Speaker #0Il est minuit à Bali, l'heure de notre rendez-vous avec l'évolution naturelle. Un moment rien que pour vous, une pause, pour découvrir d'autres philosophies de vie, des modes de pensée différents. Minuit à Bali vous offre la possibilité d'explorer ce que nous sommes vraiment, de mieux comprendre ce qui nous anime, ce qui nous fait vibrer, aimer et avancer. Ce qui peut nous permettre d'être plus en équilibre, plus heureux. Je m'appelle David Mott, je suis accompagnateur en évolution naturelle, Master Coach certifié, mais je me définis plutôt comme un explorateur du vivant. Ce qui m'intéresse tout particulièrement, c'est le changement. Celui que nous préparons ou celui qui nous surprend. Ensemble, nous allons dépasser nos limites, réinventer notre vie ou la vivre entre nous. Parce qu'il n'est jamais trop tard pour devenir la personne que vous avez toujours voulu être. Et c'est maintenant, quand il est minuit. Ah bah oui ! Je sais pas vous, mais moi je trouve pas ça simple d'être un homme ou une femme. Je parle pas ici de genre, mais d'incarnation, d'incarner, de savoir que nous sommes un homme ou une femme, et de nous comporter en tant que tel. De répondre aux attentes de la représentation... que la société a d'un homme ou d'une femme. Il y en a encore peu, c'était plus simple. La femme était la compagne de l'homme, elle avait peu de droits et beaucoup de devoirs. Et l'homme était celui qui prenait les décisions, c'était le boss, c'était le patron, c'était l'entrepreneur, celui qui mettait le pain sur la table. Mais au cas où vous auriez vécu jusqu'à présent sur une autre planète, les choses ont tout de même changé. Oui, des femmes ont revendiqué, comme Gisèle Lallimie, féministe, la seule avocate signataire en 111 du manifeste des 343 femmes, qui déclarèrent avoir avorté et réclamé le libre accès aux moyens contraceptifs et l'avortement libre, ou bien Simone Veil qui, le 26 novembre 1974, monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre la loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse devant une majorité d'hommes, faut-il. le préciser. Eh oui, les hommes étaient en majorité à l'Assemblée nationale quand Simone Veil est montée à la tribune pour défendre la loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse. Ça m'a d'ailleurs toujours interpellé cette histoire. C'est pourquoi des femmes doivent demander des autorisations ou une réglementation à des hommes pour disposer de leur corps ? En quoi l'homme est-il légitime pour... comprendre le corps de la femme, pour juste comprendre ce que c'est que de donner la vie, d'être considéré comme une matrice à la disposition du patriarcat. Rappelons que Jacques Chirac, Premier ministre, ne comprenait lui aussi pas pourquoi l'avortement était une telle urgence. Et pour Valéry Giscard d'Estaing, les femmes sont toujours débrouillées, elles continueront à le faire, disait-il. Mais Simone Veil raconte dans son topographie une vie que Jacques Chirac n'a cependant pas. ménager son soutien, une fois qu'il a compris, il a tout mis en œuvre pour que la loi soit votée. Mais là aussi, il faut cependant comprendre qu'il a fallu aussi l'intervention d'un homme pour que la loi soit enfin adoptée. On revient de loin, et même si tout n'est pas parfait, nous avançons vers une forme d'équilibre avec ses avancées, ses excès, ses défaites et ses victoires. En tout cas, des questions sont posées, des situations révélées, des injustices dénoncées. Mais cette recherche de notre place... propre place dans une société qui nous influence, forcément. Il nous demande d'avoir un avis, de choisir ses combats. Il arrive un moment où on se demande par quoi on devrait commencer pour se connaître soi-même déjà, d'intervenir avant d'intervenir dans la vie des autres, ou simplement les juger, ses autres. Déjà, il faudrait-il commencer par se connaître soi-même. C'est un moment, comme nous l'avons vu, qui nous demande de