- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur le podcast Liberté d'être femme, leadership, sororité et pouvoir intérieur. Je suis Marie-Laure Hisette, fondatrice de l'entreprise H&J Intelligence. J'y travaille avec des femmes leaders que j'accompagne à travers du coaching, des conférences et des événements autour du leadership féminin. Dans ce podcast, je rencontre des femmes absolument extraordinaires, comme vous j'en suis sûre, qui sont managers, dirigeantes et qui nous partagent leurs réflexions, leurs doutes et leur victoire sur leur chemin vers un leadership plus humain et plus épanouissant. Avant de commencer l'interview, j'aimerais vous parler d'un projet qui me tient particulièrement à cœur. En mars prochain, j'organise une immersion pour les femmes managers qui s'appelle Immersion Leadership Authentique. C'est un événement qui est conçu pour les femmes, exclusivement, en posture d'autorité, qui cherchent à créer du lien, à se ressourcer et à redéfinir leur leadership en accord avec qui elles sont profondément. Si ça résonne en vous, et que vous souhaitez en savoir plus sur l'immersion, je vous invite à consulter le lien dans les notes de l'épisode. Et maintenant, place à l'échange avec Anne Christmann. Bienvenue Anne, dans le podcast Liberté d'être femme. Je suis ravie de t'accueillir ici.
- Speaker #1
Merci de m'avoir invitée. Alors, c'est un grand honneur. Je suis très heureuse d'être parmi les premières, je crois, à être interviewée et à partager sur le leadership féminin notamment. Merci pour ton invitation.
- Speaker #0
Tout à fait. Effectivement, tu fais partie des premières personnes qui me font confiance et qui acceptent de venir au micro. Donc, j'apprécie énormément. Écoute, je vais te proposer de te présenter, si tu veux bien, pour commencer.
- Speaker #1
Avec plaisir. Je m'appelle Anne Christmann. J'ai 43 ans. J'ai deux enfants, deux garçons. Je suis directrice du centre de recherche Le Cerdato. spécialisé dans les matériaux de haute performance les polymères pour la société Arkema et ce centre de recherche se situe dans l'Eure en Normandie est-ce que tu veux que je parle de mon parcours ? oui effectivement de toute façon c'est ma question qui suit si tu peux présenter ton parcours je pense que c'est intéressant pour tout le monde moi j'ai suivi un cursus éducatif scientifique J'ai un diplôme d'ingénieur procédé de l'École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy. Et suite à ça, j'ai une révélation pour les polymères et la recherche. Et donc, j'ai fait un doctorat spécialisé en physico-chimie des matériaux, avec l'idée ensuite de rejoindre l'industrie, parce que j'ai toujours aimé qu'il y ait des enjeux concrets dans ce que je faisais. Et donc, c'est ce que j'ai fait. À la suite de ma thèse, j'ai rejoint l'industrie, d'abord dans une entreprise qui s'appelle Exxion, et pour laquelle j'étais chef de projet. applications et donc je développais des liants pour les polymères, pour les matériaux de construction du second œuvre et puis ensuite j'ai rejoint le groupe à l'époque Rodia qui ensuite a été acheté par Solvay en 2011 et donc j'ai passé 5 ans en R&D j'étais ingénieure procédée, je m'occupais toujours dans les polymères de l'extrapolation des procédés de polymérisation donc le passage du laboratoire à l'échelle industrielle, et j'ai toujours été passionnée par les interactions, les interfaces entre les différentes fonctions. Donc de ce point de vue-là, c'était extrêmement enrichissant. Et puis au bout de cinq ans, j'ai eu envie de voir autre chose, une dynamique un peu plus concrète des enjeux financiers, donc je suis sortie de la R&D. Et pendant un peu moins de cinq ans, j'étais Product Manager, donc chef produit, pour toujours ce même segment chez Solvay. Et donc j'avais en charge le portefeuille de produits mais sous l'aspect de la rentabilité. Et donc c'était un job passionnant qui m'a permis d'apprendre énormément de choses, qui était vraiment au centre des interactions, à croiser des chemins entre les équipes de développement business, qui développaient des produits, les usines, parce que où est-ce qu'on va faire un produit avec la meilleure rentabilité, donc une notion d'asset management. Et puis, une dimension aussi de fonction support, et ça aussi, c'était très enrichissant parce que dans cette fonction, j'étais amenée à donner les indications au business pour faire leur prix. Comment évoluent les prix des matières premières ? Comment, en conséquence, les coûts de production de nos produits vont bouger ? Et quelle est la recommandation qu'on fait pour préserver les marges, donc la notion de rentabilité ? Donc ça, ça a été passionnant. Et puis, en 2019, ça faisait peu de temps. de temps que j'occupais un nouveau poste chez Solvay, mais qui ne m'épanouissait pas. J'ai été contactée par Arkema, donc par un cabinet de recrutement pour le compte d'Arkema, pour rejoindre la société, travailler pour la division des surfactants de spécialité, et pour prendre un poste de business manager dans un premier temps, donc ça c'était en février 2019. J'avais en charge la stratégie opérationnelle de deux activités dans cette division, dans cette business unit, et avec moi une équipe de développeurs business, d'experts marché. Au bout de quelques mois, je suis devenue directrice business pour ces deux activités-là, avec une équipe renforcée par des commerciaux, une équipe internationale, et puis avec la responsabilité du compte de résultats. Là encore, ça a été passionnant. C'est vraiment à ce moment-là que j'ai renoué avec le management. Et de ce point de vue-là, ça a été une expérience humaine formidable de pouvoir bâtir une stratégie, une vision, de la décliner auprès de son équipe et de se sentir portée. Ça a été magnifique. Donc, j'ai fait ça quatre ans. Et ensuite, en janvier 2023, on m'a proposé de prendre la direction du CERNATO, du centre de recherche. Et me voilà.
