- Speaker #0
Enlevez-vous de la pression, déjà, parce que vous avez un maximum de connaissances. Et je pense qu'on n'est pas habitués, parce qu'en médecine, les études sont tellement longues que je pense aussi que la plupart de nos amis sont médecins. Et donc, en fait, être médecin, c'est complètement normal, c'est genre la norme. Alors que maintenant, ce n'est pas la norme. Déjà, c'est incroyable. Et il avait profité d'un cours, je ne sais même plus de quoi vous reparler, pour te dire, mais je me souviens qu'il avait dit que je voulais profiter de ce cours pour vous dire que c'est dur d'être interne et que ce n'est pas rien ce que vous faites. Et en fait, il avait fait tout un petit discours là-dessus de valorisation, chose qu'on entend très peu quand même pendant l'internat. Et ça m'avait fait un bien fou. Et j'en ai fait un épisode de podcast d'ailleurs là-dessus parce que je trouvais ça très beau. Et bref, même pour moi, c'était très enrichissant aussi de voir ce processus-là. Et tu vois, mon ancienne interne, Manon, que j'embrasse aussi, qui était super.
- Speaker #1
On a embrassé beaucoup de nous.
- Speaker #0
On embrasse nous.
- Speaker #1
Bienvenue dans Médecins qui es-tu. le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui étuent. Aujourd'hui, on va discuter avec le docteur Julie Rose. Salut Julie.
- Speaker #0
Salut Maxime.
- Speaker #1
Un nom qui claque, j'adore. Julie Rose, c'est très frenchy, et à la fois, on va voir que tu fais des trucs pas forcément qu'en français. Je pense que l'épisode va être une ode à faire ce dont vous avez envie. On va discuter de plein de trucs, de médecine, de podcast, de plein de choses, parce que je pense que je ne sais pas tout encore de toi. Où est-ce que débutent les histoires médicales et la médecine chez toi ? Les études médicales, elles commencent où ?
- Speaker #0
Elles commencent à Lille. À Lille ? Oui. dans le nord de la France et pour revenir peut-être même un petit peu avant au lycée, pour revenir vraiment à la genèse du truc je pense que j'avais hésité entre la filière scientifique et la médecine parce que vraiment ça m'intéressait franchement et la filière L littéraire parce que ça m'intéressait aussi énormément la littérature et j'avais choisi S aussi parce que soi-disant la voie royale en tant que bonne élève etc même si c'est un peu terrible de... qui est un peu cette graduation des filières, en me disant, je fais médecine, mais tout le côté littéraire, créatif, etc., ce sera une passion à côté, parce que je voyais mal l'inverse. Je voyais mal avoir médecine comme passion à côté d'autre chose.
- Speaker #1
C'est un socle, et après on fait des trucs à côté.
- Speaker #0
Oui, c'est un peu comme ça que j'avais réfléchi, du haut de mes 16 ans, donc ça restait.
- Speaker #1
C'est un exercice difficile, l'orientation à 16 ans.
- Speaker #0
Non, et après, études de médecine à Lille, du coup, voilà. Et tout mon externat à Lille. Et après, internat en Aquitaine à Bordeaux.
- Speaker #1
Comment est-ce que tu te présenterais ? Je sais que c'est un peu la mode dans tous les podcasts maintenant, on laisse les invités se présenter, mais à la fin, chez toi, il y a tellement de trucs. Qu'est-ce que je ne voulais pas mettre en priorité ou classer selon les passions ou l'importance que les choses ont dans ta vie ? Comment est-ce que tu te présentes ?
- Speaker #0
C'est un exercice hyper intéressant de se présenter. Et souvent, quand je me présente, j'essaye de ne pas dire en premier que je suis médecin. Le podcast s'appelle Médecin qui est tu. Et je suis très fière d'être médecin et c'est super. Mais c'est vrai que c'est Mel, je crois, dans un de tes épisodes, qui disait « médecine, ce sera mon métier, mais pas mon identité » . Et c'est très juste. En tout cas, ça me parle fortement. Donc moi, comme tu l'as dit, je fais des podcasts aussi. Le podcast Sex and Wazis qui parle de santé sexuelle et comment on fait pour parler de santé sexuelle au cabinet avec ses patients.
- Speaker #1
Un petit peu.
- Speaker #0
J'enseigne aussi à la fac, aux étudiants en médecine et ça vraiment j'adore. C'est vraiment transmettre et enseigner, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup.
- Speaker #1
On s'est rencontré comme ça d'ailleurs, on va discuter aussi de ça.
- Speaker #0
Exactement. Après j'écris, je participe à des ateliers d'écriture toutes les semaines et j'avais eu la chance d'être éditée dans un recueil de nouvelles. Du coup, c'est trop chouette aussi. Et voilà, en gros, au niveau artistique, je fais du slam, je vais commencer à me mettre au ukulélé, je danse, sinon c'est à peu près, grosso modo, qui je suis.
- Speaker #1
Et tout ça à l'équilibre, la médecine au-dessus, pas au-dessous, c'est le métier qui te permet de faire les autres passions, est-ce que ce sont les autres passions qui te permettent au contraire de faire une bonne médecine ? Comment tu le vois ?
- Speaker #0
Financièrement, c'est sûr que c'est la médecine. qui m'apporte l'essentiel de mes revenus. Avec les autres passions, je gagne un tout petit peu, mais c'est vraiment anecdotique d'un tout petit peu de droits d'auteur ou des ateliers que je peux faire au niveau sexo en lien avec le podcast, etc. Mais ça reste vraiment anecdotique par rapport aux chiffres d'affaires que me génère le cabinet. Donc voilà, je suis très contente d'exercer au cabinet et je suis très contente d'avoir le luxe de pouvoir le faire à mi-temps et avec le temps que j'ai de libre, je fais toutes mes autres activités qui ne sont pas forcément très rémunératrices mais en tout cas... Je pense qu'ils me permettent d'être un meilleur médecin parce que j'arrive et je pense que je suis plus disponible, empathique avec les patients.
- Speaker #1
On va en discuter un petit peu. Tout à l'heure aussi, pourquoi pas, mais c'est vrai qu'on en discutait notamment avec Anne-Grèce Chossade, parfois il y a des annonces difficiles, on accueille beaucoup de souffrances, et on a beau nous l'enseigner, il faut quand même arriver à faire autre chose pour pouvoir encaisser tout ça. Et c'est parfois... Pas évident puisqu'on est censé aussi, comme les politiques le disent, couvrir l'ensemble de notre semaine, ne faire que ça. Et bon, on va discuter de tout ça, ça va être hyper cool. Ensuite, est-ce qu'on a oublié des trucs sur ton quotidien, sur tes semaines ou tes mois type ?
- Speaker #0
Est-ce qu'on a oublié des trucs ? Je réfléchis.
- Speaker #1
C'est assez chargé déjà.
- Speaker #0
C'est assez chargé.
- Speaker #1
Pas l'organisation médicale habituelle.
- Speaker #0
Non, et après, maintenant on a une interne au cabinet qui change tous les six mois et ça c'est... C'est très chouette aussi. Sinon, au point de vue perso, moi, j'ai une fille de 6 ans donc ça m'occupe un peu aussi et que j'ai en garde à alterner et du coup, ça, c'est trop chouette et elle, je pense qu'elle m'aide aussi à être encore plus dans la créativité aussi et dans le jeu parce que les enfants, ils sont connectés au moment présent, tu vois, c'est pas partenaire de crime du coup, de la créativité.
- Speaker #1
Ok Donc à Lille, comment ça se passe ? Est-ce que tu as toujours été ok avec ce que tu faisais à la fac ? Parce que là, tu as l'air de faire beaucoup de choses à côté, tu fais beaucoup de choses à côté. C'était une frustration parce que quand on est externe, il n'y a quand même la place quasi que pour ça. C'était dur avec toutes les envies que tu as l'air d'avoir ?
