- Speaker #0
Donner la voix aux femmes, c'est aussi leur rendre leur pouvoir. Je suis Marie-Laure Hisette, coach et conférencière, et je vous emmène à la découverte de femmes leaders qui osent bousculer les codes. Savez-vous que 90% des personnes qui suivent régulièrement ce podcast ne sont pas encore abonnées ? Si ces conversations vous inspirent, merci de me rendre un petit service et de cliquer sur s'abonner. Plus vous serez nombreuses, plus nous donnerons ensemble de la puissance à la voix de ces femmes qui osent. Salut Virginie, bienvenue sur le podcast. Écoute, je suis ravie d'avoir cet échange avec toi aujourd'hui. Et je vais commencer, une fois n'est pas coutume, par te présenter. Et puis évidemment, je t'inviterai à compléter après avec la quantité de choses phénoménales que je n'aurais pas dites sur toi. Donc aujourd'hui, je reçois Virginie, une femme qui n'a pas peur de mettre les mains dans le cambouis pour aider les structures engagées à sortir de leur mode survie. Virginie Guyot, c'est une experte en restructuration, en stratégie opérationnelle et aussi en recrutement. Elle accompagne les associations, les syndicats, les petites boîtes à fort impact, toutes celles qui bossent avec leur cœur mais qui s'essoufflent faute d'outils, de méthodes ou tout simplement de soutien. Après 25 ans de carrière dans le B2B, elle a choisi de mettre son expérience au service de celles et de ceux qui portent une mission utile et qui galèrent à la faire vivre au quotidien. Avec elle, on va parler de bordel organisé, de Wonder Woman ou bien de Superman qui sont à bout de souffle, de vision qui se dilue, mais aussi de clarté, d'efficience et de puissance retrouvée. Bref, on va parler de comment on structure sans s'oublier. Écoute Virginie, qu'est-ce que tu aurais envie de rajouter pour te présenter que je n'ai certainement pas dit ?
- Speaker #1
Ce que je pourrais rajouter, c'est tout simplement ce qu'on se disait là hors caméra il y a quelques instants. Ce repositionnement pour parler de la structuration et de la reprise de pouvoir des structures que j'accompagne sur leur quotidien, ce n'est plus ni moins ce que je faisais avant, depuis le tout début où je me suis installée en septembre 2022, mais que je pratiquais sous la profession d'assistante virtuelle, puisque à l'époque j'avais trouvé ce terme intéressant. Aujourd'hui, je trouve que ça ne reflète plus du tout ce que je fais dans le concret et dans le quotidien pour mes clients. Donc du coup, voilà.
- Speaker #0
Merci de cette précision. Alors, comme on l'a vu avant, tu as travaillé pendant 25 ans dans la distribution B2B. Oui. Avant de tout changer, qu'est-ce qui a déclenché ce virage vers l'accompagnement des structures engagées ?
- Speaker #1
Bien écoute, c'est comme pour beaucoup de gens, beaucoup d'entrepreneurs qui switch, qui sont souvent salariés et qui passent à entrepreneur. Il y a toujours, presque, presque toujours un moment où il y a un déclencheur, un gros déclencheur. Ça peut être un burn-out, ça peut être un licenciement. Dans mon cas, c'était un deuil. J'ai perdu mon mari en août 2020, très brutalement. S'en est suivie une grosse dépression. J'ai été arrêtée pendant 18 mois. j'ai vraiment toucher le fond. Et puis à un moment, on remonte et j'ai voulu reprendre le travail puisque ça faisait sens pour moi de reprendre le travail. C'était une façon pour moi aussi de remettre le pied dans la vraie vie, on va dire. Seulement, je n'étais pas encore assez solide pour reprendre mon travail de responsable commercial puisque comme tu le sais, dans la dépression, c'est relativement instable. Des jours, tu peux aller très bien, le lendemain, tu ne peux aller pas bien du tout avant d'arriver à un stade où tu vas être beaucoup moins fragile. Et pendant ce moment-là, en fait, il me semblait pas adéquate de reprendre mon job de salarié, parce que je me suis dit, mais comment je vais faire les jours où je vais être au fond de mon lit à pleurer ? Ça va être vraiment impossible à faire, alors que les jours où je vais aller bien, je pourrai travailler, mais les autres jours, comment ça va se passer ? Et j'avais plus la volonté d'être en arrêt, puisque ça faisait déjà un an et demi, et il fallait vraiment que je fasse quelque chose de mes dix doigts. Je commençais à m'ennuyer. Et c'est là que j'ai eu l'idée... de me mettre à mon compte, la première attention c'était de me dire « je vais pouvoir gérer à mon rythme ma reprise du boulot, les jours où j'irai bien je travaillerai, les jours où j'irai mal je ne travaillerai pas. » Et je n'aurai pas besoin de rendre des comptes, pas besoin de poser de RTT, de jours de congés pour justifier que ce jour-là je ne suis pas capable de travailler parce que la dépression m'a encore rattrapée et que je suis en train de m'en sortir, mais pas encore tout à fait. Donc le but premier c'était ça pour moi.
