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Matésens - le podcast des femmes qui réinventent leur carrière

Le désir de se réinventer : avec Domitille, psychologue et créatrice de podcasts et documentaires

Le désir de se réinventer : avec Domitille, psychologue et créatrice de podcasts et documentaires

39min |13/10/2025
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Description

Dans cet épisode de Matésens, Margaux reçoit Domitille Tassin, psychologue clinicienne devenue podcasteuse et documentariste. À travers son parcours, elle raconte comment la maternité a été pour elle un véritable tournant : un moment de doute, mais aussi d'élan pour créer, se réinventer et trouver un nouvel équilibre entre ses différentes passions.


De la petite graine d’une révélation entendue dans un podcast, à la naissance de son propre projet, jusqu’à son immersion actuelle auprès de la police judiciaire pour réaliser un documentaire, Domitille partage avec sincérité les étapes, les doutes et les élans qui jalonnent tout chemin de création.


Vous découvrirez :

  • Le rôle des « petites graines » qui finissent par s’imposer malgré les doutes

  • Pourquoi la phase invisible (où « il ne se passe rien ») est en réalité essentielle à tout projet

  • Comment concilier deux métiers qui, a priori, semblent éloignés (psychologie et création)

  • Ce que l’immersion documentaire de Domitille auprès de la police lui a appris sur le lien et la vulnérabilité.

  • Des conseils précieux pour entretenir son désir de projet, même quand on n’ose pas encore se lancer


Un épisode inspirant pour toutes celles qui sentent en elles l’envie de changement, mais qui n’osent pas encore franchir le pas.


Et si cet épisode vous a inspirée ou donné des clefs pour avancer dans votre carrière, n’hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles.


Et si vous avez envie d’échanger, de partager votre parcours ou d’être accompagnée dans votre vie professionnelle, je serais ravie de vous lire.  


Pour cela, contactez-moi sur Instagram @matesens_coaching ou via mon site matésens. com


Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode ! 🎙️✨

Margaux





Références :

-Ce qui nous lie podcast

-Bliss Clémentine Galey

-Les déviations


Crédit photo : Elodie Rambaud


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Matésens, le podcast des femmes qui réinventent leur carrière après la maternité. Je m'appelle Margaux Saubry-Bobet et je suis coach professionnelle certifiée. Chaque semaine, je vous invite à découvrir des parcours inspirants de femmes qui ont osé transformer leur vie professionnelle. Au programme, des conseils concrets et des outils pratiques pour avancer avec confiance et ambition vers la carrière qui vous correspond et qui vous rend fière. Alors, si vous êtes prête à écrire le prochain chapitre de votre vie professionnelle, Je vous invite à vous abonner dès maintenant. Allez, c'est parti ! Hello à toutes, Je suis tres heurese de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Aujourd’hui, je reçois Domitille Tassin, qui psychologue clinicienne. Il y a qq années, après la naissance de son deuxième enfant, domitille décide de créér un podcast qu’elle nomme « Ce qui nous lie » dans lequel elle explore nos liens humain. Ce projet devient ensuite un tremplin qui la conduit vers un nouveau mode d’expression : le documentaire. C’est dans ce cadre là qu’elle est aujourd’hui, en immersion auprès de la police judiciaire. Elle travaille sur un documentaire consacré à la vulnérabilité des policiers. Ce sont autant de raisons qui font que quand une amie commune m’a parlé d’elle, j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer et de comprendre comment elle s’est réinventée à travers la création. Et puis de partager son histoire avec vous. . Hello Domitille !

  • Speaker #1

    Bonjour Margaux !

  • Speaker #0

    Trop contente de te recevoir aujourd'hui à la maison, où il fait un peu gris mais on va quand même illuminer cette journée ensemble. Pour te présenter, est-ce que tu pourrais nous dire déjà d'où tu viens et qu'est-ce que tu rêvais de devenir quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai grandi en région parisienne, en banlieue parisienne. Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Et donc voilà, une petite vie douce en maison. J'ai grandi avec de l'espace autour de moi. Et quand j'étais petite, écoute, c'est assez marrant, je voulais être puricultrice. Ah d'accord. J'avais une grande... J'aimais bien les petits, les vivants. Et je pense qu'à un moment donné j'avais voulu être maîtresse. Et puis après quand j'ai découvert le métier de puricultrice, ça m'a passionnée. Et donc, je voulais être puricultrice. Voilà.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, ça t'est passé ? Et après,

  • Speaker #1

    ça m'est passé... Je pense que non, ça ne m'est pas tant passé que ça. Je suis quand même... Je sentais... Enfin, j'ai quand même assez vite su que j'avais travaillé dans le soin. Voilà. Ça, c'était vraiment quelque chose... Voilà. Alors après, peut-être que je changeais de profession. Je passais d'ostéopathe à puricultrice à... Je ne suis pas sûre de m'être dit psychologue.

  • Speaker #0

    mais je savais que je voulais m'occuper des gens ça c'était ça qui m'intéressait prendre soin des autres et donc il y a quelques années tu décides de réinventer ta carrière est-ce que tu pourrais nous dire ce qui s'est passé ce jour là comment en fait tu as réinventé totalement ton métier et aujourd'hui est-ce que tu pourrais définir quel est ton métier

  • Speaker #1

    Alors c'est un moment de ma vie où je viens d'arriver, donc je viens de déménager, j'ai 32 ans, j'ai mon aîné qui a 2 ans, 2 ans et demi, et donc je suis effectivement psychologue depuis 8 ans quoi, 8-10 ans déjà. Donc voilà, tout est un peu installé si je puis dire. Et en même temps un peu... déboussolée du fait de ce déménagement, de mon père, de la maternité qui est quand même rentrée dans ma vie. Et puis, je me souviens d'une journée très précise. C'était un jour où j'étais dans un parc, et où j'écoute le podcast de cette femme qui s'appelle Clémentine Gallet, que tes auditrices connaîtront probablement, qui a fondé BlizzStory. Et je l'écoute dans un podcast qui s'appelle Les Déviations. Et Les Déviations, c'est un podcast qui raconte des changements de vie. des changements de trajectoire donc voilà à ce moment là pourquoi j'écoutais ça peut-être que c'était déjà un peu un désir qu'il y avait en moi de changer de trajectoire je me le disais pas comme ça mais bon avec le recul tu peux pas t'empêcher de te dire que c'est jamais un hasard ces histoires là et je l'écoute raconter et témoigner de ce moment où elle a eu ce déclic elle était dans sa voiture dans les embouteillages et elle entend une femme parler de la maternité et c'est là qu'elle comprend que elle se dit mais elle a une espèce de révélation tu vois ... hyper fort de se dire mais en fait c'est ça que je veux faire moi. Et en fait, cette espèce de témoignage très fort, cette révélation qu'elle partage dans ce podcast, me transperce. Et je me dis, moi aussi, j'ai envie de vivre ça. Et pourquoi, moi, je ne ferais pas ça aussi ? C'est à la fois violent et à la fois très simple. Et donc, j'ai cette espèce... Tout d'un coup, pourquoi ce jour-là, de cette manière-là ? à travers Clémentine Gallet je me projette je me dis moi aussi ça me donne envie alors que je suis pas particulièrement une consommatrice de podcast je vais pas m'inventer une vie, c'est vrai j'en écoutais pas particulièrement j'écoutais pas mal Bliss à l'époque mais je suis pas une passionnée de l'audio en particulier la petite graine commence comme ça et se met comme ça et comment tu passes justement de

  • Speaker #0

    La petite graine de cette révélation que peut-être plusieurs femmes peuvent se reconnaître là-dedans en se disant « oui, j'ai ressenti ce moment où quelque chose me fait envie » . Comment tu passes de ça à quelque chose de plus concret, un projet qui prend vie ? Ouais.

  • Speaker #1

    Franchement, ça a été un long chemin, quand même, qui n'a pas été du tout rapide.

  • Speaker #0

    Ça, je pense que c'est important de le dire aux personnes qui peuvent écouter, que voilà, c'est pas un claquant des doigts.

  • Speaker #1

    Non, ce jour-là, il y a comme un... il y a une révélation, c'est clair. En tout cas, il y a tout d'un coup une envie de faire quelque chose d'autre, de différent, de créer. Mais voilà, je rentre chez moi, rien n'a changé. Voilà, mais à l'intérieur de moi, il y a quelque chose qui s'est passé, ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Il y a quelque chose qui s'allume.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui s'allume. Mais... Il va se passer quand même deux ans sans que visiblement il se passe quelque chose. C'est-à-dire que j'ai ça en moi, je le garde, j'y repense de temps en temps, j'en parle de temps en temps, notamment à mon mari, j'y réfléchis. Mais rien ne bouge extérieurement. C'est-à-dire que je remets toujours un peu à plus tard cette histoire-là. Alors par peur, peut-être, de ne pas y arriver, parce que ce n'est pas le moment, parce que j'ai autre chose à faire. Parce que toutes ces petites mécaniques aussi, qui t'empêchent, qui t'encombrent, mais qui en même temps font partie du chemin. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais dire, est-ce qu'il y a comme une forme, peut-être le mot, de gestation du projet ? Tu vois, ça mijote.

  • Speaker #1

    Ouais, ça mijote. Je crois vraiment que c'est très juste que tu dis qu'entreprendre et créer quelque chose, il y a une partie très silencieuse et pas du tout visible à l'œil nu qui se passe à l'intérieur de soi, où tu installes ton désir à l'intérieur de toi, où tu apprivoises cette nouvelle envie, ce nouveau désir, et du coup, tu passes par plein de moments, en fait. par des moments où tu t'évades, tu y rêves, t'as plein d'idées, puis des moments où tu te où tu te dis, mais en fait, c'est n'importe quoi, je suis complètement grave de penser à ça. Enfin, tu vois, en fait, tu passes vraiment, et tu traverses ces vagues, et elles sont, et en fait, cette période, elle est plus ou moins longue, je pense. Mais, elle a, moi j'en suis convaincue aujourd'hui avec le recul, elle est fondatrice, c'est-à-dire qu'elle n'est pas, on a l'impression qu'il ne se passe rien, mais il se passe beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, et justement, tu parles de ce dialogue entre cette petite voix qui te dit, mais vraiment, c'est ça, la petite flamme, Et en même temps, une autre voix qui t'a dit non mais attends, c'est pas sérieux, qu'est-ce qui te prend, pourquoi toi, etc. Comment toi t'as fait pour faire la part des choses entre, on va dire peut-être ces deux petites voix si on peut les appeler comme ça ?

  • Speaker #1

    Je sais pas trop, je serais pas vraiment expliquée de manière rationnelle. Je pense que c'était un peu un dialogue intérieur. Je pense que j'ai... J'ai pas essayé de faire la part des choses. J'ai vécu chaque moment comme je devais probablement les vivre. Les moments où j'avais plus envie et où je doutais, j'y pensais plus. Et je mettais à distance le projet. Et puis en fait, ça revenait. En fait, voilà. Ce qui s'est passé, c'est que ça revenait tout le temps. D'accord. Donc, aujourd'hui, avec le recul, ce que je me dis, c'est que je devais vraiment avoir un grand désir, en fait. De changer quelque chose dans ma vie. Et qu'en fait, ce désir, malgré moi, il revenait à moi. Donc, c'est ça, en fait. c'est le C'est la persistance, en fait, de ce désir qui revenait à moi sous plein de formes, qui a fait qu'un jour, j'ai passé le cap.

  • Speaker #0

    Très bien, et donc ce jour-là ?

  • Speaker #1

    Alors je passe le cap à un moment de ma vie assez stratégique, puisque je viens d'accoucher de mon deuxième enfant, et que moi on m'avait quand même pas mal... dans l'imaginaire, dans l'inconscient collectif, deux enfants, c'est charge mentale fois deux. Donc moi, on m'avait dit deux fois quatre, bien sûr. Mais tu vois, on m'avait quand même... Je trouve que c'est ça, qui se balade dans l'inconscient collectif, c'est deux, c'est vraiment le vrai passage. C'est un peu le vrai moment où tu vas morfler, où tu vas être un peu éprouvée. Donc là, t'étais peinarde avec ta grande, mais non, ça va peut-être pareil. Et en fait, je pense que... Je sais pas, moi probablement que j'étais aussi... J'avais été très dévouée à mon aîné, j'ai arrêté de travailler pendant un an. Et c'était pas forcément une période de ma vie que j'ai si bien vécue que ça. Et je pense que j'ai eu envie de vivre l'arrivée de ce deuxième enfant très différemment. En ayant aussi des projets qui sont à moi. Parce que je sais pas si je me le disais comme ça, mais j'avais la sensation que c'était ce qui allait me rendre aussi très disponible et très heureuse. Donc... C'est à ce moment-là que je passe une étape qui est assez importante, car je m'inscris en fait à une formation à l'Institut du journalisme qui est en face de chez moi, et qui propose une petite formation sur le podcast de 4 jours que je finance avec mon compte formation. D'accord. Voilà, mon bébé a un mois, un mois et demi, et je me débrouille avec une nounou que je connais bien pour que ces jours-là, je sois en total bien sécurisée sur le fait que... Il est avec une personne de confiance et je me lance là-dedans. Et comme ça fait déjà deux ans que je réfléchis à ce projet, finalement j'arrive à cette formation avec quand même pas mal d'idées, tu vois. J'ai un peu comme une maquette à l'intérieur de moi. Donc cette formation, elle est intéressante parce qu'elle me permet aussi d'éclaircir ce à quoi j'ai déjà réfléchi depuis deux ans. Et donc quand je sors de cette formation, j'ai tout, potentiellement j'ai tout. Et c'est là où je me dis, ça y est, en fait, maintenant, tu vas te lancer et tu vas vraiment... Il n'y a plus qu'à quoi. Et donc, s'ensuit...

  • Speaker #0

    Oui, excuse-moi, tu as pu... Je vois bien ce que tu veux dire. Tu as pu cette excuse de, bon, en fait, il me manque ça, mais il me manque aussi ça. Là, bon, en fait, tu as tout. Donc,

  • Speaker #1

    j'ai tout.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il n'y a plus qu'à te lancer et que ça n'appartient qu'à toi.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus que l'expérience qui m'attend, en fait. D'accord. Qui est peut-être le plus génial, mais ce qui fait le plus peur. Et donc, s'en suit cette fameuse année, plus d'une année d'ailleurs, une année et demie, où je vais créer ce podcast, en fait. Créer ce podcast et me confronter au réel, au terrain. Puisque moi, j'ai choisi de réaliser un podcast sur des récits de vie. Donc, c'est des vraies vies, de vrais gens.

  • Speaker #0

    Des vraies rencontres.

  • Speaker #1

    Des vraies rencontres. et donc je... J'ai même un an et demi à enregistrer mes huit premiers épisodes, avec l'envie d'avoir un petit réservoir d'épisodes au moment où je me lance, pour être aussi un peu tranquillisée là-dessus.

  • Speaker #0

    Génial. Comment tu concilies aujourd'hui tes deux métiers, ou comment tu définirais ton métier, entre la partie psychologue clinicienne et la partie podcast et documentaire, dont peut-être tu veux nous parler un peu. plus en détail.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'effectivement, j'ai jamais arrêté mon métier de psychologue. C'est-à-dire que ce projet est venu se greffer à ma vie professionnelle. Et donc, du coup, ça a été aussi très exploratoire parce que moi, j'ai traversé quand même un grand moment de crise sur mon métier de psy. Notamment quand je me suis lancée dans ce projet, j'ai eu envie d'arrêter. j'ai cru que j'étais plus faite pour ça je suis passée par plein de moments des moments de doute ouais des moments de doute et en fait j'ai mis du temps beaucoup de temps à comprendre que en fait ces deux métiers pouvaient vraiment cohabiter que l'un pouvait nourrir l'autre mais que c'était peut-être une question d'équilibre et qu'il fallait que je trouve cet équilibre et donc Moi qui consultais 4 jours par semaine, je suis passée à 3, puis je suis passée à 2. Et je me suis rendue compte que mon équilibre, c'était en tant que psy, de recevoir mes patients 2 journées par semaine. Parce qu'au-delà de 2 journées par semaine, j'arrive à un moment de ma vie où c'est trop. Parce que j'ai des enfants en bas âge, parce que j'ai envie d'être dans l'écoute, j'ai envie d'aller à la rencontre des gens, mais autrement aussi qu'à travers la thérapie. Et ça, ça a été aussi tout un travail personnel de comprendre. aussi pourquoi, ce que ça représente pour moi et comment est-ce que je tisse ces deux pôles dans ma vie. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que souvent, en fait, on peut imaginer que je sais pas, c'est blanc ou noir, on a un métier qui nous passionne et en fait j'observe, et peut-être c'est ton cas aussi, que c'est beaucoup plus compliqué que ça et qu'en fait créer le métier qui nous convient va dépendre de ce qu'on y met et je... Peut-être que je continue cette image de cuisine, mais voilà, c'est comme une recette et tu vas y mettre ce que tu aimes, ce qui te convient, le rythme, toi, qui est bien pour toi. Je voulais revenir aussi sur ce que tu as partagé quand tu as eu ta première fille. Tu as eu une année avec elle et tu disais que finalement, ce n'était peut-être pas ce que tu as le mieux vécu comme période. Et quand tu as eu ton deuxième enfant, tu t'es dit, bon là, je vais avoir un projet pour moi qui m'anime. pour être bien en tant que maman ou en tant que femme, bien à la maison ? Est-ce que c'est quelque chose que... Peut-être pour le deuxième, tu te dis, je ne peux pas reproduire, de me mettre au service entièrement de mon bébé. Et pour le deuxième, tu t'es dit, au contraire, il faut que moi, je sois épanouie. Et donc, tout le reste va suivre. Est-ce que c'est ça que...

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je me le suis formalisé comme ça. moi je suis une bonne mère quand j'ai des projets qui m'animent alors évidemment il faut savoir aussi ralentir et ça on en parlera aussi c'est pas toujours simple quand t'es grisée quand t'as des passions et tout mais en tout cas avoir des espaces qui sont propres moi je sais que c'est ce qui me m'aide beaucoup à être disponible et à faire grandir mes enfants en n'étant pas aigrie franchement faut le dire c'est vrai enfin

  • Speaker #0

    Oui, et après, selon l'âge des enfants et la période, évidemment, entre période nouveau-né, et puis après quand ils grandissent, peut-être plus ou moins le besoin d'être complètement au service de ton enfant, mais c'est sûr que je pense que c'est intéressant de se poser la question de qu'est-ce qui te nourrit toi en tant que femme ?

  • Speaker #1

    pour être encore mieux auprès de tes enfants le soir quand tu rentres à la maison d'autant plus que je rajouterais que je découvre aussi que ça te nourrit toi mais ça les nourrit eux aussi c'est sympa quand les enfants te posent des questions sur ton travail ils voient que ça t'éclate en plus on en parlera mais moi le podcast s'est transformé en nouvelle passion pour le documentaire du coup je vis des expériences qui sont un peu qui sont pas forcément très ordinaires. Tu vois, ça fait plusieurs mois que je suis en immersion en police judiciaire à Bordeaux pour justement un projet de documentaire sur la police. Donc pour les enfants, à chaque fois et tous les matins, ils sont là « Tu vas voir les policiers ? » Enfin, tu vois, c'est sympa, ça crée aussi un intérêt et ils me posent plein de questions. Donc c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    Excellent. Oui, et hyper intéressant et j'imagine les petits qu'ils avaient curieux de ça. Et en même temps, ça peut aussi pour certaines personnes faire comme un écho de « waouh, quelle pression de devoir avoir une passion aussi, en plus de tout ce que j'essaye déjà de faire dans mon quotidien » . Donc ça m'amène à la question de « est-ce qu'il faut ou pas sortir de sa zone de confort ? » .

