- Speaker #0
de nouvelles perspectives. Alors prenez place, ouvrez votre esprit et mettez les pieds dans le plat. Bienvenue dans ce nouvel épisode. J'ai le plaisir de vous accueillir aujourd'hui dans les pieds dans le plat pour parler des bénéfices et des impacts négatifs de la communication touristique. À mes côtés aujourd'hui, Laure Thomas, responsable presse au sein de Charente Tourisme. Bonjour Laure.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Et Gavince Clément-Téruise, secrétaire générale au guide du routard et chroniqueur voyage sur Europe 1 et BFM TV.
- Speaker #2
Bonjour Ă tous.
- Speaker #0
Bonjour Kavins. Alors on le sait, la communication touristique joue un rôle crucial dans le développement des territoires. Cependant, son impact peut être à double tranchant, en apportant autant d'avantages que de défis de gestion des flux de population pour certaines destinations. Depuis la fin des années 2010, on parle beaucoup de phénomènes de surtourisme, désignant des pics touristiques temporaires ou saisonniers, aux incidences néfastes sur le mode de vie, l'environnement et le bien-être des habitants. D'Amsterdam à Kyoto, de l'Everest au Machu Picchu, des calanques de Marseille à l'Acropole, plusieurs mesures et restrictions ont ainsi vu le jour pour limiter l'afflux des visiteurs. Cela passe notamment par une hausse des tarifs, une mise en place de quotas de visiteurs ou encore l'interdiction d'accès à des sites naturels sensibles. Mais à contrario, les territoires inconnus ou méconnus du grand public ont un réel besoin de communiquer pour développer leur économie. C'est pourquoi plusieurs institutionnels français ont fait appel à des influenceurs pour mettre en avant des régions moins visitées et ainsi alléger la fréquentation des sites les plus connus. Kavins, peux-tu nous dire comment la communication touristique peut transformer l'image d'une destination ? et quel retour d'expérience peux-tu nous donner sur les bénéfices d'une médiatisation de territoire ?
- Speaker #2
Techniquement, c'est vrai que moi je travaille toute l'année avec des personnes comme Laure, qui nous donne des infos sur son territoire, sur des nouveautés, sur des créations, sur du renouveau. On attend la maison de Pierre Lottier avec impatience par exemple, on trapping. Et c'est vrai que toute l'année je reçois plein d'infos et je reçois chaque jour des centaines de mails, honnêtement des centaines de mails. Et c'est vrai que pour moi c'est important parce que ça me met tout de suite des petites... petites alertes tout d'un coup pour me dire tiens ça c'est intéressant alors sur Europe 1 c'est vrai que c'est important parce que je peux le mettre tout de suite en avant pour le guide du routard aussi parce qu'il va falloir que je mette l'information en priorité dans les guides, Pierre Lottie par exemple ça fait partie de mes deux, je pense à ça je sais pas pourquoi mais c'est vrai que ça fait partie de choses que j'ai envie de voir, opter sur drone en effet c'était important aussi pour nous parce que c'était ce qu'on appelait un pas de côté, c'est des sites que l'on va pas obligatoirement voir sur les sites touristiques, sur nos itinéraires, mais justement, on peut faire un pas de côté et aller voir ce genre de territoire. Et c'est vrai que la communication nous aide à mettre des curseurs, peut-être, parce qu'on va dire que chaque année, on remet en jeu notre communication sur les territoires. On remet à jour les informations. Dans le routard, l'information est mise à jour tous les ans. Pour les médias comme Europe 1 ou BFM TV, je vais mettre en avant des sujets qui ne sont pas vus par les... par les téléspectateurs ou les auditeurs. C'est ça mon idée, c'est que la personne qui m'écoute se dise, tiens, ça je ne connaissais pas, j'ai très envie d'aller le voir, c'est génial. Justement, c'est cette communication en amont, c'est ce lien aussi qu'on tisse avec les représentants de presse comme Laure, il y a plein d'homologues qui sont comme toi et qui font très bien leur travail comme toi et c'est ça qui est chouette. Et puis c'est parce que je suis là aussi aujourd'hui, justement, c'est ça, ça fait partie de ce lien qu'on a tissé. Ça fait quelques années qu'on travaille ensemble et c'est bien. Justement, je crois que la communication passe par aussi l'humain. Je crois que c'est ça aussi qui est important. On peut faire des très belles plaquettes. On peut faire des très beaux podcasts, mais on peut faire aussi des... C'est juste un mail, ça va être un SMS, ça va être quelque chose que je vais voir sur les réseaux sociaux aussi, par exemple. Et voilà . Et tout de suite, je sais que j'ai un référent. Ça va être Laure, par exemple, qui va me dire ça, t'as raison, fais ça. Ça, peut-être que... A ton set. Cette période-là , c'est peut-être mieux. Hors saison, c'est mieux. C'est un lien qu'on tisse et la communication, ça passe par de l'humain.
