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Ma petite famille - le podcast intimiste sur la vie de parents pour informer, décomplexer et partager

Thi Nhu An, Lever le voile sur le retour au travail des mères

Thi Nhu An, Lever le voile sur le retour au travail des mères

43min |13/06/2024
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Thi Nhu An, Lever le voile sur le retour au travail des mères

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43min |13/06/2024
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Description

📣 Découvrez l'épisode avec Thi Nhu An, auteure de La Reprise aux éditions Payot ! 📣


J'ai eu l'immense plaisir de recevoir Thi Nhu An Pham, fondatrice du podcast @lareprise.podcast et auteure de "La reprise, Le tabou de la condition des femmes après le congé maternité". Ensemble, nous avons exploré un sujet crucial mais souvent ignoré : le retour au travail après une grossesse et ses impacts sur les femmes.


Contrairement aux apparences, cette période est loin d'être simple. Problèmes de garde, environnement de travail discriminatoire, tensions familiales, pression intense et fatigue extrême sont autant de défis que les femmes doivent surmonter.


Thi Nhu An a lancé "La Reprise" en 2021 après un licenciement économique survenu pendant son deuxième congé maternité, pour briser le silence autour de cette étape difficile et offrir une perspective collective et féministe.


Dans cet épisode, elle partage son expérience de mère de deux enfants et les résultats de son enquête sur les conséquences d’une reprise mal préparée après un congé maternité.

Un épisode riche en enseignements et en résilience que j’ai hâte de vous faire découvrir ! ☀️


🎧 Retrouvez cet épisode et les autres de Ma petite famille sur votre plateforme d’écoute préférée. N'oubliez pas de laisser un commentaire et de nous donner une note de 5 étoiles !




#Podcast #NouvelÉpisode #LaReprise #RetourAuTravail #ÉgalitéDesSexes #FemmesEtTravail #CongéMaternité #MaPetiteFamille #Solidarité #PostPartum #CarrièreDesMères


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fonder une famille, c'est du bonheur, des joies, des doutes et des combats qui sont propres à chacun et qui soulèvent beaucoup d'interrogations. Je suis Pauline et je suis la créatrice du podcast Ma Petite Famille. Dans ce podcast, vous écouterez des récits singuliers, authentiques et inspirants de parents qui partageront leur histoire du désir de fonder leur famille au quotidien avec leurs membres. Je vais converser avec des parents anonymes ou plus connus, que vous suivez peut-être sur les réseaux sociaux, pour vous proposer, de par ces rencontres, un maximum d'histoires enrichissantes, bienveillantes et déculpabilisantes. Vous retrouverez tous les 2e et 4e vendredis de chaque mois un nouvel épisode. Pour suivre l'actualité du podcast, des invités et de ma vie de maman, rejoignez la communauté Ma Petite Famille sur Instagram. Et si vous aimez les épisodes, je vous invite à laisser une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute privilégiée et avec un petit commentaire. Cela permet, au-delà de me faire très plaisir, de faire connaître le podcast au plus grand nombre. Je vous en remercie. Avant de vous embarquer dans ma conversation avec mon invité, je souhaitais vous faire découvrir la marque Atelier Amage. Vous cherchez un cadeau de naissance unique et pratique ? La gamme d'accessoires de pierre et culture proposée a été conçue pour le quotidien des parents. Vous serez séduit par les motifs intemporels et spécialement dessinés pour la collection. La personnalisation des pièces est faite en Bretagne. Vous êtes sûr de faire plaisir avec un cadeau unique réalisé avec amour. Rendez-vous sur atelier-amage.fr pour en savoir plus. Maintenant, place à l'épisode. Bonne écoute ! Bonjour Pinyuan, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline, avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Je suis vraiment très contente de t'avoir à mon micro parce qu'on va parler d'un sujet qui me tient à cœur parce que j'ai dévoré ton livre. Tu expliqueras dans quel contexte tu as écrit ce livre qui s'appelle La Reprise et que j'ai prêté à plusieurs amis. Est-ce que tu pourrais te présenter avant ça, dire qui tu es, d'où tu viens, de qui est composée ta famille et ce que tu fais dans la vie s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, alors je m'appelle Tin Yuan Pham, Tin Yuan étant mon prénom. Je suis d'origine vietnamienne, je suis arrivée en France en tant que réfugiée, en même temps que mes parents. C'est important dans mon parcours qu'on sache. J'ai deux enfants, deux garçons qui ont 4 et 7 ans et demi, en couple hétérosexuel, et je travaille dans la communication, en tant que salariée dans une institution publique.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as toujours voulu avoir des enfants ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai toujours voulu avoir des enfants. Je ne me suis jamais posé la question, comme ça. Je ne me suis jamais questionnée sur le délire d'enfant. Maintenant, un peu théorique, quand je vois toutes ces questions que les jeunes se posent, j'aurais adoré me les poser. Mais en fait, mon schéma familial et culturel a été que faire famille, et la notion de famille est très importante dans la culture vietnamienne, faire famille, c'est avec des enfants. Donc, je ne m'envisageais pas autrement que… entre guillemets, grandir, être adulte et avoir des enfants. Donc je ne me suis jamais questionnée. Les enfants ont toujours été dans mon optique de vie, sans aucune mise à distance de ça ou quoi que ce soit. Puis j'aime bien les enfants, oui, toujours.

  • Speaker #0

    Comment est venu ce projet bébé quand est-ce que tu as rencontré ton mari ? Tu es arrivée en France à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis arrivée en France quand j'avais 4 ans. Donc j'ai fait toute ma vie en France. J'ai grandi, j'ai fait mes études. Mais ma culture familiale vietnamienne est quand même très forte. Et j'ai rencontré mon conjoint en 2024. C'était en 2011, donc il y a 13 ans, presque 13 ans. Et on a eu notre premier enfant à Pays de l'Oise. après 5 ans. C'était un enfant désiré, on n'est pas mariés, mais tout se passait bien, on avait envie d'avoir un enfant. Sachant que j'ai eu des enfants assez, entre guillemets, tard. C'est-à-dire que mon premier enfant, j'ai eu à 36 ans, et mon deuxième à 40 ans. C'est un élément à prendre en compte, en tout cas, pour comprendre aussi la relation que j'ai au travail. C'est-à-dire qu'ils sont arrivés à un moment donné où j'avais déjà fait une bonne partie de ma carrière. Enfin, dit comme ça, c'est extrêmement bizarre quand même. En tout cas, j'avais déjà beaucoup évolué professionnellement. Je m'étais déjà trouvée professionnellement et j'étais déjà satisfaite professionnellement. S'il y avait eu mes enfants plus tôt, peut-être que j'aurais un autre rapport au travail et à la famille. En tout cas, ils sont arrivés à un moment donné où je n'avais plus la sensation de devoir prouver, trouver quelque chose, évoluer coûte pour coûte, etc. Donc, j'étais sereine vis-à-vis de mon travail et de ma position dans l'entreprise. à ce moment-là. En tout cas, je n'avais pas de questionnement particulier. Et quand est arrivé mon premier fils, la reprise du travail s'est faite de manière un peu particulière, dans la mesure où on n'avait pas de passe en crèche. On fait partie de ces nombreux... foyers, familles pour lesquelles il n'y a pas eu de place en crèche avant les plus d'un an de mon fils, puisqu'on avait déménagé entre-temps, et j'ai eu le privilège... Ça privilège que mon conjoint, de par son métier, puisse être très flexible et s'est rendu disponible et a pu se charger de la garde de mon fils à ce moment-là. J'ai eu une reprise du côté personnel et familial intime plutôt sereine dans la mesure où je savais très bien qu'il allait garder mon enfant. Et donc, je n'avais pas d'angoisse par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ce premier, vous avez eu des discussions quand même tous les deux ? Ton conjoint était, pour lui, ça ne lui posait aucun problème ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Ça n'a pas été un... C'était fluide. C'était fluide. Après, j'ai peu de souvenirs parce que j'ai eu mon deuxième enfant. Il y a eu plein de choses qui se sont passées à ce moment-là. On en reparlera, mais j'ai l'impression d'être passée dans une machine à laver. Donc, j'ai peu de souvenirs. de vraiment de ces moments-là mais non ça a été assez fluide l'arrivée de notre enfant de nos premiers a été mais un bouleversement émotionnel dans notre vie bouleversement dans tous les sens mais pas tout le monde émotionnel ou que lui comme moi avons découvert l'amour avec un grand A on était en mode comme l'émoji chat avec des yeux en forme de cœur donc c'est pas questionné je crois pas en tout cas une seule seconde et c'est mis bon Il travaille dans l'audiovisuel et intermittent, donc ça aide aussi. Il peut choisir ses missions, il peut choisir d'accepter ou pas d'accepter. Il peut choisir de se relancer à trouver, à chercher des missions ou pas. Ce n'est pas la même chose que quand on est salarié et qu'on doit prouver, enfin, qu'on a un employeur qui décide, en fait, si oui ou non, tu peux t'arrêter ou pas. Il est quand même dans un cadre professionnel qui le permettait. Et non, il n'y a pas eu de discussion particulière à ce sujet à ce moment-là. Mais comme il n'y a pas eu de discussion particulière tout court… avec l'arrivée de l'enfant. Moi, j'étais dans un schéma, en plus, où j'ai toujours travaillé beaucoup. Et comme je savais que je voulais avoir un enfant, et comme lui aussi, tout était très fluide, très naturel. On ne s'est pas poussé à questionner. On aurait dû faire plein d'autres choses. Mais voilà, on a pris des choses au fur et à mesure. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et donc, après ton petit va à la crèche, vous reprenez tous les deux... Enfin, toi, tu étais déjà en activité, mais lui aussi. Quand est-ce qu'est venue l'envie d'un second ? Toi, ta reprise s'est bien passée ?

  • Speaker #1

    Moi, ma reprise s'est globalement bien passée, oui. Après, sur le moment, ça s'est plutôt globalement bien passé. Ensuite, à posteriori, quand je repense à certaines choses, à certaines remarques qu'on a pu me faire, que j'ai pu entendre de manière générale aussi sur d'autres femmes qui reprenaient leur travail après la naissance d'un enfant, quelques mois plus tard, il y a des choses où je me suis dit Ah ! En fait, il y a des choses que je n'aurais pas dû laisser passer à ce moment-là, où il y a des choses qui finalement nourrissaient un climat qui n'était pas forcément hyper mer-friendly mais dont je n'avais pas conscience à ce moment-là, parce que j'étais dans mon truc, en pleine reprise et tout ça, et ça ne m'a pas forcément porté préjudice, mais ça ne m'a pas forcément non plus… Ce n'était pas un climat forcément super positif. Mais voilà, tout roulait, et le deuxième enfant est arrivé. 3-4 ans après, de toute façon on aimait tellement être parents, en plus j'ai eu la chance pour ma première grossesse d'avoir une grossesse vraiment idéale où tout était très bien passé globalement, que oui, il était clair qu'on allait empiler pour un deuxième et le deuxième est arrivé 3 ans et demi après, 3 ans après avec la grossesse. Là par contre c'était une autre paire de manches, ma deuxième grossesse était affreuse, j'étais hyper, enfin c'était compliqué sur plein de trucs. T'étais fatiguée ? Ouais, j'étais fatiguée, j'avais des nausées, j'ai fait des insomnies dès le tout début de la conception, j'avais des douleurs partout. C'était vraiment une grossesse très pénible, physiquement parlant. Du coup, au bout d'un moment, forcément, le physique joue sur le moral, donc c'était particulier. Et puis, c'est enchaîné plein de choses qui ont petit à petit bien miné cette expérience. de la grossesse et du postpartum immédiat, parce qu'il y a eu les grèves. Je suis tombée enceinte en 2019. En mi-2019, il y a eu les grèves de fin d'année. De fin 2019, les grosses grèves à ce moment-là. Donc, ça a compliqué un peu la chose. Et comme tout mon corps était douloureux, il n'était pas question que j'aille au boulot à pied. Donc, j'ai eu quelques remarques. C'était franchement pas bienvenu. J'ai eu le Covid, surtout, avec tout son lot de stress, d'incertitude, etc. Et puis, j'ai accroché... C'est un enfant prématuré, né deux mois avant terme, à la limite du grand préma, donc à l'appareil, tout ça au tout début du tout premier confinement, donc le confinement très dur, donc c'était en termes de stress et d'incertitude, plus plus. Puis quand il est enfin sorti de Néonat et que je commençais enfin à me dire ok, on souffle Je vais enfin pouvoir profiter de mon congé maternité. Bim ! On m'appelle pour me dire qu'en fait, il y a un licenciement économique dans la boîte et que j'en fais partie, alors que j'étais en congé maternité. Donc là, ça a été la grosse douche froide. pour ne pas dire le tsunami, terriblement violent, puisque, évidemment, à l'époque... Déjà, j'étais en projet maternité, donc le boulot, c'était très, très loin de moi. C'était le Covid, c'était le confinement, c'était mon enfant prématuré, donc j'étais vraiment la tête très, très loin de ça. Mais en plus, en plus, il n'y avait juste aucun signe avant-cours. Je faisais partie du codire de ma boîte. Il y avait deux autres collègues qui faisaient partie du codire de ma boîte. Et... aucune n'avait l'info sur les licenciements économiques. C'était un licenciement économique collectif. Ça a été d'une violence inouïe. Et quand tu es en plein postpartum, le tout frais, les premiers mois du postpartum immédiat, où tu es en vente dans tous les sens, où tu es en vrac, et très clairement, plus qu'en vrac émotionnellement, puisque j'étais passée par le Covid et... Oui, parce que j'avais eu Covid aussi, bien évidemment, pour rajouter à tout ça. Et la prématurité, c'était juste pas le bon moment. Et les maltraitances au travail, en soi, c'est déjà hyper violent. Mais alors quand tu es en postpartum immédiat, c'est mieux. ça te pulvérise. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre conscience de certaines choses, prendre conscience aussi de la vulnérabilité des femmes quand elles sont dans ce contexte-là, moi en premier lieu, mais je me suis dit moi en premier lieu, étant dans une situation privilégiée, parce que déjà, je suis en couple, je peux me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. Je pouvais me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. J'étais cadre, cadre sub, donc avec des moyens financiers qui me permettaient avec des indemnités chômage, d'être pas à la rue financièrement, même si c'est un grand stress. je me suis dit, si moi déjà, j'en suis à ce point-là de détresse, en tout cas de détresse émotionnelle, dans quel état sont les femmes qui n'ont potentiellement pas ces niveaux de rémunération et du coup éventuellement de finances de côté, qui n'ont pas quelqu'un sur lequel s'appuyer, soit parce qu'il n'y a pas de quelqu'un, parce qu'elles sont mères isolées, soit parce que tout simplement le conjoint ne peut pas prendre le relais financièrement. Quelle horreur, quelle angoisse, moi c'est déjà l'angoisse, mais pour elles, en plus… J'ai eu la chance de pouvoir, entre guillemets, faire une pause, parce que de toute façon, émotionnellement, psychologiquement, je ne pouvais pas faire autrement que de me mettre sur pause, parce que j'étais juste à ramasser la petite bille. Et comme en français, qui, fondamentalement, ne peuvent pas, et sont déjà détruites psychologiquement, et doivent reprendre coûte que coûte, retrouver un travail coûte que coûte, dans n'importe quelle condition, parce qu'il y a un loyer à payer. Enfin, vraiment, je me suis dit, mais là, il a commencé à y avoir une colère en moi. doublé d'un stress et d'une incertitude sur qu'est-ce que j'allais devenir. C'est-à-dire que j'étais dans cette boîte, je me disais, mince, mais c'est trop noir là, je ne sais plus qui je suis, c'est trop d'un coup. Et tout ça, dans cette espèce de marasme mi-colère, mi-trou noir, j'ai eu cette idée de podcast sur le sujet de la reprise, sur le sujet du retour au travail, qu'il y ait retour ou pas, mais de la question du travail. dans la vie de jeunes parents, où j'ai interrogé des mères. beaucoup, quelques pères, et surtout des experts aussi, des avocats, des psychologues, des journalistes, qui pouvaient donner un point de vue un peu plus global sur le sujet. Et je me suis très vite rendue compte au travers de mes différentes interviews, et dès les premières interviews, à quel point ce qu'on pouvait vivre, et notamment ce qu'on pouvait vivre en tant que femme à la naissance d'un enfant par rapport à son travail, pouvait être, un, éloigné de l'imaginaire collectif, deux, en fait, il n'y a pas vraiment d'imaginaire, si ce n'est que... Oui, la reprise du travail, on fait un enfant, on reprend le travail, les mères pleurent et tout le monde pense qu'on y va tout à reculons et que c'est la catastrophe dans sa vie de revenir au travail, puis c'est tout. Comme si c'était juste ça. Et en fait, j'ai bien vu en intervivant plein de mères que les réalités sont toutes très différentes. Il y en a qui veulent absolument reprendre, il y en a qui ont besoin de reprendre, il y en a qui ne veulent pas du tout reprendre, il y en a qui le font avec joie, il y en a qui font avec larmes. et puis il y en a d'autres qui disent ils vont vraiment en reculons, pas parce qu'ils n'ont pas envie de laisser leur enfant mais parce qu'en fait juste leur entreprise les maltraite, donc il y a plein de situations différentes dont on ne parle absolument pas tout ça doublé de plein d'inégalités parce que j'ai vite découvert qu'en fait la conciliation travail-famille reposait quasiment exclusivement que sur les épaules des femmes donc toutes celles qui galèrent à concilier des horaires de travail souvent pas ou peu compatibles avec des horaires de garde si tant est qu'elles aient un mode de garde c'était juste horrible. Et quand on est en plein postpartum et que le corps reste en vrac, parce qu'on ne met pas neuf mois à créer un humain... Elle va sortir de notre corps pour ensuite, en une demi-seconde, avoir un corps qui est au top de sa forme en deux jours. Non, ce n'est pas du tout ça. Quand en plus on accumule des dettes de sommeil depuis la naissance, voire depuis la grossesse, et qu'on est dans un tunnel de nuit sans sommeil, on n'est pas au top de nos formes. Quand en plus... réintégrer une entreprise, réintégrer un poste, réintégrer une ambiance de travail avec les responsabilités éventuelles ou en tout cas avec des dossiers ou même des choses à faire et reprendre une vie sociale, c'est-à-dire interagir avec des adultes et pas juste avec un bébé, ça demande une grande énergie qu'en fait on n'a pas forcément. En plus de cela, il faut continuer à faire tout ce qu'on faisait en congé maternité parce que la société est organisée de telle manière qu'aujourd'hui tout repose sur les épaules des femmes. Et donc en fait, la colère que j'avais au début liée à mon médecin-sémin, elle est devenue, mais elle a explosé parce que je me rendais compte à quel point en fait le fait qu'on ne considère pas et que la société ne s'organise pas autour du soutien à la parentalité pour faciliter le retour au travail. fait que du coup c'était l'explosion des inégalités en défaveur des femmes. Et ça m'a tellement énervée que du coup, lorsque j'ai rencontré mon éditrice par le plus pur des hasards qui m'a proposé d'écrire un livre sur le sujet. et je dis bah ouais évidemment banco je suis la seule parce qu'il n'y avait personne qui traitait ce sujet de cette période qui est complètement taboue donc personne ne parle personne ne considère comme étant un truc automatique que les gens les femmes font comme ça en claquant des doigts et puis boum boum c'est le retour à la normale c'est tout c'est enfin le retour à la normale et je dis bah ouais en fait moi après avoir interrogé autant de personnes je suis la seule à pouvoir parler de tout ça dans toutes ces dimensions en fait parce que Le fait d'avoir interrogé des femmes dans leur intimité comme des experts me permettait de voir à la fois la dimension très individuelle et très intime des challenges et des défis et des difficultés qu'on vit quand on revient au travail après la naissance d'un enfant, comme toutes les inégalités, les discriminations et les difficultés et les obstacles sociétaux que la société oppose aux femmes quand elles reviennent de la maternité. Et donc ces deux dimensions à la fois intimes et sociétales… Je me disais, il n'y a que moi qui peux le faire. Et du coup, c'est pour ça que j'écris ce livre, qui est un essai, qui n'est pas du tout la retranscription telle qu'elle du podcast. Ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment mon analyse du sujet. Une analyse vraiment très multidimensionnelle parce qu'en fait, ce sujet-là, c'est ça qui est hyper intéressant, c'est que c'est paradoxalement un sujet dont personne ne parle, comme si c'était un non-sujet et que quand tu creuses, comme il est à la croisée de l'intime et du sociétal, à la croisée de la... l'identité des femmes en tant que mère, comme l'identité des femmes en tant que professionnelle, et puis du coup, l'identité des femmes au sens large. En fait, il y a énormément de sujets derrière, il y a plein de tiroirs à tirer, et en les tirant, on voit qu'il y a plein de choses à dire, qu'il y a plein de choses à creuser, et que du coup, il y a plein de choses à mettre en place, qu'il faudrait mettre en place, qu'il n'y a pas une solution miracle, et que c'est à tous les niveaux de la société, au niveau des politiques, au niveau des professionnels, au niveau de l'entourage social des femmes, et au niveau du coparent, au coparent LIA. qu'il faut faire des choses pour mieux accompagner ces retours au travail pour qu'ils soient moins catastrophiques pour beaucoup de femmes.

  • Speaker #0

    Oui, puis dans ton livre, tu disais que c'était un essai mais c'est surtout super documenté aussi. Moi, je le conseille vivement qu'on soit salarié ou même indépendant parce que tu parles des différentes situations et pas que du salariat.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vraiment cherché mais aussi parce que j'étais dans cette réflexion-là, de me dire, est-ce que je retourne dans un salariat ? Non, j'ai absolument pas envie, je me suis fait ma traité, ça ne me donnerait pas question. Ok, mais est-ce que je me lance à mon compte ? Et comment, ni quoi, et qu'est-ce ? Et donc, du coup, et aussi, je pense que le fait d'être moi, c'est un peu con à dire, d'être à la fois femme racisée, issue de l'exil, ça me donne un regard particulier sur le sujet, à la fois, je suis clairement, je suis partie clairement de CSP+, mais... Pour autant, je suis une transfuse de classes, parce que mes parents n'étaient pas du tout, en venant en tant que réfugiés en France, ils ont été complètement déclassés, donc ils sont repartis au plus bas de l'échelle. Je ne prétends pas du tout être issue d'un milieu populaire, parce que c'est beaucoup plus complexe que ça, puisqu'ils ont été déclassés, et j'ai des codes, on a intégré ma famille à des codes bourgeois que n'ont pas certaines familles des classes populaires. Mais pour autant, j'ai cette sensibilité-là aussi, pour l'avoir vécu pendant toute mon enfance. En plus, en ayant... fait toute ma carrière en salariat, mais en me posant énormément de questions sur l'entreprenariat, et du coup pendant un an et demi, m'être questionnée sur le sujet avant d'encontrer d'autres gens, etc. En fait, j'avais un pied un peu dans tous les milieux, secteurs. Et c'est pour ça que je me disais, mais en fait je suis la seule à pouvoir, et encore, je ne suis pas porteuse de handicap, a priori je suis vraiment une femme cisgenre et hétérosexuelle, donc je n'ai pas du tout la prétention de pouvoir imaginer toutes les situations de diversité. mais j'ai à cœur de pouvoir au moins alerter sur le fait qu'il ne faut pas regarder ce sujet-là sous le seul prisme du cadre normé de la femme blanche 16P+, salariée, parce que c'est un peu le cas dans un couple hétérosexuel, c'est un peu le cadre classique, mais d'essayer d'ouvrir des portes aussi sur le cas et surtout appeler à ce qu'en fait les gens s'expriment et les gens fassent des recherches sur tous les autres cas de personnes devenues... de numères qui sont en situation de devoir se questionner sur le travail. Et effectivement, je me suis basée pas seulement sur mes ressentis, ou pas que sur mon analyse à partir des interviews que j'avais faites, mais aussi sur énormément de documentation, de recherche. Quand bien même, sachant que j'ai fait beaucoup d'extrapolations aussi, puisque des études concrètes sur le sujet spécifique de la reprise après le travail, pendant que j'écrivais mon livre, il n'y en avait pas. Ou alors, il y en avait, mais qu'ils n'étaient pas faits. dans un cadre méthodologique hyper fiable et représentatif de la population. Depuis, il y a quand même l'APEC qui a sorti une étude spécifique sur ce sujet, et ça, je les en remercie parce que ça donne vraiment des données chiffrées, factuelles. Après, c'est sur la population des femmes cadres, mais on voit déjà que dans la population des femmes cadres, c'est très compliqué. Alors, on n'imagine même pas à quel point c'est absolument complexe, voire douloureux pour les femmes non cadres.