- Speaker #0
Merci pour ton partage qui est très touchant. Effectivement, tu parles du déclencheur, c'est vrai qu'on en a toutes et tous un, le tien est quand même particulièrement violent. Pourquoi avoir choisi, parce que tout le monde parle maintenant de Scalé, on parle de gros business, de grosses entreprises, c'est très à la mode. Pourquoi avoir choisi plutôt des petites structures dans ton accompagnement ?
- Speaker #1
Je vais être très pragmatique. Souvent, les grosses structures ont les ressources en interne. Les petites structures, souvent, leur première mission, c'est de se consacrer à leur cœur de métier. Donc voilà, ça peut être tout et n'importe quelle activité, mais souvent, les gens qui se consacrent à leur cœur de métier, même s'ils ont plein de casquettes dans l'entrepreneuriat, moi je constate que souvent, la casquette de la structuration, du développement, de la création d'offres, etc., ce sont des casquettes qui manquent. Pourquoi ? Parce que par manque de temps. Et puis, quand on crée une entreprise, qu'on se spécialise dans notre cœur de métier, dans ce qu'on sait faire le mieux, on n'a pas forcément des compétences en marketing très pointues, on n'a pas forcément des compétences en gestion de rentabilité très pointues, on n'a pas forcément des compétences dans savoir quel outil, quel CRM et tout ça utiliser. Donc, c'est aussi pour ça que je me suis dirigée vers ce type de structure.
- Speaker #0
Et tu parles souvent, quand je dis que tu parles souvent, ça veut dire que je suis allée lire tes posts sur LinkedIn, et puis tu as évidemment ta page de profil aussi. Tu utilises à priori souvent le terme de bordel organisé.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai. C'est très significatif des structures dans lesquelles j'interviens. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est un terme qui est souvent employé par mes clients eux-mêmes, qu'ils le reconnaissent volontiers. Et je ne leur jette pas du tout la pierre, parce que ce sont des clients qui font comme ils peuvent, avant tout. Et il faut voir même les résultats qu'ils ont, avec le peu de moyens qu'ils ont, le peu de connaissances qu'ils ont. Ils arrivent à faire des choses extraordinaires, mais il y a un moment où ils arrivent à leur limite, puisque qui dit bordel organisé, à un moment, on passe plus de temps à chercher les infos, à structurer les infos, on n'a plus rien sous la main, et c'est tellement le binz que certains en perdent même leur vision, ce qui est quand même quelque chose de prépondérant pour savoir quelle direction on va donner à son entreprise. Donc oui, ce terme de bordel organisé, je l'affectionne particulièrement. C'est mignon, j'aime beaucoup. Et ça reflète parfaitement ce qui se passe dans les entreprises. Malheureusement, comme dirait notre amie Ribéry, à l'insu de leur plein gré.
- Speaker #0
Je comprends tout à fait, étant entrepreneuse. Et puis, ce n'est pas parce qu'on a la capacité à structurer des choses, par exemple, pour ses propres clients, qu'on arrive à le faire pour soi. Et c'est difficile.
- Speaker #1
Ce n'est pas la même structuration. Structurer pour un client, si tu veux, là où la différence se fait de façon très visible. c'est que quand on le fait pour un client, on a la vision, on a le recul nécessaire parce que c'est pas pour nous. Alors que quand on le fait pour nous, le problème des entrepreneurs, c'est que, je vais faire un geste qui va te parler, c'est qu'ils sont comme ça, on a le nez sur la feuille. Or, pour pouvoir structurer une entreprise, il faut avoir un minimum de hauteur. Il faut pouvoir faire un état des lieux global de ce qui se passe, qu'est-ce qu'on a, là où ça coince, là où ça pêche, quelles sont nos forces, quelles sont nos faiblesses.
- Speaker #0
Si...
- Speaker #1
on est complètement submergé sous l'eau par le quotidien, on n'arrive pas à faire ça. C'est pas possible, c'est très compliqué. D'où l'intérêt de le faire avec quelqu'un d'extérieur qui a eu un œil extérieur, une vision différente. Puis un chef d'entreprise, un responsable d'agence, il va avoir aussi tout l'affect que nous, en tant que prestataire extérieur, on n'aura pas.