- Speaker #0
Oui, en vrai, c'était dur parce que je pense que j'ai toujours été bonne élève. arrivé en médecine voilà j'ai eu la première année du deuxième coup et après finalement j'étais un peu dans la masse, je faisais plus partie des bons déjà, mais aussi parce que je m'investissais moins et que ça me passionnait moins que certains, et du coup il y avait un peu cette frustration là, et effectivement je me suis vite rendu compte que j'avais des potes pour qui la médecine c'était vraiment une passion, moi c'était pas le cas vraiment ça m'intéressait, notamment la relation médecin-patient m'intéressait beaucoup, mais je sentais que ça allait pas me nourrir entièrement que j'allais avoir besoin de faire autre chose que ça. Et notamment pendant mes années de médecine, j'ai fait du théâtre en parallèle parce que j'avais besoin de faire autre chose. J'ai même fait décaler un jour mon horaire d'oral de médecine parce que j'avais ma répétition générale de théâtre. Donc, ce n'était pas possible et le doyen était adorable.
- Speaker #1
Donc, tu avais laissé la place quand même un petit peu à autre chose.
- Speaker #0
J'avais laissé la place à du théâtre. J'avais été faire un Erasmus en Suède. Je sentais que vraiment, j'avais besoin de faire autre chose. Mais pendant longtemps, ça n'a pas été clair. pour moi comment j'allais pouvoir faire cohabiter les choses ensemble.
- Speaker #1
Et surtout, Claire, il y a une pression d'être un bon étudiant en médecine. On a la pression, on en discute tout à l'heure, de plein de choses sur le plan politique et sur notre rôle dans la société. Mais la pression au cours de l'externat, moi je l'ai sentie sur le fait de, comme toutes les portes sont encore ouvertes, et dont celle de la possibilité d'être un grand médecin, J'ai l'impression qu'on subit cette pression-là de ne surtout pas rater cette occasion d'être un médecin impeccable. Et j'ai trouvé que c'était une pression au cours de l'externat. Je ne sais pas s'il a ressenti comme ça.
- Speaker #0
Et par rapport au classement, tu veux dire ? Oui,
- Speaker #1
le classement, la production, le temps de travail à réaliser pour être à la hauteur, etc. J'avais l'impression que si je ratais des heures de travail à réviser, je passais à côté du potentiel que j'avais. Alors que maintenant, quand on est interne ou plus tard, sans doute, il y a sans doute moins cette pression à être à la hauteur. Je ne sais pas comment trop le verbaliser, mais quand on est externe, j'ai trouvé qu'il ne fallait surtout pas rater l'occasion d'acquérir toutes ces connaissances.
- Speaker #0
Oui, après, je pense que j'ai l'impression que comme beaucoup, j'étais un peu en pilote automatique. Je ne me pose même pas la question de quel jour on est. En fait, je vais bosser, peu importe le week-end, le jour férié. et c'est assez réjouissant finalement de réussir à sortir de ce mode pilote automatique pour dire en fait quel est le sens, pourquoi,
- Speaker #1
pour qui As-tu été tôt sur cette question ?
- Speaker #0
Non, en toute honnêteté
- Speaker #1
La semaine dernière La semaine dernière
- Speaker #0
Non, pendant l'externat, je savais que j'allais vers la médecine générale donc il y avait moins de pression sur le classement mais pour autant je ne me posais pas la question d'aller bosser quand même chaque jour et j'avais un peu ces portes de sortie d'aller faire autre chose qui me nourrissait à côté mais mais oui non, à refaire peut-être que je le ferai avec plus de conscience mais on est figure-toi beaucoup plus malins après Toujours la même histoire Marie-Josée,
- Speaker #1
quand on se rend compte que peut-être que le repos ou les activités extra-médicales permettent de peut-être mieux faire les choses du côté médecine ok et l'externat et le concours se passent bien comme tu veux Tu le sens comme une réussite, un truc neutre, un échec ?
- Speaker #0
L'externat se passe bien. Nous, c'était des petites promos dans la fac. Il y a deux facs de médecine à Lille. La fac où j'étais, c'est des promos plus petites. Du coup, je suis bien intégrée dans ma promo. Je suis contente de voir mes potes en BU, en cours, d'aller en conf le soir, de faire des sous-colles. Je pense que c'est vraiment ça qui m'a beaucoup aidée. aussi le côté... sociale et le côté amical du truc. L'ambulation. Oui, le côté solidarité aussi. Et le côté petites facs, ça c'était vraiment chouette. Après, même si je n'avais pas des ambitions énormes sur le concours, c'est toujours une claque à prendre d'avoir un classement qui... Après, c'est toujours à mettre en perspective. Maintenant, je me dis mais qu'est-ce que je m'en fous de ce chiffre et qu'est-ce que je suis bien dans ma vie maintenant. Et même je me remercie de ne pas avoir fait mieux parce que je pense que j'aurais été tentée de prendre un truc qui ne m'aurait pas forcément été pour moi.
- Speaker #1
Un engrenage.
- Speaker #0
Un engrenage, donc bref. Donc finalement je me remercie mille fois.
- Speaker #1
Tu aurais eu l'appel du don de soi et de l'investissement universitaire ou médical si tu avais eu un classement qui t'aurait ouvert toutes les portes ?
- Speaker #0
Je ne sais pas, franchement je me remercie de ne pas avoir eu le choix en fait.
- Speaker #1
C'est un questionnement difficile quand même parce que je pense que c'est si central comme mode de raisonnement pendant 6 ans que arriver à prendre du recul à ce moment là moi je félicite ceux qui ont des classements parmi les 200-300, d'ailleurs il y a eu Marie Ayer dans le podcast qui a choisi médecin généraliste comme spécialité et au delà de ça Position dans le classement, moi c'est surtout le choix qui est incroyable parce qu'on pourrait être appelé à, je sais pas, avec les dents si aiguisées et aller chercher la reconnaissance professionnelle ou plein de choses. Enfin, la médecine générale permet la reconnaissance professionnelle, mais je pense qu'il y a des paillettes un peu plus sur d'autres spécialités. Et du coup, toi tu choisis médecine générale ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Avec plénitude et confiance ?
- Speaker #0
Oui, après quand j'ai choisi médecine générale, c'était pas... clair exactement. Je pense que je savais que je voulais faire de la médecine libérale, mais c'était pas clair comment je voulais organiser mon exercice. C'était encore trop tôt. Donc je savais en tout cas que je voulais faire du libéral. Je voulais plus avoir de chef.
- Speaker #1
L'internat à Bordeaux ?
- Speaker #0
Ouais, internat à Bordeaux, finalement Bordeaux-Aquitaine. Parce que tu connais.
- Speaker #1
Tu as fait quelle ville du coup ?
- Speaker #0
J'ai commencé par Mont-de-Marsan.
- Speaker #1
Ok, moi aussi.
- Speaker #0
C'était très chouette. D'ailleurs, l'internat à Mont-de-Marsan, ça permettait aussi de créer un groupe de potes. Quand tu viens d'une ville éloignée, tu recrées un peu ton groupe d'amis. Et pour ça, les internats où tout le monde habite au même endroit, ça crée des liens et c'est trop chouette. Après, je suis allée où ? Après Mont-de-Marsan ? Je vais te dire dans le désordre. Je suis allée à Villeneuve-sur-Lotte. Je suis allée à Dax, à Bordeaux, à Bayonne. Et à
- Speaker #1
Agen. Et pour finir, installée ?
- Speaker #0
À Ondre, dans le sud des Landes, près de Bayonne.
- Speaker #1
Ok. Est-ce que tu te sens ok avec ton mode d'activité ? Tu peux nous raconter comment tu es organisée en ce moment ?
