels, tu gagnais quasi autant qu'un ingénieur.

  • Speaker #0

    En fait, moi, je me suis dit que Ce métier est difficile. Parce que quand on dit chef de rang, c'est serveur en fait. C'est responsable des tables et vous devez servir finalement les clients. Ce n'est pas les commis. Les commis sont là pour débarrasser et pour mettre la vaisselle, les couverts, etc. Les verres. Et donc on prend les commandes, etc. C'est un métier difficile parce qu'il faut arriver à 10h30. On termine à 15h et après, il faut revenir à 18h30 pour terminer minuit, une heure.

  • Speaker #1

    Tu as une longue pause des fois où tu ne sais peut-être pas trop quoi en faire.

  • Speaker #0

    Et donc, on gagnait très bien notre vie avec les pourboires aussi. Et ça aussi, j'ai appris finalement à bien parler avec les clients pour finalement, en termes de service, pour qu'ils puissent finalement... choisir, bien choisir ou recommander les plats par rapport à leurs préférences. Et ça aussi, c'était un apprentissage. Et je me suis dit, ce n'est pas le métier que je souhaite faire. J'aurais pu effectivement économiser et puis créer un restaurant, par exemple. Mais ce n'était pas ce choix-là parce que c'était aussi le côté intellectuel, cette curiosité qui me manquait.

  • Speaker #1

    Qui te stimule.

  • Speaker #0

    Qui me stimule. Après, j'ai même, après les étés, j'ai fait aussi des stages dans les banques. en tant que guichetier dans une agence bancaire. Donc ça, ça m'a aussi permis de voir autre chose. Et je crois que... Mais à chaque expérience professionnelle, je dis non, ce n'est pas ce métier-là que je souhaite faire. Donc c'est les études qui me proposera beaucoup plus d'opportunités.

  • Speaker #1

    OK. Et donc tu as ton bac C. Et après, alors, sauf si tu veux, focus, te concentrer sur un de tes diplômes. Mais moi, ce qui m'a marqué, du coup, quand j'ai préparé l'interview, c'est que tu as fait beaucoup d'études. Tu as fait un DUT à l'université. Après, tu as fait un master à la Sorbonne. Puis un master en administration des entreprises à l'IAE de Paris. Et enfin, un diplôme d'expertise comptable. Alors déjà, est-ce que tu as fait tous ces études dans la continuité ? Et c'est quoi le cheminement entre... Le cheminement, pourquoi tu as choisi de faire, entre guillemets, autant de diplômes ?

  • Speaker #0

    En réalité, je voulais être publicitaire. Ok. Donc, ça n'a rien à voir avec les chiffres. Parce que j'aime bien la création, la créativité, l'innovation, etc. La curiosité. Et en fait, ma sœur faisait des études de comptabilité. Elle était en master et me dit, écoute, ma grande sœur, écoute, moi, je serai expert comptable un jour. Comme ça, toi, tu peux aussi faire des études de comptabilité. Comme ça, on pourra ouvrir un cabinet d'expertise. Quant à mon ensemble, c'est comme ça que j'ai suivi ma grande sœur. Parce qu'en Asie, on aime bien respecter nos aînés. Puis,

  • Speaker #1

    il y a une notion de la famille qui est forte aussi.

  • Speaker #0

    Absolument. Et donc, de cette responsabilité et cette solidarité entre les membres de la famille. Et aussi, je ne connais pas la comptabilité, donc j'ai suivi ce parcours-là. Alors maintenant, pourquoi faire autant d'études ? Parce que j'adore étudier. En fait, j'adore lire, j'adore apprendre parce que je suis très curieux. J'aime bien toujours découvrir.

  • Speaker #1

    C'est infini.

  • Speaker #0

    C'est infini et aussi, moi, je me suis dit, finalement, les études nous amènent à beaucoup d'opportunités et de rencontres. Plus on étudie, plus on va rencontrer des personnes très intéressantes intellectuellement, riches de connaissances. Et c'est surtout ça qui m'intéressait.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu es libre dans tes choix ou tes parents te guident ou te poussent vers des études ? Ou non, entre guillemets, ils te laissent la liberté de choisir à peu près ce que tu veux ?

  • Speaker #0

    Mes parents me disent, il faut que tu arrives à un niveau master. et plutôt il faut aussi un référentiel un peu c'est un truc voilà et mais pas à avoir plusieurs masters et encore moins doctorat psy mais ça sert à quoi un doctorat mais il me faisait confiance il nous faisait confiance en fait à chaque fois et dit voilà tu es tu dis ce que tu veux tu

  • Speaker #1

    es ce que tu veux du moment que ça te plaît et une question que je me pose parce qu'aujourd'hui du coup tu es dean c'est à dire Le patron, tu me diras si c'est ça exactement ou pas, mais de l'ESCP Business School, quand tu es étudiant, tu as aussi une problématique souvent financière, de payer tes études, de devoir te loger, de manger, etc. Toi, à cette époque, du coup, parce que tu fais de longues études, où tu t'enrichis intellectuellement beaucoup, comment tu fais pour vivre financièrement ? Tu as encore sous le toit de tes parents, ou tu bosses encore le week-end ?

  • Speaker #0

    En fait, les deux... Donc, je vivais chez mes parents, donc j'avais ce sens-là. Et aussi, je faisais des petits boulots pour avoir l'argent de poche. Et troisième point, c'est que j'avais la chance d'être boursier. Du coup, ce n'était pas beaucoup, mais ça me permettait aussi de payer les livres, de faire quelques sorties avec les camarades, etc. Donc, je pense que ça, c'était... une chance pour moi. Et donc, ça m'encouragait davantage à étudier. Ce n'était pas que je souhaite travailler, je dirais, le plus longtemps possible. Non, parce qu'entre temps, j'ai fait aussi, j'ai commencé aussi à travailler, tout en étudiant, en fait.

  • Speaker #1

    OK. Et du coup, ton premier job, je ne sais pas si tu es en CDI ou pas, mais c'est à quel âge quand tu as ton premier job ?

  • Speaker #0

    Je crois aux alentours de... De 23-24 ans.

  • Speaker #1

    Ok. D'accord, parce que du coup, les études que j'ai mentionnées avant, tu les as fait en différé après ?

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Le doctorat notamment,

  • Speaker #1

    oui. Ok. Et donc, ton premier job, c'est dans l'audit, parce que tu as un diplôme d'expertise comptable.

  • Speaker #0

    Oui, un master, une MSCCF, maîtrise de sciences techniques comptables et financières, ce qui est très prisé par les cabinets d'audit. Et effectivement, j'ai commencé à faire l'audit. Donc l'audit, c'est la vérification des comptes, la conformité aux règles, à la loi, mais également comment améliorer leur excellence opérationnelle, c'est-à-dire les processus dans les entreprises.

  • Speaker #1

    Et c'est un métier qui t'a plu ? Et je me pose cette question aussi parce que tu vois, quand tu es étudiant, quand tu as tes premières expériences professionnelles, elles sont aussi très significatives. Tu découvres le monde du travail qui est un monde différent du monde d'étudiant. Qu'est-ce que tu te souviens de cette expérience en audit ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai trouvé que c'était très, très, très formateur. Et pourquoi ? Parce que c'était finalement les livres de l'entreprise. les comptes de l'entreprise et finalement c'est la conséquence de leur stratégie de l'entreprise. Et j'essaie de comprendre les cycles d'activité d'une entreprise et ça se reflétait dans les comptes. C'est ça, c'est un apprentissage, c'est finalement de décoder à travers les comptes de l'entreprise finalement les opérations que les entreprises ont faites. les prises de décisions. Et donc, j'aimais faire ça. Et c'est pour ça qu'à tel point que j'aimais que je prenais les dossiers de travail à la maison et je faisais le week-end. Et je lisais aussi parce qu'on avait ce qu'on appelle les dossiers permanents de l'entreprise qui permettent de comprendre le cycle d'activité, les problématiques de l'entreprise. Et pour moi, c'était passionnant. Et c'est comme ça que j'ai progressé très rapidement. en l'espace de à peine neuf mois, j'étais promu chef d'émission, alors que normalement, il fallait trois ans, trois à cinq ans pour devenir chef d'émission.

  • Speaker #1

    Et quand je t'écoute, du coup, ça me fait penser, parce que tu parlais de la loi de Pareto, des 20-80, d'essayer d'optimiser un peu, je pense, ton temps vs la performance ou l'impact que ça a. Et en même temps, je t'entends dire que tu travaillais beaucoup, même le soir, le week-end, etc. Est-ce que pour toi c'est encore, tu vois avec le recul, aujourd'hui tu te dis que c'est quand même... Tu as eu un aspect un peu tactique, stratégique, mais c'est aussi ta valeur travail qui est très forte. Et à un moment qu'il faut passer aussi beaucoup d'heures, peut-être.

  • Speaker #0

    En fait, c'est la passion. Pour moi, je ne dis pas que c'est le temps de travail, c'est la passion, parce que j'étais passionné. Quand je suis passionné à une mission, une tâche, je prends le temps. Et puis, comme je suis curieux et j'adore apprendre, donc quand quelque chose, je ne comprends pas. Il faut que je prenne le temps de comprendre. Et plus j'apprends, plus j'apprends plus vite. En fait, c'est ça aussi. Il y a cette loi algorithmique qui fait que plus on apprend, plus on acquiert une méthodologie et plus vous allez apprendre beaucoup plus vite. Ça,

  • Speaker #1

    je ne savais pas. C'est des facilités que tu développes, des soft skills un peu ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est apprendre à apprendre, en fait. Et ça, j'ai appris par la suite qu'apprendre à apprendre, c'était intéressant. Parce que plus on apprenait... Quelque chose qu'on ne maîtrise pas et une fois qu'on a maîtrisé, plus après on va maîtriser plus rapidement une autre discipline ultérieurement.