  • Speaker #1

    Pour moi, ça ne relève pas du savoir, ça relève de l'éprouver et de la sensation. Je serais très mal placée pour donner une leçon là-dessus. J'en ai aucune idée. Mais je pense vraiment que c'est... Et du coup, c'est en ça que c'est aussi très personnel, très intime. C'est pas...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de science, en fait.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de science, ouais. Il n'y a pas de théorie. En fait, je pense que ces projets-là, ça relève aussi d'un désir très profond qui un jour s'allume. Pourquoi ? Comment ? Voilà, c'est bien mystérieux. Ça appartient à l'histoire de chacune, de chacun. donc euh Non, c'est une autre écoute. C'est une autre façon de vivre sa vie. Je ne pourrais pas répondre à cette question. Parce que je risque de tomber dans un truc en disant il faudrait ceci, cela. Non, je ne crois pas que ce soit très juste.

  • Speaker #0

    Non, mais donc, si je comprends bien, c'est à chacun de ressentir si c'est le bon moment ou pas.

  • Speaker #1

    Ouais, et je pense qu'en plus, c'est pas non plus si simple de ressentir. Effectivement, ça peut prendre du temps. Tu vois, moi, j'ai eu cette espèce d'éclat comme ça un jour, mais j'ai mis beaucoup de temps à l'apprivoiser, à me dire que j'en avais vraiment envie. Et ce temps-là, avec le recul, je me dis qu'il m'a servi aussi à éprouver mon désir d'y aller. Donc ça avait une fonction aussi. Ça, c'est clair. Et oui, ressentir. Et voilà, il y a des moments dans la vie... La vie s'en charge aussi, moi je crois. Je crois que la vie s'en charge et c'est aussi très bien mettre sur notre passage et notre chemin des personnes, des signes. Après, la question c'est est-ce qu'on s'en saisit ? C'est une question de disponibilité intérieure, mais si c'est pas le moment, c'est pas le moment en fait. Et c'est pas parce qu'on a loupé certains signes qu'on saura pas les prendre à la fois d'après ?

  • Speaker #0

    Oui. Le train passe deux fois.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis il y a vraiment une question de tempo, je crois. C'est un peu comme dans la rencontre amoureuse, quoi. Oui. Il y a un peu une question de disponibilité intérieure, de tempo. C'est la question du bon moment, quoi. Et...

  • Speaker #0

    Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face quand tu décides de t'accomplir à travers ce projet de création ? Est-ce que tu as peut-être une anecdote à nous partager, un challenge que tu as rencontré ? Hum...

  • Speaker #1

    C'est quelque chose d'assez global. Enfin, c'est pas très précis. Mais je pense que quand tu commences à te lancer dans la création et que tu n'étais a priori dans les yeux des autres, pas forcément quelqu'un de très créatif, tu montres un peu un nouveau visage de toi. Et tu te dévoiles quand même pas mal. En tout cas, moi, c'est comme ça que je l'ai vécu. Et donc, du coup, et tu y mets énormément de toi. Parce que moi, je suis convaincue que ce qu'on crée, ce qu'on produit en tant qu'artiste, en tant que créateur, c'est le reflet aussi de quelque chose de très intérieur. Voilà, évidemment. Donc, du coup, c'est assez intime, en fait. Et donc, comme tu y mets beaucoup de toi, t'es très... Entre ce que tu produis et ce que tu es, la frontière n'est pas si simple. Et donc le regard qu'on pose sur ton travail, c'est aussi un regard qu'on pose sur toi, de certaine manière. Donc tout est un peu à fleur de peau. Donc moi, la plus grande difficulté que j'ai traversée, ça a été justement de vivre ce regard sur mon travail, qui était évidemment toujours extrêmement bienveillant, gentil, encourageant. mais aussi les gens ont leur goût tu vois, les gens ont leur goût ça j'ai adoré, ça j'ai moins aimé et en fait ça paraît rien évidemment, c'est la vie mais juste ça déjà c'était t'es à fleur de peau c'est un peu ton bébé et ça c'est vrai que on s'en rend pas vraiment compte mais tu vois maintenant quand j'en compte des personnes qui me parlent d'un projet ou qui veulent me faire lire quelque chose je sais à quel point c'est sensible en fait et qu'il faut y aller avec mouilles de pincettes, parce qu'en fait tu mets tellement de ta personne que justement tout ce travail de venir un petit peu te décoller aussi un peu de ce que tu produis et de pas tout prendre en perso, c'est un chemin aussi, tu vois, ça s'apprend, enfin je sais pas si ça s'apprend mais ça s'expérimente et puis c'est aussi une petite distance que tu mets à l'intérieur de toi pour... Pour ne pas tout prendre de plein fouet, accepter les remarques, progresser, t'améliorer. Tu ne vas pas tout prendre sur un plan personnel.

  • Speaker #0

    Oui, et peut-être choisir aussi les personnes qui t'entourent dans ces moments-là. Et peut-être, dans ce que tu dis, je me dis, si aujourd'hui, toi, tu prends des pincettes, c'est parce que toi-même, tu as dévoilé une partie de toi à travers des projets.

  • Speaker #1

    donc quand tu rencontres des personnes qui sont passées par là aussi il y a peut-être un regard encore plus bienveillant que de la part de personnes qui n'ont pas forcément expérimenté ça ouais bien sûr mais encore une fois le sujet il est pas du côté des gens qui très gentiment te font des remarques constructives en plus le sujet il est du côté de celle ou celui qui crée qui doit à tout prix faire ce travail là faire ce chemin là parce qu'on peut pas créer quelque chose qui a priori a pour objectif d'être présenté aux autres et en même temps ne pas supporter l'effet que ça a sur les gens tu vois l'écho que ça a chez les gens c'est quelque chose aussi qui nous appartient pas donc t'acceptes aussi que ton travail, que ton oeuvre que ce que tu produises et bien ça fasse son chemin que ce soit accueilli, pas accueilli, aimé, pas aimé fond. C'est ça, c'est aussi la liberté. C'est ce qui fait aussi que c'est beau.

  • Speaker #0

    Intéressant. Comment est-ce que tu gères entre les périodes d'élan créatif et les périodes de doute ? On a parlé un petit peu tout à l'heure, ce va-et-vient. Est-ce que peut-être tu l'as raconté au démarrage de ton chemin ? Et peut-être aujourd'hui, comment tu vis ces moments ?

  • Speaker #1

    Alors je les gère pas non je les gère pas très bien je sais pas s'il faut les gérer d'ailleurs mais c'est très intense il y a des grands hauts et des grands bas c'est aussi ce que j'aime c'est aussi ce que j'aime je pense que c'est le fait c'est le temps en fait c'est le fait que ça s'installe dans le temps qui fait que tu prends du recul Voilà. parce qu'au début évidemment quand t'es dans le creux de la vague ou en haut de la vague en fait t'as pas le recul pour te dire que ça va passer, que ça va retomber ou que ça va remonter donc du coup tu vis tout de manière extrêmement intense après je trouve que quand t'as fait l'expérience de ces hauts et de ces bas tu sais en fait que ça fait partie du processus créatif, tu le sais et cette connaissance sur le plan intellectuel t'aide à le traverser sur le plan émotionnel

  • Speaker #0

    Et du coup, tu l'acceptes plus ?

  • Speaker #1

    Tu l'acceptes plus, je pense. Tu te laisses plus traverser. C'est un peu comme le deuxième bébé, quoi. Tu vois, tu l'as déjà vécu, donc tu sais qu'il y a des moments où tu rentres de la maternité, tu es potentiellement au bout du rouleau, tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est normal et que ce n'est pas toi qui est le problème.

  • Speaker #1

    Tu sais que ce sont des moments où ça va partir un peu en cacahuètes, potentiellement, mais que ça passe.

  • Speaker #0

    Voilà,

  • Speaker #1

    que ça passe. Tu sais que ton enfant ne va pas dormir pendant un moment, mais que ça passe, que les nuits vont se faire potentiellement. Évidemment, après, il y a toujours des cas et tout. Mais voilà, c'est ce recul, moi, je trouve, qui est très précieux.

  • Speaker #0

    Oui, et est-ce que tu dirais que les moments de doute, plus tu as d'élan créatif d'un côté, plus tu as de moments de joie, d'enthousiasme, plus tu as forcément l'autre côté de la pièce ? C'est-à-dire des moments de doux, de difficultés, de désespoir peut-être. C'est-à-dire, est-ce que tu vis plus intensément les deux côtés ? À l'inverse, peut-être quand tu es un peu plus éteinte dans ta vie professionnelle, où tu t'ennuies, tu n'as ni les hauts ni les bas, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que pour qu'il y ait des hauts, il faut qu'il y ait des bas. il y a des bas, il faut des hauts. C'est la nuance, la variation qu'on ressent aussi. Beaucoup, quoi. Après, de façon concrète, moi, ce que je peux te dire, c'est que par moments, t'as des grands hauts, t'as beaucoup d'exaltation parce que tu sens que tu tiens un truc. Voilà. Typiquement, dans mon projet de documentaire sur la police, tout l'enjeu de mon immersion, c'était aussi de trouver une histoire, de trouver des personnages qui puissent... incarner cette histoire. Donc, ça prend énormément de temps. En plus, nous, notre thème, c'est les émotions, c'est la vulnérabilité chez le policier. Donc, c'est un sujet qui est ultra sensible. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Justement, qu'est-ce que tu apprends sur ce sujet ? Et peut-être, après aussi, on en reparlera sur les relations, les liens à travers ton podcast et à travers le documentaire que tu es en train de préparer.

  • Speaker #1

    Alors, moi, ce que j'ai découvert, enfin, je sais pas si j'ai appris énormément de choses, mais ce que j'ai découvert, c'est que pendant cette immersion de plusieurs mois, je me suis retrouvée avec des gars qui sont donc flics, enquêteurs, en police judiciaire, qui ont des parcours de vie de fous, qui étaient pas dans ma vie avant, qui sont rentrés dans ma vie par ce projet de documentaire. qui sont pas ni des amis, ni des collègues. Enfin, tu vois, le statut est un peu... Enfin, le lien est un peu nouveau, quoi. Tu vois, c'est un lien de documentariste à personne qui nous intéresse. Donc, qu'est-ce qui se tisse entre nous, je sais pas bien trop comment je pourrais le définir. C'est un mélange. Et ce que j'ai découvert, c'est que j'ai vécu des... J'ai touché du doigt une profondeur de la relation un peu... Un peu déstabilisante, c'est-à-dire que tu te dis comment c'est possible qu'avec des personnes que tu connaissais pas, il y a deux mois, j'en sois là dans la relation.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que même avec des gens que je côtoie extrêmement quotidiennement, qui sont dans mon quotidien, j'ai pas ça. Donc ça, c'est vrai que ça a été un peu déstabilisant, et en même temps ça montre que le lien est extrêmement vivant, c'est une matière vivante qui ne cesse d'évoluer, et que les expériences aussi que tu vis ensemble, que tu partages, Elles sont très reliantes. Je pense que nous, on n'est pas venus avec un carnet de notes assises dans un coin de la pièce à les regarder. On a vécu des choses avec eux. Le but de notre immersion, c'était de nous immerger pour aller les comprendre de l'intérieur. Pour les comprendre de l'intérieur, ce n'est pas être distante, c'est être proche d'eux. C'est un vrai intérêt qu'on leur a apporté. Ce n'est pas juste qu'on vous observe de loin et qu'on reste dans notre bulle confortable. Pour le coup, là, on est sortis de notre zone de confort. Parce qu'on s'est retrouvés, tu vois, au milieu de brigades, avec 15 mecs, tu vois, des univers qui sont quand même, a priori, pas ceux dans lesquels moi j'ai l'habitude d'évoluer. Donc du coup, c'est un nouveau jargon, c'est un autre style, c'est une manière d'être en relation qui est complètement inconnue pour moi, c'est très terrain, c'est tout sauf ce que je connais, tu vois. Moi, je suis plutôt cérébrale, assez intellectuelle. je pense quand même assez féminine, plus du côté des émotions. Sur le papier, tu pouvais te dire, c'est quand même particulier. Et sortir de sa zone de confort, c'est aller à la rencontre de l'autre. Vraiment. Et accepter de vivre autrement qu'à travers tes référentiels à toi. Et là, il y a quelque chose qui se passe. Il y a quelque chose qui se passe de très fort. Et ça me fait dire qu'il n'y a pas de secret. La relation, elle se nourrit, tu vois. Elle se nourrit aussi de l'expérience et de l'intérêt qu'on se porte en profondeur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que c'est ça qui fait le lien ? C'est de vivre, en fait, une expérience avec ces personnes ? Enfin, si tu prends cet exemple, tu suis ces policiers pour le documentaire, de vivre avec eux des moments et de ressentir, en fait,

  • Speaker #0

    Des choses ensemble. Oui, je pense que ça a été très fondateur. Je pense que pour eux, ça a été un gage de... Ah oui, ok. Elles sont là, elles font pas son long. Elles sont là, elles vivent le truc avec nous. Elles s'intègrent. Elles quittent un peu aussi leurs habitudes pour venir à nous. Et ça, je pense que c'est dans la vie. Là, c'était... dans ce projet de documentaire, mais dans la vie, je pense que c'est important aussi. C'est important de pouvoir sortir de son référentiel à soi, aller vers l'autre, tu vois. Aller vivre aussi des expériences avec des gens qui te sont chers, partager des expériences. Moi, je pense que c'est très reliant, déjà. C'est hyper fondateur. Et puis aussi accepter de se décentrer, d'une certaine manière, c'est ça ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    de faire l'effort d'aller vers l'autre.

  • Speaker #0

    Hyper dur, évidemment, parce qu'on est tous dans nos mécanismes. Bien sûr, mais ça m'a rappelé ça. En fait, je l'ai vécu de manière professionnelle, mais c'est un vrai enseignement qu'ils nous ont donné.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Et à travers les différents témoignages que tu as reçus dans ton podcast, est-ce qu'il y a quelque chose aussi que tu retiens ou un exemple qui t'a marqué particulièrement ?

  • Speaker #0

    Franchement, ils m'ont tous beaucoup touchée. Ce que je retiens de tous mes épisodes de podcast, c'est que l'adversité, l'épreuve de vie... Et vraiment l'occasion aussi parfois de faire sortir des choses qu'on a à l'intérieur de soi. Je ne dis pas que l'épreuve n'existe pas. L'épreuve existe réellement et avec toute sa complexité et sa difficulté. Mais elle peut apporter quelque chose aussi. Et ça, c'est quelque chose que j'ai... En tout cas, les invités qui ont témoigné dans mon podcast ont transmis, ont donné aux auditeurs. Donc ça, je trouve que c'est vraiment un message d'espoir pour ceux qui sont dans le tunnel. Même si je pense que c'est aussi un message qui peut agacer et qui peut un peu énerver quand il y est. Dire t'es sympa, mais le côté transformateur, en fait, j'y suis pas du tout et je vois pas de quoi tu parles. En fait, j'ai écouté un podcast il y a pas longtemps. J'aime beaucoup les lueurs. le podcast Les Lueurs, et j'ai écouté celui de Corneille. Tu vois, Corneille, pour moi, son chanteur, c'est vraiment... Il incarne le drame. Voilà. Il a toute sa famille qui s'est fait massacrer sous ses yeux. Voilà, donc c'est quand même... Si tu veux, il a vécu la perte, le drame, la tragédie à l'état pur, quoi. Et je l'écoute, et en fait, ce gars, il a quand même cette force dans son témoignage de te dire... En fait, j'ai eu deux options dans ma vie. Soit je m'attachais à ce statut de victime que j'étais, et j'en faisais ma seconde peau, et je revêtais mon manteau de souffrance, et je ne vivais que comme ça. Soit je prenais l'autre voie, et je me bats. Et en fait, moi, c'est pas moi qui le dis, parce que moi, évidemment, j'ai rien vécu de tout ça, mais c'est parce que je l'ai écouté, lui, ça m'a rejoint, parce que je me suis dit, c'est C'est aussi ça le sens de l'existence. Si tu peux décider de regarder les épreuves comme n'étant que des épreuves, mais moi c'est vrai qu'en tant que documentariste et femme qui essaye de fabriquer des projets de documentaire sur l'intime, évidemment c'est quand ça secoue qu'il y a des choses qui se passent. Je ne vais pas regarder les épreuves pour aller les regarder avec un regard voyeuriste, juste pour regarder ce qu'il y a de pas beau. Je vais regarder comment on se débrouille avec tout ça et la force de vie des gens. face à ce qui peut être très difficile. Et ça, je trouve que c'est extraordinaire. Moi, l'humain me passionne pour ça.

  • Speaker #1

    Et pour finir, quels conseils tu donnerais aux femmes qui ressentent l'envie profonde de se lancer dans un nouveau projet, mais qui pensent qu'elles n'ont pas le temps, qu'elles n'en sont pas capables, ou que c'est pour les autres. De ton expérience, quel message tu aurais envie de transmettre ?

  • Speaker #0

    Je leur dirais d'être douce avec elles. de se laisser faire, que c'est peut-être pas le moment. Que peut-être que si elles pensent ça, c'est que c'est pas le moment. Mais que ça veut pas dire qu'elles peuvent pas en avoir le désir. Que ces pensées-là peuvent tout à fait cohabiter avec un désir.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et je leur dirais que le désir, c'est quelque chose qui s'entretient. Et que peut-être que c'est... Qu'il s'entretient et qu'il y a besoin d'être éprouvé. Et que peut-être que toutes ces pensées... Même si elles ont l'impression que c'est ce qui les empêche et ce qui les encombre, c'est peut-être aussi ce qui fera qu'elles se lanceront.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon de le voir.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que c'est ce qui fait qu'à un moment donné, potentiellement, face à ça, face à toutes ces mécaniques, le désir prend le dessus. Donc ça a une fonction, ça. C'est pas là par hasard. On n'est pas... Bien sûr qu'on flippe, voilà. Donc moi, je dirais que de se laisser un peu tranquille et puis de... de traverser ces moments comme ils doivent être. Et puis ça se fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être justement de les laisser venir ces doutes, de les accepter, de ne pas lutter contre eux, peut justement peut-être aider à passer à l'action.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que moi... Tu vois, je suis d'orientation psychanalytique en tant que psychologue, et donc évidemment je ne me place pas du tout du côté des thérapies comportementales. La raison pour laquelle je ne me place pas de ce côté-là, c'est que justement il y a une tendance à vouloir supprimer le symptôme à tout prix, et à trouver la solution. Donc pourquoi pas ? En tout cas, moi ce n'est pas comme ça que j'envisage la dynamique psychique humaine. Et je pense que quand il y a un symptôme, eh bien, il nous parle. Il raconte quelque chose de nous. Évidemment qu'on aimerait qu'il soit moins fort, mais tout le travail, c'est d'aller chercher comment est-ce qu'on peut s'exprimer autrement qu'à travers ce symptôme. Et c'est quand on a trouvé l'autre canal que généralement le symptôme peut dégonfler aussi un peu. Et donc, dans la création, je trouve que c'est pareil. On est très symptomatique. de doute, de peur, de crainte. Et ces symptômes, là, ils parlent, ils racontent plein de trucs de nous. Donc moi, je trouve ça... Il faut les faire exister. En fait, à vouloir trop les mettre de côté, à vouloir trop être parfait, il y a toute une partie de nous qu'on n'écoute pas. Moi, je trouve que c'est quand on est vulnérable, qu'on hésite, qu'on doute, que du coup, on s'imprègne aussi de ce qu'on a vraiment dans le cœur.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon, je pense, de conclure l'épisode. Et ça me parle beaucoup, ce que tu dis. Donc vraiment, merci, Domiti, pour ton témoignage. Et voilà, cette vision aussi que tu peux apporter sur... Je pense que ces périodes de doute peuvent parler à plein de personnes. Et je pense que c'est très riche d'avoir ce regard aussi de ta part, en tant que personne et aussi en tant que professionnelle.

  • Speaker #0

    Merci à toi, en tout cas. Merci.