- Speaker #0
Oui, en ce moment, du coup, ça fait à peu près 5 ans et que je suis à mi-temps. Donc j'avais eu l'opportunité, j'avais fait un remplaçant de congé mat dans ce cabinet et une médecin partait et je pouvais prendre sa place et elle-même était à mi-temps. Donc elle fait des demi-journées, elle bosse soit le matin, soit l'après-midi. Et donc ma collègue avec qui je partage le bureau, Mélanie, du coup, elle fait l'inverse. Quand je bosse le matin, elle bosse l'après-midi. Donc ça implique de bien s'entendre et de bien s'organiser. Mais c'est plutôt très chouette. Et ouais, ça fait cinq ans que je fais ça. Au début, on m'avait dit « Ah, mais c'est le temps que ta fille, elle est petite, après tu vas augmenter ton activité. » Non, vraiment pas. C'est vraiment très chouette, même maintenant qu'elle est plus grande, de garder une activité comme ça.
- Speaker #1
Est-ce que justement, qui te dit que tu veux augmenter ton activité ? C'est quoi cette pression ? Ou qui prend ce genre de phrase ?
- Speaker #0
Après honnêtement, je n'ai pas eu beaucoup de pression. Parce que j'ai l'impression que j'étais tellement au clair avec le fait qu'en fait je ne dois rien à personne et que je fais vraiment ce que je veux. Mais il y en a eu quelques-uns. Maintenant que ta fille est grande, c'est un peu dommage de ne pas gagner plus d'argent alors que tu peux. Oui, ça m'appartient effectivement, mais si je veux de 20, je double mon chiffre d'affaires. Mais ce qui est plus précieux que l'argent, c'est le temps, figure-toi. Et voilà, je suis extrêmement riche en temps et ça, ça n'a aucune valeur. Ça n'a pas de prix. Et sinon, oui, les pressions que tu vois, que tu peux entendre, c'est un... Moi, je ne les ai pas entendues pour moi, c'est plutôt des trucs que tu entends un peu comme ça. Ah mais une fois qu'on fait médecine, il faut vraiment faire médecine pleinement parce que c'est dommage, toutes ces années d'études passées. Tu prends la place de quelqu'un parce que tu ne fais pas médecine à temps plein, etc. Mais je ne l'ai jamais reçu sur moi personnellement. Mais j'ai l'impression que ces gens-là, c'est tellement des choses à voir eux avec eux. Finalement, ça reflète leurs croyances et leurs peurs.
- Speaker #1
Ton fils est médecin d'ailleurs. Oui,
- Speaker #0
pas forcément, peut-être, mais des fois, oui. Ça peut refléter eux, leurs croyances et ce que c'est dans leur imaginaire, ce qu'est un médecin pour eux, mais ça leur appartient.
- Speaker #1
Et il y a aussi... les politiques, on en discutait un petit peu en préparant l'épisode. J'ai vu d'ailleurs passer un article sur le médecin bashing. Cette pression qu'on a, et c'est vrai que tu m'en as parlé, et je ne l'avais pas touché forcément du doigt, cette pression et cette culpabilité qu'ils arrivent, je ne sais même pas qui sont ces ils, mais qu'on arrive à nous mettre de ne pas faire du 100%, ne pas s'installer en campagne. ne pas être à la hauteur alors que l'investissement est immense. Toi, tu vis comment ça quand il y a des débats politiques autour de notre investissement sociétal ?
- Speaker #0
Oui, après, quand je t'en avais parlé, c'était parce que la semaine dernière, il n'y a pas longtemps, j'ai donné un cours aux internes en pédiatrie dans le quatrième semestre. Et donc, c'était la première promo où ils vont faire l'internat en quatre ans. Et j'ai senti vraiment dans le cours, et comme on a mangé ensemble le midi, on a eu le temps d'un petit peu en discuter. où il y avait déjà ce poids de ok maintenant notre internat dure 4 ans on n'était pas forcément pour et on le subit et c'est comme ça il y a cette histoire de docteur junior on ne sait pas encore trop exactement à quelle sauce on va être mangé où est-ce qu'on va devoir aller, cette histoire de pression sur les aires médicaux sur la restriction à l'installation qui est en discussion etc. et je sentais que c'était assez pesant et on a pas mal discuté et du coup moi je leur ai dit moi mon mode d'activité c'est ça, le but c'est pas du tout d'être un modèle ou quoi que ce soit mais c'est de montrer que En tout cas, il y a des possibilités qui sont très variées. Et je sentais que ça leur faisait du bien de voir que c'était possible et que moi, à aucun moment, je ne m'excusais de la manière dont j'organisais mes semaines.
- Speaker #1
Donc ça glisse sur toi ?
- Speaker #0
Ah, vraiment ?
- Speaker #1
Tu ne subis pas de ne pas travailler du lundi au samedi après-midi ?
- Speaker #0
Pas du tout. Et je pense vraiment, je redis, je pense que je suis une meilleure médecin à organiser mes semaines comme ça. Parce que quand je suis au cab... En plus, je fais beaucoup de psy, de précarité, d'addicto. Je ne fais pas que ça, mais j'en ai quand même pas mal. Ce sont des patients lourds qui demandent une grosse capacité d'attention, d'écoute, etc. Je pense vraiment que j'arrive, je suis plus disponible. Il y a aussi des fois où je suis humaine. Il y a aussi des fois où j'arrive et je suis saoulée. Mais je pense que ça fait de moi quelqu'un de plus disponible avec mes patients.
- Speaker #1
Et pourquoi ça glisse sur toi ? C'est quoi ton principe de vie ? Tu nous l'as un petit peu dit tout à l'heure, mais c'est quoi ? ton mantra numéro 1 pour...
- Speaker #0
Après, là maintenant, je dis confortablement ça glisse sur moi et c'est la vérité. Ça n'a pas été de suite. Il a fallu processer ça un moment et essayer de comprendre aussi finalement ce que les gens te disent. Finalement, ça parle plus d'eux que de toi. Et encore une fois, ils projettent leur peur, leur truc sur toi.
- Speaker #1
Ils utilisent aussi le levier de « il faut des médecins pour les patients, et des patients qui n'ont pas accès à un médecin, donc ils sont en mauvaise santé, donc c'est une perte de chance » . Ça va, ça ? Moi, personnellement, c'est ce que je subis le plus. Oui,
- Speaker #0
le côté culpabilité. Premièrement, on n'a pas apporté la culpabilité de mauvaise politique de santé publique depuis des dizaines d'années. Je veux dire, ça va bien, déjà. Après, moi, j'ai la chance d'être installée dans le Sud-Lande. où pour le coup, la couverture médicale est très OK, aussi avec SOS Médecins qui est là, etc. Donc c'est sûr que je pense que c'est plus facile pour moi d'avoir ce discours-là ici que dans un endroit où l'accès aux médecins est plus compliqué. Donc ça, c'est sûr. Je pense que je serais peut-être moins à l'aise d'avoir ce mode d'exercice ailleurs. Mais en fait, ce que je fais, il n'y a rien d'interdit dans ce que je fais. Jusqu'à maintenant, on a une liberté d'installation. Je me suis installée à un endroit où j'avais le droit, en remplaçant une médecin qui... qui partaient, je fais l'exercice que j'ai envie, mes patients sont contents des soins que je leur prodigue et de la qualité de mon écoute. Enfin, je veux dire, c'est ok pour moi en tout cas.
- Speaker #1
Tu disais, tu as des patients un peu particuliers, mais ce n'est pas du tout un bon terme. Mais tu as une orientation autour d'une problématique sociétale notamment et aussi de la sexo. Tu es sexologue ou pas ?
- Speaker #0
Non. pour dire qu'on est sexologue c'est un DIU en 3 ans avec un mémoire à la fin c'est assez costaud et en vrai je me suis posé la question de le faire ou pas Et moi, je n'ai pas envie d'être sexologue. Moi, ce qui me plaît, c'est d'aborder la santé sexuelle en consultation, surtout pour faire de l'éducation et pour éventuellement orienter derrière vers, pour le coup, des sexologues ou des sexothérapeutes ou kiné périnéale, etc.
- Speaker #1
Mais en tout cas, ça ne soit pas mis sous le tapis dans ta consulte.
