- Speaker #0
C'est un métier difficile, mais si tu fais plus de la préparation à la gestion du stress plutôt que de mettre le stress sur les gens, je pense qu'on avancera. Et une préparation psychologique aussi serait intéressante, ce qui n'existe absolument pas dans les études médicales. Et pourtant, ça serait essentiel. Mes études aussi à Sciences Po m'ont permis de prendre du recul sur ça. On a une société aujourd'hui qui est laïque, mais justement, le médecin est devenu le prêtre laïque. C'est-à-dire qu'on nous raconte tout. On sait tout. On est le premier rempart en tant que médecin généraliste. Je suis souvent au-delà de ce que je devrais faire pour les patients, mais c'est aussi pour ça que j'ai choisi ce métier. À un moment, on n'est plus femme, on n'est plus mère et on n'est que docteur. Non, on restera toujours cette trilogie pour moi. Il y a une volonté. de valoriser ce territoire qui est juste extraordinaire, qui n'est pas d'ailleurs le mien, puisque moi, je suis née au bord de la Méditerranée, et pourtant, je reste dans le Beaucluse. Je voudrais bien la reprendre.
- Speaker #1
Sixième ou septième quatrième, je ne sais pas. Bienvenue dans Médecins qui es-tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel, et leurs passions. en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui es-tu, un épisode que l'on réalise dans le département du Vaucluse, un département incroyable, je viens d'arriver, il y a des cigales partout. On fait ça avec docteur Virginie Issautier. Bonjour Virginie.
- Speaker #0
Bonjour Maxime.
- Speaker #1
On est tout simplement dans ton château.
- Speaker #0
On peut dire ça.
- Speaker #1
C'est improbable. On va discuter de plein de choses de ton parcours, du cursus, de tes choix de carrière, de tes choix de vie. Mais est-ce que tu peux nous dire deux secondes, un petit mot sur ce château incroyable ? On est au château du Martinet.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. C'est une découverte fortuite, on va dire. Quand j'avais envie de changer un petit peu d'horizon suite au Covid et aux difficultés que ça a engendré, j'ai fait une petite recherche dans le Vaucluse parce que je suis tombée à moins du département et ce château est apparu comme une évidence sur le projet. projet que j'avais de mener à la fois ma vie de femme, de mère et de docteur. Et j'avoue que c'est un défi au quotidien. Il y a des bonnes surprises, des mauvaises surprises.
- Speaker #1
C'est un projet de rénovation depuis toujours ?
- Speaker #0
J'ai toujours été passionnée d'histoire et d'antiquité. Mais je venais d'un milieu où on ne fréquentait pas forcément ce genre d'exposition, de musée. Et en fait, J'avais une appétence pour le Second Empire et j'avoue que la plus grande partie du château a été construite, il a été reconstruit à cette époque. Donc c'est un vrai bonheur de chercher avec les vrais artistes que j'ai pu rencontrer ici, notamment le peintre Mathias Bourin qui cherche toujours les couleurs en accord avec. le style Napoléon III, pour découvrir ce qu'il y a en dessous des tapisseries. C'est un vrai bonheur.
- Speaker #1
Ça mériterait d'y passer un épisode entier, parce qu'il y a des œuvres et des richesses incroyables.
- Speaker #0
Oui, et je pense que je ne suis pas au bout de mes surprises.
- Speaker #1
Incroyable. Du coup, l'année de construction à peu près ?
- Speaker #0
Alors, l'histoire du château, apparemment, c'était une forge des papes. Ça a été un moulin, on peut voir dans le jardin encore la roue qui écrasait le grain. Après, il y a une partie, apparemment la partie la plus ancienne, et la tour de gauche, qui était à peu près de l'époque Louis XIV. Et il a été reconstruit, second empire, en parallèle, en essayant de respecter le style, mais on voit bien que les deux tours ne sont pas symétriques.
- Speaker #1
Incroyable, on va peut-être en discuter après quand ça arrivera dans ton parcours. Je suis arrivé hier dans les départements du Vaucluse, j'arrive, hop, je passe Châteauneuf-du-Pape, ensuite je tombe sur le Mont Ventoux, des cigales qui font le bruit de fou assourdissant, on était à l'extérieur, elles sont tellement nombreuses qu'on s'est mis à l'intérieur, vraiment le soleil au rendez-vous. Je remercie l'équipe de Vaucluse Santé Attractivité, Stéphanie, Charlotte, travail incroyable, merci beaucoup. où il y a un site qui décrit et qui... parle des internes, c'est assez rare, parce qu'il y a un onglet interne sur le site Vaucluse Santé Attractivité, et c'est assez rare pour le souligner, qui décrit ce dont l'interne a droit sur le département, en fonction de certaines villes, etc., les conditions d'accueil. Donc bravo, c'est rare, ça n'existe, je pense, pas trop ailleurs, donc merci beaucoup pour tout le monde. Où est-ce que commence la médecine dans ton parcours ? À quel moment tu penses médecine ?
- Speaker #0
Après le bac ?
- Speaker #1
Avant le bac, est-ce que tu as...
- Speaker #0
Non, pas du tout. J'ai un grand frère qui était déjà dans ces études-là, mais on est issus d'une famille de pêcheurs, c'est toi. Donc, pas du tout d'études à la fac dans notre famille. Et j'avoue que ce n'était pas forcément ce à quoi je me prédestinais. Moi, je rêvais d'être ambassadeur de France aux Etats-Unis, petite. Et de faire des études de diplomatie. Donc, effectivement, après le bac, j'étais censée passer le concours de sciences politiques. Et je ne sais pas ce qui s'est passé. Peut-être un changement de destin. J'en sais rien, justement, de parcours, en tout cas.
- Speaker #1
Un emploi familial médical ou pas du tout ?
- Speaker #0
Mon frère était étudiant en médecine, mais pas du tout. Non, non, pas du tout.
- Speaker #1
En tout cas, il avait déjà mis les pieds dans le cursus.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Et puis bon, c'est vrai que la famille souhaitait que je fasse ces études-là, que je suive le parcours de mon frère. Moi, j'étais plus histoire, alors effectivement scientifique, mais j'avais cette appétence pour les langues, l'étranger, et partager les différentes civilisations. Bon, il s'avère que l'été après le bac, J'ai... J'ai eu cette révélation, on va dire, comme il y en aura beaucoup dans ma vie. Mais je fais toujours confiance en mon instinct, en mon instinct. Et je me laisse porter un petit peu. Donc là, fac de médecine de Montpellier. Et puis, c'est parti. Alors, j'avoue que c'est un peu compliqué parce que j'ai eu du mal à passer la première année. Et j'ai coupé trois poids. Oui, parce que je suis la première recalée de la deuxième première année. C'est d'une violence extrême. Ce sont des études qui m'ont beaucoup posé de problèmes dans le sens... Je pense que la violence de ces études n'est pas justifiée. Voilà, donc au niveau humain... Ce sont quand même des études d'abnégation, mais aussi de beaucoup d'efforts par rapport à une hiérarchie qui n'est peut-être pas forcément toujours bienveillante.
