- Speaker #0
Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre dans un format inédit qui est négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les... les plus grands leaders et leadeuses qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur emprunter. Bon voyage avec les salles. Léon Lalouza est un symbole de maétocratie. Arrivé quand il était petit en France, en provenance du Laos avec ses parents, il découvre la différence et la richesse de la France, un pays dont il tombe amoureux. Léon est assaufé de curiosité et commence à apprendre à travers son expérience dans le tennis. Au début ramasseur de balles, il finit capitaine des ramasseurs en côtoyant les plus grands, notamment Yannick Noir. Léon apprend ses bases dans l'audit et la comptabilité, puis tombe amoureux une deuxième fois, cette fois-ci de l'apprentissage et de la transmission. Il donne ses premiers cours à HEC Paris, puis finit par rentrer à l'ESIP Business School.
- Speaker #1
18 ans plus tard,
- Speaker #0
il devient le président de cette prestigieuse école de commerce, classée deuxième école en France. Léon est un stratège, qui observe et écoute, et dépose une vision sur l'éducation de demain.
- Speaker #1
Allez, on y va avec Léon ! Tu donnes des cours à HEC Paris, c'est en parallèle de ton boulot du coup ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Ok. Et du coup tu vas à HEC Paris, qui à l'époque était la première et toujours, on en parlera peut-être, mais école de commerce française, et tu vas commencer ton histoire avec le SCP.
- Speaker #2
En 99. Ok. Donc à l'époque j'étais manager et là je commence à changer. pour revenir dans l'audit, justement. Et le président m'a appelé à l'époque, il m'a dit, Léon, revenez pour que je vous nomme rapidement associé, partenaire. Donc, j'ai accepté. Et à cette époque-là, deux mois après, l'ESCP, en tout cas un professeur de l'ESCP, m'a contacté. on a besoin d'un intervenant, donc un vacataire, pour assurer un module de 30 heures sur la comptabilité de gestion. J'ai accepté parce que c'est à Paris. Et là, eux aussi, ils ont accepté parce qu'ils ont regardé plusieurs candidatures. Et quand je suis entré à l'ECP en 1999, j'ai aimé, j'ai aimé, parce que j'ai trouvé que les professeurs... étaient d'une gentillesse, d'une humilité, et ils étaient brillants. Les élèves, brillantissimes, très humbles. Je dis, moi, c'est génial, c'est wow, quelle ambiance. En plus, ce résurgat, c'est à Paris. Et donc, je n'ai pas besoin de me déplacer en voiture, etc.
- Speaker #1
Parce que c'est vrai que je fais ça à Jouy-en-Josas.
- Speaker #2
Absolument.
- Speaker #1
Et l'ESSEC, qui est à Sergy.
- Speaker #2
Et donc, en plein centre-ville, avenue de la République, etc. J'ai fait ça et de 30 heures, ils m'ont proposé d'assurer plusieurs cours pour arriver à 150 heures comme si j'étais professeur permanent.
- Speaker #1
150 heures par mois ?
- Speaker #2
Non, c'est 150 heures par an. Parce que nous, on estime qu'une heure de cours, c'est 4 heures de préparation.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #2
Donc, c'était intéressant. Entre temps, je suis devenu partenaire, associé, actionnaire du cabinet d'audit. Et je faisais ça aussi parce que j'aimais beaucoup.
- Speaker #1
Et tu fais ça à côté parce que tu aimes. Est-ce que tu commences déjà à te dire que peut-être tu vas faire ta carrière à full time et que tu vas aller vers l'enseignement de ton métier, l'enseignement ?
- Speaker #2
Non. Donc, entre temps, je commence à faire ma thèse et puis j'ai terminé ma thèse, donc mon doctorat en sciences de gestion. Et c'est là où l'école, le SCP, me dit, comme tu es ce qu'ils appelaient à l'époque vacataire lourd, donc un enseignant lourd en termes de nombre d'heures, est-ce que tu aimerais qu'on propose que tu deviennes professeur permanent à temps partiel ? Évidemment, il y a un comité consultatif, il y a une sélection. Est-ce que tu souhaiterais candidater ? Et j'ai dit oui. Et le comité consultatif a accepté ma candidature pour devenir professeur permanent à temps partiel. C'est là, c'est en 2005. Je deviens professeur permanent assistant à temps partiel, tout en étant partenaire chez Deloitte. Et... Et là, je suis, par rapport à un intervenant extérieur vacataire, quand tu es professeur permanent, tu as des réunions internes. Et donc là, je découvre davantage, finalement, les coulisses de l'ESCP. Oui,
- Speaker #1
un peu avant, tu faisais des allers-retours, tu allais sur le campus pour donner tes cours, mais là, tu comprends l'organisation.
- Speaker #2
Exactement, et puis avec des réunions de départements, etc. Et je trouvais ça très intéressant. Et c'est pour ça que... En 2009, j'ai décidé de démissionner de Deloitte, même si j'aimais ce métier de conseil, pour devenir professeur permanent à temps plein à l'ECP.
- Speaker #0
C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de dix ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, tu peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code EARNOUCHE les sages et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.
- Speaker #1
Ok, et donc tu commences comme professeur et c'est quoi ton ambition ?
- Speaker #2
Professeur assistant.
- Speaker #1
D'accord. Assistant, c'est quoi ?
- Speaker #2
C'est le premier niveau. En tant que professeur permanent, titulaire, il y a trois niveaux. En école de commerce, le premier niveau, c'est le professeur assistant. Je suis devenu professeur associé. Et par la suite, troisième niveau, professeur. C'est un peu l'équivalent de professeur des universités, parce que pour cela, il faut avoir la HDR, c'est-à-dire habilitation à diriger des recherches. Donc, ce dont j'ai fait quelques années plus tard.
- Speaker #1
Ok, je vais faire un bond en avant, parce qu'il y a plein de sujets hyper intéressants que je voudrais te parler en tant que dean d'une école de commerce et d'une des plus grandes écoles européennes mondiales. Donc tu fais ton parcours à l'ESCP en mai 2023, du coup t'es nommé Dean ?
- Speaker #2
Directeur général.
- Speaker #1
Ok, et qui c'est qui te nomme alors ?
- Speaker #2
En fait c'est le conseil d'administration. Il y a eu un cabinet de chasse qui a présélectionné 25 candidats et sur ces 25 candidats j'ai eu la chance de faire la proposition par le cabinet de chasse après le comité de nomination-rémunération du... du conseil d'administration qui a suggéré ma candidature en tant que directeur général et c'est le conseil d'administration qui a voté ma nomination.
- Speaker #1
Et avec le recul, parce que j'imagine que les 25 candidats avaient tous leur qualité, mais qu'est-ce qui a fait la différence selon toi ? Pourquoi tu as été choisi et pas un autre ?