- Speaker #0
Ok, quel parcours qui a l'air enthousiasmant à t'écouter en parler, passionné. Et visiblement, il me semble que tu aimes la nouveauté, les défis aussi, parce que j'imagine que ça doit en être à chaque changement. Quelle a été l'expérience qui a été la plus marquante dans ton parcours ? Celle qui a eu, selon toi, le plus d'impact sur ton développement professionnel ?
- Speaker #1
Alors, chaque expérience, parce que j'ai eu vraiment la chance de faire des choses différentes jusqu'à présent dans ma carrière et surtout plusieurs fois de faire des choses que je n'avais jamais faites. Et comme tu l'as dit, c'est un moteur pour moi, le challenge, de se remettre en question tout le temps, de faire des nouvelles choses. Donc je dirais que le fil rouge, et ce qui a été le plus marquant pour moi à chaque fois, c'est de se dire je vais faire quelque chose que je ne connais pas et qu'a priori je ne suis pas sûre que je vais y arriver. Et qu'on m'ait donné la chance aussi et la confiance en fait de pouvoir à chaque fois... se renouveler, je dirais que c'est ça qui m'a le plus marquée. Après, l'expérience humaine, c'est vrai, quand on goûte au management, ça, c'est magnifique. C'est à la fois une très grande responsabilité, et en même temps, moi, plus j'en fais, bon, c'est peut-être un peu prétentieux ce que je vais dire, mais plus j'en fais, plus ça me force à la bienveillance, à l'ouverture d'esprit. Parce qu'on a une responsabilité quand on est manager, quand on est leader, il faut vraiment être à la hauteur, en tout cas, donner les moyens d'être à la hauteur de cette responsabilité. mais c'est en même temps extrêmement gratifiant. Donc, je dirais que ça aussi comme expérience, et aujourd'hui au Cerrato, à la tête de 250 personnes, 250 chercheurs, c'est quelque chose qui est très, très nourrissant.
- Speaker #0
Oui, j'imagine. Tu as utilisé le mot bienveillance, et puis la première fois qu'on a parlé toutes les deux, tu as évoqué l'exigence bienveillante. C'est comme ça que tu décris ton style de leadership ? Est-ce que tu peux... développer un peu, dire ce que ça signifie pour toi ?
- Speaker #1
C'est vrai que je me suis beaucoup posé la question, et encore maintenant, quel leader, quel manager je voulais être ? Et en fait, je pense que l'exigence bienveillante, c'est sans doute la formule qui représente le mieux ce en quoi je crois. Je pense qu'il n'y a pas d'exigence. Sans exigence, il n'y a pas de leadership. Il n'y a pas de management. Moi, si on n'attend rien de moi, je préfère rester chez moi. Et du coup... je me dis que pour les autres personnes, c'est la même chose. En fait, c'est déjà une forme de reconnaissance d'attendre quelque chose, qu'on attende quelque chose de soi. Donc sans exigence, il n'y a pas de leadership, mais il n'y a pas non plus de performance et il n'y a pas de résultat. Mais après, je pense que tu vois, on a été certainement toi aussi confronté, même si heureusement de moins en moins, à un management un petit peu autoritaire, management de la terreur. management un peu incisif qui souvent était perçu comme efficace. Moi, je pense que ça, ça n'a jamais fait ses preuves, ce management de la terreur. Et du coup, je pense que c'est extrêmement puissant. La bienveillance est extrêmement puissante. Le droit à l'erreur, la liberté de parole, c'est vraiment un catalyseur de la performance. Et je pense qu'allier les deux, en tout cas, j'y crois. Mais je pense qu'aussi, c'est important d'avoir des convictions. Et j'y crois et c'est finalement peut-être la formule qui me résume le mieux. Même s'il y a aussi d'autres choses dans lesquelles je crois, je pense que l'authenticité c'est aussi très important. Être soi-même en toutes circonstances et moi je me sens, tu vois, l'image aussi qu'on renvoie. Moi je me sens aussi à l'aise en jean qu'en robe à talons, qu'en bleu de travail, parce que je suis tout le temps moi. En tout cas, je pense. Et donc cette authenticité, c'est extrêmement important pour moi, ça me tient à cœur déjà aussi parce que je trouve que c'est beaucoup plus facile d'être soi-même que d'être quelqu'un d'autre. C'est peut-être par fainéantise, en fait, ou par facilité. Mais c'est vrai que je crois énormément à ça. Authenticité, les convictions, et puis s'écouter. En fait, ça va avec les convictions. Je sais que le pouvoir intérieur, c'est une notion qui est importante pour toi. Du coup, en préparant le podcast, j'ai beaucoup réfléchi à ça. Finalement, je me suis dit que... Je le vis dans mon quotidien, être connectée à ses émotions, être connectée à son ressenti, c'est écouter son pouvoir intérieur. Et puis parfois, le pouvoir intérieur, c'est le doute aussi. Moi, je sais que c'est un moteur aussi pour moi. Mais donc voilà, tout ça fait, on va dire, le manager que j'essaye d'être en tout cas.
