Speaker #0salut les auditeurs et auditrices de l'usobrib tout d'bain vous sentez venir à vous l'air de la mer dans la douceur du printemps au portugal ici ça fourmille ça frémit ça sent les verres en terrasse et les rires des amis chez moi un des temps forts de cette période douce c'est la grande semaine de fêtes mettant à l'honneur les étudiants de Porto. Alors, il était où trouvé notre thème du mois ? Quel que soit votre âge, fermez les yeux, ça va sentir le stylo bille, les pâtes au ketchup et la bière pas chère, on repart à l'université ! Pour parler des traditions estudiantines au Portugal, il est important d'en comprendre les racines. Eh ben ouais, vous me connaissez tout de même maintenant ! Un épisode de l'usobribe 100 points histoire ? Mais vous n'y pensez pas ! Allez, promis, je fais rapide. Tout commence donc à Coimbra, où le roi Dinis fonde une université en 1290. C'est la doyenne des universités portugaises et l'une des plus anciennes d'Europe. Elle a d'abord joué à saut de mouton entre Lisbonne et Coimbra, avant de s'installer définitivement sur sa colline en 1537 dans l'ancien palais royal. Elle a formé des générations d'élites intellectuelles, dont Salazar, pas que des réussites donc, et exporté ses traditions à travers l'ancien empire colonial. Sa bibliothèque joanine, son jardin botanique et sa fameuse tour donnent à la ville un parfum de nulle part ailleurs. si vous avez l'occasion d'y passer une tête je vous recommande d'aller vous y promener j'ai absolument adoré c'est le point de départ le terreau de nombreuses traditions séculaires propres au portugal et qui font des études dans ce pays une expérience à part bon allez commençons par le plus polémique au portugal comme ailleurs le bizutage ici on l'appelle la c'est un ensemble de traditions de jeux et de rituels effectués par des étudiants de première année qu'on appelle les caloirs sous l'encadrement de leurs aînés les doutoirs ou les vétéranus les docteurs et les vétérans le sommet de la hiérarchie est souvent occupé par le dux vétéranorum élu parmi les vétérans les plus expérimentés il préside le conseil des anciens et veille au respect du code de la plage chaque grade correspond à des droits et des devoirs Les nouveaux sont initiés, les anciens transmettent et protègent la tradition, et les plus haut gradés arbitrent et organisent les événements. Dans certaines universités, la hiérarchie est encore plus détaillée, avec des titres spécifiques, comme Frey, Abad, Kardéal, Imperatorum. Ces noms varient selon le nombre d'années d'études ou le rôle dans la plage. Cela renforce l'idée d'une véritable société étudiante, régie par ses propres lois, où l'on progresse par l'expérience Merci. et l'engagement. Bien au-delà de la plage, cette hiérarchie est essentielle au fonctionnement de la vie universitaire. Les épreuves peuvent s'étaler tout au long de l'année, mais ne sont pas obligatoires. Rien de bien original. Fêtes en tout genre, défis plus ou moins dégoûtants, impliquant souvent de la boue ou des œufs crus, épreuves en équipe... L'objectif premier est festif et vise à souder le groupe des nouveaux arrivants. La réalité est malheureusement souvent moins lisse. Au-delà de la promesse positive de tisser des liens, se pose toujours la question de dérive, de violence et de pression sociale. En 2025, cinq étudiants de l'université de Coimbra ont ainsi été suspendus pour des actes de violence gratuite durant la plage. Le Conseil des vétérans de l'université a pris la décision de les exclure de toute activité liée à l'intégration pour l'année universitaire à venir, une mesure exceptionnelle qui a suscité de nombreux débats publics sur les limites de cette tradition et la nécessité de mieux encadrer ces pratiques. Les autorités universitaires, comme le recteur de Coimbra, ont récemment appelé les étudiants à prendre soin de la plage et à garantir qu'elle reste un moment d'intégration positif et sans abus. Par ailleurs, des dispositifs de signalement et de soutien aux victimes de plages abusives ont été mis en place ces dernières années, preuve que la question reste d'actualité et est sensible dans la société portugaise. Passons à une autre tradition, plus douce cette fois, autour de l'arrivée des nouveaux élèves à l'université, qui consiste... en un baptême le kailohoru se choisit un parrain ou une marraine parmi les étudiants