- Speaker #0
Bienvenue dans Médecins qui est tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui tuent, un épisode qu'on réalise dans le département du Vaucluse avec Hugo, Jean-Michel et Agathe. Je vais vous laisser vous présenter, je remercie le département ou la team de Vaucluse Santé et Attractivité. On est dans le Vaucluse, il fait beau, il y a des cigales, on est encore une fois obligés de se mettre à l'intérieur parce qu'il y a trop de bruit. Hugo Vasquez, je te laisse te présenter.
- Speaker #1
Bonjour, du coup Hugo Vasquez, je suis interne en médecine générale à Marseille en sixième semestre, donc en sas-passe. Et actuellement en stage sur Avignon.
- Speaker #0
Ok, tu as déjà fait des stages à Avignon ou c'est la première fois que tu es dans le book ?
- Speaker #1
J'ai fait mon deuxième semestre à Avignon aux urgences. Et sinon, grosso modo, sur tout mon internat, j'ai évolué dans la même zone où j'ai fait Arles, Salon de Provence et Avignon. J'ai tourné un peu. entre ces trois spots-là.
- Speaker #0
Tu es originaire du coin ?
- Speaker #1
Je viens de Montpellier à la base. Donc, j'ai fait ma passesse à Montpellier. J'ai fait mon externat derrière à Nîmes, vu que les deux facs sont liés. Et derrière, j'ai eu du coup, médecine générale Marseille. Et comme je venais de Montpellier-Nîmes, je prends tous les terrains de stage qui sont le plus à l'ouest. Comme ça, je peux jongler entre Famille Ami Montpellier-Nîmes et la vie d'internat à Marseille.
- Speaker #0
T'es d'accord ou pas ? Parce que je sais que Marseille est beaucoup choisie pour partir un semestre ou plusieurs en Corse.
- Speaker #1
Non, je sais qu'on peut faire un peu de la montagne, un peu la Corse, mais je suis resté assez localisé dans la région. C'est un bon pays quoi. C'est ça.
- Speaker #0
Agathe, salut.
- Speaker #2
Je te laisse te présenter aussi si tu veux Je m'appelle Agathe Auger Je suis jeune médecin généraliste restamment installée dans le Vaucluse J'ai une activité mixte libérale et salariée Je travaille deux jours par semaine en collaboration dans un cabinet à Violes et un jour par semaine à peu près aux urgences de Cavaillon
- Speaker #0
Originaire de ? De Nice Qu'est-ce qui amène une niçoise dans le Vaucluse ?
- Speaker #2
Parce que je voulais partir, j'ai vécu 24 ans à Nice et pendant mon internat je me suis dit qu'il fallait que je parte. Et comme je suis une niçoise et une fille du sud reste une fille du sud, il n'y avait pas trop le choix en fait, il n'y avait que Marseille qui correspondait.
- Speaker #0
Ok, et tu as fait l'internat à Marseille ?
- Speaker #2
Oui, j'ai fait l'internat à Marseille, enfin je n'ai jamais mis les pieds à Marseille, mais j'ai choisi Marseille et du coup sa région qui est très large et je me suis rapidement retrouvée. dans le Vaucluse et j'ai fait un îlot de formation dans le Vaucluse. J'ai fait quasi tout mon internat dans le Vaucluse.
- Speaker #0
Parce que le département du Vaucluse propose plein de choses et des choses qui ne sont peut-être pas retrouvées ailleurs d'ailleurs. J'ai déjà dit dans un autre épisode mais le site de Vaucluse santé et attractivité est super bien foutu avec un onglet dédié aux internes qu'on retrouve pas ailleurs dans d'autres départements. L'interne est un statut qu'on ne voit pas passer nulle part. On a l'impression que c'est un statut fantôme. Mais sur ce site-là, le nom et l'onglet interne existent. Donc merci à eux. Jean-Michel, bonjour Jean-Michel. Oui,
- Speaker #3
bonjour.
- Speaker #0
Je te laisse te présenter.
- Speaker #3
Jean-Michel Liméglio, je suis médecin généraliste depuis pas mal d'années dans le Vaucluse, dans un petit village qui s'appelle Caderousse, c'est à côté d'Orange. Voilà, j'étais à eau par avant, j'ai fait pas mal de stages d'urgence. J'étais passionné par les urgences, j'en ai fait pendant une petite dizaine d'années avant de m'installer. Je fais service militaire chez le marin-pompier, c'est ce qui m'a donné le goût des urgences après. Et puis un jour, je me suis fixé pour des raisons familiales. Je me suis marié, j'ai eu des enfants et il fallait rester quelque part. Et je suis là depuis maintenant bien longtemps.
- Speaker #0
C'était la période où on pouvait choisir médecine générale et ensuite bifurquer avec les métiers d'urgentiste ?
- Speaker #3
Alors, pas tout à fait. À l'époque, j'étais interne aux urgences. Après, on m'a proposé un poste d'assistant de médecine générale. Ça s'appelait comme ça. Et j'ai fait quatre ans. Et après, il aurait fallu que je parte encore. Et comme j'avais des attaches ici, je suis resté dans la région.
- Speaker #0
Et donc, tu as travaillé de l'hospitalier pendant dix ans ?
- Speaker #3
À peu près, oui.
- Speaker #0
On va discuter de ça parce que c'est intéressant le transfert hôpital vers le libéral, vers la ville. Ok, on va un petit peu reprendre. Hugo, tu grandis dans la région finalement autour de Nîmes, t'as dit ?
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
C'est quelle ville à peu près plus précisément ?
- Speaker #1
Nîmes. C'est vraiment Montpell et Nîmes du coup, l'externat, tout se fait dans un CHU. Donc tout est très centralisé, petites promos, donc grande vie très localisée sur Nîmes même.
- Speaker #0
Là, le projet, après la fin de l'internat, c'est d'y retourner ou le Vaucluse, tu as fait un petit peu de l'œil ? Parce que quand même, moi, je ne connaissais pas le Vaucluse. Je suis arrivé là, je trouve ça magnifique. Je suis du Sud-Ouest, mais en étant nîmois, il y a moyen d'être attiré par le département ?
- Speaker #1
Le projet, encore incertain. Il y a volonté, là, à la fin des neuf ans de médecine, vu que je suis la dernière promo à faire en neuf ans. Après, c'est en dix pour médecine générale. Il y a volonté quand même après de faire un peu des remplacements à droite à gauche et quelques voyages. L'idée initiale, c'était potentiellement de rentrer plutôt vers Montpellier et voir un petit peu ce qu'il y a pour voir aussi quelque chose de différent, vu que j'ai fait pas mal pendant trois ans à Avignon, Arles et tout ça. Donc l'idée, c'était ça. J'hésite encore à prolonger un peu six mois de plus à Avignon pour tester un peu ce qui peut se faire localement. Mais j'avoue que le projet, ce serait plutôt de retourner à Montpellier et voir ce qu'il y a à faire là-bas.
- Speaker #0
On a discuté avec notamment des copains que tu connais de Nîmes, de la loi Garo. Est-ce que ça va accélérer ta volonté d'installation ? Ça va la reculer et la déplacer dans le futur ?
- Speaker #1
C'est une bonne question. J'ai mes parents qui m'en parlent beaucoup également, qui sont inquiets, qui disent qu'il ne faut pas que tu t'installes le plus vite possible. Je ne sais pas trop. De mon point de vue, j'ai l'impression qu'il y a quand même suffisamment de désertification pour avoir encore le choix. Et quoi qu'il arrive, je n'ai aucune envie de me ré-enfermer tout de suite dans une installation, dans un lieu et de repartir dans une, pas une forme de routine, mais de me ré-engager directement. Le fait de tous les six mois avoir été obligé d'aller à un endroit différent et on n'a pas vraiment l'impression de maîtriser complètement sa vie. J'ai quand même bien envie, ne serait-ce qu'un temps, de pouvoir un peu voyager, faire d'autres choses, tester différentes formes d'exercices aussi en remplacement et voir les formations que je veux faire en plus. donc Donc ouais, la loi, pour le moment, je la mets un peu de côté. Je me dis que quoi qu'il arrive, je retomberai sur mes pattes parce que tout est tellement désert partout. Et notamment, je sais que ici, c'est le cas, ça a été beaucoup à Arles et à Avignon aussi, j'imagine. Donc voilà, je me laisse le temps et je m'adapterai dans un second temps, on va dire. Je ne projette pas tant.
- Speaker #0
Ok. Jean-Michel, on n'a pas parlé de ton installation actuelle, la configuration, c'est quoi ?
