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#55. Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation! cover
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Médecin qui es-tu?

#55. Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation!

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45min |13/05/2025
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Description

💥💥 NOUVEL EPISODE!!

Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation!

Quel étudiant en médecin n'a pas un jour ou l'autre ouvert le site du Dr Taboulet pour y voir plus clair dans cet apprentissage d'ECG si difficile?


Au menu de cet épisode :

➿️ Le goût très prononcé de mon invité pour la transmission, le beau geste, et le sourire clinique (presque aussi important que le stéthoscope)!

🕶 Des autographes sur des électrocardiogrammes (si si, c’est possible)!

🎾 Et une métaphore Roger Federer pour illustrer l’élégance du soin (oui, le service-volée s’applique aussi à la relation patient)


Un épisode tout en délicatesse grâce à la poésie du Dr Taboulet.


Un échange sincère, drôle et décalé!

À écouter dès que possible !

(et à partager à tous ceux qui confondent encore une pause sinusale et une pause café)


Merci de vous être arrêté sur ce compte!

Abonnez-vous et mettez une belle note!




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai découvert un peu il y a quelques années dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, écoutez, regarde. Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant. Au bout d'un moment, on devient un médecin. Quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin. J'ai trouvé que cette phrase était magnifique, ils sont loin sur les marchés, et j'ai trouvé que cette phrase était sublime. Pour moi, la beauté c'est l'élégance, c'est le geste, c'est le sourire, le sourire c'est très important.

  • Speaker #1

    On voit l'idée Roger Federer côté tennis alors ? Oui, très bon ! Bienvenue dans Médecins qui es-tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel, et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui étuent. Aujourd'hui, un épisode tout à fait particulier puisque j'ai l'honneur de pouvoir discuter avec docteur Pierre Taboulé, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour Maxime.

  • Speaker #1

    Merci de prendre un petit peu de temps, on ne va pas décortiquer les coulisses, mais vous avez été patient, je suis désolé. Merci beaucoup de discuter avec moi aujourd'hui. Vous êtes un élément central de la pédagogie de l'électrocardiogramme de tous les caravans. je dis tous Sans précaution, parce que je sais qu'une fois à un moment donné, chaque étudiant en matin va aller voir une de vos vidéos sur les électrocardiogrammes. Vous n'étiez pas trop d'accord sur la présentation quand on a discuté pour préparer l'épisode, parce que ça vous a semblé un peu surprenant, mais c'est l'état des lieux que j'en fais. Tous les copains ont travaillé une fois ou deux ou plusieurs fois sur vos vidéos. Merci beaucoup. L'électrocardiogramme, on ne va pas en parler trop aujourd'hui, on va surtout discuter de votre parcours. Où est-ce que le début de vos études médicales se fait ? Où est-ce que vous avez appris la médecine ?

  • Speaker #0

    Tout d'abord, je veux remercier pour l'émission parce que... Je pensais bien, moi aussi, de découvrir un peu qui sont les gens, pourquoi ils sont devenus pédagogues, et pourquoi ils sont devenus médecins. En fait, tout ça se décide un peu à notre insu, et probablement dans les générations d'avant, parce que finalement, j'ai découvert que dans ma famille, on était des pédagogues. Ah ok. Mais c'est... personne ne m'a poussé vers la pédagogie. On a tous écrit des livres, on a tous enseigné. Ma soeur est professeure à Princeton. Mon frère a continué à enseigner à 70 ans. Mais personne ne s'est dit, tiens, il faut que tu enseignes. Et personne ne s'est challengé. On fait tous des choses différentes. Et pourquoi médecin ? C'est pareil. Là, il n'y a aucun médecin dans ma famille. C'est complètement l'histoire différente. Je suis complètement un peu un extraterrestre. Et ça commence en terminale par un accident aux yeux. et Et je voulais faire un ingénieur. Moi, j'ai toujours été très curieux de la vie, des choses, des gens, comment ça marche. Moi, je suis monsieur comment ça marche. Et à la suite d'un petit accident à la cantine du lycée, j'ai pris un bout de verre dans l'œil. Et c'était mon meilleur œil. Alors là, j'ai dit, j'ai raté ma terminale, parce que j'avais pendant trois mois l'œil à moitié bouché. Et c'était mon meilleur œil. Et j'ai dit, bon ben, maths sup, maths p, c'est mort. Et puis, je me suis laissé aller. Après, j'avais aussi comme obsession le service militaire qui m'inquiétait beaucoup. Et j'ai donc fait, à un moment donné, un choix que mon frère m'a conseillé lui-même. Il m'a dit « Mais pourquoi tu ne fais pas médecine ? Je te sens bien là-dedans. » Et je lui ai dit « T'es fou, je ne vais pas sacrifier les plus belles années de ma vie à faire médecine. » Et puis, 15 jours avant, à l'époque, on pouvait choisir 15 jours avant. 15 jours avant.

  • Speaker #1

    Maintenant, c'est 2-3 ans.

  • Speaker #0

    Voilà, 15 jours avant. j'ai dit ok, je dépose un dossier de médecine et voilà, j'étais du sud de Paris en banlieue à Malakoff et mon dossier a été accepté sur Necker, en plus c'était plutôt bien comme à l'époque c'était réputé moi tout ça me dépassait complètement Dès que je suis rentré dans les études médicales, ça a commencé à m'intéresser parce qu'on parle à des gens qui parlent de physique, de chimie, de biologie, de corps, d'embryologie, de statistique. C'est extrêmement intéressant comme formation pour quelqu'un qui voulait être un ingénieur. Et j'ai découvert avec le temps que je suis un ingénieur, un ingénieur du corps. C'est après que j'ai découvert ça.

  • Speaker #1

    On va en discuter après de l'électrocardiogramme, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de très...

  • Speaker #0

    Oh, mais le corps, ce n'est pas que l'électrocardiogramme. Oui, oui. Parce que j'ai fait un parcours très compliqué.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon teasing pour la suite. C'est vrai que la première année, ou les deux, trois premières années, il y a quelque chose de... Il y a les sciences fondamentales, et ça, ça vous a plu, cette science dure ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu comprendre comment on faisait pour pouvoir réfléchir sur mon auriculaire du cinquième doigt. Donc ça passe les neurones, etc. On arrive d'ailleurs... Tout de suite, je ne le savais pas, mais au courant électrique et à l'activité motrice. Mais tout ça, on ne le sait pas à l'époque. Je trouve qu'il y a un message qu'il faut donner aux plus jeunes, c'est de se laisser aller parce que finalement, vous êtes commandé par ce que vous aimez.

  • Speaker #1

    Pas évident de comprendre qu'on est face à une situation de passion ou de forte affinité. Ce n'est pas évident quand on est jeune peut-être de comprendre que le truc qu'on est en train d'apprendre nous plaît beaucoup en fait.

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'il faut se laisser faire. Moi, je considère que, je dis toujours, la rivière finit toujours à la mer. Ça veut dire qu'il y a un moment où il faut se faire confiance. Bon, il faut se donner les moyens aussi. Si c'est vraiment rien faire, ce n'est pas la peine. Mais il y a un moment donné où le chemin, et vous allez voir que j'ai fait un chemin très, très chaotique, mais je ne le regrette absolument pas, parce que pour trouver mon chemin, j'ai mis du temps.

  • Speaker #1

    Il y a un concours en première année à cette époque-là ?

  • Speaker #0

    Il y a un concours très dur,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ok. Et vous passez en deuxième année ? Oui. Ça vous plaît ? Les choses s'enchaînent ? Un cursus ? normal entre guillemets ou j'ai l'impression que vous avez...

  • Speaker #0

    Je travaillais ce que j'aimais. D'accord ? Quand je travaillais, voilà, beaucoup de techniques pour apprendre, pour retenir. Il faut beaucoup travailler. Et puis, dès la quatrième année de médecine, se profile l'internat. Et même si je voulais être généraliste, puisque je ne savais pas ce que c'était un spécialiste, il n'y a pas de médecin dans la famille, je me dis quand même, il faut préparer l'internat. Mais c'est marrant parce que là encore, ce n'est pas prémédité. Mais il faut se faire confiance. Et je prépare l'internat et mon copain de soucolle m'a envoyé des photos encore ce matin. Et c'est une soucolle très... à l'époque on bossait à 3, à 2 parfois, ou à 4 ou 5 ou 6. On se voit 2-3 fois par semaine, chez les uns et chez les autres, et on se destine chacun vers une destinée qu'on ne connaît pas encore. Je n'ai aucune forme... d'ailleurs je ne savais même pas que je voulais faire médecine quand j'étais jeune. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand je passe l'internat.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que quand vous dites que vous vouliez faire médecin généraliste parce que vous ne connaissiez pas rien que le statut de la spécialité ou l'existence des spécialités ?

  • Speaker #0

    Je voulais être totipotent. C'était une médecine qu'on appelait totipotente à l'époque. C'est-à-dire, moi, ce qui m'intéressait, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fini par faire en faisant médecine d'urgence, je voulais m'intéresser à tout. Je n'avais pas une idée précise d'un organe. Je ne suis pas un somaticien d'organes, même si je le suis devenu. Mon esprit est plus éclectique que ça.

  • Speaker #1

    Une sorte de transversalité nécessaire pour surtout...

  • Speaker #0

    Vous allez voir ce que j'ai fait comme parcours, ça va expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Surtout ne rien laisser de côté. L'internat, c'est un concours à votre époque et vous avez la ville qui est en jeu ou vous savez dans tous les cas que vous allez finir à Paris à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, on a le droit de choisir trois villes à l'époque. On a le droit de passer le concours trois fois, si je me souviens bien, trois années de suite. Et on peut, ou deux fois, je ne sais plus exactement, et on peut choisir trois villes. Ce sont à l'époque des villes-régions. Enfin, on peut faire Bordeaux, Brest, etc., Marseille. Et je passe Paris. Et en fait, j'ai les mêmes résultats un peu partout. Je suis dernier sur la liste d'attente à peu près partout. C'est incroyablement, parce que je vous rappelle que je travaillais les matières qui m'intéressaient, je ne sais quand même pas mal bosser, mais je n'avais peut-être pas l'esprit de concours, je n'en sais rien. Et puis à Paris, je suis sur la liste d'attente, cinquième sur la liste d'attente. copain m'appelle. Je travaillais à l'époque comme généraliste à Toulouse. J'avais pris quelques mois là-bas. Et il me dit, t'es reçu sur la liste d'attente cinquième. En général, on en prend dix. Donc, j'ai été pris. Je dis toujours que j'ai été reçu cinquième à l'internat, mais à l'envers.

  • Speaker #1

    Et en fait, vous avez passé le concours pour urgentiste ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'existait pas. Non, à l'époque, c'est pareil, on ne sait pas. On passe l'internat et ce qui valide, c'est le nombre de semestres dans une spécialité. Pour être cardiologue, il fallait trois semestres. Pour être pneumologue, il fallait trois semestres. Et donc, on partait à gauche, à droite. Il n'y avait pas autant d'importance de la technique à l'époque. Donc, si vous vouliez faire huit semestres de cardio, vous faisiez huit. Mais moi, je ne savais pas, je voulais faire médecine interne, forcément, puisque je voulais être généraliste. Donc quand je commence, je fais mon premier stage en neurochirurgie à la Riboisière, mon deuxième en endocrinologie à Saint-Louis, mon troisième en cardiochirurgie à la Henec. Et puis là, se profile l'obligation de devenir médecin militaire, enfin de faire le service militaire. Et là, les médecins de pompiers de Paris me disent « Écoutez, on aimerait bien vous avoir, mais il faut que vous soyez cardiologue » . Et je me dis « Ça tombe bien, ça m'intéresse bien » . Et je fais à ce moment-là vite fait... en plus de la réa que j'avais fait, un deuxième semestre de cardio. Et avec ces deux semestres de cardio, ils m'autorisent à être médecin pompier, donc à l'époque en 1985, pendant un an, dans les ambulances de réanimation. C'est là que ça commence à chauffer et à me plaire, évidemment. Mais en même temps, je faisais de la cardio. Quand j'étais en cardio, on me disait mais il faut faire de l'ARIA. Quand j'étais en endocrino, le prof d'endocrino de Saint-Louis me disait mais t'es nul, il faut faire de l'ARIA. À la fin, je me disais oui, je suis nul. Et c'est vrai que je ne me sentais pas bien. Je me suis dit un bon médecin doit savoir faire des gestes d'urgence. Et c'est là que ça bifurque vers la cardiologie et vers la réanimation.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça se concrétise comment finalement ? Vous partez faire le service militaire en tant que médecin ? Oui.

  • Speaker #0

    Là, j'ai été médecin pompier dans les camions, ce qu'on appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. C'est les militaires. Donc, on fait neuf mois dans les camions. Et on est aussi médecin d'unité dans les casernes. Donc, il y a trois unités dans Paris, chez les pompiers de Paris, qui est vraiment une super école. Enfin, moi, j'ai adoré. Et puis ensuite, on reprend son internat. Et puis là, on choisit vite son poste de clinica. Et moi, j'ai choisi la réanimation toxicologique. de Fernand Vidal, donc chef de clinique.

  • Speaker #1

    C'est des verbatims qui n'existent plus trop aujourd'hui, réanimation toxicologique ?

  • Speaker #0

    Oui, ils n'existent plus. C'est une réanimation un peu polyvalente quand même. Mais on fait tout, on fait du rein, on fait du poumon, on fait du cœur. Et moi, ce qui m'intéressait, c'est que j'étais bon au cœur. Et donc, ils avaient besoin d'un cardiologue à l'époque dans les réanimations, très fréquemment, c'est des bonnes... Et puis, la réanimation n'était pas... c'était un desk. Donc, il fallait le faire après avoir validé déjà une première spécialité. Et c'est là que j'ai choisi la Toxico parce que j'adorais cœur et toxique. Et on arrive à l'électrocardiogramme, ma thèse sur les digitalines, ma spécialité, la chloroquine. C'est pour ça que quand j'ai entendu parler de notre ami de Marseille, j'ai eu un petit peu peur parce que je connaissais un peu ce médicament. Et puis tous les produits toxiques et le cœur. Et j'ai travaillé dans une super équipe avec Frédéric Beau et Chantal Bismuth. Et on était des passionnés de cette spécialité, avec une très grande équipe, dont Frédéric Adnet, ensuite Frédéric Lapostole, des gens géniaux, des chercheurs en plus.

  • Speaker #1

    Quand vous parlez de l'épisode Covid avec les drogues cycloroquines, vous êtes monté au créneau ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors j'étais beaucoup sur Facebook à cette époque-là. Et donc, j'ai fait très attention parce que je savais qu'on pouvait se faire descendre si on disait n'importe quoi. Et j'ai juste lancé un jour un truc, j'ai dit respectez bien les indications. Et là, j'ai fait un malheur sur Facebook, à savoir les gens ont tous regardé et certains très négatifs, oui mais quoi, gna gna gna gna gna gna. Moi, je n'ai évidemment pas rebondi derrière et je m'étais très prudent, on disait suivez bien les indications du traitement de la chloroquine et des précautions d'emploi.

  • Speaker #1

    C'était un travail de thèse ?

  • Speaker #0

    Non, à l'époque, non, j'étais déjà PH quand c'est le Covid.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ah,

  • Speaker #0

    sur la digitaline ? Oui. Mais c'est un travail de thèse. C'est les anticorps anti-digitalines. Donc, grâce à Frédéric Beau, j'ai pu faire une thèse sur... une trentaine de traitements. On était en avance en France. On avait les anticorps fabriqués par la pharmacie nationale de Lanterre, la pharmacie centrale. Les anticorps nous arrivaient et on l'administrait aux patients. C'était tout nouveau. C'est un peu comme l'ARN messager du traitement anti-Covid. On est à la pointe du traitement et il faut pondre une stratégie thérapeutique publiée pour montrer que ça marche. Moi, je trouvais ça très élégant.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ECG vous fait un petit peu de l'œil ?

  • Speaker #0

    Alors l'ECG me fait de l'œil tout de suite parce que la cardio, je me souviens de passer des nuits à regarder des scopes, mais je ne savais pas trop ce que c'était reconnaître une TV, une FV, ce qui m'agaçait.

  • Speaker #1

    Alors vous me rassurez, si à un moment donné dans votre vie vous avez...

  • Speaker #0

    Ah bah comme tout le monde, et puis vous êtes un peu tout seul devant le scope à l'époque. On passait la nuit, je me souviens très très bien de ces nuits-là, c'était à l'Aenex je crois. Ou à Saint-Antoine, avec une règle, on touchait l'antiparasite pour éviter que ça sonne et que ça nous réveille. Parce qu'évidemment, à 4h du matin, on n'est plus tellement attentif. Il n'y avait pas toutes ces machines qu'on a maintenant et ces alarmes et tout ça. Tout était centralisé sur des moniteurs. Voilà, il faut imaginer que c'est vraiment très rudimentaire, même si je ne suis pas si vieux que ça quand même. Et ça m'est venu de... De monter dans un camion et de me dire, mais finalement, c'est quoi une TV ? C'est quoi une TSV ? C'est quoi un infarctus ? À l'époque, on fait les premières thrombolises dans les camions. Quand je suis arrivé dans les années 80, je ne sais plus, c'est 85, on fait les premières thrombolises dans les camions. Et là, il faut commencer à savoir faire un ECG. Et puis en même temps, je suis censé être un peu cardiologue, donc je ne suis censé pas faire n'importe quoi. Et puis ensuite, je vais, après mon clinica, donc tout mon clinica, c'est la toxico, c'est l'ECG, J'ai essayé de... de donner aux gens des schémas simples sur comment reconnaître un électrocardiogramme toxique sur la digitaline.

  • Speaker #1

    Dès cet instant, vous sentez qu'il y a une pédagogie en vous pour essayer d'embarquer tout le monde ? À ce moment-là,

  • Speaker #0

    je vois bien que les gens ne savent pas reconnaître un BAV, un BSA. Et donc, je simplifie tout. Je leur dis, vous n'occupez pas de la conduction, occupez-vous juste de la fréquence cardiaque. Si le cœur est à faire à 50, méfiez-vous. Et s'il est à faire à 40, traitez tout de suite. Ça va s'arrêter. Donc, en fait, on a beaucoup simplifié les algorithmes, puisque je voyais bien que c'était compliqué. Et c'est la fréquence cardiaque qui signalait un peu comme la dangerosité. Alors, 50, 40, c'était les seuils à l'époque.

  • Speaker #1

    Mais vous êtes un peu avant-gardiste, ce ne sont pas les termes médicaux. Mais vous prenez les devants concernant un terme médical. Le lead de ce côté-là, déjà ?

  • Speaker #0

    Oui. À cette époque-là, ils me faisaient confiance. Et puis, quand on vous fait confiance, c'est important, vous motivez les gens. Les gens travaillent, ils s'abonnent au New England, ils apprennent à parler anglais, ils regardent un peu les revues de cardio, ils achètent des livres. Et quand je suis tombé sur un livre extraordinaire sur l'électrocardiogramme, un jour, j'ai dit, aux États-Unis, là, j'ai dit, là, c'est fini. Tout ce que j'ai lu, appris avant, je le mets au rebut. Et là, vous avez un livre de 800 pages extraordinaire. Le CHOU, le CHOU, C-H-O-U. Et là, vous vous dites, c'est après le Bromval, c'est des grands, grands noms de la cardiologie. Tout est en anglais et c'est d'une précision, d'une qualité. Et voilà, alors on va peut-être arriver à ensuite, pourquoi vraiment je continue à développer ? J'aurais pu m'arrêter en chemin. Mais en fait, après mon clinica, je décide de faire médecine d'urgence, toujours parce que c'est polyvalent. la réanimation c'est polyvalent la médecine interne c'est polyvalent la médecine générale c'est polyvalent je suis polyvalent et c'est pour ça que je suis un peu un ingénieur du corps pour les internes actuels quand vous dites que vous décidez de faire médecine d'urgence c'est déjà la deuxième spécialité troisième il y

  • Speaker #1

    avait

  • Speaker #0

    Ça n'existait pas. Ça n'existait pas, mais les services d'urgence étaient... Moi, j'adorais, quand j'étais réanimateur et cardiologue, aller aux urgences. J'adorais les urgences. Donc, quand je faisais mes sages de cardio, ils me regardaient tous en me disant, oui, moi, j'aime bien aller faire mes gardes aux urgences et descendre et tout. Et j'avais cette appétence pour le côté challenge. Je dis toujours que chaque patient aux urgences, c'est un coffre-fort qu'il faut ouvrir en moins de 4 heures. Donc, on a... absolument tout entre les mains, entre le téléphone, les scanners, à l'époque on n'avait pas l'IRM, les scanners, l'électrocardiogramme, et puis va arriver l'échographie ultra-portable, la biologie délocalisée, on avait tout pour ouvrir un coffre-fort. Si on ne trouvait pas ce qu'il avait, ce n'était pas grave, mais au moins, on avait éliminé l'urgence vitale. Donc, c'était un état d'esprit, l'urgence vitale. Et l'électrocardiogramme, il fallait être bon. Et la médecine d'urgence avait besoin de formateurs. Et j'arrive, cardiologue, une appétence pour l'ECG, les infarctus avec le groupe Boringer, où il va falloir apprendre à tous les gens à faire des thrombolises dans les camions et dans les urgences, et à reconnaître un infarctus aigu et faire attention aux complications, les prévenir, etc. Et c'est absolument... C'est passionnant. C'est passionnant. Il y a le challenge.

  • Speaker #1

    Les planètes s'alignent.

  • Speaker #0

    Tout s'aligne avec une bande extraordinaire de médecins, Louis Soula, Frédéric Adnet, Frédéric Lapostol, des gens qui sont passionnés aussi par l'ECG. Et ça va être ultra motivant.

  • Speaker #1

    C'est la partie ingénierie de votre personnalité. Parce que c'est vrai que pour certains, le CG peut faire peur. C'est pas... Comment dire ? C'est pas de la biologie, c'est pas quelque chose... Un examen physique. La biologie.

  • Speaker #0

    Le CG, c'est comme les maths. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Et c'est stupide. Et c'est stupide. Comme si vous avez lu Mathematica de David Bessis, il vous explique que c'est juste un blocage, mais que si on dépasse ce blocage, c'est comme tous les sports, le vélo, la natation, le papillon. Moi, je joue au papillon. Au départ, ça fait tout peur. Mais si vous vous dépassez ça, vous pouvez le faire. Comme disent les Américains, you can make it. Et c'est juste un blocage. Les meilleurs mathématiciens étaient bloqués au départ.

  • Speaker #1

    Et vous, vous embarquez tout le monde ? Vous dites, le CG est central, on va faire de la thrombolise, etc. Et vous devenez avant-gardiste, ou même à l'avant de la scène cardiologique française. Oui,

  • Speaker #0

    sur le CG, progressivement, oui. C'est pour ça que je vais écrire mon premier livre, le CG de AZ, en 2010. Et juste après, il y a l'explosion d'Internet. Et là, je prends le wagon. Je me dis, mais le livre ne suffira pas. Il faut plus de CG.

  • Speaker #1

    À qui il a adressé le livre ?

  • Speaker #0

    Le CG de AZ, c'est pour tout le monde. Ce n'est pas un livre, c'est un livre de lexique. Parce qu'en France, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire. Entre nous, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire que les Américains. Et moi, j'aime bien les vraies définitions. Donc je me suis dit, je vais essayer de donner des vraies définitions aux gens. J'ai travaillé tout seul. Je n'ai pas été aidé. Je suis dans un hôpital à Saint-Louis où il n'y a pas de cardiologue. Donc je travaille tout seul et chaque fois que je demande de l'aide, finalement on ne m'aide pas tellement. Aujourd'hui, ce n'est pas grave, je vais faire tout seul.

  • Speaker #1

    Ça vous montre que vous avez quand même une passion au-delà de la norme envers cet outil quand même.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai une passion, mais on n'est pas les seuls, c'est comme tout. Et il y a un moment donné, vous découvrez qu'il y a des Américains, des gens dans le monde entier qui sont passionnés. qui vous aident, qui vous envoient des ECG, qui vous disent que c'est bien ce que vous faites, qui commencent à vous inviter. Et c'est une pierre qui roule. Et plus elle roule, plus elle devient grosse. Et on vous envoie des tracés incroyables, des histoires incroyables. Et vous vous dites, il ne faut pas que ça devienne trop compliqué pour les gens. Il faut que je simplifie. Il faut que je simplifie.

  • Speaker #1

    Et c'est là où la pédagogie est centrale.

  • Speaker #0

    C'est central.

  • Speaker #1

    un peu de mot-père pour vous, au-delà d'être expert, de le transmettre en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, alors je dirais que la deuxième valance que j'ai, il n'y a pas que le CG quand même, je dirais qu'avant la pédagogie, il y a la découverte de ce que j'appelle la décision médicale. Si vous voulez, le médecin, je ne vais pas trop résumer, mais ce n'est pas un technicien, il a la technique au service. de son art, artisanat, on est des artisans, on n'est pas des artistes, on a des outils à notre service, et là, il faut se poser la question de, même si je suis bon sur cet outil, comment je vais m'en servir pour prendre une décision ? Parce que l'outil, il est là pour prendre une décision. Je vois une fibrillation atriale. Quand bien même l'intelligence artificielle me dira qu'il y a une FA, je ne vais pas forcément savoir quoi faire. Si je ne suis pas compétent, ça ne me sert à rien de faire le diagnostic de FA. C'est comme la radio du coccyx ou des radios de je ne sais pas quoi. Si vous ne savez pas quoi en faire, plein de gens prescrivent des examens, mais ils ne savent pas quoi en faire. Et moi, j'ai appris grâce à la médecine d'urgence qu'on n'avait pas de temps à perdre. Je crois qu'examen devait modifier votre stratégie, soit vers l'abstention, soit vers l'intervention. soit resté dans la décision. Si on n'a pas compris ça, l'abstention, l'intervention, la décision, on n'a pas compris la médecine. C'est la théorie des jeux. C'est la théorie du poker. Quand je prends une carte, je sais que je vais probablement me coucher, c'est-à-dire que je joue pas, mettre de l'argent... gens, ou bluffer, bon ça c'est autre chose, on ne bluffe pas en médecine normalement, ou alors reprendre des cartes en rejouant, c'est-à-dire redemander d'autres examens. Cette démarche-là, elle m'a habité tout le temps et elle m'aide beaucoup à expliquer aux gens comment prendre une décision en médecine, l'électrocardiogramme et tout. C'est un outil pour la prise de décision, mais j'aimerais... tellement que les gens sachent utiliser n'importe quel outil comme on utilise, comme je viens de vous l'expliquer, l'électrocardiogramme, mais que ça soit de la biologie, que vous posiez votre stéthoscope sur le cœur de quelqu'un, que vous posiez une question à quelqu'un tout à un sens vers l'abstention, l'intervention, la décision.