- Speaker #1
Tu penses que la difficulté ne sert à rien au futur métier ? Elle n'a aucun intérêt par rapport à ce qu'on fera plus tard ?
- Speaker #0
En tout cas, elle ne sert à rien dans la... L'apprentissage. Dans l'apprentissage des notions essentielles de la médecine, qui sont quand même l'humanité, la bienveillance. Je pense que ça mériterait d'être, oui, effectivement revu et se concentrer peut-être plus sur le contenu que sur la forme, qui est, je pense, trop violente. Alors certes, c'est un exercice violent et on apprend tous les jours, encore aujourd'hui, des choses terribles. On est confronté à la violence du... du quotidien, parfois des viols, des suicides, à la mort tout simplement. Mais je ne pense pas que ce soit... Il y a déjà assez de stress. Je ne pense pas que ce soit comme ça qu'on y arrive.
- Speaker #1
Est-ce que c'est l'un des arguments de ceux qui prennent le concours et la difficulté qu'il faut passer par ces étapes de sélection parce que le cursus est compliqué, la profession est compliquée ? et que le concours de première année forge à la difficulté du métier, est-ce que tu y trouves un sens ?
- Speaker #0
Alors pas du tout, parce qu'à 18 ans, déjà, ça te développe des troubles anxieux sévères. Moi, j'ai eu pendant mes études des collègues qui se sont suicidés. C'est un drame. On n'est pas obligé de répondre au stress par le stress. D'accord ? Ce n'est pas parce qu'on va nous mettre sous pression qu'on va être meilleur devant une situation... Voilà. Donc, je pense qu'on sait que la profession médicale est touchée par les suicides, les consommations de stupéfiants, d'alcool, de...
- Speaker #1
D'internes tous les 15 jours.
- Speaker #0
D'internes. Et après, on a eu des suicides, nous, dans la profession, après, quand on a exercé. C'est un métier difficile, mais si tu... Merci. fait plus de la préparation à la gestion du stress plutôt que de mettre le stress sur les gens, je pense qu'on avancera. Et une préparation psychologique aussi serait intéressante, ce qui n'existe absolument pas dans les études médicales. Et pourtant, ça serait essentiel.
- Speaker #1
On en a discuté un petit peu en off, donc il y a les admis, mais aussi être recalé d'une difficulté comme celle-là, après avoir donné tout à un concours, ça fait aussi des ravages énormes.
- Speaker #0
Psychologiquement, oui, je le vis personnellement, puisque ma fille qui a, depuis plusieurs années, émis la volonté de suivre le même parcours que moi, donc devenir médecin, s'est heurtée cette année au concours de première année. elle n'a pas... pas passé, la première épreuve a été passée, mais elle avait lâché avant. Elle m'a demandé la veille du concours si elle pouvait arrêter. Parce que c'est une gamine qui avait toujours tout réussi, qui avait un an d'avance, qui était brillante, qui est brillante, mais qui s'est heurtée.
- Speaker #1
Comment ça dire, qui était brillante ? C'est vrai que la centrale du concours fait le pépinaire. En fait,
- Speaker #0
tout à fait. C'est qu'aujourd'hui, elle n'a plus du tout confiance en elle. Elle considère qu'elle a échoué, que c'est... qu'elle ne vaut rien. Et en fait, ce n'est pas du tout ça. C'est juste que, personnellement, je pense que ce n'est pas comme ça qu'on doit sélectionner les futurs médecins, puisque de toute façon, nous ne sommes pas des machines. Et encore une fois, si les patients au quotidien nous disent « Ah, j'ai vu un tel médecin, il ne m'a pas adressé la parole, il m'a dit qu'ici je n'étais rien, que j'étais que son patient » , ça, on est très très loin du métier humaniste que j'ai choisi moi au départ.
- Speaker #1
Tu passes ce concours, toi, du coup, l'externat derrière, comment ça se déroule ? Parce qu'il y a quand même une petite fibre artistique, littéraire qui a été mise de côté, parce qu'on est quand même full science à fond, médecine, il y a la place à pas grand-chose. Est-ce que tu as réussi à placer quand même cette part de toi artistique, je ne sais quel terme employer, pendant les six premières années ?
- Speaker #0
Alors, à ce moment-là, une fois que le concours est passé, Ce n'est pas trop la fibre artistique qui va émerger, mais peut-être la fibre maternelle. C'est-à-dire qu'une fois que le concours est passé, peu de temps après, je rencontre celui qui sera le père de mes enfants. Et j'avoue que fonder une famille, c'était très important pour moi, même plus important que d'être médecin. Et c'est ce qui va être, justement, dans ma jeune carrière, tout ce qui va poser problème. c'est-à-dire Léa. Les fêtes de l'école, les gardes, la nuit, la fièvre à gérer, la petite qui est malade. Mais toi, tu es dans un internat ailleurs. Ça sera compliqué. Mais à ce moment-là, oui, pendant les études. Donc, c'est la construction de ma famille.
- Speaker #1
De l'externat ou de l'internat ?
- Speaker #0
De l'externat. On s'est fiancés juste après la fin de l'externat. Et j'ai suivi, du coup, pendant mon internat, j'ai suivi le père de mes enfants qui n'était pas médecin. Et je suis allée faire mon internat à Clermont-Ferrand. Ok.
- Speaker #1
On revient juste sur les six premières années. Est-ce que tu avais envie d'un enfant, d'enfant au cours des six premières années et le cursus et l'organisation et l'énergie que ça prenait ne t'a pas laissé la place ? Parce qu'il y a quand même beaucoup de choix de vie personnelle qui sont impactés par ces études.
- Speaker #0
Tout à fait. Après, je pense que ça n'était pas un sujet avant d'être interne. Donc, pas dans l'externe, non. par contre c'est vrai que je trouve que Ces études qui sont très, très longues font qu'on n'est pas forcément très mature.
- Speaker #1
On le dit souvent, c'est infantilisant. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Et au niveau familial, je n'étais pas du tout prête. Alors, je rêvais bien sûr de me marier, d'avoir des enfants, mais je n'étais pas du tout prête. Et puis financièrement, tu ne peux pas te le permettre. Déjà, quand tu es interne, c'est compliqué. J'ai eu ma fille pendant mon internat à Clermont-Ferrand. mais c'est vrai qu'on n'est pas du tout Prêt à la vie normale, parce qu'on a toujours été à travailler, à travailler, à travailler. Des études, on n'est pas trop sortis, on n'est pas confrontés au travail, chercher un petit boulot. Ou alors, si vraiment c'est l'été, quand on a deux mois et encore quand on les a, parce qu'on est vite externe à l'hôpital.
- Speaker #1
C'est pas du tout l'étudiant qui persiste jusqu'à 26, 27, 28 ans. Oui. Même plus, même. Tout à fait. Quand on est interne, on est encore chapeauté, seniorisé, les chefs. Et quand tu compares aux potes du même âge, qui ont un prêt installé.
