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EP79 - LES SAGESSES DES PLANTES MÉDICINALES D'AMÉRIQUES LATINE - traditions & bienfaits autour du féminin et de la maternité. cover
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MAM'ELLES I Un voyage au cœur de la Maternité.

EP79 - LES SAGESSES DES PLANTES MÉDICINALES D'AMÉRIQUES LATINE - traditions & bienfaits autour du féminin et de la maternité.

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1h12 |15/11/2025
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MAM'ELLES I Un voyage au cœur de la Maternité.

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Description

Aujourd'hui, j'ai le b-honneur immense d'ouvrir une nouvelle mini-série de 4 épisodes avec Camille DENOY sur les sagesses ancestrales d'Amérique latine. Ce premier épisode est dédié aux sagesses des plantes médicinales de ces terres si riches, diversifiées et nourricières du continent sud américain que Camille explore depuis plusieurs années maintenant.


Camille vit à Medellin en Colombie, au cœur de la cordillère des Andes, avec son compagnon et ses trois filles. Elle revient sur sa double casquette professionnelle : l'une en tant que doula, un métier qu'elle exerce depuis plus de 8 ans, après avoir connu une première grossesse arrêtée in utero ; l'autre en tant que conseillère dans les filières responsables avec les producteurs de terroirs, en France, en Europe, en Asie et en Amérique latine.


Camille nous inonde d' informations sourcées sur les plantes qu'elle a reçues soit par transmissions orales, au contact des populations locales, soit au travers de sa grande passion d'investigation qui l'anime tant.


Camille nous décrit ici ce qu'est la medicina en Amérique latine, un usage des plantes quotidien en prévention et non en curation comme on le pratique dans nos frontières. Un riche échange sur les vertus des plantes de la main de celle/celui qui les cultive, les récolte jusqu'à leur utilisation.


Camille met l'accent sur la richesse naturelle incroyable de la Colombie, reconnue comme le deuxième pays les plus riches en biodiversité au monde, après le Brésil. Elle revient aussi sur le pillage de certaines terres et sur l'importance de tout à chacun de prendre ce temps d'explorer l'environnement qui nous entoure, de ré-apprendre la magie des plantes de nos terroirs en les ressentant et en les consommant en conscience.


Entre la coca, le viche et les multiples rituels autour de la maternité, Camille vous embarque dans un voyage qui vous transcendera de multiples façons afin de vous permettre d'ouvrir de nouveaux horizons et vous proposer une nouvelle lecture des plantes qui nous entourent, nous portent et nous apportent depuis la nuit des temps ...


Un immense MERCI à Camille pour sa présence et sa confiance !


➡️ Pour retrouver Camille sur Instagram : @mamacam__ / @soror.collective


👁️ Pour retrouver l'Univers MAM'ELLES :


MAM'ELLES est un podcast réalisé par Marion TERTEREAU.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et bienvenue dans mon univers Mamel. qui est à la fois un podcast, une newsletter et une boutique artisanale dans laquelle je crée mes propres bougies autour de la maternité et de la féminité. Je m'appelle Marion et j'ai créé cet espace qui respire l'universalité des cultures, des traditions, des rituels autour de la femme qui devient mère et de la mère qui renaît femme. Chaque intervenante, quel que soit le sujet de l'épisode, viendra faire un pont entre les traditions, les savoirs, les mémoires, les rituels ancestraux et les pratiques actuelles et récits dominants contemporains sur la maternité, la parentalité ou encore la féminité entendue au féminin sacré. Chaque semaine, nous nous retrouverons ici pour cheminer ensemble à travers les récits et les savoirs transmis par des femmes et des mères venues des quatre coins du monde qui sèmeront des graines d'une meilleure connaissance de notre nature profonde. Avant chaque épisode, je t'invite à prendre un temps pour te poser, puis te déposer, afin de voguer légère dans ce lieu de partage doux et profond à la fois, où la parole est libre et où l'ambiance est parfois intime, parfois sacrée. Tu peux même prendre le temps d'observer l'environnement dans lequel tu es, ou la nature qui t'entoure. Cette nature... qui a ce langage discret et puissant, surtout fait de cycles, de passages et de mouvements, comme nous finalement. J'aime résumer nos rendez-vous sous une note artistique, alors je poursuis cette invitation au voyage en te demandant désormais d'imaginer une toile blanche face à laquelle tu es assise, accueillant ton énergie du moment, le passage actuel de ta vie et le cycle de ta présente saison antérieure, prends ce pinceau imaginaire dans ta main de cœur et dans un élan vital, produis ce geste du peintre, celui du mouvement qui sort de toi afin de créer quelque chose là où il n'existait rien auparavant. Ce geste incarne l'essence de Mamel, un geste qui donne du sens à la vie, qui apporte de la beauté et favorise le partage. Cette expression, qui s'apparente à une pratique spirituelle de connexion avec soi-même et de connexion aux autres, est une source infinie d'étonnement et d'émerveillement. C'est cette source que nous allons côtoyer ensemble ici, au fil des épisodes. J'éprouve cet élan et ce plaisir, je l'avoue, de te proposer de te renouveler sans cesse, par un apprentissage dynamique et permanent. À travers ce tableau blanc, comme point de départ de chaque moment passé ensemble ici. Ce, afin de vivre une aventure différente, à chaque fois, avec un voyage dont la destination ne t'est pas connue. Ainsi, une trace est laissée sur cette toile, telle une empreinte, tout en laissant le loisir à cette œuvre de bouger avec la lumière du temps et de changer de ton à chaque regard porté dessus. Voilà, belle-mama ! L'essence de Mamel. J'arrête là ma petite allégorie de Mamel et je te laisse découvrir la nouvelle invitée du jour en te souhaitant un beau voyage au cœur de ta matrice. Bonjour Camille !

  • Speaker #1

    Bonjour Marion !

  • Speaker #0

    Je suis contente de t'avoir, je te connais en tout cas et j'ai découvert ton compte il n'y a pas si longtemps et je pense que toi aussi ça a été pareil pour le mien, la magie en tout cas des réseaux sociaux. Une merveilleuse découverte à la fois de ton univers et aussi de la femme que tu es, de la mère que tu es, simplement parce que j'ai été happée par le contenu que tu nous partages très régulièrement sur ton réseau social Instagram précisément. mais aussi par la profondeur des messages que tu nous envoies, que tu nous transmets, à travers toute cette richesse que tu as pu en tout cas recevoir en Amérique latine, puisque maintenant ça fait plusieurs années que tu y es, et aussi également sur tous ces savoirs, ces rituels et toutes ces transmissions qui à mon sens sont des essentiels que l'on perd, ou en tout cas on s'éloigne beaucoup trop, et je pense en tout cas et je le dis dès maintenant à l'un de ces messages forts que tu portes autour du placenta pour moi c'est en tout cas l'une des vidéos qui m'a happé et qui est essentielle pour moi et je voulais te remercier pour tout ce contenu parce que c'est un travail de fond qui est très précieux en dehors de tous les accompagnements bien évidemment que tu fais autour des femmes et des mères naissantes donc voilà déjà merci Camille pour tout ça Et pour moi, c'est un vrai honneur de t'avoir aujourd'hui, d'autant plus pour ouvrir une série à l'image un peu de celle qu'on avait fait avec Yael, pour celles qui ont déjà écouté les épisodes sur les Rebozo. On a décidé ensemble, en tout cas, d'ouvrir une mini-série de quatre épisodes autour des sagesses ancestrales que tu as pu recevoir à travers ces différentes années passées en Amérique latine. Et en tout cas, aujourd'hui, c'est autour des plantes médicinales qu'on va dédier cet épisode, à la fois sur leur bienfait, leur utilisation autour du féminin, autour de la femme qui devient mère et de la mère qui est renée femme. Voilà, on avait décidé en tout cas de pouvoir porter à la connaissance de celles qui vont les écouter, et ce peut-être... un petit peu de ton savoir. Donc voilà, c'est un immense merci déjà pour tout ce que tu vas pouvoir nous transmettre, Camille. Et donc, j'ai assez parlé. Sans plus tarder, je te laisse te présenter à la fois côté perso et côté pro avant de rentrer dans le cœur du sujet.

  • Speaker #1

    Merci Marion, à toi, pour tes mots qui me touchent beaucoup. Je suis très, très honorée d'être au micro de Mamel aujourd'hui. Avec toi, parce que je me reconnais énormément dans la mission que tu portes, les voies que tu permets de mettre en lumière. Donc très très honorée de m'inscrire dans cette lignée avec toutes les consœurs que tu as pu interviewer avant et qui font partie de mon chemin de doula, de mère depuis tant d'années. Donc écoute, je vais essayer d'honorer la mission au mieux. Et je te parle aujourd'hui depuis la Colombie, à 8000 kilomètres de toi. Je vais vous montrer. trouve effectivement depuis plus d'un an aujourd'hui, après de longs autres voyages initiatiques là-bas. On a pris la décision avec mon compagnon de s'y installer. Donc, on est établi à Medellín, au cœur de la Cordillère des Andes. Je ne sais pas si tu le connais. Et en même temps, le projet était de voyager. Donc, en fait, on a une sorte de routine quotidienne quand même à Medellín avec nos filles qui sont scolarisées. Nous qui travaillons, mais on avait planifié et on continue de planifier d'ailleurs toute une excursion de voyages, de rencontres, d'échanges, de formations pour aller à la rencontre de ce continent. Et c'est d'une richesse inouïe. Et je suis ravie de pouvoir te témoigner un peu de tous ces apprentissages-là aujourd'hui et d'en faire part à tous ceux et toutes celles qui nous écouteront.

  • Speaker #0

    Alors professionnellement parlant, tu étais doula accompagnante avant de partir en Amérique latine ?

  • Speaker #1

    Oui, ça fait huit ans en fait que je suis formée en tant que doula depuis ma première grossesse en réalité, qui n'est pas la grossesse qui m'a permis de rencontrer mon premier enfant puisque j'ai perdu ma première grossesse à trois mois. Et ça, ça a été vraiment un choc. décisif en fait dans ma vie de femme et professionnelle. Je dis souvent que j'ai vécu trois petites morts ou en tout cas trois passages, tu vois, comme des chrysalides qui se défont et refont. L'une quand j'avais 16 ans, une autre quand j'ai eu 21 ans. Et donc pour la première, c'était plutôt le passage de l'enfance à l'adolescence, l'autre de l'adolescence à la vie adulte. Et là, vraiment, je suis rentrée. tout de go de la vie de femme à la vie de mère, avec cette première grossesse et cette mort in utero absolument inattendue, et plus qu'inattendue, j'en avais jamais entendu parler, en fait. Il y avait vraiment ce truc autour de moi, des langues qui étaient encore très peu déliées sur toutes les facettes de la maternité, à l'héritage d'une génération qui parlait peu, ou quand elle... parler de choses quand même relativement polissées, un héritage judéo-chrétien sans doute. Et du coup, je suis tombée de 12 étages et pourtant, je m'estime presque chanceuse finalement dans le parcours qu'on a vécu parce que ça a été une grossesse qui était déjà voulue, une grossesse qui est arrivée sur le premier cycle, tu vois, sans aucun problème de conception et un petit cœur. qu'on avait entendu battre deux semaines avant sans aucun problème. Mais la prise en charge de cet arrêt de grossesse a été tellement catastrophique que j'ai réalisé qu'on pouvait vivre à ce moment-là le pire dans un parcours de maternité. Et pour commencer sa vie de mère, je dois dire que ça a été assez compliqué. Donc en deux mots, je me suis retrouvée dans une salle d'échographie avec un homme d'une soixantaine d'années dans un cabinet. flamboyant parisien où tu payes 200 euros la consultation. Et il avait tout l'attirail, il baissait les rideaux, dit à mon compagnon, ça va être la plus belle séance de cinéma de votre vie, préparez-vous. Et puis, voilà, en deux coups de cuillère à peau, c'était réglé. Il avait mis la sonde sur mon ventre et il me regarde. Ah ben, il est mort. Voilà. Bon, ben, je dois y aller, madame. Je suis désolée, j'ai des rendez-vous. Et puis, de toute façon, c'est le week-end qui commence. Il était 15h un vendredi. Et il a fermé devant nous son cabinet avec deux parents en larmes qui ne savaient pas quoi faire. Et ben voilà, vous attendrez le week-end. Et puis, si toujours rien ne s'est passé le lundi, n'hésitez pas à aller consulter. Parce qu'effectivement, il faudra envisager autre chose. Allez, bon week-end.

  • Speaker #0

    Wow, quelle violence.

  • Speaker #1

    Et donc, si tu veux, suite à ça, je ne l'ai pas intellectualisé tout de suite, mais ça a été clairement mon première épiphanie, on va dire, sur mon chemin de mère. Malheureusement, non. C'est un contexte assez violent, mais de me dire que ce n'était pas possible de continuer comme ça et de me faire entourer de la sorte. J'ai commencé à investiguer à partir de là. Et finalement, ça a été une très grande joie. Après ça, j'ai réussi à convertir cette expérience et ce petit bout de vie qui était passé par nous, avec toute l'incompréhension qu'elle est avec, en une opportunité pour ensuite... accueillir au mieux les autres vies qui se présentaient. Voilà.

  • Speaker #0

    Camille, peut-être, alors, ce n'est pas le sujet principal, mais je pense que c'est vraiment important de prendre ce temps-là parce que, tu l'as dit, on a beaucoup de synchronicité, de choses qui sont en commun, et j'ai commencé aussi ma vie de mère exactement de la même façon. C'est vraiment incroyable ce que tu viens de décrire. Et peut-être avec l'expérience que tu as eue à travers différents pays et peut-être nous dire... Quelle est la vision peut-être aussi de la mort en Amérique latine ? Est-ce que tu as pu avoir des retours, notamment sur comment est appréhendé le deuil périnatal, notamment ? Est-ce que tu as des informations par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, complètement. Après, je me garderai de faire des généralités parce que ce qui est sûr, c'est que j'ai un regard qui est de toutes les façons biaisé, que j'essaye évidemment de rendre le plus neutre possible. et c'est hyper cool compliqué parce qu'on arrive avec un passé quand même de plusieurs générations de colonisation dans ce continent tu le sais, c'est très fort avec une évangélisation qui est très marquée des populations avec du coup un grand écart aujourd'hui dans les savoirs dans les savoirs être aussi, tu vois et du coup la perception de ces moments de vie qui peut être très différente d'une communauté à l'autre on a aussi des climats extrêmement variés qui font que les populations vivent dans des dynamiques qui n'ont rien à voir entre celles qui vivent à 3 000 à 4 000 mètres d'altitude dans les Andes, celles qui sont sur le Pacifique avec un héritage afro-descendant, celles qui sont au fin fond de l'Amazonie, d'autres communautés qui vont être dans les déserts. J'ai la chance d'apprécier aujourd'hui cette pluralité-là, donc c'est très compliqué pour moi de te faire une généralité de ce que j'observe. Ce que j'observe ici, c'est la grande richesse de ce continent, c'est que... La population qu'on appelle indigène en espagnol, indígenas, et ce n'est pas du tout un gros mot, au contraire, ils souhaitent se faire appeler comme ça. On appelle ça plutôt population autochtone en Europe ou première nation en Amérique du Nord. Ces populations-là, en Colombie en tout cas, représentent plus de 8% de la population du pays. Donc c'est énorme. Et ce sont des gens qui vivent encore de façon très marquée en communauté. Avec une organisation, avec des rituels, avec une codification, avec un vestuario, enfin tu vois, toute une façon de s'habiller en fonction des moments de la vie de la communauté, très très marquée, voilà. Et je pense que cette vie en communauté, qui est encore très persistante dans ce que j'observe, mais encore une fois c'est biaisé puisque je vais précisément chercher les rencontres avec ces communautés. Exactement. mais elle ne représente que 8% de la population déclarée ici en Colombie oui de fait ils sont de ce que je perçois ce sont des passages en fait et évidemment qu'il y a de la tristesse évidemment que le christianisme est passé par là aussi et que du coup il y a un syncrétisme dans les rituels de mort avec à la fois les rituels d'enterrement catholique Merci. qui se mêlent à l'invocation des esprits, à des rituels de retour aux éléments. J'ai assisté à pas mal de choses encore, malheureusement, la semaine dernière. On marchait dans une communauté d'Amazonie où il y a eu un suicide d'un jeune de la communauté, la nuit même où on était. Donc, on a assisté aux rituels d'enterrement et à toute la... la cosmovision de la communauté dans ce cas-là, qui est encore bien particulier, comme c'est une mort qui n'est pas naturelle. Ils traitent ce rituel-là de façon très différente. C'est sûr que c'est perçu beaucoup plus comme un passage. Ici, on entend très régulièrement que la personne nous a donné, nous a offert dans cette vie-là, et Ausha , comme ils disent. elle continuera dans une autre vie à donner différemment j'entends rarement le mot de réincarnation en tant que tel mais en tout cas vraiment de passage en espagnol si,

  • Speaker #0

    beaucoup c'est intéressant déjà et en même temps tu viens de nous nourrir aussi un petit peu de la richesse effectivement du continent tel qu'il est parce que c'est vrai, je pense que c'est très intéressant aussi ce que tu viens de dire sur la notion et le mot indigène Merci. parce que j'avais entendu effectivement que des fois, il y avait des personnes qui avaient du mal à l'utiliser parce que mal connotées. Et c'est intéressant ce que tu viens de nous apporter aussi là comme information et la diversité aussi. C'est là en fait la richesse aussi, je pense, qui est très intéressante là-dessus. Alors peut-être, Camille, on va peut-être rentrer dans le cœur du sujet avec le centre, le cœur de notre échange aujourd'hui qui est à travers les plantes médicinales, peut-être nous dire Quelle est toi d'ailleurs, ta propre histoire et ta propre rencontre et ta propre aussi appétence, approche et passion pour les plantes médicinales ?

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir, oui. Et je voudrais en intro sur ce sujet rendre hommage à toutes les femmes qui ont fait partie de mon chemin et qui continuent d'ailleurs de le paver, de l'illuminer, de me montrer la voie parce que c'est vraiment quelque chose, en tout cas c'est vraiment un chemin que je vis aujourd'hui. et dans lequel je me sens portée par toute une communauté d'autres femmes, d'autres hommes aussi, évidemment. Je trouve que c'est important, pour moi en tout cas, de leur rendre hommage parce que c'est des femmes qui ont pris soin du vivant pendant tellement d'années de leur vie, à garder des graines, à les reproduire, à tenter des choses, à faire des recettes, à les faire goûter à leur entourage. Et c'est grâce à elles qu'on a tout ce patrimoine vivant qui se perpétue aujourd'hui. Voilà, donc un immense merci à toutes les matronas, les mamitas, les curanderas, toutes ces femmes qui me transmettent aujourd'hui. Et voilà, je pense que quand on commence sur ce chemin, c'est important d'avoir conscience de la lignée dans laquelle on s'inscrit avec les plantes. pour arriver dans une forme d'humilité, de respect. Parce que quand tu discutes avec des femmes comportant 60, 70 ans d'expérience dans la chagra, la chagra, c'est le potager médicinal en Amérique latine. elles apprennent tous les jours et elles te le disent avec une humilité qui est juste magnifique. C'est impressionnant d'être ici au cœur de la biodiversité la plus riche de la planète. La Colombie, c'est le deuxième pays le plus biodivers au monde après le Brésil. Ils partagent une grande partie d'un biotope commun qui est l'Amazonie. La Colombie a cette particularité d'avoir deux façades maritimes. l'Atlantique Pacifique, qui rend très très riche sa biodiversité marine également. Et donc, à partir de là, ça explique aussi pourquoi ce sont des pays qui sont autant fers de lance dans la conservation des savoir-faire en ce niveau, sur les plantes médicinales. Ça explique aussi pourquoi les populations sont tant attachées, sont tant connectées à ce type de médecine, et le présentent aujourd'hui dans leur quotidien. Mais du coup, pour revenir à ta question, sur moi plus personnellement, mon chemin de vie avec les plantes, je le date de l'enfance à travers la gastronomie. C'est vraiment mes premiers souvenirs d'enfance, de me retrouver en fin d'été avec mes grandes-tantes qui étaient sœurs, vivant ensemble et sans enfants. Tu vois, vraiment des vies comme on n'en sait plus. Elles avaient vécu vraiment... toute leur vie ensemble et le rituel de fin d'été c'était d'aller faire les cueillettes de figues d'oignons, des Ausha de plantes aromatiques qu'on faisait sécher et qu'on allait ensuite mettre en conserve pour passer l'automne et l'hiver et c'est vraiment mes premiers souvenirs de connexion ultra simples voire même en grandissant ultra rétro, tu vois, je me disais adolescente, mais tu vois, de récupérer comme ça les conservants verts d'une année sur l'autre. Je me souviens, tu vois, le temps qu'elle prenait à aller redemander à tous les cousins, j'en ai plus de 25 de ce côté-là, d'aller leur rendre les pots en verre pour venir les re-remplir pour l'année suivante. Et je trouvais ça à l'époque tellement rétro, je me disais mais c'est pas possible, mais quel temps elle perd ! Et puis aujourd'hui, je trouve ça, au contraire, tellement novateur. tellement de bon sens voilà moi c'est vraiment ces souvenirs là de mélanger cette sauce tomate, cette ratatouille ces confitures, ces fruits au sirop cette verveine qui sèche dans leur chambre des heures et des heures durant, c'est vraiment mon premier rapport à cette médecine de la simplicité finalement et puis après à titre plus professionnel, je me suis spécialisée donc il y a 10 ans maintenant ... dans la création de filières responsables avec les producteurs de terroirs. En France, puis en Europe, puis en Asie, et puis maintenant en Amérique latine. Et ça, c'est un chemin qui me remplit de joie. C'est juste exceptionnel parce que, en fait, je suis convaincue que l'alimentation, c'est notre première médecine. Les outils à portée de main tellement simples pour équilibrer un cycle, équilibrer une humeur, restaurer un sommeil. améliorer une digestion, booster une immunité. J'ai fait l'expérience de tellement de choses sur mon propre corps et maintenant aussi sur ceux de mes enfants. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est de détricoter. Je suis vraiment une passionnée de l'investigation comme tu as pu le voir sur les réseaux. Et du coup, j'adore aller à la source des choses. Et donc en 2015, je quitte le groupe LVMH chez qui j'étais depuis six ans. Et je décide de monter ma propre société de sourcing de produits de terroir.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Puisque du coup, je souhaitais faire de ma passion, à savoir le lien entre l'humain, la main, donc celui qui cultive, qui sème, qui tisse, qui travaille la terre, etc. Jusqu'à l'assiette. Et je lance ma première société qui s'appelle Terroir Mon Amour. Une eau de terroir. Je pars littéralement sur les routes de France et je pars à la rencontre de dizaines et dizaines de producteurs de terroirs sur toutes les filières que tu peux imaginer.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Et donc là, je me forme sur le terrain. Je n'ai pas du tout de bagage ingénieur agricole en tant que tel. Et je me forme avec eux sur le terrain au fil des saisons. J'en apprends tous les jours des synthèses. C'est impressionnant puisque du coup, tu es vraiment au cœur avec eux, que ce soit avec leur bête, avec... Leurs arbres, à marcher tout simplement avec eux, à voir des situations, à les épauler aussi dans les galères de grêle, de détérioration des soldes. Je continue dans cette aventure-là. J'ai toujours une activité de conseil dans ce métier-là, qui me nourrit énormément. Et c'est rajouté à ça ma casquette de doula, deux ans plus tard, donc à partir de 2016-2017. Et finalement, les deux métiers se sont réunis autour de ce sujet des plantes médicinales. Puisque dans un cas, j'étais plutôt portée sur... le bien manger, ma première casquette c'était vraiment plutôt ça, et dans l'autre le bien-être, le bien-être des femmes qui se réunit finalement avec ce sujet et donc j'ai commencé à beaucoup plus creuser d'un point de vue médicinal et c'est pas un gros mot puisqu'en fait aujourd'hui toute notre médecine occidentale, la médecine d'Hippocrate elle vient de nos plantes je pense que c'est un secret pour personne que les laboratoires font du sourcing en continu, d'ailleurs je peux témoigner ici de scènes Merci. absolument incroyable. Il y a un réel pillage qui s'opère ici. Je te le redis, on est dans un des pays les plus biodivers au monde, avec des espèces qui ne sont toujours pas investiguées. Et oui, j'ai eu des témoignages de pillages de fleurs de fraileron. Le fraileron, c'est un arbre sacré des terres froides de Colombie, qui sont les paramaux. Les paramaux, ce sont un écosystème de montagnes qui permettent de de faire une rétention de l'eau potable de l'Amérique latine. En gros, on dit qu'il y a 70% des réserves en eau de l'Amérique latine qui sont retenues dans cet écosystème qui s'apparente un peu, tu vois, à des plaines de... Tu sais, c'est spongieux, tu vois, on s'enfonce un peu dedans quand tu marches. Et c'est des arbres à croissance très lentes, le fraileron, qui donc a la particularité de ne jamais perdre complètement ses feuilles. Donc il grandit en gardant les feuilles mortes dessous et petit à petit en s'étoffant par le haut. Et au bout de 100 ans de croissance, il ne fait à peine qu'un mètre puisqu'on est en très très haute altitude, donc avec une recharge en oxygène qui est très très faible et un ensoleillement pareil très faible. C'est un écosystème qui est prépondérant pour l'Amérique latine, qui est en train de s'effondrer avec le réchauffement climatique et les laboratoires trouvent rien de mieux que d'aller piller ce territoire. Pourquoi ? Parce qu'on vient de s'apercevoir il y a quelques années que les feuilles de fraileron pouvaient guérir du diabète. C'est impressionnant. Et que les fleurs, quand elles étaient traitées en décoction ou en macérat, étaient excellentes pour les douleurs articulaires. Et donc, tu as les plus grands labos du monde qui sont en train d'explorer ça, mais la plupart du temps sans l'accord des communautés indigènes qui prennent soin de ces territoires. Et d'ailleurs, qui sont sur leurs terres. La Colombie est très en avance sur ça, je ne sais pas si tu sais, mais c'est un des seuls pays au monde qui a reconnu des terres aux indigènes en grand nombre. Il y a une réduction très très très forte de terres qui est faite aux populations indigènes. Et plus que ça, il y a une loi qui les protège depuis 1991 et qui leur reconnaît la loi indigène. loi indigène, donc c'est une loi qui est très vaste et je ne suis pas juriste spécialisée mais j'en ai parlé avec une avocate la semaine dernière qui travaille justement avec les communautés, c'est dire que les lois qui régissent la communauté et justement les lois de comment on se soigne prévalent sur les lois dites colombiennes qui sont un héritage en réalité des conquistadors. C'est magnifique parce qu'aujourd'hui, si tu veux, ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire que les hommes et les femmes qui travaillent, ils appellent ça la médecine en espagnol, la medicina, ils te disent. La medicina, pour eux, c'est quoi ? C'est en fait l'usage des plantes à titre d'abord de prévention. D'abord de prévention. Et ça, je pense que c'est hyper important de le rappeler. C'est que nous, en Occident, on s'est habitués à consommer des médicaments en curation.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. Mais oui.

  • Speaker #1

    Ici, on prend des plans tous les jours en prévention. Les mamitas, les parteras, elles vont faire des prescriptions aux femmes qu'elles accompagnent, aux hommes qu'elles accompagnent, en fonction de l'état dans lequel ils arrivent en consultation, mais qui n'est pas nécessairement une consultation de maladie, qui est plus une consultation dite d'harmonisation. Et d'ailleurs, quand tu entres dans une communauté en tant qu'étranger, Un des premiers rituels qu'on va te proposer, voire même te demander, t'as pas trop le choix en fait, c'est de faire une harmonisation. Et on en a encore vécu une la semaine dernière avec mes filles, dans une communauté très reculée d'Amazonie. Tu arrives et tu dois consommer... tel fruit, tel légume, telle plante, pour t'harmoniser avec la communauté.

  • Speaker #0

    et du coup c'est ça qui est génial c'est à la fois de reprendre conscience de ce temps du corps de ce temps du cerveau aussi parce que finalement nourrir le corps c'est aussi nourrir le mental, c'est aussi t'habituer à prendre soin de toi dans des moments qui sont pas des moments de crise ou des moments aigus de traumatisme mais bien au contraire d'en faire presque une routine quotidienne Je me garde encore de faire des généralités, parce que tu te doutes que dans les villes comme Bogotá, Medellín, comme Lima, évidemment qu'il y a des gens aujourd'hui qui sont très déconnectés de ces savoirs des communautés autochtones. Mais en réalité, quand tu creuses, en tout cas nous, dans l'entourage qu'on a aujourd'hui, même l'entourage citadin, toutes les femmes que je côtoie ici, même à Medellín, que ce soit les parents d'élèves, que ce soit mes voisines, toutes ont une conscience très forte de l'importance des plantes dans leur quotidien. Et toutes. ont des plantes séchées chez elles, qu'elles consomment tantôt pour la digestion, tantôt pour le sommeil, etc. Donc ça, c'est très, très différent, parce que, en tout cas, dans la génération qui est la nôtre, je ne l'ai jamais perçu aussi fort en Europe. Jamais.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, Camille, tu as exploré, alors je ne sais pas si tu ne l'as pas encore dit, je crois, à quel moment tu as donné naissance à tes enfants et par rapport au parcours que tu viens de nous dire professionnel, et comment d'ailleurs tu as exploré peut-être les vertus de ces plantes, toi-même peut-être lors de tes enfantements, je ne sais pas, si tu peux nous transmettre justement comment elles ont pu te soutenir et t'accompagner.

  • Speaker #0

    Et oui, avec plaisir. En fait, on a eu cette chance, après cet épisode douloureux, de retomber enceinte très facilement. Donc, j'étais de nouveau enceinte en juillet 2017 et j'ai accouché en avril 2018. C'était notre première petite puce Emma. Et puis ensuite, on a eu une deuxième petite fille juste avant le confinement, Adèle, en décembre 2019. Et je suis maman d'une troisième petite fille en septembre 2022, Laure, qui a donc maintenant trois ans. Voilà. Et je dirais qu'au début, tu vois, sur mes chemins de grossesse, les plantes médicinales en tant que telles, ou en tout cas intellectualisées en tant que telles, n'ont pas vraiment fait partie de mon chemin. C'est finalement beaucoup plus par les accompagnements que je proposais. Tu sais, c'est vraiment l'adage des cordonniers les plus mal chaussés. Au début, c'est pas tant dans mes grossesses et mes postpartums que j'ai testé les plantes médicinales. finalement, ça a plus été dans les rencontres que je faisais pour me former moi en tant que doula et dans le chemin que je suis en train de vivre aujourd'hui sur le chemin de la parteria ancestrale et traditionnelle, je ne suis pas encore officiellement partera, je suis en chemin je n'ai pas encore vocation je le sens pas encore parce que j'ai trois enfants en bas âge mais peut-être un jour viendra où je me sentirai d'accompagner des accouchements en binôme avec... d'autres par terrain aujourd'hui je suis plus sur l'avant et l'après et c'est dans ce cadre là, dans cette recherche là de comment accompagner au plus juste et justement en prévention et non pas en curation que j'ai cheminé sur ce chemin des plantes médicinales et donc aujourd'hui je suis formée par l'école Gaia, je sais pas si tu connais c'est reconnu surtout aux Etats-Unis mais ça arrive gentiment en Europe En Colombie, il y a une école reconnue et il se trouve qu'elle était à quelques kilomètres de chez nous, donc j'en ai profité et je me suis formée toute cette année auprès d'une femme absolument exceptionnelle, Constanza, et de toute une tribu parce que c'est aussi ça qui est génial, je te le disais en introduction, c'est que très vite, comme on est dans un métier d'exploration, d'alchimie, d'apprentissage aussi, de patience, on a le temps de se faire tout un tas de retours d'expérience entre femmes apprenantes. Et c'est tout aussi riche, voire plus riche que la formation théorique en tant que telle.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #0

    C'est une chose, tu vois, de connaître vraiment les propriétés, etc. C'en est une autre de la pratiquer.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et je pense que, plus fort que plein d'autres métiers que j'ai eu la chance d'apprendre dans ma petite vie, j'expérimente ça sur les plantes médicinales aujourd'hui. Donc c'est un chemin qui est... je trouve encore tout neuf pour moi. Tu vois, quand je vois ce que connaissent des femmes qui ont 40, 50 ans de bouteille et qui s'estiment encore débutantes, voilà, moi, je me dis, mais je suis vraiment qu'au début. Donc, je suis parfois un rat de bibliothèque, tu vois. Je revenais encore là hier de la bibliothèque universitaire de Medellín parce qu'il y a une Bible qui vient de paraître avec plus de 3000 plantes médicinales répertoriées. Dans le pays, c'est tout neuf, c'est une révolution pour le pays de mettre ça par écrit. On peut peut-être s'en parler, ça aussi, c'est que les enseignements que je reçois et que je transmets aujourd'hui à mon tour aux couples que j'accompagne et bientôt à Paris aussi, aux femmes qui le souhaiteront et qui se sentiront appelées, c'est une culture de l'oral.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est l'oralité, oui. Comme dans beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est compliqué à concevoir dans notre société occidentale. C'est compliqué à l'heure où, tu vois, les médecins disent... occidentaux ont des protocoles. Tu vois, des choses qui sont extrêmement normées, et pour le meilleur, évidemment, pour le meilleur, et ça sauve des vies tous les jours, et je ne m'inscrirai jamais en faux de la médecine occidentale, au contraire. Le message que je veux faire passer aujourd'hui, c'est qu'il y a tellement d'autres solutions complémentaires dans la médecine des plantes. Évidemment, à manier avec connaissance, avec, tu vois, aussi... Évidemment, conscience, mais aussi parcimonie, parce que c'est parfois grisant aussi de commencer à connaître les pouvoirs de ces plantes. Et il faut faire très attention parce que, comme dans tout, c'est des histoires de dosage, d'équilibre, aussi de ressources. Ça, on en parle peu. Je pense que chez nous, on ne s'en rend pas compte. Mais moi, je suis témoin tous les jours de l'approvrissement des ressources en plantes, mais vraiment en plantes, en fibres. encore on en parlait avant-hier avec un artisan de Barro, le Barro c'est l'argile en fait, ils arrivent plus à en trouver parce que ça a été pillé en fait tu vois, ils sont obligés d'aller de plus en plus loin de remonter les fleuves de plus en plus loin d'aller faire du troc avec d'autres communautés pour aller de plus en plus reculer en Amazonie, de plus en plus reculer dans la forêt primaire pour aller chercher ces choses-là donc quand on fait de la cueillette il faut faire de la cueillette en conscience on va pas aller tu vois déforester une parcelle pour aller faire sa récolte de kalendula non on garde pour le suivant on en garde pour que la terre se régénère et c'est tout ça que j'ai appris ici et qui s'apprend pas dans les livres c'est vraiment tu vois le fait de rentrer presque en communication avec les plantes et aujourd'hui j'ai plus peur de le dire alors que je pense qu'il y a quelques années encore je me serais dit mais oh la la ça va Camille tu vois ton cerveau cartésien qui croit vraiment en ça Merci. Mais oui, mais oui, complètement. J'ai assisté à des scènes, on parle de vibrations beaucoup, tu sais, aujourd'hui. Et ça y est, c'est des chants qui commencent à être de plus en plus étudiés. Tu vois l'impact de la façon dont toi, humain, tu vibres sur un territoire et tu vas répercuter cette intention-là sur le vivant qui t'entoure et donc ta future cueillette. les millefeuilles, ta future cueillette de la vente, ta future cueillette de que sais-je, ça va impacter les propriétés de la plante elle-même. Et on arrive à le démontrer. Tu le vends aujourd'hui,

  • Speaker #1

    tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais, de la projection de vibrations dans les champs, dans les salles de traite. Voilà, on arrive à montrer l'importance des vibrations là pour le vivant. D'ailleurs, l'inverse est vrai. Tu as aussi entendu parler de la musicalité des plantes.