nous retrouver face à nous-mêmes. de reconsidérer nos choix, de nous apprivoiser, de nous pardonner et de continuer en prenant compte de notre environnement. Ce qui implique que nous devons l'identifier dans toute sa complexité et de comprendre cet environnement. Chaque mot que je prononce, chaque phrase que je partage avec vous est sujet à discussion, voire même à débat. Quand je cite Simone Veil, sa carrière, son histoire, ses prises de position, ça ne se résume pas simplement à quelques pauvres phrases que je viens de partager avec vous. C'est à vous de continuer en allant chercher la suite, de vous interroger, de vous questionner, de vous informer. Vous pouvez être d'accord ou pas, mais ce qui est important, c'est surtout d'aller chercher des informations supplémentaires et d'élargir votre spectre de connaissances, sans vous arrêter à votre... première impression, c'est important, mais de vous donner la possibilité de comprendre, ou plutôt de savoir, de comprendre et d'agir sans vous laisser influencer par une seule voix. A plus forte raison, la mienne. Nous avons vu ensemble, dans un des épisodes précédents, que le développement personnel s'était développé au fil des années, on l'a vu, en nous offrant la possibilité de nous rapprocher de nous-mêmes. Nous avons cette possibilité d'identifier nos émotions et de les vivre, et par la force des choses, de nous confronter à nos peurs. Dans le développement personnel, c'est une étape incontournable de se confronter à nos peurs. Et c'est en cela que s'il est en change dans les relations entre les hommes et les femmes, nous allons devoir tout de même se lever le tapis et affronter les peurs que nous avons bien soyeusement cachées. Si je vous ai parlé précédemment de deux figures de proue du féminisme en France, et d'ailleurs j'aurais pu citer Elisabeth Beninter d'ailleurs, c'est dans un environnement hostile, c'est que c'était dans un environnement hostile qu'elles étaient présentes, qu'elles vivaient. Un contexte politique et religieux qui était contre l'idée même que les femmes puissent disposer de leur corps, d'ailleurs même de penser tout simplement, qu'elles puissent avoir un avis sur la question, qu'elles puissent avoir des convictions à défendre. Ces femmes donc se sont élevées pour leurs droits. Non pas de défendre leurs droits qu'elles n'avaient pas, mais plutôt de revendiquer les droits qui n'existaient pas encore, et que nous avons maintenant grâce à ces femmes-là, et d'autres bien sûr. Sans rentrer dans les détails de ceux ou ces combats extrêmement intéressants, on peut aisément comprendre qu'elles pouvaient parfois avoir la peur au ventre, qu'elles devaient faire preuve d'un vrai courage pour faire face aux insultes, aux caricatures qu'elles... qu'elles marchaient vers l'inconnu tout simplement, car rien n'était prévu ou adapté pour accueillir leurs revendications, et qu'elles écrivaient des pages pour toutes les femmes, où leur voix était enfin entendue. C'était un sacré challenge, mais la peur était là. Alors oui, oui, façon néant avant l'évolution des mentalités, puis la compréhension. Et enfin, les différentes victoires, il y a eu la peur. La peur de ne pas être comprise, la peur d'être humiliée, la peur de ne pas avoir les bons mots. Bonnes, réparties. La peur d'être salie, trahie, insultée, moquée. Et si la peur n'évite pas le danger, elles n'ont pas pu éviter d'être traitées de tous les noms. Menacées parfois même physiquement. Mais elles sont passées en mode guerrière, acceptant cette peur, mais en lui donnant l'importance vraiment qu'elle avait. Mais ça ne les a pas empêchées d'avancer, de s'exprimer, d'argumenter. Car il n'y a pas de courage sans peur. Et ces femmes, elles étaient courageuses. Ouais, elles étaient courageuses. De nos jours, ce combat, il n'est pas si lointain. Il n'est même déjà pas forcément gagné tout le temps. On l'entend encore parler. On remet en question ces thèmes. Bah