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Mosaïque Salsa

07. Etre DJ de salsa, en quoi ça consiste ?

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45min |01/07/2024
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Description

Dans ce septième épisode, je reçois Julien, alias DJ 69, résident des soirées Agua à Paris mais également DJ de nombreuses autres soirées et festivals. Apprécié pour ses sets enflammés, il raconte comment il fait pour mettre l'ambiance sur la piste de danse et plus généralement tout ce que ça représente d'être DJ de salsa. Merci à Julien pour cette discussion !


Musique

Dolce - Cushy


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Transcription

  • Manon

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoricaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon et sur cet épisode je t'invite à découvrir ce qu'il se passe derrière la cabine d'un DJ et surtout comment il fait pour faire décoller l'ambiance de nos soirées. Pour ça, je t'amène à la rencontre de Julien, alias DJ69, apprécié pour ses sets qui enflamment la piste et avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Julien.

  • Julien

    Bonjour.

  • Manon

    Est-ce que je peux te laisser te présenter avant qu'on se lance dans le vif du sujet ?

  • Julien

    Me présenter ? Donc moi c'est Julien, je suis dans le milieu de la danse depuis pas loin de 20 ans. J'ai commencé à être DJ il y a une quinzaine d'années à peu près, complètement par hasard. Mais dès la première j'ai pris un pied terrible et j'ai eu des bons retours tout de suite. Et du coup je l'ai envisagé et puis ça s'est fait petit à petit, ça s'est construit doucement. Et puis voilà, du coup je suis connu sous le nom DJ69. Je suis depuis 2014 à Agua, à Paris, je suis résident là-bas, puis voilà.

  • Manon

    On va discuter ensemble de l'art du DJing, je ne sais pas si on appelle ça comme ça.

  • Julien

    Vaste domaine.

  • Manon

    Vaste domaine. Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui être un DJ ?

  • Julien

    Déjà être un DJ, il faut qu'on soit clair sur le but de nos interventions, c'est-à-dire que nous, on est là pour enjailler les gens. C'est le seul truc pour lequel on est là, en fait.

  • Manon

    C'est le moteur absolu.

  • Julien

    En fait, c'est le but. C'est-à-dire que quand quelqu'un dépense de l'argent pour te faire venir, et puis des fois, c'est dépenser beaucoup d'argent, parce qu'il dépense le trajet, il te loge, il te file un cachet, donc ça fait pas mal d'oseille. Le but, quand même, c'est d'être efficace, et que pendant la soirée, les gens en aient pour leur oseille, en fait. Donc, c'est nous, notre but premier et principal, c'est ça. Et après, on a tout un travail de transmission, d'éducation, de partage de ce qui a été fait et de découvertes. ...de ce qui se fait.

  • Manon

    En termes de musique, hein?

  • Julien

    En termes de musique, bien sûr, en termes de musique. On a tout un... C'est ça, tout un rôle éducatif. On peut se retrouver, par exemple, à faire des petites soirées dans des endroits où la salsa n'est pas très implantée, où c'est un peu fragile. Et là, c'est à la limite de l'évangélisation. C'est-à-dire qu'on vient et on apporte de la musique que les gens n'ont pas l'habitude d'entendre. Et puis, à côté de ça, quand on fait des événements plus gros, bah là, c'est juste que les gens kiffent. C'est tout. On n'a pas à réfléchir beaucoup plus que ça, en fait.

  • Manon

    Et comment tu le mesures, ça ? Le niveau d'enjaillement des gens ?

  • Julien

    C'est compliqué, mais quand on est dit DJ, on est... souvent un peu à l'écart, généralement un petit peu en hauteur, ou même pas forcément, mais un peu à l'écart. Et en fait, on a une vision assez globale de la salle et des gens. On regarde beaucoup les gens danser. Et en fait, on voit à l'intensité des mouvements, au bruit que ça fait. En fait, tout ça, ça dégage une espèce d'énergie. Et en fait, on voit si on est plutôt sur la bonne voie ou si ça ne prend pas. C'est assez difficile à dire, mais en fait, en gros, c'est un truc qu'on ressent. On le capte visuellement, on capte en vrai de l'énergie aussi parce que tu sens que ça vibre, tu sens qu'il se passe un truc. Quand ça marche, tu sens qu'il se passe un truc. Et puis évidemment, quand ça marche vraiment bien, tu l'entends. C'est-à-dire que ça crie, tu sais que c'est bien. Mais même sans aller jusque là, déjà rien que le fait de voir l'implication que les gens mettent là-dedans, de voir s'ils sont plus intenses dans leur mouvement, ou même si on est sur un son tranquille, par exemple si on a de la romantica, mais que les gens sont dans le truc. Parce qu'on peut danser de la romantica à 2 heures en faisant rien du tout, et puis on peut la danser en mettant de l'intensité, en mettant... Et bien ça, tu le vois et tu le ressens, ce truc-là. C'est difficile, on peut pas dire un tel, un tel, mais t'as un phénomène de foule globale que tu sens. Et c'est ça qui te dit si t'es sur le bon chemin ou pas, quoi.

  • Manon

    Donc en fait, quand tu mixes le plus gros de ton travail, c'est l'observation.

  • Julien

    C'est exactement ça. En fait, moi, l'idée, c'est quand j'arrive en soirée, en fait, je récupère des gens qui viennent d'un peu partout. Qui ont pas passé la même journée, qui arrivent avec un niveau d'énergie complètement différent. Il y en a qui arrivent chaud bouillant parce que ça fait une semaine qu'ils ont envie, ils n'en peuvent plus, ils n'ont qu'une envie, c'est de danser. Il y en a qui arrivent éclatés, ils ont fait l'effort de venir, mais ils sont au bout de leur vie en arrivant. Il y en a qui ne savent pas ce qu'ils foutent là. Il y a tout. Et toi, ton truc, c'est d'arriver à faire en sorte que tous ces gens-là arrivent à partager un certain niveau d'énergie, en fait.

  • Manon

    Se retrouvent, en fait.

  • Julien

    Ouais, se retrouvent. Et arrivent à rentrer dans le... dans un même mood collectif. C'est ça qui fait qu'à la fin tu vas te dire putain c'était bien on a passé une bonne soirée, il y avait un truc sympa. On s'est rencontrés. Ouais en fait les gens qui étaient fatigués tu as réussi à leur redonner un petit boost, les gens qui étaient un peu excités tranquille on a pris le temps et ils se sont mis dans le truc et après les gens ont rejoint un peu leur énergie c'était cool. Et c'est ça en fait l'idée c'est d'arriver à harmoniser un peu le truc et une fois que tu as harmonisé le truc en vrai la salle à ce moment là tu la tiens un peu en fait et quand tu la tiens après tu peux partir un peu dans toutes les directions en fait. Si tu as envie d'aller sur un truc plus tranquille, tu vas sur un truc plus tranquille, si tu veux t'énerver ça s'énerve et en général les gens vont suivre. À partir du moment où ils sont à peu près sur une espèce de niveau commun, là, t'es pas mal. Le début c'est ça en fait, le plus dur c'est ça, c'est pour ça que les débuts de soirée sont difficiles, parce que forcément t'arrives tous et... Puis même toi au début t'es pas tous les jours dans une forme de dingo.

  • Manon

    Toi aussi tu dois te mettre en fait au même niveau d'énergie.

  • Julien

    Ça c'est particulier parce que le DJ lui-même, il y a deux choses déjà. D'une, toi t'as un job à délivrer, t'as un truc à faire. Donc en fait peu importe ton état mental perso, c'est pas le problème des gens. Les gens qui sont venus, ils ont tous payé. Que tu sois content ou pas, c'est pas leur problème. Donc ça va pas à se ressentir dans le truc. Maintenant, humainement, quand t'arrives en début de soirée, t'es pas à pleine balle, t'es pas chaud comme la braise, t'es pas à danser tout de suite sur les premiers morceaux, évidemment il faut le temps que tu te mettes un peu dedans. Mais ça doit pas impacter sur les choix que tu ferais. En fait tu dois choisir comme si t'étais en forme tout le temps. Même si tu l'es pas ce jour-là, c'est pas grave, tu dois choisir. C'est comme tous les métiers publics. À partir du moment où tu as un métier en relation avec le public, le public n'est pas censé connaître tes états d'âme. Parce que ça, c'est un truc aussi qu'on a tendance à oublier, c'est qu'en fait, en tant que DJ, on qualifie souvent d'artiste, mais en vrai, on n'est pas des artistes. On n'a pas à passer notre émotion dans le truc. On a à passer de l'émotion, mais pas notre émotion. Notre émotion à nous, on s'en tape. C'est pas le sujet. Par contre, faire passer un truc, une énergie, une émotion dans la salle, c'est cool, c'est le but du truc. Mais pas la nôtre. Moi, les gens n'ont pas à savoir si je suis bien ou pas. C'est pas le problème.

  • Manon

    Moi, j'aimerais bien savoir comment tu prépares ton set. Est-ce que tu prépares des choses ? Si on part sur une soirée, par exemple, l'Agua. Ta soirée hebdomadaire, qu'est-ce que tu prépares ?

  • Julien

    En vrai, moi je suis pas adepte des playlists et des machins, genre j'ai jamais mes playlists, par exemple. Je sais qu'il y a des collègues qui le font, c'est-à-dire que quand ils jouent, ils enregistrent à chaque fois la playlist qu'ils ont fait, ils la mettent dans un coin, ils l'archivent, et puis de temps en temps, ils retombent dehors. J'ai aucune playlist archivée. J'aime pas ça, parce qu'en fait, j'ai peur que ça me conduise à refaire la même chose, tu vois, toujours. Du coup, quand j'arrive en soirée, j'ai des morceaux que j'ai envie de passer. Je sais pas pourquoi, ça m'a traversé l'esprit. Je sais pas, j'ai envie de les jouer. J'en ai pas beaucoup, j'en ai, je sais pas, 4, 5, 6, ouais, max.

  • Manon

    Qui sont un peu dans ta tête, en fait.

  • Julien

    Ouais, des morceaux que j'ai dans la tête à ce moment-là, ouais. Je sais pas pourquoi j'y ai pensé le jour même ou la veille ou machin, je sais pas, c'est des trucs... Je sais pas pourquoi j'y ai pensé. Ou alors, tout simplement parce que c'est des trucs que je viens de faire rentrer dans ma rotation et que... T'as envie de partager... Et que j'ai envie de les jouer, parce que forcément je viens de les avoir, mais j'ai envie de les jouer. Soit parce que c'est des trucs nouveaux, soit parce que c'est des trucs que j'ai trouvés, soit parce que c'est des trucs que j'ai piqué à droite et à gauche parce que j'ai entendu quelque part, j'ai trouvé ça trop cool, donc du coup je me suis dit, bah là, faut que je le joue. Parce que l'idée c'est ça, c'est notamment quand je suis à l'Agua, moi je suis là toutes les semaines, jouer toutes les semaines, 4 heures tout seul, ça fait 10 ans. Bah, c'est pas trois semaines, donc ça fait un moment. Et en fait, je suis obligé d'amener de la nouveauté. tout le temps. Donc t'as plus ou moins une espèce de système de rotation, c'est-à-dire que t'as les sons que t'as envie de jouer parce que tu viens de les faire rentrer et machin, et ceux-là ils vont durer 1, 2, 3, 4, 5, 6 mois. Tu vas les jouer régulièrement pendant ce temps-là, régulièrement. Peut-être pas à chaque fois mais quasiment. Puis bah les sons ils sortent de la rotation à un moment, parce que sinon je peux pas jouer la même chose que je jouais il y a dix ans. Parce que le public a changé, les sons ont changé, c'est pas les mêmes attentes, donc je suis obligé de m'adapter en fait. Et puis si je fais pas ça, je serai booké nulle part. Et puis encore une fois... Le taffe d'éducation, faire découvrir d'autres trucs. C'est tout con mais là mardi, j'ai joué des sons du dernier album de Marc Anthony qui sortait trois jours avant. C'est tout con hein, mais c'est Marc Anthony mais voilà. N'empêche que pour une fois on avait des Marc Anthony différents parce qu'on entend la même chose depuis des années de Marc Anthony ce qui est génial j'ai pas de problème avec ça mais c'est les mêmes sons. Là c'est tout bête, j'ai juste, voilà, je sais que je suis arrivé en me disant j'avais repéré trois sons dans l'album que je voulais jouer, je me suis dit je vais les placer, les trois, tant pis, je vais mettre trois Marc Anthony ce soir mais c'est pas grave je vais placer les trois. Donc c'est ça en fait, j'arrive avec des sons que j'ai envie de jouer et puis après le reste je vais me démerde pour les amener et pour les placer à peu près correctement. Parce que ça, c'est un risque, c'est que tu peux avoir un son exceptionnel en tête ou avoir trouvé un truc, la perle rare, le truc incroyable, si tu l'amènes mal...

  • Manon

    Si tu le mets pas au bon moment ?

  • Julien

    Ouais, si tu le prépares pas, il y a une chance sur deux qu'il fasse un gros plat et que tu sois dégoûté parce que tu te dis, putain, j'ai un truc énorme, ils ont pas compris, quel public de merde, machin, mais en fait, c'est à toi de l'amener correctement.

  • Manon

    Moi, je suis un peu fan de l'organisation. Du coup, j'aimerais savoir, est-ce que dans ton ordi, tu ranges les morceaux par... Genre, ça, c'est un bon morceau de début de soirée, ça, c'est bien pour la fin, ça, c'est bien quand c'est le feu sur la... Est-ce que c'est dans ta tête ? On vous voit souvent écouter aussi la musique pendant que vous mixez. Est-ce que c'est au fur et à mesure que tu dis "Ah oui, ça, ce morceau, c'est le moment". Comment ça s'organise, tout ça ?

  • Julien

    Alors, déjà, le...

  • Manon

    Pour toi, en tout cas.

  • Julien

    En fait, le classement d'un ordinateur, en fait, c'est... Exactement comme le rangement de tes slips chez toi, c'est-à-dire que tout le monde a un rangement différent. Vraiment, c'est-à-dire qu'on a tous un ordre différent. Des fois, je discute avec des collègues, ou même je vois à l'ordi pendant qu'on discute, je ne serais pas capable de m'y retrouver. Moi, perso, j'ai un classement qui est plutôt par vitesse de son. Donc j'ai des dossiers avec tout ce qui est en dessous de 90 BPM, tout ce qui est entre 95-95, 95-100 et au-delà de 100. Moi, j'ai ça qui est en base, et après j'ai des playlists à l'intérieur. Alors, c'est pas des playlists je vais appuyer dessus, mais en gros, c'est des sons qui sont classés. Par exemple, j'ai un truc de son, j'ai un truc de... Donc j'ai des sons qui sont dans deux trucs différents.

  • Manon

    D'accord.

  • Julien

    Mais moi, ça me permet de les retrouver. C'est quand je cherche un truc, pas forcément toujours.. Donc j'ai ça, j'ai toute une série aussi d'albums qui sont en entier, que je n'ai pas sélectionné, parce qu'en général, normalement, dans mon ordi, j'ai quand même que des sons qui sont jouables en soirée, c'est-à-dire que je prends rarement des albums entiers. Quand je les prends, c'est que vraiment, il y en a plusieurs de ceux qui sont bons, et du coup, là, je ne me permets de prendre l'album entier. Sinon, je sors ce qu'il y a à sortir et voilà.

  • Manon

    Tu veux dire que tu distingues vraiment toi par rapport à ton activité de DJ, les sons qui s'écoutent et les sons qui se dansent.

  • Julien

    Complètement. Puis le rapport est énorme, c'est-à-dire que c'est du... Du simple au décuple, voire centuple, la masse de son que je peux avoir à la maison et que j'ai sur mon ordi, sur l'ordi j'ai que des trucs qui sont jouables en soi, j'ai rien d'ésotérique, de machin, rien, rien, rien, tout est jouable. Tout est jouable.

  • Manon

    Mais ça veut dire qu'en tant que DJ t'es obligé d'être vraiment très connecté avec le danseur, avec ce que c'est la danse ? Toi tu danses...

  • Julien

    Ça c'est un truc que moi je comprends pas trop, d'ailleurs heureusement c'est très rare, mais j'arriverais pas à comprendre que tu puisses être DJ sans être danseur. Pour moi c'est un lien direct en fait. C'est-à-dire que je vois pas comment tu peux comprendre ce qu'enjaillent les gens si tu te mets pas à leur place, en fait. Moi à chaque fois que je joue, je me dis, franchement, est-ce que le son d'après je kifferais ça là ? Est-ce que ça me ferait plaisir ? Et en fait, y'a un petit côté un peu égoïste, en vrai moi je me fais plaisir, c'est-à-dire je me dis voilà, moi à leur place, ça je kifferais de ouf juste après. Et je me dis que si moi j'aime ça, y'a des chances pour que d'autres personnes aiment bien, tu vois. Après peut-être pas tout le monde, parce que t'façon on peut pas faire l'unanimité, c'est impossible, mais y'a forcément des gens dans le lot qui vont aimer ça. Et puis t'façon j'ai pas d'autres repères en fait. Le repère que j'ai c'est moi donc bah je peux pas lire dans la tête des gens hein, donc... Puis après je vois bien l'effet que ça a, je vois si j'ai mis ça et que ça a un peu merdé, je me dis bon... Je vais peut-être taper à côté sur ce coup-là, tu vois. Peut-être être trop ambitieux ou j'ai pas assez envoyé. Je m'adapte, mais forcément, je réfléchis d'abord comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. On peut pas réfléchir autrement que comme un danseur dans notre milieu à nous. On peut pas faire ça.

  • Manon

    Et ça me fait penser à ce que tu disais au tout début quand tu t'es présenté. Tu as dit je suis tombé dedans un peu par hasard. Mais t'es d'abord passé par la case danseur.

  • Julien

    Complètement. J'étais danseur.

  • Manon

    T'étais danseur ?

  • Julien

    J'étais danseur et j'avais tendance à... J'avais déjà un tropisme assez fort vers le son, je partageais des trucs avec mes amis et tout. Et en fait, il y a une fois où on m'a proposé de jouer parce que je connaissais quelqu'un, enfin bref, en X raisons, c'était au Moving de Thiais, à l'époque où il y avait tout dans la même salle, il y avait la Porto, la Cubaine, il y avait la Bachata, il y avait du Kuduro à l'époque, il y a longtemps. Et du coup, on m'a proposé d'y aller, j'y suis allé vraiment à l'arrache, c'est-à-dire que j'avais un logiciel de démonstration de 15 jours, j'avais mon ordi perso, j'avais pas de logiciel de pré-écoute, j'avais même pas de casque, j'y suis vraiment allé, mais à l'arrache total. Et puis en fait, je m'attendais pas à ça, je me disais ça va être une tannée, j'ai accepté, maintenant j'y vais, et en vrai j'ai pris un kiff terrible dès le début, dès le 2 ou 3ème son, mais en fait mettre les musiques que t'aimes bien fort comme ça dans une salle c'est ouf en fait tu vois, et donc déjà j'ai aimé, puis j'ai senti cette... Ouais, cette énergie chez les gens, une espèce de vibe vraiment sympa. J'ai bien aimé, j'ai eu plein de gens qui m'ont dit "Ah, c'est super bien !" parce qu'ils ont dû voir que j'étais un peu nerveux, forcément.

  • Manon

    Comme toute première.

  • Julien

    Oui, c'est ça, forcément. Et en vrai, beaucoup de bienveillance, beaucoup de... Et en vrai, je suis parti de là, j'étais trop bien. J'ai été trop bien, j'ai kiffé, vraiment. J'ai vraiment, vraiment kiffé. Visiblement, les patrons ont kiffé aussi parce que j'ai été réinvité après. Et en fait, bah je me suis dit "Finalement, ça s'envisage, en fait hein. Ça s'envisage vraiment." Et puis bah du coup, j'ai fait une saison avec eux comme ça. Ponctuellement, ça m'a permis de commencer à pouvoir investir aussi de mon côté. Parce que du coup, j'ai investi de mon argent perso plus un peu l'argent que j'avais gagné sur les premières fois. Parce que bah je me suis vite rendu compte quand même que c'était pas possible de travailler de façon aussi amateur. Donc j'ai quand même investi.

  • Manon

    C'est quoi le kit du DJ ?

  • Julien

    De base, il te faut déjà un ordinateur qui tienne la route. Si possible, un ordinateur qui ne serve qu'à ça. Parce qu'à partir du moment où tu commences à faire autre chose dessus... T'augmentes les risques. t'arrives à un problème dessus, t'investis dans un ordi, un truc stable, t'investis dans un logiciel de mix version professionnelle, donc payant, un truc de qualité, t'investis dans un contrôleur externe, donc avec une carte son à l'intérieur qui soit meilleure que la carte son de ton ordi de base, et qui te permette d'avoir une double carte son, donc de faire de la pré-écoute en même temps que tu joues, et de contrôler tout un tas de paramètres sur le son. Ça pareil, il faut un truc, c'est pas non plus des mille et des cents, mais il faut investir, un bon ordi... T'en as pour 1500 balles, pour le logiciel ça te coûte 200 balles, la carte... Le contrôleur ça peut te coûter entre 150 et 300 balles. Il te faut un casque pour faire de la pré-écoute. Après moi j'ai une particularité, c'est que j'ai quand même une très grosse tête donc mes casques je les ai tous pétés assez rapidement. Donc je suis revenu au casque intra-auriculaire classique parce que finalement ça isole tout à fait correctement du son. En en prenant des performants franchement ça passe très bien et ça m'évite de les péter. Et en plus c'est tout petit donc c'est beaucoup plus facile à... à transporter. Donc voilà, il te faut ça de base, et puis surtout, il faut investir dans le son, quoi. Investir dans le son, parce que au début, tu y vas et tu as trouvé... droite à gauche, mais c'est pas comme ça que ça marche, parce qu'on est censé rendre des comptes. C'est-à-dire que si on y a un contrôle un jour, et qu'on n'est pas capable de justifier d'où viennent nos sons, on peut se retrouver à avoir des amendes, en fait. Donc soit on a acheté un support physique du son, un CD, un vinyl, et après on est capable de montrer le support physique, soit si on l'a en format numérique, on l'a acheté, quelque part, et donc on a, sur les sites d'achat de musique, on est capable d'avoir un historique avec tous les sons qu'on a achetés, histoire de prouver que...

  • Manon

    Tu fais ça en toute légalité.

  • Julien

    C'est ça. Je sais qu'au début, c'était Gabriel qui m'avait fait cette remarque quand j'ai commencé, parce que ça a été un des premiers à m'inviter en dehors des soirées que j'avais commencé à lancer. Il m'avait invité au Sulli à l'époque, il m'avait invité à l'ENST aussi, soirée à l'ENST. Et je me rappelle d'une fois où j'avais joué à l'ENST le samedi, et j'étais allé au Sulli dimanche, et il m'avait pris entre quatre yeux, et il m'avait dit "T'es bon, mais il faut que t'investisses sur ton son".

  • Manon

    Faut que t'achètes tes musiques.

  • Julien

    Ouais, parce que, effectivement, j'avais des sons qui n'étaient pas forcément d'une qualité terrible, terrible, pas optimale, en tout cas. Et ça, il m'a dit "C'est pas possible". Et en fait j'ai pris tout de suite ce conseil là, et j'ai tout de suite commencé à l'époque il y avait des sites aux Etats-Unis qui vendaient des CD, et je faisais des commandes de 500, 600, 700 balles de CDs d'un coup, et je recevais un carton de CDs. Et c'est comme ça que j'ai commencé à avoir la base du truc, la base du truc avec des sons de qualité, et puis après c'est beaucoup de sons sur internet parce qu'on trouve plein de trucs sur internet, plein plein de trucs. T'as aussi la version des mecs qui te vendent des sons qu'ils ont ripés eux-mêmes, donc ça tu les as payés mais t'as pas de preuves d'où ils sortent. Mais tu les as payés. Après, t'as plein de façons de trouver du son, tu vois, mais c'est un investissement.

  • Manon

    C'est important. Faut être très réglo avec ça.

  • Julien

    Ouais, faut être réglo avec ça. Alors après, les anciens groupes, notamment ceux qui ont produit des vinyles dans des pays obscurs il y a 30 ou 40 ans, en vrai, il n'y a plus d'ayant droit, et donc pour eux, pas grand-chose, mais notamment pour tout ce qui est la musique actuelle, c'est méga important, parce qu'en fait, ils vivent de ça, les mecs. Donc il y a un moment...

  • Manon

    Ah oui, bien sûr.

  • Julien

    Si toi, déjà en première ligne, tu fais de la merde et tu pirates les sons, c'est pas bon en fait. C'est pas bon parce que, bah ouais, il faut faire vivre le milieu. On a tous besoin les uns des autres, eux ils ont besoin de nous. pour se faire connaître dans les soirées parce que mine de rien on a un pouvoir de transmission qui est bien supérieur à ce qu'ils peuvent faire parce qu'on fait beaucoup plus de soirées qu'ils ne font de concert donc on a un pouvoir de transmission beaucoup plus fort, mais la moindre des choses c'est au moins ça coûte un euro le son en général alors que tu vas jouer 300 fois derrière il est méga rentabilisé le son donc oui il faut le payer bien sûr qu'il faut le payer et bien sûr que si possible il faut prendre l'album en entier ça coûte entre 8 et 15 balles un album si t'as deux chansons dessus, tu les hyper-rentabilises en quelques semaines, quelques mois. Donc en vrai, ça vaut le coup. Après c'est bien, c'est qu'une fois que t'es installé et que t'as tes soirées ou machin, l'argent que tu dégages, tu le réinvestis là-dedans, et puis après il n'y a pas de perte en fait. Il y a pas de perte, alors au début t'investis ton propre argent, parce que t'as pas le choix. En plus moi quand j'ai commencé j'étais étudiant, donc t'investis bah l'argent que j'avais. Et puis au fur et à mesure ça t'impacte plus, parce que tu tournes avec l'argent que tu dégages en fait en faisant des soirées, et tu réinvestis. Et puis c'est pareil, les... Les gros investissements, genre ordi, contrôleur et tout,

  • Manon

    C'est pas tous les ans.

  • Julien

    C'est pas souvent. Moi j'ai le même ordi depuis que j'ai commencé, ça fait... quasiment 15 ans l'ordi. Alors là je vais changer parce que je pense qu'il commence un peu à faiblir mais j'ai investi une fois un ordi et basta. Le contrôleur ça fait dix ans que je l'ai. Après si on prend soin de son matos en vrai ça peut durer longtemps et puis il ne sert qu'à ça. Donc il n'y a pas de risque d'autre chose en fait, il ne sert qu'à ça. Il ne sert qu'à ça, le reste c'est bien, il est bien solide, bien rangé, bien propre. Il n'y a pas de galère, ça peut durer longtemps. Ce qui fait qu'on utilise des ordi beaucoup plus rapidement c'est qu'on l'utilise à plein de trucs. Donc il y a plein de trucs qui ne sont pas admis.

  • Manon

    Oui, quand c'est spécifique finalement, ça tient bien.

  • Julien

    Je ne fais que ça, que du son. J'utilise un logiciel, basta.

  • Manon

    T'as développé donc forcément des compétences techniques. T'as beaucoup parlé de l'observation des danseurs, de la danse aussi. De savoir danser, en tout cas, c'est important.

  • Julien

    Je pense que c'est bon.

  • Manon

    Voilà, donc bien sûr d'avoir une oreille musicale. Est-ce qu'il y a d'autres compétences que t'as dû développer en tant que DJ?

  • Julien

    Forcément, au début, quand t'arrives, tu tombes sur du matos que tu ne maîtrises pas. Parce que c'est quand même assez spécifique. Après, on vrai, en tant que DJ de salsa, la partie technique, elle n'est pas... Elle est pas énorme, elle est pas énorme. On n'est pas des DJ de kizomba ou des DJ de Hip Hop ou machin, on est des mecs qui mix, vraiment. Et là t'as tout un travail de mix à faire et là c'est du boulot parce que c'est de l'entraînement. Nous en vrai d'un point de vue technique c'est bidon. Tu mets le morceau jusqu'à la fin et puis une fois qu'il est fini tu lances l'autre. Techniquement on est quand même pas sûr un truc...

  • Manon

    Ça c'est pour rassurer ceux qui aimeraient se lancer.

  • Julien

    Ouais non mais vraiment c'est-à-dire que d'un point de vue technique c'est bidon à mort. Y'a aucune difficulté technique aucune, aucune. D'ailleurs je pense, à titre personnel, le terme DJ est un poil usurpé pour nous. Parce qu'on n'est pas DJ du tout. Je préférais un truc genre sélecteur, ambianceur, un truc comme ça.

  • Manon

    Ambianceur.

  • Julien

    DJ en vrai, vite fait. C'est-à-dire que moi je ne suis pas foutu de mixer des sons. Je ne suis pas capable, je ne sais pas le faire. Mais je n'en ai pas besoin. Dans ma petite niche là, je n'en ai pas besoin. Mais si on me demande de faire ça, je serais bien en galère, quoi. Donc, de ce point de vue-là, il n'y a rien. Après, tu as la maîtrise de ton logiciel, parce que souvent, c'est quand même assez obscur, et puis la maîtrise des différents matériels que tu peux avoir dans les différentes salles, parce que ça peut changer, ça aussi, pas mal, entre une salle et l'autre. Et du coup, quand tu es amené à bouger un peu, tu prends en compte pas mal de trucs, de matériels différents.

  • Manon

    Puis de l'autre côté, en fait, quand tu es organisateur, tu ne maîtrises pas toujours exactement le matériel, et donc c'est vrai qu'en fonction de comment arrive équipé le DJ, c'est pas toujours facile de bien se comprendre, de bien communiquer, de bien préparer. Et donc c'est vrai que souvent, vous êtes un appui aussi pour la technique.

  • Julien

    Oui, parce qu'on a accumulé de l'expérience, c'est pas autre chose, c'est juste de l'expérience. Moi j'ai aucune légitimité en tant qu'ingénieur du son, par contre, à force de le faire, et à force de voir des gens le faire, je sais un peu comment ça marche. Je sais un peu comment il faut régler le son, je sais un peu l'équilibre entre les basses, les aigus, les médiums. Je sais un peu où se branche un peu tout. Parce que je l'ai fait moi-même quand j'organisais mes soirées, je l'ai fait. Surtout en galère, il y a des trucs qui marchaient pas. Et puis on se retrouve encore une fois sur des configurations vraiment différentes. Et du coup on doit être capable de faire à chaque fois. Donc ça c'est pareil, tu te fais avoir une fois ou deux, t'as pas le bon câble, la semaine d'après tu vas acheter ce câble-là. Et puis ce qui fait qu'au bout d'un moment, finalement t'as un peu tout ce qui peut se trouver. De toute façon, en gros, pour connecter ton matos aux différentes tables de mixage qu'il peut y avoir, t'as besoin de, allez, trois câbles différents, c'est tout. Mais voilà, c'est vrai que les premières fois où tu les as pas, t'es un peu comme un con. Donc après, à toi de les avoir avec toi, de les trimballer. Puis après, quand tu connais le milieu, c'est bon, tu sais. Et puis tu peux demander aux mecs aussi. Même s'il a pas de terme technique, tu lui demandes de prendre une photo de l'arrière du truc pour voir où tu peux te brancher toi. Et puis du coup, toi après, tu prends le câble qu'il te faut. Mais c'est plus de la connaissance empirique qu'une formation quelconque.

  • Manon

    Et tout à l'heure, on commençait à parler d'une autre facette de cette activité. On parlait un petit peu de communication. On se disait de manière réciproque que ce n'était pas notre fort.

  • Julien

    Non.

  • Manon

    Pourtant, ça fait partie aussi des choses que tu fais, qui est complètement associée à cette activité de DJ.

  • Julien

    En fait, ça a commencé à en faire partie. C'est-à-dire que moi, j'ai commencé il y a 15 ans quand même. Et à l'époque, ce n'était pas aussi important.

  • Manon

    Ou ça passait par d'autres canaux peut-être ?