- Speaker #0
Et que tu as gardé parce que des fois, tu les perds. Parce que tu es complètement en décalage avec ceux qui vivent eux.
- Speaker #1
Tu perds du monde.
- Speaker #0
Tu perds du monde.
- Speaker #1
Tu choisis médecine générale pour l'internat.
- Speaker #0
Alors en fait...
- Speaker #1
C'est quel format de l'internat à ton moment ?
- Speaker #0
Je sais dès la troisième, quatrième année que ce ne sera pas une spécialité. Bon, je rêvais de gynéco, de pédiatrie, mais en fait, je comprends vite que l'hôpital, ce n'est pas fait pour moi. Et surtout, J'ai besoin de ce côté réflexion, analyse. Et surtout, je rêvais d'être un médecin de famille à l'ancienne.
- Speaker #1
Ça veut dire quoi l'ancienne ?
- Speaker #0
Proche des gens, qui suit les patients de la naissance à la mort. Et puis intégrée dans le village, dans le quartier pour les grandes villes.
- Speaker #1
Donc tu finis l'internat. Là, tu es à Viulès. C'est quoi ton organisation actuelle sur le plan professionnel ?
- Speaker #0
Alors, je finis mon internat. Le père de mes enfants est muté dans le Vaucluse. Donc je suis. Et j'arrive un peu, ça y est, maintenant on est dans le grand bain, je suis interne, je suis taisée, il faut travailler. Donc je prends le beau temps et puis j'appelle tous les médecins pour savoir s'ils ont besoin de remplaçants. C'était en 2008.
- Speaker #1
Déjà déficitaire en fait, c'était déjà compliqué sur le plan démographique.
- Speaker #0
Oui, mais il n'y a qu'un seul cabinet qui dit ok. Donc un cabinet de quatre hommes où je commence à faire des remplaçants, puis après une collaboration. Il s'avère qu'ils ont été happés par les sirènes de la zone franche, donc il n'y avait plus trop de place pour moi. Sauf que j'attendais mon deuxième enfant qui, lui, va naître dans le Vaucluse.
- Speaker #1
Le premier, tu m'as dit quelle année d'internat ? Première enfant ?
- Speaker #0
Alors, 2008, avant de passer ma thèse, j'ai eu les contractions, j'étais en train de rédiger la conclusion.
- Speaker #1
Fin d'internat, quoi.
- Speaker #0
Ouais, fin d'internat. Ok.
- Speaker #1
Et donc, comment ça se passe quand tu arrives dans le Beaucluse, finalement ?
- Speaker #0
Donc, en fait, la collaboration, on ne va pas donner suite et je dois me lancer. Donc, je suis enceinte jusqu'aux yeux et je dois me lancer toute seule. Mais grâce au quartier qui m'avait déjà adoptée et cette communauté particulière, qui est la communauté Gitane sur Avignon, dont je suis... Un des médecins. Ok. Il m'avait adoptée pour mon côté, ben, maman. Et puis, je pose ma plaque. Et puis, je me lance. Je n'ai pas le choix. Ok.
- Speaker #1
Cabine seule ?
- Speaker #0
Ah oui, oui. Ah oui. Je pose la plaque. Je rentre de congé mater. Et puis, c'est parti. Et puis, on travaille. Et puis, je pense que quand on fait de son mieux, quand on écoute les gens, les gens savent vite qu'il faut... Ils ont une écoute et ils savent qu'ils sont en confiance rapidement. Et après, ça fait boule de neige.
- Speaker #1
Là, c'est Avignon.
- Speaker #0
C'est Avignon.
- Speaker #1
Et tu pars pour combien de temps dans cette configuration ?
- Speaker #0
En fait, c'était parti pour rester comme ça. Et puis finalement, une fois que les petits sont scolarisés tous les deux, au bout de trois ans, je me dis, mais quand même, j'aurais bien fait Sciences Po. Et donc, comme chaque fois, je prends Internet et je m'aperçois qu'il y a une formation continue à Aix-en-Provence pour le vendredi et le samedi. Et là, comme j'avais toujours suivi le père de mes enfants, je lui dis voilà, j'aimerais bien faire quelque chose pour moi maintenant et j'aimerais reprendre mes études. Il me dit mais comment tu vas faire ? Je lui dis je vais travailler du lundi au jeudi soir, vendredi, samedi, j'irai à Sciences Po et dimanche... On prend les lessives, les enfants, les devoirs et puis voilà.
- Speaker #1
Sciences Po, c'est organisé comment ? C'est quoi le coup ?
- Speaker #0
En fait, c'est un Master 2. Donc, j'ai passé le concours pour entrer directement en Master parce que j'avais déjà un doctorat. Donc, j'ai fait une remise à niveau littéraire. Un concours d'entrée. Et puis deux ans.
- Speaker #1
Parce que là, tu dis ça très, très rapidement. Ça veut dire quoi, une remise à niveau littéraire ? C'est quoi le boulot ? Parce qu'il y a le cabinet à côté.
- Speaker #0
Voilà, j'ai découvert le droit. J'ai découvert les sciences économiques.
- Speaker #1
Donc, tu te dis, je vais faire Sciences Po. Oui. Mais avec quel objectif ? Est-ce que tu as... Un rêve ou un homme de petit, soit plus longtemps ?
- Speaker #0
Pas du tout, pas du tout de changer de métier. Mais je trouve que mes études de médecine ont été un peu sclérosantes au niveau culture générale. Je vois que j'ai des gamins qui s'intéressent à beaucoup de choses et je n'ai pas forcément les réponses. Et je me dis non, non, il faut que tu sois au niveau, va te cultiver ma chérie, vas-y maintenant, il faut que tu fasses autre chose que de la médecine.
- Speaker #1
C'est un objectif professionnel, c'est un objectif de culture générale.
- Speaker #0
Oui, épanouissement personnel aussi. C'était ce que je voulais faire à 18 ans. Je n'ai pas eu le courage d'aller passer le concours à 18 ans parce que je pense que je n'avais pas le niveau. Et là, je me dis, bon, maintenant, tu y vas.
- Speaker #1
OK. Attends, parce qu'on est allé trop vite. Du coup, tu commences Sciences Po.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Quel rythme, quelle organisation ? Tu dis que c'est le week-end ?
- Speaker #0
En fait, du lundi au jeudi soir, je travaille plein pot en récupérant les enfants à l'école parce qu'en fait, je fais des journées continues pour voir le plus de patients possible, de 8h à 4h30 non-stop. Je récupère les enfants à l'école, on rentre à la maison, les devoirs, la vie d'une femme. Et le vendredi matin, je les dépose à l'école très très tôt ou leur père les dépose à l'école et je pars avec Saint-Provence.
- Speaker #1
Pour des cours présentiels ?
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Ok, et t'as quel âge à ce moment-là ?
- Speaker #0
33.
- Speaker #1
Donc tu te retrouves sur des bancs de la fac ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Des cours magistraux ? Ce sont des cours magistraux.