  • Speaker #1

    Et du coup, sur tes premières expériences, alors je ne sais pas si c'est dans ton expérience dans l'audit, mais j'ai vu qu'on t'appelait, tu avais un surnom, on t'appelait Monsieur Francis Lefebvre. Oui,

  • Speaker #0

    en fait, parce que dans ma maîtrise... de sciences techniques comptables financières, il y avait beaucoup de l'apprentissage par cœur, c'est-à-dire les lois, les textes de loi. Et donc, en termes de fiscalité, juridique, comptable, il faut connaître les références pour justifier. Et certains clients ou messieurs payants me posaient la question, mais Léon, ils étaient surpris. Ils me disaient, mais sur ce point-là, comment on ferait ça ? Donc, ils aiment bien justement avoir... une vision collective. Pour moi, il me semble que l'article FL de Francis Lefebvre parle de ce point-là. Et après, il regarde et dit, mais c'est vrai. Donc, j'avais un peu finalement les principaux thématiques, en tout cas parties importantes, je les connaissais et je pouvais citer dans telle partie, il y avait ce point-là précis, etc.

  • Speaker #1

    Et du coup, après, alors, Tu commences par l'audit et après tu vas du coup en conseil chez Deloitte. Alors à l'époque, je crois que ce n'était pas Deloitte. Après,

  • Speaker #0

    je suis revenu parce qu'après, j'ai fait trois ans de stratégie dans un cabinet à l'international. Et après, je suis revenu et effectivement, après, j'ai fait du conseil. Ok.

  • Speaker #1

    Et si j'avance un petit peu, alors ce que j'ai vu, c'est que tu devais tes premières vacations. Donc, qui sont les vacations ? C'est des cours, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'enseignement.

  • Speaker #1

    Ok, et à HEC Paris, où ça ne s'invente pas, qui est une école concurrente de l'ESCP Business School. Comment tu as été choisi, avec le recul, pour toi, pourquoi tu as été choisi pour donner des cours à HEC Paris, qui à l'époque c'était déjà l'école...

  • Speaker #0

    Numéro 1, bien sûr. Ok,

  • Speaker #1

    d'accord. Et comment tu as été choisi, c'était une fierté pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est parce que mon directeur de thèse était professeur à HEC. Ok. J'ai fait ma thèse à l'université de Paris Dauphine. À l'époque, il y avait des professeurs de l'ESCP et d'HEC. J'ai eu la chance d'avoir mon professeur superviseur, directeur de thèse HEC. Il m'a dit, Léon, écoute, maintenant, comme tu fais une thèse avec moi, il faut que tu viennes enseigner à HEC. Il m'annonça au mois de juin et pour septembre. C'est des cours d'anglais. Il faut créer... tout le programme parce qu'il m'a donné le syllabus. Il dit tu as toute ta liberté mais tout en respectant les syllabus et puis aussi les cas que tu dois le traduire en anglais, etc. Donc c'est assez passionnant. Mais c'était très difficile parce que j'ai jamais enseigné de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai lu, c'est que les débuts ne sont pas faciles. Et du coup c'est un peu... Encore un apprentissage ? C'est peut-être une louche froide, mais c'est aussi un apprentissage ?

  • Speaker #0

    Mon premier cours à HEC, c'est un cours à l'époque d'1h30, en anglais en plus. Je n'ai jamais fait d'enseignement, évidemment, de comptabilité, de gestion en anglais. Et je ne savais pas comment, finalement, calibrer la durée. Mon premier cours s'est terminé en 50 minutes alors qu'il fallait le faire en 1h30. Parce que je n'avais aucune notion.

  • Speaker #1

    Tu avais un peu un malaise à la fin ?

  • Speaker #0

    D'abord, j'ai trouvé que les études étaient brillantes. En plus, c'était des élèves qui venaient du monde entier. Donc, il faut déjà aussi bien comprendre parce que parfois, dans certains pays, il y a les accents. Donc, il faut bien être à l'aise en anglais pour le niveau, pour comprendre ce qu'ils veulent dire, etc. Et oser parce que j'avais finalement trois à quatre ans d'écart d'âge avec eux. Donc, ce n'était pas beaucoup. Et donc, c'est un apprentissage aussi de tout. Et surtout, deuxième cours, je dis, oh là, là, il faut que je fasse le maximum. Il vaut mieux faire plus que moi. Voilà, donc c'était un apprentissage aussi dans la pédagogie et dans la préparation des cours. Et aussi, ce qui est important, c'est l'apprentissage de l'écoute.

  • Speaker #1

    OK. Et justement, ça m'intéresse parce qu'aujourd'hui, encore une fois, tu es digne de l'ESCP Business School. Moi, j'ai 31 ans, je suis sorti d'études il y a 6-7 ans, et j'ai fait la post-bac du groupe EDEC, qui est une école de commerce également. Et tu vois, je me demandais, enfin, je trouve que c'est dur. Alors, il y a un rapport entre les élèves et les professeurs, et pour être professeur, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    D'abord, l'EDEC, c'est une école excellente, donc bravo. En fait, tout métier n'est pas facile. Je crois que ce qui fait que ça rend plus facile, c'est d'être passionné par rapport à un métier. Et moi, j'ai trouvé ma voie dans l'éducation, notamment dans l'enseignement supérieur. Je crois que c'est ça qui est important. Du coup, la durée de travail, je ne le vois pas. Et aussi, dire que c'est un métier difficile. Probablement, certainement, mais lorsqu'on est passionné,

  • Speaker #1

    évidemment,

  • Speaker #0

    ça passe plus facilement. Et on est toujours dans la quête de l'apprentissage et aussi de soi pour finalement se dépasser, se surpasser. Et dire que lorsqu'un élève vient de te voir, dit Monsieur, je suis vraiment très content grâce à vous, j'ai tout compris. Et puis, j'ai eu la chance d'avoir dans ce métier, qui peut paraître difficile pour certains, mais pour moi, c'est un métier que j'adore, lorsqu'ils viennent vous voir. L'ensemble de la classe, ils vous offrent une bouteille de champagne ou un magnum d'un grand vin, et là vous dites Ah, vraiment j'ai bien fait de faire ce métier Et j'ai eu cette Ausha à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    C'est ta récompense ?

  • Speaker #0

    C'est la récompense. Je crois que c'est la plus belle récompense qu'on peut avoir. Lorsque vos élèves viennent vous voir ou lorsque je les rencontre 10, 15, 20 ans plus tard, qu'ils viennent me dire Mais monsieur, grâce à vous, j'ai aimé la comptabilité. Et ça, je crois que je dis Ah, au moins j'aurais fait changer quelque chose.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la richesse de la transmission. Mais je reviens quand même parce que ce qui m'intéresse de comprendre, c'est aussi comment est-ce qu'à l'époque, tu as un enjeu pour toi de capter l'attention, de te faire écouter ? Parce que moi, j'ai un souvenir aussi, tu vois, des fois, des courses, tu es long. Et même si tu as quelqu'un en face de toi qui est hyper passionnant, il faut réussir à captiver un peu son public et maintenir l'attention. Est-ce que tu as des souvenirs autour de ça ? Est-ce que tu avais un peu des techniques pour capturer l'attention des étudiants ?

  • Speaker #0

    Tu sais, Nicolas, chaque année ou chaque promotion, chaque groupe d'élèves est différent. Et c'est ça qui fait la beauté. Et donc, c'est difficile. On apprend tout le temps.

  • Speaker #1

    Tu te remets toujours en question.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait depuis 1996 que j'enseigne. Et chaque année, je dois apprendre, je dois m'adapter. Et je crois que c'est ça la beauté de l'enseignement. Et effectivement, capter l'attention au fil des années, on apprend. Moi, j'aime bien raconter des histoires. Je raconte l'histoire sur la comptabilité. Parce que c'est vrai que si vous parlez des comptes, pour certains qui adorent, alors il y a une facilité, mais certains ou certaines qui n'aiment pas, ou a priori, du coup, on est moins captif. Et moi, j'aime bien raconter l'histoire. Et puis j'aime bien raccrocher par rapport au réel. Donc j'aime bien donner des exemples aussi de ce qui se passe. grâce à mon expérience professionnelle.

  • Speaker #1

    Tu donnes des cours à HVC Paris, c'est en parallèle de ton boulot du coup ? Merci d'avoir écouté cette première partie d'épisode des Sages. Vous pouvez écouter la deuxième partie, écouter la suite, à la suite de cet épisode sur votre plateforme préférée. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et c'est vraiment super encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, merci pour ça. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcasts, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour cet épisode, nous sommes ravis d’accueillir aujourd’hui Léon Laulusa, le Dean (Président) de l'ESCP Business School :


  • Léon est Président de l'ESCP Business School, classée 2ème école de commerce Française par le prestigieux Financial Times, derrière HEC Paris. Il prend la direction de l'école en mai 2023, après 18 ans au sein de celle-ci, à apprendre tout les rouages et la culture de cette école historique.


  • Léon est arrivé en France à l'âge de 8 ans, en provenance du Laos avec sa famille, après avoir fui un contexte de guerre civile. Il tombe alors amoureux de la France qui l'accueille lui et ses proches, qu'il voit comme un vrai pays de libertés et d'émancipation intellectuelle.


  • C'est un également un Homme pour lequel l'humilité et la valeur travail sont centrales. Il diffuse sa vision du monde de l'éducation de demain, en expliquant l'importance de prendre du plaisir et de s'adapter dans le monde de demain, notamment avec l'arrivée de l'IA. Léon a toujours grandi en apprenant des plus expérimentés que lui, notamment avec Yannick Noah, quand il était ramasseur de balles à Rolland Garros.