  • Speaker #1

    Oui, moi aussi, avec Naomi Rossignol,

  • Speaker #0

    oui. Et bien en fait, aujourd'hui, en Colombie, il y a des petits appareils qui circulent dans les viveros. Les viveros, c'est les endroits où on... C'est une sorte de banque de graines et de plants dits indigènes, parce qu'en fait, ce sont des plants qui ne sont pas hybridés, qui ont été récupérés en forêt primaire. Et il y a de plus en plus de personnes qui se dédient à ce métier-là. Et il branche ce petit appareil sur les plantes et dans la terre, et tu entends la musicalité de la plante. C'est absolument incroyable. Et en fait, quand tu rentres en conscience avec ce monde de l'invisible qui nous fait si peur en Occident, qui est parfois relié au monde de la sorcellerie, tu vois, on relie beaucoup le monde des plantes médicinales au monde des sorcières dans notre société. Aujourd'hui, je le lis d'une toute autre façon. Et c'est tellement beau, justement, de le relire avec à la fois mon bagage, on va dire, très cartésien, très cerveau droit, et d'y apporter. Peut-être l'âge venant et la sagesse de toutes ces femmes qui m'entourent, ça m'aide énormément à ça. Ici, en Colombie, c'est absolument pas tabou et encore moins, comment dire, foufou, tu vois, de dire que tu crois en la magie.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Vraiment, les gens, mais même à responsabilité, même, tu l'entends en politique, enfin, je sais pas si t'as vu le dessin animé, je peux pas faire de publicité, mais du géant Disney, Anne Kanto, qui raconte un peu cette magie de la Colombie. C'est à peine caricatural, je te promets. C'est-à-dire que vraiment, tu te balades dans la campagne, tout le monde a une histoire de magie à te raconter avec une plante dans le village. Tout le monde, de toutes les générations. Et ce n'est pas un truc farfelu qu'on raconte dans des contes d'il y a 200 ans. Non, non, c'est quelque chose qui s'est passé potentiellement l'année dernière. Ils croient vraiment dur comme fer. Et ils vont te donner leurs preuves, ils vont argumenter en communauté dessus. C'est impressionnant, ça. comment ce monde de l'invisible arrive dans toutes les sphères de la société et d'ailleurs j'ai une anecdote à te confier on en discutait hier avec des amis de Medellin demain commence un immense festival de la brueria, c'est à dire de la sorcellerie à Medellin et le patrocinador le mécène n'est rien d'autre que la plus grande caisse de compensation ici ça fonctionne comme ça tout ça santé, prise en charge par les mutuelles, ce sont des grandes caisses très riches du coup qui l'assurent et c'est la plus grande caisse de la région qui est Sponsor, ça a fait polémique jusqu'au Parlement colombien parce que je crois que c'est un député qui s'est exprimé, un conservateur au hasard, disant mais qu'est-ce que c'est que ça d'introduire en ville des savoir-faire sur les sorcières, de faire des ateliers sur la cuisine vivante, de faire intervenir des gens sur le pouvoir de la magie dans notre quotidien colombien, ils ont répondu, je te l'enverrai si tu veux, un communiqué d'une justesse pour expliquer combien culturellement ces savoir-faire-là sont déterminants pour la préservation de la culture d'Amérique latine. Et c'est vraiment génial de perpétuer ça. Ça va être en grande pompe, en plein centre de l'église, deux jours dédiés à ces savoir-faire-là. Et d'ailleurs, il ne se passe pas une semaine sans que moi j'ai ici une connaissance qui lance un séminaire sur les savoir-faire des sorcières, sur l'alchimie moderne, sur un atelier de découverte de telles plantes médicinales, sur... Comment gérer ta périménopause à l'aide de telle ou telle plante médicinale ? C'est vraiment partie du quotidien ici.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu disais que les plantes médicinales sont en tout cas utilisées en prévention. Comment est-ce que tu peux nous dire, en tout cas, comment est-ce que tu accompagnes toi-même les femmes qui sont enceintes et aussi les femmes en postpartum ? Alors... je te laisserai préciser, effectivement, on n'est pas là pour donner des conseils, et tu l'as bien dit, ça n'a pas des vocations curatives. On est simplement là pour que tu puisses, en tout cas, nous ouvrir et nous éveiller à la puissance et aux vertus et aux bienfaits de l'utilisation des plantes. Et je pense qu'on est tous d'accord pour dire combien toi aussi, tu es vraiment très puissante, Camille, et tu as aussi ta sagesse, au-delà de celle qui te l'est transmise. Donc vraiment, vraiment. Merci en tout cas pour ça et peut-être nous dire quelques mots sur l'accompagnement effectivement que tu proposes à travers ces plantes sur les femmes qui vont donner la vie.

  • Speaker #0

    Génial, merci de me donner l'opportunité de parler de ça parce que je trouve que c'est encore trop rare en Occident. On en parle très peu. D'ailleurs je le vois aussi dans les offres de mes consoeurs, heureusement ou malheureusement je ne sais pas encore l'expliquer. C'est quasiment un grand oublié des accompagnements en Occident. On parle de plus en plus de massages, de tissus, d'alimentation au sens large, mais les plantes en tant que telles, je le vois encore que très, très rarement. Je pense que pour ça, il faut peut-être revenir au tout début, au tout début qui est son propre chemin. C'est-à-dire avant d'aller chercher quelqu'un qui va te faire une consultation, que ce soit naturopathe, herboriste. expert en médecine ayurvédique, on n'en a pas parlé, mais ça fait aussi partie de mes formations à moi et de mon chemin, une des médecines ancestrales les plus élaborées en la matière, qui englobe aussi les épices qui font partie du champ de la médecine par les plantes. Je voudrais revenir vraiment à ce préalable qui est de comment soi-même on évolue dans son environnement naturel. Et on l'oublie tellement dans nos quotidiens citadins. Qu'est-ce que c'est notre terroir ? J'adore ce mot en français. Il n'existe pas en espagnol. Il n'existe pas en anglais. Ce terroir, c'est-à-dire la relation entre la personne qui habite la terre, qui la travaille avec ses mains, qui la respire, qui la vit avec ses cinq sens, et la terre en elle-même. Je pense que c'est le conseil que je donnerais à toute personne qui souhaite cheminer, enceinte ou pas. C'est d'abord reprendre conscience de son terroir. pas votre lieu de résidence principale si vous êtes trop déconnecté d'une parcelle de terre. C'est peut-être chez vos parents, chez les amis, sur votre territoire de naissance. Mais revenir à ce terroir-là et vous questionner là-dessus. Quel est le climat dans lequel vous vous sentez bien, vous sentez que c'est votre terre d'attachement parce que d'aller chercher, si tu veux, des plantes de n'importe quelle culture... ça n'aurait pas de sens. Tu vois bien d'ailleurs les plantes qui s'adaptent à tel climat. Nous, ce n'est pas vrai. On s'adapte au climat, notre biotope, notre micro... Le microbiote, tout ça s'adapte en fonction de ce qui nous entoure. Donc, mon conseil premier, ce serait ça. Ce serait de se questionner sur notre territoire, notre terroir et d'aller faire une première marche de reconnaissance des plantes qui nous entourent, des arbres qui nous entourent. Et d'aller nous reconnecter à ça. Il n'y a pas besoin de connaître de la théorie. Juste se connecter avec les cinq sens. Ça fleurit à quelle période de l'année ? Qu'est-ce que ça sent ? Est-ce qu'on est plutôt sur des arbustes à croissance rapide ? Est-ce qu'on est plutôt sur des massifs ? Est-ce qu'au contraire, ce sont des arbres plutôt esselés ça et là ? Est-ce que je suis sur de la prairie ? Juste connecter à ça et on n'a pas besoin d'aller... Faire des randos de kilomètres et kilomètres. Non, non, vraiment autour de chez soi. Et suite à ça, on peut enclencher la seconde. Commencer à demander l'autorisation au territoire. Ici, jamais je pars en randonnée avec une communauté sans faire un rituel d'introduction au terroir. Ils ne l'appellent pas terroir, mais ils demandent la permission à la terre de nous accueillir. Et c'est vraiment fort. On fait des minutes de silence. Même avec trois enfants, je le fais. Ils ne te laissent pas le choix. Souvent, ils ont d'ailleurs des grandes. Ils arrivent avec une précédente récolte qui dépose dans la terre à l'entrée où on est. Ou ils vont remettre quelque chose dans le Rio, dans le fleuve le plus proche. Et ça, ça m'est arrivé plus d'une fois. Donc, à nous d'y mettre ce qu'on veut, on n'est pas obligé d'aller forcément s'inventer quelque chose qui serait trop loin de notre culture. Mais juste, voilà, ce temps de reconnexion, de grâce à cet environnement proche. Et une fois qu'on se sent un peu plus légitime, quelque part, à y pénétrer, là, on peut imaginer arriver à l'autre étape, qui est celle de la cueillette.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Mais seulement là, tu vois. Je trouve que c'est hyper important de réintroduire vraiment ce principe de cueillette en conscience. On en parlait tout à l'heure sur la juste mesure. sur l'importance de ne pas déforester, de ne pas en prendre trop par rapport à son besoin personnel.

  • Speaker #1

    Ça aussi.

  • Speaker #0

    D'aller stocker trop pour que ça s'érime, qu'on n'en ait pas besoin. Il y a vraiment avec les plantes médicinales cette idée de la juste mesure et j'adore ça. Et donc seulement après, vraiment se rapprocher des plantes et voir comment ça résonne tout simplement avec nous, avec notre accent. C'est ce qu'on se sent appelé par une couleur, par une odeur, par un toucher. tu vois, et reconnecter avec notre instinct. Et ça, c'est vraiment partie intégrante de mes accompagnements de doula. Le fil rouge, je dirais, de tout ce que j'essaye d'apporter comme outil, de reconnecter par les cinq sens à notre instinct, je pense que c'est un des plus beaux apprentissages de la maternité. On est notre meilleure capitaine à bord, tu vois, et les plantes nous offrent cette sagesse-là. Donc en fait, en évoluant dans un champ, dans une petite parcelle, dans un potager, très vite, on va revenir à son âme d'enfant, à sa curiosité d'enfant. Et c'est vraiment un chemin que j'invite à faire, une expérience initiatique de chacun. Pas besoin forcément d'avoir un guide, même si ça rassure parfois, ça sécurise. Voilà, c'est vraiment quelque chose de très intime. Et suite à ça... L'idée, c'est vraiment de prendre le temps, comme je disais. C'est assez à contre-courant peut-être de la rentabilité de beaucoup d'actions dans nos quotidiens aujourd'hui, mais on n'est pas obligé de tout de suite accrocher avec une réponse.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Une relation qui se tisse vraiment dans le temps. Encore une fois, on en revient un peu à la magie, tu vois, de cette connexion. Il y a peut-être des plantes qui vont nous impressionner. Moi, par exemple, je suis très impressionnée par le saoko. Le saoko en français, ah mince, j'ai plus le mot qui me vient. Il est très commun en France aussi. Attends, je te le retrouve.

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y.

  • Speaker #0

    Le sureau. Ah oui,

  • Speaker #1

    ok.

  • Speaker #0

    Tu vois, le sureau, pourquoi ? parce que quand il n'est pas mature, il est très dangereux pour la santé. Il est très dangereux. Il est létal même. Et donc, c'est une plante qui m'a impressionnée. J'y vais toujours avec beaucoup de parcimonie alors que c'est un excellent anti-allergène, que c'est un excellent anti-tout. Tu vois qu'il y a énormément de personnes qui le travaillent en sirop. Tu vois, c'est encore une plante qui m'impressionne.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    C'est pas encore arrivé. Et pourtant, j'ai été guidée plein de fois dans des cueillettes, rassurée sur ses propriétés. Je connais le stade de maturité de sa fleur. Voilà, je ne suis pas encore mature pour le transformer.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #0

    En revanche, l'ortie, qui m'impressionnait beaucoup petite, j'ai appris aujourd'hui à le cueillir sans gants, à communiquer vraiment avec la plante pour enlever les propriétés urticaires. Et c'est vraiment génial. Aujourd'hui, je le travaille à main nue, je le sèche, j'en fais des soupes. Au revoir. Oui, tout un tas d'aromatica pour les femmes enceintes, pour qu'elles refassent le plein de minéraux, de fer. Voilà, tu vois, c'est très propre à chacun. Il n'y a pas un chemin. Vraiment, j'invite chacun à connecter, dès qu'il est entouré de nature. Vraiment, ça peut être un exercice et une gymnastique, en fait, de faire cette connexion au terroir, à chaque fois qu'on se rend appelé par un territoire.

  • Speaker #1

    C'est magnifique, c'est tellement précieux en plus et j'imagine et je visualise aussi la femme enceinte avec cette connexion et cette connexion aussi in utero qui est extrêmement puissante et ça c'est très très beau ce que tu viens d'écrire là sur cette connexion au terroir qui effectivement, en tout cas à mon sens, n'a jamais été évoquée dans ces termes-là, en tout cas ça doit être extrêmement rare si ça l'a été, donc merci Camille encore une fois pour ça. Est-ce que tu pourrais nous partager des rituels ? C'est vrai que je suis très, très, très friande de ce partage, de ces transmissions sur les rituels, sur les savoirs ancestraux. Est-ce que tu as pu voir ou est-ce que peut-être toi-même, tu proposes avec le cheminement respectif de chacune, différents rituels, alors soit attirés à la femme qui devient mère ou autour du nouveau-né ? avec cette symbiose et cette connexion aux plantes.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Je vais t'en parler de deux, tiens, parce qu'il y en a une infinité et comme je te disais, ils sont très peu documentés. Donc, c'est très empirique. C'est des choses dont je peux témoigner par les expériences que je vis ici avec les parterras. Le premier, qui est maintenant de plus en plus reconnu, bien qu'encore vraiment de la culture orale, c'est un rituel de plantes qui a lieu lors des accouchements ici. sur la partie pacifique de la Colombie. C'est un rituel hérité de la tradition afro-descendante. Ce sont des parterras afros qui le perpétuent aujourd'hui. Il s'agit d'une boisson qui est faite à partir de canne à sucre. En fait, c'est une distillation de canne à sucre qui permet de monter à peu près jusqu'à 40 degrés en alcool. Donc ça impressionne. En Occident, on se dit, oh là là, mais de l'alcool à donner à des femmes qui sont sur le point d'accoucher. Sauf qu'en fait, il se trouve que c'est une macération de plantes, un peu comme un rhum arrangé, tu vois, que les parterras vont faire avec les plantes de leur chakra. Et c'est des plantes qui vont être toniques pour l'utérus et pour aider dans la dernière phase de l'accouchement. Elle le donne, cette boisson-là s'appelle le Viche, ça s'écrit V-I-C-H-E. Le Viché, qui est reconnu aujourd'hui au patrimoine immatériel de la Colombie. C'est reconnu comme une boisson médicinale. Et les parterras le donnent aux femmes qui sont sur le point de délivrer. Donc, elles sont déjà en train de dilater. En général, elles sont quasiment à dilatation complète. Et il y a une variante de ce Viché qui s'appelle la Tomaseca, que l'on donne précisément pour aider aux dernières contractions de poussée et à la délivrance du placenta.

  • Speaker #1

    Ok, il me semble qu'Yael a accouché de cette manière, parce qu'elle nous parlait d'une boisson qui lui a été donnée, et qu'effectivement, l'enfantement, le déclenchement s'est fait dans les secondes qui ont suivi, dans les minutes qui ont suivi.

  • Speaker #0

    C'est très très puissant, elle ne donne jamais la recette complète, elle te cite quelques plantes, tu as la chance de les suivre dans les coulisses de préparation, mais ça reste des alchimies encore bien préservées. très présente, quoi. Vraiment, aujourd'hui, il y a plus de 80 parterras officielles recensées dans cette région, notamment du Choco, de la Colombie. Pour ceux qui aimeraient y voyager, c'est absolument incroyable. Ce sont des terres qui charment immédiatement, parce qu'en fait, au-delà d'un contexte social évidemment très dur, de populations qui ont été oppressées, marginalisées pendant des années, évidemment, et qui se battent tous les jours pour leurs droits, en termes de nature, ce qui a préservé ces territoires-là, c'est qu'ils ne sont toujours pas pas relié par la terre. Donc, à part une connexion depuis la ville de Cali, qui est située au sud de la Colombie, et qui dessert le port de Buenaventura, tristement connu pour être le plus gros port de trafic de cocaïne dans le monde, à part cette connexion-là, tiens, on pourrait parler de la coca, on va en parler d'ailleurs, à part ce port-là, tout le reste n'est desservi qu'en avion ou par bateau. Donc, du coup, on est sur un territoire ... du Pacifique déjà, avec ses courants, ses différentes... Enfin, c'est des espèces incroyables qui transument par là, que ce soit les tortues, les baleines. Et quelques mètres à l'intérieur des terres, on arrive immédiatement en forêt primaire. Voilà. Et donc, de fait, elles ont des territoires, des terroirs ultra préservés, avec des plantes médicinales qu'on retrouve nulle part ailleurs. Voilà, ça explique pourquoi c'est une boisson qui a pu être préservée dans le temps, qui est encore assez méconnue en Europe. Mais je vois que ça arrive, ça y est, dans certains restaurants. En mixologie aussi, le viché est en train d'arriver dans des bars français. Voilà. Comme quoi, tu vois, d'une plante médicinale à une boisson médicinale, on arrive bientôt à des ingrédients pour des cocktails branchés.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Dans des bars.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors je t'avoue que sur la cocaïne, je suis assez intéressée aussi parce que c'était l'une des questions. Effectivement, là tu viens de le dire, l'alcool en tout cas pour nous, la vision, elle est très biaisée en tout cas et c'est très intéressant ce que tu nous partages là. Alors sur la cocaïne, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?

  • Speaker #0

    Oui, la coca, c'est vraiment partie intégrante du territoire en fait. C'est une plante médicinale qui est millénaire en Amérique latine. qui aujourd'hui est un objet de recherche très fort pour te dire il y a une exposition qui a fait grand bruit ici au musée d'art moderne de Medellin qui vient de se terminer sur la coca et qui va partir voyager dans le monde entier pour redonner à cette plante ses lettres de noblesse parce qu'en fait son dérivé triste qu'est la cocaïne et qui fait des ravages dans le monde entier est bien loin à des années lumières Merci. qui est l'essence de cette plante. En fait, cette plante, quand elle est bien manipulée, quand elle est même donnée aux enfants, pour te dire ici, elle est utilisée en prévention du mal des montagnes. Et nous, on en a parlé à nos filles au Pérou, la coca, elle est donnée en infusion, elle est donnée en bonbons, elle est donnée en sirop, elle est donnée en teinture mère, sans aucun problème aux enfants. Encore une fois, on en revient à la connaissance des doses. au respect, la conscience de cette plante. Si tu la transformes, évidemment, avec tout un tas de procédés chimiques pour en faire une drogue, tu pervertis l'essence même de la plante. Et c'est la même chose avec le tabac. Le tabac, c'est l'autre grand protecteur du territoire américain. Ici, on parle de la abuela coca et la abuelo tabaco. C'est vraiment les deux grands protecteurs des territoires ici. Et ils sont souvent invoqués par les parterras en début de rituel. C'est vraiment des plantes très, très, très importantes de purification, de reconnexion à soi. On les consomme très, très souvent en communauté avant un rituel, pendant un rituel et de toute forme. D'ailleurs, la coca, elle ne se travaille pas qu'en feuilles. Elle se travaille aussi en une poudre qui s'apparente un peu à de la farine. Aujourd'hui, c'est même devenu tellement à la mode que la plupart des restaurants ici le propose un peu comme un matcha, ça a le même goût en fait. Et c'est servi en topping sur des desserts aujourd'hui. En fait, on revient à des basiques de ces plantes, le tabac qui est souvent signifié en fait en râpé, en poudre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Rien à voir avec l'usage de la cigarette qu'on connaît en Occident, tu vois. Donc voilà, tout ça, encore une fois, c'est un chemin sur lequel on peut investiguer soi-même. Il y a de la littérature qui arrive de plus en plus sur ces sujets. Il y a des artistes, comme je te disais, qui s'emparent de ces sujets et donc des expositions itinérantes qui... permettent aussi de vulgariser, j'ai pas peur de dire ce mot, mais oui, de faire connaître de plus en plus les vertus de ces plantes médicinales au plus grand nombre. Et alors en tant que telle, la coca et le tabac, je les ai pas vus dans des rituels de femmes enceintes et postpartum. Un rituel qui m'émeut énormément en postpartum, c'est tout ce qui va concerner les bains de vapeur. Ici, c'est très pratiqué. Tu le sais, pour vraiment faciliter la récupération en postpartum, on va faire tout pour garder le chaud dans le corps, que ce soit par l'intérieur, une nourriture qui soit nourrissante, chaude, des tisanes, des caldos. Donc les caldos, c'est les bouillons d'os, mais aussi les bouillons de légumes. mais aussi par l'extérieur. Et c'est ça que nous enseignent aussi ces sagesses ancestrales. C'est que vraiment d'aussi loin que les femmes avec lesquelles je discute remontent, elles se souviennent que leur mère revenait du potager avec des plantes médicinales pour ensuite les mettre dans l'eau bouillante. Et alors, elles le font avec les moyens qu'elles ont, c'est-à-dire qu'elles se mettent souvent sous un drap. Elles n'ont pas de petites huttes. Il n'y a pas forcément... ici en Colombie, en tout cas, de construction dédiée à ça, au Mexique un peu plus, avec le rituel, tu sais, de témascal. Le témascal, oui. Encore que rares sont les témascals qui sont vraiment pérennes. Souvent, tu sais, c'est itinérant, c'est des méritats qui se déplacent avec les pierres, avec les couvertures, avec les condins de bois. Donc, c'est quand même toute une organisation pour le trouver dans un quotidien. Non, ici, elles le font vraiment avec les moyens du bord. Donc aujourd'hui, les marmites, ça peut être des marmites en terre cuite, en inox maintenant, ou même en plastique dans certaines communautés de climat tropical. Et puis, elles vont se mettre sous un grand tissu et elles vont réchauffer leur corps de l'extérieur avec les propriétés des plantes médicinales qui infusent en même temps. Et après, elles vont se baigner avec. Ça c'est un rituel qui est encore très très présent et je l'ai vu dans toutes les communautés, c'est-à-dire que vraiment celui-là en postpartum, que ce soit sur une plage du Pacifique, au fin fond des Andes ou en Amazonie, il est pratiqué, mais à chaque fois avec des plantes du terroir. Et souvent d'ailleurs c'est drôle parce que d'une part à l'autre, elles ne connaissent pas du tout les plantes de la voisine, d'où cette importance, on en parlait tout à l'heure, de connecter à son terroir propre. C'est notre outil de travail le plus adapté en fait. Et alors après, il y a un rituel aussi que j'aime beaucoup en postpartum qui s'appelle le rituel de la Hualtasca, qui est absolument pas connu en Occident, qui est un rituel de cataplasme de plantes médicinales qu'on pratique en général à plus de six semaines postpartum pour être sûre qu'on ait bien toute la sphère, toute la matrice cicatrisée. C'est une mixture d'une quinzaine à vingtaine de plantes qu'on travaille dans un mixeur en fait. Des plantes qui ont été séchées préalablement. qu'on peut travailler avec de l'argile aussi mais je ne l'ai pas toujours vu comme ça je l'ai vu avec quelque chose de un peu plus de trash encore pour notre culture qui est l'urine de la femme elle-même le liant ça donne une espèce de pâte qui est ensuite appliquée avec tout un rituel, là je te le raconte vraiment en simplifiant mais ce sont des rituels qui durent des heures et des heures c'est souvent fait le soir au coucher de soleil quand on est sûr Merci. que la parturiante va pouvoir enfin se reposer. Donc elle est vraiment allongée, souvent on lui met le bébé en allaitement à côté, et on lui fait un cataplasme sur le ventre, avec toutes ses plantes médicinales. On l'entoure ensuite de phara traditionnel, là-bas ça s'appelait chumpi, au Pérou. Un dérivé de la chumbe, un dérivé de la phara, t'as dû en entendre parler, qui viennent entourer, réchauffer le corps. Et ensuite, plus largement d'un drap et de couverture si on est dans un pays froid. Et elle est censée rester comme ça toute la nuit pour que les propriétés des plantes absorbent, soient absorbées par sa matrice et restaurent son utérus. Et tu vois, là, on revient... à la question initiale que tu me posais sur le lien au passage, là, vraiment, c'est-à-dire, voilà, comment les plantes vont accompagner le passage d'une fin de maternité à la continuité de ta vie.

  • Speaker #1

    Ça, c'est intéressant aussi, ce lien entre ces différents passages, effectivement. Et je pense aussi au deuil périnatal et toutes sortes de passages, en définitive, tout au long, en fait, de son chemin de femme, et Dieu sait qu'il doit y en avoir. et Camille, alors on pourrait t'écouter pendant des heures donc heureusement qu'on a prévu quatre épisodes sur des thématiques différentes mais sur celles-ci, sur les plantes. Tu vas pouvoir nous dire en tout cas que tu vas bientôt nous rejoindre en tout cas en métropole, en France et c'est vrai qu'à t'écouter je me dis, et que tu l'as dit tu as déjà en tout cas visité nos terroirs tu vas ramener justement tous ces savoirs ici en France, à Paris Merci. Et ma deuxième question aussi, Camille, ça serait, tu l'as dit, ce sont des transmissions orales. Est-ce que c'est quelque chose que tu souhaites aussi transmettre à l'écrit ? C'est une question que je te pose qui me vient.

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Pour l'instant, je le fais avec parcimonie, tu vois, que ce soit sur les réseaux, ma newsletter, sur quelques petites recettes très pratico-pratiques parce que j'adore, j'ai à cœur vraiment que les femmes expérimentent par elles-mêmes. Donc, si ça peut aider aussi à décomplexer certaines femmes, et je le comprends, pour qui ça semble encore être un monde très éloigné, très loin de notre quotidien, tant mieux. Donc, comme j'adore le principe, tu sais, des petits pas et des choses très pratico-pratiques pour se lancer, ben voilà mon approche. Si je l'écris, ce sera pour des choses très pratico-pratiques. Mais écrire, si tu veux, sur la théorie, sur des grandes leçons, déjà, je ne m'en sens pas légitime encore aujourd'hui. et je suis pas sûre que ce soit le moyen le plus évident pour connecter aujourd'hui. Vu les expériences que je vis ici, j'en suis encore plus convaincue. Je pense que rien ne remplace le présentiel, enfin vraiment ce fait de vivre ça, cette connexion dont je t'ai parlé tout à l'heure. Et c'est pour ça, alors sans vouloir faire ma pub, mais quand même, parce que du coup, j'ai vraiment réfléchi des formats qui, j'espère, sont innovants aussi dans leur forme. Je vais proposer une retraite vraiment initiatique de connexion. à ces plantes médicinales en mars prochain.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà, donc toutes celles qui se sentent appelées sont les bienvenues. On va connecter pendant 4 nuits, 5 jours ensemble pour vraiment se lancer en fait. C'est vraiment l'idée d'impulser ça en communauté de femmes qui du coup vont partager cette passion commune pour les plantes médicinales et la cuisine vivante. Ça va être un mix des deux. Suite à ça, on fera des rendez-vous virtuels qui seront oraux effectivement mais qui seront supportés par quelques supports écrits également de théorie et à la fin on se réunira en novembre 2026 à Paris pour clôturer avec un grand week-end de restitution chacune qui explicitera un projet dédié sur les plantes médicinales voilà c'est l'idée de vivre vraiment une année comme un rituel initiatif des plantes avec les cinq sens mis à l'épreuve voilà j'y crois énormément et je crois tellement à la force du groupe aussi que je ne me sens pas aujourd'hui encore d'écrire une formation prête à l'emploi sur laquelle tu te connecterais sur une plateforme et puis chacun la digère quand elle souhaite. Non, vraiment.

  • Speaker #1

    Ça ne fait pas sens.

  • Speaker #0

    Je pense que tu l'as vu après notre discussion. Ah non, non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On comprend d'autant plus. On comprend d'autant plus. Alors peut-être encore une fois, et mon Dieu, ce n'est pas de la publicité, mon Dieu, que j'ai envie d'en faire justement sur ce que tu vas pouvoir aussi créer à Paris. Alors si tu peux nous en dire effectivement quelques mots sur ton retour.

  • Speaker #0

    Oui, avec plaisir. On rentre en janvier 2026. Je vais reprendre mes quartiers à Paris, en plein centre, sur un lieu que j'ai appelé « Sur un nuage » depuis des années pour celles qui me connaissent et dans lequel je vais reprendre. mon activité de doula, de masothérapeute. Je vais proposer de nouveaux soins inspirés de tous ces apprentissages d'ici, de nouvelles formations. Je pratique maintenant dans l'eau, par exemple. Voilà, donc tout ça, ça va se repasser dans le centre de Paris. Et je vais ouvrir un nouveau lieu que j'ai appelé SOROR, S-O-R-O-R, en hommage aux liens qu'on tisse entre femmes. Et sur ce lieu perché comme un nuage au-dessus de Paris, on va pouvoir se rencontrer, échanger, éprouver, vivre des expériences. Et c'est un lieu que j'imagine de co-création. Et je vais lancer sous peu d'ailleurs un appel à co-créer pour toutes les femmes qui se sentent appelées. Et bien après d'ailleurs, sur toute l'année 2026-2027, il va y avoir une programmation qui va se ficeler au fil des mois avec des ateliers, des talks, des dîners, des expériences, des choses très insolites aussi hors les murs et qui iront peut-être jusqu'au Pyrénées. J'ai la chance d'avoir un terroir de cœur et de naissance. au Pyrénées, au sud de Toulouse et dans lequel j'aimerais aussi faire vibrer toutes les femmes qui s'en sont en Pérou.

  • Speaker #1

    Magnifique, quel beau projet. Écoute Camille, vraiment merci, merci. Je remettrai en tout cas toutes les informations que tu nous as transmises, notamment sur aussi l'ouverture de ce lieu, Sauror, en description de l'épisode. Comme ça, celles qui nous écoutent pourront aussi aller le lire. Et mille merci, Camille, vraiment, que ça fait du bien. que ça fait du bien d'entendre tes mots et ce lien au vivant, ce lien aux plantes, c'est vraiment précieux. En tout cas, peut-être que toi, tu baignes dedans, mais nous, tu le sais. Ce n'est pas quelque chose qui est anodin, qui est commun, malheureusement, mais on t'attend avec impatience aussi et ça fait du bien d'entendre des femmes comme toi, des personnes comme toi qui nous permettent de se reconnecter à cet essentiel. Donc, vraiment, merci infiniment d'avoir pris ce temps-là. d'échanges et on se retrouve pour un deuxième épisode qui sera consacré aux traditions autour du post-accouchement et on le disait tout à l'heure en off avec ce lien aussi peut-être et tu viens de le dire aussi avec ta venue sur Paris avec l'eau, je pense que ça sera aussi l'occasion peut-être de pouvoir en discuter à ce moment-là entre autres traditions rituelles, savoirs et autres transmissions que tu as pu avoir et que tu vas nous nourrir encore et encore Merci beaucoup Camille et j'ai envie de te dire aussi bonne continuation et bonne fin de séjour d'ici à janvier t'as encore un peu de temps mais merci infiniment en tout cas pour tout ce que tu es

  • Speaker #0

    Merci Marion, merci à toi pour ton écoute et la voix précieuse que tu offres à toutes ces sages à San Sestral j'ai hâte de vous retrouver

  • Speaker #1

    A bientôt Camille Merci belle maman pour ton écoute si précieuse et pour ta présence dans cet espace où on ne cesse de s'émerveiller et de se questionner face à ce livre ouvert qu'est le monde, à la fois dans son extériorité et dans son antériorité. Si tu as aimé ce moment de partage et que tu souhaites ancrer cet épisode qui t'a apporté, porté ou nourri, je te laisse déposer avec le cœur une note sur ta plateforme d'écoute, souvent ce sont des étoiles, ou encore commenter l'épisode écouté en description de ce dernier. sur Spotify ou sur YouTube, par exemple. Ou encore, me laisser un avis Google pour que Mamel et les récits et savoirs transmis par les femmes qui passent derrière mon micro rayonnent encore et encore. Enfin, si ton esprit de curiosité est toujours en éveil après cet épisode, tu peux aller découvrir ma boutique artisanale en ligne sur mamel.fr où tu pourras voyager à travers les femmes et mères du monde que je crée et représente Merci. en bougies de cire végétale. Tu pourras également t'inscrire à ma newsletter pour ne rien manquer des rituels, des mots-pensées et des différentes découvertes venues d'ici et d'ailleurs qui résonnent dans nos cœurs de mamas du monde et que j'ai bien évidemment à cœur de vous partager chaque mois. Voilà belle mama, cet épisode est terminé. Je te laisse doucement revenir à ta réalité, à ton quotidien et surtout mama. N'oublie pas, ta maternité, comme ta féminité, est un univers aussi merveilleux que le monde a exploré.