oui, mais de nos jours, il n'y a plus vraiment d'homme fort qui assure dans toutes les situations et la faible femme qui attend qu'on lui donne des autorisations pour vivre sa vie. Des stéréotypes. Mais bien les êtres humains qui font face, oui, c'est ça, qui font face à leurs contradictions, à leurs programmations, leurs... conditionnement et qui vont devoir individuellement identifier comprendre et accepter leur peur pour les transformer en force en leçon de vie et avancer vers ce qu'ils ont toujours voulu être tout en reconsidérant sa propre façon d'évoluer dans le collectif avec là aussi ses peurs ses préjugés ses doutes sans parler de ses angoisses ça nous concerne vous moi nous Plutôt que de vous expliquer comment sortir de nos peurs, débloquer des situations anxiogènes, sujet que nous pourrions d'ailleurs aborder plus tard, on va y revenir, c'est intéressant. Mais là, dans cet épisode, je vais vous raconter une histoire qui m'est arrivée, une vraie histoire. Et vous donnera peut-être une des clés pour affronter certaines de vos peurs. Ne sois pas dans le combat d'une vie, comme on vient de le voir précédemment, et je change volontairement d'environnement pour le rendre plus accessible. Mais si je vous la donne maintenant cette clé, comme ça, ça va sonner comme une morale. Ouais, faites-y, pensez à ça, une leçon, alors que je préférais que ce soit plutôt une réflexion. Voilà, une petite réflexion. À consommer sur place ou à emporter pour y réfléchir pendant une balade avant de vous coucher. Alors cette histoire... Je vais commencer à vous la raconter, mais je vais changer les prénoms des différents protagonistes afin de ne pas les gêner par mes réflexions. Mais cette histoire est vraie, je le précise une nouvelle fois. Et la voici telle que je l'ai vécue. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais je vais vous la raconter depuis un petit bout de temps. Il y a quelques années, au tout début de mon installation à Bali, nous cherchions à louer une maison sur Sanur. Sanur est un village balnéaire situé dans le sud de Bali. Et Rémi, je rappelle que les prénoms sont changés, et Rémi, un français expatrié, nous a proposé la sienne. C'est ainsi que nous avons fait pour la première fois sa connaissance. plutôt sportif, sûr de lui, en tout cas c'est l'image qu'il donnait, il avait l'amitié naturelle, et surtout, je l'ai appris par la suite, quand il se donnait un objectif, qu'il avait envie, qu'il avait une envie, ou un rêve, un objectif, il allait toujours jusqu'au bout, et c'est pour ça, je crois, que j'ai toujours apprécié cet homme. Bref, après quelques sorties en sa compagnie, il me proposa, avec quelques-uns de ses amis, d'aller faire du caillouning, dans la région de Munduk. Voilà une bonne idée ! Et donc, sachant surtout que les taureaux ne m'étaient pas inconnus quand même, car j'ai vécu plus jeune à Boursa-Maurice, quand j'étais chasseur alpin au 7ème BCA, et j'avais pratiqué régulièrement l'hydrospeed, en dehors de l'armée, je pratiquais l'hydrospeed et j'étais même devenu champion de France par équipe, et j'étais également moniteur de rafting. Ceci pour dire que l'environnement... ne m'était pas indifférent, je le connaissais, ne m'était pas inconnu. Et cela, c'est un important, quand même, pour la suite de l'histoire. Rémi m'invite donc à faire du carréning avec lui et ses copains, et me voici à 6h du matin, les attendants, sur le parking d'un restaurant local. à sa nôtre. Rémi arrive en premier en voiture en pleine forme pour un départ au lever du soleil. Puis Nicolas, un expatrié de Thaïlande. Et pour finir, Jean-Philippe, un grand gaillard qui habitait à Bali depuis 9 ans. On monte tous dans la voiture de Rémi et, rôle ma poule, nous partons tous pour Munduk. C'est une région qui, encore une fois, est un peu au nord de Bali et dans les montagnes. Sur le chemin, comme on a le temps de parler, on parle de ce qu'on fait, il partage