- Speaker #0
Alors, c'est pas grand, c'était passionnant. J'ai adoré ces cours-là.
- Speaker #1
C'est quoi le contenu à peu près, grossièrement ?
- Speaker #0
Alors, il y avait du droit administratif, du droit constitutionnel, de la culture générale, des sciences économiques.
- Speaker #1
T'opposais des études médicales, quoi.
- Speaker #0
Tout à fait. Tout le reste, en fait. Tout le reste. Et de l'anglais. J'ai adoré.
- Speaker #1
T'as adoré, c'était dur, t'as remis en question cette folie ou c'est resté ancré ?
- Speaker #0
Ça va me coûter mon mariage, mais je pense que ça a été le révélateur. Ça a été un moment charnière dans ma vie, il y a eu beaucoup de changements de direction, comme on me disait tout à l'heure. Et celui-là, ça va être le plus important parce qu'en plus, pendant mes études, les deux années de Sciences Po, je perds ma maman, qui était un des piliers de ma vie. Et je divorce en même temps et je me heurte au problème d'une femme seule qui doit lever ses gamins et qui doit travailler et qui doit gagner de l'argent, mais qui est en plein milieu de ses études. Et je me dis de toute façon, tillez, tillez quoi.
- Speaker #1
Il y a moyen de tout. de t'envoyer valser parce que trop de difficultés ?
- Speaker #0
Oui, mais je pense que ce n'est pas mon tempérament de laisser tomber les choses, elles arrivent parce qu'elles doivent arriver et puis tu les affrontes ou pas. Moi, j'affronte. Je ne te dis pas que ça a été la meilleure période de ma vie, ça a été très compliqué. Mais on a fait front avec les deux gamins et on... On avance, et encore aujourd'hui, dans la vie, la vie, ce n'est que difficulté. Ce ne sont que des combats quotidiens, donc un de plus, un de moins. Allons-y.
- Speaker #1
C'est sanctionné par des exams ou des choses comme ça ? Oui,
- Speaker #0
tout à fait. La première année, c'était des écrits, il y avait une mini-mémoire. Et la deuxième année, il y avait un gros mémoire à remettre et un grand toit.
- Speaker #1
Ok. Et tu sors de là avec un master Sciences Po ?
- Speaker #0
Master de sciences politiques.
- Speaker #1
Master de sciences politiques. Bon, t'en fais quoi ? C'est pas la bonne question, parce que c'est de la culture générale, et ça t'a enrichi de manière innommable. Mais t'arrêtes là, ou tu en fais quelque chose d'autre de ce...
- Speaker #0
Au quotidien, quand tu écoutes la radio, que ce soit sur les conflits israéliens-palestiniens, que ce soit sur l'Ukraine, tu as des clés ?
- Speaker #1
dans une démonstration perso culture G.
- Speaker #0
Il n'y a rien à voir avec...
- Speaker #1
Tu n'as jamais envisagé quoi que ce soit, du journalisme ?
- Speaker #0
Non, parce que autant... Je dis toujours que j'ai détesté mes études de médecine, mais j'adore mon métier. Je n'en changerai pas.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis.
- Speaker #0
Autant j'ai adoré les études de sciences politiques, mais je ne ferai jamais de métier en rapport parce qu'il y a la théorie et la pratique. Ce ne sont que des études de théorie. et très très loin de la pratique à l'inverse de Mathilde,
- Speaker #1
on fait beaucoup de théories et c'est qu'après que tu rencontres véritablement l'humain la vraie vie et puis j'avais en face de moi des pontes de droits,
- Speaker #0
de droits qu'on se tite et en fait qui essayaient de m'apprendre la vie mais des livres, et la vie dans les livres c'est pas la vie,
- Speaker #1
la vraie vie tu finis Sciences Po et là t'es encore à Avignon Le cabinet est organisé à Avignon, comme on a dit tout à l'heure.
- Speaker #0
Tout à fait, et puis il y a le Covid qui arrive.
- Speaker #1
Ok, et donc ?
- Speaker #0
Et là, nouvelle étape, nous sommes seuls avec deux gamins. Le papa ne veut pas les garder, parce que comme je suis médecin généraliste, ils sont peut-être porteurs sains. Donc j'ai un gamin qui est en SEM1, une gamine qui est en quatrième, et ils vont devoir apprendre à vivre seuls à la maison.
- Speaker #1
Oui, parce que beaucoup de taf pour toi.
- Speaker #0
Je pars le matin, je rentre le soir. Et puis même si je rentre à 19h, je vais direct dans la chambre. Je ne mange pas, je me couche, je suis épuisée. Donc ils ont appris. Alors c'est encore aujourd'hui une grande culpabilité. Même si ma grande me dit, c'était la meilleure période de notre vie. Parce qu'on était seul, on fait ce qu'on voulait. Bon voilà, moi c'est quelque chose que je porte encore. Comme un fardeau, parce que j'ai eu l'impression que je les ai abandonnés. Alors, j'en ai beaucoup voulu à ces médecins qui disaient « Oh, mais moi, je suis vieux, j'ai un facteur de risque, alors je vais faire mon cabinet. » Non, moi, j'aurais pu dire « Je suis maman, j'ai deux enfants seuls à la maison. » Non, c'est un sacerdoce, la médecine. Tu te lèves le matin parce que tu sais que tu dois aller soigner les gens. Et même quand tu es malade, tu te lèves parce que tu sais qu'il y en a 30, 40 qui t'attendent et qu'eux aussi sont malades.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis parce qu'on a fait un épisode sur la loi Garraud et sur notre place au sein de la société. Est-ce qu'on a touché du doigt ? Est-ce qu'on touche du doigt dès le début des études ou plus tard ou jamais ? Notre rôle sociétal, notre responsabilité un petit peu auprès de la population. Clairement, pour toi, tu as un métier qui est d'aider. tes compatriotes, entre guillemets, où il y a ce rôle fort en toi d'être...
- Speaker #0
Oui, évidemment. Alors, dans la place du médecin, dans la société, clairement, mes études aussi à Sciences Po m'ont permis de prendre du recul sur ça. On a une société aujourd'hui qui est laïque, mais justement, le médecin est devenu le prêtre laïque. C'est-à-dire qu'on nous raconte tout, on sait tout. On est le premier rempart en tant que médecin généraliste. et Je suis souvent au-delà de ce que je devrais faire pour les patients, mais c'est aussi pour ça que j'ai choisi ce métier. C'est pour aider et être là quand il faut. Je ne me voyais pas rester à la maison pour le Covid. C'était inenvisageable.
- Speaker #1
C'est dur parfois, la dualité mère et médecin ?
- Speaker #0
Oui, tout le choix.
- Speaker #1
Tout le choix. Merci.
- Speaker #0
Quand je rentre, je suis souvent fatiguée et les enfants, je suis peut-être plus irritable. Et j'ai peut-être, surtout sur le deuxième enfant, sur mon fils, où il a été plus lâché, on va dire, au niveau des devoirs. Bon, ça ne l'a pas empêché de réussir bien sa scolarité, mais on n'a pas forcément la même énergie quand on rentre.