  • Julien

    Ouais, mais en fait, c'était pas aussi fort que maintenant. C'était pas aussi... Il y a 15 ans, Instagram avait pas le même rôle que maintenant. TikTok, on en parle même pas. Il y avait en gros Facebook, tu avais un événement créé par le mec et basta. Donc au max de ce que tu pouvais faire, c'est avoir une page pro. C'était le max de ce que tu pouvais faire en termes de communication. Moi, quand j'ai commencé, la question ne se posait pas.

  • Manon

    Et en fait,

  • Julien

    j'ai créé un profil Facebook DJ et basta. C'est tout ce que j'avais au début. Je ne me suis même pas acharné là-dessus plus que ça. Je me suis mis à Instagram parce qu'il y a un moment il faut. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte aussi qu'Instagram a beaucoup... plus d'interactions. C'est-à-dire que tu publies la même vidéo sur Facebook et la même vidéo sur Instagram et en fait tu t'aperçois que tu as le triple voire le quadruple d'interactions sur Instagram que tu pourrais avoir sur Facebook. Et puis en vrai Facebook c'est en train de devenir un réseau de vieux. Il y a une partie du public qui est encore touché par ça mais il y a toute une partie du public qu'on doit conquérir si on veut que ça survive, qui n'est pas du tout sur Facebook, qui n'est plus du tout sur Facebook. Et puis pour ceux qui veulent vraiment aller taper dans la jeunesse et tout, là c'est vraiment TikTok. Moi je ne suis pas encore, je suis trop vieux pour ça. Mais par contre voilà, Insta obligé, et puis du coup c'est pareil, je me suis retrouvé... C'est la première fois qu'on m'a booké, on a commencé à me booker ailleurs, et on a commencé à me demander mais t'as pas des photos pro ? Ben non, en fait. Donc je leur filais des photos que j'avais de moi, c'était pas sérieux, donc du coup, grâce à Pascale, j'ai fait… Pascale Pix. Ouais, Pascale Pontus, effectivement. Et du coup, elle m'a fait mon premier et seul shooting pro, d'ailleurs j'en ai jamais refait d'autant, j'en ai fait un seul, et je travaille avec la même… Très efficace. Ouais, je travaille avec la même photo depuis 10 ans, mais du coup j'ai fait un shooting photo avec des photos un peu… Un peu carré, et puis après maintenant l'avantage c'est que t'as quand même pas mal de photographes en soirée qui peuvent te permettre de prendre une photo sur le moment, et c'est des photos qui sont souvent de très bonne qualité, qui te permettent de faire de la communication derrière. C'est moins un problème, mais effectivement au début tu n'y penses pas, et à un moment tu te retrouves obligé de le faire. Et donc ouais, t'as ça, t'as travaillé ton image, il y a quelque chose de... Parce que malgré tout t'es un personnage public. Bah, t'es un personnage public, t'es un personnage public, donc après moi j'ai pas de...

  • Manon

    T'arrives à aller faire tes courses tranquil.

  • Julien

    Mais tellement ! Non, non, moi j'ai pas de problème avec ça parce que je suis d'un naturel simple et facile, c'est-à-dire que je suis tout le temps pareil et j'ai pas de moment où je me prends pour un autre ou machin, donc finalement y'a jamais de décalage entre ce que je suis et ce que je communique donc finalement moi ça a jamais été un enjeu pour moi j'ai jamais eu de problème par rapport à ça. Mais ça compte quand même. Ouais, ça compte. Ça fait partie quand même du jeu. Ça compte, et puis tu vois c'est tout con mais dans l'image t'as aussi ce que tu dégages personnellement t'as la façon dont tu veux te montrer aux autres. Moi, j'ai la chance d'avoir... Enfin, la chance, je sais pas si c'est une chance ou pas, mais en tout cas, c'est comme ça. J'ai une tronche qu'on reconnaît facilement, c'est-à-dire que je ne suis pas, passe partout. Et du coup, ça fait partie de l'image du truc, en fait. Bah ouais...

  • Manon

    C'est ce qui a créé ta marque aussi.

  • Julien

    Ouais, c'est ça. Ah, le DJ, le gros barbu, machin. Ouais, c'est ça, lui-même, tu vois. On n'a pas 50, les mecs comme ça, donc du coup, ça a aussi joué dessus, et c'est un truc que je n'ai pas contrôlé.

  • Manon

    D'être reconnaissable, ça fait aussi partie de...

  • Julien

    Bah... Ça fait partie de l'image, ça fait partie de tout ça, ça fait partie de la cote de sympathie que tu peux avoir auprès des gens, ça fait partie de plein de choses. Et puis après j'ai vachement fait gaffe aussi toute ma carrière à être réglo avec tout le monde en fait, et à être dans aucune embrouille avec qui que ce soit, parce que c'est dans l'intérêt de personne, pas dans le mien, pas dans le sien, dans l'intérêt de personne. Donc j'ai essayé de toujours faire les choses proprement. Les quelques fois où je me suis retrouvé, je sais pas, en face de quelqu'un ou machin, j'en ai toujours parlé à l'autre et j'avais toujours dit que c'était indépendant de ma volonté et que je suis vraiment désolé et machin. J'essaie d'être pote avec tout le monde parce que j'ai aucune raison d'en vouloir à qui que ce soit. Et puis voilà, et puis en faisant ça, a priori... Ça se passe bien. Ouais, ça se passe plutôt bien. Et puis quand il y avait des débuts de volonté d'embrouille, je suis jamais rentré dedans parce que... plus ou moins aucun intérêt et que la vie est trop courte pour se prendre le chou avec des embrouilles à la con, on est avant d'abord là pour kiffer et après si ça se fait ça se fait, si ça se fait pas ça se fait pas, puis voilà. Tu trouves que de manière générale, enfin c'est compliqué de répondre de manière générale justement à la question, mais l'ambiance entre les DJ elle est plutôt bonne ? Elle est bonne, faut arrêter de... non elle est très bonne, non non elle est très bonne, on s'entend bien, de toute façon on n'est pas non plus méga nombreux. Non, on s'entend bien. Non, il n'y a pas de problème. Évidemment, c'est comme toute relation humaine, t'as des gens avec qui tu tentends mieux que d'autres.

  • Manon

    Oui, il y a des affinités qui se développent ou pas.

  • Julien

    Évidemment, mais franchement, déjà, on a tous une passion en commun, ce qui est déjà quand même plus facile pour créer des liens. Et puis oui, c'est un tout petit monde, le monde de la salsa, comme nous on le pratique, c'est minuscule. En vrai, c'est des gens qui partagent la même passion que toi, donc c'est cool, en fait. Donc oui, absolument, on s 'entends bien, évidemment qu'on s'entends bien. Après, il y a des hauts, des bas, c'est humain. Il y en a qui s'embrouillent, qui se rabibochent, machin fin voilà, c'est la vie, quoi. Bon, il n'y a personne avec qui je suis en froid et j'ai envie d'être en froid avec personne, ça n'a absolument aucun intérêt.

  • Manon

    Tout à l'heure on parlait un peu d'image de marque en tout cas de ton identité et par rapport à quand t'es DJ, comment t'as créé ton style? Comment on fait ça en fait?

  • Julien

    Ça c'est dur ça c'est dur parce que non c'est vraiment dur là y'a rien de réfléchi en fait y'a rien de réfléchi c'est juste toi, ce qui te fait kiffer, après m oi je sais que j'ai un style de jeu qui est plutôt agressif. Tu le définirais comme ça ? Ouais j'ai tendance à... Alors déjà j'ai un style de jeu qui est très très large. Je joue beaucoup de trucs, de différents styles. Je joue de tout je crois. A priori, je crois qu'il n'y a pas un style que je joue pas. Il y a des styles que j'aime moins et il n'y a pas un style que je joue pas. A partir du moment où c'est bon, moi ça me va. Et je tiens à cette variété. Je tiens vachement à cette variété, c'est hyper important. Pour moi, dans une soirée, tu dois avoir de tout. Tu dois avoir de la guaracha, de la romantica, du son, de la charanga, de la pachanga, de tout. Enfin, tous les styles que tu peux imaginer dans notre milieu, du cha-cha bien évidemment, pour moi c'est important d'avoir de tout. C'est pas C'est pas possible de trouver avec une soirée où il y a un style en très grande majorité. Moi c'est un peu pour ça que j'ai quitté la cubaine à un moment, j'ai commencé par la cubaine, et en fait quand ils ont commencé à faire des soirées 100% timba, ça a fini par me saouler en fait. Parce qu'un style pendant 4 heures, c'est pas possible. Enfin pour moi c'est pas possible. Donc du coup forcément tu joues tout, et après moi j'ai tendance à aimer les sons, avec b eaucoup de variations, les sons où t'as des relances, les sons où même quand ça part tranquille il y a un moment où ça tape un peu, pas forcément rapide tu vois, mais avec une intensité, une énergie, j'ai tendance à aimer ça, donc après est-ce que j'ai un style reconnaissable, j'en sais rien, c'est pas à moi de le dire, c'est aux gens de le dire, c'est pas à moi de le dire, mais en tout cas voilà, t'as forcément une cohérence dans ce que tu joues, a priori, si tu y penses un peu, après si tu fais n'importe quoi t'as pas de cohérence, mais si tu réfléchis un petit peu t'as forcément une cohérence. Le côté reconnaissable, machin, c'est aux gens de le dire, moi je suis pas capable de savoir si je suis en train de le faire. Je connais ça ou pas. Moi, je joue ce que j'ai envie de jouer, en fonction de ce qui se passe devant moi. En tout cas, le fait de t'organiser, de jouer toujours avec ce qui te parle, finalement, c'est ça qui, petit à petit, a défini ton style. Ouais, c'est ça qui crée ton univers, en fait. Parce que, forcément. Mais encore une fois, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'un univers précis.

  • Manon

    Moi, je trouve quand même, en tant que danseur, on vous distingue.

  • Julien

    Ouais, c'est vrai.

  • Manon

    Assez bien les uns des autres je trouve qu'en soirée quand on lève la tête parce qu'il y a un morceau qui nous fait vibrer mais qui c'est qui joue ça" et là on fait "ah oui", ça, ça nous arrive souvent et on arrive tous à dire "moi j'adore ce DJ" ou "J'adore celui-là parce qu'il y a quelque chose qui se dégage." Ouais mais je pense pas que ce soit un truc calculé de la part des DJ en tout cas moi c'est pas un truc calculé c'est-à-dire que il n'y a pas une méthode pour développer son style, moi je prends pas un son en me disant "celui-là il je me correspond" s'il me correspond je vais le prendre. C'est pas du tout comme ça c'est-à-dire que si je prends un son c'est que je fais "ehé il est bien lui" donc du coup je vais jouer après peut-être que du coup mon goût perso fait que ... donne ton univers, quoi.

  • Julien

    Bah ça ouais, il y a peut-être une couleur commune dans un peu tout, mais il n'y a pas de calcul par rapport à ça, comme ça se fait comme ça. Je pense que c'est juste l'expression de ta personnalité dans ce que tu fais, en fait. Parce que forcément, il y a une expression personnelle dans ce que tu fais, obligatoirement. À partir du moment où tu fais des choix...

  • Manon

    Il est forcément subjectif.

  • Julien

    Ouais, il y a forcément une expression de toi-même là-dedans, quelque part.

  • Manon

    On parlait tout à l'heure de tes débuts, tu me racontais un peu comment ça avait commencé. Qu'est-ce que tu dirais à des personnes à qui ça trotte un peu dans la tête ? Qui se dirait "ah j'aimerais bien me lancer, être DJ", mais qui ont du mal à passer le cap pour différentes raisons.

  • Julien

    Bref, en vrai, il faut y aller. Par contre, il faut prendre le temps. C'est pas un truc que tu fais en 10 minutes. Il y a trop de gens qui sont un peu cramés, qui n'étaient pas prêts, et qui du coup ont voulu aller trop, trop vite. prendre des grosses soirées, venir taper à la porte d'organisateurs et machin, si t'es pas prêt, ça va te retourner contre toi en fait. C'est-à-dire qu'ils vont t'ouvrir la porte, tu vas avoir une possibilité d'y aller, mais comme t'es pas encore rodé, c'est-à-dire qu'on continue toujours à apprendre, on continue à progresser tout le temps, forcément quand t'as 6 mois de mix, sachant qu'on mixe pas beaucoup quand même, on n'est pas des DJ professionnels dans le sens où on mixe 3, 4, 5 fois la semaine. Déjà quand tu mixes une fois par semaine, c'est déjà...

  • Manon

    Oui, c'est déjà un rythme soutenu en salsa.

  • Julien

    Techniquement, je suis celui qui joue le plus à Paris. Parce que je fais 4 heures tout seul chaque semaine. Et je suis le seul qui fait ça. Donc au suivi, ils sont plusieurs. Donc je suis le seul qui fait ça. Donc déjà, je suis celui qui joue le plus et je joue une fois par semaine. Donc c'est quand même pas grand-chose. Les DJ de Bachata à côté, les collègues de Bachata, ils font 4, 5, 6 soirées dans la semaine. Donc c'est quand même juste pas du tout le même ratio de travail. Donc l'expérience, ça prend beaucoup plus de temps en fait. Là où un DJ de Bachata peut prendre de l'expérience en 6 mois à 1 an, parce qu'il a joué tous les jours pendant 6 mois à 1 an, donc mine de rien, t'as quand même pas mal de travail. Nous, l'accumulation des heures de vol, elle est lente.

  • Manon

    Donc en tout cas, ne pas hésiter à se lancer, c'est accessible, tous les organisateurs sont…

  • Julien

    Alors après,pas tous les organisateurs.

  • Manon

    Oui,pas tous.

  • Julien

    Tu vas pas taper dans les gros événements, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours des petits événements sur une scène locale, qui sont ravis d'avoir quelqu'un, donc y aller, pas hésiter à se lancer, en fait pas vouloir griller trop d'étapes trop vite, prendre le temps. prendre le temps. Au début tu feras peut-être que des débuts de soirée, des fins de soirée, que des petits moments comme ça, tu vas peut-être jouer qu'une heure, mais c'est pas grave, c'est pas grave, tu prends ce qu'il y a à prendre. Moi je me rappelle au début, avant que je sois à l'Agua, à l'époque de Melka, au début il me disait voilà tiens j'ai calé un son, moi j'étais un bébé DJ encore, j'avais fait une petite soirée de mon côté, et puis il me disait "j'ai calé un son, je vais boire un coup je reviens". Donc il partait, il a eu un son, et puis la première fois il a fait ça, la deuxième fois bah il a commencé à revenir genre un quart d'heure plus tard, et donc il a fallu que je commence à fouiller dans son ordi pour trouver des trucs parce que... Donc j'ai commencé à faire ça, il m'a monté jusqu'à une heure comme ça. Et c'était pas facile parce que c'était pas mon ordi, pas mon classement, c'était hyper dur. Mais j'ai pris les petits moments qu'il y avait à prendre, et puis à un moment il m'a dit, bah tu sais quoi, prends ton ordi, ce sera plus simple la prochaine fois, prends ton ordi. Et du coup il m'a fait ça, il se barrait pendant machin, et puis moi j'étais en fait super content de jouer, ne serait-ce que 30 minutes à un moment dans la soirée, j'étais méga content. Parce que c'était cool, t'avais une salle complète et tout, c'était trop bien. Donc du coup j'ai pris ça, et puis je l'ai fait petit à petit. Et puis quand Melka est parti, je suis parti avec, de l'Agua. Le hasard a fait que j'y suis revenu après et que j'ai pris le truc. Mais j'ai pris le temps. Et encore, moi j'ai la chance que ça soit allé assez vite en vrai. J'ai des portes qui se sont ouvertes assez vite. J'ai vraiment eu de la chance. Mais entre le début où j'ai commencé à jouer et le moment où je suis devenu résident, il s'est passé pas loin de 5 ans quand même. Et je trouve que c'est un parcours rapide en 5 ans déjà. Donc quand on voit certains qui au bout de 6 mois, 1 an, veulent déjà être dans des gros événements partout et machin. Prépare-toi, c'est un métier, c'est pas un truc qu'on fait comme ça... Sinon, ce serait facile. Sinon, n'importe qui pourrait le faire et ce serait facile.

  • Manon

    Donc, prendre le temps.

  • Julien

    Oui, prendre le temps. Prendre le temps, mais pas hésiter à y aller. Parce que c'est un vrai kiff, en vrai. C'est un vrai kiff. Mais tranquille. Soirée locale, pépère, fais-toi la main, puis tu verras bien.

  • Manon

    Et est-ce que dans ta façon de jouer, il y a de grandes différences quand tu joues dans une soirée hebdomadaire ou dans un festival ?

  • Julien

    Aucune soirée est pareille. C'est très, très différent. Là, hier, par exemple, j'ai fait une petite soirée en banlieue avec un public... Très peu connaisseurs. Et puis surtout un public qui n'avait pas un niveau très élevé. Et là, moi, mon rôle, c'est quand même qu'ils s'amusent. Mais par exemple, j'ai pas pu jouer des morceaux. J'ai pu jouer que des morceaux lents. Je pouvais pas accélérer trop. Dès que j'accélère un peu, on se sentait que c'était compliqué pour eux. Donc c'est pas du tout la même façon de jouer que par exemple au PISC qu'il y a quelques mois, évidemment. Parce que là, t'arrives, c'est un congrès, les gens sont chaud comme la braise. Donc là, si tu arrives en milieu de soirée, tu peux juste cartonner comme un idiot. Ouais, tout est différent. C'est pour ça qu'il n'y a pas une recette miracle pour que ça marche systématiquement, sinon ce serait trop facile. Après, il faut juste essayer de comprendre ce que tu as en face de toi. Tu as des soirées où ça ne marchera pas. Tu as des soirées où ça ne marchera pas.

  • Manon

    Comment tu fais après les soirées ? Tu analyses un peu ce qui s'est passé ? Ou tu passes à autre chose ?

  • Julien

    C'est vachement du ressenti. C'est vachement du ressenti, t'es plus sur l'analyse dans le moment. Parce qu'en vrai, je ne suis limite pas foutu de me rappeler ce que j'ai joué un quart d'heure ou un minute avant. Heureusement que sur l'ordinateur, il y a un petit truc qui marque que tu l'as joué. En fait, il y a un petit truc qui apparaît à côté de titre. Donc heureusement que tu sais que tu l'as joué. Parce que des fois, en gros, quand je joue, j'ai 15 minutes d'avance, à peu près. 2-3 sons d'avance. Et c'est tout. Je sais où je serai à peu près dans 10-15 minutes. Le reste, j'en sais foutre rien et je verrai bien sur le moment. Donc en fait je suis beaucoup dans la gestion de l'instant, dans le ressenti du truc. En plus t'es rarement tout seul, t'es souvent... parce que c'est une activité sociale donc tu parles à des gens, t'es là, enfin... T'es en soirée quoi, donc... T'as des gens qui viennent me voir qui me disent "Ah c'était quoi ce que t'as mis il y a 10 minutes, un quart d'heure ? qui faisaient lalalala" Je sais rien moi, je sais plus. Alors après j'arrive à retrouver, c'est pour ça que quand les gens me demandaient des sons , il faut qu'ils me le demandent le moment, parce que je me rappelle plus. Il y a pas de planification. Après, je sais qu'il y a peut-être des collègues qui doivent planifier, j'en sais rien. En tout cas, moi, je fonctionne comme ça. J'ai pas de planification, et je vois ce qui se présente, quoi. Ça me paraît le truc le plus cohérent en fait. Encore une fois, t'as pas deux soirées pareilles, t'as pas deux salles pareilles, t'as pas... Puis même, tu vois, moi, 10 piges à l'Agua, j'ai pas deux soirées pareilles. Pourtant, c'est en bonne partie le même public, parce qu'on a un public habitué qui vient régulièrement, mais ils sont pas tous les soirs pareils, c'est des êtres humains.

  • Manon

    Ils n'arrivent pas toujours avec le même niveau d'énergie.

  • Julien

    Exactement, et puis ouais, ça tourne pas pareil, tout a pas toujours le même effet, ça c'est trop facile, sinon on appuirai sur tel bouton, ça marcherait...

  • Manon

    C'est ce qui fait l'intérêt aussi...

  • Julien

    Évidemment. Évidemment, si c'était si facile, en fait, on mettrait des playlists et ce serait terminé, on n'aurait aucun intérêt à avoir des DJ. Si tel son suffisait à chaque fois à faire marcher, bah oui, tu crées le playlist et puis en avant guinguamp. T'as ça, et puis t'as un truc qui est, à mon avis, important, un peu sous-estimé je pense, c'est que, notamment sur les salles où on te voit... Quand t'es un peu en hauteur, que toi tu transmets aussi. Parce que mine de rien, les gens ont, je pense, une facilité plus grande à s'enjailler sur un truc où le mec s'enjaille, déjà lui-même. C'est-à-dire que si tu crois pas à ta mayonnaise, les gens vont pas la manger ta mayonnaise. Si t'arrives dans une tête de six pieds de long et sans aucune énergie, ça va pas encourager les gens à se chauffer. Alors que si toi-même ça te rend un peu dingo, tu commences à gueuler. Donc t'as aussi ce rôle-là, un peu. Mais ça, après, ça dépend des personnalités. Il y a des mecs qui sont pas comme ça, il y a des mecs qui sont pas extravertis du tout. Moi, quand je suis dans mon truc, je suis plutôt extraverti. J'ai tendance à pas mal bouger, pas mal gueuler, taper dans les mains. Enfin, c'est un peu dingo, des fois, mais ça, c'est de la personnalité de chacun, quoi. Il y en a qui sont beaucoup plus sur la retenue. Après, ça, y a pas de règles.

  • Manon

    Mais toi, dans ton cas, tu trouves que ça participe à...

  • Julien

    Ah, complètement.

  • Manon

    ...à créer l'ambiance ?

  • Julien

    Complètement. C'est évident. Ouais parce que encore une fois tu crois en ce que tu fais et si toi même t'aimes ça, il y a des chances que les gens aiment ça quoi. Parce qu'en vrai on n'a pas de... ça c'est un truc qui est vachement important aussi quand tu joues, c'est qu'en vrai on n'a pas de culture de ça. La salsa c'est pas notre culture. À la majorité d'entre nous, à quelques ordres c'est la culture, mais nous Européens c'est un truc qu'on découvre sur le tard. Il y a très peu de mecs qui écoutaient de la salsa petit, ça arrive chez les Antillais, chez les Africains, il y en a qui avaient de la salsa à la maison. Mais en dehors de ça, le blanc standard, machin pas plus que ça. Du coup, en vrai, t'arrives pas avec une idée préconçue de ce qu'est la bonne salsa et la mauvaise salsa. T'en sais rien. En fait, la bonne musique, c'est un truc totalement universel. Donc si c'est bon, ils vont kiffer. Qu'ils le connaissent ou pas, ils vont kiffer. Parce que c'est bon. Et du coup, toi, ton rôle, c'est ça. C'est d'arriver à leur faire reconnaître ça, mais en même temps... Bon, c'est difficile à expliquer, mais si tu veux, comme c'est pas notre culture on n'a pas d'oreille particulière à ça. Donc si tu n'y connais rien et que quelqu'un te dit ça, c'est de la bonne salsa si tu n'as pas entendu autre chose, tu vas dire ok, et c'est cool. Jusqu'au jour où tu vas entendre autre chose. Et le jour où tu auras entendu autre chose, tu vas dire putain, mais ça, en fait, c'est mieux que ça, mine de rien. Et c'est là où on a un rôle important, nous, c'est que tu peux facilement, notamment avec un public un peu plus débutant, tu peux très facilement leur faire croire que ça, c'est bien. Jusqu'au jour où ils vont entendre autre chose. Là-dessus, on a une vraie responsabilité, c'est à dire que même quand tu vas jouer dans des petits endroits, tu vas quand même leur apporter des trucs un peu, pas forcément méga pointus, mais des trucs bien, quoi. Parce que si tu vas juste là-bas pour leur repasser les mêmes trucs qu'ils connaissent déjà et les 3-4 sons auxquels ils sont habitués...

  • Manon

    En fait, c'est un équilibre à trouver entre les sons qui marchent bien, qui sont assez populaires et appréciés, et les découvertes...

  • Julien

    Il faut les avoir. L'équilibre, c'est hyper important. Moi, je trouve que c'est un problème dans certains endroits, c'est que tu peux pas n'être que sur de la musique pas connue ou que sur la nouveauté, les gens ont besoin, moi en tant que danseur, j'ai besoin d'avoir aussi des standards sur lesquels je peux chanter, m'amuser, connaître tous les breaks, tous les machins, parce que c'est juste un kiff total aussi. Et j'ai pas envie d'avoir que du gros classique, j'ai aussi envie de me faire surprendre. Donc c'est important d'avoir un équilibre entre les deux en fait. D'avoir évidemment du gros standard, ou même du très gros standard, mais c'est très bien. Faut pas jouer tout le temps, mais c'est très bien quand tu le ressors, ça fait plaisir à tout le monde. Et puis ouais, essayer de ramener... des trucs un peu nouveaux, un peu différents. Mais encore une fois, ça sert à rien de faire de la nouveauté pour la nouveauté. Ça aussi c'est un truc, ça fait quand même maintenant quelques années qu'il y a de la salsa en Europe. Globalement sur les sons un peu anciens, dis-toi que si personne le joue, y'a peut-être une raison, tu vois ? Après sur des trucs un peu plus rares, un plus machin, ok, très cool, y'a pas de problème. Y'a plein de gens qui peuvent être passés à côté, tu vois. Mais sur des trucs un peu plus standards, ouais si les gens jouent pas y'a peut-être une raison, donc c'est peut-être que c'est pas terrible en fait. Tu vois par exemple les reprises, euh... pourquoi pas ? Mais en vrai si la reprise est pas au moins aussi bonne que l'originale, ou si elle apporte pas un truc vraiment différent, ça sert à rien, cousin, met l'original... On en voit souvent des trucs comme ça, des espèces de reprises cheloues, tout simplement parce que c'est original, que personne n'a entendu, bah ouais, mais bon, c'est pas ouf en fait. Je préférais mille fois entendre le standard de base. Donc ouais, soit c'est au moins aussi bon, soit c'est vraiment un autre angle d'attaque du truc, et là ça se justifie. Mais sinon, faut pas rejeter le classique, c'est important le classique, très important. C'est la partie de l'histoire du truc, c'est essentiel.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi.

  • Julien

    Vas-y.

  • Manon

    Est-ce que tu saurais dire ce qui t'a accroché à la salsa au tout début ? Donc avant même d'être DJ, si t'as commencé par la danse.

  • Julien

    C'est super dur à dire. Je suis rentré dans le milieu, je pense, pour des mauvaises raisons, comme plein de mecs. Je pense, je me suis un peu fait traîner là-dedans de force au début. Je suis resté parce que c'était sympa et qu'il y avait des meufs et je trouvais ça cool. Et puis en vrai, je sais pas, il y a un truc qui m'a attrapé et j'ai trouvé ça vraiment trop cool en fait. Au-delà du côté, bah oui, j'ai 25 ans, il y a des meufs, c'est cool. Non, non, sinon j'ai commencé à la fac. Donc forcément, quand t'es à la fac, t'arrives en cours de danse, la première fois que tu y vas, je me suis un peu tiré la patte et il y avait, je me rappelle, on était 15, le premier cours que j'ai pris, il y avait 3 mecs et 12 meufs. Bon, le ratio était pas mal, donc du coup je me suis dit bon c'est cool, on va rester. Et en fait je me suis vraiment fait attraper par le truc et je pensais pas et je sais pas, j'ai eu un plaisir à la danse que j'avais pas du tout anticipé parce que j'étais à des années-lumières de ça. J'étais dans le rugby, alors la danse c'était pas du tout un truc... Et je sais pas, ça m'a happé, je saurais pas t'expliquer pourquoi, ça m'a tout de suite fait des trucs un peu partout, j'ai eu un vrai kiff à le faire, et puis j'ai eu un vrai kiff avec la musique aussi. D'un coup j'ai trouvé ça juste trop bien, juste trop trop bien, et j'étais pas capable d'expliquer pourquoi, comment, quoi, mais c'était trop bien. Et du coup ouais, je suis resté, je suis resté pour le coup, pour des bonnes raisons.

  • Manon

    Et ça fait 20 ans.

  • Julien

    Et ça fait 20 piges. Et en plus, après, ce qui m'a aussi retenu dans le milieu, c'est le côté vachement open de ce milieu, en fait. C'est-à-dire que tu viens vraiment comme t'es. T'as des endroits où on te fait croire que tu peux venir comme t'es, c'est pas vrai. Ici, en salsa, tu viens vraiment comme t'es. C'est-à-dire que tu peux arriver en survet, tu peux arriver en bermuda, je suis tout le temps en bermuda, tu peux arriver en costard-cravatte 3 pièces complets, quand t'es une nana, tu peux venir habillée en schlag, si tu veux, tu peux venir habillée avec une robe incroyable et tout. Tout le monde danse en même temps, ensemble, sur le même truc, t'es dans la même vibe, et ça c'est quand même juste super cool. Et puis peu importe ta tronche, t'arrives avec ta tronche que t'as, Et puis voilà, après ça arrive du milieu humain, donc il y a forcément... Le truc de base, il est là, t'arrives dans des soirées, il n'y a pas de sécurité, s'il te plaît. C'est trop bien, c'est trop bien. Quand j'étais étudiant, je me suis retrouvé à faire de la sécurité dans les soirées. Et c'est quand même un autre délire, c'est-à-dire que tu sais que, quand tu commences la soirée, deux heures après, tu vas sortir les premiers, parce qu'ils sont complètement éclatés, ils sont en train de se taper dessus, donc tu passes ta journée, ta soirée à sortir des mecs bourrés, et aller chercher à arrêter les bagarres, c'est insupportable. Là... Il n'y a même pas de service de sécu, c'est-à-dire que tu rentres, il y a une personne à la caisse, et puis c'est tout. En plus, la personne en général elle fait autre chose dans la soirée, enfin voilà. C'est trop bien ça, ce côté ouvert au truc. Après il faut prendre ce qu'il y a à prendre, c'est-à-dire que tu fais des rencontres là-dedans, t'as beaucoup de rencontres qui sont des trucs de surface, mais sympa quoi, tu passes des beaux moments avec, tu t'amuses bien, tu rigoles, et puis tu rencontres quelques personnes qui seront vachement importantes dans ta vie, mais il faut prendre le truc comme il est, c'est-à-dire qu'il ne faut pas... Espérer, que ça change, machin, faut kiffer le truc, et puis... Et en vrai, voilà, c'est un milieu ouvert, sympa, facile. En plus, moi, j'ai eu la chance, franchement, de pas trop galérer à apprendre au début. J'ai appris assez vite. Parce que ça, c'est un peu dur au début, quand tu commences. Ça peut être dur si tu galères à apprendre. La sensation de déranger les gens, voire même les rejets que tu peux prendre, ça peut être compliqué. Et j'ai eu la chance de pas trop avoir ça. Donc en vrai, je me suis senti comme un poisson dans l'eau tout de suite. Et du coup, je suis toujours là. Et je pense pas que je pourrais m'arrêter. Arrêter un jour de danser quoi. Arrêter d'être DJ, oui si un jour je suis plus à la mode, si je suis plus bon, si machin, bah ouais. Après j'ai un métier à côté, donc si ça s'arrête, ça s'arrête quoi. Mais arrêter de danser, je crois jamais. Après pour l'activité DJ, si un jour je vois que ça me plaît moins, je peux envisager la fin, je m'en fous, c'est pas grave. Mais pour l'instant, c'est pas le cas. Ça me fait kiffer, aucune raison d'arrêter ça. Je suis contente de le savoir. Bah écoute moi, tant que les orgas sont contents de ça et veulent de moi, écoute, avec plaisir. Après, s'ils veulent plus un jour, je continuerai à écouter du son, je ferai ça chez moi. Et à danser. Je continuerai à danser, parce que ça, c'est trop kiffant.

  • Manon

    Merci, Julien.

  • Julien

    De rien, écoute, plaisir.

