- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur le podcast de Ma Révolution Pro, le podcast qui vous aide à sauter le pas de la reconversion professionnelle en vous proposant les meilleurs outils du développement personnel, des témoignages inspirants et des conseils d'experts. Je suis Clarence Mirkovic, psychopraticienne, coach professionnel et consultante en bilan de compétences. Si vous êtes à la recherche de votre nouvelle voie professionnelle, je vous invite à télécharger gratuitement votre livret d'exercices pour vous poser les bonnes questions. Vous trouverez le lien dans la description de cet épisode. Je vous laisse à présent avec mon invité du jour et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Samuel.
- Speaker #1
Bonjour Clarence.
- Speaker #0
Je suis vraiment ravie de t'accueillir sur le podcast aujourd'hui. Ça faisait très longtemps que je cherchais quelqu'un pour intervenir au sujet de l'IA et du travail. Donc quand j'ai vu que ton dernier documentaire en parlait, je me suis dit voilà, c'est peut-être l'intervenant qu'il me faut Est-ce que tu peux commencer peut-être par te présenter et nous dire un petit peu ton activité à toi ?
- Speaker #1
Écoute, ouais, merci pour l'invitation déjà. Moi, ça fait cinq ans que j'explore les transformations du travail. J'ai démarré en réalisant une Learning Expedition. Je suis parti à la rencontre de pionniers qui avaient des pratiques innovantes en matière de management, d'organisation, d'outils, de façon d'envisager le travail. C'était en 2019, midi 2019. Et en fait, j'ai fait une rencontre d'une centaine de personnes. En rentrant de ce voyage, j'ai écrit un rapport d'études qui racontait tout ce que j'avais appris. Et en l'écrivant, je me suis rendu compte que ce n'était pas le format suffisamment ludique pour partager auprès du grand public ces réflexions-là. Et je me suis mis à faire des documentaires, des bandes dessinées, des expos photos et des événements pour toujours explorer ces bonnes pratiques du travail, mais les partager avec des formats qui me plaisent beaucoup plus. Et ce qui m'occupe vraiment le plus, c'est les documentaires, mais après il y a plein d'autres formats très chouettes sur lesquels je m'éclate bien aussi.
- Speaker #0
Alors qu'est-ce qui t'a amené à t'intéresser à lire ?
- Speaker #1
Le point de départ, en fait déjà depuis que j'évolue dans le future of work, j'ai l'impression qu'il y a un peu deux camps. Tu as le camp vraiment technologie, quand tu tapes future of work dans Google, tu as déjà plein de trucs qui sortent sur la technologie et sur l'IA. Et puis tu as tout le camp que j'avais exploré jusqu'à il y a un an. qui étaient tout ce qui était les nouvelles pratiques les nouvelles façons de s'organiser les nouveaux modes de management les nouvelles motivations tout ça donc ça j'avais bien exploré mais j'avais pas du tout exploré toute la partie technologie et IA et quand j'ai sorti mon documentaire précédent du coup Time to Work qui explore notre rapport au temps de travail les conversations qui revenaient énormément dans la salle suite aux projections c'était justement effectivement notre rapport au temps de travail va peut-être être bouleversé par la technologie et notamment l'intelligence artificielle parce que c'était tu vois le GPT est sorti à l'automne 2022 c'était juste après 4-5 mois on commençait à tester un petit peu donc les conversations étaient là-dessus moi c'était un truc que j'avais découvert un peu comme tout le monde à ce moment-là sur lequel je m'étais penché gentiment mais pas vraiment sur concrètement quel serait l'impact sur le travail et je me suis dit que ça serait un sujet qui serait chouette alors moi quand je cherche un sujet je cherche un sujet qui m'intéresse avant toute chose donc et puis ensuite un sujet qui va intéresser les entreprises et qui va être pertinent pour elles mais il y en a plein qui sont pertinents pour elles mais après ça ne m'intéresse pas moi je n'ai pas eu passé 12 mois dessus donc là l'IA c'était un peu je pense que ça s'est devenu une évidence assez rapidement et on s'est mis au boulot je ne sais pas je ne dirais même pas 10 jours après la sortie du documentaire précédent
- Speaker #0
Alors tu as fait tout un périple pour le documentaire tu as interviewé un certain nombre de personnes et tu as fait Qu'est-ce que ça change toi aujourd'hui de ton point de vue ? Qu'est-ce que l'IA change fondamentalement dans notre manière de travailler aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors aujourd'hui elle ne change rien fondamentalement l'IA mais elle pourrait changer plein de choses et elle change déjà aujourd'hui plein de petites choses mais sur des choses vraiment d'un point de vue fondamental il n'y a pas grand-chose en fait il n'y a rien qui m'a bluffé en me disant ça bouleverse complètement la façon de travailler pour ce métier-là aujourd'hui en 2024 on en reparle dans 2 ans, dans 3 ans c'est peut-être pas la même chose mais pour l'instant j'ai pas vu des bouleversements qui étaient vraiment gigantesques il y avait plein de petites choses donc effectivement pour le documentaire j'ai interviewé une dizaine de personnes dans le documentaire il y a quelques experts qui commentent un petit peu loin et il y a quelques entreprises qui prennent la parole et il y a deux types d'entreprises. Il y a des entreprises qui sont plutôt des startups, scale-up, qui se sont créées avec un élément différent sur l'intelligence artificielle au cœur de leurs produits et services. Et il y a des entreprises qu'on connaît tous, qui sont des Google, HP, IBM, qui, elles, sont des pionniers d'IA générative parce que ce sont ces entreprises-là qui, elles-mêmes, développent les modèles qu'on utilise. Et donc, elles ont pu tester ces modèles-là en interne et elles ont pu le tester aussi chez leurs clients et donc elles ont un petit peu plus de retours que d'autres sur l'impact que ça peut avoir sur le trial, parce que moi c'est ça qui m'a vraiment intéressé c'est quel était l'impact de l'intelligence artificielle générative sur le travail, mais du coup sur les compétences sur la formation et sur le recrutement moi le truc où j'ai vraiment vu des gains de productivité et une façon de travailler qui était différente qui m'a un peu bluffé c'était vraiment en développement web tu vois le fait d'écrire des lignes de code là dessus t'as vraiment une augmentation parce que t'as toute une partie réflexion que tu vas faire en tant qu'humain et t'as quand même une grosse partie écriture, rédaction et même si t'as des shortcuts en fait l'IA t'est pas mécanique d'écrire beaucoup plus vite donc c'est la création de contenu et l'IA est très bonne dans le code donc là dessus tu vois j'ai vraiment vu des gains de productivité de 20, 30, 40% sur des métiers de développeur après sur plein d'autres métiers Moi, l'intuition que j'avais et qui s'est confirmée pour l'instant, en tout cas, c'est que c'est surtout quelque chose qui permet de faire un peu mieux ce qu'on faisait déjà, de faire de nouvelles choses, mais qui ne va pas changer fondamentalement ce qu'on fait déjà. Tu vois, on va avoir plus de matière à sa disposition, plus de contexte, plus de données autour de nous. Donc, on ne va pas prendre des décisions plus éclairées. On va pouvoir faire un peu plus de trucs, mais ça ne change pas énormément ce qui se passe. Là où il peut y avoir un impact déjà aujourd'hui sur le travail, c'est peut-être sur le travail des prestataires. C'est-à-dire qu'en fait, on est capables, à peu près tous maintenant, d'avoir un vernis là où on avait un socle de compétences qu'on n'a pas, mais en tout cas on peut arriver au même résultat que si on les avait sans maîtriser vraiment un sujet et donc tu vas pouvoir éviter de faire appel à des prestataires pour par exemple faire une traduction, tu vas pouvoir éviter de faire appel à des prestataires pour certaines images d'illustration, là où tu les appelles à des graphistes, peut-être pour de l'écriture, des copywriters, ce genre de choses. Ça ne veut pas dire que ça supprime complètement ces métiers-là, mais ça veut dire que tu vas pouvoir, pour les petites tâches en tout cas, gérer toi-même très facilement sans grandes compétences.