- Speaker #1
La disponibilité.
- Speaker #0
Oui, la disponibilité.
- Speaker #1
Et quand est-ce qu'il arrive ce château dans son imaginaire et dans le projet ?
- Speaker #0
Après le Covid. Après le Covid, pour garder mes enfants, pour ne pas qu'ils aient peur dans la maison, j'avais pris un chien. Alors que j'avais peur des chiens. Donc j'ai pris un chien. Sauf que, comme beaucoup, après le Covid, il y en a qui s'en sont débarrassés. Non, pas moi. Moi, j'en ai acheté un deuxième et puis j'ai pu faire des bébés. Maintenant, je suis éleveur de chiens. Oui, oui, tout à fait. Et en fait, ils font partie de la famille. Et du coup, je me dis quand même... laisser les chiens toute la journée, c'est pas cool. J'aimerais bien avoir un cabinet où je vois mes chiens à travers la baie vitrée, la vitre. Donc, je cherche un endroit et je tape Vaucluse, domaine à vendre. Et là, le jour de mes 45 ans, jour pour jour, j'étais avec ma fille, je fêtais mon anniversaire, et elle me dit « Mais qu'est-ce que tu fais, maman ? » Je lui dis « Oh, ben, on va changer de vie, je pense que c'est le moment. » Et je lui montre. Donc, je tombe sur le château du Martinet à vendre. Elle me dit non, mais arrête ton délire, maman. On n'y arrivera jamais.
- Speaker #1
C'est le premier samedi.
- Speaker #0
Ça ne sert à rien. Oui, je leur fais souvent peur, mais ils savent que je peux déplacer de montagne. Elle me dit non, mais maman, non. Je dis, mais si. Donc, j'appelle. C'est un samedi. J'ai l'agent immobilier tout de suite qui répond tout de suite, qui me fait visiter le mercredi. Et là, il faut monter le projet. T'as beau être médecin, t'es une femme seule, il faut vendre ce que tu as déjà pour prendre un avocat d'affaires pour monter un dossier. C'est un lieu que je ne connais pas. Ah oui, c'était un gros, gros, gros projet, les projets de financement. Mais dès que j'arrive ici pour la visite le mercredi, je sais que c'est là. Oui. Je sais que c'est là. Je sais que tout s'éclaire. Donc, le domaine est très grand. C'est un ancien hôtel-restaurant. Et là, je me dis, bon, c'est parti, on va y faire notre maison. On va y faire un cabinet qui deviendra après un petit centre, puisque je le développe encore aujourd'hui. Et puis, il y a des petits gîtes qui étaient loués. Et je me dis, en fait, je pense que ça serait bien d'en faire des petits logements pour seniors qui ne sont pas avec la famille à côté, qui ne sont pas assez vieux pour aller en maison de retraite, mais qui ne sont plus trop jeunes pour être seuls, qui ont des traitements lourds. et puis là le... Le projet des seigneurs de Mogador commence. Puisqu'ici, en fait, le château, c'est la famille Barbier. Elisabeth Barbier a raconté l'histoire de cette famille, qui est sa famille, dans les gens de Mogador. C'était une trilogie de bouquins. Après, ça a été adapté à l'écran, mais ça n'a pas été tourné dans le château. Dans un autre château, un peu plus loin. Et du coup, ça s'impose, les seniors de Mogador, après les gens de Mogador. Voilà, c'est pour faire profiter. En fait, déjà, c'est aussi un moyen de faire profiter d'un lieu magnifique. Ce lieu, je ne l'ai pas acheté pour juste y vivre. Je veux le partager, je veux le faire revivre. Et je pense qu'il faut l'ouvrir à des personnes qui n'ont pas forcément les familles à côté, les moyens de se payer des maisons de retraite.
- Speaker #1
L'achat, c'est quoi ? On a dit Covid, donc autour de 2020, 2025, c'est quoi ?
- Speaker #0
2023. Non, mais non, 2024. Non, 2024, puisque ça va faire 18 mois que nous sommes ici.
- Speaker #1
Où est-ce que tu en es du projet ? Il y a les chiens, le vase de chiens, médecin, hôte, enfin, c'est pas...
- Speaker #0
Non, c'est une espèce de résidence senior. En fait, il y a beaucoup de tiers-lieux qui ont été aménagés par des particuliers pour accueillir des seniors. Mais la plus-value d'ici, c'est qu'en fait, le cabinet est sur place et moi, je vis sur place. Donc, il y a un médecin à demeure. Ah oui,
- Speaker #1
incroyable. C'est vrai. Ah oui. Et côté médical, il y a d'autres professionnels de santé, tu disais ?
- Speaker #0
Oui, alors j'ai une collaboratrice qui... qui a fait les jours où je suis sur Avignon, parce que j'ai continué à Avignon, puisque je me partage encore entre Avignon et Violesse. Il y a une ostéopathe qui arrive le mois prochain. Et puis on développe aussi un petit centre ascétique. Là, il y a le projet aussi de faire rentrer dans l'équipe une IPA libérale, donc une infirmière en pratique avancée, qui travaillerait avec nous justement pour pallier au déficit médical et qui aurait en charge les pathologies chroniques.
- Speaker #1
Est-ce que tu... heureuse de cette amalgame là, travailler sur son lieu de vie. C'est génial oui. Parce que c'est vrai que ça peut être effrayant de vivre à l'endroit où on travaille, mais là dans le cadre actuel c'est vrai que ça donne vraiment plus envie qu'autre chose parce que je pense qu'on les entend les cigales. Tu es épanouie dans ce contexte ?
- Speaker #0
Alors ça n'aurait pas été possible sur Avignon. Clairement la population ici est très respectueuse. du fait que j'habite ici. A Vignon ça aurait été beaucoup plus compliqué, c'est un exercice beaucoup plus violent en termes de secteur aussi où j'exerce. Et le respect de l'intimité, il n'est pas trop présent parce que les gens essaient de me contacter par Messenger. La nuit, le jour, les samedis, les dimanches, se rajoutent en plus les SMS des copains. ou pas copains d'ailleurs, des gens qui ont mon numéro et ça ne s'arrête jamais en fait. Donc ça ne pourrait pas être possible sur Avignon. Ici, il y a une certaine quiétude. Ça ne peut pas s'expliquer. Le Nord-Vaucluse, ça se ressent, c'est-à-dire qu'il y a absolument aucun stress ici.
- Speaker #1
Franchement, quand je suis arrivé, c'est clair que c'est tout ce qu'on imagine de la Provence.
- Speaker #0
La Provence n'est pas forcément la partie la plus connue de la Provence. On le connaît pour les Côtes-du-Rhône.