Dans ce 7ème épisode, nous avons parlé de la proposition de valeur d'une école de commerce par rapport à du contenu gratuit comme il existe dans les podcast ou sur Youtube, des nouveaux modèles éducatifs comme l'école 42 de Xavier Niel, ou encore de la méditation, ou du fait d'apprendre tout au long de la vie !


Bon voyage avec Les Sages ! 



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre dans un format inédit qui est négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les... les plus grands leaders et leadeuses qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur emprunter. Bon voyage avec les salles. Léon Lalouisa est un symbole de maïtocratie. Arrivé quand il était petit en France, en provenance du Laos avec ses parents, il découvre la différence et la richesse de la France,

  • Speaker #1

    un pays dont il tombe amoureux.

  • Speaker #0

    Léon est assaufé de curiosité et commence à apprendre à travers son expérience dans le tennis. Au début ramasseur de balles, il finit capitaine des ramasseurs en côtoyant les plus grands, notamment Yannick Noah. Léon apprend ses bases dans l'audit et la comptabilité,

  • Speaker #1

    puis tombe amoureux une deuxième fois,

  • Speaker #0

    cette fois-ci de l'apprentissage et de la transmission. Il donne ses premiers cours à HEC Paris, puis finit par rentrer à l'ESIP Business School.

  • Speaker #1

    18 ans plus tard,

  • Speaker #0

    il devient le président de cette prestigieuse école de commerce, classée deuxième école en France. Léon est un stratège, qui observe et écoute et déploie une vision sur l'éducation de demain. Allez,

  • Speaker #1

    on y va avec Léon ! Bonjour Léon, et merci d'avoir accepté mon invitation pour ESH.

  • Speaker #2

    Merci à toi, bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Très bien, et toi, ça va ?

  • Speaker #1

    Écoute, ça va. Merci de nous accueillir. Du coup, on est sur l'un des campus de l'ESCP Business School. Oui. Du coup, on est à la frontière entre Paris et le Valois-Péret, c'est ça ?

  • Speaker #2

    On est à Paris 17ème, donc sur le site de Paris-Champéret. Effectivement, nous avons aussi à Paris un autre site qui est à... Paris Montparnasse dans le 15e. Et puis après, nous avons cinq autres sites, évidemment à Berlin, Londres, Madrid, Turin et Varsovie.

  • Speaker #1

    Ok. Donc une école internationale. D'ailleurs, en préparant l'interview, vous avez changé de nom il y a peu de temps. Parce que pour moi, c'était l'ESCP Europe. Et maintenant, vous vous appelez l'ESCP Business School.

  • Speaker #2

    Oui. Le nom commercial, c'est l'ESCP Business School. Pourquoi ? Parce que nous sommes une école internationale. pan-européenne et l'Europe est consubstantielle à l'ESCP. Et on veut aussi rayonner notre marque au niveau mondial. Et lorsqu'on dit ESCP Europe, on pense que c'est une école européenne pour l'Europe. C'est vrai. Alors que l'ESCP Business School, c'est une école européenne avec un rayonnement mondial. Ok,

  • Speaker #1

    bon, peut-être préparée aux métiers sur tous les continents.

  • Speaker #2

    Absolument, et c'est déjà le cas. Ok.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Alors, est-ce que pour commencer, du coup, je peux te demander de te présenter en quelques phrases pour les auditeurs ?

  • Speaker #2

    Léon Lollusa, j'ai 56 ans. Je suis vraiment ravi d'être avec toi, Nicolas, et avec ton émission. Mon parcours, très simplement, je suis d'origine laotienne-chinoise. Je suis arrivé à l'âge de 8 ans. en France en 1976 plus précisément. Et donc j'ai eu la chance, et je crois que ça c'est la chance de la France, d'accueillir les personnes issues de l'immigration. Et moi j'étais un réfugié, enfin avec ma famille, réfugié politique. Et grâce à toute la scolarité, la méritocratie républicaine, de pouvoir justement exercer des métiers dont je suis passionné et qui m'intéressent.

  • Speaker #1

    Et du coup, c'était justement une de mes questions. Pourquoi, avec ta famille, vous avez fait le choix de venir en France ? Donc, c'était pour des raisons politiques. Ça veut dire qu'il y avait un contexte de guerre, peut-être ?

  • Speaker #2

    Il y avait une guerre civile dans notre pays. Et je me souviens, j'avais huit ans. Et à l'aéroport, il y avait les militaires qui surveillaient. Et les militaires demandaient à ma mère, parce que mon père ne venait pas avec nous. Donc, j'avais mon frère aîné qui était avec moi. Et j'avais mon autre grand frère et ma grande soeur qui étaient à Hong Kong qui faisaient les études. Et après, on s'est rejoint en Thaïlande. Et je me souviens à cette époque-là, j'avais presque 8 ans. Et les militaires demandaient, mais vous allez où ? Et ma mère disait, je vais aller en France amener mes deux enfants en France pour des soins dentaires. Et donc sans mon père, parce que justement, il fallait... Surtout ne pas dire qu'on partait, qu'on quittait définitivement. Donc on a tout laissé nos biens, le patrimoine au Laos pour venir. Et on a la chance d'être accueillis en France par la Croix-Rouge en tant que réfugiés politiques. Et ça, ça m'a marqué à vie. Et mes parents, lorsqu'on est arrivés, on a atterri à Roissy-Charles-de-Gaulle, ils disent maintenant la France est ton pays.

  • Speaker #1

    Ok. Et pourquoi à l'époque, pourquoi la France ? C'était un pays qui faisait rêver, je ne sais pas si c'est le mot, mais pourquoi ils ont choisi la France ? Peut-être, je ne sais pas, il y a peut-être l'Allemagne ou l'Espagne ou les États-Unis ?

  • Speaker #2

    Clairement, en fait, c'est parce que mon papa a fait le lycée français. Et donc, il parlait français et il parlait aussi anglais. Parce que mes parents avaient une société d'import-export. Donc, on achetait des produits français. On importait, en tout cas, mes parents au Laos. Et donc, c'était le choix porté soit les États-Unis, soit la France. Pourquoi la France ? C'est parce que ma tante, donc une cousine de ma mère, habitait depuis les années 50. Elle me dit que la France est géniale, un pays très cultivé, très ouvert en termes de culture. culture très ouverte et aussi c'est l'époque où ils accueillaient ce qu'on appelle les réfugiés boat people en fait. Et alors pourquoi on n'a pas choisi les États-Unis ? Parce que c'est vrai que mon père voulait aller aux États-Unis parce que nos amis aussi disaient mais les États-Unis vous pouvez réussir en tant qu'entrepreneuriat.

  • Speaker #1

    Le rêve américain.

  • Speaker #2

    Le rêve américain, tout est possible. Et on a plutôt choisi la culture, justement l'apprentissage. Parce que la France est un pays, un grand pays de culture.

  • Speaker #1

    Vu de l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça que le choix qui a été fait finalement par nos parents, de venir en France et puis on a eu la chance, comme je disais, d'être accueillis par la Croix-Rouge durant six mois pour qu'on s'adapte à notre nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé ? Parce que c'est quand même... Moi, j'ai voyagé... Le seul road trip de six mois dans ma vie que j'ai fait, c'était en Asie. Et mon papa vit là-bas, d'ailleurs. Donc, entre l'Asie et l'Europe, c'est quand même deux cultures qui sont différentes. Toi, t'arrives, t'as huit ans, je crois. Comment ça se passe ? Est-ce que c'est simple ? C'est quoi tes premières impressions ? Est-ce que t'as un temps d'adaptation ?

  • Speaker #2

    En fait, quand on est enfant, le temps d'adaptation est relativement rapide. C'est vrai, à cette époque, je ne parlais pas du tout français. Et moi, le mot que mon papa m'a appris, il dit tu dis merci Donc la première personne qu'on me voyait, qui me parlait, je dis merci Et à chaque fois qu'on me disait quelque chose, je disais merci et je souriais. Et en fait, ce qui m'a marqué, c'est que lorsqu'on est enfant, on adore les glaces. Et je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Et donc, je trouvais bizarre, c'est qu'on mangeait les viandes, mais sans découper en petits morceaux. Vous savez qu'en Asie, on aime bien avoir des petits morceaux coupés, etc. Et donc, j'avais un steak et je me disais, c'est bizarre, c'est un grand steak. Et puis, il n'y avait pas de goût et il fallait mettre du sel et du poivre, c'est tout. Et il n'y avait pas de sauce. Et je me disais, mais c'est bizarre. Et puis, il faut couper ça. Donc, il faut avoir l'habitude de couper et de manger. Et je dis, mais... Ça, je n'aime pas trop, je ne suis pas très habitué. En revanche, les glaces, tout le monde adore. Donc, je pensais que le pot de yaourt, c'était une glace. Donc, je m'empressais de manger rapidement. Et puis après, ma première cuillère du yaourt, je dis mais elle est bizarre cette glace. Elle est très acidulée et puis il n'y a pas de sucre. Je dis mais c'est quoi ce pays où on mange des choses qui sont totalement différentes ? Deuxième chose que j'ai découvert, je dis mais c'est bizarre sur le sol. Il y a des glaçons, en fait, c'était des glaces, en fait, parce qu'il y avait la neige. C'était l'hiver. C'était l'hiver et on est arrivé le 1er janvier 1976. Et là, je découvrais...

  • Speaker #1

    C'était par hasard, juste, cette date du 1er janvier ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est vraiment par hasard. C'était pas complètement...

  • Speaker #1

    Choisi.