- Speaker #0
Ça ne soit pas mis sous le tapis dans ma consulte, mais je n'avais pas forcément envie d'être sexologue et qu'on m'envoie des patients en troisième ligne pour des problèmes sexuels. Moi, ce n'est pas tant ça qui m'intéresse. C'est plutôt de mettre le sujet sur la table. et soit de le résoudre avec le patient, soit d'adresser s'il le besoin, mais c'est surtout ça qui m'intéresse.
- Speaker #1
Et donc côté sexo, il y a aussi un podcast qui s'appelle Sex and Roses. Très très stylé, j'adore. Moi, pour le coup, tu m'as vu, j'ai du matos, mais par contre c'est du small talk et ça discute tranquillement. C'est très bien aussi. Toi, tu as un travail d'écriture incroyable. J'ai écouté pas mal d'épisodes, notamment le dernier avec Antoine que je conseille à tout le monde parce qu'il est très très bien écrit. Pour l'avoir écoutée avec une psychiatre, elle m'a dit vraiment top la vulgarisation du truc. Tu passes du temps à écrire ça ? Parce que c'est des épisodes de un quart d'heure ?
- Speaker #0
Ouais, même 10-15 minutes.
- Speaker #1
Et c'est toi qui rédiges la situation clinique ?
- Speaker #0
Ouais, c'est ça. Je prends des petits bouts. Soit je prends des bouts de consultation de moments où ça m'a ému, ça m'a touché, il s'est passé un truc. Soit aussi ça peut être dans ma vie perso, soit ça peut être... Je prends un petit peu des petits bouts et puis après je brode plus ou moins. De toute façon, tout est anonymisé et romancé, etc. À partir du moment où j'ai vraiment l'idée, ça peut mettre une heure à écrire un épisode. Et après, c'est juste qu'une fois qu'il est écrit, je le relis plusieurs fois à haute voix. Parce qu'entre l'écrire et après le dire, il faut que ça fasse le plus parlé possible. Donc c'est ce travail-là aussi d'oralité de l'épisode.
- Speaker #1
Et ça débute comment, l'histoire du podcast ?
- Speaker #0
Non, mais j'avais très envie. J'avais fait ma thèse sur comment les patients aimeraient aborder la santé sexuelle avec leur médecin. En gros, c'était une thèse qualitative. des caissons les freins, etc.
- Speaker #1
Parfait à ma thèse d'ailleurs, on ne l'a pas dit.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Merci beaucoup, publiquement,
- Speaker #0
merci. C'était chouette d'ailleurs, sur comment les médecins se forment, notamment avec l'écoute des podcasts. Trop bien. Et donc, ça m'intéressait ce sujet-là de la santé sexuelle. Et je voulais en faire quelque chose et je ne savais pas. Je tournais un peu autour de comment en parler. Au début, je voulais écrire un livre et après je me suis dit, bon, je me suis dit que le podcast, moi je suis une grosse consommatrice de podcast, j'adore. Le podcast, c'est cool. et quand j'ai eu l'idée de me dire pour pas que ce soit trop vertical je vais vous expliquer un thème de santé sexuelle que ce soit trop chiant comme si je racontais à une pote ça peut nous arriver le soir on se voit entre amis aujourd'hui j'ai vu une patiente c'était dur on peut de manière anonymisée raconter des petits bouts de nos journées et je me suis dit je vais faire la même chose et je vais vraiment mettre mon ressenti parce que j'ai vraiment envie de dire moi comment je me suis des fois sentie bête, comment j'ai pu être à côté de la plaque, comme si les gens étaient à côté de moi en consulte, un peu comme mon interne en ce moment, et qu'ils voient les trucs trop beaux qui se passent et aussi les ratés.
- Speaker #1
Ça t'est utile à toi en premier ? De fou oui !
- Speaker #0
C'est hyper thérapeutique pour moi aussi égoïstement. De revenir sur un moment.
- Speaker #1
Un groupe Balint perso.
- Speaker #0
Oui, exactement, c'est mon autogroupe, je m'autogère.
- Speaker #1
Et du coup, tu as combien d'épisodes ?
- Speaker #0
Là, une vingtaine, je ne sais plus exactement.
- Speaker #1
Et tu te cales, tu enregistres ton épisode, tu vis le moment, et hyper bien écrit, vraiment c'est très très cool. Bravo, c'est quoi le projet ? J'ai vu que tu avais introduit maintenant des interviews aussi.
- Speaker #0
Oui, j'ai commencé des interviews parce que je m'étais dit que ça pourrait être cool. Le projet au début, c'est que je voulais interviewer essentiellement des gens pour qui la santé sexuelle, ce n'était pas forcément leur métier, mais ça avait de l'importance dans leur vie. Typiquement, j'ai interviewé Sophie, la libraire de chez Simone, à Tintesprit. Tu vois, elle est libraire, donc rien à voir avec la sexo, tu me diras. Mais elle a un rayon assez important dédié à ce sujet-là. Elle a déjà fait intervenir régulièrement une sexothérapeute dans sa librairie pour faire des conférences sur le consentement, etc. Elle a une petite salle d'expo où elle a exposé, il n'y a pas longtemps, des clitoris brodés. tu vois Et bref, c'est ce genre de personnes que j'aimerais interviewer. Je rêve d'interviewer Bérangère-Crieff. C'est l'humoriste qui fait un spectacle entier qui s'appelle Sexe. Tu vois, comment t'es humoriste et tu te dis, je vais faire un spectacle entier sur ça. C'est vraiment ces gens-là que j'aimerais interviewer. Mais j'ai aussi interviewé des kinés spécialisés en périnée, sexothérapeutes, quand même des gens en lien avec ce métier.
- Speaker #1
Et l'exercice d'interview te plaît ?
- Speaker #0
Oui, carrément. Ça me rappelle un peu les consultes, finalement. Tu crois ? Un peu.
- Speaker #1
Parce que moi, je trouve qu'il y a un côté un peu journaliste, mais ça te fait penser plutôt à un moment passé avec un patient.
- Speaker #0
Dans le sens où tu es tenté de couper la parole régulièrement. Et en consulte, c'est pareil, je m'oblige à me taire. À enquêter quoi. Ouais, à laisser aller au bout du bout, à laisser des blancs pour que surgissent des trucs cools.
- Speaker #1
La vérité.
- Speaker #0
La vérité.
- Speaker #1
Ok, et donc le podcast, tu publies tous les mardis ? Ouais. Sur toutes les plateformes d'écoute ?
- Speaker #0
Toutes les plateformes d'écoute.
- Speaker #1
Et tu as le compte Insta, tout ça, tout est bien léché, tout va bien ?
- Speaker #0
Oui, c'est en cours, parce que la communication, c'est vraiment quelque chose pour lequel je débute. Mais c'est en cours, effectivement.
- Speaker #1
Ok. Après le podcast, qu'est-ce qu'on a ? Le bouquin ?
- Speaker #0
Oui, ça, c'était rigolo, mais c'était...
- Speaker #1
C'est quoi le...
- Speaker #0
Il y a trois ans, je crois, maintenant. Il y a des appels à texte régulièrement sur des sites d'appels à texte. textes à l'appel et du coup je répondais à des appels à texte sur je pas de la poésie sur des nouvelles sur des trucs comme ça il y avait eu un appel à texte sur une nouvelle érotique quand même improbable et je vais repris une nouvelle que j'avais écrite et j'avais redécrit un peu plus les scènes érotiques du coup en me disant trop drôle comme exercice c'est vraiment un exercice littéraire que j'avais jamais fait du coup ça m'a beaucoup amusé je l'ai envoyé en peu en mode bon de toute façon on s'en fout quoi et quelques jours après j'avais une réponse positive et j'étais vraiment en mode il faut que ça tombe sur le texte érotique pour que je sois édité quoi donc c'était mais bon c'était rigolo Et c'était euh...
- Speaker #1
ils éditaient l'ensemble de ta...