quelques anecdotes en commun, puisqu'ils se connaissent tous. Il parle de personnes que je ne connais pas, je suis le nouveau du groupe, et ma vie n'a pas l'air forcément de les intéresser beaucoup, pas plus que ça. Par contre, raconter la leur semble leur procurer un certain plaisir. Nicolas nous raconte ses projets sur la Thaïlande, et Jean-Philippe revient sur sa vie dans la mode, la haute couture. Et puis il nous parle aussi de ses projets de magasins sur Bali. Encore une fois, je ne suis pas encore complètement inséré dans le milieu expatrié de Bali. Je découvre plus que je ne peux maîtriser la chose. Pour tout vous dire, je trouvais Jean-Philippe assez superficiel. Le gars qui a tout vu, il a tout pour lui, grand, plutôt pas mal. Allez, pour ne pas dire beau gosse. Avec des fringues stylées, mais qui parlaient beaucoup de lui. Des soirées, des fêtes. grandes villas, des lieux the place to be. On n'avait pas d'atome crochu. Enfin, je sentais bien qu'on n'avait pas d'atome crochu entre nous, entre Jean-Philippe et moi. Enfin, le point commun qui pourrait nous rapprocher, et je l'écoutais que d'une oreille, pour tout vous dire. Bref. La conversation battait son plein dans la voiture, entre souvenirs d'anciens combattants, lieux tendants qu'ils avaient vus, surtout pas loupés, histoires sans intérêt, en tout cas pour moi, et sur les rations de chacun, avec chacun, tu t'en souviens, je m'en souviens, tu te rappelles, ah oui c'est vrai, très très bien, trahison dans ses amis, et surtout les business de chacun, tout ça c'était sur la route, chacun se parlait. Encore une fois, je venais d'arriver, je ne pouvais pas participer à la conversation et je regardais donc le paysage défiler devant mes yeux. Une fois arrivé à la base du Kayoning, en pleine jungle, donc à Munduk, nous avons fait la rencontre de Régis, un Français propriétaire de la société et qui nous a chaleureusement accueillis. Nous avons fait une boisson et puis il nous a proposé de choisir le type de parcours que nous souhaitions. Et d'un commun accord, nous avons choisi le plus long et le plus difficile. Enfin, d'un commun accord, c'est vite dit. Comme tous les hommes qui se respectent, il y en a bien qui a dit, je crois d'ailleurs que c'est Rémi, on prend le plus dur les gars, le high level, le parcours de la mort. pas les tapettes. Et avant que j'ai pu reconsidérer mon notation sexuelle, et lui faire remarquer aussi justement, j'avais des doutes sur mes préférences en fait. Le choix était déjà fait. Et les comparses avaient l'air particulièrement satisfaits d'eux-mêmes et de leur volonté de mourir en bonhomme. En fait, à bien les regarder, je voyais bien que Nicolas avait des gros doutes sur sa condition physique et son aptitude, si ce n'est de commencer le parcours, tout au moins de le finir. Et Jean-Philippe ne s'était même pas posé la question. Ou alors... Il ne l'avait pas bien compris. Encore une fois, Rémi, très sportif, lui, avait enclenché le truc. Allez les gars, on y va, on prend le plus dur, le plus difficile. Et donc Jean-Philippe avait fait le choix entre tapette et bourrin, pour être certain qu'il ne serait pas considéré comme rentrant dans la première catégorie, si j'ose dire. Il avait choisi le côté bourrin. Bref, nous avons tous choisi le mouvement, sûrement entendu, en nous persuadant que nous avions fait un choix personnel. Alors qu'à part une blague homophobe, il n'y avait pas de véritable choix, ou alors l'énoncé n'était pas correct. A ce moment-là, seul, Jean-Philippe s'est tourné vers moi pour me demander si j'étais OK. C'était OK pour moi ou est-ce que je préférais faire un autre parcours plus facile ? Il ne me connaissait pas, mais... Ce qui semblait évident pour les autres, n'était pas forcément pour lui. A moins qu'il souhaitait se servir de moi comme une excuse pour changer le niveau du parcours. Les gars, attendez, attendez, c'est dommage mais David, il sent pas le