  • Speaker #0

    Alors, après ton licenciement, Qu'est-ce que tu as choisi de faire ? Tu as quand même postulé dans des boîtes ou tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #1

    Pendant mon licenciement économique, j'ai cherché ma voie. J'ai fait des formations. J'ai pensé reconversion. J'ai cherché ma voie. Donc le podcast était un moyen... Enfin, j'ai lancé ce podcast à un moment donné où vraiment j'étais dans un trou noir et où c'était le seul truc, la seule idée qui, à un moment donné, m'a donné de l'enthousiasme et m'a redonné le sourire et a, entre guillemets, refait marcher mon cerveau. En mode... Ah bah tiens, ah bah oui j'ai des idées, j'ai des trucs et ça commence à partir etc. Et je suis très intuitive et je fais énormément confiance. à mes intuitions. Enfin confiance, je ne sais pas comment dire, mais je suis intuitive et je suis mes intuitions. Et je me suis dit, OK, si c'est le truc qui aujourd'hui me fait sourire et réactive mon cerveau en mode positif, c'est-à-dire en mode créatif, bon ben go, je vais faire mon podcast. Et puis Adyen Kupoura, je ne sais pas du tout ce que ça va donner en termes professionnels. C'était en 2021, donc il y avait quand même déjà un boom des podcasts, mais le marché n'était pas mature du tout. je ne suis pas sûre qu'il soit beaucoup plus mature aujourd'hui, mais il était quand même plus, et je m'étais dit, je ne sais pas trop. Sachant que, évidemment, tout ça, et qu'on se le dise, c'est des problèmes de riches, au sens où, évidemment, je ne suis pas riche, je ne suis pas du tout PDG de la PMH, je ne sais pas du tout ça, mais de riches au sens où, j'étais, un, au chômage, j'étais en état de chômage, et deux, j'avais surtout mon conjoint qui pouvait prendre le relais financier. Donc là où, il a beaucoup plus travaillé, il a beaucoup plus d'heures sup, etc., du coup, financièrement, ben... ils pouvaient faire la balance. Donc encore une fois, toutes celles qui m'écoutent, on est bien conscients que je suis dans une situation privilégiée où j'ai pu avoir le temps de me questionner et d'avoir le privilège de ne pas me dire absolument que je crois un taf, etc. Et à ce moment-là, je me suis dit, de toute façon, je ne voulais absolument pas revenir dans un salaire, c'était vraiment pas des rétros. comme énormément de femmes qui sont maternitées par le travail au retour de leur congé maternité. Et j'ai envisagé l'entrepreneur en me disant, c'est peut-être un point de chute. J'ai beaucoup tourné autour du pot en me disant, qu'est-ce que je fais ? J'ai lancé mon podcast. Le podcast a été vraiment thérapeutique pour moi, avant toute chose. Et puis je me dis, peut-être que si je lance mon podcast, je peux peut-être développer un truc financier, enfin le monétiser. J'ai très vite compris qu'en fait, ce n'était pas par ça que j'allais du tout vivre. Du coup, après, je me suis dit non, est-ce que j'en fais mon activité, une activité freelance à côté ? Très vite, je me suis dit non, c'est trop réducteur pour moi, je ne veux pas faire jusque du podcast. Après, je me suis dit non, mais en fait, en même temps, c'est mon sujet, mon sujet me passionne. Est-ce que je fais des choses autour de l'égalité femmes-hommes ? Est-ce que je fais des choses autour du soutien à la parentalité ? J'avais même intégré un incubateur pour pouvoir justement développer une activité autour de ce sujet-là. Et en fait, très vite, alors autant, moi j'ai de la communication, du market com, donc je sais très bien faire des claquettes, et je sais imaginer un projet, je sais le ficeler, je sais faire en sorte que les gens se disent waouh, c'est super, c'est super intéressant mais en vrai, et quand bien même, j'ai même passé, j'ai fait des pitches, je suis passée devant des jurys, tout le monde m'a dit etc., et en même temps, je n'y croyais pas. au sens où mon sujet, je le prends de manière tellement engagée militante qu'allier militantisme et business, dans ma tête, ça ne marche pas, ça ne colle pas. La mayonnaise ne prend pas, ça me crée trop de nœuds au cerveau, ça me brasse trop de questions existentielles et métaphysiques, donc j'arrive à trouver une sérénité par rapport à ça. Très concrètement, ça voulait dire que par exemple, je me dis, si je me lance, je fais des formations d'entreprise. etc. Je me dis, mais bon, qu'est-ce que je vais faire en entreprise ? Ils vont me faire venir pour des conférences, ils vont me faire venir pour un cycle d'atelier. Il y a encore un cycle, un atelier déjà, ça serait bien. OK, je vais éventuellement gagner ma vie comme ça, mais en vrai, tu n'es pas dupe. Ce n'est pas juste une action pinote à un moment donné qui va résoudre le problème. Tu vas dire quoi aux nanas qui vont être là en face de toi ? Si jamais, vas-y, calme-toi. Je ne vais pas. voilà c'était j'étais pas dupe quoi enfin j'étais là et en même temps j'ai dit bon bah ok si tu veux pas si je veux pas être trop hypocrite dans mon entreprise bah dans ces cas là t'accompagnes les femmes et là pareil je me dis bah ok bah je vais accompagner les femmes et qui va me payer si ce n'est les mêmes personnes que moi c'est des nananas SP plus qui sont pas bien dans leur travail etc mais pareil tu sais très bien que bon elles à la limite elles ont quand bien même c'est hyper douloureux pour elles elles auront les moyens de trouver des solutions qu'est-ce que tu fais de toutes les autres mais en même temps comment tu fais pour oui bon voilà toutes ces questions là j'arrivais pas du tout à les résoudre Et ce qui ne veut pas dire que ça ne se résout pas, c'est vraiment des questions individuelles et personnelles, mais moi, je ne sais pas, et je ne veux pas, et je n'arrive pas à concilier business et militantisme. Et en parallèle, la vie fait son chemin. J'ai eu différentes opportunités de poste salarié où tout d'un coup, à un moment donné, j'en avais tellement marre du podcast au sens où c'est extrêmement chronophage. Mais vraiment, vraiment, vraiment chronophage. J'en arrivais à… Je faisais tout moi-même avec des enfants qui, en plus, se couchent très tard, voire qui font très mal leur nuit pour le plus petit. Du coup, je montais la nuit fatiguée, vraiment exténuée. Donc, je n'en pouvais plus. et à un moment donné on m'a dit il y a tel poste, tu veux pas que je suis libre j'ai refait mon CV la dernière minute ah bon bah par pur des hasards le CV a accroché j'ai fait des entretiens c'est allé très loin mais j'ai pas eu le poste et tout d'un coup je me suis dit ah mais en fait j'étais hyper déçue de ne pas avoir le poste et je me suis dit ah mais en fait finalement bon allez ça fait un an que c'est passé peut-être que En plus, je le sais théoriquement, puisque j'ai l'idiot d'études sur le sujet, j'en ai discuté avec des gens, je sais théoriquement que plein de femmes se réfugient dans l'entreprenariat parce qu'elles ont été mal traitées dans le salariat. Et tout d'un coup, là, je m'étais dit, ok, mais en fait, effectivement, c'était ça. C'était exactement ce qui se passait pour moi, c'est-à-dire que je mettais ça à distance pour finalement me protéger de ça et que finalement, j'arrivais plus facilement à me projeter à nouveau dans un poste salarié que moi me projeter dans l'entreprenariat parce que je ne savais pas par quel bout le prendre. Parce que ça, voilà, c'est ce que je disais, je ne savais pas. Comment conseiller ministre en business ? Et donc petit à petit, je me suis dit, peut-être envisager le retour au salariat. Bon, j'ai dit comme ça, ça paraît très évident et très rapide, mais en fait, ça me prit des mois. Donc ça mûrise vraiment, tout en continuant à me dire, OK, entrepreneur, entrepreneur. Et puis tout en, en même temps, j'ai rencontré mon éditoriste qui m'a proposé d'écrire le livre. Et puis du coup, à partir du moment où j'ai commencé vraiment à écrire le livre, et parce que j'avais une échéance de publication, Là, en fait, du coup, je me suis plongée dedans. Et ce qui m'a forcé aussi à... Enfin, ça a accompagné le mûrissement de ma réflexion aussi sur l'entreprenariat ou salariat. Du coup, je me suis dit, OK, de toute façon, je ne vais pas... Et puis, c'est un truc tout con aussi, c'est que mes indemnités de chômage s'arrêtaient. Et donc, à un moment donné, il fallait vraiment que je prenne des décisions. Je ne pouvais plus avoir le luxe de me dire, est-ce que j'ai l'entreprenariat ou pas ? Et là, je me dis, OK, en fait, l'entreprenariat, je ne m'y vois pas. Et je veux avoir une sécurité financière dans la mesure où... Et quand bien même je ne me suis pas lancée réellement, j'étais dans cette logique d'entreprenariat, c'est-à-dire d'imaginer des choses, d'essayer de développer des choses, d'essayer de prendre des contacts, d'essayer de créer un réseau et tout ça, plus le podcast, plus c'est l'idée de faire du personnel branding à la con. Et en fait, ça me prenait un temps monstrueux. Et ce temps monstrueux, en fait, c'était tout le temps, matin, midi et soir, week-end, en vacances. Donc en fait, je n'étais jamais vraiment avec ni mes enfants, ni avec moi-même. Et c'était hyper douloureux parce que je trouvais que ça n'allait pas aussi vite que je voulais. ce n'était pas aussi satisfaisant que je voulais. Et en plus, surtout, ça ne sonnait pas sonnant et trébuchant comme je voulais ou comme il aurait fallu. Et donc, je me suis dit, en fait, je retournais à ce confort du salariat où, effectivement...

  • Speaker #0

    je peux enlever ma casquette de professionnel le soir, je peux enlever ma casquette de professionnel le week-end et que j'ai droit aussi à pouvoir déconnecter. Et en fait, toute cette phase-là m'a permis de mûrir, de dire en fait, pourquoi l'entreprenariat, pourquoi l'entreprenariat ? Ok, c'est bon, je pense que j'ai exorcisé mon malade vis-à-vis du salariat, j'ai commencé à le mettre de côté et puis à vouloir aussi retourner à ce confort, en fait, ce confort de pouvoir tout simplement aussi vivre autrement, en réfléchissant constamment à qu'est-ce que je dois faire pour essayer de développer mon activité. Et puis tout le temps, moi, je ne sais pas, en fait, m'arrêter. Il y a des gens qui, peut-être, arrivent très bien, sûrement, et moi, je n'y arrivais pas. Et ça me consommait trop, et ça me bouffait trop, d'autant plus qu'en parallèle, les sujets que je porte me bouffent en soi. Parce que ça nourrit une colère contre la société, ça nourrit plein de choses et tout. Donc, c'était trop. Mon cerveau était constamment en surchauffe. Je n'en pouvais plus, en fait, et j'avais besoin de déconner. D'où le retour au salariat.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien que tu en parles parce que je pense qu'aujourd'hui, alors est-ce que c'est... C'est la société qui fait aussi, avec le Covid, que beaucoup de gens se sont mis en auto-entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a ça. Puis tu as le côté start-up nation, c'est tellement glamourisé tout ça. Et puis tu as ce côté de l'accès aux réseaux sociaux, et puis tous ceux qui se mettent en scène sur les réseaux sociaux parce qu'ils doivent pouvoir en vivre. Tu as cette impression de facilité qui est fausse. Puis cette impression, mais c'est comme pour la parentalité, ce miroir déformant des réseaux sociaux qui donne l'impression que... et que c'est facile ou que c'est pas tu vois pas tous les à côté tu vois pas le up and down des entrepreneurs etc puisque eux doivent se mettre en avant et doivent valoriser le fait qu'ils sont bons etc sinon ils attirent pas de clients donc ouais c'est le meilleur très déformant des réseaux sociaux qui en fait t'empêche de réellement réfléchir à des envies profondes

  • Speaker #1

    Exactement, et c'est pour ça que c'est bien que tu parles parce que je pense que des mamans, des papas qui se posent la question, il faut voir qu'il y a quand même une charge mentale.

  • Speaker #0

    qui est importante qui est énorme et quand t'as des enfants en bas âge faut s'accrocher pour tenir les cas qu'on voit sur les réseaux sociaux qui réussissent alors faut savoir comment elles réussissent comment elles sont moi j'ai pas de relais par exemple on a pas de relais pour la garde des enfants donc c'était toujours tout pour notre femme donc c'est lourd à un moment donné et quand en plus t'es à ton compte tu dis bah non je vais pas en plus embaucher des babysitters etc c'est quand même un peu fort de café déjà je suis pas d'argent quand en plus je les dépense à j'ai des babysitters pour commencer mais c'est l'enfer en fait et quand t'es parent de jeunes enfants ça veut dire que du coup t'es la barrière d'ajustement de tous les aléas systématiquement mais glazias ou pas aléas t'es forcément celle, la personne qui passe qu'elle travaille à la maison ou en tout cas n'a pas d'employeur ou n'a pas de mission fixe ou n'a pas de voilà c'est elle qui va attendre j'ai une connerie mais le livret d'artis entre 8h et midi parce que c'est le passage du livreur. C'est elle qui systématiquement va récupérer les enfants à 4h30 quand l'école se finit, ou voire plus tôt. Ou c'est elle qui se dit Ah bon, c'est pas bon la cantine, peut-être que je vais les amener. Et petit à petit, en fait, tu as ta vie grignotée par tout et n'importe quoi. Et c'est ça aussi que je n'arrête du tout, du tout à assumer, c'est d'être… être en charge de tout tout le temps et je n'en pouvais plus quand tu interroges les entrepreneurs leur projet d'entreprise c'est leur bébé déjà tu as des bébés humains plus un bébé professionnel à faire grandir mais c'est trop moi c'était trop, ça me bouffait trop tout ça plus en plus le côté engagé de mes sujets j'étais non-stop les deux dollars à prise j'en pouvais plus quoi et aujourd'hui là,

  • Speaker #1

    tu as repris une activité salariée depuis quelques mois ?

  • Speaker #0

    depuis un an ?

  • Speaker #1

    Depuis que tu as arrêté les épisodes du podcast ?

  • Speaker #0

    Oui, même un peu plus. En fait, à un moment donné, quand il a vraiment fallu écrire, je n'avais plus le choix, sinon je vais vraiment être grave à l'arrache pour le rendu de mon manuscrit, parce que j'étais attachée par mon contrat à une date de publication. Je ne pouvais plus reculer. De toute façon, il fallait que je me concentre sur l'écriture, donc je ne pouvais plus gérer l'écriture et le podcast en même temps. pour des raisons simplement organisationnelles, d'autant plus qu'à ce moment-là, j'avais vraiment décidé de retrouver un poste en salariat. Donc, ça veut dire qu'en j'écrivais en même temps que je postulais. Donc déjà, en soi, ça faisait beaucoup et donc il n'y avait plus de bande passante du tout pour le podcast. Et aussi parce que pour pouvoir écrire pour le livre, je ne saurais pas comment expliquer les différences et j'avais besoin de décrocher du podcast parce que le podcast amène une réflexion, un type de réflexion. qui est complètement différente de la réflexion que j'utilise. que tu dois porter pour écrire un livre. Et donc du coup, en fait, j'étais trop… Je ne pouvais pas faire les deux types de réflexions à la fois, c'était trop demandant. Donc, je n'avais pas d'autre choix, il fallait que je rentre chez Mianeski, donc il fallait que j'écrive. Donc, je me suis mise à écrire et à chercher du boulot en même temps. Et au moment où j'ai fini d'écrire le livre, enfin à peine j'ai fini d'écrire le livre, j'ai commencé mon nouveau poste. Donc forcément, et puis qui dit nouveau poste, dit reprise, dit nouvelle boîte, nouveau poste, nouveau tout machin, forcément tu as un temps que je ne vais pas te raconter parce que c'est le temps de la reprise, mais quand bien même c'est pas tout de suite après la naissance de mon enfant, c'était extrêmement chronophage. et j'assurais le lancement de la promo du livre en même temps aucune bande passante pour quoi que ce soit d'autre le podcast est malheureusement complètement moribond alors j'ai des épisodes en soute mais que j'ai pas à monter, j'ai pas le temps j'aimerais bien pouvoir le reprendre mais pour l'instant j'ai pas de bande passante

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu souhaiterais transmettre comme valeur à tes enfants ? Tu as deux garçons, moi j'en ai trois.

  • Speaker #0

    Déjà, il y a une valeur, la première valeur, c'est la valeur famille chez nous, que ce soit du côté de mon conjoint comme de mon côté. La famille est très importante, au cœur de tout, avec les notions d'entraide et de solidarité qui sont intrinsèques à notre culture familiale. Ça, je pense qu'ils le ressentent bien, parce que de toute façon, on est toujours ensemble. et qu'on est très proche de nos familles respectives. Ensuite, le valeur que tout le monde a de respect de l'autre, de respect de la différence, de respect des singularités des autres, etc. bien sûr, mais aussi du sens collectif que j'ai toujours eu moi. J'aimerais bien qu'ils aient des valeurs féministes. Évidemment, je vais tout faire pour. Ensuite, je ne suis pas dupe, l'éducation des enfants ne sont pas du seul appanage les parents, puisqu'il y a toute une société autour, il y a l'école, il y a les amis, il y a tout ça, qu'ils aient conscience de leurs privilèges en tant qu'hommes, enfin, en tout cas, futurement, en tant que garçons, qu'ils aient conscience de la manière dont, dès la petite enfance, déjà, les chances ne sont pas les mêmes et les féministes, au sens large, les femmes, les féministes intersectionnelles, ils ont conscience de leurs privilèges aussi en tant qu'enfants de bobos, quoi. et qui puissent s'en servir pour à la fois bien décrypter les différentes forces en œuvre et qui les mettent aussi à profit pour permettre que les chances soient égales pour leurs copains et copines qui n'ont pas les mêmes chances.

  • Speaker #1

    Et peut-être une dernière question. Comment tu vas continuer la lutte entre guillemets pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes en entreprise ? Tu as des actus ou non ?

  • Speaker #0

    Alors des actus d'action, enfin en tant que tel, non pas particulièrement, mais ce que je fais, c'est que du coup, déjà faire la promotion de mon livre, c'est une action en soi. Ce n'est pas faire la promotion de mon livre pour faire la promotion de mon livre. L'idée n'est pas de vendre mon livre parce que je vais faire fortune avec. Ce n'est pas du tout ça. Si on faisait fortune quand on écrit un livre, ça serait. En tout cas, sachez qu'on ne fait pas fortune quand on écrit un livre du tout. Sauf si on s'appelle Guillaume Musso, mais je ne m'appelle pas Guillaume Musso. Mais ce n'est pas du tout ça. Mais en revanche, le fait que plus mon livre est connu ou en tout cas médiatisé, je réponds à toutes les demandes de journalistes, ça prend du temps. C'est une manière pour moi de faire lumière sur ce sujet-là. Et donc faire la promotion de mon livre, c'est faire en sorte que les gens s'emparent du sujet, que les gens le lisent, pas pour ma pomme, je m'en contrefous de ma pomme, mais vraiment pour que les gens prennent conscience de l'importance de ce sujet-là, à quel point c'est crucial. dans l'évolution des femmes, dans la classe des femmes dans la société, dans le monde professionnel. Et aussi, je suis très proche des milieux féministes et parentalité. Je ne suis pas encartée dans quoi que ce soit, mais je travaille, j'œuvre aussi. Quand il y a des rendez-vous, quand il y a des choses, je manifeste quand je peux manifester. Je le fais à petite échelle, par choix. C'est très difficile quand tu es mère de jeunes enfants de trouver du temps. dans ta vie pour donner d'avis à tes engagements, d'avis concrets. Je ne me flageais pas non plus là-dessus, mais je fais ce que je peux et aussi ce qui va à ma santé mentale. C'est-à-dire qu'à un moment donné, toute cette colère militante était trop forte, trop présente, pour que sciemment, je puisse l'entretenir à long terme. C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix du salariat, pour pouvoir mettre ça à distance aussi, parce que ça me consumait trop. C'était trop en colère tout le temps, aussi dans ma vie personnelle, forcément c'est un impact, mais c'était bon ni pour ma santé mentale ni pour ma santé familiale, on va dire. Donc j'avais besoin aussi de mettre ça à distance, mais ce qui ne veut pas dire que je ne fais pas mon niveau.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux redonner le titre de ton livre et où est-ce qu'on peut le trouver ?

  • Speaker #0

    Le titre du livre, c'est La reprise, le tabou de la condition des femmes après le congé maternité aux éditions Payot, que vous pouvez trouver dans n'importe quelle librairie, et en particulier auprès de votre librairie de quartier, votre librairie indépendante, que vous pouvez aussi retrouver sur toutes les plateformes de vente de livres, que je ne citerai pas, le grand distributeur que tout le monde connaît, qui commence par un F et qui finit par un C. comme des plus grands distributeurs qui commencent par un A, mais qu'on va essayer d'éviter parce que ce n'est pas très terrible. On attend deux jours pour le recevoir. Voilà. Si vous ne le trouvez pas chez votre libraire, vous pouvez tout à fait le commander. Tous les libraires font ça. Et sinon, en fait, sur mon compte Instagram, donc laroprise.podcast, j'ai mis les liens vers soit la plateforme des libraires indépendants, pour pouvoir le retrouver ou l'identifier près de chez vous. soit quand même un distributeur français qui commence par un F et qui finit par un C

  • Speaker #1

    Merci en tout cas je ne peux que le conseiller ce livre parce que moi je l'ai dévoré je crois en deux soirées, en fait ça m'a tellement parlé aussi il faut dire, voilà je pense que je suis dans une période où ça me parlait tellement que quand j'ai su que tu le sortais j'ai acheté direct et puis les études sont tellement flagrantes que je comprends ton... voilà cette colère qu'il y a en nous parce que c'est et encore moi je suis dans ta condition actuellement donc vraiment pas mère isolée avec un bon niveau de salaire j'ai pas à me plaindre donc comme t'as dit dans le podcast on est quand même assez privilégiés. C'est peut-être à nous aussi de se battre pour les autres. Mais donc, ça m'a fait vraiment plaisir que tu acceptes mon invitation et que tu puisses échanger et libérer la parole sur cette reprise ou ces reprises, parce que moi, j'en ai vécu trois, complètement différentes aussi. Mais en effet, c'est très, très important d'en parler.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. Et j'ajouterais qu'en t'écoutant, le fait que ce livre circule et qu'il soit connu, encore une fois, ce n'est pas pour moi, mais c'est au-delà de la prise de conscience collective et sociétale et des changements qui doivent être opérés, c'est aussi pour permettre aux femmes de se sentir moins coupables, de se sentir légitimes dans leurs difficultés et légitimes dans leurs ressentis parce qu'aujourd'hui, c'est horrible à dire, mais on nous laisse tellement nous démerder toutes seules, surtout quand on reprend le travail, c'est comme si, ben voilà, tu as voulu des enfants, tu assumes, c'est horrible. de phrases assassines qu'on entend qu'on peut même voir sur les réseaux sociaux sous des commentaires de post. Rien n'est fait pour nous aider ou au contraire tout est fait pour qu'on aille droit dans le mur. Donc c'est normal de se sentir épuisé, c'est normal de se sentir complètement noyé partout parce qu'en fait, tout repose sur nos seules épaules et c'est juste pas normal parce qu'un enfant ça se fait à deux ou un enfant ça se fait en société. Tout le monde nous pousse, la société nous pousse à avoir des enfants et ensuite nous laisse démerder. comme des grandes, mais peu importe qu'on soit grande ou pas, on s'en fout. C'est juste irréaliste de penser que tout peut reposer que sur nos épaules. Dans une société, en plus, où l'individualisme nous a tellement poussés à vivre loin de tout le monde, de nos relais familiaux ou d'être coupés de solidarité, même sociale, du voisinage, que du coup, ce n'est pas réaliste de penser qu'on peut qu'on doit tout gérer tout seul.

  • Speaker #1

    Merci. Beau mot de la fin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Pauline.