  • Speaker #1

    Trop bien. Si cet épisode vous a inspiré ou donné des clés pour avancer dans votre carrière, n'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles. Et si vous avez envie d'échanger, de partager votre parcours ou d'être accompagné dans votre vie professionnelle, je serai ravie de vous lire. Pour cela, contactez-moi sur Instagram ou via mon site mathesense.com. Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

Description

Dans cet épisode de Matésens, Margaux reçoit Domitille Tassin, psychologue clinicienne devenue podcasteuse et documentariste. À travers son parcours, elle raconte comment la maternité a été pour elle un véritable tournant : un moment de doute, mais aussi d'élan pour créer, se réinventer et trouver un nouvel équilibre entre ses différentes passions.


De la petite graine d’une révélation entendue dans un podcast, à la naissance de son propre projet, jusqu’à son immersion actuelle auprès de la police judiciaire pour réaliser un documentaire, Domitille partage avec sincérité les étapes, les doutes et les élans qui jalonnent tout chemin de création.


Vous découvrirez :

  • Le rôle des « petites graines » qui finissent par s’imposer malgré les doutes

  • Pourquoi la phase invisible (où « il ne se passe rien ») est en réalité essentielle à tout projet

  • Comment concilier deux métiers qui, a priori, semblent éloignés (psychologie et création)

  • Ce que l’immersion documentaire de Domitille auprès de la police lui a appris sur le lien et la vulnérabilité.

  • Des conseils précieux pour entretenir son désir de projet, même quand on n’ose pas encore se lancer


Un épisode inspirant pour toutes celles qui sentent en elles l’envie de changement, mais qui n’osent pas encore franchir le pas.


Et si cet épisode vous a inspirée ou donné des clefs pour avancer dans votre carrière, n’hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles.


Et si vous avez envie d’échanger, de partager votre parcours ou d’être accompagnée dans votre vie professionnelle, je serais ravie de vous lire.  


Pour cela, contactez-moi sur Instagram @matesens_coaching ou via mon site matésens. com


Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode ! 🎙️✨

Margaux





Références :

-Ce qui nous lie podcast

-Bliss Clémentine Galey

-Les déviations


Crédit photo : Elodie Rambaud


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Matésens, le podcast des femmes qui réinventent leur carrière après la maternité. Je m'appelle Margaux Saubry-Bobet et je suis coach professionnelle certifiée. Chaque semaine, je vous invite à découvrir des parcours inspirants de femmes qui ont osé transformer leur vie professionnelle. Au programme, des conseils concrets et des outils pratiques pour avancer avec confiance et ambition vers la carrière qui vous correspond et qui vous rend fière. Alors, si vous êtes prête à écrire le prochain chapitre de votre vie professionnelle, Je vous invite à vous abonner dès maintenant. Allez, c'est parti ! Hello à toutes, Je suis tres heurese de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Aujourd’hui, je reçois Domitille Tassin, qui psychologue clinicienne. Il y a qq années, après la naissance de son deuxième enfant, domitille décide de créér un podcast qu’elle nomme « Ce qui nous lie » dans lequel elle explore nos liens humain. Ce projet devient ensuite un tremplin qui la conduit vers un nouveau mode d’expression : le documentaire. C’est dans ce cadre là qu’elle est aujourd’hui, en immersion auprès de la police judiciaire. Elle travaille sur un documentaire consacré à la vulnérabilité des policiers. Ce sont autant de raisons qui font que quand une amie commune m’a parlé d’elle, j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer et de comprendre comment elle s’est réinventée à travers la création. Et puis de partager son histoire avec vous. . Hello Domitille !

  • Speaker #1

    Bonjour Margaux !

  • Speaker #0

    Trop contente de te recevoir aujourd'hui à la maison, où il fait un peu gris mais on va quand même illuminer cette journée ensemble. Pour te présenter, est-ce que tu pourrais nous dire déjà d'où tu viens et qu'est-ce que tu rêvais de devenir quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai grandi en région parisienne, en banlieue parisienne. Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Et donc voilà, une petite vie douce en maison. J'ai grandi avec de l'espace autour de moi. Et quand j'étais petite, écoute, c'est assez marrant, je voulais être puricultrice. Ah d'accord. J'avais une grande... J'aimais bien les petits, les vivants. Et je pense qu'à un moment donné j'avais voulu être maîtresse. Et puis après quand j'ai découvert le métier de puricultrice, ça m'a passionnée. Et donc, je voulais être puricultrice. Voilà.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, ça t'est passé ? Et après,

  • Speaker #1

    ça m'est passé... Je pense que non, ça ne m'est pas tant passé que ça. Je suis quand même... Je sentais... Enfin, j'ai quand même assez vite su que j'avais travaillé dans le soin. Voilà. Ça, c'était vraiment quelque chose... Voilà. Alors après, peut-être que je changeais de profession. Je passais d'ostéopathe à puricultrice à... Je ne suis pas sûre de m'être dit psychologue.

  • Speaker #0

    mais je savais que je voulais m'occuper des gens ça c'était ça qui m'intéressait prendre soin des autres et donc il y a quelques années tu décides de réinventer ta carrière est-ce que tu pourrais nous dire ce qui s'est passé ce jour là comment en fait tu as réinventé totalement ton métier et aujourd'hui est-ce que tu pourrais définir quel est ton métier

  • Speaker #1

    Alors c'est un moment de ma vie où je viens d'arriver, donc je viens de déménager, j'ai 32 ans, j'ai mon aîné qui a 2 ans, 2 ans et demi, et donc je suis effectivement psychologue depuis 8 ans quoi, 8-10 ans déjà. Donc voilà, tout est un peu installé si je puis dire. Et en même temps un peu... déboussolée du fait de ce déménagement, de mon père, de la maternité qui est quand même rentrée dans ma vie. Et puis, je me souviens d'une journée très précise. C'était un jour où j'étais dans un parc, et où j'écoute le podcast de cette femme qui s'appelle Clémentine Gallet, que tes auditrices connaîtront probablement, qui a fondé BlizzStory. Et je l'écoute dans un podcast qui s'appelle Les Déviations. Et Les Déviations, c'est un podcast qui raconte des changements de vie. des changements de trajectoire donc voilà à ce moment là pourquoi j'écoutais ça peut-être que c'était déjà un peu un désir qu'il y avait en moi de changer de trajectoire je me le disais pas comme ça mais bon avec le recul tu peux pas t'empêcher de te dire que c'est jamais un hasard ces histoires là et je l'écoute raconter et témoigner de ce moment où elle a eu ce déclic elle était dans sa voiture dans les embouteillages et elle entend une femme parler de la maternité et c'est là qu'elle comprend que elle se dit mais elle a une espèce de révélation tu vois ... hyper fort de se dire mais en fait c'est ça que je veux faire moi. Et en fait, cette espèce de témoignage très fort, cette révélation qu'elle partage dans ce podcast, me transperce. Et je me dis, moi aussi, j'ai envie de vivre ça. Et pourquoi, moi, je ne ferais pas ça aussi ? C'est à la fois violent et à la fois très simple. Et donc, j'ai cette espèce... Tout d'un coup, pourquoi ce jour-là, de cette manière-là ? à travers Clémentine Gallet je me projette je me dis moi aussi ça me donne envie alors que je suis pas particulièrement une consommatrice de podcast je vais pas m'inventer une vie, c'est vrai j'en écoutais pas particulièrement j'écoutais pas mal Bliss à l'époque mais je suis pas une passionnée de l'audio en particulier la petite graine commence comme ça et se met comme ça et comment tu passes justement de

  • Speaker #0

    La petite graine de cette révélation que peut-être plusieurs femmes peuvent se reconnaître là-dedans en se disant « oui, j'ai ressenti ce moment où quelque chose me fait envie » . Comment tu passes de ça à quelque chose de plus concret, un projet qui prend vie ? Ouais.

  • Speaker #1

    Franchement, ça a été un long chemin, quand même, qui n'a pas été du tout rapide.

  • Speaker #0

    Ça, je pense que c'est important de le dire aux personnes qui peuvent écouter, que voilà, c'est pas un claquant des doigts.

  • Speaker #1

    Non, ce jour-là, il y a comme un... il y a une révélation, c'est clair. En tout cas, il y a tout d'un coup une envie de faire quelque chose d'autre, de différent, de créer. Mais voilà, je rentre chez moi, rien n'a changé. Voilà, mais à l'intérieur de moi, il y a quelque chose qui s'est passé, ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Il y a quelque chose qui s'allume.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui s'allume. Mais... Il va se passer quand même deux ans sans que visiblement il se passe quelque chose. C'est-à-dire que j'ai ça en moi, je le garde, j'y repense de temps en temps, j'en parle de temps en temps, notamment à mon mari, j'y réfléchis. Mais rien ne bouge extérieurement. C'est-à-dire que je remets toujours un peu à plus tard cette histoire-là. Alors par peur, peut-être, de ne pas y arriver, parce que ce n'est pas le moment, parce que j'ai autre chose à faire. Parce que toutes ces petites mécaniques aussi, qui t'empêchent, qui t'encombrent, mais qui en même temps font partie du chemin. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais dire, est-ce qu'il y a comme une forme, peut-être le mot, de gestation du projet ? Tu vois, ça mijote.

  • Speaker #1

    Ouais, ça mijote. Je crois vraiment que c'est très juste que tu dis qu'entreprendre et créer quelque chose, il y a une partie très silencieuse et pas du tout visible à l'œil nu qui se passe à l'intérieur de soi, où tu installes ton désir à l'intérieur de toi, où tu apprivoises cette nouvelle envie, ce nouveau désir, et du coup, tu passes par plein de moments, en fait. par des moments où tu t'évades, tu y rêves, t'as plein d'idées, puis des moments où tu te où tu te dis, mais en fait, c'est n'importe quoi, je suis complètement grave de penser à ça. Enfin, tu vois, en fait, tu passes vraiment, et tu traverses ces vagues, et elles sont, et en fait, cette période, elle est plus ou moins longue, je pense. Mais, elle a, moi j'en suis convaincue aujourd'hui avec le recul, elle est fondatrice, c'est-à-dire qu'elle n'est pas, on a l'impression qu'il ne se passe rien, mais il se passe beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, et justement, tu parles de ce dialogue entre cette petite voix qui te dit, mais vraiment, c'est ça, la petite flamme, Et en même temps, une autre voix qui t'a dit non mais attends, c'est pas sérieux, qu'est-ce qui te prend, pourquoi toi, etc. Comment toi t'as fait pour faire la part des choses entre, on va dire peut-être ces deux petites voix si on peut les appeler comme ça ?

  • Speaker #1

    Je sais pas trop, je serais pas vraiment expliquée de manière rationnelle. Je pense que c'était un peu un dialogue intérieur. Je pense que j'ai... J'ai pas essayé de faire la part des choses. J'ai vécu chaque moment comme je devais probablement les vivre. Les moments où j'avais plus envie et où je doutais, j'y pensais plus. Et je mettais à distance le projet. Et puis en fait, ça revenait. En fait, voilà. Ce qui s'est passé, c'est que ça revenait tout le temps. D'accord. Donc, aujourd'hui, avec le recul, ce que je me dis, c'est que je devais vraiment avoir un grand désir, en fait. De changer quelque chose dans ma vie. Et qu'en fait, ce désir, malgré moi, il revenait à moi. Donc, c'est ça, en fait. c'est le C'est la persistance, en fait, de ce désir qui revenait à moi sous plein de formes, qui a fait qu'un jour, j'ai passé le cap.

  • Speaker #0

    Très bien, et donc ce jour-là ?

  • Speaker #1

    Alors je passe le cap à un moment de ma vie assez stratégique, puisque je viens d'accoucher de mon deuxième enfant, et que moi on m'avait quand même pas mal... dans l'imaginaire, dans l'inconscient collectif, deux enfants, c'est charge mentale fois deux. Donc moi, on m'avait dit deux fois quatre, bien sûr. Mais tu vois, on m'avait quand même... Je trouve que c'est ça, qui se balade dans l'inconscient collectif, c'est deux, c'est vraiment le vrai passage. C'est un peu le vrai moment où tu vas morfler, où tu vas être un peu éprouvée. Donc là, t'étais peinarde avec ta grande, mais non, ça va peut-être pareil. Et en fait, je pense que... Je sais pas, moi probablement que j'étais aussi... J'avais été très dévouée à mon aîné, j'ai arrêté de travailler pendant un an. Et c'était pas forcément une période de ma vie que j'ai si bien vécue que ça. Et je pense que j'ai eu envie de vivre l'arrivée de ce deuxième enfant très différemment. En ayant aussi des projets qui sont à moi. Parce que je sais pas si je me le disais comme ça, mais j'avais la sensation que c'était ce qui allait me rendre aussi très disponible et très heureuse. Donc... C'est à ce moment-là que je passe une étape qui est assez importante, car je m'inscris en fait à une formation à l'Institut du journalisme qui est en face de chez moi, et qui propose une petite formation sur le podcast de 4 jours que je finance avec mon compte formation. D'accord. Voilà, mon bébé a un mois, un mois et demi, et je me débrouille avec une nounou que je connais bien pour que ces jours-là, je sois en total bien sécurisée sur le fait que... Il est avec une personne de confiance et je me lance là-dedans. Et comme ça fait déjà deux ans que je réfléchis à ce projet, finalement j'arrive à cette formation avec quand même pas mal d'idées, tu vois. J'ai un peu comme une maquette à l'intérieur de moi. Donc cette formation, elle est intéressante parce qu'elle me permet aussi d'éclaircir ce à quoi j'ai déjà réfléchi depuis deux ans. Et donc quand je sors de cette formation, j'ai tout, potentiellement j'ai tout. Et c'est là où je me dis, ça y est, en fait, maintenant, tu vas te lancer et tu vas vraiment... Il n'y a plus qu'à quoi. Et donc, s'ensuit...

  • Speaker #0

    Oui, excuse-moi, tu as pu... Je vois bien ce que tu veux dire. Tu as pu cette excuse de, bon, en fait, il me manque ça, mais il me manque aussi ça. Là, bon, en fait, tu as tout. Donc,

  • Speaker #1

    j'ai tout.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il n'y a plus qu'à te lancer et que ça n'appartient qu'à toi.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus que l'expérience qui m'attend, en fait. D'accord. Qui est peut-être le plus génial, mais ce qui fait le plus peur. Et donc, s'en suit cette fameuse année, plus d'une année d'ailleurs, une année et demie, où je vais créer ce podcast, en fait. Créer ce podcast et me confronter au réel, au terrain. Puisque moi, j'ai choisi de réaliser un podcast sur des récits de vie. Donc, c'est des vraies vies, de vrais gens.

  • Speaker #0

    Des vraies rencontres.

  • Speaker #1

    Des vraies rencontres. et donc je... J'ai même un an et demi à enregistrer mes huit premiers épisodes, avec l'envie d'avoir un petit réservoir d'épisodes au moment où je me lance, pour être aussi un peu tranquillisée là-dessus.

  • Speaker #0

    Génial. Comment tu concilies aujourd'hui tes deux métiers, ou comment tu définirais ton métier, entre la partie psychologue clinicienne et la partie podcast et documentaire, dont peut-être tu veux nous parler un peu. plus en détail.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'effectivement, j'ai jamais arrêté mon métier de psychologue. C'est-à-dire que ce projet est venu se greffer à ma vie professionnelle. Et donc, du coup, ça a été aussi très exploratoire parce que moi, j'ai traversé quand même un grand moment de crise sur mon métier de psy. Notamment quand je me suis lancée dans ce projet, j'ai eu envie d'arrêter. j'ai cru que j'étais plus faite pour ça je suis passée par plein de moments des moments de doute ouais des moments de doute et en fait j'ai mis du temps beaucoup de temps à comprendre que en fait ces deux métiers pouvaient vraiment cohabiter que l'un pouvait nourrir l'autre mais que c'était peut-être une question d'équilibre et qu'il fallait que je trouve cet équilibre et donc Moi qui consultais 4 jours par semaine, je suis passée à 3, puis je suis passée à 2. Et je me suis rendue compte que mon équilibre, c'était en tant que psy, de recevoir mes patients 2 journées par semaine. Parce qu'au-delà de 2 journées par semaine, j'arrive à un moment de ma vie où c'est trop. Parce que j'ai des enfants en bas âge, parce que j'ai envie d'être dans l'écoute, j'ai envie d'aller à la rencontre des gens, mais autrement aussi qu'à travers la thérapie. Et ça, ça a été aussi tout un travail personnel de comprendre. aussi pourquoi, ce que ça représente pour moi et comment est-ce que je tisse ces deux pôles dans ma vie. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que souvent, en fait, on peut imaginer que je sais pas, c'est blanc ou noir, on a un métier qui nous passionne et en fait j'observe, et peut-être c'est ton cas aussi, que c'est beaucoup plus compliqué que ça et qu'en fait créer le métier qui nous convient va dépendre de ce qu'on y met et je... Peut-être que je continue cette image de cuisine, mais voilà, c'est comme une recette et tu vas y mettre ce que tu aimes, ce qui te convient, le rythme, toi, qui est bien pour toi. Je voulais revenir aussi sur ce que tu as partagé quand tu as eu ta première fille. Tu as eu une année avec elle et tu disais que finalement, ce n'était peut-être pas ce que tu as le mieux vécu comme période. Et quand tu as eu ton deuxième enfant, tu t'es dit, bon là, je vais avoir un projet pour moi qui m'anime. pour être bien en tant que maman ou en tant que femme, bien à la maison ? Est-ce que c'est quelque chose que... Peut-être pour le deuxième, tu te dis, je ne peux pas reproduire, de me mettre au service entièrement de mon bébé. Et pour le deuxième, tu t'es dit, au contraire, il faut que moi, je sois épanouie. Et donc, tout le reste va suivre. Est-ce que c'est ça que...

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je me le suis formalisé comme ça. moi je suis une bonne mère quand j'ai des projets qui m'animent alors évidemment il faut savoir aussi ralentir et ça on en parlera aussi c'est pas toujours simple quand t'es grisée quand t'as des passions et tout mais en tout cas avoir des espaces qui sont propres moi je sais que c'est ce qui me m'aide beaucoup à être disponible et à faire grandir mes enfants en n'étant pas aigrie franchement faut le dire c'est vrai enfin

  • Speaker #0

    Oui, et après, selon l'âge des enfants et la période, évidemment, entre période nouveau-né, et puis après quand ils grandissent, peut-être plus ou moins le besoin d'être complètement au service de ton enfant, mais c'est sûr que je pense que c'est intéressant de se poser la question de qu'est-ce qui te nourrit toi en tant que femme ?

  • Speaker #1

    pour être encore mieux auprès de tes enfants le soir quand tu rentres à la maison d'autant plus que je rajouterais que je découvre aussi que ça te nourrit toi mais ça les nourrit eux aussi c'est sympa quand les enfants te posent des questions sur ton travail ils voient que ça t'éclate en plus on en parlera mais moi le podcast s'est transformé en nouvelle passion pour le documentaire du coup je vis des expériences qui sont un peu qui sont pas forcément très ordinaires. Tu vois, ça fait plusieurs mois que je suis en immersion en police judiciaire à Bordeaux pour justement un projet de documentaire sur la police. Donc pour les enfants, à chaque fois et tous les matins, ils sont là « Tu vas voir les policiers ? » Enfin, tu vois, c'est sympa, ça crée aussi un intérêt et ils me posent plein de questions. Donc c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    Excellent. Oui, et hyper intéressant et j'imagine les petits qu'ils avaient curieux de ça. Et en même temps, ça peut aussi pour certaines personnes faire comme un écho de « waouh, quelle pression de devoir avoir une passion aussi, en plus de tout ce que j'essaye déjà de faire dans mon quotidien » . Donc ça m'amène à la question de « est-ce qu'il faut ou pas sortir de sa zone de confort ? » .