  • Manon

    Merci pour ton écoute, j'espère que cet épisode t'a plu. Maintenant que certains secrets de l'art du DJing ont été dévoilés, voyons ce qu'il se passe sur la piste et sur la scène. Ce lien entre show et social, c'est Marina qui vient nous en parler la semaine prochaine. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

Description

Dans ce septième épisode, je reçois Julien, alias DJ 69, résident des soirées Agua à Paris mais également DJ de nombreuses autres soirées et festivals. Apprécié pour ses sets enflammés, il raconte comment il fait pour mettre l'ambiance sur la piste de danse et plus généralement tout ce que ça représente d'être DJ de salsa. Merci à Julien pour cette discussion !


Musique

Dolce - Cushy


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Transcription

  • Manon

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoricaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon et sur cet épisode je t'invite à découvrir ce qu'il se passe derrière la cabine d'un DJ et surtout comment il fait pour faire décoller l'ambiance de nos soirées. Pour ça, je t'amène à la rencontre de Julien, alias DJ69, apprécié pour ses sets qui enflamment la piste et avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Julien.

  • Julien

    Bonjour.

  • Manon

    Est-ce que je peux te laisser te présenter avant qu'on se lance dans le vif du sujet ?

  • Julien

    Me présenter ? Donc moi c'est Julien, je suis dans le milieu de la danse depuis pas loin de 20 ans. J'ai commencé à être DJ il y a une quinzaine d'années à peu près, complètement par hasard. Mais dès la première j'ai pris un pied terrible et j'ai eu des bons retours tout de suite. Et du coup je l'ai envisagé et puis ça s'est fait petit à petit, ça s'est construit doucement. Et puis voilà, du coup je suis connu sous le nom DJ69. Je suis depuis 2014 à Agua, à Paris, je suis résident là-bas, puis voilà.

  • Manon

    On va discuter ensemble de l'art du DJing, je ne sais pas si on appelle ça comme ça.

  • Julien

    Vaste domaine.

  • Manon

    Vaste domaine. Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui être un DJ ?

  • Julien

    Déjà être un DJ, il faut qu'on soit clair sur le but de nos interventions, c'est-à-dire que nous, on est là pour enjailler les gens. C'est le seul truc pour lequel on est là, en fait.

  • Manon

    C'est le moteur absolu.

  • Julien

    En fait, c'est le but. C'est-à-dire que quand quelqu'un dépense de l'argent pour te faire venir, et puis des fois, c'est dépenser beaucoup d'argent, parce qu'il dépense le trajet, il te loge, il te file un cachet, donc ça fait pas mal d'oseille. Le but, quand même, c'est d'être efficace, et que pendant la soirée, les gens en aient pour leur oseille, en fait. Donc, c'est nous, notre but premier et principal, c'est ça. Et après, on a tout un travail de transmission, d'éducation, de partage de ce qui a été fait et de découvertes. ...de ce qui se fait.

  • Manon

    En termes de musique, hein?

  • Julien

    En termes de musique, bien sûr, en termes de musique. On a tout un... C'est ça, tout un rôle éducatif. On peut se retrouver, par exemple, à faire des petites soirées dans des endroits où la salsa n'est pas très implantée, où c'est un peu fragile. Et là, c'est à la limite de l'évangélisation. C'est-à-dire qu'on vient et on apporte de la musique que les gens n'ont pas l'habitude d'entendre. Et puis, à côté de ça, quand on fait des événements plus gros, bah là, c'est juste que les gens kiffent. C'est tout. On n'a pas à réfléchir beaucoup plus que ça, en fait.

  • Manon

    Et comment tu le mesures, ça ? Le niveau d'enjaillement des gens ?

  • Julien

    C'est compliqué, mais quand on est dit DJ, on est... souvent un peu à l'écart, généralement un petit peu en hauteur, ou même pas forcément, mais un peu à l'écart. Et en fait, on a une vision assez globale de la salle et des gens. On regarde beaucoup les gens danser. Et en fait, on voit à l'intensité des mouvements, au bruit que ça fait. En fait, tout ça, ça dégage une espèce d'énergie. Et en fait, on voit si on est plutôt sur la bonne voie ou si ça ne prend pas. C'est assez difficile à dire, mais en fait, en gros, c'est un truc qu'on ressent. On le capte visuellement, on capte en vrai de l'énergie aussi parce que tu sens que ça vibre, tu sens qu'il se passe un truc. Quand ça marche, tu sens qu'il se passe un truc. Et puis évidemment, quand ça marche vraiment bien, tu l'entends. C'est-à-dire que ça crie, tu sais que c'est bien. Mais même sans aller jusque là, déjà rien que le fait de voir l'implication que les gens mettent là-dedans, de voir s'ils sont plus intenses dans leur mouvement, ou même si on est sur un son tranquille, par exemple si on a de la romantica, mais que les gens sont dans le truc. Parce qu'on peut danser de la romantica à 2 heures en faisant rien du tout, et puis on peut la danser en mettant de l'intensité, en mettant... Et bien ça, tu le vois et tu le ressens, ce truc-là. C'est difficile, on peut pas dire un tel, un tel, mais t'as un phénomène de foule globale que tu sens. Et c'est ça qui te dit si t'es sur le bon chemin ou pas, quoi.

  • Manon

    Donc en fait, quand tu mixes le plus gros de ton travail, c'est l'observation.

  • Julien

    C'est exactement ça. En fait, moi, l'idée, c'est quand j'arrive en soirée, en fait, je récupère des gens qui viennent d'un peu partout. Qui ont pas passé la même journée, qui arrivent avec un niveau d'énergie complètement différent. Il y en a qui arrivent chaud bouillant parce que ça fait une semaine qu'ils ont envie, ils n'en peuvent plus, ils n'ont qu'une envie, c'est de danser. Il y en a qui arrivent éclatés, ils ont fait l'effort de venir, mais ils sont au bout de leur vie en arrivant. Il y en a qui ne savent pas ce qu'ils foutent là. Il y a tout. Et toi, ton truc, c'est d'arriver à faire en sorte que tous ces gens-là arrivent à partager un certain niveau d'énergie, en fait.

  • Manon

    Se retrouvent, en fait.

  • Julien

    Ouais, se retrouvent. Et arrivent à rentrer dans le... dans un même mood collectif. C'est ça qui fait qu'à la fin tu vas te dire putain c'était bien on a passé une bonne soirée, il y avait un truc sympa. On s'est rencontrés. Ouais en fait les gens qui étaient fatigués tu as réussi à leur redonner un petit boost, les gens qui étaient un peu excités tranquille on a pris le temps et ils se sont mis dans le truc et après les gens ont rejoint un peu leur énergie c'était cool. Et c'est ça en fait l'idée c'est d'arriver à harmoniser un peu le truc et une fois que tu as harmonisé le truc en vrai la salle à ce moment là tu la tiens un peu en fait et quand tu la tiens après tu peux partir un peu dans toutes les directions en fait. Si tu as envie d'aller sur un truc plus tranquille, tu vas sur un truc plus tranquille, si tu veux t'énerver ça s'énerve et en général les gens vont suivre. À partir du moment où ils sont à peu près sur une espèce de niveau commun, là, t'es pas mal. Le début c'est ça en fait, le plus dur c'est ça, c'est pour ça que les débuts de soirée sont difficiles, parce que forcément t'arrives tous et... Puis même toi au début t'es pas tous les jours dans une forme de dingo.

  • Manon

    Toi aussi tu dois te mettre en fait au même niveau d'énergie.

  • Julien

    Ça c'est particulier parce que le DJ lui-même, il y a deux choses déjà. D'une, toi t'as un job à délivrer, t'as un truc à faire. Donc en fait peu importe ton état mental perso, c'est pas le problème des gens. Les gens qui sont venus, ils ont tous payé. Que tu sois content ou pas, c'est pas leur problème. Donc ça va pas à se ressentir dans le truc. Maintenant, humainement, quand t'arrives en début de soirée, t'es pas à pleine balle, t'es pas chaud comme la braise, t'es pas à danser tout de suite sur les premiers morceaux, évidemment il faut le temps que tu te mettes un peu dedans. Mais ça doit pas impacter sur les choix que tu ferais. En fait tu dois choisir comme si t'étais en forme tout le temps. Même si tu l'es pas ce jour-là, c'est pas grave, tu dois choisir. C'est comme tous les métiers publics. À partir du moment où tu as un métier en relation avec le public, le public n'est pas censé connaître tes états d'âme. Parce que ça, c'est un truc aussi qu'on a tendance à oublier, c'est qu'en fait, en tant que DJ, on qualifie souvent d'artiste, mais en vrai, on n'est pas des artistes. On n'a pas à passer notre émotion dans le truc. On a à passer de l'émotion, mais pas notre émotion. Notre émotion à nous, on s'en tape. C'est pas le sujet. Par contre, faire passer un truc, une énergie, une émotion dans la salle, c'est cool, c'est le but du truc. Mais pas la nôtre. Moi, les gens n'ont pas à savoir si je suis bien ou pas. C'est pas le problème.

  • Manon

    Moi, j'aimerais bien savoir comment tu prépares ton set. Est-ce que tu prépares des choses ? Si on part sur une soirée, par exemple, l'Agua. Ta soirée hebdomadaire, qu'est-ce que tu prépares ?

  • Julien

    En vrai, moi je suis pas adepte des playlists et des machins, genre j'ai jamais mes playlists, par exemple. Je sais qu'il y a des collègues qui le font, c'est-à-dire que quand ils jouent, ils enregistrent à chaque fois la playlist qu'ils ont fait, ils la mettent dans un coin, ils l'archivent, et puis de temps en temps, ils retombent dehors. J'ai aucune playlist archivée. J'aime pas ça, parce qu'en fait, j'ai peur que ça me conduise à refaire la même chose, tu vois, toujours. Du coup, quand j'arrive en soirée, j'ai des morceaux que j'ai envie de passer. Je sais pas pourquoi, ça m'a traversé l'esprit. Je sais pas, j'ai envie de les jouer. J'en ai pas beaucoup, j'en ai, je sais pas, 4, 5, 6, ouais, max.

  • Manon

    Qui sont un peu dans ta tête, en fait.

  • Julien

    Ouais, des morceaux que j'ai dans la tête à ce moment-là, ouais. Je sais pas pourquoi j'y ai pensé le jour même ou la veille ou machin, je sais pas, c'est des trucs... Je sais pas pourquoi j'y ai pensé. Ou alors, tout simplement parce que c'est des trucs que je viens de faire rentrer dans ma rotation et que... T'as envie de partager... Et que j'ai envie de les jouer, parce que forcément je viens de les avoir, mais j'ai envie de les jouer. Soit parce que c'est des trucs nouveaux, soit parce que c'est des trucs que j'ai trouvés, soit parce que c'est des trucs que j'ai piqué à droite et à gauche parce que j'ai entendu quelque part, j'ai trouvé ça trop cool, donc du coup je me suis dit, bah là, faut que je le joue. Parce que l'idée c'est ça, c'est notamment quand je suis à l'Agua, moi je suis là toutes les semaines, jouer toutes les semaines, 4 heures tout seul, ça fait 10 ans. Bah, c'est pas trois semaines, donc ça fait un moment. Et en fait, je suis obligé d'amener de la nouveauté. tout le temps. Donc t'as plus ou moins une espèce de système de rotation, c'est-à-dire que t'as les sons que t'as envie de jouer parce que tu viens de les faire rentrer et machin, et ceux-là ils vont durer 1, 2, 3, 4, 5, 6 mois. Tu vas les jouer régulièrement pendant ce temps-là, régulièrement. Peut-être pas à chaque fois mais quasiment. Puis bah les sons ils sortent de la rotation à un moment, parce que sinon je peux pas jouer la même chose que je jouais il y a dix ans. Parce que le public a changé, les sons ont changé, c'est pas les mêmes attentes, donc je suis obligé de m'adapter en fait. Et puis si je fais pas ça, je serai booké nulle part. Et puis encore une fois... Le taffe d'éducation, faire découvrir d'autres trucs. C'est tout con mais là mardi, j'ai joué des sons du dernier album de Marc Anthony qui sortait trois jours avant. C'est tout con hein, mais c'est Marc Anthony mais voilà. N'empêche que pour une fois on avait des Marc Anthony différents parce qu'on entend la même chose depuis des années de Marc Anthony ce qui est génial j'ai pas de problème avec ça mais c'est les mêmes sons. Là c'est tout bête, j'ai juste, voilà, je sais que je suis arrivé en me disant j'avais repéré trois sons dans l'album que je voulais jouer, je me suis dit je vais les placer, les trois, tant pis, je vais mettre trois Marc Anthony ce soir mais c'est pas grave je vais placer les trois. Donc c'est ça en fait, j'arrive avec des sons que j'ai envie de jouer et puis après le reste je vais me démerde pour les amener et pour les placer à peu près correctement. Parce que ça, c'est un risque, c'est que tu peux avoir un son exceptionnel en tête ou avoir trouvé un truc, la perle rare, le truc incroyable, si tu l'amènes mal...

  • Manon

    Si tu le mets pas au bon moment ?

  • Julien

    Ouais, si tu le prépares pas, il y a une chance sur deux qu'il fasse un gros plat et que tu sois dégoûté parce que tu te dis, putain, j'ai un truc énorme, ils ont pas compris, quel public de merde, machin, mais en fait, c'est à toi de l'amener correctement.

  • Manon

    Moi, je suis un peu fan de l'organisation. Du coup, j'aimerais savoir, est-ce que dans ton ordi, tu ranges les morceaux par... Genre, ça, c'est un bon morceau de début de soirée, ça, c'est bien pour la fin, ça, c'est bien quand c'est le feu sur la... Est-ce que c'est dans ta tête ? On vous voit souvent écouter aussi la musique pendant que vous mixez. Est-ce que c'est au fur et à mesure que tu dis "Ah oui, ça, ce morceau, c'est le moment". Comment ça s'organise, tout ça ?

  • Julien

    Alors, déjà, le...

  • Manon

    Pour toi, en tout cas.

  • Julien

    En fait, le classement d'un ordinateur, en fait, c'est... Exactement comme le rangement de tes slips chez toi, c'est-à-dire que tout le monde a un rangement différent. Vraiment, c'est-à-dire qu'on a tous un ordre différent. Des fois, je discute avec des collègues, ou même je vois à l'ordi pendant qu'on discute, je ne serais pas capable de m'y retrouver. Moi, perso, j'ai un classement qui est plutôt par vitesse de son. Donc j'ai des dossiers avec tout ce qui est en dessous de 90 BPM, tout ce qui est entre 95-95, 95-100 et au-delà de 100. Moi, j'ai ça qui est en base, et après j'ai des playlists à l'intérieur. Alors, c'est pas des playlists je vais appuyer dessus, mais en gros, c'est des sons qui sont classés. Par exemple, j'ai un truc de son, j'ai un truc de... Donc j'ai des sons qui sont dans deux trucs différents.

  • Manon

    D'accord.

  • Julien

    Mais moi, ça me permet de les retrouver. C'est quand je cherche un truc, pas forcément toujours.. Donc j'ai ça, j'ai toute une série aussi d'albums qui sont en entier, que je n'ai pas sélectionné, parce qu'en général, normalement, dans mon ordi, j'ai quand même que des sons qui sont jouables en soirée, c'est-à-dire que je prends rarement des albums entiers. Quand je les prends, c'est que vraiment, il y en a plusieurs de ceux qui sont bons, et du coup, là, je ne me permets de prendre l'album entier. Sinon, je sors ce qu'il y a à sortir et voilà.

  • Manon

    Tu veux dire que tu distingues vraiment toi par rapport à ton activité de DJ, les sons qui s'écoutent et les sons qui se dansent.

  • Julien

    Complètement. Puis le rapport est énorme, c'est-à-dire que c'est du... Du simple au décuple, voire centuple, la masse de son que je peux avoir à la maison et que j'ai sur mon ordi, sur l'ordi j'ai que des trucs qui sont jouables en soi, j'ai rien d'ésotérique, de machin, rien, rien, rien, tout est jouable. Tout est jouable.

  • Manon

    Mais ça veut dire qu'en tant que DJ t'es obligé d'être vraiment très connecté avec le danseur, avec ce que c'est la danse ? Toi tu danses...

  • Julien

    Ça c'est un truc que moi je comprends pas trop, d'ailleurs heureusement c'est très rare, mais j'arriverais pas à comprendre que tu puisses être DJ sans être danseur. Pour moi c'est un lien direct en fait. C'est-à-dire que je vois pas comment tu peux comprendre ce qu'enjaillent les gens si tu te mets pas à leur place, en fait. Moi à chaque fois que je joue, je me dis, franchement, est-ce que le son d'après je kifferais ça là ? Est-ce que ça me ferait plaisir ? Et en fait, y'a un petit côté un peu égoïste, en vrai moi je me fais plaisir, c'est-à-dire je me dis voilà, moi à leur place, ça je kifferais de ouf juste après. Et je me dis que si moi j'aime ça, y'a des chances pour que d'autres personnes aiment bien, tu vois. Après peut-être pas tout le monde, parce que t'façon on peut pas faire l'unanimité, c'est impossible, mais y'a forcément des gens dans le lot qui vont aimer ça. Et puis t'façon j'ai pas d'autres repères en fait. Le repère que j'ai c'est moi donc bah je peux pas lire dans la tête des gens hein, donc... Puis après je vois bien l'effet que ça a, je vois si j'ai mis ça et que ça a un peu merdé, je me dis bon... Je vais peut-être taper à côté sur ce coup-là, tu vois. Peut-être être trop ambitieux ou j'ai pas assez envoyé. Je m'adapte, mais forcément, je réfléchis d'abord comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. On peut pas réfléchir autrement que comme un danseur dans notre milieu à nous. On peut pas faire ça.

  • Manon

    Et ça me fait penser à ce que tu disais au tout début quand tu t'es présenté. Tu as dit je suis tombé dedans un peu par hasard. Mais t'es d'abord passé par la case danseur.

  • Julien

    Complètement. J'étais danseur.

  • Manon

    T'étais danseur ?

  • Julien

    J'étais danseur et j'avais tendance à... J'avais déjà un tropisme assez fort vers le son, je partageais des trucs avec mes amis et tout. Et en fait, il y a une fois où on m'a proposé de jouer parce que je connaissais quelqu'un, enfin bref, en X raisons, c'était au Moving de Thiais, à l'époque où il y avait tout dans la même salle, il y avait la Porto, la Cubaine, il y avait la Bachata, il y avait du Kuduro à l'époque, il y a longtemps. Et du coup, on m'a proposé d'y aller, j'y suis allé vraiment à l'arrache, c'est-à-dire que j'avais un logiciel de démonstration de 15 jours, j'avais mon ordi perso, j'avais pas de logiciel de pré-écoute, j'avais même pas de casque, j'y suis vraiment allé, mais à l'arrache total. Et puis en fait, je m'attendais pas à ça, je me disais ça va être une tannée, j'ai accepté, maintenant j'y vais, et en vrai j'ai pris un kiff terrible dès le début, dès le 2 ou 3ème son, mais en fait mettre les musiques que t'aimes bien fort comme ça dans une salle c'est ouf en fait tu vois, et donc déjà j'ai aimé, puis j'ai senti cette... Ouais, cette énergie chez les gens, une espèce de vibe vraiment sympa. J'ai bien aimé, j'ai eu plein de gens qui m'ont dit "Ah, c'est super bien !" parce qu'ils ont dû voir que j'étais un peu nerveux, forcément.

  • Manon

    Comme toute première.

  • Julien

    Oui, c'est ça, forcément. Et en vrai, beaucoup de bienveillance, beaucoup de... Et en vrai, je suis parti de là, j'étais trop bien. J'ai été trop bien, j'ai kiffé, vraiment. J'ai vraiment, vraiment kiffé. Visiblement, les patrons ont kiffé aussi parce que j'ai été réinvité après. Et en fait, bah je me suis dit "Finalement, ça s'envisage, en fait hein. Ça s'envisage vraiment." Et puis bah du coup, j'ai fait une saison avec eux comme ça. Ponctuellement, ça m'a permis de commencer à pouvoir investir aussi de mon côté. Parce que du coup, j'ai investi de mon argent perso plus un peu l'argent que j'avais gagné sur les premières fois. Parce que bah je me suis vite rendu compte quand même que c'était pas possible de travailler de façon aussi amateur. Donc j'ai quand même investi.

  • Manon

    C'est quoi le kit du DJ ?

  • Julien

    De base, il te faut déjà un ordinateur qui tienne la route. Si possible, un ordinateur qui ne serve qu'à ça. Parce qu'à partir du moment où tu commences à faire autre chose dessus... T'augmentes les risques. t'arrives à un problème dessus, t'investis dans un ordi, un truc stable, t'investis dans un logiciel de mix version professionnelle, donc payant, un truc de qualité, t'investis dans un contrôleur externe, donc avec une carte son à l'intérieur qui soit meilleure que la carte son de ton ordi de base, et qui te permette d'avoir une double carte son, donc de faire de la pré-écoute en même temps que tu joues, et de contrôler tout un tas de paramètres sur le son. Ça pareil, il faut un truc, c'est pas non plus des mille et des cents, mais il faut investir, un bon ordi... T'en as pour 1500 balles, pour le logiciel ça te coûte 200 balles, la carte... Le contrôleur ça peut te coûter entre 150 et 300 balles. Il te faut un casque pour faire de la pré-écoute. Après moi j'ai une particularité, c'est que j'ai quand même une très grosse tête donc mes casques je les ai tous pétés assez rapidement. Donc je suis revenu au casque intra-auriculaire classique parce que finalement ça isole tout à fait correctement du son. En en prenant des performants franchement ça passe très bien et ça m'évite de les péter. Et en plus c'est tout petit donc c'est beaucoup plus facile à... à transporter. Donc voilà, il te faut ça de base, et puis surtout, il faut investir dans le son, quoi. Investir dans le son, parce que au début, tu y vas et tu as trouvé... droite à gauche, mais c'est pas comme ça que ça marche, parce qu'on est censé rendre des comptes. C'est-à-dire que si on y a un contrôle un jour, et qu'on n'est pas capable de justifier d'où viennent nos sons, on peut se retrouver à avoir des amendes, en fait. Donc soit on a acheté un support physique du son, un CD, un vinyl, et après on est capable de montrer le support physique, soit si on l'a en format numérique, on l'a acheté, quelque part, et donc on a, sur les sites d'achat de musique, on est capable d'avoir un historique avec tous les sons qu'on a achetés, histoire de prouver que...

  • Manon

    Tu fais ça en toute légalité.

  • Julien

    C'est ça. Je sais qu'au début, c'était Gabriel qui m'avait fait cette remarque quand j'ai commencé, parce que ça a été un des premiers à m'inviter en dehors des soirées que j'avais commencé à lancer. Il m'avait invité au Sulli à l'époque, il m'avait invité à l'ENST aussi, soirée à l'ENST. Et je me rappelle d'une fois où j'avais joué à l'ENST le samedi, et j'étais allé au Sulli dimanche, et il m'avait pris entre quatre yeux, et il m'avait dit "T'es bon, mais il faut que t'investisses sur ton son".

  • Manon

    Faut que t'achètes tes musiques.

  • Julien

    Ouais, parce que, effectivement, j'avais des sons qui n'étaient pas forcément d'une qualité terrible, terrible, pas optimale, en tout cas. Et ça, il m'a dit "C'est pas possible". Et en fait j'ai pris tout de suite ce conseil là, et j'ai tout de suite commencé à l'époque il y avait des sites aux Etats-Unis qui vendaient des CD, et je faisais des commandes de 500, 600, 700 balles de CDs d'un coup, et je recevais un carton de CDs. Et c'est comme ça que j'ai commencé à avoir la base du truc, la base du truc avec des sons de qualité, et puis après c'est beaucoup de sons sur internet parce qu'on trouve plein de trucs sur internet, plein plein de trucs. T'as aussi la version des mecs qui te vendent des sons qu'ils ont ripés eux-mêmes, donc ça tu les as payés mais t'as pas de preuves d'où ils sortent. Mais tu les as payés. Après, t'as plein de façons de trouver du son, tu vois, mais c'est un investissement.

  • Manon

    C'est important. Faut être très réglo avec ça.

  • Julien

    Ouais, faut être réglo avec ça. Alors après, les anciens groupes, notamment ceux qui ont produit des vinyles dans des pays obscurs il y a 30 ou 40 ans, en vrai, il n'y a plus d'ayant droit, et donc pour eux, pas grand-chose, mais notamment pour tout ce qui est la musique actuelle, c'est méga important, parce qu'en fait, ils vivent de ça, les mecs. Donc il y a un moment...

  • Manon

    Ah oui, bien sûr.

  • Julien

    Si toi, déjà en première ligne, tu fais de la merde et tu pirates les sons, c'est pas bon en fait. C'est pas bon parce que, bah ouais, il faut faire vivre le milieu. On a tous besoin les uns des autres, eux ils ont besoin de nous. pour se faire connaître dans les soirées parce que mine de rien on a un pouvoir de transmission qui est bien supérieur à ce qu'ils peuvent faire parce qu'on fait beaucoup plus de soirées qu'ils ne font de concert donc on a un pouvoir de transmission beaucoup plus fort, mais la moindre des choses c'est au moins ça coûte un euro le son en général alors que tu vas jouer 300 fois derrière il est méga rentabilisé le son donc oui il faut le payer bien sûr qu'il faut le payer et bien sûr que si possible il faut prendre l'album en entier ça coûte entre 8 et 15 balles un album si t'as deux chansons dessus, tu les hyper-rentabilises en quelques semaines, quelques mois. Donc en vrai, ça vaut le coup. Après c'est bien, c'est qu'une fois que t'es installé et que t'as tes soirées ou machin, l'argent que tu dégages, tu le réinvestis là-dedans, et puis après il n'y a pas de perte en fait. Il y a pas de perte, alors au début t'investis ton propre argent, parce que t'as pas le choix. En plus moi quand j'ai commencé j'étais étudiant, donc t'investis bah l'argent que j'avais. Et puis au fur et à mesure ça t'impacte plus, parce que tu tournes avec l'argent que tu dégages en fait en faisant des soirées, et tu réinvestis. Et puis c'est pareil, les... Les gros investissements, genre ordi, contrôleur et tout,

  • Manon

    C'est pas tous les ans.

  • Julien

    C'est pas souvent. Moi j'ai le même ordi depuis que j'ai commencé, ça fait... quasiment 15 ans l'ordi. Alors là je vais changer parce que je pense qu'il commence un peu à faiblir mais j'ai investi une fois un ordi et basta. Le contrôleur ça fait dix ans que je l'ai. Après si on prend soin de son matos en vrai ça peut durer longtemps et puis il ne sert qu'à ça. Donc il n'y a pas de risque d'autre chose en fait, il ne sert qu'à ça. Il ne sert qu'à ça, le reste c'est bien, il est bien solide, bien rangé, bien propre. Il n'y a pas de galère, ça peut durer longtemps. Ce qui fait qu'on utilise des ordi beaucoup plus rapidement c'est qu'on l'utilise à plein de trucs. Donc il y a plein de trucs qui ne sont pas admis.

  • Manon

    Oui, quand c'est spécifique finalement, ça tient bien.

  • Julien

    Je ne fais que ça, que du son. J'utilise un logiciel, basta.

  • Manon

    T'as développé donc forcément des compétences techniques. T'as beaucoup parlé de l'observation des danseurs, de la danse aussi. De savoir danser, en tout cas, c'est important.

  • Julien

    Je pense que c'est bon.

  • Manon

    Voilà, donc bien sûr d'avoir une oreille musicale. Est-ce qu'il y a d'autres compétences que t'as dû développer en tant que DJ?

  • Julien

    Forcément, au début, quand t'arrives, tu tombes sur du matos que tu ne maîtrises pas. Parce que c'est quand même assez spécifique. Après, on vrai, en tant que DJ de salsa, la partie technique, elle n'est pas... Elle est pas énorme, elle est pas énorme. On n'est pas des DJ de kizomba ou des DJ de Hip Hop ou machin, on est des mecs qui mix, vraiment. Et là t'as tout un travail de mix à faire et là c'est du boulot parce que c'est de l'entraînement. Nous en vrai d'un point de vue technique c'est bidon. Tu mets le morceau jusqu'à la fin et puis une fois qu'il est fini tu lances l'autre. Techniquement on est quand même pas sûr un truc...

  • Manon

    Ça c'est pour rassurer ceux qui aimeraient se lancer.

  • Julien

    Ouais non mais vraiment c'est-à-dire que d'un point de vue technique c'est bidon à mort. Y'a aucune difficulté technique aucune, aucune. D'ailleurs je pense, à titre personnel, le terme DJ est un poil usurpé pour nous. Parce qu'on n'est pas DJ du tout. Je préférais un truc genre sélecteur, ambianceur, un truc comme ça.

  • Manon

    Ambianceur.

  • Julien

    DJ en vrai, vite fait. C'est-à-dire que moi je ne suis pas foutu de mixer des sons. Je ne suis pas capable, je ne sais pas le faire. Mais je n'en ai pas besoin. Dans ma petite niche là, je n'en ai pas besoin. Mais si on me demande de faire ça, je serais bien en galère, quoi. Donc, de ce point de vue-là, il n'y a rien. Après, tu as la maîtrise de ton logiciel, parce que souvent, c'est quand même assez obscur, et puis la maîtrise des différents matériels que tu peux avoir dans les différentes salles, parce que ça peut changer, ça aussi, pas mal, entre une salle et l'autre. Et du coup, quand tu es amené à bouger un peu, tu prends en compte pas mal de trucs, de matériels différents.

  • Manon

    Puis de l'autre côté, en fait, quand tu es organisateur, tu ne maîtrises pas toujours exactement le matériel, et donc c'est vrai qu'en fonction de comment arrive équipé le DJ, c'est pas toujours facile de bien se comprendre, de bien communiquer, de bien préparer. Et donc c'est vrai que souvent, vous êtes un appui aussi pour la technique.

  • Julien

    Oui, parce qu'on a accumulé de l'expérience, c'est pas autre chose, c'est juste de l'expérience. Moi j'ai aucune légitimité en tant qu'ingénieur du son, par contre, à force de le faire, et à force de voir des gens le faire, je sais un peu comment ça marche. Je sais un peu comment il faut régler le son, je sais un peu l'équilibre entre les basses, les aigus, les médiums. Je sais un peu où se branche un peu tout. Parce que je l'ai fait moi-même quand j'organisais mes soirées, je l'ai fait. Surtout en galère, il y a des trucs qui marchaient pas. Et puis on se retrouve encore une fois sur des configurations vraiment différentes. Et du coup on doit être capable de faire à chaque fois. Donc ça c'est pareil, tu te fais avoir une fois ou deux, t'as pas le bon câble, la semaine d'après tu vas acheter ce câble-là. Et puis ce qui fait qu'au bout d'un moment, finalement t'as un peu tout ce qui peut se trouver. De toute façon, en gros, pour connecter ton matos aux différentes tables de mixage qu'il peut y avoir, t'as besoin de, allez, trois câbles différents, c'est tout. Mais voilà, c'est vrai que les premières fois où tu les as pas, t'es un peu comme un con. Donc après, à toi de les avoir avec toi, de les trimballer. Puis après, quand tu connais le milieu, c'est bon, tu sais. Et puis tu peux demander aux mecs aussi. Même s'il a pas de terme technique, tu lui demandes de prendre une photo de l'arrière du truc pour voir où tu peux te brancher toi. Et puis du coup, toi après, tu prends le câble qu'il te faut. Mais c'est plus de la connaissance empirique qu'une formation quelconque.

  • Manon

    Et tout à l'heure, on commençait à parler d'une autre facette de cette activité. On parlait un petit peu de communication. On se disait de manière réciproque que ce n'était pas notre fort.

  • Julien

    Non.

  • Manon

    Pourtant, ça fait partie aussi des choses que tu fais, qui est complètement associée à cette activité de DJ.

  • Julien

    En fait, ça a commencé à en faire partie. C'est-à-dire que moi, j'ai commencé il y a 15 ans quand même. Et à l'époque, ce n'était pas aussi important.

  • Manon

    Ou ça passait par d'autres canaux peut-être ?

  • Julien

    Ouais, mais en fait, c'était pas aussi fort que maintenant. C'était pas aussi... Il y a 15 ans, Instagram avait pas le même rôle que maintenant. TikTok, on en parle même pas. Il y avait en gros Facebook, tu avais un événement créé par le mec et basta. Donc au max de ce que tu pouvais faire, c'est avoir une page pro. C'était le max de ce que tu pouvais faire en termes de communication. Moi, quand j'ai commencé, la question ne se posait pas.

  • Manon

    Et en fait,

  • Julien

    j'ai créé un profil Facebook DJ et basta. C'est tout ce que j'avais au début. Je ne me suis même pas acharné là-dessus plus que ça. Je me suis mis à Instagram parce qu'il y a un moment il faut. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte aussi qu'Instagram a beaucoup... plus d'interactions. C'est-à-dire que tu publies la même vidéo sur Facebook et la même vidéo sur Instagram et en fait tu t'aperçois que tu as le triple voire le quadruple d'interactions sur Instagram que tu pourrais avoir sur Facebook. Et puis en vrai Facebook c'est en train de devenir un réseau de vieux. Il y a une partie du public qui est encore touché par ça mais il y a toute une partie du public qu'on doit conquérir si on veut que ça survive, qui n'est pas du tout sur Facebook, qui n'est plus du tout sur Facebook. Et puis pour ceux qui veulent vraiment aller taper dans la jeunesse et tout, là c'est vraiment TikTok. Moi je ne suis pas encore, je suis trop vieux pour ça. Mais par contre voilà, Insta obligé, et puis du coup c'est pareil, je me suis retrouvé... C'est la première fois qu'on m'a booké, on a commencé à me booker ailleurs, et on a commencé à me demander mais t'as pas des photos pro ? Ben non, en fait. Donc je leur filais des photos que j'avais de moi, c'était pas sérieux, donc du coup, grâce à Pascale, j'ai fait… Pascale Pix. Ouais, Pascale Pontus, effectivement. Et du coup, elle m'a fait mon premier et seul shooting pro, d'ailleurs j'en ai jamais refait d'autant, j'en ai fait un seul, et je travaille avec la même… Très efficace. Ouais, je travaille avec la même photo depuis 10 ans, mais du coup j'ai fait un shooting photo avec des photos un peu… Un peu carré, et puis après maintenant l'avantage c'est que t'as quand même pas mal de photographes en soirée qui peuvent te permettre de prendre une photo sur le moment, et c'est des photos qui sont souvent de très bonne qualité, qui te permettent de faire de la communication derrière. C'est moins un problème, mais effectivement au début tu n'y penses pas, et à un moment tu te retrouves obligé de le faire. Et donc ouais, t'as ça, t'as travaillé ton image, il y a quelque chose de... Parce que malgré tout t'es un personnage public. Bah, t'es un personnage public, t'es un personnage public, donc après moi j'ai pas de...

  • Manon

    T'arrives à aller faire tes courses tranquil.

  • Julien

    Mais tellement ! Non, non, moi j'ai pas de problème avec ça parce que je suis d'un naturel simple et facile, c'est-à-dire que je suis tout le temps pareil et j'ai pas de moment où je me prends pour un autre ou machin, donc finalement y'a jamais de décalage entre ce que je suis et ce que je communique donc finalement moi ça a jamais été un enjeu pour moi j'ai jamais eu de problème par rapport à ça. Mais ça compte quand même. Ouais, ça compte. Ça fait partie quand même du jeu. Ça compte, et puis tu vois c'est tout con mais dans l'image t'as aussi ce que tu dégages personnellement t'as la façon dont tu veux te montrer aux autres. Moi, j'ai la chance d'avoir... Enfin, la chance, je sais pas si c'est une chance ou pas, mais en tout cas, c'est comme ça. J'ai une tronche qu'on reconnaît facilement, c'est-à-dire que je ne suis pas, passe partout. Et du coup, ça fait partie de l'image du truc, en fait. Bah ouais...

  • Manon

    C'est ce qui a créé ta marque aussi.

  • Julien

    Ouais, c'est ça. Ah, le DJ, le gros barbu, machin. Ouais, c'est ça, lui-même, tu vois. On n'a pas 50, les mecs comme ça, donc du coup, ça a aussi joué dessus, et c'est un truc que je n'ai pas contrôlé.

  • Manon

    D'être reconnaissable, ça fait aussi partie de...

  • Julien

    Bah... Ça fait partie de l'image, ça fait partie de tout ça, ça fait partie de la cote de sympathie que tu peux avoir auprès des gens, ça fait partie de plein de choses. Et puis après j'ai vachement fait gaffe aussi toute ma carrière à être réglo avec tout le monde en fait, et à être dans aucune embrouille avec qui que ce soit, parce que c'est dans l'intérêt de personne, pas dans le mien, pas dans le sien, dans l'intérêt de personne. Donc j'ai essayé de toujours faire les choses proprement. Les quelques fois où je me suis retrouvé, je sais pas, en face de quelqu'un ou machin, j'en ai toujours parlé à l'autre et j'avais toujours dit que c'était indépendant de ma volonté et que je suis vraiment désolé et machin. J'essaie d'être pote avec tout le monde parce que j'ai aucune raison d'en vouloir à qui que ce soit. Et puis voilà, et puis en faisant ça, a priori... Ça se passe bien. Ouais, ça se passe plutôt bien. Et puis quand il y avait des débuts de volonté d'embrouille, je suis jamais rentré dedans parce que... plus ou moins aucun intérêt et que la vie est trop courte pour se prendre le chou avec des embrouilles à la con, on est avant d'abord là pour kiffer et après si ça se fait ça se fait, si ça se fait pas ça se fait pas, puis voilà. Tu trouves que de manière générale, enfin c'est compliqué de répondre de manière générale justement à la question, mais l'ambiance entre les DJ elle est plutôt bonne ? Elle est bonne, faut arrêter de... non elle est très bonne, non non elle est très bonne, on s'entend bien, de toute façon on n'est pas non plus méga nombreux. Non, on s'entend bien. Non, il n'y a pas de problème. Évidemment, c'est comme toute relation humaine, t'as des gens avec qui tu tentends mieux que d'autres.

  • Manon

    Oui, il y a des affinités qui se développent ou pas.

  • Julien

    Évidemment, mais franchement, déjà, on a tous une passion en commun, ce qui est déjà quand même plus facile pour créer des liens. Et puis oui, c'est un tout petit monde, le monde de la salsa, comme nous on le pratique, c'est minuscule. En vrai, c'est des gens qui partagent la même passion que toi, donc c'est cool, en fait. Donc oui, absolument, on s 'entends bien, évidemment qu'on s'entends bien. Après, il y a des hauts, des bas, c'est humain. Il y en a qui s'embrouillent, qui se rabibochent, machin fin voilà, c'est la vie, quoi. Bon, il n'y a personne avec qui je suis en froid et j'ai envie d'être en froid avec personne, ça n'a absolument aucun intérêt.

  • Manon

    Tout à l'heure on parlait un peu d'image de marque en tout cas de ton identité et par rapport à quand t'es DJ, comment t'as créé ton style? Comment on fait ça en fait?

  • Julien

    Ça c'est dur ça c'est dur parce que non c'est vraiment dur là y'a rien de réfléchi en fait y'a rien de réfléchi c'est juste toi, ce qui te fait kiffer, après m oi je sais que j'ai un style de jeu qui est plutôt agressif. Tu le définirais comme ça ? Ouais j'ai tendance à... Alors déjà j'ai un style de jeu qui est très très large. Je joue beaucoup de trucs, de différents styles. Je joue de tout je crois. A priori, je crois qu'il n'y a pas un style que je joue pas. Il y a des styles que j'aime moins et il n'y a pas un style que je joue pas. A partir du moment où c'est bon, moi ça me va. Et je tiens à cette variété. Je tiens vachement à cette variété, c'est hyper important. Pour moi, dans une soirée, tu dois avoir de tout. Tu dois avoir de la guaracha, de la romantica, du son, de la charanga, de la pachanga, de tout. Enfin, tous les styles que tu peux imaginer dans notre milieu, du cha-cha bien évidemment, pour moi c'est important d'avoir de tout. C'est pas C'est pas possible de trouver avec une soirée où il y a un style en très grande majorité. Moi c'est un peu pour ça que j'ai quitté la cubaine à un moment, j'ai commencé par la cubaine, et en fait quand ils ont commencé à faire des soirées 100% timba, ça a fini par me saouler en fait. Parce qu'un style pendant 4 heures, c'est pas possible. Enfin pour moi c'est pas possible. Donc du coup forcément tu joues tout, et après moi j'ai tendance à aimer les sons, avec b eaucoup de variations, les sons où t'as des relances, les sons où même quand ça part tranquille il y a un moment où ça tape un peu, pas forcément rapide tu vois, mais avec une intensité, une énergie, j'ai tendance à aimer ça, donc après est-ce que j'ai un style reconnaissable, j'en sais rien, c'est pas à moi de le dire, c'est aux gens de le dire, c'est pas à moi de le dire, mais en tout cas voilà, t'as forcément une cohérence dans ce que tu joues, a priori, si tu y penses un peu, après si tu fais n'importe quoi t'as pas de cohérence, mais si tu réfléchis un petit peu t'as forcément une cohérence. Le côté reconnaissable, machin, c'est aux gens de le dire, moi je suis pas capable de savoir si je suis en train de le faire. Je connais ça ou pas. Moi, je joue ce que j'ai envie de jouer, en fonction de ce qui se passe devant moi. En tout cas, le fait de t'organiser, de jouer toujours avec ce qui te parle, finalement, c'est ça qui, petit à petit, a défini ton style. Ouais, c'est ça qui crée ton univers, en fait. Parce que, forcément. Mais encore une fois, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'un univers précis.

  • Manon

    Moi, je trouve quand même, en tant que danseur, on vous distingue.

  • Julien

    Ouais, c'est vrai.

  • Manon

    Assez bien les uns des autres je trouve qu'en soirée quand on lève la tête parce qu'il y a un morceau qui nous fait vibrer mais qui c'est qui joue ça" et là on fait "ah oui", ça, ça nous arrive souvent et on arrive tous à dire "moi j'adore ce DJ" ou "J'adore celui-là parce qu'il y a quelque chose qui se dégage." Ouais mais je pense pas que ce soit un truc calculé de la part des DJ en tout cas moi c'est pas un truc calculé c'est-à-dire que il n'y a pas une méthode pour développer son style, moi je prends pas un son en me disant "celui-là il je me correspond" s'il me correspond je vais le prendre. C'est pas du tout comme ça c'est-à-dire que si je prends un son c'est que je fais "ehé il est bien lui" donc du coup je vais jouer après peut-être que du coup mon goût perso fait que ... donne ton univers, quoi.

  • Julien

    Bah ça ouais, il y a peut-être une couleur commune dans un peu tout, mais il n'y a pas de calcul par rapport à ça, comme ça se fait comme ça. Je pense que c'est juste l'expression de ta personnalité dans ce que tu fais, en fait. Parce que forcément, il y a une expression personnelle dans ce que tu fais, obligatoirement. À partir du moment où tu fais des choix...

  • Manon

    Il est forcément subjectif.

  • Julien

    Ouais, il y a forcément une expression de toi-même là-dedans, quelque part.

  • Manon

    On parlait tout à l'heure de tes débuts, tu me racontais un peu comment ça avait commencé. Qu'est-ce que tu dirais à des personnes à qui ça trotte un peu dans la tête ? Qui se dirait "ah j'aimerais bien me lancer, être DJ", mais qui ont du mal à passer le cap pour différentes raisons.

  • Julien

    Bref, en vrai, il faut y aller. Par contre, il faut prendre le temps. C'est pas un truc que tu fais en 10 minutes. Il y a trop de gens qui sont un peu cramés, qui n'étaient pas prêts, et qui du coup ont voulu aller trop, trop vite. prendre des grosses soirées, venir taper à la porte d'organisateurs et machin, si t'es pas prêt, ça va te retourner contre toi en fait. C'est-à-dire qu'ils vont t'ouvrir la porte, tu vas avoir une possibilité d'y aller, mais comme t'es pas encore rodé, c'est-à-dire qu'on continue toujours à apprendre, on continue à progresser tout le temps, forcément quand t'as 6 mois de mix, sachant qu'on mixe pas beaucoup quand même, on n'est pas des DJ professionnels dans le sens où on mixe 3, 4, 5 fois la semaine. Déjà quand tu mixes une fois par semaine, c'est déjà...

  • Manon

    Oui, c'est déjà un rythme soutenu en salsa.

  • Julien

    Techniquement, je suis celui qui joue le plus à Paris. Parce que je fais 4 heures tout seul chaque semaine. Et je suis le seul qui fait ça. Donc au suivi, ils sont plusieurs. Donc je suis le seul qui fait ça. Donc déjà, je suis celui qui joue le plus et je joue une fois par semaine. Donc c'est quand même pas grand-chose. Les DJ de Bachata à côté, les collègues de Bachata, ils font 4, 5, 6 soirées dans la semaine. Donc c'est quand même juste pas du tout le même ratio de travail. Donc l'expérience, ça prend beaucoup plus de temps en fait. Là où un DJ de Bachata peut prendre de l'expérience en 6 mois à 1 an, parce qu'il a joué tous les jours pendant 6 mois à 1 an, donc mine de rien, t'as quand même pas mal de travail. Nous, l'accumulation des heures de vol, elle est lente.

  • Manon

    Donc en tout cas, ne pas hésiter à se lancer, c'est accessible, tous les organisateurs sont…

  • Julien

    Alors après,pas tous les organisateurs.

  • Manon

    Oui,pas tous.

  • Julien

    Tu vas pas taper dans les gros événements, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours des petits événements sur une scène locale, qui sont ravis d'avoir quelqu'un, donc y aller, pas hésiter à se lancer, en fait pas vouloir griller trop d'étapes trop vite, prendre le temps. prendre le temps. Au début tu feras peut-être que des débuts de soirée, des fins de soirée, que des petits moments comme ça, tu vas peut-être jouer qu'une heure, mais c'est pas grave, c'est pas grave, tu prends ce qu'il y a à prendre. Moi je me rappelle au début, avant que je sois à l'Agua, à l'époque de Melka, au début il me disait voilà tiens j'ai calé un son, moi j'étais un bébé DJ encore, j'avais fait une petite soirée de mon côté, et puis il me disait "j'ai calé un son, je vais boire un coup je reviens". Donc il partait, il a eu un son, et puis la première fois il a fait ça, la deuxième fois bah il a commencé à revenir genre un quart d'heure plus tard, et donc il a fallu que je commence à fouiller dans son ordi pour trouver des trucs parce que... Donc j'ai commencé à faire ça, il m'a monté jusqu'à une heure comme ça. Et c'était pas facile parce que c'était pas mon ordi, pas mon classement, c'était hyper dur. Mais j'ai pris les petits moments qu'il y avait à prendre, et puis à un moment il m'a dit, bah tu sais quoi, prends ton ordi, ce sera plus simple la prochaine fois, prends ton ordi. Et du coup il m'a fait ça, il se barrait pendant machin, et puis moi j'étais en fait super content de jouer, ne serait-ce que 30 minutes à un moment dans la soirée, j'étais méga content. Parce que c'était cool, t'avais une salle complète et tout, c'était trop bien. Donc du coup j'ai pris ça, et puis je l'ai fait petit à petit. Et puis quand Melka est parti, je suis parti avec, de l'Agua. Le hasard a fait que j'y suis revenu après et que j'ai pris le truc. Mais j'ai pris le temps. Et encore, moi j'ai la chance que ça soit allé assez vite en vrai. J'ai des portes qui se sont ouvertes assez vite. J'ai vraiment eu de la chance. Mais entre le début où j'ai commencé à jouer et le moment où je suis devenu résident, il s'est passé pas loin de 5 ans quand même. Et je trouve que c'est un parcours rapide en 5 ans déjà. Donc quand on voit certains qui au bout de 6 mois, 1 an, veulent déjà être dans des gros événements partout et machin. Prépare-toi, c'est un métier, c'est pas un truc qu'on fait comme ça... Sinon, ce serait facile. Sinon, n'importe qui pourrait le faire et ce serait facile.

  • Manon

    Donc, prendre le temps.

  • Julien

    Oui, prendre le temps. Prendre le temps, mais pas hésiter à y aller. Parce que c'est un vrai kiff, en vrai. C'est un vrai kiff. Mais tranquille. Soirée locale, pépère, fais-toi la main, puis tu verras bien.

  • Manon

    Et est-ce que dans ta façon de jouer, il y a de grandes différences quand tu joues dans une soirée hebdomadaire ou dans un festival ?

  • Julien

    Aucune soirée est pareille. C'est très, très différent. Là, hier, par exemple, j'ai fait une petite soirée en banlieue avec un public... Très peu connaisseurs. Et puis surtout un public qui n'avait pas un niveau très élevé. Et là, moi, mon rôle, c'est quand même qu'ils s'amusent. Mais par exemple, j'ai pas pu jouer des morceaux. J'ai pu jouer que des morceaux lents. Je pouvais pas accélérer trop. Dès que j'accélère un peu, on se sentait que c'était compliqué pour eux. Donc c'est pas du tout la même façon de jouer que par exemple au PISC qu'il y a quelques mois, évidemment. Parce que là, t'arrives, c'est un congrès, les gens sont chaud comme la braise. Donc là, si tu arrives en milieu de soirée, tu peux juste cartonner comme un idiot. Ouais, tout est différent. C'est pour ça qu'il n'y a pas une recette miracle pour que ça marche systématiquement, sinon ce serait trop facile. Après, il faut juste essayer de comprendre ce que tu as en face de toi. Tu as des soirées où ça ne marchera pas. Tu as des soirées où ça ne marchera pas.

  • Manon

    Comment tu fais après les soirées ? Tu analyses un peu ce qui s'est passé ? Ou tu passes à autre chose ?

  • Julien

    C'est vachement du ressenti. C'est vachement du ressenti, t'es plus sur l'analyse dans le moment. Parce qu'en vrai, je ne suis limite pas foutu de me rappeler ce que j'ai joué un quart d'heure ou un minute avant. Heureusement que sur l'ordinateur, il y a un petit truc qui marque que tu l'as joué. En fait, il y a un petit truc qui apparaît à côté de titre. Donc heureusement que tu sais que tu l'as joué. Parce que des fois, en gros, quand je joue, j'ai 15 minutes d'avance, à peu près. 2-3 sons d'avance. Et c'est tout. Je sais où je serai à peu près dans 10-15 minutes. Le reste, j'en sais foutre rien et je verrai bien sur le moment. Donc en fait je suis beaucoup dans la gestion de l'instant, dans le ressenti du truc. En plus t'es rarement tout seul, t'es souvent... parce que c'est une activité sociale donc tu parles à des gens, t'es là, enfin... T'es en soirée quoi, donc... T'as des gens qui viennent me voir qui me disent "Ah c'était quoi ce que t'as mis il y a 10 minutes, un quart d'heure ? qui faisaient lalalala" Je sais rien moi, je sais plus. Alors après j'arrive à retrouver, c'est pour ça que quand les gens me demandaient des sons , il faut qu'ils me le demandent le moment, parce que je me rappelle plus. Il y a pas de planification. Après, je sais qu'il y a peut-être des collègues qui doivent planifier, j'en sais rien. En tout cas, moi, je fonctionne comme ça. J'ai pas de planification, et je vois ce qui se présente, quoi. Ça me paraît le truc le plus cohérent en fait. Encore une fois, t'as pas deux soirées pareilles, t'as pas deux salles pareilles, t'as pas... Puis même, tu vois, moi, 10 piges à l'Agua, j'ai pas deux soirées pareilles. Pourtant, c'est en bonne partie le même public, parce qu'on a un public habitué qui vient régulièrement, mais ils sont pas tous les soirs pareils, c'est des êtres humains.

  • Manon

    Ils n'arrivent pas toujours avec le même niveau d'énergie.

  • Julien

    Exactement, et puis ouais, ça tourne pas pareil, tout a pas toujours le même effet, ça c'est trop facile, sinon on appuirai sur tel bouton, ça marcherait...

  • Manon

    C'est ce qui fait l'intérêt aussi...

  • Julien

    Évidemment. Évidemment, si c'était si facile, en fait, on mettrait des playlists et ce serait terminé, on n'aurait aucun intérêt à avoir des DJ. Si tel son suffisait à chaque fois à faire marcher, bah oui, tu crées le playlist et puis en avant guinguamp. T'as ça, et puis t'as un truc qui est, à mon avis, important, un peu sous-estimé je pense, c'est que, notamment sur les salles où on te voit... Quand t'es un peu en hauteur, que toi tu transmets aussi. Parce que mine de rien, les gens ont, je pense, une facilité plus grande à s'enjailler sur un truc où le mec s'enjaille, déjà lui-même. C'est-à-dire que si tu crois pas à ta mayonnaise, les gens vont pas la manger ta mayonnaise. Si t'arrives dans une tête de six pieds de long et sans aucune énergie, ça va pas encourager les gens à se chauffer. Alors que si toi-même ça te rend un peu dingo, tu commences à gueuler. Donc t'as aussi ce rôle-là, un peu. Mais ça, après, ça dépend des personnalités. Il y a des mecs qui sont pas comme ça, il y a des mecs qui sont pas extravertis du tout. Moi, quand je suis dans mon truc, je suis plutôt extraverti. J'ai tendance à pas mal bouger, pas mal gueuler, taper dans les mains. Enfin, c'est un peu dingo, des fois, mais ça, c'est de la personnalité de chacun, quoi. Il y en a qui sont beaucoup plus sur la retenue. Après, ça, y a pas de règles.

  • Manon

    Mais toi, dans ton cas, tu trouves que ça participe à...

  • Julien

    Ah, complètement.

  • Manon

    ...à créer l'ambiance ?

  • Julien

    Complètement. C'est évident. Ouais parce que encore une fois tu crois en ce que tu fais et si toi même t'aimes ça, il y a des chances que les gens aiment ça quoi. Parce qu'en vrai on n'a pas de... ça c'est un truc qui est vachement important aussi quand tu joues, c'est qu'en vrai on n'a pas de culture de ça. La salsa c'est pas notre culture. À la majorité d'entre nous, à quelques ordres c'est la culture, mais nous Européens c'est un truc qu'on découvre sur le tard. Il y a très peu de mecs qui écoutaient de la salsa petit, ça arrive chez les Antillais, chez les Africains, il y en a qui avaient de la salsa à la maison. Mais en dehors de ça, le blanc standard, machin pas plus que ça. Du coup, en vrai, t'arrives pas avec une idée préconçue de ce qu'est la bonne salsa et la mauvaise salsa. T'en sais rien. En fait, la bonne musique, c'est un truc totalement universel. Donc si c'est bon, ils vont kiffer. Qu'ils le connaissent ou pas, ils vont kiffer. Parce que c'est bon. Et du coup, toi, ton rôle, c'est ça. C'est d'arriver à leur faire reconnaître ça, mais en même temps... Bon, c'est difficile à expliquer, mais si tu veux, comme c'est pas notre culture on n'a pas d'oreille particulière à ça. Donc si tu n'y connais rien et que quelqu'un te dit ça, c'est de la bonne salsa si tu n'as pas entendu autre chose, tu vas dire ok, et c'est cool. Jusqu'au jour où tu vas entendre autre chose. Et le jour où tu auras entendu autre chose, tu vas dire putain, mais ça, en fait, c'est mieux que ça, mine de rien. Et c'est là où on a un rôle important, nous, c'est que tu peux facilement, notamment avec un public un peu plus débutant, tu peux très facilement leur faire croire que ça, c'est bien. Jusqu'au jour où ils vont entendre autre chose. Là-dessus, on a une vraie responsabilité, c'est à dire que même quand tu vas jouer dans des petits endroits, tu vas quand même leur apporter des trucs un peu, pas forcément méga pointus, mais des trucs bien, quoi. Parce que si tu vas juste là-bas pour leur repasser les mêmes trucs qu'ils connaissent déjà et les 3-4 sons auxquels ils sont habitués...

  • Manon

    En fait, c'est un équilibre à trouver entre les sons qui marchent bien, qui sont assez populaires et appréciés, et les découvertes...

  • Julien

    Il faut les avoir. L'équilibre, c'est hyper important. Moi, je trouve que c'est un problème dans certains endroits, c'est que tu peux pas n'être que sur de la musique pas connue ou que sur la nouveauté, les gens ont besoin, moi en tant que danseur, j'ai besoin d'avoir aussi des standards sur lesquels je peux chanter, m'amuser, connaître tous les breaks, tous les machins, parce que c'est juste un kiff total aussi. Et j'ai pas envie d'avoir que du gros classique, j'ai aussi envie de me faire surprendre. Donc c'est important d'avoir un équilibre entre les deux en fait. D'avoir évidemment du gros standard, ou même du très gros standard, mais c'est très bien. Faut pas jouer tout le temps, mais c'est très bien quand tu le ressors, ça fait plaisir à tout le monde. Et puis ouais, essayer de ramener... des trucs un peu nouveaux, un peu différents. Mais encore une fois, ça sert à rien de faire de la nouveauté pour la nouveauté. Ça aussi c'est un truc, ça fait quand même maintenant quelques années qu'il y a de la salsa en Europe. Globalement sur les sons un peu anciens, dis-toi que si personne le joue, y'a peut-être une raison, tu vois ? Après sur des trucs un peu plus rares, un plus machin, ok, très cool, y'a pas de problème. Y'a plein de gens qui peuvent être passés à côté, tu vois. Mais sur des trucs un peu plus standards, ouais si les gens jouent pas y'a peut-être une raison, donc c'est peut-être que c'est pas terrible en fait. Tu vois par exemple les reprises, euh... pourquoi pas ? Mais en vrai si la reprise est pas au moins aussi bonne que l'originale, ou si elle apporte pas un truc vraiment différent, ça sert à rien, cousin, met l'original... On en voit souvent des trucs comme ça, des espèces de reprises cheloues, tout simplement parce que c'est original, que personne n'a entendu, bah ouais, mais bon, c'est pas ouf en fait. Je préférais mille fois entendre le standard de base. Donc ouais, soit c'est au moins aussi bon, soit c'est vraiment un autre angle d'attaque du truc, et là ça se justifie. Mais sinon, faut pas rejeter le classique, c'est important le classique, très important. C'est la partie de l'histoire du truc, c'est essentiel.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi.

  • Julien

    Vas-y.

  • Manon

    Est-ce que tu saurais dire ce qui t'a accroché à la salsa au tout début ? Donc avant même d'être DJ, si t'as commencé par la danse.

  • Julien

    C'est super dur à dire. Je suis rentré dans le milieu, je pense, pour des mauvaises raisons, comme plein de mecs. Je pense, je me suis un peu fait traîner là-dedans de force au début. Je suis resté parce que c'était sympa et qu'il y avait des meufs et je trouvais ça cool. Et puis en vrai, je sais pas, il y a un truc qui m'a attrapé et j'ai trouvé ça vraiment trop cool en fait. Au-delà du côté, bah oui, j'ai 25 ans, il y a des meufs, c'est cool. Non, non, sinon j'ai commencé à la fac. Donc forcément, quand t'es à la fac, t'arrives en cours de danse, la première fois que tu y vas, je me suis un peu tiré la patte et il y avait, je me rappelle, on était 15, le premier cours que j'ai pris, il y avait 3 mecs et 12 meufs. Bon, le ratio était pas mal, donc du coup je me suis dit bon c'est cool, on va rester. Et en fait je me suis vraiment fait attraper par le truc et je pensais pas et je sais pas, j'ai eu un plaisir à la danse que j'avais pas du tout anticipé parce que j'étais à des années-lumières de ça. J'étais dans le rugby, alors la danse c'était pas du tout un truc... Et je sais pas, ça m'a happé, je saurais pas t'expliquer pourquoi, ça m'a tout de suite fait des trucs un peu partout, j'ai eu un vrai kiff à le faire, et puis j'ai eu un vrai kiff avec la musique aussi. D'un coup j'ai trouvé ça juste trop bien, juste trop trop bien, et j'étais pas capable d'expliquer pourquoi, comment, quoi, mais c'était trop bien. Et du coup ouais, je suis resté, je suis resté pour le coup, pour des bonnes raisons.

  • Manon

    Et ça fait 20 ans.

  • Julien

    Et ça fait 20 piges. Et en plus, après, ce qui m'a aussi retenu dans le milieu, c'est le côté vachement open de ce milieu, en fait. C'est-à-dire que tu viens vraiment comme t'es. T'as des endroits où on te fait croire que tu peux venir comme t'es, c'est pas vrai. Ici, en salsa, tu viens vraiment comme t'es. C'est-à-dire que tu peux arriver en survet, tu peux arriver en bermuda, je suis tout le temps en bermuda, tu peux arriver en costard-cravatte 3 pièces complets, quand t'es une nana, tu peux venir habillée en schlag, si tu veux, tu peux venir habillée avec une robe incroyable et tout. Tout le monde danse en même temps, ensemble, sur le même truc, t'es dans la même vibe, et ça c'est quand même juste super cool. Et puis peu importe ta tronche, t'arrives avec ta tronche que t'as, Et puis voilà, après ça arrive du milieu humain, donc il y a forcément... Le truc de base, il est là, t'arrives dans des soirées, il n'y a pas de sécurité, s'il te plaît. C'est trop bien, c'est trop bien. Quand j'étais étudiant, je me suis retrouvé à faire de la sécurité dans les soirées. Et c'est quand même un autre délire, c'est-à-dire que tu sais que, quand tu commences la soirée, deux heures après, tu vas sortir les premiers, parce qu'ils sont complètement éclatés, ils sont en train de se taper dessus, donc tu passes ta journée, ta soirée à sortir des mecs bourrés, et aller chercher à arrêter les bagarres, c'est insupportable. Là... Il n'y a même pas de service de sécu, c'est-à-dire que tu rentres, il y a une personne à la caisse, et puis c'est tout. En plus, la personne en général elle fait autre chose dans la soirée, enfin voilà. C'est trop bien ça, ce côté ouvert au truc. Après il faut prendre ce qu'il y a à prendre, c'est-à-dire que tu fais des rencontres là-dedans, t'as beaucoup de rencontres qui sont des trucs de surface, mais sympa quoi, tu passes des beaux moments avec, tu t'amuses bien, tu rigoles, et puis tu rencontres quelques personnes qui seront vachement importantes dans ta vie, mais il faut prendre le truc comme il est, c'est-à-dire qu'il ne faut pas... Espérer, que ça change, machin, faut kiffer le truc, et puis... Et en vrai, voilà, c'est un milieu ouvert, sympa, facile. En plus, moi, j'ai eu la chance, franchement, de pas trop galérer à apprendre au début. J'ai appris assez vite. Parce que ça, c'est un peu dur au début, quand tu commences. Ça peut être dur si tu galères à apprendre. La sensation de déranger les gens, voire même les rejets que tu peux prendre, ça peut être compliqué. Et j'ai eu la chance de pas trop avoir ça. Donc en vrai, je me suis senti comme un poisson dans l'eau tout de suite. Et du coup, je suis toujours là. Et je pense pas que je pourrais m'arrêter. Arrêter un jour de danser quoi. Arrêter d'être DJ, oui si un jour je suis plus à la mode, si je suis plus bon, si machin, bah ouais. Après j'ai un métier à côté, donc si ça s'arrête, ça s'arrête quoi. Mais arrêter de danser, je crois jamais. Après pour l'activité DJ, si un jour je vois que ça me plaît moins, je peux envisager la fin, je m'en fous, c'est pas grave. Mais pour l'instant, c'est pas le cas. Ça me fait kiffer, aucune raison d'arrêter ça. Je suis contente de le savoir. Bah écoute moi, tant que les orgas sont contents de ça et veulent de moi, écoute, avec plaisir. Après, s'ils veulent plus un jour, je continuerai à écouter du son, je ferai ça chez moi. Et à danser. Je continuerai à danser, parce que ça, c'est trop kiffant.

  • Manon

    Merci, Julien.

  • Julien

    De rien, écoute, plaisir.

  • Manon

    Merci pour ton écoute, j'espère que cet épisode t'a plu. Maintenant que certains secrets de l'art du DJing ont été dévoilés, voyons ce qu'il se passe sur la piste et sur la scène. Ce lien entre show et social, c'est Marina qui vient nous en parler la semaine prochaine. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

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Description

Dans ce septième épisode, je reçois Julien, alias DJ 69, résident des soirées Agua à Paris mais également DJ de nombreuses autres soirées et festivals. Apprécié pour ses sets enflammés, il raconte comment il fait pour mettre l'ambiance sur la piste de danse et plus généralement tout ce que ça représente d'être DJ de salsa. Merci à Julien pour cette discussion !


Musique

Dolce - Cushy


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Transcription

  • Manon

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoricaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon et sur cet épisode je t'invite à découvrir ce qu'il se passe derrière la cabine d'un DJ et surtout comment il fait pour faire décoller l'ambiance de nos soirées. Pour ça, je t'amène à la rencontre de Julien, alias DJ69, apprécié pour ses sets qui enflamment la piste et avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Julien.

  • Julien

    Bonjour.

  • Manon

    Est-ce que je peux te laisser te présenter avant qu'on se lance dans le vif du sujet ?

  • Julien

    Me présenter ? Donc moi c'est Julien, je suis dans le milieu de la danse depuis pas loin de 20 ans. J'ai commencé à être DJ il y a une quinzaine d'années à peu près, complètement par hasard. Mais dès la première j'ai pris un pied terrible et j'ai eu des bons retours tout de suite. Et du coup je l'ai envisagé et puis ça s'est fait petit à petit, ça s'est construit doucement. Et puis voilà, du coup je suis connu sous le nom DJ69. Je suis depuis 2014 à Agua, à Paris, je suis résident là-bas, puis voilà.

  • Manon

    On va discuter ensemble de l'art du DJing, je ne sais pas si on appelle ça comme ça.

  • Julien

    Vaste domaine.

  • Manon

    Vaste domaine. Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui être un DJ ?

  • Julien

    Déjà être un DJ, il faut qu'on soit clair sur le but de nos interventions, c'est-à-dire que nous, on est là pour enjailler les gens. C'est le seul truc pour lequel on est là, en fait.

  • Manon

    C'est le moteur absolu.

  • Julien

    En fait, c'est le but. C'est-à-dire que quand quelqu'un dépense de l'argent pour te faire venir, et puis des fois, c'est dépenser beaucoup d'argent, parce qu'il dépense le trajet, il te loge, il te file un cachet, donc ça fait pas mal d'oseille. Le but, quand même, c'est d'être efficace, et que pendant la soirée, les gens en aient pour leur oseille, en fait. Donc, c'est nous, notre but premier et principal, c'est ça. Et après, on a tout un travail de transmission, d'éducation, de partage de ce qui a été fait et de découvertes. ...de ce qui se fait.

  • Manon

    En termes de musique, hein?

  • Julien

    En termes de musique, bien sûr, en termes de musique. On a tout un... C'est ça, tout un rôle éducatif. On peut se retrouver, par exemple, à faire des petites soirées dans des endroits où la salsa n'est pas très implantée, où c'est un peu fragile. Et là, c'est à la limite de l'évangélisation. C'est-à-dire qu'on vient et on apporte de la musique que les gens n'ont pas l'habitude d'entendre. Et puis, à côté de ça, quand on fait des événements plus gros, bah là, c'est juste que les gens kiffent. C'est tout. On n'a pas à réfléchir beaucoup plus que ça, en fait.

  • Manon

    Et comment tu le mesures, ça ? Le niveau d'enjaillement des gens ?

  • Julien

    C'est compliqué, mais quand on est dit DJ, on est... souvent un peu à l'écart, généralement un petit peu en hauteur, ou même pas forcément, mais un peu à l'écart. Et en fait, on a une vision assez globale de la salle et des gens. On regarde beaucoup les gens danser. Et en fait, on voit à l'intensité des mouvements, au bruit que ça fait. En fait, tout ça, ça dégage une espèce d'énergie. Et en fait, on voit si on est plutôt sur la bonne voie ou si ça ne prend pas. C'est assez difficile à dire, mais en fait, en gros, c'est un truc qu'on ressent. On le capte visuellement, on capte en vrai de l'énergie aussi parce que tu sens que ça vibre, tu sens qu'il se passe un truc. Quand ça marche, tu sens qu'il se passe un truc. Et puis évidemment, quand ça marche vraiment bien, tu l'entends. C'est-à-dire que ça crie, tu sais que c'est bien. Mais même sans aller jusque là, déjà rien que le fait de voir l'implication que les gens mettent là-dedans, de voir s'ils sont plus intenses dans leur mouvement, ou même si on est sur un son tranquille, par exemple si on a de la romantica, mais que les gens sont dans le truc. Parce qu'on peut danser de la romantica à 2 heures en faisant rien du tout, et puis on peut la danser en mettant de l'intensité, en mettant... Et bien ça, tu le vois et tu le ressens, ce truc-là. C'est difficile, on peut pas dire un tel, un tel, mais t'as un phénomène de foule globale que tu sens. Et c'est ça qui te dit si t'es sur le bon chemin ou pas, quoi.

  • Manon

    Donc en fait, quand tu mixes le plus gros de ton travail, c'est l'observation.

  • Julien

    C'est exactement ça. En fait, moi, l'idée, c'est quand j'arrive en soirée, en fait, je récupère des gens qui viennent d'un peu partout. Qui ont pas passé la même journée, qui arrivent avec un niveau d'énergie complètement différent. Il y en a qui arrivent chaud bouillant parce que ça fait une semaine qu'ils ont envie, ils n'en peuvent plus, ils n'ont qu'une envie, c'est de danser. Il y en a qui arrivent éclatés, ils ont fait l'effort de venir, mais ils sont au bout de leur vie en arrivant. Il y en a qui ne savent pas ce qu'ils foutent là. Il y a tout. Et toi, ton truc, c'est d'arriver à faire en sorte que tous ces gens-là arrivent à partager un certain niveau d'énergie, en fait.

  • Manon

    Se retrouvent, en fait.

  • Julien

    Ouais, se retrouvent. Et arrivent à rentrer dans le... dans un même mood collectif. C'est ça qui fait qu'à la fin tu vas te dire putain c'était bien on a passé une bonne soirée, il y avait un truc sympa. On s'est rencontrés. Ouais en fait les gens qui étaient fatigués tu as réussi à leur redonner un petit boost, les gens qui étaient un peu excités tranquille on a pris le temps et ils se sont mis dans le truc et après les gens ont rejoint un peu leur énergie c'était cool. Et c'est ça en fait l'idée c'est d'arriver à harmoniser un peu le truc et une fois que tu as harmonisé le truc en vrai la salle à ce moment là tu la tiens un peu en fait et quand tu la tiens après tu peux partir un peu dans toutes les directions en fait. Si tu as envie d'aller sur un truc plus tranquille, tu vas sur un truc plus tranquille, si tu veux t'énerver ça s'énerve et en général les gens vont suivre. À partir du moment où ils sont à peu près sur une espèce de niveau commun, là, t'es pas mal. Le début c'est ça en fait, le plus dur c'est ça, c'est pour ça que les débuts de soirée sont difficiles, parce que forcément t'arrives tous et... Puis même toi au début t'es pas tous les jours dans une forme de dingo.

  • Manon

    Toi aussi tu dois te mettre en fait au même niveau d'énergie.

  • Julien

    Ça c'est particulier parce que le DJ lui-même, il y a deux choses déjà. D'une, toi t'as un job à délivrer, t'as un truc à faire. Donc en fait peu importe ton état mental perso, c'est pas le problème des gens. Les gens qui sont venus, ils ont tous payé. Que tu sois content ou pas, c'est pas leur problème. Donc ça va pas à se ressentir dans le truc. Maintenant, humainement, quand t'arrives en début de soirée, t'es pas à pleine balle, t'es pas chaud comme la braise, t'es pas à danser tout de suite sur les premiers morceaux, évidemment il faut le temps que tu te mettes un peu dedans. Mais ça doit pas impacter sur les choix que tu ferais. En fait tu dois choisir comme si t'étais en forme tout le temps. Même si tu l'es pas ce jour-là, c'est pas grave, tu dois choisir. C'est comme tous les métiers publics. À partir du moment où tu as un métier en relation avec le public, le public n'est pas censé connaître tes états d'âme. Parce que ça, c'est un truc aussi qu'on a tendance à oublier, c'est qu'en fait, en tant que DJ, on qualifie souvent d'artiste, mais en vrai, on n'est pas des artistes. On n'a pas à passer notre émotion dans le truc. On a à passer de l'émotion, mais pas notre émotion. Notre émotion à nous, on s'en tape. C'est pas le sujet. Par contre, faire passer un truc, une énergie, une émotion dans la salle, c'est cool, c'est le but du truc. Mais pas la nôtre. Moi, les gens n'ont pas à savoir si je suis bien ou pas. C'est pas le problème.

  • Manon

    Moi, j'aimerais bien savoir comment tu prépares ton set. Est-ce que tu prépares des choses ? Si on part sur une soirée, par exemple, l'Agua. Ta soirée hebdomadaire, qu'est-ce que tu prépares ?

  • Julien

    En vrai, moi je suis pas adepte des playlists et des machins, genre j'ai jamais mes playlists, par exemple. Je sais qu'il y a des collègues qui le font, c'est-à-dire que quand ils jouent, ils enregistrent à chaque fois la playlist qu'ils ont fait, ils la mettent dans un coin, ils l'archivent, et puis de temps en temps, ils retombent dehors. J'ai aucune playlist archivée. J'aime pas ça, parce qu'en fait, j'ai peur que ça me conduise à refaire la même chose, tu vois, toujours. Du coup, quand j'arrive en soirée, j'ai des morceaux que j'ai envie de passer. Je sais pas pourquoi, ça m'a traversé l'esprit. Je sais pas, j'ai envie de les jouer. J'en ai pas beaucoup, j'en ai, je sais pas, 4, 5, 6, ouais, max.

  • Manon

    Qui sont un peu dans ta tête, en fait.

  • Julien

    Ouais, des morceaux que j'ai dans la tête à ce moment-là, ouais. Je sais pas pourquoi j'y ai pensé le jour même ou la veille ou machin, je sais pas, c'est des trucs... Je sais pas pourquoi j'y ai pensé. Ou alors, tout simplement parce que c'est des trucs que je viens de faire rentrer dans ma rotation et que... T'as envie de partager... Et que j'ai envie de les jouer, parce que forcément je viens de les avoir, mais j'ai envie de les jouer. Soit parce que c'est des trucs nouveaux, soit parce que c'est des trucs que j'ai trouvés, soit parce que c'est des trucs que j'ai piqué à droite et à gauche parce que j'ai entendu quelque part, j'ai trouvé ça trop cool, donc du coup je me suis dit, bah là, faut que je le joue. Parce que l'idée c'est ça, c'est notamment quand je suis à l'Agua, moi je suis là toutes les semaines, jouer toutes les semaines, 4 heures tout seul, ça fait 10 ans. Bah, c'est pas trois semaines, donc ça fait un moment. Et en fait, je suis obligé d'amener de la nouveauté. tout le temps. Donc t'as plus ou moins une espèce de système de rotation, c'est-à-dire que t'as les sons que t'as envie de jouer parce que tu viens de les faire rentrer et machin, et ceux-là ils vont durer 1, 2, 3, 4, 5, 6 mois. Tu vas les jouer régulièrement pendant ce temps-là, régulièrement. Peut-être pas à chaque fois mais quasiment. Puis bah les sons ils sortent de la rotation à un moment, parce que sinon je peux pas jouer la même chose que je jouais il y a dix ans. Parce que le public a changé, les sons ont changé, c'est pas les mêmes attentes, donc je suis obligé de m'adapter en fait. Et puis si je fais pas ça, je serai booké nulle part. Et puis encore une fois... Le taffe d'éducation, faire découvrir d'autres trucs. C'est tout con mais là mardi, j'ai joué des sons du dernier album de Marc Anthony qui sortait trois jours avant. C'est tout con hein, mais c'est Marc Anthony mais voilà. N'empêche que pour une fois on avait des Marc Anthony différents parce qu'on entend la même chose depuis des années de Marc Anthony ce qui est génial j'ai pas de problème avec ça mais c'est les mêmes sons. Là c'est tout bête, j'ai juste, voilà, je sais que je suis arrivé en me disant j'avais repéré trois sons dans l'album que je voulais jouer, je me suis dit je vais les placer, les trois, tant pis, je vais mettre trois Marc Anthony ce soir mais c'est pas grave je vais placer les trois. Donc c'est ça en fait, j'arrive avec des sons que j'ai envie de jouer et puis après le reste je vais me démerde pour les amener et pour les placer à peu près correctement. Parce que ça, c'est un risque, c'est que tu peux avoir un son exceptionnel en tête ou avoir trouvé un truc, la perle rare, le truc incroyable, si tu l'amènes mal...

  • Manon

    Si tu le mets pas au bon moment ?

  • Julien

    Ouais, si tu le prépares pas, il y a une chance sur deux qu'il fasse un gros plat et que tu sois dégoûté parce que tu te dis, putain, j'ai un truc énorme, ils ont pas compris, quel public de merde, machin, mais en fait, c'est à toi de l'amener correctement.

  • Manon

    Moi, je suis un peu fan de l'organisation. Du coup, j'aimerais savoir, est-ce que dans ton ordi, tu ranges les morceaux par... Genre, ça, c'est un bon morceau de début de soirée, ça, c'est bien pour la fin, ça, c'est bien quand c'est le feu sur la... Est-ce que c'est dans ta tête ? On vous voit souvent écouter aussi la musique pendant que vous mixez. Est-ce que c'est au fur et à mesure que tu dis "Ah oui, ça, ce morceau, c'est le moment". Comment ça s'organise, tout ça ?

  • Julien

    Alors, déjà, le...

  • Manon

    Pour toi, en tout cas.

  • Julien

    En fait, le classement d'un ordinateur, en fait, c'est... Exactement comme le rangement de tes slips chez toi, c'est-à-dire que tout le monde a un rangement différent. Vraiment, c'est-à-dire qu'on a tous un ordre différent. Des fois, je discute avec des collègues, ou même je vois à l'ordi pendant qu'on discute, je ne serais pas capable de m'y retrouver. Moi, perso, j'ai un classement qui est plutôt par vitesse de son. Donc j'ai des dossiers avec tout ce qui est en dessous de 90 BPM, tout ce qui est entre 95-95, 95-100 et au-delà de 100. Moi, j'ai ça qui est en base, et après j'ai des playlists à l'intérieur. Alors, c'est pas des playlists je vais appuyer dessus, mais en gros, c'est des sons qui sont classés. Par exemple, j'ai un truc de son, j'ai un truc de... Donc j'ai des sons qui sont dans deux trucs différents.

  • Manon

    D'accord.

  • Julien

    Mais moi, ça me permet de les retrouver. C'est quand je cherche un truc, pas forcément toujours.. Donc j'ai ça, j'ai toute une série aussi d'albums qui sont en entier, que je n'ai pas sélectionné, parce qu'en général, normalement, dans mon ordi, j'ai quand même que des sons qui sont jouables en soirée, c'est-à-dire que je prends rarement des albums entiers. Quand je les prends, c'est que vraiment, il y en a plusieurs de ceux qui sont bons, et du coup, là, je ne me permets de prendre l'album entier. Sinon, je sors ce qu'il y a à sortir et voilà.

  • Manon

    Tu veux dire que tu distingues vraiment toi par rapport à ton activité de DJ, les sons qui s'écoutent et les sons qui se dansent.

  • Julien

    Complètement. Puis le rapport est énorme, c'est-à-dire que c'est du... Du simple au décuple, voire centuple, la masse de son que je peux avoir à la maison et que j'ai sur mon ordi, sur l'ordi j'ai que des trucs qui sont jouables en soi, j'ai rien d'ésotérique, de machin, rien, rien, rien, tout est jouable. Tout est jouable.

  • Manon

    Mais ça veut dire qu'en tant que DJ t'es obligé d'être vraiment très connecté avec le danseur, avec ce que c'est la danse ? Toi tu danses...

  • Julien

    Ça c'est un truc que moi je comprends pas trop, d'ailleurs heureusement c'est très rare, mais j'arriverais pas à comprendre que tu puisses être DJ sans être danseur. Pour moi c'est un lien direct en fait. C'est-à-dire que je vois pas comment tu peux comprendre ce qu'enjaillent les gens si tu te mets pas à leur place, en fait. Moi à chaque fois que je joue, je me dis, franchement, est-ce que le son d'après je kifferais ça là ? Est-ce que ça me ferait plaisir ? Et en fait, y'a un petit côté un peu égoïste, en vrai moi je me fais plaisir, c'est-à-dire je me dis voilà, moi à leur place, ça je kifferais de ouf juste après. Et je me dis que si moi j'aime ça, y'a des chances pour que d'autres personnes aiment bien, tu vois. Après peut-être pas tout le monde, parce que t'façon on peut pas faire l'unanimité, c'est impossible, mais y'a forcément des gens dans le lot qui vont aimer ça. Et puis t'façon j'ai pas d'autres repères en fait. Le repère que j'ai c'est moi donc bah je peux pas lire dans la tête des gens hein, donc... Puis après je vois bien l'effet que ça a, je vois si j'ai mis ça et que ça a un peu merdé, je me dis bon... Je vais peut-être taper à côté sur ce coup-là, tu vois. Peut-être être trop ambitieux ou j'ai pas assez envoyé. Je m'adapte, mais forcément, je réfléchis d'abord comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. On peut pas réfléchir autrement que comme un danseur dans notre milieu à nous. On peut pas faire ça.

  • Manon

    Et ça me fait penser à ce que tu disais au tout début quand tu t'es présenté. Tu as dit je suis tombé dedans un peu par hasard. Mais t'es d'abord passé par la case danseur.

  • Julien

    Complètement. J'étais danseur.

  • Manon

    T'étais danseur ?

  • Julien

    J'étais danseur et j'avais tendance à... J'avais déjà un tropisme assez fort vers le son, je partageais des trucs avec mes amis et tout. Et en fait, il y a une fois où on m'a proposé de jouer parce que je connaissais quelqu'un, enfin bref, en X raisons, c'était au Moving de Thiais, à l'époque où il y avait tout dans la même salle, il y avait la Porto, la Cubaine, il y avait la Bachata, il y avait du Kuduro à l'époque, il y a longtemps. Et du coup, on m'a proposé d'y aller, j'y suis allé vraiment à l'arrache, c'est-à-dire que j'avais un logiciel de démonstration de 15 jours, j'avais mon ordi perso, j'avais pas de logiciel de pré-écoute, j'avais même pas de casque, j'y suis vraiment allé, mais à l'arrache total. Et puis en fait, je m'attendais pas à ça, je me disais ça va être une tannée, j'ai accepté, maintenant j'y vais, et en vrai j'ai pris un kiff terrible dès le début, dès le 2 ou 3ème son, mais en fait mettre les musiques que t'aimes bien fort comme ça dans une salle c'est ouf en fait tu vois, et donc déjà j'ai aimé, puis j'ai senti cette... Ouais, cette énergie chez les gens, une espèce de vibe vraiment sympa. J'ai bien aimé, j'ai eu plein de gens qui m'ont dit "Ah, c'est super bien !" parce qu'ils ont dû voir que j'étais un peu nerveux, forcément.

  • Manon

    Comme toute première.

  • Julien

    Oui, c'est ça, forcément. Et en vrai, beaucoup de bienveillance, beaucoup de... Et en vrai, je suis parti de là, j'étais trop bien. J'ai été trop bien, j'ai kiffé, vraiment. J'ai vraiment, vraiment kiffé. Visiblement, les patrons ont kiffé aussi parce que j'ai été réinvité après. Et en fait, bah je me suis dit "Finalement, ça s'envisage, en fait hein. Ça s'envisage vraiment." Et puis bah du coup, j'ai fait une saison avec eux comme ça. Ponctuellement, ça m'a permis de commencer à pouvoir investir aussi de mon côté. Parce que du coup, j'ai investi de mon argent perso plus un peu l'argent que j'avais gagné sur les premières fois. Parce que bah je me suis vite rendu compte quand même que c'était pas possible de travailler de façon aussi amateur. Donc j'ai quand même investi.

  • Manon

    C'est quoi le kit du DJ ?

  • Julien

    De base, il te faut déjà un ordinateur qui tienne la route. Si possible, un ordinateur qui ne serve qu'à ça. Parce qu'à partir du moment où tu commences à faire autre chose dessus... T'augmentes les risques. t'arrives à un problème dessus, t'investis dans un ordi, un truc stable, t'investis dans un logiciel de mix version professionnelle, donc payant, un truc de qualité, t'investis dans un contrôleur externe, donc avec une carte son à l'intérieur qui soit meilleure que la carte son de ton ordi de base, et qui te permette d'avoir une double carte son, donc de faire de la pré-écoute en même temps que tu joues, et de contrôler tout un tas de paramètres sur le son. Ça pareil, il faut un truc, c'est pas non plus des mille et des cents, mais il faut investir, un bon ordi... T'en as pour 1500 balles, pour le logiciel ça te coûte 200 balles, la carte... Le contrôleur ça peut te coûter entre 150 et 300 balles. Il te faut un casque pour faire de la pré-écoute. Après moi j'ai une particularité, c'est que j'ai quand même une très grosse tête donc mes casques je les ai tous pétés assez rapidement. Donc je suis revenu au casque intra-auriculaire classique parce que finalement ça isole tout à fait correctement du son. En en prenant des performants franchement ça passe très bien et ça m'évite de les péter. Et en plus c'est tout petit donc c'est beaucoup plus facile à... à transporter. Donc voilà, il te faut ça de base, et puis surtout, il faut investir dans le son, quoi. Investir dans le son, parce que au début, tu y vas et tu as trouvé... droite à gauche, mais c'est pas comme ça que ça marche, parce qu'on est censé rendre des comptes. C'est-à-dire que si on y a un contrôle un jour, et qu'on n'est pas capable de justifier d'où viennent nos sons, on peut se retrouver à avoir des amendes, en fait. Donc soit on a acheté un support physique du son, un CD, un vinyl, et après on est capable de montrer le support physique, soit si on l'a en format numérique, on l'a acheté, quelque part, et donc on a, sur les sites d'achat de musique, on est capable d'avoir un historique avec tous les sons qu'on a achetés, histoire de prouver que...

  • Manon

    Tu fais ça en toute légalité.

  • Julien

    C'est ça. Je sais qu'au début, c'était Gabriel qui m'avait fait cette remarque quand j'ai commencé, parce que ça a été un des premiers à m'inviter en dehors des soirées que j'avais commencé à lancer. Il m'avait invité au Sulli à l'époque, il m'avait invité à l'ENST aussi, soirée à l'ENST. Et je me rappelle d'une fois où j'avais joué à l'ENST le samedi, et j'étais allé au Sulli dimanche, et il m'avait pris entre quatre yeux, et il m'avait dit "T'es bon, mais il faut que t'investisses sur ton son".

  • Manon

    Faut que t'achètes tes musiques.

  • Julien

    Ouais, parce que, effectivement, j'avais des sons qui n'étaient pas forcément d'une qualité terrible, terrible, pas optimale, en tout cas. Et ça, il m'a dit "C'est pas possible". Et en fait j'ai pris tout de suite ce conseil là, et j'ai tout de suite commencé à l'époque il y avait des sites aux Etats-Unis qui vendaient des CD, et je faisais des commandes de 500, 600, 700 balles de CDs d'un coup, et je recevais un carton de CDs. Et c'est comme ça que j'ai commencé à avoir la base du truc, la base du truc avec des sons de qualité, et puis après c'est beaucoup de sons sur internet parce qu'on trouve plein de trucs sur internet, plein plein de trucs. T'as aussi la version des mecs qui te vendent des sons qu'ils ont ripés eux-mêmes, donc ça tu les as payés mais t'as pas de preuves d'où ils sortent. Mais tu les as payés. Après, t'as plein de façons de trouver du son, tu vois, mais c'est un investissement.

  • Manon

    C'est important. Faut être très réglo avec ça.

  • Julien

    Ouais, faut être réglo avec ça. Alors après, les anciens groupes, notamment ceux qui ont produit des vinyles dans des pays obscurs il y a 30 ou 40 ans, en vrai, il n'y a plus d'ayant droit, et donc pour eux, pas grand-chose, mais notamment pour tout ce qui est la musique actuelle, c'est méga important, parce qu'en fait, ils vivent de ça, les mecs. Donc il y a un moment...

  • Manon

    Ah oui, bien sûr.

  • Julien

    Si toi, déjà en première ligne, tu fais de la merde et tu pirates les sons, c'est pas bon en fait. C'est pas bon parce que, bah ouais, il faut faire vivre le milieu. On a tous besoin les uns des autres, eux ils ont besoin de nous. pour se faire connaître dans les soirées parce que mine de rien on a un pouvoir de transmission qui est bien supérieur à ce qu'ils peuvent faire parce qu'on fait beaucoup plus de soirées qu'ils ne font de concert donc on a un pouvoir de transmission beaucoup plus fort, mais la moindre des choses c'est au moins ça coûte un euro le son en général alors que tu vas jouer 300 fois derrière il est méga rentabilisé le son donc oui il faut le payer bien sûr qu'il faut le payer et bien sûr que si possible il faut prendre l'album en entier ça coûte entre 8 et 15 balles un album si t'as deux chansons dessus, tu les hyper-rentabilises en quelques semaines, quelques mois. Donc en vrai, ça vaut le coup. Après c'est bien, c'est qu'une fois que t'es installé et que t'as tes soirées ou machin, l'argent que tu dégages, tu le réinvestis là-dedans, et puis après il n'y a pas de perte en fait. Il y a pas de perte, alors au début t'investis ton propre argent, parce que t'as pas le choix. En plus moi quand j'ai commencé j'étais étudiant, donc t'investis bah l'argent que j'avais. Et puis au fur et à mesure ça t'impacte plus, parce que tu tournes avec l'argent que tu dégages en fait en faisant des soirées, et tu réinvestis. Et puis c'est pareil, les... Les gros investissements, genre ordi, contrôleur et tout,

  • Manon

    C'est pas tous les ans.

  • Julien

    C'est pas souvent. Moi j'ai le même ordi depuis que j'ai commencé, ça fait... quasiment 15 ans l'ordi. Alors là je vais changer parce que je pense qu'il commence un peu à faiblir mais j'ai investi une fois un ordi et basta. Le contrôleur ça fait dix ans que je l'ai. Après si on prend soin de son matos en vrai ça peut durer longtemps et puis il ne sert qu'à ça. Donc il n'y a pas de risque d'autre chose en fait, il ne sert qu'à ça. Il ne sert qu'à ça, le reste c'est bien, il est bien solide, bien rangé, bien propre. Il n'y a pas de galère, ça peut durer longtemps. Ce qui fait qu'on utilise des ordi beaucoup plus rapidement c'est qu'on l'utilise à plein de trucs. Donc il y a plein de trucs qui ne sont pas admis.

  • Manon

    Oui, quand c'est spécifique finalement, ça tient bien.

  • Julien

    Je ne fais que ça, que du son. J'utilise un logiciel, basta.

  • Manon

    T'as développé donc forcément des compétences techniques. T'as beaucoup parlé de l'observation des danseurs, de la danse aussi. De savoir danser, en tout cas, c'est important.

  • Julien

    Je pense que c'est bon.

  • Manon

    Voilà, donc bien sûr d'avoir une oreille musicale. Est-ce qu'il y a d'autres compétences que t'as dû développer en tant que DJ?

  • Julien

    Forcément, au début, quand t'arrives, tu tombes sur du matos que tu ne maîtrises pas. Parce que c'est quand même assez spécifique. Après, on vrai, en tant que DJ de salsa, la partie technique, elle n'est pas... Elle est pas énorme, elle est pas énorme. On n'est pas des DJ de kizomba ou des DJ de Hip Hop ou machin, on est des mecs qui mix, vraiment. Et là t'as tout un travail de mix à faire et là c'est du boulot parce que c'est de l'entraînement. Nous en vrai d'un point de vue technique c'est bidon. Tu mets le morceau jusqu'à la fin et puis une fois qu'il est fini tu lances l'autre. Techniquement on est quand même pas sûr un truc...

  • Manon

    Ça c'est pour rassurer ceux qui aimeraient se lancer.

  • Julien

    Ouais non mais vraiment c'est-à-dire que d'un point de vue technique c'est bidon à mort. Y'a aucune difficulté technique aucune, aucune. D'ailleurs je pense, à titre personnel, le terme DJ est un poil usurpé pour nous. Parce qu'on n'est pas DJ du tout. Je préférais un truc genre sélecteur, ambianceur, un truc comme ça.

  • Manon

    Ambianceur.

  • Julien

    DJ en vrai, vite fait. C'est-à-dire que moi je ne suis pas foutu de mixer des sons. Je ne suis pas capable, je ne sais pas le faire. Mais je n'en ai pas besoin. Dans ma petite niche là, je n'en ai pas besoin. Mais si on me demande de faire ça, je serais bien en galère, quoi. Donc, de ce point de vue-là, il n'y a rien. Après, tu as la maîtrise de ton logiciel, parce que souvent, c'est quand même assez obscur, et puis la maîtrise des différents matériels que tu peux avoir dans les différentes salles, parce que ça peut changer, ça aussi, pas mal, entre une salle et l'autre. Et du coup, quand tu es amené à bouger un peu, tu prends en compte pas mal de trucs, de matériels différents.

  • Manon

    Puis de l'autre côté, en fait, quand tu es organisateur, tu ne maîtrises pas toujours exactement le matériel, et donc c'est vrai qu'en fonction de comment arrive équipé le DJ, c'est pas toujours facile de bien se comprendre, de bien communiquer, de bien préparer. Et donc c'est vrai que souvent, vous êtes un appui aussi pour la technique.

  • Julien

    Oui, parce qu'on a accumulé de l'expérience, c'est pas autre chose, c'est juste de l'expérience. Moi j'ai aucune légitimité en tant qu'ingénieur du son, par contre, à force de le faire, et à force de voir des gens le faire, je sais un peu comment ça marche. Je sais un peu comment il faut régler le son, je sais un peu l'équilibre entre les basses, les aigus, les médiums. Je sais un peu où se branche un peu tout. Parce que je l'ai fait moi-même quand j'organisais mes soirées, je l'ai fait. Surtout en galère, il y a des trucs qui marchaient pas. Et puis on se retrouve encore une fois sur des configurations vraiment différentes. Et du coup on doit être capable de faire à chaque fois. Donc ça c'est pareil, tu te fais avoir une fois ou deux, t'as pas le bon câble, la semaine d'après tu vas acheter ce câble-là. Et puis ce qui fait qu'au bout d'un moment, finalement t'as un peu tout ce qui peut se trouver. De toute façon, en gros, pour connecter ton matos aux différentes tables de mixage qu'il peut y avoir, t'as besoin de, allez, trois câbles différents, c'est tout. Mais voilà, c'est vrai que les premières fois où tu les as pas, t'es un peu comme un con. Donc après, à toi de les avoir avec toi, de les trimballer. Puis après, quand tu connais le milieu, c'est bon, tu sais. Et puis tu peux demander aux mecs aussi. Même s'il a pas de terme technique, tu lui demandes de prendre une photo de l'arrière du truc pour voir où tu peux te brancher toi. Et puis du coup, toi après, tu prends le câble qu'il te faut. Mais c'est plus de la connaissance empirique qu'une formation quelconque.

  • Manon

    Et tout à l'heure, on commençait à parler d'une autre facette de cette activité. On parlait un petit peu de communication. On se disait de manière réciproque que ce n'était pas notre fort.

  • Julien

    Non.

  • Manon

    Pourtant, ça fait partie aussi des choses que tu fais, qui est complètement associée à cette activité de DJ.

  • Julien

    En fait, ça a commencé à en faire partie. C'est-à-dire que moi, j'ai commencé il y a 15 ans quand même. Et à l'époque, ce n'était pas aussi important.

  • Manon

    Ou ça passait par d'autres canaux peut-être ?

  • Julien

    Ouais, mais en fait, c'était pas aussi fort que maintenant. C'était pas aussi... Il y a 15 ans, Instagram avait pas le même rôle que maintenant. TikTok, on en parle même pas. Il y avait en gros Facebook, tu avais un événement créé par le mec et basta. Donc au max de ce que tu pouvais faire, c'est avoir une page pro. C'était le max de ce que tu pouvais faire en termes de communication. Moi, quand j'ai commencé, la question ne se posait pas.

  • Manon

    Et en fait,

  • Julien

    j'ai créé un profil Facebook DJ et basta. C'est tout ce que j'avais au début. Je ne me suis même pas acharné là-dessus plus que ça. Je me suis mis à Instagram parce qu'il y a un moment il faut. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte aussi qu'Instagram a beaucoup... plus d'interactions. C'est-à-dire que tu publies la même vidéo sur Facebook et la même vidéo sur Instagram et en fait tu t'aperçois que tu as le triple voire le quadruple d'interactions sur Instagram que tu pourrais avoir sur Facebook. Et puis en vrai Facebook c'est en train de devenir un réseau de vieux. Il y a une partie du public qui est encore touché par ça mais il y a toute une partie du public qu'on doit conquérir si on veut que ça survive, qui n'est pas du tout sur Facebook, qui n'est plus du tout sur Facebook. Et puis pour ceux qui veulent vraiment aller taper dans la jeunesse et tout, là c'est vraiment TikTok. Moi je ne suis pas encore, je suis trop vieux pour ça. Mais par contre voilà, Insta obligé, et puis du coup c'est pareil, je me suis retrouvé... C'est la première fois qu'on m'a booké, on a commencé à me booker ailleurs, et on a commencé à me demander mais t'as pas des photos pro ? Ben non, en fait. Donc je leur filais des photos que j'avais de moi, c'était pas sérieux, donc du coup, grâce à Pascale, j'ai fait… Pascale Pix. Ouais, Pascale Pontus, effectivement. Et du coup, elle m'a fait mon premier et seul shooting pro, d'ailleurs j'en ai jamais refait d'autant, j'en ai fait un seul, et je travaille avec la même… Très efficace. Ouais, je travaille avec la même photo depuis 10 ans, mais du coup j'ai fait un shooting photo avec des photos un peu… Un peu carré, et puis après maintenant l'avantage c'est que t'as quand même pas mal de photographes en soirée qui peuvent te permettre de prendre une photo sur le moment, et c'est des photos qui sont souvent de très bonne qualité, qui te permettent de faire de la communication derrière. C'est moins un problème, mais effectivement au début tu n'y penses pas, et à un moment tu te retrouves obligé de le faire. Et donc ouais, t'as ça, t'as travaillé ton image, il y a quelque chose de... Parce que malgré tout t'es un personnage public. Bah, t'es un personnage public, t'es un personnage public, donc après moi j'ai pas de...

  • Manon

    T'arrives à aller faire tes courses tranquil.

  • Julien

    Mais tellement ! Non, non, moi j'ai pas de problème avec ça parce que je suis d'un naturel simple et facile, c'est-à-dire que je suis tout le temps pareil et j'ai pas de moment où je me prends pour un autre ou machin, donc finalement y'a jamais de décalage entre ce que je suis et ce que je communique donc finalement moi ça a jamais été un enjeu pour moi j'ai jamais eu de problème par rapport à ça. Mais ça compte quand même. Ouais, ça compte. Ça fait partie quand même du jeu. Ça compte, et puis tu vois c'est tout con mais dans l'image t'as aussi ce que tu dégages personnellement t'as la façon dont tu veux te montrer aux autres. Moi, j'ai la chance d'avoir... Enfin, la chance, je sais pas si c'est une chance ou pas, mais en tout cas, c'est comme ça. J'ai une tronche qu'on reconnaît facilement, c'est-à-dire que je ne suis pas, passe partout. Et du coup, ça fait partie de l'image du truc, en fait. Bah ouais...

  • Manon

    C'est ce qui a créé ta marque aussi.

  • Julien

    Ouais, c'est ça. Ah, le DJ, le gros barbu, machin. Ouais, c'est ça, lui-même, tu vois. On n'a pas 50, les mecs comme ça, donc du coup, ça a aussi joué dessus, et c'est un truc que je n'ai pas contrôlé.

  • Manon

    D'être reconnaissable, ça fait aussi partie de...

  • Julien

    Bah... Ça fait partie de l'image, ça fait partie de tout ça, ça fait partie de la cote de sympathie que tu peux avoir auprès des gens, ça fait partie de plein de choses. Et puis après j'ai vachement fait gaffe aussi toute ma carrière à être réglo avec tout le monde en fait, et à être dans aucune embrouille avec qui que ce soit, parce que c'est dans l'intérêt de personne, pas dans le mien, pas dans le sien, dans l'intérêt de personne. Donc j'ai essayé de toujours faire les choses proprement. Les quelques fois où je me suis retrouvé, je sais pas, en face de quelqu'un ou machin, j'en ai toujours parlé à l'autre et j'avais toujours dit que c'était indépendant de ma volonté et que je suis vraiment désolé et machin. J'essaie d'être pote avec tout le monde parce que j'ai aucune raison d'en vouloir à qui que ce soit. Et puis voilà, et puis en faisant ça, a priori... Ça se passe bien. Ouais, ça se passe plutôt bien. Et puis quand il y avait des débuts de volonté d'embrouille, je suis jamais rentré dedans parce que... plus ou moins aucun intérêt et que la vie est trop courte pour se prendre le chou avec des embrouilles à la con, on est avant d'abord là pour kiffer et après si ça se fait ça se fait, si ça se fait pas ça se fait pas, puis voilà. Tu trouves que de manière générale, enfin c'est compliqué de répondre de manière générale justement à la question, mais l'ambiance entre les DJ elle est plutôt bonne ? Elle est bonne, faut arrêter de... non elle est très bonne, non non elle est très bonne, on s'entend bien, de toute façon on n'est pas non plus méga nombreux. Non, on s'entend bien. Non, il n'y a pas de problème. Évidemment, c'est comme toute relation humaine, t'as des gens avec qui tu tentends mieux que d'autres.

  • Manon

    Oui, il y a des affinités qui se développent ou pas.

  • Julien

    Évidemment, mais franchement, déjà, on a tous une passion en commun, ce qui est déjà quand même plus facile pour créer des liens. Et puis oui, c'est un tout petit monde, le monde de la salsa, comme nous on le pratique, c'est minuscule. En vrai, c'est des gens qui partagent la même passion que toi, donc c'est cool, en fait. Donc oui, absolument, on s 'entends bien, évidemment qu'on s'entends bien. Après, il y a des hauts, des bas, c'est humain. Il y en a qui s'embrouillent, qui se rabibochent, machin fin voilà, c'est la vie, quoi. Bon, il n'y a personne avec qui je suis en froid et j'ai envie d'être en froid avec personne, ça n'a absolument aucun intérêt.

  • Manon

    Tout à l'heure on parlait un peu d'image de marque en tout cas de ton identité et par rapport à quand t'es DJ, comment t'as créé ton style? Comment on fait ça en fait?

  • Julien

    Ça c'est dur ça c'est dur parce que non c'est vraiment dur là y'a rien de réfléchi en fait y'a rien de réfléchi c'est juste toi, ce qui te fait kiffer, après m oi je sais que j'ai un style de jeu qui est plutôt agressif. Tu le définirais comme ça ? Ouais j'ai tendance à... Alors déjà j'ai un style de jeu qui est très très large. Je joue beaucoup de trucs, de différents styles. Je joue de tout je crois. A priori, je crois qu'il n'y a pas un style que je joue pas. Il y a des styles que j'aime moins et il n'y a pas un style que je joue pas. A partir du moment où c'est bon, moi ça me va. Et je tiens à cette variété. Je tiens vachement à cette variété, c'est hyper important. Pour moi, dans une soirée, tu dois avoir de tout. Tu dois avoir de la guaracha, de la romantica, du son, de la charanga, de la pachanga, de tout. Enfin, tous les styles que tu peux imaginer dans notre milieu, du cha-cha bien évidemment, pour moi c'est important d'avoir de tout. C'est pas C'est pas possible de trouver avec une soirée où il y a un style en très grande majorité. Moi c'est un peu pour ça que j'ai quitté la cubaine à un moment, j'ai commencé par la cubaine, et en fait quand ils ont commencé à faire des soirées 100% timba, ça a fini par me saouler en fait. Parce qu'un style pendant 4 heures, c'est pas possible. Enfin pour moi c'est pas possible. Donc du coup forcément tu joues tout, et après moi j'ai tendance à aimer les sons, avec b eaucoup de variations, les sons où t'as des relances, les sons où même quand ça part tranquille il y a un moment où ça tape un peu, pas forcément rapide tu vois, mais avec une intensité, une énergie, j'ai tendance à aimer ça, donc après est-ce que j'ai un style reconnaissable, j'en sais rien, c'est pas à moi de le dire, c'est aux gens de le dire, c'est pas à moi de le dire, mais en tout cas voilà, t'as forcément une cohérence dans ce que tu joues, a priori, si tu y penses un peu, après si tu fais n'importe quoi t'as pas de cohérence, mais si tu réfléchis un petit peu t'as forcément une cohérence. Le côté reconnaissable, machin, c'est aux gens de le dire, moi je suis pas capable de savoir si je suis en train de le faire. Je connais ça ou pas. Moi, je joue ce que j'ai envie de jouer, en fonction de ce qui se passe devant moi. En tout cas, le fait de t'organiser, de jouer toujours avec ce qui te parle, finalement, c'est ça qui, petit à petit, a défini ton style. Ouais, c'est ça qui crée ton univers, en fait. Parce que, forcément. Mais encore une fois, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'un univers précis.

  • Manon

    Moi, je trouve quand même, en tant que danseur, on vous distingue.

  • Julien

    Ouais, c'est vrai.

  • Manon

    Assez bien les uns des autres je trouve qu'en soirée quand on lève la tête parce qu'il y a un morceau qui nous fait vibrer mais qui c'est qui joue ça" et là on fait "ah oui", ça, ça nous arrive souvent et on arrive tous à dire "moi j'adore ce DJ" ou "J'adore celui-là parce qu'il y a quelque chose qui se dégage." Ouais mais je pense pas que ce soit un truc calculé de la part des DJ en tout cas moi c'est pas un truc calculé c'est-à-dire que il n'y a pas une méthode pour développer son style, moi je prends pas un son en me disant "celui-là il je me correspond" s'il me correspond je vais le prendre. C'est pas du tout comme ça c'est-à-dire que si je prends un son c'est que je fais "ehé il est bien lui" donc du coup je vais jouer après peut-être que du coup mon goût perso fait que ... donne ton univers, quoi.

  • Julien

    Bah ça ouais, il y a peut-être une couleur commune dans un peu tout, mais il n'y a pas de calcul par rapport à ça, comme ça se fait comme ça. Je pense que c'est juste l'expression de ta personnalité dans ce que tu fais, en fait. Parce que forcément, il y a une expression personnelle dans ce que tu fais, obligatoirement. À partir du moment où tu fais des choix...

  • Manon

    Il est forcément subjectif.

  • Julien

    Ouais, il y a forcément une expression de toi-même là-dedans, quelque part.

  • Manon

    On parlait tout à l'heure de tes débuts, tu me racontais un peu comment ça avait commencé. Qu'est-ce que tu dirais à des personnes à qui ça trotte un peu dans la tête ? Qui se dirait "ah j'aimerais bien me lancer, être DJ", mais qui ont du mal à passer le cap pour différentes raisons.

  • Julien

    Bref, en vrai, il faut y aller. Par contre, il faut prendre le temps. C'est pas un truc que tu fais en 10 minutes. Il y a trop de gens qui sont un peu cramés, qui n'étaient pas prêts, et qui du coup ont voulu aller trop, trop vite. prendre des grosses soirées, venir taper à la porte d'organisateurs et machin, si t'es pas prêt, ça va te retourner contre toi en fait. C'est-à-dire qu'ils vont t'ouvrir la porte, tu vas avoir une possibilité d'y aller, mais comme t'es pas encore rodé, c'est-à-dire qu'on continue toujours à apprendre, on continue à progresser tout le temps, forcément quand t'as 6 mois de mix, sachant qu'on mixe pas beaucoup quand même, on n'est pas des DJ professionnels dans le sens où on mixe 3, 4, 5 fois la semaine. Déjà quand tu mixes une fois par semaine, c'est déjà...

  • Manon

    Oui, c'est déjà un rythme soutenu en salsa.

  • Julien

    Techniquement, je suis celui qui joue le plus à Paris. Parce que je fais 4 heures tout seul chaque semaine. Et je suis le seul qui fait ça. Donc au suivi, ils sont plusieurs. Donc je suis le seul qui fait ça. Donc déjà, je suis celui qui joue le plus et je joue une fois par semaine. Donc c'est quand même pas grand-chose. Les DJ de Bachata à côté, les collègues de Bachata, ils font 4, 5, 6 soirées dans la semaine. Donc c'est quand même juste pas du tout le même ratio de travail. Donc l'expérience, ça prend beaucoup plus de temps en fait. Là où un DJ de Bachata peut prendre de l'expérience en 6 mois à 1 an, parce qu'il a joué tous les jours pendant 6 mois à 1 an, donc mine de rien, t'as quand même pas mal de travail. Nous, l'accumulation des heures de vol, elle est lente.

  • Manon

    Donc en tout cas, ne pas hésiter à se lancer, c'est accessible, tous les organisateurs sont…

  • Julien

    Alors après,pas tous les organisateurs.

  • Manon

    Oui,pas tous.

  • Julien

    Tu vas pas taper dans les gros événements, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours des petits événements sur une scène locale, qui sont ravis d'avoir quelqu'un, donc y aller, pas hésiter à se lancer, en fait pas vouloir griller trop d'étapes trop vite, prendre le temps. prendre le temps. Au début tu feras peut-être que des débuts de soirée, des fins de soirée, que des petits moments comme ça, tu vas peut-être jouer qu'une heure, mais c'est pas grave, c'est pas grave, tu prends ce qu'il y a à prendre. Moi je me rappelle au début, avant que je sois à l'Agua, à l'époque de Melka, au début il me disait voilà tiens j'ai calé un son, moi j'étais un bébé DJ encore, j'avais fait une petite soirée de mon côté, et puis il me disait "j'ai calé un son, je vais boire un coup je reviens". Donc il partait, il a eu un son, et puis la première fois il a fait ça, la deuxième fois bah il a commencé à revenir genre un quart d'heure plus tard, et donc il a fallu que je commence à fouiller dans son ordi pour trouver des trucs parce que... Donc j'ai commencé à faire ça, il m'a monté jusqu'à une heure comme ça. Et c'était pas facile parce que c'était pas mon ordi, pas mon classement, c'était hyper dur. Mais j'ai pris les petits moments qu'il y avait à prendre, et puis à un moment il m'a dit, bah tu sais quoi, prends ton ordi, ce sera plus simple la prochaine fois, prends ton ordi. Et du coup il m'a fait ça, il se barrait pendant machin, et puis moi j'étais en fait super content de jouer, ne serait-ce que 30 minutes à un moment dans la soirée, j'étais méga content. Parce que c'était cool, t'avais une salle complète et tout, c'était trop bien. Donc du coup j'ai pris ça, et puis je l'ai fait petit à petit. Et puis quand Melka est parti, je suis parti avec, de l'Agua. Le hasard a fait que j'y suis revenu après et que j'ai pris le truc. Mais j'ai pris le temps. Et encore, moi j'ai la chance que ça soit allé assez vite en vrai. J'ai des portes qui se sont ouvertes assez vite. J'ai vraiment eu de la chance. Mais entre le début où j'ai commencé à jouer et le moment où je suis devenu résident, il s'est passé pas loin de 5 ans quand même. Et je trouve que c'est un parcours rapide en 5 ans déjà. Donc quand on voit certains qui au bout de 6 mois, 1 an, veulent déjà être dans des gros événements partout et machin. Prépare-toi, c'est un métier, c'est pas un truc qu'on fait comme ça... Sinon, ce serait facile. Sinon, n'importe qui pourrait le faire et ce serait facile.

  • Manon

    Donc, prendre le temps.

  • Julien

    Oui, prendre le temps. Prendre le temps, mais pas hésiter à y aller. Parce que c'est un vrai kiff, en vrai. C'est un vrai kiff. Mais tranquille. Soirée locale, pépère, fais-toi la main, puis tu verras bien.

  • Manon

    Et est-ce que dans ta façon de jouer, il y a de grandes différences quand tu joues dans une soirée hebdomadaire ou dans un festival ?

  • Julien

    Aucune soirée est pareille. C'est très, très différent. Là, hier, par exemple, j'ai fait une petite soirée en banlieue avec un public... Très peu connaisseurs. Et puis surtout un public qui n'avait pas un niveau très élevé. Et là, moi, mon rôle, c'est quand même qu'ils s'amusent. Mais par exemple, j'ai pas pu jouer des morceaux. J'ai pu jouer que des morceaux lents. Je pouvais pas accélérer trop. Dès que j'accélère un peu, on se sentait que c'était compliqué pour eux. Donc c'est pas du tout la même façon de jouer que par exemple au PISC qu'il y a quelques mois, évidemment. Parce que là, t'arrives, c'est un congrès, les gens sont chaud comme la braise. Donc là, si tu arrives en milieu de soirée, tu peux juste cartonner comme un idiot. Ouais, tout est différent. C'est pour ça qu'il n'y a pas une recette miracle pour que ça marche systématiquement, sinon ce serait trop facile. Après, il faut juste essayer de comprendre ce que tu as en face de toi. Tu as des soirées où ça ne marchera pas. Tu as des soirées où ça ne marchera pas.

  • Manon

    Comment tu fais après les soirées ? Tu analyses un peu ce qui s'est passé ? Ou tu passes à autre chose ?

  • Julien

    C'est vachement du ressenti. C'est vachement du ressenti, t'es plus sur l'analyse dans le moment. Parce qu'en vrai, je ne suis limite pas foutu de me rappeler ce que j'ai joué un quart d'heure ou un minute avant. Heureusement que sur l'ordinateur, il y a un petit truc qui marque que tu l'as joué. En fait, il y a un petit truc qui apparaît à côté de titre. Donc heureusement que tu sais que tu l'as joué. Parce que des fois, en gros, quand je joue, j'ai 15 minutes d'avance, à peu près. 2-3 sons d'avance. Et c'est tout. Je sais où je serai à peu près dans 10-15 minutes. Le reste, j'en sais foutre rien et je verrai bien sur le moment. Donc en fait je suis beaucoup dans la gestion de l'instant, dans le ressenti du truc. En plus t'es rarement tout seul, t'es souvent... parce que c'est une activité sociale donc tu parles à des gens, t'es là, enfin... T'es en soirée quoi, donc... T'as des gens qui viennent me voir qui me disent "Ah c'était quoi ce que t'as mis il y a 10 minutes, un quart d'heure ? qui faisaient lalalala" Je sais rien moi, je sais plus. Alors après j'arrive à retrouver, c'est pour ça que quand les gens me demandaient des sons , il faut qu'ils me le demandent le moment, parce que je me rappelle plus. Il y a pas de planification. Après, je sais qu'il y a peut-être des collègues qui doivent planifier, j'en sais rien. En tout cas, moi, je fonctionne comme ça. J'ai pas de planification, et je vois ce qui se présente, quoi. Ça me paraît le truc le plus cohérent en fait. Encore une fois, t'as pas deux soirées pareilles, t'as pas deux salles pareilles, t'as pas... Puis même, tu vois, moi, 10 piges à l'Agua, j'ai pas deux soirées pareilles. Pourtant, c'est en bonne partie le même public, parce qu'on a un public habitué qui vient régulièrement, mais ils sont pas tous les soirs pareils, c'est des êtres humains.

  • Manon

    Ils n'arrivent pas toujours avec le même niveau d'énergie.

  • Julien

    Exactement, et puis ouais, ça tourne pas pareil, tout a pas toujours le même effet, ça c'est trop facile, sinon on appuirai sur tel bouton, ça marcherait...

  • Manon

    C'est ce qui fait l'intérêt aussi...

  • Julien

    Évidemment. Évidemment, si c'était si facile, en fait, on mettrait des playlists et ce serait terminé, on n'aurait aucun intérêt à avoir des DJ. Si tel son suffisait à chaque fois à faire marcher, bah oui, tu crées le playlist et puis en avant guinguamp. T'as ça, et puis t'as un truc qui est, à mon avis, important, un peu sous-estimé je pense, c'est que, notamment sur les salles où on te voit... Quand t'es un peu en hauteur, que toi tu transmets aussi. Parce que mine de rien, les gens ont, je pense, une facilité plus grande à s'enjailler sur un truc où le mec s'enjaille, déjà lui-même. C'est-à-dire que si tu crois pas à ta mayonnaise, les gens vont pas la manger ta mayonnaise. Si t'arrives dans une tête de six pieds de long et sans aucune énergie, ça va pas encourager les gens à se chauffer. Alors que si toi-même ça te rend un peu dingo, tu commences à gueuler. Donc t'as aussi ce rôle-là, un peu. Mais ça, après, ça dépend des personnalités. Il y a des mecs qui sont pas comme ça, il y a des mecs qui sont pas extravertis du tout. Moi, quand je suis dans mon truc, je suis plutôt extraverti. J'ai tendance à pas mal bouger, pas mal gueuler, taper dans les mains. Enfin, c'est un peu dingo, des fois, mais ça, c'est de la personnalité de chacun, quoi. Il y en a qui sont beaucoup plus sur la retenue. Après, ça, y a pas de règles.

  • Manon

    Mais toi, dans ton cas, tu trouves que ça participe à...

  • Julien

    Ah, complètement.

  • Manon

    ...à créer l'ambiance ?

  • Julien

    Complètement. C'est évident. Ouais parce que encore une fois tu crois en ce que tu fais et si toi même t'aimes ça, il y a des chances que les gens aiment ça quoi. Parce qu'en vrai on n'a pas de... ça c'est un truc qui est vachement important aussi quand tu joues, c'est qu'en vrai on n'a pas de culture de ça. La salsa c'est pas notre culture. À la majorité d'entre nous, à quelques ordres c'est la culture, mais nous Européens c'est un truc qu'on découvre sur le tard. Il y a très peu de mecs qui écoutaient de la salsa petit, ça arrive chez les Antillais, chez les Africains, il y en a qui avaient de la salsa à la maison. Mais en dehors de ça, le blanc standard, machin pas plus que ça. Du coup, en vrai, t'arrives pas avec une idée préconçue de ce qu'est la bonne salsa et la mauvaise salsa. T'en sais rien. En fait, la bonne musique, c'est un truc totalement universel. Donc si c'est bon, ils vont kiffer. Qu'ils le connaissent ou pas, ils vont kiffer. Parce que c'est bon. Et du coup, toi, ton rôle, c'est ça. C'est d'arriver à leur faire reconnaître ça, mais en même temps... Bon, c'est difficile à expliquer, mais si tu veux, comme c'est pas notre culture on n'a pas d'oreille particulière à ça. Donc si tu n'y connais rien et que quelqu'un te dit ça, c'est de la bonne salsa si tu n'as pas entendu autre chose, tu vas dire ok, et c'est cool. Jusqu'au jour où tu vas entendre autre chose. Et le jour où tu auras entendu autre chose, tu vas dire putain, mais ça, en fait, c'est mieux que ça, mine de rien. Et c'est là où on a un rôle important, nous, c'est que tu peux facilement, notamment avec un public un peu plus débutant, tu peux très facilement leur faire croire que ça, c'est bien. Jusqu'au jour où ils vont entendre autre chose. Là-dessus, on a une vraie responsabilité, c'est à dire que même quand tu vas jouer dans des petits endroits, tu vas quand même leur apporter des trucs un peu, pas forcément méga pointus, mais des trucs bien, quoi. Parce que si tu vas juste là-bas pour leur repasser les mêmes trucs qu'ils connaissent déjà et les 3-4 sons auxquels ils sont habitués...

  • Manon

    En fait, c'est un équilibre à trouver entre les sons qui marchent bien, qui sont assez populaires et appréciés, et les découvertes...

  • Julien

    Il faut les avoir. L'équilibre, c'est hyper important. Moi, je trouve que c'est un problème dans certains endroits, c'est que tu peux pas n'être que sur de la musique pas connue ou que sur la nouveauté, les gens ont besoin, moi en tant que danseur, j'ai besoin d'avoir aussi des standards sur lesquels je peux chanter, m'amuser, connaître tous les breaks, tous les machins, parce que c'est juste un kiff total aussi. Et j'ai pas envie d'avoir que du gros classique, j'ai aussi envie de me faire surprendre. Donc c'est important d'avoir un équilibre entre les deux en fait. D'avoir évidemment du gros standard, ou même du très gros standard, mais c'est très bien. Faut pas jouer tout le temps, mais c'est très bien quand tu le ressors, ça fait plaisir à tout le monde. Et puis ouais, essayer de ramener... des trucs un peu nouveaux, un peu différents. Mais encore une fois, ça sert à rien de faire de la nouveauté pour la nouveauté. Ça aussi c'est un truc, ça fait quand même maintenant quelques années qu'il y a de la salsa en Europe. Globalement sur les sons un peu anciens, dis-toi que si personne le joue, y'a peut-être une raison, tu vois ? Après sur des trucs un peu plus rares, un plus machin, ok, très cool, y'a pas de problème. Y'a plein de gens qui peuvent être passés à côté, tu vois. Mais sur des trucs un peu plus standards, ouais si les gens jouent pas y'a peut-être une raison, donc c'est peut-être que c'est pas terrible en fait. Tu vois par exemple les reprises, euh... pourquoi pas ? Mais en vrai si la reprise est pas au moins aussi bonne que l'originale, ou si elle apporte pas un truc vraiment différent, ça sert à rien, cousin, met l'original... On en voit souvent des trucs comme ça, des espèces de reprises cheloues, tout simplement parce que c'est original, que personne n'a entendu, bah ouais, mais bon, c'est pas ouf en fait. Je préférais mille fois entendre le standard de base. Donc ouais, soit c'est au moins aussi bon, soit c'est vraiment un autre angle d'attaque du truc, et là ça se justifie. Mais sinon, faut pas rejeter le classique, c'est important le classique, très important. C'est la partie de l'histoire du truc, c'est essentiel.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi.

  • Julien

    Vas-y.

  • Manon

    Est-ce que tu saurais dire ce qui t'a accroché à la salsa au tout début ? Donc avant même d'être DJ, si t'as commencé par la danse.

  • Julien

    C'est super dur à dire. Je suis rentré dans le milieu, je pense, pour des mauvaises raisons, comme plein de mecs. Je pense, je me suis un peu fait traîner là-dedans de force au début. Je suis resté parce que c'était sympa et qu'il y avait des meufs et je trouvais ça cool. Et puis en vrai, je sais pas, il y a un truc qui m'a attrapé et j'ai trouvé ça vraiment trop cool en fait. Au-delà du côté, bah oui, j'ai 25 ans, il y a des meufs, c'est cool. Non, non, sinon j'ai commencé à la fac. Donc forcément, quand t'es à la fac, t'arrives en cours de danse, la première fois que tu y vas, je me suis un peu tiré la patte et il y avait, je me rappelle, on était 15, le premier cours que j'ai pris, il y avait 3 mecs et 12 meufs. Bon, le ratio était pas mal, donc du coup je me suis dit bon c'est cool, on va rester. Et en fait je me suis vraiment fait attraper par le truc et je pensais pas et je sais pas, j'ai eu un plaisir à la danse que j'avais pas du tout anticipé parce que j'étais à des années-lumières de ça. J'étais dans le rugby, alors la danse c'était pas du tout un truc... Et je sais pas, ça m'a happé, je saurais pas t'expliquer pourquoi, ça m'a tout de suite fait des trucs un peu partout, j'ai eu un vrai kiff à le faire, et puis j'ai eu un vrai kiff avec la musique aussi. D'un coup j'ai trouvé ça juste trop bien, juste trop trop bien, et j'étais pas capable d'expliquer pourquoi, comment, quoi, mais c'était trop bien. Et du coup ouais, je suis resté, je suis resté pour le coup, pour des bonnes raisons.

  • Manon

    Et ça fait 20 ans.

  • Julien

    Et ça fait 20 piges. Et en plus, après, ce qui m'a aussi retenu dans le milieu, c'est le côté vachement open de ce milieu, en fait. C'est-à-dire que tu viens vraiment comme t'es. T'as des endroits où on te fait croire que tu peux venir comme t'es, c'est pas vrai. Ici, en salsa, tu viens vraiment comme t'es. C'est-à-dire que tu peux arriver en survet, tu peux arriver en bermuda, je suis tout le temps en bermuda, tu peux arriver en costard-cravatte 3 pièces complets, quand t'es une nana, tu peux venir habillée en schlag, si tu veux, tu peux venir habillée avec une robe incroyable et tout. Tout le monde danse en même temps, ensemble, sur le même truc, t'es dans la même vibe, et ça c'est quand même juste super cool. Et puis peu importe ta tronche, t'arrives avec ta tronche que t'as, Et puis voilà, après ça arrive du milieu humain, donc il y a forcément... Le truc de base, il est là, t'arrives dans des soirées, il n'y a pas de sécurité, s'il te plaît. C'est trop bien, c'est trop bien. Quand j'étais étudiant, je me suis retrouvé à faire de la sécurité dans les soirées. Et c'est quand même un autre délire, c'est-à-dire que tu sais que, quand tu commences la soirée, deux heures après, tu vas sortir les premiers, parce qu'ils sont complètement éclatés, ils sont en train de se taper dessus, donc tu passes ta journée, ta soirée à sortir des mecs bourrés, et aller chercher à arrêter les bagarres, c'est insupportable. Là... Il n'y a même pas de service de sécu, c'est-à-dire que tu rentres, il y a une personne à la caisse, et puis c'est tout. En plus, la personne en général elle fait autre chose dans la soirée, enfin voilà. C'est trop bien ça, ce côté ouvert au truc. Après il faut prendre ce qu'il y a à prendre, c'est-à-dire que tu fais des rencontres là-dedans, t'as beaucoup de rencontres qui sont des trucs de surface, mais sympa quoi, tu passes des beaux moments avec, tu t'amuses bien, tu rigoles, et puis tu rencontres quelques personnes qui seront vachement importantes dans ta vie, mais il faut prendre le truc comme il est, c'est-à-dire qu'il ne faut pas... Espérer, que ça change, machin, faut kiffer le truc, et puis... Et en vrai, voilà, c'est un milieu ouvert, sympa, facile. En plus, moi, j'ai eu la chance, franchement, de pas trop galérer à apprendre au début. J'ai appris assez vite. Parce que ça, c'est un peu dur au début, quand tu commences. Ça peut être dur si tu galères à apprendre. La sensation de déranger les gens, voire même les rejets que tu peux prendre, ça peut être compliqué. Et j'ai eu la chance de pas trop avoir ça. Donc en vrai, je me suis senti comme un poisson dans l'eau tout de suite. Et du coup, je suis toujours là. Et je pense pas que je pourrais m'arrêter. Arrêter un jour de danser quoi. Arrêter d'être DJ, oui si un jour je suis plus à la mode, si je suis plus bon, si machin, bah ouais. Après j'ai un métier à côté, donc si ça s'arrête, ça s'arrête quoi. Mais arrêter de danser, je crois jamais. Après pour l'activité DJ, si un jour je vois que ça me plaît moins, je peux envisager la fin, je m'en fous, c'est pas grave. Mais pour l'instant, c'est pas le cas. Ça me fait kiffer, aucune raison d'arrêter ça. Je suis contente de le savoir. Bah écoute moi, tant que les orgas sont contents de ça et veulent de moi, écoute, avec plaisir. Après, s'ils veulent plus un jour, je continuerai à écouter du son, je ferai ça chez moi. Et à danser. Je continuerai à danser, parce que ça, c'est trop kiffant.

  • Manon

    Merci, Julien.

  • Julien

    De rien, écoute, plaisir.

  • Manon

    Merci pour ton écoute, j'espère que cet épisode t'a plu. Maintenant que certains secrets de l'art du DJing ont été dévoilés, voyons ce qu'il se passe sur la piste et sur la scène. Ce lien entre show et social, c'est Marina qui vient nous en parler la semaine prochaine. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

Description

Dans ce septième épisode, je reçois Julien, alias DJ 69, résident des soirées Agua à Paris mais également DJ de nombreuses autres soirées et festivals. Apprécié pour ses sets enflammés, il raconte comment il fait pour mettre l'ambiance sur la piste de danse et plus généralement tout ce que ça représente d'être DJ de salsa. Merci à Julien pour cette discussion !


Musique

Dolce - Cushy


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Manon

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoricaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon et sur cet épisode je t'invite à découvrir ce qu'il se passe derrière la cabine d'un DJ et surtout comment il fait pour faire décoller l'ambiance de nos soirées. Pour ça, je t'amène à la rencontre de Julien, alias DJ69, apprécié pour ses sets qui enflamment la piste et avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Julien.

  • Julien

    Bonjour.

  • Manon

    Est-ce que je peux te laisser te présenter avant qu'on se lance dans le vif du sujet ?

  • Julien

    Me présenter ? Donc moi c'est Julien, je suis dans le milieu de la danse depuis pas loin de 20 ans. J'ai commencé à être DJ il y a une quinzaine d'années à peu près, complètement par hasard. Mais dès la première j'ai pris un pied terrible et j'ai eu des bons retours tout de suite. Et du coup je l'ai envisagé et puis ça s'est fait petit à petit, ça s'est construit doucement. Et puis voilà, du coup je suis connu sous le nom DJ69. Je suis depuis 2014 à Agua, à Paris, je suis résident là-bas, puis voilà.

  • Manon

    On va discuter ensemble de l'art du DJing, je ne sais pas si on appelle ça comme ça.

  • Julien

    Vaste domaine.

  • Manon

    Vaste domaine. Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui être un DJ ?

  • Julien

    Déjà être un DJ, il faut qu'on soit clair sur le but de nos interventions, c'est-à-dire que nous, on est là pour enjailler les gens. C'est le seul truc pour lequel on est là, en fait.

  • Manon

    C'est le moteur absolu.

  • Julien

    En fait, c'est le but. C'est-à-dire que quand quelqu'un dépense de l'argent pour te faire venir, et puis des fois, c'est dépenser beaucoup d'argent, parce qu'il dépense le trajet, il te loge, il te file un cachet, donc ça fait pas mal d'oseille. Le but, quand même, c'est d'être efficace, et que pendant la soirée, les gens en aient pour leur oseille, en fait. Donc, c'est nous, notre but premier et principal, c'est ça. Et après, on a tout un travail de transmission, d'éducation, de partage de ce qui a été fait et de découvertes. ...de ce qui se fait.

  • Manon

    En termes de musique, hein?

  • Julien

    En termes de musique, bien sûr, en termes de musique. On a tout un... C'est ça, tout un rôle éducatif. On peut se retrouver, par exemple, à faire des petites soirées dans des endroits où la salsa n'est pas très implantée, où c'est un peu fragile. Et là, c'est à la limite de l'évangélisation. C'est-à-dire qu'on vient et on apporte de la musique que les gens n'ont pas l'habitude d'entendre. Et puis, à côté de ça, quand on fait des événements plus gros, bah là, c'est juste que les gens kiffent. C'est tout. On n'a pas à réfléchir beaucoup plus que ça, en fait.

  • Manon

    Et comment tu le mesures, ça ? Le niveau d'enjaillement des gens ?

  • Julien

    C'est compliqué, mais quand on est dit DJ, on est... souvent un peu à l'écart, généralement un petit peu en hauteur, ou même pas forcément, mais un peu à l'écart. Et en fait, on a une vision assez globale de la salle et des gens. On regarde beaucoup les gens danser. Et en fait, on voit à l'intensité des mouvements, au bruit que ça fait. En fait, tout ça, ça dégage une espèce d'énergie. Et en fait, on voit si on est plutôt sur la bonne voie ou si ça ne prend pas. C'est assez difficile à dire, mais en fait, en gros, c'est un truc qu'on ressent. On le capte visuellement, on capte en vrai de l'énergie aussi parce que tu sens que ça vibre, tu sens qu'il se passe un truc. Quand ça marche, tu sens qu'il se passe un truc. Et puis évidemment, quand ça marche vraiment bien, tu l'entends. C'est-à-dire que ça crie, tu sais que c'est bien. Mais même sans aller jusque là, déjà rien que le fait de voir l'implication que les gens mettent là-dedans, de voir s'ils sont plus intenses dans leur mouvement, ou même si on est sur un son tranquille, par exemple si on a de la romantica, mais que les gens sont dans le truc. Parce qu'on peut danser de la romantica à 2 heures en faisant rien du tout, et puis on peut la danser en mettant de l'intensité, en mettant... Et bien ça, tu le vois et tu le ressens, ce truc-là. C'est difficile, on peut pas dire un tel, un tel, mais t'as un phénomène de foule globale que tu sens. Et c'est ça qui te dit si t'es sur le bon chemin ou pas, quoi.

  • Manon

    Donc en fait, quand tu mixes le plus gros de ton travail, c'est l'observation.

  • Julien

    C'est exactement ça. En fait, moi, l'idée, c'est quand j'arrive en soirée, en fait, je récupère des gens qui viennent d'un peu partout. Qui ont pas passé la même journée, qui arrivent avec un niveau d'énergie complètement différent. Il y en a qui arrivent chaud bouillant parce que ça fait une semaine qu'ils ont envie, ils n'en peuvent plus, ils n'ont qu'une envie, c'est de danser. Il y en a qui arrivent éclatés, ils ont fait l'effort de venir, mais ils sont au bout de leur vie en arrivant. Il y en a qui ne savent pas ce qu'ils foutent là. Il y a tout. Et toi, ton truc, c'est d'arriver à faire en sorte que tous ces gens-là arrivent à partager un certain niveau d'énergie, en fait.

  • Manon

    Se retrouvent, en fait.

  • Julien

    Ouais, se retrouvent. Et arrivent à rentrer dans le... dans un même mood collectif. C'est ça qui fait qu'à la fin tu vas te dire putain c'était bien on a passé une bonne soirée, il y avait un truc sympa. On s'est rencontrés. Ouais en fait les gens qui étaient fatigués tu as réussi à leur redonner un petit boost, les gens qui étaient un peu excités tranquille on a pris le temps et ils se sont mis dans le truc et après les gens ont rejoint un peu leur énergie c'était cool. Et c'est ça en fait l'idée c'est d'arriver à harmoniser un peu le truc et une fois que tu as harmonisé le truc en vrai la salle à ce moment là tu la tiens un peu en fait et quand tu la tiens après tu peux partir un peu dans toutes les directions en fait. Si tu as envie d'aller sur un truc plus tranquille, tu vas sur un truc plus tranquille, si tu veux t'énerver ça s'énerve et en général les gens vont suivre. À partir du moment où ils sont à peu près sur une espèce de niveau commun, là, t'es pas mal. Le début c'est ça en fait, le plus dur c'est ça, c'est pour ça que les débuts de soirée sont difficiles, parce que forcément t'arrives tous et... Puis même toi au début t'es pas tous les jours dans une forme de dingo.

  • Manon

    Toi aussi tu dois te mettre en fait au même niveau d'énergie.

  • Julien

    Ça c'est particulier parce que le DJ lui-même, il y a deux choses déjà. D'une, toi t'as un job à délivrer, t'as un truc à faire. Donc en fait peu importe ton état mental perso, c'est pas le problème des gens. Les gens qui sont venus, ils ont tous payé. Que tu sois content ou pas, c'est pas leur problème. Donc ça va pas à se ressentir dans le truc. Maintenant, humainement, quand t'arrives en début de soirée, t'es pas à pleine balle, t'es pas chaud comme la braise, t'es pas à danser tout de suite sur les premiers morceaux, évidemment il faut le temps que tu te mettes un peu dedans. Mais ça doit pas impacter sur les choix que tu ferais. En fait tu dois choisir comme si t'étais en forme tout le temps. Même si tu l'es pas ce jour-là, c'est pas grave, tu dois choisir. C'est comme tous les métiers publics. À partir du moment où tu as un métier en relation avec le public, le public n'est pas censé connaître tes états d'âme. Parce que ça, c'est un truc aussi qu'on a tendance à oublier, c'est qu'en fait, en tant que DJ, on qualifie souvent d'artiste, mais en vrai, on n'est pas des artistes. On n'a pas à passer notre émotion dans le truc. On a à passer de l'émotion, mais pas notre émotion. Notre émotion à nous, on s'en tape. C'est pas le sujet. Par contre, faire passer un truc, une énergie, une émotion dans la salle, c'est cool, c'est le but du truc. Mais pas la nôtre. Moi, les gens n'ont pas à savoir si je suis bien ou pas. C'est pas le problème.

  • Manon

    Moi, j'aimerais bien savoir comment tu prépares ton set. Est-ce que tu prépares des choses ? Si on part sur une soirée, par exemple, l'Agua. Ta soirée hebdomadaire, qu'est-ce que tu prépares ?

  • Julien

    En vrai, moi je suis pas adepte des playlists et des machins, genre j'ai jamais mes playlists, par exemple. Je sais qu'il y a des collègues qui le font, c'est-à-dire que quand ils jouent, ils enregistrent à chaque fois la playlist qu'ils ont fait, ils la mettent dans un coin, ils l'archivent, et puis de temps en temps, ils retombent dehors. J'ai aucune playlist archivée. J'aime pas ça, parce qu'en fait, j'ai peur que ça me conduise à refaire la même chose, tu vois, toujours. Du coup, quand j'arrive en soirée, j'ai des morceaux que j'ai envie de passer. Je sais pas pourquoi, ça m'a traversé l'esprit. Je sais pas, j'ai envie de les jouer. J'en ai pas beaucoup, j'en ai, je sais pas, 4, 5, 6, ouais, max.

  • Manon

    Qui sont un peu dans ta tête, en fait.

  • Julien

    Ouais, des morceaux que j'ai dans la tête à ce moment-là, ouais. Je sais pas pourquoi j'y ai pensé le jour même ou la veille ou machin, je sais pas, c'est des trucs... Je sais pas pourquoi j'y ai pensé. Ou alors, tout simplement parce que c'est des trucs que je viens de faire rentrer dans ma rotation et que... T'as envie de partager... Et que j'ai envie de les jouer, parce que forcément je viens de les avoir, mais j'ai envie de les jouer. Soit parce que c'est des trucs nouveaux, soit parce que c'est des trucs que j'ai trouvés, soit parce que c'est des trucs que j'ai piqué à droite et à gauche parce que j'ai entendu quelque part, j'ai trouvé ça trop cool, donc du coup je me suis dit, bah là, faut que je le joue. Parce que l'idée c'est ça, c'est notamment quand je suis à l'Agua, moi je suis là toutes les semaines, jouer toutes les semaines, 4 heures tout seul, ça fait 10 ans. Bah, c'est pas trois semaines, donc ça fait un moment. Et en fait, je suis obligé d'amener de la nouveauté. tout le temps. Donc t'as plus ou moins une espèce de système de rotation, c'est-à-dire que t'as les sons que t'as envie de jouer parce que tu viens de les faire rentrer et machin, et ceux-là ils vont durer 1, 2, 3, 4, 5, 6 mois. Tu vas les jouer régulièrement pendant ce temps-là, régulièrement. Peut-être pas à chaque fois mais quasiment. Puis bah les sons ils sortent de la rotation à un moment, parce que sinon je peux pas jouer la même chose que je jouais il y a dix ans. Parce que le public a changé, les sons ont changé, c'est pas les mêmes attentes, donc je suis obligé de m'adapter en fait. Et puis si je fais pas ça, je serai booké nulle part. Et puis encore une fois... Le taffe d'éducation, faire découvrir d'autres trucs. C'est tout con mais là mardi, j'ai joué des sons du dernier album de Marc Anthony qui sortait trois jours avant. C'est tout con hein, mais c'est Marc Anthony mais voilà. N'empêche que pour une fois on avait des Marc Anthony différents parce qu'on entend la même chose depuis des années de Marc Anthony ce qui est génial j'ai pas de problème avec ça mais c'est les mêmes sons. Là c'est tout bête, j'ai juste, voilà, je sais que je suis arrivé en me disant j'avais repéré trois sons dans l'album que je voulais jouer, je me suis dit je vais les placer, les trois, tant pis, je vais mettre trois Marc Anthony ce soir mais c'est pas grave je vais placer les trois. Donc c'est ça en fait, j'arrive avec des sons que j'ai envie de jouer et puis après le reste je vais me démerde pour les amener et pour les placer à peu près correctement. Parce que ça, c'est un risque, c'est que tu peux avoir un son exceptionnel en tête ou avoir trouvé un truc, la perle rare, le truc incroyable, si tu l'amènes mal...

  • Manon

    Si tu le mets pas au bon moment ?

  • Julien

    Ouais, si tu le prépares pas, il y a une chance sur deux qu'il fasse un gros plat et que tu sois dégoûté parce que tu te dis, putain, j'ai un truc énorme, ils ont pas compris, quel public de merde, machin, mais en fait, c'est à toi de l'amener correctement.

  • Manon

    Moi, je suis un peu fan de l'organisation. Du coup, j'aimerais savoir, est-ce que dans ton ordi, tu ranges les morceaux par... Genre, ça, c'est un bon morceau de début de soirée, ça, c'est bien pour la fin, ça, c'est bien quand c'est le feu sur la... Est-ce que c'est dans ta tête ? On vous voit souvent écouter aussi la musique pendant que vous mixez. Est-ce que c'est au fur et à mesure que tu dis "Ah oui, ça, ce morceau, c'est le moment". Comment ça s'organise, tout ça ?

  • Julien

    Alors, déjà, le...

  • Manon

    Pour toi, en tout cas.

  • Julien

    En fait, le classement d'un ordinateur, en fait, c'est... Exactement comme le rangement de tes slips chez toi, c'est-à-dire que tout le monde a un rangement différent. Vraiment, c'est-à-dire qu'on a tous un ordre différent. Des fois, je discute avec des collègues, ou même je vois à l'ordi pendant qu'on discute, je ne serais pas capable de m'y retrouver. Moi, perso, j'ai un classement qui est plutôt par vitesse de son. Donc j'ai des dossiers avec tout ce qui est en dessous de 90 BPM, tout ce qui est entre 95-95, 95-100 et au-delà de 100. Moi, j'ai ça qui est en base, et après j'ai des playlists à l'intérieur. Alors, c'est pas des playlists je vais appuyer dessus, mais en gros, c'est des sons qui sont classés. Par exemple, j'ai un truc de son, j'ai un truc de... Donc j'ai des sons qui sont dans deux trucs différents.

  • Manon

    D'accord.

  • Julien

    Mais moi, ça me permet de les retrouver. C'est quand je cherche un truc, pas forcément toujours.. Donc j'ai ça, j'ai toute une série aussi d'albums qui sont en entier, que je n'ai pas sélectionné, parce qu'en général, normalement, dans mon ordi, j'ai quand même que des sons qui sont jouables en soirée, c'est-à-dire que je prends rarement des albums entiers. Quand je les prends, c'est que vraiment, il y en a plusieurs de ceux qui sont bons, et du coup, là, je ne me permets de prendre l'album entier. Sinon, je sors ce qu'il y a à sortir et voilà.

  • Manon

    Tu veux dire que tu distingues vraiment toi par rapport à ton activité de DJ, les sons qui s'écoutent et les sons qui se dansent.

  • Julien

    Complètement. Puis le rapport est énorme, c'est-à-dire que c'est du... Du simple au décuple, voire centuple, la masse de son que je peux avoir à la maison et que j'ai sur mon ordi, sur l'ordi j'ai que des trucs qui sont jouables en soi, j'ai rien d'ésotérique, de machin, rien, rien, rien, tout est jouable. Tout est jouable.

  • Manon

    Mais ça veut dire qu'en tant que DJ t'es obligé d'être vraiment très connecté avec le danseur, avec ce que c'est la danse ? Toi tu danses...

  • Julien

    Ça c'est un truc que moi je comprends pas trop, d'ailleurs heureusement c'est très rare, mais j'arriverais pas à comprendre que tu puisses être DJ sans être danseur. Pour moi c'est un lien direct en fait. C'est-à-dire que je vois pas comment tu peux comprendre ce qu'enjaillent les gens si tu te mets pas à leur place, en fait. Moi à chaque fois que je joue, je me dis, franchement, est-ce que le son d'après je kifferais ça là ? Est-ce que ça me ferait plaisir ? Et en fait, y'a un petit côté un peu égoïste, en vrai moi je me fais plaisir, c'est-à-dire je me dis voilà, moi à leur place, ça je kifferais de ouf juste après. Et je me dis que si moi j'aime ça, y'a des chances pour que d'autres personnes aiment bien, tu vois. Après peut-être pas tout le monde, parce que t'façon on peut pas faire l'unanimité, c'est impossible, mais y'a forcément des gens dans le lot qui vont aimer ça. Et puis t'façon j'ai pas d'autres repères en fait. Le repère que j'ai c'est moi donc bah je peux pas lire dans la tête des gens hein, donc... Puis après je vois bien l'effet que ça a, je vois si j'ai mis ça et que ça a un peu merdé, je me dis bon... Je vais peut-être taper à côté sur ce coup-là, tu vois. Peut-être être trop ambitieux ou j'ai pas assez envoyé. Je m'adapte, mais forcément, je réfléchis d'abord comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. Je suis obligé de réfléchir comme un danseur. On peut pas réfléchir autrement que comme un danseur dans notre milieu à nous. On peut pas faire ça.

  • Manon

    Et ça me fait penser à ce que tu disais au tout début quand tu t'es présenté. Tu as dit je suis tombé dedans un peu par hasard. Mais t'es d'abord passé par la case danseur.

  • Julien

    Complètement. J'étais danseur.

  • Manon

    T'étais danseur ?

  • Julien

    J'étais danseur et j'avais tendance à... J'avais déjà un tropisme assez fort vers le son, je partageais des trucs avec mes amis et tout. Et en fait, il y a une fois où on m'a proposé de jouer parce que je connaissais quelqu'un, enfin bref, en X raisons, c'était au Moving de Thiais, à l'époque où il y avait tout dans la même salle, il y avait la Porto, la Cubaine, il y avait la Bachata, il y avait du Kuduro à l'époque, il y a longtemps. Et du coup, on m'a proposé d'y aller, j'y suis allé vraiment à l'arrache, c'est-à-dire que j'avais un logiciel de démonstration de 15 jours, j'avais mon ordi perso, j'avais pas de logiciel de pré-écoute, j'avais même pas de casque, j'y suis vraiment allé, mais à l'arrache total. Et puis en fait, je m'attendais pas à ça, je me disais ça va être une tannée, j'ai accepté, maintenant j'y vais, et en vrai j'ai pris un kiff terrible dès le début, dès le 2 ou 3ème son, mais en fait mettre les musiques que t'aimes bien fort comme ça dans une salle c'est ouf en fait tu vois, et donc déjà j'ai aimé, puis j'ai senti cette... Ouais, cette énergie chez les gens, une espèce de vibe vraiment sympa. J'ai bien aimé, j'ai eu plein de gens qui m'ont dit "Ah, c'est super bien !" parce qu'ils ont dû voir que j'étais un peu nerveux, forcément.

  • Manon

    Comme toute première.

  • Julien

    Oui, c'est ça, forcément. Et en vrai, beaucoup de bienveillance, beaucoup de... Et en vrai, je suis parti de là, j'étais trop bien. J'ai été trop bien, j'ai kiffé, vraiment. J'ai vraiment, vraiment kiffé. Visiblement, les patrons ont kiffé aussi parce que j'ai été réinvité après. Et en fait, bah je me suis dit "Finalement, ça s'envisage, en fait hein. Ça s'envisage vraiment." Et puis bah du coup, j'ai fait une saison avec eux comme ça. Ponctuellement, ça m'a permis de commencer à pouvoir investir aussi de mon côté. Parce que du coup, j'ai investi de mon argent perso plus un peu l'argent que j'avais gagné sur les premières fois. Parce que bah je me suis vite rendu compte quand même que c'était pas possible de travailler de façon aussi amateur. Donc j'ai quand même investi.

  • Manon

    C'est quoi le kit du DJ ?

  • Julien

    De base, il te faut déjà un ordinateur qui tienne la route. Si possible, un ordinateur qui ne serve qu'à ça. Parce qu'à partir du moment où tu commences à faire autre chose dessus... T'augmentes les risques. t'arrives à un problème dessus, t'investis dans un ordi, un truc stable, t'investis dans un logiciel de mix version professionnelle, donc payant, un truc de qualité, t'investis dans un contrôleur externe, donc avec une carte son à l'intérieur qui soit meilleure que la carte son de ton ordi de base, et qui te permette d'avoir une double carte son, donc de faire de la pré-écoute en même temps que tu joues, et de contrôler tout un tas de paramètres sur le son. Ça pareil, il faut un truc, c'est pas non plus des mille et des cents, mais il faut investir, un bon ordi... T'en as pour 1500 balles, pour le logiciel ça te coûte 200 balles, la carte... Le contrôleur ça peut te coûter entre 150 et 300 balles. Il te faut un casque pour faire de la pré-écoute. Après moi j'ai une particularité, c'est que j'ai quand même une très grosse tête donc mes casques je les ai tous pétés assez rapidement. Donc je suis revenu au casque intra-auriculaire classique parce que finalement ça isole tout à fait correctement du son. En en prenant des performants franchement ça passe très bien et ça m'évite de les péter. Et en plus c'est tout petit donc c'est beaucoup plus facile à... à transporter. Donc voilà, il te faut ça de base, et puis surtout, il faut investir dans le son, quoi. Investir dans le son, parce que au début, tu y vas et tu as trouvé... droite à gauche, mais c'est pas comme ça que ça marche, parce qu'on est censé rendre des comptes. C'est-à-dire que si on y a un contrôle un jour, et qu'on n'est pas capable de justifier d'où viennent nos sons, on peut se retrouver à avoir des amendes, en fait. Donc soit on a acheté un support physique du son, un CD, un vinyl, et après on est capable de montrer le support physique, soit si on l'a en format numérique, on l'a acheté, quelque part, et donc on a, sur les sites d'achat de musique, on est capable d'avoir un historique avec tous les sons qu'on a achetés, histoire de prouver que...

  • Manon

    Tu fais ça en toute légalité.

  • Julien

    C'est ça. Je sais qu'au début, c'était Gabriel qui m'avait fait cette remarque quand j'ai commencé, parce que ça a été un des premiers à m'inviter en dehors des soirées que j'avais commencé à lancer. Il m'avait invité au Sulli à l'époque, il m'avait invité à l'ENST aussi, soirée à l'ENST. Et je me rappelle d'une fois où j'avais joué à l'ENST le samedi, et j'étais allé au Sulli dimanche, et il m'avait pris entre quatre yeux, et il m'avait dit "T'es bon, mais il faut que t'investisses sur ton son".

  • Manon

    Faut que t'achètes tes musiques.

  • Julien

    Ouais, parce que, effectivement, j'avais des sons qui n'étaient pas forcément d'une qualité terrible, terrible, pas optimale, en tout cas. Et ça, il m'a dit "C'est pas possible". Et en fait j'ai pris tout de suite ce conseil là, et j'ai tout de suite commencé à l'époque il y avait des sites aux Etats-Unis qui vendaient des CD, et je faisais des commandes de 500, 600, 700 balles de CDs d'un coup, et je recevais un carton de CDs. Et c'est comme ça que j'ai commencé à avoir la base du truc, la base du truc avec des sons de qualité, et puis après c'est beaucoup de sons sur internet parce qu'on trouve plein de trucs sur internet, plein plein de trucs. T'as aussi la version des mecs qui te vendent des sons qu'ils ont ripés eux-mêmes, donc ça tu les as payés mais t'as pas de preuves d'où ils sortent. Mais tu les as payés. Après, t'as plein de façons de trouver du son, tu vois, mais c'est un investissement.

  • Manon

    C'est important. Faut être très réglo avec ça.

  • Julien

    Ouais, faut être réglo avec ça. Alors après, les anciens groupes, notamment ceux qui ont produit des vinyles dans des pays obscurs il y a 30 ou 40 ans, en vrai, il n'y a plus d'ayant droit, et donc pour eux, pas grand-chose, mais notamment pour tout ce qui est la musique actuelle, c'est méga important, parce qu'en fait, ils vivent de ça, les mecs. Donc il y a un moment...

  • Manon

    Ah oui, bien sûr.

  • Julien

    Si toi, déjà en première ligne, tu fais de la merde et tu pirates les sons, c'est pas bon en fait. C'est pas bon parce que, bah ouais, il faut faire vivre le milieu. On a tous besoin les uns des autres, eux ils ont besoin de nous. pour se faire connaître dans les soirées parce que mine de rien on a un pouvoir de transmission qui est bien supérieur à ce qu'ils peuvent faire parce qu'on fait beaucoup plus de soirées qu'ils ne font de concert donc on a un pouvoir de transmission beaucoup plus fort, mais la moindre des choses c'est au moins ça coûte un euro le son en général alors que tu vas jouer 300 fois derrière il est méga rentabilisé le son donc oui il faut le payer bien sûr qu'il faut le payer et bien sûr que si possible il faut prendre l'album en entier ça coûte entre 8 et 15 balles un album si t'as deux chansons dessus, tu les hyper-rentabilises en quelques semaines, quelques mois. Donc en vrai, ça vaut le coup. Après c'est bien, c'est qu'une fois que t'es installé et que t'as tes soirées ou machin, l'argent que tu dégages, tu le réinvestis là-dedans, et puis après il n'y a pas de perte en fait. Il y a pas de perte, alors au début t'investis ton propre argent, parce que t'as pas le choix. En plus moi quand j'ai commencé j'étais étudiant, donc t'investis bah l'argent que j'avais. Et puis au fur et à mesure ça t'impacte plus, parce que tu tournes avec l'argent que tu dégages en fait en faisant des soirées, et tu réinvestis. Et puis c'est pareil, les... Les gros investissements, genre ordi, contrôleur et tout,

  • Manon

    C'est pas tous les ans.

  • Julien

    C'est pas souvent. Moi j'ai le même ordi depuis que j'ai commencé, ça fait... quasiment 15 ans l'ordi. Alors là je vais changer parce que je pense qu'il commence un peu à faiblir mais j'ai investi une fois un ordi et basta. Le contrôleur ça fait dix ans que je l'ai. Après si on prend soin de son matos en vrai ça peut durer longtemps et puis il ne sert qu'à ça. Donc il n'y a pas de risque d'autre chose en fait, il ne sert qu'à ça. Il ne sert qu'à ça, le reste c'est bien, il est bien solide, bien rangé, bien propre. Il n'y a pas de galère, ça peut durer longtemps. Ce qui fait qu'on utilise des ordi beaucoup plus rapidement c'est qu'on l'utilise à plein de trucs. Donc il y a plein de trucs qui ne sont pas admis.

  • Manon

    Oui, quand c'est spécifique finalement, ça tient bien.

  • Julien

    Je ne fais que ça, que du son. J'utilise un logiciel, basta.

  • Manon

    T'as développé donc forcément des compétences techniques. T'as beaucoup parlé de l'observation des danseurs, de la danse aussi. De savoir danser, en tout cas, c'est important.

  • Julien

    Je pense que c'est bon.

  • Manon

    Voilà, donc bien sûr d'avoir une oreille musicale. Est-ce qu'il y a d'autres compétences que t'as dû développer en tant que DJ?

  • Julien

    Forcément, au début, quand t'arrives, tu tombes sur du matos que tu ne maîtrises pas. Parce que c'est quand même assez spécifique. Après, on vrai, en tant que DJ de salsa, la partie technique, elle n'est pas... Elle est pas énorme, elle est pas énorme. On n'est pas des DJ de kizomba ou des DJ de Hip Hop ou machin, on est des mecs qui mix, vraiment. Et là t'as tout un travail de mix à faire et là c'est du boulot parce que c'est de l'entraînement. Nous en vrai d'un point de vue technique c'est bidon. Tu mets le morceau jusqu'à la fin et puis une fois qu'il est fini tu lances l'autre. Techniquement on est quand même pas sûr un truc...

  • Manon

    Ça c'est pour rassurer ceux qui aimeraient se lancer.

  • Julien

    Ouais non mais vraiment c'est-à-dire que d'un point de vue technique c'est bidon à mort. Y'a aucune difficulté technique aucune, aucune. D'ailleurs je pense, à titre personnel, le terme DJ est un poil usurpé pour nous. Parce qu'on n'est pas DJ du tout. Je préférais un truc genre sélecteur, ambianceur, un truc comme ça.

  • Manon

    Ambianceur.

  • Julien

    DJ en vrai, vite fait. C'est-à-dire que moi je ne suis pas foutu de mixer des sons. Je ne suis pas capable, je ne sais pas le faire. Mais je n'en ai pas besoin. Dans ma petite niche là, je n'en ai pas besoin. Mais si on me demande de faire ça, je serais bien en galère, quoi. Donc, de ce point de vue-là, il n'y a rien. Après, tu as la maîtrise de ton logiciel, parce que souvent, c'est quand même assez obscur, et puis la maîtrise des différents matériels que tu peux avoir dans les différentes salles, parce que ça peut changer, ça aussi, pas mal, entre une salle et l'autre. Et du coup, quand tu es amené à bouger un peu, tu prends en compte pas mal de trucs, de matériels différents.

  • Manon

    Puis de l'autre côté, en fait, quand tu es organisateur, tu ne maîtrises pas toujours exactement le matériel, et donc c'est vrai qu'en fonction de comment arrive équipé le DJ, c'est pas toujours facile de bien se comprendre, de bien communiquer, de bien préparer. Et donc c'est vrai que souvent, vous êtes un appui aussi pour la technique.

  • Julien

    Oui, parce qu'on a accumulé de l'expérience, c'est pas autre chose, c'est juste de l'expérience. Moi j'ai aucune légitimité en tant qu'ingénieur du son, par contre, à force de le faire, et à force de voir des gens le faire, je sais un peu comment ça marche. Je sais un peu comment il faut régler le son, je sais un peu l'équilibre entre les basses, les aigus, les médiums. Je sais un peu où se branche un peu tout. Parce que je l'ai fait moi-même quand j'organisais mes soirées, je l'ai fait. Surtout en galère, il y a des trucs qui marchaient pas. Et puis on se retrouve encore une fois sur des configurations vraiment différentes. Et du coup on doit être capable de faire à chaque fois. Donc ça c'est pareil, tu te fais avoir une fois ou deux, t'as pas le bon câble, la semaine d'après tu vas acheter ce câble-là. Et puis ce qui fait qu'au bout d'un moment, finalement t'as un peu tout ce qui peut se trouver. De toute façon, en gros, pour connecter ton matos aux différentes tables de mixage qu'il peut y avoir, t'as besoin de, allez, trois câbles différents, c'est tout. Mais voilà, c'est vrai que les premières fois où tu les as pas, t'es un peu comme un con. Donc après, à toi de les avoir avec toi, de les trimballer. Puis après, quand tu connais le milieu, c'est bon, tu sais. Et puis tu peux demander aux mecs aussi. Même s'il a pas de terme technique, tu lui demandes de prendre une photo de l'arrière du truc pour voir où tu peux te brancher toi. Et puis du coup, toi après, tu prends le câble qu'il te faut. Mais c'est plus de la connaissance empirique qu'une formation quelconque.

  • Manon

    Et tout à l'heure, on commençait à parler d'une autre facette de cette activité. On parlait un petit peu de communication. On se disait de manière réciproque que ce n'était pas notre fort.

  • Julien

    Non.

  • Manon

    Pourtant, ça fait partie aussi des choses que tu fais, qui est complètement associée à cette activité de DJ.

  • Julien

    En fait, ça a commencé à en faire partie. C'est-à-dire que moi, j'ai commencé il y a 15 ans quand même. Et à l'époque, ce n'était pas aussi important.

  • Manon

    Ou ça passait par d'autres canaux peut-être ?

  • Julien

    Ouais, mais en fait, c'était pas aussi fort que maintenant. C'était pas aussi... Il y a 15 ans, Instagram avait pas le même rôle que maintenant. TikTok, on en parle même pas. Il y avait en gros Facebook, tu avais un événement créé par le mec et basta. Donc au max de ce que tu pouvais faire, c'est avoir une page pro. C'était le max de ce que tu pouvais faire en termes de communication. Moi, quand j'ai commencé, la question ne se posait pas.

  • Manon

    Et en fait,

  • Julien

    j'ai créé un profil Facebook DJ et basta. C'est tout ce que j'avais au début. Je ne me suis même pas acharné là-dessus plus que ça. Je me suis mis à Instagram parce qu'il y a un moment il faut. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte aussi qu'Instagram a beaucoup... plus d'interactions. C'est-à-dire que tu publies la même vidéo sur Facebook et la même vidéo sur Instagram et en fait tu t'aperçois que tu as le triple voire le quadruple d'interactions sur Instagram que tu pourrais avoir sur Facebook. Et puis en vrai Facebook c'est en train de devenir un réseau de vieux. Il y a une partie du public qui est encore touché par ça mais il y a toute une partie du public qu'on doit conquérir si on veut que ça survive, qui n'est pas du tout sur Facebook, qui n'est plus du tout sur Facebook. Et puis pour ceux qui veulent vraiment aller taper dans la jeunesse et tout, là c'est vraiment TikTok. Moi je ne suis pas encore, je suis trop vieux pour ça. Mais par contre voilà, Insta obligé, et puis du coup c'est pareil, je me suis retrouvé... C'est la première fois qu'on m'a booké, on a commencé à me booker ailleurs, et on a commencé à me demander mais t'as pas des photos pro ? Ben non, en fait. Donc je leur filais des photos que j'avais de moi, c'était pas sérieux, donc du coup, grâce à Pascale, j'ai fait… Pascale Pix. Ouais, Pascale Pontus, effectivement. Et du coup, elle m'a fait mon premier et seul shooting pro, d'ailleurs j'en ai jamais refait d'autant, j'en ai fait un seul, et je travaille avec la même… Très efficace. Ouais, je travaille avec la même photo depuis 10 ans, mais du coup j'ai fait un shooting photo avec des photos un peu… Un peu carré, et puis après maintenant l'avantage c'est que t'as quand même pas mal de photographes en soirée qui peuvent te permettre de prendre une photo sur le moment, et c'est des photos qui sont souvent de très bonne qualité, qui te permettent de faire de la communication derrière. C'est moins un problème, mais effectivement au début tu n'y penses pas, et à un moment tu te retrouves obligé de le faire. Et donc ouais, t'as ça, t'as travaillé ton image, il y a quelque chose de... Parce que malgré tout t'es un personnage public. Bah, t'es un personnage public, t'es un personnage public, donc après moi j'ai pas de...

  • Manon

    T'arrives à aller faire tes courses tranquil.

  • Julien

    Mais tellement ! Non, non, moi j'ai pas de problème avec ça parce que je suis d'un naturel simple et facile, c'est-à-dire que je suis tout le temps pareil et j'ai pas de moment où je me prends pour un autre ou machin, donc finalement y'a jamais de décalage entre ce que je suis et ce que je communique donc finalement moi ça a jamais été un enjeu pour moi j'ai jamais eu de problème par rapport à ça. Mais ça compte quand même. Ouais, ça compte. Ça fait partie quand même du jeu. Ça compte, et puis tu vois c'est tout con mais dans l'image t'as aussi ce que tu dégages personnellement t'as la façon dont tu veux te montrer aux autres. Moi, j'ai la chance d'avoir... Enfin, la chance, je sais pas si c'est une chance ou pas, mais en tout cas, c'est comme ça. J'ai une tronche qu'on reconnaît facilement, c'est-à-dire que je ne suis pas, passe partout. Et du coup, ça fait partie de l'image du truc, en fait. Bah ouais...

  • Manon

    C'est ce qui a créé ta marque aussi.

  • Julien

    Ouais, c'est ça. Ah, le DJ, le gros barbu, machin. Ouais, c'est ça, lui-même, tu vois. On n'a pas 50, les mecs comme ça, donc du coup, ça a aussi joué dessus, et c'est un truc que je n'ai pas contrôlé.

  • Manon

    D'être reconnaissable, ça fait aussi partie de...

  • Julien

    Bah... Ça fait partie de l'image, ça fait partie de tout ça, ça fait partie de la cote de sympathie que tu peux avoir auprès des gens, ça fait partie de plein de choses. Et puis après j'ai vachement fait gaffe aussi toute ma carrière à être réglo avec tout le monde en fait, et à être dans aucune embrouille avec qui que ce soit, parce que c'est dans l'intérêt de personne, pas dans le mien, pas dans le sien, dans l'intérêt de personne. Donc j'ai essayé de toujours faire les choses proprement. Les quelques fois où je me suis retrouvé, je sais pas, en face de quelqu'un ou machin, j'en ai toujours parlé à l'autre et j'avais toujours dit que c'était indépendant de ma volonté et que je suis vraiment désolé et machin. J'essaie d'être pote avec tout le monde parce que j'ai aucune raison d'en vouloir à qui que ce soit. Et puis voilà, et puis en faisant ça, a priori... Ça se passe bien. Ouais, ça se passe plutôt bien. Et puis quand il y avait des débuts de volonté d'embrouille, je suis jamais rentré dedans parce que... plus ou moins aucun intérêt et que la vie est trop courte pour se prendre le chou avec des embrouilles à la con, on est avant d'abord là pour kiffer et après si ça se fait ça se fait, si ça se fait pas ça se fait pas, puis voilà. Tu trouves que de manière générale, enfin c'est compliqué de répondre de manière générale justement à la question, mais l'ambiance entre les DJ elle est plutôt bonne ? Elle est bonne, faut arrêter de... non elle est très bonne, non non elle est très bonne, on s'entend bien, de toute façon on n'est pas non plus méga nombreux. Non, on s'entend bien. Non, il n'y a pas de problème. Évidemment, c'est comme toute relation humaine, t'as des gens avec qui tu tentends mieux que d'autres.

  • Manon

    Oui, il y a des affinités qui se développent ou pas.

  • Julien

    Évidemment, mais franchement, déjà, on a tous une passion en commun, ce qui est déjà quand même plus facile pour créer des liens. Et puis oui, c'est un tout petit monde, le monde de la salsa, comme nous on le pratique, c'est minuscule. En vrai, c'est des gens qui partagent la même passion que toi, donc c'est cool, en fait. Donc oui, absolument, on s 'entends bien, évidemment qu'on s'entends bien. Après, il y a des hauts, des bas, c'est humain. Il y en a qui s'embrouillent, qui se rabibochent, machin fin voilà, c'est la vie, quoi. Bon, il n'y a personne avec qui je suis en froid et j'ai envie d'être en froid avec personne, ça n'a absolument aucun intérêt.

  • Manon

    Tout à l'heure on parlait un peu d'image de marque en tout cas de ton identité et par rapport à quand t'es DJ, comment t'as créé ton style? Comment on fait ça en fait?

  • Julien

    Ça c'est dur ça c'est dur parce que non c'est vraiment dur là y'a rien de réfléchi en fait y'a rien de réfléchi c'est juste toi, ce qui te fait kiffer, après m oi je sais que j'ai un style de jeu qui est plutôt agressif. Tu le définirais comme ça ? Ouais j'ai tendance à... Alors déjà j'ai un style de jeu qui est très très large. Je joue beaucoup de trucs, de différents styles. Je joue de tout je crois. A priori, je crois qu'il n'y a pas un style que je joue pas. Il y a des styles que j'aime moins et il n'y a pas un style que je joue pas. A partir du moment où c'est bon, moi ça me va. Et je tiens à cette variété. Je tiens vachement à cette variété, c'est hyper important. Pour moi, dans une soirée, tu dois avoir de tout. Tu dois avoir de la guaracha, de la romantica, du son, de la charanga, de la pachanga, de tout. Enfin, tous les styles que tu peux imaginer dans notre milieu, du cha-cha bien évidemment, pour moi c'est important d'avoir de tout. C'est pas C'est pas possible de trouver avec une soirée où il y a un style en très grande majorité. Moi c'est un peu pour ça que j'ai quitté la cubaine à un moment, j'ai commencé par la cubaine, et en fait quand ils ont commencé à faire des soirées 100% timba, ça a fini par me saouler en fait. Parce qu'un style pendant 4 heures, c'est pas possible. Enfin pour moi c'est pas possible. Donc du coup forcément tu joues tout, et après moi j'ai tendance à aimer les sons, avec b eaucoup de variations, les sons où t'as des relances, les sons où même quand ça part tranquille il y a un moment où ça tape un peu, pas forcément rapide tu vois, mais avec une intensité, une énergie, j'ai tendance à aimer ça, donc après est-ce que j'ai un style reconnaissable, j'en sais rien, c'est pas à moi de le dire, c'est aux gens de le dire, c'est pas à moi de le dire, mais en tout cas voilà, t'as forcément une cohérence dans ce que tu joues, a priori, si tu y penses un peu, après si tu fais n'importe quoi t'as pas de cohérence, mais si tu réfléchis un petit peu t'as forcément une cohérence. Le côté reconnaissable, machin, c'est aux gens de le dire, moi je suis pas capable de savoir si je suis en train de le faire. Je connais ça ou pas. Moi, je joue ce que j'ai envie de jouer, en fonction de ce qui se passe devant moi. En tout cas, le fait de t'organiser, de jouer toujours avec ce qui te parle, finalement, c'est ça qui, petit à petit, a défini ton style. Ouais, c'est ça qui crée ton univers, en fait. Parce que, forcément. Mais encore une fois, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'un univers précis.

  • Manon

    Moi, je trouve quand même, en tant que danseur, on vous distingue.

  • Julien

    Ouais, c'est vrai.

  • Manon

    Assez bien les uns des autres je trouve qu'en soirée quand on lève la tête parce qu'il y a un morceau qui nous fait vibrer mais qui c'est qui joue ça" et là on fait "ah oui", ça, ça nous arrive souvent et on arrive tous à dire "moi j'adore ce DJ" ou "J'adore celui-là parce qu'il y a quelque chose qui se dégage." Ouais mais je pense pas que ce soit un truc calculé de la part des DJ en tout cas moi c'est pas un truc calculé c'est-à-dire que il n'y a pas une méthode pour développer son style, moi je prends pas un son en me disant "celui-là il je me correspond" s'il me correspond je vais le prendre. C'est pas du tout comme ça c'est-à-dire que si je prends un son c'est que je fais "ehé il est bien lui" donc du coup je vais jouer après peut-être que du coup mon goût perso fait que ... donne ton univers, quoi.

  • Julien

    Bah ça ouais, il y a peut-être une couleur commune dans un peu tout, mais il n'y a pas de calcul par rapport à ça, comme ça se fait comme ça. Je pense que c'est juste l'expression de ta personnalité dans ce que tu fais, en fait. Parce que forcément, il y a une expression personnelle dans ce que tu fais, obligatoirement. À partir du moment où tu fais des choix...

  • Manon

    Il est forcément subjectif.

  • Julien

    Ouais, il y a forcément une expression de toi-même là-dedans, quelque part.

  • Manon

    On parlait tout à l'heure de tes débuts, tu me racontais un peu comment ça avait commencé. Qu'est-ce que tu dirais à des personnes à qui ça trotte un peu dans la tête ? Qui se dirait "ah j'aimerais bien me lancer, être DJ", mais qui ont du mal à passer le cap pour différentes raisons.

  • Julien

    Bref, en vrai, il faut y aller. Par contre, il faut prendre le temps. C'est pas un truc que tu fais en 10 minutes. Il y a trop de gens qui sont un peu cramés, qui n'étaient pas prêts, et qui du coup ont voulu aller trop, trop vite. prendre des grosses soirées, venir taper à la porte d'organisateurs et machin, si t'es pas prêt, ça va te retourner contre toi en fait. C'est-à-dire qu'ils vont t'ouvrir la porte, tu vas avoir une possibilité d'y aller, mais comme t'es pas encore rodé, c'est-à-dire qu'on continue toujours à apprendre, on continue à progresser tout le temps, forcément quand t'as 6 mois de mix, sachant qu'on mixe pas beaucoup quand même, on n'est pas des DJ professionnels dans le sens où on mixe 3, 4, 5 fois la semaine. Déjà quand tu mixes une fois par semaine, c'est déjà...

  • Manon

    Oui, c'est déjà un rythme soutenu en salsa.

  • Julien

    Techniquement, je suis celui qui joue le plus à Paris. Parce que je fais 4 heures tout seul chaque semaine. Et je suis le seul qui fait ça. Donc au suivi, ils sont plusieurs. Donc je suis le seul qui fait ça. Donc déjà, je suis celui qui joue le plus et je joue une fois par semaine. Donc c'est quand même pas grand-chose. Les DJ de Bachata à côté, les collègues de Bachata, ils font 4, 5, 6 soirées dans la semaine. Donc c'est quand même juste pas du tout le même ratio de travail. Donc l'expérience, ça prend beaucoup plus de temps en fait. Là où un DJ de Bachata peut prendre de l'expérience en 6 mois à 1 an, parce qu'il a joué tous les jours pendant 6 mois à 1 an, donc mine de rien, t'as quand même pas mal de travail. Nous, l'accumulation des heures de vol, elle est lente.

  • Manon

    Donc en tout cas, ne pas hésiter à se lancer, c'est accessible, tous les organisateurs sont…

  • Julien

    Alors après,pas tous les organisateurs.

  • Manon

    Oui,pas tous.

  • Julien

    Tu vas pas taper dans les gros événements, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours des petits événements sur une scène locale, qui sont ravis d'avoir quelqu'un, donc y aller, pas hésiter à se lancer, en fait pas vouloir griller trop d'étapes trop vite, prendre le temps. prendre le temps. Au début tu feras peut-être que des débuts de soirée, des fins de soirée, que des petits moments comme ça, tu vas peut-être jouer qu'une heure, mais c'est pas grave, c'est pas grave, tu prends ce qu'il y a à prendre. Moi je me rappelle au début, avant que je sois à l'Agua, à l'époque de Melka, au début il me disait voilà tiens j'ai calé un son, moi j'étais un bébé DJ encore, j'avais fait une petite soirée de mon côté, et puis il me disait "j'ai calé un son, je vais boire un coup je reviens". Donc il partait, il a eu un son, et puis la première fois il a fait ça, la deuxième fois bah il a commencé à revenir genre un quart d'heure plus tard, et donc il a fallu que je commence à fouiller dans son ordi pour trouver des trucs parce que... Donc j'ai commencé à faire ça, il m'a monté jusqu'à une heure comme ça. Et c'était pas facile parce que c'était pas mon ordi, pas mon classement, c'était hyper dur. Mais j'ai pris les petits moments qu'il y avait à prendre, et puis à un moment il m'a dit, bah tu sais quoi, prends ton ordi, ce sera plus simple la prochaine fois, prends ton ordi. Et du coup il m'a fait ça, il se barrait pendant machin, et puis moi j'étais en fait super content de jouer, ne serait-ce que 30 minutes à un moment dans la soirée, j'étais méga content. Parce que c'était cool, t'avais une salle complète et tout, c'était trop bien. Donc du coup j'ai pris ça, et puis je l'ai fait petit à petit. Et puis quand Melka est parti, je suis parti avec, de l'Agua. Le hasard a fait que j'y suis revenu après et que j'ai pris le truc. Mais j'ai pris le temps. Et encore, moi j'ai la chance que ça soit allé assez vite en vrai. J'ai des portes qui se sont ouvertes assez vite. J'ai vraiment eu de la chance. Mais entre le début où j'ai commencé à jouer et le moment où je suis devenu résident, il s'est passé pas loin de 5 ans quand même. Et je trouve que c'est un parcours rapide en 5 ans déjà. Donc quand on voit certains qui au bout de 6 mois, 1 an, veulent déjà être dans des gros événements partout et machin. Prépare-toi, c'est un métier, c'est pas un truc qu'on fait comme ça... Sinon, ce serait facile. Sinon, n'importe qui pourrait le faire et ce serait facile.

  • Manon

    Donc, prendre le temps.

  • Julien

    Oui, prendre le temps. Prendre le temps, mais pas hésiter à y aller. Parce que c'est un vrai kiff, en vrai. C'est un vrai kiff. Mais tranquille. Soirée locale, pépère, fais-toi la main, puis tu verras bien.

  • Manon

    Et est-ce que dans ta façon de jouer, il y a de grandes différences quand tu joues dans une soirée hebdomadaire ou dans un festival ?

  • Julien

    Aucune soirée est pareille. C'est très, très différent. Là, hier, par exemple, j'ai fait une petite soirée en banlieue avec un public... Très peu connaisseurs. Et puis surtout un public qui n'avait pas un niveau très élevé. Et là, moi, mon rôle, c'est quand même qu'ils s'amusent. Mais par exemple, j'ai pas pu jouer des morceaux. J'ai pu jouer que des morceaux lents. Je pouvais pas accélérer trop. Dès que j'accélère un peu, on se sentait que c'était compliqué pour eux. Donc c'est pas du tout la même façon de jouer que par exemple au PISC qu'il y a quelques mois, évidemment. Parce que là, t'arrives, c'est un congrès, les gens sont chaud comme la braise. Donc là, si tu arrives en milieu de soirée, tu peux juste cartonner comme un idiot. Ouais, tout est différent. C'est pour ça qu'il n'y a pas une recette miracle pour que ça marche systématiquement, sinon ce serait trop facile. Après, il faut juste essayer de comprendre ce que tu as en face de toi. Tu as des soirées où ça ne marchera pas. Tu as des soirées où ça ne marchera pas.

  • Manon

    Comment tu fais après les soirées ? Tu analyses un peu ce qui s'est passé ? Ou tu passes à autre chose ?

  • Julien

    C'est vachement du ressenti. C'est vachement du ressenti, t'es plus sur l'analyse dans le moment. Parce qu'en vrai, je ne suis limite pas foutu de me rappeler ce que j'ai joué un quart d'heure ou un minute avant. Heureusement que sur l'ordinateur, il y a un petit truc qui marque que tu l'as joué. En fait, il y a un petit truc qui apparaît à côté de titre. Donc heureusement que tu sais que tu l'as joué. Parce que des fois, en gros, quand je joue, j'ai 15 minutes d'avance, à peu près. 2-3 sons d'avance. Et c'est tout. Je sais où je serai à peu près dans 10-15 minutes. Le reste, j'en sais foutre rien et je verrai bien sur le moment. Donc en fait je suis beaucoup dans la gestion de l'instant, dans le ressenti du truc. En plus t'es rarement tout seul, t'es souvent... parce que c'est une activité sociale donc tu parles à des gens, t'es là, enfin... T'es en soirée quoi, donc... T'as des gens qui viennent me voir qui me disent "Ah c'était quoi ce que t'as mis il y a 10 minutes, un quart d'heure ? qui faisaient lalalala" Je sais rien moi, je sais plus. Alors après j'arrive à retrouver, c'est pour ça que quand les gens me demandaient des sons , il faut qu'ils me le demandent le moment, parce que je me rappelle plus. Il y a pas de planification. Après, je sais qu'il y a peut-être des collègues qui doivent planifier, j'en sais rien. En tout cas, moi, je fonctionne comme ça. J'ai pas de planification, et je vois ce qui se présente, quoi. Ça me paraît le truc le plus cohérent en fait. Encore une fois, t'as pas deux soirées pareilles, t'as pas deux salles pareilles, t'as pas... Puis même, tu vois, moi, 10 piges à l'Agua, j'ai pas deux soirées pareilles. Pourtant, c'est en bonne partie le même public, parce qu'on a un public habitué qui vient régulièrement, mais ils sont pas tous les soirs pareils, c'est des êtres humains.

  • Manon

    Ils n'arrivent pas toujours avec le même niveau d'énergie.

  • Julien

    Exactement, et puis ouais, ça tourne pas pareil, tout a pas toujours le même effet, ça c'est trop facile, sinon on appuirai sur tel bouton, ça marcherait...

  • Manon

    C'est ce qui fait l'intérêt aussi...

  • Julien

    Évidemment. Évidemment, si c'était si facile, en fait, on mettrait des playlists et ce serait terminé, on n'aurait aucun intérêt à avoir des DJ. Si tel son suffisait à chaque fois à faire marcher, bah oui, tu crées le playlist et puis en avant guinguamp. T'as ça, et puis t'as un truc qui est, à mon avis, important, un peu sous-estimé je pense, c'est que, notamment sur les salles où on te voit... Quand t'es un peu en hauteur, que toi tu transmets aussi. Parce que mine de rien, les gens ont, je pense, une facilité plus grande à s'enjailler sur un truc où le mec s'enjaille, déjà lui-même. C'est-à-dire que si tu crois pas à ta mayonnaise, les gens vont pas la manger ta mayonnaise. Si t'arrives dans une tête de six pieds de long et sans aucune énergie, ça va pas encourager les gens à se chauffer. Alors que si toi-même ça te rend un peu dingo, tu commences à gueuler. Donc t'as aussi ce rôle-là, un peu. Mais ça, après, ça dépend des personnalités. Il y a des mecs qui sont pas comme ça, il y a des mecs qui sont pas extravertis du tout. Moi, quand je suis dans mon truc, je suis plutôt extraverti. J'ai tendance à pas mal bouger, pas mal gueuler, taper dans les mains. Enfin, c'est un peu dingo, des fois, mais ça, c'est de la personnalité de chacun, quoi. Il y en a qui sont beaucoup plus sur la retenue. Après, ça, y a pas de règles.

  • Manon

    Mais toi, dans ton cas, tu trouves que ça participe à...

  • Julien

    Ah, complètement.

  • Manon

    ...à créer l'ambiance ?

  • Julien

    Complètement. C'est évident. Ouais parce que encore une fois tu crois en ce que tu fais et si toi même t'aimes ça, il y a des chances que les gens aiment ça quoi. Parce qu'en vrai on n'a pas de... ça c'est un truc qui est vachement important aussi quand tu joues, c'est qu'en vrai on n'a pas de culture de ça. La salsa c'est pas notre culture. À la majorité d'entre nous, à quelques ordres c'est la culture, mais nous Européens c'est un truc qu'on découvre sur le tard. Il y a très peu de mecs qui écoutaient de la salsa petit, ça arrive chez les Antillais, chez les Africains, il y en a qui avaient de la salsa à la maison. Mais en dehors de ça, le blanc standard, machin pas plus que ça. Du coup, en vrai, t'arrives pas avec une idée préconçue de ce qu'est la bonne salsa et la mauvaise salsa. T'en sais rien. En fait, la bonne musique, c'est un truc totalement universel. Donc si c'est bon, ils vont kiffer. Qu'ils le connaissent ou pas, ils vont kiffer. Parce que c'est bon. Et du coup, toi, ton rôle, c'est ça. C'est d'arriver à leur faire reconnaître ça, mais en même temps... Bon, c'est difficile à expliquer, mais si tu veux, comme c'est pas notre culture on n'a pas d'oreille particulière à ça. Donc si tu n'y connais rien et que quelqu'un te dit ça, c'est de la bonne salsa si tu n'as pas entendu autre chose, tu vas dire ok, et c'est cool. Jusqu'au jour où tu vas entendre autre chose. Et le jour où tu auras entendu autre chose, tu vas dire putain, mais ça, en fait, c'est mieux que ça, mine de rien. Et c'est là où on a un rôle important, nous, c'est que tu peux facilement, notamment avec un public un peu plus débutant, tu peux très facilement leur faire croire que ça, c'est bien. Jusqu'au jour où ils vont entendre autre chose. Là-dessus, on a une vraie responsabilité, c'est à dire que même quand tu vas jouer dans des petits endroits, tu vas quand même leur apporter des trucs un peu, pas forcément méga pointus, mais des trucs bien, quoi. Parce que si tu vas juste là-bas pour leur repasser les mêmes trucs qu'ils connaissent déjà et les 3-4 sons auxquels ils sont habitués...

  • Manon

    En fait, c'est un équilibre à trouver entre les sons qui marchent bien, qui sont assez populaires et appréciés, et les découvertes...

  • Julien

    Il faut les avoir. L'équilibre, c'est hyper important. Moi, je trouve que c'est un problème dans certains endroits, c'est que tu peux pas n'être que sur de la musique pas connue ou que sur la nouveauté, les gens ont besoin, moi en tant que danseur, j'ai besoin d'avoir aussi des standards sur lesquels je peux chanter, m'amuser, connaître tous les breaks, tous les machins, parce que c'est juste un kiff total aussi. Et j'ai pas envie d'avoir que du gros classique, j'ai aussi envie de me faire surprendre. Donc c'est important d'avoir un équilibre entre les deux en fait. D'avoir évidemment du gros standard, ou même du très gros standard, mais c'est très bien. Faut pas jouer tout le temps, mais c'est très bien quand tu le ressors, ça fait plaisir à tout le monde. Et puis ouais, essayer de ramener... des trucs un peu nouveaux, un peu différents. Mais encore une fois, ça sert à rien de faire de la nouveauté pour la nouveauté. Ça aussi c'est un truc, ça fait quand même maintenant quelques années qu'il y a de la salsa en Europe. Globalement sur les sons un peu anciens, dis-toi que si personne le joue, y'a peut-être une raison, tu vois ? Après sur des trucs un peu plus rares, un plus machin, ok, très cool, y'a pas de problème. Y'a plein de gens qui peuvent être passés à côté, tu vois. Mais sur des trucs un peu plus standards, ouais si les gens jouent pas y'a peut-être une raison, donc c'est peut-être que c'est pas terrible en fait. Tu vois par exemple les reprises, euh... pourquoi pas ? Mais en vrai si la reprise est pas au moins aussi bonne que l'originale, ou si elle apporte pas un truc vraiment différent, ça sert à rien, cousin, met l'original... On en voit souvent des trucs comme ça, des espèces de reprises cheloues, tout simplement parce que c'est original, que personne n'a entendu, bah ouais, mais bon, c'est pas ouf en fait. Je préférais mille fois entendre le standard de base. Donc ouais, soit c'est au moins aussi bon, soit c'est vraiment un autre angle d'attaque du truc, et là ça se justifie. Mais sinon, faut pas rejeter le classique, c'est important le classique, très important. C'est la partie de l'histoire du truc, c'est essentiel.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi.

  • Julien

    Vas-y.

  • Manon

    Est-ce que tu saurais dire ce qui t'a accroché à la salsa au tout début ? Donc avant même d'être DJ, si t'as commencé par la danse.

  • Julien

    C'est super dur à dire. Je suis rentré dans le milieu, je pense, pour des mauvaises raisons, comme plein de mecs. Je pense, je me suis un peu fait traîner là-dedans de force au début. Je suis resté parce que c'était sympa et qu'il y avait des meufs et je trouvais ça cool. Et puis en vrai, je sais pas, il y a un truc qui m'a attrapé et j'ai trouvé ça vraiment trop cool en fait. Au-delà du côté, bah oui, j'ai 25 ans, il y a des meufs, c'est cool. Non, non, sinon j'ai commencé à la fac. Donc forcément, quand t'es à la fac, t'arrives en cours de danse, la première fois que tu y vas, je me suis un peu tiré la patte et il y avait, je me rappelle, on était 15, le premier cours que j'ai pris, il y avait 3 mecs et 12 meufs. Bon, le ratio était pas mal, donc du coup je me suis dit bon c'est cool, on va rester. Et en fait je me suis vraiment fait attraper par le truc et je pensais pas et je sais pas, j'ai eu un plaisir à la danse que j'avais pas du tout anticipé parce que j'étais à des années-lumières de ça. J'étais dans le rugby, alors la danse c'était pas du tout un truc... Et je sais pas, ça m'a happé, je saurais pas t'expliquer pourquoi, ça m'a tout de suite fait des trucs un peu partout, j'ai eu un vrai kiff à le faire, et puis j'ai eu un vrai kiff avec la musique aussi. D'un coup j'ai trouvé ça juste trop bien, juste trop trop bien, et j'étais pas capable d'expliquer pourquoi, comment, quoi, mais c'était trop bien. Et du coup ouais, je suis resté, je suis resté pour le coup, pour des bonnes raisons.

  • Manon

    Et ça fait 20 ans.

  • Julien

    Et ça fait 20 piges. Et en plus, après, ce qui m'a aussi retenu dans le milieu, c'est le côté vachement open de ce milieu, en fait. C'est-à-dire que tu viens vraiment comme t'es. T'as des endroits où on te fait croire que tu peux venir comme t'es, c'est pas vrai. Ici, en salsa, tu viens vraiment comme t'es. C'est-à-dire que tu peux arriver en survet, tu peux arriver en bermuda, je suis tout le temps en bermuda, tu peux arriver en costard-cravatte 3 pièces complets, quand t'es une nana, tu peux venir habillée en schlag, si tu veux, tu peux venir habillée avec une robe incroyable et tout. Tout le monde danse en même temps, ensemble, sur le même truc, t'es dans la même vibe, et ça c'est quand même juste super cool. Et puis peu importe ta tronche, t'arrives avec ta tronche que t'as, Et puis voilà, après ça arrive du milieu humain, donc il y a forcément... Le truc de base, il est là, t'arrives dans des soirées, il n'y a pas de sécurité, s'il te plaît. C'est trop bien, c'est trop bien. Quand j'étais étudiant, je me suis retrouvé à faire de la sécurité dans les soirées. Et c'est quand même un autre délire, c'est-à-dire que tu sais que, quand tu commences la soirée, deux heures après, tu vas sortir les premiers, parce qu'ils sont complètement éclatés, ils sont en train de se taper dessus, donc tu passes ta journée, ta soirée à sortir des mecs bourrés, et aller chercher à arrêter les bagarres, c'est insupportable. Là... Il n'y a même pas de service de sécu, c'est-à-dire que tu rentres, il y a une personne à la caisse, et puis c'est tout. En plus, la personne en général elle fait autre chose dans la soirée, enfin voilà. C'est trop bien ça, ce côté ouvert au truc. Après il faut prendre ce qu'il y a à prendre, c'est-à-dire que tu fais des rencontres là-dedans, t'as beaucoup de rencontres qui sont des trucs de surface, mais sympa quoi, tu passes des beaux moments avec, tu t'amuses bien, tu rigoles, et puis tu rencontres quelques personnes qui seront vachement importantes dans ta vie, mais il faut prendre le truc comme il est, c'est-à-dire qu'il ne faut pas... Espérer, que ça change, machin, faut kiffer le truc, et puis... Et en vrai, voilà, c'est un milieu ouvert, sympa, facile. En plus, moi, j'ai eu la chance, franchement, de pas trop galérer à apprendre au début. J'ai appris assez vite. Parce que ça, c'est un peu dur au début, quand tu commences. Ça peut être dur si tu galères à apprendre. La sensation de déranger les gens, voire même les rejets que tu peux prendre, ça peut être compliqué. Et j'ai eu la chance de pas trop avoir ça. Donc en vrai, je me suis senti comme un poisson dans l'eau tout de suite. Et du coup, je suis toujours là. Et je pense pas que je pourrais m'arrêter. Arrêter un jour de danser quoi. Arrêter d'être DJ, oui si un jour je suis plus à la mode, si je suis plus bon, si machin, bah ouais. Après j'ai un métier à côté, donc si ça s'arrête, ça s'arrête quoi. Mais arrêter de danser, je crois jamais. Après pour l'activité DJ, si un jour je vois que ça me plaît moins, je peux envisager la fin, je m'en fous, c'est pas grave. Mais pour l'instant, c'est pas le cas. Ça me fait kiffer, aucune raison d'arrêter ça. Je suis contente de le savoir. Bah écoute moi, tant que les orgas sont contents de ça et veulent de moi, écoute, avec plaisir. Après, s'ils veulent plus un jour, je continuerai à écouter du son, je ferai ça chez moi. Et à danser. Je continuerai à danser, parce que ça, c'est trop kiffant.

  • Manon

    Merci, Julien.

  • Julien

    De rien, écoute, plaisir.

  • Manon

    Merci pour ton écoute, j'espère que cet épisode t'a plu. Maintenant que certains secrets de l'art du DJing ont été dévoilés, voyons ce qu'il se passe sur la piste et sur la scène. Ce lien entre show et social, c'est Marina qui vient nous en parler la semaine prochaine. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

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