Description

Aujourd'hui, j'ai le b-honneur immense d'ouvrir une nouvelle mini-série de 4 épisodes avec Camille DENOY sur les sagesses ancestrales d'Amérique latine. Ce premier épisode est dédié aux sagesses des plantes médicinales de ces terres si riches, diversifiées et nourricières du continent sud américain que Camille explore depuis plusieurs années maintenant.


Camille vit à Medellin en Colombie, au cœur de la cordillère des Andes, avec son compagnon et ses trois filles. Elle revient sur sa double casquette professionnelle : l'une en tant que doula, un métier qu'elle exerce depuis plus de 8 ans, après avoir connu une première grossesse arrêtée in utero ; l'autre en tant que conseillère dans les filières responsables avec les producteurs de terroirs, en France, en Europe, en Asie et en Amérique latine.


Camille nous inonde d' informations sourcées sur les plantes qu'elle a reçues soit par transmissions orales, au contact des populations locales, soit au travers de sa grande passion d'investigation qui l'anime tant.


Camille nous décrit ici ce qu'est la medicina en Amérique latine, un usage des plantes quotidien en prévention et non en curation comme on le pratique dans nos frontières. Un riche échange sur les vertus des plantes de la main de celle/celui qui les cultive, les récolte jusqu'à leur utilisation.


Camille met l'accent sur la richesse naturelle incroyable de la Colombie, reconnue comme le deuxième pays les plus riches en biodiversité au monde, après le Brésil. Elle revient aussi sur le pillage de certaines terres et sur l'importance de tout à chacun de prendre ce temps d'explorer l'environnement qui nous entoure, de ré-apprendre la magie des plantes de nos terroirs en les ressentant et en les consommant en conscience.


Entre la coca, le viche et les multiples rituels autour de la maternité, Camille vous embarque dans un voyage qui vous transcendera de multiples façons afin de vous permettre d'ouvrir de nouveaux horizons et vous proposer une nouvelle lecture des plantes qui nous entourent, nous portent et nous apportent depuis la nuit des temps ...


Un immense MERCI à Camille pour sa présence et sa confiance !


➡️ Pour retrouver Camille sur Instagram : @mamacam__ / @soror.collective


👁️ Pour retrouver l'Univers MAM'ELLES :


MAM'ELLES est un podcast réalisé par Marion TERTEREAU.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et bienvenue dans mon univers Mamel. qui est à la fois un podcast, une newsletter et une boutique artisanale dans laquelle je crée mes propres bougies autour de la maternité et de la féminité. Je m'appelle Marion et j'ai créé cet espace qui respire l'universalité des cultures, des traditions, des rituels autour de la femme qui devient mère et de la mère qui renaît femme. Chaque intervenante, quel que soit le sujet de l'épisode, viendra faire un pont entre les traditions, les savoirs, les mémoires, les rituels ancestraux et les pratiques actuelles et récits dominants contemporains sur la maternité, la parentalité ou encore la féminité entendue au féminin sacré. Chaque semaine, nous nous retrouverons ici pour cheminer ensemble à travers les récits et les savoirs transmis par des femmes et des mères venues des quatre coins du monde qui sèmeront des graines d'une meilleure connaissance de notre nature profonde. Avant chaque épisode, je t'invite à prendre un temps pour te poser, puis te déposer, afin de voguer légère dans ce lieu de partage doux et profond à la fois, où la parole est libre et où l'ambiance est parfois intime, parfois sacrée. Tu peux même prendre le temps d'observer l'environnement dans lequel tu es, ou la nature qui t'entoure. Cette nature... qui a ce langage discret et puissant, surtout fait de cycles, de passages et de mouvements, comme nous finalement. J'aime résumer nos rendez-vous sous une note artistique, alors je poursuis cette invitation au voyage en te demandant désormais d'imaginer une toile blanche face à laquelle tu es assise, accueillant ton énergie du moment, le passage actuel de ta vie et le cycle de ta présente saison antérieure, prends ce pinceau imaginaire dans ta main de cœur et dans un élan vital, produis ce geste du peintre, celui du mouvement qui sort de toi afin de créer quelque chose là où il n'existait rien auparavant. Ce geste incarne l'essence de Mamel, un geste qui donne du sens à la vie, qui apporte de la beauté et favorise le partage. Cette expression, qui s'apparente à une pratique spirituelle de connexion avec soi-même et de connexion aux autres, est une source infinie d'étonnement et d'émerveillement. C'est cette source que nous allons côtoyer ensemble ici, au fil des épisodes. J'éprouve cet élan et ce plaisir, je l'avoue, de te proposer de te renouveler sans cesse, par un apprentissage dynamique et permanent. À travers ce tableau blanc, comme point de départ de chaque moment passé ensemble ici. Ce, afin de vivre une aventure différente, à chaque fois, avec un voyage dont la destination ne t'est pas connue. Ainsi, une trace est laissée sur cette toile, telle une empreinte, tout en laissant le loisir à cette œuvre de bouger avec la lumière du temps et de changer de ton à chaque regard porté dessus. Voilà, belle-mama ! L'essence de Mamel. J'arrête là ma petite allégorie de Mamel et je te laisse découvrir la nouvelle invitée du jour en te souhaitant un beau voyage au cœur de ta matrice. Bonjour Camille !

  • Speaker #1

    Bonjour Marion !

  • Speaker #0

    Je suis contente de t'avoir, je te connais en tout cas et j'ai découvert ton compte il n'y a pas si longtemps et je pense que toi aussi ça a été pareil pour le mien, la magie en tout cas des réseaux sociaux. Une merveilleuse découverte à la fois de ton univers et aussi de la femme que tu es, de la mère que tu es, simplement parce que j'ai été happée par le contenu que tu nous partages très régulièrement sur ton réseau social Instagram précisément. mais aussi par la profondeur des messages que tu nous envoies, que tu nous transmets, à travers toute cette richesse que tu as pu en tout cas recevoir en Amérique latine, puisque maintenant ça fait plusieurs années que tu y es, et aussi également sur tous ces savoirs, ces rituels et toutes ces transmissions qui à mon sens sont des essentiels que l'on perd, ou en tout cas on s'éloigne beaucoup trop, et je pense en tout cas et je le dis dès maintenant à l'un de ces messages forts que tu portes autour du placenta pour moi c'est en tout cas l'une des vidéos qui m'a happé et qui est essentielle pour moi et je voulais te remercier pour tout ce contenu parce que c'est un travail de fond qui est très précieux en dehors de tous les accompagnements bien évidemment que tu fais autour des femmes et des mères naissantes donc voilà déjà merci Camille pour tout ça Et pour moi, c'est un vrai honneur de t'avoir aujourd'hui, d'autant plus pour ouvrir une série à l'image un peu de celle qu'on avait fait avec Yael, pour celles qui ont déjà écouté les épisodes sur les Rebozo. On a décidé ensemble, en tout cas, d'ouvrir une mini-série de quatre épisodes autour des sagesses ancestrales que tu as pu recevoir à travers ces différentes années passées en Amérique latine. Et en tout cas, aujourd'hui, c'est autour des plantes médicinales qu'on va dédier cet épisode, à la fois sur leur bienfait, leur utilisation autour du féminin, autour de la femme qui devient mère et de la mère qui est renée femme. Voilà, on avait décidé en tout cas de pouvoir porter à la connaissance de celles qui vont les écouter, et ce peut-être... un petit peu de ton savoir. Donc voilà, c'est un immense merci déjà pour tout ce que tu vas pouvoir nous transmettre, Camille. Et donc, j'ai assez parlé. Sans plus tarder, je te laisse te présenter à la fois côté perso et côté pro avant de rentrer dans le cœur du sujet.

  • Speaker #1

    Merci Marion, à toi, pour tes mots qui me touchent beaucoup. Je suis très, très honorée d'être au micro de Mamel aujourd'hui. Avec toi, parce que je me reconnais énormément dans la mission que tu portes, les voies que tu permets de mettre en lumière. Donc très très honorée de m'inscrire dans cette lignée avec toutes les consœurs que tu as pu interviewer avant et qui font partie de mon chemin de doula, de mère depuis tant d'années. Donc écoute, je vais essayer d'honorer la mission au mieux. Et je te parle aujourd'hui depuis la Colombie, à 8000 kilomètres de toi. Je vais vous montrer. trouve effectivement depuis plus d'un an aujourd'hui, après de longs autres voyages initiatiques là-bas. On a pris la décision avec mon compagnon de s'y installer. Donc, on est établi à Medellín, au cœur de la Cordillère des Andes. Je ne sais pas si tu le connais. Et en même temps, le projet était de voyager. Donc, en fait, on a une sorte de routine quotidienne quand même à Medellín avec nos filles qui sont scolarisées. Nous qui travaillons, mais on avait planifié et on continue de planifier d'ailleurs toute une excursion de voyages, de rencontres, d'échanges, de formations pour aller à la rencontre de ce continent. Et c'est d'une richesse inouïe. Et je suis ravie de pouvoir te témoigner un peu de tous ces apprentissages-là aujourd'hui et d'en faire part à tous ceux et toutes celles qui nous écouteront.

  • Speaker #0

    Alors professionnellement parlant, tu étais doula accompagnante avant de partir en Amérique latine ?

  • Speaker #1

    Oui, ça fait huit ans en fait que je suis formée en tant que doula depuis ma première grossesse en réalité, qui n'est pas la grossesse qui m'a permis de rencontrer mon premier enfant puisque j'ai perdu ma première grossesse à trois mois. Et ça, ça a été vraiment un choc. décisif en fait dans ma vie de femme et professionnelle. Je dis souvent que j'ai vécu trois petites morts ou en tout cas trois passages, tu vois, comme des chrysalides qui se défont et refont. L'une quand j'avais 16 ans, une autre quand j'ai eu 21 ans. Et donc pour la première, c'était plutôt le passage de l'enfance à l'adolescence, l'autre de l'adolescence à la vie adulte. Et là, vraiment, je suis rentrée. tout de go de la vie de femme à la vie de mère, avec cette première grossesse et cette mort in utero absolument inattendue, et plus qu'inattendue, j'en avais jamais entendu parler, en fait. Il y avait vraiment ce truc autour de moi, des langues qui étaient encore très peu déliées sur toutes les facettes de la maternité, à l'héritage d'une génération qui parlait peu, ou quand elle... parler de choses quand même relativement polissées, un héritage judéo-chrétien sans doute. Et du coup, je suis tombée de 12 étages et pourtant, je m'estime presque chanceuse finalement dans le parcours qu'on a vécu parce que ça a été une grossesse qui était déjà voulue, une grossesse qui est arrivée sur le premier cycle, tu vois, sans aucun problème de conception et un petit cœur. qu'on avait entendu battre deux semaines avant sans aucun problème. Mais la prise en charge de cet arrêt de grossesse a été tellement catastrophique que j'ai réalisé qu'on pouvait vivre à ce moment-là le pire dans un parcours de maternité. Et pour commencer sa vie de mère, je dois dire que ça a été assez compliqué. Donc en deux mots, je me suis retrouvée dans une salle d'échographie avec un homme d'une soixantaine d'années dans un cabinet. flamboyant parisien où tu payes 200 euros la consultation. Et il avait tout l'attirail, il baissait les rideaux, dit à mon compagnon, ça va être la plus belle séance de cinéma de votre vie, préparez-vous. Et puis, voilà, en deux coups de cuillère à peau, c'était réglé. Il avait mis la sonde sur mon ventre et il me regarde. Ah ben, il est mort. Voilà. Bon, ben, je dois y aller, madame. Je suis désolée, j'ai des rendez-vous. Et puis, de toute façon, c'est le week-end qui commence. Il était 15h un vendredi. Et il a fermé devant nous son cabinet avec deux parents en larmes qui ne savaient pas quoi faire. Et ben voilà, vous attendrez le week-end. Et puis, si toujours rien ne s'est passé le lundi, n'hésitez pas à aller consulter. Parce qu'effectivement, il faudra envisager autre chose. Allez, bon week-end.

  • Speaker #0

    Wow, quelle violence.

  • Speaker #1

    Et donc, si tu veux, suite à ça, je ne l'ai pas intellectualisé tout de suite, mais ça a été clairement mon première épiphanie, on va dire, sur mon chemin de mère. Malheureusement, non. C'est un contexte assez violent, mais de me dire que ce n'était pas possible de continuer comme ça et de me faire entourer de la sorte. J'ai commencé à investiguer à partir de là. Et finalement, ça a été une très grande joie. Après ça, j'ai réussi à convertir cette expérience et ce petit bout de vie qui était passé par nous, avec toute l'incompréhension qu'elle est avec, en une opportunité pour ensuite... accueillir au mieux les autres vies qui se présentaient. Voilà.

  • Speaker #0

    Camille, peut-être, alors, ce n'est pas le sujet principal, mais je pense que c'est vraiment important de prendre ce temps-là parce que, tu l'as dit, on a beaucoup de synchronicité, de choses qui sont en commun, et j'ai commencé aussi ma vie de mère exactement de la même façon. C'est vraiment incroyable ce que tu viens de décrire. Et peut-être avec l'expérience que tu as eue à travers différents pays et peut-être nous dire... Quelle est la vision peut-être aussi de la mort en Amérique latine ? Est-ce que tu as pu avoir des retours, notamment sur comment est appréhendé le deuil périnatal, notamment ? Est-ce que tu as des informations par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, complètement. Après, je me garderai de faire des généralités parce que ce qui est sûr, c'est que j'ai un regard qui est de toutes les façons biaisé, que j'essaye évidemment de rendre le plus neutre possible. et c'est hyper cool compliqué parce qu'on arrive avec un passé quand même de plusieurs générations de colonisation dans ce continent tu le sais, c'est très fort avec une évangélisation qui est très marquée des populations avec du coup un grand écart aujourd'hui dans les savoirs dans les savoirs être aussi, tu vois et du coup la perception de ces moments de vie qui peut être très différente d'une communauté à l'autre on a aussi des climats extrêmement variés qui font que les populations vivent dans des dynamiques qui n'ont rien à voir entre celles qui vivent à 3 000 à 4 000 mètres d'altitude dans les Andes, celles qui sont sur le Pacifique avec un héritage afro-descendant, celles qui sont au fin fond de l'Amazonie, d'autres communautés qui vont être dans les déserts. J'ai la chance d'apprécier aujourd'hui cette pluralité-là, donc c'est très compliqué pour moi de te faire une généralité de ce que j'observe. Ce que j'observe ici, c'est la grande richesse de ce continent, c'est que... La population qu'on appelle indigène en espagnol, indígenas, et ce n'est pas du tout un gros mot, au contraire, ils souhaitent se faire appeler comme ça. On appelle ça plutôt population autochtone en Europe ou première nation en Amérique du Nord. Ces populations-là, en Colombie en tout cas, représentent plus de 8% de la population du pays. Donc c'est énorme. Et ce sont des gens qui vivent encore de façon très marquée en communauté. Avec une organisation, avec des rituels, avec une codification, avec un vestuario, enfin tu vois, toute une façon de s'habiller en fonction des moments de la vie de la communauté, très très marquée, voilà. Et je pense que cette vie en communauté, qui est encore très persistante dans ce que j'observe, mais encore une fois c'est biaisé puisque je vais précisément chercher les rencontres avec ces communautés. Exactement. mais elle ne représente que 8% de la population déclarée ici en Colombie oui de fait ils sont de ce que je perçois ce sont des passages en fait et évidemment qu'il y a de la tristesse évidemment que le christianisme est passé par là aussi et que du coup il y a un syncrétisme dans les rituels de mort avec à la fois les rituels d'enterrement catholique Merci. qui se mêlent à l'invocation des esprits, à des rituels de retour aux éléments. J'ai assisté à pas mal de choses encore, malheureusement, la semaine dernière. On marchait dans une communauté d'Amazonie où il y a eu un suicide d'un jeune de la communauté, la nuit même où on était. Donc, on a assisté aux rituels d'enterrement et à toute la... la cosmovision de la communauté dans ce cas-là, qui est encore bien particulier, comme c'est une mort qui n'est pas naturelle. Ils traitent ce rituel-là de façon très différente. C'est sûr que c'est perçu beaucoup plus comme un passage. Ici, on entend très régulièrement que la personne nous a donné, nous a offert dans cette vie-là, et Ausha , comme ils disent. elle continuera dans une autre vie à donner différemment j'entends rarement le mot de réincarnation en tant que tel mais en tout cas vraiment de passage en espagnol si,

  • Speaker #0

    beaucoup c'est intéressant déjà et en même temps tu viens de nous nourrir aussi un petit peu de la richesse effectivement du continent tel qu'il est parce que c'est vrai, je pense que c'est très intéressant aussi ce que tu viens de dire sur la notion et le mot indigène Merci. parce que j'avais entendu effectivement que des fois, il y avait des personnes qui avaient du mal à l'utiliser parce que mal connotées. Et c'est intéressant ce que tu viens de nous apporter aussi là comme information et la diversité aussi. C'est là en fait la richesse aussi, je pense, qui est très intéressante là-dessus. Alors peut-être, Camille, on va peut-être rentrer dans le cœur du sujet avec le centre, le cœur de notre échange aujourd'hui qui est à travers les plantes médicinales, peut-être nous dire Quelle est toi d'ailleurs, ta propre histoire et ta propre rencontre et ta propre aussi appétence, approche et passion pour les plantes médicinales ?

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir, oui. Et je voudrais en intro sur ce sujet rendre hommage à toutes les femmes qui ont fait partie de mon chemin et qui continuent d'ailleurs de le paver, de l'illuminer, de me montrer la voie parce que c'est vraiment quelque chose, en tout cas c'est vraiment un chemin que je vis aujourd'hui. et dans lequel je me sens portée par toute une communauté d'autres femmes, d'autres hommes aussi, évidemment. Je trouve que c'est important, pour moi en tout cas, de leur rendre hommage parce que c'est des femmes qui ont pris soin du vivant pendant tellement d'années de leur vie, à garder des graines, à les reproduire, à tenter des choses, à faire des recettes, à les faire goûter à leur entourage. Et c'est grâce à elles qu'on a tout ce patrimoine vivant qui se perpétue aujourd'hui. Voilà, donc un immense merci à toutes les matronas, les mamitas, les curanderas, toutes ces femmes qui me transmettent aujourd'hui. Et voilà, je pense que quand on commence sur ce chemin, c'est important d'avoir conscience de la lignée dans laquelle on s'inscrit avec les plantes. pour arriver dans une forme d'humilité, de respect. Parce que quand tu discutes avec des femmes comportant 60, 70 ans d'expérience dans la chagra, la chagra, c'est le potager médicinal en Amérique latine. elles apprennent tous les jours et elles te le disent avec une humilité qui est juste magnifique. C'est impressionnant d'être ici au cœur de la biodiversité la plus riche de la planète. La Colombie, c'est le deuxième pays le plus biodivers au monde après le Brésil. Ils partagent une grande partie d'un biotope commun qui est l'Amazonie. La Colombie a cette particularité d'avoir deux façades maritimes. l'Atlantique Pacifique, qui rend très très riche sa biodiversité marine également. Et donc, à partir de là, ça explique aussi pourquoi ce sont des pays qui sont autant fers de lance dans la conservation des savoir-faire en ce niveau, sur les plantes médicinales. Ça explique aussi pourquoi les populations sont tant attachées, sont tant connectées à ce type de médecine, et le présentent aujourd'hui dans leur quotidien. Mais du coup, pour revenir à ta question, sur moi plus personnellement, mon chemin de vie avec les plantes, je le date de l'enfance à travers la gastronomie. C'est vraiment mes premiers souvenirs d'enfance, de me retrouver en fin d'été avec mes grandes-tantes qui étaient sœurs, vivant ensemble et sans enfants. Tu vois, vraiment des vies comme on n'en sait plus. Elles avaient vécu vraiment... toute leur vie ensemble et le rituel de fin d'été c'était d'aller faire les cueillettes de figues d'oignons, des Ausha de plantes aromatiques qu'on faisait sécher et qu'on allait ensuite mettre en conserve pour passer l'automne et l'hiver et c'est vraiment mes premiers souvenirs de connexion ultra simples voire même en grandissant ultra rétro, tu vois, je me disais adolescente, mais tu vois, de récupérer comme ça les conservants verts d'une année sur l'autre. Je me souviens, tu vois, le temps qu'elle prenait à aller redemander à tous les cousins, j'en ai plus de 25 de ce côté-là, d'aller leur rendre les pots en verre pour venir les re-remplir pour l'année suivante. Et je trouvais ça à l'époque tellement rétro, je me disais mais c'est pas possible, mais quel temps elle perd ! Et puis aujourd'hui, je trouve ça, au contraire, tellement novateur. tellement de bon sens voilà moi c'est vraiment ces souvenirs là de mélanger cette sauce tomate, cette ratatouille ces confitures, ces fruits au sirop cette verveine qui sèche dans leur chambre des heures et des heures durant, c'est vraiment mon premier rapport à cette médecine de la simplicité finalement et puis après à titre plus professionnel, je me suis spécialisée donc il y a 10 ans maintenant ... dans la création de filières responsables avec les producteurs de terroirs. En France, puis en Europe, puis en Asie, et puis maintenant en Amérique latine. Et ça, c'est un chemin qui me remplit de joie. C'est juste exceptionnel parce que, en fait, je suis convaincue que l'alimentation, c'est notre première médecine. Les outils à portée de main tellement simples pour équilibrer un cycle, équilibrer une humeur, restaurer un sommeil. améliorer une digestion, booster une immunité. J'ai fait l'expérience de tellement de choses sur mon propre corps et maintenant aussi sur ceux de mes enfants. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est de détricoter. Je suis vraiment une passionnée de l'investigation comme tu as pu le voir sur les réseaux. Et du coup, j'adore aller à la source des choses. Et donc en 2015, je quitte le groupe LVMH chez qui j'étais depuis six ans. Et je décide de monter ma propre société de sourcing de produits de terroir.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Puisque du coup, je souhaitais faire de ma passion, à savoir le lien entre l'humain, la main, donc celui qui cultive, qui sème, qui tisse, qui travaille la terre, etc. Jusqu'à l'assiette. Et je lance ma première société qui s'appelle Terroir Mon Amour. Une eau de terroir. Je pars littéralement sur les routes de France et je pars à la rencontre de dizaines et dizaines de producteurs de terroirs sur toutes les filières que tu peux imaginer.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Et donc là, je me forme sur le terrain. Je n'ai pas du tout de bagage ingénieur agricole en tant que tel. Et je me forme avec eux sur le terrain au fil des saisons. J'en apprends tous les jours des synthèses. C'est impressionnant puisque du coup, tu es vraiment au cœur avec eux, que ce soit avec leur bête, avec... Leurs arbres, à marcher tout simplement avec eux, à voir des situations, à les épauler aussi dans les galères de grêle, de détérioration des soldes. Je continue dans cette aventure-là. J'ai toujours une activité de conseil dans ce métier-là, qui me nourrit énormément. Et c'est rajouté à ça ma casquette de doula, deux ans plus tard, donc à partir de 2016-2017. Et finalement, les deux métiers se sont réunis autour de ce sujet des plantes médicinales. Puisque dans un cas, j'étais plutôt portée sur... le bien manger, ma première casquette c'était vraiment plutôt ça, et dans l'autre le bien-être, le bien-être des femmes qui se réunit finalement avec ce sujet et donc j'ai commencé à beaucoup plus creuser d'un point de vue médicinal et c'est pas un gros mot puisqu'en fait aujourd'hui toute notre médecine occidentale, la médecine d'Hippocrate elle vient de nos plantes je pense que c'est un secret pour personne que les laboratoires font du sourcing en continu, d'ailleurs je peux témoigner ici de scènes Merci. absolument incroyable. Il y a un réel pillage qui s'opère ici. Je te le redis, on est dans un des pays les plus biodivers au monde, avec des espèces qui ne sont toujours pas investiguées. Et oui, j'ai eu des témoignages de pillages de fleurs de fraileron. Le fraileron, c'est un arbre sacré des terres froides de Colombie, qui sont les paramaux. Les paramaux, ce sont un écosystème de montagnes qui permettent de de faire une rétention de l'eau potable de l'Amérique latine. En gros, on dit qu'il y a 70% des réserves en eau de l'Amérique latine qui sont retenues dans cet écosystème qui s'apparente un peu, tu vois, à des plaines de... Tu sais, c'est spongieux, tu vois, on s'enfonce un peu dedans quand tu marches. Et c'est des arbres à croissance très lentes, le fraileron, qui donc a la particularité de ne jamais perdre complètement ses feuilles. Donc il grandit en gardant les feuilles mortes dessous et petit à petit en s'étoffant par le haut. Et au bout de 100 ans de croissance, il ne fait à peine qu'un mètre puisqu'on est en très très haute altitude, donc avec une recharge en oxygène qui est très très faible et un ensoleillement pareil très faible. C'est un écosystème qui est prépondérant pour l'Amérique latine, qui est en train de s'effondrer avec le réchauffement climatique et les laboratoires trouvent rien de mieux que d'aller piller ce territoire. Pourquoi ? Parce qu'on vient de s'apercevoir il y a quelques années que les feuilles de fraileron pouvaient guérir du diabète. C'est impressionnant. Et que les fleurs, quand elles étaient traitées en décoction ou en macérat, étaient excellentes pour les douleurs articulaires. Et donc, tu as les plus grands labos du monde qui sont en train d'explorer ça, mais la plupart du temps sans l'accord des communautés indigènes qui prennent soin de ces territoires. Et d'ailleurs, qui sont sur leurs terres. La Colombie est très en avance sur ça, je ne sais pas si tu sais, mais c'est un des seuls pays au monde qui a reconnu des terres aux indigènes en grand nombre. Il y a une réduction très très très forte de terres qui est faite aux populations indigènes. Et plus que ça, il y a une loi qui les protège depuis 1991 et qui leur reconnaît la loi indigène. loi indigène, donc c'est une loi qui est très vaste et je ne suis pas juriste spécialisée mais j'en ai parlé avec une avocate la semaine dernière qui travaille justement avec les communautés, c'est dire que les lois qui régissent la communauté et justement les lois de comment on se soigne prévalent sur les lois dites colombiennes qui sont un héritage en réalité des conquistadors. C'est magnifique parce qu'aujourd'hui, si tu veux, ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire que les hommes et les femmes qui travaillent, ils appellent ça la médecine en espagnol, la medicina, ils te disent. La medicina, pour eux, c'est quoi ? C'est en fait l'usage des plantes à titre d'abord de prévention. D'abord de prévention. Et ça, je pense que c'est hyper important de le rappeler. C'est que nous, en Occident, on s'est habitués à consommer des médicaments en curation.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. Mais oui.

  • Speaker #1

    Ici, on prend des plans tous les jours en prévention. Les mamitas, les parteras, elles vont faire des prescriptions aux femmes qu'elles accompagnent, aux hommes qu'elles accompagnent, en fonction de l'état dans lequel ils arrivent en consultation, mais qui n'est pas nécessairement une consultation de maladie, qui est plus une consultation dite d'harmonisation. Et d'ailleurs, quand tu entres dans une communauté en tant qu'étranger, Un des premiers rituels qu'on va te proposer, voire même te demander, t'as pas trop le choix en fait, c'est de faire une harmonisation. Et on en a encore vécu une la semaine dernière avec mes filles, dans une communauté très reculée d'Amazonie. Tu arrives et tu dois consommer... tel fruit, tel légume, telle plante, pour t'harmoniser avec la communauté.

  • Speaker #0

    et du coup c'est ça qui est génial c'est à la fois de reprendre conscience de ce temps du corps de ce temps du cerveau aussi parce que finalement nourrir le corps c'est aussi nourrir le mental, c'est aussi t'habituer à prendre soin de toi dans des moments qui sont pas des moments de crise ou des moments aigus de traumatisme mais bien au contraire d'en faire presque une routine quotidienne Je me garde encore de faire des généralités, parce que tu te doutes que dans les villes comme Bogotá, Medellín, comme Lima, évidemment qu'il y a des gens aujourd'hui qui sont très déconnectés de ces savoirs des communautés autochtones. Mais en réalité, quand tu creuses, en tout cas nous, dans l'entourage qu'on a aujourd'hui, même l'entourage citadin, toutes les femmes que je côtoie ici, même à Medellín, que ce soit les parents d'élèves, que ce soit mes voisines, toutes ont une conscience très forte de l'importance des plantes dans leur quotidien. Et toutes. ont des plantes séchées chez elles, qu'elles consomment tantôt pour la digestion, tantôt pour le sommeil, etc. Donc ça, c'est très, très différent, parce que, en tout cas, dans la génération qui est la nôtre, je ne l'ai jamais perçu aussi fort en Europe. Jamais.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, Camille, tu as exploré, alors je ne sais pas si tu ne l'as pas encore dit, je crois, à quel moment tu as donné naissance à tes enfants et par rapport au parcours que tu viens de nous dire professionnel, et comment d'ailleurs tu as exploré peut-être les vertus de ces plantes, toi-même peut-être lors de tes enfantements, je ne sais pas, si tu peux nous transmettre justement comment elles ont pu te soutenir et t'accompagner.

  • Speaker #0

    Et oui, avec plaisir. En fait, on a eu cette chance, après cet épisode douloureux, de retomber enceinte très facilement. Donc, j'étais de nouveau enceinte en juillet 2017 et j'ai accouché en avril 2018. C'était notre première petite puce Emma. Et puis ensuite, on a eu une deuxième petite fille juste avant le confinement, Adèle, en décembre 2019. Et je suis maman d'une troisième petite fille en septembre 2022, Laure, qui a donc maintenant trois ans. Voilà. Et je dirais qu'au début, tu vois, sur mes chemins de grossesse, les plantes médicinales en tant que telles, ou en tout cas intellectualisées en tant que telles, n'ont pas vraiment fait partie de mon chemin. C'est finalement beaucoup plus par les accompagnements que je proposais. Tu sais, c'est vraiment l'adage des cordonniers les plus mal chaussés. Au début, c'est pas tant dans mes grossesses et mes postpartums que j'ai testé les plantes médicinales. finalement, ça a plus été dans les rencontres que je faisais pour me former moi en tant que doula et dans le chemin que je suis en train de vivre aujourd'hui sur le chemin de la parteria ancestrale et traditionnelle, je ne suis pas encore officiellement partera, je suis en chemin je n'ai pas encore vocation je le sens pas encore parce que j'ai trois enfants en bas âge mais peut-être un jour viendra où je me sentirai d'accompagner des accouchements en binôme avec... d'autres par terrain aujourd'hui je suis plus sur l'avant et l'après et c'est dans ce cadre là, dans cette recherche là de comment accompagner au plus juste et justement en prévention et non pas en curation que j'ai cheminé sur ce chemin des plantes médicinales et donc aujourd'hui je suis formée par l'école Gaia, je sais pas si tu connais c'est reconnu surtout aux Etats-Unis mais ça arrive gentiment en Europe En Colombie, il y a une école reconnue et il se trouve qu'elle était à quelques kilomètres de chez nous, donc j'en ai profité et je me suis formée toute cette année auprès d'une femme absolument exceptionnelle, Constanza, et de toute une tribu parce que c'est aussi ça qui est génial, je te le disais en introduction, c'est que très vite, comme on est dans un métier d'exploration, d'alchimie, d'apprentissage aussi, de patience, on a le temps de se faire tout un tas de retours d'expérience entre femmes apprenantes. Et c'est tout aussi riche, voire plus riche que la formation théorique en tant que telle.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #0

    C'est une chose, tu vois, de connaître vraiment les propriétés, etc. C'en est une autre de la pratiquer.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et je pense que, plus fort que plein d'autres métiers que j'ai eu la chance d'apprendre dans ma petite vie, j'expérimente ça sur les plantes médicinales aujourd'hui. Donc c'est un chemin qui est... je trouve encore tout neuf pour moi. Tu vois, quand je vois ce que connaissent des femmes qui ont 40, 50 ans de bouteille et qui s'estiment encore débutantes, voilà, moi, je me dis, mais je suis vraiment qu'au début. Donc, je suis parfois un rat de bibliothèque, tu vois. Je revenais encore là hier de la bibliothèque universitaire de Medellín parce qu'il y a une Bible qui vient de paraître avec plus de 3000 plantes médicinales répertoriées. Dans le pays, c'est tout neuf, c'est une révolution pour le pays de mettre ça par écrit. On peut peut-être s'en parler, ça aussi, c'est que les enseignements que je reçois et que je transmets aujourd'hui à mon tour aux couples que j'accompagne et bientôt à Paris aussi, aux femmes qui le souhaiteront et qui se sentiront appelées, c'est une culture de l'oral.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est l'oralité, oui. Comme dans beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est compliqué à concevoir dans notre société occidentale. C'est compliqué à l'heure où, tu vois, les médecins disent... occidentaux ont des protocoles. Tu vois, des choses qui sont extrêmement normées, et pour le meilleur, évidemment, pour le meilleur, et ça sauve des vies tous les jours, et je ne m'inscrirai jamais en faux de la médecine occidentale, au contraire. Le message que je veux faire passer aujourd'hui, c'est qu'il y a tellement d'autres solutions complémentaires dans la médecine des plantes. Évidemment, à manier avec connaissance, avec, tu vois, aussi... Évidemment, conscience, mais aussi parcimonie, parce que c'est parfois grisant aussi de commencer à connaître les pouvoirs de ces plantes. Et il faut faire très attention parce que, comme dans tout, c'est des histoires de dosage, d'équilibre, aussi de ressources. Ça, on en parle peu. Je pense que chez nous, on ne s'en rend pas compte. Mais moi, je suis témoin tous les jours de l'approvrissement des ressources en plantes, mais vraiment en plantes, en fibres. encore on en parlait avant-hier avec un artisan de Barro, le Barro c'est l'argile en fait, ils arrivent plus à en trouver parce que ça a été pillé en fait tu vois, ils sont obligés d'aller de plus en plus loin de remonter les fleuves de plus en plus loin d'aller faire du troc avec d'autres communautés pour aller de plus en plus reculer en Amazonie, de plus en plus reculer dans la forêt primaire pour aller chercher ces choses-là donc quand on fait de la cueillette il faut faire de la cueillette en conscience on va pas aller tu vois déforester une parcelle pour aller faire sa récolte de kalendula non on garde pour le suivant on en garde pour que la terre se régénère et c'est tout ça que j'ai appris ici et qui s'apprend pas dans les livres c'est vraiment tu vois le fait de rentrer presque en communication avec les plantes et aujourd'hui j'ai plus peur de le dire alors que je pense qu'il y a quelques années encore je me serais dit mais oh la la ça va Camille tu vois ton cerveau cartésien qui croit vraiment en ça Merci. Mais oui, mais oui, complètement. J'ai assisté à des scènes, on parle de vibrations beaucoup, tu sais, aujourd'hui. Et ça y est, c'est des chants qui commencent à être de plus en plus étudiés. Tu vois l'impact de la façon dont toi, humain, tu vibres sur un territoire et tu vas répercuter cette intention-là sur le vivant qui t'entoure et donc ta future cueillette. les millefeuilles, ta future cueillette de la vente, ta future cueillette de que sais-je, ça va impacter les propriétés de la plante elle-même. Et on arrive à le démontrer. Tu le vends aujourd'hui,

  • Speaker #1

    tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais, de la projection de vibrations dans les champs, dans les salles de traite. Voilà, on arrive à montrer l'importance des vibrations là pour le vivant. D'ailleurs, l'inverse est vrai. Tu as aussi entendu parler de la musicalité des plantes.