plus âgés et attention c'est comme une demande en mariage pas question de prendre cela à légère Créativité, humour ou grands gestes, tout est bon pour s'assurer le soutien d'un vétéran de qualité. Être choisi comme parrain ou marraine est également valorisant. Il doit s'agir de personnes chez qui vous reconnaissez de bonne valeur et une bonne conduite. Le choix de votre parrain ou de votre marraine pourra avoir une véritable incidence dans votre parcours dans la jungle universitaire et même plus tard dans l'aventure de la vie professionnelle. A la fin d'une cérémonie formelle marquant la fin de la première année, appelée traça da capa, votre parrain ou votre marraine vous enveloppe dans votre cape, élément essentiel de l'uniforme signature des étudiants portugais. Et ne croyez pas que la tâche soit facile. Tout est extrêmement codifié et il existe une technique spécifique pour plier la cape correctement. Après cette cérémonie, les étudiants porteront leur costume pour les activités d'inauguration, les concerts ou simplement pour assister à un séminaire avec des professeurs bien qu'il ne soit pas obligatoire et que son achat soit à la charge de l'étudiant entre cent cinquante et deux cents euros tout de même cet uniforme est en général très apprécié et son port est plus qu'encouragé en général le costume est acheté en compagnie du parrain ou de la marraine académique dans des magasins spécialisés lors de son invention au début du xxème siècle à coimbra il était pensé pour uniformiser la tenue de tous les étudiants de manière à ce que les différences de richesse ne soient pas perceptibles. L'objectif affiché a donc toujours été d'uniformiser les étudiants comme un groupe solidaire et indivisible. Évidemment, on peut également y voir une manière de les distinguer visuellement du reste de la population, l'élitisme n'étant jamais loin. Mais comment est-il donc ce costume ? Il en existe une version nationale, portée par la plupart des facultés du pays, et des variantes régionales, avec des détails rappelant les costumes traditionnels et les activités typiques de chaque région en algarve par exemple on va retrouver des broderies ou des insignes en lien avec la mer ou la pêche alors que dans la ceinture intérieure les costumes peuvent s'inspirer des habits ruraux traditionnels comme les tenues des bergers ou des agriculteurs au delà de la cape la base commune est la suivante pour les hommes pantalons noirs chemises blanches vestes et chaussures en cuir vernis Pour les femmes, jupe mi-longue, collant opaque, chemise, veste et chaussures avec un léger talon. Le maquillage est très mal considéré, tout comme les tatouages visibles. Si certains le trouvent particulièrement classe, surtout depuis que J.K. Rowling s'en est inspiré pour les costumes de Poudlard, difficile de ne pas souligner un manque de modernité, notamment par rapport aux femmes ou au questionnement de genre. Même ces réflexions mises à part, il faudra compter avec les cérémonies comme Tras a la Capa, où il est d'usage d'arroser les robes d'eau ou de bière. Et il faudra également compter sur la chaleur de l'été portugais. Vive le bouillon de culture, quand on sait qu'une croyance répandue déconseille de laver son uniforme sous peine d'effacer une partie de ses souvenirs universitaires. Yark ! Nos étudiants sont habillés, baptisés, intégrés, et bientôt, les voilà diplômés. La fin du parcours universitaire est elle aussi marquée de cérémoniales et de fêtes. on commence par la bénédiction des diplômés au départ c'est comme son nom l'indique une cérémonie religieuse au cours de laquelle les diplômés de l'année reçoivent la bénédiction d'un prêtre il s'agit d'un moment solennel où l'on se tourne vers l'avenir et où l'on souhaite aux étudiants de réussir leur parcours professionnel bien que l'événement soit régi par un prêtre voire par un évêque dans les grandes villes les étudiants qui pratiquent d'autres religions y assistent également ces dernières années la tradition est devenue moins catholique et plus inclusive, visant à reconnaître les étudiants de différentes cultures et origines. Concrètement, plusieurs universités, notamment à Coimbra et à Lisbonne, ont commencé à organiser des cérémonies alternatives ou complémentaires à la bénédiction catholique. Ces initiatives incluent des moments de recueillement laïque, des interventions