  • Speaker #1

    Sorte de jeu.

  • Speaker #0

    C'est un jeu.

  • Speaker #1

    Un jeu.

  • Speaker #0

    Théorie des jeux. C'est pour ça que...

  • Speaker #1

    Quelle est la limite de... de la métaphore avec le jeu ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert que j'étais un grand passionné de poker jeune. Et je crois qu'on retrouve, les planètes se retrouvent dans la théorie des jeux. Quand on m'a parlé de ça, j'ai dit, je viens de vous l'expliquer, c'est complètement emprunté au poker. C'est les Américains qui m'ont appris ça dans An Hall of Emergency Medicine. Tout, la prise de décision, il faut lire ces revues. Les urgentistes sont très pointus sur la réflexion de la prise de décision. et on n'a pas tellement ça en France, il faut bien le dire, c'est malheureux. Donc la deuxième valance que j'ai, c'est la qualité de prendre une décision avec un outil, quel qu'il soit. Quand l'échographie est arrivée, j'ai sauté dessus, l'échographie délocalisée aux urgences et on s'est tous mis à ça et là on a dit « Banco, ça change tout ! »

  • Speaker #1

    Et du coup, tout à l'heure, vous racontiez que vous sortez le premier livre et qu'il y a un virage vers Internet et le numérique. Déjà, pourquoi sauter sur le numérique ? Vous vous êtes dit qu'il faut que ça touche plus de monde en fait ?

  • Speaker #0

    Je sais très bien que le livre, on va le vendre à 3000 exemplaires par an, c'est ridicule. Je sais très bien que si on se met sur Internet, non seulement je pourrais déposer mes ECG au lieu de les garder chez moi. Donc au lieu de mettre 150 ECG dans un livre, la première édition devait y en avoir 150, la deuxième que je viens de sortir c'est 340, c'est déjà mieux. Mais c'est limité, on ne va pas acheter des livres de 1000 pages, c'est insupportable. Donc il faut que je structure ma pensée pour qu'il y ait… Au départ je pensais mettre 300 ECG dans mon lexique, et donc je me suis dit avec 400 entrées j'en aurais 1200. Et en fait c'est ridicule, c'est plus compliqué que ça. Et on peut encore en mettre d'autres, on peut jouer avec, on peut continuer, c'est sans fin. Il faut commencer par des choses simples, et ensuite arriver à des choses un peu plus compliquées, et à la fin, quizer l'individu pour qu'il teste ses connaissances. Parce qu'on est tous pareil. Moi, si je lis un bouquin d'apprentissage de l'Italia, le seul moment où on sait parler, c'est quand on parle, ce n'est pas quand on lit. Donc, il faut se tester, se tester, se tester, se tester. Et Internet permet vraiment de...

  • Speaker #1

    Là, vous créez un site Internet ?

  • Speaker #0

    Oui, 2010. Je t'appelais le livre. À l'insu de l'éditeur, qui ne m'a jamais engueulé d'ailleurs. L'éditeur m'a dit « Oui, on sait que vous faites ça » . Je n'avais pas le droit d'utiliser ni mes définitions, ni mes électros. Ils ne m'ont rien dit. Chez Vigo Malone, ils ont été sympas.

  • Speaker #1

    Le site s'appelle ?

  • Speaker #0

    E-cardiogramme.com I pour électrique I-cardiogramme.com c'est celui qui est en cours actuellement oui les gens je sais même pas s'ils connaissent leur nom ils tapent ta boulette c'est peut-être vrai en effet

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de plein d'autres choses, mais c'est vrai que ce site, pour y être allé, pour avoir appris dessus, il est incroyablement bien fait, puisqu'il est, comme vous dites, séquencé. On va chercher tel ou tel CG, tel ou tel tracé, en fonction de telle ou telle, soit pathologie génitale, ou en fonction de telle ou telle envie d'aller chercher le tracé de... d'une anomalie électrique. Oui,

  • Speaker #0

    ça peut être l'anomalie, ça peut être la maladie, ça peut être le rythme. Et surtout, je suis polyvalent. Je ne devrais pas le dire, c'est prétentieux. Mais ayant fait de la toxicologie et travaillant avec les psychiatres, j'ai fait du QT. Ayant fait de la toxicologie, tous les médicaments. Ayant fait de la thérapeutique d'urgence, j'ai mis évidemment tous les médicaments d'urgence. Puisque c'est mon boulot, l'urgence de la réanimation. Donc tout ce qu'il y a, il faut que les gars, devant un potassium, ils réagissent, ils sachent quoi faire. On n'a pas une heure à perdre sur Yipe Kalimi. Donc tout ce qui est médicaments. Après, ce qui est intéressant, ça a été l'enfant. Puis après, ça a été la médecine du sport. Enfin, c'est sans fin, quoi. C'est ça, c'est un manuel. C'est passé d'un lexique à un manuel, avec le temps. Et ensuite, ce manuel, il évolue encore, parce que tous les jours, je le modifie, pour travailler la pédagogie, c'est-à-dire la simplicité des termes et en faisant attention aussi que les patients le lisent.

  • Speaker #1

    OK, parce que... Et ça,

  • Speaker #0

    c'est très important.

  • Speaker #1

    L'internet tombe dans toutes les mains.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens me disent là, mais vous avez écrit ça. Donc, les mots mort subite, je les ai virés. D'accord. Parce que si vous dites à un patient qu'il risque la mort subite, il ne les aime pas du tout. Donc, il m'appelle. Souvent pour des choses superficielles qu'ils ont ou des détails. Il y a des gens, ils regardent des détails sur leur ECG. C'est impressionnant. Et ils sont capables d'apprendre, je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Donc, j'allais vous dire pour qui ou pourquoi, en tout cas, vous pensez l'avoir créé. Finalement au début c'était pour des professionnels de santé.

  • Speaker #0

    C'est pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Mais maintenant vous vous rendez compte que...

  • Speaker #0

    Non, ça reste pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Dans la création des contenus,

  • Speaker #0

    vous ciblez les professionnels de santé. C'est écrit dans l'intitulé en haut. Ce n'est pas un outil pour le patient, c'est un outil pour les professionnels qui savent déjà un peu ce que c'est que la petite circulation, la grande circulation, un potentiel d'action.

  • Speaker #1

    En début d'épisode, quand je vous ai dit que beaucoup, voire tous les étudiants en médecine allaient au minimum une fois sur ce site, voire tout au long de leur externa, vous étiez un peu surpris. Vous ne pensez pas être l'enseignant numéro un de l'ECG en France actuellement ?

  • Speaker #0

    On me l'a dit. On me l'a dit, c'est vrai, on me l'a dit. J'ai découvert un peu, il y a quelques années, dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, mais pourquoi ils me regardent ? Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant.

  • Speaker #1

    C'est vrai que l'enseignement est peut-être soit mal fait, alors je ne veux pas casser du sucre sur le dos.

  • Speaker #0

    Ça prend beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Mais l'enseignement côté universitaire ou les collèges des enseignants, souvent ce sont des choses ligne après ligne très théoriques. On a du mal à extraire les informations ou en extraire une sorte de chose concrète.

  • Speaker #0

    Vos vidéos, le temps que vous prenez, les termes que vous utilisez sont hyper pédagogiques, hyper simples. On sort de vos vidéos avec à chaque fois des idées hyper claires. Donc, de la part de tous les externes,

  • Speaker #1

    les étudiants,

  • Speaker #0

    les internautes, merci.

  • Speaker #1

    Mais je peux répondre à ça. C'est parce que je ne comprenais pas. C'est comme les mathématiciens, ceux dont je vous parlais. Ça part du fait que j'en ai marre quand j'étais externe. un interne d'orthopédie me disent « Va faire le plat de ce malade, t'en as jamais fait, c'est pas grave, tu verras, c'est simple. » Ça m'énerve. Monte dans une ambulance, va faire de la thrombolise, on vérifie même pas ton niveau sur l'électrocardiogramme. Et quand je demandais qu'on m'explique à la fac un peu mieux l'électrocardiogramme, personne ne pouvait m'expliquer à quoi correspondaient ces ondaires et ces ondesses, etc. Et je trouve que c'est pas sympa, quoi. C'est pas sympa. et... quand j'enseigne, je me mets à la place du plus faible, c'est-à-dire du débutant. Plus ça va, plus je me mets dans l'idée « Ce gars-là, il sait rien. Tu vas lui parler. Il faut que chaque mot que t'emploies soit à peu près clair et à peu près simple et qu'il n'y ait pas de tournure ambiguë. » Je m'adresse à des gens qui ont besoin de comprendre rapidement et pas avec des mots tordus qui font qu'ils sont obligés d'aller regarder ailleurs pour comprendre. C'est pour ça que le site, c'est sans fin. Je le modifie sans arrêt parce que je me dis que je dois encore le simplifier, je dois encore être plus précis. Et voilà.

  • Speaker #0

    Qui vous aide à faire ce site ? Vous êtes en autonomie là-haut ici ?

  • Speaker #1

    Le site, oui. J'ai un webmaster extraordinaire. C'est mon deuxième webmaster. Il m'a fait un site extraordinaire, il faut reconnaître. Bon, grâce à la première trame, j'ai su ce que je voulais faire. Il m'a bien suivi. Il m'a donné tous les outils pour que je fasse ce que je veux. Et je le remercie beaucoup. Et sinon, j'ai toujours demandé aux gens. Je peux vous donner plein de noms. Si vous voulez modifier mon site Internet, quasiment 90% des gens n'ont jamais répondu.

  • Speaker #0

    Oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Des grands spécialistes de la pathologie, je ne veux pas donner de nom, mais ça ne les intéresse pas. C'est quand même dingue. Donc moi, je suis obligé de bosser. Alors j'ai des sommaires de revues. Il y en a une encore qu'on lit. Donc on a une dizaine de revues. par sommaire, 10 par mois, je veux dire. Il y en a quelques-unes qui sont hebdomadaires, d'autres mensuelles. Il faut lire ce qu'il y a écrit. Et il y a des grands pédagogues, là. C'est là qu'il faut relire le truc. Il faut se dire, mais lui, il écrit très bien. Les Anglais écrivent très bien. Il faut que je retravaille mon texte, il faut que je l'améliore, parce que c'est beaucoup plus clair que ce que j'ai écrit encore. Donc, il faut continuer la pédagogie. Il y a vraiment des artistes de la pédagogie dans les livres et dans les publis des mensuels.

  • Speaker #0

    Très belle phrase. des artistes de la... de la pédagogie et justement j'allais vous demander quelle était votre méthode puisque pour être aussi clair il faut de la préparation il faut quasiment même écrire ses textes en amont des vidéos.

  • Speaker #1

    Oui alors les vidéos je les fais vous vous en rendez pas compte mais il y a qu'une seule prise.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous êtes un peu pas l'expert.

  • Speaker #1

    Ça peut faire 20 minutes ou 50 minutes si vous la possédez bien et si c'est bien préparé avec les messages clés à la fin et que ça coule comme ça il faut que ça coule. C'est une écriture médicale. Quand vous avez écrit un article, moi j'aime bien écrire des articles, les anglo-saxons sont terribles sur la fluidité, le mot, etc. C'est aussi parce que j'ai beaucoup écrit, enfin essayé d'écrire des bonnes choses, que vous êtes obligé de bien préparer votre vidéo. Quand je dis qu'il n'y a qu'une seule prise, il n'y a pas de coupe. Ça ne veut pas dire que je ne fais que du premier coup. Des fois, je mets trois fois. Si au bout de trois fois, je n'y arrive pas, c'est comme une ponction lombaire. On passe la main. On réessaye le lendemain, on fait autre chose. Il ne faut pas s'acharner. Quand je suis prêt, je le sens. Et je sais que ce ne sera jamais la première qui va être bonne. Je vais me réécouter, je dis « je vois bien que tu dis des conneries » . Et puis je parle à des gens qui ont envie d'apprendre. Je me mets bien dans leur peau et ça devient fluide.

  • Speaker #0

    Ça se sent. Parce que pour avoir écouté d'autres contenus, on peut vite tomber dans une... de l'expertise trop poussée, l'opposé de la pédagogie et l'opposé de la vulgarisation. C'est très bien fait de votre part. Là, à l'heure actuelle, quels sont vos supports ?

  • Speaker #1

    outils numériques ou outils tout court pour enseigner l'électrocardiogramme bon alors je fais assez peu de youtube j'en fais un par mois chaîne youtube vous avez ouai une grosse chaîne youtube marche très bien J'ai déjà pondu pas mal de choses. Je rêve de faire... Je ne l'ai pas commencé, je devais le faire cette année. Je voulais faire une sorte de podcast sur un électrocardiogramme, une discussion 5 minutes maximum. C'est mon rêve comme format. C'est un cas clinique. C'est-à-dire un monsieur, une dame, parce que maintenant il faut faire attention, et un électrocardiogramme. Et voilà ce que je vois moi et comment je l'aborde.

  • Speaker #0

    Mais sous forme de podcast, pour le coup, c'est souvent pas visuel un podcast ?

  • Speaker #1

    Non, non, c'est un podcast, ça porte un autre nom. Et il faut qu'il y ait un webinaire, un mini short. Mais si le short c'est une minute, c'est un peu court.

  • Speaker #0

    Ok, un short, un reel, comme on voit sur Instagram, des vidéos compactes où ça va vite, on va à l'essentiel.

  • Speaker #1

    Ouais, mais pas trop vite, c'est ce que je reproche aux trucs d'une minute. C'est quand vous essayez de le refaire après, vous n'y arrivez pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu, mais les shorts d'une minute, la cuisine, le truc, le milieu, je vous ai trouvé de votre.

  • Speaker #0

    Trop rapide, c'est trop rapide.

  • Speaker #1

    C'est un peu court. Donc, il y a une... J'aimerais beaucoup discuter, mais alors ça, ça serait... Alors, c'est pour des gens déjà avertis. Sinon, je travaille avec deux... de, comment dirais-je, sociétés de formation, donc Santé Academy et Invivox, pour ne pas les citer, qui sont mes cibles parce que ce sont des généralistes. Et ma cible actuellement, c'est le généraliste, pour qui leur apprendre les nouveaux appareils électrocardiographiques. Il faut qu'ils utilisent des électrocardiogrammes très simples, très rapides, de bonne qualité. Comment ça se choisit ? Donc je leur ai appris à choisir un appareil. Ne pas acheter toutes ces conneries par ces ingénieurs qui vous vendent n'importe quoi, qui ne savent pas ce dont on a besoin, ça se voit. ils font des coupures au milieu des tracés c'est trop court, enfin bon passons on sait pas quel filtre, on sait pas quelle est la formule qu'ils utilisent, c'est dramatique le marché de l'électrocaverne est dramatique en France donc il y a une différence de 1 à 10 à peu près en termes de qualité de tracé et de stockage d'interprétation, c'est dramatique, il ne faut pas acheter n'importe quoi. Donc j'essaie de conseiller les généralistes sur les nouveaux outils, les anciens, comment on choisit. Et ensuite, je voudrais leur donner des bonnes bases pour réapprendre des choses simples. Donc ce sont eux ma cible, parce que derrière, je pense que c'est un super outil. Et que, un, il ne faut pas dire de conneries. Deux, premièrement, il faut en faire beaucoup plus pour le dépistage. Et deux, il faut mieux comprendre pour le diagnostic. Il y a deux étapes. Un électro, c'est à froid, du dépistage. Et deux, c'est du diagnostic. Diagnostic, c'est syncope, palpitations, dyspnée et douleurs thoraciques. Donc, il n'y a que 4 cas et c'est tout. Et ensuite, vous avez le dépistage, c'est-à-dire le sportif, le médicament qu'on veut introduire, la population à risque pour une opération chirurgicale, etc. C'est passionnant le dépistage. Donc, il faut savoir ce qu'on cherche. Mais encore, faut-il qu'ils sachent quoi chercher. C'est terrible. Ils ne savent pas. Ils font des ECG, ils ne savent pas ce qu'ils cherchent.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous me dites aussi que vous recevez des ECG tous les jours. Tous les jours. De la part de qui ?

  • Speaker #1

    Des cas cliniques intéressants. Là, j'ai une collection d'un monsieur nord-africain qui m'a envoyé les ECG pour ce qu'on a discuté sur l'ECG du nord-africain. et de l'africain. Et ils voulaient mes publis. Je voyais plein de littérature, parce que je travaille beaucoup ça. Et donc, par exemple, c'est des choses comme ça. Puis sinon, on m'envoie des pathologies très rares qui sont très spécifiques. Et donc, grâce à un appareil de scanner, je peux rescanner les mauvaises photos et les transformer en super appareils. Toutes les photos, vous voyez, qui sont en bleu sur le site, c'est une technique que PM Cardio a inventée. et qui permet d'extraire uniquement le signal électrique et de le remettre sur un support bleu de grande qualité. Donc, ça me permet de récupérer des électros que j'avais il y avait 30 ans dans mon ordinateur. C'est trop moche pour le mettre sur le site. Et grâce à l'extraction, s'il y a le papier millimétré, ça vous fait un super truc, ce signal. Donc ça, c'est fantastique d'avoir des très bons outils, un très bon webmaster, des outils pour rescanner des ECG, des gens qui vous envoient des petits bijoux. des discussions avec des pros, je me régale. Je travaille avec aussi des rythmologues de la Société Française de Cardio. Donc ça c'est un projet Wiki qu'on appelle. Les étudiants doivent le connaître, c'est un projet Wiki ECG par l'UNES de la faculté et de la discipline de cardiologie. On est un petit groupe et on a fait un site internet où les gens peuvent apprendre eux-mêmes. à mesurer. Il est open, le site Unesco Cardio. Vous pouvez apprendre à mesurer vous-même un QT, à coder un électrocardiogramme, à trouver des références wiki. J'espère que ça va bien décoller ce site. En tous les cas, les étudiants, je crois qu'ils l'apprécient beaucoup. Je remercie donc mes collègues dont Emeric Menette de Lille qui est rythmologue et très attaché à la... à la pédagogie, à la formation et à l'intelligence artificielle. On peut en parler après si vous voulez, mais de l'IA qui va débouler à toute berserk.

  • Speaker #0

    Vous vous dites rythmologue ?

  • Speaker #1

    Moi, je ne suis pas rythmologue.

  • Speaker #0

    Justement, quelle est la différence ?

  • Speaker #1

    Un rythmologue, c'est quelqu'un qui soigne. Moi, je suis un cardiologue. Je suis un rythmologue de surface. Un rythmologue, c'est quelqu'un qui va en profondeur avec des outils délirants pour arriver à soigner les gens. C'est comme si vous disiez à un urgentiste, vous opérez. Non, on n'opère pas, on répare. Nous, on ferme les plaies, mais on ne les ouvre pas. Il y a quand même du vocabulaire à avoir.

  • Speaker #0

    Là, les projets, quel est finalement votre semaine type autour de tout ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors semaine type, peut-être 4-5 heures le matin sur le site internet, les réponses aux mails, les demandes d'inscription, les relations avec les différents organismes avec lesquels je travaille.

  • Speaker #0

    C'est majeur.

  • Speaker #1

    Le speed wiki, ça fait que je commence à 7h, je termine à midi. Ah ouais,

  • Speaker #0

    c'est vraiment...

  • Speaker #1

    Sur le CG, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'on aurait pu penser qu'outil Internet, donc pas forcément de nécessité d'être dessus, mais en fait, c'est une...

  • Speaker #1

    Ah non, vous êtes obligé. Les gens me demandent des inscriptions, on peut avoir des problèmes sur le site Internet. Vous êtes obligé d'être actif. Vous ne pouvez pas... Un site Internet, elle est un peu payante pour gagner un petit peu d'argent et payer les frais. L'ordinateur, le domaine, les logiciels, il faut quand même avoir un peu d'argent. Et puis, c'est pas que je veuille en gagner. Mon objectif n'est pas d'en gagner, je le dis toujours aux gens. Mon objectif, c'est de ne pas en perdre, c'est tout. Et moyennant quoi, les gens se sont étonnés parce qu'on peut gagner un peu d'argent quand même. Ma chaîne YouTube est gratuite, je n'ai jamais voulu la faire payer. Je pourrais, puisque j'ai fait la formation, je pourrais tout faire. Mais l'objectif n'est pas de gagner de l'argent. Mon objectif, c'est d'enseigner.

  • Speaker #0

    D'autant plus honorable.

  • Speaker #1

    Ouais, bon, c'est aussi parce que j'ai pas, j'ai ce qu'il faut. Voilà, quand on a trois yachts, trois maisons, un club de danseurs, on peut pas en prendre plus. Non, je plaisante. Les gens, ils veulent toujours plus, mais ils vont crever avec ça.

  • Speaker #0

    Et donc après l'après midi,

  • Speaker #1

    golf à l'après midi. Non, l'après midi, je suis nageur, donc j'adore nager et mon plaisir, c'est la perfection dans le geste. Donc je fais toutes les nages.

  • Speaker #0

    Il y a cette. Cette trame d'ingénierie à chaque fois. À chaque fois. La nécessité de... Le mouvement,

  • Speaker #1

    le coefficient de flottation, le truc. La montre qui calcule les fréquences cardiaques, la récupération et tout ça. Et puis surtout, j'aime la beauté des gestes. Quand on skie, on skie bien. Quand on nage, on fait bien. La planche à voile, on fait de la bonne planche à voile.

  • Speaker #0

    Dans vos vidéos de CG, on sent qu'il y a un amour de la bonne lecture qui te présente.

  • Speaker #1

    il faut que ça soit bien fait les africains les africaines disent comment vous choisissez un homme l'africaine dit il faut qu'il ait de beaux gestes j'ai trouvé que cette phrase était magnifique ils sont loin sur les marchés et j'ai trouvé que cette phrase était sublime pour moi la beauté c'est l'élégance, c'est le geste c'est le sourire,

  • Speaker #0

    le sourire c'est très important on va l'idée Roger Federer côté tennis alors ?

  • Speaker #1

    oui très beau, j'aime pas l'espagnol on a oublié son nom

  • Speaker #0

    Très bien, est-ce que vous voulez discuter de quelque chose dont on n'a pas discuté une part importante dans votre carrière médicale ?

  • Speaker #1

    Oui Bon, on n'a pas parlé de quelque chose qui est fondamental c'est qu'on ne naît pas médecin, on le devient un médecin c'est pas la technique on a déjà commencé par le dire qu'on se cherche, on se trouve. Et puis, à un moment, il y a un truc incroyable. On devient médecin peut-être quand on a été malade soi-même. Tout d'un coup, on découvre que ce qui fait le médecin, c'est aussi l'humanité. Ça s'enseigne peut-être plus de votre temps que du mien. j'ai l'impression que je voudrais comparer que vous avez plus de formation à l'éthique la fin de vie les groupes de parole la prise de décision collective avant c'était chacun dans son coin j'ai beaucoup souffert de ça prendre des décisions tout seul tant que réanimateur parfois je trouve que l'humanité c'est tout d'un coup j'aime bien ce geste Je rentre dans une chambre avec un jeune étudiant et je lui dis, tu vois, ce qu'il y a de fabuleux, c'est qu'en deux minutes, la personne sera nue devant moi, si j'ai besoin, en tant qu'urgentiste ou qu'endologue, de l'examiner comme un chat qui est sur le dos et qui se laisse regarder, toucher, etc. Ce moment de confiance, c'est extraordinaire, que le malade nous fait, et on doit le mériter. Et on est touché par ça à un moment donné, c'est quand le malade s'en remet à nous. et ce moment de grâce ce moment où c'est le moment qu'il préfère et qu'il nous dit vous êtes un bon médecin c'est quand il voit qu'on est vraiment attentif qu'on écoute vraiment qu'on le touche vraiment et qu'on essaie de voir comment on va résoudre le problème ensemble, non pas parce que je sais faire, parce que ça on peut toujours opérer machin mais aussi dire ça je sais pas le faire, je vais pas le faire ou alors je vais demander un avis souvent les gens prennent pas d'avis Merci. Ils sont tous seuls à prendre des décisions. Et je voudrais juste vraiment réinsister là-dessus. Au bout d'un moment, on devient un médecin quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin.

  • Speaker #0

    Docteur Taboulet, Pierre, merci beaucoup. On termine sur ces paroles excellentes.

  • Speaker #1

    Un serment d'hypocrate.

  • Speaker #0

    Oui. Merci beaucoup d'avoir accepté de discuter de tout ça, de cette immensité, de cette expertise, de cette ingénierie, de cet amour pour l'électrocardiogramme. Merci encore et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes.

  • Speaker #1

    A bientôt et merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est le Tu. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt.

Description

💥💥 NOUVEL EPISODE!!

Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation!