- Speaker #3
Alors, je suis dans un village de 2700 habitants. On est deux médecins généralistes. On a à peu près le même âge. Donc, moi, il me reste encore à peu près deux ans à faire. Et ça se passe très bien. C'est de la médecine de village, donc une médecine assez familiale et avec une patientelle qui est fidélisée depuis très, très longtemps, avec qui je me sens bien à l'aise. et puis ma préoccupation principale là maintenant c'est de pouvoir partir sereinement le jour où je devrais partir en trouvant la possibilité d'avoir Quelqu'un qui prenne la relève.
- Speaker #0
Ça s'annonce comment ?
- Speaker #3
J'ai de la volonté, j'ai de l'énergie. J'essaie de consacrer ces dernières années qui me restent à faire en libéral pour essayer de trouver une solution. En tout cas, je suis en conversation avec la mairie pour monter une maison de santé pluridisciplinaire, de façon à proposer des locaux, une structure qui soit vraiment attirante pour un jeune médecin. J'y travaille. Je suis parti de la CPTS d'Orange. C'est une CPTS naissante et qui permettra peut-être d'augmenter l'attractivité au niveau de notre région aussi.
- Speaker #0
Le recrutement, tu le trouves plus compliqué qu'avant ? Parce que tu as eu des années de carrière et tu as trouvé des remplaçants plus vite et plus facilement avant ou ça a toujours été un problème ?
- Speaker #3
C'est plus compliqué maintenant qu'avant, oui, effectivement, pour trouver des remplaçants, pour trouver des jeunes médecins qui soient intéressés. Après, c'est à nous de donner les moyens pour... de faire en sorte que ça soit intéressant. Ils ont que l'embarras du choix. Donc, je pense effectivement... Déjà, il faut quelqu'un qui soit attiré par la médecine d'un village. Moi, je viens de Marseille. J'ai fait mes études à Marseille. J'ai, un peu comme Agathe, j'ai fui Marseille. C'est une très belle ville. Je n'ai rien contre. Mais je préfère nettement l'exercice dans un village. En plus, je suis dans un village qui est... Pas vraiment isolé, je suis à 5 minutes d'Orange. Orange, c'est l'accès à... à l'autoroute avec Marseille en une heure, Montpellier en une heure. On a le TGV qui nous permet d'aller à Paris en deux heures et demie. On a la mer à une heure de route, la montagne à une heure et demie, deux heures. Donc, je ne suis pas vraiment dans un endroit vraiment retiré.
- Speaker #0
C'est ça. Moi, je trouve que dans le Vaucluse, il y a cet aspect hyper délocalisé associé à un aspect hyper centralisé. C'est ça. C'est assez intéressant. Comment tu t'es retrouvé, toi, Agathe ? Est-ce que tu as eu toutes ces discussions autour de l'installation, de l'hospitalier ? Est-ce que tu as eu la réflexion ? Parce que c'est une immensité, la fin de l'internat. Tout s'ouvre à nous. Comment tu as réfléchi ? Est-ce que tu avais déjà des idées ?
- Speaker #2
Pas du tout. La seule idée que j'avais, quand j'ai fini mon internat, donc il y a trois ans maintenant, un peu plus de trois ans, j'en avais juste ras-le-bol. Vraiment, je saturais complètement. C'est ça, en fait, je suis arrivée. J'ai passé ma thèse et la semaine d'après, je suis partie en voyage. Et à la base, je me suis dit que j'allais partir pour deux, trois semaines, histoire de récupérer un peu. j'ai des idées et en fait je suis restée deux ans et demi donc j'ai vagé pendant deux ans et demi et je suis rentrée en juillet dernier à Nice, puis je me suis retrouvée à Nice et justement je me suis pas retrouvée je me suis dit mais c'est ma ville mais en fait je la sens plus je l'aime plus, c'est plus moi du coup je suis partie, je me suis dit bah je vais aller voir déjà je me suis sorti une ville avant de chercher un mode d'exercice et puis je me suis retrouvée à Avignon complètement par hasard et j'ai eu un coup de coeur pour le lieu dans lequel je vis qui est une sorte de communauté Et du coup, je suis restée là.
- Speaker #0
Qu'est-ce que c'est que cette communauté ?
- Speaker #2
C'est un ancien Carmel. C'était l'ancien Carmel d'Avignon.
- Speaker #0
Je te laisse la parole encore.
- Speaker #2
C'est une communauté complètement athée. Il n'y a pas du tout sectaire, quoi que ce soit comme ça. Mais c'est du coup un lieu qui a surtout pour vocation de porter des projets culturels, artistiques, solidaires, d'être vraiment un... un centre surtout culturel pour la ville. Et c'est hyper sympa. Il y a un grand jardin, il y a de la nature.
- Speaker #0
Donc, tu arrives à Avignon, tu rentres dans cette communauté.
- Speaker #2
Oui, et c'est un tiers-lieu, on va dire. Colocataire, on va dire qu'on est tous colocs et on porte des projets communs, peut-être la connotation. Elle est moins bizarre. Et du coup, je m'installe là-bas, je m'y sens bien. Et qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #0
Pendant deux ans et demi de voyage, tu ne touches pas la matinée ?
- Speaker #2
Très peu. Je rentre. un mois ou deux par an pour travailler un petit peu. Et puis vraiment, j'avais besoin d'expérimenter le zéro contrainte. En fait, j'ai expérimenté pendant six ans. dix ans, neuf ans, le pratiquement 100% contrainte où on n'a pas vraiment le choix de où on va, comment on travaille, avec qui on travaille. Et voilà, j'ai vraiment saturé, j'avais besoin d'énormément de liberté, donc de ne pas travailler. Et puis au bout d'un moment, au bout de deux ans, en fait, j'ai eu aussi une saturation de ça. J'ai pris ce que j'avais à prendre, et puis le voyage ne me nourrissait plus, et j'ai senti qu'il fallait que je rentre et que je fasse autre chose, et que peut-être je me mette à construire quelque chose.
- Speaker #0
Et donc ?
- Speaker #2
Et donc, et donc comment ça s'est fait ? Ça s'est fait naturellement. que j'avais envie de... Non, j'ai commencé par les urgences.
- Speaker #0
Dans l'axe du micro,
- Speaker #2
si tu peux. J'ai commencé par les urgences de Cavaillon parce que je sortais de six mois d'urgence en Martinique. J'avais fini mon voyage par six mois aux urgences de Martinique. Qui m'a un petit peu remise en confiance parce que c'est assez dur de travailler là-bas et du coup, ça m'avait vraiment redonné confiance en moi au niveau professionnel. Et puis voilà, dans la lancée des urgences, je me suis dit pourquoi pas un petit peu d'urgence. Donc j'ai commencé par Cavaillon. Et il y a un super moment, il y a une super équipe, je sais qu'il a mauvaise presse cet hôpital, mais c'est vraiment une super équipe et je m'y sens très bien. Mais les urgences, c'est pas mon truc.
- Speaker #0
Honnêtement, les CHPRIF, ils ont tous mauvaise presse, c'est fou. Où que je sois passé, j'ai l'impression que si c'est pas le CHU, ils sont tous en galère de personnel et donc du coup, la population locale est à chaque fois un peu insatisfaite. A commencer par, je pense, les temps d'attente, etc.
- Speaker #2
au niveau des équipes, petit plateau technique du coup on fait beaucoup de choses on délègue moins parce qu'il y a moins de spécialistes donc c'est hyper intéressant mais bon je ne suis pas une hospitalière dans l'âme donc j'avais envie de faire autre chose dans l'axe du micro et du coup j'ai cherché à travailler en libéral mais je ne voulais pas faire de remplacement, je n'avais fait que quelques-uns et je me suis dit maintenant j'ai envie d'avoir ma patientèle, en fait vraiment ce qui m'a guidée c'est j'ai envie d'avoir entre guillemets mes patients que je suis et de pouvoir un petit peu les suivre sur le long terme ... Et là, c'est Charlotte de... Je ne sais plus dans quoi elle travaille, le nom de son organisation. Attractivité.
- Speaker #0
Attractivité, merci.
- Speaker #2
Qui est hyper dynamique, qui a été vraiment aidante. Et en fait, elle a tout un réseau. Et on a longtemps parlé. Elle a essayé de comprendre un petit peu mon profil, mes besoins. Et en fonction de ça, elle m'a orientée vers les... les gens avec qui je pourrais éventuellement travailler, qui correspondaient à ma vision de la médecine, tout ça.