  • Speaker #1

    Pour moi, ça ne relève pas du savoir, ça relève de l'éprouver et de la sensation. Je serais très mal placée pour donner une leçon là-dessus. J'en ai aucune idée. Mais je pense vraiment que c'est... Et du coup, c'est en ça que c'est aussi très personnel, très intime. C'est pas...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de science, en fait.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de science, ouais. Il n'y a pas de théorie. En fait, je pense que ces projets-là, ça relève aussi d'un désir très profond qui un jour s'allume. Pourquoi ? Comment ? Voilà, c'est bien mystérieux. Ça appartient à l'histoire de chacune, de chacun. donc euh Non, c'est une autre écoute. C'est une autre façon de vivre sa vie. Je ne pourrais pas répondre à cette question. Parce que je risque de tomber dans un truc en disant il faudrait ceci, cela. Non, je ne crois pas que ce soit très juste.

  • Speaker #0

    Non, mais donc, si je comprends bien, c'est à chacun de ressentir si c'est le bon moment ou pas.

  • Speaker #1

    Ouais, et je pense qu'en plus, c'est pas non plus si simple de ressentir. Effectivement, ça peut prendre du temps. Tu vois, moi, j'ai eu cette espèce d'éclat comme ça un jour, mais j'ai mis beaucoup de temps à l'apprivoiser, à me dire que j'en avais vraiment envie. Et ce temps-là, avec le recul, je me dis qu'il m'a servi aussi à éprouver mon désir d'y aller. Donc ça avait une fonction aussi. Ça, c'est clair. Et oui, ressentir. Et voilà, il y a des moments dans la vie... La vie s'en charge aussi, moi je crois. Je crois que la vie s'en charge et c'est aussi très bien mettre sur notre passage et notre chemin des personnes, des signes. Après, la question c'est est-ce qu'on s'en saisit ? C'est une question de disponibilité intérieure, mais si c'est pas le moment, c'est pas le moment en fait. Et c'est pas parce qu'on a loupé certains signes qu'on saura pas les prendre à la fois d'après ?

  • Speaker #0

    Oui. Le train passe deux fois.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis il y a vraiment une question de tempo, je crois. C'est un peu comme dans la rencontre amoureuse, quoi. Oui. Il y a un peu une question de disponibilité intérieure, de tempo. C'est la question du bon moment, quoi. Et...

  • Speaker #0

    Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face quand tu décides de t'accomplir à travers ce projet de création ? Est-ce que tu as peut-être une anecdote à nous partager, un challenge que tu as rencontré ? Hum...

  • Speaker #1

    C'est quelque chose d'assez global. Enfin, c'est pas très précis. Mais je pense que quand tu commences à te lancer dans la création et que tu n'étais a priori dans les yeux des autres, pas forcément quelqu'un de très créatif, tu montres un peu un nouveau visage de toi. Et tu te dévoiles quand même pas mal. En tout cas, moi, c'est comme ça que je l'ai vécu. Et donc, du coup, et tu y mets énormément de toi. Parce que moi, je suis convaincue que ce qu'on crée, ce qu'on produit en tant qu'artiste, en tant que créateur, c'est le reflet aussi de quelque chose de très intérieur. Voilà, évidemment. Donc, du coup, c'est assez intime, en fait. Et donc, comme tu y mets beaucoup de toi, t'es très... Entre ce que tu produis et ce que tu es, la frontière n'est pas si simple. Et donc le regard qu'on pose sur ton travail, c'est aussi un regard qu'on pose sur toi, de certaine manière. Donc tout est un peu à fleur de peau. Donc moi, la plus grande difficulté que j'ai traversée, ça a été justement de vivre ce regard sur mon travail, qui était évidemment toujours extrêmement bienveillant, gentil, encourageant. mais aussi les gens ont leur goût tu vois, les gens ont leur goût ça j'ai adoré, ça j'ai moins aimé et en fait ça paraît rien évidemment, c'est la vie mais juste ça déjà c'était t'es à fleur de peau c'est un peu ton bébé et ça c'est vrai que on s'en rend pas vraiment compte mais tu vois maintenant quand j'en compte des personnes qui me parlent d'un projet ou qui veulent me faire lire quelque chose je sais à quel point c'est sensible en fait et qu'il faut y aller avec mouilles de pincettes, parce qu'en fait tu mets tellement de ta personne que justement tout ce travail de venir un petit peu te décoller aussi un peu de ce que tu produis et de pas tout prendre en perso, c'est un chemin aussi, tu vois, ça s'apprend, enfin je sais pas si ça s'apprend mais ça s'expérimente et puis c'est aussi une petite distance que tu mets à l'intérieur de toi pour... Pour ne pas tout prendre de plein fouet, accepter les remarques, progresser, t'améliorer. Tu ne vas pas tout prendre sur un plan personnel.

  • Speaker #0

    Oui, et peut-être choisir aussi les personnes qui t'entourent dans ces moments-là. Et peut-être, dans ce que tu dis, je me dis, si aujourd'hui, toi, tu prends des pincettes, c'est parce que toi-même, tu as dévoilé une partie de toi à travers des projets.

  • Speaker #1

    donc quand tu rencontres des personnes qui sont passées par là aussi il y a peut-être un regard encore plus bienveillant que de la part de personnes qui n'ont pas forcément expérimenté ça ouais bien sûr mais encore une fois le sujet il est pas du côté des gens qui très gentiment te font des remarques constructives en plus le sujet il est du côté de celle ou celui qui crée qui doit à tout prix faire ce travail là faire ce chemin là parce qu'on peut pas créer quelque chose qui a priori a pour objectif d'être présenté aux autres et en même temps ne pas supporter l'effet que ça a sur les gens tu vois l'écho que ça a chez les gens c'est quelque chose aussi qui nous appartient pas donc t'acceptes aussi que ton travail, que ton oeuvre que ce que tu produises et bien ça fasse son chemin que ce soit accueilli, pas accueilli, aimé, pas aimé fond. C'est ça, c'est aussi la liberté. C'est ce qui fait aussi que c'est beau.

  • Speaker #0

    Intéressant. Comment est-ce que tu gères entre les périodes d'élan créatif et les périodes de doute ? On a parlé un petit peu tout à l'heure, ce va-et-vient. Est-ce que peut-être tu l'as raconté au démarrage de ton chemin ? Et peut-être aujourd'hui, comment tu vis ces moments ?

  • Speaker #1

    Alors je les gère pas non je les gère pas très bien je sais pas s'il faut les gérer d'ailleurs mais c'est très intense il y a des grands hauts et des grands bas c'est aussi ce que j'aime c'est aussi ce que j'aime je pense que c'est le fait c'est le temps en fait c'est le fait que ça s'installe dans le temps qui fait que tu prends du recul Voilà. parce qu'au début évidemment quand t'es dans le creux de la vague ou en haut de la vague en fait t'as pas le recul pour te dire que ça va passer, que ça va retomber ou que ça va remonter donc du coup tu vis tout de manière extrêmement intense après je trouve que quand t'as fait l'expérience de ces hauts et de ces bas tu sais en fait que ça fait partie du processus créatif, tu le sais et cette connaissance sur le plan intellectuel t'aide à le traverser sur le plan émotionnel

  • Speaker #0

    Et du coup, tu l'acceptes plus ?

  • Speaker #1

    Tu l'acceptes plus, je pense. Tu te laisses plus traverser. C'est un peu comme le deuxième bébé, quoi. Tu vois, tu l'as déjà vécu, donc tu sais qu'il y a des moments où tu rentres de la maternité, tu es potentiellement au bout du rouleau, tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est normal et que ce n'est pas toi qui est le problème.

  • Speaker #1

    Tu sais que ce sont des moments où ça va partir un peu en cacahuètes, potentiellement, mais que ça passe.

  • Speaker #0

    Voilà,

  • Speaker #1

    que ça passe. Tu sais que ton enfant ne va pas dormir pendant un moment, mais que ça passe, que les nuits vont se faire potentiellement. Évidemment, après, il y a toujours des cas et tout. Mais voilà, c'est ce recul, moi, je trouve, qui est très précieux.

  • Speaker #0

    Oui, et est-ce que tu dirais que les moments de doute, plus tu as d'élan créatif d'un côté, plus tu as de moments de joie, d'enthousiasme, plus tu as forcément l'autre côté de la pièce ? C'est-à-dire des moments de doux, de difficultés, de désespoir peut-être. C'est-à-dire, est-ce que tu vis plus intensément les deux côtés ? À l'inverse, peut-être quand tu es un peu plus éteinte dans ta vie professionnelle, où tu t'ennuies, tu n'as ni les hauts ni les bas, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que pour qu'il y ait des hauts, il faut qu'il y ait des bas. il y a des bas, il faut des hauts. C'est la nuance, la variation qu'on ressent aussi. Beaucoup, quoi. Après, de façon concrète, moi, ce que je peux te dire, c'est que par moments, t'as des grands hauts, t'as beaucoup d'exaltation parce que tu sens que tu tiens un truc. Voilà. Typiquement, dans mon projet de documentaire sur la police, tout l'enjeu de mon immersion, c'était aussi de trouver une histoire, de trouver des personnages qui puissent... incarner cette histoire. Donc, ça prend énormément de temps. En plus, nous, notre thème, c'est les émotions, c'est la vulnérabilité chez le policier. Donc, c'est un sujet qui est ultra sensible. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Justement, qu'est-ce que tu apprends sur ce sujet ? Et peut-être, après aussi, on en reparlera sur les relations, les liens à travers ton podcast et à travers le documentaire que tu es en train de préparer.

  • Speaker #1

    Alors, moi, ce que j'ai découvert, enfin, je sais pas si j'ai appris énormément de choses, mais ce que j'ai découvert, c'est que pendant cette immersion de plusieurs mois, je me suis retrouvée avec des gars qui sont donc flics, enquêteurs, en police judiciaire, qui ont des parcours de vie de fous, qui étaient pas dans ma vie avant, qui sont rentrés dans ma vie par ce projet de documentaire. qui sont pas ni des amis, ni des collègues. Enfin, tu vois, le statut est un peu... Enfin, le lien est un peu nouveau, quoi. Tu vois, c'est un lien de documentariste à personne qui nous intéresse. Donc, qu'est-ce qui se tisse entre nous, je sais pas bien trop comment je pourrais le définir. C'est un mélange. Et ce que j'ai découvert, c'est que j'ai vécu des... J'ai touché du doigt une profondeur de la relation un peu... Un peu déstabilisante, c'est-à-dire que tu te dis comment c'est possible qu'avec des personnes que tu connaissais pas, il y a deux mois, j'en sois là dans la relation.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que même avec des gens que je côtoie extrêmement quotidiennement, qui sont dans mon quotidien, j'ai pas ça. Donc ça, c'est vrai que ça a été un peu déstabilisant, et en même temps ça montre que le lien est extrêmement vivant, c'est une matière vivante qui ne cesse d'évoluer, et que les expériences aussi que tu vis ensemble, que tu partages, Elles sont très reliantes. Je pense que nous, on n'est pas venus avec un carnet de notes assises dans un coin de la pièce à les regarder. On a vécu des choses avec eux. Le but de notre immersion, c'était de nous immerger pour aller les comprendre de l'intérieur. Pour les comprendre de l'intérieur, ce n'est pas être distante, c'est être proche d'eux. C'est un vrai intérêt qu'on leur a apporté. Ce n'est pas juste qu'on vous observe de loin et qu'on reste dans notre bulle confortable. Pour le coup, là, on est sortis de notre zone de confort. Parce qu'on s'est retrouvés, tu vois, au milieu de brigades, avec 15 mecs, tu vois, des univers qui sont quand même, a priori, pas ceux dans lesquels moi j'ai l'habitude d'évoluer. Donc du coup, c'est un nouveau jargon, c'est un autre style, c'est une manière d'être en relation qui est complètement inconnue pour moi, c'est très terrain, c'est tout sauf ce que je connais, tu vois. Moi, je suis plutôt cérébrale, assez intellectuelle. je pense quand même assez féminine, plus du côté des émotions. Sur le papier, tu pouvais te dire, c'est quand même particulier. Et sortir de sa zone de confort, c'est aller à la rencontre de l'autre. Vraiment. Et accepter de vivre autrement qu'à travers tes référentiels à toi. Et là, il y a quelque chose qui se passe. Il y a quelque chose qui se passe de très fort. Et ça me fait dire qu'il n'y a pas de secret. La relation, elle se nourrit, tu vois. Elle se nourrit aussi de l'expérience et de l'intérêt qu'on se porte en profondeur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que c'est ça qui fait le lien ? C'est de vivre, en fait, une expérience avec ces personnes ? Enfin, si tu prends cet exemple, tu suis ces policiers pour le documentaire, de vivre avec eux des moments et de ressentir, en fait,

  • Speaker #0

    Des choses ensemble. Oui, je pense que ça a été très fondateur. Je pense que pour eux, ça a été un gage de... Ah oui, ok. Elles sont là, elles font pas son long. Elles sont là, elles vivent le truc avec nous. Elles s'intègrent. Elles quittent un peu aussi leurs habitudes pour venir à nous. Et ça, je pense que c'est dans la vie. Là, c'était... dans ce projet de documentaire, mais dans la vie, je pense que c'est important aussi. C'est important de pouvoir sortir de son référentiel à soi, aller vers l'autre, tu vois. Aller vivre aussi des expériences avec des gens qui te sont chers, partager des expériences. Moi, je pense que c'est très reliant, déjà. C'est hyper fondateur. Et puis aussi accepter de se décentrer, d'une certaine manière, c'est ça ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    de faire l'effort d'aller vers l'autre.

  • Speaker #0

    Hyper dur, évidemment, parce qu'on est tous dans nos mécanismes. Bien sûr, mais ça m'a rappelé ça. En fait, je l'ai vécu de manière professionnelle, mais c'est un vrai enseignement qu'ils nous ont donné.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Et à travers les différents témoignages que tu as reçus dans ton podcast, est-ce qu'il y a quelque chose aussi que tu retiens ou un exemple qui t'a marqué particulièrement ?

  • Speaker #0

    Franchement, ils m'ont tous beaucoup touchée. Ce que je retiens de tous mes épisodes de podcast, c'est que l'adversité, l'épreuve de vie... Et vraiment l'occasion aussi parfois de faire sortir des choses qu'on a à l'intérieur de soi. Je ne dis pas que l'épreuve n'existe pas. L'épreuve existe réellement et avec toute sa complexité et sa difficulté. Mais elle peut apporter quelque chose aussi. Et ça, c'est quelque chose que j'ai... En tout cas, les invités qui ont témoigné dans mon podcast ont transmis, ont donné aux auditeurs. Donc ça, je trouve que c'est vraiment un message d'espoir pour ceux qui sont dans le tunnel. Même si je pense que c'est aussi un message qui peut agacer et qui peut un peu énerver quand il y est. Dire t'es sympa, mais le côté transformateur, en fait, j'y suis pas du tout et je vois pas de quoi tu parles. En fait, j'ai écouté un podcast il y a pas longtemps. J'aime beaucoup les lueurs. le podcast Les Lueurs, et j'ai écouté celui de Corneille. Tu vois, Corneille, pour moi, son chanteur, c'est vraiment... Il incarne le drame. Voilà. Il a toute sa famille qui s'est fait massacrer sous ses yeux. Voilà, donc c'est quand même... Si tu veux, il a vécu la perte, le drame, la tragédie à l'état pur, quoi. Et je l'écoute, et en fait, ce gars, il a quand même cette force dans son témoignage de te dire... En fait, j'ai eu deux options dans ma vie. Soit je m'attachais à ce statut de victime que j'étais, et j'en faisais ma seconde peau, et je revêtais mon manteau de souffrance, et je ne vivais que comme ça. Soit je prenais l'autre voie, et je me bats. Et en fait, moi, c'est pas moi qui le dis, parce que moi, évidemment, j'ai rien vécu de tout ça, mais c'est parce que je l'ai écouté, lui, ça m'a rejoint, parce que je me suis dit, c'est C'est aussi ça le sens de l'existence. Si tu peux décider de regarder les épreuves comme n'étant que des épreuves, mais moi c'est vrai qu'en tant que documentariste et femme qui essaye de fabriquer des projets de documentaire sur l'intime, évidemment c'est quand ça secoue qu'il y a des choses qui se passent. Je ne vais pas regarder les épreuves pour aller les regarder avec un regard voyeuriste, juste pour regarder ce qu'il y a de pas beau. Je vais regarder comment on se débrouille avec tout ça et la force de vie des gens. face à ce qui peut être très difficile. Et ça, je trouve que c'est extraordinaire. Moi, l'humain me passionne pour ça.

  • Speaker #1

    Et pour finir, quels conseils tu donnerais aux femmes qui ressentent l'envie profonde de se lancer dans un nouveau projet, mais qui pensent qu'elles n'ont pas le temps, qu'elles n'en sont pas capables, ou que c'est pour les autres. De ton expérience, quel message tu aurais envie de transmettre ?

  • Speaker #0

    Je leur dirais d'être douce avec elles. de se laisser faire, que c'est peut-être pas le moment. Que peut-être que si elles pensent ça, c'est que c'est pas le moment. Mais que ça veut pas dire qu'elles peuvent pas en avoir le désir. Que ces pensées-là peuvent tout à fait cohabiter avec un désir.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et je leur dirais que le désir, c'est quelque chose qui s'entretient. Et que peut-être que c'est... Qu'il s'entretient et qu'il y a besoin d'être éprouvé. Et que peut-être que toutes ces pensées... Même si elles ont l'impression que c'est ce qui les empêche et ce qui les encombre, c'est peut-être aussi ce qui fera qu'elles se lanceront.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon de le voir.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que c'est ce qui fait qu'à un moment donné, potentiellement, face à ça, face à toutes ces mécaniques, le désir prend le dessus. Donc ça a une fonction, ça. C'est pas là par hasard. On n'est pas... Bien sûr qu'on flippe, voilà. Donc moi, je dirais que de se laisser un peu tranquille et puis de... de traverser ces moments comme ils doivent être. Et puis ça se fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être justement de les laisser venir ces doutes, de les accepter, de ne pas lutter contre eux, peut justement peut-être aider à passer à l'action.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que moi... Tu vois, je suis d'orientation psychanalytique en tant que psychologue, et donc évidemment je ne me place pas du tout du côté des thérapies comportementales. La raison pour laquelle je ne me place pas de ce côté-là, c'est que justement il y a une tendance à vouloir supprimer le symptôme à tout prix, et à trouver la solution. Donc pourquoi pas ? En tout cas, moi ce n'est pas comme ça que j'envisage la dynamique psychique humaine. Et je pense que quand il y a un symptôme, eh bien, il nous parle. Il raconte quelque chose de nous. Évidemment qu'on aimerait qu'il soit moins fort, mais tout le travail, c'est d'aller chercher comment est-ce qu'on peut s'exprimer autrement qu'à travers ce symptôme. Et c'est quand on a trouvé l'autre canal que généralement le symptôme peut dégonfler aussi un peu. Et donc, dans la création, je trouve que c'est pareil. On est très symptomatique. de doute, de peur, de crainte. Et ces symptômes, là, ils parlent, ils racontent plein de trucs de nous. Donc moi, je trouve ça... Il faut les faire exister. En fait, à vouloir trop les mettre de côté, à vouloir trop être parfait, il y a toute une partie de nous qu'on n'écoute pas. Moi, je trouve que c'est quand on est vulnérable, qu'on hésite, qu'on doute, que du coup, on s'imprègne aussi de ce qu'on a vraiment dans le cœur.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon, je pense, de conclure l'épisode. Et ça me parle beaucoup, ce que tu dis. Donc vraiment, merci, Domiti, pour ton témoignage. Et voilà, cette vision aussi que tu peux apporter sur... Je pense que ces périodes de doute peuvent parler à plein de personnes. Et je pense que c'est très riche d'avoir ce regard aussi de ta part, en tant que personne et aussi en tant que professionnelle.

  • Speaker #0

    Merci à toi, en tout cas. Merci.