Quel étudiant en médecin n'a pas un jour ou l'autre ouvert le site du Dr Taboulet pour y voir plus clair dans cet apprentissage d'ECG si difficile?


Au menu de cet épisode :

➿️ Le goût très prononcé de mon invité pour la transmission, le beau geste, et le sourire clinique (presque aussi important que le stéthoscope)!

🕶 Des autographes sur des électrocardiogrammes (si si, c’est possible)!

🎾 Et une métaphore Roger Federer pour illustrer l’élégance du soin (oui, le service-volée s’applique aussi à la relation patient)


Un épisode tout en délicatesse grâce à la poésie du Dr Taboulet.


Un échange sincère, drôle et décalé!

À écouter dès que possible !

(et à partager à tous ceux qui confondent encore une pause sinusale et une pause café)


Merci de vous être arrêté sur ce compte!

Abonnez-vous et mettez une belle note!




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai découvert un peu il y a quelques années dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, écoutez, regarde. Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant. Au bout d'un moment, on devient un médecin. Quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin. J'ai trouvé que cette phrase était magnifique, ils sont loin sur les marchés, et j'ai trouvé que cette phrase était sublime. Pour moi, la beauté c'est l'élégance, c'est le geste, c'est le sourire, le sourire c'est très important.

  • Speaker #1

    On voit l'idée Roger Federer côté tennis alors ? Oui, très bon ! Bienvenue dans Médecins qui es-tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel, et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui étuent. Aujourd'hui, un épisode tout à fait particulier puisque j'ai l'honneur de pouvoir discuter avec docteur Pierre Taboulé, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour Maxime.

  • Speaker #1

    Merci de prendre un petit peu de temps, on ne va pas décortiquer les coulisses, mais vous avez été patient, je suis désolé. Merci beaucoup de discuter avec moi aujourd'hui. Vous êtes un élément central de la pédagogie de l'électrocardiogramme de tous les caravans. je dis tous Sans précaution, parce que je sais qu'une fois à un moment donné, chaque étudiant en matin va aller voir une de vos vidéos sur les électrocardiogrammes. Vous n'étiez pas trop d'accord sur la présentation quand on a discuté pour préparer l'épisode, parce que ça vous a semblé un peu surprenant, mais c'est l'état des lieux que j'en fais. Tous les copains ont travaillé une fois ou deux ou plusieurs fois sur vos vidéos. Merci beaucoup. L'électrocardiogramme, on ne va pas en parler trop aujourd'hui, on va surtout discuter de votre parcours. Où est-ce que le début de vos études médicales se fait ? Où est-ce que vous avez appris la médecine ?

  • Speaker #0

    Tout d'abord, je veux remercier pour l'émission parce que... Je pensais bien, moi aussi, de découvrir un peu qui sont les gens, pourquoi ils sont devenus pédagogues, et pourquoi ils sont devenus médecins. En fait, tout ça se décide un peu à notre insu, et probablement dans les générations d'avant, parce que finalement, j'ai découvert que dans ma famille, on était des pédagogues. Ah ok. Mais c'est... personne ne m'a poussé vers la pédagogie. On a tous écrit des livres, on a tous enseigné. Ma soeur est professeure à Princeton. Mon frère a continué à enseigner à 70 ans. Mais personne ne s'est dit, tiens, il faut que tu enseignes. Et personne ne s'est challengé. On fait tous des choses différentes. Et pourquoi médecin ? C'est pareil. Là, il n'y a aucun médecin dans ma famille. C'est complètement l'histoire différente. Je suis complètement un peu un extraterrestre. Et ça commence en terminale par un accident aux yeux. et Et je voulais faire un ingénieur. Moi, j'ai toujours été très curieux de la vie, des choses, des gens, comment ça marche. Moi, je suis monsieur comment ça marche. Et à la suite d'un petit accident à la cantine du lycée, j'ai pris un bout de verre dans l'œil. Et c'était mon meilleur œil. Alors là, j'ai dit, j'ai raté ma terminale, parce que j'avais pendant trois mois l'œil à moitié bouché. Et c'était mon meilleur œil. Et j'ai dit, bon ben, maths sup, maths p, c'est mort. Et puis, je me suis laissé aller. Après, j'avais aussi comme obsession le service militaire qui m'inquiétait beaucoup. Et j'ai donc fait, à un moment donné, un choix que mon frère m'a conseillé lui-même. Il m'a dit « Mais pourquoi tu ne fais pas médecine ? Je te sens bien là-dedans. » Et je lui ai dit « T'es fou, je ne vais pas sacrifier les plus belles années de ma vie à faire médecine. » Et puis, 15 jours avant, à l'époque, on pouvait choisir 15 jours avant. 15 jours avant.

  • Speaker #1

    Maintenant, c'est 2-3 ans.

  • Speaker #0

    Voilà, 15 jours avant. j'ai dit ok, je dépose un dossier de médecine et voilà, j'étais du sud de Paris en banlieue à Malakoff et mon dossier a été accepté sur Necker, en plus c'était plutôt bien comme à l'époque c'était réputé moi tout ça me dépassait complètement Dès que je suis rentré dans les études médicales, ça a commencé à m'intéresser parce qu'on parle à des gens qui parlent de physique, de chimie, de biologie, de corps, d'embryologie, de statistique. C'est extrêmement intéressant comme formation pour quelqu'un qui voulait être un ingénieur. Et j'ai découvert avec le temps que je suis un ingénieur, un ingénieur du corps. C'est après que j'ai découvert ça.

  • Speaker #1

    On va en discuter après de l'électrocardiogramme, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de très...

  • Speaker #0

    Oh, mais le corps, ce n'est pas que l'électrocardiogramme. Oui, oui. Parce que j'ai fait un parcours très compliqué.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon teasing pour la suite. C'est vrai que la première année, ou les deux, trois premières années, il y a quelque chose de... Il y a les sciences fondamentales, et ça, ça vous a plu, cette science dure ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu comprendre comment on faisait pour pouvoir réfléchir sur mon auriculaire du cinquième doigt. Donc ça passe les neurones, etc. On arrive d'ailleurs... Tout de suite, je ne le savais pas, mais au courant électrique et à l'activité motrice. Mais tout ça, on ne le sait pas à l'époque. Je trouve qu'il y a un message qu'il faut donner aux plus jeunes, c'est de se laisser aller parce que finalement, vous êtes commandé par ce que vous aimez.

  • Speaker #1

    Pas évident de comprendre qu'on est face à une situation de passion ou de forte affinité. Ce n'est pas évident quand on est jeune peut-être de comprendre que le truc qu'on est en train d'apprendre nous plaît beaucoup en fait.

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'il faut se laisser faire. Moi, je considère que, je dis toujours, la rivière finit toujours à la mer. Ça veut dire qu'il y a un moment où il faut se faire confiance. Bon, il faut se donner les moyens aussi. Si c'est vraiment rien faire, ce n'est pas la peine. Mais il y a un moment donné où le chemin, et vous allez voir que j'ai fait un chemin très, très chaotique, mais je ne le regrette absolument pas, parce que pour trouver mon chemin, j'ai mis du temps.

  • Speaker #1

    Il y a un concours en première année à cette époque-là ?

  • Speaker #0

    Il y a un concours très dur,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ok. Et vous passez en deuxième année ? Oui. Ça vous plaît ? Les choses s'enchaînent ? Un cursus ? normal entre guillemets ou j'ai l'impression que vous avez...

  • Speaker #0

    Je travaillais ce que j'aimais. D'accord ? Quand je travaillais, voilà, beaucoup de techniques pour apprendre, pour retenir. Il faut beaucoup travailler. Et puis, dès la quatrième année de médecine, se profile l'internat. Et même si je voulais être généraliste, puisque je ne savais pas ce que c'était un spécialiste, il n'y a pas de médecin dans la famille, je me dis quand même, il faut préparer l'internat. Mais c'est marrant parce que là encore, ce n'est pas prémédité. Mais il faut se faire confiance. Et je prépare l'internat et mon copain de soucolle m'a envoyé des photos encore ce matin. Et c'est une soucolle très... à l'époque on bossait à 3, à 2 parfois, ou à 4 ou 5 ou 6. On se voit 2-3 fois par semaine, chez les uns et chez les autres, et on se destine chacun vers une destinée qu'on ne connaît pas encore. Je n'ai aucune forme... d'ailleurs je ne savais même pas que je voulais faire médecine quand j'étais jeune. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand je passe l'internat.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que quand vous dites que vous vouliez faire médecin généraliste parce que vous ne connaissiez pas rien que le statut de la spécialité ou l'existence des spécialités ?

  • Speaker #0

    Je voulais être totipotent. C'était une médecine qu'on appelait totipotente à l'époque. C'est-à-dire, moi, ce qui m'intéressait, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fini par faire en faisant médecine d'urgence, je voulais m'intéresser à tout. Je n'avais pas une idée précise d'un organe. Je ne suis pas un somaticien d'organes, même si je le suis devenu. Mon esprit est plus éclectique que ça.

  • Speaker #1

    Une sorte de transversalité nécessaire pour surtout...

  • Speaker #0

    Vous allez voir ce que j'ai fait comme parcours, ça va expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Surtout ne rien laisser de côté. L'internat, c'est un concours à votre époque et vous avez la ville qui est en jeu ou vous savez dans tous les cas que vous allez finir à Paris à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, on a le droit de choisir trois villes à l'époque. On a le droit de passer le concours trois fois, si je me souviens bien, trois années de suite. Et on peut, ou deux fois, je ne sais plus exactement, et on peut choisir trois villes. Ce sont à l'époque des villes-régions. Enfin, on peut faire Bordeaux, Brest, etc., Marseille. Et je passe Paris. Et en fait, j'ai les mêmes résultats un peu partout. Je suis dernier sur la liste d'attente à peu près partout. C'est incroyablement, parce que je vous rappelle que je travaillais les matières qui m'intéressaient, je ne sais quand même pas mal bosser, mais je n'avais peut-être pas l'esprit de concours, je n'en sais rien. Et puis à Paris, je suis sur la liste d'attente, cinquième sur la liste d'attente. copain m'appelle. Je travaillais à l'époque comme généraliste à Toulouse. J'avais pris quelques mois là-bas. Et il me dit, t'es reçu sur la liste d'attente cinquième. En général, on en prend dix. Donc, j'ai été pris. Je dis toujours que j'ai été reçu cinquième à l'internat, mais à l'envers.

  • Speaker #1

    Et en fait, vous avez passé le concours pour urgentiste ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'existait pas. Non, à l'époque, c'est pareil, on ne sait pas. On passe l'internat et ce qui valide, c'est le nombre de semestres dans une spécialité. Pour être cardiologue, il fallait trois semestres. Pour être pneumologue, il fallait trois semestres. Et donc, on partait à gauche, à droite. Il n'y avait pas autant d'importance de la technique à l'époque. Donc, si vous vouliez faire huit semestres de cardio, vous faisiez huit. Mais moi, je ne savais pas, je voulais faire médecine interne, forcément, puisque je voulais être généraliste. Donc quand je commence, je fais mon premier stage en neurochirurgie à la Riboisière, mon deuxième en endocrinologie à Saint-Louis, mon troisième en cardiochirurgie à la Henec. Et puis là, se profile l'obligation de devenir médecin militaire, enfin de faire le service militaire. Et là, les médecins de pompiers de Paris me disent « Écoutez, on aimerait bien vous avoir, mais il faut que vous soyez cardiologue » . Et je me dis « Ça tombe bien, ça m'intéresse bien » . Et je fais à ce moment-là vite fait... en plus de la réa que j'avais fait, un deuxième semestre de cardio. Et avec ces deux semestres de cardio, ils m'autorisent à être médecin pompier, donc à l'époque en 1985, pendant un an, dans les ambulances de réanimation. C'est là que ça commence à chauffer et à me plaire, évidemment. Mais en même temps, je faisais de la cardio. Quand j'étais en cardio, on me disait mais il faut faire de l'ARIA. Quand j'étais en endocrino, le prof d'endocrino de Saint-Louis me disait mais t'es nul, il faut faire de l'ARIA. À la fin, je me disais oui, je suis nul. Et c'est vrai que je ne me sentais pas bien. Je me suis dit un bon médecin doit savoir faire des gestes d'urgence. Et c'est là que ça bifurque vers la cardiologie et vers la réanimation.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça se concrétise comment finalement ? Vous partez faire le service militaire en tant que médecin ? Oui.

  • Speaker #0

    Là, j'ai été médecin pompier dans les camions, ce qu'on appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. C'est les militaires. Donc, on fait neuf mois dans les camions. Et on est aussi médecin d'unité dans les casernes. Donc, il y a trois unités dans Paris, chez les pompiers de Paris, qui est vraiment une super école. Enfin, moi, j'ai adoré. Et puis ensuite, on reprend son internat. Et puis là, on choisit vite son poste de clinica. Et moi, j'ai choisi la réanimation toxicologique. de Fernand Vidal, donc chef de clinique.

  • Speaker #1

    C'est des verbatims qui n'existent plus trop aujourd'hui, réanimation toxicologique ?

  • Speaker #0

    Oui, ils n'existent plus. C'est une réanimation un peu polyvalente quand même. Mais on fait tout, on fait du rein, on fait du poumon, on fait du cœur. Et moi, ce qui m'intéressait, c'est que j'étais bon au cœur. Et donc, ils avaient besoin d'un cardiologue à l'époque dans les réanimations, très fréquemment, c'est des bonnes... Et puis, la réanimation n'était pas... c'était un desk. Donc, il fallait le faire après avoir validé déjà une première spécialité. Et c'est là que j'ai choisi la Toxico parce que j'adorais cœur et toxique. Et on arrive à l'électrocardiogramme, ma thèse sur les digitalines, ma spécialité, la chloroquine. C'est pour ça que quand j'ai entendu parler de notre ami de Marseille, j'ai eu un petit peu peur parce que je connaissais un peu ce médicament. Et puis tous les produits toxiques et le cœur. Et j'ai travaillé dans une super équipe avec Frédéric Beau et Chantal Bismuth. Et on était des passionnés de cette spécialité, avec une très grande équipe, dont Frédéric Adnet, ensuite Frédéric Lapostole, des gens géniaux, des chercheurs en plus.

  • Speaker #1

    Quand vous parlez de l'épisode Covid avec les drogues cycloroquines, vous êtes monté au créneau ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors j'étais beaucoup sur Facebook à cette époque-là. Et donc, j'ai fait très attention parce que je savais qu'on pouvait se faire descendre si on disait n'importe quoi. Et j'ai juste lancé un jour un truc, j'ai dit respectez bien les indications. Et là, j'ai fait un malheur sur Facebook, à savoir les gens ont tous regardé et certains très négatifs, oui mais quoi, gna gna gna gna gna gna. Moi, je n'ai évidemment pas rebondi derrière et je m'étais très prudent, on disait suivez bien les indications du traitement de la chloroquine et des précautions d'emploi.

  • Speaker #1

    C'était un travail de thèse ?

  • Speaker #0

    Non, à l'époque, non, j'étais déjà PH quand c'est le Covid.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ah,

  • Speaker #0

    sur la digitaline ? Oui. Mais c'est un travail de thèse. C'est les anticorps anti-digitalines. Donc, grâce à Frédéric Beau, j'ai pu faire une thèse sur... une trentaine de traitements. On était en avance en France. On avait les anticorps fabriqués par la pharmacie nationale de Lanterre, la pharmacie centrale. Les anticorps nous arrivaient et on l'administrait aux patients. C'était tout nouveau. C'est un peu comme l'ARN messager du traitement anti-Covid. On est à la pointe du traitement et il faut pondre une stratégie thérapeutique publiée pour montrer que ça marche. Moi, je trouvais ça très élégant.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ECG vous fait un petit peu de l'œil ?

  • Speaker #0

    Alors l'ECG me fait de l'œil tout de suite parce que la cardio, je me souviens de passer des nuits à regarder des scopes, mais je ne savais pas trop ce que c'était reconnaître une TV, une FV, ce qui m'agaçait.

  • Speaker #1

    Alors vous me rassurez, si à un moment donné dans votre vie vous avez...

  • Speaker #0

    Ah bah comme tout le monde, et puis vous êtes un peu tout seul devant le scope à l'époque. On passait la nuit, je me souviens très très bien de ces nuits-là, c'était à l'Aenex je crois. Ou à Saint-Antoine, avec une règle, on touchait l'antiparasite pour éviter que ça sonne et que ça nous réveille. Parce qu'évidemment, à 4h du matin, on n'est plus tellement attentif. Il n'y avait pas toutes ces machines qu'on a maintenant et ces alarmes et tout ça. Tout était centralisé sur des moniteurs. Voilà, il faut imaginer que c'est vraiment très rudimentaire, même si je ne suis pas si vieux que ça quand même. Et ça m'est venu de... De monter dans un camion et de me dire, mais finalement, c'est quoi une TV ? C'est quoi une TSV ? C'est quoi un infarctus ? À l'époque, on fait les premières thrombolises dans les camions. Quand je suis arrivé dans les années 80, je ne sais plus, c'est 85, on fait les premières thrombolises dans les camions. Et là, il faut commencer à savoir faire un ECG. Et puis en même temps, je suis censé être un peu cardiologue, donc je ne suis censé pas faire n'importe quoi. Et puis ensuite, je vais, après mon clinica, donc tout mon clinica, c'est la toxico, c'est l'ECG, J'ai essayé de... de donner aux gens des schémas simples sur comment reconnaître un électrocardiogramme toxique sur la digitaline.

  • Speaker #1

    Dès cet instant, vous sentez qu'il y a une pédagogie en vous pour essayer d'embarquer tout le monde ? À ce moment-là,

  • Speaker #0

    je vois bien que les gens ne savent pas reconnaître un BAV, un BSA. Et donc, je simplifie tout. Je leur dis, vous n'occupez pas de la conduction, occupez-vous juste de la fréquence cardiaque. Si le cœur est à faire à 50, méfiez-vous. Et s'il est à faire à 40, traitez tout de suite. Ça va s'arrêter. Donc, en fait, on a beaucoup simplifié les algorithmes, puisque je voyais bien que c'était compliqué. Et c'est la fréquence cardiaque qui signalait un peu comme la dangerosité. Alors, 50, 40, c'était les seuils à l'époque.

  • Speaker #1

    Mais vous êtes un peu avant-gardiste, ce ne sont pas les termes médicaux. Mais vous prenez les devants concernant un terme médical. Le lead de ce côté-là, déjà ?

  • Speaker #0

    Oui. À cette époque-là, ils me faisaient confiance. Et puis, quand on vous fait confiance, c'est important, vous motivez les gens. Les gens travaillent, ils s'abonnent au New England, ils apprennent à parler anglais, ils regardent un peu les revues de cardio, ils achètent des livres. Et quand je suis tombé sur un livre extraordinaire sur l'électrocardiogramme, un jour, j'ai dit, aux États-Unis, là, j'ai dit, là, c'est fini. Tout ce que j'ai lu, appris avant, je le mets au rebut. Et là, vous avez un livre de 800 pages extraordinaire. Le CHOU, le CHOU, C-H-O-U. Et là, vous vous dites, c'est après le Bromval, c'est des grands, grands noms de la cardiologie. Tout est en anglais et c'est d'une précision, d'une qualité. Et voilà, alors on va peut-être arriver à ensuite, pourquoi vraiment je continue à développer ? J'aurais pu m'arrêter en chemin. Mais en fait, après mon clinica, je décide de faire médecine d'urgence, toujours parce que c'est polyvalent. la réanimation c'est polyvalent la médecine interne c'est polyvalent la médecine générale c'est polyvalent je suis polyvalent et c'est pour ça que je suis un peu un ingénieur du corps pour les internes actuels quand vous dites que vous décidez de faire médecine d'urgence c'est déjà la deuxième spécialité troisième il y

  • Speaker #1

    avait

  • Speaker #0

    Ça n'existait pas. Ça n'existait pas, mais les services d'urgence étaient... Moi, j'adorais, quand j'étais réanimateur et cardiologue, aller aux urgences. J'adorais les urgences. Donc, quand je faisais mes sages de cardio, ils me regardaient tous en me disant, oui, moi, j'aime bien aller faire mes gardes aux urgences et descendre et tout. Et j'avais cette appétence pour le côté challenge. Je dis toujours que chaque patient aux urgences, c'est un coffre-fort qu'il faut ouvrir en moins de 4 heures. Donc, on a... absolument tout entre les mains, entre le téléphone, les scanners, à l'époque on n'avait pas l'IRM, les scanners, l'électrocardiogramme, et puis va arriver l'échographie ultra-portable, la biologie délocalisée, on avait tout pour ouvrir un coffre-fort. Si on ne trouvait pas ce qu'il avait, ce n'était pas grave, mais au moins, on avait éliminé l'urgence vitale. Donc, c'était un état d'esprit, l'urgence vitale. Et l'électrocardiogramme, il fallait être bon. Et la médecine d'urgence avait besoin de formateurs. Et j'arrive, cardiologue, une appétence pour l'ECG, les infarctus avec le groupe Boringer, où il va falloir apprendre à tous les gens à faire des thrombolises dans les camions et dans les urgences, et à reconnaître un infarctus aigu et faire attention aux complications, les prévenir, etc. Et c'est absolument... C'est passionnant. C'est passionnant. Il y a le challenge.

  • Speaker #1

    Les planètes s'alignent.

  • Speaker #0

    Tout s'aligne avec une bande extraordinaire de médecins, Louis Soula, Frédéric Adnet, Frédéric Lapostol, des gens qui sont passionnés aussi par l'ECG. Et ça va être ultra motivant.

  • Speaker #1

    C'est la partie ingénierie de votre personnalité. Parce que c'est vrai que pour certains, le CG peut faire peur. C'est pas... Comment dire ? C'est pas de la biologie, c'est pas quelque chose... Un examen physique. La biologie.

  • Speaker #0

    Le CG, c'est comme les maths. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Et c'est stupide. Et c'est stupide. Comme si vous avez lu Mathematica de David Bessis, il vous explique que c'est juste un blocage, mais que si on dépasse ce blocage, c'est comme tous les sports, le vélo, la natation, le papillon. Moi, je joue au papillon. Au départ, ça fait tout peur. Mais si vous vous dépassez ça, vous pouvez le faire. Comme disent les Américains, you can make it. Et c'est juste un blocage. Les meilleurs mathématiciens étaient bloqués au départ.

  • Speaker #1

    Et vous, vous embarquez tout le monde ? Vous dites, le CG est central, on va faire de la thrombolise, etc. Et vous devenez avant-gardiste, ou même à l'avant de la scène cardiologique française. Oui,

  • Speaker #0

    sur le CG, progressivement, oui. C'est pour ça que je vais écrire mon premier livre, le CG de AZ, en 2010. Et juste après, il y a l'explosion d'Internet. Et là, je prends le wagon. Je me dis, mais le livre ne suffira pas. Il faut plus de CG.

  • Speaker #1

    À qui il a adressé le livre ?

  • Speaker #0

    Le CG de AZ, c'est pour tout le monde. Ce n'est pas un livre, c'est un livre de lexique. Parce qu'en France, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire. Entre nous, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire que les Américains. Et moi, j'aime bien les vraies définitions. Donc je me suis dit, je vais essayer de donner des vraies définitions aux gens. J'ai travaillé tout seul. Je n'ai pas été aidé. Je suis dans un hôpital à Saint-Louis où il n'y a pas de cardiologue. Donc je travaille tout seul et chaque fois que je demande de l'aide, finalement on ne m'aide pas tellement. Aujourd'hui, ce n'est pas grave, je vais faire tout seul.

  • Speaker #1

    Ça vous montre que vous avez quand même une passion au-delà de la norme envers cet outil quand même.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai une passion, mais on n'est pas les seuls, c'est comme tout. Et il y a un moment donné, vous découvrez qu'il y a des Américains, des gens dans le monde entier qui sont passionnés. qui vous aident, qui vous envoient des ECG, qui vous disent que c'est bien ce que vous faites, qui commencent à vous inviter. Et c'est une pierre qui roule. Et plus elle roule, plus elle devient grosse. Et on vous envoie des tracés incroyables, des histoires incroyables. Et vous vous dites, il ne faut pas que ça devienne trop compliqué pour les gens. Il faut que je simplifie. Il faut que je simplifie.

  • Speaker #1

    Et c'est là où la pédagogie est centrale.

  • Speaker #0

    C'est central.

  • Speaker #1

    un peu de mot-père pour vous, au-delà d'être expert, de le transmettre en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, alors je dirais que la deuxième valance que j'ai, il n'y a pas que le CG quand même, je dirais qu'avant la pédagogie, il y a la découverte de ce que j'appelle la décision médicale. Si vous voulez, le médecin, je ne vais pas trop résumer, mais ce n'est pas un technicien, il a la technique au service. de son art, artisanat, on est des artisans, on n'est pas des artistes, on a des outils à notre service, et là, il faut se poser la question de, même si je suis bon sur cet outil, comment je vais m'en servir pour prendre une décision ? Parce que l'outil, il est là pour prendre une décision. Je vois une fibrillation atriale. Quand bien même l'intelligence artificielle me dira qu'il y a une FA, je ne vais pas forcément savoir quoi faire. Si je ne suis pas compétent, ça ne me sert à rien de faire le diagnostic de FA. C'est comme la radio du coccyx ou des radios de je ne sais pas quoi. Si vous ne savez pas quoi en faire, plein de gens prescrivent des examens, mais ils ne savent pas quoi en faire. Et moi, j'ai appris grâce à la médecine d'urgence qu'on n'avait pas de temps à perdre. Je crois qu'examen devait modifier votre stratégie, soit vers l'abstention, soit vers l'intervention. soit resté dans la décision. Si on n'a pas compris ça, l'abstention, l'intervention, la décision, on n'a pas compris la médecine. C'est la théorie des jeux. C'est la théorie du poker. Quand je prends une carte, je sais que je vais probablement me coucher, c'est-à-dire que je joue pas, mettre de l'argent... gens, ou bluffer, bon ça c'est autre chose, on ne bluffe pas en médecine normalement, ou alors reprendre des cartes en rejouant, c'est-à-dire redemander d'autres examens. Cette démarche-là, elle m'a habité tout le temps et elle m'aide beaucoup à expliquer aux gens comment prendre une décision en médecine, l'électrocardiogramme et tout. C'est un outil pour la prise de décision, mais j'aimerais... tellement que les gens sachent utiliser n'importe quel outil comme on utilise, comme je viens de vous l'expliquer, l'électrocardiogramme, mais que ça soit de la biologie, que vous posiez votre stéthoscope sur le cœur de quelqu'un, que vous posiez une question à quelqu'un tout à un sens vers l'abstention, l'intervention, la décision.