- Speaker #0
Elle a un profil assez particulier, parce que tout ce poste-là d'aide... Au passage d'internat à la vie de médecin, il n'est pas retrouvé dans tous les départements. Comment ça s'est fait le contact ? En fait, je crois qu'elle a les identités ou elle a les coordonnées de tous les internes qui passent dans le département. Elle t'a retrouvé comme ça ou comment vous êtes rentrée en contact ?
- Speaker #2
Il me semble que j'ai appelé le conseil de l'ordre. C'était le seul interface que je connaissais à l'époque. Et je pense que c'est le conseil de l'ordre qui m'avait orientée vers elle. Donc je l'ai appelée. Et par rapport à mon profil, elle m'a proposé de commencer par une collaboration avec un médecin qui travaille à Violesse.
- Speaker #0
Elle t'a guidée de fou quoi. Ouais.
- Speaker #2
C'est cool. Elle m'avait proposé deux, trois personnes en fait. Et moi, je me suis dit par rapport à ce qu'elle me dit, c'est ça qui, je pense, me botte le plus. Et donc, j'ai appelé ce médecin. Et puis, en fait, les choses se sont faites très vite parce qu'on s'est vu. Ça a collé tout de suite. Et du coup, je me suis installée. Et en fait, ça allait beaucoup plus vite que ce que je pensais.
- Speaker #0
Jean-Michel ? tu as des contacts avec Santé Rétractivité ?
- Speaker #3
Oui, c'est pour ça que je suis là aujourd'hui. C'est elle qui m'a proposé de venir à cette réunion. Moi, j'étais en recherche d'une solution pour la suite et je ne sais plus comment ça s'est passé pour la contacter, mais on a discuté au téléphone et je lui ai parlé du projet que j'avais sur le village avec ce projet de maison de santé pluridisciplinaire. Peut-être par le cadre de la CPTS aussi. Enfin, voilà, on est rentrés en contact.
- Speaker #0
C'est un rôle et un poste hyper intéressant de centralisation. Oui, tout à fait.
- Speaker #3
Ça m'a permis déjà aujourd'hui de découvrir tous ces jeunes médecins qui sont dans le Vaucluse en stage. Moi, je suis maître de stage depuis 3-4 ans. Donc, j'en vois passer un à la fois ou une à la fois.
- Speaker #0
En SASPAS ou en niveau 1 ?
- Speaker #3
Alors, j'ai l'SN1. Je n'ai pas pris de SASPAS jusqu'à présent.
- Speaker #0
Et le niveau 1, ça te plaît, ce rôle pédagogique ?
- Speaker #3
Ah oui, c'est très bien. Je pense comme beaucoup de médecins installés, j'ai douté au début, j'ai tardé à devenir maître de stage. On se dit, on a des vieilles connaissances, qu'est-ce qu'on va partager, etc. Donc, on doute quand même pas mal. Et puis après, on passe à l'acte et puis on s'aperçoit que finalement, on a beaucoup de choses à échanger, vraiment à échanger. On apporte des choses, mais on nous apporte aussi des choses, des connaissances un petit peu récentes. Et puis nous, on a finalement une expérience qui est depuis tant d'années qu'on a à partager. que ce soit sur le médical, mais que ce soit sur l'administratif, que ce soit sur l'informatique, que ce soit sur les réseaux qu'on est amené à développer avec les différents correspondants, que ce soit de façon philosophique sur la façon qu'on a d'exercer la médecine générale. On essaie d'apporter un petit peu tout ça, de leur montrer que c'est un beau métier. Moi, j'adore mon métier, j'adore mes patients aussi. Je pense qu'on a tous notre façon de travailler. Moi, je fais encore des visites à domicile. J'étais ravi que les étudiants que j'ai eu jusqu'à présent soient d'accord pour m'accompagner dans cette journée spéciale où je fais des visites à domicile, je vais voir les résidents de la maison de retraite. Ils sont tous partants pour le faire, pour découvrir cet aspect-là de la médecine générale et c'est réconfortant.
- Speaker #0
C'est un exercice particulier les visites.
- Speaker #3
Oui, mais je suis dans un village, les visites dans le village lui-même je les fais à pied, je prends un petit sac à dos et je me balade et je fais des visites à pied. Donc c'est une journée de récréation. Et je ne vais pas faire des visites pour des rumes ou des enfants malades. Ils se déplacent tous dans la majorité des cas. Mais par contre, je veux voir des personnes importantes qui sont dans les capacités de se déplacer. Et je le fais volontiers.
- Speaker #0
On va parler de vos passions extra-hospitalières, comme je l'ai écrit dans le podcast. Hugo, ça envoie du gros son, tu m'as dit. C'est quoi ta...
- Speaker #1
On essaye.
- Speaker #0
C'est un engagement dans la musique ? Tu nous racontes un peu ?
- Speaker #1
En gros, j'ai appris tout seul à faire du piano quand j'étais au collège. J'étais déjà prononcé pas mal de musique, notamment musique électronique, tout ça. Et quand je suis arrivé en deuxième année de médecine, il fallait un DJ pour la promo. Donc je m'étais proposé assez volontairement. Et de fil en aiguille, je mixais à toutes les soirées médecine. Au début, soirée médecine, c'était classique. Puis des soirées en bar, en boîte, du coup sur Nîmes. après aux soirées médecine un peu plus nationales. Et j'ai formé un duo avec un ami à moi qui est interne en Rheumatologie à Montpellier. Et quand l'externat c'est fini et qu'on avait plus cette population habituelle, on s'est dit qu'on allait continuer ça. Et d'ailleurs on s'est appelé 6platines pour qu'il y ait quand même une connotation médicale. Et depuis on continue à faire des petits projets, soit des vidéos, on a fait une vidéo à Montpellier où on mixe sur les toits avec un drone, avec des caméras, avec tout ça. qui dure une heure, qui est très belle. Et après, on continue à faire des petits trucs à droite, à gauche. Ça essaie de nous suivre un petit peu. C'est-à-dire que quand lui fait un semestre à Perpignan, on va mixer à Perpignan. Quand je vais à Avignon, on mixe à Avignon.
- Speaker #0
L'internat vous date.
- Speaker #1
C'est ça, on essaie de faire suivre un petit peu. Là, on a fait la fête de la musique à Montpellier. Et ça reste un assez gros projet qui nous tient à cœur tous les deux. Où il y a vraiment la médecine, il y a vraiment ce truc-là. Où on a créé notre auto-entreprise et on essaie de faire tourner un peu ça en parallèle.
- Speaker #0
Est-ce que ça peut être à tenir le cap de la médecine ? Parce que c'est une question que je pose souvent dans le podcast. On a droit d'avoir des patients extrahospitaliers qui même améliorent le médecin que l'on est, qui l'épanouit et qui donc lui fait faire une meilleure médecine. C'est de cet acabit-là pour toi ?
- Speaker #1
Oui, moi j'ai toujours eu une philosophie où je trouvais qu'il y a certains médecins qui consacrent un peu leur vie à ça, notamment certains spécialistes, certains chirurgiens, même certains médecins généralistes. Et je trouve qu'il y en a énormément d'autres qui ont des passions très très fortes à côté, que ce soit sportif, musical ou autre. Et je suis un peu de cet acabit là aussi, je suis vraiment passionné par la mission générale. Tout ce qu'on décrivait avec la patientelle, les gens qu'on va suivre sur le long terme et tout. Et l'idée à terme ce serait de mixer une fois par mois, un truc comme ça, avoir une soirée à un moment régulier où c'est une... C'est une forme de divertissement différente où on est devant plein de personnes, on envoie la musique qu'on aime, les gens aiment aussi. Ça rend les deux se complètent.
- Speaker #0
Ça fait du bien pour mieux retourner dans sa pratique médicale.
- Speaker #1
C'est ça. Il y a un truc qui est important, je trouve, c'est de diversifier pas mal. Je pense que c'est le cas de pas mal de vos médecins, anciens médecins de ça, d'avoir une activité qui est très diverse, de faire des domiciles, de faire des visites, de faire certaines formations, la gynéco, la pédiatrie. Moi, je vois ça un peu comme ça. C'est une forme de diversification supplémentaire où le lundi, je fais du cabinet, le mardi, peut-être du domicile, le mercredi soir, je vais mixer quelque part, le jeudi, faire de l'EHPAD, du SSR. C'est l'idée d'avoir vraiment un quotidien le plus diversifié possible pour jamais s'ennuyer et toujours s'amuser.