- Speaker #2
Premièrement, je pense que c'est une candidature interne. Je connais la maison depuis 1999. par rapport aux autres candidats qui étaient plutôt des candidats externes. Je pense que c'est le point important. Et ça, il faut poser la question aux membres du conseil d'administration.
- Speaker #1
C'est une réponse très modeste.
- Speaker #2
Probablement. Ma deuxième réponse serait que parce qu'ils me connaissent déjà, donc ils m'ont vu travailler. Antérieurement, j'étais directeur général délégué, c'est-à-dire mandataire social. Donc ils me connaissaient déjà. Peut-être que ça les rassurait aussi d'avoir cette continuité et du fait qu'ils me connaissent aussi.
- Speaker #1
Ok. Et est-ce que, on va en parler, mais quand on regarde un petit peu, on te google-lise, on voit que tu as beaucoup d'idées sur le monde de l'éducation. Visionnaire, je ne sais pas si on peut te mettre cet adjectif-là. Mais est-ce que tu penses que c'est ça qu'a joué, tu vois, peut-être ? le fait que tu avais une vision sur le monde de l'éducation de demain.
- Speaker #2
En tant que tout directeur général, il faut avoir une vision pour notre école. Et moi, la vision, c'est une vision partagée, une vision collective, que j'aime bien justement embarquer et puis travailler ensemble, avec l'ensemble de notre communauté. Quand je dis communauté, c'est évidemment les professeurs, le personnel administratif, les élèves et aussi nos alumnis, c'est-à-dire les anciens élèves.
- Speaker #1
Ok. Et si on... Alors, le SCP, du coup, c'est officiellement... Alors, on va parler de ce sujet des classements, parce que je sais qu'il est important. Mais donc, c'est la deuxième école de commerce française selon le Financial Times. Le Financial Times, du coup, c'est un peu le... Comment dire ? C'est le média qui est de référence pour classer les écoles, c'est ça ?
- Speaker #2
Pour Financial Times, c'est le média de référence mondiale pour classer les écoles de commerce. D'accord. au même titre que le classement de Shanghai pour les universités, par exemple.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qui fait, tu vois, pourquoi une école est deuxième et pourquoi une école est cinquième, dixième, quinzième ? Qu'est-ce qui fait la différence ?
- Speaker #2
En fait, chaque classeur, ici, dans le cadre de Fungeon Time, pense qu'il y a des critères qui sont importants, comme la rémunération à la sortie, la rémunération trois ans après leur diplomation, la diversité. l'expérience à l'international, la mobilité professionnelle à l'international, la recherche. Donc il y a toute une série de critères et c'est basé sur ces critères que le magazine fait le classement général d'une école ou d'un programme d'ailleurs.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des critères qui sont plus importants que d'autres ? Même toi, dans ta vision, tu es digne de l'ESCP, forcément tu dois avoir une stratégie. Et tu parlais beaucoup de tactique aussi, donc vis-à-vis de HEC Paris, l'ESSEC ou l'EDEC. J'imagine que tu as une stratégie, tu prends un virage plus accentué dans un sens que dans un autre.
- Speaker #2
En fait, la stratégie et liée à la vision, ce n'est pas par rapport à une école. Nous, notre stratégie, notre vision, elle est fondée sur notre conviction de ce que nous, on veut préparer. Les futurs leaders responsables, redevables, engagés pour notre société. Je crois que c'est ça. Et donc, quelle société qu'on veut préparer ? Une meilleure société. Tout le monde va vouloir préparer leur diplômé à concevoir une meilleure société. En fait, c'est là l'enjeu. Pour nous, ce n'est pas par rapport aux autres écoles. Ce n'est pas par rapport à notre conviction de préparation à ces futurs leaders. Ok.
- Speaker #1
C'est quoi un leader pour toi ?
- Speaker #2
Un leader, c'est quelqu'un qui va influencer positivement, faire des initiatives pour faire en sorte qu'on puisse avoir une société ou un projet meilleur que ce qu'ils ont vécu antérieurement.
- Speaker #1
Je rebondis sur un mot que tu as dit, puisque tu as dit engager c'est des adjectifs qu'on associe assez facilement au leader. Tu as dit un autre mot, c'est redevable C'est plus singulier. Qu'est-ce que ça veut dire, un leader redevable ?
- Speaker #2
Un leader redevable, en fait, en anglais, ça veut dire accountable. Accountable, ça veut dire comptable de. Comptable de, ça veut dire rendre compte et rendre des comptes. Souvent, ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'un leader, il est responsable. Mais il ne rend pas ses comptes, il n'est pas comptable de. In fine, c'est lui qui, même si... Il désigne une personne pour être responsable d'un projet. La personne est responsable pour gérer le projet, mais au bout du compte, c'est le leader, son supérieur au plus haut niveau, qui doit être le responsable, qui doit rendre compte et rendre des comptes à la société. Et c'est là, cette notion me paraît très importante.
- Speaker #1
Quand tu dis société, tu parles de l'entreprise ou de la société ?
- Speaker #2
L'entreprise et aussi... société au sens S, c'est-à-dire au sens général. Je prends l'exemple de la biodiversité, par exemple.
- Speaker #1
Ok. On va en parler. Justement, du coup, tu me fais une bonne transition. Il y a plein. On est dans un monde qui est... Tu parlais à chaque rentrée, tu as des nouveaux étudiants et le monde aussi avance vite. Est-ce que déjà, tu penses que le monde avance plus vite qu'avant et qu'il y a un peu une information qui va de plus en plus vite ? une nécessité d'apprendre aussi plus rapidement ?
- Speaker #2
On est dans l'ultra-information et dans l'immédiateté avec les nouvelles technologies. L'Internet, grâce à Internet, on a vu la démocratisation de la connaissance. Grâce à l'intelligence artificielle générative, on est dans l'immédiateté de la connaissance ou des informations. Ça veut dire quoi ? En clair, l'immédiateté des informations, c'est qu'on est en temps réel. Si tant est que l'information n'est pas fausse, elle est réelle. Parce qu'on peut avoir ce qu'on appelle des fake news, et ça, il faut faire un contrôle. Et je crois que c'est là où l'enjeu, on voit que notre génération, la jeune génération, moi j'appelle ça le ultra apprentissage. On apprend tellement vite. Lorsqu'on va regarder une vidéo de cours, c'est comme ma fille, elle regarde à 2,4 fois plus rapide que la vitesse normale. Parce qu'elle dit que c'est trop lent.
- Speaker #1
Est-ce que ça c'est, tu as utilisé le mot, alors dans les un peu nouvelles matières. que le SCP Business School peut enseigner ? Est-ce que tu vois, il y a des matières un peu novatrices que vous enseignez ? Et typiquement, tu parlais de fake news, c'est un vrai enjeu. Est-ce que tu vois, vous enseignez comment distinguer une good news d'une fake news ?