  • Speaker #1

    Sorte de jeu.

  • Speaker #0

    C'est un jeu.

  • Speaker #1

    Un jeu.

  • Speaker #0

    Théorie des jeux. C'est pour ça que...

  • Speaker #1

    Quelle est la limite de... de la métaphore avec le jeu ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert que j'étais un grand passionné de poker jeune. Et je crois qu'on retrouve, les planètes se retrouvent dans la théorie des jeux. Quand on m'a parlé de ça, j'ai dit, je viens de vous l'expliquer, c'est complètement emprunté au poker. C'est les Américains qui m'ont appris ça dans An Hall of Emergency Medicine. Tout, la prise de décision, il faut lire ces revues. Les urgentistes sont très pointus sur la réflexion de la prise de décision. et on n'a pas tellement ça en France, il faut bien le dire, c'est malheureux. Donc la deuxième valance que j'ai, c'est la qualité de prendre une décision avec un outil, quel qu'il soit. Quand l'échographie est arrivée, j'ai sauté dessus, l'échographie délocalisée aux urgences et on s'est tous mis à ça et là on a dit « Banco, ça change tout ! »

  • Speaker #1

    Et du coup, tout à l'heure, vous racontiez que vous sortez le premier livre et qu'il y a un virage vers Internet et le numérique. Déjà, pourquoi sauter sur le numérique ? Vous vous êtes dit qu'il faut que ça touche plus de monde en fait ?

  • Speaker #0

    Je sais très bien que le livre, on va le vendre à 3000 exemplaires par an, c'est ridicule. Je sais très bien que si on se met sur Internet, non seulement je pourrais déposer mes ECG au lieu de les garder chez moi. Donc au lieu de mettre 150 ECG dans un livre, la première édition devait y en avoir 150, la deuxième que je viens de sortir c'est 340, c'est déjà mieux. Mais c'est limité, on ne va pas acheter des livres de 1000 pages, c'est insupportable. Donc il faut que je structure ma pensée pour qu'il y ait… Au départ je pensais mettre 300 ECG dans mon lexique, et donc je me suis dit avec 400 entrées j'en aurais 1200. Et en fait c'est ridicule, c'est plus compliqué que ça. Et on peut encore en mettre d'autres, on peut jouer avec, on peut continuer, c'est sans fin. Il faut commencer par des choses simples, et ensuite arriver à des choses un peu plus compliquées, et à la fin, quizer l'individu pour qu'il teste ses connaissances. Parce qu'on est tous pareil. Moi, si je lis un bouquin d'apprentissage de l'Italia, le seul moment où on sait parler, c'est quand on parle, ce n'est pas quand on lit. Donc, il faut se tester, se tester, se tester, se tester. Et Internet permet vraiment de...

  • Speaker #1

    Là, vous créez un site Internet ?

  • Speaker #0

    Oui, 2010. Je t'appelais le livre. À l'insu de l'éditeur, qui ne m'a jamais engueulé d'ailleurs. L'éditeur m'a dit « Oui, on sait que vous faites ça » . Je n'avais pas le droit d'utiliser ni mes définitions, ni mes électros. Ils ne m'ont rien dit. Chez Vigo Malone, ils ont été sympas.

  • Speaker #1

    Le site s'appelle ?

  • Speaker #0

    E-cardiogramme.com I pour électrique I-cardiogramme.com c'est celui qui est en cours actuellement oui les gens je sais même pas s'ils connaissent leur nom ils tapent ta boulette c'est peut-être vrai en effet

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de plein d'autres choses, mais c'est vrai que ce site, pour y être allé, pour avoir appris dessus, il est incroyablement bien fait, puisqu'il est, comme vous dites, séquencé. On va chercher tel ou tel CG, tel ou tel tracé, en fonction de telle ou telle, soit pathologie génitale, ou en fonction de telle ou telle envie d'aller chercher le tracé de... d'une anomalie électrique. Oui,

  • Speaker #0

    ça peut être l'anomalie, ça peut être la maladie, ça peut être le rythme. Et surtout, je suis polyvalent. Je ne devrais pas le dire, c'est prétentieux. Mais ayant fait de la toxicologie et travaillant avec les psychiatres, j'ai fait du QT. Ayant fait de la toxicologie, tous les médicaments. Ayant fait de la thérapeutique d'urgence, j'ai mis évidemment tous les médicaments d'urgence. Puisque c'est mon boulot, l'urgence de la réanimation. Donc tout ce qu'il y a, il faut que les gars, devant un potassium, ils réagissent, ils sachent quoi faire. On n'a pas une heure à perdre sur Yipe Kalimi. Donc tout ce qui est médicaments. Après, ce qui est intéressant, ça a été l'enfant. Puis après, ça a été la médecine du sport. Enfin, c'est sans fin, quoi. C'est ça, c'est un manuel. C'est passé d'un lexique à un manuel, avec le temps. Et ensuite, ce manuel, il évolue encore, parce que tous les jours, je le modifie, pour travailler la pédagogie, c'est-à-dire la simplicité des termes et en faisant attention aussi que les patients le lisent.

  • Speaker #1

    OK, parce que... Et ça,

  • Speaker #0

    c'est très important.

  • Speaker #1

    L'internet tombe dans toutes les mains.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens me disent là, mais vous avez écrit ça. Donc, les mots mort subite, je les ai virés. D'accord. Parce que si vous dites à un patient qu'il risque la mort subite, il ne les aime pas du tout. Donc, il m'appelle. Souvent pour des choses superficielles qu'ils ont ou des détails. Il y a des gens, ils regardent des détails sur leur ECG. C'est impressionnant. Et ils sont capables d'apprendre, je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Donc, j'allais vous dire pour qui ou pourquoi, en tout cas, vous pensez l'avoir créé. Finalement au début c'était pour des professionnels de santé.

  • Speaker #0

    C'est pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Mais maintenant vous vous rendez compte que...

  • Speaker #0

    Non, ça reste pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Dans la création des contenus,

  • Speaker #0

    vous ciblez les professionnels de santé. C'est écrit dans l'intitulé en haut. Ce n'est pas un outil pour le patient, c'est un outil pour les professionnels qui savent déjà un peu ce que c'est que la petite circulation, la grande circulation, un potentiel d'action.

  • Speaker #1

    En début d'épisode, quand je vous ai dit que beaucoup, voire tous les étudiants en médecine allaient au minimum une fois sur ce site, voire tout au long de leur externa, vous étiez un peu surpris. Vous ne pensez pas être l'enseignant numéro un de l'ECG en France actuellement ?

  • Speaker #0

    On me l'a dit. On me l'a dit, c'est vrai, on me l'a dit. J'ai découvert un peu, il y a quelques années, dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, mais pourquoi ils me regardent ? Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant.

  • Speaker #1

    C'est vrai que l'enseignement est peut-être soit mal fait, alors je ne veux pas casser du sucre sur le dos.

  • Speaker #0

    Ça prend beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Mais l'enseignement côté universitaire ou les collèges des enseignants, souvent ce sont des choses ligne après ligne très théoriques. On a du mal à extraire les informations ou en extraire une sorte de chose concrète.

  • Speaker #0

    Vos vidéos, le temps que vous prenez, les termes que vous utilisez sont hyper pédagogiques, hyper simples. On sort de vos vidéos avec à chaque fois des idées hyper claires. Donc, de la part de tous les externes,

  • Speaker #1

    les étudiants,

  • Speaker #0

    les internautes, merci.

  • Speaker #1

    Mais je peux répondre à ça. C'est parce que je ne comprenais pas. C'est comme les mathématiciens, ceux dont je vous parlais. Ça part du fait que j'en ai marre quand j'étais externe. un interne d'orthopédie me disent « Va faire le plat de ce malade, t'en as jamais fait, c'est pas grave, tu verras, c'est simple. » Ça m'énerve. Monte dans une ambulance, va faire de la thrombolise, on vérifie même pas ton niveau sur l'électrocardiogramme. Et quand je demandais qu'on m'explique à la fac un peu mieux l'électrocardiogramme, personne ne pouvait m'expliquer à quoi correspondaient ces ondaires et ces ondesses, etc. Et je trouve que c'est pas sympa, quoi. C'est pas sympa. et... quand j'enseigne, je me mets à la place du plus faible, c'est-à-dire du débutant. Plus ça va, plus je me mets dans l'idée « Ce gars-là, il sait rien. Tu vas lui parler. Il faut que chaque mot que t'emploies soit à peu près clair et à peu près simple et qu'il n'y ait pas de tournure ambiguë. » Je m'adresse à des gens qui ont besoin de comprendre rapidement et pas avec des mots tordus qui font qu'ils sont obligés d'aller regarder ailleurs pour comprendre. C'est pour ça que le site, c'est sans fin. Je le modifie sans arrêt parce que je me dis que je dois encore le simplifier, je dois encore être plus précis. Et voilà.

  • Speaker #0

    Qui vous aide à faire ce site ? Vous êtes en autonomie là-haut ici ?

  • Speaker #1

    Le site, oui. J'ai un webmaster extraordinaire. C'est mon deuxième webmaster. Il m'a fait un site extraordinaire, il faut reconnaître. Bon, grâce à la première trame, j'ai su ce que je voulais faire. Il m'a bien suivi. Il m'a donné tous les outils pour que je fasse ce que je veux. Et je le remercie beaucoup. Et sinon, j'ai toujours demandé aux gens. Je peux vous donner plein de noms. Si vous voulez modifier mon site Internet, quasiment 90% des gens n'ont jamais répondu.

  • Speaker #0

    Oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Des grands spécialistes de la pathologie, je ne veux pas donner de nom, mais ça ne les intéresse pas. C'est quand même dingue. Donc moi, je suis obligé de bosser. Alors j'ai des sommaires de revues. Il y en a une encore qu'on lit. Donc on a une dizaine de revues. par sommaire, 10 par mois, je veux dire. Il y en a quelques-unes qui sont hebdomadaires, d'autres mensuelles. Il faut lire ce qu'il y a écrit. Et il y a des grands pédagogues, là. C'est là qu'il faut relire le truc. Il faut se dire, mais lui, il écrit très bien. Les Anglais écrivent très bien. Il faut que je retravaille mon texte, il faut que je l'améliore, parce que c'est beaucoup plus clair que ce que j'ai écrit encore. Donc, il faut continuer la pédagogie. Il y a vraiment des artistes de la pédagogie dans les livres et dans les publis des mensuels.

  • Speaker #0

    Très belle phrase. des artistes de la... de la pédagogie et justement j'allais vous demander quelle était votre méthode puisque pour être aussi clair il faut de la préparation il faut quasiment même écrire ses textes en amont des vidéos.

  • Speaker #1

    Oui alors les vidéos je les fais vous vous en rendez pas compte mais il y a qu'une seule prise.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous êtes un peu pas l'expert.

  • Speaker #1

    Ça peut faire 20 minutes ou 50 minutes si vous la possédez bien et si c'est bien préparé avec les messages clés à la fin et que ça coule comme ça il faut que ça coule. C'est une écriture médicale. Quand vous avez écrit un article, moi j'aime bien écrire des articles, les anglo-saxons sont terribles sur la fluidité, le mot, etc. C'est aussi parce que j'ai beaucoup écrit, enfin essayé d'écrire des bonnes choses, que vous êtes obligé de bien préparer votre vidéo. Quand je dis qu'il n'y a qu'une seule prise, il n'y a pas de coupe. Ça ne veut pas dire que je ne fais que du premier coup. Des fois, je mets trois fois. Si au bout de trois fois, je n'y arrive pas, c'est comme une ponction lombaire. On passe la main. On réessaye le lendemain, on fait autre chose. Il ne faut pas s'acharner. Quand je suis prêt, je le sens. Et je sais que ce ne sera jamais la première qui va être bonne. Je vais me réécouter, je dis « je vois bien que tu dis des conneries » . Et puis je parle à des gens qui ont envie d'apprendre. Je me mets bien dans leur peau et ça devient fluide.

  • Speaker #0

    Ça se sent. Parce que pour avoir écouté d'autres contenus, on peut vite tomber dans une... de l'expertise trop poussée, l'opposé de la pédagogie et l'opposé de la vulgarisation. C'est très bien fait de votre part. Là, à l'heure actuelle, quels sont vos supports ?

  • Speaker #1

    outils numériques ou outils tout court pour enseigner l'électrocardiogramme bon alors je fais assez peu de youtube j'en fais un par mois chaîne youtube vous avez ouai une grosse chaîne youtube marche très bien J'ai déjà pondu pas mal de choses. Je rêve de faire... Je ne l'ai pas commencé, je devais le faire cette année. Je voulais faire une sorte de podcast sur un électrocardiogramme, une discussion 5 minutes maximum. C'est mon rêve comme format. C'est un cas clinique. C'est-à-dire un monsieur, une dame, parce que maintenant il faut faire attention, et un électrocardiogramme. Et voilà ce que je vois moi et comment je l'aborde.

  • Speaker #0

    Mais sous forme de podcast, pour le coup, c'est souvent pas visuel un podcast ?

  • Speaker #1

    Non, non, c'est un podcast, ça porte un autre nom. Et il faut qu'il y ait un webinaire, un mini short. Mais si le short c'est une minute, c'est un peu court.

  • Speaker #0

    Ok, un short, un reel, comme on voit sur Instagram, des vidéos compactes où ça va vite, on va à l'essentiel.

  • Speaker #1

    Ouais, mais pas trop vite, c'est ce que je reproche aux trucs d'une minute. C'est quand vous essayez de le refaire après, vous n'y arrivez pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu, mais les shorts d'une minute, la cuisine, le truc, le milieu, je vous ai trouvé de votre.

  • Speaker #0

    Trop rapide, c'est trop rapide.

  • Speaker #1

    C'est un peu court. Donc, il y a une... J'aimerais beaucoup discuter, mais alors ça, ça serait... Alors, c'est pour des gens déjà avertis. Sinon, je travaille avec deux... de, comment dirais-je, sociétés de formation, donc Santé Academy et Invivox, pour ne pas les citer, qui sont mes cibles parce que ce sont des généralistes. Et ma cible actuellement, c'est le généraliste, pour qui leur apprendre les nouveaux appareils électrocardiographiques. Il faut qu'ils utilisent des électrocardiogrammes très simples, très rapides, de bonne qualité. Comment ça se choisit ? Donc je leur ai appris à choisir un appareil. Ne pas acheter toutes ces conneries par ces ingénieurs qui vous vendent n'importe quoi, qui ne savent pas ce dont on a besoin, ça se voit. ils font des coupures au milieu des tracés c'est trop court, enfin bon passons on sait pas quel filtre, on sait pas quelle est la formule qu'ils utilisent, c'est dramatique le marché de l'électrocaverne est dramatique en France donc il y a une différence de 1 à 10 à peu près en termes de qualité de tracé et de stockage d'interprétation, c'est dramatique, il ne faut pas acheter n'importe quoi. Donc j'essaie de conseiller les généralistes sur les nouveaux outils, les anciens, comment on choisit. Et ensuite, je voudrais leur donner des bonnes bases pour réapprendre des choses simples. Donc ce sont eux ma cible, parce que derrière, je pense que c'est un super outil. Et que, un, il ne faut pas dire de conneries. Deux, premièrement, il faut en faire beaucoup plus pour le dépistage. Et deux, il faut mieux comprendre pour le diagnostic. Il y a deux étapes. Un électro, c'est à froid, du dépistage. Et deux, c'est du diagnostic. Diagnostic, c'est syncope, palpitations, dyspnée et douleurs thoraciques. Donc, il n'y a que 4 cas et c'est tout. Et ensuite, vous avez le dépistage, c'est-à-dire le sportif, le médicament qu'on veut introduire, la population à risque pour une opération chirurgicale, etc. C'est passionnant le dépistage. Donc, il faut savoir ce qu'on cherche. Mais encore, faut-il qu'ils sachent quoi chercher. C'est terrible. Ils ne savent pas. Ils font des ECG, ils ne savent pas ce qu'ils cherchent.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous me dites aussi que vous recevez des ECG tous les jours. Tous les jours. De la part de qui ?

  • Speaker #1

    Des cas cliniques intéressants. Là, j'ai une collection d'un monsieur nord-africain qui m'a envoyé les ECG pour ce qu'on a discuté sur l'ECG du nord-africain. et de l'africain. Et ils voulaient mes publis. Je voyais plein de littérature, parce que je travaille beaucoup ça. Et donc, par exemple, c'est des choses comme ça. Puis sinon, on m'envoie des pathologies très rares qui sont très spécifiques. Et donc, grâce à un appareil de scanner, je peux rescanner les mauvaises photos et les transformer en super appareils. Toutes les photos, vous voyez, qui sont en bleu sur le site, c'est une technique que PM Cardio a inventée. et qui permet d'extraire uniquement le signal électrique et de le remettre sur un support bleu de grande qualité. Donc, ça me permet de récupérer des électros que j'avais il y avait 30 ans dans mon ordinateur. C'est trop moche pour le mettre sur le site. Et grâce à l'extraction, s'il y a le papier millimétré, ça vous fait un super truc, ce signal. Donc ça, c'est fantastique d'avoir des très bons outils, un très bon webmaster, des outils pour rescanner des ECG, des gens qui vous envoient des petits bijoux. des discussions avec des pros, je me régale. Je travaille avec aussi des rythmologues de la Société Française de Cardio. Donc ça c'est un projet Wiki qu'on appelle. Les étudiants doivent le connaître, c'est un projet Wiki ECG par l'UNES de la faculté et de la discipline de cardiologie. On est un petit groupe et on a fait un site internet où les gens peuvent apprendre eux-mêmes. à mesurer. Il est open, le site Unesco Cardio. Vous pouvez apprendre à mesurer vous-même un QT, à coder un électrocardiogramme, à trouver des références wiki. J'espère que ça va bien décoller ce site. En tous les cas, les étudiants, je crois qu'ils l'apprécient beaucoup. Je remercie donc mes collègues dont Emeric Menette de Lille qui est rythmologue et très attaché à la... à la pédagogie, à la formation et à l'intelligence artificielle. On peut en parler après si vous voulez, mais de l'IA qui va débouler à toute berserk.

  • Speaker #0

    Vous vous dites rythmologue ?

  • Speaker #1

    Moi, je ne suis pas rythmologue.

  • Speaker #0

    Justement, quelle est la différence ?

  • Speaker #1

    Un rythmologue, c'est quelqu'un qui soigne. Moi, je suis un cardiologue. Je suis un rythmologue de surface. Un rythmologue, c'est quelqu'un qui va en profondeur avec des outils délirants pour arriver à soigner les gens. C'est comme si vous disiez à un urgentiste, vous opérez. Non, on n'opère pas, on répare. Nous, on ferme les plaies, mais on ne les ouvre pas. Il y a quand même du vocabulaire à avoir.

  • Speaker #0

    Là, les projets, quel est finalement votre semaine type autour de tout ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors semaine type, peut-être 4-5 heures le matin sur le site internet, les réponses aux mails, les demandes d'inscription, les relations avec les différents organismes avec lesquels je travaille.

  • Speaker #0

    C'est majeur.

  • Speaker #1

    Le speed wiki, ça fait que je commence à 7h, je termine à midi. Ah ouais,

  • Speaker #0

    c'est vraiment...

  • Speaker #1

    Sur le CG, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'on aurait pu penser qu'outil Internet, donc pas forcément de nécessité d'être dessus, mais en fait, c'est une...

  • Speaker #1

    Ah non, vous êtes obligé. Les gens me demandent des inscriptions, on peut avoir des problèmes sur le site Internet. Vous êtes obligé d'être actif. Vous ne pouvez pas... Un site Internet, elle est un peu payante pour gagner un petit peu d'argent et payer les frais. L'ordinateur, le domaine, les logiciels, il faut quand même avoir un peu d'argent. Et puis, c'est pas que je veuille en gagner. Mon objectif n'est pas d'en gagner, je le dis toujours aux gens. Mon objectif, c'est de ne pas en perdre, c'est tout. Et moyennant quoi, les gens se sont étonnés parce qu'on peut gagner un peu d'argent quand même. Ma chaîne YouTube est gratuite, je n'ai jamais voulu la faire payer. Je pourrais, puisque j'ai fait la formation, je pourrais tout faire. Mais l'objectif n'est pas de gagner de l'argent. Mon objectif, c'est d'enseigner.

  • Speaker #0

    D'autant plus honorable.

  • Speaker #1

    Ouais, bon, c'est aussi parce que j'ai pas, j'ai ce qu'il faut. Voilà, quand on a trois yachts, trois maisons, un club de danseurs, on peut pas en prendre plus. Non, je plaisante. Les gens, ils veulent toujours plus, mais ils vont crever avec ça.

  • Speaker #0

    Et donc après l'après midi,

  • Speaker #1

    golf à l'après midi. Non, l'après midi, je suis nageur, donc j'adore nager et mon plaisir, c'est la perfection dans le geste. Donc je fais toutes les nages.

  • Speaker #0

    Il y a cette. Cette trame d'ingénierie à chaque fois. À chaque fois. La nécessité de... Le mouvement,

  • Speaker #1

    le coefficient de flottation, le truc. La montre qui calcule les fréquences cardiaques, la récupération et tout ça. Et puis surtout, j'aime la beauté des gestes. Quand on skie, on skie bien. Quand on nage, on fait bien. La planche à voile, on fait de la bonne planche à voile.

  • Speaker #0

    Dans vos vidéos de CG, on sent qu'il y a un amour de la bonne lecture qui te présente.

  • Speaker #1

    il faut que ça soit bien fait les africains les africaines disent comment vous choisissez un homme l'africaine dit il faut qu'il ait de beaux gestes j'ai trouvé que cette phrase était magnifique ils sont loin sur les marchés et j'ai trouvé que cette phrase était sublime pour moi la beauté c'est l'élégance, c'est le geste c'est le sourire,

  • Speaker #0

    le sourire c'est très important on va l'idée Roger Federer côté tennis alors ?

  • Speaker #1

    oui très beau, j'aime pas l'espagnol on a oublié son nom

  • Speaker #0

    Très bien, est-ce que vous voulez discuter de quelque chose dont on n'a pas discuté une part importante dans votre carrière médicale ?

  • Speaker #1

    Oui Bon, on n'a pas parlé de quelque chose qui est fondamental c'est qu'on ne naît pas médecin, on le devient un médecin c'est pas la technique on a déjà commencé par le dire qu'on se cherche, on se trouve. Et puis, à un moment, il y a un truc incroyable. On devient médecin peut-être quand on a été malade soi-même. Tout d'un coup, on découvre que ce qui fait le médecin, c'est aussi l'humanité. Ça s'enseigne peut-être plus de votre temps que du mien. j'ai l'impression que je voudrais comparer que vous avez plus de formation à l'éthique la fin de vie les groupes de parole la prise de décision collective avant c'était chacun dans son coin j'ai beaucoup souffert de ça prendre des décisions tout seul tant que réanimateur parfois je trouve que l'humanité c'est tout d'un coup j'aime bien ce geste Je rentre dans une chambre avec un jeune étudiant et je lui dis, tu vois, ce qu'il y a de fabuleux, c'est qu'en deux minutes, la personne sera nue devant moi, si j'ai besoin, en tant qu'urgentiste ou qu'endologue, de l'examiner comme un chat qui est sur le dos et qui se laisse regarder, toucher, etc. Ce moment de confiance, c'est extraordinaire, que le malade nous fait, et on doit le mériter. Et on est touché par ça à un moment donné, c'est quand le malade s'en remet à nous. et ce moment de grâce ce moment où c'est le moment qu'il préfère et qu'il nous dit vous êtes un bon médecin c'est quand il voit qu'on est vraiment attentif qu'on écoute vraiment qu'on le touche vraiment et qu'on essaie de voir comment on va résoudre le problème ensemble, non pas parce que je sais faire, parce que ça on peut toujours opérer machin mais aussi dire ça je sais pas le faire, je vais pas le faire ou alors je vais demander un avis souvent les gens prennent pas d'avis Merci. Ils sont tous seuls à prendre des décisions. Et je voudrais juste vraiment réinsister là-dessus. Au bout d'un moment, on devient un médecin quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin.

  • Speaker #0

    Docteur Taboulet, Pierre, merci beaucoup. On termine sur ces paroles excellentes.

  • Speaker #1

    Un serment d'hypocrate.

  • Speaker #0

    Oui. Merci beaucoup d'avoir accepté de discuter de tout ça, de cette immensité, de cette expertise, de cette ingénierie, de cet amour pour l'électrocardiogramme. Merci encore et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes.

  • Speaker #1

    A bientôt et merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est le Tu. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt.

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Description

💥💥 NOUVEL EPISODE!!

Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation!

Quel étudiant en médecin n'a pas un jour ou l'autre ouvert le site du Dr Taboulet pour y voir plus clair dans cet apprentissage d'ECG si difficile?