- Speaker #0
Oui, c'est très inspirant pour moi de t'entendre effectivement mentionner ces points sur lesquels je te rejoins. Et on pourra revenir après sur les notions de management patriarcal. Je continuerai à te questionner autour de ces valeurs que tu as évoquées. Je trouve que c'est très intéressant et ça mérite d'insister un petit peu dessus. Et je reviens quand même encore pour l'instant pour creuser un petit peu plus du côté de cette exigence bienveillante que tu as bien expliqué. il me semble d'ailleurs que le côté exigence c'est une forme de confiance en fait j'ai confiance en toi, je sais que tu peux arriver, en tout cas je pense que tu peux y arriver et je te donne la chance et l'opportunité de le faire alors qu'effectivement si on n'attend rien de quelqu'un, je pense que ça doit être hyper frustrant tu vois,
- Speaker #1
comme j'ai dit je suis maman de deux magnifiques petits garçons qui ont presque 8 ans et 10 ans Merci. Et parfois, ils me disent, ah oui, mais si je leur dis, ben voilà, il faut aller plus loin, la leçon, on va continuer à apprendre la leçon. Ah oui, mais pourquoi tu m'embêtes ? Mais je dis, mais en fait, si je m'en fichais, c'est à ce moment-là que je ne te demanderais rien. Si j'attends quelque chose de toi, c'est parce que je m'intéresse à toi et parce que je crois en toi. C'est exactement ce que tu viens de dire. Et moi, je sais qu'il n'y a rien de plus déprimant pour moi. D'ailleurs, c'est ce que j'attends de mon chef. c'est qu'il attend quelque chose de moi, c'est qu'il ait confiance. Mais aussi, tu vois, ça, c'est indissociable du feedback. Alors oui, le feedback, c'est presque un peu calvaudé, ça semble vraiment être parfois un langage de RH, mais en fait, moi, j'y crois énormément. Tu ne peux être exigeant positivement que si... Tu crées ce climat de confiance et le climat de confiance, pour moi, il est créé si on est capable de se dire les choses positives et les choses moins positives. Parce que si je ne dis pas, et j'attends la même chose en retour, si je ne dis pas les axes de progrès, je ne donne pas à l'autre l'occasion de s'améliorer. Et ça, ce n'est pas juste. Donc, je ne crée pas les conditions pour lui. Des fois, c'est simplement les conditions de s'apercevoir. de prendre conscience que, bah oui, on a un point d'amélioration. Et puis, des fois, ça va plus loin, c'est la personne en est consciente, mais en même temps, je vais l'aider. Et si je ne fais pas ça, ça veut dire que, dès le départ, je ne lui donne pas les conditions de performer. Donc, pour moi, cet échange, cette transparence, c'est extrêmement important et vraiment, c'est aussi important pour moi, c'est aussi ce qui me nourrit. Je te parlais du doute aussi tout à l'heure, c'est... personne n'a que des axes forts, en fait. Personne.
- Speaker #0
Non, et ça, c'est la société patriarcale, selon moi, qui a banni le doute, la vulnérabilité, vécue comme des faiblesses qu'on ne doit surtout pas montrer. Et puis, ça donne des comportements un peu robots où on ne s'autorise pas, finalement, à montrer ce qui peut être difficile pour nous. Et du coup, on ne reçoit pas l'aide pour pouvoir passer ce cap, en fait, si on ne l'exprime pas. On reste tout seul avec sa souffrance et puis ça peut être que nocif. Et c'est aussi l'ouverture, le fait de montrer sa vulnérabilité qui va créer une vraie relation avec la personne en face. Tu vois là, quand tu m'exprimes ce qui est important pour toi, tes valeurs, ça crée du sens pour moi. Et du coup, j'ai l'impression d'être vraiment en relation avec toi. Alors qu'une personne qui viendrait me dire « Oui, voilà, c'est comme ça, on fait comme ça. » La performance et puis effectivement, les émotions, on n'en parle pas. C'est assez refroidissant. Et quelles actions concrètes tu prends, toi, avec ton équipe ou tes équipes ? Parce qu'avec 250 personnes, on ne peut pas parler d'une équipe, j'imagine. Pour équilibrer ça, bienveillance, exigence. Peut-être que c'est en lien avec ce que tu viens d'évoquer, le feedback. Il y a peut-être d'autres éléments.
- Speaker #1
Oui, alors je pense que c'est aussi, tout à l'heure je disais être soi-même, moi je déteste, alors j'adore les interfaces, les interactions, je suis toujours très sensible à ça, et je déteste les clivages. Malheureusement, la réalité c'est que parfois il en subsiste. La première chose que j'essaye de faire, c'est moi-même d'avoir une attitude, hier je parlais avec quelqu'un et cette personne elle me dit me disaient tu es accessible. Pour moi, ça a fait ma journée. Parce que je trouve que voilà, être accessible, c'est déjà une manière de libérer la parole. Et bien sûr, 250 personnes, donc c'est une grande communauté, il y a vraiment un état d'esprit super au Servato. C'est un plaisir d'ailleurs, je t'invite, j'espère que tu pourras venir nous rencontrer un jour. Mais tu vois, évidemment, je ne peux pas rencontrer tout le monde dans l'année. passer un temps avec tout le monde de manière programmée. Et ce que j'essaye de faire, ce n'est pas tous les jours, mais dès que je peux, c'est d'aller sur le terrain, dans les ateliers, dans les labos, et là, d'avoir un temps d'échange devant la machine, devant le réacteur, parce que des fois, déjà, c'est une manière de... Et pour moi, je le fais à grand plaisir de s'intéresser, de comprendre bien le métier de chacun. Mais c'est aussi là qu'on a des temps d'échange privilégiés. En fait, la richesse des échanges que j'ai avec les équipes, c'est formidable. Et je me dis que voilà, déjà, la première chose, être accessible. Et encore une fois, j'essaye de le faire, je ne dis pas que c'est parfait. C'est déjà une forme de bienveillance, je dirais. Donc ça, après, bien sûr, si tu interroges mon codire, probablement qu'ils te diront que je suis aussi... très exigeante et pas toujours... Et que le feedback, ce n'est pas forcément toujours agréable. Oui, ça fait partie aussi des choses. Mais je pense qu'ils ont compris qu'ils peuvent faire la même chose avec moi. Et encore ce matin, avec quelqu'un de mon codire, on avait une réunion cette semaine. Il me dit, je t'ai senti un moment un petit peu plus dur. Et je dis, merci. Merci de me le dire. Et moi, au même moment, pendant la réunion, je me l'étais dit aussi. Et bien sûr, on préfère être toujours de bonne humeur et être toujours parfaite, mais ce n'est pas le cas. Et pour moi, le fait qu'il me le dise, ça veut dire qu'il a confiance. Et ça veut dire qu'il sait qu'il y a cette zone de progrès mutuel et qu'on va se tirer vers le haut. Je ne sais pas si ça répond à ta question.
