- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur le podcast Liberté d'être femme, leadership, sororité et pouvoir intérieur. Je suis Marie-Laure Isette, fondatrice de l'entreprise H&J Intelligence. J'y travaille avec des femmes leaders que j'accompagne à travers du coaching, des conférences et des événements autour du leadership féminin. Dans ce podcast, je rencontre des femmes absolument extraordinaires, comme vous j'en suis sûre, qui sont managers, dirigeantes et qui nous partagent leurs réflexions, leurs doutes et leur victoire sur leur chemin vers un leadership plus humain et plus épanouissant. Avant de démarrer l'interview, je voulais vous parler de l'événement que j'organise du 21 au 23 mars 2025 et qui me tient énormément à cœur. Quand on est une femme leader, c'est pas évident de définir sa propre posture entre la tentation de faire comme les hommes ou bien la tentation de s'opposer drastiquement aux hommes. Aucune de ces deux façons de faire ne prend en compte qui nous sommes vraiment là-dedans, nous valeurs propres, et nos particularités. Non, les hommes et les femmes ne sont pas égaux car nous sommes différents. Dire que nous sommes égaux, c'est nier ce qui nous appartient à nous en tant que femmes. Il est temps pour les femmes managers de définir leur propre leadership en respectant leur authenticité et leur intégrité. Je vous propose lors de cet événement en mars de partir à la découverte de qui vous êtes profondément et de définir votre propre posture de leadership. C'est réservé à un petit groupe de femmes managers, il n'y a que 8 places. Pour en savoir plus sur le programme ou les informations pratiques, je vous invite à vous rendre sur la page que j'ai créée et dont j'ai mis le lien dans les notes de l'épisode. Et maintenant, place à l'interview ! Bonjour Muriel, bienvenue sur le podcast Liberté d'être femme. Ça me fait très plaisir de t'accueillir ici.
- Speaker #1
Bonjour Marie-Laure, moi aussi.
- Speaker #0
J'aimerais bien que tu commences par te présenter pour qu'on puisse découvrir qui tu es.
- Speaker #1
Je m'appelle Muriel Guéli, je suis directrice R&D dans l'agroalimentaire. J'ai 25 ans d'expérience maintenant à travers différents groupes, Danone, Rémi.pro et je suis aujourd'hui chez Suntory, que tu ne connais peut-être pas, mais tu connais certaines de ces marques. parce que je bosse pour les marques Angina, Oasis, Schweppes, Pulko. Bon, c'était quelques présumés.
- Speaker #0
Effectivement, avec les noms des marques, tout de suite, ça pose un peu plus. Effectivement, oui. OK, donc effectivement, une longue expérience en R&D, dans l'agroalimentaire, comme tu le dis, aussi bien en PME qu'en grand groupe.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a déjà attiré vers ce secteur ? Alors, la R&D, j'imagine... Tu peux peut-être nous expliquer ton parcours de formation initiale. Et puis après, qu'est-ce qui t'a amenée vers ce domaine plus particulier des boissons ?
- Speaker #1
Oui. Écoute, déjà, moi, j'avais une dualité quand j'étais étudiante. Je ne savais pas si je voulais faire des études scientifiques ou plutôt littéraires. Donc, j'ai eu de la chance. J'ai pu continuer un peu un parcours généraliste en intégrant les… prépa aux grandes écoles, ce qui m'a donné deux années de plus pour réfléchir à ce que je voulais faire. Et c'est en prépa agro que je me suis rendue compte que, bien sûr, il y avait l'école d'agro telle qu'elle, mais aussi l'école d'agroalimentaire. Et donc, c'est là que j'ai décidé de faire ce choix de partir dans une école d'agroalimentaire que j'ai fait à Dijon avec une spécialisation nutrition humaine, puisque j'avais aussi hésité à faire médecine. Donc, je trouvais que ça rassemblait un petit peu. peu les choses, les aspects qui me tenaient à cœur, toujours quelque chose autour des hommes. Et au final, dans les différents stages que j'ai pu faire, j'ai découvert le monde de la R&D et j'avoue que ce métier m'a beaucoup plu de par son absence de routine puisque beaucoup de créativité, des projets nouveaux chaque année. Et ça fait 25 ans que ça me tient, donc visiblement, c'était un bon choix. Et les boissons, j'y suis tombée un peu par hasard dedans, puisque j'ai d'abord intégré Danone dans sa division biscuits, puisque je venais plutôt du sec. J'avais fait avant des expériences dans les épices et les produits déshydratés, mais je ne les ai jamais quittés depuis. Et ça fait bientôt 20 ans que je donne dans les boissons, avec et sans alcool, puisque j'ai fait un défi. du côté sourd des bouteilles pour retravailler dans l'alcool.