- Speaker #0
Agathe, communauté ou colloque, c'est quoi le projet ? Tu nous as parlé d'ASSO tout à l'heure. Tu nous en dis un peu plus ?
- Speaker #2
Oui, en fait, on...
- Speaker #0
Toujours dans ce projet... Pareil, d'avoir une passion en dehors de la médecine ou en tout cas des missions fortes non médicales.
- Speaker #2
C'est ce que j'allais dire. En fait, je me retrouve beaucoup dans ce qu'Hugo a dit et j'ai vraiment besoin de... Je pense que j'ai un profil un peu touche-à-tout. J'aime bien faire beaucoup de choses différentes et pas seulement pour le côté où du coup, faire autre chose, ça m'épanouit, ça me nourrit. Donc ensuite, quand je fais de la médecine, je me sens mieux, donc je le fais mieux. Mais aussi parce que faire autre chose, je trouve que d'une certaine manière... Tout est relié à la santé ou à la maladie ou à la médecine. Et finalement, quand j'apprends, par exemple, sur la permaculture ou l'agriculture, le rythme des saisons, tout ça, ça me renvoie aussi au rythme du corps, à la santé d'une manière générale. Quand je parle avec des artistes, quand je plonge dans leur univers, ça me rappelle aussi les mécanismes psychologiques en jeu dans la maladie. Il y a plein de choses, en fait. Et j'ai l'impression que faire d'autres choses que de la médecine, finalement... ça ne me permet que de mieux comprendre aussi la médecine et du coup j'en ai vraiment besoin aussi pour ça C'est quoi alors cette mission ? C'est pas vraiment des passions en fait mais c'est plutôt j'aime voir des choses différentes et c'est aussi l'objet de mes voyages c'est pour ça que je suis partie aussi, j'avais vraiment besoin de voir d'autres choses et en voyage je me suis intéressée aux autres types de médecine j'ai testé un peu la médecine ayurvédique en Inde, je m'y suis intéressée je suis restée pendant plusieurs semaines Pérou, je me suis un peu intéressée à leur médecine aussi.
- Speaker #0
Tu es frustrée de notre parcours très occidentaliste ? En même temps, on est en France, c'est normal, mais est-ce que tu aurais voulu des approches qui nous diversifient un peu le contenu de notre enseignement ?
- Speaker #2
C'est vrai que c'est compliqué. Je pense qu'on est obligé de partir dans une certaine voie au début, mais c'est vrai que pour moi, j'ai vécu mes études de médecine comme quelque chose de très enfermant. Et oui, c'est vrai que ça m'a un petit peu manqué de parler d'ouverture.
- Speaker #0
C'était quelle sensation ?
- Speaker #2
J'avais l'impression que je n'avais pas vraiment le choix, pas seulement de la manière dont je pouvais pratiquer, mais de la manière dont je devais voir la santé, la maladie, le patient. Et en fait, j'avais vraiment l'impression d'avoir très peu de liberté à cet endroit-là.
- Speaker #0
Parce qu'on travaille selon des rocos, selon des... C'est ça. En même temps, c'est très bien.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
on est d'accord. Et à la fois, tu avais une envie d'être un peu plus libre.
- Speaker #2
Oui, et surtout, je trouve dans la médecine générale, peut-être que dans les spécialités, ça se prête bien d'être vraiment très précis, très carré, de suivre des protocoles. Mais je trouve que dans la médecine générale, ça se prête un peu moins parce qu'on prend vraiment en charge le patient de manière globale. Et du coup, parfois, les outils qu'on nous donne en médecine, je trouve qu'ils ne sont pas forcément parfaitement adaptés à la prise en charge en cabinet de médecine générale. Ou en tout cas, que seul, parfois, il manque un peu de quelque chose. Et c'est peut-être ce quelque chose que j'ai cherché un petit peu en voyage ou en travaillant sur moi ou en faisant d'autres choses à côté.
- Speaker #0
Donc, c'est le rapport au patient, à l'humain qu'on nous apprend un peu, même s'il y a des efforts qui sont faits. Mais finalement, la vraie approche humaine empathique dont on parle tant, elle n'est pas véritablement développée.
- Speaker #2
Oui, il y a ça aussi. il y a peut-être le côté... On travaille avec des médicaments et du coup, on est toujours dans cette optique de traiter un symptôme. Et parfois, on oublie aussi, je trouve, de penser à la cause de la maladie, de traiter le terrain, d'essayer de favoriser la physiologie. En fait, on est toujours en train de penser pato. C'est comme ça qu'on nous a éduqués dans nos études. Et c'est très bien et il en faut, mais je trouve qu'il n'y a pas que ça. Et ces médecines-là aussi, que j'ai un petit peu explorées en voyage, elles me rappellent ça. C'est des médecines, à l'inverse, qui sont complètement et même peut-être un peu trop axées sur la physiologie. Elles ont peu d'outils pour traiter le pathologique, mais c'est vraiment des médecines qui renforcent le corps. Et ça, je trouve que ça manque un petit peu dans nos approches.
- Speaker #0
Ok. Jean-Michel, est-ce que tu trouves qu'il y a eu une évolution sur le profil des médecins dans la place laissée ou non ? à ces patients extra-hospitaliers avec, on se fait un peu taper dessus, un peu la nouvelle génération parce que moins d'amplitude horaire, moins de d'envie, mais c'est pas du tout le bon terme parce que moi je prône justement pour une volonté qui est toujours présente mais juste un nouveau type d'organisation. Qu'est-ce que tu penses un peu des profils qui étaient présents avant avec, j'ai l'impression, un investissement total pour la médecine avec des amplitudes horaires immenses ? et maintenant une génération qui est un peu plus à l'équilibre avec des thèmes non médicaux dans leur vie ?
- Speaker #3
Alors déjà je suis ravi de faire...
- Speaker #0
cette intervention avec Hugo et Agathe parce que je me retrouve beaucoup dans ce qu'ils disent et je suis là pour témoigner aussi du fait qu'on peut faire d'autres choses aussi que de la médecine. Moi, je suis passionné de médecine. J'en fais depuis des années et des années, mais j'ai organisé ma vie pour pouvoir faire d'autres choses. C'est vrai qu'on trouve beaucoup de médecins qui ne font que de ça parce qu'effectivement, ils sont passionnés par la médecine et c'est leur vie. Moi, j'ai beaucoup d'autres centres d'intérêt.
- Speaker #1
En fait, plus les épisodes passent... Et moi, je les trouve, en fait, ces médecins qui sont le médecin. Finalement,
- Speaker #2
il y a leur vie.
- Speaker #0
Donc moi, j'ai la chance d'avoir beaucoup d'autres centres d'intérêt. J'écris, j'adore écrire. J'écris des petits textes, des chansons. J'écris des... Je fais de la musique aussi. Et j'écris deux romans, déjà. J'essaie d'écrire à temps perdu, quand je peux.
- Speaker #1
On peut avoir les titres des romans ?
- Speaker #0
Oui, ils ne sont plus publiés parce que le premier était un compte d'auteur. Le deuxième était... C'était fait par un éditeur, mais ils l'ont édité pendant deux ans. Le premier s'appelait Sans peur et sans courage. Et le second s'appelle Pigeon vol. C'est pas des guides de médecine. Le but, c'est de s'échapper de la médecine. Et puis, je fais partie d'un groupe de musique. Je fais de la guitare et j'ai la chance d'avoir des amis avec qui je fais de la musique depuis 15 ans. Et pour nid,
- Speaker #1
en dehors de la médecine.
- Speaker #0
Et puis, je fais du sport. Donc, continuer comme ça. Je parle à mes jeunes confrères. La médecine, ce n'est pas que travailler du matin au soir et puis penser à ça en rentrant chez soi. Moi, je consacre beaucoup de temps à mes patients, mais quand j'ai terminé, je fais autre chose, je passe à autre chose.
- Speaker #1
Est-ce que tu as senti une différence générationnelle de la place laissée aux patients extra-hospitaliers ?
- Speaker #0
Oui, certainement. Je pense qu'il faut tenir compte de ça. Pour nous, anciens médecins, il faut tenir compte que les jeunes qui veulent s'installer n'ont pas envie de se mettre dans un endroit et puis de passer leur temps du matin à 8h. heures jusqu'au soir à 20 heures voire plus à travailler à faire que ça quoi ils ont envie d'avoir une vie de famille d'avoir des enfants d'avoir de s'occuper de leur famille et d'avoir des amis voilà moi j'ai eu trois enfants je m'en suis occupé je fais partie des parents d'élèves je sais pas mon métier m'a permis d'avoir une vie que je considérerai comme presque normal c'est une vie particulière quand même donc mais mais ça permet de s'épanouir dans sa vie de famille dans sa vie personnelle.