- Speaker #2
On enseigne effectivement l'esprit critique dans nos grandes écoles de commerce, d'une manière générale. Nous, on enseigne aussi le discernement. C'est-à-dire de prendre une décision de manière éclairée, lucide, et de discerner ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai. D'abord, il faut recouper les informations, parce que ce n'est pas parce que c'est diffusé dans les réseaux sociaux que c'est vrai. Et donc, il faut recouper par plusieurs canaux de communication pour vérifier que l'information est vraie. Ce type d'approche, d'apprentissage, il va y avoir une culture très transdisciplinaire, également générale, parce que ça nous permet de prendre du recul en même temps. Nous, ce qu'on apprend à nos élèves, c'est d'avoir, chaque élève, sa propre grille d'analyse du monde. Ce n'est pas des recettes qu'on souhaite apprendre. C'est du fait que chaque parcours est différentiel et unique. à l'ESCP. Donc aucun élève a un parcours identique parce qu'ils peuvent choisir des spécialisations, des électifs différents. Et puis l'expérience à l'international et aussi grâce à nos campus européens hors de France. Donc du coup, chaque élève va se forger et c'est nous les professeurs, on va leur permettre, les accompagner à avoir sa propre grille d'analyse. et aussi ses règles de décision.
- Speaker #1
Et ça veut dire quoi concrètement ? Est-ce que tu vois, c'est un état d'esprit que tu essaies d'insuffler auprès des professeurs et de ton board ? Ou c'est que vous avez des cours concrets, tu vois, sur un cours novateur sur l'information ?
- Speaker #2
On a des cours sur l'éthique. Ok. On a les cours... On a même des cours analytiques sur le racisme. Donc tu vois, c'est des cours vraiment très éloignés du business. On a des cours sur la robotique. On a, par exemple, dans le programme Grande École, on a 72 spécialisations, 72 majeures. Je parlais de la robotique, de l'intelligence artificielle, le big data, l'entrepreneuriat social, par exemple, la finance verte, la durabilité, repenser les nouveaux business models. Donc, toutes ces spécialisations, elles sont certaines nouvelles. ou certaines traditionnelles, mais qu'on a enrichies. Je pense au marketing, par exemple. Le marketing, c'est une fonction classique, mais on l'a enrichie sur, par exemple, la partie digitale, le digital marketing, etc. Donc voilà, je crois que ce qui est important, c'est que dans une école, il faut qu'on met au goût du jour en fait les cours et les spécialisations et qui correspondent au contexte d'aujourd'hui et surtout de demain.
- Speaker #1
Et comment ça se passe, tu vois, l'évolution justement des spécialités et des cours ? C'est toi en tant que Dean de l'ESCP, tu t'informes, t'écoutes et avant chaque rentrée, tu vois, vous avez comment vous dirigez ? D'ailleurs, vous avez un board,
- Speaker #2
comment ça se passe ? Là, en fait, on a un... comité effectivement académique, donc c'est les professeurs qui décident, il y a toute une liberté académique et chaque professeur responsable du cours va suggérer et va parler avec les collègues concernés et puis leur département de discipline. Et c'est comme ça et après ils se réunissent pour dire, faire de telles propositions dans ce comité d'enseignement et d'apprentissage européen pour dire voilà. on va changer tel syllabus ou on va supprimer tel cours pour remplacer avec un nouveau cours ou un nouveau module.
- Speaker #1
La grande question, le gros sujet du moment, c'est l'IA, qui va avoir un impact sur le monde, mais aussi, je pense, sur le monde de la connaissance et des écoles. Alors, je sais que c'est quelque chose que tu as pris en main ou en tout cas que tu affectionnes ou que tu creuses beaucoup. C'est quoi déjà ta vision générale sur l'IA ?
- Speaker #2
L'IA, en fait, on n'est qu'à nos débuts. Pour moi, il y a un changement de paradigme. C'est une véritable révolution au même titre que lorsque l'Internet public est arrivé au début des années 90. Moi, je me souviens quand j'étais en 94-95, justement, je faisais mon master de recherche et après le doctorat, on n'avait pas de moteur de recherche. Et donc, pour identifier les sites qui peuvent recueillir, avoir le... le maximum d'articles de recherche, il fallait les identifier. Donc, ce n'était pas facile. Et lorsque les moteurs de recherche comme Google sont arrivés, c'était facile et grâce à Internet, on a créé les nouveaux business models, des modèles de développement comme les plateformes de e-commerce. Je pense notamment à Amazon, par exemple. Là, l'IA générative, c'est pareil. On n'est qu'à nos débuts. Donc, c'est une véritable révolution. C'est pour ça qu'il faut tout de suite rentrer dans le sujet, même si au début on ne le maîtrise pas, pour qu'on maîtrise l'utilisation et surtout les cas d'application qu'on peut en faire. Et je crois que c'est là, c'est une véritable révolution qu'on est en train de mener et c'est vraiment un changement de paradigme. Parce que jusqu'à présent, on est dans les règles de décision basées sur les modélisations. On veut créer des modèles prédictifs, etc. pour prendre des décisions.
- Speaker #1
Là, tu parles dans l'IA actuelle,
- Speaker #2
générative. Ça, c'est dans le passé. D'accord. Actuellement, ce qu'on fait. Mais avec l'IA, les règles de décision vont se baser plus sur les données réelles. Donc, c'est sur l'immédiateté. Parce que finalement, on ne va pas attendre les données d'hier. C'est les données en insanté parce qu'elles mettent à jour tout de suite. Ça veut dire que nos règles de décision sont assez puissantes. Ça veut dire qu'elles sont vraiment... quasiment connecté avec le réel à l'instant T. Évidemment, la règle décision peut changer parce que si demain, l'événement a changé, la règle décision sera différente. Donc, tu vois, c'est qu'au delà de la contextualisation pour prendre ou contextualiser, tu sais, pour prendre une prise de décision, là, on est dans l'immédiateté et que les décisions, on peut en revenir parce que l'événement a changé. Lorsque l'événement est impactant, je dirais. Donc, c'est ça l'enjeu. Et ça, il faut apprendre. Ce n'est plus le même mode de pensée. C'est pour ça que quand je parle de changement de paradigme, c'est comme si, tu sais, le paradigme, c'est quoi ? Tu changes de paire de lunettes. Et donc, tu vois le monde différemment en fonction de ta paire de lunettes. Là, c'est pareil. Là, on est en train de changer de paire de lunettes et on va voir le monde d'une manière différente. OK.
- Speaker #1
Ça veut dire que pour toi, demain, les managers doivent vraiment intégrer l'IA dans leur prise de décision ?