- Speaker #0
Oui, parce qu'effectivement, je vois concrètement… tu expliques concrètement comment tu procèdes le fait d'aller vers les personnes sur leur lieu de travail précis ou autour de la machine à café ou dans des zones où effectivement les gens se sentent peut-être plus à l'aise pour s'exprimer que dans un bureau quand tu les fais venir dans ton bureau pour discuter et tu reviens sur cette notion de feedback effectivement et j'ai envie de rebondir sur ce que tu as dit on n'est pas des personnes parfaites ça n'existe pas Il y a l'exigence de perfection, de ne pas s'autoriser, de ne pas accepter qu'on a des moments où on n'est pas au top. Comme tu évoquais le fait d'avoir été dure à un moment. C'est aussi la bienveillance, c'est aussi tourner vers soi-même, il me semble. C'est accepter que, c'est ce qui me semble que tu fais, d'accepter que je ne suis pas parfaite et j'accepte qu'on me le dise. Je ne vais pas me remettre en cause dans le sens où je suis un être humain, j'accepte de ne pas être parfaite. Ça ne veut pas dire que je n'entends pas que l'autre peut avoir été en souffrance parce que j'ai été dure. Donc l'exigence envers soi-même, oui, mais avec bienveillance aussi. Et souvent, on est très dure avec soi-même.
- Speaker #1
Oui, voilà, ce n'est pas aussi facile que ça, mais tout à l'heure, je parlais du doute. Alors bien sûr, c'est une question de dosage, mais moi, je trouve que le questionnement, le doute, ça m'a toujours aidé à progresser. Et donc, j'ai besoin aussi de ça. Et en fait, c'est aussi une manière de sortir de sa zone de confort, de se dire, voilà, là, effectivement, ce que j'ai fait, ce n'est pas ce que j'aurais voulu faire ou pas de la bonne manière. Et qu'est-ce que je change ? Des fois, c'est des tout petits changements, tu sais. petite victoire il n'y a que toi qui le vois mais au final ça change sur le long terme et donc ça c'est possible que en se faisant un petit peu mal de se dire voilà là c'était pas comme je voulais qu'est ce que je fais et puis des fois je change pas je veux aussi mais en tout cas Le jour où je ne doute plus, je serai très inquiète.
- Speaker #0
Oui, c'est le parcours d'une vie, ça ne s'arrête jamais.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Je reviens du coup sur cette notion de management patriarcal qu'on a un petit peu évoqué tout à l'heure et que tu as mentionné. Est-ce que tu peux partager comment tu as navigué dans ces situations-là et comment ça s'est passé pour toi ? Et puis peut-être... Du coup, en conclusion de ça, quel conseil tu pourrais donner aux femmes qui pourraient se sentir un peu bloquées dans ces dynamiques-là ?
- Speaker #1
Oui. Alors, c'est vrai que moi, j'ai toujours évolué plutôt dans un milieu d'hommes. La chimie, ce n'est pas le milieu plus masculin, mais quand même. Pour te dire, au centre de recherche, on est 34 % de femmes. Donc, même si on est bien représenté, il y a quand même une majorité d'hommes. Mais pour moi, ça n'a jamais été un critère de décision. Je ne me suis jamais sentie inférieure à quelqu'un parce qu'il était un homme. En fait, ça n'existe pas dans ma tête. Pour autant, je nous trouve différents et je trouve ça très bien. Mais je ne peux pas dire non plus, c'est peut-être pour ça aussi, que j'ai été victime de grosses discriminations. Par contre, les petites phrases... qui sous-entendent que une femme qui a du répondant, elle est pénible, alors qu'un homme qui a du répondant, il a du leadership. Et que, ah oui, tiens, on va la titiller, parce que comme ça, elle va nous répondre et ça va nous divertir. Oui, ça, je l'ai déjà vu. Et je ne tolère absolument pas, ni à mon encontre, ni à l'encontre d'autres femmes dans mon entourage, que ce soit personnel ou professionnel, ce genre de remarques sexistes. Ça tombe bien, ça me motive encore plus pour les faire taire. Donc oui, ça, le sexisme ordinaire, je l'ai connu. Mais vraiment, je dois dire que moi, je m'en suis toujours... Avec des réponses un peu bien senties et sans me laisser faire, ça ne m'a jamais freinée.
- Speaker #0
Oui, je te dis, comment toi, tu réagis dans ces cas-là ?
- Speaker #1
En fait, j'adore la joute oratoire. Donc, je suis facilement inspirée. pour leur rendre la monnaie de leur pièce.