Au menu de cet épisode :

➿️ Le goût très prononcé de mon invité pour la transmission, le beau geste, et le sourire clinique (presque aussi important que le stéthoscope)!

🕶 Des autographes sur des électrocardiogrammes (si si, c’est possible)!

🎾 Et une métaphore Roger Federer pour illustrer l’élégance du soin (oui, le service-volée s’applique aussi à la relation patient)


Un épisode tout en délicatesse grâce à la poésie du Dr Taboulet.


Un échange sincère, drôle et décalé!

À écouter dès que possible !

(et à partager à tous ceux qui confondent encore une pause sinusale et une pause café)


Merci de vous être arrêté sur ce compte!

Abonnez-vous et mettez une belle note!




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai découvert un peu il y a quelques années dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, écoutez, regarde. Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant. Au bout d'un moment, on devient un médecin. Quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin. J'ai trouvé que cette phrase était magnifique, ils sont loin sur les marchés, et j'ai trouvé que cette phrase était sublime. Pour moi, la beauté c'est l'élégance, c'est le geste, c'est le sourire, le sourire c'est très important.

  • Speaker #1

    On voit l'idée Roger Federer côté tennis alors ? Oui, très bon ! Bienvenue dans Médecins qui es-tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel, et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui étuent. Aujourd'hui, un épisode tout à fait particulier puisque j'ai l'honneur de pouvoir discuter avec docteur Pierre Taboulé, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour Maxime.

  • Speaker #1

    Merci de prendre un petit peu de temps, on ne va pas décortiquer les coulisses, mais vous avez été patient, je suis désolé. Merci beaucoup de discuter avec moi aujourd'hui. Vous êtes un élément central de la pédagogie de l'électrocardiogramme de tous les caravans. je dis tous Sans précaution, parce que je sais qu'une fois à un moment donné, chaque étudiant en matin va aller voir une de vos vidéos sur les électrocardiogrammes. Vous n'étiez pas trop d'accord sur la présentation quand on a discuté pour préparer l'épisode, parce que ça vous a semblé un peu surprenant, mais c'est l'état des lieux que j'en fais. Tous les copains ont travaillé une fois ou deux ou plusieurs fois sur vos vidéos. Merci beaucoup. L'électrocardiogramme, on ne va pas en parler trop aujourd'hui, on va surtout discuter de votre parcours. Où est-ce que le début de vos études médicales se fait ? Où est-ce que vous avez appris la médecine ?

  • Speaker #0

    Tout d'abord, je veux remercier pour l'émission parce que... Je pensais bien, moi aussi, de découvrir un peu qui sont les gens, pourquoi ils sont devenus pédagogues, et pourquoi ils sont devenus médecins. En fait, tout ça se décide un peu à notre insu, et probablement dans les générations d'avant, parce que finalement, j'ai découvert que dans ma famille, on était des pédagogues. Ah ok. Mais c'est... personne ne m'a poussé vers la pédagogie. On a tous écrit des livres, on a tous enseigné. Ma soeur est professeure à Princeton. Mon frère a continué à enseigner à 70 ans. Mais personne ne s'est dit, tiens, il faut que tu enseignes. Et personne ne s'est challengé. On fait tous des choses différentes. Et pourquoi médecin ? C'est pareil. Là, il n'y a aucun médecin dans ma famille. C'est complètement l'histoire différente. Je suis complètement un peu un extraterrestre. Et ça commence en terminale par un accident aux yeux. et Et je voulais faire un ingénieur. Moi, j'ai toujours été très curieux de la vie, des choses, des gens, comment ça marche. Moi, je suis monsieur comment ça marche. Et à la suite d'un petit accident à la cantine du lycée, j'ai pris un bout de verre dans l'œil. Et c'était mon meilleur œil. Alors là, j'ai dit, j'ai raté ma terminale, parce que j'avais pendant trois mois l'œil à moitié bouché. Et c'était mon meilleur œil. Et j'ai dit, bon ben, maths sup, maths p, c'est mort. Et puis, je me suis laissé aller. Après, j'avais aussi comme obsession le service militaire qui m'inquiétait beaucoup. Et j'ai donc fait, à un moment donné, un choix que mon frère m'a conseillé lui-même. Il m'a dit « Mais pourquoi tu ne fais pas médecine ? Je te sens bien là-dedans. » Et je lui ai dit « T'es fou, je ne vais pas sacrifier les plus belles années de ma vie à faire médecine. » Et puis, 15 jours avant, à l'époque, on pouvait choisir 15 jours avant. 15 jours avant.

  • Speaker #1

    Maintenant, c'est 2-3 ans.

  • Speaker #0

    Voilà, 15 jours avant. j'ai dit ok, je dépose un dossier de médecine et voilà, j'étais du sud de Paris en banlieue à Malakoff et mon dossier a été accepté sur Necker, en plus c'était plutôt bien comme à l'époque c'était réputé moi tout ça me dépassait complètement Dès que je suis rentré dans les études médicales, ça a commencé à m'intéresser parce qu'on parle à des gens qui parlent de physique, de chimie, de biologie, de corps, d'embryologie, de statistique. C'est extrêmement intéressant comme formation pour quelqu'un qui voulait être un ingénieur. Et j'ai découvert avec le temps que je suis un ingénieur, un ingénieur du corps. C'est après que j'ai découvert ça.

  • Speaker #1

    On va en discuter après de l'électrocardiogramme, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de très...

  • Speaker #0

    Oh, mais le corps, ce n'est pas que l'électrocardiogramme. Oui, oui. Parce que j'ai fait un parcours très compliqué.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon teasing pour la suite. C'est vrai que la première année, ou les deux, trois premières années, il y a quelque chose de... Il y a les sciences fondamentales, et ça, ça vous a plu, cette science dure ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu comprendre comment on faisait pour pouvoir réfléchir sur mon auriculaire du cinquième doigt. Donc ça passe les neurones, etc. On arrive d'ailleurs... Tout de suite, je ne le savais pas, mais au courant électrique et à l'activité motrice. Mais tout ça, on ne le sait pas à l'époque. Je trouve qu'il y a un message qu'il faut donner aux plus jeunes, c'est de se laisser aller parce que finalement, vous êtes commandé par ce que vous aimez.

  • Speaker #1

    Pas évident de comprendre qu'on est face à une situation de passion ou de forte affinité. Ce n'est pas évident quand on est jeune peut-être de comprendre que le truc qu'on est en train d'apprendre nous plaît beaucoup en fait.

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'il faut se laisser faire. Moi, je considère que, je dis toujours, la rivière finit toujours à la mer. Ça veut dire qu'il y a un moment où il faut se faire confiance. Bon, il faut se donner les moyens aussi. Si c'est vraiment rien faire, ce n'est pas la peine. Mais il y a un moment donné où le chemin, et vous allez voir que j'ai fait un chemin très, très chaotique, mais je ne le regrette absolument pas, parce que pour trouver mon chemin, j'ai mis du temps.

  • Speaker #1

    Il y a un concours en première année à cette époque-là ?

  • Speaker #0

    Il y a un concours très dur,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ok. Et vous passez en deuxième année ? Oui. Ça vous plaît ? Les choses s'enchaînent ? Un cursus ? normal entre guillemets ou j'ai l'impression que vous avez...

  • Speaker #0

    Je travaillais ce que j'aimais. D'accord ? Quand je travaillais, voilà, beaucoup de techniques pour apprendre, pour retenir. Il faut beaucoup travailler. Et puis, dès la quatrième année de médecine, se profile l'internat. Et même si je voulais être généraliste, puisque je ne savais pas ce que c'était un spécialiste, il n'y a pas de médecin dans la famille, je me dis quand même, il faut préparer l'internat. Mais c'est marrant parce que là encore, ce n'est pas prémédité. Mais il faut se faire confiance. Et je prépare l'internat et mon copain de soucolle m'a envoyé des photos encore ce matin. Et c'est une soucolle très... à l'époque on bossait à 3, à 2 parfois, ou à 4 ou 5 ou 6. On se voit 2-3 fois par semaine, chez les uns et chez les autres, et on se destine chacun vers une destinée qu'on ne connaît pas encore. Je n'ai aucune forme... d'ailleurs je ne savais même pas que je voulais faire médecine quand j'étais jeune. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand je passe l'internat.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que quand vous dites que vous vouliez faire médecin généraliste parce que vous ne connaissiez pas rien que le statut de la spécialité ou l'existence des spécialités ?

  • Speaker #0

    Je voulais être totipotent. C'était une médecine qu'on appelait totipotente à l'époque. C'est-à-dire, moi, ce qui m'intéressait, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fini par faire en faisant médecine d'urgence, je voulais m'intéresser à tout. Je n'avais pas une idée précise d'un organe. Je ne suis pas un somaticien d'organes, même si je le suis devenu. Mon esprit est plus éclectique que ça.

  • Speaker #1

    Une sorte de transversalité nécessaire pour surtout...

  • Speaker #0

    Vous allez voir ce que j'ai fait comme parcours, ça va expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Surtout ne rien laisser de côté. L'internat, c'est un concours à votre époque et vous avez la ville qui est en jeu ou vous savez dans tous les cas que vous allez finir à Paris à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, on a le droit de choisir trois villes à l'époque. On a le droit de passer le concours trois fois, si je me souviens bien, trois années de suite. Et on peut, ou deux fois, je ne sais plus exactement, et on peut choisir trois villes. Ce sont à l'époque des villes-régions. Enfin, on peut faire Bordeaux, Brest, etc., Marseille. Et je passe Paris. Et en fait, j'ai les mêmes résultats un peu partout. Je suis dernier sur la liste d'attente à peu près partout. C'est incroyablement, parce que je vous rappelle que je travaillais les matières qui m'intéressaient, je ne sais quand même pas mal bosser, mais je n'avais peut-être pas l'esprit de concours, je n'en sais rien. Et puis à Paris, je suis sur la liste d'attente, cinquième sur la liste d'attente. copain m'appelle. Je travaillais à l'époque comme généraliste à Toulouse. J'avais pris quelques mois là-bas. Et il me dit, t'es reçu sur la liste d'attente cinquième. En général, on en prend dix. Donc, j'ai été pris. Je dis toujours que j'ai été reçu cinquième à l'internat, mais à l'envers.

  • Speaker #1

    Et en fait, vous avez passé le concours pour urgentiste ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'existait pas. Non, à l'époque, c'est pareil, on ne sait pas. On passe l'internat et ce qui valide, c'est le nombre de semestres dans une spécialité. Pour être cardiologue, il fallait trois semestres. Pour être pneumologue, il fallait trois semestres. Et donc, on partait à gauche, à droite. Il n'y avait pas autant d'importance de la technique à l'époque. Donc, si vous vouliez faire huit semestres de cardio, vous faisiez huit. Mais moi, je ne savais pas, je voulais faire médecine interne, forcément, puisque je voulais être généraliste. Donc quand je commence, je fais mon premier stage en neurochirurgie à la Riboisière, mon deuxième en endocrinologie à Saint-Louis, mon troisième en cardiochirurgie à la Henec. Et puis là, se profile l'obligation de devenir médecin militaire, enfin de faire le service militaire. Et là, les médecins de pompiers de Paris me disent « Écoutez, on aimerait bien vous avoir, mais il faut que vous soyez cardiologue » . Et je me dis « Ça tombe bien, ça m'intéresse bien » . Et je fais à ce moment-là vite fait... en plus de la réa que j'avais fait, un deuxième semestre de cardio. Et avec ces deux semestres de cardio, ils m'autorisent à être médecin pompier, donc à l'époque en 1985, pendant un an, dans les ambulances de réanimation. C'est là que ça commence à chauffer et à me plaire, évidemment. Mais en même temps, je faisais de la cardio. Quand j'étais en cardio, on me disait mais il faut faire de l'ARIA. Quand j'étais en endocrino, le prof d'endocrino de Saint-Louis me disait mais t'es nul, il faut faire de l'ARIA. À la fin, je me disais oui, je suis nul. Et c'est vrai que je ne me sentais pas bien. Je me suis dit un bon médecin doit savoir faire des gestes d'urgence. Et c'est là que ça bifurque vers la cardiologie et vers la réanimation.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça se concrétise comment finalement ? Vous partez faire le service militaire en tant que médecin ? Oui.

  • Speaker #0

    Là, j'ai été médecin pompier dans les camions, ce qu'on appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. C'est les militaires. Donc, on fait neuf mois dans les camions. Et on est aussi médecin d'unité dans les casernes. Donc, il y a trois unités dans Paris, chez les pompiers de Paris, qui est vraiment une super école. Enfin, moi, j'ai adoré. Et puis ensuite, on reprend son internat. Et puis là, on choisit vite son poste de clinica. Et moi, j'ai choisi la réanimation toxicologique. de Fernand Vidal, donc chef de clinique.

  • Speaker #1

    C'est des verbatims qui n'existent plus trop aujourd'hui, réanimation toxicologique ?

  • Speaker #0

    Oui, ils n'existent plus. C'est une réanimation un peu polyvalente quand même. Mais on fait tout, on fait du rein, on fait du poumon, on fait du cœur. Et moi, ce qui m'intéressait, c'est que j'étais bon au cœur. Et donc, ils avaient besoin d'un cardiologue à l'époque dans les réanimations, très fréquemment, c'est des bonnes... Et puis, la réanimation n'était pas... c'était un desk. Donc, il fallait le faire après avoir validé déjà une première spécialité. Et c'est là que j'ai choisi la Toxico parce que j'adorais cœur et toxique. Et on arrive à l'électrocardiogramme, ma thèse sur les digitalines, ma spécialité, la chloroquine. C'est pour ça que quand j'ai entendu parler de notre ami de Marseille, j'ai eu un petit peu peur parce que je connaissais un peu ce médicament. Et puis tous les produits toxiques et le cœur. Et j'ai travaillé dans une super équipe avec Frédéric Beau et Chantal Bismuth. Et on était des passionnés de cette spécialité, avec une très grande équipe, dont Frédéric Adnet, ensuite Frédéric Lapostole, des gens géniaux, des chercheurs en plus.

  • Speaker #1

    Quand vous parlez de l'épisode Covid avec les drogues cycloroquines, vous êtes monté au créneau ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors j'étais beaucoup sur Facebook à cette époque-là. Et donc, j'ai fait très attention parce que je savais qu'on pouvait se faire descendre si on disait n'importe quoi. Et j'ai juste lancé un jour un truc, j'ai dit respectez bien les indications. Et là, j'ai fait un malheur sur Facebook, à savoir les gens ont tous regardé et certains très négatifs, oui mais quoi, gna gna gna gna gna gna. Moi, je n'ai évidemment pas rebondi derrière et je m'étais très prudent, on disait suivez bien les indications du traitement de la chloroquine et des précautions d'emploi.

  • Speaker #1

    C'était un travail de thèse ?

  • Speaker #0

    Non, à l'époque, non, j'étais déjà PH quand c'est le Covid.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ah,

  • Speaker #0

    sur la digitaline ? Oui. Mais c'est un travail de thèse. C'est les anticorps anti-digitalines. Donc, grâce à Frédéric Beau, j'ai pu faire une thèse sur... une trentaine de traitements. On était en avance en France. On avait les anticorps fabriqués par la pharmacie nationale de Lanterre, la pharmacie centrale. Les anticorps nous arrivaient et on l'administrait aux patients. C'était tout nouveau. C'est un peu comme l'ARN messager du traitement anti-Covid. On est à la pointe du traitement et il faut pondre une stratégie thérapeutique publiée pour montrer que ça marche. Moi, je trouvais ça très élégant.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ECG vous fait un petit peu de l'œil ?

  • Speaker #0

    Alors l'ECG me fait de l'œil tout de suite parce que la cardio, je me souviens de passer des nuits à regarder des scopes, mais je ne savais pas trop ce que c'était reconnaître une TV, une FV, ce qui m'agaçait.

  • Speaker #1

    Alors vous me rassurez, si à un moment donné dans votre vie vous avez...

  • Speaker #0

    Ah bah comme tout le monde, et puis vous êtes un peu tout seul devant le scope à l'époque. On passait la nuit, je me souviens très très bien de ces nuits-là, c'était à l'Aenex je crois. Ou à Saint-Antoine, avec une règle, on touchait l'antiparasite pour éviter que ça sonne et que ça nous réveille. Parce qu'évidemment, à 4h du matin, on n'est plus tellement attentif. Il n'y avait pas toutes ces machines qu'on a maintenant et ces alarmes et tout ça. Tout était centralisé sur des moniteurs. Voilà, il faut imaginer que c'est vraiment très rudimentaire, même si je ne suis pas si vieux que ça quand même. Et ça m'est venu de... De monter dans un camion et de me dire, mais finalement, c'est quoi une TV ? C'est quoi une TSV ? C'est quoi un infarctus ? À l'époque, on fait les premières thrombolises dans les camions. Quand je suis arrivé dans les années 80, je ne sais plus, c'est 85, on fait les premières thrombolises dans les camions. Et là, il faut commencer à savoir faire un ECG. Et puis en même temps, je suis censé être un peu cardiologue, donc je ne suis censé pas faire n'importe quoi. Et puis ensuite, je vais, après mon clinica, donc tout mon clinica, c'est la toxico, c'est l'ECG, J'ai essayé de... de donner aux gens des schémas simples sur comment reconnaître un électrocardiogramme toxique sur la digitaline.

  • Speaker #1

    Dès cet instant, vous sentez qu'il y a une pédagogie en vous pour essayer d'embarquer tout le monde ? À ce moment-là,

  • Speaker #0

    je vois bien que les gens ne savent pas reconnaître un BAV, un BSA. Et donc, je simplifie tout. Je leur dis, vous n'occupez pas de la conduction, occupez-vous juste de la fréquence cardiaque. Si le cœur est à faire à 50, méfiez-vous. Et s'il est à faire à 40, traitez tout de suite. Ça va s'arrêter. Donc, en fait, on a beaucoup simplifié les algorithmes, puisque je voyais bien que c'était compliqué. Et c'est la fréquence cardiaque qui signalait un peu comme la dangerosité. Alors, 50, 40, c'était les seuils à l'époque.

  • Speaker #1

    Mais vous êtes un peu avant-gardiste, ce ne sont pas les termes médicaux. Mais vous prenez les devants concernant un terme médical. Le lead de ce côté-là, déjà ?

  • Speaker #0

    Oui. À cette époque-là, ils me faisaient confiance. Et puis, quand on vous fait confiance, c'est important, vous motivez les gens. Les gens travaillent, ils s'abonnent au New England, ils apprennent à parler anglais, ils regardent un peu les revues de cardio, ils achètent des livres. Et quand je suis tombé sur un livre extraordinaire sur l'électrocardiogramme, un jour, j'ai dit, aux États-Unis, là, j'ai dit, là, c'est fini. Tout ce que j'ai lu, appris avant, je le mets au rebut. Et là, vous avez un livre de 800 pages extraordinaire. Le CHOU, le CHOU, C-H-O-U. Et là, vous vous dites, c'est après le Bromval, c'est des grands, grands noms de la cardiologie. Tout est en anglais et c'est d'une précision, d'une qualité. Et voilà, alors on va peut-être arriver à ensuite, pourquoi vraiment je continue à développer ? J'aurais pu m'arrêter en chemin. Mais en fait, après mon clinica, je décide de faire médecine d'urgence, toujours parce que c'est polyvalent. la réanimation c'est polyvalent la médecine interne c'est polyvalent la médecine générale c'est polyvalent je suis polyvalent et c'est pour ça que je suis un peu un ingénieur du corps pour les internes actuels quand vous dites que vous décidez de faire médecine d'urgence c'est déjà la deuxième spécialité troisième il y

  • Speaker #1

    avait

  • Speaker #0

    Ça n'existait pas. Ça n'existait pas, mais les services d'urgence étaient... Moi, j'adorais, quand j'étais réanimateur et cardiologue, aller aux urgences. J'adorais les urgences. Donc, quand je faisais mes sages de cardio, ils me regardaient tous en me disant, oui, moi, j'aime bien aller faire mes gardes aux urgences et descendre et tout. Et j'avais cette appétence pour le côté challenge. Je dis toujours que chaque patient aux urgences, c'est un coffre-fort qu'il faut ouvrir en moins de 4 heures. Donc, on a... absolument tout entre les mains, entre le téléphone, les scanners, à l'époque on n'avait pas l'IRM, les scanners, l'électrocardiogramme, et puis va arriver l'échographie ultra-portable, la biologie délocalisée, on avait tout pour ouvrir un coffre-fort. Si on ne trouvait pas ce qu'il avait, ce n'était pas grave, mais au moins, on avait éliminé l'urgence vitale. Donc, c'était un état d'esprit, l'urgence vitale. Et l'électrocardiogramme, il fallait être bon. Et la médecine d'urgence avait besoin de formateurs. Et j'arrive, cardiologue, une appétence pour l'ECG, les infarctus avec le groupe Boringer, où il va falloir apprendre à tous les gens à faire des thrombolises dans les camions et dans les urgences, et à reconnaître un infarctus aigu et faire attention aux complications, les prévenir, etc. Et c'est absolument... C'est passionnant. C'est passionnant. Il y a le challenge.

  • Speaker #1

    Les planètes s'alignent.

  • Speaker #0

    Tout s'aligne avec une bande extraordinaire de médecins, Louis Soula, Frédéric Adnet, Frédéric Lapostol, des gens qui sont passionnés aussi par l'ECG. Et ça va être ultra motivant.

  • Speaker #1

    C'est la partie ingénierie de votre personnalité. Parce que c'est vrai que pour certains, le CG peut faire peur. C'est pas... Comment dire ? C'est pas de la biologie, c'est pas quelque chose... Un examen physique. La biologie.

  • Speaker #0

    Le CG, c'est comme les maths. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Et c'est stupide. Et c'est stupide. Comme si vous avez lu Mathematica de David Bessis, il vous explique que c'est juste un blocage, mais que si on dépasse ce blocage, c'est comme tous les sports, le vélo, la natation, le papillon. Moi, je joue au papillon. Au départ, ça fait tout peur. Mais si vous vous dépassez ça, vous pouvez le faire. Comme disent les Américains, you can make it. Et c'est juste un blocage. Les meilleurs mathématiciens étaient bloqués au départ.

  • Speaker #1

    Et vous, vous embarquez tout le monde ? Vous dites, le CG est central, on va faire de la thrombolise, etc. Et vous devenez avant-gardiste, ou même à l'avant de la scène cardiologique française. Oui,

  • Speaker #0

    sur le CG, progressivement, oui. C'est pour ça que je vais écrire mon premier livre, le CG de AZ, en 2010. Et juste après, il y a l'explosion d'Internet. Et là, je prends le wagon. Je me dis, mais le livre ne suffira pas. Il faut plus de CG.

  • Speaker #1

    À qui il a adressé le livre ?

  • Speaker #0

    Le CG de AZ, c'est pour tout le monde. Ce n'est pas un livre, c'est un livre de lexique. Parce qu'en France, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire. Entre nous, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire que les Américains. Et moi, j'aime bien les vraies définitions. Donc je me suis dit, je vais essayer de donner des vraies définitions aux gens. J'ai travaillé tout seul. Je n'ai pas été aidé. Je suis dans un hôpital à Saint-Louis où il n'y a pas de cardiologue. Donc je travaille tout seul et chaque fois que je demande de l'aide, finalement on ne m'aide pas tellement. Aujourd'hui, ce n'est pas grave, je vais faire tout seul.

  • Speaker #1

    Ça vous montre que vous avez quand même une passion au-delà de la norme envers cet outil quand même.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai une passion, mais on n'est pas les seuls, c'est comme tout. Et il y a un moment donné, vous découvrez qu'il y a des Américains, des gens dans le monde entier qui sont passionnés. qui vous aident, qui vous envoient des ECG, qui vous disent que c'est bien ce que vous faites, qui commencent à vous inviter. Et c'est une pierre qui roule. Et plus elle roule, plus elle devient grosse. Et on vous envoie des tracés incroyables, des histoires incroyables. Et vous vous dites, il ne faut pas que ça devienne trop compliqué pour les gens. Il faut que je simplifie. Il faut que je simplifie.

  • Speaker #1

    Et c'est là où la pédagogie est centrale.

  • Speaker #0

    C'est central.

  • Speaker #1

    un peu de mot-père pour vous, au-delà d'être expert, de le transmettre en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, alors je dirais que la deuxième valance que j'ai, il n'y a pas que le CG quand même, je dirais qu'avant la pédagogie, il y a la découverte de ce que j'appelle la décision médicale. Si vous voulez, le médecin, je ne vais pas trop résumer, mais ce n'est pas un technicien, il a la technique au service. de son art, artisanat, on est des artisans, on n'est pas des artistes, on a des outils à notre service, et là, il faut se poser la question de, même si je suis bon sur cet outil, comment je vais m'en servir pour prendre une décision ? Parce que l'outil, il est là pour prendre une décision. Je vois une fibrillation atriale. Quand bien même l'intelligence artificielle me dira qu'il y a une FA, je ne vais pas forcément savoir quoi faire. Si je ne suis pas compétent, ça ne me sert à rien de faire le diagnostic de FA. C'est comme la radio du coccyx ou des radios de je ne sais pas quoi. Si vous ne savez pas quoi en faire, plein de gens prescrivent des examens, mais ils ne savent pas quoi en faire. Et moi, j'ai appris grâce à la médecine d'urgence qu'on n'avait pas de temps à perdre. Je crois qu'examen devait modifier votre stratégie, soit vers l'abstention, soit vers l'intervention. soit resté dans la décision. Si on n'a pas compris ça, l'abstention, l'intervention, la décision, on n'a pas compris la médecine. C'est la théorie des jeux. C'est la théorie du poker. Quand je prends une carte, je sais que je vais probablement me coucher, c'est-à-dire que je joue pas, mettre de l'argent... gens, ou bluffer, bon ça c'est autre chose, on ne bluffe pas en médecine normalement, ou alors reprendre des cartes en rejouant, c'est-à-dire redemander d'autres examens. Cette démarche-là, elle m'a habité tout le temps et elle m'aide beaucoup à expliquer aux gens comment prendre une décision en médecine, l'électrocardiogramme et tout. C'est un outil pour la prise de décision, mais j'aimerais... tellement que les gens sachent utiliser n'importe quel outil comme on utilise, comme je viens de vous l'expliquer, l'électrocardiogramme, mais que ça soit de la biologie, que vous posiez votre stéthoscope sur le cœur de quelqu'un, que vous posiez une question à quelqu'un tout à un sens vers l'abstention, l'intervention, la décision.