- Speaker #2
C'est essentiel. Mais l'IA n'est pas une finalité. L'IA reste un outil. Et chacun, chacune d'entre nous aura son IA personnel. Et moi, je prédis, d'ici 10 à 20 ans, il n'y aura plus de barrière entre une école de commerce et une école d'ingénieur. Pour moi, une école de commerce doit comprendre justement comment... Les modèles, les algorithmes ont été créés pour prendre telle ou telle décision, etc. Et donc, il faut avoir cette connaissance, cette compréhension en profondeur. On n'est plus dans la technicité, mais c'est dans la compréhension. Ce n'est plus dans la technicité du faire, puisque c'est l'IA qui va faire pour nous. En revanche, il faut comprendre les règles de décision, ces modèles. Compliqué, mais il faut apprendre. Et l'IA peut nous simplifier ces modèles-là. dans la compréhension aussi. Donc c'est ça qu'on est en train de révolutionner. Deuxième révolution, ça sera la formation tout au long de la vie. On ne peut plus dire, Nicolas, tu es diplômé de l'EDEC, ça te suffit. Non, il faudra apprendre à apprendre tout le temps et les nouveaux concepts, les nouvelles techniques, etc. Mais ces nouvelles techniques vont changer. Et donc, tu vois, tout le temps. Et donc, moi je prédis la troisième chose, la multi-expertise. On n'aura plus une expertise, un seul métier. Parce qu'il faut qu'on apprenne différents métiers possibles. Je crois que c'est ça. Et puis, on peut changer aussi de différents métiers possibles. Et ça, c'est grâce à l'IA en tant qu'apprentissage.
- Speaker #1
Et là, ce que tu me dis, c'est que l'IA, c'est un outil, un allié du manager de demain. Il y a aussi une réalité, parce que je sais que tu t'intéresses vraiment au sujet. Il y a des gens qui vivent ce qu'on appelle l'intelligence générale. Et il y a une peur qui peut être normale de se dire, tu vois, il y a eu des révolutions industrielles qui ont supprimé des jobs essentiellement manuels. Il y a des gens sur Terre qui sont à la tête des boîtes d'IA qui disent très clairement aussi qu'ils veulent, c'est leur proposition de valeur, aussi remplacer certains jobs. Qu'est-ce que tu en penses de ça ? Tu vois, l'IA, est-ce qu'elle va détruire des jobs ?
- Speaker #2
En fait, l'IA va détruire des tâches répétitives. Pour moi, ce qui va détruire, ce qui va prendre notre job, c'est la personne qui va maîtriser l'IA. Ce n'est pas l'IA qui va remplacer votre job. En fait, c'est la personne qui maîtrise l'IA qui va vous remplacer si vous ne maîtrisez pas l'IA. En revanche, il est certain que l'IA va faciliter la productivité, c'est-à-dire les tâches répétitives. L'IRA pourra le faire. Par exemple là, par rapport à ta préparation de notre entretien, tu demandes à l'IA de te préparer les questions dans ton agenda. Et donc, c'est un peu ton assistant virtuel et l'IRA pourra le faire.
- Speaker #1
Et c'est ce qu'on fait depuis quelques temps. Je travaille avec une dame qui s'appelle Catherine, qui est ma maman, et qui prépare les interviews. Elle les prépare maintenant avec l'IA.
- Speaker #2
En partie. Exactement. Et elle leur a dit tel créneau et puis même l'IA pourra contacter l'ESCP en disant voilà, je propose tel ou tel créneau et ce sera entre IA versus IA. Donc il y a ton IA et mon IA qui va se parler, qui va se comprendre et pour dire voilà, sur ce créneau-là, je suis d'accord. Tu vois, donc ça va faciliter les choses. Mais il faut faire attention à deux choses.
- Speaker #0
Protection des données, ça c'est capital. Pour l'IA, il faut vraiment protéger nos données de l'entreprise, personnel, etc. Deuxième chose, c'est les questions éthiques sur l'utilisation de l'IA et sur les informations qu'on diffuse. Et c'est pour ça qu'à l'ESCP, on a au fur et à mesure créé un code de bonne conduite sur l'utilisation de l'IA et on l'enjie. mis à jour au fur et à mesure. Par exemple, au début, on parlait lorsque trois mois après, donc ChatGPT a été créé, en tout cas diffusé de mémoire en novembre 2022. C'est un peu plus public en février. Deux semaines après, on a autorisé nos élèves à utiliser ChatGPT dans les mémoires. Alors qu'est-ce qu'on a fait ? On dit... D'accord ? Si vous utilisez l'IA pour...
- Speaker #1
Parce que de toute façon, ils l'utilisaient par eux-mêmes. Donc autant prendre de l'avance et...
- Speaker #0
Autant prendre l'avance et autant dire formellement qu'on accepte sous condition, comme n'importe quelle citation de source de référence, vous avez le droit de citer à hauteur de 20%. Donc au même titre que citations sur Internet, les livres, etc. Et faire des paraphrases. Donc, si au-delà de 20%, là, vous êtes sanctionné. Donc, c'est au même titre. Et maintenant, on l'enrichit en disant, si vous utilisez l'IA génératif de manière poétique, c'est-à-dire que vous allez introduire des informations erronées et pour influencer telle ou telle chose, ça, c'est poétique et ça, vous êtes sanctionné aussi.
- Speaker #1
OK. Donc vous avez pris les devants, vous avez mis un cadre, des règles.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Il y a une question qui était vraiment importante pour moi de te poser aussi. On sait qu'il y a une année d'école de commerce, alors vous avez plusieurs programmes, mais peut-être le plus connu, le plus majeur, c'est le programme Grand École, qui est poste classe préparatoire. Ça coûte de l'argent, c'est entre 15 et 20 000 euros par an à peu près.
- Speaker #0
Maintenant, c'est aux alentours de 19 000 euros par an.
- Speaker #1
Ok, c'est une somme. Après, on peut le voir comme un investissement. Il vaut mieux le voir comme un investissement, je pense. Mais tu vois, moi, en tant que... J'étais encore étudiant il n'y a pas longtemps. Toi aussi, tu viens d'un milieu, je ne sais pas si on peut dire populaire, mais l'argent est une valeur aussi, je pense, importante pour toi. Quand on prend la décision, tu vois, il y a des étudiants qui empruntent aussi de dépenser 15 à 20 000 euros ou 19 000 euros dans une année. Aujourd'hui, on se pose, je pense encore plus la question parce que la connaissance, elle est sur YouTube, elle est dans ce podcast aussi, par exemple. C'est quoi qui justifie, tu vois, le fait qu'on paye quasi 20 000 euros ? Parce que qu'est-ce qui justifie le fait qu'on paye 19 000 euros ? Moi, si je suis un peu un pirate, un hacker... Je vais, alors j'aurai peut-être pas tous les apprentissages, mais je vais aussi aller apprendre sur YouTube, dans les podcasts.