- Speaker #0
Donc un côté un peu guerrière dans ces cas-là ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Et puis après,
- Speaker #1
je me dis toujours, de toute façon, le résultat compte. Et donc moi, si je suis là, ce n'est pas pour rien. Et puis, dans une réunion, est-ce que je contribue ? Oui, non. Est-ce que les autres contribuent ? Oui, non. Et je dirais que c'est aussi ça, finalement, le plus important, c'est d'apporter une valeur ajoutée et à ce moment-là, il n'y a pas de débat. C'est aussi une manière de faire taire les mauvaises langues, encore que, comme je te dis, moi, je n'ai pas été trop confrontée à ça. Après, quel conseil ? Tu me demandais quel conseil ? Je dirais, encore une fois, être soi-même et avec des convictions. Moi, j'ai eu un mentor, peut-être que je t'avais dit ça, j'ai eu un mentor qui m'a dit, mais ça m'a marqué, et des convictions, et personne ne pourra jamais être reproché d'avoir des convictions. On peut être en désaccord, mais il faut être animé par quelque chose, parce que ça, c'est une puissance qui… Je me rends compte que je dis beaucoup puissance, tu vois, mais en fait… C'est fort et ça te permet d'avancer. Et ça fait taire les gens. Donc ça et être authentique aussi. Comment on peut t'attaquer si tu es toi-même et si tu crois en ce en quoi tu crois ? Ça, c'est inattaquable. Et le désaccord, moi, ne me gêne pas du tout. Je vis très bien avec les débats d'idées, me passionne d'ailleurs. Donc je suis plutôt à l'aise avec ça. Mais je dirais que voilà, ça, c'est vraiment important. Et aussi, c'est peut-être pas spécifique au fait d'être une femme, mais de toujours se dire je traite les autres comme j'aimerais qu'on me traite.
- Speaker #0
Le respect.
- Speaker #1
Respect, mais en fait, simplement, moi, des fois, je me suis dit qu'est-ce que j'attends de mon chef ? Qu'est-ce que j'attends d'un leader ? Et finalement, je me suis dit, c'est du bon sens, oui. En effet, le respect, l'écoute, la confiance, de faire ça et d'agir comme ça, ça fait aussi... Je ne dis peut-être pas l'unanimité, mais en tout cas, c'est assez efficace.
- Speaker #0
C'est efficace, ça fonctionne.
- Speaker #1
Et puis après, pour des femmes, jeunes femmes qui se sentent peut-être moins assurées, je pense que c'est vraiment important de... Des fois, on n'ose pas le faire, mais de chercher des relais dans son entourage, ça peut être professionnel ou personnel, pour se donner confiance, pour échanger. En fait, naturellement, avec des collègues, peut-être qu'on y reviendra tout à l'heure, on se retrouve à parler entre femmes, entre femmes managers, femmes leaders, et à se dire qu'on a des points en commun. Et ça fait du bien déjà rien que de parler. Et puis ça aussi, on se donne des conseils.
- Speaker #0
Oui, tu touches là à l'autre concept qui est clé pour moi et que j'aborde dans ce podcast, c'est le principe de la sororité. Donc effectivement, ce côté où malheureusement finalement les femmes en entreprise parfois peuvent se sentir isolées. Il peut y avoir des luttes entre femmes, ce que je trouve fort dommage et ça fait partie de ma contribution à moi de travailler là-dessus. Donc toi tu as plutôt un vécu de sororité, alors je sais que tu as des sœurs.
- Speaker #1
aussi tu vas peut-être pouvoir nous en parler avec grand plaisir la sororité c'est vrai que c'est tu vois des fois on se dit la sororité c'est un peu à la mode en fait c'est un terme qu'on emploie plus aujourd'hui mais finalement qui existe depuis la nuit des temps moi c'est pas un concept pour moi c'est pas une idéologie c'est une réalité j'ai grandi j'ai une soeur jumelle et une petite soeur toutes les trois on est aussi liés qu'on va dire des triplés Donc j'ai toujours grandi, et même la relation avec ma mère, dans cet esprit de grande bienveillance, de solidarité enveloppante, de soutien, d'entraide, naturellement, parce qu'on s'entend extrêmement bien aujourd'hui. Mes soeurs sont mes piliers, il ne se passe pas un jour sans qu'on se parle, et on est à la fois extrêmement différentes et extrêmement solidaires, et pas dans le jugement. Donc la sororité, je sais ce que c'est à 1000%. Et ça m'a donné énormément et ça me donne encore énormément de force. Et je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre cette expérience. Et bien sûr, du coup, je le cultive aussi dans ma sphère personnelle, au-delà de mes sœurs et dans ma sphère professionnelle. Je trouve inconcevable la rivalité par défaut entre femmes. Je ne vois même pas comment ça peut exister. Ça ne veut pas dire qu'on est obligé d'aimer tout le monde. Mais je ne comprends pas. Il y a de la place pour chacune d'entre nous. Et au contraire, on doit plutôt être solidaires. Mais tu vois, j'essaie d'être vigilante aux femmes qui m'entourent, de leur envoyer des messages bienveillants, gentils en fait, tout simplement. Ça fait du bien d'entendre une gentillesse. Et c'est gratuit. Et en fait, pour soi, ça fait du bien aussi. Donc en fait, je me fais du bien à moi aussi. Mais en fait, ces relations de qualité, tout ce dont je te parlais en fait, de solidarité, de bienveillance, et bien aussi bizarre que ça puisse paraître, moi je ne les réserve pas qu'aux femmes. Et j'allais dire, j'extrapole la sororité aussi avec mes amis hommes, aussi avec des collègues hommes. J'essaye de le transposer parce que c'est bien en fait. Donc, ça ne doit pas, même si finalement, intrinsèquement, c'est peut-être des qualités ou des traits de caractère qui sont plus féminins, je me dis qu'il faut en faire profiter aussi les hommes.
- Speaker #0
Là, tu rejoins quelque chose qui est cher à mon cœur, c'est la notion de valeur du féminin et de valeur du masculin, qui pour moi sont censés être au cœur de chacun de nous,
- Speaker #1
hommes comme femmes,
- Speaker #0
qui ne concernent pas que les femmes, mais qui ont été beaucoup enterrées. et qu'on essaye de ramener un peu à la vie aujourd'hui. Et on en a cité tout à l'heure, le fait d'être soi-même, l'authenticité, ça fait partie des valeurs du féminin. La vulnérabilité en fait partie aussi. Et je dirais que la sororité, parce que la fraternité, ça existe aussi, et ça, ça a été beaucoup évoqué, mais il y a un côté qui, pas toujours, mais qui peut être un peu guerrier parfois. Mais est-ce que la sororité, ce ne serait pas effectivement le lien aux autres, mais dans un cadre où on accepte justement de montrer sa vulnérabilité, le doute que tu évoquais tout à l'heure, où on accepte de se montrer telle qu'on est, alors que je ne suis pas certaine que dans la fraternité, ce soit vraiment inclus. Qu'est-ce que toi, tu en penses ?