  • Speaker #1

    Oui, moi aussi, avec Naomi Rossignol,

  • Speaker #0

    oui. Et bien en fait, aujourd'hui, en Colombie, il y a des petits appareils qui circulent dans les viveros. Les viveros, c'est les endroits où on... C'est une sorte de banque de graines et de plants dits indigènes, parce qu'en fait, ce sont des plants qui ne sont pas hybridés, qui ont été récupérés en forêt primaire. Et il y a de plus en plus de personnes qui se dédient à ce métier-là. Et il branche ce petit appareil sur les plantes et dans la terre, et tu entends la musicalité de la plante. C'est absolument incroyable. Et en fait, quand tu rentres en conscience avec ce monde de l'invisible qui nous fait si peur en Occident, qui est parfois relié au monde de la sorcellerie, tu vois, on relie beaucoup le monde des plantes médicinales au monde des sorcières dans notre société. Aujourd'hui, je le lis d'une toute autre façon. Et c'est tellement beau, justement, de le relire avec à la fois mon bagage, on va dire, très cartésien, très cerveau droit, et d'y apporter. Peut-être l'âge venant et la sagesse de toutes ces femmes qui m'entourent, ça m'aide énormément à ça. Ici, en Colombie, c'est absolument pas tabou et encore moins, comment dire, foufou, tu vois, de dire que tu crois en la magie.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Vraiment, les gens, mais même à responsabilité, même, tu l'entends en politique, enfin, je sais pas si t'as vu le dessin animé, je peux pas faire de publicité, mais du géant Disney, Anne Kanto, qui raconte un peu cette magie de la Colombie. C'est à peine caricatural, je te promets. C'est-à-dire que vraiment, tu te balades dans la campagne, tout le monde a une histoire de magie à te raconter avec une plante dans le village. Tout le monde, de toutes les générations. Et ce n'est pas un truc farfelu qu'on raconte dans des contes d'il y a 200 ans. Non, non, c'est quelque chose qui s'est passé potentiellement l'année dernière. Ils croient vraiment dur comme fer. Et ils vont te donner leurs preuves, ils vont argumenter en communauté dessus. C'est impressionnant, ça. comment ce monde de l'invisible arrive dans toutes les sphères de la société et d'ailleurs j'ai une anecdote à te confier on en discutait hier avec des amis de Medellin demain commence un immense festival de la brueria, c'est à dire de la sorcellerie à Medellin et le patrocinador le mécène n'est rien d'autre que la plus grande caisse de compensation ici ça fonctionne comme ça tout ça santé, prise en charge par les mutuelles, ce sont des grandes caisses très riches du coup qui l'assurent et c'est la plus grande caisse de la région qui est Sponsor, ça a fait polémique jusqu'au Parlement colombien parce que je crois que c'est un député qui s'est exprimé, un conservateur au hasard, disant mais qu'est-ce que c'est que ça d'introduire en ville des savoir-faire sur les sorcières, de faire des ateliers sur la cuisine vivante, de faire intervenir des gens sur le pouvoir de la magie dans notre quotidien colombien, ils ont répondu, je te l'enverrai si tu veux, un communiqué d'une justesse pour expliquer combien culturellement ces savoir-faire-là sont déterminants pour la préservation de la culture d'Amérique latine. Et c'est vraiment génial de perpétuer ça. Ça va être en grande pompe, en plein centre de l'église, deux jours dédiés à ces savoir-faire-là. Et d'ailleurs, il ne se passe pas une semaine sans que moi j'ai ici une connaissance qui lance un séminaire sur les savoir-faire des sorcières, sur l'alchimie moderne, sur un atelier de découverte de telles plantes médicinales, sur... Comment gérer ta périménopause à l'aide de telle ou telle plante médicinale ? C'est vraiment partie du quotidien ici.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu disais que les plantes médicinales sont en tout cas utilisées en prévention. Comment est-ce que tu peux nous dire, en tout cas, comment est-ce que tu accompagnes toi-même les femmes qui sont enceintes et aussi les femmes en postpartum ? Alors... je te laisserai préciser, effectivement, on n'est pas là pour donner des conseils, et tu l'as bien dit, ça n'a pas des vocations curatives. On est simplement là pour que tu puisses, en tout cas, nous ouvrir et nous éveiller à la puissance et aux vertus et aux bienfaits de l'utilisation des plantes. Et je pense qu'on est tous d'accord pour dire combien toi aussi, tu es vraiment très puissante, Camille, et tu as aussi ta sagesse, au-delà de celle qui te l'est transmise. Donc vraiment, vraiment. Merci en tout cas pour ça et peut-être nous dire quelques mots sur l'accompagnement effectivement que tu proposes à travers ces plantes sur les femmes qui vont donner la vie.

  • Speaker #0

    Génial, merci de me donner l'opportunité de parler de ça parce que je trouve que c'est encore trop rare en Occident. On en parle très peu. D'ailleurs je le vois aussi dans les offres de mes consoeurs, heureusement ou malheureusement je ne sais pas encore l'expliquer. C'est quasiment un grand oublié des accompagnements en Occident. On parle de plus en plus de massages, de tissus, d'alimentation au sens large, mais les plantes en tant que telles, je le vois encore que très, très rarement. Je pense que pour ça, il faut peut-être revenir au tout début, au tout début qui est son propre chemin. C'est-à-dire avant d'aller chercher quelqu'un qui va te faire une consultation, que ce soit naturopathe, herboriste. expert en médecine ayurvédique, on n'en a pas parlé, mais ça fait aussi partie de mes formations à moi et de mon chemin, une des médecines ancestrales les plus élaborées en la matière, qui englobe aussi les épices qui font partie du champ de la médecine par les plantes. Je voudrais revenir vraiment à ce préalable qui est de comment soi-même on évolue dans son environnement naturel. Et on l'oublie tellement dans nos quotidiens citadins. Qu'est-ce que c'est notre terroir ? J'adore ce mot en français. Il n'existe pas en espagnol. Il n'existe pas en anglais. Ce terroir, c'est-à-dire la relation entre la personne qui habite la terre, qui la travaille avec ses mains, qui la respire, qui la vit avec ses cinq sens, et la terre en elle-même. Je pense que c'est le conseil que je donnerais à toute personne qui souhaite cheminer, enceinte ou pas. C'est d'abord reprendre conscience de son terroir. pas votre lieu de résidence principale si vous êtes trop déconnecté d'une parcelle de terre. C'est peut-être chez vos parents, chez les amis, sur votre territoire de naissance. Mais revenir à ce terroir-là et vous questionner là-dessus. Quel est le climat dans lequel vous vous sentez bien, vous sentez que c'est votre terre d'attachement parce que d'aller chercher, si tu veux, des plantes de n'importe quelle culture... ça n'aurait pas de sens. Tu vois bien d'ailleurs les plantes qui s'adaptent à tel climat. Nous, ce n'est pas vrai. On s'adapte au climat, notre biotope, notre micro... Le microbiote, tout ça s'adapte en fonction de ce qui nous entoure. Donc, mon conseil premier, ce serait ça. Ce serait de se questionner sur notre territoire, notre terroir et d'aller faire une première marche de reconnaissance des plantes qui nous entourent, des arbres qui nous entourent. Et d'aller nous reconnecter à ça. Il n'y a pas besoin de connaître de la théorie. Juste se connecter avec les cinq sens. Ça fleurit à quelle période de l'année ? Qu'est-ce que ça sent ? Est-ce qu'on est plutôt sur des arbustes à croissance rapide ? Est-ce qu'on est plutôt sur des massifs ? Est-ce qu'au contraire, ce sont des arbres plutôt esselés ça et là ? Est-ce que je suis sur de la prairie ? Juste connecter à ça et on n'a pas besoin d'aller... Faire des randos de kilomètres et kilomètres. Non, non, vraiment autour de chez soi. Et suite à ça, on peut enclencher la seconde. Commencer à demander l'autorisation au territoire. Ici, jamais je pars en randonnée avec une communauté sans faire un rituel d'introduction au terroir. Ils ne l'appellent pas terroir, mais ils demandent la permission à la terre de nous accueillir. Et c'est vraiment fort. On fait des minutes de silence. Même avec trois enfants, je le fais. Ils ne te laissent pas le choix. Souvent, ils ont d'ailleurs des grandes. Ils arrivent avec une précédente récolte qui dépose dans la terre à l'entrée où on est. Ou ils vont remettre quelque chose dans le Rio, dans le fleuve le plus proche. Et ça, ça m'est arrivé plus d'une fois. Donc, à nous d'y mettre ce qu'on veut, on n'est pas obligé d'aller forcément s'inventer quelque chose qui serait trop loin de notre culture. Mais juste, voilà, ce temps de reconnexion, de grâce à cet environnement proche. Et une fois qu'on se sent un peu plus légitime, quelque part, à y pénétrer, là, on peut imaginer arriver à l'autre étape, qui est celle de la cueillette.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Mais seulement là, tu vois. Je trouve que c'est hyper important de réintroduire vraiment ce principe de cueillette en conscience. On en parlait tout à l'heure sur la juste mesure. sur l'importance de ne pas déforester, de ne pas en prendre trop par rapport à son besoin personnel.

  • Speaker #1

    Ça aussi.

  • Speaker #0

    D'aller stocker trop pour que ça s'érime, qu'on n'en ait pas besoin. Il y a vraiment avec les plantes médicinales cette idée de la juste mesure et j'adore ça. Et donc seulement après, vraiment se rapprocher des plantes et voir comment ça résonne tout simplement avec nous, avec notre accent. C'est ce qu'on se sent appelé par une couleur, par une odeur, par un toucher. tu vois, et reconnecter avec notre instinct. Et ça, c'est vraiment partie intégrante de mes accompagnements de doula. Le fil rouge, je dirais, de tout ce que j'essaye d'apporter comme outil, de reconnecter par les cinq sens à notre instinct, je pense que c'est un des plus beaux apprentissages de la maternité. On est notre meilleure capitaine à bord, tu vois, et les plantes nous offrent cette sagesse-là. Donc en fait, en évoluant dans un champ, dans une petite parcelle, dans un potager, très vite, on va revenir à son âme d'enfant, à sa curiosité d'enfant. Et c'est vraiment un chemin que j'invite à faire, une expérience initiatique de chacun. Pas besoin forcément d'avoir un guide, même si ça rassure parfois, ça sécurise. Voilà, c'est vraiment quelque chose de très intime. Et suite à ça... L'idée, c'est vraiment de prendre le temps, comme je disais. C'est assez à contre-courant peut-être de la rentabilité de beaucoup d'actions dans nos quotidiens aujourd'hui, mais on n'est pas obligé de tout de suite accrocher avec une réponse.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Une relation qui se tisse vraiment dans le temps. Encore une fois, on en revient un peu à la magie, tu vois, de cette connexion. Il y a peut-être des plantes qui vont nous impressionner. Moi, par exemple, je suis très impressionnée par le saoko. Le saoko en français, ah mince, j'ai plus le mot qui me vient. Il est très commun en France aussi. Attends, je te le retrouve.

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y.

  • Speaker #0

    Le sureau. Ah oui,

  • Speaker #1

    ok.

  • Speaker #0

    Tu vois, le sureau, pourquoi ? parce que quand il n'est pas mature, il est très dangereux pour la santé. Il est très dangereux. Il est létal même. Et donc, c'est une plante qui m'a impressionnée. J'y vais toujours avec beaucoup de parcimonie alors que c'est un excellent anti-allergène, que c'est un excellent anti-tout. Tu vois qu'il y a énormément de personnes qui le travaillent en sirop. Tu vois, c'est encore une plante qui m'impressionne.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    C'est pas encore arrivé. Et pourtant, j'ai été guidée plein de fois dans des cueillettes, rassurée sur ses propriétés. Je connais le stade de maturité de sa fleur. Voilà, je ne suis pas encore mature pour le transformer.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #0

    En revanche, l'ortie, qui m'impressionnait beaucoup petite, j'ai appris aujourd'hui à le cueillir sans gants, à communiquer vraiment avec la plante pour enlever les propriétés urticaires. Et c'est vraiment génial. Aujourd'hui, je le travaille à main nue, je le sèche, j'en fais des soupes. Au revoir. Oui, tout un tas d'aromatica pour les femmes enceintes, pour qu'elles refassent le plein de minéraux, de fer. Voilà, tu vois, c'est très propre à chacun. Il n'y a pas un chemin. Vraiment, j'invite chacun à connecter, dès qu'il est entouré de nature. Vraiment, ça peut être un exercice et une gymnastique, en fait, de faire cette connexion au terroir, à chaque fois qu'on se rend appelé par un territoire.

  • Speaker #1

    C'est magnifique, c'est tellement précieux en plus et j'imagine et je visualise aussi la femme enceinte avec cette connexion et cette connexion aussi in utero qui est extrêmement puissante et ça c'est très très beau ce que tu viens d'écrire là sur cette connexion au terroir qui effectivement, en tout cas à mon sens, n'a jamais été évoquée dans ces termes-là, en tout cas ça doit être extrêmement rare si ça l'a été, donc merci Camille encore une fois pour ça. Est-ce que tu pourrais nous partager des rituels ? C'est vrai que je suis très, très, très friande de ce partage, de ces transmissions sur les rituels, sur les savoirs ancestraux. Est-ce que tu as pu voir ou est-ce que peut-être toi-même, tu proposes avec le cheminement respectif de chacune, différents rituels, alors soit attirés à la femme qui devient mère ou autour du nouveau-né ? avec cette symbiose et cette connexion aux plantes.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Je vais t'en parler de deux, tiens, parce qu'il y en a une infinité et comme je te disais, ils sont très peu documentés. Donc, c'est très empirique. C'est des choses dont je peux témoigner par les expériences que je vis ici avec les parterras. Le premier, qui est maintenant de plus en plus reconnu, bien qu'encore vraiment de la culture orale, c'est un rituel de plantes qui a lieu lors des accouchements ici. sur la partie pacifique de la Colombie. C'est un rituel hérité de la tradition afro-descendante. Ce sont des parterras afros qui le perpétuent aujourd'hui. Il s'agit d'une boisson qui est faite à partir de canne à sucre. En fait, c'est une distillation de canne à sucre qui permet de monter à peu près jusqu'à 40 degrés en alcool. Donc ça impressionne. En Occident, on se dit, oh là là, mais de l'alcool à donner à des femmes qui sont sur le point d'accoucher. Sauf qu'en fait, il se trouve que c'est une macération de plantes, un peu comme un rhum arrangé, tu vois, que les parterras vont faire avec les plantes de leur chakra. Et c'est des plantes qui vont être toniques pour l'utérus et pour aider dans la dernière phase de l'accouchement. Elle le donne, cette boisson-là s'appelle le Viche, ça s'écrit V-I-C-H-E. Le Viché, qui est reconnu aujourd'hui au patrimoine immatériel de la Colombie. C'est reconnu comme une boisson médicinale. Et les parterras le donnent aux femmes qui sont sur le point de délivrer. Donc, elles sont déjà en train de dilater. En général, elles sont quasiment à dilatation complète. Et il y a une variante de ce Viché qui s'appelle la Tomaseca, que l'on donne précisément pour aider aux dernières contractions de poussée et à la délivrance du placenta.

  • Speaker #1

    Ok, il me semble qu'Yael a accouché de cette manière, parce qu'elle nous parlait d'une boisson qui lui a été donnée, et qu'effectivement, l'enfantement, le déclenchement s'est fait dans les secondes qui ont suivi, dans les minutes qui ont suivi.

  • Speaker #0

    C'est très très puissant, elle ne donne jamais la recette complète, elle te cite quelques plantes, tu as la chance de les suivre dans les coulisses de préparation, mais ça reste des alchimies encore bien préservées. très présente, quoi. Vraiment, aujourd'hui, il y a plus de 80 parterras officielles recensées dans cette région, notamment du Choco, de la Colombie. Pour ceux qui aimeraient y voyager, c'est absolument incroyable. Ce sont des terres qui charment immédiatement, parce qu'en fait, au-delà d'un contexte social évidemment très dur, de populations qui ont été oppressées, marginalisées pendant des années, évidemment, et qui se battent tous les jours pour leurs droits, en termes de nature, ce qui a préservé ces territoires-là, c'est qu'ils ne sont toujours pas pas relié par la terre. Donc, à part une connexion depuis la ville de Cali, qui est située au sud de la Colombie, et qui dessert le port de Buenaventura, tristement connu pour être le plus gros port de trafic de cocaïne dans le monde, à part cette connexion-là, tiens, on pourrait parler de la coca, on va en parler d'ailleurs, à part ce port-là, tout le reste n'est desservi qu'en avion ou par bateau. Donc, du coup, on est sur un territoire ... du Pacifique déjà, avec ses courants, ses différentes... Enfin, c'est des espèces incroyables qui transument par là, que ce soit les tortues, les baleines. Et quelques mètres à l'intérieur des terres, on arrive immédiatement en forêt primaire. Voilà. Et donc, de fait, elles ont des territoires, des terroirs ultra préservés, avec des plantes médicinales qu'on retrouve nulle part ailleurs. Voilà, ça explique pourquoi c'est une boisson qui a pu être préservée dans le temps, qui est encore assez méconnue en Europe. Mais je vois que ça arrive, ça y est, dans certains restaurants. En mixologie aussi, le viché est en train d'arriver dans des bars français. Voilà. Comme quoi, tu vois, d'une plante médicinale à une boisson médicinale, on arrive bientôt à des ingrédients pour des cocktails branchés.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Dans des bars.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors je t'avoue que sur la cocaïne, je suis assez intéressée aussi parce que c'était l'une des questions. Effectivement, là tu viens de le dire, l'alcool en tout cas pour nous, la vision, elle est très biaisée en tout cas et c'est très intéressant ce que tu nous partages là. Alors sur la cocaïne, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?

  • Speaker #0

    Oui, la coca, c'est vraiment partie intégrante du territoire en fait. C'est une plante médicinale qui est millénaire en Amérique latine. qui aujourd'hui est un objet de recherche très fort pour te dire il y a une exposition qui a fait grand bruit ici au musée d'art moderne de Medellin qui vient de se terminer sur la coca et qui va partir voyager dans le monde entier pour redonner à cette plante ses lettres de noblesse parce qu'en fait son dérivé triste qu'est la cocaïne et qui fait des ravages dans le monde entier est bien loin à des années lumières Merci. qui est l'essence de cette plante. En fait, cette plante, quand elle est bien manipulée, quand elle est même donnée aux enfants, pour te dire ici, elle est utilisée en prévention du mal des montagnes. Et nous, on en a parlé à nos filles au Pérou, la coca, elle est donnée en infusion, elle est donnée en bonbons, elle est donnée en sirop, elle est donnée en teinture mère, sans aucun problème aux enfants. Encore une fois, on en revient à la connaissance des doses. au respect, la conscience de cette plante. Si tu la transformes, évidemment, avec tout un tas de procédés chimiques pour en faire une drogue, tu pervertis l'essence même de la plante. Et c'est la même chose avec le tabac. Le tabac, c'est l'autre grand protecteur du territoire américain. Ici, on parle de la abuela coca et la abuelo tabaco. C'est vraiment les deux grands protecteurs des territoires ici. Et ils sont souvent invoqués par les parterras en début de rituel. C'est vraiment des plantes très, très, très importantes de purification, de reconnexion à soi. On les consomme très, très souvent en communauté avant un rituel, pendant un rituel et de toute forme. D'ailleurs, la coca, elle ne se travaille pas qu'en feuilles. Elle se travaille aussi en une poudre qui s'apparente un peu à de la farine. Aujourd'hui, c'est même devenu tellement à la mode que la plupart des restaurants ici le propose un peu comme un matcha, ça a le même goût en fait. Et c'est servi en topping sur des desserts aujourd'hui. En fait, on revient à des basiques de ces plantes, le tabac qui est souvent signifié en fait en râpé, en poudre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Rien à voir avec l'usage de la cigarette qu'on connaît en Occident, tu vois. Donc voilà, tout ça, encore une fois, c'est un chemin sur lequel on peut investiguer soi-même. Il y a de la littérature qui arrive de plus en plus sur ces sujets. Il y a des artistes, comme je te disais, qui s'emparent de ces sujets et donc des expositions itinérantes qui... permettent aussi de vulgariser, j'ai pas peur de dire ce mot, mais oui, de faire connaître de plus en plus les vertus de ces plantes médicinales au plus grand nombre. Et alors en tant que telle, la coca et le tabac, je les ai pas vus dans des rituels de femmes enceintes et postpartum. Un rituel qui m'émeut énormément en postpartum, c'est tout ce qui va concerner les bains de vapeur. Ici, c'est très pratiqué. Tu le sais, pour vraiment faciliter la récupération en postpartum, on va faire tout pour garder le chaud dans le corps, que ce soit par l'intérieur, une nourriture qui soit nourrissante, chaude, des tisanes, des caldos. Donc les caldos, c'est les bouillons d'os, mais aussi les bouillons de légumes. mais aussi par l'extérieur. Et c'est ça que nous enseignent aussi ces sagesses ancestrales. C'est que vraiment d'aussi loin que les femmes avec lesquelles je discute remontent, elles se souviennent que leur mère revenait du potager avec des plantes médicinales pour ensuite les mettre dans l'eau bouillante. Et alors, elles le font avec les moyens qu'elles ont, c'est-à-dire qu'elles se mettent souvent sous un drap. Elles n'ont pas de petites huttes. Il n'y a pas forcément... ici en Colombie, en tout cas, de construction dédiée à ça, au Mexique un peu plus, avec le rituel, tu sais, de témascal. Le témascal, oui. Encore que rares sont les témascals qui sont vraiment pérennes. Souvent, tu sais, c'est itinérant, c'est des méritats qui se déplacent avec les pierres, avec les couvertures, avec les condins de bois. Donc, c'est quand même toute une organisation pour le trouver dans un quotidien. Non, ici, elles le font vraiment avec les moyens du bord. Donc aujourd'hui, les marmites, ça peut être des marmites en terre cuite, en inox maintenant, ou même en plastique dans certaines communautés de climat tropical. Et puis, elles vont se mettre sous un grand tissu et elles vont réchauffer leur corps de l'extérieur avec les propriétés des plantes médicinales qui infusent en même temps. Et après, elles vont se baigner avec. Ça c'est un rituel qui est encore très très présent et je l'ai vu dans toutes les communautés, c'est-à-dire que vraiment celui-là en postpartum, que ce soit sur une plage du Pacifique, au fin fond des Andes ou en Amazonie, il est pratiqué, mais à chaque fois avec des plantes du terroir. Et souvent d'ailleurs c'est drôle parce que d'une part à l'autre, elles ne connaissent pas du tout les plantes de la voisine, d'où cette importance, on en parlait tout à l'heure, de connecter à son terroir propre. C'est notre outil de travail le plus adapté en fait. Et alors après, il y a un rituel aussi que j'aime beaucoup en postpartum qui s'appelle le rituel de la Hualtasca, qui est absolument pas connu en Occident, qui est un rituel de cataplasme de plantes médicinales qu'on pratique en général à plus de six semaines postpartum pour être sûre qu'on ait bien toute la sphère, toute la matrice cicatrisée. C'est une mixture d'une quinzaine à vingtaine de plantes qu'on travaille dans un mixeur en fait. Des plantes qui ont été séchées préalablement. qu'on peut travailler avec de l'argile aussi mais je ne l'ai pas toujours vu comme ça je l'ai vu avec quelque chose de un peu plus de trash encore pour notre culture qui est l'urine de la femme elle-même le liant ça donne une espèce de pâte qui est ensuite appliquée avec tout un rituel, là je te le raconte vraiment en simplifiant mais ce sont des rituels qui durent des heures et des heures c'est souvent fait le soir au coucher de soleil quand on est sûr Merci. que la parturiante va pouvoir enfin se reposer. Donc elle est vraiment allongée, souvent on lui met le bébé en allaitement à côté, et on lui fait un cataplasme sur le ventre, avec toutes ses plantes médicinales. On l'entoure ensuite de phara traditionnel, là-bas ça s'appelait chumpi, au Pérou. Un dérivé de la chumbe, un dérivé de la phara, t'as dû en entendre parler, qui viennent entourer, réchauffer le corps. Et ensuite, plus largement d'un drap et de couverture si on est dans un pays froid. Et elle est censée rester comme ça toute la nuit pour que les propriétés des plantes absorbent, soient absorbées par sa matrice et restaurent son utérus. Et tu vois, là, on revient... à la question initiale que tu me posais sur le lien au passage, là, vraiment, c'est-à-dire, voilà, comment les plantes vont accompagner le passage d'une fin de maternité à la continuité de ta vie.

  • Speaker #1

    Ça, c'est intéressant aussi, ce lien entre ces différents passages, effectivement. Et je pense aussi au deuil périnatal et toutes sortes de passages, en définitive, tout au long, en fait, de son chemin de femme, et Dieu sait qu'il doit y en avoir. et Camille, alors on pourrait t'écouter pendant des heures donc heureusement qu'on a prévu quatre épisodes sur des thématiques différentes mais sur celles-ci, sur les plantes. Tu vas pouvoir nous dire en tout cas que tu vas bientôt nous rejoindre en tout cas en métropole, en France et c'est vrai qu'à t'écouter je me dis, et que tu l'as dit tu as déjà en tout cas visité nos terroirs tu vas ramener justement tous ces savoirs ici en France, à Paris Merci. Et ma deuxième question aussi, Camille, ça serait, tu l'as dit, ce sont des transmissions orales. Est-ce que c'est quelque chose que tu souhaites aussi transmettre à l'écrit ? C'est une question que je te pose qui me vient.

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Pour l'instant, je le fais avec parcimonie, tu vois, que ce soit sur les réseaux, ma newsletter, sur quelques petites recettes très pratico-pratiques parce que j'adore, j'ai à cœur vraiment que les femmes expérimentent par elles-mêmes. Donc, si ça peut aider aussi à décomplexer certaines femmes, et je le comprends, pour qui ça semble encore être un monde très éloigné, très loin de notre quotidien, tant mieux. Donc, comme j'adore le principe, tu sais, des petits pas et des choses très pratico-pratiques pour se lancer, ben voilà mon approche. Si je l'écris, ce sera pour des choses très pratico-pratiques. Mais écrire, si tu veux, sur la théorie, sur des grandes leçons, déjà, je ne m'en sens pas légitime encore aujourd'hui. et je suis pas sûre que ce soit le moyen le plus évident pour connecter aujourd'hui. Vu les expériences que je vis ici, j'en suis encore plus convaincue. Je pense que rien ne remplace le présentiel, enfin vraiment ce fait de vivre ça, cette connexion dont je t'ai parlé tout à l'heure. Et c'est pour ça, alors sans vouloir faire ma pub, mais quand même, parce que du coup, j'ai vraiment réfléchi des formats qui, j'espère, sont innovants aussi dans leur forme. Je vais proposer une retraite vraiment initiatique de connexion. à ces plantes médicinales en mars prochain.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà, donc toutes celles qui se sentent appelées sont les bienvenues. On va connecter pendant 4 nuits, 5 jours ensemble pour vraiment se lancer en fait. C'est vraiment l'idée d'impulser ça en communauté de femmes qui du coup vont partager cette passion commune pour les plantes médicinales et la cuisine vivante. Ça va être un mix des deux. Suite à ça, on fera des rendez-vous virtuels qui seront oraux effectivement mais qui seront supportés par quelques supports écrits également de théorie et à la fin on se réunira en novembre 2026 à Paris pour clôturer avec un grand week-end de restitution chacune qui explicitera un projet dédié sur les plantes médicinales voilà c'est l'idée de vivre vraiment une année comme un rituel initiatif des plantes avec les cinq sens mis à l'épreuve voilà j'y crois énormément et je crois tellement à la force du groupe aussi que je ne me sens pas aujourd'hui encore d'écrire une formation prête à l'emploi sur laquelle tu te connecterais sur une plateforme et puis chacun la digère quand elle souhaite. Non, vraiment.

  • Speaker #1

    Ça ne fait pas sens.

  • Speaker #0

    Je pense que tu l'as vu après notre discussion. Ah non, non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On comprend d'autant plus. On comprend d'autant plus. Alors peut-être encore une fois, et mon Dieu, ce n'est pas de la publicité, mon Dieu, que j'ai envie d'en faire justement sur ce que tu vas pouvoir aussi créer à Paris. Alors si tu peux nous en dire effectivement quelques mots sur ton retour.

  • Speaker #0

    Oui, avec plaisir. On rentre en janvier 2026. Je vais reprendre mes quartiers à Paris, en plein centre, sur un lieu que j'ai appelé « Sur un nuage » depuis des années pour celles qui me connaissent et dans lequel je vais reprendre. mon activité de doula, de masothérapeute. Je vais proposer de nouveaux soins inspirés de tous ces apprentissages d'ici, de nouvelles formations. Je pratique maintenant dans l'eau, par exemple. Voilà, donc tout ça, ça va se repasser dans le centre de Paris. Et je vais ouvrir un nouveau lieu que j'ai appelé SOROR, S-O-R-O-R, en hommage aux liens qu'on tisse entre femmes. Et sur ce lieu perché comme un nuage au-dessus de Paris, on va pouvoir se rencontrer, échanger, éprouver, vivre des expériences. Et c'est un lieu que j'imagine de co-création. Et je vais lancer sous peu d'ailleurs un appel à co-créer pour toutes les femmes qui se sentent appelées. Et bien après d'ailleurs, sur toute l'année 2026-2027, il va y avoir une programmation qui va se ficeler au fil des mois avec des ateliers, des talks, des dîners, des expériences, des choses très insolites aussi hors les murs et qui iront peut-être jusqu'au Pyrénées. J'ai la chance d'avoir un terroir de cœur et de naissance. au Pyrénées, au sud de Toulouse et dans lequel j'aimerais aussi faire vibrer toutes les femmes qui s'en sont en Pérou.

  • Speaker #1

    Magnifique, quel beau projet. Écoute Camille, vraiment merci, merci. Je remettrai en tout cas toutes les informations que tu nous as transmises, notamment sur aussi l'ouverture de ce lieu, Sauror, en description de l'épisode. Comme ça, celles qui nous écoutent pourront aussi aller le lire. Et mille merci, Camille, vraiment, que ça fait du bien. que ça fait du bien d'entendre tes mots et ce lien au vivant, ce lien aux plantes, c'est vraiment précieux. En tout cas, peut-être que toi, tu baignes dedans, mais nous, tu le sais. Ce n'est pas quelque chose qui est anodin, qui est commun, malheureusement, mais on t'attend avec impatience aussi et ça fait du bien d'entendre des femmes comme toi, des personnes comme toi qui nous permettent de se reconnecter à cet essentiel. Donc, vraiment, merci infiniment d'avoir pris ce temps-là. d'échanges et on se retrouve pour un deuxième épisode qui sera consacré aux traditions autour du post-accouchement et on le disait tout à l'heure en off avec ce lien aussi peut-être et tu viens de le dire aussi avec ta venue sur Paris avec l'eau, je pense que ça sera aussi l'occasion peut-être de pouvoir en discuter à ce moment-là entre autres traditions rituelles, savoirs et autres transmissions que tu as pu avoir et que tu vas nous nourrir encore et encore Merci beaucoup Camille et j'ai envie de te dire aussi bonne continuation et bonne fin de séjour d'ici à janvier t'as encore un peu de temps mais merci infiniment en tout cas pour tout ce que tu es

  • Speaker #0

    Merci Marion, merci à toi pour ton écoute et la voix précieuse que tu offres à toutes ces sages à San Sestral j'ai hâte de vous retrouver

  • Speaker #1

    A bientôt Camille Merci belle maman pour ton écoute si précieuse et pour ta présence dans cet espace où on ne cesse de s'émerveiller et de se questionner face à ce livre ouvert qu'est le monde, à la fois dans son extériorité et dans son antériorité. Si tu as aimé ce moment de partage et que tu souhaites ancrer cet épisode qui t'a apporté, porté ou nourri, je te laisse déposer avec le cœur une note sur ta plateforme d'écoute, souvent ce sont des étoiles, ou encore commenter l'épisode écouté en description de ce dernier. sur Spotify ou sur YouTube, par exemple. Ou encore, me laisser un avis Google pour que Mamel et les récits et savoirs transmis par les femmes qui passent derrière mon micro rayonnent encore et encore. Enfin, si ton esprit de curiosité est toujours en éveil après cet épisode, tu peux aller découvrir ma boutique artisanale en ligne sur mamel.fr où tu pourras voyager à travers les femmes et mères du monde que je crée et représente Merci. en bougies de cire végétale. Tu pourras également t'inscrire à ma newsletter pour ne rien manquer des rituels, des mots-pensées et des différentes découvertes venues d'ici et d'ailleurs qui résonnent dans nos cœurs de mamas du monde et que j'ai bien évidemment à cœur de vous partager chaque mois. Voilà belle mama, cet épisode est terminé. Je te laisse doucement revenir à ta réalité, à ton quotidien et surtout mama. N'oublie pas, ta maternité, comme ta féminité, est un univers aussi merveilleux que le monde a exploré.