- Speaker #0
C'est tout à fait vrai. Ça peut être très difficile de lâcher certaines choses, certaines habitudes, certaines façons de faire.
- Speaker #1
Je peux t'illustrer ça parfaitement bien avec un client pour lequel je travaille en ce moment. Par discrétion, je ne vais pas le citer, mais par exemple, il fait une prestation qu'il aime beaucoup. C'est une petite structure qui a quelques salariés. Ils font une prestation qu'ils aiment particulièrement parce que ça a une dimension sociale et humaine très importante. Seulement, cette prestation, elle leur fait perdre de l'argent. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'ils vont chez leur client faire cette prestation, c'est comme s'ils faisaient un chèque avec. Et moi, j'ai été, pas plus tard que la semaine dernière, vraiment dans le mauvais rôle. Je leur ai dit, il faut arrêter de faire cette prestation. Et parce qu'à chaque fois que vous le faites, vous perdez de l'argent. C'est comme si c'est vous qui payez votre client. Et en fait, ça a été très difficile pour eux d'entendre ça, parce qu'il y avait un affect énorme par rapport à cette prestation. Mais quand j'ai mis les calculs sous les yeux et quand je leur ai expliqué comment on pouvait conserver cette prestation, mais en la modifiant, en changeant le tarif, la durée, etc. Ça s'est très bien passé.
- Speaker #0
Oui, je comprends bien ce rôle d'œil extérieur. Quand j'ai commencé à travailler, j'ai créé mon entreprise, on me parlait aussi de rapport d'étonnement. C'est le concept des choses qui paraissent complètement aberrantes à une personne extérieure comme toi, ou comme ça peut l'être pour moi aussi, mais que de l'intérieur, on ne voit absolument pas. C'est ça. Quelle est la première chose que tu regardes quand tu mets les pieds dans une organisation en vrac ?
- Speaker #1
Alors, j'aime bien... Et ça va être peut-être un peu surprenant, mais je regarde le moral des troupes. Ça en dit long sur comment fonctionne l'entreprise. Ça en dit long sur est-ce que la motivation est encore là ? Est-ce que les gens ont baissé les bras ? Parce que, j'ai envie de dire, avant de remettre une entreprise sur les rails, avant de pouvoir la structurer, il faut déjà voir quelle va être la capacité des membres de l'équipe et du directeur, du chef d'établissement. Est-ce qu'ils vont avoir les ressources ? Jusqu'où ils vont pouvoir aller ? Et je vais structurer mon approche aussi par rapport à ce critère-là. Parce qu'il y a des gens qui sont complètement au bout de leur vie. Et ça, il faut en tenir compte. Parce que c'est encore plus difficile pour eux de pivoter, de prendre un nouveau cap, des nouvelles décisions, quand ils ont besoin d'un accompagnement un petit peu plus personnel, beaucoup plus en douceur. Tu as des gens qui vont être pragmatico-pragmatiques et qui vont aller droit devant. etc. Et puis, tu as des gens qu'il va falloir accompagner différemment. Et ça, pour moi, c'est vraiment un angle très important quand j'arrive dans une structure.
- Speaker #0
Ça rejoint le côté humain, donc je sais qu'il est important pour soi et on y reviendra évidemment en détail tout à l'heure. C'est quoi les erreurs récurrentes que tu vois en matière de communication, par exemple, ou de structuration ?
- Speaker #1
Alors, en matière de communication, ce n'est pas de communication. ou de la communication très institutionnelle. On va communiquer beaucoup sur qu'est-ce qu'on vend, qu'est-ce qu'on fait. On va être très technique et on va avoir une communication qui ne va pas du tout créer de lien. Je reviens encore une fois à l'humain, mais on sait aujourd'hui que ce qui fait vendre, c'est le lien qui va se créer entre le vendeur et l'acheteur. L'acheteur va acheter une transformation, il va acheter une histoire, il ne va pas forcément acheter un objet. Il va acheter le bénéfice qu'il va avoir à acheter cette prestation-là. Donc ça, c'est une des erreurs les plus courantes, c'est de ne pas oser aller un peu plus dans l'émotion, dans la communication. Alors que des grandes marques, comme les marques de sport, etc., les marques alimentaires, etc., savent très bien faire ça. depuis la nuit des temps. On voit bien par exemple Nutella, qui est un produit très décrié aujourd'hui, a beaucoup basé sa communication sur le lien intergénérationnel, les tartines de pain comme quand nous, les parents, on était petits, avec le Nutella dessus, la tartine donnée par mamie, avec une maison super cosy, une ambiance ensoleillée, et voilà, là ça génère l'émotion, c'est super régressif et ça fonctionne. Derrière ça, on arrive à cacher... les propriétés nutritives pas très cool du Nutella par exemple. Bon, ça c'est quelque chose qui existe depuis la nuit des temps. Moi, je n'ai rien inventé en fait. Je fais juste ce qui fonctionne et qui fonctionnera toujours parce qu'on est humain. Après, en termes d'organisation, pour répondre à ta question, alors un des plus gros points noirs que je relève, c'est quasiment systématique partout, c'est le manque de suivi, le manque d'outils adaptés au suivi. Il y a des suivis qui ont été mis en place. souvent avec des Google Sheets, avec des tableurs Excel, c'est très souvent ça. Et ça aussi c'est assez limite, c'est bien au début, ça part d'une très bonne intention, et bravo à ceux qui le font d'ailleurs, vaut mieux ça que rien du tout. Mais à un moment, quand on veut grandir et quand on veut structurer, il faut passer sur un vrai CRM ou un Notion, quelque chose comme ça, qui soit vraiment centralisé et collaboratif.