  • Speaker #2

    Si vous entendez ce message, c'est que vous avez écouté l'épisode jusqu'au bout. Et je vous en remercie grandement. Je vous invite à me laisser un commentaire pour continuer les échanges et à mettre la note de 5 étoiles si l'épisode vous a plu. Cela contribue à augmenter la visibilité du podcast sur les plateformes. Merci beaucoup de votre soutien et à bientôt pour le prochain épisode.

Description

📣 Découvrez l'épisode avec Thi Nhu An, auteure de La Reprise aux éditions Payot ! 📣


J'ai eu l'immense plaisir de recevoir Thi Nhu An Pham, fondatrice du podcast @lareprise.podcast et auteure de "La reprise, Le tabou de la condition des femmes après le congé maternité". Ensemble, nous avons exploré un sujet crucial mais souvent ignoré : le retour au travail après une grossesse et ses impacts sur les femmes.


Contrairement aux apparences, cette période est loin d'être simple. Problèmes de garde, environnement de travail discriminatoire, tensions familiales, pression intense et fatigue extrême sont autant de défis que les femmes doivent surmonter.


Thi Nhu An a lancé "La Reprise" en 2021 après un licenciement économique survenu pendant son deuxième congé maternité, pour briser le silence autour de cette étape difficile et offrir une perspective collective et féministe.


Dans cet épisode, elle partage son expérience de mère de deux enfants et les résultats de son enquête sur les conséquences d’une reprise mal préparée après un congé maternité.

Un épisode riche en enseignements et en résilience que j’ai hâte de vous faire découvrir ! ☀️


🎧 Retrouvez cet épisode et les autres de Ma petite famille sur votre plateforme d’écoute préférée. N'oubliez pas de laisser un commentaire et de nous donner une note de 5 étoiles !




#Podcast #NouvelÉpisode #LaReprise #RetourAuTravail #ÉgalitéDesSexes #FemmesEtTravail #CongéMaternité #MaPetiteFamille #Solidarité #PostPartum #CarrièreDesMères


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fonder une famille, c'est du bonheur, des joies, des doutes et des combats qui sont propres à chacun et qui soulèvent beaucoup d'interrogations. Je suis Pauline et je suis la créatrice du podcast Ma Petite Famille. Dans ce podcast, vous écouterez des récits singuliers, authentiques et inspirants de parents qui partageront leur histoire du désir de fonder leur famille au quotidien avec leurs membres. Je vais converser avec des parents anonymes ou plus connus, que vous suivez peut-être sur les réseaux sociaux, pour vous proposer, de par ces rencontres, un maximum d'histoires enrichissantes, bienveillantes et déculpabilisantes. Vous retrouverez tous les 2e et 4e vendredis de chaque mois un nouvel épisode. Pour suivre l'actualité du podcast, des invités et de ma vie de maman, rejoignez la communauté Ma Petite Famille sur Instagram. Et si vous aimez les épisodes, je vous invite à laisser une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute privilégiée et avec un petit commentaire. Cela permet, au-delà de me faire très plaisir, de faire connaître le podcast au plus grand nombre. Je vous en remercie. Avant de vous embarquer dans ma conversation avec mon invité, je souhaitais vous faire découvrir la marque Atelier Amage. Vous cherchez un cadeau de naissance unique et pratique ? La gamme d'accessoires de pierre et culture proposée a été conçue pour le quotidien des parents. Vous serez séduit par les motifs intemporels et spécialement dessinés pour la collection. La personnalisation des pièces est faite en Bretagne. Vous êtes sûr de faire plaisir avec un cadeau unique réalisé avec amour. Rendez-vous sur atelier-amage.fr pour en savoir plus. Maintenant, place à l'épisode. Bonne écoute ! Bonjour Pinyuan, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline, avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Je suis vraiment très contente de t'avoir à mon micro parce qu'on va parler d'un sujet qui me tient à cœur parce que j'ai dévoré ton livre. Tu expliqueras dans quel contexte tu as écrit ce livre qui s'appelle La Reprise et que j'ai prêté à plusieurs amis. Est-ce que tu pourrais te présenter avant ça, dire qui tu es, d'où tu viens, de qui est composée ta famille et ce que tu fais dans la vie s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, alors je m'appelle Tin Yuan Pham, Tin Yuan étant mon prénom. Je suis d'origine vietnamienne, je suis arrivée en France en tant que réfugiée, en même temps que mes parents. C'est important dans mon parcours qu'on sache. J'ai deux enfants, deux garçons qui ont 4 et 7 ans et demi, en couple hétérosexuel, et je travaille dans la communication, en tant que salariée dans une institution publique.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as toujours voulu avoir des enfants ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai toujours voulu avoir des enfants. Je ne me suis jamais posé la question, comme ça. Je ne me suis jamais questionnée sur le délire d'enfant. Maintenant, un peu théorique, quand je vois toutes ces questions que les jeunes se posent, j'aurais adoré me les poser. Mais en fait, mon schéma familial et culturel a été que faire famille, et la notion de famille est très importante dans la culture vietnamienne, faire famille, c'est avec des enfants. Donc, je ne m'envisageais pas autrement que… entre guillemets, grandir, être adulte et avoir des enfants. Donc je ne me suis jamais questionnée. Les enfants ont toujours été dans mon optique de vie, sans aucune mise à distance de ça ou quoi que ce soit. Puis j'aime bien les enfants, oui, toujours.

  • Speaker #0

    Comment est venu ce projet bébé quand est-ce que tu as rencontré ton mari ? Tu es arrivée en France à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis arrivée en France quand j'avais 4 ans. Donc j'ai fait toute ma vie en France. J'ai grandi, j'ai fait mes études. Mais ma culture familiale vietnamienne est quand même très forte. Et j'ai rencontré mon conjoint en 2024. C'était en 2011, donc il y a 13 ans, presque 13 ans. Et on a eu notre premier enfant à Pays de l'Oise. après 5 ans. C'était un enfant désiré, on n'est pas mariés, mais tout se passait bien, on avait envie d'avoir un enfant. Sachant que j'ai eu des enfants assez, entre guillemets, tard. C'est-à-dire que mon premier enfant, j'ai eu à 36 ans, et mon deuxième à 40 ans. C'est un élément à prendre en compte, en tout cas, pour comprendre aussi la relation que j'ai au travail. C'est-à-dire qu'ils sont arrivés à un moment donné où j'avais déjà fait une bonne partie de ma carrière. Enfin, dit comme ça, c'est extrêmement bizarre quand même. En tout cas, j'avais déjà beaucoup évolué professionnellement. Je m'étais déjà trouvée professionnellement et j'étais déjà satisfaite professionnellement. S'il y avait eu mes enfants plus tôt, peut-être que j'aurais un autre rapport au travail et à la famille. En tout cas, ils sont arrivés à un moment donné où je n'avais plus la sensation de devoir prouver, trouver quelque chose, évoluer coûte pour coûte, etc. Donc, j'étais sereine vis-à-vis de mon travail et de ma position dans l'entreprise. à ce moment-là. En tout cas, je n'avais pas de questionnement particulier. Et quand est arrivé mon premier fils, la reprise du travail s'est faite de manière un peu particulière, dans la mesure où on n'avait pas de passe en crèche. On fait partie de ces nombreux... foyers, familles pour lesquelles il n'y a pas eu de place en crèche avant les plus d'un an de mon fils, puisqu'on avait déménagé entre-temps, et j'ai eu le privilège... Ça privilège que mon conjoint, de par son métier, puisse être très flexible et s'est rendu disponible et a pu se charger de la garde de mon fils à ce moment-là. J'ai eu une reprise du côté personnel et familial intime plutôt sereine dans la mesure où je savais très bien qu'il allait garder mon enfant. Et donc, je n'avais pas d'angoisse par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ce premier, vous avez eu des discussions quand même tous les deux ? Ton conjoint était, pour lui, ça ne lui posait aucun problème ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Ça n'a pas été un... C'était fluide. C'était fluide. Après, j'ai peu de souvenirs parce que j'ai eu mon deuxième enfant. Il y a eu plein de choses qui se sont passées à ce moment-là. On en reparlera, mais j'ai l'impression d'être passée dans une machine à laver. Donc, j'ai peu de souvenirs. de vraiment de ces moments-là mais non ça a été assez fluide l'arrivée de notre enfant de nos premiers a été mais un bouleversement émotionnel dans notre vie bouleversement dans tous les sens mais pas tout le monde émotionnel ou que lui comme moi avons découvert l'amour avec un grand A on était en mode comme l'émoji chat avec des yeux en forme de cœur donc c'est pas questionné je crois pas en tout cas une seule seconde et c'est mis bon Il travaille dans l'audiovisuel et intermittent, donc ça aide aussi. Il peut choisir ses missions, il peut choisir d'accepter ou pas d'accepter. Il peut choisir de se relancer à trouver, à chercher des missions ou pas. Ce n'est pas la même chose que quand on est salarié et qu'on doit prouver, enfin, qu'on a un employeur qui décide, en fait, si oui ou non, tu peux t'arrêter ou pas. Il est quand même dans un cadre professionnel qui le permettait. Et non, il n'y a pas eu de discussion particulière à ce sujet à ce moment-là. Mais comme il n'y a pas eu de discussion particulière tout court… avec l'arrivée de l'enfant. Moi, j'étais dans un schéma, en plus, où j'ai toujours travaillé beaucoup. Et comme je savais que je voulais avoir un enfant, et comme lui aussi, tout était très fluide, très naturel. On ne s'est pas poussé à questionner. On aurait dû faire plein d'autres choses. Mais voilà, on a pris des choses au fur et à mesure. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et donc, après ton petit va à la crèche, vous reprenez tous les deux... Enfin, toi, tu étais déjà en activité, mais lui aussi. Quand est-ce qu'est venue l'envie d'un second ? Toi, ta reprise s'est bien passée ?

  • Speaker #1

    Moi, ma reprise s'est globalement bien passée, oui. Après, sur le moment, ça s'est plutôt globalement bien passé. Ensuite, à posteriori, quand je repense à certaines choses, à certaines remarques qu'on a pu me faire, que j'ai pu entendre de manière générale aussi sur d'autres femmes qui reprenaient leur travail après la naissance d'un enfant, quelques mois plus tard, il y a des choses où je me suis dit Ah ! En fait, il y a des choses que je n'aurais pas dû laisser passer à ce moment-là, où il y a des choses qui finalement nourrissaient un climat qui n'était pas forcément hyper mer-friendly mais dont je n'avais pas conscience à ce moment-là, parce que j'étais dans mon truc, en pleine reprise et tout ça, et ça ne m'a pas forcément porté préjudice, mais ça ne m'a pas forcément non plus… Ce n'était pas un climat forcément super positif. Mais voilà, tout roulait, et le deuxième enfant est arrivé. 3-4 ans après, de toute façon on aimait tellement être parents, en plus j'ai eu la chance pour ma première grossesse d'avoir une grossesse vraiment idéale où tout était très bien passé globalement, que oui, il était clair qu'on allait empiler pour un deuxième et le deuxième est arrivé 3 ans et demi après, 3 ans après avec la grossesse. Là par contre c'était une autre paire de manches, ma deuxième grossesse était affreuse, j'étais hyper, enfin c'était compliqué sur plein de trucs. T'étais fatiguée ? Ouais, j'étais fatiguée, j'avais des nausées, j'ai fait des insomnies dès le tout début de la conception, j'avais des douleurs partout. C'était vraiment une grossesse très pénible, physiquement parlant. Du coup, au bout d'un moment, forcément, le physique joue sur le moral, donc c'était particulier. Et puis, c'est enchaîné plein de choses qui ont petit à petit bien miné cette expérience. de la grossesse et du postpartum immédiat, parce qu'il y a eu les grèves. Je suis tombée enceinte en 2019. En mi-2019, il y a eu les grèves de fin d'année. De fin 2019, les grosses grèves à ce moment-là. Donc, ça a compliqué un peu la chose. Et comme tout mon corps était douloureux, il n'était pas question que j'aille au boulot à pied. Donc, j'ai eu quelques remarques. C'était franchement pas bienvenu. J'ai eu le Covid, surtout, avec tout son lot de stress, d'incertitude, etc. Et puis, j'ai accroché... C'est un enfant prématuré, né deux mois avant terme, à la limite du grand préma, donc à l'appareil, tout ça au tout début du tout premier confinement, donc le confinement très dur, donc c'était en termes de stress et d'incertitude, plus plus. Puis quand il est enfin sorti de Néonat et que je commençais enfin à me dire ok, on souffle Je vais enfin pouvoir profiter de mon congé maternité. Bim ! On m'appelle pour me dire qu'en fait, il y a un licenciement économique dans la boîte et que j'en fais partie, alors que j'étais en congé maternité. Donc là, ça a été la grosse douche froide. pour ne pas dire le tsunami, terriblement violent, puisque, évidemment, à l'époque... Déjà, j'étais en projet maternité, donc le boulot, c'était très, très loin de moi. C'était le Covid, c'était le confinement, c'était mon enfant prématuré, donc j'étais vraiment la tête très, très loin de ça. Mais en plus, en plus, il n'y avait juste aucun signe avant-cours. Je faisais partie du codire de ma boîte. Il y avait deux autres collègues qui faisaient partie du codire de ma boîte. Et... aucune n'avait l'info sur les licenciements économiques. C'était un licenciement économique collectif. Ça a été d'une violence inouïe. Et quand tu es en plein postpartum, le tout frais, les premiers mois du postpartum immédiat, où tu es en vente dans tous les sens, où tu es en vrac, et très clairement, plus qu'en vrac émotionnellement, puisque j'étais passée par le Covid et... Oui, parce que j'avais eu Covid aussi, bien évidemment, pour rajouter à tout ça. Et la prématurité, c'était juste pas le bon moment. Et les maltraitances au travail, en soi, c'est déjà hyper violent. Mais alors quand tu es en postpartum immédiat, c'est mieux. ça te pulvérise. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre conscience de certaines choses, prendre conscience aussi de la vulnérabilité des femmes quand elles sont dans ce contexte-là, moi en premier lieu, mais je me suis dit moi en premier lieu, étant dans une situation privilégiée, parce que déjà, je suis en couple, je peux me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. Je pouvais me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. J'étais cadre, cadre sub, donc avec des moyens financiers qui me permettaient avec des indemnités chômage, d'être pas à la rue financièrement, même si c'est un grand stress. je me suis dit, si moi déjà, j'en suis à ce point-là de détresse, en tout cas de détresse émotionnelle, dans quel état sont les femmes qui n'ont potentiellement pas ces niveaux de rémunération et du coup éventuellement de finances de côté, qui n'ont pas quelqu'un sur lequel s'appuyer, soit parce qu'il n'y a pas de quelqu'un, parce qu'elles sont mères isolées, soit parce que tout simplement le conjoint ne peut pas prendre le relais financièrement. Quelle horreur, quelle angoisse, moi c'est déjà l'angoisse, mais pour elles, en plus… J'ai eu la chance de pouvoir, entre guillemets, faire une pause, parce que de toute façon, émotionnellement, psychologiquement, je ne pouvais pas faire autrement que de me mettre sur pause, parce que j'étais juste à ramasser la petite bille. Et comme en français, qui, fondamentalement, ne peuvent pas, et sont déjà détruites psychologiquement, et doivent reprendre coûte que coûte, retrouver un travail coûte que coûte, dans n'importe quelle condition, parce qu'il y a un loyer à payer. Enfin, vraiment, je me suis dit, mais là, il a commencé à y avoir une colère en moi. doublé d'un stress et d'une incertitude sur qu'est-ce que j'allais devenir. C'est-à-dire que j'étais dans cette boîte, je me disais, mince, mais c'est trop noir là, je ne sais plus qui je suis, c'est trop d'un coup. Et tout ça, dans cette espèce de marasme mi-colère, mi-trou noir, j'ai eu cette idée de podcast sur le sujet de la reprise, sur le sujet du retour au travail, qu'il y ait retour ou pas, mais de la question du travail. dans la vie de jeunes parents, où j'ai interrogé des mères. beaucoup, quelques pères, et surtout des experts aussi, des avocats, des psychologues, des journalistes, qui pouvaient donner un point de vue un peu plus global sur le sujet. Et je me suis très vite rendue compte au travers de mes différentes interviews, et dès les premières interviews, à quel point ce qu'on pouvait vivre, et notamment ce qu'on pouvait vivre en tant que femme à la naissance d'un enfant par rapport à son travail, pouvait être, un, éloigné de l'imaginaire collectif, deux, en fait, il n'y a pas vraiment d'imaginaire, si ce n'est que... Oui, la reprise du travail, on fait un enfant, on reprend le travail, les mères pleurent et tout le monde pense qu'on y va tout à reculons et que c'est la catastrophe dans sa vie de revenir au travail, puis c'est tout. Comme si c'était juste ça. Et en fait, j'ai bien vu en intervivant plein de mères que les réalités sont toutes très différentes. Il y en a qui veulent absolument reprendre, il y en a qui ont besoin de reprendre, il y en a qui ne veulent pas du tout reprendre, il y en a qui le font avec joie, il y en a qui font avec larmes. et puis il y en a d'autres qui disent ils vont vraiment en reculons, pas parce qu'ils n'ont pas envie de laisser leur enfant mais parce qu'en fait juste leur entreprise les maltraite, donc il y a plein de situations différentes dont on ne parle absolument pas tout ça doublé de plein d'inégalités parce que j'ai vite découvert qu'en fait la conciliation travail-famille reposait quasiment exclusivement que sur les épaules des femmes donc toutes celles qui galèrent à concilier des horaires de travail souvent pas ou peu compatibles avec des horaires de garde si tant est qu'elles aient un mode de garde c'était juste horrible. Et quand on est en plein postpartum et que le corps reste en vrac, parce qu'on ne met pas neuf mois à créer un humain... Elle va sortir de notre corps pour ensuite, en une demi-seconde, avoir un corps qui est au top de sa forme en deux jours. Non, ce n'est pas du tout ça. Quand en plus on accumule des dettes de sommeil depuis la naissance, voire depuis la grossesse, et qu'on est dans un tunnel de nuit sans sommeil, on n'est pas au top de nos formes. Quand en plus... réintégrer une entreprise, réintégrer un poste, réintégrer une ambiance de travail avec les responsabilités éventuelles ou en tout cas avec des dossiers ou même des choses à faire et reprendre une vie sociale, c'est-à-dire interagir avec des adultes et pas juste avec un bébé, ça demande une grande énergie qu'en fait on n'a pas forcément. En plus de cela, il faut continuer à faire tout ce qu'on faisait en congé maternité parce que la société est organisée de telle manière qu'aujourd'hui tout repose sur les épaules des femmes. Et donc en fait, la colère que j'avais au début liée à mon médecin-sémin, elle est devenue, mais elle a explosé parce que je me rendais compte à quel point en fait le fait qu'on ne considère pas et que la société ne s'organise pas autour du soutien à la parentalité pour faciliter le retour au travail. fait que du coup c'était l'explosion des inégalités en défaveur des femmes. Et ça m'a tellement énervée que du coup, lorsque j'ai rencontré mon éditrice par le plus pur des hasards qui m'a proposé d'écrire un livre sur le sujet. et je dis bah ouais évidemment banco je suis la seule parce qu'il n'y avait personne qui traitait ce sujet de cette période qui est complètement taboue donc personne ne parle personne ne considère comme étant un truc automatique que les gens les femmes font comme ça en claquant des doigts et puis boum boum c'est le retour à la normale c'est tout c'est enfin le retour à la normale et je dis bah ouais en fait moi après avoir interrogé autant de personnes je suis la seule à pouvoir parler de tout ça dans toutes ces dimensions en fait parce que Le fait d'avoir interrogé des femmes dans leur intimité comme des experts me permettait de voir à la fois la dimension très individuelle et très intime des challenges et des défis et des difficultés qu'on vit quand on revient au travail après la naissance d'un enfant, comme toutes les inégalités, les discriminations et les difficultés et les obstacles sociétaux que la société oppose aux femmes quand elles reviennent de la maternité. Et donc ces deux dimensions à la fois intimes et sociétales… Je me disais, il n'y a que moi qui peux le faire. Et du coup, c'est pour ça que j'écris ce livre, qui est un essai, qui n'est pas du tout la retranscription telle qu'elle du podcast. Ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment mon analyse du sujet. Une analyse vraiment très multidimensionnelle parce qu'en fait, ce sujet-là, c'est ça qui est hyper intéressant, c'est que c'est paradoxalement un sujet dont personne ne parle, comme si c'était un non-sujet et que quand tu creuses, comme il est à la croisée de l'intime et du sociétal, à la croisée de la... l'identité des femmes en tant que mère, comme l'identité des femmes en tant que professionnelle, et puis du coup, l'identité des femmes au sens large. En fait, il y a énormément de sujets derrière, il y a plein de tiroirs à tirer, et en les tirant, on voit qu'il y a plein de choses à dire, qu'il y a plein de choses à creuser, et que du coup, il y a plein de choses à mettre en place, qu'il faudrait mettre en place, qu'il n'y a pas une solution miracle, et que c'est à tous les niveaux de la société, au niveau des politiques, au niveau des professionnels, au niveau de l'entourage social des femmes, et au niveau du coparent, au coparent LIA. qu'il faut faire des choses pour mieux accompagner ces retours au travail pour qu'ils soient moins catastrophiques pour beaucoup de femmes.

  • Speaker #0

    Oui, puis dans ton livre, tu disais que c'était un essai mais c'est surtout super documenté aussi. Moi, je le conseille vivement qu'on soit salarié ou même indépendant parce que tu parles des différentes situations et pas que du salariat.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vraiment cherché mais aussi parce que j'étais dans cette réflexion-là, de me dire, est-ce que je retourne dans un salariat ? Non, j'ai absolument pas envie, je me suis fait ma traité, ça ne me donnerait pas question. Ok, mais est-ce que je me lance à mon compte ? Et comment, ni quoi, et qu'est-ce ? Et donc, du coup, et aussi, je pense que le fait d'être moi, c'est un peu con à dire, d'être à la fois femme racisée, issue de l'exil, ça me donne un regard particulier sur le sujet, à la fois, je suis clairement, je suis partie clairement de CSP+, mais... Pour autant, je suis une transfuse de classes, parce que mes parents n'étaient pas du tout, en venant en tant que réfugiés en France, ils ont été complètement déclassés, donc ils sont repartis au plus bas de l'échelle. Je ne prétends pas du tout être issue d'un milieu populaire, parce que c'est beaucoup plus complexe que ça, puisqu'ils ont été déclassés, et j'ai des codes, on a intégré ma famille à des codes bourgeois que n'ont pas certaines familles des classes populaires. Mais pour autant, j'ai cette sensibilité-là aussi, pour l'avoir vécu pendant toute mon enfance. En plus, en ayant... fait toute ma carrière en salariat, mais en me posant énormément de questions sur l'entreprenariat, et du coup pendant un an et demi, m'être questionnée sur le sujet avant d'encontrer d'autres gens, etc. En fait, j'avais un pied un peu dans tous les milieux, secteurs. Et c'est pour ça que je me disais, mais en fait je suis la seule à pouvoir, et encore, je ne suis pas porteuse de handicap, a priori je suis vraiment une femme cisgenre et hétérosexuelle, donc je n'ai pas du tout la prétention de pouvoir imaginer toutes les situations de diversité. mais j'ai à cœur de pouvoir au moins alerter sur le fait qu'il ne faut pas regarder ce sujet-là sous le seul prisme du cadre normé de la femme blanche 16P+, salariée, parce que c'est un peu le cas dans un couple hétérosexuel, c'est un peu le cadre classique, mais d'essayer d'ouvrir des portes aussi sur le cas et surtout appeler à ce qu'en fait les gens s'expriment et les gens fassent des recherches sur tous les autres cas de personnes devenues... de numères qui sont en situation de devoir se questionner sur le travail. Et effectivement, je me suis basée pas seulement sur mes ressentis, ou pas que sur mon analyse à partir des interviews que j'avais faites, mais aussi sur énormément de documentation, de recherche. Quand bien même, sachant que j'ai fait beaucoup d'extrapolations aussi, puisque des études concrètes sur le sujet spécifique de la reprise après le travail, pendant que j'écrivais mon livre, il n'y en avait pas. Ou alors, il y en avait, mais qu'ils n'étaient pas faits. dans un cadre méthodologique hyper fiable et représentatif de la population. Depuis, il y a quand même l'APEC qui a sorti une étude spécifique sur ce sujet, et ça, je les en remercie parce que ça donne vraiment des données chiffrées, factuelles. Après, c'est sur la population des femmes cadres, mais on voit déjà que dans la population des femmes cadres, c'est très compliqué. Alors, on n'imagine même pas à quel point c'est absolument complexe, voire douloureux pour les femmes non cadres.