  • Speaker #1

    Sorte de jeu.

  • Speaker #0

    C'est un jeu.

  • Speaker #1

    Un jeu.

  • Speaker #0

    Théorie des jeux. C'est pour ça que...

  • Speaker #1

    Quelle est la limite de... de la métaphore avec le jeu ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert que j'étais un grand passionné de poker jeune. Et je crois qu'on retrouve, les planètes se retrouvent dans la théorie des jeux. Quand on m'a parlé de ça, j'ai dit, je viens de vous l'expliquer, c'est complètement emprunté au poker. C'est les Américains qui m'ont appris ça dans An Hall of Emergency Medicine. Tout, la prise de décision, il faut lire ces revues. Les urgentistes sont très pointus sur la réflexion de la prise de décision. et on n'a pas tellement ça en France, il faut bien le dire, c'est malheureux. Donc la deuxième valance que j'ai, c'est la qualité de prendre une décision avec un outil, quel qu'il soit. Quand l'échographie est arrivée, j'ai sauté dessus, l'échographie délocalisée aux urgences et on s'est tous mis à ça et là on a dit « Banco, ça change tout ! »

  • Speaker #1

    Et du coup, tout à l'heure, vous racontiez que vous sortez le premier livre et qu'il y a un virage vers Internet et le numérique. Déjà, pourquoi sauter sur le numérique ? Vous vous êtes dit qu'il faut que ça touche plus de monde en fait ?

  • Speaker #0

    Je sais très bien que le livre, on va le vendre à 3000 exemplaires par an, c'est ridicule. Je sais très bien que si on se met sur Internet, non seulement je pourrais déposer mes ECG au lieu de les garder chez moi. Donc au lieu de mettre 150 ECG dans un livre, la première édition devait y en avoir 150, la deuxième que je viens de sortir c'est 340, c'est déjà mieux. Mais c'est limité, on ne va pas acheter des livres de 1000 pages, c'est insupportable. Donc il faut que je structure ma pensée pour qu'il y ait… Au départ je pensais mettre 300 ECG dans mon lexique, et donc je me suis dit avec 400 entrées j'en aurais 1200. Et en fait c'est ridicule, c'est plus compliqué que ça. Et on peut encore en mettre d'autres, on peut jouer avec, on peut continuer, c'est sans fin. Il faut commencer par des choses simples, et ensuite arriver à des choses un peu plus compliquées, et à la fin, quizer l'individu pour qu'il teste ses connaissances. Parce qu'on est tous pareil. Moi, si je lis un bouquin d'apprentissage de l'Italia, le seul moment où on sait parler, c'est quand on parle, ce n'est pas quand on lit. Donc, il faut se tester, se tester, se tester, se tester. Et Internet permet vraiment de...

  • Speaker #1

    Là, vous créez un site Internet ?

  • Speaker #0

    Oui, 2010. Je t'appelais le livre. À l'insu de l'éditeur, qui ne m'a jamais engueulé d'ailleurs. L'éditeur m'a dit « Oui, on sait que vous faites ça » . Je n'avais pas le droit d'utiliser ni mes définitions, ni mes électros. Ils ne m'ont rien dit. Chez Vigo Malone, ils ont été sympas.

  • Speaker #1

    Le site s'appelle ?

  • Speaker #0

    E-cardiogramme.com I pour électrique I-cardiogramme.com c'est celui qui est en cours actuellement oui les gens je sais même pas s'ils connaissent leur nom ils tapent ta boulette c'est peut-être vrai en effet

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de plein d'autres choses, mais c'est vrai que ce site, pour y être allé, pour avoir appris dessus, il est incroyablement bien fait, puisqu'il est, comme vous dites, séquencé. On va chercher tel ou tel CG, tel ou tel tracé, en fonction de telle ou telle, soit pathologie génitale, ou en fonction de telle ou telle envie d'aller chercher le tracé de... d'une anomalie électrique. Oui,

  • Speaker #0

    ça peut être l'anomalie, ça peut être la maladie, ça peut être le rythme. Et surtout, je suis polyvalent. Je ne devrais pas le dire, c'est prétentieux. Mais ayant fait de la toxicologie et travaillant avec les psychiatres, j'ai fait du QT. Ayant fait de la toxicologie, tous les médicaments. Ayant fait de la thérapeutique d'urgence, j'ai mis évidemment tous les médicaments d'urgence. Puisque c'est mon boulot, l'urgence de la réanimation. Donc tout ce qu'il y a, il faut que les gars, devant un potassium, ils réagissent, ils sachent quoi faire. On n'a pas une heure à perdre sur Yipe Kalimi. Donc tout ce qui est médicaments. Après, ce qui est intéressant, ça a été l'enfant. Puis après, ça a été la médecine du sport. Enfin, c'est sans fin, quoi. C'est ça, c'est un manuel. C'est passé d'un lexique à un manuel, avec le temps. Et ensuite, ce manuel, il évolue encore, parce que tous les jours, je le modifie, pour travailler la pédagogie, c'est-à-dire la simplicité des termes et en faisant attention aussi que les patients le lisent.

  • Speaker #1

    OK, parce que... Et ça,

  • Speaker #0

    c'est très important.

  • Speaker #1

    L'internet tombe dans toutes les mains.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens me disent là, mais vous avez écrit ça. Donc, les mots mort subite, je les ai virés. D'accord. Parce que si vous dites à un patient qu'il risque la mort subite, il ne les aime pas du tout. Donc, il m'appelle. Souvent pour des choses superficielles qu'ils ont ou des détails. Il y a des gens, ils regardent des détails sur leur ECG. C'est impressionnant. Et ils sont capables d'apprendre, je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Donc, j'allais vous dire pour qui ou pourquoi, en tout cas, vous pensez l'avoir créé. Finalement au début c'était pour des professionnels de santé.

  • Speaker #0

    C'est pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Mais maintenant vous vous rendez compte que...

  • Speaker #0

    Non, ça reste pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Dans la création des contenus,

  • Speaker #0

    vous ciblez les professionnels de santé. C'est écrit dans l'intitulé en haut. Ce n'est pas un outil pour le patient, c'est un outil pour les professionnels qui savent déjà un peu ce que c'est que la petite circulation, la grande circulation, un potentiel d'action.

  • Speaker #1

    En début d'épisode, quand je vous ai dit que beaucoup, voire tous les étudiants en médecine allaient au minimum une fois sur ce site, voire tout au long de leur externa, vous étiez un peu surpris. Vous ne pensez pas être l'enseignant numéro un de l'ECG en France actuellement ?

  • Speaker #0

    On me l'a dit. On me l'a dit, c'est vrai, on me l'a dit. J'ai découvert un peu, il y a quelques années, dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, mais pourquoi ils me regardent ? Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant.

  • Speaker #1

    C'est vrai que l'enseignement est peut-être soit mal fait, alors je ne veux pas casser du sucre sur le dos.

  • Speaker #0

    Ça prend beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Mais l'enseignement côté universitaire ou les collèges des enseignants, souvent ce sont des choses ligne après ligne très théoriques. On a du mal à extraire les informations ou en extraire une sorte de chose concrète.

  • Speaker #0

    Vos vidéos, le temps que vous prenez, les termes que vous utilisez sont hyper pédagogiques, hyper simples. On sort de vos vidéos avec à chaque fois des idées hyper claires. Donc, de la part de tous les externes,

  • Speaker #1

    les étudiants,

  • Speaker #0

    les internautes, merci.

  • Speaker #1

    Mais je peux répondre à ça. C'est parce que je ne comprenais pas. C'est comme les mathématiciens, ceux dont je vous parlais. Ça part du fait que j'en ai marre quand j'étais externe. un interne d'orthopédie me disent « Va faire le plat de ce malade, t'en as jamais fait, c'est pas grave, tu verras, c'est simple. » Ça m'énerve. Monte dans une ambulance, va faire de la thrombolise, on vérifie même pas ton niveau sur l'électrocardiogramme. Et quand je demandais qu'on m'explique à la fac un peu mieux l'électrocardiogramme, personne ne pouvait m'expliquer à quoi correspondaient ces ondaires et ces ondesses, etc. Et je trouve que c'est pas sympa, quoi. C'est pas sympa. et... quand j'enseigne, je me mets à la place du plus faible, c'est-à-dire du débutant. Plus ça va, plus je me mets dans l'idée « Ce gars-là, il sait rien. Tu vas lui parler. Il faut que chaque mot que t'emploies soit à peu près clair et à peu près simple et qu'il n'y ait pas de tournure ambiguë. » Je m'adresse à des gens qui ont besoin de comprendre rapidement et pas avec des mots tordus qui font qu'ils sont obligés d'aller regarder ailleurs pour comprendre. C'est pour ça que le site, c'est sans fin. Je le modifie sans arrêt parce que je me dis que je dois encore le simplifier, je dois encore être plus précis. Et voilà.

  • Speaker #0

    Qui vous aide à faire ce site ? Vous êtes en autonomie là-haut ici ?

  • Speaker #1

    Le site, oui. J'ai un webmaster extraordinaire. C'est mon deuxième webmaster. Il m'a fait un site extraordinaire, il faut reconnaître. Bon, grâce à la première trame, j'ai su ce que je voulais faire. Il m'a bien suivi. Il m'a donné tous les outils pour que je fasse ce que je veux. Et je le remercie beaucoup. Et sinon, j'ai toujours demandé aux gens. Je peux vous donner plein de noms. Si vous voulez modifier mon site Internet, quasiment 90% des gens n'ont jamais répondu.

  • Speaker #0

    Oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Des grands spécialistes de la pathologie, je ne veux pas donner de nom, mais ça ne les intéresse pas. C'est quand même dingue. Donc moi, je suis obligé de bosser. Alors j'ai des sommaires de revues. Il y en a une encore qu'on lit. Donc on a une dizaine de revues. par sommaire, 10 par mois, je veux dire. Il y en a quelques-unes qui sont hebdomadaires, d'autres mensuelles. Il faut lire ce qu'il y a écrit. Et il y a des grands pédagogues, là. C'est là qu'il faut relire le truc. Il faut se dire, mais lui, il écrit très bien. Les Anglais écrivent très bien. Il faut que je retravaille mon texte, il faut que je l'améliore, parce que c'est beaucoup plus clair que ce que j'ai écrit encore. Donc, il faut continuer la pédagogie. Il y a vraiment des artistes de la pédagogie dans les livres et dans les publis des mensuels.

  • Speaker #0

    Très belle phrase. des artistes de la... de la pédagogie et justement j'allais vous demander quelle était votre méthode puisque pour être aussi clair il faut de la préparation il faut quasiment même écrire ses textes en amont des vidéos.

  • Speaker #1

    Oui alors les vidéos je les fais vous vous en rendez pas compte mais il y a qu'une seule prise.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous êtes un peu pas l'expert.

  • Speaker #1

    Ça peut faire 20 minutes ou 50 minutes si vous la possédez bien et si c'est bien préparé avec les messages clés à la fin et que ça coule comme ça il faut que ça coule. C'est une écriture médicale. Quand vous avez écrit un article, moi j'aime bien écrire des articles, les anglo-saxons sont terribles sur la fluidité, le mot, etc. C'est aussi parce que j'ai beaucoup écrit, enfin essayé d'écrire des bonnes choses, que vous êtes obligé de bien préparer votre vidéo. Quand je dis qu'il n'y a qu'une seule prise, il n'y a pas de coupe. Ça ne veut pas dire que je ne fais que du premier coup. Des fois, je mets trois fois. Si au bout de trois fois, je n'y arrive pas, c'est comme une ponction lombaire. On passe la main. On réessaye le lendemain, on fait autre chose. Il ne faut pas s'acharner. Quand je suis prêt, je le sens. Et je sais que ce ne sera jamais la première qui va être bonne. Je vais me réécouter, je dis « je vois bien que tu dis des conneries » . Et puis je parle à des gens qui ont envie d'apprendre. Je me mets bien dans leur peau et ça devient fluide.

  • Speaker #0

    Ça se sent. Parce que pour avoir écouté d'autres contenus, on peut vite tomber dans une... de l'expertise trop poussée, l'opposé de la pédagogie et l'opposé de la vulgarisation. C'est très bien fait de votre part. Là, à l'heure actuelle, quels sont vos supports ?

  • Speaker #1

    outils numériques ou outils tout court pour enseigner l'électrocardiogramme bon alors je fais assez peu de youtube j'en fais un par mois chaîne youtube vous avez ouai une grosse chaîne youtube marche très bien J'ai déjà pondu pas mal de choses. Je rêve de faire... Je ne l'ai pas commencé, je devais le faire cette année. Je voulais faire une sorte de podcast sur un électrocardiogramme, une discussion 5 minutes maximum. C'est mon rêve comme format. C'est un cas clinique. C'est-à-dire un monsieur, une dame, parce que maintenant il faut faire attention, et un électrocardiogramme. Et voilà ce que je vois moi et comment je l'aborde.

  • Speaker #0

    Mais sous forme de podcast, pour le coup, c'est souvent pas visuel un podcast ?

  • Speaker #1

    Non, non, c'est un podcast, ça porte un autre nom. Et il faut qu'il y ait un webinaire, un mini short. Mais si le short c'est une minute, c'est un peu court.

  • Speaker #0

    Ok, un short, un reel, comme on voit sur Instagram, des vidéos compactes où ça va vite, on va à l'essentiel.

  • Speaker #1

    Ouais, mais pas trop vite, c'est ce que je reproche aux trucs d'une minute. C'est quand vous essayez de le refaire après, vous n'y arrivez pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu, mais les shorts d'une minute, la cuisine, le truc, le milieu, je vous ai trouvé de votre.

  • Speaker #0

    Trop rapide, c'est trop rapide.

  • Speaker #1

    C'est un peu court. Donc, il y a une... J'aimerais beaucoup discuter, mais alors ça, ça serait... Alors, c'est pour des gens déjà avertis. Sinon, je travaille avec deux... de, comment dirais-je, sociétés de formation, donc Santé Academy et Invivox, pour ne pas les citer, qui sont mes cibles parce que ce sont des généralistes. Et ma cible actuellement, c'est le généraliste, pour qui leur apprendre les nouveaux appareils électrocardiographiques. Il faut qu'ils utilisent des électrocardiogrammes très simples, très rapides, de bonne qualité. Comment ça se choisit ? Donc je leur ai appris à choisir un appareil. Ne pas acheter toutes ces conneries par ces ingénieurs qui vous vendent n'importe quoi, qui ne savent pas ce dont on a besoin, ça se voit. ils font des coupures au milieu des tracés c'est trop court, enfin bon passons on sait pas quel filtre, on sait pas quelle est la formule qu'ils utilisent, c'est dramatique le marché de l'électrocaverne est dramatique en France donc il y a une différence de 1 à 10 à peu près en termes de qualité de tracé et de stockage d'interprétation, c'est dramatique, il ne faut pas acheter n'importe quoi. Donc j'essaie de conseiller les généralistes sur les nouveaux outils, les anciens, comment on choisit. Et ensuite, je voudrais leur donner des bonnes bases pour réapprendre des choses simples. Donc ce sont eux ma cible, parce que derrière, je pense que c'est un super outil. Et que, un, il ne faut pas dire de conneries. Deux, premièrement, il faut en faire beaucoup plus pour le dépistage. Et deux, il faut mieux comprendre pour le diagnostic. Il y a deux étapes. Un électro, c'est à froid, du dépistage. Et deux, c'est du diagnostic. Diagnostic, c'est syncope, palpitations, dyspnée et douleurs thoraciques. Donc, il n'y a que 4 cas et c'est tout. Et ensuite, vous avez le dépistage, c'est-à-dire le sportif, le médicament qu'on veut introduire, la population à risque pour une opération chirurgicale, etc. C'est passionnant le dépistage. Donc, il faut savoir ce qu'on cherche. Mais encore, faut-il qu'ils sachent quoi chercher. C'est terrible. Ils ne savent pas. Ils font des ECG, ils ne savent pas ce qu'ils cherchent.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous me dites aussi que vous recevez des ECG tous les jours. Tous les jours. De la part de qui ?

  • Speaker #1

    Des cas cliniques intéressants. Là, j'ai une collection d'un monsieur nord-africain qui m'a envoyé les ECG pour ce qu'on a discuté sur l'ECG du nord-africain. et de l'africain. Et ils voulaient mes publis. Je voyais plein de littérature, parce que je travaille beaucoup ça. Et donc, par exemple, c'est des choses comme ça. Puis sinon, on m'envoie des pathologies très rares qui sont très spécifiques. Et donc, grâce à un appareil de scanner, je peux rescanner les mauvaises photos et les transformer en super appareils. Toutes les photos, vous voyez, qui sont en bleu sur le site, c'est une technique que PM Cardio a inventée. et qui permet d'extraire uniquement le signal électrique et de le remettre sur un support bleu de grande qualité. Donc, ça me permet de récupérer des électros que j'avais il y avait 30 ans dans mon ordinateur. C'est trop moche pour le mettre sur le site. Et grâce à l'extraction, s'il y a le papier millimétré, ça vous fait un super truc, ce signal. Donc ça, c'est fantastique d'avoir des très bons outils, un très bon webmaster, des outils pour rescanner des ECG, des gens qui vous envoient des petits bijoux. des discussions avec des pros, je me régale. Je travaille avec aussi des rythmologues de la Société Française de Cardio. Donc ça c'est un projet Wiki qu'on appelle. Les étudiants doivent le connaître, c'est un projet Wiki ECG par l'UNES de la faculté et de la discipline de cardiologie. On est un petit groupe et on a fait un site internet où les gens peuvent apprendre eux-mêmes. à mesurer. Il est open, le site Unesco Cardio. Vous pouvez apprendre à mesurer vous-même un QT, à coder un électrocardiogramme, à trouver des références wiki. J'espère que ça va bien décoller ce site. En tous les cas, les étudiants, je crois qu'ils l'apprécient beaucoup. Je remercie donc mes collègues dont Emeric Menette de Lille qui est rythmologue et très attaché à la... à la pédagogie, à la formation et à l'intelligence artificielle. On peut en parler après si vous voulez, mais de l'IA qui va débouler à toute berserk.

  • Speaker #0

    Vous vous dites rythmologue ?

  • Speaker #1

    Moi, je ne suis pas rythmologue.

  • Speaker #0

    Justement, quelle est la différence ?

  • Speaker #1

    Un rythmologue, c'est quelqu'un qui soigne. Moi, je suis un cardiologue. Je suis un rythmologue de surface. Un rythmologue, c'est quelqu'un qui va en profondeur avec des outils délirants pour arriver à soigner les gens. C'est comme si vous disiez à un urgentiste, vous opérez. Non, on n'opère pas, on répare. Nous, on ferme les plaies, mais on ne les ouvre pas. Il y a quand même du vocabulaire à avoir.

  • Speaker #0

    Là, les projets, quel est finalement votre semaine type autour de tout ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors semaine type, peut-être 4-5 heures le matin sur le site internet, les réponses aux mails, les demandes d'inscription, les relations avec les différents organismes avec lesquels je travaille.

  • Speaker #0

    C'est majeur.

  • Speaker #1

    Le speed wiki, ça fait que je commence à 7h, je termine à midi. Ah ouais,

  • Speaker #0

    c'est vraiment...

  • Speaker #1

    Sur le CG, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'on aurait pu penser qu'outil Internet, donc pas forcément de nécessité d'être dessus, mais en fait, c'est une...

  • Speaker #1

    Ah non, vous êtes obligé. Les gens me demandent des inscriptions, on peut avoir des problèmes sur le site Internet. Vous êtes obligé d'être actif. Vous ne pouvez pas... Un site Internet, elle est un peu payante pour gagner un petit peu d'argent et payer les frais. L'ordinateur, le domaine, les logiciels, il faut quand même avoir un peu d'argent. Et puis, c'est pas que je veuille en gagner. Mon objectif n'est pas d'en gagner, je le dis toujours aux gens. Mon objectif, c'est de ne pas en perdre, c'est tout. Et moyennant quoi, les gens se sont étonnés parce qu'on peut gagner un peu d'argent quand même. Ma chaîne YouTube est gratuite, je n'ai jamais voulu la faire payer. Je pourrais, puisque j'ai fait la formation, je pourrais tout faire. Mais l'objectif n'est pas de gagner de l'argent. Mon objectif, c'est d'enseigner.

  • Speaker #0

    D'autant plus honorable.

  • Speaker #1

    Ouais, bon, c'est aussi parce que j'ai pas, j'ai ce qu'il faut. Voilà, quand on a trois yachts, trois maisons, un club de danseurs, on peut pas en prendre plus. Non, je plaisante. Les gens, ils veulent toujours plus, mais ils vont crever avec ça.

  • Speaker #0

    Et donc après l'après midi,

  • Speaker #1

    golf à l'après midi. Non, l'après midi, je suis nageur, donc j'adore nager et mon plaisir, c'est la perfection dans le geste. Donc je fais toutes les nages.

  • Speaker #0

    Il y a cette. Cette trame d'ingénierie à chaque fois. À chaque fois. La nécessité de... Le mouvement,

  • Speaker #1

    le coefficient de flottation, le truc. La montre qui calcule les fréquences cardiaques, la récupération et tout ça. Et puis surtout, j'aime la beauté des gestes. Quand on skie, on skie bien. Quand on nage, on fait bien. La planche à voile, on fait de la bonne planche à voile.

  • Speaker #0

    Dans vos vidéos de CG, on sent qu'il y a un amour de la bonne lecture qui te présente.

  • Speaker #1

    il faut que ça soit bien fait les africains les africaines disent comment vous choisissez un homme l'africaine dit il faut qu'il ait de beaux gestes j'ai trouvé que cette phrase était magnifique ils sont loin sur les marchés et j'ai trouvé que cette phrase était sublime pour moi la beauté c'est l'élégance, c'est le geste c'est le sourire,

  • Speaker #0

    le sourire c'est très important on va l'idée Roger Federer côté tennis alors ?

  • Speaker #1

    oui très beau, j'aime pas l'espagnol on a oublié son nom

  • Speaker #0

    Très bien, est-ce que vous voulez discuter de quelque chose dont on n'a pas discuté une part importante dans votre carrière médicale ?

  • Speaker #1

    Oui Bon, on n'a pas parlé de quelque chose qui est fondamental c'est qu'on ne naît pas médecin, on le devient un médecin c'est pas la technique on a déjà commencé par le dire qu'on se cherche, on se trouve. Et puis, à un moment, il y a un truc incroyable. On devient médecin peut-être quand on a été malade soi-même. Tout d'un coup, on découvre que ce qui fait le médecin, c'est aussi l'humanité. Ça s'enseigne peut-être plus de votre temps que du mien. j'ai l'impression que je voudrais comparer que vous avez plus de formation à l'éthique la fin de vie les groupes de parole la prise de décision collective avant c'était chacun dans son coin j'ai beaucoup souffert de ça prendre des décisions tout seul tant que réanimateur parfois je trouve que l'humanité c'est tout d'un coup j'aime bien ce geste Je rentre dans une chambre avec un jeune étudiant et je lui dis, tu vois, ce qu'il y a de fabuleux, c'est qu'en deux minutes, la personne sera nue devant moi, si j'ai besoin, en tant qu'urgentiste ou qu'endologue, de l'examiner comme un chat qui est sur le dos et qui se laisse regarder, toucher, etc. Ce moment de confiance, c'est extraordinaire, que le malade nous fait, et on doit le mériter. Et on est touché par ça à un moment donné, c'est quand le malade s'en remet à nous. et ce moment de grâce ce moment où c'est le moment qu'il préfère et qu'il nous dit vous êtes un bon médecin c'est quand il voit qu'on est vraiment attentif qu'on écoute vraiment qu'on le touche vraiment et qu'on essaie de voir comment on va résoudre le problème ensemble, non pas parce que je sais faire, parce que ça on peut toujours opérer machin mais aussi dire ça je sais pas le faire, je vais pas le faire ou alors je vais demander un avis souvent les gens prennent pas d'avis Merci. Ils sont tous seuls à prendre des décisions. Et je voudrais juste vraiment réinsister là-dessus. Au bout d'un moment, on devient un médecin quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin.

  • Speaker #0

    Docteur Taboulet, Pierre, merci beaucoup. On termine sur ces paroles excellentes.

  • Speaker #1

    Un serment d'hypocrate.

  • Speaker #0

    Oui. Merci beaucoup d'avoir accepté de discuter de tout ça, de cette immensité, de cette expertise, de cette ingénierie, de cet amour pour l'électrocardiogramme. Merci encore et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes.

  • Speaker #1

    A bientôt et merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est le Tu. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt.

Description

💥💥 NOUVEL EPISODE!!

Dr Pierre Taboulet: La pédagogie comme source de motivation!

Quel étudiant en médecin n'a pas un jour ou l'autre ouvert le site du Dr Taboulet pour y voir plus clair dans cet apprentissage d'ECG si difficile?


Au menu de cet épisode :

➿️ Le goût très prononcé de mon invité pour la transmission, le beau geste, et le sourire clinique (presque aussi important que le stéthoscope)!

🕶 Des autographes sur des électrocardiogrammes (si si, c’est possible)!

🎾 Et une métaphore Roger Federer pour illustrer l’élégance du soin (oui, le service-volée s’applique aussi à la relation patient)


Un épisode tout en délicatesse grâce à la poésie du Dr Taboulet.


Un échange sincère, drôle et décalé!

À écouter dès que possible !

(et à partager à tous ceux qui confondent encore une pause sinusale et une pause café)


Merci de vous être arrêté sur ce compte!

Abonnez-vous et mettez une belle note!




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai découvert un peu il y a quelques années dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, écoutez, regarde. Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant. Au bout d'un moment, on devient un médecin. Quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin. J'ai trouvé que cette phrase était magnifique, ils sont loin sur les marchés, et j'ai trouvé que cette phrase était sublime. Pour moi, la beauté c'est l'élégance, c'est le geste, c'est le sourire, le sourire c'est très important.

  • Speaker #1

    On voit l'idée Roger Federer côté tennis alors ? Oui, très bon ! Bienvenue dans Médecins qui es-tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel, et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui étuent. Aujourd'hui, un épisode tout à fait particulier puisque j'ai l'honneur de pouvoir discuter avec docteur Pierre Taboulé, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour Maxime.

  • Speaker #1

    Merci de prendre un petit peu de temps, on ne va pas décortiquer les coulisses, mais vous avez été patient, je suis désolé. Merci beaucoup de discuter avec moi aujourd'hui. Vous êtes un élément central de la pédagogie de l'électrocardiogramme de tous les caravans. je dis tous Sans précaution, parce que je sais qu'une fois à un moment donné, chaque étudiant en matin va aller voir une de vos vidéos sur les électrocardiogrammes. Vous n'étiez pas trop d'accord sur la présentation quand on a discuté pour préparer l'épisode, parce que ça vous a semblé un peu surprenant, mais c'est l'état des lieux que j'en fais. Tous les copains ont travaillé une fois ou deux ou plusieurs fois sur vos vidéos. Merci beaucoup. L'électrocardiogramme, on ne va pas en parler trop aujourd'hui, on va surtout discuter de votre parcours. Où est-ce que le début de vos études médicales se fait ? Où est-ce que vous avez appris la médecine ?

  • Speaker #0

    Tout d'abord, je veux remercier pour l'émission parce que... Je pensais bien, moi aussi, de découvrir un peu qui sont les gens, pourquoi ils sont devenus pédagogues, et pourquoi ils sont devenus médecins. En fait, tout ça se décide un peu à notre insu, et probablement dans les générations d'avant, parce que finalement, j'ai découvert que dans ma famille, on était des pédagogues. Ah ok. Mais c'est... personne ne m'a poussé vers la pédagogie. On a tous écrit des livres, on a tous enseigné. Ma soeur est professeure à Princeton. Mon frère a continué à enseigner à 70 ans. Mais personne ne s'est dit, tiens, il faut que tu enseignes. Et personne ne s'est challengé. On fait tous des choses différentes. Et pourquoi médecin ? C'est pareil. Là, il n'y a aucun médecin dans ma famille. C'est complètement l'histoire différente. Je suis complètement un peu un extraterrestre. Et ça commence en terminale par un accident aux yeux. et Et je voulais faire un ingénieur. Moi, j'ai toujours été très curieux de la vie, des choses, des gens, comment ça marche. Moi, je suis monsieur comment ça marche. Et à la suite d'un petit accident à la cantine du lycée, j'ai pris un bout de verre dans l'œil. Et c'était mon meilleur œil. Alors là, j'ai dit, j'ai raté ma terminale, parce que j'avais pendant trois mois l'œil à moitié bouché. Et c'était mon meilleur œil. Et j'ai dit, bon ben, maths sup, maths p, c'est mort. Et puis, je me suis laissé aller. Après, j'avais aussi comme obsession le service militaire qui m'inquiétait beaucoup. Et j'ai donc fait, à un moment donné, un choix que mon frère m'a conseillé lui-même. Il m'a dit « Mais pourquoi tu ne fais pas médecine ? Je te sens bien là-dedans. » Et je lui ai dit « T'es fou, je ne vais pas sacrifier les plus belles années de ma vie à faire médecine. » Et puis, 15 jours avant, à l'époque, on pouvait choisir 15 jours avant. 15 jours avant.

  • Speaker #1

    Maintenant, c'est 2-3 ans.

  • Speaker #0

    Voilà, 15 jours avant. j'ai dit ok, je dépose un dossier de médecine et voilà, j'étais du sud de Paris en banlieue à Malakoff et mon dossier a été accepté sur Necker, en plus c'était plutôt bien comme à l'époque c'était réputé moi tout ça me dépassait complètement Dès que je suis rentré dans les études médicales, ça a commencé à m'intéresser parce qu'on parle à des gens qui parlent de physique, de chimie, de biologie, de corps, d'embryologie, de statistique. C'est extrêmement intéressant comme formation pour quelqu'un qui voulait être un ingénieur. Et j'ai découvert avec le temps que je suis un ingénieur, un ingénieur du corps. C'est après que j'ai découvert ça.

  • Speaker #1

    On va en discuter après de l'électrocardiogramme, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de très...

  • Speaker #0

    Oh, mais le corps, ce n'est pas que l'électrocardiogramme. Oui, oui. Parce que j'ai fait un parcours très compliqué.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon teasing pour la suite. C'est vrai que la première année, ou les deux, trois premières années, il y a quelque chose de... Il y a les sciences fondamentales, et ça, ça vous a plu, cette science dure ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu comprendre comment on faisait pour pouvoir réfléchir sur mon auriculaire du cinquième doigt. Donc ça passe les neurones, etc. On arrive d'ailleurs... Tout de suite, je ne le savais pas, mais au courant électrique et à l'activité motrice. Mais tout ça, on ne le sait pas à l'époque. Je trouve qu'il y a un message qu'il faut donner aux plus jeunes, c'est de se laisser aller parce que finalement, vous êtes commandé par ce que vous aimez.

  • Speaker #1

    Pas évident de comprendre qu'on est face à une situation de passion ou de forte affinité. Ce n'est pas évident quand on est jeune peut-être de comprendre que le truc qu'on est en train d'apprendre nous plaît beaucoup en fait.

  • Speaker #0

    Non, je pense qu'il faut se laisser faire. Moi, je considère que, je dis toujours, la rivière finit toujours à la mer. Ça veut dire qu'il y a un moment où il faut se faire confiance. Bon, il faut se donner les moyens aussi. Si c'est vraiment rien faire, ce n'est pas la peine. Mais il y a un moment donné où le chemin, et vous allez voir que j'ai fait un chemin très, très chaotique, mais je ne le regrette absolument pas, parce que pour trouver mon chemin, j'ai mis du temps.

  • Speaker #1

    Il y a un concours en première année à cette époque-là ?

  • Speaker #0

    Il y a un concours très dur,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ok. Et vous passez en deuxième année ? Oui. Ça vous plaît ? Les choses s'enchaînent ? Un cursus ? normal entre guillemets ou j'ai l'impression que vous avez...

  • Speaker #0

    Je travaillais ce que j'aimais. D'accord ? Quand je travaillais, voilà, beaucoup de techniques pour apprendre, pour retenir. Il faut beaucoup travailler. Et puis, dès la quatrième année de médecine, se profile l'internat. Et même si je voulais être généraliste, puisque je ne savais pas ce que c'était un spécialiste, il n'y a pas de médecin dans la famille, je me dis quand même, il faut préparer l'internat. Mais c'est marrant parce que là encore, ce n'est pas prémédité. Mais il faut se faire confiance. Et je prépare l'internat et mon copain de soucolle m'a envoyé des photos encore ce matin. Et c'est une soucolle très... à l'époque on bossait à 3, à 2 parfois, ou à 4 ou 5 ou 6. On se voit 2-3 fois par semaine, chez les uns et chez les autres, et on se destine chacun vers une destinée qu'on ne connaît pas encore. Je n'ai aucune forme... d'ailleurs je ne savais même pas que je voulais faire médecine quand j'étais jeune. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand je passe l'internat.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que quand vous dites que vous vouliez faire médecin généraliste parce que vous ne connaissiez pas rien que le statut de la spécialité ou l'existence des spécialités ?

  • Speaker #0

    Je voulais être totipotent. C'était une médecine qu'on appelait totipotente à l'époque. C'est-à-dire, moi, ce qui m'intéressait, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fini par faire en faisant médecine d'urgence, je voulais m'intéresser à tout. Je n'avais pas une idée précise d'un organe. Je ne suis pas un somaticien d'organes, même si je le suis devenu. Mon esprit est plus éclectique que ça.

  • Speaker #1

    Une sorte de transversalité nécessaire pour surtout...

  • Speaker #0

    Vous allez voir ce que j'ai fait comme parcours, ça va expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Surtout ne rien laisser de côté. L'internat, c'est un concours à votre époque et vous avez la ville qui est en jeu ou vous savez dans tous les cas que vous allez finir à Paris à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, on a le droit de choisir trois villes à l'époque. On a le droit de passer le concours trois fois, si je me souviens bien, trois années de suite. Et on peut, ou deux fois, je ne sais plus exactement, et on peut choisir trois villes. Ce sont à l'époque des villes-régions. Enfin, on peut faire Bordeaux, Brest, etc., Marseille. Et je passe Paris. Et en fait, j'ai les mêmes résultats un peu partout. Je suis dernier sur la liste d'attente à peu près partout. C'est incroyablement, parce que je vous rappelle que je travaillais les matières qui m'intéressaient, je ne sais quand même pas mal bosser, mais je n'avais peut-être pas l'esprit de concours, je n'en sais rien. Et puis à Paris, je suis sur la liste d'attente, cinquième sur la liste d'attente. copain m'appelle. Je travaillais à l'époque comme généraliste à Toulouse. J'avais pris quelques mois là-bas. Et il me dit, t'es reçu sur la liste d'attente cinquième. En général, on en prend dix. Donc, j'ai été pris. Je dis toujours que j'ai été reçu cinquième à l'internat, mais à l'envers.

  • Speaker #1

    Et en fait, vous avez passé le concours pour urgentiste ?

  • Speaker #0

    Non, ça n'existait pas. Non, à l'époque, c'est pareil, on ne sait pas. On passe l'internat et ce qui valide, c'est le nombre de semestres dans une spécialité. Pour être cardiologue, il fallait trois semestres. Pour être pneumologue, il fallait trois semestres. Et donc, on partait à gauche, à droite. Il n'y avait pas autant d'importance de la technique à l'époque. Donc, si vous vouliez faire huit semestres de cardio, vous faisiez huit. Mais moi, je ne savais pas, je voulais faire médecine interne, forcément, puisque je voulais être généraliste. Donc quand je commence, je fais mon premier stage en neurochirurgie à la Riboisière, mon deuxième en endocrinologie à Saint-Louis, mon troisième en cardiochirurgie à la Henec. Et puis là, se profile l'obligation de devenir médecin militaire, enfin de faire le service militaire. Et là, les médecins de pompiers de Paris me disent « Écoutez, on aimerait bien vous avoir, mais il faut que vous soyez cardiologue » . Et je me dis « Ça tombe bien, ça m'intéresse bien » . Et je fais à ce moment-là vite fait... en plus de la réa que j'avais fait, un deuxième semestre de cardio. Et avec ces deux semestres de cardio, ils m'autorisent à être médecin pompier, donc à l'époque en 1985, pendant un an, dans les ambulances de réanimation. C'est là que ça commence à chauffer et à me plaire, évidemment. Mais en même temps, je faisais de la cardio. Quand j'étais en cardio, on me disait mais il faut faire de l'ARIA. Quand j'étais en endocrino, le prof d'endocrino de Saint-Louis me disait mais t'es nul, il faut faire de l'ARIA. À la fin, je me disais oui, je suis nul. Et c'est vrai que je ne me sentais pas bien. Je me suis dit un bon médecin doit savoir faire des gestes d'urgence. Et c'est là que ça bifurque vers la cardiologie et vers la réanimation.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça se concrétise comment finalement ? Vous partez faire le service militaire en tant que médecin ? Oui.

  • Speaker #0

    Là, j'ai été médecin pompier dans les camions, ce qu'on appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. C'est les militaires. Donc, on fait neuf mois dans les camions. Et on est aussi médecin d'unité dans les casernes. Donc, il y a trois unités dans Paris, chez les pompiers de Paris, qui est vraiment une super école. Enfin, moi, j'ai adoré. Et puis ensuite, on reprend son internat. Et puis là, on choisit vite son poste de clinica. Et moi, j'ai choisi la réanimation toxicologique. de Fernand Vidal, donc chef de clinique.

  • Speaker #1

    C'est des verbatims qui n'existent plus trop aujourd'hui, réanimation toxicologique ?

  • Speaker #0

    Oui, ils n'existent plus. C'est une réanimation un peu polyvalente quand même. Mais on fait tout, on fait du rein, on fait du poumon, on fait du cœur. Et moi, ce qui m'intéressait, c'est que j'étais bon au cœur. Et donc, ils avaient besoin d'un cardiologue à l'époque dans les réanimations, très fréquemment, c'est des bonnes... Et puis, la réanimation n'était pas... c'était un desk. Donc, il fallait le faire après avoir validé déjà une première spécialité. Et c'est là que j'ai choisi la Toxico parce que j'adorais cœur et toxique. Et on arrive à l'électrocardiogramme, ma thèse sur les digitalines, ma spécialité, la chloroquine. C'est pour ça que quand j'ai entendu parler de notre ami de Marseille, j'ai eu un petit peu peur parce que je connaissais un peu ce médicament. Et puis tous les produits toxiques et le cœur. Et j'ai travaillé dans une super équipe avec Frédéric Beau et Chantal Bismuth. Et on était des passionnés de cette spécialité, avec une très grande équipe, dont Frédéric Adnet, ensuite Frédéric Lapostole, des gens géniaux, des chercheurs en plus.

  • Speaker #1

    Quand vous parlez de l'épisode Covid avec les drogues cycloroquines, vous êtes monté au créneau ? Oui,

  • Speaker #0

    oui. Alors j'étais beaucoup sur Facebook à cette époque-là. Et donc, j'ai fait très attention parce que je savais qu'on pouvait se faire descendre si on disait n'importe quoi. Et j'ai juste lancé un jour un truc, j'ai dit respectez bien les indications. Et là, j'ai fait un malheur sur Facebook, à savoir les gens ont tous regardé et certains très négatifs, oui mais quoi, gna gna gna gna gna gna. Moi, je n'ai évidemment pas rebondi derrière et je m'étais très prudent, on disait suivez bien les indications du traitement de la chloroquine et des précautions d'emploi.

  • Speaker #1

    C'était un travail de thèse ?

  • Speaker #0

    Non, à l'époque, non, j'étais déjà PH quand c'est le Covid.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ah,

  • Speaker #0

    sur la digitaline ? Oui. Mais c'est un travail de thèse. C'est les anticorps anti-digitalines. Donc, grâce à Frédéric Beau, j'ai pu faire une thèse sur... une trentaine de traitements. On était en avance en France. On avait les anticorps fabriqués par la pharmacie nationale de Lanterre, la pharmacie centrale. Les anticorps nous arrivaient et on l'administrait aux patients. C'était tout nouveau. C'est un peu comme l'ARN messager du traitement anti-Covid. On est à la pointe du traitement et il faut pondre une stratégie thérapeutique publiée pour montrer que ça marche. Moi, je trouvais ça très élégant.

  • Speaker #1

    C'est là où l'ECG vous fait un petit peu de l'œil ?

  • Speaker #0

    Alors l'ECG me fait de l'œil tout de suite parce que la cardio, je me souviens de passer des nuits à regarder des scopes, mais je ne savais pas trop ce que c'était reconnaître une TV, une FV, ce qui m'agaçait.

  • Speaker #1

    Alors vous me rassurez, si à un moment donné dans votre vie vous avez...

  • Speaker #0

    Ah bah comme tout le monde, et puis vous êtes un peu tout seul devant le scope à l'époque. On passait la nuit, je me souviens très très bien de ces nuits-là, c'était à l'Aenex je crois. Ou à Saint-Antoine, avec une règle, on touchait l'antiparasite pour éviter que ça sonne et que ça nous réveille. Parce qu'évidemment, à 4h du matin, on n'est plus tellement attentif. Il n'y avait pas toutes ces machines qu'on a maintenant et ces alarmes et tout ça. Tout était centralisé sur des moniteurs. Voilà, il faut imaginer que c'est vraiment très rudimentaire, même si je ne suis pas si vieux que ça quand même. Et ça m'est venu de... De monter dans un camion et de me dire, mais finalement, c'est quoi une TV ? C'est quoi une TSV ? C'est quoi un infarctus ? À l'époque, on fait les premières thrombolises dans les camions. Quand je suis arrivé dans les années 80, je ne sais plus, c'est 85, on fait les premières thrombolises dans les camions. Et là, il faut commencer à savoir faire un ECG. Et puis en même temps, je suis censé être un peu cardiologue, donc je ne suis censé pas faire n'importe quoi. Et puis ensuite, je vais, après mon clinica, donc tout mon clinica, c'est la toxico, c'est l'ECG, J'ai essayé de... de donner aux gens des schémas simples sur comment reconnaître un électrocardiogramme toxique sur la digitaline.

  • Speaker #1

    Dès cet instant, vous sentez qu'il y a une pédagogie en vous pour essayer d'embarquer tout le monde ? À ce moment-là,

  • Speaker #0

    je vois bien que les gens ne savent pas reconnaître un BAV, un BSA. Et donc, je simplifie tout. Je leur dis, vous n'occupez pas de la conduction, occupez-vous juste de la fréquence cardiaque. Si le cœur est à faire à 50, méfiez-vous. Et s'il est à faire à 40, traitez tout de suite. Ça va s'arrêter. Donc, en fait, on a beaucoup simplifié les algorithmes, puisque je voyais bien que c'était compliqué. Et c'est la fréquence cardiaque qui signalait un peu comme la dangerosité. Alors, 50, 40, c'était les seuils à l'époque.

  • Speaker #1

    Mais vous êtes un peu avant-gardiste, ce ne sont pas les termes médicaux. Mais vous prenez les devants concernant un terme médical. Le lead de ce côté-là, déjà ?

  • Speaker #0

    Oui. À cette époque-là, ils me faisaient confiance. Et puis, quand on vous fait confiance, c'est important, vous motivez les gens. Les gens travaillent, ils s'abonnent au New England, ils apprennent à parler anglais, ils regardent un peu les revues de cardio, ils achètent des livres. Et quand je suis tombé sur un livre extraordinaire sur l'électrocardiogramme, un jour, j'ai dit, aux États-Unis, là, j'ai dit, là, c'est fini. Tout ce que j'ai lu, appris avant, je le mets au rebut. Et là, vous avez un livre de 800 pages extraordinaire. Le CHOU, le CHOU, C-H-O-U. Et là, vous vous dites, c'est après le Bromval, c'est des grands, grands noms de la cardiologie. Tout est en anglais et c'est d'une précision, d'une qualité. Et voilà, alors on va peut-être arriver à ensuite, pourquoi vraiment je continue à développer ? J'aurais pu m'arrêter en chemin. Mais en fait, après mon clinica, je décide de faire médecine d'urgence, toujours parce que c'est polyvalent. la réanimation c'est polyvalent la médecine interne c'est polyvalent la médecine générale c'est polyvalent je suis polyvalent et c'est pour ça que je suis un peu un ingénieur du corps pour les internes actuels quand vous dites que vous décidez de faire médecine d'urgence c'est déjà la deuxième spécialité troisième il y

  • Speaker #1

    avait

  • Speaker #0

    Ça n'existait pas. Ça n'existait pas, mais les services d'urgence étaient... Moi, j'adorais, quand j'étais réanimateur et cardiologue, aller aux urgences. J'adorais les urgences. Donc, quand je faisais mes sages de cardio, ils me regardaient tous en me disant, oui, moi, j'aime bien aller faire mes gardes aux urgences et descendre et tout. Et j'avais cette appétence pour le côté challenge. Je dis toujours que chaque patient aux urgences, c'est un coffre-fort qu'il faut ouvrir en moins de 4 heures. Donc, on a... absolument tout entre les mains, entre le téléphone, les scanners, à l'époque on n'avait pas l'IRM, les scanners, l'électrocardiogramme, et puis va arriver l'échographie ultra-portable, la biologie délocalisée, on avait tout pour ouvrir un coffre-fort. Si on ne trouvait pas ce qu'il avait, ce n'était pas grave, mais au moins, on avait éliminé l'urgence vitale. Donc, c'était un état d'esprit, l'urgence vitale. Et l'électrocardiogramme, il fallait être bon. Et la médecine d'urgence avait besoin de formateurs. Et j'arrive, cardiologue, une appétence pour l'ECG, les infarctus avec le groupe Boringer, où il va falloir apprendre à tous les gens à faire des thrombolises dans les camions et dans les urgences, et à reconnaître un infarctus aigu et faire attention aux complications, les prévenir, etc. Et c'est absolument... C'est passionnant. C'est passionnant. Il y a le challenge.

  • Speaker #1

    Les planètes s'alignent.

  • Speaker #0

    Tout s'aligne avec une bande extraordinaire de médecins, Louis Soula, Frédéric Adnet, Frédéric Lapostol, des gens qui sont passionnés aussi par l'ECG. Et ça va être ultra motivant.

  • Speaker #1

    C'est la partie ingénierie de votre personnalité. Parce que c'est vrai que pour certains, le CG peut faire peur. C'est pas... Comment dire ? C'est pas de la biologie, c'est pas quelque chose... Un examen physique. La biologie.

  • Speaker #0

    Le CG, c'est comme les maths. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Et c'est stupide. Et c'est stupide. Comme si vous avez lu Mathematica de David Bessis, il vous explique que c'est juste un blocage, mais que si on dépasse ce blocage, c'est comme tous les sports, le vélo, la natation, le papillon. Moi, je joue au papillon. Au départ, ça fait tout peur. Mais si vous vous dépassez ça, vous pouvez le faire. Comme disent les Américains, you can make it. Et c'est juste un blocage. Les meilleurs mathématiciens étaient bloqués au départ.

  • Speaker #1

    Et vous, vous embarquez tout le monde ? Vous dites, le CG est central, on va faire de la thrombolise, etc. Et vous devenez avant-gardiste, ou même à l'avant de la scène cardiologique française. Oui,

  • Speaker #0

    sur le CG, progressivement, oui. C'est pour ça que je vais écrire mon premier livre, le CG de AZ, en 2010. Et juste après, il y a l'explosion d'Internet. Et là, je prends le wagon. Je me dis, mais le livre ne suffira pas. Il faut plus de CG.

  • Speaker #1

    À qui il a adressé le livre ?

  • Speaker #0

    Le CG de AZ, c'est pour tout le monde. Ce n'est pas un livre, c'est un livre de lexique. Parce qu'en France, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire. Entre nous, on n'utilisait pas tous le même vocabulaire que les Américains. Et moi, j'aime bien les vraies définitions. Donc je me suis dit, je vais essayer de donner des vraies définitions aux gens. J'ai travaillé tout seul. Je n'ai pas été aidé. Je suis dans un hôpital à Saint-Louis où il n'y a pas de cardiologue. Donc je travaille tout seul et chaque fois que je demande de l'aide, finalement on ne m'aide pas tellement. Aujourd'hui, ce n'est pas grave, je vais faire tout seul.

  • Speaker #1

    Ça vous montre que vous avez quand même une passion au-delà de la norme envers cet outil quand même.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai une passion, mais on n'est pas les seuls, c'est comme tout. Et il y a un moment donné, vous découvrez qu'il y a des Américains, des gens dans le monde entier qui sont passionnés. qui vous aident, qui vous envoient des ECG, qui vous disent que c'est bien ce que vous faites, qui commencent à vous inviter. Et c'est une pierre qui roule. Et plus elle roule, plus elle devient grosse. Et on vous envoie des tracés incroyables, des histoires incroyables. Et vous vous dites, il ne faut pas que ça devienne trop compliqué pour les gens. Il faut que je simplifie. Il faut que je simplifie.

  • Speaker #1

    Et c'est là où la pédagogie est centrale.

  • Speaker #0

    C'est central.

  • Speaker #1

    un peu de mot-père pour vous, au-delà d'être expert, de le transmettre en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, alors je dirais que la deuxième valance que j'ai, il n'y a pas que le CG quand même, je dirais qu'avant la pédagogie, il y a la découverte de ce que j'appelle la décision médicale. Si vous voulez, le médecin, je ne vais pas trop résumer, mais ce n'est pas un technicien, il a la technique au service. de son art, artisanat, on est des artisans, on n'est pas des artistes, on a des outils à notre service, et là, il faut se poser la question de, même si je suis bon sur cet outil, comment je vais m'en servir pour prendre une décision ? Parce que l'outil, il est là pour prendre une décision. Je vois une fibrillation atriale. Quand bien même l'intelligence artificielle me dira qu'il y a une FA, je ne vais pas forcément savoir quoi faire. Si je ne suis pas compétent, ça ne me sert à rien de faire le diagnostic de FA. C'est comme la radio du coccyx ou des radios de je ne sais pas quoi. Si vous ne savez pas quoi en faire, plein de gens prescrivent des examens, mais ils ne savent pas quoi en faire. Et moi, j'ai appris grâce à la médecine d'urgence qu'on n'avait pas de temps à perdre. Je crois qu'examen devait modifier votre stratégie, soit vers l'abstention, soit vers l'intervention. soit resté dans la décision. Si on n'a pas compris ça, l'abstention, l'intervention, la décision, on n'a pas compris la médecine. C'est la théorie des jeux. C'est la théorie du poker. Quand je prends une carte, je sais que je vais probablement me coucher, c'est-à-dire que je joue pas, mettre de l'argent... gens, ou bluffer, bon ça c'est autre chose, on ne bluffe pas en médecine normalement, ou alors reprendre des cartes en rejouant, c'est-à-dire redemander d'autres examens. Cette démarche-là, elle m'a habité tout le temps et elle m'aide beaucoup à expliquer aux gens comment prendre une décision en médecine, l'électrocardiogramme et tout. C'est un outil pour la prise de décision, mais j'aimerais... tellement que les gens sachent utiliser n'importe quel outil comme on utilise, comme je viens de vous l'expliquer, l'électrocardiogramme, mais que ça soit de la biologie, que vous posiez votre stéthoscope sur le cœur de quelqu'un, que vous posiez une question à quelqu'un tout à un sens vers l'abstention, l'intervention, la décision.