truc. Il a peur. Il a peur. Il va devoir se frustrer, changer de niveau. C'est pas moi, c'est lui. Ça je ne le serai jamais car tel un gorille au Rwanda, j'ai frappé ma poitrine avec force. Et j'ai créé Pas de question, on n'est pas des... Et avant d'avoir la réponse que je redoutais, j'ai fini Des lâcheurs ! en me demandant par là même si je n'allais pas me faire haïr de la communauté des lâcheurs. J'étais maintenant pris à mon propre piège. J'avais voulu faire partie du groupe, être accepté. Et me voici en communauté des zones néoprènes hyper chaudes. Je vous rappelle que nous sommes à Bali. Et un casque ridicule sur la tête dans une bétailière. Camions qui bondissaient sur les trous et sur les bosses de la route. pour rejoindre le site, ainsi comme mon destin. Je me sentais comme les parachutistes en 39-45, à bord de leur avion qui allait sauter dans le noir glacial de la nuit, pour atterrir dans un village français déjà envahi par une force étrangère, pour ne pas dire allemande. Au bord de la falaise, nous étions six, six ou sept, je ne sais plus, Rémi, Jean-Philippe, Nicolas, moi, et puis il y avait aussi l'instructeur, donc Régis, qui est tout un Indonésien qui aidait Régis, et puis un Italien, Marco. Quelqu'un d'important lui aussi. Donc ça semblait un nombre minimum pour rapatrier nos corps si nécessaire. Après le brief indispensable, dont je n'ai manqué aucun mot, cherchant dans l'expression du visage de Régis, la moindre indication de la dangerosité de chaque consigne. Nous voilà prêts à sauter. Petit saut de 5 ou 6 mètres pour rejoindre le torrent. Et je dois avouer qu'entre continuer à mariner dans ma combinaison avec le crâne en feu ou sauter dans l'eau fraîche, je n'ai pas hésité longtemps. Et hop là ! J'ai sauté. Une fois dans l'eau, j'ai retrouvé toutes mes sensations. Vous savez, je vous parlais de l'hydrospeed, du rafting. J'ai retrouvé mes sensations. J'étais déjà en vie. Premier point positif. Mais surtout, je retrouvais mes repères, l'eau vive qui n'avait pas ou peu de secret pour moi et tous mes souvenirs revenaient en même temps. C'était sur le même rafting que Gérard Rolls et j'avais navigué sur les plus dangereux fleuves italiens classés pour certains infranchissables. C'est qui le patron ? Alors ? Une fois tous en bas de la valaise, on se faisait des petits clins d'œil complices. Nous sommes vraiment trop cool. Des aventuriers entre nous, entre bonhommes. La première partie du parcours. Le parcours ne présentait pas de difficultés particulières. Quelques sauts entre 4 et 6 mètres, des passagers rappellent, mais rien d'effrayant. Après environ 45 minutes de descente, nous arrivons à un virage. Et là, Régis nous prévient qu'à partir de ce saut, il ne sera plus possible de faire demi-tour, de rejoindre le chemin pour reprendre le camion. En même temps, il ne nous avait pas prévenu qu'avant, on aurait pu le faire. Mais bon, ça c'est autre chose. Nous étions face à un grand rocher arrondi et, en nous rapprochant, Nous ne pouvions pas voir l'eau en bas. L'arrondi de la pierre nous empêchant de distinguer le bas du parcours. Avant de sauter, Régis nous explique que nous ne pourrons pas le voir puisque le rocher ne nous le permet pas. Donc il va sauter, mais on ne pourra pas le voir arriver en bas. Il va donc se guider à sa voie et surtout, surtout, surtout, le point d'impact doit être au niveau de sa main, qu'il agitera, il tapera l'eau avec et on devra sauter là. Car à côté, ça peut être dangereux. Ça, je l'ai traduit inconsciemment par mortel C'était un saut, on l'a entendu au moment où il a pris son élan, l'impact, on l'a mesuré à 8-9 mètres, voilà, peut-être un petit peu plus. Régis prend son élan, court, et hop là, il saute. Nous entendons ensuite l'impact sur l'eau, puisque nous ne pouvons pas le voir, et nous l'entendons crier Wow, c'est ok ! Et n'oubliez pas, Visez ma main ! Ça, on l'entend de très loin quand même. C'est à ce moment