- Speaker #1
Tu as toujours eu le curseur dans le vert. tu as toujours eu une organisation qui permettait de respecter tout ça ? Ou tu t'es déjà fait avoir par un investissement trop haut ?
- Speaker #0
Je me suis déjà laissé dépasser. Effectivement, il a fallu à certaines périodes de ma carrière, je prendre des décisions, notamment le passage sur rendez-vous, parce que je fais partie des générations où je recevais des patients comme ça. Et on maîtrisait le moment où on commençait les consultations, mais pas le moment où elle est terminée. C'était épouvantable. Là, maintenant, en ayant des consultations sur rendez-vous, en arrivant à gérer les urgences, qui appellent quand même le secrétariat pour dire, voilà, J'ai besoin d'un rendez-vous en urgence et j'ai des créneaux d'urgence qui leur sont consacrés. Mais je sais qui viennent, je sais qui vient et je sais à peu près à quelle heure je finis.
- Speaker #1
Ça, c'est un virage dans l'éducation du patient.
- Speaker #0
Ah oui,
- Speaker #1
tu l'as vu venir.
- Speaker #0
Je l'ai préparé pendant plusieurs mois. Il a fallu éduquer la patientèle gentiment en leur expliquant comment ça allait se passer. Et puis être un petit peu ferme au début. Ceux qui venaient, qui avaient l'habitude de venir pendant des années en consultation libre, leur expliquaient, non, je ne peux pas vous recevoir aujourd'hui, j'ai des consultations en urgence.
- Speaker #1
C'est compliqué quand ils ont connu l'organisation sans rendez-vous, avec une liberté...
- Speaker #0
Mais c'est faisable, ça a été fait, c'est faisable.
- Speaker #1
Et est-ce que tu as eu des burn-out autour de toi, des collègues, des confrères ? D'ailleurs, le transfert vers la médecine générale libérale depuis les urgences, il y a une raison particulière ?
- Speaker #0
De la médecine libérale vers les urgences ?
- Speaker #1
Non, les mères étaient hospitalières.
- Speaker #0
Moi j'étais hospitalier, j'étais passionné, mais j'étais célibataire, j'étais jeune, je sortais des études, j'avais fait mon service militaire chez les marins-pompiers. Et ça m'avait donné vraiment le goût des urgences. Et je partais d'hôpital en hôpital. Je faisais six mois ici, six mois ailleurs. Et puis un jour, je me suis retrouvé à Orange, un peu par hasard. Je n'étais pas destiné à y rester. Et là, on m'a proposé d'y rester un petit peu plus. Et puis, j'ai fait ma vie de famille. Je me suis marié. J'ai eu des enfants. Et il fallait que je me fixe quelque part. Donc, j'ai choisi ce mode d'exercice dans un village. Et au bout du compte, on découvre. On ne sait pas comment ça va se passer. Mais ça s'est très, très bien passé. c'est vraiment ce que je recherchais
- Speaker #1
Trop bien. Et il y a les cigales et le soleil.
- Speaker #0
Aussi, on a des fruits extraordinaires aussi. On a des fraises, on a des melons. Et puis, cette médecine de village, c'est vrai, quand je pars en visite, je reviens souvent avec les petits cadeaux, les fruits. C'est ce côté familial qui est... Enfin, familial, je ne sais pas si on peut appeler ça comme ça, la médecine de famille ou la médecine rurale. C'est assez extraordinaire. Ils nous le rendent vraiment bien. On s'investit quand même pas mal, mais ils nous le rendent vraiment bien.
- Speaker #1
La plupart des internes qui choisissent médecine générale, C'est... ce qu'on va chercher principalement, ce rapport aux patients assez incroyable qu'on n'a pas ailleurs.
- Speaker #0
Et puis ils acceptent aussi cette vie qu'on a à côté. Je fais de la musique, ils ont l'habitude de me voir jouer de la musique aussi, de faire des choses un petit peu bizarres de temps en temps. Mais oui, ils l'acceptent. Ils acceptent notre personnalité. On est comme on est.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis, parce que des fois, on n'assume pas trop les patients extra-hospitaliers parce qu'on se dit je vais perdre en crédibilité médicale. Tu as déjà ressenti ou tu as déjà eu des remarques ?
- Speaker #0
Non. pas du tout vraiment il y a une chanson de Brassens qui s'appelle Au village sans prétention j'ai mauvaise réputation alors je ne sais pas si elle est mauvaise ma réputation mais elle est faite voilà ils savent que je suis je suis quelqu'un de sincère je suis comme je suis, je n'essaie pas d'apparaître comme quelqu'un d'autre et puis ils m'acceptent comme je suis et ça se passe bien
- Speaker #1
C'est le plus important. Et comme je disais à Hugo tout à l'heure, est-ce que ces passions te permettent de mieux appréhender la médecine, mieux la réaliser ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Le fait d'avoir d'autres choses à côté me permet vraiment de m'épanouir. La relation humaine, je trouve que c'est très important. C'est ce que disait Agathe tout à l'heure. On perd parfois un peu d'empathie. Moi, je le ressens quand les patients reviennent me voir en disant j'ai lu tel ou tel spécialiste ou généraliste, peu importe. J'ai été reçu en cinq minutes. Je ne conçois pas la médecine comme ça. J'ai des créneaux de 20 minutes, 15 minutes pour les urgences. Des fois, je les déborde parce qu'il faut du temps. On prend le patient dans sa globalité et on parle de sa pathologie, mais aussi de tout ce qui le concerne. Ça prend du temps, ça ne peut pas être autrement.
- Speaker #1
Tu as le curseur de l'investissement médical qui s'est modifié au cours de ta carrière. Est-ce que tu avais l'ambition de tout ou beaucoup donner à ce métier ? petit à petit ça s'est modifié ou est-ce que tu as toujours réussi à associer les deux de manière hyper équilibrée ?
- Speaker #0
Je n'ai pas toujours réussi. Il y a des périodes où c'était déséquilibre. Justement, toute cette première période où il n'y avait pas de rendez-vous, ça, c'est quelque chose à éviter. Et je pense qu'en mûrissant, on gagne encore plus en empathie et en relation humaine. On donne encore plus d'importance à ça qu'à la technique, qu'à tout ce qui est purement médical. On fait tous la même chose au bout du compte. On soigne tous les angines de la même façon. On soigne tous les diverses pathologies de la même façon. Après, ce qui fait la différence entre l'un et l'autre, c'est ce côté humain. Et c'est ce que j'essaie de développer avec le temps.
- Speaker #1
Ok, formidable. Hugo ?
- Speaker #0
Oui. On va faire un duo, Hugo.
- Speaker #1
Tu joues quoi ? Moi,
- Speaker #0
je fais de la guitare.
- Speaker #1
La guitare ? Il y a moyen de faire de la guitare avec le pro ?
- Speaker #2
C'est vachement intéressant parce que la relation qu'on a avec les MSU, moi j'avais trouvé ça extraordinaire pendant mon SN1 et même là pendant les SASPAS.
- Speaker #1
SN1 c'est le premier semestre où on est un peu observateur, pas trop de responsabilités. Et le SASPAS c'est le dernier semestre d'internat où on est plus en autonomie. C'est ça. Au cours des conseils.
- Speaker #2
En SN1, j'étais avec deux médecins qui étaient proches de la retraite, qui sont maintenant à la retraite d'ailleurs. Et plutôt un dans un quartier un peu défavorisé à Arles et l'autre à Monsagne-les-Alpilles. Vraiment cette vie de village où sa maison était annexée à son cabinet. Et je trouvais ça fou déjà, pareil, ils avaient le même profil avec des grosses passions à côté. Et c'est ce qu'on disait tout à l'heure par rapport au fait que nous on arrivait tri recommandations et on arrive avec des médecins qui sont plus sur l'expérience. Ce croisement, il est fou. Il est fou de genre la manière d'aborder les choses. Les deux, ils m'ont apporté tellement de trucs et après on prend un peu dans chacun ce qui nous plaît et on s'adapte et on se forge.
- Speaker #1
J'ai évoqué une hypothèse sur un des épisodes. Est-ce que les visites à domicile sont réduites parce que moins de médecins ? Avant, la visite était, si on ne la faisait pas, on perdait le patient parce qu'il allait voir ailleurs. Est-ce qu'il y a un peu de ça dans l'explication ou pas, d'après toi ?