  • Speaker #1

    Trop bien. Si cet épisode vous a inspiré ou donné des clés pour avancer dans votre carrière, n'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles. Et si vous avez envie d'échanger, de partager votre parcours ou d'être accompagné dans votre vie professionnelle, je serai ravie de vous lire. Pour cela, contactez-moi sur Instagram ou via mon site mathesense.com. Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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Description

Dans cet épisode de Matésens, Margaux reçoit Domitille Tassin, psychologue clinicienne devenue podcasteuse et documentariste. À travers son parcours, elle raconte comment la maternité a été pour elle un véritable tournant : un moment de doute, mais aussi d'élan pour créer, se réinventer et trouver un nouvel équilibre entre ses différentes passions.


De la petite graine d’une révélation entendue dans un podcast, à la naissance de son propre projet, jusqu’à son immersion actuelle auprès de la police judiciaire pour réaliser un documentaire, Domitille partage avec sincérité les étapes, les doutes et les élans qui jalonnent tout chemin de création.


Vous découvrirez :

  • Le rôle des « petites graines » qui finissent par s’imposer malgré les doutes

  • Pourquoi la phase invisible (où « il ne se passe rien ») est en réalité essentielle à tout projet

  • Comment concilier deux métiers qui, a priori, semblent éloignés (psychologie et création)

  • Ce que l’immersion documentaire de Domitille auprès de la police lui a appris sur le lien et la vulnérabilité.

  • Des conseils précieux pour entretenir son désir de projet, même quand on n’ose pas encore se lancer


Un épisode inspirant pour toutes celles qui sentent en elles l’envie de changement, mais qui n’osent pas encore franchir le pas.


Et si cet épisode vous a inspirée ou donné des clefs pour avancer dans votre carrière, n’hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles.


Et si vous avez envie d’échanger, de partager votre parcours ou d’être accompagnée dans votre vie professionnelle, je serais ravie de vous lire.  


Pour cela, contactez-moi sur Instagram @matesens_coaching ou via mon site matésens. com


Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode ! 🎙️✨

Margaux





Références :

-Ce qui nous lie podcast

-Bliss Clémentine Galey

-Les déviations


Crédit photo : Elodie Rambaud


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Matésens, le podcast des femmes qui réinventent leur carrière après la maternité. Je m'appelle Margaux Saubry-Bobet et je suis coach professionnelle certifiée. Chaque semaine, je vous invite à découvrir des parcours inspirants de femmes qui ont osé transformer leur vie professionnelle. Au programme, des conseils concrets et des outils pratiques pour avancer avec confiance et ambition vers la carrière qui vous correspond et qui vous rend fière. Alors, si vous êtes prête à écrire le prochain chapitre de votre vie professionnelle, Je vous invite à vous abonner dès maintenant. Allez, c'est parti ! Hello à toutes, Je suis tres heurese de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Aujourd’hui, je reçois Domitille Tassin, qui psychologue clinicienne. Il y a qq années, après la naissance de son deuxième enfant, domitille décide de créér un podcast qu’elle nomme « Ce qui nous lie » dans lequel elle explore nos liens humain. Ce projet devient ensuite un tremplin qui la conduit vers un nouveau mode d’expression : le documentaire. C’est dans ce cadre là qu’elle est aujourd’hui, en immersion auprès de la police judiciaire. Elle travaille sur un documentaire consacré à la vulnérabilité des policiers. Ce sont autant de raisons qui font que quand une amie commune m’a parlé d’elle, j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer et de comprendre comment elle s’est réinventée à travers la création. Et puis de partager son histoire avec vous. . Hello Domitille !

  • Speaker #1

    Bonjour Margaux !

  • Speaker #0

    Trop contente de te recevoir aujourd'hui à la maison, où il fait un peu gris mais on va quand même illuminer cette journée ensemble. Pour te présenter, est-ce que tu pourrais nous dire déjà d'où tu viens et qu'est-ce que tu rêvais de devenir quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai grandi en région parisienne, en banlieue parisienne. Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Et donc voilà, une petite vie douce en maison. J'ai grandi avec de l'espace autour de moi. Et quand j'étais petite, écoute, c'est assez marrant, je voulais être puricultrice. Ah d'accord. J'avais une grande... J'aimais bien les petits, les vivants. Et je pense qu'à un moment donné j'avais voulu être maîtresse. Et puis après quand j'ai découvert le métier de puricultrice, ça m'a passionnée. Et donc, je voulais être puricultrice. Voilà.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, ça t'est passé ? Et après,

  • Speaker #1

    ça m'est passé... Je pense que non, ça ne m'est pas tant passé que ça. Je suis quand même... Je sentais... Enfin, j'ai quand même assez vite su que j'avais travaillé dans le soin. Voilà. Ça, c'était vraiment quelque chose... Voilà. Alors après, peut-être que je changeais de profession. Je passais d'ostéopathe à puricultrice à... Je ne suis pas sûre de m'être dit psychologue.

  • Speaker #0

    mais je savais que je voulais m'occuper des gens ça c'était ça qui m'intéressait prendre soin des autres et donc il y a quelques années tu décides de réinventer ta carrière est-ce que tu pourrais nous dire ce qui s'est passé ce jour là comment en fait tu as réinventé totalement ton métier et aujourd'hui est-ce que tu pourrais définir quel est ton métier

  • Speaker #1

    Alors c'est un moment de ma vie où je viens d'arriver, donc je viens de déménager, j'ai 32 ans, j'ai mon aîné qui a 2 ans, 2 ans et demi, et donc je suis effectivement psychologue depuis 8 ans quoi, 8-10 ans déjà. Donc voilà, tout est un peu installé si je puis dire. Et en même temps un peu... déboussolée du fait de ce déménagement, de mon père, de la maternité qui est quand même rentrée dans ma vie. Et puis, je me souviens d'une journée très précise. C'était un jour où j'étais dans un parc, et où j'écoute le podcast de cette femme qui s'appelle Clémentine Gallet, que tes auditrices connaîtront probablement, qui a fondé BlizzStory. Et je l'écoute dans un podcast qui s'appelle Les Déviations. Et Les Déviations, c'est un podcast qui raconte des changements de vie. des changements de trajectoire donc voilà à ce moment là pourquoi j'écoutais ça peut-être que c'était déjà un peu un désir qu'il y avait en moi de changer de trajectoire je me le disais pas comme ça mais bon avec le recul tu peux pas t'empêcher de te dire que c'est jamais un hasard ces histoires là et je l'écoute raconter et témoigner de ce moment où elle a eu ce déclic elle était dans sa voiture dans les embouteillages et elle entend une femme parler de la maternité et c'est là qu'elle comprend que elle se dit mais elle a une espèce de révélation tu vois ... hyper fort de se dire mais en fait c'est ça que je veux faire moi. Et en fait, cette espèce de témoignage très fort, cette révélation qu'elle partage dans ce podcast, me transperce. Et je me dis, moi aussi, j'ai envie de vivre ça. Et pourquoi, moi, je ne ferais pas ça aussi ? C'est à la fois violent et à la fois très simple. Et donc, j'ai cette espèce... Tout d'un coup, pourquoi ce jour-là, de cette manière-là ? à travers Clémentine Gallet je me projette je me dis moi aussi ça me donne envie alors que je suis pas particulièrement une consommatrice de podcast je vais pas m'inventer une vie, c'est vrai j'en écoutais pas particulièrement j'écoutais pas mal Bliss à l'époque mais je suis pas une passionnée de l'audio en particulier la petite graine commence comme ça et se met comme ça et comment tu passes justement de

  • Speaker #0

    La petite graine de cette révélation que peut-être plusieurs femmes peuvent se reconnaître là-dedans en se disant « oui, j'ai ressenti ce moment où quelque chose me fait envie » . Comment tu passes de ça à quelque chose de plus concret, un projet qui prend vie ? Ouais.

  • Speaker #1

    Franchement, ça a été un long chemin, quand même, qui n'a pas été du tout rapide.

  • Speaker #0

    Ça, je pense que c'est important de le dire aux personnes qui peuvent écouter, que voilà, c'est pas un claquant des doigts.

  • Speaker #1

    Non, ce jour-là, il y a comme un... il y a une révélation, c'est clair. En tout cas, il y a tout d'un coup une envie de faire quelque chose d'autre, de différent, de créer. Mais voilà, je rentre chez moi, rien n'a changé. Voilà, mais à l'intérieur de moi, il y a quelque chose qui s'est passé, ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Il y a quelque chose qui s'allume.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui s'allume. Mais... Il va se passer quand même deux ans sans que visiblement il se passe quelque chose. C'est-à-dire que j'ai ça en moi, je le garde, j'y repense de temps en temps, j'en parle de temps en temps, notamment à mon mari, j'y réfléchis. Mais rien ne bouge extérieurement. C'est-à-dire que je remets toujours un peu à plus tard cette histoire-là. Alors par peur, peut-être, de ne pas y arriver, parce que ce n'est pas le moment, parce que j'ai autre chose à faire. Parce que toutes ces petites mécaniques aussi, qui t'empêchent, qui t'encombrent, mais qui en même temps font partie du chemin. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais dire, est-ce qu'il y a comme une forme, peut-être le mot, de gestation du projet ? Tu vois, ça mijote.

  • Speaker #1

    Ouais, ça mijote. Je crois vraiment que c'est très juste que tu dis qu'entreprendre et créer quelque chose, il y a une partie très silencieuse et pas du tout visible à l'œil nu qui se passe à l'intérieur de soi, où tu installes ton désir à l'intérieur de toi, où tu apprivoises cette nouvelle envie, ce nouveau désir, et du coup, tu passes par plein de moments, en fait. par des moments où tu t'évades, tu y rêves, t'as plein d'idées, puis des moments où tu te où tu te dis, mais en fait, c'est n'importe quoi, je suis complètement grave de penser à ça. Enfin, tu vois, en fait, tu passes vraiment, et tu traverses ces vagues, et elles sont, et en fait, cette période, elle est plus ou moins longue, je pense. Mais, elle a, moi j'en suis convaincue aujourd'hui avec le recul, elle est fondatrice, c'est-à-dire qu'elle n'est pas, on a l'impression qu'il ne se passe rien, mais il se passe beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, et justement, tu parles de ce dialogue entre cette petite voix qui te dit, mais vraiment, c'est ça, la petite flamme, Et en même temps, une autre voix qui t'a dit non mais attends, c'est pas sérieux, qu'est-ce qui te prend, pourquoi toi, etc. Comment toi t'as fait pour faire la part des choses entre, on va dire peut-être ces deux petites voix si on peut les appeler comme ça ?

  • Speaker #1

    Je sais pas trop, je serais pas vraiment expliquée de manière rationnelle. Je pense que c'était un peu un dialogue intérieur. Je pense que j'ai... J'ai pas essayé de faire la part des choses. J'ai vécu chaque moment comme je devais probablement les vivre. Les moments où j'avais plus envie et où je doutais, j'y pensais plus. Et je mettais à distance le projet. Et puis en fait, ça revenait. En fait, voilà. Ce qui s'est passé, c'est que ça revenait tout le temps. D'accord. Donc, aujourd'hui, avec le recul, ce que je me dis, c'est que je devais vraiment avoir un grand désir, en fait. De changer quelque chose dans ma vie. Et qu'en fait, ce désir, malgré moi, il revenait à moi. Donc, c'est ça, en fait. c'est le C'est la persistance, en fait, de ce désir qui revenait à moi sous plein de formes, qui a fait qu'un jour, j'ai passé le cap.

  • Speaker #0

    Très bien, et donc ce jour-là ?

  • Speaker #1

    Alors je passe le cap à un moment de ma vie assez stratégique, puisque je viens d'accoucher de mon deuxième enfant, et que moi on m'avait quand même pas mal... dans l'imaginaire, dans l'inconscient collectif, deux enfants, c'est charge mentale fois deux. Donc moi, on m'avait dit deux fois quatre, bien sûr. Mais tu vois, on m'avait quand même... Je trouve que c'est ça, qui se balade dans l'inconscient collectif, c'est deux, c'est vraiment le vrai passage. C'est un peu le vrai moment où tu vas morfler, où tu vas être un peu éprouvée. Donc là, t'étais peinarde avec ta grande, mais non, ça va peut-être pareil. Et en fait, je pense que... Je sais pas, moi probablement que j'étais aussi... J'avais été très dévouée à mon aîné, j'ai arrêté de travailler pendant un an. Et c'était pas forcément une période de ma vie que j'ai si bien vécue que ça. Et je pense que j'ai eu envie de vivre l'arrivée de ce deuxième enfant très différemment. En ayant aussi des projets qui sont à moi. Parce que je sais pas si je me le disais comme ça, mais j'avais la sensation que c'était ce qui allait me rendre aussi très disponible et très heureuse. Donc... C'est à ce moment-là que je passe une étape qui est assez importante, car je m'inscris en fait à une formation à l'Institut du journalisme qui est en face de chez moi, et qui propose une petite formation sur le podcast de 4 jours que je finance avec mon compte formation. D'accord. Voilà, mon bébé a un mois, un mois et demi, et je me débrouille avec une nounou que je connais bien pour que ces jours-là, je sois en total bien sécurisée sur le fait que... Il est avec une personne de confiance et je me lance là-dedans. Et comme ça fait déjà deux ans que je réfléchis à ce projet, finalement j'arrive à cette formation avec quand même pas mal d'idées, tu vois. J'ai un peu comme une maquette à l'intérieur de moi. Donc cette formation, elle est intéressante parce qu'elle me permet aussi d'éclaircir ce à quoi j'ai déjà réfléchi depuis deux ans. Et donc quand je sors de cette formation, j'ai tout, potentiellement j'ai tout. Et c'est là où je me dis, ça y est, en fait, maintenant, tu vas te lancer et tu vas vraiment... Il n'y a plus qu'à quoi. Et donc, s'ensuit...

  • Speaker #0

    Oui, excuse-moi, tu as pu... Je vois bien ce que tu veux dire. Tu as pu cette excuse de, bon, en fait, il me manque ça, mais il me manque aussi ça. Là, bon, en fait, tu as tout. Donc,

  • Speaker #1

    j'ai tout.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il n'y a plus qu'à te lancer et que ça n'appartient qu'à toi.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus que l'expérience qui m'attend, en fait. D'accord. Qui est peut-être le plus génial, mais ce qui fait le plus peur. Et donc, s'en suit cette fameuse année, plus d'une année d'ailleurs, une année et demie, où je vais créer ce podcast, en fait. Créer ce podcast et me confronter au réel, au terrain. Puisque moi, j'ai choisi de réaliser un podcast sur des récits de vie. Donc, c'est des vraies vies, de vrais gens.

  • Speaker #0

    Des vraies rencontres.

  • Speaker #1

    Des vraies rencontres. et donc je... J'ai même un an et demi à enregistrer mes huit premiers épisodes, avec l'envie d'avoir un petit réservoir d'épisodes au moment où je me lance, pour être aussi un peu tranquillisée là-dessus.

  • Speaker #0

    Génial. Comment tu concilies aujourd'hui tes deux métiers, ou comment tu définirais ton métier, entre la partie psychologue clinicienne et la partie podcast et documentaire, dont peut-être tu veux nous parler un peu. plus en détail.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'effectivement, j'ai jamais arrêté mon métier de psychologue. C'est-à-dire que ce projet est venu se greffer à ma vie professionnelle. Et donc, du coup, ça a été aussi très exploratoire parce que moi, j'ai traversé quand même un grand moment de crise sur mon métier de psy. Notamment quand je me suis lancée dans ce projet, j'ai eu envie d'arrêter. j'ai cru que j'étais plus faite pour ça je suis passée par plein de moments des moments de doute ouais des moments de doute et en fait j'ai mis du temps beaucoup de temps à comprendre que en fait ces deux métiers pouvaient vraiment cohabiter que l'un pouvait nourrir l'autre mais que c'était peut-être une question d'équilibre et qu'il fallait que je trouve cet équilibre et donc Moi qui consultais 4 jours par semaine, je suis passée à 3, puis je suis passée à 2. Et je me suis rendue compte que mon équilibre, c'était en tant que psy, de recevoir mes patients 2 journées par semaine. Parce qu'au-delà de 2 journées par semaine, j'arrive à un moment de ma vie où c'est trop. Parce que j'ai des enfants en bas âge, parce que j'ai envie d'être dans l'écoute, j'ai envie d'aller à la rencontre des gens, mais autrement aussi qu'à travers la thérapie. Et ça, ça a été aussi tout un travail personnel de comprendre. aussi pourquoi, ce que ça représente pour moi et comment est-ce que je tisse ces deux pôles dans ma vie. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que souvent, en fait, on peut imaginer que je sais pas, c'est blanc ou noir, on a un métier qui nous passionne et en fait j'observe, et peut-être c'est ton cas aussi, que c'est beaucoup plus compliqué que ça et qu'en fait créer le métier qui nous convient va dépendre de ce qu'on y met et je... Peut-être que je continue cette image de cuisine, mais voilà, c'est comme une recette et tu vas y mettre ce que tu aimes, ce qui te convient, le rythme, toi, qui est bien pour toi. Je voulais revenir aussi sur ce que tu as partagé quand tu as eu ta première fille. Tu as eu une année avec elle et tu disais que finalement, ce n'était peut-être pas ce que tu as le mieux vécu comme période. Et quand tu as eu ton deuxième enfant, tu t'es dit, bon là, je vais avoir un projet pour moi qui m'anime. pour être bien en tant que maman ou en tant que femme, bien à la maison ? Est-ce que c'est quelque chose que... Peut-être pour le deuxième, tu te dis, je ne peux pas reproduire, de me mettre au service entièrement de mon bébé. Et pour le deuxième, tu t'es dit, au contraire, il faut que moi, je sois épanouie. Et donc, tout le reste va suivre. Est-ce que c'est ça que...

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je me le suis formalisé comme ça. moi je suis une bonne mère quand j'ai des projets qui m'animent alors évidemment il faut savoir aussi ralentir et ça on en parlera aussi c'est pas toujours simple quand t'es grisée quand t'as des passions et tout mais en tout cas avoir des espaces qui sont propres moi je sais que c'est ce qui me m'aide beaucoup à être disponible et à faire grandir mes enfants en n'étant pas aigrie franchement faut le dire c'est vrai enfin

  • Speaker #0

    Oui, et après, selon l'âge des enfants et la période, évidemment, entre période nouveau-né, et puis après quand ils grandissent, peut-être plus ou moins le besoin d'être complètement au service de ton enfant, mais c'est sûr que je pense que c'est intéressant de se poser la question de qu'est-ce qui te nourrit toi en tant que femme ?

  • Speaker #1

    pour être encore mieux auprès de tes enfants le soir quand tu rentres à la maison d'autant plus que je rajouterais que je découvre aussi que ça te nourrit toi mais ça les nourrit eux aussi c'est sympa quand les enfants te posent des questions sur ton travail ils voient que ça t'éclate en plus on en parlera mais moi le podcast s'est transformé en nouvelle passion pour le documentaire du coup je vis des expériences qui sont un peu qui sont pas forcément très ordinaires. Tu vois, ça fait plusieurs mois que je suis en immersion en police judiciaire à Bordeaux pour justement un projet de documentaire sur la police. Donc pour les enfants, à chaque fois et tous les matins, ils sont là « Tu vas voir les policiers ? » Enfin, tu vois, c'est sympa, ça crée aussi un intérêt et ils me posent plein de questions. Donc c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    Excellent. Oui, et hyper intéressant et j'imagine les petits qu'ils avaient curieux de ça. Et en même temps, ça peut aussi pour certaines personnes faire comme un écho de « waouh, quelle pression de devoir avoir une passion aussi, en plus de tout ce que j'essaye déjà de faire dans mon quotidien » . Donc ça m'amène à la question de « est-ce qu'il faut ou pas sortir de sa zone de confort ? » .