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Description

Aujourd'hui, j'ai le b-honneur immense d'ouvrir une nouvelle mini-série de 4 épisodes avec Camille DENOY sur les sagesses ancestrales d'Amérique latine. Ce premier épisode est dédié aux sagesses des plantes médicinales de ces terres si riches, diversifiées et nourricières du continent sud américain que Camille explore depuis plusieurs années maintenant.


Camille vit à Medellin en Colombie, au cœur de la cordillère des Andes, avec son compagnon et ses trois filles. Elle revient sur sa double casquette professionnelle : l'une en tant que doula, un métier qu'elle exerce depuis plus de 8 ans, après avoir connu une première grossesse arrêtée in utero ; l'autre en tant que conseillère dans les filières responsables avec les producteurs de terroirs, en France, en Europe, en Asie et en Amérique latine.


Camille nous inonde d' informations sourcées sur les plantes qu'elle a reçues soit par transmissions orales, au contact des populations locales, soit au travers de sa grande passion d'investigation qui l'anime tant.


Camille nous décrit ici ce qu'est la medicina en Amérique latine, un usage des plantes quotidien en prévention et non en curation comme on le pratique dans nos frontières. Un riche échange sur les vertus des plantes de la main de celle/celui qui les cultive, les récolte jusqu'à leur utilisation.


Camille met l'accent sur la richesse naturelle incroyable de la Colombie, reconnue comme le deuxième pays les plus riches en biodiversité au monde, après le Brésil. Elle revient aussi sur le pillage de certaines terres et sur l'importance de tout à chacun de prendre ce temps d'explorer l'environnement qui nous entoure, de ré-apprendre la magie des plantes de nos terroirs en les ressentant et en les consommant en conscience.


Entre la coca, le viche et les multiples rituels autour de la maternité, Camille vous embarque dans un voyage qui vous transcendera de multiples façons afin de vous permettre d'ouvrir de nouveaux horizons et vous proposer une nouvelle lecture des plantes qui nous entourent, nous portent et nous apportent depuis la nuit des temps ...


Un immense MERCI à Camille pour sa présence et sa confiance !


➡️ Pour retrouver Camille sur Instagram : @mamacam__ / @soror.collective


👁️ Pour retrouver l'Univers MAM'ELLES :


MAM'ELLES est un podcast réalisé par Marion TERTEREAU.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et bienvenue dans mon univers Mamel. qui est à la fois un podcast, une newsletter et une boutique artisanale dans laquelle je crée mes propres bougies autour de la maternité et de la féminité. Je m'appelle Marion et j'ai créé cet espace qui respire l'universalité des cultures, des traditions, des rituels autour de la femme qui devient mère et de la mère qui renaît femme. Chaque intervenante, quel que soit le sujet de l'épisode, viendra faire un pont entre les traditions, les savoirs, les mémoires, les rituels ancestraux et les pratiques actuelles et récits dominants contemporains sur la maternité, la parentalité ou encore la féminité entendue au féminin sacré. Chaque semaine, nous nous retrouverons ici pour cheminer ensemble à travers les récits et les savoirs transmis par des femmes et des mères venues des quatre coins du monde qui sèmeront des graines d'une meilleure connaissance de notre nature profonde. Avant chaque épisode, je t'invite à prendre un temps pour te poser, puis te déposer, afin de voguer légère dans ce lieu de partage doux et profond à la fois, où la parole est libre et où l'ambiance est parfois intime, parfois sacrée. Tu peux même prendre le temps d'observer l'environnement dans lequel tu es, ou la nature qui t'entoure. Cette nature... qui a ce langage discret et puissant, surtout fait de cycles, de passages et de mouvements, comme nous finalement. J'aime résumer nos rendez-vous sous une note artistique, alors je poursuis cette invitation au voyage en te demandant désormais d'imaginer une toile blanche face à laquelle tu es assise, accueillant ton énergie du moment, le passage actuel de ta vie et le cycle de ta présente saison antérieure, prends ce pinceau imaginaire dans ta main de cœur et dans un élan vital, produis ce geste du peintre, celui du mouvement qui sort de toi afin de créer quelque chose là où il n'existait rien auparavant. Ce geste incarne l'essence de Mamel, un geste qui donne du sens à la vie, qui apporte de la beauté et favorise le partage. Cette expression, qui s'apparente à une pratique spirituelle de connexion avec soi-même et de connexion aux autres, est une source infinie d'étonnement et d'émerveillement. C'est cette source que nous allons côtoyer ensemble ici, au fil des épisodes. J'éprouve cet élan et ce plaisir, je l'avoue, de te proposer de te renouveler sans cesse, par un apprentissage dynamique et permanent. À travers ce tableau blanc, comme point de départ de chaque moment passé ensemble ici. Ce, afin de vivre une aventure différente, à chaque fois, avec un voyage dont la destination ne t'est pas connue. Ainsi, une trace est laissée sur cette toile, telle une empreinte, tout en laissant le loisir à cette œuvre de bouger avec la lumière du temps et de changer de ton à chaque regard porté dessus. Voilà, belle-mama ! L'essence de Mamel. J'arrête là ma petite allégorie de Mamel et je te laisse découvrir la nouvelle invitée du jour en te souhaitant un beau voyage au cœur de ta matrice. Bonjour Camille !

  • Speaker #1

    Bonjour Marion !

  • Speaker #0

    Je suis contente de t'avoir, je te connais en tout cas et j'ai découvert ton compte il n'y a pas si longtemps et je pense que toi aussi ça a été pareil pour le mien, la magie en tout cas des réseaux sociaux. Une merveilleuse découverte à la fois de ton univers et aussi de la femme que tu es, de la mère que tu es, simplement parce que j'ai été happée par le contenu que tu nous partages très régulièrement sur ton réseau social Instagram précisément. mais aussi par la profondeur des messages que tu nous envoies, que tu nous transmets, à travers toute cette richesse que tu as pu en tout cas recevoir en Amérique latine, puisque maintenant ça fait plusieurs années que tu y es, et aussi également sur tous ces savoirs, ces rituels et toutes ces transmissions qui à mon sens sont des essentiels que l'on perd, ou en tout cas on s'éloigne beaucoup trop, et je pense en tout cas et je le dis dès maintenant à l'un de ces messages forts que tu portes autour du placenta pour moi c'est en tout cas l'une des vidéos qui m'a happé et qui est essentielle pour moi et je voulais te remercier pour tout ce contenu parce que c'est un travail de fond qui est très précieux en dehors de tous les accompagnements bien évidemment que tu fais autour des femmes et des mères naissantes donc voilà déjà merci Camille pour tout ça Et pour moi, c'est un vrai honneur de t'avoir aujourd'hui, d'autant plus pour ouvrir une série à l'image un peu de celle qu'on avait fait avec Yael, pour celles qui ont déjà écouté les épisodes sur les Rebozo. On a décidé ensemble, en tout cas, d'ouvrir une mini-série de quatre épisodes autour des sagesses ancestrales que tu as pu recevoir à travers ces différentes années passées en Amérique latine. Et en tout cas, aujourd'hui, c'est autour des plantes médicinales qu'on va dédier cet épisode, à la fois sur leur bienfait, leur utilisation autour du féminin, autour de la femme qui devient mère et de la mère qui est renée femme. Voilà, on avait décidé en tout cas de pouvoir porter à la connaissance de celles qui vont les écouter, et ce peut-être... un petit peu de ton savoir. Donc voilà, c'est un immense merci déjà pour tout ce que tu vas pouvoir nous transmettre, Camille. Et donc, j'ai assez parlé. Sans plus tarder, je te laisse te présenter à la fois côté perso et côté pro avant de rentrer dans le cœur du sujet.

  • Speaker #1

    Merci Marion, à toi, pour tes mots qui me touchent beaucoup. Je suis très, très honorée d'être au micro de Mamel aujourd'hui. Avec toi, parce que je me reconnais énormément dans la mission que tu portes, les voies que tu permets de mettre en lumière. Donc très très honorée de m'inscrire dans cette lignée avec toutes les consœurs que tu as pu interviewer avant et qui font partie de mon chemin de doula, de mère depuis tant d'années. Donc écoute, je vais essayer d'honorer la mission au mieux. Et je te parle aujourd'hui depuis la Colombie, à 8000 kilomètres de toi. Je vais vous montrer. trouve effectivement depuis plus d'un an aujourd'hui, après de longs autres voyages initiatiques là-bas. On a pris la décision avec mon compagnon de s'y installer. Donc, on est établi à Medellín, au cœur de la Cordillère des Andes. Je ne sais pas si tu le connais. Et en même temps, le projet était de voyager. Donc, en fait, on a une sorte de routine quotidienne quand même à Medellín avec nos filles qui sont scolarisées. Nous qui travaillons, mais on avait planifié et on continue de planifier d'ailleurs toute une excursion de voyages, de rencontres, d'échanges, de formations pour aller à la rencontre de ce continent. Et c'est d'une richesse inouïe. Et je suis ravie de pouvoir te témoigner un peu de tous ces apprentissages-là aujourd'hui et d'en faire part à tous ceux et toutes celles qui nous écouteront.

  • Speaker #0

    Alors professionnellement parlant, tu étais doula accompagnante avant de partir en Amérique latine ?

  • Speaker #1

    Oui, ça fait huit ans en fait que je suis formée en tant que doula depuis ma première grossesse en réalité, qui n'est pas la grossesse qui m'a permis de rencontrer mon premier enfant puisque j'ai perdu ma première grossesse à trois mois. Et ça, ça a été vraiment un choc. décisif en fait dans ma vie de femme et professionnelle. Je dis souvent que j'ai vécu trois petites morts ou en tout cas trois passages, tu vois, comme des chrysalides qui se défont et refont. L'une quand j'avais 16 ans, une autre quand j'ai eu 21 ans. Et donc pour la première, c'était plutôt le passage de l'enfance à l'adolescence, l'autre de l'adolescence à la vie adulte. Et là, vraiment, je suis rentrée. tout de go de la vie de femme à la vie de mère, avec cette première grossesse et cette mort in utero absolument inattendue, et plus qu'inattendue, j'en avais jamais entendu parler, en fait. Il y avait vraiment ce truc autour de moi, des langues qui étaient encore très peu déliées sur toutes les facettes de la maternité, à l'héritage d'une génération qui parlait peu, ou quand elle... parler de choses quand même relativement polissées, un héritage judéo-chrétien sans doute. Et du coup, je suis tombée de 12 étages et pourtant, je m'estime presque chanceuse finalement dans le parcours qu'on a vécu parce que ça a été une grossesse qui était déjà voulue, une grossesse qui est arrivée sur le premier cycle, tu vois, sans aucun problème de conception et un petit cœur. qu'on avait entendu battre deux semaines avant sans aucun problème. Mais la prise en charge de cet arrêt de grossesse a été tellement catastrophique que j'ai réalisé qu'on pouvait vivre à ce moment-là le pire dans un parcours de maternité. Et pour commencer sa vie de mère, je dois dire que ça a été assez compliqué. Donc en deux mots, je me suis retrouvée dans une salle d'échographie avec un homme d'une soixantaine d'années dans un cabinet. flamboyant parisien où tu payes 200 euros la consultation. Et il avait tout l'attirail, il baissait les rideaux, dit à mon compagnon, ça va être la plus belle séance de cinéma de votre vie, préparez-vous. Et puis, voilà, en deux coups de cuillère à peau, c'était réglé. Il avait mis la sonde sur mon ventre et il me regarde. Ah ben, il est mort. Voilà. Bon, ben, je dois y aller, madame. Je suis désolée, j'ai des rendez-vous. Et puis, de toute façon, c'est le week-end qui commence. Il était 15h un vendredi. Et il a fermé devant nous son cabinet avec deux parents en larmes qui ne savaient pas quoi faire. Et ben voilà, vous attendrez le week-end. Et puis, si toujours rien ne s'est passé le lundi, n'hésitez pas à aller consulter. Parce qu'effectivement, il faudra envisager autre chose. Allez, bon week-end.

  • Speaker #0

    Wow, quelle violence.

  • Speaker #1

    Et donc, si tu veux, suite à ça, je ne l'ai pas intellectualisé tout de suite, mais ça a été clairement mon première épiphanie, on va dire, sur mon chemin de mère. Malheureusement, non. C'est un contexte assez violent, mais de me dire que ce n'était pas possible de continuer comme ça et de me faire entourer de la sorte. J'ai commencé à investiguer à partir de là. Et finalement, ça a été une très grande joie. Après ça, j'ai réussi à convertir cette expérience et ce petit bout de vie qui était passé par nous, avec toute l'incompréhension qu'elle est avec, en une opportunité pour ensuite... accueillir au mieux les autres vies qui se présentaient. Voilà.

  • Speaker #0

    Camille, peut-être, alors, ce n'est pas le sujet principal, mais je pense que c'est vraiment important de prendre ce temps-là parce que, tu l'as dit, on a beaucoup de synchronicité, de choses qui sont en commun, et j'ai commencé aussi ma vie de mère exactement de la même façon. C'est vraiment incroyable ce que tu viens de décrire. Et peut-être avec l'expérience que tu as eue à travers différents pays et peut-être nous dire... Quelle est la vision peut-être aussi de la mort en Amérique latine ? Est-ce que tu as pu avoir des retours, notamment sur comment est appréhendé le deuil périnatal, notamment ? Est-ce que tu as des informations par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, complètement. Après, je me garderai de faire des généralités parce que ce qui est sûr, c'est que j'ai un regard qui est de toutes les façons biaisé, que j'essaye évidemment de rendre le plus neutre possible. et c'est hyper cool compliqué parce qu'on arrive avec un passé quand même de plusieurs générations de colonisation dans ce continent tu le sais, c'est très fort avec une évangélisation qui est très marquée des populations avec du coup un grand écart aujourd'hui dans les savoirs dans les savoirs être aussi, tu vois et du coup la perception de ces moments de vie qui peut être très différente d'une communauté à l'autre on a aussi des climats extrêmement variés qui font que les populations vivent dans des dynamiques qui n'ont rien à voir entre celles qui vivent à 3 000 à 4 000 mètres d'altitude dans les Andes, celles qui sont sur le Pacifique avec un héritage afro-descendant, celles qui sont au fin fond de l'Amazonie, d'autres communautés qui vont être dans les déserts. J'ai la chance d'apprécier aujourd'hui cette pluralité-là, donc c'est très compliqué pour moi de te faire une généralité de ce que j'observe. Ce que j'observe ici, c'est la grande richesse de ce continent, c'est que... La population qu'on appelle indigène en espagnol, indígenas, et ce n'est pas du tout un gros mot, au contraire, ils souhaitent se faire appeler comme ça. On appelle ça plutôt population autochtone en Europe ou première nation en Amérique du Nord. Ces populations-là, en Colombie en tout cas, représentent plus de 8% de la population du pays. Donc c'est énorme. Et ce sont des gens qui vivent encore de façon très marquée en communauté. Avec une organisation, avec des rituels, avec une codification, avec un vestuario, enfin tu vois, toute une façon de s'habiller en fonction des moments de la vie de la communauté, très très marquée, voilà. Et je pense que cette vie en communauté, qui est encore très persistante dans ce que j'observe, mais encore une fois c'est biaisé puisque je vais précisément chercher les rencontres avec ces communautés. Exactement. mais elle ne représente que 8% de la population déclarée ici en Colombie oui de fait ils sont de ce que je perçois ce sont des passages en fait et évidemment qu'il y a de la tristesse évidemment que le christianisme est passé par là aussi et que du coup il y a un syncrétisme dans les rituels de mort avec à la fois les rituels d'enterrement catholique Merci. qui se mêlent à l'invocation des esprits, à des rituels de retour aux éléments. J'ai assisté à pas mal de choses encore, malheureusement, la semaine dernière. On marchait dans une communauté d'Amazonie où il y a eu un suicide d'un jeune de la communauté, la nuit même où on était. Donc, on a assisté aux rituels d'enterrement et à toute la... la cosmovision de la communauté dans ce cas-là, qui est encore bien particulier, comme c'est une mort qui n'est pas naturelle. Ils traitent ce rituel-là de façon très différente. C'est sûr que c'est perçu beaucoup plus comme un passage. Ici, on entend très régulièrement que la personne nous a donné, nous a offert dans cette vie-là, et Ausha , comme ils disent. elle continuera dans une autre vie à donner différemment j'entends rarement le mot de réincarnation en tant que tel mais en tout cas vraiment de passage en espagnol si,

  • Speaker #0

    beaucoup c'est intéressant déjà et en même temps tu viens de nous nourrir aussi un petit peu de la richesse effectivement du continent tel qu'il est parce que c'est vrai, je pense que c'est très intéressant aussi ce que tu viens de dire sur la notion et le mot indigène Merci. parce que j'avais entendu effectivement que des fois, il y avait des personnes qui avaient du mal à l'utiliser parce que mal connotées. Et c'est intéressant ce que tu viens de nous apporter aussi là comme information et la diversité aussi. C'est là en fait la richesse aussi, je pense, qui est très intéressante là-dessus. Alors peut-être, Camille, on va peut-être rentrer dans le cœur du sujet avec le centre, le cœur de notre échange aujourd'hui qui est à travers les plantes médicinales, peut-être nous dire Quelle est toi d'ailleurs, ta propre histoire et ta propre rencontre et ta propre aussi appétence, approche et passion pour les plantes médicinales ?

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir, oui. Et je voudrais en intro sur ce sujet rendre hommage à toutes les femmes qui ont fait partie de mon chemin et qui continuent d'ailleurs de le paver, de l'illuminer, de me montrer la voie parce que c'est vraiment quelque chose, en tout cas c'est vraiment un chemin que je vis aujourd'hui. et dans lequel je me sens portée par toute une communauté d'autres femmes, d'autres hommes aussi, évidemment. Je trouve que c'est important, pour moi en tout cas, de leur rendre hommage parce que c'est des femmes qui ont pris soin du vivant pendant tellement d'années de leur vie, à garder des graines, à les reproduire, à tenter des choses, à faire des recettes, à les faire goûter à leur entourage. Et c'est grâce à elles qu'on a tout ce patrimoine vivant qui se perpétue aujourd'hui. Voilà, donc un immense merci à toutes les matronas, les mamitas, les curanderas, toutes ces femmes qui me transmettent aujourd'hui. Et voilà, je pense que quand on commence sur ce chemin, c'est important d'avoir conscience de la lignée dans laquelle on s'inscrit avec les plantes. pour arriver dans une forme d'humilité, de respect. Parce que quand tu discutes avec des femmes comportant 60, 70 ans d'expérience dans la chagra, la chagra, c'est le potager médicinal en Amérique latine. elles apprennent tous les jours et elles te le disent avec une humilité qui est juste magnifique. C'est impressionnant d'être ici au cœur de la biodiversité la plus riche de la planète. La Colombie, c'est le deuxième pays le plus biodivers au monde après le Brésil. Ils partagent une grande partie d'un biotope commun qui est l'Amazonie. La Colombie a cette particularité d'avoir deux façades maritimes. l'Atlantique Pacifique, qui rend très très riche sa biodiversité marine également. Et donc, à partir de là, ça explique aussi pourquoi ce sont des pays qui sont autant fers de lance dans la conservation des savoir-faire en ce niveau, sur les plantes médicinales. Ça explique aussi pourquoi les populations sont tant attachées, sont tant connectées à ce type de médecine, et le présentent aujourd'hui dans leur quotidien. Mais du coup, pour revenir à ta question, sur moi plus personnellement, mon chemin de vie avec les plantes, je le date de l'enfance à travers la gastronomie. C'est vraiment mes premiers souvenirs d'enfance, de me retrouver en fin d'été avec mes grandes-tantes qui étaient sœurs, vivant ensemble et sans enfants. Tu vois, vraiment des vies comme on n'en sait plus. Elles avaient vécu vraiment... toute leur vie ensemble et le rituel de fin d'été c'était d'aller faire les cueillettes de figues d'oignons, des Ausha de plantes aromatiques qu'on faisait sécher et qu'on allait ensuite mettre en conserve pour passer l'automne et l'hiver et c'est vraiment mes premiers souvenirs de connexion ultra simples voire même en grandissant ultra rétro, tu vois, je me disais adolescente, mais tu vois, de récupérer comme ça les conservants verts d'une année sur l'autre. Je me souviens, tu vois, le temps qu'elle prenait à aller redemander à tous les cousins, j'en ai plus de 25 de ce côté-là, d'aller leur rendre les pots en verre pour venir les re-remplir pour l'année suivante. Et je trouvais ça à l'époque tellement rétro, je me disais mais c'est pas possible, mais quel temps elle perd ! Et puis aujourd'hui, je trouve ça, au contraire, tellement novateur. tellement de bon sens voilà moi c'est vraiment ces souvenirs là de mélanger cette sauce tomate, cette ratatouille ces confitures, ces fruits au sirop cette verveine qui sèche dans leur chambre des heures et des heures durant, c'est vraiment mon premier rapport à cette médecine de la simplicité finalement et puis après à titre plus professionnel, je me suis spécialisée donc il y a 10 ans maintenant ... dans la création de filières responsables avec les producteurs de terroirs. En France, puis en Europe, puis en Asie, et puis maintenant en Amérique latine. Et ça, c'est un chemin qui me remplit de joie. C'est juste exceptionnel parce que, en fait, je suis convaincue que l'alimentation, c'est notre première médecine. Les outils à portée de main tellement simples pour équilibrer un cycle, équilibrer une humeur, restaurer un sommeil. améliorer une digestion, booster une immunité. J'ai fait l'expérience de tellement de choses sur mon propre corps et maintenant aussi sur ceux de mes enfants. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est de détricoter. Je suis vraiment une passionnée de l'investigation comme tu as pu le voir sur les réseaux. Et du coup, j'adore aller à la source des choses. Et donc en 2015, je quitte le groupe LVMH chez qui j'étais depuis six ans. Et je décide de monter ma propre société de sourcing de produits de terroir.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Puisque du coup, je souhaitais faire de ma passion, à savoir le lien entre l'humain, la main, donc celui qui cultive, qui sème, qui tisse, qui travaille la terre, etc. Jusqu'à l'assiette. Et je lance ma première société qui s'appelle Terroir Mon Amour. Une eau de terroir. Je pars littéralement sur les routes de France et je pars à la rencontre de dizaines et dizaines de producteurs de terroirs sur toutes les filières que tu peux imaginer.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Et donc là, je me forme sur le terrain. Je n'ai pas du tout de bagage ingénieur agricole en tant que tel. Et je me forme avec eux sur le terrain au fil des saisons. J'en apprends tous les jours des synthèses. C'est impressionnant puisque du coup, tu es vraiment au cœur avec eux, que ce soit avec leur bête, avec... Leurs arbres, à marcher tout simplement avec eux, à voir des situations, à les épauler aussi dans les galères de grêle, de détérioration des soldes. Je continue dans cette aventure-là. J'ai toujours une activité de conseil dans ce métier-là, qui me nourrit énormément. Et c'est rajouté à ça ma casquette de doula, deux ans plus tard, donc à partir de 2016-2017. Et finalement, les deux métiers se sont réunis autour de ce sujet des plantes médicinales. Puisque dans un cas, j'étais plutôt portée sur... le bien manger, ma première casquette c'était vraiment plutôt ça, et dans l'autre le bien-être, le bien-être des femmes qui se réunit finalement avec ce sujet et donc j'ai commencé à beaucoup plus creuser d'un point de vue médicinal et c'est pas un gros mot puisqu'en fait aujourd'hui toute notre médecine occidentale, la médecine d'Hippocrate elle vient de nos plantes je pense que c'est un secret pour personne que les laboratoires font du sourcing en continu, d'ailleurs je peux témoigner ici de scènes Merci. absolument incroyable. Il y a un réel pillage qui s'opère ici. Je te le redis, on est dans un des pays les plus biodivers au monde, avec des espèces qui ne sont toujours pas investiguées. Et oui, j'ai eu des témoignages de pillages de fleurs de fraileron. Le fraileron, c'est un arbre sacré des terres froides de Colombie, qui sont les paramaux. Les paramaux, ce sont un écosystème de montagnes qui permettent de de faire une rétention de l'eau potable de l'Amérique latine. En gros, on dit qu'il y a 70% des réserves en eau de l'Amérique latine qui sont retenues dans cet écosystème qui s'apparente un peu, tu vois, à des plaines de... Tu sais, c'est spongieux, tu vois, on s'enfonce un peu dedans quand tu marches. Et c'est des arbres à croissance très lentes, le fraileron, qui donc a la particularité de ne jamais perdre complètement ses feuilles. Donc il grandit en gardant les feuilles mortes dessous et petit à petit en s'étoffant par le haut. Et au bout de 100 ans de croissance, il ne fait à peine qu'un mètre puisqu'on est en très très haute altitude, donc avec une recharge en oxygène qui est très très faible et un ensoleillement pareil très faible. C'est un écosystème qui est prépondérant pour l'Amérique latine, qui est en train de s'effondrer avec le réchauffement climatique et les laboratoires trouvent rien de mieux que d'aller piller ce territoire. Pourquoi ? Parce qu'on vient de s'apercevoir il y a quelques années que les feuilles de fraileron pouvaient guérir du diabète. C'est impressionnant. Et que les fleurs, quand elles étaient traitées en décoction ou en macérat, étaient excellentes pour les douleurs articulaires. Et donc, tu as les plus grands labos du monde qui sont en train d'explorer ça, mais la plupart du temps sans l'accord des communautés indigènes qui prennent soin de ces territoires. Et d'ailleurs, qui sont sur leurs terres. La Colombie est très en avance sur ça, je ne sais pas si tu sais, mais c'est un des seuls pays au monde qui a reconnu des terres aux indigènes en grand nombre. Il y a une réduction très très très forte de terres qui est faite aux populations indigènes. Et plus que ça, il y a une loi qui les protège depuis 1991 et qui leur reconnaît la loi indigène. loi indigène, donc c'est une loi qui est très vaste et je ne suis pas juriste spécialisée mais j'en ai parlé avec une avocate la semaine dernière qui travaille justement avec les communautés, c'est dire que les lois qui régissent la communauté et justement les lois de comment on se soigne prévalent sur les lois dites colombiennes qui sont un héritage en réalité des conquistadors. C'est magnifique parce qu'aujourd'hui, si tu veux, ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire que les hommes et les femmes qui travaillent, ils appellent ça la médecine en espagnol, la medicina, ils te disent. La medicina, pour eux, c'est quoi ? C'est en fait l'usage des plantes à titre d'abord de prévention. D'abord de prévention. Et ça, je pense que c'est hyper important de le rappeler. C'est que nous, en Occident, on s'est habitués à consommer des médicaments en curation.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. Mais oui.

  • Speaker #1

    Ici, on prend des plans tous les jours en prévention. Les mamitas, les parteras, elles vont faire des prescriptions aux femmes qu'elles accompagnent, aux hommes qu'elles accompagnent, en fonction de l'état dans lequel ils arrivent en consultation, mais qui n'est pas nécessairement une consultation de maladie, qui est plus une consultation dite d'harmonisation. Et d'ailleurs, quand tu entres dans une communauté en tant qu'étranger, Un des premiers rituels qu'on va te proposer, voire même te demander, t'as pas trop le choix en fait, c'est de faire une harmonisation. Et on en a encore vécu une la semaine dernière avec mes filles, dans une communauté très reculée d'Amazonie. Tu arrives et tu dois consommer... tel fruit, tel légume, telle plante, pour t'harmoniser avec la communauté.

  • Speaker #0

    et du coup c'est ça qui est génial c'est à la fois de reprendre conscience de ce temps du corps de ce temps du cerveau aussi parce que finalement nourrir le corps c'est aussi nourrir le mental, c'est aussi t'habituer à prendre soin de toi dans des moments qui sont pas des moments de crise ou des moments aigus de traumatisme mais bien au contraire d'en faire presque une routine quotidienne Je me garde encore de faire des généralités, parce que tu te doutes que dans les villes comme Bogotá, Medellín, comme Lima, évidemment qu'il y a des gens aujourd'hui qui sont très déconnectés de ces savoirs des communautés autochtones. Mais en réalité, quand tu creuses, en tout cas nous, dans l'entourage qu'on a aujourd'hui, même l'entourage citadin, toutes les femmes que je côtoie ici, même à Medellín, que ce soit les parents d'élèves, que ce soit mes voisines, toutes ont une conscience très forte de l'importance des plantes dans leur quotidien. Et toutes. ont des plantes séchées chez elles, qu'elles consomment tantôt pour la digestion, tantôt pour le sommeil, etc. Donc ça, c'est très, très différent, parce que, en tout cas, dans la génération qui est la nôtre, je ne l'ai jamais perçu aussi fort en Europe. Jamais.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, Camille, tu as exploré, alors je ne sais pas si tu ne l'as pas encore dit, je crois, à quel moment tu as donné naissance à tes enfants et par rapport au parcours que tu viens de nous dire professionnel, et comment d'ailleurs tu as exploré peut-être les vertus de ces plantes, toi-même peut-être lors de tes enfantements, je ne sais pas, si tu peux nous transmettre justement comment elles ont pu te soutenir et t'accompagner.

  • Speaker #0

    Et oui, avec plaisir. En fait, on a eu cette chance, après cet épisode douloureux, de retomber enceinte très facilement. Donc, j'étais de nouveau enceinte en juillet 2017 et j'ai accouché en avril 2018. C'était notre première petite puce Emma. Et puis ensuite, on a eu une deuxième petite fille juste avant le confinement, Adèle, en décembre 2019. Et je suis maman d'une troisième petite fille en septembre 2022, Laure, qui a donc maintenant trois ans. Voilà. Et je dirais qu'au début, tu vois, sur mes chemins de grossesse, les plantes médicinales en tant que telles, ou en tout cas intellectualisées en tant que telles, n'ont pas vraiment fait partie de mon chemin. C'est finalement beaucoup plus par les accompagnements que je proposais. Tu sais, c'est vraiment l'adage des cordonniers les plus mal chaussés. Au début, c'est pas tant dans mes grossesses et mes postpartums que j'ai testé les plantes médicinales. finalement, ça a plus été dans les rencontres que je faisais pour me former moi en tant que doula et dans le chemin que je suis en train de vivre aujourd'hui sur le chemin de la parteria ancestrale et traditionnelle, je ne suis pas encore officiellement partera, je suis en chemin je n'ai pas encore vocation je le sens pas encore parce que j'ai trois enfants en bas âge mais peut-être un jour viendra où je me sentirai d'accompagner des accouchements en binôme avec... d'autres par terrain aujourd'hui je suis plus sur l'avant et l'après et c'est dans ce cadre là, dans cette recherche là de comment accompagner au plus juste et justement en prévention et non pas en curation que j'ai cheminé sur ce chemin des plantes médicinales et donc aujourd'hui je suis formée par l'école Gaia, je sais pas si tu connais c'est reconnu surtout aux Etats-Unis mais ça arrive gentiment en Europe En Colombie, il y a une école reconnue et il se trouve qu'elle était à quelques kilomètres de chez nous, donc j'en ai profité et je me suis formée toute cette année auprès d'une femme absolument exceptionnelle, Constanza, et de toute une tribu parce que c'est aussi ça qui est génial, je te le disais en introduction, c'est que très vite, comme on est dans un métier d'exploration, d'alchimie, d'apprentissage aussi, de patience, on a le temps de se faire tout un tas de retours d'expérience entre femmes apprenantes. Et c'est tout aussi riche, voire plus riche que la formation théorique en tant que telle.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #0

    C'est une chose, tu vois, de connaître vraiment les propriétés, etc. C'en est une autre de la pratiquer.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et je pense que, plus fort que plein d'autres métiers que j'ai eu la chance d'apprendre dans ma petite vie, j'expérimente ça sur les plantes médicinales aujourd'hui. Donc c'est un chemin qui est... je trouve encore tout neuf pour moi. Tu vois, quand je vois ce que connaissent des femmes qui ont 40, 50 ans de bouteille et qui s'estiment encore débutantes, voilà, moi, je me dis, mais je suis vraiment qu'au début. Donc, je suis parfois un rat de bibliothèque, tu vois. Je revenais encore là hier de la bibliothèque universitaire de Medellín parce qu'il y a une Bible qui vient de paraître avec plus de 3000 plantes médicinales répertoriées. Dans le pays, c'est tout neuf, c'est une révolution pour le pays de mettre ça par écrit. On peut peut-être s'en parler, ça aussi, c'est que les enseignements que je reçois et que je transmets aujourd'hui à mon tour aux couples que j'accompagne et bientôt à Paris aussi, aux femmes qui le souhaiteront et qui se sentiront appelées, c'est une culture de l'oral.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est l'oralité, oui. Comme dans beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est compliqué à concevoir dans notre société occidentale. C'est compliqué à l'heure où, tu vois, les médecins disent... occidentaux ont des protocoles. Tu vois, des choses qui sont extrêmement normées, et pour le meilleur, évidemment, pour le meilleur, et ça sauve des vies tous les jours, et je ne m'inscrirai jamais en faux de la médecine occidentale, au contraire. Le message que je veux faire passer aujourd'hui, c'est qu'il y a tellement d'autres solutions complémentaires dans la médecine des plantes. Évidemment, à manier avec connaissance, avec, tu vois, aussi... Évidemment, conscience, mais aussi parcimonie, parce que c'est parfois grisant aussi de commencer à connaître les pouvoirs de ces plantes. Et il faut faire très attention parce que, comme dans tout, c'est des histoires de dosage, d'équilibre, aussi de ressources. Ça, on en parle peu. Je pense que chez nous, on ne s'en rend pas compte. Mais moi, je suis témoin tous les jours de l'approvrissement des ressources en plantes, mais vraiment en plantes, en fibres. encore on en parlait avant-hier avec un artisan de Barro, le Barro c'est l'argile en fait, ils arrivent plus à en trouver parce que ça a été pillé en fait tu vois, ils sont obligés d'aller de plus en plus loin de remonter les fleuves de plus en plus loin d'aller faire du troc avec d'autres communautés pour aller de plus en plus reculer en Amazonie, de plus en plus reculer dans la forêt primaire pour aller chercher ces choses-là donc quand on fait de la cueillette il faut faire de la cueillette en conscience on va pas aller tu vois déforester une parcelle pour aller faire sa récolte de kalendula non on garde pour le suivant on en garde pour que la terre se régénère et c'est tout ça que j'ai appris ici et qui s'apprend pas dans les livres c'est vraiment tu vois le fait de rentrer presque en communication avec les plantes et aujourd'hui j'ai plus peur de le dire alors que je pense qu'il y a quelques années encore je me serais dit mais oh la la ça va Camille tu vois ton cerveau cartésien qui croit vraiment en ça Merci. Mais oui, mais oui, complètement. J'ai assisté à des scènes, on parle de vibrations beaucoup, tu sais, aujourd'hui. Et ça y est, c'est des chants qui commencent à être de plus en plus étudiés. Tu vois l'impact de la façon dont toi, humain, tu vibres sur un territoire et tu vas répercuter cette intention-là sur le vivant qui t'entoure et donc ta future cueillette. les millefeuilles, ta future cueillette de la vente, ta future cueillette de que sais-je, ça va impacter les propriétés de la plante elle-même. Et on arrive à le démontrer. Tu le vends aujourd'hui,

  • Speaker #1

    tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais, de la projection de vibrations dans les champs, dans les salles de traite. Voilà, on arrive à montrer l'importance des vibrations là pour le vivant. D'ailleurs, l'inverse est vrai. Tu as aussi entendu parler de la musicalité des plantes.