- Speaker #0
Oui donc ça fait partie, de toute façon tu parlais tout à l'heure de ton rôle de responsable commercial, J'imagine que la partie CRM, mise en place, ça fait partie de tes points forts, je suppose.
- Speaker #1
Oui, parce que j'étais commerciale pendant 25 ans, responsable commerciale. J'ai travaillé avec des équipes. J'étais prise en sandwich entre ma direction qui me demandait des résultats et mes équipes que je devais former et accompagner. Donc l'importance d'avoir un outil commun et collaboratif qui soit... à la fois montants et descendants, qui puisse servir à l'ensemble de l'équipe, je la connais cette importance, parce que c'est vraiment un outil central dans le pilotage des indicateurs de performance. Ça permet de faire un suivre vraiment pointu, de se repositionner le cas échéant, et puis de se développer aussi quand on lance des nouveaux produits, etc. On peut suivre tous les indicateurs grâce à des outils qui sont bien dosés, bien mis en place. Donc ça, c'est très, très important.
- Speaker #0
J'ai envie d'aller un peu sur le côté plus femme maintenant, parce que c'est quand même la thématique du podcast. Tu as dans tes clients, donc du coup, tu as des clientes, tu as des femmes qui dirigent des structures.
- Speaker #1
Oui, bien sûr, j'ai des chefs d'entreprise, j'ai des hommes et des femmes, voilà. Mais les problématiques restent les mêmes.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui les empêche ? Alors, tu dis les mêmes, je ne sais pas si du coup, ça va être différent pour les hommes et les femmes, mais qu'est-ce qui les empêche ? dans ces structures de poser un cadre clair ou plus clair dès le départ ?
- Speaker #1
Souvent, c'est le manque de temps, puisque poser un cadre clair, c'est souvent empêché par une priorité qui s'appelle l'opérationnel. En fait, les chefs d'entreprise, que ce soit des hommes ou des femmes, priorisent le chiffre d'affaires, ce qui est bien normal. Et pour produire, il faut être en production. Tout ce qui est suivi, structuration, ça passe au second plan. Donc au début ça fonctionne, il n'y a pas de problème, l'urgence est de générer du chiffre, mais au bout d'un moment on atteint un espèce de plafond de verre qui fait que si on ne met pas les bons outils en place, on n'arrive plus à progresser et à se développer. Mais voilà, pour répondre à ta question, je te dirais que ce qui bloque c'est vraiment l'opérationnel, peut-être dans le guidon dès le départ, et puis quand on est comme ça... Ce qui peut tout à fait se comprendre, puisque quand on lance une entreprise, l'urgence est de faire du chiffre pour pouvoir payer ses équipes, payer ses charges, etc. Son vision, il se réduit, il se réduit, il se réduit, il se réduit. Et puis à un moment, on n'a plus la vision large qu'on avait au début. Ça, j'ai envie de te dire, c'est presque pour tout le monde pareil. Compris pour nous. Oui, merci.
- Speaker #0
Est-ce que tu vois une différence dans la façon dont les femmes et les hommes prennent le lead dans les petites structures ?
- Speaker #1
Non, pas spécialement. Je ne vois pas de... Je ne vois pas de différence fondamentale. Peut-être que, loin de moi l'idée de faire des clichés, mais dans ce que je constaterais, ce serait plus que les hommes ont quand même une propension plus naturelle à prendre le leadership. Les femmes se remettent plus en question. essayent plus de repenser leur stratégie, leur positionnement en tant que chef, chef d'entreprise, chef d'équipe, elles se remettent plus en question, elles se demandent plus si leur attitude est adaptée, si ce qu'elles font c'est adapté, si elles maternent pas trop ou si à l'inverse elles sont pas trop dures. Alors que ça c'est des questions que les hommes ont moins tendance à se poser. Alors après, c'est ma vision. Je ne détiens pas la vérité, je ne veux pas faire de clichés bas de gamme et clivants. Aujourd'hui, c'est ce que je peux constater, mais ce n'est pas comme ça partout.