- Speaker #0
Bah du coup moi c'était une nouvelle et on était une dizaine je crois d'auteurs ou d'autrices dans le recueil et du coup je n'ai pas mis mon nom propre parce qu'à l'époque je n'assumais pas encore complètement mais du coup c'était trop rigolo comme expérience du coup j'ai eu bah mon cachet Ah ouais ? Bah c'est pas des petites sommes tu sais mais tu sais tu signes ton contrat d'édition, t'as ton cachet, t'as tes droits d'auteur, même si ça reste un vrai délire. Et j'ai même reçu, parce qu'au début j'avais du mal à dire, oui je suis autrice, n'importe quoi, t'as édité une nouvelle, arrête. Mais comme j'ai reçu l'URSSAF des artistes-auteurs, je me suis dit, ok l'URSSAF a considéré que j'étais artiste-auteur, et bah ok, je suis auteur.
- Speaker #1
On peut connaître le titre ?
- Speaker #0
Ouais, ça s'appelle 14-2, et la maison d'édition c'est L'amour des mots, mot M-A-U-X.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Mais voilà, c'était... Fierté quand même. Fierté, ouais, franchement. Encore une fois, la libraire de chez Simone avait mis ce livre dans la vitrine. J'avais pris une photo en mode « Ah, c'est trop concret ! »
- Speaker #1
En plus, la libraire de chez Simone ici est connue, c'est la ref, donc incroyable. Est-ce que tu es OK avec tout ce que tu es en train de faire ? Le podcast, la médecine ? Tu me parlais aussi de Ukulele ? Oui. Tu te touches un peu le ukulélé ?
- Speaker #0
Oui, c'est rigolo, c'est parce que je m'y suis mise en septembre, donc ça va faire 9 mois, un truc comme ça. Mais j'avais cette croyance, clairement une croyance imitante acquise, incroyable, que comme je n'ai pas appris la musique enfant ou ado, c'était trop tard. C'était peut-être dans une autre vie, on ne sait pas, mais là c'était mort. Et j'en parlais avec une amie qui s'est mise à apprendre la clarinette en même temps que moi, et on s'est dit, vas-y, on apprend, on n'est pas plus bêtes. Et voilà, j'ai pris un prof Mathieu qui est adorable, qui a Saint-Esprit, comme toutes les belles personnes qui ont Saint-Esprit. Et j'ai progressé de fou parce que je partais de rien. Et là, tu vois, j'ai joué humblement au concert de l'école de ma fille avec d'autres parents qui sont profs au conservatoire ou qui sont musiciens pro, qui sont extrêmement doués. Mais j'étais trop fière de faire mes petits accords au ukulélé. Et en vrai, ça rend trop joyeux. Et avec cette copine qui fait de la clarinette et qui d'ailleurs bosse à la talente.
- Speaker #1
Je n'ai pas présenté le lieu, désolé. À la Talente, le cinéma de...
- Speaker #0
Ouais, c'est un rédécé de Bayonne qui est un lieu trop chouette où vous pouvez aussi venir prendre un café. La terrasse est incroyable.
- Speaker #1
On a failli se la jouer au festival de Cannes avec les lunettes de soleil.
- Speaker #0
On a été sages.
- Speaker #1
On a un peu réduit la volume.
- Speaker #0
Et du coup, avec cette pote qui fait de la clarinette qui bosse à la Talente, on va jouer avec d'autres amis à la fête de la musique. Tu vois, dans une... Un petit coin, on ne va clairement pas se mettre sur la grande place. Mais dans un petit endroit, on s'est dit, allez, on se chauffe.
- Speaker #1
Aucune limite.
- Speaker #0
En fait, c'est ça. On se dit au pire, quoi. Au pire, les gens trouvent que ce n'est pas cool et ils iront voir le groupe d'après.
- Speaker #1
Et puis, pour la fête de la musique, mais aussi dans ta vie, tout ce qui te passe par la tête, qui peut te faire kiffer, allons-y.
- Speaker #0
J'ai l'impression qu'au plus tu t'autorises, parce que moi, je te parle de ça maintenant en mode je suis à l'aise et tout, mais ça n'a pas toujours été le cas. et je pense que maintenant, au plus tu oses et au plus tu t'autorises. il n'y a plus trop de retour en arrière possible et au plus ça...
- Speaker #1
Tu t'épanouis.
- Speaker #0
Ouais, et au plus tu t'autorises, au plus tu t'autorises. C'est un peu un cercle vertueux.
- Speaker #1
Moi, je le ressens un peu avec le... C'est alors un tout petit exemple, mais avec le podcast, maintenant que j'ai le matériel, j'ai mille idées. Et c'est vrai que je pense qu'une fois qu'on a passé certains...
- Speaker #0
cap ou un certain pas, qu'on a fait un certain pas, on se rend compte que le jugement, go le mettre à la poubelle quoi. Et on fait comme on le sent, comme on le veut et c'est incroyable.
- Speaker #1
Et on gagne un maximum de temps et un maximum d'énergie.
- Speaker #0
L'activité d'enseignante, on peut le dire comme ça, au sein de l'université, ça part comment ? D'où ? Parce que là, pour le coup, Beaucoup de choses à dire sur la façon dont l'enseignement se fait. Il y a pas mal d'internes qui sont frustrés parce qu'ils pensent que d'autres choses pourraient être faites. D'ailleurs, je te dois un hommage en te demandant quelle est ta météo intérieure.
- Speaker #1
Eh bien écoute, franchement, ciel bleu.
- Speaker #0
Ok, parce que tu es la seule en trois ans, voire quatre ans d'internat, à l'avoir demandé en début de séance. J'avais trouvé ça hyper émouvant et hyper cool et hyper humain, ce qu'on peut ne pas retrouver sur certains autres cours, parce que des fois c'est très vertical. Donc merci pour les personnes à qui tu l'as demandé ce jour-là, et aux autres à qui tu as dû le demander aussi. C'était une volonté de faire autre chose, l'enseignement, et de faire autre chose dans ta vie, mais aussi de proposer autre chose comme enseignement, parce que peut-être que tu avais déjà vécu leur façon de faire, et tu as peut-être voulu... apporter autre chose ?
- Speaker #1
Oui, il y a plusieurs choses. Moi je fais partie aussi du planning familial en tant que bénévole et là-bas quand on fait des formations, des journées où on se voit, c'est hyper fréquent de faire ces exercices un peu qu'on dit brise-glaces avec la météo intérieure ou il y a plein d'autres petits exercices comme ça donc pour moi c'était facile à reproduire, en tout cas ça m'a vachement inspirée. Après la fac pour quand même rendre hommage, ils ont le mérite de nous donner une trame. Les diapos, ce n'est pas moi qui fait les diapos des cours, on me donne la trame. Mais après, on a quand même cette liberté qui est vous l'enseigner de la manière dont vous avez envie. Voici la trame. Au fur et à mesure que vous donnez des cours, je me suis un peu appropriée la trame et je me suis un petit peu rendue compte qu'en fait, je peux demander aux étudiants leur méthode intérieure, je peux rajouter ça dans le cours, je peux faire ci. Et du coup, je me le suis attribué un peu comme ça.
- Speaker #0
Et pourquoi ? tu as voulu te rapprocher parce que c'est quelque chose de proactif, c'est toi qui as contacté la fac et tu as dit je voudrais faire partie de la team.
- Speaker #1
Alors du coup ça s'est pas passé comme ça parce qu'à l'époque justement je pense que j'avais moins confiance en moi et j'avais ce syndrome de l'imposteur de non mais je peux pas donner des cours je suis installée depuis extrêmement peu de temps qu'est ce que je vais leur apprendre et du coup c'est mon ex du coup le papa de ma fille que j'embrasse,
- Speaker #0
on s'entend très bien et c'est une très belle personne que j'embrasse aussi comme vous le comprenez et qui est également à ta hauteur en terme d'appénement
- Speaker #1
et lui pour le coup il s'était proposé pour être enseignant et il m'avait dit il cherche des enseignants pour les cours plutôt gynéco j'ai parlé de toi et moi j'étais en mode quoi ? à quel moment ? pourquoi ? et en fait ça s'est fait un peu comme ça où clairement lui il m'a fait la courte échelle pour dire vas-y sens-toi légitime, il n'y a pas de raison et du coup je suis un peu allée sur la pointe des pieds en mode je suis là mais je ne fais pas trop de... Et en fait, j'ai trop aimé.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu aimes ?