- Speaker #0
Premièrement, comme je disais, tu as raison, la connaissance, elle est gratuite, grâce à la démocratisation de l'Internet. En fait, une école, ce n'est pas que YouTube. On vient rechercher quoi ? On vient rechercher, évidemment, l'apprentissage, mais pas uniquement la connaissance, puisque la connaissance, elle est gratuite et... elle est aussi obsolète très rapidement. On vient d'apprendre la méthodologie et aussi l'esprit critique, l'esprit de discernement. Et ça, lorsque tu apprends tout seul devant un écran, tu n'as pas forcément cette interaction, surtout de la part du professeur. Est-ce que la capacité de savoir si tu as compris ou pas tel ou tel concept, Et ça, c'est le professeur qui pourra te le dire. Et tu pourras poser. Et le professeur pourra le dire ou expliquer le concept de différentes manières. Et ce n'est pas parce que sur YouTube, elle va t'expliquer d'une seule manière. Elle pense que c'est la manière la plus universelle, la plus efficace. Pas forcément. Il n'y a pas d'échange. Exactement, il n'y a pas d'échange parce que chaque personne a un schéma mental différent et une compression différente. Et c'est ça la valeur ajoutée. Et aussi, c'est créer ce sentiment d'appartenance, ce réseau, entre les personnes, ces rencontres. Et je crois que c'est ça, ces rencontres et aussi ce retour de la parvifranceur créent justement non seulement une émulation, mais aussi la créativité et aussi, je dirais, l'amélioration de l'apprentissage sur les compétences, les attitudes. Et les attitudes, le savoir-être, c'est extrêmement important.
- Speaker #1
Ok, je vais revenir sur le savoir-être, mais avant, ce que je comprends sur la connaissance, ce que je lis entre les lignes, c'est que j'ai l'impression que pour toi, les soft skills sont plus importants que les hard skills. Alors pour les auditeurs, les soft skills, c'est plus autour du savoir-être, de la personnalité, et les hard skills, c'est plutôt de la compétence technique.
- Speaker #0
Oui, souvent on traduit les soft skills par les compétences générales ou génériques ou les compétences socio-comportementales. Effectivement, les compétences techniques, c'est les hard skills. C'est vrai que pour moi, avec l'intelligence artificielle, les compétences générales, génériques, socio-comportementales seront les futures compétences techniques, c'est-à-dire remplacer finalement ces compétences techniques. Donc c'est très important et d'autant plus que... Au sein de nos grandes écoles, on apprend ces compétences socio-comportementales.
- Speaker #1
Et c'est ça qui m'intéresse justement, parce que tu vois, et à l'extrême, est-ce que vous envisagez peut-être que dans quelques années, vous n'apprendrez plus la comptabilité ou la finance ? Parce que l'IA le fera mieux que n'importe quelle personne sur Terre ?
- Speaker #0
Alors c'est marrant ce que tu dis Nicolas, parce que j'ai vu ce point-là aussi lorsque est apparu Internet. On dit voilà, finalement le métier de comptable va disparaître parce qu'on aura des factures électroniques, tout va être remplacé. En fait, la façon de faire ou de vérifier les comptes va être différente. Donc l'ancienne façon de faire de manière manuelle, évidemment, va disparaître. En revanche, on aura toujours besoin des comptables. Parce que c'est des vérifications différentes. Ce n'est pas juste l'intelligence artificielle qui va vérifier. L'intelligence artificielle va faire une pré-vérification. Mais c'est à l'humain de valider cela. Et je crois que c'est l'humain qui va avoir ce discernement, de dire, ok, je vais recouper différentes informations. L'intelligence artificielle va nous préparer. En revanche, c'est nous qui prenons la décision. Et donc, finalement, l'intelligence artificielle sert comme outil d'analyse et de vérification. Et pour moi, je ne pense pas que le métier de comptable va disparaître. En revanche, son métier va être transformé. Ça, c'est certain.
- Speaker #1
Tami, tu as parlé de discernement. En fait, j'essaie de comprendre, c'est quoi la différence pour toi entre une IA... et un professionnel de main ? Est-ce que c'est ça, c'est le discernement ? Tu vois qu'une IA peut peut-être pas, ou en tout cas la date ne le fait pas et pourra pas...
- Speaker #0
En fait, comme tu dis, l'IA, ce qu'elle sait faire et ce qu'elle va faire de mieux en mieux, c'est apprendre à apprendre. Nous, on apprend à apprendre, mais...
- Speaker #1
Elle sera probablement meilleure que nous.
- Speaker #0
beaucoup plus vite avec les règles de calcul. Et l'IA va permettre même de contextualiser. Quand je dis apprendre-apprendre, c'est-à-dire qu'elle va absorber une donnée, une information, et dire Ah, ça je pourrais l'utiliser ailleurs, autrement, etc. En revanche, à ce jour, l'IA ne permet pas de faire le désapprendre. Nous, l'humain, on peut désapprendre. C'est-à-dire que je coupe de logiciel et je change de logiciel et j'apprends un nouveau logiciel, un nouveau mode de pensée. C'est là qu'il est intéressant. Et donc, apprendre à désapprendre, l'humain est beaucoup plus fort. Et après, apprendre à réapprendre. Et je crois que c'est là. L'IA est très fort sur apprendre à apprendre, mais apprendre à désapprendre, à ce jour, non. On sait que dans l'avenir, l'IRA pour... Pour... aussi détecter l'aspect émotionnel. Ça, on sait, parce qu'il y a des entreprises qui travaillent sur ça. Par exemple, là, au cours de l'entretien, on va regarder nos yeux, notre attitude, l'intonation de notre voix, le sourire, etc.
- Speaker #1
Il va comprendre nos émotions.
- Speaker #0
En tout cas, il va pouvoir prédire est-ce que nos comportements, nos attitudes, nos... nos voix semblent être en cohérence avec notre discours ou pas. Ça, on sait que ça va se faire. Mais ce côté humain reste important, cette intelligence humaine reste primordiale. Et pour cela, il faut qu'on maîtrise l'IA.
- Speaker #1
Pour avancer dans cette interview, il y a un sujet je pense qui est aussi majeur pour les jeunes et pour les jeunes professionnels, c'est la santé mentale. Aujourd'hui, c'est un sujet que les auditeurs savent, qui me tient particulièrement à cœur. On sait qu'il y a quelques mois, il y a Les Echos, qui est un journal du coup quand même assez reconnu et sérieux, où il n'y a pas trop de fake news justement normalement, dit qu'il y a un professionnel sur deux qui a... des problèmes psychologiques au travail ou qu'un certain mal-être. Dans les dirigeants entrepreneurs, on est à un sur deux, voire plus, particulièrement dans le monde des startups. Qu'est-ce que tu en penses ? Comment vous gérez ça ? Parce que pour moi, c'est quand même un sujet majeur. Je pense que vous formez des gens, tu me diras, à trouver un job, être rémunéré correctement, mais aussi être épanoui.