- Speaker #0
Laure, comment les territoires peuvent-ils concilier le besoin de promotion de leur destination tout en évitant les risques de surfréquentation ? Quelles sont les tendances qui émergent dans la communication touristique aujourd'hui ?
- Speaker #1
La question de la conciliation entre la promotion touristique des territoires et l'évitement de la surfréquentation est assez complexe et nécessite une stratégie. positive, équilibrée et durable. Sur notre territoire, on parle plutôt de pics de fréquentation, certains jours, à certains moments de l'année, mais pas toute l'année et pas sur l'ensemble du territoire. La communication touristique reste donc primordiale pour faire vivre l'ensemble de l'économie locale. Pour répondre à ce défi, les territoires communiquent en mettant l'accent sur le respect de l'environnement. en aidant à sensibiliser les visiteurs à leur impact. On peut aussi diversifier l'offre touristique en valorisant des sites moins connus et en encourageant les visites hors saison. Cela permet de répartir les flux de manière plus homogène, limiter l'accès via des systèmes de réservation en ligne ou adapter les horaires tarifs en fonction de l'affluence, contribuer également à réguler la fréquentation, c'est déjà le cas dans de nombreux musées. Aujourd'hui, beaucoup de territoires se tournent vers une communication qui privilégie... des pratiques durables et respectueuses de l'environnement. En sensibilisant les visiteurs et les locaux à l'impact de leur comportement et en encourageant les pratiques responsables sur le tri des déchets, par exemple le respect de la faune et de la flore, les mobilités douces, on a une communication inspirationnelle qui aujourd'hui se transforme en communication d'implication qui engage les voyageurs et les acteurs locaux dans une démarche de tourisme plus responsable et durable. Il s'agit d'inviter à vivre une expérience enrichissante, respectueuse et mémorable. Par exemple, il y a trois ans, l'Ildex a engagé une démarche. Les poubelles publiques ont été supprimées et les touristes sont désormais invités à ramener leurs déchets, comme lorsque vous allez faire un pique-nique en forêt tout simplement. Les nouvelles tendances de la communication touristique continuent de s'adapter aux nouvelles attentes des voyageurs et à l'évolution rapide des technologies. Il est temps de changer de mentalité et d'abandonner la logique du toujours plus trop souvent amplifiée par les réseaux sociaux avec une surenchère de contenus incontrôlés. Il s'agit désormais de rechercher l'équilibre, un équilibre entre qualité et quantité qui repose notamment sur une réduction des campagnes publicitaires de masse pour privilégier des stratégies de contenu plus ciblées, valorisant des expériences authentiques et durables. La responsabilité d'une communication durable et respectueuse repose sur une collaboration partagée entre les communicants les professionnels du secteur et les touristes, chacun contribuant à créer une expérience équilibrée et éthique.
- Speaker #0
Du bon sens, finalement. Merci Laure, je vous propose maintenant d'écouter le témoignage de Samantha Bertrand, coordinatrice tourisme durable et accessibilité à la communauté d'agglomération Rochefort-Océan. Elle a travaillé sur la problématique de gestion des flux touristiques de l'Ildex.
- Speaker #3
En 2022, on a mis en place un groupe de travail, puisque l'Ildex c'est 200 habitants à la vie, mais c'est aussi... 450 000 visiteurs, avec des journées à 6-7 000 visiteurs, donc entre 5 et 8 fois sur l'été. Donc c'est comment on travaille sur cette île qui est très sensible, qui est au corps du label Grand Cidre de France. Et on a mis en place quatre groupes de travail sur les points de vue, l'observation, la biodiversité et la communication. Donc pour la communication, on dit c'est que... On travaille forcément avec l'office de tourisme de notre territoire, mais aussi les offices de tourisme d'Oléron, La Rochelle, Nile-de-Ré, Charon Tourisme, les Croisés-Alénistes, le BAC, tous les prescripteurs. Donc, par exemple, on a organisé un éluctour au mois de janvier avec 130 prescripteurs pour voir comment il faut parler de l'île, de ce milieu qui est très fragile, surtout l'été quand on a des journées de pique. On a revu aussi le bloc-plan, donc il était en élan d'un... des informations sur la biodiversité, alors qu'il était tourné plutôt patrimoine. On a créé une charte de visiteurs et il y a un atelier là qui va se réunir encore à l'automne avec les prescripteurs pour voir comment on parle de l'île. Il y a une attention particulière aussi sur l'accueil des journalistes tout au long de l'année pour savoir si on les accueille et quels sont les éléments qu'on leur donne.