  • Speaker #1

    Pour moi, ça ne relève pas du savoir, ça relève de l'éprouver et de la sensation. Je serais très mal placée pour donner une leçon là-dessus. J'en ai aucune idée. Mais je pense vraiment que c'est... Et du coup, c'est en ça que c'est aussi très personnel, très intime. C'est pas...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de science, en fait.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de science, ouais. Il n'y a pas de théorie. En fait, je pense que ces projets-là, ça relève aussi d'un désir très profond qui un jour s'allume. Pourquoi ? Comment ? Voilà, c'est bien mystérieux. Ça appartient à l'histoire de chacune, de chacun. donc euh Non, c'est une autre écoute. C'est une autre façon de vivre sa vie. Je ne pourrais pas répondre à cette question. Parce que je risque de tomber dans un truc en disant il faudrait ceci, cela. Non, je ne crois pas que ce soit très juste.

  • Speaker #0

    Non, mais donc, si je comprends bien, c'est à chacun de ressentir si c'est le bon moment ou pas.

  • Speaker #1

    Ouais, et je pense qu'en plus, c'est pas non plus si simple de ressentir. Effectivement, ça peut prendre du temps. Tu vois, moi, j'ai eu cette espèce d'éclat comme ça un jour, mais j'ai mis beaucoup de temps à l'apprivoiser, à me dire que j'en avais vraiment envie. Et ce temps-là, avec le recul, je me dis qu'il m'a servi aussi à éprouver mon désir d'y aller. Donc ça avait une fonction aussi. Ça, c'est clair. Et oui, ressentir. Et voilà, il y a des moments dans la vie... La vie s'en charge aussi, moi je crois. Je crois que la vie s'en charge et c'est aussi très bien mettre sur notre passage et notre chemin des personnes, des signes. Après, la question c'est est-ce qu'on s'en saisit ? C'est une question de disponibilité intérieure, mais si c'est pas le moment, c'est pas le moment en fait. Et c'est pas parce qu'on a loupé certains signes qu'on saura pas les prendre à la fois d'après ?

  • Speaker #0

    Oui. Le train passe deux fois.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis il y a vraiment une question de tempo, je crois. C'est un peu comme dans la rencontre amoureuse, quoi. Oui. Il y a un peu une question de disponibilité intérieure, de tempo. C'est la question du bon moment, quoi. Et...

  • Speaker #0

    Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face quand tu décides de t'accomplir à travers ce projet de création ? Est-ce que tu as peut-être une anecdote à nous partager, un challenge que tu as rencontré ? Hum...

  • Speaker #1

    C'est quelque chose d'assez global. Enfin, c'est pas très précis. Mais je pense que quand tu commences à te lancer dans la création et que tu n'étais a priori dans les yeux des autres, pas forcément quelqu'un de très créatif, tu montres un peu un nouveau visage de toi. Et tu te dévoiles quand même pas mal. En tout cas, moi, c'est comme ça que je l'ai vécu. Et donc, du coup, et tu y mets énormément de toi. Parce que moi, je suis convaincue que ce qu'on crée, ce qu'on produit en tant qu'artiste, en tant que créateur, c'est le reflet aussi de quelque chose de très intérieur. Voilà, évidemment. Donc, du coup, c'est assez intime, en fait. Et donc, comme tu y mets beaucoup de toi, t'es très... Entre ce que tu produis et ce que tu es, la frontière n'est pas si simple. Et donc le regard qu'on pose sur ton travail, c'est aussi un regard qu'on pose sur toi, de certaine manière. Donc tout est un peu à fleur de peau. Donc moi, la plus grande difficulté que j'ai traversée, ça a été justement de vivre ce regard sur mon travail, qui était évidemment toujours extrêmement bienveillant, gentil, encourageant. mais aussi les gens ont leur goût tu vois, les gens ont leur goût ça j'ai adoré, ça j'ai moins aimé et en fait ça paraît rien évidemment, c'est la vie mais juste ça déjà c'était t'es à fleur de peau c'est un peu ton bébé et ça c'est vrai que on s'en rend pas vraiment compte mais tu vois maintenant quand j'en compte des personnes qui me parlent d'un projet ou qui veulent me faire lire quelque chose je sais à quel point c'est sensible en fait et qu'il faut y aller avec mouilles de pincettes, parce qu'en fait tu mets tellement de ta personne que justement tout ce travail de venir un petit peu te décoller aussi un peu de ce que tu produis et de pas tout prendre en perso, c'est un chemin aussi, tu vois, ça s'apprend, enfin je sais pas si ça s'apprend mais ça s'expérimente et puis c'est aussi une petite distance que tu mets à l'intérieur de toi pour... Pour ne pas tout prendre de plein fouet, accepter les remarques, progresser, t'améliorer. Tu ne vas pas tout prendre sur un plan personnel.

  • Speaker #0

    Oui, et peut-être choisir aussi les personnes qui t'entourent dans ces moments-là. Et peut-être, dans ce que tu dis, je me dis, si aujourd'hui, toi, tu prends des pincettes, c'est parce que toi-même, tu as dévoilé une partie de toi à travers des projets.

  • Speaker #1

    donc quand tu rencontres des personnes qui sont passées par là aussi il y a peut-être un regard encore plus bienveillant que de la part de personnes qui n'ont pas forcément expérimenté ça ouais bien sûr mais encore une fois le sujet il est pas du côté des gens qui très gentiment te font des remarques constructives en plus le sujet il est du côté de celle ou celui qui crée qui doit à tout prix faire ce travail là faire ce chemin là parce qu'on peut pas créer quelque chose qui a priori a pour objectif d'être présenté aux autres et en même temps ne pas supporter l'effet que ça a sur les gens tu vois l'écho que ça a chez les gens c'est quelque chose aussi qui nous appartient pas donc t'acceptes aussi que ton travail, que ton oeuvre que ce que tu produises et bien ça fasse son chemin que ce soit accueilli, pas accueilli, aimé, pas aimé fond. C'est ça, c'est aussi la liberté. C'est ce qui fait aussi que c'est beau.

  • Speaker #0

    Intéressant. Comment est-ce que tu gères entre les périodes d'élan créatif et les périodes de doute ? On a parlé un petit peu tout à l'heure, ce va-et-vient. Est-ce que peut-être tu l'as raconté au démarrage de ton chemin ? Et peut-être aujourd'hui, comment tu vis ces moments ?

  • Speaker #1

    Alors je les gère pas non je les gère pas très bien je sais pas s'il faut les gérer d'ailleurs mais c'est très intense il y a des grands hauts et des grands bas c'est aussi ce que j'aime c'est aussi ce que j'aime je pense que c'est le fait c'est le temps en fait c'est le fait que ça s'installe dans le temps qui fait que tu prends du recul Voilà. parce qu'au début évidemment quand t'es dans le creux de la vague ou en haut de la vague en fait t'as pas le recul pour te dire que ça va passer, que ça va retomber ou que ça va remonter donc du coup tu vis tout de manière extrêmement intense après je trouve que quand t'as fait l'expérience de ces hauts et de ces bas tu sais en fait que ça fait partie du processus créatif, tu le sais et cette connaissance sur le plan intellectuel t'aide à le traverser sur le plan émotionnel

  • Speaker #0

    Et du coup, tu l'acceptes plus ?

  • Speaker #1

    Tu l'acceptes plus, je pense. Tu te laisses plus traverser. C'est un peu comme le deuxième bébé, quoi. Tu vois, tu l'as déjà vécu, donc tu sais qu'il y a des moments où tu rentres de la maternité, tu es potentiellement au bout du rouleau, tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est normal et que ce n'est pas toi qui est le problème.

  • Speaker #1

    Tu sais que ce sont des moments où ça va partir un peu en cacahuètes, potentiellement, mais que ça passe.

  • Speaker #0

    Voilà,

  • Speaker #1

    que ça passe. Tu sais que ton enfant ne va pas dormir pendant un moment, mais que ça passe, que les nuits vont se faire potentiellement. Évidemment, après, il y a toujours des cas et tout. Mais voilà, c'est ce recul, moi, je trouve, qui est très précieux.

  • Speaker #0

    Oui, et est-ce que tu dirais que les moments de doute, plus tu as d'élan créatif d'un côté, plus tu as de moments de joie, d'enthousiasme, plus tu as forcément l'autre côté de la pièce ? C'est-à-dire des moments de doux, de difficultés, de désespoir peut-être. C'est-à-dire, est-ce que tu vis plus intensément les deux côtés ? À l'inverse, peut-être quand tu es un peu plus éteinte dans ta vie professionnelle, où tu t'ennuies, tu n'as ni les hauts ni les bas, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que pour qu'il y ait des hauts, il faut qu'il y ait des bas. il y a des bas, il faut des hauts. C'est la nuance, la variation qu'on ressent aussi. Beaucoup, quoi. Après, de façon concrète, moi, ce que je peux te dire, c'est que par moments, t'as des grands hauts, t'as beaucoup d'exaltation parce que tu sens que tu tiens un truc. Voilà. Typiquement, dans mon projet de documentaire sur la police, tout l'enjeu de mon immersion, c'était aussi de trouver une histoire, de trouver des personnages qui puissent... incarner cette histoire. Donc, ça prend énormément de temps. En plus, nous, notre thème, c'est les émotions, c'est la vulnérabilité chez le policier. Donc, c'est un sujet qui est ultra sensible. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Justement, qu'est-ce que tu apprends sur ce sujet ? Et peut-être, après aussi, on en reparlera sur les relations, les liens à travers ton podcast et à travers le documentaire que tu es en train de préparer.

  • Speaker #1

    Alors, moi, ce que j'ai découvert, enfin, je sais pas si j'ai appris énormément de choses, mais ce que j'ai découvert, c'est que pendant cette immersion de plusieurs mois, je me suis retrouvée avec des gars qui sont donc flics, enquêteurs, en police judiciaire, qui ont des parcours de vie de fous, qui étaient pas dans ma vie avant, qui sont rentrés dans ma vie par ce projet de documentaire. qui sont pas ni des amis, ni des collègues. Enfin, tu vois, le statut est un peu... Enfin, le lien est un peu nouveau, quoi. Tu vois, c'est un lien de documentariste à personne qui nous intéresse. Donc, qu'est-ce qui se tisse entre nous, je sais pas bien trop comment je pourrais le définir. C'est un mélange. Et ce que j'ai découvert, c'est que j'ai vécu des... J'ai touché du doigt une profondeur de la relation un peu... Un peu déstabilisante, c'est-à-dire que tu te dis comment c'est possible qu'avec des personnes que tu connaissais pas, il y a deux mois, j'en sois là dans la relation.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que même avec des gens que je côtoie extrêmement quotidiennement, qui sont dans mon quotidien, j'ai pas ça. Donc ça, c'est vrai que ça a été un peu déstabilisant, et en même temps ça montre que le lien est extrêmement vivant, c'est une matière vivante qui ne cesse d'évoluer, et que les expériences aussi que tu vis ensemble, que tu partages, Elles sont très reliantes. Je pense que nous, on n'est pas venus avec un carnet de notes assises dans un coin de la pièce à les regarder. On a vécu des choses avec eux. Le but de notre immersion, c'était de nous immerger pour aller les comprendre de l'intérieur. Pour les comprendre de l'intérieur, ce n'est pas être distante, c'est être proche d'eux. C'est un vrai intérêt qu'on leur a apporté. Ce n'est pas juste qu'on vous observe de loin et qu'on reste dans notre bulle confortable. Pour le coup, là, on est sortis de notre zone de confort. Parce qu'on s'est retrouvés, tu vois, au milieu de brigades, avec 15 mecs, tu vois, des univers qui sont quand même, a priori, pas ceux dans lesquels moi j'ai l'habitude d'évoluer. Donc du coup, c'est un nouveau jargon, c'est un autre style, c'est une manière d'être en relation qui est complètement inconnue pour moi, c'est très terrain, c'est tout sauf ce que je connais, tu vois. Moi, je suis plutôt cérébrale, assez intellectuelle. je pense quand même assez féminine, plus du côté des émotions. Sur le papier, tu pouvais te dire, c'est quand même particulier. Et sortir de sa zone de confort, c'est aller à la rencontre de l'autre. Vraiment. Et accepter de vivre autrement qu'à travers tes référentiels à toi. Et là, il y a quelque chose qui se passe. Il y a quelque chose qui se passe de très fort. Et ça me fait dire qu'il n'y a pas de secret. La relation, elle se nourrit, tu vois. Elle se nourrit aussi de l'expérience et de l'intérêt qu'on se porte en profondeur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que c'est ça qui fait le lien ? C'est de vivre, en fait, une expérience avec ces personnes ? Enfin, si tu prends cet exemple, tu suis ces policiers pour le documentaire, de vivre avec eux des moments et de ressentir, en fait,

  • Speaker #0

    Des choses ensemble. Oui, je pense que ça a été très fondateur. Je pense que pour eux, ça a été un gage de... Ah oui, ok. Elles sont là, elles font pas son long. Elles sont là, elles vivent le truc avec nous. Elles s'intègrent. Elles quittent un peu aussi leurs habitudes pour venir à nous. Et ça, je pense que c'est dans la vie. Là, c'était... dans ce projet de documentaire, mais dans la vie, je pense que c'est important aussi. C'est important de pouvoir sortir de son référentiel à soi, aller vers l'autre, tu vois. Aller vivre aussi des expériences avec des gens qui te sont chers, partager des expériences. Moi, je pense que c'est très reliant, déjà. C'est hyper fondateur. Et puis aussi accepter de se décentrer, d'une certaine manière, c'est ça ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    de faire l'effort d'aller vers l'autre.

  • Speaker #0

    Hyper dur, évidemment, parce qu'on est tous dans nos mécanismes. Bien sûr, mais ça m'a rappelé ça. En fait, je l'ai vécu de manière professionnelle, mais c'est un vrai enseignement qu'ils nous ont donné.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Et à travers les différents témoignages que tu as reçus dans ton podcast, est-ce qu'il y a quelque chose aussi que tu retiens ou un exemple qui t'a marqué particulièrement ?

  • Speaker #0

    Franchement, ils m'ont tous beaucoup touchée. Ce que je retiens de tous mes épisodes de podcast, c'est que l'adversité, l'épreuve de vie... Et vraiment l'occasion aussi parfois de faire sortir des choses qu'on a à l'intérieur de soi. Je ne dis pas que l'épreuve n'existe pas. L'épreuve existe réellement et avec toute sa complexité et sa difficulté. Mais elle peut apporter quelque chose aussi. Et ça, c'est quelque chose que j'ai... En tout cas, les invités qui ont témoigné dans mon podcast ont transmis, ont donné aux auditeurs. Donc ça, je trouve que c'est vraiment un message d'espoir pour ceux qui sont dans le tunnel. Même si je pense que c'est aussi un message qui peut agacer et qui peut un peu énerver quand il y est. Dire t'es sympa, mais le côté transformateur, en fait, j'y suis pas du tout et je vois pas de quoi tu parles. En fait, j'ai écouté un podcast il y a pas longtemps. J'aime beaucoup les lueurs. le podcast Les Lueurs, et j'ai écouté celui de Corneille. Tu vois, Corneille, pour moi, son chanteur, c'est vraiment... Il incarne le drame. Voilà. Il a toute sa famille qui s'est fait massacrer sous ses yeux. Voilà, donc c'est quand même... Si tu veux, il a vécu la perte, le drame, la tragédie à l'état pur, quoi. Et je l'écoute, et en fait, ce gars, il a quand même cette force dans son témoignage de te dire... En fait, j'ai eu deux options dans ma vie. Soit je m'attachais à ce statut de victime que j'étais, et j'en faisais ma seconde peau, et je revêtais mon manteau de souffrance, et je ne vivais que comme ça. Soit je prenais l'autre voie, et je me bats. Et en fait, moi, c'est pas moi qui le dis, parce que moi, évidemment, j'ai rien vécu de tout ça, mais c'est parce que je l'ai écouté, lui, ça m'a rejoint, parce que je me suis dit, c'est C'est aussi ça le sens de l'existence. Si tu peux décider de regarder les épreuves comme n'étant que des épreuves, mais moi c'est vrai qu'en tant que documentariste et femme qui essaye de fabriquer des projets de documentaire sur l'intime, évidemment c'est quand ça secoue qu'il y a des choses qui se passent. Je ne vais pas regarder les épreuves pour aller les regarder avec un regard voyeuriste, juste pour regarder ce qu'il y a de pas beau. Je vais regarder comment on se débrouille avec tout ça et la force de vie des gens. face à ce qui peut être très difficile. Et ça, je trouve que c'est extraordinaire. Moi, l'humain me passionne pour ça.

  • Speaker #1

    Et pour finir, quels conseils tu donnerais aux femmes qui ressentent l'envie profonde de se lancer dans un nouveau projet, mais qui pensent qu'elles n'ont pas le temps, qu'elles n'en sont pas capables, ou que c'est pour les autres. De ton expérience, quel message tu aurais envie de transmettre ?

  • Speaker #0

    Je leur dirais d'être douce avec elles. de se laisser faire, que c'est peut-être pas le moment. Que peut-être que si elles pensent ça, c'est que c'est pas le moment. Mais que ça veut pas dire qu'elles peuvent pas en avoir le désir. Que ces pensées-là peuvent tout à fait cohabiter avec un désir.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et je leur dirais que le désir, c'est quelque chose qui s'entretient. Et que peut-être que c'est... Qu'il s'entretient et qu'il y a besoin d'être éprouvé. Et que peut-être que toutes ces pensées... Même si elles ont l'impression que c'est ce qui les empêche et ce qui les encombre, c'est peut-être aussi ce qui fera qu'elles se lanceront.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon de le voir.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que c'est ce qui fait qu'à un moment donné, potentiellement, face à ça, face à toutes ces mécaniques, le désir prend le dessus. Donc ça a une fonction, ça. C'est pas là par hasard. On n'est pas... Bien sûr qu'on flippe, voilà. Donc moi, je dirais que de se laisser un peu tranquille et puis de... de traverser ces moments comme ils doivent être. Et puis ça se fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être justement de les laisser venir ces doutes, de les accepter, de ne pas lutter contre eux, peut justement peut-être aider à passer à l'action.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que moi... Tu vois, je suis d'orientation psychanalytique en tant que psychologue, et donc évidemment je ne me place pas du tout du côté des thérapies comportementales. La raison pour laquelle je ne me place pas de ce côté-là, c'est que justement il y a une tendance à vouloir supprimer le symptôme à tout prix, et à trouver la solution. Donc pourquoi pas ? En tout cas, moi ce n'est pas comme ça que j'envisage la dynamique psychique humaine. Et je pense que quand il y a un symptôme, eh bien, il nous parle. Il raconte quelque chose de nous. Évidemment qu'on aimerait qu'il soit moins fort, mais tout le travail, c'est d'aller chercher comment est-ce qu'on peut s'exprimer autrement qu'à travers ce symptôme. Et c'est quand on a trouvé l'autre canal que généralement le symptôme peut dégonfler aussi un peu. Et donc, dans la création, je trouve que c'est pareil. On est très symptomatique. de doute, de peur, de crainte. Et ces symptômes, là, ils parlent, ils racontent plein de trucs de nous. Donc moi, je trouve ça... Il faut les faire exister. En fait, à vouloir trop les mettre de côté, à vouloir trop être parfait, il y a toute une partie de nous qu'on n'écoute pas. Moi, je trouve que c'est quand on est vulnérable, qu'on hésite, qu'on doute, que du coup, on s'imprègne aussi de ce qu'on a vraiment dans le cœur.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon, je pense, de conclure l'épisode. Et ça me parle beaucoup, ce que tu dis. Donc vraiment, merci, Domiti, pour ton témoignage. Et voilà, cette vision aussi que tu peux apporter sur... Je pense que ces périodes de doute peuvent parler à plein de personnes. Et je pense que c'est très riche d'avoir ce regard aussi de ta part, en tant que personne et aussi en tant que professionnelle.

  • Speaker #0

    Merci à toi, en tout cas. Merci.