- Speaker #1
Je pense que j'aime... Je repense un peu à mes cours que j'ai pu avoir. Et c'est vrai qu'il y a certains cours que j'ai aimés, mais il y a aussi certains cours dans lesquels je ne me reconnaissais pas forcément. Moi, je ne me projetais pas forcément donner des cours plus tard, parce que j'ai eu très peu de femmes qui m'ont donné des cours. Mais je me souviens en tout cas de cours qui m'ont marquée, et notamment, je me souviens à Monde-Marsan. je crois que c'était Dr Meillon, je sais pas si tu l'avais eu et il avait profité d'un cours je sais même plus de quoi le cours parlait pour te dire, mais je me souviens qu'il avait dit que je voulais profiter de ce cours pour vous dire que c'est dur d'être interne et que c'est pas rien ce que vous faites et en fait il avait fait tout un petit discours là-dessus de valorisation chose qu'on entend très peu quand même pendant l'internat et ça m'avait fait un bien fou et je m'étais dit, mais c'est trop bien et on peut être prof et on peut faire passer des messages comme ça, et du coup je lui ai piqué ça ... Et je pique des trucs comme ça et je les remets dans les cours pour dire en fait, si les gens ont pu améliorer leur connaissance en gynéco-sexo, super. Mais s'ils ont pu entendre un truc qui leur a fait du bien, déjà c'est énorme.
- Speaker #0
Donc c'est presque avant de l'enseignement, c'est de la bienveillance et l'envie de rassurer les internes.
- Speaker #1
Ça, de faire un gros câlin.
- Speaker #0
Moi, je l'ai senti comme ça. Vraiment, c'était un moment de douceur en fait. Et ça fait du bien parce que je trouve que... C'est rude parfois l'enseignement est très vertical, il y a des trucs qu'on nous demande qu'on trouve totalement déconnectés et bref. pour revenir sur toi, c'était un beau moment et c'était très très cool. Oui,
- Speaker #1
merci. Et juste pour rebondir, il y a deux semaines, quand j'ai fait le cours de Pédiat et que j'ai demandé la méthode intérieure aux internes, parce que du coup je continue à le faire parce que j'aime bien, il y en a qui jouent vraiment le jeu et ça les fait vraiment rire, mais ils jouent le jeu et je demande souvent un bon moment et quelque chose qui vous met en joie. Et il y en a certains vraiment qui m'ont répondu promès des grands, en mode, j'ai pas compris, mais ça va. Enfin, tu sais, genre, c'est tellement... Il y en a pour qui c'est tellement compliqué de se connecter à leurs émotions. Et puis en mode, je ne vois pas l'intérêt de cette question. C'est comme s'il y a besoin qu'il y ait... Mais après, ils jouaient quand même le jeu, etc. Derrière, ce n'était pas en mode, je refuse.
- Speaker #0
Pourquoi pas l'intérêt ? Parce qu'ils sont trop conditionnés à être dans la brutalité. Oui,
- Speaker #1
je pense qu'ils ne sont pas habitués à se connecter à leurs émotions et qu'ils ne voient pas l'intérêt de... Pour eux, c'est un peu étrange. Et comme c'est étrange, ce n'est pas forcément médical. Alors qu'on peut être... Bon voilà. avoir ce discours-là qui peut paraître un peu perché tout en étant hyper dans le scientifique et rationnel pour la suite.
- Speaker #0
Globalement, on ne va pas prendre eux pour exemple, parce que globalement, ça fait un bien fou à tout le monde. C'est vraiment cool. Du coup, tu vas poursuivre ça, l'interne aussi au cabinet. Tu aimes bien cet échange aussi ?
- Speaker #1
Oui, c'est trop chouette. Et pour finir juste sur les cours, souvent, j'aime bien leur demander c'est quoi vos attentes sur ce cours ? Et des fois, je suis étonnée qu'il y en ait qui arrivent avec zéro attente. Alors souvent, je rigole en disant, c'est cool, ça me met zéro pression, si vous n'avez pas d'attente. Mais tu sais, ils arrivent vraiment passifs, en mode, allez, de toute façon, il va bien falloir que cette journée se passe.
- Speaker #0
Exactement. Alors moi, je me dois de parler un petit peu en leur nom, même si je pense que le courant de pensée n'est pas uniforme et homogène. Mais c'est vrai que, je te dis, des fois, on se dit, mais qu'est-ce qu'on fout là ? C'est déconnecté totalement du truc. il faut faire un effort énorme de pour essayer de trouver le l'utilité du truc, mais c'est très prof dépendant en fait. Du coup, il y a des journées qui sont très longues. Mais c'est vrai qu'en général, quand on arrive, on se dit « Bon, allez, on va poser les fesses sur les chaises et on va écouter ce qu'on sait un peu déjà. » Parce que c'est vrai que la difficulté en médecine générale, c'est qu'en comparaison à d'autres spécialités où leur cours consiste à reparler d'une pathologie, à la gratter, à aller au fond de la pathologie, jusqu'au traitement, etc. Nous, en médecine générale, on ne peut pas revenir sur tout ce qu'on a vu au cours des six premières années. Et du coup, ce sont beaucoup des cours d'empathie ou de communication ou de savoir être dans l'interdisciplinarité, etc. Et c'est vrai que c'est parfois un peu relou, un peu impalpable. Je ne sais pas comment tu l'avais vécu et comment maintenant tu le vois en tant qu'enseignante. Oui, oui.
- Speaker #1
Moi, je me revois déjà en tant qu'étudiante. ou quand tu fais... tes situations cliniques, t'essayes de trouver une situation hyper médicale parce que tu sais que tu vas pouvoir avoir la réponse facilement plutôt que des questions qui tournent autour du relationnel, la communication parce que c'est plus compliqué, ça paraît plus compliqué de trouver la réponse donc je me retrouve là-dedans donc je dispute pas les élèves qui font ça, ils sont en train d'apprendre etc. Mais moi je fais que leur répéter que moi je suis pas là pour leur apprendre des connaissances parce que les connaissances ils les ont, je suis là pour leur permettre de mettre en application les compétences en fait pour voir que... concrètement dans la pratique qu'est-ce qu'on fait et que c'est ok de ne pas tout savoir et que c'est bien d'en avoir conscience et que si on ne sait pas, le principal c'est de savoir où chercher, on reconvoque parce qu'en médecine générale on a le luxe aussi de pouvoir reconvoquer, d'enlever un peu cette pression, en fait en un quart d'heure de consulte on ne va pas résoudre la vie des gens et c'est ok.
- Speaker #0
Pour toi l'objectif c'est donc de nous enseigner, de nous dire prenez le temps de la prise en charge en fait.
- Speaker #1
Enlevez-vous de la pression, déjà, parce que vous avez un maximum de connaissances. Et je pense qu'on n'est pas habitués, parce qu'en médecine, les études sont tellement longues que je pense aussi que la plupart de nos amis sont médecins. Et donc, en fait, être médecin, c'est complètement normal, c'est genre la norme. Alors que maintenant, ce n'est pas la norme. Déjà, c'est incroyable de faire ce qu'on fait. C'est incroyable d'être là où on est. C'est incroyable d'être capable d'écouter chaque jour des gens qui s'ouvrent, qui se plaignent, de trouver des solutions tous les quarts d'heure à des problèmes extrêmement variés et différents. Donc déjà, bravo. et voilà vous avez un maximum de connaissances et les fois où vous ne savez pas et bien c'est pas grave en fait il faut savoir où chercher et s'il n'y a pas de degré d'urgence on reconvoque et moi c'est hyper souvent que je dis aux patients je ne sais pas je vais me renseigner je vais demander à mes collègues, on se revoit la semaine prochaine on se refait un point, à aucun moment les patients je ne pense pas qu'ils se disent ok la meuf ne sait pas ils se disent ah bah elle porte de l'intérêt à mon propos elle va aller chercher l'info, elle me reconvoque
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu modifierais dans l'enseignement maintenant que tu as Connu les deux situations, interne et enseignante, est-ce que tu as des idées parfois ? Après, il y a une inertie énorme et forcément que face à l'énormité du fonctionnement universitaire, c'est difficile. Mais tu as des idées, toi, qui pourraient être efficaces ?