  • Speaker #0

    Alors, après ton licenciement, Qu'est-ce que tu as choisi de faire ? Tu as quand même postulé dans des boîtes ou tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #1

    Pendant mon licenciement économique, j'ai cherché ma voie. J'ai fait des formations. J'ai pensé reconversion. J'ai cherché ma voie. Donc le podcast était un moyen... Enfin, j'ai lancé ce podcast à un moment donné où vraiment j'étais dans un trou noir et où c'était le seul truc, la seule idée qui, à un moment donné, m'a donné de l'enthousiasme et m'a redonné le sourire et a, entre guillemets, refait marcher mon cerveau. En mode... Ah bah tiens, ah bah oui j'ai des idées, j'ai des trucs et ça commence à partir etc. Et je suis très intuitive et je fais énormément confiance. à mes intuitions. Enfin confiance, je ne sais pas comment dire, mais je suis intuitive et je suis mes intuitions. Et je me suis dit, OK, si c'est le truc qui aujourd'hui me fait sourire et réactive mon cerveau en mode positif, c'est-à-dire en mode créatif, bon ben go, je vais faire mon podcast. Et puis Adyen Kupoura, je ne sais pas du tout ce que ça va donner en termes professionnels. C'était en 2021, donc il y avait quand même déjà un boom des podcasts, mais le marché n'était pas mature du tout. je ne suis pas sûre qu'il soit beaucoup plus mature aujourd'hui, mais il était quand même plus, et je m'étais dit, je ne sais pas trop. Sachant que, évidemment, tout ça, et qu'on se le dise, c'est des problèmes de riches, au sens où, évidemment, je ne suis pas riche, je ne suis pas du tout PDG de la PMH, je ne sais pas du tout ça, mais de riches au sens où, j'étais, un, au chômage, j'étais en état de chômage, et deux, j'avais surtout mon conjoint qui pouvait prendre le relais financier. Donc là où, il a beaucoup plus travaillé, il a beaucoup plus d'heures sup, etc., du coup, financièrement, ben... ils pouvaient faire la balance. Donc encore une fois, toutes celles qui m'écoutent, on est bien conscients que je suis dans une situation privilégiée où j'ai pu avoir le temps de me questionner et d'avoir le privilège de ne pas me dire absolument que je crois un taf, etc. Et à ce moment-là, je me suis dit, de toute façon, je ne voulais absolument pas revenir dans un salaire, c'était vraiment pas des rétros. comme énormément de femmes qui sont maternitées par le travail au retour de leur congé maternité. Et j'ai envisagé l'entrepreneur en me disant, c'est peut-être un point de chute. J'ai beaucoup tourné autour du pot en me disant, qu'est-ce que je fais ? J'ai lancé mon podcast. Le podcast a été vraiment thérapeutique pour moi, avant toute chose. Et puis je me dis, peut-être que si je lance mon podcast, je peux peut-être développer un truc financier, enfin le monétiser. J'ai très vite compris qu'en fait, ce n'était pas par ça que j'allais du tout vivre. Du coup, après, je me suis dit non, est-ce que j'en fais mon activité, une activité freelance à côté ? Très vite, je me suis dit non, c'est trop réducteur pour moi, je ne veux pas faire jusque du podcast. Après, je me suis dit non, mais en fait, en même temps, c'est mon sujet, mon sujet me passionne. Est-ce que je fais des choses autour de l'égalité femmes-hommes ? Est-ce que je fais des choses autour du soutien à la parentalité ? J'avais même intégré un incubateur pour pouvoir justement développer une activité autour de ce sujet-là. Et en fait, très vite, alors autant, moi j'ai de la communication, du market com, donc je sais très bien faire des claquettes, et je sais imaginer un projet, je sais le ficeler, je sais faire en sorte que les gens se disent waouh, c'est super, c'est super intéressant mais en vrai, et quand bien même, j'ai même passé, j'ai fait des pitches, je suis passée devant des jurys, tout le monde m'a dit etc., et en même temps, je n'y croyais pas. au sens où mon sujet, je le prends de manière tellement engagée militante qu'allier militantisme et business, dans ma tête, ça ne marche pas, ça ne colle pas. La mayonnaise ne prend pas, ça me crée trop de nœuds au cerveau, ça me brasse trop de questions existentielles et métaphysiques, donc j'arrive à trouver une sérénité par rapport à ça. Très concrètement, ça voulait dire que par exemple, je me dis, si je me lance, je fais des formations d'entreprise. etc. Je me dis, mais bon, qu'est-ce que je vais faire en entreprise ? Ils vont me faire venir pour des conférences, ils vont me faire venir pour un cycle d'atelier. Il y a encore un cycle, un atelier déjà, ça serait bien. OK, je vais éventuellement gagner ma vie comme ça, mais en vrai, tu n'es pas dupe. Ce n'est pas juste une action pinote à un moment donné qui va résoudre le problème. Tu vas dire quoi aux nanas qui vont être là en face de toi ? Si jamais, vas-y, calme-toi. Je ne vais pas. voilà c'était j'étais pas dupe quoi enfin j'étais là et en même temps j'ai dit bon bah ok si tu veux pas si je veux pas être trop hypocrite dans mon entreprise bah dans ces cas là t'accompagnes les femmes et là pareil je me dis bah ok bah je vais accompagner les femmes et qui va me payer si ce n'est les mêmes personnes que moi c'est des nananas SP plus qui sont pas bien dans leur travail etc mais pareil tu sais très bien que bon elles à la limite elles ont quand bien même c'est hyper douloureux pour elles elles auront les moyens de trouver des solutions qu'est-ce que tu fais de toutes les autres mais en même temps comment tu fais pour oui bon voilà toutes ces questions là j'arrivais pas du tout à les résoudre Et ce qui ne veut pas dire que ça ne se résout pas, c'est vraiment des questions individuelles et personnelles, mais moi, je ne sais pas, et je ne veux pas, et je n'arrive pas à concilier business et militantisme. Et en parallèle, la vie fait son chemin. J'ai eu différentes opportunités de poste salarié où tout d'un coup, à un moment donné, j'en avais tellement marre du podcast au sens où c'est extrêmement chronophage. Mais vraiment, vraiment, vraiment chronophage. J'en arrivais à… Je faisais tout moi-même avec des enfants qui, en plus, se couchent très tard, voire qui font très mal leur nuit pour le plus petit. Du coup, je montais la nuit fatiguée, vraiment exténuée. Donc, je n'en pouvais plus. et à un moment donné on m'a dit il y a tel poste, tu veux pas que je suis libre j'ai refait mon CV la dernière minute ah bon bah par pur des hasards le CV a accroché j'ai fait des entretiens c'est allé très loin mais j'ai pas eu le poste et tout d'un coup je me suis dit ah mais en fait j'étais hyper déçue de ne pas avoir le poste et je me suis dit ah mais en fait finalement bon allez ça fait un an que c'est passé peut-être que En plus, je le sais théoriquement, puisque j'ai l'idiot d'études sur le sujet, j'en ai discuté avec des gens, je sais théoriquement que plein de femmes se réfugient dans l'entreprenariat parce qu'elles ont été mal traitées dans le salariat. Et tout d'un coup, là, je m'étais dit, ok, mais en fait, effectivement, c'était ça. C'était exactement ce qui se passait pour moi, c'est-à-dire que je mettais ça à distance pour finalement me protéger de ça et que finalement, j'arrivais plus facilement à me projeter à nouveau dans un poste salarié que moi me projeter dans l'entreprenariat parce que je ne savais pas par quel bout le prendre. Parce que ça, voilà, c'est ce que je disais, je ne savais pas. Comment conseiller ministre en business ? Et donc petit à petit, je me suis dit, peut-être envisager le retour au salariat. Bon, j'ai dit comme ça, ça paraît très évident et très rapide, mais en fait, ça me prit des mois. Donc ça mûrise vraiment, tout en continuant à me dire, OK, entrepreneur, entrepreneur. Et puis tout en, en même temps, j'ai rencontré mon éditoriste qui m'a proposé d'écrire le livre. Et puis du coup, à partir du moment où j'ai commencé vraiment à écrire le livre, et parce que j'avais une échéance de publication, Là, en fait, du coup, je me suis plongée dedans. Et ce qui m'a forcé aussi à... Enfin, ça a accompagné le mûrissement de ma réflexion aussi sur l'entreprenariat ou salariat. Du coup, je me suis dit, OK, de toute façon, je ne vais pas... Et puis, c'est un truc tout con aussi, c'est que mes indemnités de chômage s'arrêtaient. Et donc, à un moment donné, il fallait vraiment que je prenne des décisions. Je ne pouvais plus avoir le luxe de me dire, est-ce que j'ai l'entreprenariat ou pas ? Et là, je me dis, OK, en fait, l'entreprenariat, je ne m'y vois pas. Et je veux avoir une sécurité financière dans la mesure où... Et quand bien même je ne me suis pas lancée réellement, j'étais dans cette logique d'entreprenariat, c'est-à-dire d'imaginer des choses, d'essayer de développer des choses, d'essayer de prendre des contacts, d'essayer de créer un réseau et tout ça, plus le podcast, plus c'est l'idée de faire du personnel branding à la con. Et en fait, ça me prenait un temps monstrueux. Et ce temps monstrueux, en fait, c'était tout le temps, matin, midi et soir, week-end, en vacances. Donc en fait, je n'étais jamais vraiment avec ni mes enfants, ni avec moi-même. Et c'était hyper douloureux parce que je trouvais que ça n'allait pas aussi vite que je voulais. ce n'était pas aussi satisfaisant que je voulais. Et en plus, surtout, ça ne sonnait pas sonnant et trébuchant comme je voulais ou comme il aurait fallu. Et donc, je me suis dit, en fait, je retournais à ce confort du salariat où, effectivement...

  • Speaker #0

    je peux enlever ma casquette de professionnel le soir, je peux enlever ma casquette de professionnel le week-end et que j'ai droit aussi à pouvoir déconnecter. Et en fait, toute cette phase-là m'a permis de mûrir, de dire en fait, pourquoi l'entreprenariat, pourquoi l'entreprenariat ? Ok, c'est bon, je pense que j'ai exorcisé mon malade vis-à-vis du salariat, j'ai commencé à le mettre de côté et puis à vouloir aussi retourner à ce confort, en fait, ce confort de pouvoir tout simplement aussi vivre autrement, en réfléchissant constamment à qu'est-ce que je dois faire pour essayer de développer mon activité. Et puis tout le temps, moi, je ne sais pas, en fait, m'arrêter. Il y a des gens qui, peut-être, arrivent très bien, sûrement, et moi, je n'y arrivais pas. Et ça me consommait trop, et ça me bouffait trop, d'autant plus qu'en parallèle, les sujets que je porte me bouffent en soi. Parce que ça nourrit une colère contre la société, ça nourrit plein de choses et tout. Donc, c'était trop. Mon cerveau était constamment en surchauffe. Je n'en pouvais plus, en fait, et j'avais besoin de déconner. D'où le retour au salariat.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien que tu en parles parce que je pense qu'aujourd'hui, alors est-ce que c'est... C'est la société qui fait aussi, avec le Covid, que beaucoup de gens se sont mis en auto-entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a ça. Puis tu as le côté start-up nation, c'est tellement glamourisé tout ça. Et puis tu as ce côté de l'accès aux réseaux sociaux, et puis tous ceux qui se mettent en scène sur les réseaux sociaux parce qu'ils doivent pouvoir en vivre. Tu as cette impression de facilité qui est fausse. Puis cette impression, mais c'est comme pour la parentalité, ce miroir déformant des réseaux sociaux qui donne l'impression que... et que c'est facile ou que c'est pas tu vois pas tous les à côté tu vois pas le up and down des entrepreneurs etc puisque eux doivent se mettre en avant et doivent valoriser le fait qu'ils sont bons etc sinon ils attirent pas de clients donc ouais c'est le meilleur très déformant des réseaux sociaux qui en fait t'empêche de réellement réfléchir à des envies profondes

  • Speaker #1

    Exactement, et c'est pour ça que c'est bien que tu parles parce que je pense que des mamans, des papas qui se posent la question, il faut voir qu'il y a quand même une charge mentale.

  • Speaker #0

    qui est importante qui est énorme et quand t'as des enfants en bas âge faut s'accrocher pour tenir les cas qu'on voit sur les réseaux sociaux qui réussissent alors faut savoir comment elles réussissent comment elles sont moi j'ai pas de relais par exemple on a pas de relais pour la garde des enfants donc c'était toujours tout pour notre femme donc c'est lourd à un moment donné et quand en plus t'es à ton compte tu dis bah non je vais pas en plus embaucher des babysitters etc c'est quand même un peu fort de café déjà je suis pas d'argent quand en plus je les dépense à j'ai des babysitters pour commencer mais c'est l'enfer en fait et quand t'es parent de jeunes enfants ça veut dire que du coup t'es la barrière d'ajustement de tous les aléas systématiquement mais glazias ou pas aléas t'es forcément celle, la personne qui passe qu'elle travaille à la maison ou en tout cas n'a pas d'employeur ou n'a pas de mission fixe ou n'a pas de voilà c'est elle qui va attendre j'ai une connerie mais le livret d'artis entre 8h et midi parce que c'est le passage du livreur. C'est elle qui systématiquement va récupérer les enfants à 4h30 quand l'école se finit, ou voire plus tôt. Ou c'est elle qui se dit Ah bon, c'est pas bon la cantine, peut-être que je vais les amener. Et petit à petit, en fait, tu as ta vie grignotée par tout et n'importe quoi. Et c'est ça aussi que je n'arrête du tout, du tout à assumer, c'est d'être… être en charge de tout tout le temps et je n'en pouvais plus quand tu interroges les entrepreneurs leur projet d'entreprise c'est leur bébé déjà tu as des bébés humains plus un bébé professionnel à faire grandir mais c'est trop moi c'était trop, ça me bouffait trop tout ça plus en plus le côté engagé de mes sujets j'étais non-stop les deux dollars à prise j'en pouvais plus quoi et aujourd'hui là,

  • Speaker #1

    tu as repris une activité salariée depuis quelques mois ?

  • Speaker #0

    depuis un an ?

  • Speaker #1

    Depuis que tu as arrêté les épisodes du podcast ?

  • Speaker #0

    Oui, même un peu plus. En fait, à un moment donné, quand il a vraiment fallu écrire, je n'avais plus le choix, sinon je vais vraiment être grave à l'arrache pour le rendu de mon manuscrit, parce que j'étais attachée par mon contrat à une date de publication. Je ne pouvais plus reculer. De toute façon, il fallait que je me concentre sur l'écriture, donc je ne pouvais plus gérer l'écriture et le podcast en même temps. pour des raisons simplement organisationnelles, d'autant plus qu'à ce moment-là, j'avais vraiment décidé de retrouver un poste en salariat. Donc, ça veut dire qu'en j'écrivais en même temps que je postulais. Donc déjà, en soi, ça faisait beaucoup et donc il n'y avait plus de bande passante du tout pour le podcast. Et aussi parce que pour pouvoir écrire pour le livre, je ne saurais pas comment expliquer les différences et j'avais besoin de décrocher du podcast parce que le podcast amène une réflexion, un type de réflexion. qui est complètement différente de la réflexion que j'utilise. que tu dois porter pour écrire un livre. Et donc du coup, en fait, j'étais trop… Je ne pouvais pas faire les deux types de réflexions à la fois, c'était trop demandant. Donc, je n'avais pas d'autre choix, il fallait que je rentre chez Mianeski, donc il fallait que j'écrive. Donc, je me suis mise à écrire et à chercher du boulot en même temps. Et au moment où j'ai fini d'écrire le livre, enfin à peine j'ai fini d'écrire le livre, j'ai commencé mon nouveau poste. Donc forcément, et puis qui dit nouveau poste, dit reprise, dit nouvelle boîte, nouveau poste, nouveau tout machin, forcément tu as un temps que je ne vais pas te raconter parce que c'est le temps de la reprise, mais quand bien même c'est pas tout de suite après la naissance de mon enfant, c'était extrêmement chronophage. et j'assurais le lancement de la promo du livre en même temps aucune bande passante pour quoi que ce soit d'autre le podcast est malheureusement complètement moribond alors j'ai des épisodes en soute mais que j'ai pas à monter, j'ai pas le temps j'aimerais bien pouvoir le reprendre mais pour l'instant j'ai pas de bande passante

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu souhaiterais transmettre comme valeur à tes enfants ? Tu as deux garçons, moi j'en ai trois.

  • Speaker #0

    Déjà, il y a une valeur, la première valeur, c'est la valeur famille chez nous, que ce soit du côté de mon conjoint comme de mon côté. La famille est très importante, au cœur de tout, avec les notions d'entraide et de solidarité qui sont intrinsèques à notre culture familiale. Ça, je pense qu'ils le ressentent bien, parce que de toute façon, on est toujours ensemble. et qu'on est très proche de nos familles respectives. Ensuite, le valeur que tout le monde a de respect de l'autre, de respect de la différence, de respect des singularités des autres, etc. bien sûr, mais aussi du sens collectif que j'ai toujours eu moi. J'aimerais bien qu'ils aient des valeurs féministes. Évidemment, je vais tout faire pour. Ensuite, je ne suis pas dupe, l'éducation des enfants ne sont pas du seul appanage les parents, puisqu'il y a toute une société autour, il y a l'école, il y a les amis, il y a tout ça, qu'ils aient conscience de leurs privilèges en tant qu'hommes, enfin, en tout cas, futurement, en tant que garçons, qu'ils aient conscience de la manière dont, dès la petite enfance, déjà, les chances ne sont pas les mêmes et les féministes, au sens large, les femmes, les féministes intersectionnelles, ils ont conscience de leurs privilèges aussi en tant qu'enfants de bobos, quoi. et qui puissent s'en servir pour à la fois bien décrypter les différentes forces en œuvre et qui les mettent aussi à profit pour permettre que les chances soient égales pour leurs copains et copines qui n'ont pas les mêmes chances.

  • Speaker #1

    Et peut-être une dernière question. Comment tu vas continuer la lutte entre guillemets pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes en entreprise ? Tu as des actus ou non ?

  • Speaker #0

    Alors des actus d'action, enfin en tant que tel, non pas particulièrement, mais ce que je fais, c'est que du coup, déjà faire la promotion de mon livre, c'est une action en soi. Ce n'est pas faire la promotion de mon livre pour faire la promotion de mon livre. L'idée n'est pas de vendre mon livre parce que je vais faire fortune avec. Ce n'est pas du tout ça. Si on faisait fortune quand on écrit un livre, ça serait. En tout cas, sachez qu'on ne fait pas fortune quand on écrit un livre du tout. Sauf si on s'appelle Guillaume Musso, mais je ne m'appelle pas Guillaume Musso. Mais ce n'est pas du tout ça. Mais en revanche, le fait que plus mon livre est connu ou en tout cas médiatisé, je réponds à toutes les demandes de journalistes, ça prend du temps. C'est une manière pour moi de faire lumière sur ce sujet-là. Et donc faire la promotion de mon livre, c'est faire en sorte que les gens s'emparent du sujet, que les gens le lisent, pas pour ma pomme, je m'en contrefous de ma pomme, mais vraiment pour que les gens prennent conscience de l'importance de ce sujet-là, à quel point c'est crucial. dans l'évolution des femmes, dans la classe des femmes dans la société, dans le monde professionnel. Et aussi, je suis très proche des milieux féministes et parentalité. Je ne suis pas encartée dans quoi que ce soit, mais je travaille, j'œuvre aussi. Quand il y a des rendez-vous, quand il y a des choses, je manifeste quand je peux manifester. Je le fais à petite échelle, par choix. C'est très difficile quand tu es mère de jeunes enfants de trouver du temps. dans ta vie pour donner d'avis à tes engagements, d'avis concrets. Je ne me flageais pas non plus là-dessus, mais je fais ce que je peux et aussi ce qui va à ma santé mentale. C'est-à-dire qu'à un moment donné, toute cette colère militante était trop forte, trop présente, pour que sciemment, je puisse l'entretenir à long terme. C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix du salariat, pour pouvoir mettre ça à distance aussi, parce que ça me consumait trop. C'était trop en colère tout le temps, aussi dans ma vie personnelle, forcément c'est un impact, mais c'était bon ni pour ma santé mentale ni pour ma santé familiale, on va dire. Donc j'avais besoin aussi de mettre ça à distance, mais ce qui ne veut pas dire que je ne fais pas mon niveau.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux redonner le titre de ton livre et où est-ce qu'on peut le trouver ?

  • Speaker #0

    Le titre du livre, c'est La reprise, le tabou de la condition des femmes après le congé maternité aux éditions Payot, que vous pouvez trouver dans n'importe quelle librairie, et en particulier auprès de votre librairie de quartier, votre librairie indépendante, que vous pouvez aussi retrouver sur toutes les plateformes de vente de livres, que je ne citerai pas, le grand distributeur que tout le monde connaît, qui commence par un F et qui finit par un C. comme des plus grands distributeurs qui commencent par un A, mais qu'on va essayer d'éviter parce que ce n'est pas très terrible. On attend deux jours pour le recevoir. Voilà. Si vous ne le trouvez pas chez votre libraire, vous pouvez tout à fait le commander. Tous les libraires font ça. Et sinon, en fait, sur mon compte Instagram, donc laroprise.podcast, j'ai mis les liens vers soit la plateforme des libraires indépendants, pour pouvoir le retrouver ou l'identifier près de chez vous. soit quand même un distributeur français qui commence par un F et qui finit par un C

  • Speaker #1

    Merci en tout cas je ne peux que le conseiller ce livre parce que moi je l'ai dévoré je crois en deux soirées, en fait ça m'a tellement parlé aussi il faut dire, voilà je pense que je suis dans une période où ça me parlait tellement que quand j'ai su que tu le sortais j'ai acheté direct et puis les études sont tellement flagrantes que je comprends ton... voilà cette colère qu'il y a en nous parce que c'est et encore moi je suis dans ta condition actuellement donc vraiment pas mère isolée avec un bon niveau de salaire j'ai pas à me plaindre donc comme t'as dit dans le podcast on est quand même assez privilégiés. C'est peut-être à nous aussi de se battre pour les autres. Mais donc, ça m'a fait vraiment plaisir que tu acceptes mon invitation et que tu puisses échanger et libérer la parole sur cette reprise ou ces reprises, parce que moi, j'en ai vécu trois, complètement différentes aussi. Mais en effet, c'est très, très important d'en parler.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. Et j'ajouterais qu'en t'écoutant, le fait que ce livre circule et qu'il soit connu, encore une fois, ce n'est pas pour moi, mais c'est au-delà de la prise de conscience collective et sociétale et des changements qui doivent être opérés, c'est aussi pour permettre aux femmes de se sentir moins coupables, de se sentir légitimes dans leurs difficultés et légitimes dans leurs ressentis parce qu'aujourd'hui, c'est horrible à dire, mais on nous laisse tellement nous démerder toutes seules, surtout quand on reprend le travail, c'est comme si, ben voilà, tu as voulu des enfants, tu assumes, c'est horrible. de phrases assassines qu'on entend qu'on peut même voir sur les réseaux sociaux sous des commentaires de post. Rien n'est fait pour nous aider ou au contraire tout est fait pour qu'on aille droit dans le mur. Donc c'est normal de se sentir épuisé, c'est normal de se sentir complètement noyé partout parce qu'en fait, tout repose sur nos seules épaules et c'est juste pas normal parce qu'un enfant ça se fait à deux ou un enfant ça se fait en société. Tout le monde nous pousse, la société nous pousse à avoir des enfants et ensuite nous laisse démerder. comme des grandes, mais peu importe qu'on soit grande ou pas, on s'en fout. C'est juste irréaliste de penser que tout peut reposer que sur nos épaules. Dans une société, en plus, où l'individualisme nous a tellement poussés à vivre loin de tout le monde, de nos relais familiaux ou d'être coupés de solidarité, même sociale, du voisinage, que du coup, ce n'est pas réaliste de penser qu'on peut qu'on doit tout gérer tout seul.

  • Speaker #1

    Merci. Beau mot de la fin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Pauline.