  • Speaker #1

    Trop bien. Si cet épisode vous a inspiré ou donné des clés pour avancer dans votre carrière, n'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles. Et si vous avez envie d'échanger, de partager votre parcours ou d'être accompagné dans votre vie professionnelle, je serai ravie de vous lire. Pour cela, contactez-moi sur Instagram ou via mon site mathesense.com. Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

Description

Dans cet épisode de Matésens, Margaux reçoit Domitille Tassin, psychologue clinicienne devenue podcasteuse et documentariste. À travers son parcours, elle raconte comment la maternité a été pour elle un véritable tournant : un moment de doute, mais aussi d'élan pour créer, se réinventer et trouver un nouvel équilibre entre ses différentes passions.


De la petite graine d’une révélation entendue dans un podcast, à la naissance de son propre projet, jusqu’à son immersion actuelle auprès de la police judiciaire pour réaliser un documentaire, Domitille partage avec sincérité les étapes, les doutes et les élans qui jalonnent tout chemin de création.


Vous découvrirez :

  • Le rôle des « petites graines » qui finissent par s’imposer malgré les doutes

  • Pourquoi la phase invisible (où « il ne se passe rien ») est en réalité essentielle à tout projet

  • Comment concilier deux métiers qui, a priori, semblent éloignés (psychologie et création)

  • Ce que l’immersion documentaire de Domitille auprès de la police lui a appris sur le lien et la vulnérabilité.

  • Des conseils précieux pour entretenir son désir de projet, même quand on n’ose pas encore se lancer


Un épisode inspirant pour toutes celles qui sentent en elles l’envie de changement, mais qui n’osent pas encore franchir le pas.


Et si cet épisode vous a inspirée ou donné des clefs pour avancer dans votre carrière, n’hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles.


Et si vous avez envie d’échanger, de partager votre parcours ou d’être accompagnée dans votre vie professionnelle, je serais ravie de vous lire.  


Pour cela, contactez-moi sur Instagram @matesens_coaching ou via mon site matésens. com


Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode ! 🎙️✨

Margaux





Références :

-Ce qui nous lie podcast

-Bliss Clémentine Galey

-Les déviations


Crédit photo : Elodie Rambaud


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Matésens, le podcast des femmes qui réinventent leur carrière après la maternité. Je m'appelle Margaux Saubry-Bobet et je suis coach professionnelle certifiée. Chaque semaine, je vous invite à découvrir des parcours inspirants de femmes qui ont osé transformer leur vie professionnelle. Au programme, des conseils concrets et des outils pratiques pour avancer avec confiance et ambition vers la carrière qui vous correspond et qui vous rend fière. Alors, si vous êtes prête à écrire le prochain chapitre de votre vie professionnelle, Je vous invite à vous abonner dès maintenant. Allez, c'est parti ! Hello à toutes, Je suis tres heurese de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Aujourd’hui, je reçois Domitille Tassin, qui psychologue clinicienne. Il y a qq années, après la naissance de son deuxième enfant, domitille décide de créér un podcast qu’elle nomme « Ce qui nous lie » dans lequel elle explore nos liens humain. Ce projet devient ensuite un tremplin qui la conduit vers un nouveau mode d’expression : le documentaire. C’est dans ce cadre là qu’elle est aujourd’hui, en immersion auprès de la police judiciaire. Elle travaille sur un documentaire consacré à la vulnérabilité des policiers. Ce sont autant de raisons qui font que quand une amie commune m’a parlé d’elle, j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer et de comprendre comment elle s’est réinventée à travers la création. Et puis de partager son histoire avec vous. . Hello Domitille !

  • Speaker #1

    Bonjour Margaux !

  • Speaker #0

    Trop contente de te recevoir aujourd'hui à la maison, où il fait un peu gris mais on va quand même illuminer cette journée ensemble. Pour te présenter, est-ce que tu pourrais nous dire déjà d'où tu viens et qu'est-ce que tu rêvais de devenir quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai grandi en région parisienne, en banlieue parisienne. Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Et donc voilà, une petite vie douce en maison. J'ai grandi avec de l'espace autour de moi. Et quand j'étais petite, écoute, c'est assez marrant, je voulais être puricultrice. Ah d'accord. J'avais une grande... J'aimais bien les petits, les vivants. Et je pense qu'à un moment donné j'avais voulu être maîtresse. Et puis après quand j'ai découvert le métier de puricultrice, ça m'a passionnée. Et donc, je voulais être puricultrice. Voilà.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, ça t'est passé ? Et après,

  • Speaker #1

    ça m'est passé... Je pense que non, ça ne m'est pas tant passé que ça. Je suis quand même... Je sentais... Enfin, j'ai quand même assez vite su que j'avais travaillé dans le soin. Voilà. Ça, c'était vraiment quelque chose... Voilà. Alors après, peut-être que je changeais de profession. Je passais d'ostéopathe à puricultrice à... Je ne suis pas sûre de m'être dit psychologue.

  • Speaker #0

    mais je savais que je voulais m'occuper des gens ça c'était ça qui m'intéressait prendre soin des autres et donc il y a quelques années tu décides de réinventer ta carrière est-ce que tu pourrais nous dire ce qui s'est passé ce jour là comment en fait tu as réinventé totalement ton métier et aujourd'hui est-ce que tu pourrais définir quel est ton métier

  • Speaker #1

    Alors c'est un moment de ma vie où je viens d'arriver, donc je viens de déménager, j'ai 32 ans, j'ai mon aîné qui a 2 ans, 2 ans et demi, et donc je suis effectivement psychologue depuis 8 ans quoi, 8-10 ans déjà. Donc voilà, tout est un peu installé si je puis dire. Et en même temps un peu... déboussolée du fait de ce déménagement, de mon père, de la maternité qui est quand même rentrée dans ma vie. Et puis, je me souviens d'une journée très précise. C'était un jour où j'étais dans un parc, et où j'écoute le podcast de cette femme qui s'appelle Clémentine Gallet, que tes auditrices connaîtront probablement, qui a fondé BlizzStory. Et je l'écoute dans un podcast qui s'appelle Les Déviations. Et Les Déviations, c'est un podcast qui raconte des changements de vie. des changements de trajectoire donc voilà à ce moment là pourquoi j'écoutais ça peut-être que c'était déjà un peu un désir qu'il y avait en moi de changer de trajectoire je me le disais pas comme ça mais bon avec le recul tu peux pas t'empêcher de te dire que c'est jamais un hasard ces histoires là et je l'écoute raconter et témoigner de ce moment où elle a eu ce déclic elle était dans sa voiture dans les embouteillages et elle entend une femme parler de la maternité et c'est là qu'elle comprend que elle se dit mais elle a une espèce de révélation tu vois ... hyper fort de se dire mais en fait c'est ça que je veux faire moi. Et en fait, cette espèce de témoignage très fort, cette révélation qu'elle partage dans ce podcast, me transperce. Et je me dis, moi aussi, j'ai envie de vivre ça. Et pourquoi, moi, je ne ferais pas ça aussi ? C'est à la fois violent et à la fois très simple. Et donc, j'ai cette espèce... Tout d'un coup, pourquoi ce jour-là, de cette manière-là ? à travers Clémentine Gallet je me projette je me dis moi aussi ça me donne envie alors que je suis pas particulièrement une consommatrice de podcast je vais pas m'inventer une vie, c'est vrai j'en écoutais pas particulièrement j'écoutais pas mal Bliss à l'époque mais je suis pas une passionnée de l'audio en particulier la petite graine commence comme ça et se met comme ça et comment tu passes justement de

  • Speaker #0

    La petite graine de cette révélation que peut-être plusieurs femmes peuvent se reconnaître là-dedans en se disant « oui, j'ai ressenti ce moment où quelque chose me fait envie » . Comment tu passes de ça à quelque chose de plus concret, un projet qui prend vie ? Ouais.

  • Speaker #1

    Franchement, ça a été un long chemin, quand même, qui n'a pas été du tout rapide.

  • Speaker #0

    Ça, je pense que c'est important de le dire aux personnes qui peuvent écouter, que voilà, c'est pas un claquant des doigts.

  • Speaker #1

    Non, ce jour-là, il y a comme un... il y a une révélation, c'est clair. En tout cas, il y a tout d'un coup une envie de faire quelque chose d'autre, de différent, de créer. Mais voilà, je rentre chez moi, rien n'a changé. Voilà, mais à l'intérieur de moi, il y a quelque chose qui s'est passé, ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Il y a quelque chose qui s'allume.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui s'allume. Mais... Il va se passer quand même deux ans sans que visiblement il se passe quelque chose. C'est-à-dire que j'ai ça en moi, je le garde, j'y repense de temps en temps, j'en parle de temps en temps, notamment à mon mari, j'y réfléchis. Mais rien ne bouge extérieurement. C'est-à-dire que je remets toujours un peu à plus tard cette histoire-là. Alors par peur, peut-être, de ne pas y arriver, parce que ce n'est pas le moment, parce que j'ai autre chose à faire. Parce que toutes ces petites mécaniques aussi, qui t'empêchent, qui t'encombrent, mais qui en même temps font partie du chemin. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais dire, est-ce qu'il y a comme une forme, peut-être le mot, de gestation du projet ? Tu vois, ça mijote.

  • Speaker #1

    Ouais, ça mijote. Je crois vraiment que c'est très juste que tu dis qu'entreprendre et créer quelque chose, il y a une partie très silencieuse et pas du tout visible à l'œil nu qui se passe à l'intérieur de soi, où tu installes ton désir à l'intérieur de toi, où tu apprivoises cette nouvelle envie, ce nouveau désir, et du coup, tu passes par plein de moments, en fait. par des moments où tu t'évades, tu y rêves, t'as plein d'idées, puis des moments où tu te où tu te dis, mais en fait, c'est n'importe quoi, je suis complètement grave de penser à ça. Enfin, tu vois, en fait, tu passes vraiment, et tu traverses ces vagues, et elles sont, et en fait, cette période, elle est plus ou moins longue, je pense. Mais, elle a, moi j'en suis convaincue aujourd'hui avec le recul, elle est fondatrice, c'est-à-dire qu'elle n'est pas, on a l'impression qu'il ne se passe rien, mais il se passe beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, et justement, tu parles de ce dialogue entre cette petite voix qui te dit, mais vraiment, c'est ça, la petite flamme, Et en même temps, une autre voix qui t'a dit non mais attends, c'est pas sérieux, qu'est-ce qui te prend, pourquoi toi, etc. Comment toi t'as fait pour faire la part des choses entre, on va dire peut-être ces deux petites voix si on peut les appeler comme ça ?

  • Speaker #1

    Je sais pas trop, je serais pas vraiment expliquée de manière rationnelle. Je pense que c'était un peu un dialogue intérieur. Je pense que j'ai... J'ai pas essayé de faire la part des choses. J'ai vécu chaque moment comme je devais probablement les vivre. Les moments où j'avais plus envie et où je doutais, j'y pensais plus. Et je mettais à distance le projet. Et puis en fait, ça revenait. En fait, voilà. Ce qui s'est passé, c'est que ça revenait tout le temps. D'accord. Donc, aujourd'hui, avec le recul, ce que je me dis, c'est que je devais vraiment avoir un grand désir, en fait. De changer quelque chose dans ma vie. Et qu'en fait, ce désir, malgré moi, il revenait à moi. Donc, c'est ça, en fait. c'est le C'est la persistance, en fait, de ce désir qui revenait à moi sous plein de formes, qui a fait qu'un jour, j'ai passé le cap.

  • Speaker #0

    Très bien, et donc ce jour-là ?

  • Speaker #1

    Alors je passe le cap à un moment de ma vie assez stratégique, puisque je viens d'accoucher de mon deuxième enfant, et que moi on m'avait quand même pas mal... dans l'imaginaire, dans l'inconscient collectif, deux enfants, c'est charge mentale fois deux. Donc moi, on m'avait dit deux fois quatre, bien sûr. Mais tu vois, on m'avait quand même... Je trouve que c'est ça, qui se balade dans l'inconscient collectif, c'est deux, c'est vraiment le vrai passage. C'est un peu le vrai moment où tu vas morfler, où tu vas être un peu éprouvée. Donc là, t'étais peinarde avec ta grande, mais non, ça va peut-être pareil. Et en fait, je pense que... Je sais pas, moi probablement que j'étais aussi... J'avais été très dévouée à mon aîné, j'ai arrêté de travailler pendant un an. Et c'était pas forcément une période de ma vie que j'ai si bien vécue que ça. Et je pense que j'ai eu envie de vivre l'arrivée de ce deuxième enfant très différemment. En ayant aussi des projets qui sont à moi. Parce que je sais pas si je me le disais comme ça, mais j'avais la sensation que c'était ce qui allait me rendre aussi très disponible et très heureuse. Donc... C'est à ce moment-là que je passe une étape qui est assez importante, car je m'inscris en fait à une formation à l'Institut du journalisme qui est en face de chez moi, et qui propose une petite formation sur le podcast de 4 jours que je finance avec mon compte formation. D'accord. Voilà, mon bébé a un mois, un mois et demi, et je me débrouille avec une nounou que je connais bien pour que ces jours-là, je sois en total bien sécurisée sur le fait que... Il est avec une personne de confiance et je me lance là-dedans. Et comme ça fait déjà deux ans que je réfléchis à ce projet, finalement j'arrive à cette formation avec quand même pas mal d'idées, tu vois. J'ai un peu comme une maquette à l'intérieur de moi. Donc cette formation, elle est intéressante parce qu'elle me permet aussi d'éclaircir ce à quoi j'ai déjà réfléchi depuis deux ans. Et donc quand je sors de cette formation, j'ai tout, potentiellement j'ai tout. Et c'est là où je me dis, ça y est, en fait, maintenant, tu vas te lancer et tu vas vraiment... Il n'y a plus qu'à quoi. Et donc, s'ensuit...

  • Speaker #0

    Oui, excuse-moi, tu as pu... Je vois bien ce que tu veux dire. Tu as pu cette excuse de, bon, en fait, il me manque ça, mais il me manque aussi ça. Là, bon, en fait, tu as tout. Donc,

  • Speaker #1

    j'ai tout.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il n'y a plus qu'à te lancer et que ça n'appartient qu'à toi.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus que l'expérience qui m'attend, en fait. D'accord. Qui est peut-être le plus génial, mais ce qui fait le plus peur. Et donc, s'en suit cette fameuse année, plus d'une année d'ailleurs, une année et demie, où je vais créer ce podcast, en fait. Créer ce podcast et me confronter au réel, au terrain. Puisque moi, j'ai choisi de réaliser un podcast sur des récits de vie. Donc, c'est des vraies vies, de vrais gens.

  • Speaker #0

    Des vraies rencontres.

  • Speaker #1

    Des vraies rencontres. et donc je... J'ai même un an et demi à enregistrer mes huit premiers épisodes, avec l'envie d'avoir un petit réservoir d'épisodes au moment où je me lance, pour être aussi un peu tranquillisée là-dessus.

  • Speaker #0

    Génial. Comment tu concilies aujourd'hui tes deux métiers, ou comment tu définirais ton métier, entre la partie psychologue clinicienne et la partie podcast et documentaire, dont peut-être tu veux nous parler un peu. plus en détail.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'effectivement, j'ai jamais arrêté mon métier de psychologue. C'est-à-dire que ce projet est venu se greffer à ma vie professionnelle. Et donc, du coup, ça a été aussi très exploratoire parce que moi, j'ai traversé quand même un grand moment de crise sur mon métier de psy. Notamment quand je me suis lancée dans ce projet, j'ai eu envie d'arrêter. j'ai cru que j'étais plus faite pour ça je suis passée par plein de moments des moments de doute ouais des moments de doute et en fait j'ai mis du temps beaucoup de temps à comprendre que en fait ces deux métiers pouvaient vraiment cohabiter que l'un pouvait nourrir l'autre mais que c'était peut-être une question d'équilibre et qu'il fallait que je trouve cet équilibre et donc Moi qui consultais 4 jours par semaine, je suis passée à 3, puis je suis passée à 2. Et je me suis rendue compte que mon équilibre, c'était en tant que psy, de recevoir mes patients 2 journées par semaine. Parce qu'au-delà de 2 journées par semaine, j'arrive à un moment de ma vie où c'est trop. Parce que j'ai des enfants en bas âge, parce que j'ai envie d'être dans l'écoute, j'ai envie d'aller à la rencontre des gens, mais autrement aussi qu'à travers la thérapie. Et ça, ça a été aussi tout un travail personnel de comprendre. aussi pourquoi, ce que ça représente pour moi et comment est-ce que je tisse ces deux pôles dans ma vie. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que souvent, en fait, on peut imaginer que je sais pas, c'est blanc ou noir, on a un métier qui nous passionne et en fait j'observe, et peut-être c'est ton cas aussi, que c'est beaucoup plus compliqué que ça et qu'en fait créer le métier qui nous convient va dépendre de ce qu'on y met et je... Peut-être que je continue cette image de cuisine, mais voilà, c'est comme une recette et tu vas y mettre ce que tu aimes, ce qui te convient, le rythme, toi, qui est bien pour toi. Je voulais revenir aussi sur ce que tu as partagé quand tu as eu ta première fille. Tu as eu une année avec elle et tu disais que finalement, ce n'était peut-être pas ce que tu as le mieux vécu comme période. Et quand tu as eu ton deuxième enfant, tu t'es dit, bon là, je vais avoir un projet pour moi qui m'anime. pour être bien en tant que maman ou en tant que femme, bien à la maison ? Est-ce que c'est quelque chose que... Peut-être pour le deuxième, tu te dis, je ne peux pas reproduire, de me mettre au service entièrement de mon bébé. Et pour le deuxième, tu t'es dit, au contraire, il faut que moi, je sois épanouie. Et donc, tout le reste va suivre. Est-ce que c'est ça que...

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je me le suis formalisé comme ça. moi je suis une bonne mère quand j'ai des projets qui m'animent alors évidemment il faut savoir aussi ralentir et ça on en parlera aussi c'est pas toujours simple quand t'es grisée quand t'as des passions et tout mais en tout cas avoir des espaces qui sont propres moi je sais que c'est ce qui me m'aide beaucoup à être disponible et à faire grandir mes enfants en n'étant pas aigrie franchement faut le dire c'est vrai enfin

  • Speaker #0

    Oui, et après, selon l'âge des enfants et la période, évidemment, entre période nouveau-né, et puis après quand ils grandissent, peut-être plus ou moins le besoin d'être complètement au service de ton enfant, mais c'est sûr que je pense que c'est intéressant de se poser la question de qu'est-ce qui te nourrit toi en tant que femme ?

  • Speaker #1

    pour être encore mieux auprès de tes enfants le soir quand tu rentres à la maison d'autant plus que je rajouterais que je découvre aussi que ça te nourrit toi mais ça les nourrit eux aussi c'est sympa quand les enfants te posent des questions sur ton travail ils voient que ça t'éclate en plus on en parlera mais moi le podcast s'est transformé en nouvelle passion pour le documentaire du coup je vis des expériences qui sont un peu qui sont pas forcément très ordinaires. Tu vois, ça fait plusieurs mois que je suis en immersion en police judiciaire à Bordeaux pour justement un projet de documentaire sur la police. Donc pour les enfants, à chaque fois et tous les matins, ils sont là « Tu vas voir les policiers ? » Enfin, tu vois, c'est sympa, ça crée aussi un intérêt et ils me posent plein de questions. Donc c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    Excellent. Oui, et hyper intéressant et j'imagine les petits qu'ils avaient curieux de ça. Et en même temps, ça peut aussi pour certaines personnes faire comme un écho de « waouh, quelle pression de devoir avoir une passion aussi, en plus de tout ce que j'essaye déjà de faire dans mon quotidien » . Donc ça m'amène à la question de « est-ce qu'il faut ou pas sortir de sa zone de confort ? » .

  • Speaker #1

    Pour moi, ça ne relève pas du savoir, ça relève de l'éprouver et de la sensation. Je serais très mal placée pour donner une leçon là-dessus. J'en ai aucune idée. Mais je pense vraiment que c'est... Et du coup, c'est en ça que c'est aussi très personnel, très intime. C'est pas...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de science, en fait.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de science, ouais. Il n'y a pas de théorie. En fait, je pense que ces projets-là, ça relève aussi d'un désir très profond qui un jour s'allume. Pourquoi ? Comment ? Voilà, c'est bien mystérieux. Ça appartient à l'histoire de chacune, de chacun. donc euh Non, c'est une autre écoute. C'est une autre façon de vivre sa vie. Je ne pourrais pas répondre à cette question. Parce que je risque de tomber dans un truc en disant il faudrait ceci, cela. Non, je ne crois pas que ce soit très juste.