  • Speaker #2

    Choisi, etc. Et c'est pour ça qu'on a dû attendre, parce que comme c'était le jour de l'an, pour que la Croix-Rouge arrive, etc. pour venir nous accueillir et pour nous placer dans un camp, temporairement. Et donc, c'est un camp d'accueil. Et c'est là que j'ai dit, tiens, la nourriture, elle est différente. Le temps, il fait très froid. Et en plus, il y a la neige. Je n'ai jamais connu de neige de ma vie. Et en plus, quelques mois plus tard, quand on s'est retrouvé à Paris, puisqu'on est parti à Metz, à l'est... de la France pendant six mois. Et lorsqu'on est revenu à Paris, là, j'ai eu la chance d'aller en colonie de vacances, à la montagne. Et là, pour moi, c'était un rêve, parce que lorsqu'on vous amène durant la nuit en car, Et le lendemain matin, vous ouvrez vos yeux et vous voyez les montagnes remplies de neige. Et là, vous vous dites, mais je suis dans un rêve ou c'est la réalité ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu n'avais jamais vu. Dans des livres peut-être ou à la télé ?

  • Speaker #2

    Même pas. À la télé, c'était en noir et blanc. Et donc, c'était vraiment... Et ça, pour moi, je me dis, mais est-ce que je suis dans un rêve ou c'est la réalité ? Et pour moi, et puis c'était une grandeur aussi. Et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Et quand même, quand t'arrives, quand t'as 8 ans, du coup, tu me dis si je me trompe, mais tu parles pas français. Non. Parce que ça, c'est aussi un peu un enjeu, je pense aussi, pour comprendre, pour se faire des amis, comprendre la culture, etc. Est-ce que t'es scolarisé, du coup ?

  • Speaker #2

    Oui, avec deux ans de retard, en fait. Parce que, donc j'avais 8 ans. Alors, c'est vrai qu'en France, ils disent, vous avez 8 ans, c'est au CE2. Donc j'arrive au CE2. Et donc la maîtresse, même si j'avais six mois d'adaptation, où on nous apprenait le français, je commençais à comprendre un petit peu. Mais à parler, à lire, tout ça, c'était difficile. Et donc la première chose, quand j'arrivais au CE2, la maîtresse me dit mais vous lisez le livre Et donc je commençais à lire, mais en fait, je lisais que les articles. Je disais le la les etc. je ne pouvais pas prononcer les autres mots parce que je n'avais pas appris. Et donc là, je me souviens, les jeunes camarades de l'époque riaient, se moquaient de moi et disaient mais c'est bizarre, il ne sait pas parler français, etc. Et donc, du coup, je me suis retrouvé en deux classes inférieures au CP, au cours préparatoire, pour justement apprendre à parler, à épeuler avec les syllabes, etc. le français.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que tu es rentré en CE2. Et entre guillemets, tu as été rétrogradé en PP pour pouvoir apprendre et mieux t'adapter.

  • Speaker #2

    Alors, j'avais une chance, c'est que j'étais très en avance en mathématiques.

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que les maths, c'est un peu universel, le langage des maths.

  • Speaker #2

    Oui, dans le calcul, donc j'étais très à l'aise. Et après, ce que tu dis est très juste, comme je ne pouvais pas m'exprimer avec les camarades de classe, donc la maîtresse dit, mais l'enfant, il est trop sage. Il est trop timide. Oui, c'est normal, parce que comme je ne pouvais pas m'exprimer, et je ne savais pas, et le moyen, dans la récré, comme j'avais du mal à m'exprimer, et pour m'interagir, il y avait des enfants qui s'amusaient à se battre, en amusement. Eh bien, j'essaie de me battre. en amusement avec eux pour essayer de me socialiser.

  • Speaker #1

    De créer du lien. De créer du lien. C'est un langage versel.

  • Speaker #2

    Et sans pouvoir parler, parce que j'avais du mal, je ne comprenais pas totalement. Et donc, grâce au CP, j'ai pu apprendre à lire, écrire, etc. Et comme les mathématiques étaient faciles pour moi, du coup, j'ai suivi ça très, très facilement, l'adaptation et la scolarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as dû, entre guillemets, tu vois, le soir, je ne sais pas si ça se faisait, des cours pour apprendre plus vite ? Parce que j'ai l'impression que tu étais aussi issu d'une famille où l'apprendre sèche, c'est important. Et tu vois, pour attraper un peu ton retard, au-delà de la journée comme tout le monde, est-ce que le soir ou le matin, je ne sais pas, ou le week-end, tu avais des cours de français ou tu regardais dans les livres ?

  • Speaker #2

    Non, parce que pour moi, c'est que j'ai appris cela. quand j'ai quand même fait deux années d'études au Laos, c'est que...

  • Speaker #1

    C'était la maternelle, en gros ?

  • Speaker #2

    Non, même, c'est un peu l'équivalent du cours préparatoire et le CE1, en fait, finalement. Et j'étais dans une école bilingue, laotien et chinois, un mandarin. Une école privée. Et donc, c'était très strict. Et il fallait écouter le professeur ou la maîtresse de la maîtresse. etc. Donc, j'écoutais. Donc, moi, quand j'étais en classe en France, j'écoutais. J'écoutais et j'appliquais. Voilà ce qu'il fallait faire. Et mon père, justement, le soir, lui, il aime bien la précision, l'excellence. Et donc, il me dit, il faut bien écrire. Il faut bien appliquer. À l'époque, il y avait le buvard, etc. Il faut bien écrire les lettres, ça. Et donc, il me dit, mais oh là là, ça ne va pas du tout. Tu écris mal. Il faut bien écrire. appliquer, il faut prendre le temps de bien écrire. Et comme ça, j'ai appris avec lui à bien écrire pour prendre le temps. Mais sinon, c'est moi qui travaillais tout seul. C'est-à-dire qu'on avait les livres, etc. Il fallait faire les exercices demandés par la maîtresse de l'école.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #1

    Si je reviens sur un passage un petit peu en amont que tu as évoqué, si tu me le permets. Quand tu arrives en France, tu dis que vous arrivez dans un camp. Est-ce que tu as des souvenirs ? Qu'est-ce que c'est concrètement ? Est-ce que c'est pendant quelques semaines ? Vous êtes avec d'autres personnes qui sont issues de l'immigration, peut-être politique. Est-ce que tu t'en souviens ? Comment tu l'as vécu ? Est-ce que c'était dur ?

  • Speaker #2

    Oh, c'était pas dur parce que pour nous, mes parents, même si j'avais 8 ans, mes parents ont dit voilà, il y a la guerre, en tout cas civile. Et je me souviens parce qu'au Laos, il y avait les militaires tous les soirs qui venaient voir mes parents en disant bon, il faut que tout ce que vous faites appartient à l'État. Donc il faut venir aux réunions, comment aider l'État, etc. Et donc nous, on a pris la décision de partir et de tout laisser. Et on avait la chance, c'est la santé et la famille étaient là. Donc lorsqu'on arrive, on a été accueillis. Et ça vraiment, c'est une chance incroyable que la France nous accepte d'être accueillis dans un camp d'accueil. Je me souviens, c'est à Créteil, pendant deux semaines. Évidemment, c'est des chambres. Et puis, vous êtes plusieurs personnes, vous êtes quatre dans une chambre, etc. Mais pour nous, on était contents. Donc, après les deux semaines, il y avait le choix d'aller dans telle ou telle région de France. Et on avait pris le choix d'aller en fait à Metz parce que ma tante habitait dans cette région. Et comme ça, pour être plus près d'elle. Et on est resté dans ce camp d'accueil. C'est un peu un foyer sonacotra.

  • Speaker #1

    Sonacotra ?

  • Speaker #2

    Oui, on dit ça. Tu vois, en fait, tu as une chambre où tu as quatre personnes. Il n'y a pas de douche, etc. Donc, c'est des douches collectives. Pendant six mois, on était là, mais on était très contents. C'est le temps d'adaptation pour les réfugiés. Ils ont proposé des métiers à mes parents dans la région de Metz. Et mes parents ont dit non, non, nous, on... On préfère venir sur Paris ou revenir sur Paris parce qu'il y a plus d'opportunités de travail. Du coup, mes parents se sont retrouvés évidemment ouvriers. Mon père a chez Renault, par exemple. Ma mère, c'est Suchard. À l'époque, il y avait une usine de chocolaterie, etc. Alors qu'ils étaient commerçants, entrepreneurs.

  • Speaker #1

    Comment ils l'ont vécu ? Ça me fait penser à dans les sages dans la saison 1, on a interviewé la famille Klaba qui est à l'origine de OVH, l'hébergeur. Et eux c'était des immigrés polonais et pareil Henri Klaba lui en Pologne c'était un haut dirigeant et il est retourné entre guillemets en bas de l'échelle. Et j'ai l'impression que c'est un peu la même chose pour tes parents. Comment ils l'ont vécu ? Est-ce que tu vois le fait d'être accueilli par la France ça a pris le dessus ? Même si peut-être le quotidien était moins plus dur. Comment ils l'ont vécu ? de changer de métier, de retourner peut-être en bas de l'échelle ?

  • Speaker #2

    En fait, ce n'est pas grave. Pour nous, ce n'est même pas le bas de l'échelle. C'est-à-dire que pour nous, la chance, c'était qu'on était tous réunis, sains et saufs. Je crois que c'est ça la chance. Et d'abord, c'est de la liberté.

  • Speaker #1

    Premier objectif.

  • Speaker #2

    Ça, c'est le premier objectif. Et la liberté, je crois que c'est ça le point. Et aussi de pouvoir, grâce à la France... d'apprendre grâce à l'éducation, etc. Je crois que c'est ça le point. Évidemment, c'était dur pour mes parents, surtout pour ma mère qui ne parlait pas français. Déjà, de prendre le métro pour aller au travail. Donc ça aussi, il faut reconnaître. Donc, elle comptait les stations de métro.