- Speaker #0
C'est ce qui m'intéresse, c'est pour ça qu'il y a toutes ces femmes qui défilent au micro ici. C'est bien parce que chacune a une expérience différente, chacune a sa vision. Si on avait toutes la même, ou toutes et tous la même, il suffirait d'interviewer une personne, puis de toute façon, ça n'intéresserait personne. Voilà, ce qui m'intéresse, c'est ce que toi tu as vu, ce que tu as observé, avec tes particularités à toi. Tu travailles dans des secteurs où les RH peuvent souvent être sacrifiés, faute de temps.
- Speaker #1
Aussi.
- Speaker #0
À ton avis, pourquoi c'est encore un luxe de s'occuper sérieusement des humains dans les organisations ?
- Speaker #1
C'est un luxe parce que ça coûte de l'argent. Il faut être pragmatique. Pour bien s'occuper des humains, il faut y consacrer du temps. Et comme dit l'adage, le temps, c'est de l'argent. Alors là, c'est pareil. Ce n'est pas partout comme ça. Moi, justement, j'essaie de travailler avec des organisations qui prêtent une attention particulière à l'humain. Ça, c'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur parce que j'ai vécu moi-même des situations de harcèlement, des situations compliquées quand j'étais en entreprise. Et aujourd'hui, moi ce que je veux c'est travailler avec des organisations qui portent les mêmes valeurs que moi. Après, quand elles n'arrivent pas à prendre soin de l'humain comme elles le voudraient, ce n'est pas une volonté, c'est qu'on revient toujours au manque de structuration, qui génère un manque de temps et qui du coup peut aussi générer un manque financier pour embaucher quelqu'un qui ferait ce job-là. Donc voilà, c'est un enchevêtrement. deux choses.
- Speaker #0
Et toi tu arrives du coup à les aider, à les aiguiller pour qu'elles progressent sur ces aspects-là ?
- Speaker #1
Ouais bien sûr. Ouais bien sûr. C'est dans la structuration, il n'y a pas que la structuration avec des outils, avec des CRM, etc. Il y a aussi la redéfinition des postes parce que ce qu'on constate aussi souvent là où j'interviens, c'est que tout le monde fait un petit peu tout. Et ça c'est vraiment usant en fait parce qu'au bout d'un moment tout le monde fait tout, donc du coup tout le monde ne fait rien. plus personne ne sait qui doit faire quoi, etc. Et redéfinir les rôles, ça fait aussi partie des choses pour lesquelles j'accompagne. Restructurer, ça permet aussi aux gens de reprendre leur juste place, d'être dans ce qu'ils savent le mieux faire aussi, parce que souvent, on constate qu'on demande à des collaborateurs de faire ça, ça, ça, ça, ça, ça, ça, et d'une, ce n'est pas des choses qu'ils aiment faire, de deux, ce n'est pas des choses dans lesquelles ils sont doués. alors que le collègue à côté a de superbes capacités pour faire ça, mais comme on ne lui en a pas parlé, on ne sait pas qui pourrait le prendre en charge mieux que son voisin. Donc ça demande aussi une communication particulière et des échanges particuliers pour savoir qui va être le plus efficace ou le mieux au poste pour servir les intérêts de l'organisation de l'entreprise. les intérêts de chaque salarié ou de chaque collaborateur, puisque s'il a un job où il fait ce qu'il aime, il va s'éclater, et il va être hyper bon. Donc ça, c'est aussi des choses que les chefs d'entreprise et les chefs de structure n'ont pas forcément trop le temps de faire. Oui.
- Speaker #0
Et toi, personnellement, tu as vécu une reconstruction personnelle puissante. En quoi est-ce que ça a changé ta façon d'accompagner les autres ? Est-ce que ça t'a permis d'amener, je ne sais pas moi, plus d'écoute, plus de clarté, plus de tri ?