- Speaker #1
Là avec l'internat en quatre ans du coup il va y avoir des modifications, le entretien motivationnel je sais pas si tu l'avais eu, maintenant il devient obligatoire.
- Speaker #0
Nous c'est un optionnel obligatoire. J'ai deux cours là sur le mois de juin, je croyais que c'était optionnel et il faut que je monte à Bordeaux pour ça.
- Speaker #1
Ah d'accord. Et ça t'a plu ?
- Speaker #0
Écoute, ouais c'est cool mais... Ça reste de la théorie face à un quotidien et du concret qui pour moi... Le pan entre les deux, je ne sais pas si l'enseignement reçu arrive à se concrétiser véritablement. Je ne sais pas. Probablement que oui, mais je ne sais pas.
- Speaker #1
Oui, mais après il y a plein de choses. Après franchement ça dépend effectivement de l'enseignant, mais ça dépend aussi du groupe d'étudiants que tu as en face et de leur motivation. Donc voilà, c'est aussi... C'est une relation qui se crée en cours, ça va dans les deux sens. Mais parce que maintenant, ils font de plus en plus de jeux de rôle. Alors moi, je trouve ça très chouette, à partir du moment où tu essayes vraiment de motiver toute la salle et d'expliquer à quel point on va passer un bon moment, à quel point ça va être chouette, t'embrasses le truc. Mais si vraiment les étudiants vont tous à reculons, ça peut être très pénible pour tout le monde. Des fois, il y a des étudiants qui me demandent en début de cours, il n'y a pas de jeu de rôle ? Alors...
- Speaker #0
Alors pour ceux qui connaissent pas le jeu de rôle, tu modifies le positionnement des tables, tu te mets à discuter et à jouer des rôles de patients, de médecins, etc. Là aussi, des fois, ça peut le faire et des fois, tu parles de tout ou de rien et tu laisses passer le temps. Non, il y a des trucs à faire, c'est vrai.
- Speaker #1
Il y a des trucs à faire, mais je pense qu'entre les jeux de rôle, où moi aussi, des fois, je les fais travailler en petits groupes, et après, il y a un rapporteur par groupe et chaque rapporteur vient expliquer un petit peu ce que le groupe a trouvé sur tel ou tel sujet. Moi je pense que ce qui est bien c'est de les mettre en mouvement quoi, de ne pas être enseignante debout pendant 3 heures, parce que c'est quand même long, 14h, 17h les cours l'après-midi, et eux assis à t'écouter, ça c'est pas possible je pense.
- Speaker #0
C'est pas possible, et pour tout le monde.
- Speaker #1
Et pour moi aussi, moi je me saoulerais.
- Speaker #0
L'autre jour je regardais, il y avait beaucoup de monde sur son téléphone, je me suis dit putain, le prof elle doit avoir ça en face d'elle. Faut aussi tirer la conclusion que c'est peut-être pas adapté et qu'on est tous à bas. plus 8, 9, 10 et que cette forme d'enseignement là est peut-être pas adaptée mais c'est difficile ensuite de quoi on n'a pas parlé ?
- Speaker #1
En tout cas je pense que de partir des attentes ça les rend acteurs de dire c'est quoi vos attentes, qu'est-ce que vous attendez de ce cours comment je peux vous aider moi je suis là, le but c'est qu'on discute ensemble de choses qui peuvent vous faire progresser ça les rend plus acteurs et donc en théorie plus attentifs et donc en théorie moins sur leur téléphone c'est la théorie
- Speaker #0
Mais non, il y a des trucs très très cool, c'est juste que... Euh... Bref. Gros gros, Eva, si tu veux...
- Speaker #1
Il y a beaucoup de choses à faire, mais... Puis là, tu vois, typiquement à la CPL de Bayonne, il y a aussi un gros renouvellement des enseignants, et...
- Speaker #0
Je voulais pas trop le dire...
- Speaker #1
Non, mais c'est pas... Moi je dis pas contre des gens, c'est pas négatif, c'est pour dire que c'est chouette aussi quand... Quand il y a des nouvelles personnes qui arrivent, avec de l'énergie, du dynamisme, tu vois... Et je pense que si vous écoutez ce podcast, c'est que vous avez envie ! d'enseigner, allez-y parce que nous, je trouve que c'est trop chouette d'avoir des enseignants qui...
- Speaker #0
C'est de là que viendra le changement.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Je vais me chauffer.
- Speaker #1
Bah ouais, franchement.
- Speaker #0
On verra. De quoi on n'a pas parlé qui te tient à cœur ?
- Speaker #1
De quoi on n'a pas parlé qui me tient à cœur ? J'avais fait un stage avant de m'installer. En fait, je me suis installée au bout d'à peu près deux ans, je pense, post-internat. J'avais prévu de m'installer plus tard parce que je voulais faire vraiment plein de choses différentes avant de m'installer. Et j'avais bossé un petit peu en clinique psy, tu sais, médecin somaticien, tout le monde dit, je crois. Et ça, ça avait été aussi pas mal d'enseignements sur le côté, tu peux dire, c'est plutôt tranquille, tu fais les entrées des patients, tu check un petit peu le côté médical. Et si besoin, ils peuvent te consulter s'ils ont une douleur ou un truc au cours de l'hospite. Et en fait, ça m'a rendu hyper humble sur le fait que les présentations cliniques des patients psy peuvent être complètement atypiques. Moi, typiquement, j'avais une patiente qui était venue me voir, elle avait vaguement mal au ventre, elle était en phase hyper up de sa bipolarité. J'avais fait une bio un peu sans trop y croire, mais si ça avait été une personne, j'aurais pas fait de bio en temps normal. Elle avait 300 de CRP, et elle était en train de faire une cholecystite. Et vraiment, ça m'a rendu hyper humble sur le fait de, waouh, les tableaux cliniques peuvent être si...
- Speaker #0
C'est une vraie médecine particulière de... Ouais,
- Speaker #1
de fou.
- Speaker #0
J'embrasse... Inès, qui est médecin somaticienne dans une clinique psy, qui a kiffé ça. Elle a fait ça pendant un stage de sa SPAS, je crois. Et qui ne voit que par ça maintenant, puisqu'elle a vraiment kiffé travailler avec les psychiatres et être leur somaticien. Et apparemment, l'interaction est ouf. Et puis, tous ces psychotropes qui... qui bouleverse les présentations cliniques. Ah oui, oui. Très cool.
- Speaker #1
Puis tu peux être hospitalisé en psy et avoir fait un infarct quelques mois avant. Donc non, ça c'était chouette. C'était pour dire un petit peu, j'avais bossé un peu au centre d'examen de santé de la CPM. Je ne sais pas si tu vois ce rez-de-chaussée de la CPM. C'est un centre essentiellement pour les populations précaires où il y a aussi pas mal de réfugiés, etc. Et tu as le temps, c'est quand même chouette. Et tu peux faire un bilan. Un ECG, bilan bio, analyse d'urine, puis un test audio, visuel. Il y a aussi, tu peux faire examen dentaire, gynéco. C'est assez large. Et là-bas, c'est là-bas où ça m'a aidé à vachement dédiaboliser de poser des questions sur la sexualité, sur les violences, tout ça. Parce qu'ils ont un questionnaire à remplir, mais immense. Et après, tu reprends le questionnaire et tu regardes avec eux le questionnaire pour voir ça avec eux. Et du coup, tu as toutes les questions sur les addictions, les questions de sexualité, de violence, de tout ça. et donc tu te dis pas comment je vais faire pour poser cette question tu sais que tu vas devoir la poser pas mal de fois chaque jour et à force ça devient exactement tu l'intègres et en plus tu as des réponses en face de personnes qui ont des parcours migratoires avec de la violence etc donc tu t'apprends aussi à recevoir des réponses positives et finalement ça m'a vachement aidé aussi pour mon parcours après de dédiaboliser ces questions là et que c'est ok de déposer, c'est ok d'avoir des réponses positives
- Speaker #0
Tu parlais de questions brise-glaces tout à l'heure dans l'épisode avec Damien Masqueray, c'est ce qu'on évoquait aussi, la nécessité d'avoir dans sa poche une question assez maîtrisée et dont on sait qu'elle ne mettra pas mal à l'aise les gens, mais qui permettra d'ouvrir pour autant une porte. Les gens rentrent ou pas, mais il faut des questions brise-glaces sur des sujets sensibles comme la sexualité ou comme les violences. Tu poses la question comment toi par exemple ?