  • Speaker #0

    Non, mais donc, si je comprends bien, c'est à chacun de ressentir si c'est le bon moment ou pas.

  • Speaker #1

    Ouais, et je pense qu'en plus, c'est pas non plus si simple de ressentir. Effectivement, ça peut prendre du temps. Tu vois, moi, j'ai eu cette espèce d'éclat comme ça un jour, mais j'ai mis beaucoup de temps à l'apprivoiser, à me dire que j'en avais vraiment envie. Et ce temps-là, avec le recul, je me dis qu'il m'a servi aussi à éprouver mon désir d'y aller. Donc ça avait une fonction aussi. Ça, c'est clair. Et oui, ressentir. Et voilà, il y a des moments dans la vie... La vie s'en charge aussi, moi je crois. Je crois que la vie s'en charge et c'est aussi très bien mettre sur notre passage et notre chemin des personnes, des signes. Après, la question c'est est-ce qu'on s'en saisit ? C'est une question de disponibilité intérieure, mais si c'est pas le moment, c'est pas le moment en fait. Et c'est pas parce qu'on a loupé certains signes qu'on saura pas les prendre à la fois d'après ?

  • Speaker #0

    Oui. Le train passe deux fois.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis il y a vraiment une question de tempo, je crois. C'est un peu comme dans la rencontre amoureuse, quoi. Oui. Il y a un peu une question de disponibilité intérieure, de tempo. C'est la question du bon moment, quoi. Et...

  • Speaker #0

    Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face quand tu décides de t'accomplir à travers ce projet de création ? Est-ce que tu as peut-être une anecdote à nous partager, un challenge que tu as rencontré ? Hum...

  • Speaker #1

    C'est quelque chose d'assez global. Enfin, c'est pas très précis. Mais je pense que quand tu commences à te lancer dans la création et que tu n'étais a priori dans les yeux des autres, pas forcément quelqu'un de très créatif, tu montres un peu un nouveau visage de toi. Et tu te dévoiles quand même pas mal. En tout cas, moi, c'est comme ça que je l'ai vécu. Et donc, du coup, et tu y mets énormément de toi. Parce que moi, je suis convaincue que ce qu'on crée, ce qu'on produit en tant qu'artiste, en tant que créateur, c'est le reflet aussi de quelque chose de très intérieur. Voilà, évidemment. Donc, du coup, c'est assez intime, en fait. Et donc, comme tu y mets beaucoup de toi, t'es très... Entre ce que tu produis et ce que tu es, la frontière n'est pas si simple. Et donc le regard qu'on pose sur ton travail, c'est aussi un regard qu'on pose sur toi, de certaine manière. Donc tout est un peu à fleur de peau. Donc moi, la plus grande difficulté que j'ai traversée, ça a été justement de vivre ce regard sur mon travail, qui était évidemment toujours extrêmement bienveillant, gentil, encourageant. mais aussi les gens ont leur goût tu vois, les gens ont leur goût ça j'ai adoré, ça j'ai moins aimé et en fait ça paraît rien évidemment, c'est la vie mais juste ça déjà c'était t'es à fleur de peau c'est un peu ton bébé et ça c'est vrai que on s'en rend pas vraiment compte mais tu vois maintenant quand j'en compte des personnes qui me parlent d'un projet ou qui veulent me faire lire quelque chose je sais à quel point c'est sensible en fait et qu'il faut y aller avec mouilles de pincettes, parce qu'en fait tu mets tellement de ta personne que justement tout ce travail de venir un petit peu te décoller aussi un peu de ce que tu produis et de pas tout prendre en perso, c'est un chemin aussi, tu vois, ça s'apprend, enfin je sais pas si ça s'apprend mais ça s'expérimente et puis c'est aussi une petite distance que tu mets à l'intérieur de toi pour... Pour ne pas tout prendre de plein fouet, accepter les remarques, progresser, t'améliorer. Tu ne vas pas tout prendre sur un plan personnel.

  • Speaker #0

    Oui, et peut-être choisir aussi les personnes qui t'entourent dans ces moments-là. Et peut-être, dans ce que tu dis, je me dis, si aujourd'hui, toi, tu prends des pincettes, c'est parce que toi-même, tu as dévoilé une partie de toi à travers des projets.

  • Speaker #1

    donc quand tu rencontres des personnes qui sont passées par là aussi il y a peut-être un regard encore plus bienveillant que de la part de personnes qui n'ont pas forcément expérimenté ça ouais bien sûr mais encore une fois le sujet il est pas du côté des gens qui très gentiment te font des remarques constructives en plus le sujet il est du côté de celle ou celui qui crée qui doit à tout prix faire ce travail là faire ce chemin là parce qu'on peut pas créer quelque chose qui a priori a pour objectif d'être présenté aux autres et en même temps ne pas supporter l'effet que ça a sur les gens tu vois l'écho que ça a chez les gens c'est quelque chose aussi qui nous appartient pas donc t'acceptes aussi que ton travail, que ton oeuvre que ce que tu produises et bien ça fasse son chemin que ce soit accueilli, pas accueilli, aimé, pas aimé fond. C'est ça, c'est aussi la liberté. C'est ce qui fait aussi que c'est beau.

  • Speaker #0

    Intéressant. Comment est-ce que tu gères entre les périodes d'élan créatif et les périodes de doute ? On a parlé un petit peu tout à l'heure, ce va-et-vient. Est-ce que peut-être tu l'as raconté au démarrage de ton chemin ? Et peut-être aujourd'hui, comment tu vis ces moments ?

  • Speaker #1

    Alors je les gère pas non je les gère pas très bien je sais pas s'il faut les gérer d'ailleurs mais c'est très intense il y a des grands hauts et des grands bas c'est aussi ce que j'aime c'est aussi ce que j'aime je pense que c'est le fait c'est le temps en fait c'est le fait que ça s'installe dans le temps qui fait que tu prends du recul Voilà. parce qu'au début évidemment quand t'es dans le creux de la vague ou en haut de la vague en fait t'as pas le recul pour te dire que ça va passer, que ça va retomber ou que ça va remonter donc du coup tu vis tout de manière extrêmement intense après je trouve que quand t'as fait l'expérience de ces hauts et de ces bas tu sais en fait que ça fait partie du processus créatif, tu le sais et cette connaissance sur le plan intellectuel t'aide à le traverser sur le plan émotionnel

  • Speaker #0

    Et du coup, tu l'acceptes plus ?

  • Speaker #1

    Tu l'acceptes plus, je pense. Tu te laisses plus traverser. C'est un peu comme le deuxième bébé, quoi. Tu vois, tu l'as déjà vécu, donc tu sais qu'il y a des moments où tu rentres de la maternité, tu es potentiellement au bout du rouleau, tu le sais.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est normal et que ce n'est pas toi qui est le problème.

  • Speaker #1

    Tu sais que ce sont des moments où ça va partir un peu en cacahuètes, potentiellement, mais que ça passe.

  • Speaker #0

    Voilà,

  • Speaker #1

    que ça passe. Tu sais que ton enfant ne va pas dormir pendant un moment, mais que ça passe, que les nuits vont se faire potentiellement. Évidemment, après, il y a toujours des cas et tout. Mais voilà, c'est ce recul, moi, je trouve, qui est très précieux.

  • Speaker #0

    Oui, et est-ce que tu dirais que les moments de doute, plus tu as d'élan créatif d'un côté, plus tu as de moments de joie, d'enthousiasme, plus tu as forcément l'autre côté de la pièce ? C'est-à-dire des moments de doux, de difficultés, de désespoir peut-être. C'est-à-dire, est-ce que tu vis plus intensément les deux côtés ? À l'inverse, peut-être quand tu es un peu plus éteinte dans ta vie professionnelle, où tu t'ennuies, tu n'as ni les hauts ni les bas, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr que pour qu'il y ait des hauts, il faut qu'il y ait des bas. il y a des bas, il faut des hauts. C'est la nuance, la variation qu'on ressent aussi. Beaucoup, quoi. Après, de façon concrète, moi, ce que je peux te dire, c'est que par moments, t'as des grands hauts, t'as beaucoup d'exaltation parce que tu sens que tu tiens un truc. Voilà. Typiquement, dans mon projet de documentaire sur la police, tout l'enjeu de mon immersion, c'était aussi de trouver une histoire, de trouver des personnages qui puissent... incarner cette histoire. Donc, ça prend énormément de temps. En plus, nous, notre thème, c'est les émotions, c'est la vulnérabilité chez le policier. Donc, c'est un sujet qui est ultra sensible. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Justement, qu'est-ce que tu apprends sur ce sujet ? Et peut-être, après aussi, on en reparlera sur les relations, les liens à travers ton podcast et à travers le documentaire que tu es en train de préparer.

  • Speaker #1

    Alors, moi, ce que j'ai découvert, enfin, je sais pas si j'ai appris énormément de choses, mais ce que j'ai découvert, c'est que pendant cette immersion de plusieurs mois, je me suis retrouvée avec des gars qui sont donc flics, enquêteurs, en police judiciaire, qui ont des parcours de vie de fous, qui étaient pas dans ma vie avant, qui sont rentrés dans ma vie par ce projet de documentaire. qui sont pas ni des amis, ni des collègues. Enfin, tu vois, le statut est un peu... Enfin, le lien est un peu nouveau, quoi. Tu vois, c'est un lien de documentariste à personne qui nous intéresse. Donc, qu'est-ce qui se tisse entre nous, je sais pas bien trop comment je pourrais le définir. C'est un mélange. Et ce que j'ai découvert, c'est que j'ai vécu des... J'ai touché du doigt une profondeur de la relation un peu... Un peu déstabilisante, c'est-à-dire que tu te dis comment c'est possible qu'avec des personnes que tu connaissais pas, il y a deux mois, j'en sois là dans la relation.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que même avec des gens que je côtoie extrêmement quotidiennement, qui sont dans mon quotidien, j'ai pas ça. Donc ça, c'est vrai que ça a été un peu déstabilisant, et en même temps ça montre que le lien est extrêmement vivant, c'est une matière vivante qui ne cesse d'évoluer, et que les expériences aussi que tu vis ensemble, que tu partages, Elles sont très reliantes. Je pense que nous, on n'est pas venus avec un carnet de notes assises dans un coin de la pièce à les regarder. On a vécu des choses avec eux. Le but de notre immersion, c'était de nous immerger pour aller les comprendre de l'intérieur. Pour les comprendre de l'intérieur, ce n'est pas être distante, c'est être proche d'eux. C'est un vrai intérêt qu'on leur a apporté. Ce n'est pas juste qu'on vous observe de loin et qu'on reste dans notre bulle confortable. Pour le coup, là, on est sortis de notre zone de confort. Parce qu'on s'est retrouvés, tu vois, au milieu de brigades, avec 15 mecs, tu vois, des univers qui sont quand même, a priori, pas ceux dans lesquels moi j'ai l'habitude d'évoluer. Donc du coup, c'est un nouveau jargon, c'est un autre style, c'est une manière d'être en relation qui est complètement inconnue pour moi, c'est très terrain, c'est tout sauf ce que je connais, tu vois. Moi, je suis plutôt cérébrale, assez intellectuelle. je pense quand même assez féminine, plus du côté des émotions. Sur le papier, tu pouvais te dire, c'est quand même particulier. Et sortir de sa zone de confort, c'est aller à la rencontre de l'autre. Vraiment. Et accepter de vivre autrement qu'à travers tes référentiels à toi. Et là, il y a quelque chose qui se passe. Il y a quelque chose qui se passe de très fort. Et ça me fait dire qu'il n'y a pas de secret. La relation, elle se nourrit, tu vois. Elle se nourrit aussi de l'expérience et de l'intérêt qu'on se porte en profondeur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que c'est ça qui fait le lien ? C'est de vivre, en fait, une expérience avec ces personnes ? Enfin, si tu prends cet exemple, tu suis ces policiers pour le documentaire, de vivre avec eux des moments et de ressentir, en fait,

  • Speaker #0

    Des choses ensemble. Oui, je pense que ça a été très fondateur. Je pense que pour eux, ça a été un gage de... Ah oui, ok. Elles sont là, elles font pas son long. Elles sont là, elles vivent le truc avec nous. Elles s'intègrent. Elles quittent un peu aussi leurs habitudes pour venir à nous. Et ça, je pense que c'est dans la vie. Là, c'était... dans ce projet de documentaire, mais dans la vie, je pense que c'est important aussi. C'est important de pouvoir sortir de son référentiel à soi, aller vers l'autre, tu vois. Aller vivre aussi des expériences avec des gens qui te sont chers, partager des expériences. Moi, je pense que c'est très reliant, déjà. C'est hyper fondateur. Et puis aussi accepter de se décentrer, d'une certaine manière, c'est ça ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    de faire l'effort d'aller vers l'autre.

  • Speaker #0

    Hyper dur, évidemment, parce qu'on est tous dans nos mécanismes. Bien sûr, mais ça m'a rappelé ça. En fait, je l'ai vécu de manière professionnelle, mais c'est un vrai enseignement qu'ils nous ont donné.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Et à travers les différents témoignages que tu as reçus dans ton podcast, est-ce qu'il y a quelque chose aussi que tu retiens ou un exemple qui t'a marqué particulièrement ?

  • Speaker #0

    Franchement, ils m'ont tous beaucoup touchée. Ce que je retiens de tous mes épisodes de podcast, c'est que l'adversité, l'épreuve de vie... Et vraiment l'occasion aussi parfois de faire sortir des choses qu'on a à l'intérieur de soi. Je ne dis pas que l'épreuve n'existe pas. L'épreuve existe réellement et avec toute sa complexité et sa difficulté. Mais elle peut apporter quelque chose aussi. Et ça, c'est quelque chose que j'ai... En tout cas, les invités qui ont témoigné dans mon podcast ont transmis, ont donné aux auditeurs. Donc ça, je trouve que c'est vraiment un message d'espoir pour ceux qui sont dans le tunnel. Même si je pense que c'est aussi un message qui peut agacer et qui peut un peu énerver quand il y est. Dire t'es sympa, mais le côté transformateur, en fait, j'y suis pas du tout et je vois pas de quoi tu parles. En fait, j'ai écouté un podcast il y a pas longtemps. J'aime beaucoup les lueurs. le podcast Les Lueurs, et j'ai écouté celui de Corneille. Tu vois, Corneille, pour moi, son chanteur, c'est vraiment... Il incarne le drame. Voilà. Il a toute sa famille qui s'est fait massacrer sous ses yeux. Voilà, donc c'est quand même... Si tu veux, il a vécu la perte, le drame, la tragédie à l'état pur, quoi. Et je l'écoute, et en fait, ce gars, il a quand même cette force dans son témoignage de te dire... En fait, j'ai eu deux options dans ma vie. Soit je m'attachais à ce statut de victime que j'étais, et j'en faisais ma seconde peau, et je revêtais mon manteau de souffrance, et je ne vivais que comme ça. Soit je prenais l'autre voie, et je me bats. Et en fait, moi, c'est pas moi qui le dis, parce que moi, évidemment, j'ai rien vécu de tout ça, mais c'est parce que je l'ai écouté, lui, ça m'a rejoint, parce que je me suis dit, c'est C'est aussi ça le sens de l'existence. Si tu peux décider de regarder les épreuves comme n'étant que des épreuves, mais moi c'est vrai qu'en tant que documentariste et femme qui essaye de fabriquer des projets de documentaire sur l'intime, évidemment c'est quand ça secoue qu'il y a des choses qui se passent. Je ne vais pas regarder les épreuves pour aller les regarder avec un regard voyeuriste, juste pour regarder ce qu'il y a de pas beau. Je vais regarder comment on se débrouille avec tout ça et la force de vie des gens. face à ce qui peut être très difficile. Et ça, je trouve que c'est extraordinaire. Moi, l'humain me passionne pour ça.

  • Speaker #1

    Et pour finir, quels conseils tu donnerais aux femmes qui ressentent l'envie profonde de se lancer dans un nouveau projet, mais qui pensent qu'elles n'ont pas le temps, qu'elles n'en sont pas capables, ou que c'est pour les autres. De ton expérience, quel message tu aurais envie de transmettre ?

  • Speaker #0

    Je leur dirais d'être douce avec elles. de se laisser faire, que c'est peut-être pas le moment. Que peut-être que si elles pensent ça, c'est que c'est pas le moment. Mais que ça veut pas dire qu'elles peuvent pas en avoir le désir. Que ces pensées-là peuvent tout à fait cohabiter avec un désir.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et je leur dirais que le désir, c'est quelque chose qui s'entretient. Et que peut-être que c'est... Qu'il s'entretient et qu'il y a besoin d'être éprouvé. Et que peut-être que toutes ces pensées... Même si elles ont l'impression que c'est ce qui les empêche et ce qui les encombre, c'est peut-être aussi ce qui fera qu'elles se lanceront.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon de le voir.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que c'est ce qui fait qu'à un moment donné, potentiellement, face à ça, face à toutes ces mécaniques, le désir prend le dessus. Donc ça a une fonction, ça. C'est pas là par hasard. On n'est pas... Bien sûr qu'on flippe, voilà. Donc moi, je dirais que de se laisser un peu tranquille et puis de... de traverser ces moments comme ils doivent être. Et puis ça se fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être justement de les laisser venir ces doutes, de les accepter, de ne pas lutter contre eux, peut justement peut-être aider à passer à l'action.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que moi... Tu vois, je suis d'orientation psychanalytique en tant que psychologue, et donc évidemment je ne me place pas du tout du côté des thérapies comportementales. La raison pour laquelle je ne me place pas de ce côté-là, c'est que justement il y a une tendance à vouloir supprimer le symptôme à tout prix, et à trouver la solution. Donc pourquoi pas ? En tout cas, moi ce n'est pas comme ça que j'envisage la dynamique psychique humaine. Et je pense que quand il y a un symptôme, eh bien, il nous parle. Il raconte quelque chose de nous. Évidemment qu'on aimerait qu'il soit moins fort, mais tout le travail, c'est d'aller chercher comment est-ce qu'on peut s'exprimer autrement qu'à travers ce symptôme. Et c'est quand on a trouvé l'autre canal que généralement le symptôme peut dégonfler aussi un peu. Et donc, dans la création, je trouve que c'est pareil. On est très symptomatique. de doute, de peur, de crainte. Et ces symptômes, là, ils parlent, ils racontent plein de trucs de nous. Donc moi, je trouve ça... Il faut les faire exister. En fait, à vouloir trop les mettre de côté, à vouloir trop être parfait, il y a toute une partie de nous qu'on n'écoute pas. Moi, je trouve que c'est quand on est vulnérable, qu'on hésite, qu'on doute, que du coup, on s'imprègne aussi de ce qu'on a vraiment dans le cœur.

  • Speaker #1

    C'est une belle façon, je pense, de conclure l'épisode. Et ça me parle beaucoup, ce que tu dis. Donc vraiment, merci, Domiti, pour ton témoignage. Et voilà, cette vision aussi que tu peux apporter sur... Je pense que ces périodes de doute peuvent parler à plein de personnes. Et je pense que c'est très riche d'avoir ce regard aussi de ta part, en tant que personne et aussi en tant que professionnelle.

  • Speaker #0

    Merci à toi, en tout cas. Merci.

  • Speaker #1

    Trop bien. Si cet épisode vous a inspiré ou donné des clés pour avancer dans votre carrière, n'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles. Et si vous avez envie d'échanger, de partager votre parcours ou d'être accompagné dans votre vie professionnelle, je serai ravie de vous lire. Pour cela, contactez-moi sur Instagram ou via mon site mathesense.com. Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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