que m'est venue une... Une idée lumineuse. Écartant de la main mes compagnons, je me suis avancé vaillamment vers le rocher en disant d'une voix forte Les gars, j'y vais en première ! Sous-entendu, il ne me restera qu'à me suivre. Je suis un bonhomme, un gagnant, un leader et tout ce qui va avec. Ce qui, sur le coup, me semblait approprié pour être à la fois, pour la fois, asseoir mon autorité et obtenir le respect. De celui qui commence, le premier de cordée. On était entre hommes, je vous le rappelle. Il fallait au moins ça pour rentrer dans la confrérie de ceux qui en ont. Du courage, bien sûr. Seulement voilà, dans mon esprit, tout était assez simple. Prendre son élan, courir, sauter. Et viser la main de Régis pour arriver et atterrir au bon endroit. C'était simple. Courir, sauter, viser, atterrir au bon endroit avec la main de Régis, c'est ok. C'était simple. Chasse que Marco. L'italien rajoute, et je le fais avec l'accent parce qu'il le mérite. En tout cas, c'est ce qu'il a entendu en premier. Eh, attention, une chose importante. C'est quoi votre pied d'appel ? C'est avec lequel que vous allez sauter en premier ? Et en fait, du surf et du skate, normalement, je le connaissais. Mais là, tout de suite, j'ai eu un doute. goofy, régulard, droite, gauche et il rajouta, et attention au moment de sauter de glisser sur les algues parce que si vous glissez sur les algues ça peut être très très dangereux je fais super mal le accent italien mais bon, c'est peut-être un peu pour me venger quand même parce que à partir de là tout est parti en vrille j'étais toujours à me poser des questions sur mon pied d'appel, droit ou gauche et cette nouvelle information le coup de l'algue qui glisse là ça m'a fait l'effet d'une bombe Et puis j'ai entendu derrière moi, c'est tout un dernier truc important à nous dire avant qu'on saute ? Question venant de mes compagnons de galère qui se préparaient à sauter eux aussi. Ils étaient en train de discuter tout en se faisant des blagues, sans doute pour cacher un peu leur appréhension. Et ils ne prêtaient pas vraiment attention à mes hésitations. J'ai donc eu le temps de me retrouver tout simplement face à ma peur. Là, voilà la peur. Elle n'était pas glaciale, ça ne s'est pas présenté en levrant les bras devant moi et en criant Ouh, je suis la peur ! Non, non, non. En fait, mon cerveau, ma conscience me disait d'avancer et de sauter. Le plan était simple. Prendre son élan, courir, sauter, et puis viser la main. Non, non, ma conscience me disait d'avancer et de sauter. Mais mes jambes elles-mêmes en avaient décidé autrement. J'étais figé, scotché au rocher. Je ne pouvais tout simplement plus avancer. En fait, mon inconscient était passé en mode danger. Il avait au départ pris en compte les instructions pour sauter, mais les informations supplémentaires ont mis en place un mécanisme de défense qui a commencé à imaginer toutes les possibilités qui pouvaient m'amener à l'échec et les rendre réelles, effaçant par là même une action plutôt simple qui amenait à un résultat concret. Je ne maîtrisais plus mes jambes. Et mon cerveau tournait en boucle, focalisant sur la glissade, la mauvaise réception et toutes les conséquences que cela pouvait avoir. Ça a duré bien cinq minutes, ça m'a paru une éternité. Mes jambes faisaient grève, j'avais chaud, je respirais mal et surtout je ne voyais pas dans ce seau que ma prochaine mort ou une possible paralysie. Voilà, c'était ce que je ressentais. Je m'en souviens encore. Je parlais à mes gens. Mais oh, les filles, on y va, là, c'est parti, on saute, allez, on avance ! Et je ne pouvais pas, je ne pouvais pas. J'étais paralysé. Il est temps de faire une petite pause, de me laisser sur mon rocher et de nous poser la question qui nous intéresse. Mais c'est quoi, en fait, la peur ? La peur est une émotion qui nous indique un besoin de sécurité. C'est une alarme interne qui va nous indiquer que nous sommes