  • Speaker #1

    Oui, comme forcément, elle n'arrivait pas à lire, à chercher un autre moyen de...

  • Speaker #2

    Voilà, pour dire, est-ce que je me trompe ? Et puis, on ne peut pas se tromper de sortie. Parce que si il y a... Il y a un métro qui a deux sorties, il ne faut pas se tromper. Donc, tu vois, c'est des adaptations comme ça, mais on était vraiment très soudés par rapport à ça. Donc, ce n'était pas pour nous, évidemment. On était contents parce que c'était pour nous une nouvelle vie. Et donc, il faut créer cette nouvelle vie.

  • Speaker #1

    Et tu as évoqué le mot liberté. Pour tous les Français, c'est dans la devise, etc. Mais en fait, moi, par exemple, j'ai grandi en France et tu vois, on n'a jamais connu l'inverse de la liberté. Et c'est quoi pour toi la liberté ? Tu vois comment dans ta définition de la liberté, c'est la liberté de parole, c'est la liberté de bouger. C'est quoi pour quelqu'un qui n'a pas vécu justement ? qui a vécu la liberté maintenant, mais avant, tes parents ne l'ont pas vécu.

  • Speaker #2

    En fait, c'est la liberté de penser, la liberté en termes de mobilité. Donc, tout type de liberté où on peut faire ce qu'on souhaite, on peut dire des choses, ce qu'on pense, librement. Je crois que c'est ça qui est important. Et la liberté d'entreprendre aussi. Et c'est tout ça. Et ça, c'est un parti pris de mes parents. Ils ont dit, nous, on a fait le choix de partir.

  • Speaker #1

    OK. Pour retrouver cette liberté, se retrouver en famille de manière safe. Oui,

  • Speaker #2

    absolument.

  • Speaker #1

    Si j'avance un peu dans ton parcours, du coup, est-ce que là, tu es au collège, ton lycée en France. Est-ce qu'à ce moment-là, tu as des passions ou déjà tu as des rêves ? Tu veux devenir, faire un métier en particulier ?

  • Speaker #2

    À cet âge-là, je n'avais pas de rêve de métier. Et là, je me suis retrouvé, c'est le tennis. J'avais une passion grâce à mon grand frère qui adorait jouer au tennis. Donc je l'ai suivi, etc. Et j'ai touché la raquette et j'ai aimé. Et donc j'ai commencé à faire la compétition, etc. Et à tel point que lorsque j'étais adolescent, j'ai postulé, candidaté à Roland-Garros. pour être ramasseur de balles. Donc, j'ai fait ça pendant trois années. Et c'est trois années passionnantes.

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Alors, qu'est-ce que tu as aimé dans le tennis quand tu dis la raquette ? C'est quoi concrètement ? Pourquoi ce sport t'a fait un... Pourquoi tu as aimé ce sport ? Tu as eu un déclic envers ce sport ?

  • Speaker #2

    J'ai aimé ce sport parce que c'est un sport très tactique. En fait, on peut gagner un adversaire sans être le plus fort. Et moi, j'aimais cela. C'est-à-dire, moi, j'aime bien... lorsque je joue avec quelqu'un, les premiers jeux, j'essaie de trouver ses défauts. Et ses points de faiblesse, finalement. Et après, je vais jouer sur ses défauts. Même si mon jeu n'est pas beau à voir, le but, c'était de le renverser et de gagner la partie. Lorsque j'étais en compétition, bien entendu. J'aimais beaucoup, et c'était ce jeu à la fois de tactique, mais de force et d'endurance. Donc je trouvais que ce sport était très complet.

  • Speaker #1

    Et comment, quand tu parles de tactique, de stratégie, comment concrètement, en amont des matchs, parce que tu jouais, je crois que tu as joué un peu à un niveau quasi professionnel, je crois, mais comment tu te renseignais sur l'adversaire en amont ? Parce que concrètement...

  • Speaker #2

    En fait, moi, j'étais un amateur, modestement. J'étais classé, effectivement, mais je jouais en championnat de France, en championnat de Paris, etc. En fait, c'est qu'on connaît le classement. Si j'avais un adversaire mieux classé que moi, je suis challenger. Et comment le gagner ? Parce que lui, il est sûr de lui. Il dit, c'est quelqu'un qui est moins bien classé que moi, il est plus petit que moi de taille, etc. Et moi, c'est que déjà, les premières balles d'échauffement, ça nous permet de voir sa force, sa puissance et ses points forts. Et après, c'est au cours de matchs qu'on peut s'apercevoir. Donc, je fais des tests. Donc je fais des lobes, je fais des revers coupés, ce qu'on appelle slicés, des coups droits, enfin tout type de coups.

  • Speaker #1

    Pour voir sa réaction.

  • Speaker #2

    Exactement, pour tester. Là où il est à l'aise, là où il est moins à l'aise. Est-ce qu'il est à l'aise au filet, au moins, etc. Et comme ça, les quatre premiers jeux, ça me permettait de le tester, de voir là où je peux gagner. Et c'est comme ça, après je reconstruis mon jeu pour justement faire la différence.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup... Finalement, tu étais peut-être meilleur, on va dire, dans la tête que physiquement. Et tu jouais avec ta force de tactique, de stratège ?

  • Speaker #2

    Exactement. C'est-à-dire que je jouais sur mes points forts. Donc, je cachais mes points faibles. En fait, c'est là le point. Et ça, lorsque j'ai eu l'assent d'être ramasseur de balles à Roland-Grosse, j'ai croisé Yannick Noah, c'est ce qu'il m'a dit. Donc, j'ai dit, mais Yannick... Quel conseil tu pourrais me donner pour moi qui souhaite progresser ? Il m'a dit d'abord je ne t'ai pas vu jouer, mais il faut que je te vois jouer. Et la deuxième chose c'est que renforce tes points forts. C'est toujours ça qu'il faut renforcer, ces points forts.

  • Speaker #1

    Et quand tu vois Yannick Noah, tu oses aller lui parler ? Tu le connais ? Tu as du culot ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est le culot. Moi, j'adore. Moi, c'est comme ça. Pour moi, il n'y a pas de barrière. C'est une personne, bien connue, etc. Et je m'approche de lui, je dis Yannick, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je peux parler avec toi ?

  • Speaker #1

    Comme tu le disais, avec tes parents, etc. Et du coup, il te dit d'aller sur tes points forts. Et si on revient en amont, tu es un passionné de tennis et donc tu rentres en tant que ramasseur de balles à Roland-Garros. C'est un job que tu fais à côté, c'est un job passion, c'est un job pour gagner un peu d'argent aussi ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est que d'abord on candidate à la Fédération Française de Tennis et on est présélectionné. Donc il y a des tests, c'est au mois de... De février, on sait qu'on est présélectionné. Et ils convoquent à l'époque 300 personnes pour retenir une centaine. Et donc, comment ? On fait des tests d'endurance. On va courir au bois de boulonne pendant une heure pour voir si on tient au moins. On va faire des tests de jets, de lancement de balles, etc. Et comment on ramasse, etc. Et pour voir si on écoute. Et donc, il y a... trois semaines de test, trois week-ends de test. Et à l'issue de ça, on dit qu'on est sélectionné pour être à Roland-Garros. Et donc, j'ai eu la chance d'être sélectionné. Effectivement, c'est trois semaines où il faut être absent à l'école. Et en fait, comme on n'est pas majeur, on a des bons d'achat dans une boutique de vêtements de sport. Et à l'époque...

  • Speaker #1

    C'est ta rémunération ?

  • Speaker #2

    C'était une super rémunération parce qu'en trois semaines, j'avais 3000 francs. En 1983, c'est énorme. C'est comme si tu dis que tu as 3000 euros en trois semaines. En termes de pouvoir d'attraper. C'est super. J'étais très, très content.

  • Speaker #1

    Tu avais quel âge du coup ?

  • Speaker #2

    Là, à l'époque, j'étais en quatrième. Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    C'est fou.

  • Speaker #2

    Donc c'était pas pour l'argent en fait que je faisais ou pas. L'argent au sens d'avoir un bon d'achat pour acheter ces vêtements de sport.

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une expérience et c'était la passion du tennis, de rencontrer mes idoles. Yannick Noah, bien entendu, John McEnroe, tous les grands joueurs professionnels. Et ça, c'était de s'approcher, de voir au plus proche. Et oui, et comment ils jouent, vraiment, et la force. Et ça, il y a une différence entre la télé et la réalité. Et on dit, waouh, à la télé, on ne voit pas la force. puissance alors que sur le terrain et lorsque vous ramassez une balle même au service lorsqu'il faut un service et qu'il y a un rebond vous prenez la balle je peux vous dire que leur service est assez puissant.

  • Speaker #1

    Et du coup tu deviens, j'ai l'impression que tu as vraiment cette logique d'apprentissage quasi quotidienne déjà à l'époque et du coup ça te permet peut-être d'être meilleur et du coup tu deviens tu m'as raconté Capitaine des ramasseurs de balles et après capitaine des capitaines.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est que d'abord, on attribue un responsable de l'équipe, qu'on appelle ça dans chaque cours. On a un responsable de l'équipe qui va organiser justement qui va ramasser, qui va être en pause, etc. Pour que tout se passe bien durant les matchs, évidemment. Et donc, j'étais tout de suite pris comme capitaine d'une équipe. Et après, il y a une grade, en tout cas en termes de capitaine, c'est-à-dire que les meilleurs capitaines étaient dans, évidemment, les cours numéro un à l'époque, cours central, et donc là où il y avait la télévision, où il y avait les matchs des stars. Et donc petit à petit, je commençais à aller dans les meilleurs cours, les cours où il y a beaucoup de public. Et après, la deuxième année, j'ai repostulé, évidemment, j'ai été accepté, et là je suis devenu capitaine des capitaines. C'est-à-dire, en fait, le responsable de toutes les équipes pour, évidemment, coordonner et puis choisir les personnes. Et donc, ça, c'est en fait, finalement, un apprentissage à comment mieux ramasser, évidemment, ça veut dire s'améliorer et puis à respecter les règles. Et ça, c'est important. Et c'est pour ça, je pense que mes premières leçons de leadership. Je crois que j'ai appris quand j'étais ramasseur de balles.