  • Speaker #1

    Oui, moi aussi, avec Naomi Rossignol,

  • Speaker #0

    oui. Et bien en fait, aujourd'hui, en Colombie, il y a des petits appareils qui circulent dans les viveros. Les viveros, c'est les endroits où on... C'est une sorte de banque de graines et de plants dits indigènes, parce qu'en fait, ce sont des plants qui ne sont pas hybridés, qui ont été récupérés en forêt primaire. Et il y a de plus en plus de personnes qui se dédient à ce métier-là. Et il branche ce petit appareil sur les plantes et dans la terre, et tu entends la musicalité de la plante. C'est absolument incroyable. Et en fait, quand tu rentres en conscience avec ce monde de l'invisible qui nous fait si peur en Occident, qui est parfois relié au monde de la sorcellerie, tu vois, on relie beaucoup le monde des plantes médicinales au monde des sorcières dans notre société. Aujourd'hui, je le lis d'une toute autre façon. Et c'est tellement beau, justement, de le relire avec à la fois mon bagage, on va dire, très cartésien, très cerveau droit, et d'y apporter. Peut-être l'âge venant et la sagesse de toutes ces femmes qui m'entourent, ça m'aide énormément à ça. Ici, en Colombie, c'est absolument pas tabou et encore moins, comment dire, foufou, tu vois, de dire que tu crois en la magie.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Vraiment, les gens, mais même à responsabilité, même, tu l'entends en politique, enfin, je sais pas si t'as vu le dessin animé, je peux pas faire de publicité, mais du géant Disney, Anne Kanto, qui raconte un peu cette magie de la Colombie. C'est à peine caricatural, je te promets. C'est-à-dire que vraiment, tu te balades dans la campagne, tout le monde a une histoire de magie à te raconter avec une plante dans le village. Tout le monde, de toutes les générations. Et ce n'est pas un truc farfelu qu'on raconte dans des contes d'il y a 200 ans. Non, non, c'est quelque chose qui s'est passé potentiellement l'année dernière. Ils croient vraiment dur comme fer. Et ils vont te donner leurs preuves, ils vont argumenter en communauté dessus. C'est impressionnant, ça. comment ce monde de l'invisible arrive dans toutes les sphères de la société et d'ailleurs j'ai une anecdote à te confier on en discutait hier avec des amis de Medellin demain commence un immense festival de la brueria, c'est à dire de la sorcellerie à Medellin et le patrocinador le mécène n'est rien d'autre que la plus grande caisse de compensation ici ça fonctionne comme ça tout ça santé, prise en charge par les mutuelles, ce sont des grandes caisses très riches du coup qui l'assurent et c'est la plus grande caisse de la région qui est Sponsor, ça a fait polémique jusqu'au Parlement colombien parce que je crois que c'est un député qui s'est exprimé, un conservateur au hasard, disant mais qu'est-ce que c'est que ça d'introduire en ville des savoir-faire sur les sorcières, de faire des ateliers sur la cuisine vivante, de faire intervenir des gens sur le pouvoir de la magie dans notre quotidien colombien, ils ont répondu, je te l'enverrai si tu veux, un communiqué d'une justesse pour expliquer combien culturellement ces savoir-faire-là sont déterminants pour la préservation de la culture d'Amérique latine. Et c'est vraiment génial de perpétuer ça. Ça va être en grande pompe, en plein centre de l'église, deux jours dédiés à ces savoir-faire-là. Et d'ailleurs, il ne se passe pas une semaine sans que moi j'ai ici une connaissance qui lance un séminaire sur les savoir-faire des sorcières, sur l'alchimie moderne, sur un atelier de découverte de telles plantes médicinales, sur... Comment gérer ta périménopause à l'aide de telle ou telle plante médicinale ? C'est vraiment partie du quotidien ici.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu disais que les plantes médicinales sont en tout cas utilisées en prévention. Comment est-ce que tu peux nous dire, en tout cas, comment est-ce que tu accompagnes toi-même les femmes qui sont enceintes et aussi les femmes en postpartum ? Alors... je te laisserai préciser, effectivement, on n'est pas là pour donner des conseils, et tu l'as bien dit, ça n'a pas des vocations curatives. On est simplement là pour que tu puisses, en tout cas, nous ouvrir et nous éveiller à la puissance et aux vertus et aux bienfaits de l'utilisation des plantes. Et je pense qu'on est tous d'accord pour dire combien toi aussi, tu es vraiment très puissante, Camille, et tu as aussi ta sagesse, au-delà de celle qui te l'est transmise. Donc vraiment, vraiment. Merci en tout cas pour ça et peut-être nous dire quelques mots sur l'accompagnement effectivement que tu proposes à travers ces plantes sur les femmes qui vont donner la vie.

  • Speaker #0

    Génial, merci de me donner l'opportunité de parler de ça parce que je trouve que c'est encore trop rare en Occident. On en parle très peu. D'ailleurs je le vois aussi dans les offres de mes consoeurs, heureusement ou malheureusement je ne sais pas encore l'expliquer. C'est quasiment un grand oublié des accompagnements en Occident. On parle de plus en plus de massages, de tissus, d'alimentation au sens large, mais les plantes en tant que telles, je le vois encore que très, très rarement. Je pense que pour ça, il faut peut-être revenir au tout début, au tout début qui est son propre chemin. C'est-à-dire avant d'aller chercher quelqu'un qui va te faire une consultation, que ce soit naturopathe, herboriste. expert en médecine ayurvédique, on n'en a pas parlé, mais ça fait aussi partie de mes formations à moi et de mon chemin, une des médecines ancestrales les plus élaborées en la matière, qui englobe aussi les épices qui font partie du champ de la médecine par les plantes. Je voudrais revenir vraiment à ce préalable qui est de comment soi-même on évolue dans son environnement naturel. Et on l'oublie tellement dans nos quotidiens citadins. Qu'est-ce que c'est notre terroir ? J'adore ce mot en français. Il n'existe pas en espagnol. Il n'existe pas en anglais. Ce terroir, c'est-à-dire la relation entre la personne qui habite la terre, qui la travaille avec ses mains, qui la respire, qui la vit avec ses cinq sens, et la terre en elle-même. Je pense que c'est le conseil que je donnerais à toute personne qui souhaite cheminer, enceinte ou pas. C'est d'abord reprendre conscience de son terroir. pas votre lieu de résidence principale si vous êtes trop déconnecté d'une parcelle de terre. C'est peut-être chez vos parents, chez les amis, sur votre territoire de naissance. Mais revenir à ce terroir-là et vous questionner là-dessus. Quel est le climat dans lequel vous vous sentez bien, vous sentez que c'est votre terre d'attachement parce que d'aller chercher, si tu veux, des plantes de n'importe quelle culture... ça n'aurait pas de sens. Tu vois bien d'ailleurs les plantes qui s'adaptent à tel climat. Nous, ce n'est pas vrai. On s'adapte au climat, notre biotope, notre micro... Le microbiote, tout ça s'adapte en fonction de ce qui nous entoure. Donc, mon conseil premier, ce serait ça. Ce serait de se questionner sur notre territoire, notre terroir et d'aller faire une première marche de reconnaissance des plantes qui nous entourent, des arbres qui nous entourent. Et d'aller nous reconnecter à ça. Il n'y a pas besoin de connaître de la théorie. Juste se connecter avec les cinq sens. Ça fleurit à quelle période de l'année ? Qu'est-ce que ça sent ? Est-ce qu'on est plutôt sur des arbustes à croissance rapide ? Est-ce qu'on est plutôt sur des massifs ? Est-ce qu'au contraire, ce sont des arbres plutôt esselés ça et là ? Est-ce que je suis sur de la prairie ? Juste connecter à ça et on n'a pas besoin d'aller... Faire des randos de kilomètres et kilomètres. Non, non, vraiment autour de chez soi. Et suite à ça, on peut enclencher la seconde. Commencer à demander l'autorisation au territoire. Ici, jamais je pars en randonnée avec une communauté sans faire un rituel d'introduction au terroir. Ils ne l'appellent pas terroir, mais ils demandent la permission à la terre de nous accueillir. Et c'est vraiment fort. On fait des minutes de silence. Même avec trois enfants, je le fais. Ils ne te laissent pas le choix. Souvent, ils ont d'ailleurs des grandes. Ils arrivent avec une précédente récolte qui dépose dans la terre à l'entrée où on est. Ou ils vont remettre quelque chose dans le Rio, dans le fleuve le plus proche. Et ça, ça m'est arrivé plus d'une fois. Donc, à nous d'y mettre ce qu'on veut, on n'est pas obligé d'aller forcément s'inventer quelque chose qui serait trop loin de notre culture. Mais juste, voilà, ce temps de reconnexion, de grâce à cet environnement proche. Et une fois qu'on se sent un peu plus légitime, quelque part, à y pénétrer, là, on peut imaginer arriver à l'autre étape, qui est celle de la cueillette.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Mais seulement là, tu vois. Je trouve que c'est hyper important de réintroduire vraiment ce principe de cueillette en conscience. On en parlait tout à l'heure sur la juste mesure. sur l'importance de ne pas déforester, de ne pas en prendre trop par rapport à son besoin personnel.

  • Speaker #1

    Ça aussi.

  • Speaker #0

    D'aller stocker trop pour que ça s'érime, qu'on n'en ait pas besoin. Il y a vraiment avec les plantes médicinales cette idée de la juste mesure et j'adore ça. Et donc seulement après, vraiment se rapprocher des plantes et voir comment ça résonne tout simplement avec nous, avec notre accent. C'est ce qu'on se sent appelé par une couleur, par une odeur, par un toucher. tu vois, et reconnecter avec notre instinct. Et ça, c'est vraiment partie intégrante de mes accompagnements de doula. Le fil rouge, je dirais, de tout ce que j'essaye d'apporter comme outil, de reconnecter par les cinq sens à notre instinct, je pense que c'est un des plus beaux apprentissages de la maternité. On est notre meilleure capitaine à bord, tu vois, et les plantes nous offrent cette sagesse-là. Donc en fait, en évoluant dans un champ, dans une petite parcelle, dans un potager, très vite, on va revenir à son âme d'enfant, à sa curiosité d'enfant. Et c'est vraiment un chemin que j'invite à faire, une expérience initiatique de chacun. Pas besoin forcément d'avoir un guide, même si ça rassure parfois, ça sécurise. Voilà, c'est vraiment quelque chose de très intime. Et suite à ça... L'idée, c'est vraiment de prendre le temps, comme je disais. C'est assez à contre-courant peut-être de la rentabilité de beaucoup d'actions dans nos quotidiens aujourd'hui, mais on n'est pas obligé de tout de suite accrocher avec une réponse.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Une relation qui se tisse vraiment dans le temps. Encore une fois, on en revient un peu à la magie, tu vois, de cette connexion. Il y a peut-être des plantes qui vont nous impressionner. Moi, par exemple, je suis très impressionnée par le saoko. Le saoko en français, ah mince, j'ai plus le mot qui me vient. Il est très commun en France aussi. Attends, je te le retrouve.

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y.

  • Speaker #0

    Le sureau. Ah oui,

  • Speaker #1

    ok.

  • Speaker #0

    Tu vois, le sureau, pourquoi ? parce que quand il n'est pas mature, il est très dangereux pour la santé. Il est très dangereux. Il est létal même. Et donc, c'est une plante qui m'a impressionnée. J'y vais toujours avec beaucoup de parcimonie alors que c'est un excellent anti-allergène, que c'est un excellent anti-tout. Tu vois qu'il y a énormément de personnes qui le travaillent en sirop. Tu vois, c'est encore une plante qui m'impressionne.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    C'est pas encore arrivé. Et pourtant, j'ai été guidée plein de fois dans des cueillettes, rassurée sur ses propriétés. Je connais le stade de maturité de sa fleur. Voilà, je ne suis pas encore mature pour le transformer.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #0

    En revanche, l'ortie, qui m'impressionnait beaucoup petite, j'ai appris aujourd'hui à le cueillir sans gants, à communiquer vraiment avec la plante pour enlever les propriétés urticaires. Et c'est vraiment génial. Aujourd'hui, je le travaille à main nue, je le sèche, j'en fais des soupes. Au revoir. Oui, tout un tas d'aromatica pour les femmes enceintes, pour qu'elles refassent le plein de minéraux, de fer. Voilà, tu vois, c'est très propre à chacun. Il n'y a pas un chemin. Vraiment, j'invite chacun à connecter, dès qu'il est entouré de nature. Vraiment, ça peut être un exercice et une gymnastique, en fait, de faire cette connexion au terroir, à chaque fois qu'on se rend appelé par un territoire.

  • Speaker #1

    C'est magnifique, c'est tellement précieux en plus et j'imagine et je visualise aussi la femme enceinte avec cette connexion et cette connexion aussi in utero qui est extrêmement puissante et ça c'est très très beau ce que tu viens d'écrire là sur cette connexion au terroir qui effectivement, en tout cas à mon sens, n'a jamais été évoquée dans ces termes-là, en tout cas ça doit être extrêmement rare si ça l'a été, donc merci Camille encore une fois pour ça. Est-ce que tu pourrais nous partager des rituels ? C'est vrai que je suis très, très, très friande de ce partage, de ces transmissions sur les rituels, sur les savoirs ancestraux. Est-ce que tu as pu voir ou est-ce que peut-être toi-même, tu proposes avec le cheminement respectif de chacune, différents rituels, alors soit attirés à la femme qui devient mère ou autour du nouveau-né ? avec cette symbiose et cette connexion aux plantes.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Je vais t'en parler de deux, tiens, parce qu'il y en a une infinité et comme je te disais, ils sont très peu documentés. Donc, c'est très empirique. C'est des choses dont je peux témoigner par les expériences que je vis ici avec les parterras. Le premier, qui est maintenant de plus en plus reconnu, bien qu'encore vraiment de la culture orale, c'est un rituel de plantes qui a lieu lors des accouchements ici. sur la partie pacifique de la Colombie. C'est un rituel hérité de la tradition afro-descendante. Ce sont des parterras afros qui le perpétuent aujourd'hui. Il s'agit d'une boisson qui est faite à partir de canne à sucre. En fait, c'est une distillation de canne à sucre qui permet de monter à peu près jusqu'à 40 degrés en alcool. Donc ça impressionne. En Occident, on se dit, oh là là, mais de l'alcool à donner à des femmes qui sont sur le point d'accoucher. Sauf qu'en fait, il se trouve que c'est une macération de plantes, un peu comme un rhum arrangé, tu vois, que les parterras vont faire avec les plantes de leur chakra. Et c'est des plantes qui vont être toniques pour l'utérus et pour aider dans la dernière phase de l'accouchement. Elle le donne, cette boisson-là s'appelle le Viche, ça s'écrit V-I-C-H-E. Le Viché, qui est reconnu aujourd'hui au patrimoine immatériel de la Colombie. C'est reconnu comme une boisson médicinale. Et les parterras le donnent aux femmes qui sont sur le point de délivrer. Donc, elles sont déjà en train de dilater. En général, elles sont quasiment à dilatation complète. Et il y a une variante de ce Viché qui s'appelle la Tomaseca, que l'on donne précisément pour aider aux dernières contractions de poussée et à la délivrance du placenta.

  • Speaker #1

    Ok, il me semble qu'Yael a accouché de cette manière, parce qu'elle nous parlait d'une boisson qui lui a été donnée, et qu'effectivement, l'enfantement, le déclenchement s'est fait dans les secondes qui ont suivi, dans les minutes qui ont suivi.

  • Speaker #0

    C'est très très puissant, elle ne donne jamais la recette complète, elle te cite quelques plantes, tu as la chance de les suivre dans les coulisses de préparation, mais ça reste des alchimies encore bien préservées. très présente, quoi. Vraiment, aujourd'hui, il y a plus de 80 parterras officielles recensées dans cette région, notamment du Choco, de la Colombie. Pour ceux qui aimeraient y voyager, c'est absolument incroyable. Ce sont des terres qui charment immédiatement, parce qu'en fait, au-delà d'un contexte social évidemment très dur, de populations qui ont été oppressées, marginalisées pendant des années, évidemment, et qui se battent tous les jours pour leurs droits, en termes de nature, ce qui a préservé ces territoires-là, c'est qu'ils ne sont toujours pas pas relié par la terre. Donc, à part une connexion depuis la ville de Cali, qui est située au sud de la Colombie, et qui dessert le port de Buenaventura, tristement connu pour être le plus gros port de trafic de cocaïne dans le monde, à part cette connexion-là, tiens, on pourrait parler de la coca, on va en parler d'ailleurs, à part ce port-là, tout le reste n'est desservi qu'en avion ou par bateau. Donc, du coup, on est sur un territoire ... du Pacifique déjà, avec ses courants, ses différentes... Enfin, c'est des espèces incroyables qui transument par là, que ce soit les tortues, les baleines. Et quelques mètres à l'intérieur des terres, on arrive immédiatement en forêt primaire. Voilà. Et donc, de fait, elles ont des territoires, des terroirs ultra préservés, avec des plantes médicinales qu'on retrouve nulle part ailleurs. Voilà, ça explique pourquoi c'est une boisson qui a pu être préservée dans le temps, qui est encore assez méconnue en Europe. Mais je vois que ça arrive, ça y est, dans certains restaurants. En mixologie aussi, le viché est en train d'arriver dans des bars français. Voilà. Comme quoi, tu vois, d'une plante médicinale à une boisson médicinale, on arrive bientôt à des ingrédients pour des cocktails branchés.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Dans des bars.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors je t'avoue que sur la cocaïne, je suis assez intéressée aussi parce que c'était l'une des questions. Effectivement, là tu viens de le dire, l'alcool en tout cas pour nous, la vision, elle est très biaisée en tout cas et c'est très intéressant ce que tu nous partages là. Alors sur la cocaïne, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?

  • Speaker #0

    Oui, la coca, c'est vraiment partie intégrante du territoire en fait. C'est une plante médicinale qui est millénaire en Amérique latine. qui aujourd'hui est un objet de recherche très fort pour te dire il y a une exposition qui a fait grand bruit ici au musée d'art moderne de Medellin qui vient de se terminer sur la coca et qui va partir voyager dans le monde entier pour redonner à cette plante ses lettres de noblesse parce qu'en fait son dérivé triste qu'est la cocaïne et qui fait des ravages dans le monde entier est bien loin à des années lumières Merci. qui est l'essence de cette plante. En fait, cette plante, quand elle est bien manipulée, quand elle est même donnée aux enfants, pour te dire ici, elle est utilisée en prévention du mal des montagnes. Et nous, on en a parlé à nos filles au Pérou, la coca, elle est donnée en infusion, elle est donnée en bonbons, elle est donnée en sirop, elle est donnée en teinture mère, sans aucun problème aux enfants. Encore une fois, on en revient à la connaissance des doses. au respect, la conscience de cette plante. Si tu la transformes, évidemment, avec tout un tas de procédés chimiques pour en faire une drogue, tu pervertis l'essence même de la plante. Et c'est la même chose avec le tabac. Le tabac, c'est l'autre grand protecteur du territoire américain. Ici, on parle de la abuela coca et la abuelo tabaco. C'est vraiment les deux grands protecteurs des territoires ici. Et ils sont souvent invoqués par les parterras en début de rituel. C'est vraiment des plantes très, très, très importantes de purification, de reconnexion à soi. On les consomme très, très souvent en communauté avant un rituel, pendant un rituel et de toute forme. D'ailleurs, la coca, elle ne se travaille pas qu'en feuilles. Elle se travaille aussi en une poudre qui s'apparente un peu à de la farine. Aujourd'hui, c'est même devenu tellement à la mode que la plupart des restaurants ici le propose un peu comme un matcha, ça a le même goût en fait. Et c'est servi en topping sur des desserts aujourd'hui. En fait, on revient à des basiques de ces plantes, le tabac qui est souvent signifié en fait en râpé, en poudre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Rien à voir avec l'usage de la cigarette qu'on connaît en Occident, tu vois. Donc voilà, tout ça, encore une fois, c'est un chemin sur lequel on peut investiguer soi-même. Il y a de la littérature qui arrive de plus en plus sur ces sujets. Il y a des artistes, comme je te disais, qui s'emparent de ces sujets et donc des expositions itinérantes qui... permettent aussi de vulgariser, j'ai pas peur de dire ce mot, mais oui, de faire connaître de plus en plus les vertus de ces plantes médicinales au plus grand nombre. Et alors en tant que telle, la coca et le tabac, je les ai pas vus dans des rituels de femmes enceintes et postpartum. Un rituel qui m'émeut énormément en postpartum, c'est tout ce qui va concerner les bains de vapeur. Ici, c'est très pratiqué. Tu le sais, pour vraiment faciliter la récupération en postpartum, on va faire tout pour garder le chaud dans le corps, que ce soit par l'intérieur, une nourriture qui soit nourrissante, chaude, des tisanes, des caldos. Donc les caldos, c'est les bouillons d'os, mais aussi les bouillons de légumes. mais aussi par l'extérieur. Et c'est ça que nous enseignent aussi ces sagesses ancestrales. C'est que vraiment d'aussi loin que les femmes avec lesquelles je discute remontent, elles se souviennent que leur mère revenait du potager avec des plantes médicinales pour ensuite les mettre dans l'eau bouillante. Et alors, elles le font avec les moyens qu'elles ont, c'est-à-dire qu'elles se mettent souvent sous un drap. Elles n'ont pas de petites huttes. Il n'y a pas forcément... ici en Colombie, en tout cas, de construction dédiée à ça, au Mexique un peu plus, avec le rituel, tu sais, de témascal. Le témascal, oui. Encore que rares sont les témascals qui sont vraiment pérennes. Souvent, tu sais, c'est itinérant, c'est des méritats qui se déplacent avec les pierres, avec les couvertures, avec les condins de bois. Donc, c'est quand même toute une organisation pour le trouver dans un quotidien. Non, ici, elles le font vraiment avec les moyens du bord. Donc aujourd'hui, les marmites, ça peut être des marmites en terre cuite, en inox maintenant, ou même en plastique dans certaines communautés de climat tropical. Et puis, elles vont se mettre sous un grand tissu et elles vont réchauffer leur corps de l'extérieur avec les propriétés des plantes médicinales qui infusent en même temps. Et après, elles vont se baigner avec. Ça c'est un rituel qui est encore très très présent et je l'ai vu dans toutes les communautés, c'est-à-dire que vraiment celui-là en postpartum, que ce soit sur une plage du Pacifique, au fin fond des Andes ou en Amazonie, il est pratiqué, mais à chaque fois avec des plantes du terroir. Et souvent d'ailleurs c'est drôle parce que d'une part à l'autre, elles ne connaissent pas du tout les plantes de la voisine, d'où cette importance, on en parlait tout à l'heure, de connecter à son terroir propre. C'est notre outil de travail le plus adapté en fait. Et alors après, il y a un rituel aussi que j'aime beaucoup en postpartum qui s'appelle le rituel de la Hualtasca, qui est absolument pas connu en Occident, qui est un rituel de cataplasme de plantes médicinales qu'on pratique en général à plus de six semaines postpartum pour être sûre qu'on ait bien toute la sphère, toute la matrice cicatrisée. C'est une mixture d'une quinzaine à vingtaine de plantes qu'on travaille dans un mixeur en fait. Des plantes qui ont été séchées préalablement. qu'on peut travailler avec de l'argile aussi mais je ne l'ai pas toujours vu comme ça je l'ai vu avec quelque chose de un peu plus de trash encore pour notre culture qui est l'urine de la femme elle-même le liant ça donne une espèce de pâte qui est ensuite appliquée avec tout un rituel, là je te le raconte vraiment en simplifiant mais ce sont des rituels qui durent des heures et des heures c'est souvent fait le soir au coucher de soleil quand on est sûr Merci. que la parturiante va pouvoir enfin se reposer. Donc elle est vraiment allongée, souvent on lui met le bébé en allaitement à côté, et on lui fait un cataplasme sur le ventre, avec toutes ses plantes médicinales. On l'entoure ensuite de phara traditionnel, là-bas ça s'appelait chumpi, au Pérou. Un dérivé de la chumbe, un dérivé de la phara, t'as dû en entendre parler, qui viennent entourer, réchauffer le corps. Et ensuite, plus largement d'un drap et de couverture si on est dans un pays froid. Et elle est censée rester comme ça toute la nuit pour que les propriétés des plantes absorbent, soient absorbées par sa matrice et restaurent son utérus. Et tu vois, là, on revient... à la question initiale que tu me posais sur le lien au passage, là, vraiment, c'est-à-dire, voilà, comment les plantes vont accompagner le passage d'une fin de maternité à la continuité de ta vie.

  • Speaker #1

    Ça, c'est intéressant aussi, ce lien entre ces différents passages, effectivement. Et je pense aussi au deuil périnatal et toutes sortes de passages, en définitive, tout au long, en fait, de son chemin de femme, et Dieu sait qu'il doit y en avoir. et Camille, alors on pourrait t'écouter pendant des heures donc heureusement qu'on a prévu quatre épisodes sur des thématiques différentes mais sur celles-ci, sur les plantes. Tu vas pouvoir nous dire en tout cas que tu vas bientôt nous rejoindre en tout cas en métropole, en France et c'est vrai qu'à t'écouter je me dis, et que tu l'as dit tu as déjà en tout cas visité nos terroirs tu vas ramener justement tous ces savoirs ici en France, à Paris Merci. Et ma deuxième question aussi, Camille, ça serait, tu l'as dit, ce sont des transmissions orales. Est-ce que c'est quelque chose que tu souhaites aussi transmettre à l'écrit ? C'est une question que je te pose qui me vient.

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Pour l'instant, je le fais avec parcimonie, tu vois, que ce soit sur les réseaux, ma newsletter, sur quelques petites recettes très pratico-pratiques parce que j'adore, j'ai à cœur vraiment que les femmes expérimentent par elles-mêmes. Donc, si ça peut aider aussi à décomplexer certaines femmes, et je le comprends, pour qui ça semble encore être un monde très éloigné, très loin de notre quotidien, tant mieux. Donc, comme j'adore le principe, tu sais, des petits pas et des choses très pratico-pratiques pour se lancer, ben voilà mon approche. Si je l'écris, ce sera pour des choses très pratico-pratiques. Mais écrire, si tu veux, sur la théorie, sur des grandes leçons, déjà, je ne m'en sens pas légitime encore aujourd'hui. et je suis pas sûre que ce soit le moyen le plus évident pour connecter aujourd'hui. Vu les expériences que je vis ici, j'en suis encore plus convaincue. Je pense que rien ne remplace le présentiel, enfin vraiment ce fait de vivre ça, cette connexion dont je t'ai parlé tout à l'heure. Et c'est pour ça, alors sans vouloir faire ma pub, mais quand même, parce que du coup, j'ai vraiment réfléchi des formats qui, j'espère, sont innovants aussi dans leur forme. Je vais proposer une retraite vraiment initiatique de connexion. à ces plantes médicinales en mars prochain.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà, donc toutes celles qui se sentent appelées sont les bienvenues. On va connecter pendant 4 nuits, 5 jours ensemble pour vraiment se lancer en fait. C'est vraiment l'idée d'impulser ça en communauté de femmes qui du coup vont partager cette passion commune pour les plantes médicinales et la cuisine vivante. Ça va être un mix des deux. Suite à ça, on fera des rendez-vous virtuels qui seront oraux effectivement mais qui seront supportés par quelques supports écrits également de théorie et à la fin on se réunira en novembre 2026 à Paris pour clôturer avec un grand week-end de restitution chacune qui explicitera un projet dédié sur les plantes médicinales voilà c'est l'idée de vivre vraiment une année comme un rituel initiatif des plantes avec les cinq sens mis à l'épreuve voilà j'y crois énormément et je crois tellement à la force du groupe aussi que je ne me sens pas aujourd'hui encore d'écrire une formation prête à l'emploi sur laquelle tu te connecterais sur une plateforme et puis chacun la digère quand elle souhaite. Non, vraiment.

  • Speaker #1

    Ça ne fait pas sens.

  • Speaker #0

    Je pense que tu l'as vu après notre discussion. Ah non, non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On comprend d'autant plus. On comprend d'autant plus. Alors peut-être encore une fois, et mon Dieu, ce n'est pas de la publicité, mon Dieu, que j'ai envie d'en faire justement sur ce que tu vas pouvoir aussi créer à Paris. Alors si tu peux nous en dire effectivement quelques mots sur ton retour.

  • Speaker #0

    Oui, avec plaisir. On rentre en janvier 2026. Je vais reprendre mes quartiers à Paris, en plein centre, sur un lieu que j'ai appelé « Sur un nuage » depuis des années pour celles qui me connaissent et dans lequel je vais reprendre. mon activité de doula, de masothérapeute. Je vais proposer de nouveaux soins inspirés de tous ces apprentissages d'ici, de nouvelles formations. Je pratique maintenant dans l'eau, par exemple. Voilà, donc tout ça, ça va se repasser dans le centre de Paris. Et je vais ouvrir un nouveau lieu que j'ai appelé SOROR, S-O-R-O-R, en hommage aux liens qu'on tisse entre femmes. Et sur ce lieu perché comme un nuage au-dessus de Paris, on va pouvoir se rencontrer, échanger, éprouver, vivre des expériences. Et c'est un lieu que j'imagine de co-création. Et je vais lancer sous peu d'ailleurs un appel à co-créer pour toutes les femmes qui se sentent appelées. Et bien après d'ailleurs, sur toute l'année 2026-2027, il va y avoir une programmation qui va se ficeler au fil des mois avec des ateliers, des talks, des dîners, des expériences, des choses très insolites aussi hors les murs et qui iront peut-être jusqu'au Pyrénées. J'ai la chance d'avoir un terroir de cœur et de naissance. au Pyrénées, au sud de Toulouse et dans lequel j'aimerais aussi faire vibrer toutes les femmes qui s'en sont en Pérou.

  • Speaker #1

    Magnifique, quel beau projet. Écoute Camille, vraiment merci, merci. Je remettrai en tout cas toutes les informations que tu nous as transmises, notamment sur aussi l'ouverture de ce lieu, Sauror, en description de l'épisode. Comme ça, celles qui nous écoutent pourront aussi aller le lire. Et mille merci, Camille, vraiment, que ça fait du bien. que ça fait du bien d'entendre tes mots et ce lien au vivant, ce lien aux plantes, c'est vraiment précieux. En tout cas, peut-être que toi, tu baignes dedans, mais nous, tu le sais. Ce n'est pas quelque chose qui est anodin, qui est commun, malheureusement, mais on t'attend avec impatience aussi et ça fait du bien d'entendre des femmes comme toi, des personnes comme toi qui nous permettent de se reconnecter à cet essentiel. Donc, vraiment, merci infiniment d'avoir pris ce temps-là. d'échanges et on se retrouve pour un deuxième épisode qui sera consacré aux traditions autour du post-accouchement et on le disait tout à l'heure en off avec ce lien aussi peut-être et tu viens de le dire aussi avec ta venue sur Paris avec l'eau, je pense que ça sera aussi l'occasion peut-être de pouvoir en discuter à ce moment-là entre autres traditions rituelles, savoirs et autres transmissions que tu as pu avoir et que tu vas nous nourrir encore et encore Merci beaucoup Camille et j'ai envie de te dire aussi bonne continuation et bonne fin de séjour d'ici à janvier t'as encore un peu de temps mais merci infiniment en tout cas pour tout ce que tu es

  • Speaker #0

    Merci Marion, merci à toi pour ton écoute et la voix précieuse que tu offres à toutes ces sages à San Sestral j'ai hâte de vous retrouver

  • Speaker #1

    A bientôt Camille Merci belle maman pour ton écoute si précieuse et pour ta présence dans cet espace où on ne cesse de s'émerveiller et de se questionner face à ce livre ouvert qu'est le monde, à la fois dans son extériorité et dans son antériorité. Si tu as aimé ce moment de partage et que tu souhaites ancrer cet épisode qui t'a apporté, porté ou nourri, je te laisse déposer avec le cœur une note sur ta plateforme d'écoute, souvent ce sont des étoiles, ou encore commenter l'épisode écouté en description de ce dernier. sur Spotify ou sur YouTube, par exemple. Ou encore, me laisser un avis Google pour que Mamel et les récits et savoirs transmis par les femmes qui passent derrière mon micro rayonnent encore et encore. Enfin, si ton esprit de curiosité est toujours en éveil après cet épisode, tu peux aller découvrir ma boutique artisanale en ligne sur mamel.fr où tu pourras voyager à travers les femmes et mères du monde que je crée et représente Merci. en bougies de cire végétale. Tu pourras également t'inscrire à ma newsletter pour ne rien manquer des rituels, des mots-pensées et des différentes découvertes venues d'ici et d'ailleurs qui résonnent dans nos cœurs de mamas du monde et que j'ai bien évidemment à cœur de vous partager chaque mois. Voilà belle mama, cet épisode est terminé. Je te laisse doucement revenir à ta réalité, à ton quotidien et surtout mama. N'oublie pas, ta maternité, comme ta féminité, est un univers aussi merveilleux que le monde a exploré.