- Speaker #0
Alors non, on ne perd plus de patients.
- Speaker #1
Mais justement, est-ce que les visites étaient réalisées avant par la pression démographique de concurrence entre médecins ?
- Speaker #0
La visite était quelque chose de traditionnel. Les médecins généralistes faisaient des visites et faisaient des consultations. On ne se posait même pas la question, en plus, pour des sommes qui étaient un peu dérisoires pour les visites. Et puis, on était assez corvéables à Merci. Les gens nous appelaient, le petit avait un peu de fièvre, on allait, on faisait une visite, on ne se posait pas la question. Donc, culturellement, ça a changé. Les gens, il aura fallu, les patients, il aura fallu pas mal de temps, pas mal d'années, pour concevoir que le médecin ne pouvait pas se déplacer comme ça aussi facilement. Moi, je défends les visites à domicile parce que je les réalise chez des patients qui ne peuvent vraiment pas se déplacer et qui ont besoin qu'on aille les voir à domicile. Mais je ne fais plus comme je le faisais il y a quelques dizaines d'années, des visites à domicile pour des angines ou pour autre chose. Donc, toutes ces personnes-là se déplacent. Même pour Delon Bago, ils arrivent à se déplacer. Il faut à nous de faire en sorte qu'ils n'attendent pas. Mais ils arrivent quand même à se déplacer, sauf vraiment la douleur aiguë.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qui a fait le changement ? Je ne sais pas, culturellement, tu dis que c'est culturel, mais... Il y a eu un ras-le-bol de se déplacer pour quelques euros, il y a eu un ras-le-bol de perdre du temps et de ne pas suffisamment voir les autres patients.
- Speaker #0
Je pense que c'est la raréfaction des médecins déjà. Donc on a été moins nombreux, il y a eu de plus en plus de demandes et on a été moins nombreux à faire les tâches qu'on faisait auparavant en étant plus nombreux. Moi dans mon secteur, on est actuellement je crois une douzaine à prendre le tour de garde sur le secteur d'Orange et mon village. On était quand je me suis installé 26. C'est énorme. Et du coup, les gardes sont devenues plus fréquentes. Il y a eu un ras-le-bol des gardes. Quand je me suis installé, on avait des gardes de samedi et des dimanches. complète. On avait tout le samedi et toute la nuit du samedi et tout le dimanche et toute la nuit du dimanche. Et le lundi, il fallait travailler. Et les choses ont bien évolué. Il y a eu un ras-le-bol parce que bon effectivement ça revenait très souvent et les médecins n'ont plus voulu faire des gardes de nuit, les médecins n'ont plus voulu faire des gardes de semaine et ça a bien évolué à ce niveau. Et les visites, c'est un peu pareil je pense.
- Speaker #1
Tu te souviens de ces gardes samedi-dimanche parce qu'on se dit avant les médecins, avant ils faisaient ça, c'était des fous, c'était trop, ils se pétaient la santé. Est-ce que tu as... senti que c'était trop.
- Speaker #0
Oui, mais je me rappelle très bien de ça, parce que c'était à une époque que vous n'avez pas connu, où il n'y avait pas les téléphones portables. Donc, on prenait les visites et on avait l'épouse à la maison qui prenait les appels. Ce n'était pas régulé par le 15. Et on partait avec 4-5 visites dans la besace, et on revenait au téléphone public pour rappeler à la maison pour demander s'il y avait d'autres visites. On n'avait pas le GPS. Bon, je ne vais pas revenir là-dessus, mais bon, ça existait. Et de la même façon qu'aux urgences, moi, quand je travaillais aux urgences, j'étais au SMUR d'Orange. Je tournais au SMUR, on était deux à tourner. C'est-à-dire qu'on faisait des semaines un peu comme les infirmiers actuellement, avec deux jours et trois jours. Et la semaine d'après, c'était deux jours et demi d'affilée. C'est-à-dire qu'on faisait 48 heures d'affilée le lundi et le mardi. Et on faisait 72 heures d'affilée le vendredi, samedi, dimanche. Ça n'existe plus, heureusement, aujourd'hui.
- Speaker #1
Est-ce que tu étais heureux de cette matinée-là ? Est-ce que tu étais... qualitatif sur ta façon de... Alors,
- Speaker #0
est-ce que j'étais heureux ? Oui, j'étais jeune, j'étais heureux et puis j'étais passionné par ça. Est-ce que j'étais qualitatif ? Je ne suis pas apte à juger si j'étais qualitatif le troisième jour, par exemple, ou la troisième nuit. Mais bon, c'était comme ça, on n'avait pas le choix, quoi.
- Speaker #1
Agathe, tu peux nous rappeler un peu ton organisation actuelle, côté médecine ?
- Speaker #3
Je travaille deux jours par semaine en cabinet, à Violesse, et un jour par semaine aux urgences, de Cavaillon. Et moi, pareil, je n'ai pas de visite. Alors après... C'est parce que je trouve que pour l'instant, c'est un petit peu compliqué de gérer aussi les visites à domicile, alors que je travaille seulement deux jours par semaine. Donc, ça me ferait vraiment réduire ma plage horaire de consultation. Mais j'avais cette réflexion à la fois. Je me disais, mais en fait, si j'ai ma patientèle pendant 10, 20 ans, 30 ans, et qu'au bout d'un moment, les patients que j'ai au début deviennent incapables de venir me voir en consultation, une grabe à terre ou quoi que ce soit, je me vois mal leur dire, je ne vais pas venir vous voir. Je pense qu'à ce moment-là, j'irai aussi. Mais c'est vrai que là, si j'ai le choix et que c'est encore des patients que je ne connais pas, pour l'instant, je ne prends pas.
- Speaker #1
Et tu as fidélisé, tu sens que les gens viennent te voir à toi et tu es en train d'être satisfaite de l'organisation actuelle ?
- Speaker #3
Oui, ça me convient bien. La patientèle est extraordinaire. Les patients sont d'une gentillesse incroyable. En plus, c'est une patientèle rurale, semi-rurale. Donc des gens qui travaillent la terre et tout. Et je ne sais pas, j'aime beaucoup la mentalité des patients que j'ai dans ma patientèle. Donc oui, oui, pour l'instant je suis contente.
- Speaker #1
T'es postée combien de jours au final ? En tout ? Trois jours. Trois jours. Est-ce que ça glisse sur toi les remarques de t'as pas assez d'amplitude horaire ? Oui,
- Speaker #3
constamment. L'hôpital... Ah est-ce que ça glisse sur moi ? Oui. Oui ? Oui parce que voilà, c'est tout, chacun conçoit sa vie comme il le veut.
- Speaker #1
Parce qu'on en parle beaucoup dans les épisodes, certains sont impactés. Moi le premier, je trouve que c'est dur d'avoir ce rôle sociétal et de prendre des remarques comme quoi on n'a pas assez d'amplitude horaire, qu'on ne travaille pas assez. Toi c'est ok ? Oui,
- Speaker #3
ça glisse sur moi parce qu'en fait, de toute façon, il y aura toujours quelqu'un pour nous juger, toujours quelqu'un pour nous dire que ce qu'on fait, ce n'est pas bien. De toute façon, ce ne sera jamais assez bien. Si on fait beaucoup, ce ne sera quand même pas assez bien parce que du coup, on va faire mal. Et puis de toute façon, j'ai un caractère qui fait que si je travaille trop, je suis plus qualitative. Moi c'est pareil, je fais des consultations longues, je prends une demi-heure par patient parce que j'aime ça, parce que j'aime parler, j'aime écouter, etc. Et quand je vais au boulot, j'y vais mais j'ai vraiment envie d'aller au boulot. Le matin je me lève, je me dis je suis trop contente, je sais que si je travaille cinq jours par semaine, je vais y aller à reculons, je ne vais pas avoir envie d'y aller. Donc voilà, et puis oui je pense que j'ai dépassé ça. Je pense que quand on a 20 ans, on pense beaucoup à ce que les autres pensent de ce qu'on fait, mais au bout d'un moment on finit par se dire... C'est bon, basta, je fais juste comme j'ai envie.
- Speaker #1
Hugo, quelle ambition sur l'amplitude horaire ?
- Speaker #2
A voir, moi j'avoue que ça me glisse dessus aussi dans le sens où on est une profession libérale, à partir du moment où ça c'est assumé, chacun fait un peu ce qu'il veut.
- Speaker #1
Oui mais il y a ce questionnement philosophique du rôle qu'on a dans la société.