- Speaker #1
T'as raison, t'as raison, c'est vrai que ça fait partie, je pense encore à mes soeurs, ça fait partie intégrante de notre relation, de pouvoir se dire aujourd'hui je vais pas bien. Et en fait finalement, c'est marrant parce que se montrer qui on est, être vulnérable c'est important, donc pouvoir le faire, on revient toujours aux mêmes notions de confiance, de non-jugement, d'entraide. C'est important, mais c'est important aussi de pouvoir dire quand on va bien, parce que parfois, la bienveillance, elle s'arrête quand l'autre va bien, parce qu'elle laisse place à l'envie. Mais j'ai vu ça aussi des fois, tu dis, attends, c'est censé être une amie, puis en fait, tu lui annonces un truc super pour toi, ou un ami, peu importe. Et puis finalement, la personne est moins présente. Donc en fait, c'est la vulnérabilité, mais c'est aussi... sa vulnérabilité face au succès de quelqu'un et être capable de rester dans le positif.
- Speaker #0
Tout à fait. Et d'ailleurs, ce côté célébration, célébrer quand quelque chose va bien, je trouve qu'effectivement, on peut voir ce que tu dis des personnes qui ont du mal à le faire pour les autres, donc une notion de jalousie, peut-être d'envie. Et je trouve qu'il y a aussi un biais, c'est qu'on peut avoir du mal à se célébrer soi-même. Déjà, ça commence là.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Et une tendance souvent à voir ce qui ne va pas, à parler de ce qui ne va pas et puis à oublier ce qui va bien et ses propres réussites. Ça rejoint le sujet de la réussite. Peut-être que je deviendrai après, sinon on peut l'aborder aussi maintenant. Oui,
- Speaker #1
et tu sais, je voulais aussi te redire parce que tu me parlais de la fraternité, de la vulnérabilité. Moi, je pense, en tout cas, dans mon entourage, j'ai quand même des hommes qui laissent place à leur... part de vulnérabilité, qui laisse place aux doutes, qui prennent le doute comme un moteur. Et donc, même si en effet, tu dis, il y a des traits qui sont plus féminins d'autres masculins, et tu disais, et j'adore ça, en fait non. Au final, certains sont plus exacerbés ou en fait ont été exacerbés, ou au contraire diminués par notre culture en fait. Mais au final, on les a en nous. Et moi, des fois, je me dis... On n'a pas besoin de nous opposer tout le temps. On peut être différent et se rejoindre. Et la vulnérabilité, elle existe chez tous. Il faut juste... Et d'ailleurs, certains la pratiquent très bien.
- Speaker #0
Tout à fait. Je sors d'une formation pour moi que j'ai suivie d'un an sur le leadership, justement. On affronte tous ces éléments, la reconnexion au corps, aux émotions, la vulnérabilité. Et dans cette formation, l'un des acteurs principaux, l'un des coachs principaux, c'est un homme. Et pour moi, ça a été extrêmement transformateur de le voir, parce que c'est quelqu'un qui est extrêmement bienveillant et qui justement a de la douceur et de la vulnérabilité qu'il exprime. Et moi, j'avais une vision de l'homme assez plus dure, on va dire. Et ça m'a fait énormément de bien de voir que les hommes pouvaient être comme ça. Et alors lui, ça peut être une souffrance chez lui, parce que, attention, les hommes entre eux peuvent être très durs et justement, ce côté doux peut être moqué. Mais moi, ça me faisait du bien de voir qu'en fait, ça existait chez les hommes, même si j'en avais eu dans mon entourage aussi qui était peut-être un peu comme ça. mais voilà, je trouve que... Ces valeurs-là, elles méritent d'être exprimées. Elles ont été étouffées, effectivement. Chez les hommes, c'était quand même très mal vu, normalement, d'être doux. L'homme, ça doit être performant, guerrier. Il y a aussi énormément de pression qui repose sur leurs épaules. Donc, il faut peut-être un petit peu alléger ça aussi, autoriser les femmes à avoir ce côté-là et puis permettre aux hommes de l'exprimer aussi pour qu'on puisse avoir un véritable équilibre, non pas une égalité, mais un véritable équilibre.
- Speaker #1
C'est un contrat de paix, moi, je trouve, aussi.
- Speaker #0
Voilà. Et il ne s'agit pas de créer une guerre où c'est de nouveau les femmes contre les hommes et puis les femmes qui prennent le dessus. Je ne vois pas l'intérêt, en fait.
- Speaker #1
Ah non, mais je n'y crois pas du tout. Moi, je n'ai pas du tout envie de ça et ce n'est pas du tout comme ça que je vis. les choses.
- Speaker #0
Voilà, c'est tout le sens de ce podcast, c'est de faire émerger ces nouvelles versions de nous que tu sembles déjà incarner et puis d'aider d'autres, d'inspirer d'autres, de voir que c'est possible et que oui, on peut être une femme, oui, on peut avoir un rôle de manager, de dirigeante sans pour autant incarner uniquement les valeurs du masculin telles qu'elles avaient été mises en avant, à savoir... être dure, l'exigence mais sans la bienveillance, etc. Alors du coup, oui, on a abordé la question de la sororité. Peut-être qu'on pourrait quand même évoquer le programme de mentoring féminin qui existe chez Arkema, puis comme ça après on pourra shifter vers Arkema un petit peu et les engagements. Mais si tu veux, tu m'avais dit qu'il y avait un programme de mentoring au sein d'Arkema qui t'avait beaucoup aidé. Et dans lequel tu es maintenant toi-même à ton tour mentor.