de représentants d'autres confessions, ou encore des espaces de célébration neutres, permettant à tous les étudiants et toutes les étudiantes quelle que soit leur religion ou leur croyance, de participer à ce rite de passage important sans se sentir exclu. Une fois cette cérémonie passée, place à la fête, à Kaimadasvitesh. Littéralement, l'embrasement des rubans est un grand moment festif qui vient clore symboliquement l'année universitaire. Diplômés, familles, amis, filles académiques, tout le monde se rassemble pour célébrer la réussite des diplômés. Les élèves échangent des rubans entre eux et avec leurs... proches. Toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, ont eu un impact dans leur vie universitaire sont appelées à participer. C'est un honneur. On écrit alors un message de chance et de bonheur à l'élève en question. Ces bandes colorées seront conservées. C'est un souvenir précieux chouchouté par tous les nostalgiques. Vient ensuite la cérémonie. les finissants de l'année chacun à leur tour y embrassent des rubans noirs dans un grand chaudron représentant la fin de leur parcours universitaire chacun peut y écrire les désagréments des cinq dernières années bon débarras je propose ailleurs qu'on intègre cette pratique à toute évolution professionnelle ou rupture ça me semble agréablement Kem Adashvitesh, c'est le grand adieu aux années étudiantines et le début officiel de la vie professionnelle. En général, ce moment est accompagné d'autres festivités. À Porto, par exemple, il donne lieu à un énorme festival de musiques actuelles à un prix accessible pour les étudiants. Des groupes internationaux tels que MGMT ou Franz Ferdinand s'y sont déjà produits. En vérité, avec sa forme actuelle remontant à 1979, la Kemadashvili-Tachde-Porto propose une semaine entière d'activités intenses pour toute la ville, avec d'innombrables activités allant de concerts en plein air à une grande parade. Cette dernière, appelée défilé académique, est l'un des temps forts de la semaine et est également devenue une véritable attraction touristique. Les finalistes, coiffés d'un haut de forme, munis d'une canne et d'un porte-documents ornés d'un ruban aux couleurs de leurs cours, bleu pour les lettres, rouge pour le droit, jaune pour la médecine, etc., défilent dans les rues de la ville en compagnie de leurs camarades de classe, souvent déguisés. Toutes les filières ont leur propre char décoré avec soin. Aujourd'hui, Kemadage Filtache n'est plus un festival réservé aux étudiants, mais est devenu un des plus grands événements de la ville de Porto et le plus grand festival universitaire du pays. Enfin, l'autre pratique étudiante très répandue au Portugal, ce manifeste en portugais, tout au long de l'année et tout le long du parcours universitaire, c'est la musique. En effet, les étudiants de chaque université, voire de chaque cursus, forment des tunas, des groupes de musique traditionnels. Aujourd'hui, une tuna peut être masculine, féminine, mais aussi mixte. Je vous invite à écouter l'épisode consacré au fado, où je reviens sur l'un des répertoires de ces ensembles, le fado de Coimbra, et sur sa différence avec le fado lisboète. Les différentes tunas se rencontrent régulièrement pour des concerts, appelés des sérénades, ou des concours, comme celui très connu de Porto, mais également à l'international, cette tradition étant très répandue en Espagne ou au Mexique par exemple. Alors, récapitulons. Des uniformes qui claquent et des capes qui collent, des déclarations et des sérénades, et des rubans cramés. La vie étudiante portugaise, c'est un savant mélange de solennité, de folklore et de joyeux bazar. Derrière chaque cérémonie, chaque concert et chaque parade, il y a la volonté de créer du lien, de forger des souvenirs indélébiles et de transmettre un héritage vieux de plusieurs siècles. Est-ce qu'un vent de modernité pourrait dépoussiérer le tout ? Assurément. Mais force est de constater que dans ces universités comme ailleurs, le Portugal est riche de sa culture, et nous réserve à tous et à toutes quelques belles surprises. Et vous, ça vous dirait un semestre au soleil ? En attendant... dans le prochain épisode, nous parlerons du 10 juin fête nationale. Merci pour votre écoute et votre fidélité. N'hésitez pas à me laisser un commentaire ou un avis sur votre plateforme ou podcast préféré. A bientôt !