- Speaker #1
Alors, je ne sais pas, je ne suis pas super bien placée pour parler moi-même de moi-même, mais je ne sais pas si tu as remarqué, du coup, si tu as lu pas mal des posts que j'ai écrits, je signe souvent mes posts par un cœur violet et à côté j'écris One Life. Sous-entendu, on n'a qu'une seule vie. Donc ce que ça a changé dans ma façon d'accompagner mes clients, c'est cette espèce de sentiment, pas d'urgence, mais de dire, voilà, on n'a qu'une seule vie, on n'a pas le temps de subir une entreprise, un boulot, une structure qui ne nous épanouit pas, qu'on n'aime pas, on doit pouvoir s'éclater dans ce qu'on fait, dans son boulot. Et ça, pour moi, ça donne une vision très essentielle de ce qu'il faut faire. Moi, je n'aime pas mettre des outils pour mettre des outils. Je n'aime pas les fioritures. J'aime aller à l'efficacité. Ce n'est pas la peine de mettre 10 000 choses en place. Il faut mettre les bonnes choses. Point. Et du coup, cette conscience aiguë de « on n'a qu'une seule vie et on n'a pas de temps à perdre » , eh bien oui, forcément, ça impacte très largement ma façon de faire et ma vision des choses. Ce que j'aime appliquer pour moi, j'essaye aussi. de l'appliquer pour les gens que j'accompagne.
- Speaker #0
Oui, ça a beaucoup de sens pour moi. D'ailleurs, le cœur violet, figure-toi que j'utilise beaucoup aussi.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tout le temps. Ça me fait penser à une question que je place là. Est-ce que pour faire ce que tu fais aujourd'hui, tu t'es formée d'une manière ou d'une autre ? Sur les aspects techniques, mais je pense aussi aux aspects humains. Qu'est-ce que tu as fait dans ces domaines-là ?
- Speaker #1
Je me suis énormément formée sur les aspects techniques parce que quand je suis sortie de mon arrêt maladie, de ma dépression, pour me mettre à mon compte, il y a eu pratiquement un an où, en off, avant de monter ma structure, j'ai commencé à m'intéresser. J'ai fait une formation d'assistante virtuelle, j'ai fait une formation de copywriter, je suis certifiée copywriter ghostwriter, j'ai fait une formation pour monter des sites WordPress. Et puis après, je n'ai cessé de faire plein de formations sur les automatisations, sur tout un tas d'outils qu'on peut utiliser pour la productivité, la gestion du temps. Voilà, il y a vraiment beaucoup de choses. Je me suis formée seule de mon plein gré et puis je me suis formée aussi en accompagnant mes clients et en me formant sur les outils qu'ils avaient déjà en place ou leurs méthodes déjà en place. Donc c'est une formation permanente. Après, par rapport à l'humain, J'ai pas fait de formation, de coaching, de mentorat. Par contre, moi, je suis quelqu'un qui s'intéresse énormément à la psyché humaine, à tout ce que ça peut engendrer. J'ai moi-même aussi longtemps consulté psychologues, psychiatres, etc. parce que j'avais besoin de démêler les fils de la pelote que j'avais dans la tête. Voilà, et puis j'ai une certaine... Je pense, après je veux pas me jeter des fleurs, mais... une certaine capacité d'écoute et d'empathie qui font que c'est quelque chose qui se fait naturellement chez moi. Mais j'ai pour projet, justement, dans les mois à venir, peut-être dans les années à venir assez proches, de monter en compétence sur ce domaine-là.
- Speaker #0
Oui, ça a vraiment un sens important, on le sent quand tu en parles. C'est quoi ta plus grande fierté dans ton activité actuelle ?
- Speaker #1
Ma plus grande fierté ? Il y en a plein. Ce qui vraiment me rend fière et ce qui m'éclate, c'est quand j'ai des retours de mes clients qui me disent... Attends, tu vois, je crois que j'en ai encore une sous les yeux, là, d'un client qui me dit que, en gros, je fais partie de leur équipe et que, grâce à moi, on avance malgré le peu de moyens et le peu de bras qu'on a. Tu vois, je l'ai sur le deuxième écran, là, juste à côté. Voilà. Il me dit... Et je ne l'invente pas, je lis. Vous êtes vraiment génial et adorable. Merci. On fait partie de notre équipe, c'est sûr. Grâce à votre soutien et votre aide, on arrive à avancer malgré le fait que nous ayons peu de bras actuellement. Encore un grand merci. Alors ça, mais qu'est-ce que tu veux demander de plus ? Voilà, ça, c'est ce qui fait ma fierté. Ce genre de retour client, c'est juste incroyable.
- Speaker #0
Si tu devais donner un seul conseil à une femme ou à un homme ? qui prend les rênes d'une structure et qui veut le faire sans s'épuiser et puis sans créer ce bordel, trop de bordel organisé, parce que je pense qu'il ne faut pas exagérer non plus. Qu'est-ce que tu lui dirais ?