Description

Aujourd'hui, j'ai le b-honneur immense d'ouvrir une nouvelle mini-série de 4 épisodes avec Camille DENOY sur les sagesses ancestrales d'Amérique latine. Ce premier épisode est dédié aux sagesses des plantes médicinales de ces terres si riches, diversifiées et nourricières du continent sud américain que Camille explore depuis plusieurs années maintenant.


Camille vit à Medellin en Colombie, au cœur de la cordillère des Andes, avec son compagnon et ses trois filles. Elle revient sur sa double casquette professionnelle : l'une en tant que doula, un métier qu'elle exerce depuis plus de 8 ans, après avoir connu une première grossesse arrêtée in utero ; l'autre en tant que conseillère dans les filières responsables avec les producteurs de terroirs, en France, en Europe, en Asie et en Amérique latine.


Camille nous inonde d' informations sourcées sur les plantes qu'elle a reçues soit par transmissions orales, au contact des populations locales, soit au travers de sa grande passion d'investigation qui l'anime tant.


Camille nous décrit ici ce qu'est la medicina en Amérique latine, un usage des plantes quotidien en prévention et non en curation comme on le pratique dans nos frontières. Un riche échange sur les vertus des plantes de la main de celle/celui qui les cultive, les récolte jusqu'à leur utilisation.


Camille met l'accent sur la richesse naturelle incroyable de la Colombie, reconnue comme le deuxième pays les plus riches en biodiversité au monde, après le Brésil. Elle revient aussi sur le pillage de certaines terres et sur l'importance de tout à chacun de prendre ce temps d'explorer l'environnement qui nous entoure, de ré-apprendre la magie des plantes de nos terroirs en les ressentant et en les consommant en conscience.


Entre la coca, le viche et les multiples rituels autour de la maternité, Camille vous embarque dans un voyage qui vous transcendera de multiples façons afin de vous permettre d'ouvrir de nouveaux horizons et vous proposer une nouvelle lecture des plantes qui nous entourent, nous portent et nous apportent depuis la nuit des temps ...


Un immense MERCI à Camille pour sa présence et sa confiance !


➡️ Pour retrouver Camille sur Instagram : @mamacam__ / @soror.collective


👁️ Pour retrouver l'Univers MAM'ELLES :


MAM'ELLES est un podcast réalisé par Marion TERTEREAU.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et bienvenue dans mon univers Mamel. qui est à la fois un podcast, une newsletter et une boutique artisanale dans laquelle je crée mes propres bougies autour de la maternité et de la féminité. Je m'appelle Marion et j'ai créé cet espace qui respire l'universalité des cultures, des traditions, des rituels autour de la femme qui devient mère et de la mère qui renaît femme. Chaque intervenante, quel que soit le sujet de l'épisode, viendra faire un pont entre les traditions, les savoirs, les mémoires, les rituels ancestraux et les pratiques actuelles et récits dominants contemporains sur la maternité, la parentalité ou encore la féminité entendue au féminin sacré. Chaque semaine, nous nous retrouverons ici pour cheminer ensemble à travers les récits et les savoirs transmis par des femmes et des mères venues des quatre coins du monde qui sèmeront des graines d'une meilleure connaissance de notre nature profonde. Avant chaque épisode, je t'invite à prendre un temps pour te poser, puis te déposer, afin de voguer légère dans ce lieu de partage doux et profond à la fois, où la parole est libre et où l'ambiance est parfois intime, parfois sacrée. Tu peux même prendre le temps d'observer l'environnement dans lequel tu es, ou la nature qui t'entoure. Cette nature... qui a ce langage discret et puissant, surtout fait de cycles, de passages et de mouvements, comme nous finalement. J'aime résumer nos rendez-vous sous une note artistique, alors je poursuis cette invitation au voyage en te demandant désormais d'imaginer une toile blanche face à laquelle tu es assise, accueillant ton énergie du moment, le passage actuel de ta vie et le cycle de ta présente saison antérieure, prends ce pinceau imaginaire dans ta main de cœur et dans un élan vital, produis ce geste du peintre, celui du mouvement qui sort de toi afin de créer quelque chose là où il n'existait rien auparavant. Ce geste incarne l'essence de Mamel, un geste qui donne du sens à la vie, qui apporte de la beauté et favorise le partage. Cette expression, qui s'apparente à une pratique spirituelle de connexion avec soi-même et de connexion aux autres, est une source infinie d'étonnement et d'émerveillement. C'est cette source que nous allons côtoyer ensemble ici, au fil des épisodes. J'éprouve cet élan et ce plaisir, je l'avoue, de te proposer de te renouveler sans cesse, par un apprentissage dynamique et permanent. À travers ce tableau blanc, comme point de départ de chaque moment passé ensemble ici. Ce, afin de vivre une aventure différente, à chaque fois, avec un voyage dont la destination ne t'est pas connue. Ainsi, une trace est laissée sur cette toile, telle une empreinte, tout en laissant le loisir à cette œuvre de bouger avec la lumière du temps et de changer de ton à chaque regard porté dessus. Voilà, belle-mama ! L'essence de Mamel. J'arrête là ma petite allégorie de Mamel et je te laisse découvrir la nouvelle invitée du jour en te souhaitant un beau voyage au cœur de ta matrice. Bonjour Camille !

  • Speaker #1

    Bonjour Marion !

  • Speaker #0

    Je suis contente de t'avoir, je te connais en tout cas et j'ai découvert ton compte il n'y a pas si longtemps et je pense que toi aussi ça a été pareil pour le mien, la magie en tout cas des réseaux sociaux. Une merveilleuse découverte à la fois de ton univers et aussi de la femme que tu es, de la mère que tu es, simplement parce que j'ai été happée par le contenu que tu nous partages très régulièrement sur ton réseau social Instagram précisément. mais aussi par la profondeur des messages que tu nous envoies, que tu nous transmets, à travers toute cette richesse que tu as pu en tout cas recevoir en Amérique latine, puisque maintenant ça fait plusieurs années que tu y es, et aussi également sur tous ces savoirs, ces rituels et toutes ces transmissions qui à mon sens sont des essentiels que l'on perd, ou en tout cas on s'éloigne beaucoup trop, et je pense en tout cas et je le dis dès maintenant à l'un de ces messages forts que tu portes autour du placenta pour moi c'est en tout cas l'une des vidéos qui m'a happé et qui est essentielle pour moi et je voulais te remercier pour tout ce contenu parce que c'est un travail de fond qui est très précieux en dehors de tous les accompagnements bien évidemment que tu fais autour des femmes et des mères naissantes donc voilà déjà merci Camille pour tout ça Et pour moi, c'est un vrai honneur de t'avoir aujourd'hui, d'autant plus pour ouvrir une série à l'image un peu de celle qu'on avait fait avec Yael, pour celles qui ont déjà écouté les épisodes sur les Rebozo. On a décidé ensemble, en tout cas, d'ouvrir une mini-série de quatre épisodes autour des sagesses ancestrales que tu as pu recevoir à travers ces différentes années passées en Amérique latine. Et en tout cas, aujourd'hui, c'est autour des plantes médicinales qu'on va dédier cet épisode, à la fois sur leur bienfait, leur utilisation autour du féminin, autour de la femme qui devient mère et de la mère qui est renée femme. Voilà, on avait décidé en tout cas de pouvoir porter à la connaissance de celles qui vont les écouter, et ce peut-être... un petit peu de ton savoir. Donc voilà, c'est un immense merci déjà pour tout ce que tu vas pouvoir nous transmettre, Camille. Et donc, j'ai assez parlé. Sans plus tarder, je te laisse te présenter à la fois côté perso et côté pro avant de rentrer dans le cœur du sujet.

  • Speaker #1

    Merci Marion, à toi, pour tes mots qui me touchent beaucoup. Je suis très, très honorée d'être au micro de Mamel aujourd'hui. Avec toi, parce que je me reconnais énormément dans la mission que tu portes, les voies que tu permets de mettre en lumière. Donc très très honorée de m'inscrire dans cette lignée avec toutes les consœurs que tu as pu interviewer avant et qui font partie de mon chemin de doula, de mère depuis tant d'années. Donc écoute, je vais essayer d'honorer la mission au mieux. Et je te parle aujourd'hui depuis la Colombie, à 8000 kilomètres de toi. Je vais vous montrer. trouve effectivement depuis plus d'un an aujourd'hui, après de longs autres voyages initiatiques là-bas. On a pris la décision avec mon compagnon de s'y installer. Donc, on est établi à Medellín, au cœur de la Cordillère des Andes. Je ne sais pas si tu le connais. Et en même temps, le projet était de voyager. Donc, en fait, on a une sorte de routine quotidienne quand même à Medellín avec nos filles qui sont scolarisées. Nous qui travaillons, mais on avait planifié et on continue de planifier d'ailleurs toute une excursion de voyages, de rencontres, d'échanges, de formations pour aller à la rencontre de ce continent. Et c'est d'une richesse inouïe. Et je suis ravie de pouvoir te témoigner un peu de tous ces apprentissages-là aujourd'hui et d'en faire part à tous ceux et toutes celles qui nous écouteront.

  • Speaker #0

    Alors professionnellement parlant, tu étais doula accompagnante avant de partir en Amérique latine ?

  • Speaker #1

    Oui, ça fait huit ans en fait que je suis formée en tant que doula depuis ma première grossesse en réalité, qui n'est pas la grossesse qui m'a permis de rencontrer mon premier enfant puisque j'ai perdu ma première grossesse à trois mois. Et ça, ça a été vraiment un choc. décisif en fait dans ma vie de femme et professionnelle. Je dis souvent que j'ai vécu trois petites morts ou en tout cas trois passages, tu vois, comme des chrysalides qui se défont et refont. L'une quand j'avais 16 ans, une autre quand j'ai eu 21 ans. Et donc pour la première, c'était plutôt le passage de l'enfance à l'adolescence, l'autre de l'adolescence à la vie adulte. Et là, vraiment, je suis rentrée. tout de go de la vie de femme à la vie de mère, avec cette première grossesse et cette mort in utero absolument inattendue, et plus qu'inattendue, j'en avais jamais entendu parler, en fait. Il y avait vraiment ce truc autour de moi, des langues qui étaient encore très peu déliées sur toutes les facettes de la maternité, à l'héritage d'une génération qui parlait peu, ou quand elle... parler de choses quand même relativement polissées, un héritage judéo-chrétien sans doute. Et du coup, je suis tombée de 12 étages et pourtant, je m'estime presque chanceuse finalement dans le parcours qu'on a vécu parce que ça a été une grossesse qui était déjà voulue, une grossesse qui est arrivée sur le premier cycle, tu vois, sans aucun problème de conception et un petit cœur. qu'on avait entendu battre deux semaines avant sans aucun problème. Mais la prise en charge de cet arrêt de grossesse a été tellement catastrophique que j'ai réalisé qu'on pouvait vivre à ce moment-là le pire dans un parcours de maternité. Et pour commencer sa vie de mère, je dois dire que ça a été assez compliqué. Donc en deux mots, je me suis retrouvée dans une salle d'échographie avec un homme d'une soixantaine d'années dans un cabinet. flamboyant parisien où tu payes 200 euros la consultation. Et il avait tout l'attirail, il baissait les rideaux, dit à mon compagnon, ça va être la plus belle séance de cinéma de votre vie, préparez-vous. Et puis, voilà, en deux coups de cuillère à peau, c'était réglé. Il avait mis la sonde sur mon ventre et il me regarde. Ah ben, il est mort. Voilà. Bon, ben, je dois y aller, madame. Je suis désolée, j'ai des rendez-vous. Et puis, de toute façon, c'est le week-end qui commence. Il était 15h un vendredi. Et il a fermé devant nous son cabinet avec deux parents en larmes qui ne savaient pas quoi faire. Et ben voilà, vous attendrez le week-end. Et puis, si toujours rien ne s'est passé le lundi, n'hésitez pas à aller consulter. Parce qu'effectivement, il faudra envisager autre chose. Allez, bon week-end.

  • Speaker #0

    Wow, quelle violence.

  • Speaker #1

    Et donc, si tu veux, suite à ça, je ne l'ai pas intellectualisé tout de suite, mais ça a été clairement mon première épiphanie, on va dire, sur mon chemin de mère. Malheureusement, non. C'est un contexte assez violent, mais de me dire que ce n'était pas possible de continuer comme ça et de me faire entourer de la sorte. J'ai commencé à investiguer à partir de là. Et finalement, ça a été une très grande joie. Après ça, j'ai réussi à convertir cette expérience et ce petit bout de vie qui était passé par nous, avec toute l'incompréhension qu'elle est avec, en une opportunité pour ensuite... accueillir au mieux les autres vies qui se présentaient. Voilà.

  • Speaker #0

    Camille, peut-être, alors, ce n'est pas le sujet principal, mais je pense que c'est vraiment important de prendre ce temps-là parce que, tu l'as dit, on a beaucoup de synchronicité, de choses qui sont en commun, et j'ai commencé aussi ma vie de mère exactement de la même façon. C'est vraiment incroyable ce que tu viens de décrire. Et peut-être avec l'expérience que tu as eue à travers différents pays et peut-être nous dire... Quelle est la vision peut-être aussi de la mort en Amérique latine ? Est-ce que tu as pu avoir des retours, notamment sur comment est appréhendé le deuil périnatal, notamment ? Est-ce que tu as des informations par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, complètement. Après, je me garderai de faire des généralités parce que ce qui est sûr, c'est que j'ai un regard qui est de toutes les façons biaisé, que j'essaye évidemment de rendre le plus neutre possible. et c'est hyper cool compliqué parce qu'on arrive avec un passé quand même de plusieurs générations de colonisation dans ce continent tu le sais, c'est très fort avec une évangélisation qui est très marquée des populations avec du coup un grand écart aujourd'hui dans les savoirs dans les savoirs être aussi, tu vois et du coup la perception de ces moments de vie qui peut être très différente d'une communauté à l'autre on a aussi des climats extrêmement variés qui font que les populations vivent dans des dynamiques qui n'ont rien à voir entre celles qui vivent à 3 000 à 4 000 mètres d'altitude dans les Andes, celles qui sont sur le Pacifique avec un héritage afro-descendant, celles qui sont au fin fond de l'Amazonie, d'autres communautés qui vont être dans les déserts. J'ai la chance d'apprécier aujourd'hui cette pluralité-là, donc c'est très compliqué pour moi de te faire une généralité de ce que j'observe. Ce que j'observe ici, c'est la grande richesse de ce continent, c'est que... La population qu'on appelle indigène en espagnol, indígenas, et ce n'est pas du tout un gros mot, au contraire, ils souhaitent se faire appeler comme ça. On appelle ça plutôt population autochtone en Europe ou première nation en Amérique du Nord. Ces populations-là, en Colombie en tout cas, représentent plus de 8% de la population du pays. Donc c'est énorme. Et ce sont des gens qui vivent encore de façon très marquée en communauté. Avec une organisation, avec des rituels, avec une codification, avec un vestuario, enfin tu vois, toute une façon de s'habiller en fonction des moments de la vie de la communauté, très très marquée, voilà. Et je pense que cette vie en communauté, qui est encore très persistante dans ce que j'observe, mais encore une fois c'est biaisé puisque je vais précisément chercher les rencontres avec ces communautés. Exactement. mais elle ne représente que 8% de la population déclarée ici en Colombie oui de fait ils sont de ce que je perçois ce sont des passages en fait et évidemment qu'il y a de la tristesse évidemment que le christianisme est passé par là aussi et que du coup il y a un syncrétisme dans les rituels de mort avec à la fois les rituels d'enterrement catholique Merci. qui se mêlent à l'invocation des esprits, à des rituels de retour aux éléments. J'ai assisté à pas mal de choses encore, malheureusement, la semaine dernière. On marchait dans une communauté d'Amazonie où il y a eu un suicide d'un jeune de la communauté, la nuit même où on était. Donc, on a assisté aux rituels d'enterrement et à toute la... la cosmovision de la communauté dans ce cas-là, qui est encore bien particulier, comme c'est une mort qui n'est pas naturelle. Ils traitent ce rituel-là de façon très différente. C'est sûr que c'est perçu beaucoup plus comme un passage. Ici, on entend très régulièrement que la personne nous a donné, nous a offert dans cette vie-là, et Ausha , comme ils disent. elle continuera dans une autre vie à donner différemment j'entends rarement le mot de réincarnation en tant que tel mais en tout cas vraiment de passage en espagnol si,

  • Speaker #0

    beaucoup c'est intéressant déjà et en même temps tu viens de nous nourrir aussi un petit peu de la richesse effectivement du continent tel qu'il est parce que c'est vrai, je pense que c'est très intéressant aussi ce que tu viens de dire sur la notion et le mot indigène Merci. parce que j'avais entendu effectivement que des fois, il y avait des personnes qui avaient du mal à l'utiliser parce que mal connotées. Et c'est intéressant ce que tu viens de nous apporter aussi là comme information et la diversité aussi. C'est là en fait la richesse aussi, je pense, qui est très intéressante là-dessus. Alors peut-être, Camille, on va peut-être rentrer dans le cœur du sujet avec le centre, le cœur de notre échange aujourd'hui qui est à travers les plantes médicinales, peut-être nous dire Quelle est toi d'ailleurs, ta propre histoire et ta propre rencontre et ta propre aussi appétence, approche et passion pour les plantes médicinales ?

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir, oui. Et je voudrais en intro sur ce sujet rendre hommage à toutes les femmes qui ont fait partie de mon chemin et qui continuent d'ailleurs de le paver, de l'illuminer, de me montrer la voie parce que c'est vraiment quelque chose, en tout cas c'est vraiment un chemin que je vis aujourd'hui. et dans lequel je me sens portée par toute une communauté d'autres femmes, d'autres hommes aussi, évidemment. Je trouve que c'est important, pour moi en tout cas, de leur rendre hommage parce que c'est des femmes qui ont pris soin du vivant pendant tellement d'années de leur vie, à garder des graines, à les reproduire, à tenter des choses, à faire des recettes, à les faire goûter à leur entourage. Et c'est grâce à elles qu'on a tout ce patrimoine vivant qui se perpétue aujourd'hui. Voilà, donc un immense merci à toutes les matronas, les mamitas, les curanderas, toutes ces femmes qui me transmettent aujourd'hui. Et voilà, je pense que quand on commence sur ce chemin, c'est important d'avoir conscience de la lignée dans laquelle on s'inscrit avec les plantes. pour arriver dans une forme d'humilité, de respect. Parce que quand tu discutes avec des femmes comportant 60, 70 ans d'expérience dans la chagra, la chagra, c'est le potager médicinal en Amérique latine. elles apprennent tous les jours et elles te le disent avec une humilité qui est juste magnifique. C'est impressionnant d'être ici au cœur de la biodiversité la plus riche de la planète. La Colombie, c'est le deuxième pays le plus biodivers au monde après le Brésil. Ils partagent une grande partie d'un biotope commun qui est l'Amazonie. La Colombie a cette particularité d'avoir deux façades maritimes. l'Atlantique Pacifique, qui rend très très riche sa biodiversité marine également. Et donc, à partir de là, ça explique aussi pourquoi ce sont des pays qui sont autant fers de lance dans la conservation des savoir-faire en ce niveau, sur les plantes médicinales. Ça explique aussi pourquoi les populations sont tant attachées, sont tant connectées à ce type de médecine, et le présentent aujourd'hui dans leur quotidien. Mais du coup, pour revenir à ta question, sur moi plus personnellement, mon chemin de vie avec les plantes, je le date de l'enfance à travers la gastronomie. C'est vraiment mes premiers souvenirs d'enfance, de me retrouver en fin d'été avec mes grandes-tantes qui étaient sœurs, vivant ensemble et sans enfants. Tu vois, vraiment des vies comme on n'en sait plus. Elles avaient vécu vraiment... toute leur vie ensemble et le rituel de fin d'été c'était d'aller faire les cueillettes de figues d'oignons, des Ausha de plantes aromatiques qu'on faisait sécher et qu'on allait ensuite mettre en conserve pour passer l'automne et l'hiver et c'est vraiment mes premiers souvenirs de connexion ultra simples voire même en grandissant ultra rétro, tu vois, je me disais adolescente, mais tu vois, de récupérer comme ça les conservants verts d'une année sur l'autre. Je me souviens, tu vois, le temps qu'elle prenait à aller redemander à tous les cousins, j'en ai plus de 25 de ce côté-là, d'aller leur rendre les pots en verre pour venir les re-remplir pour l'année suivante. Et je trouvais ça à l'époque tellement rétro, je me disais mais c'est pas possible, mais quel temps elle perd ! Et puis aujourd'hui, je trouve ça, au contraire, tellement novateur. tellement de bon sens voilà moi c'est vraiment ces souvenirs là de mélanger cette sauce tomate, cette ratatouille ces confitures, ces fruits au sirop cette verveine qui sèche dans leur chambre des heures et des heures durant, c'est vraiment mon premier rapport à cette médecine de la simplicité finalement et puis après à titre plus professionnel, je me suis spécialisée donc il y a 10 ans maintenant ... dans la création de filières responsables avec les producteurs de terroirs. En France, puis en Europe, puis en Asie, et puis maintenant en Amérique latine. Et ça, c'est un chemin qui me remplit de joie. C'est juste exceptionnel parce que, en fait, je suis convaincue que l'alimentation, c'est notre première médecine. Les outils à portée de main tellement simples pour équilibrer un cycle, équilibrer une humeur, restaurer un sommeil. améliorer une digestion, booster une immunité. J'ai fait l'expérience de tellement de choses sur mon propre corps et maintenant aussi sur ceux de mes enfants. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est de détricoter. Je suis vraiment une passionnée de l'investigation comme tu as pu le voir sur les réseaux. Et du coup, j'adore aller à la source des choses. Et donc en 2015, je quitte le groupe LVMH chez qui j'étais depuis six ans. Et je décide de monter ma propre société de sourcing de produits de terroir.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Puisque du coup, je souhaitais faire de ma passion, à savoir le lien entre l'humain, la main, donc celui qui cultive, qui sème, qui tisse, qui travaille la terre, etc. Jusqu'à l'assiette. Et je lance ma première société qui s'appelle Terroir Mon Amour. Une eau de terroir. Je pars littéralement sur les routes de France et je pars à la rencontre de dizaines et dizaines de producteurs de terroirs sur toutes les filières que tu peux imaginer.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Et donc là, je me forme sur le terrain. Je n'ai pas du tout de bagage ingénieur agricole en tant que tel. Et je me forme avec eux sur le terrain au fil des saisons. J'en apprends tous les jours des synthèses. C'est impressionnant puisque du coup, tu es vraiment au cœur avec eux, que ce soit avec leur bête, avec... Leurs arbres, à marcher tout simplement avec eux, à voir des situations, à les épauler aussi dans les galères de grêle, de détérioration des soldes. Je continue dans cette aventure-là. J'ai toujours une activité de conseil dans ce métier-là, qui me nourrit énormément. Et c'est rajouté à ça ma casquette de doula, deux ans plus tard, donc à partir de 2016-2017. Et finalement, les deux métiers se sont réunis autour de ce sujet des plantes médicinales. Puisque dans un cas, j'étais plutôt portée sur... le bien manger, ma première casquette c'était vraiment plutôt ça, et dans l'autre le bien-être, le bien-être des femmes qui se réunit finalement avec ce sujet et donc j'ai commencé à beaucoup plus creuser d'un point de vue médicinal et c'est pas un gros mot puisqu'en fait aujourd'hui toute notre médecine occidentale, la médecine d'Hippocrate elle vient de nos plantes je pense que c'est un secret pour personne que les laboratoires font du sourcing en continu, d'ailleurs je peux témoigner ici de scènes Merci. absolument incroyable. Il y a un réel pillage qui s'opère ici. Je te le redis, on est dans un des pays les plus biodivers au monde, avec des espèces qui ne sont toujours pas investiguées. Et oui, j'ai eu des témoignages de pillages de fleurs de fraileron. Le fraileron, c'est un arbre sacré des terres froides de Colombie, qui sont les paramaux. Les paramaux, ce sont un écosystème de montagnes qui permettent de de faire une rétention de l'eau potable de l'Amérique latine. En gros, on dit qu'il y a 70% des réserves en eau de l'Amérique latine qui sont retenues dans cet écosystème qui s'apparente un peu, tu vois, à des plaines de... Tu sais, c'est spongieux, tu vois, on s'enfonce un peu dedans quand tu marches. Et c'est des arbres à croissance très lentes, le fraileron, qui donc a la particularité de ne jamais perdre complètement ses feuilles. Donc il grandit en gardant les feuilles mortes dessous et petit à petit en s'étoffant par le haut. Et au bout de 100 ans de croissance, il ne fait à peine qu'un mètre puisqu'on est en très très haute altitude, donc avec une recharge en oxygène qui est très très faible et un ensoleillement pareil très faible. C'est un écosystème qui est prépondérant pour l'Amérique latine, qui est en train de s'effondrer avec le réchauffement climatique et les laboratoires trouvent rien de mieux que d'aller piller ce territoire. Pourquoi ? Parce qu'on vient de s'apercevoir il y a quelques années que les feuilles de fraileron pouvaient guérir du diabète. C'est impressionnant. Et que les fleurs, quand elles étaient traitées en décoction ou en macérat, étaient excellentes pour les douleurs articulaires. Et donc, tu as les plus grands labos du monde qui sont en train d'explorer ça, mais la plupart du temps sans l'accord des communautés indigènes qui prennent soin de ces territoires. Et d'ailleurs, qui sont sur leurs terres. La Colombie est très en avance sur ça, je ne sais pas si tu sais, mais c'est un des seuls pays au monde qui a reconnu des terres aux indigènes en grand nombre. Il y a une réduction très très très forte de terres qui est faite aux populations indigènes. Et plus que ça, il y a une loi qui les protège depuis 1991 et qui leur reconnaît la loi indigène. loi indigène, donc c'est une loi qui est très vaste et je ne suis pas juriste spécialisée mais j'en ai parlé avec une avocate la semaine dernière qui travaille justement avec les communautés, c'est dire que les lois qui régissent la communauté et justement les lois de comment on se soigne prévalent sur les lois dites colombiennes qui sont un héritage en réalité des conquistadors. C'est magnifique parce qu'aujourd'hui, si tu veux, ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire que les hommes et les femmes qui travaillent, ils appellent ça la médecine en espagnol, la medicina, ils te disent. La medicina, pour eux, c'est quoi ? C'est en fait l'usage des plantes à titre d'abord de prévention. D'abord de prévention. Et ça, je pense que c'est hyper important de le rappeler. C'est que nous, en Occident, on s'est habitués à consommer des médicaments en curation.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. Mais oui.

  • Speaker #1

    Ici, on prend des plans tous les jours en prévention. Les mamitas, les parteras, elles vont faire des prescriptions aux femmes qu'elles accompagnent, aux hommes qu'elles accompagnent, en fonction de l'état dans lequel ils arrivent en consultation, mais qui n'est pas nécessairement une consultation de maladie, qui est plus une consultation dite d'harmonisation. Et d'ailleurs, quand tu entres dans une communauté en tant qu'étranger, Un des premiers rituels qu'on va te proposer, voire même te demander, t'as pas trop le choix en fait, c'est de faire une harmonisation. Et on en a encore vécu une la semaine dernière avec mes filles, dans une communauté très reculée d'Amazonie. Tu arrives et tu dois consommer... tel fruit, tel légume, telle plante, pour t'harmoniser avec la communauté.

  • Speaker #0

    et du coup c'est ça qui est génial c'est à la fois de reprendre conscience de ce temps du corps de ce temps du cerveau aussi parce que finalement nourrir le corps c'est aussi nourrir le mental, c'est aussi t'habituer à prendre soin de toi dans des moments qui sont pas des moments de crise ou des moments aigus de traumatisme mais bien au contraire d'en faire presque une routine quotidienne Je me garde encore de faire des généralités, parce que tu te doutes que dans les villes comme Bogotá, Medellín, comme Lima, évidemment qu'il y a des gens aujourd'hui qui sont très déconnectés de ces savoirs des communautés autochtones. Mais en réalité, quand tu creuses, en tout cas nous, dans l'entourage qu'on a aujourd'hui, même l'entourage citadin, toutes les femmes que je côtoie ici, même à Medellín, que ce soit les parents d'élèves, que ce soit mes voisines, toutes ont une conscience très forte de l'importance des plantes dans leur quotidien. Et toutes. ont des plantes séchées chez elles, qu'elles consomment tantôt pour la digestion, tantôt pour le sommeil, etc. Donc ça, c'est très, très différent, parce que, en tout cas, dans la génération qui est la nôtre, je ne l'ai jamais perçu aussi fort en Europe. Jamais.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, Camille, tu as exploré, alors je ne sais pas si tu ne l'as pas encore dit, je crois, à quel moment tu as donné naissance à tes enfants et par rapport au parcours que tu viens de nous dire professionnel, et comment d'ailleurs tu as exploré peut-être les vertus de ces plantes, toi-même peut-être lors de tes enfantements, je ne sais pas, si tu peux nous transmettre justement comment elles ont pu te soutenir et t'accompagner.

  • Speaker #0

    Et oui, avec plaisir. En fait, on a eu cette chance, après cet épisode douloureux, de retomber enceinte très facilement. Donc, j'étais de nouveau enceinte en juillet 2017 et j'ai accouché en avril 2018. C'était notre première petite puce Emma. Et puis ensuite, on a eu une deuxième petite fille juste avant le confinement, Adèle, en décembre 2019. Et je suis maman d'une troisième petite fille en septembre 2022, Laure, qui a donc maintenant trois ans. Voilà. Et je dirais qu'au début, tu vois, sur mes chemins de grossesse, les plantes médicinales en tant que telles, ou en tout cas intellectualisées en tant que telles, n'ont pas vraiment fait partie de mon chemin. C'est finalement beaucoup plus par les accompagnements que je proposais. Tu sais, c'est vraiment l'adage des cordonniers les plus mal chaussés. Au début, c'est pas tant dans mes grossesses et mes postpartums que j'ai testé les plantes médicinales. finalement, ça a plus été dans les rencontres que je faisais pour me former moi en tant que doula et dans le chemin que je suis en train de vivre aujourd'hui sur le chemin de la parteria ancestrale et traditionnelle, je ne suis pas encore officiellement partera, je suis en chemin je n'ai pas encore vocation je le sens pas encore parce que j'ai trois enfants en bas âge mais peut-être un jour viendra où je me sentirai d'accompagner des accouchements en binôme avec... d'autres par terrain aujourd'hui je suis plus sur l'avant et l'après et c'est dans ce cadre là, dans cette recherche là de comment accompagner au plus juste et justement en prévention et non pas en curation que j'ai cheminé sur ce chemin des plantes médicinales et donc aujourd'hui je suis formée par l'école Gaia, je sais pas si tu connais c'est reconnu surtout aux Etats-Unis mais ça arrive gentiment en Europe En Colombie, il y a une école reconnue et il se trouve qu'elle était à quelques kilomètres de chez nous, donc j'en ai profité et je me suis formée toute cette année auprès d'une femme absolument exceptionnelle, Constanza, et de toute une tribu parce que c'est aussi ça qui est génial, je te le disais en introduction, c'est que très vite, comme on est dans un métier d'exploration, d'alchimie, d'apprentissage aussi, de patience, on a le temps de se faire tout un tas de retours d'expérience entre femmes apprenantes. Et c'est tout aussi riche, voire plus riche que la formation théorique en tant que telle.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #0

    C'est une chose, tu vois, de connaître vraiment les propriétés, etc. C'en est une autre de la pratiquer.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et je pense que, plus fort que plein d'autres métiers que j'ai eu la chance d'apprendre dans ma petite vie, j'expérimente ça sur les plantes médicinales aujourd'hui. Donc c'est un chemin qui est... je trouve encore tout neuf pour moi. Tu vois, quand je vois ce que connaissent des femmes qui ont 40, 50 ans de bouteille et qui s'estiment encore débutantes, voilà, moi, je me dis, mais je suis vraiment qu'au début. Donc, je suis parfois un rat de bibliothèque, tu vois. Je revenais encore là hier de la bibliothèque universitaire de Medellín parce qu'il y a une Bible qui vient de paraître avec plus de 3000 plantes médicinales répertoriées. Dans le pays, c'est tout neuf, c'est une révolution pour le pays de mettre ça par écrit. On peut peut-être s'en parler, ça aussi, c'est que les enseignements que je reçois et que je transmets aujourd'hui à mon tour aux couples que j'accompagne et bientôt à Paris aussi, aux femmes qui le souhaiteront et qui se sentiront appelées, c'est une culture de l'oral.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est l'oralité, oui. Comme dans beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est compliqué à concevoir dans notre société occidentale. C'est compliqué à l'heure où, tu vois, les médecins disent... occidentaux ont des protocoles. Tu vois, des choses qui sont extrêmement normées, et pour le meilleur, évidemment, pour le meilleur, et ça sauve des vies tous les jours, et je ne m'inscrirai jamais en faux de la médecine occidentale, au contraire. Le message que je veux faire passer aujourd'hui, c'est qu'il y a tellement d'autres solutions complémentaires dans la médecine des plantes. Évidemment, à manier avec connaissance, avec, tu vois, aussi... Évidemment, conscience, mais aussi parcimonie, parce que c'est parfois grisant aussi de commencer à connaître les pouvoirs de ces plantes. Et il faut faire très attention parce que, comme dans tout, c'est des histoires de dosage, d'équilibre, aussi de ressources. Ça, on en parle peu. Je pense que chez nous, on ne s'en rend pas compte. Mais moi, je suis témoin tous les jours de l'approvrissement des ressources en plantes, mais vraiment en plantes, en fibres. encore on en parlait avant-hier avec un artisan de Barro, le Barro c'est l'argile en fait, ils arrivent plus à en trouver parce que ça a été pillé en fait tu vois, ils sont obligés d'aller de plus en plus loin de remonter les fleuves de plus en plus loin d'aller faire du troc avec d'autres communautés pour aller de plus en plus reculer en Amazonie, de plus en plus reculer dans la forêt primaire pour aller chercher ces choses-là donc quand on fait de la cueillette il faut faire de la cueillette en conscience on va pas aller tu vois déforester une parcelle pour aller faire sa récolte de kalendula non on garde pour le suivant on en garde pour que la terre se régénère et c'est tout ça que j'ai appris ici et qui s'apprend pas dans les livres c'est vraiment tu vois le fait de rentrer presque en communication avec les plantes et aujourd'hui j'ai plus peur de le dire alors que je pense qu'il y a quelques années encore je me serais dit mais oh la la ça va Camille tu vois ton cerveau cartésien qui croit vraiment en ça Merci. Mais oui, mais oui, complètement. J'ai assisté à des scènes, on parle de vibrations beaucoup, tu sais, aujourd'hui. Et ça y est, c'est des chants qui commencent à être de plus en plus étudiés. Tu vois l'impact de la façon dont toi, humain, tu vibres sur un territoire et tu vas répercuter cette intention-là sur le vivant qui t'entoure et donc ta future cueillette. les millefeuilles, ta future cueillette de la vente, ta future cueillette de que sais-je, ça va impacter les propriétés de la plante elle-même. Et on arrive à le démontrer. Tu le vends aujourd'hui,

  • Speaker #1

    tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais, de la projection de vibrations dans les champs, dans les salles de traite. Voilà, on arrive à montrer l'importance des vibrations là pour le vivant. D'ailleurs, l'inverse est vrai. Tu as aussi entendu parler de la musicalité des plantes.