- Speaker #0
Pour moi, ce qui est essentiel, et c'est ça, je me suis posé la question, j'ai dit, mais... Pourquoi un élève va rejoindre l'ESCP ou une grande école de commerce ? Pour moi, il est essentiel de travailler sur ce que j'appelle l'épanouissement global. Et pour moi, l'épanouissement global, comme j'adore jouer sur le jeu de mots, c'est l'AP3. Alors, AP3 en français, ça ne veut pas dire grand-chose. En revanche, en anglais, le jeu de mots, c'est happy free Happy and free, c'est-à-dire être heureux et libre. Premier épanouissement, c'est l'épanouissement académique. Comment éveiller notre intellectuel, notre curiosité intellectuelle ? Pour nous, c'est comment accompagner l'étudiant à co-créer de la connaissance avec nous. Moi, on a nos élèves qui adorent le football et l'économie. Et deux élèves... ont justement sorti un livre qui s'appelle Foodomics c'est-à-dire comment expliquer l'économie à travers les jeux de football. Donc c'est ça, c'est de comment susciter cette curiosité intellectuelle, académique, et la faire progresser. à travers les professeurs. Deuxième épanouissement, c'est l'épanouissement évidemment professionnel. Et ça c'est important. C'est comment finalement identifier tes passions, tes centres d'intérêt pour correspondre aux métiers, aux industries possibles. Parce que le problème du mal-être dans une entreprise, dans une fonction, c'est parce qu'on n'est pas heureux dans la fonction, dans l'entreprise. Et on dit oui, malgré ça, je fais parce qu'il faut que j'ai un besoin au niveau financier, etc. pour payer le loyer, pour payer telle ou telle chose. Mais ce qui est important, c'est de correspondre nos passions, nos sens d'intérêt par rapport au métier possible. Et ça, on aide grâce à nos carrières de service pour dire qu'est-ce qui fait sens. pour toi, pour la personne. Troisième épanouissement, évidemment, c'est l'épanouissement personnel. Comment développer notre épanouissement personnel ? Et là, tu sais très bien, Nicolas, c'est à travers les associations étudiantes. Nous avons une centaine d'associations étudiantes. Et là, nos élèves peuvent faire plusieurs associations différentes pour qu'elles soient épanouies, pour finalement générer, créer ou améliorer leur intelligence personnelle. sociale. Et ça, c'est important. Le quatrième épanouissement, c'est l'épanouissement physique. Comment finalement améliorer leur résilience mentale et physique à travers les activités sportives ?
- Speaker #1
Je trouve ça hyper intéressant. Et en même temps, je me dis aussi que la santé mentale, c'est un vaste sujet qui serait l'objet d'un autre podcast. Mais toutes ces raisons sont aussi très personnelles. Tu vois, demain, tu peux te trouver en entreprise dans un environnement qui est toxique, pour caricaturer un petit peu, avec un manager qui est toxique, avec une charge de travail qui est très, très lourde, un contexte de communauté ou avec les collègues qui se dégradent. Est-ce que vous apprenez ? Parce que statistiquement, alors je ne sais pas si c'est sur les métiers de cadre ou de dirigeant ou pas, mais... Les gens qui sortent de l'ACP ont peut-être 50% de chance d'avoir des sujets de santé mentale liés au travail. Est-ce que vous leur apprenez à gérer ça ? Parce que malgré tout, malgré toute la prévention entre guillemets que tu prônes, ça peut arriver.
- Speaker #0
En fait, premièrement, c'est très rare. Pourquoi ? Parce que c'est les élèves qui choisissent leur carrière, leur entreprise, les métiers. Parce que ça, on les prépare à choisir, à bien choisir. Je prends l'exemple, dans notre programme de l'école, ils peuvent faire trois spécialisations différentes au cours de leur cursus. Donc c'est énorme. Je peux faire du marketing, la finance, après le droit. Et donc du coup, je peux travailler, faire des stages dans ces trois domaines différents. Donc au moins, nous on est en contact avec eux et ils nous disent, Voilà monsieur, je pensais que j'aimais telle discipline, finalement je m'aperçois que je n'aime pas du tout cette discipline et je change. Et je crois que c'est ça. Donc ça réduit déjà les cas. Deuxièmement, effectivement, on fait de la sensibilisation. On explique à travers les jeux de rôle, etc. Et on dit toujours, c'est lorsque vous n'êtes pas heureux dans une entreprise, dans une fonction, d'abord, il faut commencer à parler. avec l'entreprise, avec votre responsable du service, etc. dans l'entreprise dans laquelle vous êtes, et parlez avec nous, et on peut voir comment, si c'est un stage ou c'est un apprentissage, lorsqu'ils sont... d'ajuster, etc., de changer ou en tout cas d'améliorer les relations ou de quitter. Je pense que le dernier ressort, si vraiment la personne est très malheureuse et qu'il n'y a pas de changement du côté de l'entreprise, et dans les côtés, vaut mieux quitter l'entreprise. Et c'est pour ça, parce que nos élèves ont la chance d'avoir beaucoup de choix et de propositions. Donc, c'est pour ça que c'est moi. Mais ce que tu dis sur ce problème-là est très juste. C'est-à-dire que c'est dans nos grandes écoles que nous préparons. Et c'est pour ça que c'est les questions liées à l'éthique, les questions liées au bien-être. Nous, on a, par exemple, on travaille sur la méditation, même sur le bien-être lié à la nutrition, parce que c'est important, c'est essentiel. C'est pour ça que quand je parlais de la résilience physique et mentale, physique, elle est aussi liée à notre hygiène alimentaire, et aussi aux activités sportives.
- Speaker #1
Il y a un, sans trop divaguer, puisqu'en plus on arrive sur la fin de l'interview, mais tu es un psychologue américain. qui dit qu'il y a un reportage sur Netflix sur ce sujet qui dit qu'à partir du moment où tu vois où tu rétablis le sommeil l'alimentation et que tu as une activité physique qui est pas forcément faire un marathon tu gommes 80% du mal-être c'est un peu caricatural mais
- Speaker #0
c'est sûr que c'est essentiel c'est essentiel parce que moi je dis toujours Lorsque tu es dans une entreprise tu es un athlète d'entreprise Est-ce que tu peux travailler 12 heures par jour pendant 40 années ? Alors que lorsque tu es un athlète sportif de haut niveau... Ta performance, grâce à tes entraînements, tes préparations, la période, elle est très courte. Alors que nous, c'est normalement sur 40 années. Donc, il faut être en forme. Durer. Durer. Donc, c'est être marathonien. Et c'est pour ça, cette hygiène de vie, bien dormir, l'hygiène alimentaire, etc. C'est important. Et prendre le temps aussi, prendre la phase de recul, de repos, etc. etc. Tout ça, effectivement, c'est ce que nous, nous laissons et nous accompagnons de nos déserts dans cette perspective.