  • Speaker #1

    C'était un apprentissage implicite à l'époque. Je pense qu'on ne se dit pas qu'on apprend sur le leadership. Et parce que du coup, tu avais une fonction de management.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que lorsque tu as des adolescents, certains t'écoutent, mais certains t'écoutent pas.

  • Speaker #1

    Il n'y avait que des ados ou tu avais des gens beaucoup plus âgés ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait que des ados. En fait, la personne la plus âgée avait 18 ans, enfin une personne majeure. Dans la même portage. La grande majorité, ils avaient entre 13 et 15 ans. Et chacun veut voir ses idoles, ne respectent pas, etc. Et donc, par exemple, les temps de pause, normalement tu as un quart d'heure, mais certains, ils vont faire une demi-heure. Donc, il faut les faire comprendre, qu'il faut respecter, etc. Et qu'il y a un roulement, etc. Donc, tu vois, c'est un management. Donc, il faut les relations avec autrui, avec l'autre. C'est important. Il faut comprendre, etc. Voilà, donc je crois. Et puis, il faut fédérer l'équipe. Il faut encourager aussi l'équipe.

  • Speaker #1

    OK. Et comment on devient... Parce que dans le management, il y a aussi une notion de légitimité pour te faire accepter de tes équipes. Comment tu deviens légitime auprès de tes équipes ? Et aussi, en amont de cette interview, on en parlait et tu me disais que ton objectif, c'était de créer de l'énergie avec ces gens.

  • Speaker #0

    Oui, parce que, en fait, déjà, ta législative vient du fait que tu es le responsable de l'équipe, donc tu es capitaine. Donc, ils sont censés t'écouter. Donc,

  • Speaker #1

    désigner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que sinon, s'ils ne t'écoutent pas, on peut rapporter à notre responsable, justement, là, plutôt côté administratif. Donc, c'est les personnes adultes. Et on dit, celui-là n'a pas de confiance, donc il ne va pas revenir la deuxième semaine. Parce que, comme tu sais, la première semaine, il y a une centaine. Et après, on réduit parce qu'il y a moins de matchs. Donc, on a moins de besoin de ramasseurs de balles.

  • Speaker #1

    T'as envie d'aller jusqu'à la finale ou jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Exactement, jusqu'au bout et de rester, de faire la haie d'honneur, etc. Donc, c'est important. Donc, tu vois, il y en met quand même au début certains comme c'est des passionnés du tennis. Donc, je comprends. Ils veulent aller voir tel match ou rencontrer tel tennisman connu, etc. Et donc, je pense qu'il faut aussi parler avec l'équipe, donc les membres de l'équipe, dire voilà, il faut que tu respectes telle chose. Donc, il faut être transparent, ce qu'on attend. Et donc, déjà, être clair, donner les règles du jeu au départ. Donc, je dis voilà, ce que j'attends de vous, c'est de faire ça, ça. Et puis, nous sommes une équipe, donc il faut qu'on crée une énergie. Il faut que finalement, durant le match. On soit invisible pour les compétiteurs, ceux qui jouent ou celles qui jouent, parce qu'ils ou elles sont tellement concentrés, on est là pour leur servir, mais il ne faut pas qu'on soit visible. Donc il faut qu'on soit le moins de bruit possible et le mieux servir pour qu'on les dérange moins.

  • Speaker #1

    Ok, c'est intéressant ça, parce que c'est vrai que je pense que dans tous les sports, il y a une notion de concentration qui est hyper importante. Mais j'ai l'impression que dans le tennis, limite encore plus.

  • Speaker #0

    Je prends l'exemple, Yannick Noah, que j'ai eu la chance de ramasser à plusieurs reprises, notamment contre Mats Willander. Il ratait un coup, en tout cas, où il n'a pas fait ce qu'il a souhaité faire. Il me regardait les yeux dans les yeux et il parlait, mais il parlait à lui-même. Il était tellement concentré qu'il ne me voyait pas alors que j'étais en face de lui. Et ça, c'est... Pour quelqu'un, un enfant, un adolescent, il dit mais c'est bizarre.

  • Speaker #1

    Pourquoi il me crée-tu ?

  • Speaker #0

    Pourquoi il m'agresse un peu comme ça ? Mais en fait, non, c'est parce qu'il était tellement concentré. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir cette attitude zen et ne pas bouger et ne pas réagir parce que sinon, ça va le déstabiliser.

  • Speaker #1

    Ok. Tu vois, même dans le milieu professionnel, on en parlera, mais c'est un début même d'apprentissage, un peu de gestion des émotions. Tu vois, de ne pas réagir justement à une réaction de l'autre qui peut te paraître hostile.

  • Speaker #0

    Oui, et ça, je pense que ça aussi, j'ai appris grâce à cela aussi, de ne pas réagir tout de suite. Il faut comprendre l'autre, pourquoi elle est réagie ainsi, et pas face à nous ou vis-à-vis de nous, mais parce qu'elle était tellement concentrée sur un but bien précis. Oui,

  • Speaker #1

    hyper intéressant. Et du coup, tu as un très bon niveau en tennis. Tu joues dans ta classe d'âge, tu joues quasi à niveau national ou professionnel, on peut dire ça.

  • Speaker #0

    Plutôt régional. Et au début, je voulais faire sport-études. Donc j'ai eu l'occasion de parler avec Jean-Paul Lotte, etc. Il m'a dit oui.

  • Speaker #1

    Jean-Paul Lotte, c'est qui pour notre éclair ?

  • Speaker #0

    C'était à l'époque l'entraîneur national. Donc au niveau de la fédération, il était équipe, il faisait partie de l'équipe de France et capitaine justement pour la Coupe d'Evis lorsque Yannick Noah était... joueur dans l'équipe. Et il m'a dit, oui, mais par rapport à mon âge, par rapport à ma taille, tout ça, déjà, je n'étais pas dans l'équipe nationale, ça c'était clair. Je n'avais pas la force et puis le niveau nécessaire. Mais quand même, si je voulais faire un métier, effectivement, c'était le sport-études qu'il fallait. Mais mes parents ont dit non. parce qu'ils ont bien raison, mais sur le moment, je me dis mais pourquoi ? Pourtant, je suis très passionné.

  • Speaker #1

    Parce que toi, la passion, elle est prendre le dessus.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Plus que le rationnel.

  • Speaker #0

    Et puis, j'ai mes camarades de l'époque qui faisaient la compétition, etc. Ils sont devenus semi professionnels.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Donc de très bon niveau, négatif, etc. Mais ce n'est pas au niveau international, comme on dit. Après, effectivement, on peut devenir professeur, etc. de tennis. par la suite. Et donc, c'est là où, après, j'ai abandonné, parce que après Roland-Garros, j'ai abandonné le tennis, parce que mes parents ont dit, non, non, pas de sport-études, c'est les études, c'est plus important que sport, voilà, donc j'ai abandonné.

  • Speaker #1

    T'as arrêté la compétition, ou t'as arrêté totalement ?

  • Speaker #0

    Même totalement. Et donc, ça me faisait bizarre parce que lorsque je regardais Roland Garros à la télévision, je me disais que ça me fait mal au cœur parce que je connais les coulisses, je connais certaines personnes qui coordonnaient, les juges, évidemment les joueurs. Donc, je me disais que durant les deux premières années, c'était difficile pour moi de regarder à la télévision et pas d'être sur le terrain avec eux.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'était un peu ton rêve d'enfant aussi. Ok, donc comme tes parents te disent, c'est les études, donc tu fais un bac C, qui est un bac scientifique.

  • Speaker #0

    Oui, mathématiques, physique.

  • Speaker #1

    Ok, et quand j'ai préparé l'interview, j'ai vu que, alors tu es quelqu'un, t'adores l'apprentissage, peut-être que tu, je peux te qualifier de scolaire ?

  • Speaker #0

    Alors, j'étais scolaire, mais à la fois, j'étais un peu feignant, on va dire comme ça.

  • Speaker #1

    C'est le chemin le plus court ?

  • Speaker #0

    En fait, j'aime bien écouter, j'aime bien faire la règle du 20-80, la règle de Pareto. C'est-à-dire, comment je peux passer 20% de mon temps pour générer 80% du résultat ? Et pas faire le contraire, passer 80% de mon temps pour générer 20% du résultat. En fait, j'étais comme ça. J'ai toujours été comme ça. Donc, je cherchais les moyens de faciliter pour apprendre vite. Et donc, le seul moyen, c'est d'écouter la maîtresse ou le professeur en classe. Et puis, de bien écouter et de tout de suite faire les devoirs. et puis faire quelques exercices supplémentaires pour bien assimiler. Donc je faisais ça et ça me faisait gagner du temps.