  • Speaker #2

    Si vous entendez ce message, c'est que vous avez écouté l'épisode jusqu'au bout. Et je vous en remercie grandement. Je vous invite à me laisser un commentaire pour continuer les échanges et à mettre la note de 5 étoiles si l'épisode vous a plu. Cela contribue à augmenter la visibilité du podcast sur les plateformes. Merci beaucoup de votre soutien et à bientôt pour le prochain épisode.

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Description

📣 Découvrez l'épisode avec Thi Nhu An, auteure de La Reprise aux éditions Payot ! 📣


J'ai eu l'immense plaisir de recevoir Thi Nhu An Pham, fondatrice du podcast @lareprise.podcast et auteure de "La reprise, Le tabou de la condition des femmes après le congé maternité". Ensemble, nous avons exploré un sujet crucial mais souvent ignoré : le retour au travail après une grossesse et ses impacts sur les femmes.


Contrairement aux apparences, cette période est loin d'être simple. Problèmes de garde, environnement de travail discriminatoire, tensions familiales, pression intense et fatigue extrême sont autant de défis que les femmes doivent surmonter.


Thi Nhu An a lancé "La Reprise" en 2021 après un licenciement économique survenu pendant son deuxième congé maternité, pour briser le silence autour de cette étape difficile et offrir une perspective collective et féministe.


Dans cet épisode, elle partage son expérience de mère de deux enfants et les résultats de son enquête sur les conséquences d’une reprise mal préparée après un congé maternité.

Un épisode riche en enseignements et en résilience que j’ai hâte de vous faire découvrir ! ☀️


🎧 Retrouvez cet épisode et les autres de Ma petite famille sur votre plateforme d’écoute préférée. N'oubliez pas de laisser un commentaire et de nous donner une note de 5 étoiles !




#Podcast #NouvelÉpisode #LaReprise #RetourAuTravail #ÉgalitéDesSexes #FemmesEtTravail #CongéMaternité #MaPetiteFamille #Solidarité #PostPartum #CarrièreDesMères


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fonder une famille, c'est du bonheur, des joies, des doutes et des combats qui sont propres à chacun et qui soulèvent beaucoup d'interrogations. Je suis Pauline et je suis la créatrice du podcast Ma Petite Famille. Dans ce podcast, vous écouterez des récits singuliers, authentiques et inspirants de parents qui partageront leur histoire du désir de fonder leur famille au quotidien avec leurs membres. Je vais converser avec des parents anonymes ou plus connus, que vous suivez peut-être sur les réseaux sociaux, pour vous proposer, de par ces rencontres, un maximum d'histoires enrichissantes, bienveillantes et déculpabilisantes. Vous retrouverez tous les 2e et 4e vendredis de chaque mois un nouvel épisode. Pour suivre l'actualité du podcast, des invités et de ma vie de maman, rejoignez la communauté Ma Petite Famille sur Instagram. Et si vous aimez les épisodes, je vous invite à laisser une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute privilégiée et avec un petit commentaire. Cela permet, au-delà de me faire très plaisir, de faire connaître le podcast au plus grand nombre. Je vous en remercie. Avant de vous embarquer dans ma conversation avec mon invité, je souhaitais vous faire découvrir la marque Atelier Amage. Vous cherchez un cadeau de naissance unique et pratique ? La gamme d'accessoires de pierre et culture proposée a été conçue pour le quotidien des parents. Vous serez séduit par les motifs intemporels et spécialement dessinés pour la collection. La personnalisation des pièces est faite en Bretagne. Vous êtes sûr de faire plaisir avec un cadeau unique réalisé avec amour. Rendez-vous sur atelier-amage.fr pour en savoir plus. Maintenant, place à l'épisode. Bonne écoute ! Bonjour Pinyuan, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline, avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Je suis vraiment très contente de t'avoir à mon micro parce qu'on va parler d'un sujet qui me tient à cœur parce que j'ai dévoré ton livre. Tu expliqueras dans quel contexte tu as écrit ce livre qui s'appelle La Reprise et que j'ai prêté à plusieurs amis. Est-ce que tu pourrais te présenter avant ça, dire qui tu es, d'où tu viens, de qui est composée ta famille et ce que tu fais dans la vie s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, alors je m'appelle Tin Yuan Pham, Tin Yuan étant mon prénom. Je suis d'origine vietnamienne, je suis arrivée en France en tant que réfugiée, en même temps que mes parents. C'est important dans mon parcours qu'on sache. J'ai deux enfants, deux garçons qui ont 4 et 7 ans et demi, en couple hétérosexuel, et je travaille dans la communication, en tant que salariée dans une institution publique.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as toujours voulu avoir des enfants ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai toujours voulu avoir des enfants. Je ne me suis jamais posé la question, comme ça. Je ne me suis jamais questionnée sur le délire d'enfant. Maintenant, un peu théorique, quand je vois toutes ces questions que les jeunes se posent, j'aurais adoré me les poser. Mais en fait, mon schéma familial et culturel a été que faire famille, et la notion de famille est très importante dans la culture vietnamienne, faire famille, c'est avec des enfants. Donc, je ne m'envisageais pas autrement que… entre guillemets, grandir, être adulte et avoir des enfants. Donc je ne me suis jamais questionnée. Les enfants ont toujours été dans mon optique de vie, sans aucune mise à distance de ça ou quoi que ce soit. Puis j'aime bien les enfants, oui, toujours.

  • Speaker #0

    Comment est venu ce projet bébé quand est-ce que tu as rencontré ton mari ? Tu es arrivée en France à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis arrivée en France quand j'avais 4 ans. Donc j'ai fait toute ma vie en France. J'ai grandi, j'ai fait mes études. Mais ma culture familiale vietnamienne est quand même très forte. Et j'ai rencontré mon conjoint en 2024. C'était en 2011, donc il y a 13 ans, presque 13 ans. Et on a eu notre premier enfant à Pays de l'Oise. après 5 ans. C'était un enfant désiré, on n'est pas mariés, mais tout se passait bien, on avait envie d'avoir un enfant. Sachant que j'ai eu des enfants assez, entre guillemets, tard. C'est-à-dire que mon premier enfant, j'ai eu à 36 ans, et mon deuxième à 40 ans. C'est un élément à prendre en compte, en tout cas, pour comprendre aussi la relation que j'ai au travail. C'est-à-dire qu'ils sont arrivés à un moment donné où j'avais déjà fait une bonne partie de ma carrière. Enfin, dit comme ça, c'est extrêmement bizarre quand même. En tout cas, j'avais déjà beaucoup évolué professionnellement. Je m'étais déjà trouvée professionnellement et j'étais déjà satisfaite professionnellement. S'il y avait eu mes enfants plus tôt, peut-être que j'aurais un autre rapport au travail et à la famille. En tout cas, ils sont arrivés à un moment donné où je n'avais plus la sensation de devoir prouver, trouver quelque chose, évoluer coûte pour coûte, etc. Donc, j'étais sereine vis-à-vis de mon travail et de ma position dans l'entreprise. à ce moment-là. En tout cas, je n'avais pas de questionnement particulier. Et quand est arrivé mon premier fils, la reprise du travail s'est faite de manière un peu particulière, dans la mesure où on n'avait pas de passe en crèche. On fait partie de ces nombreux... foyers, familles pour lesquelles il n'y a pas eu de place en crèche avant les plus d'un an de mon fils, puisqu'on avait déménagé entre-temps, et j'ai eu le privilège... Ça privilège que mon conjoint, de par son métier, puisse être très flexible et s'est rendu disponible et a pu se charger de la garde de mon fils à ce moment-là. J'ai eu une reprise du côté personnel et familial intime plutôt sereine dans la mesure où je savais très bien qu'il allait garder mon enfant. Et donc, je n'avais pas d'angoisse par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ce premier, vous avez eu des discussions quand même tous les deux ? Ton conjoint était, pour lui, ça ne lui posait aucun problème ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Ça n'a pas été un... C'était fluide. C'était fluide. Après, j'ai peu de souvenirs parce que j'ai eu mon deuxième enfant. Il y a eu plein de choses qui se sont passées à ce moment-là. On en reparlera, mais j'ai l'impression d'être passée dans une machine à laver. Donc, j'ai peu de souvenirs. de vraiment de ces moments-là mais non ça a été assez fluide l'arrivée de notre enfant de nos premiers a été mais un bouleversement émotionnel dans notre vie bouleversement dans tous les sens mais pas tout le monde émotionnel ou que lui comme moi avons découvert l'amour avec un grand A on était en mode comme l'émoji chat avec des yeux en forme de cœur donc c'est pas questionné je crois pas en tout cas une seule seconde et c'est mis bon Il travaille dans l'audiovisuel et intermittent, donc ça aide aussi. Il peut choisir ses missions, il peut choisir d'accepter ou pas d'accepter. Il peut choisir de se relancer à trouver, à chercher des missions ou pas. Ce n'est pas la même chose que quand on est salarié et qu'on doit prouver, enfin, qu'on a un employeur qui décide, en fait, si oui ou non, tu peux t'arrêter ou pas. Il est quand même dans un cadre professionnel qui le permettait. Et non, il n'y a pas eu de discussion particulière à ce sujet à ce moment-là. Mais comme il n'y a pas eu de discussion particulière tout court… avec l'arrivée de l'enfant. Moi, j'étais dans un schéma, en plus, où j'ai toujours travaillé beaucoup. Et comme je savais que je voulais avoir un enfant, et comme lui aussi, tout était très fluide, très naturel. On ne s'est pas poussé à questionner. On aurait dû faire plein d'autres choses. Mais voilà, on a pris des choses au fur et à mesure. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et donc, après ton petit va à la crèche, vous reprenez tous les deux... Enfin, toi, tu étais déjà en activité, mais lui aussi. Quand est-ce qu'est venue l'envie d'un second ? Toi, ta reprise s'est bien passée ?

  • Speaker #1

    Moi, ma reprise s'est globalement bien passée, oui. Après, sur le moment, ça s'est plutôt globalement bien passé. Ensuite, à posteriori, quand je repense à certaines choses, à certaines remarques qu'on a pu me faire, que j'ai pu entendre de manière générale aussi sur d'autres femmes qui reprenaient leur travail après la naissance d'un enfant, quelques mois plus tard, il y a des choses où je me suis dit Ah ! En fait, il y a des choses que je n'aurais pas dû laisser passer à ce moment-là, où il y a des choses qui finalement nourrissaient un climat qui n'était pas forcément hyper mer-friendly mais dont je n'avais pas conscience à ce moment-là, parce que j'étais dans mon truc, en pleine reprise et tout ça, et ça ne m'a pas forcément porté préjudice, mais ça ne m'a pas forcément non plus… Ce n'était pas un climat forcément super positif. Mais voilà, tout roulait, et le deuxième enfant est arrivé. 3-4 ans après, de toute façon on aimait tellement être parents, en plus j'ai eu la chance pour ma première grossesse d'avoir une grossesse vraiment idéale où tout était très bien passé globalement, que oui, il était clair qu'on allait empiler pour un deuxième et le deuxième est arrivé 3 ans et demi après, 3 ans après avec la grossesse. Là par contre c'était une autre paire de manches, ma deuxième grossesse était affreuse, j'étais hyper, enfin c'était compliqué sur plein de trucs. T'étais fatiguée ? Ouais, j'étais fatiguée, j'avais des nausées, j'ai fait des insomnies dès le tout début de la conception, j'avais des douleurs partout. C'était vraiment une grossesse très pénible, physiquement parlant. Du coup, au bout d'un moment, forcément, le physique joue sur le moral, donc c'était particulier. Et puis, c'est enchaîné plein de choses qui ont petit à petit bien miné cette expérience. de la grossesse et du postpartum immédiat, parce qu'il y a eu les grèves. Je suis tombée enceinte en 2019. En mi-2019, il y a eu les grèves de fin d'année. De fin 2019, les grosses grèves à ce moment-là. Donc, ça a compliqué un peu la chose. Et comme tout mon corps était douloureux, il n'était pas question que j'aille au boulot à pied. Donc, j'ai eu quelques remarques. C'était franchement pas bienvenu. J'ai eu le Covid, surtout, avec tout son lot de stress, d'incertitude, etc. Et puis, j'ai accroché... C'est un enfant prématuré, né deux mois avant terme, à la limite du grand préma, donc à l'appareil, tout ça au tout début du tout premier confinement, donc le confinement très dur, donc c'était en termes de stress et d'incertitude, plus plus. Puis quand il est enfin sorti de Néonat et que je commençais enfin à me dire ok, on souffle Je vais enfin pouvoir profiter de mon congé maternité. Bim ! On m'appelle pour me dire qu'en fait, il y a un licenciement économique dans la boîte et que j'en fais partie, alors que j'étais en congé maternité. Donc là, ça a été la grosse douche froide. pour ne pas dire le tsunami, terriblement violent, puisque, évidemment, à l'époque... Déjà, j'étais en projet maternité, donc le boulot, c'était très, très loin de moi. C'était le Covid, c'était le confinement, c'était mon enfant prématuré, donc j'étais vraiment la tête très, très loin de ça. Mais en plus, en plus, il n'y avait juste aucun signe avant-cours. Je faisais partie du codire de ma boîte. Il y avait deux autres collègues qui faisaient partie du codire de ma boîte. Et... aucune n'avait l'info sur les licenciements économiques. C'était un licenciement économique collectif. Ça a été d'une violence inouïe. Et quand tu es en plein postpartum, le tout frais, les premiers mois du postpartum immédiat, où tu es en vente dans tous les sens, où tu es en vrac, et très clairement, plus qu'en vrac émotionnellement, puisque j'étais passée par le Covid et... Oui, parce que j'avais eu Covid aussi, bien évidemment, pour rajouter à tout ça. Et la prématurité, c'était juste pas le bon moment. Et les maltraitances au travail, en soi, c'est déjà hyper violent. Mais alors quand tu es en postpartum immédiat, c'est mieux. ça te pulvérise. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre conscience de certaines choses, prendre conscience aussi de la vulnérabilité des femmes quand elles sont dans ce contexte-là, moi en premier lieu, mais je me suis dit moi en premier lieu, étant dans une situation privilégiée, parce que déjà, je suis en couple, je peux me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. Je pouvais me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. J'étais cadre, cadre sub, donc avec des moyens financiers qui me permettaient avec des indemnités chômage, d'être pas à la rue financièrement, même si c'est un grand stress. je me suis dit, si moi déjà, j'en suis à ce point-là de détresse, en tout cas de détresse émotionnelle, dans quel état sont les femmes qui n'ont potentiellement pas ces niveaux de rémunération et du coup éventuellement de finances de côté, qui n'ont pas quelqu'un sur lequel s'appuyer, soit parce qu'il n'y a pas de quelqu'un, parce qu'elles sont mères isolées, soit parce que tout simplement le conjoint ne peut pas prendre le relais financièrement. Quelle horreur, quelle angoisse, moi c'est déjà l'angoisse, mais pour elles, en plus… J'ai eu la chance de pouvoir, entre guillemets, faire une pause, parce que de toute façon, émotionnellement, psychologiquement, je ne pouvais pas faire autrement que de me mettre sur pause, parce que j'étais juste à ramasser la petite bille. Et comme en français, qui, fondamentalement, ne peuvent pas, et sont déjà détruites psychologiquement, et doivent reprendre coûte que coûte, retrouver un travail coûte que coûte, dans n'importe quelle condition, parce qu'il y a un loyer à payer. Enfin, vraiment, je me suis dit, mais là, il a commencé à y avoir une colère en moi. doublé d'un stress et d'une incertitude sur qu'est-ce que j'allais devenir. C'est-à-dire que j'étais dans cette boîte, je me disais, mince, mais c'est trop noir là, je ne sais plus qui je suis, c'est trop d'un coup. Et tout ça, dans cette espèce de marasme mi-colère, mi-trou noir, j'ai eu cette idée de podcast sur le sujet de la reprise, sur le sujet du retour au travail, qu'il y ait retour ou pas, mais de la question du travail. dans la vie de jeunes parents, où j'ai interrogé des mères. beaucoup, quelques pères, et surtout des experts aussi, des avocats, des psychologues, des journalistes, qui pouvaient donner un point de vue un peu plus global sur le sujet. Et je me suis très vite rendue compte au travers de mes différentes interviews, et dès les premières interviews, à quel point ce qu'on pouvait vivre, et notamment ce qu'on pouvait vivre en tant que femme à la naissance d'un enfant par rapport à son travail, pouvait être, un, éloigné de l'imaginaire collectif, deux, en fait, il n'y a pas vraiment d'imaginaire, si ce n'est que... Oui, la reprise du travail, on fait un enfant, on reprend le travail, les mères pleurent et tout le monde pense qu'on y va tout à reculons et que c'est la catastrophe dans sa vie de revenir au travail, puis c'est tout. Comme si c'était juste ça. Et en fait, j'ai bien vu en intervivant plein de mères que les réalités sont toutes très différentes. Il y en a qui veulent absolument reprendre, il y en a qui ont besoin de reprendre, il y en a qui ne veulent pas du tout reprendre, il y en a qui le font avec joie, il y en a qui font avec larmes. et puis il y en a d'autres qui disent ils vont vraiment en reculons, pas parce qu'ils n'ont pas envie de laisser leur enfant mais parce qu'en fait juste leur entreprise les maltraite, donc il y a plein de situations différentes dont on ne parle absolument pas tout ça doublé de plein d'inégalités parce que j'ai vite découvert qu'en fait la conciliation travail-famille reposait quasiment exclusivement que sur les épaules des femmes donc toutes celles qui galèrent à concilier des horaires de travail souvent pas ou peu compatibles avec des horaires de garde si tant est qu'elles aient un mode de garde c'était juste horrible. Et quand on est en plein postpartum et que le corps reste en vrac, parce qu'on ne met pas neuf mois à créer un humain... Elle va sortir de notre corps pour ensuite, en une demi-seconde, avoir un corps qui est au top de sa forme en deux jours. Non, ce n'est pas du tout ça. Quand en plus on accumule des dettes de sommeil depuis la naissance, voire depuis la grossesse, et qu'on est dans un tunnel de nuit sans sommeil, on n'est pas au top de nos formes. Quand en plus... réintégrer une entreprise, réintégrer un poste, réintégrer une ambiance de travail avec les responsabilités éventuelles ou en tout cas avec des dossiers ou même des choses à faire et reprendre une vie sociale, c'est-à-dire interagir avec des adultes et pas juste avec un bébé, ça demande une grande énergie qu'en fait on n'a pas forcément. En plus de cela, il faut continuer à faire tout ce qu'on faisait en congé maternité parce que la société est organisée de telle manière qu'aujourd'hui tout repose sur les épaules des femmes. Et donc en fait, la colère que j'avais au début liée à mon médecin-sémin, elle est devenue, mais elle a explosé parce que je me rendais compte à quel point en fait le fait qu'on ne considère pas et que la société ne s'organise pas autour du soutien à la parentalité pour faciliter le retour au travail. fait que du coup c'était l'explosion des inégalités en défaveur des femmes. Et ça m'a tellement énervée que du coup, lorsque j'ai rencontré mon éditrice par le plus pur des hasards qui m'a proposé d'écrire un livre sur le sujet. et je dis bah ouais évidemment banco je suis la seule parce qu'il n'y avait personne qui traitait ce sujet de cette période qui est complètement taboue donc personne ne parle personne ne considère comme étant un truc automatique que les gens les femmes font comme ça en claquant des doigts et puis boum boum c'est le retour à la normale c'est tout c'est enfin le retour à la normale et je dis bah ouais en fait moi après avoir interrogé autant de personnes je suis la seule à pouvoir parler de tout ça dans toutes ces dimensions en fait parce que Le fait d'avoir interrogé des femmes dans leur intimité comme des experts me permettait de voir à la fois la dimension très individuelle et très intime des challenges et des défis et des difficultés qu'on vit quand on revient au travail après la naissance d'un enfant, comme toutes les inégalités, les discriminations et les difficultés et les obstacles sociétaux que la société oppose aux femmes quand elles reviennent de la maternité. Et donc ces deux dimensions à la fois intimes et sociétales… Je me disais, il n'y a que moi qui peux le faire. Et du coup, c'est pour ça que j'écris ce livre, qui est un essai, qui n'est pas du tout la retranscription telle qu'elle du podcast. Ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment mon analyse du sujet. Une analyse vraiment très multidimensionnelle parce qu'en fait, ce sujet-là, c'est ça qui est hyper intéressant, c'est que c'est paradoxalement un sujet dont personne ne parle, comme si c'était un non-sujet et que quand tu creuses, comme il est à la croisée de l'intime et du sociétal, à la croisée de la... l'identité des femmes en tant que mère, comme l'identité des femmes en tant que professionnelle, et puis du coup, l'identité des femmes au sens large. En fait, il y a énormément de sujets derrière, il y a plein de tiroirs à tirer, et en les tirant, on voit qu'il y a plein de choses à dire, qu'il y a plein de choses à creuser, et que du coup, il y a plein de choses à mettre en place, qu'il faudrait mettre en place, qu'il n'y a pas une solution miracle, et que c'est à tous les niveaux de la société, au niveau des politiques, au niveau des professionnels, au niveau de l'entourage social des femmes, et au niveau du coparent, au coparent LIA. qu'il faut faire des choses pour mieux accompagner ces retours au travail pour qu'ils soient moins catastrophiques pour beaucoup de femmes.

  • Speaker #0

    Oui, puis dans ton livre, tu disais que c'était un essai mais c'est surtout super documenté aussi. Moi, je le conseille vivement qu'on soit salarié ou même indépendant parce que tu parles des différentes situations et pas que du salariat.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vraiment cherché mais aussi parce que j'étais dans cette réflexion-là, de me dire, est-ce que je retourne dans un salariat ? Non, j'ai absolument pas envie, je me suis fait ma traité, ça ne me donnerait pas question. Ok, mais est-ce que je me lance à mon compte ? Et comment, ni quoi, et qu'est-ce ? Et donc, du coup, et aussi, je pense que le fait d'être moi, c'est un peu con à dire, d'être à la fois femme racisée, issue de l'exil, ça me donne un regard particulier sur le sujet, à la fois, je suis clairement, je suis partie clairement de CSP+, mais... Pour autant, je suis une transfuse de classes, parce que mes parents n'étaient pas du tout, en venant en tant que réfugiés en France, ils ont été complètement déclassés, donc ils sont repartis au plus bas de l'échelle. Je ne prétends pas du tout être issue d'un milieu populaire, parce que c'est beaucoup plus complexe que ça, puisqu'ils ont été déclassés, et j'ai des codes, on a intégré ma famille à des codes bourgeois que n'ont pas certaines familles des classes populaires. Mais pour autant, j'ai cette sensibilité-là aussi, pour l'avoir vécu pendant toute mon enfance. En plus, en ayant... fait toute ma carrière en salariat, mais en me posant énormément de questions sur l'entreprenariat, et du coup pendant un an et demi, m'être questionnée sur le sujet avant d'encontrer d'autres gens, etc. En fait, j'avais un pied un peu dans tous les milieux, secteurs. Et c'est pour ça que je me disais, mais en fait je suis la seule à pouvoir, et encore, je ne suis pas porteuse de handicap, a priori je suis vraiment une femme cisgenre et hétérosexuelle, donc je n'ai pas du tout la prétention de pouvoir imaginer toutes les situations de diversité. mais j'ai à cœur de pouvoir au moins alerter sur le fait qu'il ne faut pas regarder ce sujet-là sous le seul prisme du cadre normé de la femme blanche 16P+, salariée, parce que c'est un peu le cas dans un couple hétérosexuel, c'est un peu le cadre classique, mais d'essayer d'ouvrir des portes aussi sur le cas et surtout appeler à ce qu'en fait les gens s'expriment et les gens fassent des recherches sur tous les autres cas de personnes devenues... de numères qui sont en situation de devoir se questionner sur le travail. Et effectivement, je me suis basée pas seulement sur mes ressentis, ou pas que sur mon analyse à partir des interviews que j'avais faites, mais aussi sur énormément de documentation, de recherche. Quand bien même, sachant que j'ai fait beaucoup d'extrapolations aussi, puisque des études concrètes sur le sujet spécifique de la reprise après le travail, pendant que j'écrivais mon livre, il n'y en avait pas. Ou alors, il y en avait, mais qu'ils n'étaient pas faits. dans un cadre méthodologique hyper fiable et représentatif de la population. Depuis, il y a quand même l'APEC qui a sorti une étude spécifique sur ce sujet, et ça, je les en remercie parce que ça donne vraiment des données chiffrées, factuelles. Après, c'est sur la population des femmes cadres, mais on voit déjà que dans la population des femmes cadres, c'est très compliqué. Alors, on n'imagine même pas à quel point c'est absolument complexe, voire douloureux pour les femmes non cadres.

  • Speaker #0

    Alors, après ton licenciement, Qu'est-ce que tu as choisi de faire ? Tu as quand même postulé dans des boîtes ou tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #1

    Pendant mon licenciement économique, j'ai cherché ma voie. J'ai fait des formations. J'ai pensé reconversion. J'ai cherché ma voie. Donc le podcast était un moyen... Enfin, j'ai lancé ce podcast à un moment donné où vraiment j'étais dans un trou noir et où c'était le seul truc, la seule idée qui, à un moment donné, m'a donné de l'enthousiasme et m'a redonné le sourire et a, entre guillemets, refait marcher mon cerveau. En mode... Ah bah tiens, ah bah oui j'ai des idées, j'ai des trucs et ça commence à partir etc. Et je suis très intuitive et je fais énormément confiance. à mes intuitions. Enfin confiance, je ne sais pas comment dire, mais je suis intuitive et je suis mes intuitions. Et je me suis dit, OK, si c'est le truc qui aujourd'hui me fait sourire et réactive mon cerveau en mode positif, c'est-à-dire en mode créatif, bon ben go, je vais faire mon podcast. Et puis Adyen Kupoura, je ne sais pas du tout ce que ça va donner en termes professionnels. C'était en 2021, donc il y avait quand même déjà un boom des podcasts, mais le marché n'était pas mature du tout. je ne suis pas sûre qu'il soit beaucoup plus mature aujourd'hui, mais il était quand même plus, et je m'étais dit, je ne sais pas trop. Sachant que, évidemment, tout ça, et qu'on se le dise, c'est des problèmes de riches, au sens où, évidemment, je ne suis pas riche, je ne suis pas du tout PDG de la PMH, je ne sais pas du tout ça, mais de riches au sens où, j'étais, un, au chômage, j'étais en état de chômage, et deux, j'avais surtout mon conjoint qui pouvait prendre le relais financier. Donc là où, il a beaucoup plus travaillé, il a beaucoup plus d'heures sup, etc., du coup, financièrement, ben... ils pouvaient faire la balance. Donc encore une fois, toutes celles qui m'écoutent, on est bien conscients que je suis dans une situation privilégiée où j'ai pu avoir le temps de me questionner et d'avoir le privilège de ne pas me dire absolument que je crois un taf, etc. Et à ce moment-là, je me suis dit, de toute façon, je ne voulais absolument pas revenir dans un salaire, c'était vraiment pas des rétros. comme énormément de femmes qui sont maternitées par le travail au retour de leur congé maternité. Et j'ai envisagé l'entrepreneur en me disant, c'est peut-être un point de chute. J'ai beaucoup tourné autour du pot en me disant, qu'est-ce que je fais ? J'ai lancé mon podcast. Le podcast a été vraiment thérapeutique pour moi, avant toute chose. Et puis je me dis, peut-être que si je lance mon podcast, je peux peut-être développer un truc financier, enfin le monétiser. J'ai très vite compris qu'en fait, ce n'était pas par ça que j'allais du tout vivre. Du coup, après, je me suis dit non, est-ce que j'en fais mon activité, une activité freelance à côté ? Très vite, je me suis dit non, c'est trop réducteur pour moi, je ne veux pas faire jusque du podcast. Après, je me suis dit non, mais en fait, en même temps, c'est mon sujet, mon sujet me passionne. Est-ce que je fais des choses autour de l'égalité femmes-hommes ? Est-ce que je fais des choses autour du soutien à la parentalité ? J'avais même intégré un incubateur pour pouvoir justement développer une activité autour de ce sujet-là. Et en fait, très vite, alors autant, moi j'ai de la communication, du market com, donc je sais très bien faire des claquettes, et je sais imaginer un projet, je sais le ficeler, je sais faire en sorte que les gens se disent waouh, c'est super, c'est super intéressant mais en vrai, et quand bien même, j'ai même passé, j'ai fait des pitches, je suis passée devant des jurys, tout le monde m'a dit etc., et en même temps, je n'y croyais pas. au sens où mon sujet, je le prends de manière tellement engagée militante qu'allier militantisme et business, dans ma tête, ça ne marche pas, ça ne colle pas. La mayonnaise ne prend pas, ça me crée trop de nœuds au cerveau, ça me brasse trop de questions existentielles et métaphysiques, donc j'arrive à trouver une sérénité par rapport à ça. Très concrètement, ça voulait dire que par exemple, je me dis, si je me lance, je fais des formations d'entreprise. etc. Je me dis, mais bon, qu'est-ce que je vais faire en entreprise ? Ils vont me faire venir pour des conférences, ils vont me faire venir pour un cycle d'atelier. Il y a encore un cycle, un atelier déjà, ça serait bien. OK, je vais éventuellement gagner ma vie comme ça, mais en vrai, tu n'es pas dupe. Ce n'est pas juste une action pinote à un moment donné qui va résoudre le problème. Tu vas dire quoi aux nanas qui vont être là en face de toi ? Si jamais, vas-y, calme-toi. Je ne vais pas. voilà c'était j'étais pas dupe quoi enfin j'étais là et en même temps j'ai dit bon bah ok si tu veux pas si je veux pas être trop hypocrite dans mon entreprise bah dans ces cas là t'accompagnes les femmes et là pareil je me dis bah ok bah je vais accompagner les femmes et qui va me payer si ce n'est les mêmes personnes que moi c'est des nananas SP plus qui sont pas bien dans leur travail etc mais pareil tu sais très bien que bon elles à la limite elles ont quand bien même c'est hyper douloureux pour elles elles auront les moyens de trouver des solutions qu'est-ce que tu fais de toutes les autres mais en même temps comment tu fais pour oui bon voilà toutes ces questions là j'arrivais pas du tout à les résoudre Et ce qui ne veut pas dire que ça ne se résout pas, c'est vraiment des questions individuelles et personnelles, mais moi, je ne sais pas, et je ne veux pas, et je n'arrive pas à concilier business et militantisme. Et en parallèle, la vie fait son chemin. J'ai eu différentes opportunités de poste salarié où tout d'un coup, à un moment donné, j'en avais tellement marre du podcast au sens où c'est extrêmement chronophage. Mais vraiment, vraiment, vraiment chronophage. J'en arrivais à… Je faisais tout moi-même avec des enfants qui, en plus, se couchent très tard, voire qui font très mal leur nuit pour le plus petit. Du coup, je montais la nuit fatiguée, vraiment exténuée. Donc, je n'en pouvais plus. et à un moment donné on m'a dit il y a tel poste, tu veux pas que je suis libre j'ai refait mon CV la dernière minute ah bon bah par pur des hasards le CV a accroché j'ai fait des entretiens c'est allé très loin mais j'ai pas eu le poste et tout d'un coup je me suis dit ah mais en fait j'étais hyper déçue de ne pas avoir le poste et je me suis dit ah mais en fait finalement bon allez ça fait un an que c'est passé peut-être que En plus, je le sais théoriquement, puisque j'ai l'idiot d'études sur le sujet, j'en ai discuté avec des gens, je sais théoriquement que plein de femmes se réfugient dans l'entreprenariat parce qu'elles ont été mal traitées dans le salariat. Et tout d'un coup, là, je m'étais dit, ok, mais en fait, effectivement, c'était ça. C'était exactement ce qui se passait pour moi, c'est-à-dire que je mettais ça à distance pour finalement me protéger de ça et que finalement, j'arrivais plus facilement à me projeter à nouveau dans un poste salarié que moi me projeter dans l'entreprenariat parce que je ne savais pas par quel bout le prendre. Parce que ça, voilà, c'est ce que je disais, je ne savais pas. Comment conseiller ministre en business ? Et donc petit à petit, je me suis dit, peut-être envisager le retour au salariat. Bon, j'ai dit comme ça, ça paraît très évident et très rapide, mais en fait, ça me prit des mois. Donc ça mûrise vraiment, tout en continuant à me dire, OK, entrepreneur, entrepreneur. Et puis tout en, en même temps, j'ai rencontré mon éditoriste qui m'a proposé d'écrire le livre. Et puis du coup, à partir du moment où j'ai commencé vraiment à écrire le livre, et parce que j'avais une échéance de publication, Là, en fait, du coup, je me suis plongée dedans. Et ce qui m'a forcé aussi à... Enfin, ça a accompagné le mûrissement de ma réflexion aussi sur l'entreprenariat ou salariat. Du coup, je me suis dit, OK, de toute façon, je ne vais pas... Et puis, c'est un truc tout con aussi, c'est que mes indemnités de chômage s'arrêtaient. Et donc, à un moment donné, il fallait vraiment que je prenne des décisions. Je ne pouvais plus avoir le luxe de me dire, est-ce que j'ai l'entreprenariat ou pas ? Et là, je me dis, OK, en fait, l'entreprenariat, je ne m'y vois pas. Et je veux avoir une sécurité financière dans la mesure où... Et quand bien même je ne me suis pas lancée réellement, j'étais dans cette logique d'entreprenariat, c'est-à-dire d'imaginer des choses, d'essayer de développer des choses, d'essayer de prendre des contacts, d'essayer de créer un réseau et tout ça, plus le podcast, plus c'est l'idée de faire du personnel branding à la con. Et en fait, ça me prenait un temps monstrueux. Et ce temps monstrueux, en fait, c'était tout le temps, matin, midi et soir, week-end, en vacances. Donc en fait, je n'étais jamais vraiment avec ni mes enfants, ni avec moi-même. Et c'était hyper douloureux parce que je trouvais que ça n'allait pas aussi vite que je voulais. ce n'était pas aussi satisfaisant que je voulais. Et en plus, surtout, ça ne sonnait pas sonnant et trébuchant comme je voulais ou comme il aurait fallu. Et donc, je me suis dit, en fait, je retournais à ce confort du salariat où, effectivement...

  • Speaker #0

    je peux enlever ma casquette de professionnel le soir, je peux enlever ma casquette de professionnel le week-end et que j'ai droit aussi à pouvoir déconnecter. Et en fait, toute cette phase-là m'a permis de mûrir, de dire en fait, pourquoi l'entreprenariat, pourquoi l'entreprenariat ? Ok, c'est bon, je pense que j'ai exorcisé mon malade vis-à-vis du salariat, j'ai commencé à le mettre de côté et puis à vouloir aussi retourner à ce confort, en fait, ce confort de pouvoir tout simplement aussi vivre autrement, en réfléchissant constamment à qu'est-ce que je dois faire pour essayer de développer mon activité. Et puis tout le temps, moi, je ne sais pas, en fait, m'arrêter. Il y a des gens qui, peut-être, arrivent très bien, sûrement, et moi, je n'y arrivais pas. Et ça me consommait trop, et ça me bouffait trop, d'autant plus qu'en parallèle, les sujets que je porte me bouffent en soi. Parce que ça nourrit une colère contre la société, ça nourrit plein de choses et tout. Donc, c'était trop. Mon cerveau était constamment en surchauffe. Je n'en pouvais plus, en fait, et j'avais besoin de déconner. D'où le retour au salariat.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien que tu en parles parce que je pense qu'aujourd'hui, alors est-ce que c'est... C'est la société qui fait aussi, avec le Covid, que beaucoup de gens se sont mis en auto-entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a ça. Puis tu as le côté start-up nation, c'est tellement glamourisé tout ça. Et puis tu as ce côté de l'accès aux réseaux sociaux, et puis tous ceux qui se mettent en scène sur les réseaux sociaux parce qu'ils doivent pouvoir en vivre. Tu as cette impression de facilité qui est fausse. Puis cette impression, mais c'est comme pour la parentalité, ce miroir déformant des réseaux sociaux qui donne l'impression que... et que c'est facile ou que c'est pas tu vois pas tous les à côté tu vois pas le up and down des entrepreneurs etc puisque eux doivent se mettre en avant et doivent valoriser le fait qu'ils sont bons etc sinon ils attirent pas de clients donc ouais c'est le meilleur très déformant des réseaux sociaux qui en fait t'empêche de réellement réfléchir à des envies profondes

  • Speaker #1

    Exactement, et c'est pour ça que c'est bien que tu parles parce que je pense que des mamans, des papas qui se posent la question, il faut voir qu'il y a quand même une charge mentale.

  • Speaker #0

    qui est importante qui est énorme et quand t'as des enfants en bas âge faut s'accrocher pour tenir les cas qu'on voit sur les réseaux sociaux qui réussissent alors faut savoir comment elles réussissent comment elles sont moi j'ai pas de relais par exemple on a pas de relais pour la garde des enfants donc c'était toujours tout pour notre femme donc c'est lourd à un moment donné et quand en plus t'es à ton compte tu dis bah non je vais pas en plus embaucher des babysitters etc c'est quand même un peu fort de café déjà je suis pas d'argent quand en plus je les dépense à j'ai des babysitters pour commencer mais c'est l'enfer en fait et quand t'es parent de jeunes enfants ça veut dire que du coup t'es la barrière d'ajustement de tous les aléas systématiquement mais glazias ou pas aléas t'es forcément celle, la personne qui passe qu'elle travaille à la maison ou en tout cas n'a pas d'employeur ou n'a pas de mission fixe ou n'a pas de voilà c'est elle qui va attendre j'ai une connerie mais le livret d'artis entre 8h et midi parce que c'est le passage du livreur. C'est elle qui systématiquement va récupérer les enfants à 4h30 quand l'école se finit, ou voire plus tôt. Ou c'est elle qui se dit Ah bon, c'est pas bon la cantine, peut-être que je vais les amener. Et petit à petit, en fait, tu as ta vie grignotée par tout et n'importe quoi. Et c'est ça aussi que je n'arrête du tout, du tout à assumer, c'est d'être… être en charge de tout tout le temps et je n'en pouvais plus quand tu interroges les entrepreneurs leur projet d'entreprise c'est leur bébé déjà tu as des bébés humains plus un bébé professionnel à faire grandir mais c'est trop moi c'était trop, ça me bouffait trop tout ça plus en plus le côté engagé de mes sujets j'étais non-stop les deux dollars à prise j'en pouvais plus quoi et aujourd'hui là,

  • Speaker #1

    tu as repris une activité salariée depuis quelques mois ?

  • Speaker #0

    depuis un an ?

  • Speaker #1

    Depuis que tu as arrêté les épisodes du podcast ?

  • Speaker #0

    Oui, même un peu plus. En fait, à un moment donné, quand il a vraiment fallu écrire, je n'avais plus le choix, sinon je vais vraiment être grave à l'arrache pour le rendu de mon manuscrit, parce que j'étais attachée par mon contrat à une date de publication. Je ne pouvais plus reculer. De toute façon, il fallait que je me concentre sur l'écriture, donc je ne pouvais plus gérer l'écriture et le podcast en même temps. pour des raisons simplement organisationnelles, d'autant plus qu'à ce moment-là, j'avais vraiment décidé de retrouver un poste en salariat. Donc, ça veut dire qu'en j'écrivais en même temps que je postulais. Donc déjà, en soi, ça faisait beaucoup et donc il n'y avait plus de bande passante du tout pour le podcast. Et aussi parce que pour pouvoir écrire pour le livre, je ne saurais pas comment expliquer les différences et j'avais besoin de décrocher du podcast parce que le podcast amène une réflexion, un type de réflexion. qui est complètement différente de la réflexion que j'utilise. que tu dois porter pour écrire un livre. Et donc du coup, en fait, j'étais trop… Je ne pouvais pas faire les deux types de réflexions à la fois, c'était trop demandant. Donc, je n'avais pas d'autre choix, il fallait que je rentre chez Mianeski, donc il fallait que j'écrive. Donc, je me suis mise à écrire et à chercher du boulot en même temps. Et au moment où j'ai fini d'écrire le livre, enfin à peine j'ai fini d'écrire le livre, j'ai commencé mon nouveau poste. Donc forcément, et puis qui dit nouveau poste, dit reprise, dit nouvelle boîte, nouveau poste, nouveau tout machin, forcément tu as un temps que je ne vais pas te raconter parce que c'est le temps de la reprise, mais quand bien même c'est pas tout de suite après la naissance de mon enfant, c'était extrêmement chronophage. et j'assurais le lancement de la promo du livre en même temps aucune bande passante pour quoi que ce soit d'autre le podcast est malheureusement complètement moribond alors j'ai des épisodes en soute mais que j'ai pas à monter, j'ai pas le temps j'aimerais bien pouvoir le reprendre mais pour l'instant j'ai pas de bande passante

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu souhaiterais transmettre comme valeur à tes enfants ? Tu as deux garçons, moi j'en ai trois.

  • Speaker #0

    Déjà, il y a une valeur, la première valeur, c'est la valeur famille chez nous, que ce soit du côté de mon conjoint comme de mon côté. La famille est très importante, au cœur de tout, avec les notions d'entraide et de solidarité qui sont intrinsèques à notre culture familiale. Ça, je pense qu'ils le ressentent bien, parce que de toute façon, on est toujours ensemble. et qu'on est très proche de nos familles respectives. Ensuite, le valeur que tout le monde a de respect de l'autre, de respect de la différence, de respect des singularités des autres, etc. bien sûr, mais aussi du sens collectif que j'ai toujours eu moi. J'aimerais bien qu'ils aient des valeurs féministes. Évidemment, je vais tout faire pour. Ensuite, je ne suis pas dupe, l'éducation des enfants ne sont pas du seul appanage les parents, puisqu'il y a toute une société autour, il y a l'école, il y a les amis, il y a tout ça, qu'ils aient conscience de leurs privilèges en tant qu'hommes, enfin, en tout cas, futurement, en tant que garçons, qu'ils aient conscience de la manière dont, dès la petite enfance, déjà, les chances ne sont pas les mêmes et les féministes, au sens large, les femmes, les féministes intersectionnelles, ils ont conscience de leurs privilèges aussi en tant qu'enfants de bobos, quoi. et qui puissent s'en servir pour à la fois bien décrypter les différentes forces en œuvre et qui les mettent aussi à profit pour permettre que les chances soient égales pour leurs copains et copines qui n'ont pas les mêmes chances.

  • Speaker #1

    Et peut-être une dernière question. Comment tu vas continuer la lutte entre guillemets pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes en entreprise ? Tu as des actus ou non ?

  • Speaker #0

    Alors des actus d'action, enfin en tant que tel, non pas particulièrement, mais ce que je fais, c'est que du coup, déjà faire la promotion de mon livre, c'est une action en soi. Ce n'est pas faire la promotion de mon livre pour faire la promotion de mon livre. L'idée n'est pas de vendre mon livre parce que je vais faire fortune avec. Ce n'est pas du tout ça. Si on faisait fortune quand on écrit un livre, ça serait. En tout cas, sachez qu'on ne fait pas fortune quand on écrit un livre du tout. Sauf si on s'appelle Guillaume Musso, mais je ne m'appelle pas Guillaume Musso. Mais ce n'est pas du tout ça. Mais en revanche, le fait que plus mon livre est connu ou en tout cas médiatisé, je réponds à toutes les demandes de journalistes, ça prend du temps. C'est une manière pour moi de faire lumière sur ce sujet-là. Et donc faire la promotion de mon livre, c'est faire en sorte que les gens s'emparent du sujet, que les gens le lisent, pas pour ma pomme, je m'en contrefous de ma pomme, mais vraiment pour que les gens prennent conscience de l'importance de ce sujet-là, à quel point c'est crucial. dans l'évolution des femmes, dans la classe des femmes dans la société, dans le monde professionnel. Et aussi, je suis très proche des milieux féministes et parentalité. Je ne suis pas encartée dans quoi que ce soit, mais je travaille, j'œuvre aussi. Quand il y a des rendez-vous, quand il y a des choses, je manifeste quand je peux manifester. Je le fais à petite échelle, par choix. C'est très difficile quand tu es mère de jeunes enfants de trouver du temps. dans ta vie pour donner d'avis à tes engagements, d'avis concrets. Je ne me flageais pas non plus là-dessus, mais je fais ce que je peux et aussi ce qui va à ma santé mentale. C'est-à-dire qu'à un moment donné, toute cette colère militante était trop forte, trop présente, pour que sciemment, je puisse l'entretenir à long terme. C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix du salariat, pour pouvoir mettre ça à distance aussi, parce que ça me consumait trop. C'était trop en colère tout le temps, aussi dans ma vie personnelle, forcément c'est un impact, mais c'était bon ni pour ma santé mentale ni pour ma santé familiale, on va dire. Donc j'avais besoin aussi de mettre ça à distance, mais ce qui ne veut pas dire que je ne fais pas mon niveau.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux redonner le titre de ton livre et où est-ce qu'on peut le trouver ?

  • Speaker #0

    Le titre du livre, c'est La reprise, le tabou de la condition des femmes après le congé maternité aux éditions Payot, que vous pouvez trouver dans n'importe quelle librairie, et en particulier auprès de votre librairie de quartier, votre librairie indépendante, que vous pouvez aussi retrouver sur toutes les plateformes de vente de livres, que je ne citerai pas, le grand distributeur que tout le monde connaît, qui commence par un F et qui finit par un C. comme des plus grands distributeurs qui commencent par un A, mais qu'on va essayer d'éviter parce que ce n'est pas très terrible. On attend deux jours pour le recevoir. Voilà. Si vous ne le trouvez pas chez votre libraire, vous pouvez tout à fait le commander. Tous les libraires font ça. Et sinon, en fait, sur mon compte Instagram, donc laroprise.podcast, j'ai mis les liens vers soit la plateforme des libraires indépendants, pour pouvoir le retrouver ou l'identifier près de chez vous. soit quand même un distributeur français qui commence par un F et qui finit par un C

  • Speaker #1

    Merci en tout cas je ne peux que le conseiller ce livre parce que moi je l'ai dévoré je crois en deux soirées, en fait ça m'a tellement parlé aussi il faut dire, voilà je pense que je suis dans une période où ça me parlait tellement que quand j'ai su que tu le sortais j'ai acheté direct et puis les études sont tellement flagrantes que je comprends ton... voilà cette colère qu'il y a en nous parce que c'est et encore moi je suis dans ta condition actuellement donc vraiment pas mère isolée avec un bon niveau de salaire j'ai pas à me plaindre donc comme t'as dit dans le podcast on est quand même assez privilégiés. C'est peut-être à nous aussi de se battre pour les autres. Mais donc, ça m'a fait vraiment plaisir que tu acceptes mon invitation et que tu puisses échanger et libérer la parole sur cette reprise ou ces reprises, parce que moi, j'en ai vécu trois, complètement différentes aussi. Mais en effet, c'est très, très important d'en parler.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. Et j'ajouterais qu'en t'écoutant, le fait que ce livre circule et qu'il soit connu, encore une fois, ce n'est pas pour moi, mais c'est au-delà de la prise de conscience collective et sociétale et des changements qui doivent être opérés, c'est aussi pour permettre aux femmes de se sentir moins coupables, de se sentir légitimes dans leurs difficultés et légitimes dans leurs ressentis parce qu'aujourd'hui, c'est horrible à dire, mais on nous laisse tellement nous démerder toutes seules, surtout quand on reprend le travail, c'est comme si, ben voilà, tu as voulu des enfants, tu assumes, c'est horrible. de phrases assassines qu'on entend qu'on peut même voir sur les réseaux sociaux sous des commentaires de post. Rien n'est fait pour nous aider ou au contraire tout est fait pour qu'on aille droit dans le mur. Donc c'est normal de se sentir épuisé, c'est normal de se sentir complètement noyé partout parce qu'en fait, tout repose sur nos seules épaules et c'est juste pas normal parce qu'un enfant ça se fait à deux ou un enfant ça se fait en société. Tout le monde nous pousse, la société nous pousse à avoir des enfants et ensuite nous laisse démerder. comme des grandes, mais peu importe qu'on soit grande ou pas, on s'en fout. C'est juste irréaliste de penser que tout peut reposer que sur nos épaules. Dans une société, en plus, où l'individualisme nous a tellement poussés à vivre loin de tout le monde, de nos relais familiaux ou d'être coupés de solidarité, même sociale, du voisinage, que du coup, ce n'est pas réaliste de penser qu'on peut qu'on doit tout gérer tout seul.

  • Speaker #1

    Merci. Beau mot de la fin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Pauline.

  • Speaker #2

    Si vous entendez ce message, c'est que vous avez écouté l'épisode jusqu'au bout. Et je vous en remercie grandement. Je vous invite à me laisser un commentaire pour continuer les échanges et à mettre la note de 5 étoiles si l'épisode vous a plu. Cela contribue à augmenter la visibilité du podcast sur les plateformes. Merci beaucoup de votre soutien et à bientôt pour le prochain épisode.

Description

📣 Découvrez l'épisode avec Thi Nhu An, auteure de La Reprise aux éditions Payot ! 📣


J'ai eu l'immense plaisir de recevoir Thi Nhu An Pham, fondatrice du podcast @lareprise.podcast et auteure de "La reprise, Le tabou de la condition des femmes après le congé maternité". Ensemble, nous avons exploré un sujet crucial mais souvent ignoré : le retour au travail après une grossesse et ses impacts sur les femmes.


Contrairement aux apparences, cette période est loin d'être simple. Problèmes de garde, environnement de travail discriminatoire, tensions familiales, pression intense et fatigue extrême sont autant de défis que les femmes doivent surmonter.


Thi Nhu An a lancé "La Reprise" en 2021 après un licenciement économique survenu pendant son deuxième congé maternité, pour briser le silence autour de cette étape difficile et offrir une perspective collective et féministe.


Dans cet épisode, elle partage son expérience de mère de deux enfants et les résultats de son enquête sur les conséquences d’une reprise mal préparée après un congé maternité.

Un épisode riche en enseignements et en résilience que j’ai hâte de vous faire découvrir ! ☀️


🎧 Retrouvez cet épisode et les autres de Ma petite famille sur votre plateforme d’écoute préférée. N'oubliez pas de laisser un commentaire et de nous donner une note de 5 étoiles !




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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fonder une famille, c'est du bonheur, des joies, des doutes et des combats qui sont propres à chacun et qui soulèvent beaucoup d'interrogations. Je suis Pauline et je suis la créatrice du podcast Ma Petite Famille. Dans ce podcast, vous écouterez des récits singuliers, authentiques et inspirants de parents qui partageront leur histoire du désir de fonder leur famille au quotidien avec leurs membres. Je vais converser avec des parents anonymes ou plus connus, que vous suivez peut-être sur les réseaux sociaux, pour vous proposer, de par ces rencontres, un maximum d'histoires enrichissantes, bienveillantes et déculpabilisantes. Vous retrouverez tous les 2e et 4e vendredis de chaque mois un nouvel épisode. Pour suivre l'actualité du podcast, des invités et de ma vie de maman, rejoignez la communauté Ma Petite Famille sur Instagram. Et si vous aimez les épisodes, je vous invite à laisser une note de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute privilégiée et avec un petit commentaire. Cela permet, au-delà de me faire très plaisir, de faire connaître le podcast au plus grand nombre. Je vous en remercie. Avant de vous embarquer dans ma conversation avec mon invité, je souhaitais vous faire découvrir la marque Atelier Amage. Vous cherchez un cadeau de naissance unique et pratique ? La gamme d'accessoires de pierre et culture proposée a été conçue pour le quotidien des parents. Vous serez séduit par les motifs intemporels et spécialement dessinés pour la collection. La personnalisation des pièces est faite en Bretagne. Vous êtes sûr de faire plaisir avec un cadeau unique réalisé avec amour. Rendez-vous sur atelier-amage.fr pour en savoir plus. Maintenant, place à l'épisode. Bonne écoute ! Bonjour Pinyuan, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline, avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Je suis vraiment très contente de t'avoir à mon micro parce qu'on va parler d'un sujet qui me tient à cœur parce que j'ai dévoré ton livre. Tu expliqueras dans quel contexte tu as écrit ce livre qui s'appelle La Reprise et que j'ai prêté à plusieurs amis. Est-ce que tu pourrais te présenter avant ça, dire qui tu es, d'où tu viens, de qui est composée ta famille et ce que tu fais dans la vie s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, alors je m'appelle Tin Yuan Pham, Tin Yuan étant mon prénom. Je suis d'origine vietnamienne, je suis arrivée en France en tant que réfugiée, en même temps que mes parents. C'est important dans mon parcours qu'on sache. J'ai deux enfants, deux garçons qui ont 4 et 7 ans et demi, en couple hétérosexuel, et je travaille dans la communication, en tant que salariée dans une institution publique.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as toujours voulu avoir des enfants ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai toujours voulu avoir des enfants. Je ne me suis jamais posé la question, comme ça. Je ne me suis jamais questionnée sur le délire d'enfant. Maintenant, un peu théorique, quand je vois toutes ces questions que les jeunes se posent, j'aurais adoré me les poser. Mais en fait, mon schéma familial et culturel a été que faire famille, et la notion de famille est très importante dans la culture vietnamienne, faire famille, c'est avec des enfants. Donc, je ne m'envisageais pas autrement que… entre guillemets, grandir, être adulte et avoir des enfants. Donc je ne me suis jamais questionnée. Les enfants ont toujours été dans mon optique de vie, sans aucune mise à distance de ça ou quoi que ce soit. Puis j'aime bien les enfants, oui, toujours.

  • Speaker #0

    Comment est venu ce projet bébé quand est-ce que tu as rencontré ton mari ? Tu es arrivée en France à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis arrivée en France quand j'avais 4 ans. Donc j'ai fait toute ma vie en France. J'ai grandi, j'ai fait mes études. Mais ma culture familiale vietnamienne est quand même très forte. Et j'ai rencontré mon conjoint en 2024. C'était en 2011, donc il y a 13 ans, presque 13 ans. Et on a eu notre premier enfant à Pays de l'Oise. après 5 ans. C'était un enfant désiré, on n'est pas mariés, mais tout se passait bien, on avait envie d'avoir un enfant. Sachant que j'ai eu des enfants assez, entre guillemets, tard. C'est-à-dire que mon premier enfant, j'ai eu à 36 ans, et mon deuxième à 40 ans. C'est un élément à prendre en compte, en tout cas, pour comprendre aussi la relation que j'ai au travail. C'est-à-dire qu'ils sont arrivés à un moment donné où j'avais déjà fait une bonne partie de ma carrière. Enfin, dit comme ça, c'est extrêmement bizarre quand même. En tout cas, j'avais déjà beaucoup évolué professionnellement. Je m'étais déjà trouvée professionnellement et j'étais déjà satisfaite professionnellement. S'il y avait eu mes enfants plus tôt, peut-être que j'aurais un autre rapport au travail et à la famille. En tout cas, ils sont arrivés à un moment donné où je n'avais plus la sensation de devoir prouver, trouver quelque chose, évoluer coûte pour coûte, etc. Donc, j'étais sereine vis-à-vis de mon travail et de ma position dans l'entreprise. à ce moment-là. En tout cas, je n'avais pas de questionnement particulier. Et quand est arrivé mon premier fils, la reprise du travail s'est faite de manière un peu particulière, dans la mesure où on n'avait pas de passe en crèche. On fait partie de ces nombreux... foyers, familles pour lesquelles il n'y a pas eu de place en crèche avant les plus d'un an de mon fils, puisqu'on avait déménagé entre-temps, et j'ai eu le privilège... Ça privilège que mon conjoint, de par son métier, puisse être très flexible et s'est rendu disponible et a pu se charger de la garde de mon fils à ce moment-là. J'ai eu une reprise du côté personnel et familial intime plutôt sereine dans la mesure où je savais très bien qu'il allait garder mon enfant. Et donc, je n'avais pas d'angoisse par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ce premier, vous avez eu des discussions quand même tous les deux ? Ton conjoint était, pour lui, ça ne lui posait aucun problème ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Ça n'a pas été un... C'était fluide. C'était fluide. Après, j'ai peu de souvenirs parce que j'ai eu mon deuxième enfant. Il y a eu plein de choses qui se sont passées à ce moment-là. On en reparlera, mais j'ai l'impression d'être passée dans une machine à laver. Donc, j'ai peu de souvenirs. de vraiment de ces moments-là mais non ça a été assez fluide l'arrivée de notre enfant de nos premiers a été mais un bouleversement émotionnel dans notre vie bouleversement dans tous les sens mais pas tout le monde émotionnel ou que lui comme moi avons découvert l'amour avec un grand A on était en mode comme l'émoji chat avec des yeux en forme de cœur donc c'est pas questionné je crois pas en tout cas une seule seconde et c'est mis bon Il travaille dans l'audiovisuel et intermittent, donc ça aide aussi. Il peut choisir ses missions, il peut choisir d'accepter ou pas d'accepter. Il peut choisir de se relancer à trouver, à chercher des missions ou pas. Ce n'est pas la même chose que quand on est salarié et qu'on doit prouver, enfin, qu'on a un employeur qui décide, en fait, si oui ou non, tu peux t'arrêter ou pas. Il est quand même dans un cadre professionnel qui le permettait. Et non, il n'y a pas eu de discussion particulière à ce sujet à ce moment-là. Mais comme il n'y a pas eu de discussion particulière tout court… avec l'arrivée de l'enfant. Moi, j'étais dans un schéma, en plus, où j'ai toujours travaillé beaucoup. Et comme je savais que je voulais avoir un enfant, et comme lui aussi, tout était très fluide, très naturel. On ne s'est pas poussé à questionner. On aurait dû faire plein d'autres choses. Mais voilà, on a pris des choses au fur et à mesure. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et donc, après ton petit va à la crèche, vous reprenez tous les deux... Enfin, toi, tu étais déjà en activité, mais lui aussi. Quand est-ce qu'est venue l'envie d'un second ? Toi, ta reprise s'est bien passée ?

  • Speaker #1

    Moi, ma reprise s'est globalement bien passée, oui. Après, sur le moment, ça s'est plutôt globalement bien passé. Ensuite, à posteriori, quand je repense à certaines choses, à certaines remarques qu'on a pu me faire, que j'ai pu entendre de manière générale aussi sur d'autres femmes qui reprenaient leur travail après la naissance d'un enfant, quelques mois plus tard, il y a des choses où je me suis dit Ah ! En fait, il y a des choses que je n'aurais pas dû laisser passer à ce moment-là, où il y a des choses qui finalement nourrissaient un climat qui n'était pas forcément hyper mer-friendly mais dont je n'avais pas conscience à ce moment-là, parce que j'étais dans mon truc, en pleine reprise et tout ça, et ça ne m'a pas forcément porté préjudice, mais ça ne m'a pas forcément non plus… Ce n'était pas un climat forcément super positif. Mais voilà, tout roulait, et le deuxième enfant est arrivé. 3-4 ans après, de toute façon on aimait tellement être parents, en plus j'ai eu la chance pour ma première grossesse d'avoir une grossesse vraiment idéale où tout était très bien passé globalement, que oui, il était clair qu'on allait empiler pour un deuxième et le deuxième est arrivé 3 ans et demi après, 3 ans après avec la grossesse. Là par contre c'était une autre paire de manches, ma deuxième grossesse était affreuse, j'étais hyper, enfin c'était compliqué sur plein de trucs. T'étais fatiguée ? Ouais, j'étais fatiguée, j'avais des nausées, j'ai fait des insomnies dès le tout début de la conception, j'avais des douleurs partout. C'était vraiment une grossesse très pénible, physiquement parlant. Du coup, au bout d'un moment, forcément, le physique joue sur le moral, donc c'était particulier. Et puis, c'est enchaîné plein de choses qui ont petit à petit bien miné cette expérience. de la grossesse et du postpartum immédiat, parce qu'il y a eu les grèves. Je suis tombée enceinte en 2019. En mi-2019, il y a eu les grèves de fin d'année. De fin 2019, les grosses grèves à ce moment-là. Donc, ça a compliqué un peu la chose. Et comme tout mon corps était douloureux, il n'était pas question que j'aille au boulot à pied. Donc, j'ai eu quelques remarques. C'était franchement pas bienvenu. J'ai eu le Covid, surtout, avec tout son lot de stress, d'incertitude, etc. Et puis, j'ai accroché... C'est un enfant prématuré, né deux mois avant terme, à la limite du grand préma, donc à l'appareil, tout ça au tout début du tout premier confinement, donc le confinement très dur, donc c'était en termes de stress et d'incertitude, plus plus. Puis quand il est enfin sorti de Néonat et que je commençais enfin à me dire ok, on souffle Je vais enfin pouvoir profiter de mon congé maternité. Bim ! On m'appelle pour me dire qu'en fait, il y a un licenciement économique dans la boîte et que j'en fais partie, alors que j'étais en congé maternité. Donc là, ça a été la grosse douche froide. pour ne pas dire le tsunami, terriblement violent, puisque, évidemment, à l'époque... Déjà, j'étais en projet maternité, donc le boulot, c'était très, très loin de moi. C'était le Covid, c'était le confinement, c'était mon enfant prématuré, donc j'étais vraiment la tête très, très loin de ça. Mais en plus, en plus, il n'y avait juste aucun signe avant-cours. Je faisais partie du codire de ma boîte. Il y avait deux autres collègues qui faisaient partie du codire de ma boîte. Et... aucune n'avait l'info sur les licenciements économiques. C'était un licenciement économique collectif. Ça a été d'une violence inouïe. Et quand tu es en plein postpartum, le tout frais, les premiers mois du postpartum immédiat, où tu es en vente dans tous les sens, où tu es en vrac, et très clairement, plus qu'en vrac émotionnellement, puisque j'étais passée par le Covid et... Oui, parce que j'avais eu Covid aussi, bien évidemment, pour rajouter à tout ça. Et la prématurité, c'était juste pas le bon moment. Et les maltraitances au travail, en soi, c'est déjà hyper violent. Mais alors quand tu es en postpartum immédiat, c'est mieux. ça te pulvérise. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre conscience de certaines choses, prendre conscience aussi de la vulnérabilité des femmes quand elles sont dans ce contexte-là, moi en premier lieu, mais je me suis dit moi en premier lieu, étant dans une situation privilégiée, parce que déjà, je suis en couple, je peux me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. Je pouvais me reposer sur mon conjoint pour prendre le relais financier. J'étais cadre, cadre sub, donc avec des moyens financiers qui me permettaient avec des indemnités chômage, d'être pas à la rue financièrement, même si c'est un grand stress. je me suis dit, si moi déjà, j'en suis à ce point-là de détresse, en tout cas de détresse émotionnelle, dans quel état sont les femmes qui n'ont potentiellement pas ces niveaux de rémunération et du coup éventuellement de finances de côté, qui n'ont pas quelqu'un sur lequel s'appuyer, soit parce qu'il n'y a pas de quelqu'un, parce qu'elles sont mères isolées, soit parce que tout simplement le conjoint ne peut pas prendre le relais financièrement. Quelle horreur, quelle angoisse, moi c'est déjà l'angoisse, mais pour elles, en plus… J'ai eu la chance de pouvoir, entre guillemets, faire une pause, parce que de toute façon, émotionnellement, psychologiquement, je ne pouvais pas faire autrement que de me mettre sur pause, parce que j'étais juste à ramasser la petite bille. Et comme en français, qui, fondamentalement, ne peuvent pas, et sont déjà détruites psychologiquement, et doivent reprendre coûte que coûte, retrouver un travail coûte que coûte, dans n'importe quelle condition, parce qu'il y a un loyer à payer. Enfin, vraiment, je me suis dit, mais là, il a commencé à y avoir une colère en moi. doublé d'un stress et d'une incertitude sur qu'est-ce que j'allais devenir. C'est-à-dire que j'étais dans cette boîte, je me disais, mince, mais c'est trop noir là, je ne sais plus qui je suis, c'est trop d'un coup. Et tout ça, dans cette espèce de marasme mi-colère, mi-trou noir, j'ai eu cette idée de podcast sur le sujet de la reprise, sur le sujet du retour au travail, qu'il y ait retour ou pas, mais de la question du travail. dans la vie de jeunes parents, où j'ai interrogé des mères. beaucoup, quelques pères, et surtout des experts aussi, des avocats, des psychologues, des journalistes, qui pouvaient donner un point de vue un peu plus global sur le sujet. Et je me suis très vite rendue compte au travers de mes différentes interviews, et dès les premières interviews, à quel point ce qu'on pouvait vivre, et notamment ce qu'on pouvait vivre en tant que femme à la naissance d'un enfant par rapport à son travail, pouvait être, un, éloigné de l'imaginaire collectif, deux, en fait, il n'y a pas vraiment d'imaginaire, si ce n'est que... Oui, la reprise du travail, on fait un enfant, on reprend le travail, les mères pleurent et tout le monde pense qu'on y va tout à reculons et que c'est la catastrophe dans sa vie de revenir au travail, puis c'est tout. Comme si c'était juste ça. Et en fait, j'ai bien vu en intervivant plein de mères que les réalités sont toutes très différentes. Il y en a qui veulent absolument reprendre, il y en a qui ont besoin de reprendre, il y en a qui ne veulent pas du tout reprendre, il y en a qui le font avec joie, il y en a qui font avec larmes. et puis il y en a d'autres qui disent ils vont vraiment en reculons, pas parce qu'ils n'ont pas envie de laisser leur enfant mais parce qu'en fait juste leur entreprise les maltraite, donc il y a plein de situations différentes dont on ne parle absolument pas tout ça doublé de plein d'inégalités parce que j'ai vite découvert qu'en fait la conciliation travail-famille reposait quasiment exclusivement que sur les épaules des femmes donc toutes celles qui galèrent à concilier des horaires de travail souvent pas ou peu compatibles avec des horaires de garde si tant est qu'elles aient un mode de garde c'était juste horrible. Et quand on est en plein postpartum et que le corps reste en vrac, parce qu'on ne met pas neuf mois à créer un humain... Elle va sortir de notre corps pour ensuite, en une demi-seconde, avoir un corps qui est au top de sa forme en deux jours. Non, ce n'est pas du tout ça. Quand en plus on accumule des dettes de sommeil depuis la naissance, voire depuis la grossesse, et qu'on est dans un tunnel de nuit sans sommeil, on n'est pas au top de nos formes. Quand en plus... réintégrer une entreprise, réintégrer un poste, réintégrer une ambiance de travail avec les responsabilités éventuelles ou en tout cas avec des dossiers ou même des choses à faire et reprendre une vie sociale, c'est-à-dire interagir avec des adultes et pas juste avec un bébé, ça demande une grande énergie qu'en fait on n'a pas forcément. En plus de cela, il faut continuer à faire tout ce qu'on faisait en congé maternité parce que la société est organisée de telle manière qu'aujourd'hui tout repose sur les épaules des femmes. Et donc en fait, la colère que j'avais au début liée à mon médecin-sémin, elle est devenue, mais elle a explosé parce que je me rendais compte à quel point en fait le fait qu'on ne considère pas et que la société ne s'organise pas autour du soutien à la parentalité pour faciliter le retour au travail. fait que du coup c'était l'explosion des inégalités en défaveur des femmes. Et ça m'a tellement énervée que du coup, lorsque j'ai rencontré mon éditrice par le plus pur des hasards qui m'a proposé d'écrire un livre sur le sujet. et je dis bah ouais évidemment banco je suis la seule parce qu'il n'y avait personne qui traitait ce sujet de cette période qui est complètement taboue donc personne ne parle personne ne considère comme étant un truc automatique que les gens les femmes font comme ça en claquant des doigts et puis boum boum c'est le retour à la normale c'est tout c'est enfin le retour à la normale et je dis bah ouais en fait moi après avoir interrogé autant de personnes je suis la seule à pouvoir parler de tout ça dans toutes ces dimensions en fait parce que Le fait d'avoir interrogé des femmes dans leur intimité comme des experts me permettait de voir à la fois la dimension très individuelle et très intime des challenges et des défis et des difficultés qu'on vit quand on revient au travail après la naissance d'un enfant, comme toutes les inégalités, les discriminations et les difficultés et les obstacles sociétaux que la société oppose aux femmes quand elles reviennent de la maternité. Et donc ces deux dimensions à la fois intimes et sociétales… Je me disais, il n'y a que moi qui peux le faire. Et du coup, c'est pour ça que j'écris ce livre, qui est un essai, qui n'est pas du tout la retranscription telle qu'elle du podcast. Ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment mon analyse du sujet. Une analyse vraiment très multidimensionnelle parce qu'en fait, ce sujet-là, c'est ça qui est hyper intéressant, c'est que c'est paradoxalement un sujet dont personne ne parle, comme si c'était un non-sujet et que quand tu creuses, comme il est à la croisée de l'intime et du sociétal, à la croisée de la... l'identité des femmes en tant que mère, comme l'identité des femmes en tant que professionnelle, et puis du coup, l'identité des femmes au sens large. En fait, il y a énormément de sujets derrière, il y a plein de tiroirs à tirer, et en les tirant, on voit qu'il y a plein de choses à dire, qu'il y a plein de choses à creuser, et que du coup, il y a plein de choses à mettre en place, qu'il faudrait mettre en place, qu'il n'y a pas une solution miracle, et que c'est à tous les niveaux de la société, au niveau des politiques, au niveau des professionnels, au niveau de l'entourage social des femmes, et au niveau du coparent, au coparent LIA. qu'il faut faire des choses pour mieux accompagner ces retours au travail pour qu'ils soient moins catastrophiques pour beaucoup de femmes.

  • Speaker #0

    Oui, puis dans ton livre, tu disais que c'était un essai mais c'est surtout super documenté aussi. Moi, je le conseille vivement qu'on soit salarié ou même indépendant parce que tu parles des différentes situations et pas que du salariat.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vraiment cherché mais aussi parce que j'étais dans cette réflexion-là, de me dire, est-ce que je retourne dans un salariat ? Non, j'ai absolument pas envie, je me suis fait ma traité, ça ne me donnerait pas question. Ok, mais est-ce que je me lance à mon compte ? Et comment, ni quoi, et qu'est-ce ? Et donc, du coup, et aussi, je pense que le fait d'être moi, c'est un peu con à dire, d'être à la fois femme racisée, issue de l'exil, ça me donne un regard particulier sur le sujet, à la fois, je suis clairement, je suis partie clairement de CSP+, mais... Pour autant, je suis une transfuse de classes, parce que mes parents n'étaient pas du tout, en venant en tant que réfugiés en France, ils ont été complètement déclassés, donc ils sont repartis au plus bas de l'échelle. Je ne prétends pas du tout être issue d'un milieu populaire, parce que c'est beaucoup plus complexe que ça, puisqu'ils ont été déclassés, et j'ai des codes, on a intégré ma famille à des codes bourgeois que n'ont pas certaines familles des classes populaires. Mais pour autant, j'ai cette sensibilité-là aussi, pour l'avoir vécu pendant toute mon enfance. En plus, en ayant... fait toute ma carrière en salariat, mais en me posant énormément de questions sur l'entreprenariat, et du coup pendant un an et demi, m'être questionnée sur le sujet avant d'encontrer d'autres gens, etc. En fait, j'avais un pied un peu dans tous les milieux, secteurs. Et c'est pour ça que je me disais, mais en fait je suis la seule à pouvoir, et encore, je ne suis pas porteuse de handicap, a priori je suis vraiment une femme cisgenre et hétérosexuelle, donc je n'ai pas du tout la prétention de pouvoir imaginer toutes les situations de diversité. mais j'ai à cœur de pouvoir au moins alerter sur le fait qu'il ne faut pas regarder ce sujet-là sous le seul prisme du cadre normé de la femme blanche 16P+, salariée, parce que c'est un peu le cas dans un couple hétérosexuel, c'est un peu le cadre classique, mais d'essayer d'ouvrir des portes aussi sur le cas et surtout appeler à ce qu'en fait les gens s'expriment et les gens fassent des recherches sur tous les autres cas de personnes devenues... de numères qui sont en situation de devoir se questionner sur le travail. Et effectivement, je me suis basée pas seulement sur mes ressentis, ou pas que sur mon analyse à partir des interviews que j'avais faites, mais aussi sur énormément de documentation, de recherche. Quand bien même, sachant que j'ai fait beaucoup d'extrapolations aussi, puisque des études concrètes sur le sujet spécifique de la reprise après le travail, pendant que j'écrivais mon livre, il n'y en avait pas. Ou alors, il y en avait, mais qu'ils n'étaient pas faits. dans un cadre méthodologique hyper fiable et représentatif de la population. Depuis, il y a quand même l'APEC qui a sorti une étude spécifique sur ce sujet, et ça, je les en remercie parce que ça donne vraiment des données chiffrées, factuelles. Après, c'est sur la population des femmes cadres, mais on voit déjà que dans la population des femmes cadres, c'est très compliqué. Alors, on n'imagine même pas à quel point c'est absolument complexe, voire douloureux pour les femmes non cadres.

  • Speaker #0

    Alors, après ton licenciement, Qu'est-ce que tu as choisi de faire ? Tu as quand même postulé dans des boîtes ou tu t'es mis à ton compte ?

  • Speaker #1

    Pendant mon licenciement économique, j'ai cherché ma voie. J'ai fait des formations. J'ai pensé reconversion. J'ai cherché ma voie. Donc le podcast était un moyen... Enfin, j'ai lancé ce podcast à un moment donné où vraiment j'étais dans un trou noir et où c'était le seul truc, la seule idée qui, à un moment donné, m'a donné de l'enthousiasme et m'a redonné le sourire et a, entre guillemets, refait marcher mon cerveau. En mode... Ah bah tiens, ah bah oui j'ai des idées, j'ai des trucs et ça commence à partir etc. Et je suis très intuitive et je fais énormément confiance. à mes intuitions. Enfin confiance, je ne sais pas comment dire, mais je suis intuitive et je suis mes intuitions. Et je me suis dit, OK, si c'est le truc qui aujourd'hui me fait sourire et réactive mon cerveau en mode positif, c'est-à-dire en mode créatif, bon ben go, je vais faire mon podcast. Et puis Adyen Kupoura, je ne sais pas du tout ce que ça va donner en termes professionnels. C'était en 2021, donc il y avait quand même déjà un boom des podcasts, mais le marché n'était pas mature du tout. je ne suis pas sûre qu'il soit beaucoup plus mature aujourd'hui, mais il était quand même plus, et je m'étais dit, je ne sais pas trop. Sachant que, évidemment, tout ça, et qu'on se le dise, c'est des problèmes de riches, au sens où, évidemment, je ne suis pas riche, je ne suis pas du tout PDG de la PMH, je ne sais pas du tout ça, mais de riches au sens où, j'étais, un, au chômage, j'étais en état de chômage, et deux, j'avais surtout mon conjoint qui pouvait prendre le relais financier. Donc là où, il a beaucoup plus travaillé, il a beaucoup plus d'heures sup, etc., du coup, financièrement, ben... ils pouvaient faire la balance. Donc encore une fois, toutes celles qui m'écoutent, on est bien conscients que je suis dans une situation privilégiée où j'ai pu avoir le temps de me questionner et d'avoir le privilège de ne pas me dire absolument que je crois un taf, etc. Et à ce moment-là, je me suis dit, de toute façon, je ne voulais absolument pas revenir dans un salaire, c'était vraiment pas des rétros. comme énormément de femmes qui sont maternitées par le travail au retour de leur congé maternité. Et j'ai envisagé l'entrepreneur en me disant, c'est peut-être un point de chute. J'ai beaucoup tourné autour du pot en me disant, qu'est-ce que je fais ? J'ai lancé mon podcast. Le podcast a été vraiment thérapeutique pour moi, avant toute chose. Et puis je me dis, peut-être que si je lance mon podcast, je peux peut-être développer un truc financier, enfin le monétiser. J'ai très vite compris qu'en fait, ce n'était pas par ça que j'allais du tout vivre. Du coup, après, je me suis dit non, est-ce que j'en fais mon activité, une activité freelance à côté ? Très vite, je me suis dit non, c'est trop réducteur pour moi, je ne veux pas faire jusque du podcast. Après, je me suis dit non, mais en fait, en même temps, c'est mon sujet, mon sujet me passionne. Est-ce que je fais des choses autour de l'égalité femmes-hommes ? Est-ce que je fais des choses autour du soutien à la parentalité ? J'avais même intégré un incubateur pour pouvoir justement développer une activité autour de ce sujet-là. Et en fait, très vite, alors autant, moi j'ai de la communication, du market com, donc je sais très bien faire des claquettes, et je sais imaginer un projet, je sais le ficeler, je sais faire en sorte que les gens se disent waouh, c'est super, c'est super intéressant mais en vrai, et quand bien même, j'ai même passé, j'ai fait des pitches, je suis passée devant des jurys, tout le monde m'a dit etc., et en même temps, je n'y croyais pas. au sens où mon sujet, je le prends de manière tellement engagée militante qu'allier militantisme et business, dans ma tête, ça ne marche pas, ça ne colle pas. La mayonnaise ne prend pas, ça me crée trop de nœuds au cerveau, ça me brasse trop de questions existentielles et métaphysiques, donc j'arrive à trouver une sérénité par rapport à ça. Très concrètement, ça voulait dire que par exemple, je me dis, si je me lance, je fais des formations d'entreprise. etc. Je me dis, mais bon, qu'est-ce que je vais faire en entreprise ? Ils vont me faire venir pour des conférences, ils vont me faire venir pour un cycle d'atelier. Il y a encore un cycle, un atelier déjà, ça serait bien. OK, je vais éventuellement gagner ma vie comme ça, mais en vrai, tu n'es pas dupe. Ce n'est pas juste une action pinote à un moment donné qui va résoudre le problème. Tu vas dire quoi aux nanas qui vont être là en face de toi ? Si jamais, vas-y, calme-toi. Je ne vais pas. voilà c'était j'étais pas dupe quoi enfin j'étais là et en même temps j'ai dit bon bah ok si tu veux pas si je veux pas être trop hypocrite dans mon entreprise bah dans ces cas là t'accompagnes les femmes et là pareil je me dis bah ok bah je vais accompagner les femmes et qui va me payer si ce n'est les mêmes personnes que moi c'est des nananas SP plus qui sont pas bien dans leur travail etc mais pareil tu sais très bien que bon elles à la limite elles ont quand bien même c'est hyper douloureux pour elles elles auront les moyens de trouver des solutions qu'est-ce que tu fais de toutes les autres mais en même temps comment tu fais pour oui bon voilà toutes ces questions là j'arrivais pas du tout à les résoudre Et ce qui ne veut pas dire que ça ne se résout pas, c'est vraiment des questions individuelles et personnelles, mais moi, je ne sais pas, et je ne veux pas, et je n'arrive pas à concilier business et militantisme. Et en parallèle, la vie fait son chemin. J'ai eu différentes opportunités de poste salarié où tout d'un coup, à un moment donné, j'en avais tellement marre du podcast au sens où c'est extrêmement chronophage. Mais vraiment, vraiment, vraiment chronophage. J'en arrivais à… Je faisais tout moi-même avec des enfants qui, en plus, se couchent très tard, voire qui font très mal leur nuit pour le plus petit. Du coup, je montais la nuit fatiguée, vraiment exténuée. Donc, je n'en pouvais plus. et à un moment donné on m'a dit il y a tel poste, tu veux pas que je suis libre j'ai refait mon CV la dernière minute ah bon bah par pur des hasards le CV a accroché j'ai fait des entretiens c'est allé très loin mais j'ai pas eu le poste et tout d'un coup je me suis dit ah mais en fait j'étais hyper déçue de ne pas avoir le poste et je me suis dit ah mais en fait finalement bon allez ça fait un an que c'est passé peut-être que En plus, je le sais théoriquement, puisque j'ai l'idiot d'études sur le sujet, j'en ai discuté avec des gens, je sais théoriquement que plein de femmes se réfugient dans l'entreprenariat parce qu'elles ont été mal traitées dans le salariat. Et tout d'un coup, là, je m'étais dit, ok, mais en fait, effectivement, c'était ça. C'était exactement ce qui se passait pour moi, c'est-à-dire que je mettais ça à distance pour finalement me protéger de ça et que finalement, j'arrivais plus facilement à me projeter à nouveau dans un poste salarié que moi me projeter dans l'entreprenariat parce que je ne savais pas par quel bout le prendre. Parce que ça, voilà, c'est ce que je disais, je ne savais pas. Comment conseiller ministre en business ? Et donc petit à petit, je me suis dit, peut-être envisager le retour au salariat. Bon, j'ai dit comme ça, ça paraît très évident et très rapide, mais en fait, ça me prit des mois. Donc ça mûrise vraiment, tout en continuant à me dire, OK, entrepreneur, entrepreneur. Et puis tout en, en même temps, j'ai rencontré mon éditoriste qui m'a proposé d'écrire le livre. Et puis du coup, à partir du moment où j'ai commencé vraiment à écrire le livre, et parce que j'avais une échéance de publication, Là, en fait, du coup, je me suis plongée dedans. Et ce qui m'a forcé aussi à... Enfin, ça a accompagné le mûrissement de ma réflexion aussi sur l'entreprenariat ou salariat. Du coup, je me suis dit, OK, de toute façon, je ne vais pas... Et puis, c'est un truc tout con aussi, c'est que mes indemnités de chômage s'arrêtaient. Et donc, à un moment donné, il fallait vraiment que je prenne des décisions. Je ne pouvais plus avoir le luxe de me dire, est-ce que j'ai l'entreprenariat ou pas ? Et là, je me dis, OK, en fait, l'entreprenariat, je ne m'y vois pas. Et je veux avoir une sécurité financière dans la mesure où... Et quand bien même je ne me suis pas lancée réellement, j'étais dans cette logique d'entreprenariat, c'est-à-dire d'imaginer des choses, d'essayer de développer des choses, d'essayer de prendre des contacts, d'essayer de créer un réseau et tout ça, plus le podcast, plus c'est l'idée de faire du personnel branding à la con. Et en fait, ça me prenait un temps monstrueux. Et ce temps monstrueux, en fait, c'était tout le temps, matin, midi et soir, week-end, en vacances. Donc en fait, je n'étais jamais vraiment avec ni mes enfants, ni avec moi-même. Et c'était hyper douloureux parce que je trouvais que ça n'allait pas aussi vite que je voulais. ce n'était pas aussi satisfaisant que je voulais. Et en plus, surtout, ça ne sonnait pas sonnant et trébuchant comme je voulais ou comme il aurait fallu. Et donc, je me suis dit, en fait, je retournais à ce confort du salariat où, effectivement...

  • Speaker #0

    je peux enlever ma casquette de professionnel le soir, je peux enlever ma casquette de professionnel le week-end et que j'ai droit aussi à pouvoir déconnecter. Et en fait, toute cette phase-là m'a permis de mûrir, de dire en fait, pourquoi l'entreprenariat, pourquoi l'entreprenariat ? Ok, c'est bon, je pense que j'ai exorcisé mon malade vis-à-vis du salariat, j'ai commencé à le mettre de côté et puis à vouloir aussi retourner à ce confort, en fait, ce confort de pouvoir tout simplement aussi vivre autrement, en réfléchissant constamment à qu'est-ce que je dois faire pour essayer de développer mon activité. Et puis tout le temps, moi, je ne sais pas, en fait, m'arrêter. Il y a des gens qui, peut-être, arrivent très bien, sûrement, et moi, je n'y arrivais pas. Et ça me consommait trop, et ça me bouffait trop, d'autant plus qu'en parallèle, les sujets que je porte me bouffent en soi. Parce que ça nourrit une colère contre la société, ça nourrit plein de choses et tout. Donc, c'était trop. Mon cerveau était constamment en surchauffe. Je n'en pouvais plus, en fait, et j'avais besoin de déconner. D'où le retour au salariat.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien que tu en parles parce que je pense qu'aujourd'hui, alors est-ce que c'est... C'est la société qui fait aussi, avec le Covid, que beaucoup de gens se sont mis en auto-entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a ça. Puis tu as le côté start-up nation, c'est tellement glamourisé tout ça. Et puis tu as ce côté de l'accès aux réseaux sociaux, et puis tous ceux qui se mettent en scène sur les réseaux sociaux parce qu'ils doivent pouvoir en vivre. Tu as cette impression de facilité qui est fausse. Puis cette impression, mais c'est comme pour la parentalité, ce miroir déformant des réseaux sociaux qui donne l'impression que... et que c'est facile ou que c'est pas tu vois pas tous les à côté tu vois pas le up and down des entrepreneurs etc puisque eux doivent se mettre en avant et doivent valoriser le fait qu'ils sont bons etc sinon ils attirent pas de clients donc ouais c'est le meilleur très déformant des réseaux sociaux qui en fait t'empêche de réellement réfléchir à des envies profondes

  • Speaker #1

    Exactement, et c'est pour ça que c'est bien que tu parles parce que je pense que des mamans, des papas qui se posent la question, il faut voir qu'il y a quand même une charge mentale.

  • Speaker #0

    qui est importante qui est énorme et quand t'as des enfants en bas âge faut s'accrocher pour tenir les cas qu'on voit sur les réseaux sociaux qui réussissent alors faut savoir comment elles réussissent comment elles sont moi j'ai pas de relais par exemple on a pas de relais pour la garde des enfants donc c'était toujours tout pour notre femme donc c'est lourd à un moment donné et quand en plus t'es à ton compte tu dis bah non je vais pas en plus embaucher des babysitters etc c'est quand même un peu fort de café déjà je suis pas d'argent quand en plus je les dépense à j'ai des babysitters pour commencer mais c'est l'enfer en fait et quand t'es parent de jeunes enfants ça veut dire que du coup t'es la barrière d'ajustement de tous les aléas systématiquement mais glazias ou pas aléas t'es forcément celle, la personne qui passe qu'elle travaille à la maison ou en tout cas n'a pas d'employeur ou n'a pas de mission fixe ou n'a pas de voilà c'est elle qui va attendre j'ai une connerie mais le livret d'artis entre 8h et midi parce que c'est le passage du livreur. C'est elle qui systématiquement va récupérer les enfants à 4h30 quand l'école se finit, ou voire plus tôt. Ou c'est elle qui se dit Ah bon, c'est pas bon la cantine, peut-être que je vais les amener. Et petit à petit, en fait, tu as ta vie grignotée par tout et n'importe quoi. Et c'est ça aussi que je n'arrête du tout, du tout à assumer, c'est d'être… être en charge de tout tout le temps et je n'en pouvais plus quand tu interroges les entrepreneurs leur projet d'entreprise c'est leur bébé déjà tu as des bébés humains plus un bébé professionnel à faire grandir mais c'est trop moi c'était trop, ça me bouffait trop tout ça plus en plus le côté engagé de mes sujets j'étais non-stop les deux dollars à prise j'en pouvais plus quoi et aujourd'hui là,

  • Speaker #1

    tu as repris une activité salariée depuis quelques mois ?

  • Speaker #0

    depuis un an ?

  • Speaker #1

    Depuis que tu as arrêté les épisodes du podcast ?

  • Speaker #0

    Oui, même un peu plus. En fait, à un moment donné, quand il a vraiment fallu écrire, je n'avais plus le choix, sinon je vais vraiment être grave à l'arrache pour le rendu de mon manuscrit, parce que j'étais attachée par mon contrat à une date de publication. Je ne pouvais plus reculer. De toute façon, il fallait que je me concentre sur l'écriture, donc je ne pouvais plus gérer l'écriture et le podcast en même temps. pour des raisons simplement organisationnelles, d'autant plus qu'à ce moment-là, j'avais vraiment décidé de retrouver un poste en salariat. Donc, ça veut dire qu'en j'écrivais en même temps que je postulais. Donc déjà, en soi, ça faisait beaucoup et donc il n'y avait plus de bande passante du tout pour le podcast. Et aussi parce que pour pouvoir écrire pour le livre, je ne saurais pas comment expliquer les différences et j'avais besoin de décrocher du podcast parce que le podcast amène une réflexion, un type de réflexion. qui est complètement différente de la réflexion que j'utilise. que tu dois porter pour écrire un livre. Et donc du coup, en fait, j'étais trop… Je ne pouvais pas faire les deux types de réflexions à la fois, c'était trop demandant. Donc, je n'avais pas d'autre choix, il fallait que je rentre chez Mianeski, donc il fallait que j'écrive. Donc, je me suis mise à écrire et à chercher du boulot en même temps. Et au moment où j'ai fini d'écrire le livre, enfin à peine j'ai fini d'écrire le livre, j'ai commencé mon nouveau poste. Donc forcément, et puis qui dit nouveau poste, dit reprise, dit nouvelle boîte, nouveau poste, nouveau tout machin, forcément tu as un temps que je ne vais pas te raconter parce que c'est le temps de la reprise, mais quand bien même c'est pas tout de suite après la naissance de mon enfant, c'était extrêmement chronophage. et j'assurais le lancement de la promo du livre en même temps aucune bande passante pour quoi que ce soit d'autre le podcast est malheureusement complètement moribond alors j'ai des épisodes en soute mais que j'ai pas à monter, j'ai pas le temps j'aimerais bien pouvoir le reprendre mais pour l'instant j'ai pas de bande passante

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu souhaiterais transmettre comme valeur à tes enfants ? Tu as deux garçons, moi j'en ai trois.

  • Speaker #0

    Déjà, il y a une valeur, la première valeur, c'est la valeur famille chez nous, que ce soit du côté de mon conjoint comme de mon côté. La famille est très importante, au cœur de tout, avec les notions d'entraide et de solidarité qui sont intrinsèques à notre culture familiale. Ça, je pense qu'ils le ressentent bien, parce que de toute façon, on est toujours ensemble. et qu'on est très proche de nos familles respectives. Ensuite, le valeur que tout le monde a de respect de l'autre, de respect de la différence, de respect des singularités des autres, etc. bien sûr, mais aussi du sens collectif que j'ai toujours eu moi. J'aimerais bien qu'ils aient des valeurs féministes. Évidemment, je vais tout faire pour. Ensuite, je ne suis pas dupe, l'éducation des enfants ne sont pas du seul appanage les parents, puisqu'il y a toute une société autour, il y a l'école, il y a les amis, il y a tout ça, qu'ils aient conscience de leurs privilèges en tant qu'hommes, enfin, en tout cas, futurement, en tant que garçons, qu'ils aient conscience de la manière dont, dès la petite enfance, déjà, les chances ne sont pas les mêmes et les féministes, au sens large, les femmes, les féministes intersectionnelles, ils ont conscience de leurs privilèges aussi en tant qu'enfants de bobos, quoi. et qui puissent s'en servir pour à la fois bien décrypter les différentes forces en œuvre et qui les mettent aussi à profit pour permettre que les chances soient égales pour leurs copains et copines qui n'ont pas les mêmes chances.

  • Speaker #1

    Et peut-être une dernière question. Comment tu vas continuer la lutte entre guillemets pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes en entreprise ? Tu as des actus ou non ?

  • Speaker #0

    Alors des actus d'action, enfin en tant que tel, non pas particulièrement, mais ce que je fais, c'est que du coup, déjà faire la promotion de mon livre, c'est une action en soi. Ce n'est pas faire la promotion de mon livre pour faire la promotion de mon livre. L'idée n'est pas de vendre mon livre parce que je vais faire fortune avec. Ce n'est pas du tout ça. Si on faisait fortune quand on écrit un livre, ça serait. En tout cas, sachez qu'on ne fait pas fortune quand on écrit un livre du tout. Sauf si on s'appelle Guillaume Musso, mais je ne m'appelle pas Guillaume Musso. Mais ce n'est pas du tout ça. Mais en revanche, le fait que plus mon livre est connu ou en tout cas médiatisé, je réponds à toutes les demandes de journalistes, ça prend du temps. C'est une manière pour moi de faire lumière sur ce sujet-là. Et donc faire la promotion de mon livre, c'est faire en sorte que les gens s'emparent du sujet, que les gens le lisent, pas pour ma pomme, je m'en contrefous de ma pomme, mais vraiment pour que les gens prennent conscience de l'importance de ce sujet-là, à quel point c'est crucial. dans l'évolution des femmes, dans la classe des femmes dans la société, dans le monde professionnel. Et aussi, je suis très proche des milieux féministes et parentalité. Je ne suis pas encartée dans quoi que ce soit, mais je travaille, j'œuvre aussi. Quand il y a des rendez-vous, quand il y a des choses, je manifeste quand je peux manifester. Je le fais à petite échelle, par choix. C'est très difficile quand tu es mère de jeunes enfants de trouver du temps. dans ta vie pour donner d'avis à tes engagements, d'avis concrets. Je ne me flageais pas non plus là-dessus, mais je fais ce que je peux et aussi ce qui va à ma santé mentale. C'est-à-dire qu'à un moment donné, toute cette colère militante était trop forte, trop présente, pour que sciemment, je puisse l'entretenir à long terme. C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix du salariat, pour pouvoir mettre ça à distance aussi, parce que ça me consumait trop. C'était trop en colère tout le temps, aussi dans ma vie personnelle, forcément c'est un impact, mais c'était bon ni pour ma santé mentale ni pour ma santé familiale, on va dire. Donc j'avais besoin aussi de mettre ça à distance, mais ce qui ne veut pas dire que je ne fais pas mon niveau.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux redonner le titre de ton livre et où est-ce qu'on peut le trouver ?

  • Speaker #0

    Le titre du livre, c'est La reprise, le tabou de la condition des femmes après le congé maternité aux éditions Payot, que vous pouvez trouver dans n'importe quelle librairie, et en particulier auprès de votre librairie de quartier, votre librairie indépendante, que vous pouvez aussi retrouver sur toutes les plateformes de vente de livres, que je ne citerai pas, le grand distributeur que tout le monde connaît, qui commence par un F et qui finit par un C. comme des plus grands distributeurs qui commencent par un A, mais qu'on va essayer d'éviter parce que ce n'est pas très terrible. On attend deux jours pour le recevoir. Voilà. Si vous ne le trouvez pas chez votre libraire, vous pouvez tout à fait le commander. Tous les libraires font ça. Et sinon, en fait, sur mon compte Instagram, donc laroprise.podcast, j'ai mis les liens vers soit la plateforme des libraires indépendants, pour pouvoir le retrouver ou l'identifier près de chez vous. soit quand même un distributeur français qui commence par un F et qui finit par un C

  • Speaker #1

    Merci en tout cas je ne peux que le conseiller ce livre parce que moi je l'ai dévoré je crois en deux soirées, en fait ça m'a tellement parlé aussi il faut dire, voilà je pense que je suis dans une période où ça me parlait tellement que quand j'ai su que tu le sortais j'ai acheté direct et puis les études sont tellement flagrantes que je comprends ton... voilà cette colère qu'il y a en nous parce que c'est et encore moi je suis dans ta condition actuellement donc vraiment pas mère isolée avec un bon niveau de salaire j'ai pas à me plaindre donc comme t'as dit dans le podcast on est quand même assez privilégiés. C'est peut-être à nous aussi de se battre pour les autres. Mais donc, ça m'a fait vraiment plaisir que tu acceptes mon invitation et que tu puisses échanger et libérer la parole sur cette reprise ou ces reprises, parce que moi, j'en ai vécu trois, complètement différentes aussi. Mais en effet, c'est très, très important d'en parler.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. Et j'ajouterais qu'en t'écoutant, le fait que ce livre circule et qu'il soit connu, encore une fois, ce n'est pas pour moi, mais c'est au-delà de la prise de conscience collective et sociétale et des changements qui doivent être opérés, c'est aussi pour permettre aux femmes de se sentir moins coupables, de se sentir légitimes dans leurs difficultés et légitimes dans leurs ressentis parce qu'aujourd'hui, c'est horrible à dire, mais on nous laisse tellement nous démerder toutes seules, surtout quand on reprend le travail, c'est comme si, ben voilà, tu as voulu des enfants, tu assumes, c'est horrible. de phrases assassines qu'on entend qu'on peut même voir sur les réseaux sociaux sous des commentaires de post. Rien n'est fait pour nous aider ou au contraire tout est fait pour qu'on aille droit dans le mur. Donc c'est normal de se sentir épuisé, c'est normal de se sentir complètement noyé partout parce qu'en fait, tout repose sur nos seules épaules et c'est juste pas normal parce qu'un enfant ça se fait à deux ou un enfant ça se fait en société. Tout le monde nous pousse, la société nous pousse à avoir des enfants et ensuite nous laisse démerder. comme des grandes, mais peu importe qu'on soit grande ou pas, on s'en fout. C'est juste irréaliste de penser que tout peut reposer que sur nos épaules. Dans une société, en plus, où l'individualisme nous a tellement poussés à vivre loin de tout le monde, de nos relais familiaux ou d'être coupés de solidarité, même sociale, du voisinage, que du coup, ce n'est pas réaliste de penser qu'on peut qu'on doit tout gérer tout seul.

  • Speaker #1

    Merci. Beau mot de la fin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Pauline.

  • Speaker #2

    Si vous entendez ce message, c'est que vous avez écouté l'épisode jusqu'au bout. Et je vous en remercie grandement. Je vous invite à me laisser un commentaire pour continuer les échanges et à mettre la note de 5 étoiles si l'épisode vous a plu. Cela contribue à augmenter la visibilité du podcast sur les plateformes. Merci beaucoup de votre soutien et à bientôt pour le prochain épisode.

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