dans une situation que nous ne maîtrisons pas et qui peut être potentiellement dangereuse ou nous apporter un inconfort. Si nous avons peur, c'est que nous nous sentons en insécurité, que nous sortons de notre zone de confort. On entend souvent parler de cette zone de confort. Et que nous pouvons être potentiellement insatisfaits. La peur peut être fulgurante et s'inviter dans une situation. que nous n'avons pas l'habitude de vivre ou s'installer progressivement et des petits signaux pour nous indiquer que ça ne va pas. En fait, il n'y a pas une peur, mais des peurs. Et suivant les anagrammes proposés par Georges Gurdjieff au début du XXe siècle, il y aurait même neuf peurs. Il y a la peur de mal faire, d'être rejeté, d'être sans valeur, sans identité, d'être incapable, la peur d'être trahi, la peur de la souffrance. d'être contrôlée, et enfin, la peur d'être perdue. Ces peurs, qui au départ sont inconscientes, demandent à être identifiées, comprises, apprivoisées. C'est un peu comme quelqu'un qui, vous savez, a fait atterrir les avions et les grands drapeaux rouges. Hé, je suis là, je suis là, attention, attention, il peut se passer quelque chose de mauvais, que tu ne peux pas gérer. C'est ça la peur. Mais... Cette peur, ces peurs, nous sommes nombreux à éviter de nous confronter à elles. Et nous préférons souvent nous dire que le problème vient des autres, et que nous ne pouvons rien faire, ou que nous pouvons très bien vivre avec, que ce n'est pas vraiment un problème. Pourtant, ces peurs nous parlent. Et si nous prenons le temps de les écouter, elles nous diront qu'elles ont besoin de comprendre ce qui l'entoure, d'apprendre à faire confiance, à se faire confiance. La peur nous renseigne sur le besoin d'estime de soi, de confiance en soi. Et il est bien là le grand défi, trouver ou retrouver son estime de soi, entre la pression sociale, le regard des autres, les attentes de ceux qui nous entourent, des jugements. nos propres espoirs parfois déçus, il n'est pas si simple d'atteindre l'autonomie, la justesse d'esprit et l'équilibre qui pourraient nous permettre de nous faire confiance, nous estimer à notre juste valeur, sans nous sous-estimer sans arrêt ou nous surestimer. Ce qui en soi est aussi le besoin de nous valoriser, car nous avons peur de ne pas être à la hauteur. Paolo Coelho écrivait La peur n'est pas un signe de lâcheté. C'est elle qui nous permet d'agir avec bravoure et dignité dans certaines circonstances. Celui qui éprouve la peur et va cependant de l'avant, sans se laisser intimider, fait preuve de courage. Mais celui qui affronte des situations difficiles sans tenir compte du danger ne fait preuve que d'irresponsabilité. La peur nous envoie un message. Apprenons à l'écouter, à comprendre l'information précieuse, mais apprenons aussi à faire la part des choses avant qu'elle nous paralyse, de nous retrouver submergés par elle, au point de ne plus pouvoir prendre décision, de nous sentir incapables de réagir. Il n'est pas question ici de ne plus avoir peur, mais plutôt de l'apprivoiser, d'en faire son allié. Nous avons le droit d'avoir peur. La question est plutôt, que faisons-nous de cette peur ? Nous nous cachons derrière pour justifier nos inactions ou nos reculs. où nous avançons. C'est là toute l'importance de l'accompagnement, car c'est un chemin parfois difficile, et ça ne se fait pas du jour au lendemain, et qu'une aide extérieure peut s'avérer précieuse pour dénouer les fils de nos angoisses, les pare-feux que nous sommes installés et les peurs avec lesquelles nous vivons en colocation. Et pendant ce temps-là, Je vous rappelle que je suis toujours sur mon rocher, ne voulant pas dire au reste du groupe que j'avais les chocottes, les pépettes, la trouille, et que mes jambes, elles ne voulaient pas oublier. Erreur de débutant et péché d'orgueil, c'est pas faux, mais j'ai rien dit. Je me sentais piégé dans mon propre corps. Je me parlais