  • Speaker #1

    Ok, et du coup tu as une moyenne qui est, j'ai lu, honorable, mais pas non plus excellente, et j'ai lu que c'était aussi en partie parce que tu faisais, donc là tu as arrêté le job de ramasseur de balles à Roland-Garros, mais par contre tu fais des petits boulots le week-end, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'il fallait avoir un peu, quand on est adolescent on commence à sortir aussi, et j'avais... C'était l'âge où on aimait bien sortir le week-end avec nos kamas de classe. Donc, il fallait quand même aussi avoir l'argent de poche. Donc, je travaillais soit le samedi ou le dimanche ou les deux pour avoir l'argent de poche. Donc, j'étais chef de rang, en fait, dans un restaurant. Et donc, je faisais ça. Et ce qui m'a marqué, c'est qu'à l'époque, on gagnait. très, très bien notre vie, les chefs de rang. En plus, avec les pourboires. Et c'était les calmes d'un salaire d'un ingénieur. Donc, tu imagines, tu dis, voilà, tu vas avoir ton bac, etc. Et tu dis, tu as un salaire d'un bac plus 5. Tu dis, waouh, c'est quand même le choix. Mais moi, j'ai quand même fait le choix de dire, non, il faut continuer les études. Et ça, c'était un boulot, justement, pour avoir l'argent de poche et pouvoir sortir de... durant les vacances ou avec mes camarades, etc.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as choisi, du coup, qu'est-ce qui t'a poussé à continuer ces études ? On va en parler, tu as fait plusieurs diplômes, parce que tu avais quand même, du coup, tu as fait ce constat que du coup, sur des métiers pas forcément, je vais dire pas forcément intellectuels, mais on ne peut pas les résumer comme ça, mais plus des métiers manuels, tu gagnais quasi autant qu'un ingénieur.

  • Speaker #0

    En fait, moi, je me suis dit que Ce métier est difficile. Parce que quand on dit chef de rang, c'est serveur en fait. C'est responsable des tables et vous devez servir finalement les clients. Ce n'est pas les commis. Les commis sont là pour débarrasser et pour mettre la vaisselle, les couverts, etc. Les verres. Et donc on prend les commandes, etc. C'est un métier difficile parce qu'il faut arriver à 10h30. On termine à 15h et après, il faut revenir à 18h30 pour terminer minuit, une heure.

  • Speaker #1

    Tu as une longue pause des fois où tu ne sais peut-être pas trop quoi en faire.

  • Speaker #0

    Et donc, on gagnait très bien notre vie avec les pourboires aussi. Et ça aussi, j'ai appris finalement à bien parler avec les clients pour finalement, en termes de service, pour qu'ils puissent finalement... choisir, bien choisir ou recommander les plats par rapport à leurs préférences. Et ça aussi, c'était un apprentissage. Et je me suis dit, ce n'est pas le métier que je souhaite faire. J'aurais pu effectivement économiser et puis créer un restaurant, par exemple. Mais ce n'était pas ce choix-là parce que c'était aussi le côté intellectuel, cette curiosité qui me manquait.

  • Speaker #1

    Qui te stimule.

  • Speaker #0

    Qui me stimule. Après, j'ai même, après les étés, j'ai fait aussi des stages dans les banques. en tant que guichetier dans une agence bancaire. Donc ça, ça m'a aussi permis de voir autre chose. Et je crois que... Mais à chaque expérience professionnelle, je dis non, ce n'est pas ce métier-là que je souhaite faire. Donc c'est les études qui me proposera beaucoup plus d'opportunités.

  • Speaker #1

    OK. Et donc tu as ton bac C. Et après, alors, sauf si tu veux, focus, te concentrer sur un de tes diplômes. Mais moi, ce qui m'a marqué, du coup, quand j'ai préparé l'interview, c'est que tu as fait beaucoup d'études. Tu as fait un DUT à l'université. Après, tu as fait un master à la Sorbonne. Puis un master en administration des entreprises à l'IAE de Paris. Et enfin, un diplôme d'expertise comptable. Alors déjà, est-ce que tu as fait tous ces études dans la continuité ? Et c'est quoi le cheminement entre... Le cheminement, pourquoi tu as choisi de faire, entre guillemets, autant de diplômes ?

  • Speaker #0

    En réalité, je voulais être publicitaire. Ok. Donc, ça n'a rien à voir avec les chiffres. Parce que j'aime bien la création, la créativité, l'innovation, etc. La curiosité. Et en fait, ma sœur faisait des études de comptabilité. Elle était en master et me dit, écoute, ma grande sœur, écoute, moi, je serai expert comptable un jour. Comme ça, toi, tu peux aussi faire des études de comptabilité. Comme ça, on pourra ouvrir un cabinet d'expertise. Quant à mon ensemble, c'est comme ça que j'ai suivi ma grande sœur. Parce qu'en Asie, on aime bien respecter nos aînés. Puis,

  • Speaker #1

    il y a une notion de la famille qui est forte aussi.

  • Speaker #0

    Absolument. Et donc, de cette responsabilité et cette solidarité entre les membres de la famille. Et aussi, je ne connais pas la comptabilité, donc j'ai suivi ce parcours-là. Alors maintenant, pourquoi faire autant d'études ? Parce que j'adore étudier. En fait, j'adore lire, j'adore apprendre parce que je suis très curieux. J'aime bien toujours découvrir.

  • Speaker #1

    C'est infini.

  • Speaker #0

    C'est infini et aussi, moi, je me suis dit, finalement, les études nous amènent à beaucoup d'opportunités et de rencontres. Plus on étudie, plus on va rencontrer des personnes très intéressantes intellectuellement, riches de connaissances. Et c'est surtout ça qui m'intéressait.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu es libre dans tes choix ou tes parents te guident ou te poussent vers des études ? Ou non, entre guillemets, ils te laissent la liberté de choisir à peu près ce que tu veux ?

  • Speaker #0

    Mes parents me disent, il faut que tu arrives à un niveau master. et plutôt il faut aussi un référentiel un peu c'est un truc voilà et mais pas à avoir plusieurs masters et encore moins doctorat psy mais ça sert à quoi un doctorat mais il me faisait confiance il nous faisait confiance en fait à chaque fois et dit voilà tu es tu dis ce que tu veux tu

  • Speaker #1

    es ce que tu veux du moment que ça te plaît et une question que je me pose parce qu'aujourd'hui du coup tu es dean c'est à dire Le patron, tu me diras si c'est ça exactement ou pas, mais de l'ESCP Business School, quand tu es étudiant, tu as aussi une problématique souvent financière, de payer tes études, de devoir te loger, de manger, etc. Toi, à cette époque, du coup, parce que tu fais de longues études, où tu t'enrichis intellectuellement beaucoup, comment tu fais pour vivre financièrement ? Tu as encore sous le toit de tes parents, ou tu bosses encore le week-end ?

  • Speaker #0

    En fait, les deux... Donc, je vivais chez mes parents, donc j'avais ce sens-là. Et aussi, je faisais des petits boulots pour avoir l'argent de poche. Et troisième point, c'est que j'avais la chance d'être boursier. Du coup, ce n'était pas beaucoup, mais ça me permettait aussi de payer les livres, de faire quelques sorties avec les camarades, etc. Donc, je pense que ça, c'était... une chance pour moi. Et donc, ça m'encouragait davantage à étudier. Ce n'était pas que je souhaite travailler, je dirais, le plus longtemps possible. Non, parce qu'entre temps, j'ai fait aussi, j'ai commencé aussi à travailler, tout en étudiant, en fait.

  • Speaker #1

    OK. Et du coup, ton premier job, je ne sais pas si tu es en CDI ou pas, mais c'est à quel âge quand tu as ton premier job ?

  • Speaker #0

    Je crois aux alentours de... De 23-24 ans.

  • Speaker #1

    Ok. D'accord, parce que du coup, les études que j'ai mentionnées avant, tu les as fait en différé après ?

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ok, d'accord.

  • Speaker #0

    Le doctorat notamment,

  • Speaker #1

    oui. Ok. Et donc, ton premier job, c'est dans l'audit, parce que tu as un diplôme d'expertise comptable.

  • Speaker #0

    Oui, un master, une MSCCF, maîtrise de sciences techniques comptables et financières, ce qui est très prisé par les cabinets d'audit. Et effectivement, j'ai commencé à faire l'audit. Donc l'audit, c'est la vérification des comptes, la conformité aux règles, à la loi, mais également comment améliorer leur excellence opérationnelle, c'est-à-dire les processus dans les entreprises.

  • Speaker #1

    Et c'est un métier qui t'a plu ? Et je me pose cette question aussi parce que tu vois, quand tu es étudiant, quand tu as tes premières expériences professionnelles, elles sont aussi très significatives. Tu découvres le monde du travail qui est un monde différent du monde d'étudiant. Qu'est-ce que tu te souviens de cette expérience en audit ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai trouvé que c'était très, très, très formateur. Et pourquoi ? Parce que c'était finalement les livres de l'entreprise. les comptes de l'entreprise et finalement c'est la conséquence de leur stratégie de l'entreprise. Et j'essaie de comprendre les cycles d'activité d'une entreprise et ça se reflétait dans les comptes. C'est ça, c'est un apprentissage, c'est finalement de décoder à travers les comptes de l'entreprise finalement les opérations que les entreprises ont faites. les prises de décisions. Et donc, j'aimais faire ça. Et c'est pour ça qu'à tel point que j'aimais que je prenais les dossiers de travail à la maison et je faisais le week-end. Et je lisais aussi parce qu'on avait ce qu'on appelle les dossiers permanents de l'entreprise qui permettent de comprendre le cycle d'activité, les problématiques de l'entreprise. Et pour moi, c'était passionnant. Et c'est comme ça que j'ai progressé très rapidement. en l'espace de à peine neuf mois, j'étais promu chef d'émission, alors que normalement, il fallait trois ans, trois à cinq ans pour devenir chef d'émission.

  • Speaker #1

    Et quand je t'écoute, du coup, ça me fait penser, parce que tu parlais de la loi de Pareto, des 20-80, d'essayer d'optimiser un peu, je pense, ton temps vs la performance ou l'impact que ça a. Et en même temps, je t'entends dire que tu travaillais beaucoup, même le soir, le week-end, etc. Est-ce que pour toi c'est encore, tu vois avec le recul, aujourd'hui tu te dis que c'est quand même... Tu as eu un aspect un peu tactique, stratégique, mais c'est aussi ta valeur travail qui est très forte. Et à un moment qu'il faut passer aussi beaucoup d'heures, peut-être.