- Speaker #0
D'accord, c'est intéressant d'entendre ce que tu peux voir comme fil rouge avec le recul.
- Speaker #1
dans les choix que tu as faits.
- Speaker #0
Et du coup, après ces différentes expériences, c'est quoi les plus grands défis que tu as rencontrés lorsque tu es passée d'entreprise plus petite au grand groupe ?
- Speaker #1
Alors déjà, mon entrée dans le grand groupe, le premier, c'était Danone. J'avais 27 ans et j'ai découvert ce qu'était le monde de l'entreprise. Moi, ce qui m'attirait, c'est... c'était de pouvoir enfin faire certaines formations, puisque effectivement, dans mes expériences en PME, j'avais commencé déjà à manager des personnes, mais sans jamais avoir été formée au management. Donc j'espérais, et c'est ce que j'y ai trouvé d'ailleurs, de pouvoir ramener un petit peu plus de méthodes et d'outils à tout cela, puisque c'est très bien d'utiliser son intuition et c'est... son côté, je dirais, oui, peut-être plus féminin, de sentir les choses, mais à un moment donné, il faut aussi un petit peu de rationnel et de méthode. Donc, c'est ce que je recherchais. Et parce que j'ai aussi tendance à m'ennuyer assez rapidement, je n'arrêtais pas de changer de boîte. Je me suis dit que peut-être ce serait pertinent de rentrer dans un grand groupe et d'y faire une carrière en changeant de poste, souvent, oui, mais dans la même entreprise. Et c'est ce que j'ai fait depuis.
- Speaker #0
Tu as utilisé le mot intuition, donc c'est génial, tu me fais une super belle transition pour ma question qui vient après, parce que du coup j'avais envie d'aller un petit peu plus sur le côté féminin, la femme là-dedans, puisque tu sais que c'est quand même le sujet qui prédomine sur ce podcast. Donc tu as utilisé le mot intuition et tu m'avais aussi mentionné l'empathie, la première fois qu'on a échangé toutes les deux. Comment est-ce que tu utilises tout ça dans un environnement qui peut parfois être un peu masculin ? Je sais que c'était le cas chez Rémi Cointreau, par exemple.
- Speaker #1
Oui, et bien comment je l'utilise ? J'ai envie de te dire, Marie-Laure, de mieux en mieux. C'est peut-être grâce aux années d'expérience. Là où peut-être au démarrage de ma carrière, je voyais comme une dualité. C'est-à-dire, quand on est jeune femme dans l'industrie, et qui plus est en PME et même en grand groupe, on se dit que toute sa sensibilité féminine n'est peut-être pas un avantage. Aujourd'hui, je suis persuadée du contraire, mais ça m'a mis des années à le réaliser. Et donc, effectivement, face à des collègues hommes qui, très tôt dans ma carrière, avaient beaucoup d'affirmations de vœux et... et s'imposer parfois dans des réunions, ou dans des décisions, ou dans des projets, moi ça me perturbait beaucoup, et pour m'affirmer, en toute jeune que j'étais, les premiers réflexes ça a été de prendre leur code, c'est-à-dire d'utiliser des façons de parler très affirmatives, de défendre mes convictions à tout bout de champ, et progressivement, et grâce à différentes formations que j'ai pu faire, que j'ai pu faire, je me suis rendu compte qu'il y avait moyen de pouvoir faire passer ces idées et de convaincre les personnes en étant peut-être moins frontales, moins abruptes et en utilisant justement ce côté féminin et également tout ce relationnel qu'une femme peut tisser peut-être d'une autre manière que celle qui, plus traditionnellement, on peut voir dans les entreprises.
- Speaker #0
Oui, je comprends tout à fait. Et tu évoques là, dans tes propos, des formations que tu as suivies. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus ? Qu'est-ce que tu as suivi ? Est-ce que c'était au sein des entreprises dans lesquelles tu travaillais ou est-ce que c'était des formations externes ?
- Speaker #1
Alors, j'ai d'abord, tout jeune manager, fait des formations au sein d'entreprises, des formations au management, donc assez classiques. ce qui était très bien et un bon début, puisque ça m'a posé des bases et des outils pour mieux gérer des situations parfois difficiles en tant que jeune manager. Et très vite, je me suis intéressée de par des lectures, effectivement, de livres en lien avec le management. À l'époque, oui, pas mal de lectures, puisque les podcasts n'existaient pas, Marie-Laure, mais où étaient-ils ? Et du coup, Anne ? J'ai eu la chance chez Blannon de pouvoir faire partie de la deuxième promotion du programme Eve, qui est une formation... c'est même plutôt un voyage de plusieurs jours, un par entreprise, autour du leadership au féminin, pour justement revisiter un petit peu les différents modèles du leadership et comment une femme peut peut-être assumer davantage qui elle est et tout en n'étant pas naïve avec les codes du management et du leadership. qui sont assez masculins dans l'entreprise, pouvoir peut-être les comprendre, mais utiliser qui elle est pour convaincre, avancer, et puis parfois dépasser le placement de verre auquel elle se passe.
- Speaker #0
Définir qui on est, ce n'est pas un sujet évident. J'imagine que c'est un travail sur lequel on continue d'avancer toute sa vie. que toi tu as fait pour déterminer justement ce qui était important pour toi, peut-être tes valeurs. C'est quelque chose que tu as compris avec le temps ou c'est vraiment dans les formations que tu as pu avancer là-dessus ?
- Speaker #1
Je crois que tout s'est fait en parallèle. Dans la vie, il y a ce qu'on vit professionnellement parlant, les formations qu'on fait évidemment, mais il y a aussi les parcours de vie, les accidents de vie qui font qu'on se remet en place. Et donc oui, chez moi, en tout cas, ça s'est accompagné d'un parcours personnel et de recherche de réponses à qui j'étais, qui je suis, pour mieux me comprendre. Et je pense que ça m'a permis d'être plus juste de ce que je suis aujourd'hui dans mon job, parce que j'assume qui je suis, je me connais bien et je connais mes limites aussi. ce qui me permet, là où j'ai peut-être des limites, de mieux m'accompagner au sein de mon équipe, par exemple. Et là où je sais que je peux aller, par contre, puisque c'est peut-être des points de force, y aller carrément et de manière beaucoup plus affranchie que dans le passé.
- Speaker #0
Lorsque tu travaillais dans ta précédente entreprise, donc Rémi Cointreau, on est venu te chercher pour travailler chez Suntory. Tu as été chassée ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Tu n'es pas la première à me dire ça, donc ça arrive souvent dans cet univers de la R&D en France pour des femmes ?
- Speaker #1
À un certain niveau d'expérience, oui. Je pense que les entreprises n'ont pas forcément envie de savoir que des cadres dirigeants et des postes un petit peu stratégiques autour de l'innovation sont en train de changer. Donc, c'est plutôt un marché de l'emploi caché. Et mi-point trop, déjà, on était venu me chasser, ce n'est pas moi qui avais postulé à quoi que ce soit. Et en général, oui, à un certain niveau de séniorité, les postes ne sont pas forcément publiés. D'où l'importance du réseau, de la connectique en général, chose dans laquelle les femmes n'ont pas forcément, toujours très bonne d'ailleurs.
- Speaker #0
Oui. Et concrètement, ils t'ont trouvé en faisant des recherches ou c'est parce que tu connaissais des personnes qu'on est venu chercher toi spécifiquement ?
- Speaker #1
C'est un mélange des deux. Je pense qu'il y a eu une première recherche sur LinkedIn et puis de fil en aiguille, effectivement, je connaissais du monde puisque je viens du monde des boissons, donc c'est un petit monde. Donc je pense que l'un plus l'autre, on fait que oui. Je vais te faire la croisée des chemins.
- Speaker #0
D'accord, je vois. Et tu as aussi déjà évoqué le fait d'avoir l'impression de jouer un rôle parfois. Tu m'avais dit ça dans des postes qui n'étaient pas toujours alignés avec toi-même, comme ce que tu as évoqué avant. Comment est-ce que tu as géré ce sentiment ? Et comment est-ce que toi, tu conseillerais aux femmes d'agir dans des situations similaires ?
- Speaker #1
Tu as raison Marie-Laure, ce n'est pas toujours facile. Moi, je me rappelle d'un peu ce que je venais de prendre chez Danone. J'étais jeune chef de groupe et on m'a demandé de m'inspirer de mon collègue qui passait en même temps que moi chef de groupe, qui était un homme qui avait 15 ans de plus que moi. Et cet homme, c'est quelqu'un qui physiquement en imposait, par sa voix en imposait. stade d'improvisation, bref un peu aux antipodes de qui j'étais à l'époque et surtout un background technique un peu moins étoffé que le mien dans ce domaine-là. Et donc, comment je l'ai vécu ? Très mal au départ, puisque moi, ce n'était pas forcément quelqu'un qui m'inspirait plus que ça. Et ce qui est assez intéressant, c'est que comme moi, techniquement parlant, je maîtrisais bien le sujet. Et très vite, je lui étais assez indispensable. Et donc, là où ma chef à l'époque m'avait demandé de m'inspirer de mon collègue, c'est un petit peu l'inverse qui s'est passé. Et je crois que c'est un des plus beaux compliments pour moi. qu'on m'a fait puisqu'à la fin, on m'a dit finalement, ce n'est pas celui qu'on pensait qui allait inspirer l'autre qui l'a fait. Et donc, mon message aux femmes qui rencontrent peut-être cette situation-là, c'est qu'il ne faut pas douter de soi. On a tendance tellement, nous les femmes, à se remettre en cause tout le temps qu'il faut à un moment donné s'asseoir sur qui on est, se rappeler d'où on vient, ce qu'on a fait et oser. Je crois que c'est le meilleur conseil. Tout comme j'avais lu une étude il y a longtemps qui disait que quand une femme postule à un poste, il faut qu'elle ait au moins 80% des compétences, sinon elle ne postule pas. Un homme, 20%, il va postuler. Ça m'a totalement décomplexée. Je me suis dit, mon Dieu, mais souvent ça se traduit par de la frustration parce qu'on se dit, Tiens, telle personne a eu le poste plus tôt que moi. que j'aurais pu y prétendre, mais est-ce que j'ai osé ? Donc, je pense que ce serait mon message. Il faut oser.
- Speaker #0
Merci pour ce message. Et je souris parce que tu es la deuxième sur le podcast à citer cette même étude, comme quoi il y aurait un petit fond de vérité. Absolument. Tu as dit avant que... Je ne sais plus si tu me l'as dit vraiment de cette manière-là, mais en tout cas, tu me l'avais déjà dit la première fois. Donc, on observe en entreprise, de manière générale dans les organisations, deux types de comportements des femmes. Celles qui vont adopter les codes masculins, parce que tu disais que toi, tu avais au départ voulu fonctionner de cette manière-là. Et puis, celles qui vont avoir une approche plus, je ne sais pas, on pourrait dire inclusive, je ne sais pas si c'est le terme juste, mais comment est-ce que tu vois cette dualité évoluer aujourd'hui dans l'entreprise dans laquelle tu es ?
- Speaker #1
Je la vois évoluer positivement, ce qui moi me ravit parce qu'effectivement, entre le moment où j'ai fait ce programme ÈVE, il y a maintenant plus de 10 ans largement même, tout revenu dans nos postes en disant ce n'est pas évident, il y a un peu de chemin à faire Et quelque part, on s'est aussi dit que ce n'est peut-être pas un hasard pour lequel on avait été choisi pour faire cette formation-là, c'était peut-être pour inverser la tendance. Et aujourd'hui, non, je trouve que ça a bien changé. J'ai par exemple la chance chez Suntory d'être dans un colis qui est très féminin. Mon DG qui m'a recrutée, il voulait s'entourer de femmes, il avait vraiment cette volonté-là. Donc ça prouvait déjà qu'il avait une approche extrêmement moderne de la parité et de l'inclusivité. Et je pense que... pour lui, c'était justement hyper important d'avoir cet équilibre. Et moi, ça m'a permis de rentrer dans ce nouveau job et cette nouvelle entreprise et dans ce comité de direction. On est totalement moi-même d'emblée. Parce qu'il y avait cette liberté d'être soi et de venir avec ce qu'on représentait. Et donc, tu vois, ce rôle dont on parlait tout à l'heure, il n'y avait pas besoin d'en jouer un en particulier puisque j'avais été recrutée pour toutes mes qualités, dont celle-ci. d'être une femme et d'amener peut-être une composante différente et un équilibre à ce qu'on dit.