- Speaker #1
C'est ça. Alors ça, c'est important. Je trouve que vraiment, pour moi qui suis très connectée à mes valeurs, je trouve ça important d'être alignée avec les valeurs de son entreprise. Ça rend les choses quand même beaucoup plus enrichissantes. Et c'est vrai que l'inclusion, c'est une des cinq valeurs du groupe Arkema. Et donc Arkema est très engagée en faveur de la diversité, de l'inclusion et notamment de l'égalité homme-femme. et dans ce contexte là il y a d'autres programmes dont on pourra parler aussi après Arkema a mis en place un programme de mentoring féminin alors moi j'ai eu plusieurs mentors dans ma carrière et j'ai toujours trouvé ça passionnant une chance en fait d'avoir quelqu'un qui met son temps à disposition et son expérience pour nous enrichir et là le programme de mentoring féminin effectivement il y a quelques années j'ai été menti donc j'ai été mentorée et j'ai trouvé ça super au début j'étais un peu déstabilisée sur le fait que c'était un programme uniquement féminin, ça m'a un peu interrogée et puis c'est vrai qu'en discutant avec l'équipe qui s'occupe de ce programme, je me suis rendue compte que c'est vrai que parfois on n'osait pas se mettre en avant parfois on osait moins en tout cas partager notre ambition, parfois on osait On osait moins se lancer dans un projet parce qu'on ne pensait pas avoir 100% des compétences requises. Et que du coup, en ce sens, c'était intéressant de donner le petit coup de pouce qui sert de tremplin. Et moi, j'ai beaucoup aimé ça. C'est un programme qui dure une année. On est accompagné à la fois par un mentor, qui peut être un homme ou une femme. plutôt quelqu'un qui a une position de management senior dans l'entreprise, ou de dirigeant, et avec qui on va échanger sous le format qu'on veut. Parfois, c'est un déjeuner, une discussion. Parfois, c'est plutôt une réunion plutôt formelle. Ça dépend aussi des personnalités. Quand on a la chance d'avoir un mentor avec qui on a une vraie complicité, là, c'est formidable. Ça a été mon cas. Et donc, en parallèle de ces échanges avec le ou la mentor, on est accompagné par un cabinet extérieur qui nous dispense des formations et aussi des échanges entre mentis. Moi, j'ai gardé des relations privilégiées avec des mentis de mon année. Et ça permet aussi, c'est aussi intéressant, ça crée cette sororité dont on parlait au sein de l'entreprise, un réseau. Et puis, cette année, je suis mentor, donc je suis extrêmement honorée de ça. et ravie d'échanger avec ma menthe et d'essayer de l'aider à évoluer dans l'entreprise.
- Speaker #0
Je trouve que c'est une belle initiative. Je ne savais pas qu'il y avait ce genre de choses. Je connaissais les principes du mentoring, mais effectivement, je trouve que c'est une bonne démarche. Je ne sais pas s'ils font des séries avec aux femmes ou il y a des espèces d'équivalents peut-être pour d'autres.
- Speaker #1
Alors, non, là, en France, il n'y a pas de programme de mentoring masculin. Je sais qu'au niveau international, il y a un programme de mentoring qui est là, hommes et femmes. Et non, mais là, en France, il y a ce programme spécifique pour les femmes et qui fait écho aux objectifs clairs affichés du groupe aussi. d'augmenter la part des femmes dans l'encadrement senior chez les dirigeants. L'objectif en 2030, c'est d'atteindre les 30 %. Aujourd'hui, on est à 23 ou 24 %, donc on a déjà bien progressé. C'est aussi une manière de repérer les talents, de les accompagner.
- Speaker #0
C'est une belle initiative. Et puis, du coup, tu abordais tout à l'heure les valeurs d'Arkema, tu en as cité. Et puis, peut-être que tu pourrais nous parler du Forum mondial Normandie pour la paix, dans lequel Arkema est engagé aussi, et que j'avais découvert en voyant tes posts sur LinkedIn. C'est comme ça que j'avais vu que tu étais associée à ça. Ce serait sympa de nous expliquer ce que c'est.
- Speaker #1
Donc le Cerdato, comme je disais, le centre de recherche, est implanté en Normandie, à Cerquigny. Et en fait, notre histoire, en histoire de nos produits, peut-être on y reviendra ensuite, mais le polyamide 11, qui est un produit unique au monde, a été inventé à Cerquigny par l'ancêtre d'Arkema il n'y a plus de 70 ans. Et il s'appelle le Rilsan, il tire son nom. La rile, c'est la rivière qui coule à côté du site. Donc tout ça pour dire que nous, on est... très ancrée dans notre territoire normand, et donc on est aussi très en prise avec des parties prenantes, la région Normandie, on a cette valeur aussi du territoire. Et dans ce contexte-là, maintenant il y a 6 ou 7 ans, la région Normandie a créé le Forum mondial pour la paix, Normandie pour la paix, et ça se passe pendant deux jours, tous les ans. D'ailleurs, c'est très plébiscité par les étudiants, les professeurs amènent leur classe parce que c'est un magnifique lieu d'échange entre à la fois des intellectuels, économistes, philosophes, des littéraires qui viennent dispenser des conférences, réfléchir sur l'état du monde. Chaque année, il y a une thématique particulière, mais aussi des gens qui viennent témoigner. des gens qui ont vécu les conflits parce qu'ils sont victimes, parce qu'ils sont parents de victimes, parce qu'ils ont été au combat, parce qu'ils ont, d'une manière ou d'une autre, été exposés aux conflits de tous ordres et qui viennent témoigner, et ça, c'est extrêmement fort. Donc ça, c'est pendant deux jours, sous des formats différents. Et puis, Arkema, depuis le début, depuis la création du forum, on est mécène. On en est super fiers, parce que c'est vrai que c'est un engagement qui... qui fait vraiment écho à nos valeurs de solidarité, de simplicité, de responsabilisation. Ce sont aussi des valeurs du groupe. Et du coup, moi, je suis aussi très fière. Je n'étais pas là à l'époque où on a décidé d'être mécène, mais en tout cas, fière de perpétuer cet engagement aux côtés de la région Normandie. Et du coup, de porter ces valeurs. C'est aussi la valeur de la fidélité, d'être là depuis le début et d'essayer de...