  • Speaker #0

    En fait, c'est la passion. Pour moi, je ne dis pas que c'est le temps de travail, c'est la passion, parce que j'étais passionné. Quand je suis passionné à une mission, une tâche, je prends le temps. Et puis, comme je suis curieux et j'adore apprendre, donc quand quelque chose, je ne comprends pas. Il faut que je prenne le temps de comprendre. Et plus j'apprends, plus j'apprends plus vite. En fait, c'est ça aussi. Il y a cette loi algorithmique qui fait que plus on apprend, plus on acquiert une méthodologie et plus vous allez apprendre beaucoup plus vite. Ça,

  • Speaker #1

    je ne savais pas. C'est des facilités que tu développes, des soft skills un peu ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est apprendre à apprendre, en fait. Et ça, j'ai appris par la suite qu'apprendre à apprendre, c'était intéressant. Parce que plus on apprenait... Quelque chose qu'on ne maîtrise pas et une fois qu'on a maîtrisé, plus après on va maîtriser plus rapidement une autre discipline ultérieurement.

  • Speaker #1

    Et du coup, sur tes premières expériences, alors je ne sais pas si c'est dans ton expérience dans l'audit, mais j'ai vu qu'on t'appelait, tu avais un surnom, on t'appelait Monsieur Francis Lefebvre. Oui,

  • Speaker #0

    en fait, parce que dans ma maîtrise... de sciences techniques comptables financières, il y avait beaucoup de l'apprentissage par cœur, c'est-à-dire les lois, les textes de loi. Et donc, en termes de fiscalité, juridique, comptable, il faut connaître les références pour justifier. Et certains clients ou messieurs payants me posaient la question, mais Léon, ils étaient surpris. Ils me disaient, mais sur ce point-là, comment on ferait ça ? Donc, ils aiment bien justement avoir... une vision collective. Pour moi, il me semble que l'article FL de Francis Lefebvre parle de ce point-là. Et après, il regarde et dit, mais c'est vrai. Donc, j'avais un peu finalement les principaux thématiques, en tout cas parties importantes, je les connaissais et je pouvais citer dans telle partie, il y avait ce point-là précis, etc.

  • Speaker #1

    Et du coup, après, alors, Tu commences par l'audit et après tu vas du coup en conseil chez Deloitte. Alors à l'époque, je crois que ce n'était pas Deloitte. Après,

  • Speaker #0

    je suis revenu parce qu'après, j'ai fait trois ans de stratégie dans un cabinet à l'international. Et après, je suis revenu et effectivement, après, j'ai fait du conseil. Ok.

  • Speaker #1

    Et si j'avance un petit peu, alors ce que j'ai vu, c'est que tu devais tes premières vacations. Donc, qui sont les vacations ? C'est des cours, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'enseignement.

  • Speaker #1

    Ok, et à HEC Paris, où ça ne s'invente pas, qui est une école concurrente de l'ESCP Business School. Comment tu as été choisi, avec le recul, pour toi, pourquoi tu as été choisi pour donner des cours à HEC Paris, qui à l'époque c'était déjà l'école...

  • Speaker #0

    Numéro 1, bien sûr. Ok,

  • Speaker #1

    d'accord. Et comment tu as été choisi, c'était une fierté pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est parce que mon directeur de thèse était professeur à HEC. Ok. J'ai fait ma thèse à l'université de Paris Dauphine. À l'époque, il y avait des professeurs de l'ESCP et d'HEC. J'ai eu la chance d'avoir mon professeur superviseur, directeur de thèse HEC. Il m'a dit, Léon, écoute, maintenant, comme tu fais une thèse avec moi, il faut que tu viennes enseigner à HEC. Il m'annonça au mois de juin et pour septembre. C'est des cours d'anglais. Il faut créer... tout le programme parce qu'il m'a donné le syllabus. Il dit tu as toute ta liberté mais tout en respectant les syllabus et puis aussi les cas que tu dois le traduire en anglais, etc. Donc c'est assez passionnant. Mais c'était très difficile parce que j'ai jamais enseigné de ma vie.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai lu, c'est que les débuts ne sont pas faciles. Et du coup c'est un peu... Encore un apprentissage ? C'est peut-être une louche froide, mais c'est aussi un apprentissage ?

  • Speaker #0

    Mon premier cours à HEC, c'est un cours à l'époque d'1h30, en anglais en plus. Je n'ai jamais fait d'enseignement, évidemment, de comptabilité, de gestion en anglais. Et je ne savais pas comment, finalement, calibrer la durée. Mon premier cours s'est terminé en 50 minutes alors qu'il fallait le faire en 1h30. Parce que je n'avais aucune notion.

  • Speaker #1

    Tu avais un peu un malaise à la fin ?

  • Speaker #0

    D'abord, j'ai trouvé que les études étaient brillantes. En plus, c'était des élèves qui venaient du monde entier. Donc, il faut déjà aussi bien comprendre parce que parfois, dans certains pays, il y a les accents. Donc, il faut bien être à l'aise en anglais pour le niveau, pour comprendre ce qu'ils veulent dire, etc. Et oser parce que j'avais finalement trois à quatre ans d'écart d'âge avec eux. Donc, ce n'était pas beaucoup. Et donc, c'est un apprentissage aussi de tout. Et surtout, deuxième cours, je dis, oh là, là, il faut que je fasse le maximum. Il vaut mieux faire plus que moi. Voilà, donc c'était un apprentissage aussi dans la pédagogie et dans la préparation des cours. Et aussi, ce qui est important, c'est l'apprentissage de l'écoute.

  • Speaker #1

    OK. Et justement, ça m'intéresse parce qu'aujourd'hui, encore une fois, tu es digne de l'ESCP Business School. Moi, j'ai 31 ans, je suis sorti d'études il y a 6-7 ans, et j'ai fait la post-bac du groupe EDEC, qui est une école de commerce également. Et tu vois, je me demandais, enfin, je trouve que c'est dur. Alors, il y a un rapport entre les élèves et les professeurs, et pour être professeur, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    D'abord, l'EDEC, c'est une école excellente, donc bravo. En fait, tout métier n'est pas facile. Je crois que ce qui fait que ça rend plus facile, c'est d'être passionné par rapport à un métier. Et moi, j'ai trouvé ma voie dans l'éducation, notamment dans l'enseignement supérieur. Je crois que c'est ça qui est important. Du coup, la durée de travail, je ne le vois pas. Et aussi, dire que c'est un métier difficile. Probablement, certainement, mais lorsqu'on est passionné,

  • Speaker #1

    évidemment,

  • Speaker #0

    ça passe plus facilement. Et on est toujours dans la quête de l'apprentissage et aussi de soi pour finalement se dépasser, se surpasser. Et dire que lorsqu'un élève vient de te voir, dit Monsieur, je suis vraiment très content grâce à vous, j'ai tout compris. Et puis, j'ai eu la chance d'avoir dans ce métier, qui peut paraître difficile pour certains, mais pour moi, c'est un métier que j'adore, lorsqu'ils viennent vous voir. L'ensemble de la classe, ils vous offrent une bouteille de champagne ou un magnum d'un grand vin, et là vous dites Ah, vraiment j'ai bien fait de faire ce métier Et j'ai eu cette Ausha à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    C'est ta récompense ?

  • Speaker #0

    C'est la récompense. Je crois que c'est la plus belle récompense qu'on peut avoir. Lorsque vos élèves viennent vous voir ou lorsque je les rencontre 10, 15, 20 ans plus tard, qu'ils viennent me dire Mais monsieur, grâce à vous, j'ai aimé la comptabilité. Et ça, je crois que je dis Ah, au moins j'aurais fait changer quelque chose.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la richesse de la transmission. Mais je reviens quand même parce que ce qui m'intéresse de comprendre, c'est aussi comment est-ce qu'à l'époque, tu as un enjeu pour toi de capter l'attention, de te faire écouter ? Parce que moi, j'ai un souvenir aussi, tu vois, des fois, des courses, tu es long. Et même si tu as quelqu'un en face de toi qui est hyper passionnant, il faut réussir à captiver un peu son public et maintenir l'attention. Est-ce que tu as des souvenirs autour de ça ? Est-ce que tu avais un peu des techniques pour capturer l'attention des étudiants ?

  • Speaker #0

    Tu sais, Nicolas, chaque année ou chaque promotion, chaque groupe d'élèves est différent. Et c'est ça qui fait la beauté. Et donc, c'est difficile. On apprend tout le temps.

  • Speaker #1

    Tu te remets toujours en question.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait depuis 1996 que j'enseigne. Et chaque année, je dois apprendre, je dois m'adapter. Et je crois que c'est ça la beauté de l'enseignement. Et effectivement, capter l'attention au fil des années, on apprend. Moi, j'aime bien raconter des histoires. Je raconte l'histoire sur la comptabilité. Parce que c'est vrai que si vous parlez des comptes, pour certains qui adorent, alors il y a une facilité, mais certains ou certaines qui n'aiment pas, ou a priori, du coup, on est moins captif. Et moi, j'aime bien raconter l'histoire. Et puis j'aime bien raccrocher par rapport au réel. Donc j'aime bien donner des exemples aussi de ce qui se passe. grâce à mon expérience professionnelle.

  • Speaker #1

    Tu donnes des cours à HVC Paris, c'est en parallèle de ton boulot du coup ? Merci d'avoir écouté cette première partie d'épisode des Sages. Vous pouvez écouter la deuxième partie, écouter la suite, à la suite de cet épisode sur votre plateforme préférée. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et c'est vraiment super encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, merci pour ça. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcasts, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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