- Speaker #1
Moi typiquement pour les violences, peut-être que ça peut étonner, mais à chaque nouvelle consulte, à chaque nouveau patient je veux dire, quand je prends les antécédents médicaux, chirurgicaux, blablabla, je pose la question des addictions aussi, donc je liste les addictions et j'essaie aussi de demander les addictions comportementales. Et une fois qu'on a fini les addictions, je dis, il y a aussi une question que je pose à tous mes nouveaux patients, est-ce que dans votre vie vous auriez vécu des situations qui se seraient apparentées à de la violence ? Merci. Oui, je peux avoir des réponses positives. Et souvent, quand c'est des réponses positives, je leur dis, vous n'êtes pas obligé de rentrer dans le détail avec moi. C'est juste, est-ce que vous avez pu avoir un suivi par rapport à ça ? Est-ce que c'est encore actuel ? Parce que c'est ça aussi le sujet. Est-ce que c'est quelque chose de déjà longtemps ou est-ce que c'est encore actuel ? Est-ce que c'est quelque chose avec lequel vous êtes OK ? Moi, mon but, c'est de savoir, est-ce qu'il y a une urgence à traiter ? Est-ce qu'il y a un suivi psy à mettre en place ? Est-ce qu'il faut adresser à l'UVI ? l'hôpital de Bayonne. Et si on me dit non, souvent je rappelle que les violences peuvent être physiques, verbales, sexuelles, administratives, psychologiques, c'est très large. Et que si jamais, si besoin, ici c'est un endroit où on peut en parler.
- Speaker #0
Tu crées la pièce quoi.
- Speaker #1
Je me dis en fait, ils m'identifient comme personne, ressource, si besoin. Et déjà c'est énorme.
- Speaker #0
C'est énorme. C'est même unique peut-être dans leur vie. Donc c'est une question incroyable. Julie, merci. Est-ce qu'il y a un truc à rajouter ? Je ne sais pas, moi, tu es passionné de mille choses. Mais moi,
- Speaker #1
je peux parler encore trois heures.
- Speaker #0
Mais vas-y, s'il y a une passion dont on n'a pas parlé, parce que c'est hyper important. Au final, pour parler du curseur de ton investissement en médecine, comme je le disais en début d'épisode, finalement, ton principe de vie, ça serait régalez-vous à côté. pour mieux revenir en médecine et faire du bon travail.
- Speaker #1
C'est pas ouf,
- Speaker #0
ma façon de le formuler.
- Speaker #1
On a l'idée. En tout cas, autorisez-vous à ce qui vous fait plaisir. Mais tu vois, mon ancienne interne, Manon, que j'embrasse aussi, qui était super.
- Speaker #0
On a embrassé beaucoup de monde.
- Speaker #1
On embrasse de l'homme. Au début, elle me voyait poser la question des violences et ça lui paraissait un peu insurmontable. Et au fur et à mesure du semestre, elle-même, elle s'est mise à l'eau pour se poser cette question-là. Et j'en ai fait un épisode de podcast, d'ailleurs, là-dessus, parce que je trouvais ça très beau. Et bref, même pour moi, c'était très enrichissant aussi de voir ce processus-là. Et à la fin du stage, je lui avais envoyé un message pour lui dire que, voilà, je lui avais déjà dit, mais encore merci, c'était vraiment un super semestre. C'était trop chouette de t'avoir comme interne. Et je te souhaite de t'autoriser à faire tout ce qui te fait plaisir. On revient dans... Et elle, elle m'a répondu, ma merci. Et en tout cas, merci de m'avoir montré que la médecine, ça pouvait ne pas... représenter l'intégralité de ce qui va constituer ma vie. Moi j'étais là « mais si j'ai pu lui apporter presque ça ! » Déjà c'est énorme. D'accord,
- Speaker #0
mais c'est vrai, c'est... Alors le podcast il vient pas de donner la parole... qu'à ceux qui ont des choses extra-médicales, parce que moi je suis totalement ok avec les gens qui donnent tout, parce que si c'est une passion, c'est une passion, et si c'est des full médecine, allons-y aussi, et je suis prêt à t'écouter, mais en revanche, je crois que le truc va plutôt vers la culpabilisation des gens qui ne sont pas full médecine, plus que ceux qui font full médecine, donc c'est pour ça que ça fait toujours plaisir de parler de ceux qui ont des passions extra-hospitalaires, et qui surtout le vivent bien, parce que parfois... Comment je le disais tout au long de l'épisode, on peut avoir des remords ou être culpabilisé de voir que la société a besoin de nous, alors que nous, on est en train d'enregistrer un podcast,
- Speaker #1
par exemple. Oui, mais je pense que la société, elle a besoin de médecins qui vont bien, tu vois. Et c'est ça, surtout, à mon avis. Et pour remondir encore, je ne sais pas à quoi je parle, sur le centre d'examen de santé de la CPM, il y a une médecin fantastique qui s'appelle le docteur Dupéroux qui est là-bas. Et moi, j'avais fait un CDD, c'était assez court, finalement, le temps où j'y étais. En plus, j'étais au début de ma grossesse, enfin bref. Et au cours de ce CDD, moi, j'ai perdu mon oncle. Et mon oncle, j'étais très proche de lui, il est décédé dans un accident. Il était prof à la fac à Lille, il était chef de service d'hématose. Et pour le coup, médecin passionné et fantastique pédagogue incroyable. Et j'étais très mal parce que moi, il est décédé. Donc après l'enterrement, c'était dans le nord de la France. Et j'avais dit du coup à Béatrice, ma chef, voilà, moi, j'ai très envie d'aller avec ma famille. et d'être là pour lui, etc. Et en même temps, mon planning est plein pour la semaine prochaine. Je suis en CDD et je ne veux pas planter les gens parce que j'ai une grande conscience professionnelle, etc. Et elle m'avait dit des mots que tu te souviens de où tu es, ce que tu faisais, etc. Là, c'est vraiment ça. Je me souviens qu'elle m'avait dit, moi, j'ai passé beaucoup d'années en libéral à faire passer mon travail avant ma vie perso. Et du coup, les deuils sont beaucoup plus difficiles à faire après quand tu ne prends pas le temps. Donc là, vraiment, c'est secondaire qu'on travaille. Là, ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est que tu sois avec ta famille, que tu prennes le temps nécessaire. Vraiment, il n'y a aucun souci. Et ça m'avait fait un énorme câlin, ça m'avait fait trop du bien. Et il y a des gens comme ça où tu dis, mais moi, je redirais ce discours si besoin à d'autres. Et c'était très beau à entendre.
- Speaker #0
Julie, merci beaucoup. Merci. Pour tenir de faire ce qu'on kiffe dans la vie, de faire des câlins aux gens et de ne pas forcément faire passer la médecine en premier. En tout cas, pour bien la pratiquer, il faut kiffer à côté. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci Maxime.
- Speaker #0
Et puis à bientôt pour de nouveaux épisodes. Salut. Salut. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.