  • Speaker #1

    Oui, moi aussi, avec Naomi Rossignol,

  • Speaker #0

    oui. Et bien en fait, aujourd'hui, en Colombie, il y a des petits appareils qui circulent dans les viveros. Les viveros, c'est les endroits où on... C'est une sorte de banque de graines et de plants dits indigènes, parce qu'en fait, ce sont des plants qui ne sont pas hybridés, qui ont été récupérés en forêt primaire. Et il y a de plus en plus de personnes qui se dédient à ce métier-là. Et il branche ce petit appareil sur les plantes et dans la terre, et tu entends la musicalité de la plante. C'est absolument incroyable. Et en fait, quand tu rentres en conscience avec ce monde de l'invisible qui nous fait si peur en Occident, qui est parfois relié au monde de la sorcellerie, tu vois, on relie beaucoup le monde des plantes médicinales au monde des sorcières dans notre société. Aujourd'hui, je le lis d'une toute autre façon. Et c'est tellement beau, justement, de le relire avec à la fois mon bagage, on va dire, très cartésien, très cerveau droit, et d'y apporter. Peut-être l'âge venant et la sagesse de toutes ces femmes qui m'entourent, ça m'aide énormément à ça. Ici, en Colombie, c'est absolument pas tabou et encore moins, comment dire, foufou, tu vois, de dire que tu crois en la magie.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Vraiment, les gens, mais même à responsabilité, même, tu l'entends en politique, enfin, je sais pas si t'as vu le dessin animé, je peux pas faire de publicité, mais du géant Disney, Anne Kanto, qui raconte un peu cette magie de la Colombie. C'est à peine caricatural, je te promets. C'est-à-dire que vraiment, tu te balades dans la campagne, tout le monde a une histoire de magie à te raconter avec une plante dans le village. Tout le monde, de toutes les générations. Et ce n'est pas un truc farfelu qu'on raconte dans des contes d'il y a 200 ans. Non, non, c'est quelque chose qui s'est passé potentiellement l'année dernière. Ils croient vraiment dur comme fer. Et ils vont te donner leurs preuves, ils vont argumenter en communauté dessus. C'est impressionnant, ça. comment ce monde de l'invisible arrive dans toutes les sphères de la société et d'ailleurs j'ai une anecdote à te confier on en discutait hier avec des amis de Medellin demain commence un immense festival de la brueria, c'est à dire de la sorcellerie à Medellin et le patrocinador le mécène n'est rien d'autre que la plus grande caisse de compensation ici ça fonctionne comme ça tout ça santé, prise en charge par les mutuelles, ce sont des grandes caisses très riches du coup qui l'assurent et c'est la plus grande caisse de la région qui est Sponsor, ça a fait polémique jusqu'au Parlement colombien parce que je crois que c'est un député qui s'est exprimé, un conservateur au hasard, disant mais qu'est-ce que c'est que ça d'introduire en ville des savoir-faire sur les sorcières, de faire des ateliers sur la cuisine vivante, de faire intervenir des gens sur le pouvoir de la magie dans notre quotidien colombien, ils ont répondu, je te l'enverrai si tu veux, un communiqué d'une justesse pour expliquer combien culturellement ces savoir-faire-là sont déterminants pour la préservation de la culture d'Amérique latine. Et c'est vraiment génial de perpétuer ça. Ça va être en grande pompe, en plein centre de l'église, deux jours dédiés à ces savoir-faire-là. Et d'ailleurs, il ne se passe pas une semaine sans que moi j'ai ici une connaissance qui lance un séminaire sur les savoir-faire des sorcières, sur l'alchimie moderne, sur un atelier de découverte de telles plantes médicinales, sur... Comment gérer ta périménopause à l'aide de telle ou telle plante médicinale ? C'est vraiment partie du quotidien ici.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu disais que les plantes médicinales sont en tout cas utilisées en prévention. Comment est-ce que tu peux nous dire, en tout cas, comment est-ce que tu accompagnes toi-même les femmes qui sont enceintes et aussi les femmes en postpartum ? Alors... je te laisserai préciser, effectivement, on n'est pas là pour donner des conseils, et tu l'as bien dit, ça n'a pas des vocations curatives. On est simplement là pour que tu puisses, en tout cas, nous ouvrir et nous éveiller à la puissance et aux vertus et aux bienfaits de l'utilisation des plantes. Et je pense qu'on est tous d'accord pour dire combien toi aussi, tu es vraiment très puissante, Camille, et tu as aussi ta sagesse, au-delà de celle qui te l'est transmise. Donc vraiment, vraiment. Merci en tout cas pour ça et peut-être nous dire quelques mots sur l'accompagnement effectivement que tu proposes à travers ces plantes sur les femmes qui vont donner la vie.

  • Speaker #0

    Génial, merci de me donner l'opportunité de parler de ça parce que je trouve que c'est encore trop rare en Occident. On en parle très peu. D'ailleurs je le vois aussi dans les offres de mes consoeurs, heureusement ou malheureusement je ne sais pas encore l'expliquer. C'est quasiment un grand oublié des accompagnements en Occident. On parle de plus en plus de massages, de tissus, d'alimentation au sens large, mais les plantes en tant que telles, je le vois encore que très, très rarement. Je pense que pour ça, il faut peut-être revenir au tout début, au tout début qui est son propre chemin. C'est-à-dire avant d'aller chercher quelqu'un qui va te faire une consultation, que ce soit naturopathe, herboriste. expert en médecine ayurvédique, on n'en a pas parlé, mais ça fait aussi partie de mes formations à moi et de mon chemin, une des médecines ancestrales les plus élaborées en la matière, qui englobe aussi les épices qui font partie du champ de la médecine par les plantes. Je voudrais revenir vraiment à ce préalable qui est de comment soi-même on évolue dans son environnement naturel. Et on l'oublie tellement dans nos quotidiens citadins. Qu'est-ce que c'est notre terroir ? J'adore ce mot en français. Il n'existe pas en espagnol. Il n'existe pas en anglais. Ce terroir, c'est-à-dire la relation entre la personne qui habite la terre, qui la travaille avec ses mains, qui la respire, qui la vit avec ses cinq sens, et la terre en elle-même. Je pense que c'est le conseil que je donnerais à toute personne qui souhaite cheminer, enceinte ou pas. C'est d'abord reprendre conscience de son terroir. pas votre lieu de résidence principale si vous êtes trop déconnecté d'une parcelle de terre. C'est peut-être chez vos parents, chez les amis, sur votre territoire de naissance. Mais revenir à ce terroir-là et vous questionner là-dessus. Quel est le climat dans lequel vous vous sentez bien, vous sentez que c'est votre terre d'attachement parce que d'aller chercher, si tu veux, des plantes de n'importe quelle culture... ça n'aurait pas de sens. Tu vois bien d'ailleurs les plantes qui s'adaptent à tel climat. Nous, ce n'est pas vrai. On s'adapte au climat, notre biotope, notre micro... Le microbiote, tout ça s'adapte en fonction de ce qui nous entoure. Donc, mon conseil premier, ce serait ça. Ce serait de se questionner sur notre territoire, notre terroir et d'aller faire une première marche de reconnaissance des plantes qui nous entourent, des arbres qui nous entourent. Et d'aller nous reconnecter à ça. Il n'y a pas besoin de connaître de la théorie. Juste se connecter avec les cinq sens. Ça fleurit à quelle période de l'année ? Qu'est-ce que ça sent ? Est-ce qu'on est plutôt sur des arbustes à croissance rapide ? Est-ce qu'on est plutôt sur des massifs ? Est-ce qu'au contraire, ce sont des arbres plutôt esselés ça et là ? Est-ce que je suis sur de la prairie ? Juste connecter à ça et on n'a pas besoin d'aller... Faire des randos de kilomètres et kilomètres. Non, non, vraiment autour de chez soi. Et suite à ça, on peut enclencher la seconde. Commencer à demander l'autorisation au territoire. Ici, jamais je pars en randonnée avec une communauté sans faire un rituel d'introduction au terroir. Ils ne l'appellent pas terroir, mais ils demandent la permission à la terre de nous accueillir. Et c'est vraiment fort. On fait des minutes de silence. Même avec trois enfants, je le fais. Ils ne te laissent pas le choix. Souvent, ils ont d'ailleurs des grandes. Ils arrivent avec une précédente récolte qui dépose dans la terre à l'entrée où on est. Ou ils vont remettre quelque chose dans le Rio, dans le fleuve le plus proche. Et ça, ça m'est arrivé plus d'une fois. Donc, à nous d'y mettre ce qu'on veut, on n'est pas obligé d'aller forcément s'inventer quelque chose qui serait trop loin de notre culture. Mais juste, voilà, ce temps de reconnexion, de grâce à cet environnement proche. Et une fois qu'on se sent un peu plus légitime, quelque part, à y pénétrer, là, on peut imaginer arriver à l'autre étape, qui est celle de la cueillette.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Mais seulement là, tu vois. Je trouve que c'est hyper important de réintroduire vraiment ce principe de cueillette en conscience. On en parlait tout à l'heure sur la juste mesure. sur l'importance de ne pas déforester, de ne pas en prendre trop par rapport à son besoin personnel.

  • Speaker #1

    Ça aussi.

  • Speaker #0

    D'aller stocker trop pour que ça s'érime, qu'on n'en ait pas besoin. Il y a vraiment avec les plantes médicinales cette idée de la juste mesure et j'adore ça. Et donc seulement après, vraiment se rapprocher des plantes et voir comment ça résonne tout simplement avec nous, avec notre accent. C'est ce qu'on se sent appelé par une couleur, par une odeur, par un toucher. tu vois, et reconnecter avec notre instinct. Et ça, c'est vraiment partie intégrante de mes accompagnements de doula. Le fil rouge, je dirais, de tout ce que j'essaye d'apporter comme outil, de reconnecter par les cinq sens à notre instinct, je pense que c'est un des plus beaux apprentissages de la maternité. On est notre meilleure capitaine à bord, tu vois, et les plantes nous offrent cette sagesse-là. Donc en fait, en évoluant dans un champ, dans une petite parcelle, dans un potager, très vite, on va revenir à son âme d'enfant, à sa curiosité d'enfant. Et c'est vraiment un chemin que j'invite à faire, une expérience initiatique de chacun. Pas besoin forcément d'avoir un guide, même si ça rassure parfois, ça sécurise. Voilà, c'est vraiment quelque chose de très intime. Et suite à ça... L'idée, c'est vraiment de prendre le temps, comme je disais. C'est assez à contre-courant peut-être de la rentabilité de beaucoup d'actions dans nos quotidiens aujourd'hui, mais on n'est pas obligé de tout de suite accrocher avec une réponse.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Une relation qui se tisse vraiment dans le temps. Encore une fois, on en revient un peu à la magie, tu vois, de cette connexion. Il y a peut-être des plantes qui vont nous impressionner. Moi, par exemple, je suis très impressionnée par le saoko. Le saoko en français, ah mince, j'ai plus le mot qui me vient. Il est très commun en France aussi. Attends, je te le retrouve.

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y.

  • Speaker #0

    Le sureau. Ah oui,

  • Speaker #1

    ok.

  • Speaker #0

    Tu vois, le sureau, pourquoi ? parce que quand il n'est pas mature, il est très dangereux pour la santé. Il est très dangereux. Il est létal même. Et donc, c'est une plante qui m'a impressionnée. J'y vais toujours avec beaucoup de parcimonie alors que c'est un excellent anti-allergène, que c'est un excellent anti-tout. Tu vois qu'il y a énormément de personnes qui le travaillent en sirop. Tu vois, c'est encore une plante qui m'impressionne.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    C'est pas encore arrivé. Et pourtant, j'ai été guidée plein de fois dans des cueillettes, rassurée sur ses propriétés. Je connais le stade de maturité de sa fleur. Voilà, je ne suis pas encore mature pour le transformer.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #0

    En revanche, l'ortie, qui m'impressionnait beaucoup petite, j'ai appris aujourd'hui à le cueillir sans gants, à communiquer vraiment avec la plante pour enlever les propriétés urticaires. Et c'est vraiment génial. Aujourd'hui, je le travaille à main nue, je le sèche, j'en fais des soupes. Au revoir. Oui, tout un tas d'aromatica pour les femmes enceintes, pour qu'elles refassent le plein de minéraux, de fer. Voilà, tu vois, c'est très propre à chacun. Il n'y a pas un chemin. Vraiment, j'invite chacun à connecter, dès qu'il est entouré de nature. Vraiment, ça peut être un exercice et une gymnastique, en fait, de faire cette connexion au terroir, à chaque fois qu'on se rend appelé par un territoire.

  • Speaker #1

    C'est magnifique, c'est tellement précieux en plus et j'imagine et je visualise aussi la femme enceinte avec cette connexion et cette connexion aussi in utero qui est extrêmement puissante et ça c'est très très beau ce que tu viens d'écrire là sur cette connexion au terroir qui effectivement, en tout cas à mon sens, n'a jamais été évoquée dans ces termes-là, en tout cas ça doit être extrêmement rare si ça l'a été, donc merci Camille encore une fois pour ça. Est-ce que tu pourrais nous partager des rituels ? C'est vrai que je suis très, très, très friande de ce partage, de ces transmissions sur les rituels, sur les savoirs ancestraux. Est-ce que tu as pu voir ou est-ce que peut-être toi-même, tu proposes avec le cheminement respectif de chacune, différents rituels, alors soit attirés à la femme qui devient mère ou autour du nouveau-né ? avec cette symbiose et cette connexion aux plantes.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Je vais t'en parler de deux, tiens, parce qu'il y en a une infinité et comme je te disais, ils sont très peu documentés. Donc, c'est très empirique. C'est des choses dont je peux témoigner par les expériences que je vis ici avec les parterras. Le premier, qui est maintenant de plus en plus reconnu, bien qu'encore vraiment de la culture orale, c'est un rituel de plantes qui a lieu lors des accouchements ici. sur la partie pacifique de la Colombie. C'est un rituel hérité de la tradition afro-descendante. Ce sont des parterras afros qui le perpétuent aujourd'hui. Il s'agit d'une boisson qui est faite à partir de canne à sucre. En fait, c'est une distillation de canne à sucre qui permet de monter à peu près jusqu'à 40 degrés en alcool. Donc ça impressionne. En Occident, on se dit, oh là là, mais de l'alcool à donner à des femmes qui sont sur le point d'accoucher. Sauf qu'en fait, il se trouve que c'est une macération de plantes, un peu comme un rhum arrangé, tu vois, que les parterras vont faire avec les plantes de leur chakra. Et c'est des plantes qui vont être toniques pour l'utérus et pour aider dans la dernière phase de l'accouchement. Elle le donne, cette boisson-là s'appelle le Viche, ça s'écrit V-I-C-H-E. Le Viché, qui est reconnu aujourd'hui au patrimoine immatériel de la Colombie. C'est reconnu comme une boisson médicinale. Et les parterras le donnent aux femmes qui sont sur le point de délivrer. Donc, elles sont déjà en train de dilater. En général, elles sont quasiment à dilatation complète. Et il y a une variante de ce Viché qui s'appelle la Tomaseca, que l'on donne précisément pour aider aux dernières contractions de poussée et à la délivrance du placenta.

  • Speaker #1

    Ok, il me semble qu'Yael a accouché de cette manière, parce qu'elle nous parlait d'une boisson qui lui a été donnée, et qu'effectivement, l'enfantement, le déclenchement s'est fait dans les secondes qui ont suivi, dans les minutes qui ont suivi.

  • Speaker #0

    C'est très très puissant, elle ne donne jamais la recette complète, elle te cite quelques plantes, tu as la chance de les suivre dans les coulisses de préparation, mais ça reste des alchimies encore bien préservées. très présente, quoi. Vraiment, aujourd'hui, il y a plus de 80 parterras officielles recensées dans cette région, notamment du Choco, de la Colombie. Pour ceux qui aimeraient y voyager, c'est absolument incroyable. Ce sont des terres qui charment immédiatement, parce qu'en fait, au-delà d'un contexte social évidemment très dur, de populations qui ont été oppressées, marginalisées pendant des années, évidemment, et qui se battent tous les jours pour leurs droits, en termes de nature, ce qui a préservé ces territoires-là, c'est qu'ils ne sont toujours pas pas relié par la terre. Donc, à part une connexion depuis la ville de Cali, qui est située au sud de la Colombie, et qui dessert le port de Buenaventura, tristement connu pour être le plus gros port de trafic de cocaïne dans le monde, à part cette connexion-là, tiens, on pourrait parler de la coca, on va en parler d'ailleurs, à part ce port-là, tout le reste n'est desservi qu'en avion ou par bateau. Donc, du coup, on est sur un territoire ... du Pacifique déjà, avec ses courants, ses différentes... Enfin, c'est des espèces incroyables qui transument par là, que ce soit les tortues, les baleines. Et quelques mètres à l'intérieur des terres, on arrive immédiatement en forêt primaire. Voilà. Et donc, de fait, elles ont des territoires, des terroirs ultra préservés, avec des plantes médicinales qu'on retrouve nulle part ailleurs. Voilà, ça explique pourquoi c'est une boisson qui a pu être préservée dans le temps, qui est encore assez méconnue en Europe. Mais je vois que ça arrive, ça y est, dans certains restaurants. En mixologie aussi, le viché est en train d'arriver dans des bars français. Voilà. Comme quoi, tu vois, d'une plante médicinale à une boisson médicinale, on arrive bientôt à des ingrédients pour des cocktails branchés.

  • Speaker #1

    Non mais c'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Dans des bars.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors je t'avoue que sur la cocaïne, je suis assez intéressée aussi parce que c'était l'une des questions. Effectivement, là tu viens de le dire, l'alcool en tout cas pour nous, la vision, elle est très biaisée en tout cas et c'est très intéressant ce que tu nous partages là. Alors sur la cocaïne, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?

  • Speaker #0

    Oui, la coca, c'est vraiment partie intégrante du territoire en fait. C'est une plante médicinale qui est millénaire en Amérique latine. qui aujourd'hui est un objet de recherche très fort pour te dire il y a une exposition qui a fait grand bruit ici au musée d'art moderne de Medellin qui vient de se terminer sur la coca et qui va partir voyager dans le monde entier pour redonner à cette plante ses lettres de noblesse parce qu'en fait son dérivé triste qu'est la cocaïne et qui fait des ravages dans le monde entier est bien loin à des années lumières Merci. qui est l'essence de cette plante. En fait, cette plante, quand elle est bien manipulée, quand elle est même donnée aux enfants, pour te dire ici, elle est utilisée en prévention du mal des montagnes. Et nous, on en a parlé à nos filles au Pérou, la coca, elle est donnée en infusion, elle est donnée en bonbons, elle est donnée en sirop, elle est donnée en teinture mère, sans aucun problème aux enfants. Encore une fois, on en revient à la connaissance des doses. au respect, la conscience de cette plante. Si tu la transformes, évidemment, avec tout un tas de procédés chimiques pour en faire une drogue, tu pervertis l'essence même de la plante. Et c'est la même chose avec le tabac. Le tabac, c'est l'autre grand protecteur du territoire américain. Ici, on parle de la abuela coca et la abuelo tabaco. C'est vraiment les deux grands protecteurs des territoires ici. Et ils sont souvent invoqués par les parterras en début de rituel. C'est vraiment des plantes très, très, très importantes de purification, de reconnexion à soi. On les consomme très, très souvent en communauté avant un rituel, pendant un rituel et de toute forme. D'ailleurs, la coca, elle ne se travaille pas qu'en feuilles. Elle se travaille aussi en une poudre qui s'apparente un peu à de la farine. Aujourd'hui, c'est même devenu tellement à la mode que la plupart des restaurants ici le propose un peu comme un matcha, ça a le même goût en fait. Et c'est servi en topping sur des desserts aujourd'hui. En fait, on revient à des basiques de ces plantes, le tabac qui est souvent signifié en fait en râpé, en poudre.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Rien à voir avec l'usage de la cigarette qu'on connaît en Occident, tu vois. Donc voilà, tout ça, encore une fois, c'est un chemin sur lequel on peut investiguer soi-même. Il y a de la littérature qui arrive de plus en plus sur ces sujets. Il y a des artistes, comme je te disais, qui s'emparent de ces sujets et donc des expositions itinérantes qui... permettent aussi de vulgariser, j'ai pas peur de dire ce mot, mais oui, de faire connaître de plus en plus les vertus de ces plantes médicinales au plus grand nombre. Et alors en tant que telle, la coca et le tabac, je les ai pas vus dans des rituels de femmes enceintes et postpartum. Un rituel qui m'émeut énormément en postpartum, c'est tout ce qui va concerner les bains de vapeur. Ici, c'est très pratiqué. Tu le sais, pour vraiment faciliter la récupération en postpartum, on va faire tout pour garder le chaud dans le corps, que ce soit par l'intérieur, une nourriture qui soit nourrissante, chaude, des tisanes, des caldos. Donc les caldos, c'est les bouillons d'os, mais aussi les bouillons de légumes. mais aussi par l'extérieur. Et c'est ça que nous enseignent aussi ces sagesses ancestrales. C'est que vraiment d'aussi loin que les femmes avec lesquelles je discute remontent, elles se souviennent que leur mère revenait du potager avec des plantes médicinales pour ensuite les mettre dans l'eau bouillante. Et alors, elles le font avec les moyens qu'elles ont, c'est-à-dire qu'elles se mettent souvent sous un drap. Elles n'ont pas de petites huttes. Il n'y a pas forcément... ici en Colombie, en tout cas, de construction dédiée à ça, au Mexique un peu plus, avec le rituel, tu sais, de témascal. Le témascal, oui. Encore que rares sont les témascals qui sont vraiment pérennes. Souvent, tu sais, c'est itinérant, c'est des méritats qui se déplacent avec les pierres, avec les couvertures, avec les condins de bois. Donc, c'est quand même toute une organisation pour le trouver dans un quotidien. Non, ici, elles le font vraiment avec les moyens du bord. Donc aujourd'hui, les marmites, ça peut être des marmites en terre cuite, en inox maintenant, ou même en plastique dans certaines communautés de climat tropical. Et puis, elles vont se mettre sous un grand tissu et elles vont réchauffer leur corps de l'extérieur avec les propriétés des plantes médicinales qui infusent en même temps. Et après, elles vont se baigner avec. Ça c'est un rituel qui est encore très très présent et je l'ai vu dans toutes les communautés, c'est-à-dire que vraiment celui-là en postpartum, que ce soit sur une plage du Pacifique, au fin fond des Andes ou en Amazonie, il est pratiqué, mais à chaque fois avec des plantes du terroir. Et souvent d'ailleurs c'est drôle parce que d'une part à l'autre, elles ne connaissent pas du tout les plantes de la voisine, d'où cette importance, on en parlait tout à l'heure, de connecter à son terroir propre. C'est notre outil de travail le plus adapté en fait. Et alors après, il y a un rituel aussi que j'aime beaucoup en postpartum qui s'appelle le rituel de la Hualtasca, qui est absolument pas connu en Occident, qui est un rituel de cataplasme de plantes médicinales qu'on pratique en général à plus de six semaines postpartum pour être sûre qu'on ait bien toute la sphère, toute la matrice cicatrisée. C'est une mixture d'une quinzaine à vingtaine de plantes qu'on travaille dans un mixeur en fait. Des plantes qui ont été séchées préalablement. qu'on peut travailler avec de l'argile aussi mais je ne l'ai pas toujours vu comme ça je l'ai vu avec quelque chose de un peu plus de trash encore pour notre culture qui est l'urine de la femme elle-même le liant ça donne une espèce de pâte qui est ensuite appliquée avec tout un rituel, là je te le raconte vraiment en simplifiant mais ce sont des rituels qui durent des heures et des heures c'est souvent fait le soir au coucher de soleil quand on est sûr Merci. que la parturiante va pouvoir enfin se reposer. Donc elle est vraiment allongée, souvent on lui met le bébé en allaitement à côté, et on lui fait un cataplasme sur le ventre, avec toutes ses plantes médicinales. On l'entoure ensuite de phara traditionnel, là-bas ça s'appelait chumpi, au Pérou. Un dérivé de la chumbe, un dérivé de la phara, t'as dû en entendre parler, qui viennent entourer, réchauffer le corps. Et ensuite, plus largement d'un drap et de couverture si on est dans un pays froid. Et elle est censée rester comme ça toute la nuit pour que les propriétés des plantes absorbent, soient absorbées par sa matrice et restaurent son utérus. Et tu vois, là, on revient... à la question initiale que tu me posais sur le lien au passage, là, vraiment, c'est-à-dire, voilà, comment les plantes vont accompagner le passage d'une fin de maternité à la continuité de ta vie.

  • Speaker #1

    Ça, c'est intéressant aussi, ce lien entre ces différents passages, effectivement. Et je pense aussi au deuil périnatal et toutes sortes de passages, en définitive, tout au long, en fait, de son chemin de femme, et Dieu sait qu'il doit y en avoir. et Camille, alors on pourrait t'écouter pendant des heures donc heureusement qu'on a prévu quatre épisodes sur des thématiques différentes mais sur celles-ci, sur les plantes. Tu vas pouvoir nous dire en tout cas que tu vas bientôt nous rejoindre en tout cas en métropole, en France et c'est vrai qu'à t'écouter je me dis, et que tu l'as dit tu as déjà en tout cas visité nos terroirs tu vas ramener justement tous ces savoirs ici en France, à Paris Merci. Et ma deuxième question aussi, Camille, ça serait, tu l'as dit, ce sont des transmissions orales. Est-ce que c'est quelque chose que tu souhaites aussi transmettre à l'écrit ? C'est une question que je te pose qui me vient.

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Pour l'instant, je le fais avec parcimonie, tu vois, que ce soit sur les réseaux, ma newsletter, sur quelques petites recettes très pratico-pratiques parce que j'adore, j'ai à cœur vraiment que les femmes expérimentent par elles-mêmes. Donc, si ça peut aider aussi à décomplexer certaines femmes, et je le comprends, pour qui ça semble encore être un monde très éloigné, très loin de notre quotidien, tant mieux. Donc, comme j'adore le principe, tu sais, des petits pas et des choses très pratico-pratiques pour se lancer, ben voilà mon approche. Si je l'écris, ce sera pour des choses très pratico-pratiques. Mais écrire, si tu veux, sur la théorie, sur des grandes leçons, déjà, je ne m'en sens pas légitime encore aujourd'hui. et je suis pas sûre que ce soit le moyen le plus évident pour connecter aujourd'hui. Vu les expériences que je vis ici, j'en suis encore plus convaincue. Je pense que rien ne remplace le présentiel, enfin vraiment ce fait de vivre ça, cette connexion dont je t'ai parlé tout à l'heure. Et c'est pour ça, alors sans vouloir faire ma pub, mais quand même, parce que du coup, j'ai vraiment réfléchi des formats qui, j'espère, sont innovants aussi dans leur forme. Je vais proposer une retraite vraiment initiatique de connexion. à ces plantes médicinales en mars prochain.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà, donc toutes celles qui se sentent appelées sont les bienvenues. On va connecter pendant 4 nuits, 5 jours ensemble pour vraiment se lancer en fait. C'est vraiment l'idée d'impulser ça en communauté de femmes qui du coup vont partager cette passion commune pour les plantes médicinales et la cuisine vivante. Ça va être un mix des deux. Suite à ça, on fera des rendez-vous virtuels qui seront oraux effectivement mais qui seront supportés par quelques supports écrits également de théorie et à la fin on se réunira en novembre 2026 à Paris pour clôturer avec un grand week-end de restitution chacune qui explicitera un projet dédié sur les plantes médicinales voilà c'est l'idée de vivre vraiment une année comme un rituel initiatif des plantes avec les cinq sens mis à l'épreuve voilà j'y crois énormément et je crois tellement à la force du groupe aussi que je ne me sens pas aujourd'hui encore d'écrire une formation prête à l'emploi sur laquelle tu te connecterais sur une plateforme et puis chacun la digère quand elle souhaite. Non, vraiment.

  • Speaker #1

    Ça ne fait pas sens.

  • Speaker #0

    Je pense que tu l'as vu après notre discussion. Ah non, non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On comprend d'autant plus. On comprend d'autant plus. Alors peut-être encore une fois, et mon Dieu, ce n'est pas de la publicité, mon Dieu, que j'ai envie d'en faire justement sur ce que tu vas pouvoir aussi créer à Paris. Alors si tu peux nous en dire effectivement quelques mots sur ton retour.

  • Speaker #0

    Oui, avec plaisir. On rentre en janvier 2026. Je vais reprendre mes quartiers à Paris, en plein centre, sur un lieu que j'ai appelé « Sur un nuage » depuis des années pour celles qui me connaissent et dans lequel je vais reprendre. mon activité de doula, de masothérapeute. Je vais proposer de nouveaux soins inspirés de tous ces apprentissages d'ici, de nouvelles formations. Je pratique maintenant dans l'eau, par exemple. Voilà, donc tout ça, ça va se repasser dans le centre de Paris. Et je vais ouvrir un nouveau lieu que j'ai appelé SOROR, S-O-R-O-R, en hommage aux liens qu'on tisse entre femmes. Et sur ce lieu perché comme un nuage au-dessus de Paris, on va pouvoir se rencontrer, échanger, éprouver, vivre des expériences. Et c'est un lieu que j'imagine de co-création. Et je vais lancer sous peu d'ailleurs un appel à co-créer pour toutes les femmes qui se sentent appelées. Et bien après d'ailleurs, sur toute l'année 2026-2027, il va y avoir une programmation qui va se ficeler au fil des mois avec des ateliers, des talks, des dîners, des expériences, des choses très insolites aussi hors les murs et qui iront peut-être jusqu'au Pyrénées. J'ai la chance d'avoir un terroir de cœur et de naissance. au Pyrénées, au sud de Toulouse et dans lequel j'aimerais aussi faire vibrer toutes les femmes qui s'en sont en Pérou.

  • Speaker #1

    Magnifique, quel beau projet. Écoute Camille, vraiment merci, merci. Je remettrai en tout cas toutes les informations que tu nous as transmises, notamment sur aussi l'ouverture de ce lieu, Sauror, en description de l'épisode. Comme ça, celles qui nous écoutent pourront aussi aller le lire. Et mille merci, Camille, vraiment, que ça fait du bien. que ça fait du bien d'entendre tes mots et ce lien au vivant, ce lien aux plantes, c'est vraiment précieux. En tout cas, peut-être que toi, tu baignes dedans, mais nous, tu le sais. Ce n'est pas quelque chose qui est anodin, qui est commun, malheureusement, mais on t'attend avec impatience aussi et ça fait du bien d'entendre des femmes comme toi, des personnes comme toi qui nous permettent de se reconnecter à cet essentiel. Donc, vraiment, merci infiniment d'avoir pris ce temps-là. d'échanges et on se retrouve pour un deuxième épisode qui sera consacré aux traditions autour du post-accouchement et on le disait tout à l'heure en off avec ce lien aussi peut-être et tu viens de le dire aussi avec ta venue sur Paris avec l'eau, je pense que ça sera aussi l'occasion peut-être de pouvoir en discuter à ce moment-là entre autres traditions rituelles, savoirs et autres transmissions que tu as pu avoir et que tu vas nous nourrir encore et encore Merci beaucoup Camille et j'ai envie de te dire aussi bonne continuation et bonne fin de séjour d'ici à janvier t'as encore un peu de temps mais merci infiniment en tout cas pour tout ce que tu es

  • Speaker #0

    Merci Marion, merci à toi pour ton écoute et la voix précieuse que tu offres à toutes ces sages à San Sestral j'ai hâte de vous retrouver

  • Speaker #1

    A bientôt Camille Merci belle maman pour ton écoute si précieuse et pour ta présence dans cet espace où on ne cesse de s'émerveiller et de se questionner face à ce livre ouvert qu'est le monde, à la fois dans son extériorité et dans son antériorité. Si tu as aimé ce moment de partage et que tu souhaites ancrer cet épisode qui t'a apporté, porté ou nourri, je te laisse déposer avec le cœur une note sur ta plateforme d'écoute, souvent ce sont des étoiles, ou encore commenter l'épisode écouté en description de ce dernier. sur Spotify ou sur YouTube, par exemple. Ou encore, me laisser un avis Google pour que Mamel et les récits et savoirs transmis par les femmes qui passent derrière mon micro rayonnent encore et encore. Enfin, si ton esprit de curiosité est toujours en éveil après cet épisode, tu peux aller découvrir ma boutique artisanale en ligne sur mamel.fr où tu pourras voyager à travers les femmes et mères du monde que je crée et représente Merci. en bougies de cire végétale. Tu pourras également t'inscrire à ma newsletter pour ne rien manquer des rituels, des mots-pensées et des différentes découvertes venues d'ici et d'ailleurs qui résonnent dans nos cœurs de mamas du monde et que j'ai bien évidemment à cœur de vous partager chaque mois. Voilà belle mama, cet épisode est terminé. Je te laisse doucement revenir à ta réalité, à ton quotidien et surtout mama. N'oublie pas, ta maternité, comme ta féminité, est un univers aussi merveilleux que le monde a exploré.

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