- Speaker #1
Pour l'arrière-pays aussi un peu marseillais, j'imaginais ces paysages-là, mais c'est vrai que le Vaucluse, je connaissais peu. Et en fait, dès le Vaucluse, pour nous du sud-ouest, on n'a vraiment pas besoin d'aller autant vers l'est. Le Vaucluse, c'est déjà la province, le soleil, les cigales. On est dans le midi, je ne sais pas trop ce que ça représente le midi, mais on est vraiment dans les paysages de Pagnol. Exactement,
- Speaker #0
Pagnol est bien sûr.
- Speaker #1
Le Vaucluse t'a aidé ? C'est quoi les échanges que t'as avec les instances de santé l'ARS le conseil de l'ordre ?
- Speaker #0
Je crois que t'es proche du conseil de l'ordre Oui j'ai été élue cette année au conseil de l'ordre et ça me permet aussi du coup une casquette il y en a plein que tu connais pas non plus encore vas-y c'est le projet Merci. Mais c'est vrai que quand le projet sur le château du Martinet a germé dans mon esprit, il a fallu que je me rapproche des instances du conseil de l'ordre. Il faut créer un deuxième cabinet, tout ça. Mais j'ai eu surtout une chance énorme, c'est que dans le secteur, j'ai été mise rapidement en contact avec le département du Vaucluse. qui venait de créer Vaucluse Santé Attractivité. C'était une annexe de VPA, Vaucluse Provence Attractivité, pardon, et qui avait pour but d'attirer les médecins, les internes dans le Vaucluse. Avec Charlotte Rengot, qui était la chargée de mission, qui est toujours d'ailleurs, qui est hyper dynamique, qui s'est mise en contact avec moi. et du coup... Ça m'a aussi facilité l'accès avec les maires qui recherchaient pour leur commune. Et aujourd'hui, ça me permet aussi de dire aux jeunes internes, venez parce que dans le Vaucluse, il y a vraiment des structures qui sont là pour vous aider. Il y a une structure qui a été créée rien que pour vous, pour faire découvrir le Vaucluse, pour vous mettre en contact avec des médecins comme moi qui exercent déjà. Et je crois que c'est partout. Il n'y a pas beaucoup de départements qui font ça. Ils organisent, quand les internes arrivent, des piqueniques. Ils font découvrir le patrimoine. Et il y a une volonté de valoriser ce territoire qui est juste extraordinaire, qui n'est pas d'ailleurs le mien, puisque moi, je suis née au bord de la Méditerranée. Et pourtant... Je reste dans le Vaucluse. Il y a des écoles pour mes enfants qui sont d'un très grand niveau. Le collège de mes enfants à Avignon a été cette année nommé premier collège de France privé. D'excellents lycées, on peut tout à fait faire de belles études dans le Vaucluse. Il y a des pôles aussi au niveau études secondaires et même après à la fac, il y a des écoles du numérique, des écoles cinématographiques. la... La présidente Dominique Santoni, la présidente du département, a vraiment mis l'accès sur la terre de culture, de cinéma du Vaucluse pour partager ces magnifiques paysages.
- Speaker #1
2h30 de Paris à peu près, à mon TGV.
- Speaker #0
Oui, à peu près, oui.
- Speaker #1
12 centres hospitaliers à peu près, je crois.
- Speaker #0
Oui. Bien répartis quand même.
- Speaker #1
Dans ton activité médicale, tu n'as jamais été... en difficulté face à une difficulté de prise en charge de patients concernant les structures hospitalières, parce que c'est souvent un des problèmes évoqués des médecins installés dans des zones... Alors, on n'est pas du tout en zone rurale, etc., mais ce qui effraie les installations, c'est est-ce que je vais être entouré de structures hospitalières ? Et j'ai l'impression qu'ici, c'est quand même assez carré.
- Speaker #0
Alors, je ne vais pas dire qu'il ne manque pas de médecins dans le Vaucluse. Ça serait une aberration. Le seul petit bémol, c'est la prise de rendez-vous, les délais. Il y a un plateau technique qui est vraiment imposant dans le Voflus. On a des IRM, on a des mamons, on a des hôpitaux très équipés. Mais c'est vrai qu'il y a une demande de plus en plus importante et de moins en moins de médecins pour faire tourner ces plateaux techniques. Donc, je sais que le... La Caisse primaire d'assurance maladie du Vaucluse et la Caisse nationale d'assurance maladie ont instauré un service, le 3646 ou ParaméliPro, pour faciliter les prises de rendez-vous, pour aider les assurés ou les médecins à avoir des rendez-vous plus rapides. Il y a des solutions dans le sens où maintenant, il y a beaucoup de télé-expertise qui se développe. Moi, je l'utilise beaucoup en dermatologie, en hématologie. et en endocrino. Donc ça marche plutôt bien. Alors c'est sûr qu'il n'y a pas le contact, mais ça nous permet quand même d'avancer parce que le généraliste, on lui demande de plus en plus de choses aujourd'hui. Mais on sait quand on commence ce métier qu'on a plusieurs casquettes. Il faut être le chef d'orchestre. Je ne pense pas avoir été en difficulté. Et puis après, c'est aussi mon tempérament d'aller dire et moi j'ai besoin de ça. Les collègues sont faits pour ça, les spécialistes. Je travaille beaucoup avec un neurochirurgien sur Avignon avec qui nous faisons des petites réunions pour discuter de plusieurs dossiers. Donc, les prises en charge sont plus rapides. Et j'avoue que oui, faire marcher son réseau, il marche quand même pas mal dans le Vaucluse. Il faut savoir que le Vaucluse est le premier département à avoir une ESS en neurologie. C'est le docteur Perruti à Carpentras. qui a eu le premier conventionnement en France. On a la possibilité d'échanger avec lui pour les maladies d'Alzheimer, pour les troubles nésiques. Il y a des prises en charge très rapides avec une équipe vraiment spécialisée qui prend en charge le patient, qui organise tous les examens. J'avoue que c'est un bonheur de pouvoir travailler avec eux.
- Speaker #1
Tu as combien de durée d'année d'installation depuis que tu es installée ? Ça fait combien de temps ?
- Speaker #0
À Vignan, c'était l'année 2008. Oui, 2008.
- Speaker #1
Donc le réseau est bon pour toi. En général, il faut un petit délai pour avoir le réseau et les ramifications.
- Speaker #0
Je sais sur qui je peux compter. Je sais qui travaille de la même façon que moi. Je sais qui est humain. J'ai mon petit carnet d'adresses.
- Speaker #1
Et concernant la mission auprès de l'Ordre, qu'est-ce qui t'a motivée ? Comment ça s'est déroulé pour intégrer l'Ordre des médecins ?
- Speaker #0
Alors j'avoue que ce n'était pas forcément prévu. Et c'est justement mon confrère neurochirurgien qui m'a demandé d'être son binôme. Je me suis dit que ça, certes, ça allait rajouter du travail, mais que ça avait aussi un sens pour moi de comprendre comment ça se passait. derrière l'exercice, les recours, l'ordre, les décisions ?
- Speaker #1
L'ordre se fait assez facilement taper dessus parce que, évidemment, quand on est côté médecin, on se dit qu'ils ne nous aident pas, etc. Mais il y a, je pense, un grand intérêt à mettre, au contraire, les deux pieds dans la structure pour voir finalement tout le travail qui est réalisé.
- Speaker #0
Tout à fait, j'étais la première à être sceptique sur le rôle du Conseil de l'Ordre. Et aujourd'hui, je m'aperçois en fait que c'est vraiment une protection pour le médecin au niveau juridique. Il y a de plus en plus de signalements, de plaintes. Et c'est vraiment un rempart pour les médecins, parce qu'on est très fragilisés par des patients qui sont de plus en plus exigeants, qui sont de plus en plus procéduriers. Et vraiment, il faut vraiment voir le Conseil de l'Ordre comme un rempart pour... protéger les médecins et qui sont vraiment là pour aider les médecins qui seront en difficulté. Il y a aussi un service d'entraide pour les médecins en difficulté psychologique qui peuvent contacter le conseil de l'ordre et qui sont rappelés par des médecins qui vont leur proposer des solutions et un encadrement et un accompagnement pour les difficultés psychologiques ou autres qu'ils rencontrent dans leur exercice.
- Speaker #1
Ok, donc... Tu n'as pas pour combien de temps ? C'est un bureau qui a été nommé pour combien de temps ?
- Speaker #0
Oh là, je pense que j'en ai encore quelques années. Mais honnêtement, je ne pensais pas que j'accrocherais autant. Je pense qu'effectivement...
- Speaker #1
Il y a beaucoup d'idées reçues.
- Speaker #0
Oui, franchement, je suis la première à reconnaître que je m'étais trompée et que ça a un réel intérêt.
- Speaker #1
Dans le podcast, on parle beaucoup du curseur de l'investissement et de ce qu'on met en termes d'énergie et en temps dans la médecine. Est-ce que tu peux nous dire où était le curseur sur les deux ou trois premières années ? Et puis après, on verra où est-ce qu'il est actuellement.
- Speaker #0
Alors honnêtement, les deux ou trois premières années, les enfants étaient petits. Donc, j'ai toujours privilégié...
- Speaker #1
Les deux ou trois premières années d'études. Ah,
- Speaker #0
d'études !
- Speaker #1
P1, P2, troisième année. quand on a plein d'ambition et qu'on a toute l'énergie à dédier à ce métier.
- Speaker #0
Mais en fait, il y a 300% de médecine, tu n'y as que pour toi. Tu n'as pas le temps de faire autre chose.
- Speaker #1
Est-ce que tu avais l'ambition de tout donner à ce métier ? Est-ce que c'était pour toi ?
- Speaker #0
Tu ne peux pas poser la question comme ça. Moi, j'avance. Les choses, elles se présentent les unes après les autres et puis tu les vis quand elles arrivent. Tu ne te projettes pas. Tu ne sais pas en fait où tu vas.
- Speaker #1
Ce n'était pas la vocation en tout cas où tu souhaitais... Enfin, comment dire ? Parfois, parce que le but, c'est de savoir, est-ce que le parcours t'a épuisé ? Est-ce que le parcours t'a économisé ? Quel a été l'impact entre l'investissement à mettre au début et puis l'envie d'investissement actuel ? Est-ce que pour toi, il y a eu une dégradation ? Est-ce que le parcours t'a usé ? T'as fait avoir envie de faire tout autre chose ? Mais en même temps, je... pose la question, je me rends compte que tu as toujours eu finalement beaucoup de volonté autre que la voie médicale. Donc finalement, est-ce que cette pluripotence t'a sauvé et t'a permis de finalement garder l'énergie à mettre dans la médecine ? Est-ce que cette façon de voir la vie a permis de conserver l'énergie et de continuer à être animée pour la médecine ?
- Speaker #0
Peut-être. Je pense surtout que Jusqu'à l'internat, tu n'as pas le temps de voir autre chose. Donc en fait, tu es dans un rail, tu continues jusqu'à la gare. Puis à l'internat, tu prends un autre train, mais tu peux voir d'autres choses. Je n'ai pas vu les choses comme ça. Je pense que oui, on grandit au fur et à mesure des années d'études. J'ai aujourd'hui un trouble anxieux qui découle de ces années-là. C'est évident, je ne suis pas quelqu'un de serein. Mais bon, les situations auxquelles je suis confrontée me demandent du coup d'être toujours en hypervigilance. en hyperurgence au quotidien dans l'exercice.
- Speaker #1
La concentration face au patient, tu veux dire ?
- Speaker #0
Tout à fait, dans l'exercice. Et en fait, on est soumis à pression tout le temps. Tout le temps. Après, je ne sais pas si je réponds à ta question, mais c'est vrai que c'est vraiment à partir de l'internat où tout s'ouvre. Tout s'ouvre et on se dit, bon, ben voilà, maintenant, je sais que je vais pouvoir exercer un métier que je vais aimer. Maintenant, il va falloir concilier ce métier et le reste. C'est d'ailleurs pour ça que je voulais vraiment, parce que j'entends depuis plusieurs années, quelque chose qui me dérange beaucoup. C'est notamment le fait que la féminisation de la profession médicale est responsable du nombre déclinant de médecins avec les grossesses. Je trouve ça tellement aberrant de dire ça. C'est comme on dit, les médecins aujourd'hui ne travaillent pas comme avant. Ils travaillent moins qu'avant. En fait, il faut arrêter de comparer en termes d'horaire. On a des moyens aujourd'hui technologiques qui nous permettent d'être beaucoup plus efficaces. Et au lieu de compter les heures de travail, il faudrait compter le nombre de dossiers traités. Le nombre de patients que je peux traiter dans une journée est similaire à certains médecins qui finissaient très tard le soir. Il n'y a plus de visite. C'est peut-être pas une bonne chose, mais en attendant, il y a plus de patients pris en charge avec le vieillissement de la population et puis avec la demande qui augmente. Donc j'aimerais qu'on arrête de dire que les jeunes médecins travaillent moins que les vieux médecins. Ils travaillent juste différemment. Alors c'est horrible de parler en termes de rendement, mais je pense qu'en termes de rendement, on est loin d'être moindre que ces vieux médecins. Et puis surtout les femmes. Alors les femmes, il faut savoir que... On peut faire plusieurs choses en même temps. On est, je pense, plus « sensibles » , mais ça fait aussi une force dans ce métier. On a la possibilité d'être multitâche et de gérer. Certes, j'ai toujours mis un point d'honneur à finir avant la sortie de l'école pour aller chercher mes enfants, parce que je ne voulais pas que ce soit quelqu'un d'autre qui allait les chercher. Mais ce n'est pas pour ça que je n'assurais pas mes journées avec 40 patients. Il suffisait de ne pas faire de pause-repas, il suffisait d'être hyper équipé et entouré par une assistante, une secrétaire. Et je pense qu'il faut arrêter de dire que les femmes, les jeunes sont responsables. Non, je pense que ce sont des politiques de santé qui ont été malmenées. Et il faut arrêter de tirer sur ces femmes qui, justement... Alors, à un moment, on n'est plus femme, on n'est plus mère et on n'est que docteur. Non, on restera toujours... cette trilogie pour moi et c'est un équilibre. Aujourd'hui, mes enfants sont grands, ont moins besoin de moi. Au lieu d'aller me mettre au sport ou au golf, j'ai décidé de créer un deuxième cabinet et de travailler plus parce que j'avais plus de temps et parce qu'il manque des médecins et que mon métier, c'est d'être aussi à la disposition de tous ces patients qui comptent sans médecin traitant.
- Speaker #1
Tu parlais de rendement, il y a aussi ce qu'on disait sur l'épisode précédent, c'est Quentin qui disait ça, c'est qu'il y a le nombre de patients en vue, mais aussi, sans tirer à boulet rouge sur les générations précédentes, mais il y a une prise en charge grâce aux outils actuels, meilleure, ce n'est pas le bon terme, mais quand même plus efficiente,
- Speaker #0
grâce aux outils informatiques,
- Speaker #1
je parle d'antibiotérapie beaucoup plus adaptée la plupart du temps. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #0
Je suis entièrement d'accord avec ça. Je pense qu'aujourd'hui, le médecin est efficient, il est performant. On a des outils, on a des aides à la prescription pour les posologies. À l'époque, le médecin sortait le vidal, cherchait la posologie. Là, un clic, tu l'as. Je pense que ça, en plus, c'est stérile. comme discussion parce que ça ne fait pas avancer les choses. Ça ne fera pas former plus de médecins, de dire que c'était mieux avant. Ça, c'est très français. Non, aujourd'hui, on a des jeunes médecins dont il faut prendre soin parce qu'ils sont vraiment sous pression. Ce n'est pas facile d'être médecin aujourd'hui. Et il faut vraiment arrêter de leur dire qu'ils ne travaillent pas assez, parce qu'ils sont juste à bloc.
- Speaker #1
Concernant l'exemple de l'antibiothérapie, tu peux faire une antibiotérapie impeccable en 5 minutes et taper à côté après une consultation de 30 minutes. Ce n'est pas le temps qui fait l'efficacité.
- Speaker #0
Ce n'est pas le temps qui fait la qualité du médecin. C'est un exercice complètement différent. Le médecin, il venait à la maison, il buvait le café, il finissait à 21 heures. Oui, bon, ben... Il faut juste raisonner en termes... Oui, c'est horrible dans ce métier-là d'utiliser ce terme, mais d'efficience, c'est exactement ça. Aujourd'hui, on est beaucoup plus efficient, on est beaucoup plus performant. On a des IRM qu'il n'y avait pas avant. Il y a des technologies très, très, très avancées. Et alors, attention quand même. Moi, je mets un petit bémol aujourd'hui à l'IA, l'intelligence artificielle, pour tout ce qui est... radiologie. Apparemment, aujourd'hui, il y a un œil plus aguerri que les médecins, mais attention qu'on ne perde pas l'humanité de ce métier.
- Speaker #1
En disant ça, je me dis que parfois, des patients ne sont pas satisfaits d'avoir été vus 5, 10, 15 minutes par leur médecin, mais sur les motifs de consultation de santé mentale, en revanche, je pense qu'on sait tous se mettre à disposition des patients et que ce temps dégagé pour des motifs de consultation qui peuvent aller vite, est mis à la disposition de ces autres motifs de consultation.
- Speaker #0
C'est exactement ça. Il faut savoir quand même que tout n'est pas la faute du médecin. Il faut arrêter un peu. Aujourd'hui, on est dans une société de consommation et les patients consomment du médecin. C'est-à-dire qu'ils arrivent avec 3, 4, 5 motifs de consultation. Il faudrait faire tout ça en 15, 20 minutes. Quand tu arrives pour une angine, le médecin n'a pas besoin de 20 minutes. t'examiner, te faire le diagnostic et te donner le traitement. Mais ça ne leur va pas parce que c'est allé trop vite. Parce qu'en fait, on te demande de soigner l'angine et puis peut-être aussi de faire une ordonnance pour les boutons du petit qui a de l'acné. Et puis peut-être aussi de raconter que le mari ronfle. Donc du coup, qu'est-ce qu'on peut faire ? En fait, le patient est à rééduquer. Ça, c'est certain. Nous ne sommes pas un produit de consommation. La médecine, ce n'est pas un produit de consommation. On ne vient pas... à un rendez-vous pour 3, 4 personnes. Il y a cette perte de respect du rendez-vous aussi. Et puis, tout leur est dû. Tu dois trouver la solution. Tu n'as pas le droit à l'échec. Tu n'as pas le droit de dire je ne sais pas. Si, en fait, parfois, on ne sait pas. Donc, ça prend un peu plus de temps. Attendre dans les salles d'attente, on attend de plus en plus parce qu'en fait, on a de plus en plus de demandes. Les gens vont de plus en plus mal. sans aller mal. C'est-à-dire que c'est souvent, comme tu dis, une souffrance psychologique. Donc, il y a de plus en plus d'attentes parce que les consultations prennent du temps, parce qu'il y a un accompagnement psychologique. Si tu fais bien les choses, en 15 minutes, tu ne peux pas régler des dépressions, des suivis de burn-out. Ce n'est pas possible.
- Speaker #1
Virginie, merci beaucoup. Quel est le projet ? Tu te vois comment ? Il y a un énorme projet en cours. Tu te vois dans 10-15 ans, quel est l'objectif, l'imaginaire que tu as dans ta tête ?
- Speaker #0
Alors, ici, c'est assez certain.
- Speaker #1
Franchement, très beau et très agréable.
- Speaker #0
Merci. Et encore aller plus haut et plus fort. Alors, il y a des... Il y a des projets qui sont en stand-by parce qu'avant le Covid, j'ai eu une entreprise de bijoux pour passer mes nerfs, pour m'occuper les doigts et décharger mon esprit. Donc, j'aimerais bien la reprendre.
- Speaker #1
Sixième ou septième quatrième, je ne sais pas.
- Speaker #0
Il y a un projet aussi d'ouvrir le château à l'événementiel avec une association qui a été créée pour ouvrir le château aux habitants de Violaise et aux alentours. pour justement faire vivre les seigneurs de Mongador, les trois petits logements, et il y en aura d'autres après, pour animer la vie du château. Mais oui, non, et puis les chiens qui courent partout. Et puis, écoutez, je ne souhaite pas que ce soit tout de suite, mais je mourrai là et puis j'aurai fait le maximum pour les gens qui m'entourent en espérant que mes enfants ne souffriront pas trop de mon hyperactivité et de rester toujours focus sur leurs besoins aussi à eux.
- Speaker #1
qui est fort. Merci beaucoup Merci à Vaucluse Santé Attractivité pour la rencontre et puis on te souhaite tout ça c'est un petit silence mais je crois qu'on les entend bien les petites cigales qui nous accompagnent du matin au soir ici, c'est hyper agréable Merci beaucoup et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes Salut Voilà c'était un épisode de Médecins qui étuent Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt !