- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Mon podcast IMO. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast IMO, votre rendez-vous avec l'immobilier. Je suis Ariane Artinian, journaliste, fondatrice de MySweetImmo, le média qui parle d'IMO en clair et sans blabla. Et aujourd'hui, on s'intéresse au bureau et surtout au télétravail. Et je parle d'une étude... passionnante réalisée par Catella avec YouGov et je suis avec Raphaël Amouretti. Bonjour.
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Bonjour.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci d'être avec nous. D'abord, vous nous expliquez ce qui vous a conduit à réaliser cette étude sur les attentes des Français vis-à -vis du télétravail.
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Je dirais que Catela est présent en France depuis 25 ans. On est une société de conseil en immobilier résidentiel et tertiaire. Là , en l'occurrence, on ne s'intéresse plus plutôt à la partie tertiaire. Et donc, on a vu évoluer depuis 25 ans les objets bureaux depuis de nombreuses années. On a vu les usages évoluer, on a vu les attentes des entreprises évoluer, les attentes des salariés évoluer. Et puis, il s'est passé un certain nombre d'événements, dont l'événement principal de ces dernières années est évidemment l'événement du Covid. Et donc, on s'est demandé, tout le monde parle du télétravail, avec beaucoup de... Beaucoup d'idées reçues, on s'est demandé justement s'il ne fallait pas donner la parole aux Français pour essayer d'avoir une vision un peu plus claire de leurs attentes aujourd'hui.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Donc Ivoire Claire, 5 ans après le boom du télétravail, c'était votre feuille de route.
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Tout à fait, parce qu'en fait on a eu pendant longtemps, je dirais les 24 premiers mois après le Covid, on s'est demandé quand est-ce qu'on allait avoir les effets sur les mètres carrés de bureaux consommés. Ça a mis du temps à venir, on a commencé à en voir les effets et puis là on commence à avoir l'effet retour. Deux, on a consommé du télétravail, on a vécu du télétravail et on commence à avoir des premiers effets retours sur, ok, qu'est-ce que ça donne ? Qu'est-ce que ça donne du côté des employeurs ? Qu'est-ce que ça donne du côté des salariés ? Et c'est intéressant de voir quels sont les retours maintenant aujourd'hui.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et bien alors justement, qu'est-ce que ça donne ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Il y a des grandes tendances qui ressortent. La première qui est intéressante, qui est une demi-surprise, c'est un rejet du télétravail, on va dire, à 100%. Donc ça c'est un premier renseignement plutôt intéressant, c'est-à -dire qu'on n'a pas un seul interrogé, on a interrogé plus de 1000 personnes, il n'y en a pas un seul qui dit je veux être à 100% en télétravail. Après j'ai envie de dire également ce qui est intéressant et je pense qu'il faut qu'on ait un peu tous conscience de ça, c'est qu'on essaie de mettre dans un seul panier le télétravail alors qu'en fait il n'y a pas une seule forme de télétravail parce qu'il n'y a pas une seule forme de salarié et une seule forme d'employeur. C'est-à -dire qu'on n'a pas des mêmes besoins quand on a entre 18 et 30 ans. 34 ans et quand on a plus de 45 ou plus de 55 ans. On n'a pas les mêmes besoins quand on est francilien et quand on n'est pas francilien. On n'a pas les mêmes besoins suivant la catégorie socio-professionnelle et on n'a pas les mêmes besoins suivant si on est manager, dirigeant d'entreprise ou salarié. Ça dépend des fonctions de salarié. Donc en fait, la relation au télétravail, elle dépend de plein de facteurs. Et donc, il n'y a pas une seule réponse à cette question-là .
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Quand on démarre dans la vie professionnelle, contre-intuitivement, on aime... Pas le télétravail à outrance ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
C'est un drôle, je regardais un peu les résultats ces derniers jours, il y a une réponse qui est un peu ambiguë sur les 18-34 ans, parce qu'ils considèrent que le télétravail c'est l'avenir au bureau, ça fera partie intégrante de leur rapport au bureau, et en même temps, ce sont eux qui sont probablement les moins demandeurs en termes de quantité de télétravail. Parce qu'il y a un besoin de collectif, parce qu'il y a un besoin, on l'oublie quand même, pourquoi on vient au bureau ? On vient au bureau aussi parce qu'on a un savoir qu'on va nous transmettre. Un jeune qui démarre dans un bureau, j'ai un souvenir de quelqu'un chez Ecatella qui a commencé le jour du premier confinement. Il était là pour apprendre un métier, c'était un jeune diplômé qui est là pour apprendre un métier. S'il n'y a personne pour lui transmettre de visu, c'est bien les visioconférences, c'est bien de lire des tutos pour apprendre des choses. Mais il y a quand même cette notion de transmission qu'on oublie dans le bureau. Et donc je pense qu'il faut revenir un peu aux fondamentaux. Pourquoi on vient dans l'objet bureau ? Qu'est-ce qu'on vient y chercher ?
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors on vient apprendre à travailler, on vient aussi faire des rencontres socialisées.
- Raphaël Amouretti (Catella France)
C'est là où ça a de l'écho auprès des investisseurs et auprès des propriétaires de bureaux. C'est quel est l'objet que je dois mettre aujourd'hui à disposition des entreprises et des salariés. Et là pareil, la réponse elle est multiple. Parce que l'objet bureau que je vais mettre à disposition en plein cœur du quartier central d'affaires de Paris, dans le 8e arrondissement, aujourd'hui tout le monde se gargarise des plus de 1000, 1000... 100, 1200 euros du mètre carré, c'est pas le même objet que je vais mettre à disposition à la Défense, c'est pas le même objet que je vais mettre à disposition à Massy, c'est pas le même objet que je vais mettre à disposition à Bordeaux, à Nantes, à Lille, etc. Et encore plus dans des villes de seconde périphérie. Donc l'objet bureau, il doit aussi s'adapter à la population qu'on vise.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
On n'a pas parlé des besoins, des attentes des jeunes parents. Est-ce que dans votre étude, vous avez remarqué que le télétravail... est plus apprécié chez des parents d'enfants en bas âge, ou alors au contraire, il plébiscite le retour au bureau ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Non, on voit bien que dans ceux qui plébiscitent le télétravail, qu'est-ce qu'ils cherchent derrière le télétravail ? Qu'est-ce qu'on cherche ? On cherche souvent un temps de transport, à supprimer un temps de transport, ou en tout cas à le diminuer en fonction du nombre de jours où on va télétravailler. Et lié à ça, il y a la notion de stress. Il y a la notion de flexibilité d'organisation de son temps de travail par rapport à des impératifs, notamment en tant que parent. Et donc, il y a à la fois, je cherche, qu'est-ce que je viens chercher quand je viens au bureau, et qu'est-ce que je cherche quand je suis au télétravail. Quand je suis en télétravail, je cherche une flexibilité dans mon organisation qui va donc me libérer du stress, me libérer du temps de travail, et donc normalement améliorer ma productivité. C'est quelque chose qui peut sembler antinomique, mais c'est là -dessus. Un certain nombre de managers et de chefs d'entreprise ont un peu de progrès à faire dans la façon de l'appréhender. C'est que si c'est bien organisé et si c'est bien adapté à la population qu'on vise, forcément du télétravail bien pensé est censé améliorer la productivité des salariés qui vont pouvoir en profiter.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et vous, en tant que conseil, vous conseillez vos clients justement sur leur politique de bien-être au bureau et de télétravail pour mieux travailler et être plus productif ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Alors je suis à moitié bien placé pour en parler parce que ceux qui le sont le mieux sont ceux qui sont vraiment spécialisés en conseil utilisateur ou ceux qui ont des conseils qui ont des énormes équipes locatives, ce qui n'est pas le cas de Catella. Après, on côtoie des centaines de propriétaires aujourd'hui et on accompagne des utilisateurs. Et puis on est nous-mêmes consommateurs de bureaux. Et donc on voit bien quelles sont les attentes de nos salariés. je pense qu'il y a vraiment Là encore, une différence à faire entre des grands groupes de plusieurs dizaines de milliers de salariés qui sont obligés de mettre en place une politique de télétravail un peu globale et des sociétés de taille intermédiaire qui, elles, peuvent faire des choses un peu plus à la carte en fonction de la population qu'elles embauchent. Forcément, moi qui ai une activité très tertiaire, plutôt cadre supérieur dans Paris quartier d'affaires, je ne vais pas appréhender le télétravail de la même manière que si je m'appelle... Orange, Total ou des grands groupes du CAC 40 qui emploient des dizaines de milliers de salariés en France et qui sont obligés d'avoir une politique de télétravail plus globale.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
De quoi ont besoin les salariés aujourd'hui pour retrouver le plaisir d'aller au bureau ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
En fait, c'est une question de repenser les espaces de travail en termes d'usage. Encore une fois, c'est pourquoi je viens au bureau. Je viens au bureau pour... du collectif, donc il faut que je puisse avoir des espaces dans mes bureaux qui me permettent d'avoir ce collectif. Je viens chercher de la transmission de savoir, je viens chercher à apprendre des choses, et donc il faut que mon bureau soit au quotidien, avoir un poste de travail dans lequel je me sente bien, dans lequel il y ait une ergonomie qui soit suffisante, dans laquelle j'ai un environnement en termes de bruit qui s'adapte en fonction du métier que je suis censé exercer. et puis après c'est tous les espaces justement annexes, mais qui deviennent de moins en moins annexes, qui sont des espaces de réunion pour se réunir à 2, à 3, à 8, à 10, à 15, qui s'adaptent en fonction du type de réunion que je suis amené à mener. Des espaces collaboratifs qui sont devenus, on le voit bien ici, là où on est en train de faire cette interview, on est dans Morning à la Concorde, les espaces de travail collaboratifs, ils sont multiples. Parfois, on a des petites cellules dans lesquelles on peut s'isoler, dans lesquelles il n'y a pas de bruit, on peut être tranquille. Il y a d'autres espaces où on peut, au contraire... Travailler à plusieurs, on voit bien l'évolution entre nous 2001 au moment où Catella a commencé à exister en France et aujourd'hui, l'objet bureau n'est plus du tout le même.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
L'objet bureau, il évolue aussi en fonction des quartiers, vous disiez tout à l'heure.
- Raphaël Amouretti (Catella France)
C'est une question de... Alors il y a plein de composantes qui rentrent en ligne de compte, mais il y a notamment, il ne faut quand même pas oublier la composante économique, qui est moi propriétaire d'un immeuble de bureau. Si je veux installer les services que vous avez aujourd'hui dans ce morning de Place de la Concorde, quand je suis en troisième périphérie de Paris... et que les loyers sont à 150 euros du mètre carré, ça ne fonctionne pas parce qu'économiquement, ça ne fonctionne pas. Donc c'est une question d'adapter l'objet bureau en fonction de la population que je vis et du loyer que je perçois. Maintenant, on se rend quand même compte, en ce moment, nous, on commercialise un immeuble à la vente qui est situé à Rueil-Malmaison, donc avec des loyers qui ne sont pas du tout les loyers du QCA, le quartier central des affaires à Rueil. l'immeuble de bureau qui est situé au pied du RER A, donc on voit bien qu'il y a la notion de transport en commun qui est hyper importante, mais à l'intérieur même du bureau, on a des espaces de restauration qui ont complètement évolué. On n'est plus du tout dans l'espèce d'image du restaurant inter-entreprise au troisième sous-sol sans lumière avec de la nourriture de mauvaise qualité. Donc ça a quand même énormément évolué, y compris en périphérie. Ils ont installé sur cet immeuble un rooftop qui, au lieu d'être réservé aux locataires du dernier étage, Merci. et partagé entre tous les locataires de l'immeuble. Donc que je sois locataire du premier étage ou locataire du septième étage, j'ai le droit de pouvoir consommer le rooftop sur l'immeuble. J'ai de plus en plus des salles de sport qui sont mises à disposition des salariés, y compris dans des immeubles de périphérie. Donc on voit bien que la notion de service, elle a énormément progressé, et pas uniquement dans les quartiers d'affaires.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Qu'est-ce que vous conseillez aux entreprises, quel que soit le secteur dans lequel elles interviennent, et quelle que soit leur localisation, qu'est-ce qu'on peut mettre en place ? pour accroître son attractivité vis-à -vis des salariés ?
- Raphaël Amouretti (Catella France)
Je pense que la première chose déjà , c'est de bien connaître la population à laquelle on s'adresse. C'est-à -dire de quoi, moi, chef d'entreprise, de quoi est composée ma masse salariale ? En gros, j'ai sur mes 100, 150, 220, 10 employés, de quoi se composent mes salariés aujourd'hui ? Est-ce que j'ai des parents ? Est-ce que j'ai des... des jeunes de 18-34 ans, est-ce que j'ai des plus de 45 ans, est-ce que j'ai des plus de 55 ans ? Une fois que j'ai une cartographie de mes salariés, c'est quand même un peu plus simple de pouvoir imaginer ce dont ils ont besoin et donc d'adapter ce dont ils ont besoin en termes de télétravail, on en parlait, et également en termes de services, c'est-à -dire qu'est-ce qu'ils doivent avoir à disposition dans les locaux qu'on occupe et qui vont permettre de leur donner ce sentiment d'appartenance, qui va leur donner envie de revenir ou de venir au bureau. et d'y trouver ce qu'ils viennent y chercher, à savoir, encore une fois, du collaboratif, de l'apprentissage et de la transmission. Ce qui ressort de cette étude, c'est qu'il n'y a pas un besoin en télétravail et il n'y a pas un objet bureau. Il est multiple et le télétravail doit, ce n'est pas toujours simple, mais il doit s'adapter à la population qu'on vise par rapport à ce qu'elle recherche.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci beaucoup Raphaël Amouretti de Catella France. Quant à nous, on se retrouve très vite pour un nouvel épisode de mon podcast IMO. à écouter tous les jours sur MySweetImmo et sur toutes les plateformes. Surtout, vous vous abonnez, vous likez, vous commentez, vous nous posez des questions. Et évidemment, vous nous laissez des étoiles. On adore les 5 étoiles chez MySweetImmo.