- Speaker #1
Écoute, là, je vais te dire un truc. Tu vas me dire que c'est facile de dire ça parce que je prêche pour ma paroisse, mais en même temps, il n'y a pas de secret. Je le sais parce que je l'ai fait aussi pour moi. Donc, c'est testé et approuvé. C'est de se faire accompagner par quelqu'un. Toujours avoir quelqu'un d'extérieur à la structure, d'avoir un œil extérieur. Pas forcément tout de suite au début, parce que d'abord il faut se lancer, il faut mettre les choses en place, mais je te dirais au bout de peut-être 6 mois, 1 an, 2 ans après, moi j'ai des clients qui sont depuis 5-6 ans et qui seulement maintenant ont pris mon accompagnement. Mais il faut, je pense, pas que ça va durer éternellement de se faire accompagner, mais à un moment où on sent qu'on patine un peu dans la semoule, Il ne faut pas hésiter à prendre quelqu'un d'extérieur, que ce soit moi, un coach, un comptable, n'importe qui, pour avoir justement cette vision qu'on a tendance à ne plus avoir en tant que chef d'entreprise.
- Speaker #0
Je confirme. Alors, je n'ai pas d'assistante virtuelle, en tout cas pas encore, mais j'ai toujours été accompagnée par toutes sortes de personnes différentes. J'ai du coaching, j'ai une experte comptable. C'est important. Oui, c'est clair, c'est très important. Pas rester seule. Et toi, aujourd'hui, comment est-ce que tu fais pour rester alignée avec ce qui est essentiel pour toi ?
- Speaker #1
Je choisis mes collaborations, déjà, tout simplement. Moi, j'aime travailler avec des gens qui ont de l'impact. Ça peut être, tu vois, en ce moment, je travaille avec une entreprise, une chambre qui regroupe les entreprises, avec la CNET, pour ne pas la citer, c'est la Chambre nationale des entreprises de traduction. Je travaille aussi avec un syndicat libéral de médecine. Je travaille avec une association qui aide les salariés très éloignés de l'emploi à revenir à l'emploi. Et tout ça, si tu veux, c'est important pour moi parce que c'est des gens qui vont avoir un impact. Donc le syndicat de médecins libéraux, ils vont militer, ils vont défendre leurs collègues. Et puis ils vont aussi avoir un impact politique dans...
- Speaker #0
quelles qu'elles soient, que ce soit avec la sécurité, avec les organismes complémentaires, enfin la sécurité sociale, avec les organismes mutuels et complémentaires, avec toutes les lois diverses et variées qui passent par rapport à la santé. L'association d'aide au retour à l'emploi, bon ben là, c'est même pas la peine que je t'explique à quoi ça sert, quel est l'impact, voilà. La chambre, la CNET, des entreprises de traduction eux-mêmes. Ils ont des adhérents qui sont des agences de traduction et donc ils aident, ils accompagnent des entrepreneurs. Et en fait, moi, tout ça, ça fait sens parce qu'à chaque fois, on va être dans un accompagnement type orienté humain. Voilà. Et moi, c'est ça qui me fait vibrer. C'est ça que j'aime. C'est vraiment être dans l'humain, comme on l'a dit dès le départ. Il faut qu'il y ait un impact. Je pense que ça, c'est vraiment ce qui me fait vibrer. Il faut que derrière, il y ait une vraie signification, qu'il y ait un vrai impact.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, justement, sur ce côté humain, il y a un sujet qu'on a fait kiffler pendant cette interview, c'est la partie recrutement. C'est quelque chose que tu as rajouté récemment, mais ce serait, peut-être que tu peux expliquer ce que tu fais et comment ça se passe.
- Speaker #0
Absolument. Oui, ça fait quelques mois que je suis recruteuse indépendante, mais je ne suis pas seule puisque je suis adossée au réseau des experts de l'emploi. Et ça, en fait, c'était une corde qui manquait à mon arc, notamment dans la structuration et le développement que j'apporte aux organisations. Parce que qui dit « tuer » et qui dit « se développer » dit souvent « on va manquer de main d'œuvre » ou « pour développer plus de chiffres, il faut mettre une personne supplémentaire » . Et là, moi, j'étais coincée parce que je n'avais pas les ressources ou pas les compétences pour les accompagner sur ce volet RH. Et du coup, j'ai mis cette corde à mon arc supplémentaire, ce qui fait que maintenant, j'ai vraiment tout à 360 degrés pour accompagner les structures, y compris sur ce volet recrutement qui me faisait défaut auparavant. Et du coup,
- Speaker #1
tu as eu des retours de la part de tes clients sur cette nouvelle...