  • Speaker #1

    Sorte de jeu.

  • Speaker #0

    C'est un jeu.

  • Speaker #1

    Un jeu.

  • Speaker #0

    Théorie des jeux. C'est pour ça que...

  • Speaker #1

    Quelle est la limite de... de la métaphore avec le jeu ?

  • Speaker #0

    J'ai découvert que j'étais un grand passionné de poker jeune. Et je crois qu'on retrouve, les planètes se retrouvent dans la théorie des jeux. Quand on m'a parlé de ça, j'ai dit, je viens de vous l'expliquer, c'est complètement emprunté au poker. C'est les Américains qui m'ont appris ça dans An Hall of Emergency Medicine. Tout, la prise de décision, il faut lire ces revues. Les urgentistes sont très pointus sur la réflexion de la prise de décision. et on n'a pas tellement ça en France, il faut bien le dire, c'est malheureux. Donc la deuxième valance que j'ai, c'est la qualité de prendre une décision avec un outil, quel qu'il soit. Quand l'échographie est arrivée, j'ai sauté dessus, l'échographie délocalisée aux urgences et on s'est tous mis à ça et là on a dit « Banco, ça change tout ! »

  • Speaker #1

    Et du coup, tout à l'heure, vous racontiez que vous sortez le premier livre et qu'il y a un virage vers Internet et le numérique. Déjà, pourquoi sauter sur le numérique ? Vous vous êtes dit qu'il faut que ça touche plus de monde en fait ?

  • Speaker #0

    Je sais très bien que le livre, on va le vendre à 3000 exemplaires par an, c'est ridicule. Je sais très bien que si on se met sur Internet, non seulement je pourrais déposer mes ECG au lieu de les garder chez moi. Donc au lieu de mettre 150 ECG dans un livre, la première édition devait y en avoir 150, la deuxième que je viens de sortir c'est 340, c'est déjà mieux. Mais c'est limité, on ne va pas acheter des livres de 1000 pages, c'est insupportable. Donc il faut que je structure ma pensée pour qu'il y ait… Au départ je pensais mettre 300 ECG dans mon lexique, et donc je me suis dit avec 400 entrées j'en aurais 1200. Et en fait c'est ridicule, c'est plus compliqué que ça. Et on peut encore en mettre d'autres, on peut jouer avec, on peut continuer, c'est sans fin. Il faut commencer par des choses simples, et ensuite arriver à des choses un peu plus compliquées, et à la fin, quizer l'individu pour qu'il teste ses connaissances. Parce qu'on est tous pareil. Moi, si je lis un bouquin d'apprentissage de l'Italia, le seul moment où on sait parler, c'est quand on parle, ce n'est pas quand on lit. Donc, il faut se tester, se tester, se tester, se tester. Et Internet permet vraiment de...

  • Speaker #1

    Là, vous créez un site Internet ?

  • Speaker #0

    Oui, 2010. Je t'appelais le livre. À l'insu de l'éditeur, qui ne m'a jamais engueulé d'ailleurs. L'éditeur m'a dit « Oui, on sait que vous faites ça » . Je n'avais pas le droit d'utiliser ni mes définitions, ni mes électros. Ils ne m'ont rien dit. Chez Vigo Malone, ils ont été sympas.

  • Speaker #1

    Le site s'appelle ?

  • Speaker #0

    E-cardiogramme.com I pour électrique I-cardiogramme.com c'est celui qui est en cours actuellement oui les gens je sais même pas s'ils connaissent leur nom ils tapent ta boulette c'est peut-être vrai en effet

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de plein d'autres choses, mais c'est vrai que ce site, pour y être allé, pour avoir appris dessus, il est incroyablement bien fait, puisqu'il est, comme vous dites, séquencé. On va chercher tel ou tel CG, tel ou tel tracé, en fonction de telle ou telle, soit pathologie génitale, ou en fonction de telle ou telle envie d'aller chercher le tracé de... d'une anomalie électrique. Oui,

  • Speaker #0

    ça peut être l'anomalie, ça peut être la maladie, ça peut être le rythme. Et surtout, je suis polyvalent. Je ne devrais pas le dire, c'est prétentieux. Mais ayant fait de la toxicologie et travaillant avec les psychiatres, j'ai fait du QT. Ayant fait de la toxicologie, tous les médicaments. Ayant fait de la thérapeutique d'urgence, j'ai mis évidemment tous les médicaments d'urgence. Puisque c'est mon boulot, l'urgence de la réanimation. Donc tout ce qu'il y a, il faut que les gars, devant un potassium, ils réagissent, ils sachent quoi faire. On n'a pas une heure à perdre sur Yipe Kalimi. Donc tout ce qui est médicaments. Après, ce qui est intéressant, ça a été l'enfant. Puis après, ça a été la médecine du sport. Enfin, c'est sans fin, quoi. C'est ça, c'est un manuel. C'est passé d'un lexique à un manuel, avec le temps. Et ensuite, ce manuel, il évolue encore, parce que tous les jours, je le modifie, pour travailler la pédagogie, c'est-à-dire la simplicité des termes et en faisant attention aussi que les patients le lisent.

  • Speaker #1

    OK, parce que... Et ça,

  • Speaker #0

    c'est très important.

  • Speaker #1

    L'internet tombe dans toutes les mains.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens me disent là, mais vous avez écrit ça. Donc, les mots mort subite, je les ai virés. D'accord. Parce que si vous dites à un patient qu'il risque la mort subite, il ne les aime pas du tout. Donc, il m'appelle. Souvent pour des choses superficielles qu'ils ont ou des détails. Il y a des gens, ils regardent des détails sur leur ECG. C'est impressionnant. Et ils sont capables d'apprendre, je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Donc, j'allais vous dire pour qui ou pourquoi, en tout cas, vous pensez l'avoir créé. Finalement au début c'était pour des professionnels de santé.

  • Speaker #0

    C'est pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Mais maintenant vous vous rendez compte que...

  • Speaker #0

    Non, ça reste pour des professionnels.

  • Speaker #1

    Dans la création des contenus,

  • Speaker #0

    vous ciblez les professionnels de santé. C'est écrit dans l'intitulé en haut. Ce n'est pas un outil pour le patient, c'est un outil pour les professionnels qui savent déjà un peu ce que c'est que la petite circulation, la grande circulation, un potentiel d'action.

  • Speaker #1

    En début d'épisode, quand je vous ai dit que beaucoup, voire tous les étudiants en médecine allaient au minimum une fois sur ce site, voire tout au long de leur externa, vous étiez un peu surpris. Vous ne pensez pas être l'enseignant numéro un de l'ECG en France actuellement ?

  • Speaker #0

    On me l'a dit. On me l'a dit, c'est vrai, on me l'a dit. J'ai découvert un peu, il y a quelques années, dans une manifestation, parce que les étudiants me montraient du doigt.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les externes, j'ai dit, mais pourquoi ils me regardent ? Il y a des petites histoires comme ça, amusantes. On m'a fait signer des autographes sur des électrocardiogrammes. C'est amusant.

  • Speaker #1

    C'est vrai que l'enseignement est peut-être soit mal fait, alors je ne veux pas casser du sucre sur le dos.

  • Speaker #0

    Ça prend beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Mais l'enseignement côté universitaire ou les collèges des enseignants, souvent ce sont des choses ligne après ligne très théoriques. On a du mal à extraire les informations ou en extraire une sorte de chose concrète.

  • Speaker #0

    Vos vidéos, le temps que vous prenez, les termes que vous utilisez sont hyper pédagogiques, hyper simples. On sort de vos vidéos avec à chaque fois des idées hyper claires. Donc, de la part de tous les externes,

  • Speaker #1

    les étudiants,

  • Speaker #0

    les internautes, merci.

  • Speaker #1

    Mais je peux répondre à ça. C'est parce que je ne comprenais pas. C'est comme les mathématiciens, ceux dont je vous parlais. Ça part du fait que j'en ai marre quand j'étais externe. un interne d'orthopédie me disent « Va faire le plat de ce malade, t'en as jamais fait, c'est pas grave, tu verras, c'est simple. » Ça m'énerve. Monte dans une ambulance, va faire de la thrombolise, on vérifie même pas ton niveau sur l'électrocardiogramme. Et quand je demandais qu'on m'explique à la fac un peu mieux l'électrocardiogramme, personne ne pouvait m'expliquer à quoi correspondaient ces ondaires et ces ondesses, etc. Et je trouve que c'est pas sympa, quoi. C'est pas sympa. et... quand j'enseigne, je me mets à la place du plus faible, c'est-à-dire du débutant. Plus ça va, plus je me mets dans l'idée « Ce gars-là, il sait rien. Tu vas lui parler. Il faut que chaque mot que t'emploies soit à peu près clair et à peu près simple et qu'il n'y ait pas de tournure ambiguë. » Je m'adresse à des gens qui ont besoin de comprendre rapidement et pas avec des mots tordus qui font qu'ils sont obligés d'aller regarder ailleurs pour comprendre. C'est pour ça que le site, c'est sans fin. Je le modifie sans arrêt parce que je me dis que je dois encore le simplifier, je dois encore être plus précis. Et voilà.

  • Speaker #0

    Qui vous aide à faire ce site ? Vous êtes en autonomie là-haut ici ?

  • Speaker #1

    Le site, oui. J'ai un webmaster extraordinaire. C'est mon deuxième webmaster. Il m'a fait un site extraordinaire, il faut reconnaître. Bon, grâce à la première trame, j'ai su ce que je voulais faire. Il m'a bien suivi. Il m'a donné tous les outils pour que je fasse ce que je veux. Et je le remercie beaucoup. Et sinon, j'ai toujours demandé aux gens. Je peux vous donner plein de noms. Si vous voulez modifier mon site Internet, quasiment 90% des gens n'ont jamais répondu.

  • Speaker #0

    Oui ?

  • Speaker #1

    Oui. Des grands spécialistes de la pathologie, je ne veux pas donner de nom, mais ça ne les intéresse pas. C'est quand même dingue. Donc moi, je suis obligé de bosser. Alors j'ai des sommaires de revues. Il y en a une encore qu'on lit. Donc on a une dizaine de revues. par sommaire, 10 par mois, je veux dire. Il y en a quelques-unes qui sont hebdomadaires, d'autres mensuelles. Il faut lire ce qu'il y a écrit. Et il y a des grands pédagogues, là. C'est là qu'il faut relire le truc. Il faut se dire, mais lui, il écrit très bien. Les Anglais écrivent très bien. Il faut que je retravaille mon texte, il faut que je l'améliore, parce que c'est beaucoup plus clair que ce que j'ai écrit encore. Donc, il faut continuer la pédagogie. Il y a vraiment des artistes de la pédagogie dans les livres et dans les publis des mensuels.

  • Speaker #0

    Très belle phrase. des artistes de la... de la pédagogie et justement j'allais vous demander quelle était votre méthode puisque pour être aussi clair il faut de la préparation il faut quasiment même écrire ses textes en amont des vidéos.

  • Speaker #1

    Oui alors les vidéos je les fais vous vous en rendez pas compte mais il y a qu'une seule prise.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous êtes un peu pas l'expert.

  • Speaker #1

    Ça peut faire 20 minutes ou 50 minutes si vous la possédez bien et si c'est bien préparé avec les messages clés à la fin et que ça coule comme ça il faut que ça coule. C'est une écriture médicale. Quand vous avez écrit un article, moi j'aime bien écrire des articles, les anglo-saxons sont terribles sur la fluidité, le mot, etc. C'est aussi parce que j'ai beaucoup écrit, enfin essayé d'écrire des bonnes choses, que vous êtes obligé de bien préparer votre vidéo. Quand je dis qu'il n'y a qu'une seule prise, il n'y a pas de coupe. Ça ne veut pas dire que je ne fais que du premier coup. Des fois, je mets trois fois. Si au bout de trois fois, je n'y arrive pas, c'est comme une ponction lombaire. On passe la main. On réessaye le lendemain, on fait autre chose. Il ne faut pas s'acharner. Quand je suis prêt, je le sens. Et je sais que ce ne sera jamais la première qui va être bonne. Je vais me réécouter, je dis « je vois bien que tu dis des conneries » . Et puis je parle à des gens qui ont envie d'apprendre. Je me mets bien dans leur peau et ça devient fluide.

  • Speaker #0

    Ça se sent. Parce que pour avoir écouté d'autres contenus, on peut vite tomber dans une... de l'expertise trop poussée, l'opposé de la pédagogie et l'opposé de la vulgarisation. C'est très bien fait de votre part. Là, à l'heure actuelle, quels sont vos supports ?

  • Speaker #1

    outils numériques ou outils tout court pour enseigner l'électrocardiogramme bon alors je fais assez peu de youtube j'en fais un par mois chaîne youtube vous avez ouai une grosse chaîne youtube marche très bien J'ai déjà pondu pas mal de choses. Je rêve de faire... Je ne l'ai pas commencé, je devais le faire cette année. Je voulais faire une sorte de podcast sur un électrocardiogramme, une discussion 5 minutes maximum. C'est mon rêve comme format. C'est un cas clinique. C'est-à-dire un monsieur, une dame, parce que maintenant il faut faire attention, et un électrocardiogramme. Et voilà ce que je vois moi et comment je l'aborde.

  • Speaker #0

    Mais sous forme de podcast, pour le coup, c'est souvent pas visuel un podcast ?

  • Speaker #1

    Non, non, c'est un podcast, ça porte un autre nom. Et il faut qu'il y ait un webinaire, un mini short. Mais si le short c'est une minute, c'est un peu court.

  • Speaker #0

    Ok, un short, un reel, comme on voit sur Instagram, des vidéos compactes où ça va vite, on va à l'essentiel.

  • Speaker #1

    Ouais, mais pas trop vite, c'est ce que je reproche aux trucs d'une minute. C'est quand vous essayez de le refaire après, vous n'y arrivez pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu, mais les shorts d'une minute, la cuisine, le truc, le milieu, je vous ai trouvé de votre.

  • Speaker #0

    Trop rapide, c'est trop rapide.

  • Speaker #1

    C'est un peu court. Donc, il y a une... J'aimerais beaucoup discuter, mais alors ça, ça serait... Alors, c'est pour des gens déjà avertis. Sinon, je travaille avec deux... de, comment dirais-je, sociétés de formation, donc Santé Academy et Invivox, pour ne pas les citer, qui sont mes cibles parce que ce sont des généralistes. Et ma cible actuellement, c'est le généraliste, pour qui leur apprendre les nouveaux appareils électrocardiographiques. Il faut qu'ils utilisent des électrocardiogrammes très simples, très rapides, de bonne qualité. Comment ça se choisit ? Donc je leur ai appris à choisir un appareil. Ne pas acheter toutes ces conneries par ces ingénieurs qui vous vendent n'importe quoi, qui ne savent pas ce dont on a besoin, ça se voit. ils font des coupures au milieu des tracés c'est trop court, enfin bon passons on sait pas quel filtre, on sait pas quelle est la formule qu'ils utilisent, c'est dramatique le marché de l'électrocaverne est dramatique en France donc il y a une différence de 1 à 10 à peu près en termes de qualité de tracé et de stockage d'interprétation, c'est dramatique, il ne faut pas acheter n'importe quoi. Donc j'essaie de conseiller les généralistes sur les nouveaux outils, les anciens, comment on choisit. Et ensuite, je voudrais leur donner des bonnes bases pour réapprendre des choses simples. Donc ce sont eux ma cible, parce que derrière, je pense que c'est un super outil. Et que, un, il ne faut pas dire de conneries. Deux, premièrement, il faut en faire beaucoup plus pour le dépistage. Et deux, il faut mieux comprendre pour le diagnostic. Il y a deux étapes. Un électro, c'est à froid, du dépistage. Et deux, c'est du diagnostic. Diagnostic, c'est syncope, palpitations, dyspnée et douleurs thoraciques. Donc, il n'y a que 4 cas et c'est tout. Et ensuite, vous avez le dépistage, c'est-à-dire le sportif, le médicament qu'on veut introduire, la population à risque pour une opération chirurgicale, etc. C'est passionnant le dépistage. Donc, il faut savoir ce qu'on cherche. Mais encore, faut-il qu'ils sachent quoi chercher. C'est terrible. Ils ne savent pas. Ils font des ECG, ils ne savent pas ce qu'ils cherchent.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous me dites aussi que vous recevez des ECG tous les jours. Tous les jours. De la part de qui ?

  • Speaker #1

    Des cas cliniques intéressants. Là, j'ai une collection d'un monsieur nord-africain qui m'a envoyé les ECG pour ce qu'on a discuté sur l'ECG du nord-africain. et de l'africain. Et ils voulaient mes publis. Je voyais plein de littérature, parce que je travaille beaucoup ça. Et donc, par exemple, c'est des choses comme ça. Puis sinon, on m'envoie des pathologies très rares qui sont très spécifiques. Et donc, grâce à un appareil de scanner, je peux rescanner les mauvaises photos et les transformer en super appareils. Toutes les photos, vous voyez, qui sont en bleu sur le site, c'est une technique que PM Cardio a inventée. et qui permet d'extraire uniquement le signal électrique et de le remettre sur un support bleu de grande qualité. Donc, ça me permet de récupérer des électros que j'avais il y avait 30 ans dans mon ordinateur. C'est trop moche pour le mettre sur le site. Et grâce à l'extraction, s'il y a le papier millimétré, ça vous fait un super truc, ce signal. Donc ça, c'est fantastique d'avoir des très bons outils, un très bon webmaster, des outils pour rescanner des ECG, des gens qui vous envoient des petits bijoux. des discussions avec des pros, je me régale. Je travaille avec aussi des rythmologues de la Société Française de Cardio. Donc ça c'est un projet Wiki qu'on appelle. Les étudiants doivent le connaître, c'est un projet Wiki ECG par l'UNES de la faculté et de la discipline de cardiologie. On est un petit groupe et on a fait un site internet où les gens peuvent apprendre eux-mêmes. à mesurer. Il est open, le site Unesco Cardio. Vous pouvez apprendre à mesurer vous-même un QT, à coder un électrocardiogramme, à trouver des références wiki. J'espère que ça va bien décoller ce site. En tous les cas, les étudiants, je crois qu'ils l'apprécient beaucoup. Je remercie donc mes collègues dont Emeric Menette de Lille qui est rythmologue et très attaché à la... à la pédagogie, à la formation et à l'intelligence artificielle. On peut en parler après si vous voulez, mais de l'IA qui va débouler à toute berserk.

  • Speaker #0

    Vous vous dites rythmologue ?

  • Speaker #1

    Moi, je ne suis pas rythmologue.

  • Speaker #0

    Justement, quelle est la différence ?

  • Speaker #1

    Un rythmologue, c'est quelqu'un qui soigne. Moi, je suis un cardiologue. Je suis un rythmologue de surface. Un rythmologue, c'est quelqu'un qui va en profondeur avec des outils délirants pour arriver à soigner les gens. C'est comme si vous disiez à un urgentiste, vous opérez. Non, on n'opère pas, on répare. Nous, on ferme les plaies, mais on ne les ouvre pas. Il y a quand même du vocabulaire à avoir.

  • Speaker #0

    Là, les projets, quel est finalement votre semaine type autour de tout ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors semaine type, peut-être 4-5 heures le matin sur le site internet, les réponses aux mails, les demandes d'inscription, les relations avec les différents organismes avec lesquels je travaille.

  • Speaker #0

    C'est majeur.

  • Speaker #1

    Le speed wiki, ça fait que je commence à 7h, je termine à midi. Ah ouais,

  • Speaker #0

    c'est vraiment...

  • Speaker #1

    Sur le CG, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'on aurait pu penser qu'outil Internet, donc pas forcément de nécessité d'être dessus, mais en fait, c'est une...

  • Speaker #1

    Ah non, vous êtes obligé. Les gens me demandent des inscriptions, on peut avoir des problèmes sur le site Internet. Vous êtes obligé d'être actif. Vous ne pouvez pas... Un site Internet, elle est un peu payante pour gagner un petit peu d'argent et payer les frais. L'ordinateur, le domaine, les logiciels, il faut quand même avoir un peu d'argent. Et puis, c'est pas que je veuille en gagner. Mon objectif n'est pas d'en gagner, je le dis toujours aux gens. Mon objectif, c'est de ne pas en perdre, c'est tout. Et moyennant quoi, les gens se sont étonnés parce qu'on peut gagner un peu d'argent quand même. Ma chaîne YouTube est gratuite, je n'ai jamais voulu la faire payer. Je pourrais, puisque j'ai fait la formation, je pourrais tout faire. Mais l'objectif n'est pas de gagner de l'argent. Mon objectif, c'est d'enseigner.

  • Speaker #0

    D'autant plus honorable.

  • Speaker #1

    Ouais, bon, c'est aussi parce que j'ai pas, j'ai ce qu'il faut. Voilà, quand on a trois yachts, trois maisons, un club de danseurs, on peut pas en prendre plus. Non, je plaisante. Les gens, ils veulent toujours plus, mais ils vont crever avec ça.

  • Speaker #0

    Et donc après l'après midi,

  • Speaker #1

    golf à l'après midi. Non, l'après midi, je suis nageur, donc j'adore nager et mon plaisir, c'est la perfection dans le geste. Donc je fais toutes les nages.

  • Speaker #0

    Il y a cette. Cette trame d'ingénierie à chaque fois. À chaque fois. La nécessité de... Le mouvement,

  • Speaker #1

    le coefficient de flottation, le truc. La montre qui calcule les fréquences cardiaques, la récupération et tout ça. Et puis surtout, j'aime la beauté des gestes. Quand on skie, on skie bien. Quand on nage, on fait bien. La planche à voile, on fait de la bonne planche à voile.

  • Speaker #0

    Dans vos vidéos de CG, on sent qu'il y a un amour de la bonne lecture qui te présente.

  • Speaker #1

    il faut que ça soit bien fait les africains les africaines disent comment vous choisissez un homme l'africaine dit il faut qu'il ait de beaux gestes j'ai trouvé que cette phrase était magnifique ils sont loin sur les marchés et j'ai trouvé que cette phrase était sublime pour moi la beauté c'est l'élégance, c'est le geste c'est le sourire,

  • Speaker #0

    le sourire c'est très important on va l'idée Roger Federer côté tennis alors ?

  • Speaker #1

    oui très beau, j'aime pas l'espagnol on a oublié son nom

  • Speaker #0

    Très bien, est-ce que vous voulez discuter de quelque chose dont on n'a pas discuté une part importante dans votre carrière médicale ?

  • Speaker #1

    Oui Bon, on n'a pas parlé de quelque chose qui est fondamental c'est qu'on ne naît pas médecin, on le devient un médecin c'est pas la technique on a déjà commencé par le dire qu'on se cherche, on se trouve. Et puis, à un moment, il y a un truc incroyable. On devient médecin peut-être quand on a été malade soi-même. Tout d'un coup, on découvre que ce qui fait le médecin, c'est aussi l'humanité. Ça s'enseigne peut-être plus de votre temps que du mien. j'ai l'impression que je voudrais comparer que vous avez plus de formation à l'éthique la fin de vie les groupes de parole la prise de décision collective avant c'était chacun dans son coin j'ai beaucoup souffert de ça prendre des décisions tout seul tant que réanimateur parfois je trouve que l'humanité c'est tout d'un coup j'aime bien ce geste Je rentre dans une chambre avec un jeune étudiant et je lui dis, tu vois, ce qu'il y a de fabuleux, c'est qu'en deux minutes, la personne sera nue devant moi, si j'ai besoin, en tant qu'urgentiste ou qu'endologue, de l'examiner comme un chat qui est sur le dos et qui se laisse regarder, toucher, etc. Ce moment de confiance, c'est extraordinaire, que le malade nous fait, et on doit le mériter. Et on est touché par ça à un moment donné, c'est quand le malade s'en remet à nous. et ce moment de grâce ce moment où c'est le moment qu'il préfère et qu'il nous dit vous êtes un bon médecin c'est quand il voit qu'on est vraiment attentif qu'on écoute vraiment qu'on le touche vraiment et qu'on essaie de voir comment on va résoudre le problème ensemble, non pas parce que je sais faire, parce que ça on peut toujours opérer machin mais aussi dire ça je sais pas le faire, je vais pas le faire ou alors je vais demander un avis souvent les gens prennent pas d'avis Merci. Ils sont tous seuls à prendre des décisions. Et je voudrais juste vraiment réinsister là-dessus. Au bout d'un moment, on devient un médecin quand on a découvert que la confiance que le malade nous faisait était essentielle et que c'était un moment de grâce. Et à ce moment-là, on devient un médecin.

  • Speaker #0

    Docteur Taboulet, Pierre, merci beaucoup. On termine sur ces paroles excellentes.

  • Speaker #1

    Un serment d'hypocrate.

  • Speaker #0

    Oui. Merci beaucoup d'avoir accepté de discuter de tout ça, de cette immensité, de cette expertise, de cette ingénierie, de cet amour pour l'électrocardiogramme. Merci encore et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes.

  • Speaker #1

    A bientôt et merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est le Tu. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt.

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