- Speaker #1
Un sujet que je voulais évoquer avec toi aussi, tu as un peu des nouvelles écoles. Alors, ce n'est pas nouveau, ça ne fait pas un an, mais tu vois, par exemple, je pense à l'école 42 de Xavier Niel, qui est un grand dirigeant français. C'est une école qui a des particularités. Alors, c'est une école pour développeurs, mais qui a une particularité, un modèle tout à fait différent du modèle des écoles de commerce. Donc dans les écoles de commerce, généralement, tu as des professeurs, des cours et des années. Dans 42, tu n'as ni cours, à proprement parler, tu n'as pas de professeur, tu n'as pas de système d'années, je crois. À l'époque, moi, j'avais vu que tu avais des systèmes de niveau plutôt. Qu'est-ce que tu en penses ? Et tu vois, c'est un système qui a l'air de marcher, qui forme des gens qui sont employables et qui gagnent de l'argent et qui ne semblent pas être épanouis. Qu'est-ce que tu penses ? Parce que c'est à l'opposé de ce que vous faites.
- Speaker #0
Oui. Je pense que c'est une approche complémentaire. Je rappelle que chaque année en France, il y a 150 000 jeunes adultes qui sortent de l'enseignement supérieur. Et grâce à cette initiative, excellente initiative, ça peut les intéresser. Je rappelle que l'école Cardo, c'est une, comme tu as dit, c'est une école de professionnalisation. et sur le coding, sur la programmation. Elle apprend l'aspect technique, mais elle n'apprend pas tout l'aspect, je dirais, holistique que nous, dans nos écoles, grandes écoles, nous apportons. Et pour moi, tu vois, une grande école, c'est l'éducation. c'est plus que la formation. L'école 42, c'est la formation. Et quand je dis l'éducation, c'est à la fois la formation et aussi accompagner ton épanouissement de ta personnalité singulière. En fait, c'est ça la valeur ajoutée. C'est pour rejoindre à ce qu'on disait par rapport à YouTube. Je crois, la valeur ajoutée d'une grande école comme à l'AUCP, Business School, c'est l'éducation. L'éducation, ce n'est pas uniquement la formation, mais également l'accompagnement de l'épanouissement de la personnalité singulière, c'est-à-dire unique, de chaque apprenant, de chaque élève.
- Speaker #1
Donc finalement, si je comprends, c'est plus vous former des bons professionnels, mais c'est plus large que ça. Limite, vous apprenez à être, c'est plus haut, c'est à être pas bien dans sa vie, mais être un humain épanoui.
- Speaker #0
Exactement, c'est l'épanouissement global. Et tu sais, on a parlé des compétences générales, c'est-à-dire en anglais, on appelle ça les soft skills. On a parlé des compétences techniques, en anglais, on appelle ça les hard skills. Mais j'ajoute deux autres compétences. À l'UECP, nous préparons. C'est les compétences éthiques. Pour nous, l'éthique, c'est important. Le sens des valeurs. Ce qui est bien de faire, ce qui n'est pas bien de faire. Et comme ça, ça nous donne une direction de ce qu'on peut faire, ce qu'on ne peut pas faire. Et j'ajoute le dernier point, et ça, ce qui fait la différence des autres programmes, c'est les compétences folles. atypiques. En anglais, on appelle ça les crazy skills Les compétences, toi Nicolas, tu as sans doute des compétences atypiques. C'est des compétences qui sont liées à tes passions, à tes centres d'intérêt. Et que ces compétences, elles peuvent être très pertinentes dans l'entreprise ou dans un métier possible. Et c'est à nous de détecter ton potentiel et ses compétences atypiques, ses compétences folles. Et tu vois, ça aussi, chez YouTube, ils ne peuvent pas faire cela. Et c'est ça la valeur ajoutée de l'ECP. Donc il y a quatre types de compétences que nous préparons, que nous éduquons nos apprenants.
- Speaker #1
C'est super intéressant sur les compétences folles, ça me rappelle une réflexion que j'avais avec une dirigeante qui me disait qu'elle recherchait des gens qui étaient... intellectuellement structuré, mais aussi un peu crazy et out of the box.
- Speaker #0
Voilà, exactement.
- Speaker #1
Ce qui n'est pas attendu. Tu vois, sur un CV, tu ne vas pas mettre, sur une lettre de motivation, tu ne vas pas mettre je suis un peu crazy.
- Speaker #0
En fait, c'est là, c'est l'inattendu. On dit, il faut souvent penser, en anglais, on dit out of the box, comme tu dis. penser hors de notre zone de confort. Mais en fait, il ne faut même pas penser comme ça. Il faut penser sans notre boîte. Tu vois ce que je veux dire ? Et du coup, tu changes de schéma mental.
- Speaker #1
Spectre.
- Speaker #0
Exactement. Et donc, ça peut être différent. Et tu vois, c'est ça que nous, on apprend à nos élèves. C'est de penser... autrement, mais pas sortir de ta boîte, mais même si tu penses sans boîte. Et comment tu vas penser sans boîte ? Ça veut dire que c'est pour ça que je dis toujours à nos élèves, sortez de votre zone de confort parce que c'est la zone d'effort qu'il faut être. C'est là l'apprentissage qui va être clé pour demain.
- Speaker #1
On arrive à la fin de cette interview, avant de passer à une partie personnelle. J'avais une question à te poser, que je pense qu'en tant qu'ancien étudiant, et qu'on se demande, et qui n'est pas forcément, je pense, toujours dit, tu vois, ou très clair, une école de commerce, une école d'ingénieur, concrètement, c'est quoi ? C'est une entreprise, une association, une fondation ? Est-ce que c'est un but lucratif ?
- Speaker #0
Pour l'ESCP... qui est une grande école de commerce, c'est une entité économique à but non lucratif. Donc, ça veut dire que tous les excédents générés sont réinvestis ou donnés sous forme de bourses sur critères sociaux. Par exemple, l'année dernière, nous avons offert plus de 9 millions d'euros de bourses.
- Speaker #1
Et légalement, c'est quoi ? C'est une association ?
- Speaker #0
Non, c'est un statut particulier qui s'appelle un... EESC, c'est-à-dire un établissement d'enseignement supérieur consulaire.
- Speaker #1
Et tu as des actionnaires, des dividendes ?