- Speaker #0
C'est une très bonne nouvelle. Effectivement, on t'entend que ça évolue. Et au sein de ton équipe, comment est-ce que tu encourages tes propres collaboratrices à explorer et à valoriser des qualités qui sont souvent perçues, alors qu'on pourrait dire comme féminines, et puis qui peuvent avoir été dévalorisées ? pendant mon temps.
- Speaker #1
Eh bien, écoute, déjà, je l'encourage auprès de celles qui luttent contre. C'est-à-dire, moi, j'ai des personnes qui, dans mon équipe, des femmes qui ont clairement été élevées dans le je dois être forte, je ne dois rien montrer et je dois être la meilleure Donc, je leur apprends à témoigner, quand on s'assit prête, de leur vulnérabilité. parce que c'est à mon sens ce qui les rend justement plus humaines. là où elles peuvent paraître dans certaines situations comme totalement froides, totalement dures, alors que c'est qu'une façade et une forme de protection. Donc voilà, j'encourage la vulnérabilité, j'encourage à adopter une communication aussi très fluide, très ouverte, faire attention de ne pas être trop affirmative, d'être dans la rondeur. Et donc, quand j'observe une situation où ce n'est pas le cas, je me permets aussi de faire un retour derrière et de noter les choses pour que ça avance. Et que la personne finalement, ce qui m'importe, c'est qu'elle soit de plus en plus elle-même pour que cette dualité que moi je ressens, donc là j'utilise mon intuition, cette dualité que je ressens ne soit plus là. Oui.
- Speaker #0
Et voilà. Beaucoup posé de questions sur les femmes, mais les hommes, déjà, comment est-ce qu'ils réagissent à cette évolution ? Et notamment, comment est-ce qu'ils réagissent quand les femmes expriment leur vulnérabilité ?
- Speaker #1
Alors là, ça va dépendre de ton environnement. Dans mon entreprise précédente, ce n'était pas évident. J'étais face à un comité de direction très, très masculin. où encore aujourd'hui il y avait des blagues sexistes, des choses que moi je ne trouve pas acceptables et sans même montrer une lance de féminisme ou quoi que ce soit, mais tout simplement en dénonçant des blagues que je trouvais déplacées ou autres, je sentais que ça ne passait pas. Donc c'est vraiment important de savoir dans quel... univers et environnement on est, mais ceci dit de s'exprimer. Donc là j'ai osé m'exprimer, je n'ai pas forcément toujours eu de l'écho, mais quand même, après coup certaines personnes sont venues me reparler en me remerciant d'être intervenue, d'avoir précisé les choses, même si sur le moment j'avais l'impression d'avoir un peu jeté un froid. Et aujourd'hui je suis dans un environnement beaucoup plus inclusif, avec beaucoup plus de diversité, et J'ai peu eu à faire à ce genre de situation, mais je me mets à la place de mes collègues qui, par exemple, sont dans des postes basés en usine. C'est forcément beaucoup plus délicat. On ne va pas se mettre à montrer ses émotions quand on est dans une situation très tendue sur une ligne de prod où il faut que ça avance. Il faut aussi vraiment tenir compte de l'environnement dans lequel on est, dans lequel on évolue. Et puis, s'il ne nous convient pas, trouver celui qui nous convient, c'est très important.