- Speaker #0
Gavins, comment ces problématiques de surfréquentation touristique influencent-elles le travail des journalistes et des médias spécialisés aujourd'hui ?
- Speaker #2
Nous, c'est vrai que c'est un point, j'ai envie de dire que c'est un axe de travail. Tout simplement, ça nous aide quelque part. Parce que c'est vrai que le reproche qu'on peut donner aux routards, c'est à chaque fois qu'on nous dit Ah, vous l'avez conseillé, du coup il y aura 150 000 Français dans une petite adresse. Le resto, un tel, il y a trop de Français, il y a trop de routards, etc. Alors nous, notre boulot, c'est de se dire Ok, alors... Déjà , l'adresse est super, on ne va pas se priver d'avoir une bonne adresse. L'idée aussi, c'est de justement s'amuser à trouver d'autres adresses, élargir, peut-être réduire un petit peu la taille de nos textes pour augmenter l'offre qu'on va pouvoir trouver dans le guide. Alors, si j'avais 10 lignes sur le resto Intel, je vais en avoir 5 et je vais pouvoir rajouter une autre adresse. Ça va peut-être être de doubler le nombre d'adresses, donc un peu plus de boulot, bien sûr, parce qu'il va falloir trouver d'autres adresses équivalentes qui soient aussi intéressantes. Alors, le risque aussi, c'est qu'à ... Après, on me dit, ah, mais le resto qui est en face du resto Intel, il y a plein de monde aussi. Bah voilà , qu'est-ce que vous voulez ? On n'a envie de partir en vacances. On ne va pas se priver de partir en vacances. Si on a envie d'aller dans un endroit qu'on conseille, tant mieux. L'idée aussi, c'est de pouvoir aussi parler des gestes simples, comme le dit Laure. C'est essayer de parler, de dire, si vous voulez absolument visiter tel site, allez-y peut-être hors des pics de fréquentation. Allez-y... hors saison. Alors, tout le monde n'a pas la chance d'y aller hors saison. Si c'est en pleine saison, peut-être le matin, peut-être tard le soir quand il y a moins de monde. Et puis, si vous ne l'avez pas vu, eh bien, ce site extraordinaire, eh bien, ce n'est pas grave. Certes, vous n'aurez pas la superbe photo que vous vouliez poster sur votre compte Instagram ou autre réseau social, mais c'est vrai que vous avez d'autres possibilités d'aller voir des choses magnifiques. Et n'oublions pas que 95% des touristes dans le monde vont sur 5% des territoires dans le monde. Ça veut dire quand même qu'il y a 95% de territoires à visiter encore, donc il y a encore d'autres richesses à voir et d'autres façons de le voir. Et encore une fois, je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis, il faut une espèce de pédagogie du voyage, peut-être au niveau de l'environnement, au niveau des mobilités douces, etc. C'est vrai que ça fait partie de l'expérience du voyage.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on a une multiplicité de destinations et finalement la problématique n'est pas tant de communiquer dans le routard sur des petites pépites cachées à droite à gauche. Parce qu'on a le choix finalement à travers le guide, c'est se dire est-ce qu'on ne va pas tous aller au même endroit au même moment ? Et donc la problématique elle est plutôt ailleurs puisque vous communiquez à travers le routard sur plein de destinations. On a quand même largement le choix en fonction du budget à chaque fois à l'intérieur. Et puis si c'est plein,
- Speaker #2
si vous voyez qu'il y a trop de monde, si vous ne pouvez pas réserver, eh bien, ce n'est pas grave.
- Speaker #0
Il faut partir.
- Speaker #2
Il faut partir. Vous partez, vous allez voir ailleurs. Là -bas, si j'y suis, ça fait toujours du bien. C'est-à -dire que déjà , on change d'air, on voit autre chose, on s'oxygène. Et c'est ce que je dis, le voyage, il commence quand on claque la porte de chez soi.
- Speaker #0
Laure, quel conseil peux-tu donner aux territoires qui souhaitent développer une communication touristique durable et bénéfique ?