- Speaker #0
On n'a pas de dividendes justement, puisque c'est un but non lucratif. Notre actionnaire principal, la plus importante, c'est la Chambre de commerce de Paris, Île-de-France. Et en fait, tous les excédents générés sont réinvestis, donc il n'y a pas de dividende, de distribution de dividende. C'est-à-dire, en fait, on ne fonctionne qu'une entreprise avec une mission d'intérêt général. Mais il n'y a pas de distribution de dividendes. Donc, tout est réinvesti au sein de l'école.
- Speaker #1
Si tu as des actionnaires, est-ce que tu as une valorisation ? Ça fait partie, est-ce que tu vois, l'ESCP Business School est valorisée ?
- Speaker #0
En fait, elle est valorisée en termes d'impact de recherche. Il n'y a pas de valorisation financière en tant que telle. Parce que ce qui est important, c'est servir la société, inspirer, servir la société. avec cette mission d'intérêt général.
- Speaker #1
Ok, on va passer à la partie personnelle, si tu veux bien, Léon. Pour un peu, on t'a quand même bien découvert, mais encore plus peut-être personnellement, est-ce qu'il y a des choses qui te rendent triste ou qui te mettent en colère ?
- Speaker #0
Moi, j'ai toujours appris quelque chose, comme je suis bouddhiste, c'est l'inéquité, l'injustice. On a la chance en France, même s'il y a des améliorations à faire, c'est sur l'éducation, l'enseignement supérieur. Alors que dans certains pays, c'est beaucoup plus cher qu'en France, 3 à 4 fois plus cher.
- Speaker #1
Aux Etats-Unis,
- Speaker #0
pareil. Aux Etats-Unis, moi je reviens de la Corée du Sud, j'entendais parler justement de nos collègues que pour leurs enfants, pour leurs enfants. Il faut qu'ils payent des cours de soutien. Et ces cours de soutien peuvent coûter 1 500 euros par mois. Pourquoi ? Parce que sinon, leurs enfants pourront du mal à accéder à l'université. Mais ça, on n'a pas ça, heureusement. Et je pense que cette inéquité, cette injustice, comment on essaie de résorber, et ça c'est une de mes missions aussi à l'ECP, de pouvoir offrir beaucoup plus de bourses aux plus méritants. Parce que pour nous, il ne faut pas qu'il y ait une barrière financière pour intégrer l'ECP. Si vous réussissez nos concours d'admission, on trouvera toujours une solution pour que vous puissiez faire vos études raisonnablement à l'ECP et normalement.
- Speaker #1
C'est important parce que ça permet un peu de rétablir l'égalité des choix. absolument ok c'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as fait dans ta vie une anecdote ou quelque chose de marquant de différents de ma vie ouais je crois que la
- Speaker #0
chose audacieuse c'est tu sais d'aller oser parler aux personnes Grande personnalité.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
C'est comme ça qu'un des dirigeants a dit, vous avez bien fait de me parler, vous avez osé me parler. Et donc, parce que quand on voit une personnalité, on est impressionné, on ne veut pas parler, on ne veut pas aller voir telle ou telle personne. J'y vais, je dis, moi, je n'ai pas peur. Bon, de toute façon, c'est une personne humaine. Et voilà, donc à plusieurs reprises, j'ai eu beaucoup de chance. Et je suis allé voir ces personnes-là. soit elle est réceptive, c'est-à-dire on fait un échange, soit elle n'a pas le temps ou elle souhaite pas, etc. Donc, je suis toujours allé dans cette perspective et dans cette approche.
- Speaker #1
Est-ce que tu as eu une anecdote ? Ou un jour, parce que du coup, tu es digne de l'ESCP, est-ce que les étudiants, justement, ils osent venir te parler ?
- Speaker #0
Bien sûr, je leur dis. Tu sais, moi, il y a quelque chose qui m'a frappé. que j'ai osé faire et que justement la présidente du BDE, c'est-à-dire Bureau des élèves, c'était au moment du gala de l'école, je me souviens, en 2018. À l'époque, j'étais directeur général adjoint, donc numéro 2. Et elle m'invite à danser le rock devant 500 personnes. Et je ne sais pas danser le rock.
- Speaker #1
Et puis là, j'imagine que tu te poses quand même la question au-delà de danser le rock. Est-ce que tu as le droit ? Tu n'as pas le droit ? Oui,
- Speaker #0
voilà. Une étudiante au Brésil du B2. Eh bien, je l'ai fait. Même si c'est mal, mais Emma, c'est elle qui m'a conduit, qui m'a mené pour la danse. Et j'ai appris et j'ai aimé.
- Speaker #1
OK. Est-ce que des fois, il y a une remarque qu'un étudiant un jour t'a fait, qui t'a peut-être mis une claque ou qui t'a fait réfléchir ?
- Speaker #0
Non, je n'ai pas eu encore ce point. En revanche, j'aime bien dialoguer avec mes élèves. Tout thème, toutes problématiques. Dans tes origines, tu es originaire de l'Asie, je sais que c'est important pour toi le bouddhisme, tu en as parlé un petit peu. En quelques mots, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Alors c'est une philosophie, mais est-ce que par exemple tu médites ?
- Speaker #1
Absolument, je médite. Et pour moi, c'est être en harmonie avec la nature. En fait, tu vois, ça construit ma mode de pensée. Le problème actuel, c'est que dans nos modèles économiques, le modèle économique, si je peux me permettre, était dans l'idée de maîtriser la nature. En fait, on a du mal à maîtriser la nature. Tu vois, les événements malheureux en Espagne, notamment. Pour moi, il faut être en harmonie avec la nature. Donc, comment construire des modèles économiques en harmonie avec la nature ? Et ça, j'ai... appris et j'apprends toujours avec le bouddhisme et le respect, évidemment.
- Speaker #0
Et donc, tu médites tous les matins ou tous les soirs ?
- Speaker #1
Je médite partout où je peux. Évidemment, soit le matin ou soit le soir. Ok.
- Speaker #0
On arrive vraiment au bout. La dernière question qu'on pose toujours, c'est qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
- Speaker #1
Je crois que ce qu'on peut souhaiter, c'est la santé d'abord, je pense que c'est le plus important, et surtout l'énergie. Parce que pour moi, ce n'est pas une gestion de temps, c'est une question de comment créer de la bonne énergie.
- Speaker #0
Merci beaucoup Léon.
- Speaker #1
Merci Nicolas.
- Speaker #2
Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison. Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose, Il n'y a qu'un moyen de nous remercier. Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, abonnez-vous et mettez 5 étoiles. 30 secondes de votre temps, mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles et que d'autres personnes découvrent les sages. Avant de se quitter, une dernière chose. N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.
- Speaker #3
Très bien.