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Bien sûr, parce qu'en fait, ce qui est intéressant, c'est, comme on disait tout à l'heure... remettre les bonnes personnes aux bons endroits, aux bons postes. Tu vois, quand on parle d'une structure où il y a, comme on disait tout à l'heure, un bordel organisé, où tout le monde fait un petit peu tout et rien en même temps, le volet RH et les connaissances que j'ai maintenant me permettent aussi de remettre les personnes aux bons endroits dans la structure, là où elles sont performantes, là où elles ont vraiment des compétences. Et c'est là où j'ai acquis de l'expérience, c'est que, par rapport au volet compétences. Je sais les détecter, je sais en parler avec les personnes dans les entreprises, etc. Quels sont aussi bien les hard skills, donc les compétences pures, que les soft skills. Et ça, ça permet sur l'échiquier de déplacer les gens dans des postes où ils vont vraiment être au bon endroit, où ils vont vraiment s'éclater et où ils vont vraiment avoir une plus-value importante pour le fonctionnement global de l'entreprise et pour eux-mêmes, parce que comme je le disais tout à l'heure, un salarié, un collaborateur qui ne s'éclate pas, il ne va pas donner le meilleur de lui-même. Donc ce volet RH là, pour moi c'est encore quelque chose qui va augmenter mon expertise et puis ma valeur ajoutée auprès de mes clients.
- Speaker #1
Super et puis une question que j'aime bien poser, Est-ce que tu as des recommandations de lecture par exemple ? De livres que tu as aimé lire, qui t'ont aidé dans ton développement, ou peut-être de podcasts que tu écoutes et qui tu voudrais partager ?
- Speaker #0
Pas spécialement, j'ai pas de lecture, j'évite de lire des livres sur l'entrepreneuriat parce que ça me... Voilà, il y a un moment où il faut déconnecter quand même. J'écoute pas mal de podcasts là-dessus, sur Spotify, voilà, ou sur tout autre média où il y a des podcasts. Et je t'avoue qu'il y en a que j'aime beaucoup, mais... Je pioche un peu au gré de mes humeurs et au gré des besoins. Voilà, je ne vais pas faire de pub pour l'un ou pour l'autre. Il y a des choses très intéressantes. Bon, il y a quand même un podcast qui est mon coup de cœur, qui n'a pas grand-chose à voir avec l'entrepreneuriat, mais c'est le podcast Métamorphose que j'aime beaucoup parce que ce qu'on y apprend, on peut le transposer à l'entrepreneuriat, justement. C'est un podcast que tu dois connaître, qui est beaucoup sur le développement personnel. Et ça, je pense que si je devais te donner un coup de cœur, ce serait vraiment celui-là.
- Speaker #1
Merci. Si on veut te suivre ou te contacter, comment est-ce qu'on peut faire ?
- Speaker #0
sur LinkedIn tout simplement. Pour l'instant je n'ai pas encore de site internet, ce n'est pas nécessaire pour mon activité, mais LinkedIn ça fait office de, puisque j'y partage beaucoup de ma vie personnelle, même si les haters vont dire ici ce n'est pas Facebook, mais ce n'est pas grave parce que moi ma vie personnelle est intrinsèquement liée à mon activité professionnels donc je m'octroie le droit de partager des choses que j'ai vécues, beaucoup de choses sur ma vie perso, et puis aussi beaucoup de choses sur le pro, sur les structures que j'accompagne, sur des tips actionnables, sur par exemple, l'autre fois j'ai partagé, j'ai fait une petite série sur comment optimiser son CV, quel rubrique il faut remplir correctement, etc. Je parle aussi régulièrement de ces thématiques-là, pour essayer de délivrer des choses de façon simple. sans charabia, sans jargon, mais que les gens vont pouvoir s'octroyer et mettre en place tout de suite.
- Speaker #1
Je mettrai le lien de ton prochain LinkedIn dans les notes de l'épisode. Sachez que sur votre plateforme d'écoute de podcast, il y a toujours des notes, on les a aussi sur Ausha, dedans je mets le lien, et sur YouTube aussi, dans la description de la vidéo, on peut retrouver les liens qui permettent de contacter Virginie, et pour toutes les autres avant, c'est tout aussi vrai. Et ben voilà, si cet épisode vous a parlé, ou si vous bossez dans une structure où c'est le rush permanent, ou s'ils avaient besoin de faire le tri pour enfin avancer, vous n'avez pas besoin de porter ça tout seul ou toute seule. Donc vous pouvez faire appel à Virginie ou à quelqu'un d'équivalent si elle n'est pas disponible, car je pense qu'elle ne pourra pas aider tout le monde.
- Speaker #0
Non, j'aimerais bien, mais je n'ai que deux bras.
- Speaker #1
Merci Virginie pour tous ces éléments inspirants que tu as partagés.
- Speaker #0
Merci Marie-Laure.