à moi-même, revenais sur le fait que je connaissais les torrents. J'avais fait du rafting, j'étais guide quand même, et puis j'avais fait bien pire. J'essayais de me motiver, mais rien n'y faisait. Mes maudites jambes étaient littéralement soudées au rocher et ne faisaient qu'un avec la pierre. Et mon inconscient m'emmurait N'y va pas, tu vas mourir ! avec la voix du serpent, vous savez, dans Robin des Bois, enfin pour les plus anciens, vous connaissez. C'est alors que Jean-Philippe est monté sur le rocher, m'a souri et m'a dit Attends, ça ne te dérange pas, je vais sauter avant toi. Bien sûr que ça ne me dérangeait pas, mon gars, vas-y. Ils pouvaient d'ailleurs tous y aller et tous se fracasser en bas. Je n'y voyais aucun inconvénient tant que je n'étais pas moi-même obligé de sauter. Et il ajouta Je te dirai en bas comment c'est. Il a pris son élan, et tel l'ange Gabriel, bon là j'exagère un petit peu, il a pris son élan et sauta, et après quelques secondes, j'entendis sa voix en bas me dire, ok ça va, c'est super, c'est grand en bas en fait. puis c'est profond, il n'y a pas de souci. Un truc dans le genre, mais qui m'a complètement rassuré. Le simple fait qu'il ait pris ma place, et surtout qu'il me rassure d'une phrase, je prenais mon élan et sautais à mon tour. En l'air, je voyais la main de Régis taper dans l'eau et je tombais à proximité. Une fois revenu à la surface, je ne retiens qu'une chose. Le clin d'œil de Jean-Philippe. Pas de leçon, de moquerie ou de fanfaronnade, juste un clin d'œil. Nous avons terminé le parcours qui a été effectivement d'un niveau élevé, c'est le moins qu'on puisse dire, mais je n'ai plus ressenti aucune peur, vraiment, ni même réticence. Je dirais même que chaque défi était encore plus enthousiasmant. Et la descente en rappel finale sous la cascade fut la conclusion parfaite pour me permettre de sortir ensuite de l'eau en pensant où serait le mérite si les héros n'avaient pas peur, comme écrivait Alphonse Daudet. Non, je n'ai pas pensé ça, mais j'étais en tout cas très fier de moi et c'est vrai que j'étais content d'avoir vécu cette expérience. Voilà, c'est la fin de mon histoire. Et j'en ai ressorti. deux ou trois leçons de la vie, comme celle d'écouter sa peur, de la reconnaître en tant que telle, mais de ne pas la laisser prendre le lead. Plus on rumine, plus on se projette, plus on imagine, et plus on laisse la peur nous paralyser et nous empêcher de réaliser nos rêves, ou tout simplement de sauter dans l'inconnu. J'ai aussi compris que parfois, nous pouvons être bloqués, scotchés à la vie, sans pouvoir avancer, et que l'aide peut arriver de n'importe où. Merci. Donc bien sûr, il ne faut surtout pas hésiter à la demander cette aide, mais que cette main tendue, il faut la saisir, sans honte. Et pour moi, dans cette histoire, c'est un homme que j'avais jugé superficiel, rappelez-vous, qui me l'a tendu, sans rien demander. Il m'avait juste regardé et avait juste fait le bon geste, au bon moment. Il est devenu mon ami et vit maintenant au Portugal. Cette fin d'épisode nous amènera très rapidement à revenir sur la notion de jugement, de préjugé, ce que je pouvais avoir par rapport à Jean-Philippe par exemple. J'espère que ce moment entre nous, entre vous, vous a plu. Vous connaissez maintenant le principe, prenez le temps de laisser des étoiles, un commentaire sur les plateformes. Ne soyez pas simplement consommateurs de contenu, mais au contraire, soyez acteurs et boosters. Laissez un message sur Facebook. abonnez-vous à cette page sur Facebook et je tiens de nouveau à vous remercier pour vos messages vos commentaires, vos conseils aussi pour les livres qui pourraient m'intéresser et qui permettent ce soir de comprendre que vous êtes là derrière ce rendez-vous et puis derrière ce rendez-vous il y a des hommes il y a des femmes, il y a vous je vous retrouve bientôt pour un nouvel épisode quand il sera bien sûr minuit à Bali