- Speaker #2
Oui c'est sûr. Sinon moi je ne projette pas spécifiquement une amplitude, pour le moment j'attends de voir, là actuellement pendant l'intermédiaire de médecine générale, on fait 4 jours par semaine. C'est un rythme qui me va bien. Après, ça va dépendre de ce que je vais faire à côté. Pendant mon SN1, je faisais deux matinées à l'EHPAD de Mossad les Alpilles. Et pour moi, ces matinées-là, ce n'était pas spécialement du travail. J'y allais, j'avais la liste des personnes qu'il fallait aller voir. Et il y avait un côté très libre où je me baladais dans l'EHPAD, qui est un lieu de vie. J'allais voir les gens et on réglait les petits problèmes par-ci par-là.
- Speaker #1
Oui, mais tu ne vas pas dans un EHPAD par plaisir non plus.
- Speaker #2
Oui, c'est sûr. Mais je ne le ressentais pas comme une journée de consulte où on sait combien de patients on va voir. Il y a un côté très, pas protocolaire, mais on sait quelle charge de travail on va avoir dans la journée.
- Speaker #1
La liberté du lieu de plaisir en fait.
- Speaker #2
Je trouvais ça pas mal, le fait de changer lieu aussi. Et après, ce que je me dis, c'est qu'on pourra, enfin on peut varier, si on ne veut pas travailler une après-midi, on ne travaille pas une après-midi, si on veut travailler, on travaille et on voit. Mais je suis d'accord qu'il ne faut pas rentrer dans un engrenage où derrière on va au travail la boule au ventre et tout, parce que ce n'est pas bénéfique pour personne.
- Speaker #1
Tu veux dire quelque chose Agathe ?
- Speaker #3
Non, je voulais réagir sur le fait que je pense que c'est aussi une vision de la société actuellement. de tout penser en termes de quantité d'efficience, de productivité et en fait on revient à ce qu'on disait tout à l'heure l'humain, remettre l'humain au centre etc il y a toutes ces choses qui sont de l'ordre du qualitatif de l'impalpable, du subtil qui font aussi pour moi le sel de la vie et s'il n'y a pas ça si on est juste dans la productivité,
- Speaker #1
la consommation en fait je me rends compte qu'il y a un croisement de courbes un peu contradictoires Ciao ! paradoxal, mais il y a moins de médecins et ceux qui font la médecine veulent une médecine qualitative avec de l'énergie et une disponibilité totale quand ils réalisent la médecine, donc une réduction de l'amplitude horaire. Et donc, en fait, c'est pour ça que ça fait un effet un peu compliqué, in fine, mais quand la démographie sera améliorée, la médecine en sortira améliorée elle aussi, vous pensez ?
- Speaker #2
Un truc qu'on a tous les deux évoqué et qui fait partie aussi des freins à l'installation immédiate, comme on disait au début, c'est qu'à partir du moment où on a des patients en tant que médecins traitants et qui du coup dépendent un peu de nous, pour moi, du coup, on doit adapter son amplitude horaire à son amplitude de patients. C'est-à-dire qu'on est un peu dans l'obligation de répondre aux besoins des gens envers lesquels on s'est engagé. Donc, c'est pour ça que le fait d'être à deux jours par semaine, tu as une quantité de patients. et pour moi... On serait un bon médecin dans la mesure où les patients qu'on prend en charge, à aucun moment ils disent c'est impossible d'avoir rendez-vous avec mon médecin. Et je pense que c'est pour ça que certains médecins limitent un peu leur fil actif. Parce que si on arrive et qu'on prend 4000 patients médecins traitants, mais qu'on ne peut pas les voir, parce qu'on travaille deux jours par semaine, ça n'a aucun intérêt. Donc pour moi, il y a vraiment ce truc d'adapter le nombre de patients vers lesquels on s'engage. et une fois qu'on s'engage avec eux, on est un peu... pas redevable mais on est là pour s'occuper d'eux, il faut qu'on soit disponible pour eux. Donc il y a un peu ce truc-là de jauger au-delà de l'amplitude horaire en tant que telle, l'amplitude de patientèle et conjuguer un peu les deux.
- Speaker #1
Le calibre du tuyau pour prendre l'eau.
- Speaker #0
C'est la structure dans laquelle tu vas t'installer qui va faire aussi la différence. C'est-à-dire que si tu t'installes seul, ça va être compliqué de ne pas répondre aux demandes. Si tu t'installes dans un cabinet de groupe où il y a plusieurs médecins, effectivement ça te donne le droit de ne pas être là certains jours de la semaine. enfin le droit on va dire la possibilité de ne pas être là certains jours, de choisir les jours où tu vas travailler et puis de s'entendre avec tes confrères associés pour que tout le monde ne s'en aille pas le mercredi mais en tout cas ça te laisse plus de liberté dans tes choix. C'est bien,
- Speaker #2
c'est pour ça que maintenant je trouve et beaucoup de gens autour de moi aussi que c'est impossible de s'installer seul en tant que médecin maintenant que ce soit en termes de charges, en termes de charges de travail et tout, c'est maintenant on... temps aller vers les MSP, il y en a qui se construisent de partout et c'est des superstructures parce que ça permet de bien couvrir l'offre de soins. Mais maintenant, le médecin seul, tel qu'on le concevait avant, je trouve que ça n'existe plus trop.
- Speaker #1
Tu as connu cette façon de pratiquer ou pas ?
- Speaker #0
J'étais seul pendant un an ou deux, deux ans je crois, au début. J'avais une création, à l'époque c'était compliqué, il y avait beaucoup plus de concurrence, donc il fallait en sortant de l'hôpital, il fallait que je trouve un endroit pour m'installer. peu de possibilités. Il y en avait une dans le village où je suis et j'étais seul pendant deux ans. Après, le médecin qui était sur place est parti assez rapidement. Il a été remplacé par un interne avec qui j'avais travaillé à Marseille et on s'est rapidement associés. Depuis, on est deux.
- Speaker #1
Ok. Deux avec des paramètres ou que deux médecins ?
- Speaker #0
On est juste deux médecins. On a un secrétariat téléphonique qui nous prend les rendez-vous et pour l'instant, on en est là. C'est un village de 2700 habitants, donc ça a été assez confortable malgré tout. C'est devenu un peu moins parce qu'effectivement, Orange, la ville la plus proche, les médecins s'en vont les uns après les autres. Et donc, on est très sollicité par des patients orangeois, par des patients gardois. On est juste à côté du Gard aussi, donc on a beaucoup plus de demandes. Donc, il a fallu mettre un frein. au nouveau patient. C'est-à-dire qu'on accueille tous les patients du village. Moi, je me suis installé pour soigner les patients de mon village, donc je refuse personne de mon village. Et j'ai pas mal de patients orangeois, mais j'évite d'en prendre davantage. Après, c'est un filtre. Le filtre, il y a des gouttes qui passent malgré tout. Donc, on est amené à en prendre quand il y a des cas un peu compliqués.
- Speaker #1
Et c'est là où tu peux prendre des remarques où les gens te voient jouer de la guitare et te disent « Oui, mais lui, il m'a refusé en tant que patient » .
- Speaker #0
Alors non, jamais. Jamais.
- Speaker #1
On pourrait se dire ça, que les gens ne comprennent pas trop, qu'on a des vies à côté.
- Speaker #0
Non, ça, je n'ai jamais eu ce genre de réflexion.
- Speaker #1
Il y a des personnes qui sont venues te débrancher la guitare.
- Speaker #0
Je ne joue pas que dans mon village. J'apprends à m'éloigner un peu de temps en temps.
- Speaker #1
C'est quoi la suite, Agathe ? Tu vois la matinée comment ? Est-ce que tu es à l'équilibre ? Est-ce que tu sens que tu vas augmenter l'amplitude ? Je te laisse me raconter. Où est-ce que tu passes le curseur ? Je ne suis pas la meilleure pour faire les plans.
- Speaker #3
C'est un peu compliqué, un peu à l'instant. Je sais un peu comment je sens les choses. Et puis, les plans viennent au fur et à mesure. C'est un peu délicat. Là, je pense que la première leçon que je retiens de mes six premiers mois d'installation, c'est que j'ai vraiment envie de travailler en groupe, justement, ce qu'on disait. Avec d'autres médecins, mais pas que. J'aimerais vraiment d'autres professionnels de santé, sages-femmes, kinés, des gens qui travaillent différemment, un pédiatre peut-être. pour avoir des visions un peu différentes et pour pouvoir se compléter. Donc ça, ça me manque parce que je me sens un peu seule en fait. Donc je suis très bien seule, isolée dans ma campagne. C'est hyper zen et c'est super, mais ça, ça me manque un peu. Donc peut-être enrichir un petit peu ma pratique de ça. Et puis après, peut-être compléter un petit peu. J'avais commencé une formation en médecine chinoise quand j'étais interne, que j'ai arrêtée parce que c'était un petit peu trop compliqué. Alors peut-être poursuivre ça pour avoir un peu un autre outil. Pardon, par rapport à ce que je disais tout à l'heure. Voilà, pour l'instant c'est un petit peu les deux axes, je pense.