- Speaker #0
Donc, ça veut dire que finalement, ces prestataires-là sont ceux qui sont les plus directement impactés aujourd'hui par... à la progression de l'IA ?
- Speaker #1
Pour l'instant, je pense que oui. C'est plutôt des entreprises qui se disent pour ce sujet, on ne va plus faire appel à quelqu'un, on va le faire nous-mêmes avec des outils et ça fonctionnera bien. Mais ça reste un niveau zéro. Je te parle de ça. Effectivement, nous, sur la fiche du documentaire, on a utilisé l'IA, on a testé avec. mais donc l'IA elle est utilisée pour créer l'affiche, on n'aurait pas sorti cette affiche là sans, j'ai les yeux parce que je la regarde, elle est devant moi mais tu vois il y a quand même une graphiste talentueuse qui a fait en sorte de créer, de choisir le bon prompt, de choisir la bonne image parmi tous ceux qui sortaient d'agencer le titre de tout ça de mettre les logos des partenaires, les noms des speakers donc tu vois il y a toujours un travail mais là pour le coup son taf a été augmenté en revanche ça va plus être pour des petits designs, par exemple quand je vais illustrer un post, illustrer une newsletter, quand je vais avoir besoin de faire une présentation PowerPoint là où j'aurais pu demander un template à un graphiste
- Speaker #0
je n'ai pas besoin je peux le faire tout seul c'est ça parce qu'il y a aussi des études qui montrent que finalement quand on n'est vraiment pas doué dans quelque chose l'IA nous aide beaucoup mais quand on est très fort quand on est très expert finalement le gain de productivité ou d'amélioration est très très faible en fait exactement ça c'est une étude qui Generative AI at Work qui a été conduite par Eric Brinjofson qui est dans le documentaire qui en gros dirige la recherche de l'IA à Stanford et
- Speaker #1
lui il a montré sur les métiers de centre d'appel que l'intelligence artificielle générative permettait d'améliorer la satisfaction et la productivité des agents qui étaient les moins qualifiés en se servant des compétences qui ont été transposées de façon tacite par les opérateurs qui étaient eux les plus qualifiés. Et que, en fait, les personnes qui étaient les plus qualifiées, en revanche, n'avaient pas un gain de productivité qui était gigantesque. Donc, c'est effectivement, l'IA sert les moins qualifiés. Ça, ça paraît assez évident. Et du coup, elle pose la question aussi de comment est-ce qu'on valorise le travail des personnes qui sont les plus qualifiées qui permettent de nourrir la machine et de nourrir aussi tous les modèles qui vont servir ensuite aux personnes les moins qualifiées. Donc peut-être repenser le modèle de rémunération, de valorisation de leur travail, pas seulement pour le travail fourni, mais aussi pour le travail fourni qui va permettre d'entraîner et d'augmenter les compétences d'un point de vue plus global pour l'entreprise.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Avant, il y avait des formateurs, finalement, qui transmettaient leur savoir, des seniors qui transmettaient leur savoir. Maintenant, c'est transmis à l'IA qui elle-même transmet derrière. et augmente et améliore.
- Speaker #1
Pour toutes les tâches qui vont être bien encadrées, routinières et décomposables en un système, c'est ça exactement.
- Speaker #0
En tout cas, moi ce que je peux voir sur LinkedIn, ça vaut ce que ça vaut, mais j'ai l'impression que les secteurs les plus touchés, en tout cas aujourd'hui, on pousse le plus à la formation sur l'IA, c'est les RH et le secteur de la formation.
- Speaker #1
je sais pas si c'est représenté comme moi parce que tu t'impliques un peu là-dedans mais c'est vrai alors les RH il y a énormément de cas d'usage et puis alors secteur de la formation beaucoup secteur aussi tu vois de tout ce qui va être customer service, customer care touché mais en réalité c'est tous les secteurs dans la techno, dans le product aussi, un product manager par exemple qui va faire des entretiens qualitatifs pour réveiller plein de feedback sur un outil quand il va recevoir énormément de choses, du contenu qualitatif, une IA va pouvoir traiter en quelques minutes genre 5000 reviews pour faire apparaître des sujets qui vont être récurrents dans les retours utilisateurs et pouvoir faire émerger une première analyse avant d'aller creuser ces sujets-là. Donc, tu as quand même une vision un peu plus claire. pour tous les métiers qui reposent sur la donnée, en fait. Mais les RH, il y a beaucoup de sujets qui sont, de tâches qui sont routinières et qui reposent sur de la donnée et sur lesquelles l'IA beaucoup aide vraiment à améliorer un peu le quotidien.
- Speaker #0
C'est ça. Moi, on est ici sur un podcast qui est vraiment dédié à la reconversion. L'idée, c'est d'accompagner des gens qui sont en transition vers des nouveaux métiers. Est-ce que tu dirais que finalement, ceux qui sont les plus touchés, c'est ceux qui sont beaucoup de tâches routinières en lien avec les données ?
- Speaker #1
Alors, effectivement, l'impact de l'IA générative sur le travail, c'est-à-dire qu'il y a une partie des tâches qui sont menacées de remplacement. Et ces tâches-là, ce sont des tâches qui font peu appel à des compétences humaines comme la créativité, l'empathie, le jugement, l'intuition, la dextérité, et qui vont être routinières. Routinières, ça veut dire qu'elles sont répétitives et décomposables dans un système. Et si elles reposent sur beaucoup de données, c'est là où l'IA, en fait, il y a de bonnes chances qu'elle aille grignoter. Après, ce n'est pas aussi simple que ça, parce qu'il faut se demander aussi quelle est la part de réflexion versus la part d'exécution dans un job. Peut-être qu'il y a une tâche sur laquelle qui paraît d'être très simple, qui paraît d'être routinière, mais qui en réalité demande quand même de la réflexion avant de se mettre au boulot, pour bien comprendre quelles sont les contraintes, quelles sont les attendues, et donc peut-être que dans ce cas-là, cette tâche-là va être un peu plus protégée. Et puis aussi de se demander, en cas d'échec de la tâche, qu'est-ce qu'on est prêt à accepter. C'est un exemple que je prends souvent. Si on demande à une IA de sous-titrer un documentaire, ce que j'ai fait moi, tu vois, et qu'elle est bonne dans 99% des cas, et qu'elle se plante dans 1% des cas, c'est pas très grave, je vais faire moi-même les 1% qui manquent, et basta. En revanche, 99% de satisfaction et de résultats positifs versus 1% négatifs, c'est peut-être déjà beaucoup trop pour quelque chose qui va toucher à la vie humaine, et quand on va demander à une IA de conduire un véhicule autonome ou de conduire un transpalette dans une usine. Et donc là-dessus, tu vas avoir... il faut qu'on se mette d'accord sur le degré d'échec qu'on est prêt à accepter d'une intelligence artificielle.
- Speaker #0
C'est ça, mais quand même, est-ce qu'on peut que finalement, plus ton poste est exécutant, plus potentiellement il peut être menacé ? Moins il a de réflexion, moins il a de créativité, plus il est en poste d'exécution. Oui,
- Speaker #1
si c'est de l'exécution, exactement, si c'est de l'exécution. Mais en fait, il y a beaucoup de tâches ensuite qui vont pouvoir être menacées et qui vont pouvoir être augmentées, même à des jobs, tu vois. Il y a des jobs qui vont être parfois ce qu'on définit comme des jobs à forte valeur ajoutée, mais qui ont des tâches qui sont très répétitives, qui sont très routinières, et sur lesquelles l'IA peut venir grignoter. Et ça, c'est assez marrant, parce que... C'est assez ironique. C'est plutôt les jobs, tu vois, col bleu, qui ont été menacés par les révolutions technologiques précédentes. Et là, on va vraiment chercher sur les cols blancs. sur des personnes qui étaient plutôt protégées de remplacement par les technologies précédentes. Et là, il y a une inquiétude de la part des cols blancs parce que, effectivement, les LLM, les Large Language Models comme sur le GPT, sont arrivés super vite et on n'avait pas anticipé que ces métiers-là allaient être menacés. En réalité, il y a plus d'opportunités d'augmentation que de remplacement. Mais du coup, ça pousse quand même à se poser la question de quelle est la valeur de son propre job et ça pousse aussi à élever son niveau de jeu. à se dire effectivement peut-être que l'IA elle arrive à être meilleure que moi sur certains sujets sur lesquels je ne suis pas très qualifié mais du coup pour que ça reste le cas il faut que je monte en compétences
- Speaker #0
Alors sur quoi justement il faut monter en compétence aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je pense que c'est avant toute chose sur l'esprit critique et sur toutes les compétences humaines en fait, ce qui va faire la différence dans le documentaire il y a une personne, Kassi Kozyrkov qui dit qu'elle a une meilleure définition du mot soft skills skills that are the hardest to automate c'est les compétences qui sont plus difficiles à automatiser, et donc tous les soft skills c'est globalement des choses sur lesquelles l'IA ne peut pas venir nous chercher, donc là-dessus il y a intérêt et puis je pense que vraiment la plus importante c'est l'esprit critique parce que même s'il y a de l'IA en fait il faut faire preuve d'esprit critique pour poser les bonnes questions l'art du prompt c'est le fait de poser les bonnes questions, de poser les bonnes requêtes et puis de pouvoir être capable aussi de trancher dans les réponses qui sont apportées en disant voilà tu m'as proposé en fait plein de trucs quand est-ce qu'il y a une hallucination à quoi est-ce que je peux accorder de l'importance à quoi est-ce que je peux faire confiance et ça c'est un job en fait quand même d'arriver à continuer à faire preuve d'esprit critique face à la machine donc c'est ces compétences là qu'il faut développer je crois
- Speaker #0
C'est ça, il va y avoir des contrôleurs en fait, des contrôleurs d'hallucinations à charger.
- Speaker #1
Et la QSD, aujourd'hui on est dans un monde dans lequel il y a plein de gens qui n'ont pas encore testé ou qui ont testé très vaguement et qui n'ont pas encore vraiment saisi l'intérêt de ce qu'on pouvait faire avec l'IA. La QSD c'est ce qui fait la différence entre une personne qui en a entendu parler et qui a lu différents articles et la personne qui a testé, qui sait où on est un petit peu, la technologie par rapport au sujet sur lequel elle pourrait l'utiliser dans sa vie personnelle ou professionnelle.
- Speaker #0
J'ai l'impression qu'il y a un peu deux camps. Dans le débat, peut-être que c'est déjà un débat dépassé, entre ceux qui disent que ça va supprimer le travail et ceux qui disent non, ça va plutôt l'augmenter, améliorer notre performance, l'améliorer. Quel est ton point de vue par rapport à ça ?
- Speaker #1
C'est une très bonne question. Effectivement, dans le documentaire, on a essayé de mettre un petit peu des deux, même si c'est plutôt le camp des technosolutionnistes qui apparaît comme gagnant dans le doc. plus interviewé mais moi il y a un livre qui m'a beaucoup plu qui est à rebours de tout ça qui est Daniel Suskind un nom de son travail World Without Work qui lui pour lui l'IA générative n'est pas une technologie comme les autres c'est une révolution qui n'est pas une évolution et qui va vraiment marquer la fin du travail je ne suis pas aussi pessimiste que lui j'ai tendance à penser plutôt que c'est une opportunité assez géniale pour repenser la façon dont on travaille dans plein de jobs je suis je suis pas convaincu que ça va créer plein de nouveaux jobs je suis pas convaincu que ça va nous ouvrir une phase de croissance gigantesque comme le prédit d'autres à l'inverse qui sont peut-être très positifs je me situe un petit peu dans l'entre-deux mais surtout je me situe dans l'école de en fait on va voir quoi concentrons-nous sur l'impact sur le présent aujourd'hui en 2024 ce que je vois c'est que ça permet de faire mieux ce qu'on faisait déjà, d'aller un petit peu plus loin moi ça me permet de faire de nouvelles choses dans mon métier, ça permet à des personnes de gagner en productivité sur certains jobs de façon spécifique mais ça ne bouleverse pas complètement le travail non plus. Ça a un potentiel de le faire, mais on verra en fait. Moi, je reste très optimiste de me dire que n'importe quelle personne qui est curieuse et qui s'intéresse à ces technologies... ne sera jamais remplacée parce qu'elle va apprendre à travailler avec la machine et à se rendre indispensable parce qu'avant que la machine ne remplace complètement les jobs, il y aura tout un travail déjà pour l'intégrer de façon intelligente dans le quotidien. Et puis arriver à former aussi l'ensemble des personnes. La technologie existe, qu'elle est intégrée par toutes les entreprises dès demain. C'est beaucoup plus vite que d'autres technologies parce qu'on a déjà toute l'infrastructure avec Internet et qu'on maîtrise bien. Mais il y a encore des années de mise en place et puis aussi il faut se dire autre chose c'est que la croissance qu'on a sur l'IA aujourd'hui elle ne va peut-être pas continuer à ce rythme-là de façon indéfinie parce que ça coûte très cher pour l'instant c'est une technologie qui est financée par le capitalisme enfin le venture capital tu vois c'est des boîtes qui sont sur lesquelles il y a des investissements majeurs mais des boîtes à qui on va demander de la rentabilité à un moment donné et donc le fait de faire des requêtes non-stop va coûter de plus en plus cher et puis que ça continue de progresser et que ça fonctionne bien et qu'on continue de... de se saisir de l'IA, il faut aussi qu'on ait des bases de données qui soient régulièrement rafraîchies et qui soient des bases de données qui soient qualitatives. Ça, c'est l'éditier Vito qui a écrit un article qui était génial sur le fait que la croissance de l'IA ne sera pas forcément exponentielle, qui veut dire qu'on va manquer à un moment donné de bases de données qualitatives parce qu'on aura tout épuisé. et après on aura des données qui seront générées par des IA elles-mêmes qui seront d'une moindre qualité et après en fait il y a une sorte de phénomène d'autodestruction où on est en train de mettre des données qui sont de moins en moins qualitatives, donc les modèles sont de moins en moins performants et c'est un peu un cercle vicieux et puis t'as le point environnemental aussi qui potentiellement tu vois va limiter l'usage qu'on pourra faire de l'IA et après il y a d'autres freins qui pourraient apparaître mais qu'on pourrait régler peut-être quand même plus facilement, qui sont les freins de propriété intellectuelle, les enjeux éthiques. Mais ça, il suffirait qu'on se tourne une table pour poser les bonnes questions et ça pourrait être réglé. Alors que d'autres sont un peu plus structurels et plus complexes.
- Speaker #0
Tu as abordé plein de choses sur lesquelles j'ai envie de revenir. Est-ce que tu peux nous expliquer justement ce point environnemental de l'IA dont finalement je trouve qu'on entend très peu parler, mais c'est énorme en fait le coup ?
- Speaker #1
Oui, absolument, c'est énorme. Pour le coup, l'intelligence artificielle... Avant même qu'on commence à utiliser les modèles, déjà, il faut se dire qu'il y a des gros serveurs avec des puces, les GPU, qui servent à entraîner les modèles. Pour qu'on crée déjà un chat GPT, il faut s'entraîner. Et donc, c'est des serveurs qui tournent non-stop, qui consomment beaucoup d'énergie, déjà pour créer le serveur, et puis ensuite pour entraîner les modèles, et puis ensuite, à chaque requête, pour aller puiser de l'énergie, pour aller trouver la réponse. Donc ça, ça consomme énormément d'énergie, d'électricité, et en fonction de là où se trouve... L'entreprise qui détient ces serveurs-là, le coût environnemental n'est pas le même parce qu'aux Etats-Unis, typiquement, ils ont un mix énergétique et un mix électrique qui dépend beaucoup d'énergie et d'origine fossile et donc qui émet beaucoup d'émissions de gaz à effet de serre. Alors qu'en France, si c'était le LGBT français, en gros, ce serait à peu près 10 fois moins les émissions. Et il y a l'électricité, mais il y a l'eau surtout. C'est qu'on a besoin d'eau pour rafraîchir ces serveurs-là. Parce qu'en fait, ils chauffent, ils chauffent, ils chauffent et il faut qu'on les rafraîchisse régulièrement. Alors on utilisait déjà ces technologies-là à peu près pour... pour Internet, pour le cloud, pour stocker des données. Mais là, c'est encore une dépense d'énergie. Et juste pour qu'on ait quelques ordres de grandeur, un tchad GPT, ça consomme environ l'équivalent de 17 000 ménages américains en termes d'énergie. Et en termes d'eau, on estime qu'en 2027, l'intelligence artificielle demandera à peu près la moitié de la consommation en eau potable du Royaume-Uni. Donc, ça rajoute quand même ou alors ça... si on est danois c'est plutôt 6 ou 8 fois la consommation d'eau du Danemark et donc c'est quand même non négligeable et dans le documentaire à la fin on appelle à avoir un usage réflexif de l'intelligence artificielle quand on parle de ça on dit que parfois il faut savoir débrancher l'IA parce qu'il y a certaines tâches qui font partie de la courbe d'apprentissage et qu'on a besoin de continuer à les effectuer nous-mêmes pour continuer à apprendre mais c'est pas que ça c'est aussi de se dire dans quel cas est-ce que je souhaite utiliser l'IA et donc je suis conscient que j'utilise des ressources qui ont des limites, des ressources qui sont finies. Ça, c'est un sujet. Et donc, effectivement, peut-être que le problème de l'énergie, on le réglera, parce que quoi qu'il en soit, au-delà de l'IA, la consommation d'énergie augmente et on ne réglera pas d'une façon ou d'une autre. L'eau douce, bien sûr, donc il va falloir réfléchir. Après, il faut aussi se dire qu'on en économise la technologie. qu'il y a des façons de consommer moins d'énergie qui vont apparaître. Déjà aujourd'hui, ça commence à exister, le fait de ne pas se dire qu'on va chercher l'information dans une énorme base de données, mais dans une base de données beaucoup plus réduite, par exemple, des sortes un peu d'aiguillonnage de l'IA avant de proposer un résultat qui va réduire la consommation d'énergie, ça va exister. Et en parallèle, l'IA nous permet aussi quand même de résoudre des problèmes qu'on n'arrivait pas à résoudre quand la technologie n'existait pas d'un point de vue RSE. Tu as plein de choses, typiquement la maintenance prédictive, le fait d'anticiper quand une pièce doit être changée et doit être réparée au bon moment, avant qu'elle tombe en panne, parce que ça coûte moins cher de réparer avant qu'il y ait une panne, et au bon moment, et pour utiliser vraiment la durée de vie maximale de l'outil, permet de réduire des coûts gigantesques. Et donc dans l'éolien, ça réduit les coûts de 47% sur les éoliennes, ce qui fait que tu peux investir plus dans les éoliennes. Pour chauffer des bâtiments... privé ou entreprise, tu fais du géostockage avec de l'IA, l'IA est capable de te dire, entre ce que tu mets en climat d'un côté et ce que tu mets en chauffage de l'autre, il suffit de gérer de telle façon tes flux et tu consommes beaucoup moins d'énergie. Tu as aussi la maintenance relative sur les navires avec la météo. Les chemins qui peuvent être optimisés en fonction de la météo et de l'état du navire qui permet d'utiliser moins de carburant. Sur les feux rouges, et ça c'est déjà dans le test en France, les feux rouges qui sont pilotés par des IA qui te permettent de fluidifier la circulation et le feu il passe rouge que s'il y en a besoin par rapport au trafic général de la ville ce qui permet de réduire le temps de trajet mais aussi d'éviter de redémarrer et c'est ça qui consomme plus d'énergie et donc t'as quand même plein de choses que la technologie nous permet de faire qu'on ne pouvait pas faire avant non est-ce que ça va compenser l'impact super négatif qu'a le développement de cette technologie, ça on verra mais pareil tu vois comme est-ce qu'il faut être pessimiste ou optimiste, moi j'attends de voir
- Speaker #0
ce que j'entends aussi dans ce que tu dis c'est qu'il y a aussi tout l'aspect grand public de l'IA et puis il y a tous les gains qui vont nous permettre de faire gagner que nous grand public on ne va pas avoir c'est quelque chose que nous globalement on connait de chaque GPT c'est grand public,
- Speaker #1
on connait Midjourney, on en connait d'autres des Eleven Labs, des trucs avec lesquels on s'amuse un petit peu mais il y a plein d'usages industriels qui ont des noms qu'on ne connaît pas forcément, mais qui, déjà aujourd'hui, permettent de changer. Et ce n'est pas tellement la façon dont on travaille, mais c'est plutôt la façon dont on propose des outils, on propose des solutions, on propose des technologies intégrées à d'autres technologies existantes qui permettent de changer la façon dont on vit. C'est moins le sujet que j'explore dans le documentaire. C'est passionnant. Pour le coup, il y a plein de cas d'usage qui sont géniaux, mais qui sont... Moi, j'explore plutôt l'impact sur les compétences. tu as beaucoup interviewé d'entreprises américaines en tout cas dans le documentaire si je ne me trompe pas comment se positionnent les entreprises françaises est-ce que tu dirais qu'on est à la traîne ou finalement on a aussi des grandes entreprises qui sont très à la pointe là-dessus alors on a des entreprises qui sont très à la pointe là-dessus on a quand même un Mistral qui est très bon et quand on parle de dépense d'énergie Mistral développe des modèles qui consomment beaucoup moins d'énergie que des modèles américains donc ça c'est plutôt très chouette donc on n'est pas d'un point de vue technologique on pourrait un jour imaginer qu'on qu'on pourrait avoir un géant européen, pourquoi pas un géant français, tu vois, c'est des sujets qui peuvent exister, on a des gens qui sont géniaux, qui bossent dessus, en revanche, dans l'adoption par la population, le grand public, on est effectivement très à la traîne, les américains, ils ont sans aucune pitié, mis tout le monde sur des hackathons, et de se dire, testez les liens au maximum, c'est des recommandations d'entreprise, de leurs collaborateurs, de se dire largement, allez-y à fond, testez, trouvez les cas d'usage. ça c'est une chose nous en France on était il y avait quelques boîtes qui l'ont fait et ont encadré ces usages là et c'était génial et moi j'ai eu l'opportunité d'accompagner quelques boîtes là dessus dans la mise en place de ces hackathons et c'était canon mais c'est à la marge en fait et la plupart sont encore très frileuses et se disent on attend d'avoir un cadre légal qui nous permettra d'avoir un usage encadré et éthique des intelligences officielles avant de les mettre dans les mains de tout le monde et donc pour l'instant ça va s'imiter à quelques cas d'usages qui ont été vraiment verrouillés validés ce qui fait que les gens sont encore réticents là dessus il y a un chiffre qui est sorti, je ne sais pas s'il y en a un qui est plus récent, mais en tout cas, il y en a un qui est sorti en février, qui disait que 63% de la population active française refusait d'être formée à l'IA. Ce qui est un chiffre qui est bien plus élevé qu'en Allemagne, et qui effectivement fait qu'il y a un vrai sujet de communication pour amener et embarquer tout le monde dans cette transformation-là. Maintenant... Maintenant, le sujet, il est double. C'est de se dire, pour nos entreprises, parce qu'aujourd'hui, on a un cadre légal, du coup, l'AI Act a été voté, et donc on est bon, là, depuis fin avril, c'est tout récent encore. Maintenant, il faut qu'il passe au niveau des entreprises et que les entreprises se mettent en conformité, c'est-à-dire qu'elles partent de cet AI Act pour créer des guidelines internes qui reprennent, évidemment, la réglementation, mais qui vont peut-être aller un peu plus loin aussi et tenir compte des spécificités et que ce soit déclinable et compréhensible pour l'ensemble des collaborateurs. Ça, c'est le vrai sujet. Donc... dans les mois qui viennent, l'adoption par les entreprises va s'accélérer, c'est clair, il y a ce sujet-là, mais ça n'empêche pas que même si on donne l'opportunité à chacun de le tester et qu'on donne le cadre, il n'y aura quand même que les quelques curieux, curieuses qui vont s'y mettre de façon autonome et que il faut accompagner ces personnes-là, il faut leur montrer des cas d'usage, il faut faire circuler la parole là-dessus en interne et ça prendra du temps, même si la technologie va vite et d'un point de vue techno, ça évolue super vite et on fait de... plein de trucs avant que tout le monde le prenne en main vraiment il faut du temps mais en revanche ce qui est chouette c'est que c'est quelque chose qui est facile à prendre en main il y a n'importe qui qui a déjà testé bah ouais en fait pas besoin d'être un génie d'avoir une formation de 10 heures pour arriver à comprendre comment fonctionne un chat GPT un 11 labs une
- Speaker #0
internet un peu plus complexe mais même un je sais pas un idéogramme d'autres toutes les images ça fonctionne bien quoi je dirais que ça va aussi vite finalement enfin aussi vite ou aussi lentement ça dépend du point de vue que l'internet à l'époque
- Speaker #1
carrément je pense que ça va même plus vite qu'à l'époque parce qu'aujourd'hui on a l'infrastructure et Internet au début tu vois tout le monde n'avait pas une bonne connexion tout le monde n'avait pas les outils tu vois les ordinateurs je pense que ça va aussi vite enfin ça va beaucoup plus vite parce que maintenant aujourd'hui beaucoup de monde déjà est formé au numérique et à l'usage d'Internet et donc c'est juste une couche au dessus en fait hum qui risquent peut-être aussi ceux qui étaient déjà très éloignés du numérique ça va peut-être aussi encore plus les éloigner c'est clair que si tu ne maîtrises pas le numérique tu ne maîtrises pas forcément l'IA et si tu n'as pas assez au numérique une bonne connexion et un petit ordinateur un téléphone qui permet d'aller sur internet tu n'as pas l'IA en revanche pour des gens qui sont assez frileux de technologie par rapport à d'autres technos, c'est quand même très accessible. Je ne sais pas, dans la technologie, on parlait de quoi ? On parlait de metaverse, on parlait de crypto, des trucs qui sont plus complexes, avec des cas d'usage qui sont forcément moins évidents pour le grand public, moins accessibles. Là, franchement, c'est quand même très, très simple.
- Speaker #0
Alors, tu parlais justement de l'augmentation de la productivité que ça pouvait avoir et j'aime bien, dans ton documentaire, tu parles des trois façons de redistribuer. d'utiliser cette augmentation de productivité ? Est-ce que tu peux nous les...
- Speaker #1
Oui, alors ça, c'est dans le documentaire, c'est Ungli qui est analyste, qui explique qu'il y a trois façons d'utiliser les gains de productivité, d'affecter les gains de productivité de l'intelligence artificielle, s'il y en a réellement. Il en identifie trois. Le premier, c'est de faire de la croissance. C'est ce qu'on a fait historiquement, tout le temps, et c'est ce qui fait que Keynes s'est planté quand il y a 100 ans, il a annoncé qu'on allait travailler que 15 heures par semaine. C'est qu'en fait, on a continué à produire plus, plus, plus. C'est ce qui va se passer si on ne se pose pas la question. La deuxième façon d'allouer les gains de productivité, c'est de se dire qu'on va augmenter la qualité de ce qu'on fait. On ne va pas forcément produire plus, mais on va avoir plus de temps pour le faire. On va le faire mieux. On va améliorer la qualité plutôt que la quantité. Et puis, la troisième façon d'allouer les gains de productivité, c'est de réduire le temps de travail. A priori, ce qui risque de se passer, c'est qu'on fasse un mix des trois. Si on se pose la question, on va utiliser les gains de productivité pour produire un petit peu plus. pour faire un petit peu mieux ce qu'on faisait déjà et pour peut-être réduire un petit peu le temps de travail. Et je pense que c'est une question qui est fondamentale parce que les gains de productivité, ils vont être trouvés sur le terrain par les collaborateurs qui utilisent les IA au quotidien. Et ils n'auront aucun intérêt à les faire remonter, ces gains de productivité, et à les partager plus largement à leurs collègues et à la direction, si jamais ils savent que les gains de productivité vont être utilisés uniquement pour la croissance et qu'ils seront complètement écartés des conversations sur leur allocation. et donc je crois que c'est un sujet de société de se poser la question de qu'est-ce qu'on va en faire et au sein des entreprises d'en parler tous ensemble aussi pour que ça puisse servir l'ensemble de la communauté et pas uniquement une ou deux personnes qui vont être plus curieuses que les autres et ne pas faire remonter ces gains de productivité tu
- Speaker #0
disais justement pour l'instant tu ne vois pas trop de changements fondamentaux encore Comment tu vois l'évolution de l'IA dans le travail au cours des 10 prochaines années ?
- Speaker #1
Ça risque de s'accélérer, ça risque d'embarquer de plus en plus de personnes, on risque de trouver de nouveaux cas d'usage, de plein de façons différentes, dans plein de métiers différents. Est-ce que ça va changer fondamentalement le travail de certains métiers ? Peut-être. Peut-être qu'il y a des certains métiers qui vont complètement disparaître. En tout cas, qui vont devoir évoluer complètement. Tout ce qui est Mais c'est difficile de faire des prédictions. Moi, j'attends juste de voir. Tout ce que je vois, c'est ce que j'ai testé jusqu'à présent. Il n'y a rien encore qui m'a complètement bluffé sur des métiers transformés entièrement. J'imagine que dans les 10 prochaines années, il y a quelques métiers qui vont être suffisamment transformés pour qu'on puisse parler de disparition et d'apparition d'un nouveau métier, peut-être. mais je mise surtout une énorme transformation de plein de bouts de tâches qu'on fait au quotidien, qu'on ne fera plus je pense qu'il y a plein de tâches qu'on va juger comme comme complètement dingue mais tu vois je vais te prendre un exemple tout bête quand tu rencontres quelqu'un tu veux faire un call tu es d'accord pour faire un call ok Clarence on a peut-être fait ça d'ailleurs on se cale pour le podcast vas-y propose-moi 3 dates ah attends je suis pas dispo attends tu en reposes 3 dates aussi ouais bah peut-être qu'il y aura une IA qui va juste dire ok Clarence t'as proposé un podcast est-ce que t'es chaud ? oui je suis chaud et bah c'est bon je me débrouille pour trouver un bon créneau dans ton agenda sans vous dire je mets le lien je t'ai géré tu vois c'est des choses que tu fais pareil
- Speaker #0
Est-ce que tu vas encore payer quelqu'un pour faire un montage avec des extraits et tout ? Est-ce que tu veux utiliser un Opus Clip, un Submagic ou un autre outil qui te permet de choisir les bons moments de créer et tout ça ? Tu vois, ça c'est des choses que tu vas peut-être faire différemment. Et donc les éditeurs de vidéos, et moi je les côtoie au quotidien du coup, ceux qui font les montages de vidéos, vont devoir se transformer aussi pour intégrer l'IA dans la façon dont ils travaillent. Est-ce qu'ils vont disparaître complètement ? Quelqu'un qui fait uniquement ça, tout bêtement, et qui ne va pas plus loin, oui c'est clair. Quelqu'un qui est capable de proposer plein d'autres choses, des scénarios, d'identifier d'autres choses, d'utiliser des outils pour faire des trucs que l'IA ne sait pas faire, et par contre gagner du temps avec des outils IA. va clairement transformer son job. Donc là, on en est, on en est en 2024, à un bon moment pour se dire, dans quelle catégorie je veux être, est-ce que je vais être celui ou celle qui attend que l'IA vienne grignoter sur mes tâches, à tel point que mon job s'est transformé ou je ne sais plus le faire de la bonne façon, je ne suis plus au niveau, salarié ou en épargnant, ou est-ce que je me pose des questions aujourd'hui de comment est-ce que je peux utiliser l'intelligence artificielle intelligemment, même si ça ne fonctionne pas très bien encore sur plein de trucs, mais juste de maîtriser, de comprendre comment ça fonctionne et de voir quels sont les outils qui existent déjà aujourd'hui et de suivre un petit peu ceux qui vont sortir, pour me dire... sur quoi est-ce que je peux utiliser et après, à moi de choisir. Est-ce que je veux servir plus de clients ? Est-ce que je veux bosser un peu moins ? Est-ce que je veux faire mieux ce que je fais déjà ? Mais en tout cas, d'y aller maintenant sur ces réflexions-là.
- Speaker #1
et si on a envie de surfer je te mentionne là on est en pleine période de questionnement et qu'on est intéressé curieux par l'IA et qu'on a envie de surfer peut-être sur les nouveaux métiers ou les nouvelles fonctions qui vont émerger quels seraient tes conseils par rapport à ça ?
- Speaker #0
alors de mettre les mains dedans de tester il y a plein de ressources gratuites qui existent qui ont été mises en ligne par LinkedIn par Microsoft par Harvard par Google par plein d'entreprises qui se sont penchées sur le sujet et qui ont mis en place en ligne gratuitement des cours qui peuvent durer pour certains 30 minutes pour d'autres des heures et des heures donc si on a envie vraiment de se former d'avoir un truc un peu académique ça vaut le coup si on ne comprend rien de démarrer par là je crois et ça vous les trouverez vous avez des formations gratuites Harvard, Google, LinkedIn et je pourrais t'envoyer un lien j'ai fait une petite liste d'une dizaine de recettes gratuites pour la mettre dans la description du podcast ensemble et puis après une fois que c'est fait, une fois qu'on se sent un petit peu à l'aise qu'on a un peu mieux compris ce que c'était qu'un prompt comment ça fonctionnait en fait d'aller tester tout simplement allez tester les IA en fonction du métier que vous faites, regardez quelles sont les solutions qui existent, et puis testez-les, tout simplement, et essayez de voir sur quoi vous pouvez gagner du temps. Globalement, concentrez-vous sur là où il y a beaucoup de données, concentrez-vous sur là où il y a la création de contenu, et concentrez-vous sur les tâches qui ne sont pas à très forte valeur ajoutée, pour l'instant, et qui sont peut-être des tâches qui sont secondaires dans votre métier.
- Speaker #1
et est-ce que tu vois des nouveaux métiers se créer ?
- Speaker #0
on parle tout le temps de promptingénier tu vois ou de responsable de l'éthique qu'il y a c'est les deux jobs dont on parle tout le temps promptingénier je pense pas que ce soit un métier dans l'absolu parce que quelqu'un qui va être capable peut-être pour ceux qui connaissent pas effectivement promptingénier c'est la personne qui pose les questions à l'intelligence officielle pour obtenir une réponse c'est la personne qui est capable de créer les bonnes requêtes pour obtenir les bonnes réponses qui sont souhaitées. Donc, c'est l'art de poser les bonnes questions aux outils d'intelligence artificielle. Donc, pour ça, il faut juste comprendre comment les différents outils fonctionnent. Et en fait, le truc, c'est que tu as quelqu'un qui va être un très bon prompt pour créer des prompts en RH, par exemple, il n'y a pas forcément la bonne personne qui va pouvoir créer des prompts sur d'autres outils et dans un secteur financier, par exemple. Je pense plutôt qu'on va avoir des gens qui vont se spécialiser sur l'IA dans leur métier, mais qui vont partir de leur compétence métier pour créer ça. et qu'ensuite ça va se développer par vertical mais pas forcément un prompt ingénieur qui peut intervenir sur n'importe quel sujet. Je crois qu'on parle quand même de la compétence métier et de l'outil. On peut être un spécialiste d'un outil mais est-ce que ça a vraiment intérêt d'être spécialiste d'un outil à une époque où ils vont tous évoluer super vite et peut-être que l'outil que je dis aujourd'hui, je le dis ça plus dans 6 mois je ne suis pas certain. Donc il y a quelques nouveaux métiers qui vont apparaître mais je prends un autre exemple qui est plus généraliste, les banquiers. avant que le distributeur automatique de billets apparaisse, le travail des personnes qui étaient au guichet des banques, c'était de prendre les billets et de les compter devant le client qui venait retirer de l'argent. Les distributeurs automatiques sont arrivés et ce job a été fait entièrement, à 100% par les machines. Les gens ne faisaient plus du tout de compter les billets. Mais il y a eu autant de banquiers. que depuis qu'on a ces machines-là. Parce que les banquiers, ils se sont mis à vendre des assurances, à proposer des conseils financiers, à accueillir, à avoir une fonction qui est beaucoup plus humaine, en fait, plus que juste de compter les billets sous le regard des gens. Parce c'était routinier et la machine le faisait. On ne parle pas d'hier, mais on parle juste de machine. Mais l'IA, ça va de la même chose. Et du coup, la question, c'est est-ce que ce métier de guichetier a disparu ? Oui, mais en même temps, c'est toujours un métier de banquier, si tu veux. Moi je crois beaucoup plus alors ça dépend comment on l'appelait, c'est juste une question de sémantique mais ça fait trop peur de dire suppression d'emploi donc en fait je pense que c'est plus intéressant de parler de transformation de métier sachant que là on est dans un cas extrême dans lequel effectivement l'IA elle a attaqué sur beaucoup beaucoup de sujets sur une tâche qui prenait en fait le quotidien de la personne ce qui risque de se passer en plein métier c'est que c'est des tâches qui ne prennent pas tout le quotidien de la personne qui vont être créées par l'IA donc ça sera plus une transformation d'une partie des tâches du quotidien et le reste des tâches restera encore à la main de la personne
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Donc, tu dis transformation des métiers, mais pas forcément de nouveaux métiers en tant que tels qui vont... spécialement émergé. Qu'est-ce que tu penses de ceux qui disent qu'on est dans le cycle hype, comme il est appelé, en cinq étapes ? Je ne sais pas si tu le connais. Non,
- Speaker #0
qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #1
Non, c'est un cycle qui décrit en fait cinq étapes quand il y a une grande innovation majeure. Au début, il y a le lancement d'innovation, ensuite il y a le sommet des attentes surdimensionnées, et puis ensuite le creux des désillusions, la pente de consolidation, puis ensuite le plateau de productivité. et que là on se fait au sommet des attentes surdimensionnées avec ces valorisations d'ailleurs énormes de certaines entreprises mais qu'on va tomber dans le creux des désillusions qu'est-ce que tu en dis pas ?
- Speaker #0
je suis d'accord effectivement je pense qu'effectivement on en est au sommet de la hype on en parlera de moins en moins et d'ailleurs j'ai l'impression que je vois passer déjà un petit peu moins d'articles dessus en tout cas moi je ne les lis plus parce que ça me lasse tu vois les actes de positivité sur le chat GPT ça ne me lasse plus et donc je suis assez d'accord et je pense qu'on va beaucoup plus parler maintenant des freins, des limites, tu vois on va rentrer dans la réalité un peu plus concrète de qu'est-ce qu'il y a derrière l'IA comment est-ce que ça se développe, quels sont les freins au développement, on en parlait tout à l'heure ça je suis carrément d'accord avec toi, en revanche c'est une technologie qui va être là pour rester on en parlera dans 5 ans, on en parlera dans 10 ans, on en parlera dans 15 ans encore c'est pas un truc qui va disparaître comme on a eu la hype du coup pareil Metaverse, on a parlé que de ça pendant un an et demi c'est disparu on n'a plus un article qui en parle aujourd'hui en 2024 ça reviendra peut-être sous une autre forme mais c'est un truc qui est passé l'IA, rien à voir l'IA ça va rester, c'est une technologie qui va se développer et il y a tellement d'implications pour plein de métiers différents que ça va continuer à arriver être notre quotidien. En revanche, est-ce qu'on va encore en parler ? Est-ce que ça va encore être une hype ? Ou est-ce que ça va rentrer dans l'usage peu habituel et on passera à autre chose ? Ça, oui, je suis d'accord. Et effectivement, peut-être que dans les prochains points, ça passera et on aura fini avec cette hype, on sera dans la télévision.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Il y a une autre phrase qui dit qu'on surestime les effets des innovations à court terme et on les sous-estime à long terme. on en parlait un peu au début mais il y a ceux qui ont une vision plutôt optimiste, pessimiste de l'IA ça va détruire tout le monde ou alors au contraire ça va nous permettre de gagner du temps et d'améliorer notre productivité comment toi tu décrirais la tienne et est-ce que finalement de faire ce documentaire ça t'a fait évoluer ?
- Speaker #0
Ouais, ouais, moi je pense que pour l'IA et pour plein d'autres choses dans la vie je suis plutôt très optimiste donc je garde quelque chose d'optimiste, moi dans mon quotidien je me suis éclaté à utiliser l'IA pour plein de choses différentes que j'utilise toujours dans mon job, mais sur des tâches qui sont plutôt secondaires, qui ne m'ont pas remplacé du tout, personne ne m'a remplacé par une IA, par contre je fais des choses plus marrantes et différentes de ce que je faisais avant, donc là-dessus je suis hyper optimiste. le documentaire il m'a tu vois avant de commencer à filmer pendant 4-5 mois vraiment j'ai lu entendu écouté parlé avec tellement de monde pour me forger une opinion là-dessus que j'ai appris énormément moi ça m'a éclaté d'apprendre plein de trucs j'ai été fasciné de découvrir plein de cas d'usage de découvrir plein de nouveaux outils de nouveaux trucs c'était génial c'est un sujet je pense sur lequel je vais continuer à m'intéresser pendant les prochaines années mais en même temps tu vois c'est aussi un univers dans lequel j'ai découvert qu'il y avait énormément de bullshit effectivement la phrase que tu viens de dire sur laquelle on se suit je ne sais pas on surestime les effets des technologies à court terme, on est vraiment plein dedans, tu vois, et je trouve que c'est le documentaire le plus difficile à faire par rapport aux autres pour éliminer tous les charlatans parce qu'il y beaucoup, beaucoup de bruit et alors c'est quelque chose de très récent, les IAG, les agences artificielles génératives qui fait que tu as assez peu de recul, il y a des boîtes qui n'ont pas envie forcément de prendre la parole là-dessus parce que c'est un peu trop tôt mais surtout, il y a plein de gens qui, tu vois, ont surfé de la vague crypto à la vague metaverse, à la vague AI et qui n'ont pas forcément beaucoup de fonds là-dessus et dans le documentaire, des spécialistes qui avaient beaucoup plus de fonds, qui bossaient depuis 10, 15, 20 ans. sur le sujet. Et c'est ça qui, à un moment donné, fait la valeur du documentaire aussi. Donc j'ai appris un peu à différencier l'un et l'autre. Les charlatans, des gens qui avaient vraiment du fond et des convictions un peu profondes là-dessus. Et voilà, je pense que je vais continuer à m'intéresser à tout ça de cette façon-là, mais je garde plutôt un regard optimiste dans le documentaire. Je pense que la vision qui se rapproche le plus de la mienne, c'est celle de Ung Lee. C'est ce discours dans lequel je me reconnais le plus. Je me reconnais moins dans les discours des Américains où ils sont vraiment... comme des oufs, où l'IA va nous permettre de sauver l'humanité entière, régler tous les problèmes qu'on a. Et je ne me reconnais pas non plus du tout dans le discours très pessimiste d'autres speakers qui sont terrifiés à l'idée que la technologie se développe.
- Speaker #1
Ça va être la revanche des artisans ? C'est un peu là-dessus que tu termines le...
- Speaker #0
Oui, le documentaire se termine sur la revanche des artisans. Alors, des artisans et pas que, en fait. Je pense que c'est la revanche de tous les métiers qu'on a dévalués pendant des années. Parce que les métiers qu'on a dévalués, qui sont les métiers du care, les métiers du soin, sont les métiers qui sont les plus protégés du remplacement, parce qu'ils reposent sur beaucoup de compétences humaines, de soft skills, et d'intuition, d'empathie, et donc peut-être que c'est l'opportunité de revaloriser ces métiers-là, contrairement aux bullshit jobs qui, eux, sont complètement menacés, parce que ça pose la question de la valeur de son travail, et des jobs répétitifs, ce qui n'est pas beaucoup de valeur ajoutée. vont peut-être être amenés à être menacés par l'IA. Ça, c'est plutôt cool. Et puis, les artisans, dans tout ça, je pense que c'est chouette de garder en tête cette image. J'ai voulu finir fort avec Ipei Uemura, cet artisan qui a ce restaurant à Marseille tabi, qui est génial, qui nous parle avec amour de son travail et de tout ce qu'il aime faire. Et je crois que, en fait, ce qui nous différencie de la machine profondément, c'est qu'en tant qu'être humain, on est capable de valoriser le processus en tant que tel. Et pas uniquement le résultat final. et le fait de valoriser le processus et pas uniquement le résultat final fait que quand on est face à une intelligence artificielle il faut qu'on se pose ces questions là de dire est-ce que là j'ai juste envie d'aller au bout du truc et donc l'IA très bien ou est-ce que pour X raisons je vais valoriser le fait de monter en compétence je vais valoriser le fait de créer un lien avec quelqu'un je vais valoriser la tâche parce que je me sens utile en la faisant parce que j'aime la faire et auquel cas c'est ça adopter un état d'esprit d'artisan un usage réflexif de l'intelligence artificielle c'est se poser ces questions là c'est pas parce qu'on peut qu'on doit.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux ajouter une dernière chose avant qu'on se quitte ?
- Speaker #0
Bah écoutez, non. Si jamais ça vous a donné envie d'aller tester les IA, c'est la bonne chose. Moi, je vous encourage vraiment à vous éclater, à jouer un petit peu, à tester ce qui fonctionne. Et puis une fois que vous avez un peu pris en main les outils, trouvez ce qui peut être utile dans votre job et surtout gardez cet esprit d'artisan en tête et cette idée qu'on peut être artisan dans tous les métiers.
- Speaker #1
Super. Où est-ce qu'on peut voir ton documentaire justement si on a envie de le visionner ?
- Speaker #0
rendez-vous sur whipdocumentary.com et puis là vous aurez tous les liens pour le regarder vous pouvez le louer ou l'acheter sur Vimeo et en fonction du pays dans lequel vous êtes il est où il va arriver sur plein de plateformes et chaînes télé dans les mois qui viennent mais pour l'instant le plus simple je crois que c'est Vimeo sur whipdocumentary.com super on mettra aussi le
- Speaker #1
lien dans la description merci beaucoup Samuel pour cette interview merci Clarence au revoir Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si ce podcast vous plaît, je vous remercie de bien vouloir lui laisser une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Et si vous souhaitez en savoir plus sur le bilan de compétences, vous pouvez prendre rendez-vous pour un entretien gratuit et sans engagement en cliquant sur le lien que vous trouverez dans la description de cet épisode. Je vous dis à très vite, au revoir.