- Speaker #0
de partager notre vision de la vie je dirais c'est un très bel engagement est-ce qu'il y a d'autres initiatives que tu voudrais partager ?
- Speaker #1
oui alors tu vois comme on parlait des femmes, l'engagement pour les femmes c'est vrai qu'au delà du mentoring féminin Arkema fait beaucoup de choses et ça aussi pour moi c'est extrêmement important Merci. Donc par exemple, là maintenant, Arkema, aux côtés de ONU Femmes, s'est engagée dans le programme WEP, donc c'est Women Empowerment Principles, et ça nous engage à respecter quatre choses. Déjà, mettre en place une gouvernance pour l'égalité hommes-femmes, à la promouvoir au sein de l'entreprise. à promouvoir l'éducation des femmes, donc ça c'est mondial, à subventionner des programmes d'accès à l'éducation pour les petites filles, mais même aussi au niveau du territoire, de la France, notamment on participe au programme Elle Bouge, où on sensibilise des collégiennes au métier de la science, et puis aussi de mettre en place, dernier principe, une mesure de l'égalité, de l'équité hommes-femmes dans l'entreprise. Donc ça, c'est fort. C'est un autre exemple. À la suite, en fait, du programme Mentoring Féminin, des personnes qui ont été à l'initiative chez Arkema, des femmes dirigeantes de ce programme, ont également fondé le réseau Women at Arkema, qui est un réseau qui n'est pas dédié, réservé exclusivement aux femmes. Donc, il y a des hommes aussi qui font partie de ce réseau et qui anime notamment des débats, des conférences, accessibles par tous, en distance ou en présentiel. Le dernier en date que j'ai en tête, c'est sur le syndrome de l'imposteur. Souvent, ça arrive qu'on soit victime, mais d'ailleurs pas que les femmes, les hommes aussi. Donc, ça a beaucoup de succès. Donc, c'est aussi pour à la fois développer le networking et puis en même temps aborder des sujets qui sont parfois tûts dans la société. Donc, ça, c'est important. Et puis, tu vois, on a aussi, bien sûr, une politique d'équité de rémunération, mais au-delà de ça, des formations en ligne, des e-learnings sous forme humoristique qui nous sensibilisent à l'inclusion. les biais et les stéréotypes dont on peut faire preuve. Ça, je pense que c'est vraiment hyper important. On a tous des biais, en fait, dans notre façon de réagir. Et donc, sous forme humoristique, tu as des scénettes, je pense, en e-learning, où tu as des scénettes qui sont filmées et des interactions, justement, où on met en évidence les stéréotypes homme-femme, la femme à qui on va couper la parole parce qu'on pense que ce qu'elle dit n'est pas intéressant ou les réflexions sur... sur vous. sur la coiffure, sur les vêtements, sur la forme du jean, j'en sais rien. Et du coup, ça participe aussi de l'engagement en faveur de l'inclusion, de la diversité qui fait notre richesse, vraiment.
- Speaker #0
Ok, ça semble être une entreprise où il fait bon travailler, tant mieux.
- Speaker #1
Parfait, bien sûr.
- Speaker #0
Et écoute, après tout ce qu'on a évoqué comme sujet, pour conclure, qu'est-ce que tu aimerais transmettre comme message aux femmes qui aspirent à des postes de leadership ou peut-être à monter dans leur hiérarchie ?
- Speaker #1
Oui, alors ça, c'est une vaste question. Qu'est-ce que je dirais ? Déjà, je dirais que vous en êtes capable, surtout si vous en avez envie, en fait. parfois, enfin moi j'ai été confrontée, quand j'ai voulu sortir de la R&D, on m'a dit mais attends, personne t'attend au business. Maintenant, le champ des possibles, il est immense. Je trouve ça magnifique d'avoir plusieurs expériences différentes dans sa vie. Donc, ne vous mettez pas de frontières, ne vous mettez pas de barrières. Vous en êtes capable, si vous avez envie, c'est le meilleur moteur, c'est d'avoir envie. Et l'envie, ça se sent, en fait, tu vois, le pouvoir intérieur, je trouve ça se sent. Et donc, il faut se faire confiance, si on a envie, on y arrivera. Je dirais que c'est presque le principal. Il n'y a pas que ça, mais en tout cas...
- Speaker #0
Si elles retiennent déjà celui-là, d'oser y aller, de passer au-delà du doute.
- Speaker #1
Voilà, garder le doute positif et pas le doute qui paralyse.
- Speaker #0
Oui. Écoute, merci beaucoup, Anne, pour toute cette conversation hyper inspirante.
- Speaker #1
Merci à toi d'avoir pensé à moi, d'avoir invité. Avec plaisir.
- Speaker #0
Moi, je retiendrai qu'on a beaucoup parlé de conviction, de tes convictions à toi et d'être une femme de conviction, de valeur. Donc, j'ai trouvé cet entretien très inspirant et j'espère qu'il inspirera d'autres femmes.
- Speaker #1
Merci, j'espère aussi.
- Speaker #0
Écoute, merci Anne. À bientôt.
- Speaker #1
À bientôt.