- Speaker #1
Alors, pour... Pour les territoires qui souhaitent développer une communication touristique durable et bénéfique, il est essentiel de suivre une approche stratégique qui privilégie la protection de l'environnement, le bien-être des communautés locales et l'enrichissement de l'expérience des visiteurs. Communiquer sur les initiatives locales de durabilité, telles que l'éco-certification des hébergements, la réduction de l'empreinte carbone, mais aussi valoriser le patrimoine et les cultures locales. On peut aussi encourager la visite hors saison. et hors des sentiers battus, utiliser les nouvelles technologies pour sensibiliser et informer, ou encore s'appuyer sur des partenariats locaux, cibler des médias qui sont sensibles aux enjeux écologiques et promouvoir des transports doux. Il y a des actions aussi à faire au niveau local, c'est sûr, mais aussi au niveau national. Pourquoi pas repenser les vacances scolaires en France ? Effectivement, j'ai souvenir d'avoir lu un texte de Jean Viard, du sociologue, qui parlait de la semaine italienne. Donc ce qui était plutôt vraiment intéressant, c'était en Italie, les familles peuvent partir une semaine quand elles veulent. Donc l'idée de Janviar, c'était de proposer la semaine italienne en France pour étaler les flux touristiques. Et par exemple, en raccourcissant les vacances d'hiver où seulement 9% des Français partent au ski, pour proposer effectivement de partir une semaine quand on veut.
- Speaker #0
C'est ce qu'on disait tout à l'heure avec Gavine, c'est que tout le monde n'a pas forcément le choix de partir hors pic touristique. là ce serait une mesure politique qui permettrait de le faire J'adore,
- Speaker #2
c'est une drĂ´le d'idĂ©e, bravo Jean-Giard et merci de le rappeler lĂ
- Speaker #0
Gavine, on sait que le grand public s'inspire principalement des recommandations qu'ils vont voir en télé ou sur les réseaux sociaux, c'est ce que je disais précédemment comment les médias peuvent-ils contribuer à mieux orienter les populations en période de forte affluence ? Donc tu as déjà donné quelques exemples en donnant des alternatives aux grands sites touristiques en allant se perdre dans des petites ruelles en suivant zéro compte Instagram ou aucun guide... Est-ce que tu as d'autres idées à nous communiquer ?
- Speaker #2
Je trouve que justement dans la communication, par exemple ce week-end je travaillais sur le BFM et j'ai présenté le Cher. C'est un concurrent à votre chère région, mais c'est vrai que tout d'un coup, j'ai les présentateurs qui m'ont dit mais c'est super, en fait, on n'y pense pas, et c'est le centre de la France ! J'ai dit bah oui, c'est le centre de la France, allons-y, il y a la cathédrale, il y a Bourges, il y a Sancerre, il y a plein d'autres sites, et on peut faire la même chose sur les Charentes. Et c'est vrai qu'en fait, il ne faut pas avoir peur de présenter des territoires, je pense. Il faut oser, parfois on nous dit... Ah bon, tu crois ? En fait, ce que j'aime, c'est quand j'entends le waouh du présentateur qui me fait Ah, ça m'a donné envie ! Et c'est ce que je demande, par exemple, quand je vois Laure ou ses collègues, je leur dis Donnez-moi du waouh ! C'est vrai qu'au niveau des images, au niveau de... Peut-être investir, c'est peut-être ça, sur des moyens de communication qui font rêver. Après, c'est vrai, il ne faut pas non plus que ça fasse trop cliché, trop clip de promotion. Non, non, l'idée, c'est aussi de pouvoir venir, nous, sur les territoires et de... tester les aventures. Alors là , Laure, elle peut valider notre projet aussi parce qu'elle nous voit venir avec nos sacs à dos tester les restos, les bistrots, les musées, etc. C'est vrai qu'il n'y a rien de mieux que de venir tester les choses et de filtrer aussi. Et là , c'est là où le guide joue, le routard,
- Speaker #0
entre autres. C'est l'essence même du guide du routard. Personnellement, je crois encore à l'avenir du routard dans le sens où ça s'adresse à tout les publics.
- Speaker #2
et à toutes les bourges. C'est ça aussi, il ne faut pas oublier. Souvent, on nous dit, vous êtes en bourgeoisie, maintenant, il y a des adresses assez chiques. Oui, mais on a toujours les adresses très, très bon marché. Donc, c'est ça, le spectre de notre lectorat est très large. Et il ne faut pas oublier tous les publics et toutes les personnes qui vont nous lire.
- Speaker #0
Alors, pour résumer cet échange, je retiens que la communication touristique peut permettre à un territoire de prospérer économiquement et culturellement, tout en maintenant un cadre de vie agréable pour ses habitants, si elle est bien pensée. Toutefois, elle peut vite devenir néfaste pour le quotidien des habitants et pour l'environnement si les flux touristiques ne sont pas régulés ou si les bénéfices économiques sont mal redistribués. Il est donc essentiel que les stratégies de communication touristique adoptent une approche durable en considérant à la fois le développement économique, la préservation de l'environnement et la qualité de vie des habitants. Mais cela ne peut se faire sans l'inclusion des acteurs locaux dans la réflexion des stratégies touristiques. Merci à vous deux, merci Laure, merci Gavins pour vos témoignages. Merci à vous et merci à vous qui nous écoutez. A bientôt pour un nouvel épisode.