- Speaker #0
oui et est-ce que tu vois une évolution chez les hommes aussi c'est-à-dire que du coup est-ce qu'eux aussi ils commencent à accepter de montrer quand ça s'y prête en tout cas une forme de vulnérabilité oui oui je vois vraiment l'évolution je trouve que on
- Speaker #1
l'aborde de plus en plus la vulnérabilité au sens large sans la gengrer d'ailleurs et par exemple moi avec un puisque je reporte à deux comités de direction, donc quand je suis dans ma fonction R&D, il y a pas mal d'hommes, et on l'évoque, cette nécessité d'être vulnérable parce que ça permet d'être justement plus en proximité avec son équipe. Donc, on en parle régulièrement et je dirais dans un environnement aujourd'hui qui bouge beaucoup, avec beaucoup d'incertitudes, de... c'est quand même un ancrage important de se ramener à qui on est et de montrer cette vulnérabilité. Donc, moi, on l'utilise, et moi personnellement, pas mal dans ce sens-là, pour se rappeler qui on est et se dire que ce n'est pas facile. Oui, ça change. Oui, les décisions qu'on a prises il y a un mois, aujourd'hui, sont remises en cause. On doit s'adapter, mais ça ne veut pas dire pour autant que nos valeurs ont changé et donc il faut s'y rapprocher.
- Speaker #0
Oui, Mathieu. Tu utilises le terme valeur qui était justement dans ma question d'après, une question un peu plus générale. Quels sont, d'après toi, les éléments essentiels pour qu'une femme puisse occuper pleinement sa place et justement, sans renoncer à ses valeurs ?
- Speaker #1
Ce n'est pas une question facile parce que, là encore, est-ce que c'est propre aux femmes ou pas ? Mais je pense que les femmes ont beaucoup de ressources et il faut qu'elles se fassent confiance. Donc, il faut qu'elles écoutent leurs intuitions. Et je remettrai cette notion de s'autoriser à dire ce qu'elles aiment, à dire ce qu'elles n'aiment pas, à privilégier ce qu'elles font de bien avant de s'auto-flageller sur ce qu'elles font peut-être de moins bien, et à oser. On est toujours dans ces valeurs d'audace et de confiance, confiance en soi d'abord et confiance en les autres aussi. Je pense que c'est des choses importantes et on n'a pas forcément été éduqués pour pousser ces deux aspects-là. Tant que chez les petits garçons, dans l'enfance, on les pousse un peu à la compète, à essayer des choses, autant les filles, on les protège un peu plus. Donc c'est peut-être sortir du cocon et oser pour se développer, se découvrir et s'épanouir.
- Speaker #0
Et pour finir, est-ce qu'il y a des figures, des mentors qui t'ont particulièrement marquée et qui ont influencé ta vision du leadership ?
- Speaker #1
Bonne question. J'ai toujours eu un peu de mal avec, d'ailleurs, cette question, puisque historiquement, les leaders qui me venaient tout de suite en tête, c'était des hommes. Et oui, non, puisque… C'est aussi beaucoup les hommes qui ont laissé des traces dans l'histoire, que ce soit dans les écrits et dans ce qu'on peut en retrouver aujourd'hui. Donc moi, quelqu'un qui m'a toujours… Enfin, deux leaders qui m'ont beaucoup inspirée, c'est Gandhi et Nelson Mandela. Gandhi, quand tu regardes, c'est quelqu'un qui n'est pas un charisme de dingue, qui était plutôt chétif et qui finalement n'essayait pas d'en imposer à tout le monde. Mais il y avait quelque chose de l'ordre d'une reliance à qui il était profondément et à des valeurs tellement ancrées qu'au bout d'un moment, ça a rayonné. Et c'est ce qui fait que dans ses discours, tout d'un coup, il emportait tout le monde. Et ça, moi, ça m'a toujours beaucoup inspirée. Et des leaders femmes, je n'en ai jamais beaucoup vu ou suivi de près dans ma carrière, puisque je pense que quand j'ai commencé à bosser, elles étaient beaucoup sur les codes masculins dont on parlait tout à l'heure. Donc voilà, aujourd'hui ça change, heureusement il y en a quelques-unes.
- Speaker #0
Donc tu fais partie.
- Speaker #1
Je sais pas.
- Speaker #0
Mais écoute, merci beaucoup Muriel. pour tous tes partages je ne doute pas que ce sera très inspirant pour des femmes soit déjà en poste ou soit qui sont aspirantes à être manager d'écouter tes conseils et puis d'oser
- Speaker #1
Marie-Laure oui tu as dit le mot de la fin c'était vraiment ça merci merci de ton invitation merci du sujet que tu portes c'est hyper important et je me remets quelques années en arrière j'aurais adoré écouter ton podcast, j'en suis certaine. Merci beaucoup.
- Speaker #0
À bientôt, Muriel.
- Speaker #1
À bientôt.