- Speaker #1
On a le droit à réaliser de la médecine chinoise, tu connais un peu le côté ?
- Speaker #3
Oui, il faut faire un DU via des DU officiels à la fac, et du coup ça permet d'avoir...
- Speaker #1
La médecine de tous les jours ?
- Speaker #3
Oui, complètement. C'est même coté, je crois, je ne sais plus, c'est une certaine cotation officielle. Si c'est un DU,
- Speaker #1
c'est un DU.
- Speaker #2
Il est remboursé du coup ?
- Speaker #3
Oui, il est remboursé.
- Speaker #1
Ok. Oui, il y a des cotations un peu particulières, non, Jean-Michel ? Comme tout ce qui est... Mésothérapie, etc. Il y a des choses remboursées, mais pas... On va partir là-dessus.
- Speaker #0
Je ne suis pas compétent là-dessus. C'est une général traditionnelle. Je voulais juste rebondir sur une chose. On parle des visites à domicile. C'est vrai que la visite, ça peut être une corvée. Vraiment, si on fait la visite entre midi et deux, on la rajoute à notre emploi du temps qui est déjà très chargé. Ça peut être une grosse contrainte. Moi, je fais une visite une grosse demi-journée par semaine. Et c'est... Du coup, ça devient moins une contrainte. J'y vais, je fais les visites ce jour-là. C'est rarement une place très urgente. Je fais une visite urgente quand il le faut, mais c'est quand même très rare. Les visites dont je parle, c'est des visites programmées que je vais faire et je choisis le moment de la semaine où je vais les faire. En plus, je l'ai fait le mercredi, donc ça coupe bien la semaine. Après deux journées de consultation, je fais les visites à domicile et je vais voir les pas de l'après-midi. Comme disait Hugo, je trouve que c'est très important de diversifier, sinon on rentre dans une routine. Mais ce n'est pas possible. Donc, il faut diversifier le plus possible, essayer d'avoir, outre les activités de loisirs, mais même professionnellement, faire d'autres choses. Je suis allé aussi soigner des réfugiés ukrainiens. Ils étaient à Orange, j'étais sur Orange et je passais une après-midi à aller les voir. C'était la médecine particulière. On les examinait dans une chambre d'hôtel. Ils étaient dans un hôtel première classe sur Orange pendant quelques temps. Je crois qu'ils sont sur Carpentras d'ailleurs maintenant, si je ne me trompe pas. Donc, j'ai dû arrêter par la force des choses. et notre médecin qui a dû prendre le relais, mais ça diversifiait aussi l'activité et puis on avait l'impression vraiment de se sentir utile.
- Speaker #1
Moi, j'ai connu les visites entre midi et deux.
- Speaker #0
C'est pour ça ce côté contraignant. C'est agréable,
- Speaker #2
tu n'as pas le temps de manger.
- Speaker #1
Tu n'as pas envie d'y aller, tu es pressé, rien de bon.
- Speaker #2
Et tu as des médecins aigris après.
- Speaker #1
Exactement. Ok, merci à tous les trois. Est-ce qu'on a oublié quelque chose qui vous tenait à cœur, qui vous tient à cœur ? Un message clé de façon de réaliser la médecine, de la façon de réaliser d'autres patients extra-hospitaliers ?
- Speaker #2
Spécialement, j'ai l'impression que même si on a tous des statuts différents d'interne, collaborateur et médecin installé, on a quand même tous la même mentalité, j'ai l'impression, et la même, comme on disait avant, évolution naturelle, d'un internat assez restrictif en liberté, puis derrière une phase avec un besoin de liberté justement de voyager, de tenter des choses. et après à terme il y a autant de autant de pratiques que de médecins, et ça va être la médecine chinoise, ça va être faire des domiciles, pas de domicile, et c'est ça qui est passionnant dans la médecine générale, et dans la médecine de manière générale, c'est qu'il y a autant de médecins que de possibilités d'exercice différentes. Donc, il n'y a pas tellement, par rapport à ce qu'on disait, de changement, d'évolution, je trouve, dans le temps. C'est plus une évolution qu'une rupture, qu'une coupure.
- Speaker #1
Une évolution médicale et aussi des patients.
- Speaker #2
C'est ça, une évolution démographique, une évolution des connaissances, une évolution des modes d'exercice. Et tant que tout le monde est heureux et que tout le monde est soigné, c'est le plus important.
- Speaker #1
Agathe, est-ce que tu as un petit message clé ? Peut-être un peu redondant,
- Speaker #3
mais ce que j'aurais aimé qu'on me dise quand j'étais interne, c'est vraiment de ne pas hésiter quand on finit l'internat de juste faire autre chose, d'expérimenter d'autres choses et pas se dire c'est parce que j'ai fait 10 ans de médecine que du coup je ne fais que ça et je suis obligée de la main d'être médecin et de m'installer. Et non, on n'est pas que ça. Moi, je me souviens, en voyage, souvent, au début, on me demandait ce que je faisais, j'avais fait des études de médecine et tout de suite, on me cataloguait. C'est tes médecins, donc tout ce qu'on met autour. d'un médecin en positif et en négatif, mais souvent plutôt en positif. Au bout d'un moment, j'en ai eu marre et j'ai arrêté de dire que j'avais fait médecine, j'ai arrêté de dire que j'étais médecin. Et en fait, ma relation avec les gens a changé. Et j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de plus authentique. Et en fait, ce regard-là que les gens ont sur nous quand on dit qu'on est médecin, parfois c'est le propre regard qu'on met sur nous-mêmes. Et on s'attend à être un peu enfermant parfois. Donc c'est peut-être ce message-là de « non, vous n'êtes pas que médecin » . Et vous êtes en plein de pauses, ça ne vous définit pas. C'est un statut, c'est un rôle que vous prenez, mais ce vêtement-là, il faut le mettre quand il y a besoin et il faut l'enlever quand il y a besoin.
- Speaker #1
Très intéressant. C'est pas évident à faire.
- Speaker #2
Sinon, des inconnus dévoilent très vite leur dossier médical à 22 heures, un bar aléatoire. Ça arrive très vite.
- Speaker #1
Jean-Michel, est-ce que tu as un message ?
- Speaker #0
Non, mais moi, je suis ravi d'avoir rencontré à nouveau aujourd'hui des jeunes médecins passionnés qui ont envie. Et ça, c'est réconfortant. On voit aussi... des médecins désabusés qui sont un petit peu aigris parce que c'est compliqué. Ce n'est pas forcément de leur faute, mais ils voient beaucoup de monde, ils ne se sont pas protégés. Et leur vie se résume à cette course quotidienne, à essayer de voir tout le monde. Et puis, dès qu'on leur parle de quelque chose d'un petit peu nouveau, ils hésitent parce qu'ils ont l'impression qu'on leur propose d'en faire encore plus que ce qu'ils font actuellement. Moi, je ne peux qu'encourager mes confrères à prendre des stagiaires, à devenir maître de stage. C'est très enrichissant humainement. Et puis, on rencontre des jeunes qui sont passionnés, qui ont vraiment envie de faire ce métier-là. Et à nous de leur transmettre notre amour pour ce métier-là, parce que c'est un des plus beaux métiers du monde. Comme enseigné, comme soigné, c'est un des plus beaux métiers du monde. J'espère que vous aurez une carrière très riche. Et c'est tout ce que je vous souhaite.
- Speaker #1
Merci beaucoup, tous les trois, pour tous vos messages. Merci, Paul. Vaucluse Santé Attractivité, merci à Stéphanie qui m'a accompagné pour la réalisation des deux épisodes, merci au Château Pesquet, on est au pied du Mont Ventoux, c'est très très beau vous êtes vous les internes, néo-internes anciens internes reçus aujourd'hui pour reprendre un petit pot un petit pique-nique, rencontrer les MSU c'est très très sympa de la part de toute l'équipe du Vaucluse Santé Attractivité merci beaucoup à tous les trois et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Merci. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite cloche. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt !