- Speaker #0
quBienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa, en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Salsa, danse contemporaine, moderne jazz, sport, qu'est-ce qui lie ces pratiques et pourquoi elles se complètent ? Aujourd'hui c'est Romain qui vient en discuter avec moi. Habitant tous les deux à Bordeaux, c'est là que l'on s'est retrouvés et j'étais ravie de partager cette discussion avec lui. Bonjour Romain.
- Speaker #1
Bonjour Manon.
- Speaker #0
Est-ce qu'avant qu'on commence, tu peux te présenter ?
- Speaker #1
Tout à fait. Je m'appelle Romain Boulet, je suis danseur professionnel et professeur de salsa depuis de nombreuses années. Je fais ma 20e année là.
- Speaker #0
De professeur ?
- Speaker #1
Élève et professeur depuis 16 ans. J'ai commencé la danse il y a 20 ans et enseigné il y a 16 ans. Voilà, maintenant je suis plus professeur que danseur pro, j'ai un peu mis de côté la carrière de danser sur les festivals, des choses comme ça. Et qu'est-ce que je peux dire d'autre ? Je suis aussi coach sportif et professeur de pilates. J'ai toujours fait les deux en parallèle, le sport et la danse.
- Speaker #0
Et au niveau de la danse, avant la salsa, il y a eu autre chose ?
- Speaker #1
Alors, c'est par la salsa que j'ai démarré. D'accord. Oui, j'ai démarré à 20 ans. En fait, j'ai fait du judo de 6 ans à 22 ans. Et j'ai eu envie de changer d'activité. Et donc, c'était en... en 2004, en plein boom de la salsa. Et le hasard a fait que j'ai voulu aller essayer les cours avec des amis, que ça m'a plu. Et donc, c'est la salsa qui m'a vraiment accroché à la danse.
- Speaker #0
Ah, ça, je ne le savais pas.
- Speaker #1
Et de là, j'ai voulu faire plus que ça, oui. Ok.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux développer ? Parce que ça va nous amener sur le thème du jour.
- Speaker #1
Donc, du coup, j'ai pris des cours comme n'importe quelle personne qui va dans une école prendre des cours pendant 3 ans à peu près, je pense. Et en parallèle, j'ai eu mes diplômes de sport. Une fois que j'ai eu mes diplômes, je suis parti en saison dans un village vacances que tout le monde connaît. Et dans ce village vacances, j'étais le prof de sasa et le danseur. J'ai fait tous les spectacles qu'il y avait tous les soirs. Et le fait d'être sur scène, ça m'a vraiment plu, ça m'a beaucoup attiré. Donc j'ai décidé de me donner la chance de tester d'être danseur pro. J'avais envie de danser dans les comédies musicales sur Paris. Donc j'ai déménagé de Paris parce que j'habitais à Orléans et je suis rentré dans une école de formation professionnelle du danseur dans laquelle je faisais classique, jazz et moderne contemporain, trois fois une heure et demie par jour, j'ai fait ça pendant deux ans.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Donc c'est vraiment la salsa qui m'a amené à vouloir être dans ce milieu.
- Speaker #0
Parce que je connaissais ce parcours-là, mais pas dans le bon sens. C'est tellement atypique de commencer par la salsa pour aller vers les autres danses.
- Speaker #1
Ouais, carrément.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Mais c'est vrai que c'est l'envie de faire quelque chose de plus professionnel qui m'a amené à ça en fait. Parce que je sentais qu'il y avait besoin pour mes ambitions d'avoir un cadre qui est plus général. Et j'ai eu la chance de connaître une professeure de jazz à Orléans qui m'a orienté, qui m'a entre guillemets pistonné, qui m'a dit où aller, qui a appelé pour moi. J'ai fait une audition où j'avais été pris. J'étais un peu juste, mais la chance c'est d'être un garçon. Et dans ce milieu, il n'y a pas beaucoup de garçons. Donc ils sont un peu plus indulgents avec les garçons.
- Speaker #0
Ils cherchent la mixité du coup.
- Speaker #1
Ouais. Voilà, c'est un peu tard déjà pour l'univers que je rêvais, parce qu'en plus il fallait être plus complet, il fallait savoir chanter, il fallait faire des claquettes, du théâtre, plein de choses que je n'avais pas. Donc en danse j'étais trop juste pour ces univers-là, mais voilà, ça m'a permis quand même de me démarquer dans la salsa, parce qu'il y a très très peu de gens qui font ça dans la salsa.
- Speaker #0
C'est justement ce qu'on va essayer de développer ensemble, ce lien entre les autres danses, et la salsa, et le sport. Donc là, juste redis-moi, toi tu as été formé en jazz, contempo et classique ?
- Speaker #1
Et classique aussi, oui.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
C'était les trois en parallèle tous les jours.
- Speaker #0
Et du coup, qu'est-ce que tu as pris de tout ça dans ta danse ?
- Speaker #1
Alors, déjà, ça donne une rigueur, je pense. Ça donne un vocabulaire. Avec d'autres danseurs qui ont ce même parcours, on se comprend tout de suite. Moi, par exemple, j'étais avec Vanessa Diaz, qui a fait aussi une formation. Enfin, la plupart des filles qui ont fait du Modern Jazz, on avait les mêmes termes et les mêmes attitudes, les mêmes positions, les mêmes réflexes de lignes, de postures, de techniques. Et c'est vrai que ça a aidé beaucoup dans le process de création ou dans le process d'apprentissage des chorégraphies. Et par exemple, les chorégraphes de l'époque qui étaient pur salsa n'avaient pas le même vocabulaire. Donc c'est vrai que des fois, on se regardait, on se disait mais qu'est-ce qu'il veut faire ? Ah oui, d'accord, c'était ce pas là ! Donc je pense que le gros avantage, c'est cette technique pure qui s'adapte à tous les types de danse, qui va marcher pour tous les danses solo ou les danses de couple.
- Speaker #0
Donc là, tu parles finalement de tout le cadre, du vocabulaire. Est-ce qu'il y a des pas ou des choses qui se retrouvent ? Oui,
- Speaker #1
tout à fait. En fait, je pense que, sans dire de bêtises, la salsa Eddie Torres, quand il a développé tout son répertoire de shine, il s'est tout à fait inspiré des claquettes et du jazz. Et en fait, les pas de jazz, on les retrouve... en salsa, mais du coup salsifié on va dire, salsaïfié. Et en fait chaque pas est transposable d'une danse à l'autre, on les a aussi en swing, j'ai fait un peu de swing et de lindy hop, des choses comme ça, et il y a le Suzy-Q, il y a... Et c'est juste qu'en fait tu vas l'adapter au style que tu veux. Je trouve que ça donne une facilité à l'apprentissage de la salsa parce que t'as déjà une base qui est commune pour tout, et t'es habitué à apprendre des chorégraphies, t'es habitué à... à mémoriser, à reconnaître un mouvement et à pouvoir le reproduire aussitôt.
- Speaker #0
Après, là, du coup, c'est l'entraînement, la mémoire du corps, en fait, qui est finalement...
- Speaker #1
Oui, oui, voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Et est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce que le fait d'avoir commencé par la salsa, ça t'a aidé aussi à plonger dans les autres danses ou pas ?
- Speaker #1
Ah, ça, c'est une bonne question. Alors, je pense pas.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Je réfléchis pour pas dire de bêtises, mais là, ce qui me vient en tête, c'est que souvent, on m'a reproché, quand j'ai voulu faire d'autres danses, d'avoir trop le déhanché, le salsa. Ah ! et qui était un peu dur à neutraliser. Je pense que ça dans l'autre sens, c'est peut-être plus difficile. Alors par contre, tout ce qui est danse de couple, ça va aider, parce qu'au final, ce que je dis toujours à mes élèves, c'est que peu importe la danse, on a deux, on a quatre bras, quatre jambes, on retombe sur les mêmes enchaînements. C'est juste qu'il faut les adapter au code de la danse. Mais c'est vrai que souvent des fois on me dit Mais ça c'est un mouvement de bachata ou ça c'est un mouvement de je sais pas quoi Mais en fait on est obligé, à partir du moment où on est deux personnes, on retombe sur les mêmes choses. Donc oui voilà, si on fait du couple ça va aider, parce qu'il y a cette interaction.
- Speaker #0
Puis cette habitude à dissocier le rythme dans les pieds stable et les bras qui vont...
- Speaker #1
Oui peut-être, effectivement, la coordination.
- Speaker #0
Ça on le développe beaucoup en salsa quand même.
- Speaker #1
Ouais ouais.
- Speaker #0
Mais du coup les shines, le côté solo de la salsa finalement, ça t'a pas vraiment aidé ?
- Speaker #1
Je pense pas. Après, c'est vrai que ça fait un moment que je fais pas d'autres danses. Alors, ce que j'ai pas dit, c'est que dans mon cursus, j'ai appris salsa et rock en parallèle. D'accord. En fait, j'étais déjà...
- Speaker #0
Plein de choses...
- Speaker #1
Ouais. Les deux, trois années que j'ai fait dans mon école où j'ai appris Orléans, je faisais salsa et rock. Et j'ai eu la chance qu'il y avait des cours plusieurs soirs par semaine et plusieurs niveaux. Et que dès la deuxième année, le professeur m'a autorisé à faire tous les cours. Donc j'étais à la fac, j'avais beaucoup de temps. Donc j'ai fait beaucoup de cours. Et je pense que j'ai réussi à avoir le style rock et le style salsa assez séparés.
- Speaker #0
Du coup, STAPS, tu étais en mode sport la journée et danses ton reste du temps.
- Speaker #1
C'est ça. La fac de sport, je ne faisais pas grand-chose à la fac, j'avais beaucoup de temps le soir.
- Speaker #0
Oui, mais en STAPS, il y a quand même beaucoup d'heures de sport obligatoires, non ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est ce qu'on croit, mais en fait, malheureusement, non. C'est la déception de tous les sportifs...
- Speaker #0
Voilà, tous les étudiants de STAPS, vous êtes grillés.
- Speaker #1
Alors, je ne sais pas comment ça a évolué, mais à mon époque, on n'avait que 6 heures par semaine. Donc, ce n'est pas énorme...
- Speaker #0
D'accord, et après, les cours magistraux,
- Speaker #1
tu vas où tu veux. Enfin, ce n'était que la théorie, mais... Parce que tu as 2 heures de ta spécialité, normalement, tout le monde a une spécialité. Donc, moi, c'était le judo. Et après, tu as 4 heures de sport, donc c'est un peu comme au collège ou au lycée. Et après, tu as ton sport en club, en parallèle. Mais je veux dire, à la fac, tu n'as pas tant de sport que ça.
- Speaker #0
Je me demandais, par rapport à la créativité, qu'est-ce que ça t'apporte, ces trois autres danses ? Et comment tu t'en imprègnes, en fait, pour ton quotidien de prof et de chorégraphe ?
- Speaker #1
Alors, pour être honnête, je n'ai pas beaucoup chorégraphié. J'ai beaucoup été dans des compagnies et j'ai suivi des chorégraphes. Donc, c'est vrai que moi, j'ai un problème personnel avec la chorégraphie. J'ai beaucoup de mal à ça. Je suis plus un... Professeur ou pédagogue, je pense. Donc c'est vrai que ce que tu me demandes, je m'en sers énormément dans mes cours parce que je structure mes cours comme un cours de jazz ou un cours de classique. Ah, pour la
- Speaker #0
structures en fait. Ouais. Ok.
- Speaker #1
Plus pour le côté technique et structure, parce qu'en fait dans ces cours-là, on a ce qu'on appelle une barre d'échauffement, où tu as toujours des exercices qui ont un enchaînement logique et qui s'auto-alimentent les uns les autres. En fait, on part d'une base et par exemple en classique, on fait les dégagés, les pliés, etc. Et en fait, ça doit amener, chaque élément doit après se combiner pour arriver à une globalité. Et c'est vrai que moi, j'ai construit ma pédagogie, ma façon d'enseigner comme ça, en fait, sur une barre d'échauffement, sur... Ok. En fait, j'ai beaucoup analysé la salsa et j'en ai essayé d'extraire des mouvements qu'après, je décompose pour les élèves et que petit à petit, ils aient une structure qu'ils puissent reconnaître plutôt que d'essayer d'apprendre des passes dans leur ensemble. En fait, je compare souvent avec un langage, c'est qu'au lieu de t'apprendre des phrases par cœur, j'essaie de t'apprendre du vocabulaire et de la grammaire et qu'après, tu puisses faire tes phrases. Donc c'est plus ça que m'a amené le cursus classique jazz et tout ça.
- Speaker #0
Après je pensais quand même, ne serait-ce que les shines, tu vois, d'échauffement, ou même des fois les séquences de shines, quand je parle de chorégraphie, c'est ça, moi de ce que je connais de toi, il y a quand même une empreinte.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Parfois dans certaines choses que tu proposes, des fois on retrouve en fait cette empreinte-là. Je sais pas, peut-être que tu t'en rends pas compte.
- Speaker #1
Alors peut-être que j'en suis pas conscient en vrai. Je pense que ça se voit dans mes bougées, parce que je pense qu'il y a des lignes dedans, posture et une tenue qui est un peu plus classique ou jazz peut-être qu'un salsero qui fait que de la salsa mais oui peut-être que ça revient parce que j'essaie d'intégrer de la technique de classique ou jazz dans les pas de salsa pour justement qu'ils soient peut-être plus accessibles pour des élèves ou pour les expliquer, pour qu'ils soient plus clairs quand je crée j'ai pas l'impression de m'inspirer de ça c'était ça le point de départ,
- Speaker #0
la créativité
- Speaker #1
la créativité c'est vrai que j'ai un répertoire de shine que j'essaie d'avoir un répertoire typique de shine salsa mais peut-être que sans m'en rendre compte je les ai jazzifiés après c'est c'est très subjectif ouais mais il me semble que parfois il y a des petits pops Oui, oui, sûrement. Mais c'est vrai que j'aime bien le parallèle où, par exemple, là, je n'ai pas un exemple concret, mais dans un pas, je vais peut-être donner le nom qui correspond en jazz et dire, ah bah ça, voilà, c'est par exemple, oui, un pas de bourré ou un kickball change, qui sont des termes de jazz, mais qu'en fait, on utilise en salsa. Et de faire le parallèle entre la version un peu plus académique et la version salsa, pour amener une technique dedans. Je pense que j'ai ce style sans m'en rendre compte, je pense.
- Speaker #0
Oui, de toute façon, c'est hyper intériorisé...
- Speaker #1
C'est imprégné, ouais.
- Speaker #0
Enfin, je veux dire, ça fait partie de ton bagage. Et si on parle sport un petit peu maintenant ? Donc la salsa, c'est une danse. Donc par définition, c'est un sport.
- Speaker #1
Oui, je suis d'accord avec toi. C'est bon,
- Speaker #0
jusque là, c'est bon. Pour toi, qu'est-ce que ça fait travailler ? Pourquoi c'est un sport la salsa ?
- Speaker #1
C'est marrant que tu me dise ça parce que justement ça fait deux trois ans que j'essaie de me dire comment intégrer du sport dans la danse sans que ça soit rédhibitoire. Il y a quand même beaucoup de gens qui... Ce qui est difficile dans un cours en fait c'est de réussir à intéresser les gens à des choses un peu plus pointues sans que ce soit trop et... Parce qu'il faut pas oublier que la plupart des gens ils viennent juste se changer les idées et que c'est un exutoire et voilà ils sortent du boulot et... Donc il faut trouver le juste milieu. Mais je le ressens quand même encore plus depuis que j'enseigne avec Mao, qui m'a rejoins l'année dernière, qui a aussi un diplôme de coach sportif. Et on en parle beaucoup tous les deux. Et elle, elle est plus que moi sur une démarche de performance. Donc elle m'a pas mal poussé à essayer de faire le parler avec le sport. Et du coup, cette année, on va essayer d'intégrer un peu de mouvements de sport dans les échauffements. Parce que ce qu'on a remarqué, c'est le manque de conscience corporelle, en fait. Souvent, il y a des gens, ils ne se connaissent pas à leur droite de leur gauche. Ou... ou juste se redresser, ou comprendre qu'un guidage, il doit venir du dos et pas des muscles, et faire des mauvais mouvements. Enfin voilà, il y a plein de choses, et donc on voudrait travailler sur la posture.
- Speaker #0
C'est des questions qu'on se pose parfois très tard, en fait, dans notre parcours de danse. Du coup, c'est un vrai challenge d'arriver à l'introduire dans des cours, dès le début en fait.
- Speaker #1
En fait, ce qui est difficile, c'est que dans l'univers du classique et du jazz, ça c'est direct. On n'a pas le choix, on va directement sur des trucs très pointus parce que je pense que les gens vont vers ces danses-là parce qu'il y a un objectif vraiment de performance. Et la salsa, c'est pas du tout ça, c'est plutôt un objectif de loisir, de plaisir. Et du coup, on perd ce côté un peu qualitatif et exigeant des danseurs de classique et de jazz qui cherchent vraiment à s'améliorer et à progresser et à faire de mieux en mieux et avoir une technique assez stricte. Et même les profs, ils poussent beaucoup dans ces univers-là. En salsa, on ne l'a pas trop. Et il faut trouver le bon dosage.
- Speaker #0
Elle est très sociale, de toute façon. Oui,
- Speaker #1
voilà.
- Speaker #0
Donc c'est vrai que, comme tu dis, ce n'est pas du tout la même mentalité, je pense.
- Speaker #1
Oui, mais en tant que prof, on essaie quand même, en tout cas, ce que je pense, et on essaie de faire progresser quand même tout le monde. Et il faut réussir à leur donner des petits trucs pour les booster, tout en ne les dégoûtant pas du truc.
- Speaker #0
Mais alors, qu'est-ce qui manque ? Donc la salsa en tant que sport, il y a des choses qui se passent, mais quels apports du sport tu essayes de rajouter ?
- Speaker #1
Là, clairement, du coup, ce serait de la force dans les jambes.
- Speaker #0
D'accord, donc du renforcement, en fait.
- Speaker #1
Ouais, du renforcement, genre des squats, des fentes, des choses comme ça. En fait, un des constats qu'on a, par exemple, c'est beaucoup les danseuses, parce que c'est les danseuses qui se déplacent beaucoup et qui tournent beaucoup. Pour moi, un des constats qui amène de la difficulté, c'est justement de ne pas avoir assez de force dans les jambes pour effectuer les déplacements et les tours. Et ça compense par tirer sur les bras ou être pas en équilibre, pas sûr d'être... En plus, il y a les talons, donc c'est une difficulté en plus. Pour les danseurs, c'est le même principe en fait. Souvent, je vois qu'ils ont du mal à repousser le sol avec leurs jambes et à utiliser leurs muscles pour se déplacer et qu'ils adaptent d'autres mouvements qui sont des triches, qui font qu'ils font mal le mouvement. Donc, j'aimerais leur faire prendre conscience et extraire justement le mouvement en question pour leur faire dire là, tu sens tes muscles, tu sens que tu repousses, tu sens que tu te déplaces grâce à ça, fais-le aussi dans ta danse. Donc, ce serait beaucoup par les jambes et beaucoup le cadre au niveau du dos, de ne pas avoir cette posture et pouvoir se redresser et que tout le guidage vienne. Et je pense que c'est ça qui donne mon style classique jazz, c'est que je pense que je me tiens assez droit et que j'ai un guidage qui vient beaucoup du dos. Et pour les leaders, ils ont du mal à sentir ça et qu'ils sont souvent guidés par les bras ou par les épaules plutôt que de trouver des... Donc, du coup, on va essayer d'intégrer des élastiques, des petits matériels qui peuvent amener des pistes sur... Qu'est-ce qu'il faut que tu te sentes dans ton corps pour l'utiliser après dans ta danse ?
- Speaker #0
Sur le ressenti en fait, vraiment sur la conscience corporelle. Ouais,
- Speaker #1
c'est ça. C'est pas de transformer le cours de salsa en un cours de HIIT ou de circuit training, parce qu'on n'est pas là pour ça, mais donner des petites touches et des petites pistes pour qu'il y ait des prises de conscience.
- Speaker #0
Et si un danseur a envie de compléter sa pratique par du sport, par d'autres sports, qu'est-ce que tu conseillerais qui matcherait bien avec la salsa, en tout cas qui serait intéressant ? Pour avoir une pratique sportive complète ?
- Speaker #1
Je pense que ce qui est à la mode en ce moment, c'est le crossfit, mais ce n'est pas à la mode pour rien parce que c'est très complet. Je pense que c'est une méthode qui va s'adapter à toutes les autres disciplines. Le crossfit sera toujours une bonne chose. C'est une préparation générale de tout le corps, avec des mouvements de base qui sont top. Il faut de la muscu orientée, je pense qu'il faudrait un coach qui donne les exercices précis, mais un sport en lui-même qui va aider à la danse... Moi je dis toujours que j'ai démarré par le judo et que je pense que ça m'a beaucoup aidé parce que c'est déjà du couple en fait, c'est déjà de l'interaction à deux, c'est déjà des notions d'équilibre, déséquilibre, c'est déjà des repères dans l'espace, de savoir en haut, en bas, à droite, derrière, à gauche, au sol, debout, à quatre pattes. Tout ça je pense que ça m'a aidé à progresser très vite. c'est pas le même but mais c'est vrai que c'est marrant parce que je parrallèle avec Mouaze que t'as reçu et qui parlait aussi du karaté et je sais qu'on est très nombreux à avoir fait des arts martiaux, je pense qu'effectivement les arts martiaux d'une manière générale en fait je pense que ça aide parce que c'est des sports qui sont très complets, en fait il y a des sports qui sont unilatérales comme le tennis ou le foot où tu vas développer une partie de ton corps mais pas de manière globale et que je pense que les arts martiaux tu dois te déplacer avec tout ton corps et utiliser tes bras, tes jambes... et avoir plein de repères qui font que je pense qu'ils sont aidants pour tout plein d'autres choses à mon avis.
- Speaker #0
Moi je pense à la gym forcément. Ouais. Mais en fait, sur le judo, t'as ce rapport à l'autre aussi qui est entre en jeu et qui est là en plus.
- Speaker #1
Je pense que tous les sports de combat peuvent devenir une aide dans l'interaction à deux en fait. Mais encore plus le judo forcément parce que t'as vraiment le déplacement à deux. Mais ouais, la gym, alors
- Speaker #0
Sur le repousser du sol, sur les repères dans l'espace. Oui, effectivement. Et après, quand tu fais des shows sur les portées, les acrobaties, clairement.
- Speaker #1
Ah bah oui.
- Speaker #0
Et après, là, on parle d'un autre niveau, enfin, en tout cas, qui n'est pas pratiqué par tout le monde. Mais sur les tours aussi, en fait, sur tout le système vestibulaire. Ouais, ouais. Ça, à fond.
- Speaker #1
C'est vrai. Peut-être précis. Sur le système vestibulaire.
- Speaker #0
Vraiment, une définition en direct du système vestibulaire. Ok, allez. C'est une des composantes de l'équilibre avec le regard et... La proprioception joue beaucoup aussi, mais en tout cas, ça dépend de l'oreille interne de cet organe-là. Et quand on a des vertiges, ça peut venir d'une défaillance du système vestibulaire.
- Speaker #1
C'est un niveau à bulles qu'on a dans l'oreille interne.
- Speaker #0
Et du coup, même question que tout à l'heure, mais pour le sport, qu'est-ce que ça peut apporter d'être un danseur de salsa quand on est sportif ?
- Speaker #1
Je ne sais pas un danseur de salsa spécifiquement, mais un danseur, de manière générale, je pense que ça amène de la coordination et ça amène peut-être un peu de fluidité et d'élégance dans le sport. J'ai eu cette expérience parce que j'ai démarré la capoeira assez tard, à 34 ans je crois, je ne sais plus. J'en ai fait pendant 5 ans et en fait tout de suite ils m'ont dit mais tu as l'air d'un danseur parce qu'effectivement je faisais tout légèrement avec de la coordination. Du coup ils m'ont surnommé Bailarine. Tous les profs surnomment leurs élèves dès la première année. Donc je pense que oui, la salsa, ça peut aider à trouver de la fluidité, à trouver de la coordination, de l'élégance. Mais pour moi, la danse, c'est plus dur que du sport, parce qu'il y a plus de composantes.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Parce que notamment la salsa, qui est une danse de couple, parce qu'en fait, dans le sport, t'as pas de musique qu'il faut suivre. D'accord. Déjà, le fait de devoir se gérer tout seul, gérer un partenaire, Et en plus suivre une musique qui change à chaque morceau, qui change, voilà, et aussi pendant le morceau. Je trouve qu'il y a tellement de paramètres qui sont beaucoup plus difficiles que n'importe quel sport en fait.
- Speaker #0
Ok, c'est intéressant. Il y a aussi le côté environnement, c'est-à-dire l'état du sol, l'état de la piste,
- Speaker #1
la densité. Oui, les autres personnes autour, la gestion de l'espace. Le sport, souvent, soit tu es sur un terrain, soit tu es dans un espace défini, puis voilà, Ta contrainte, c'est soit un temps ou un chrono, mais pas forcément de suivre un rythme. Ou alors peut-être en gym, pour les femmes, quand elles doivent faire une chorégraphie. Mais c'est préparé à l'avance.
- Speaker #0
La partie chorégraphique est assez minime par rapport aux diagonales, par exemple.
- Speaker #1
Oui, et puis c'est préparé, c'est comme un show... En fait, c'est pas vraiment du social. C'est vrai que la salsa, le côté improvisation permanente de la danse, où t'es en permanence à interagir avec quelqu'un dans une soirée que tu connais pas forcément, et en fonction de ce que la musique va t'inspirer, pour moi, c'est beaucoup plus dur que du sport.
- Speaker #0
Ok, c'est hyper intéressant entendu comme ça. Du coup, on a parlé du lien avec la salsa plutôt dans les cours que tu donnes. Et par rapport à ton parcours de show, de performeur, qu'est-ce que ça t'a apporté la fusion, le contempo, le jazz, le classique ? Comment tu l'as amené sur scène ?
- Speaker #1
Déjà, je pense que ça m'a permis de me démarquer de d'autres danseurs et du coup d'avoir été recruté par des compagnies.
- Speaker #0
D'avoir des opportunités.
- Speaker #1
Et voilà, sur les auditions, dans l'univers de la salsa, forcément quand tu as quelqu'un qui a un background ou qui a du plus, ça rajoute des choses. Et alors après, moi c'est vrai que j'ai très vite essayé d'orienter la salsa sur autre chose, parce que la salsa c'est quand même un peu bouché entre guillemets. Il y a beaucoup de gens qui font très très bien la salsa à un très haut niveau, et je pense que j'étais assez conscient que j'avais pas peut-être ce niveau pour pouvoir sortir du lot dans de la salsa pure. Et de toute façon j'avais cette affinité vers le contemporain que j'avais envie de mettre en valeur aussi. Et c'est vrai que j'ai tout de suite, j'avais déjà parlé d'elle, de Vanessa Diaz qui a été ma partenaire pendant 10 ans, on s'est suivi dans toutes les chorés, dans toutes les compagnies. Et elle, elle vient plutôt du hip-hop mais elle a fait comme moi une formation jazz classique et moderne, donc on avait tout de suite tous les deux démarré sur un duo fusion qui n'était pas sur de la salsa. Et à l'époque, il y avait une émission qui s'appelait So You Think You Can Dance, où on était tous fans de cette émission parce qu'on rêvait d'avoir leur niveau, mais bon, c'était inatteignable, mais c'était l'inspiration en fait. Donc c'est vrai que j'ai tout de suite essayé d'amener cet univers-là dans la salsa. Et je pense qu'à l'époque où j'ai démarré, en tout cas en France, on est réputé pour être des gens qui... qui cherchent un sens à la danse et qui font pas de la chorégraphie pure de show en fait. Comme on peut avoir par exemple en Italie, qui sont très très forts, mais qui sont très forts techniquement, mais je trouve que ça reste...
- Speaker #0
Il y a peu d'interprétation?
Ouais, enfin ça reste... Je suis pas très sensible à ça, parce que je trouve que c'est juste de la démonstration technique, mais qu'il n'y a pas une histoire, il n'y a pas de l'émotion, il n'y a rien qui échange en fait. On est juste spectateur, on en prend plein les yeux, mais on n'est pas touché je trouve. On revient à tes affinités avec la comédie musicale. Oui. Ouais. Avec une histoire à chaque fois.
- Speaker #1
Ouais ouais c'est ça et donc du coup en France on a toujours eu je crois cette particularité que les français on cherche, on a souvent un show qui a une histoire. Ou même dans la création j'ai rencontré, moi je fonctionne comme ça un peu comme ça aussi et j'ai rencontré beaucoup de chorégraphes où on cherchait un peu un thème ou quelque chose à raconter plutôt que juste plaquer des mouvements pour être le plus impressionnant possible. Et donc à l'époque il y avait déjà une fusion beaucoup avec le hip hop aussi. Surtout en cubaine il y avait pas mal de danseurs du hip hop et donc il y a eu des shows hip hop salsa et donc c'était pas déconnant en France d'avoir quelque chose qui ressemblait à contemporain salsa ou jazz salsa ou même j'ai déjà vu des choses un peu genre Lindy Hhop ou swing avec de la salsa. C'est un peu l'avantage de la salsa c'est que déjà salsa ça veut tout et rien dire et on met ce qu'on veut dedans en fait. Donc tant que je trouve que c'est bien fait en fait le vrai challenge c'était vraiment de réussir à quelque chose qui est une vraie fusion et pas juste coller bout à bout un bout de salsa avec un bout de hip-hop et comment tu fais ça ? Je ne sais pas si je l'ai réussi mais ça a été un des leitmotivs de ma carrière et j'ai eu la chance de tomber sur Léon qui était dans la même mouvance Léon Rose qui a été mon mentor pendant des années et qui je pense a pris ce virage sous l'influence de Doty qui était une... très très grande danseuse, qui est à la base une danseuse de contemporain, et qui l'a amené vers cette fusion qu'ils ont très bien fait tous les deux. Moi j'ai bossé aussi un peu avec Doty, après du coup Léon a gardé ce style. Et voilà, tout le challenge c'est de réussir, et c'était le but avec Doty, c'était de trouver comment d'un mouvement de salsa, le transformer en un passage au sol, ou en un mouvement contemporain, revenir à de la salsa sans que ça se voit en fait. Et c'est ça le challenge, on n'y a pas toujours réussi.
- Speaker #0
C'est la connexion entre les pas en fait,
- Speaker #1
ceux qu'on a connectés,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
C'est de, par exemple, si on va dire un cross inside turn, donc un déplacement qui tourne, au lieu de rester debout, on peut le faire tourner, le faire passer au sol et remonter, ou intégrer un petit porté dedans, ou à la fin un passage au sol, un tour un peu plus technique. Que ça devienne vraiment une fusion plutôt que coller bout à bout des morceaux où le public Le public va se dire, ah bah là il a fait ça, là il a fait ça, alors que le public devrait dire, ah j'ai pas vu comment il a amené ce mouvement là, ça m'a surpris. Il a réussi à m'emmener par là et à me faire revenir ici.
- Speaker #0
Donc jouer sur l'effet surprise aussi.
- Speaker #1
Ouais, que ça devienne... En fait c'est comme quand tu vois les JO, tu te rends pas compte que... Enfin n'importe quel sport de haut niveau, tu te rends pas compte que c'est difficile, parce que je trouve que ça se voit particulièrement dans le skateboard ou des trucs comme ça où ils font des figures incroyables. Et tu regardes, tu te dis, waouh c'est beau ce qu'il a fait. Mais si t'essayes de monter sur un skate, c'est... impossible.
- Speaker #0
C'est juste d'avancer, c'est impossible.
- Speaker #1
Si quand tu vois un spectacle, tu fais wow mais que tu te rends pas compte que la personne a fait un truc impressionnant ou difficile, c'est là que t'as réussi je trouve. Alors que quand tu vois, quand t'arrives à déceler, là il a un peu raté, ça avait l'air d'être dur ou c'était pas fluide, là t'as pas réussi ton coup de vraiment fusionner ou fluidifier. Faut pas qu'on se rende compte de la difficulté.
- Speaker #0
Pas se rendre compte de la difficulté et que la fusion soit totale, Qu'on puisse presque pas reconnaître, qu'on puisse pas dire ah là il a fait salsa, là il a fait contemporain, là il a fait un mouvement de hip hop. Ou alors qu'on le reconnaisse mais qu'il l'a bien amené, il a réussi à le mélanger. C'est des parties pris quoi. Et toi tes parties pris c'était vraiment la fluidité, le lien entre ces danses là.
- Speaker #1
Ouais ouais. Y'a une danse en particulier quand j'ai travaillé avec Doty qui s'appelle la danse contact où en fait c'est vraiment ça l'idée, c'est qu'on passe d'un état où tu es à deux ou même à plusieurs, il y a des jams dans ce contact où en fait soit tu pousses l'un vers l'autre et tu trouves un équilibre à deux, et le fait d'avoir un appui en plus te permet de faire des mouvements que tu ne pourrais pas faire seul, ou c'est l'inverse, soit on s'oppose et on utilise le contrepoids du partenaire, et pareil ça te permet d'aller faire des choses un peu... plus intéressantes. Et c'était ça l'idée dans la salsa. Et ça marche bien parce que comme la salsa, on est déjà en contact par les mains ou par les bras, on peut rapidement aller chercher sur sa position et utiliser le contrepoids pour faire un passage au sol ou aller s'appuyer pour faire autre chose. Il y a beaucoup de recherches. C'est vraiment des heures en studio à tester des trucs. Alors c'est vrai que je vais revenir à Léon parce qu'il a un esprit très créatif. Moi je disais tout à l'heure que je ne suis pas clairement... bloqué dans la création que lui il arrive toujours avec des nouvelles idées donc je pense chaque personne a des particularités et des points forts et des points faibles lui il est très créatif et en fait à chaque fois il arrivait il avait déjà une idée et en fait on passait du temps à le tester et à trouver comment faire ce qu'il avait dans sa tête ou peut-être tourner autour de ça et donc voilà il y a beaucoup de recherches d'exploration c'est pareil voilà faut pas avoir peur en fait d'essayer de chercher de dire ah bon ça ça marche ça ça marche pas et en fait souvent pour les shows Si ça marche tout de suite, c'est que c'est pas assez difficile. Faut que ce soit trop dur.
- Speaker #0
Tu veux dire dans l'entraînement ? Ouais. C'est ça ? Dans la préparation du show ?
- Speaker #1
Ouais. Ok. Tu peux démarrer par un mouvement qui marche assez vite et te dire bon ça va être notre base, mais il va falloir qu'on le complexifie parce que sinon c'est trop simple.
- Speaker #0
Ok. Est-ce que pendant ta formation sur tes deux ans, des autres danses, tu as performé aussi sur scène ?
- Speaker #1
Dans ces danses-là ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Il n'y avait pas un système...
- Speaker #1
De spectacle de fin d'année ? Non, non, il n'y avait pas.
- Speaker #0
Je crois qu'à cet âge-là et dans ce cadre-là,
- Speaker #1
peut-être pas. Ouais, non, non, il n'y avait pas ça. Non, j'ai fait pas mal d'auditions, des castings, mais ça n'allait pas très loin.
- Speaker #0
Je voulais savoir si justement entre une perf sur scène de contempo, de jazz, voilà, ou de salsa, si tu avais senti des différences.
- Speaker #1
Ah ! Pendant les deux années de formation, pas spécialement, mais par la suite, j'ai eu des opportunités de travailler dans ces univers-là. Et alors déjà, la grosse différence, c'est qu'un show de salsa, en général, c'est trois minutes. Ça peut être plus, ça peut être moins, mais c'est la norme à peu près. Alors qu'un spectacle de contemporain, ça peut être une heure, ça peut être... Enfin, c'est des tableaux qu'on enchaîne et voilà, déjà la première différence.
- Speaker #0
Est-ce que c'est du coup difficile à ce moment-là, en termes de mémorisation, d'enchaîner plein de chorés, de spectacles ? Ou est-ce que tu le sens pas pareil ?
- Speaker #1
Ouais, je le sens pas pareil.
- Speaker #0
Tu le sens pas pareil pourquoi ? Je préfère presque maintenant ce challenge-là d'avoir un spectacle d'une heure. Parce qu'il y a cette excitation, cette adrénaline d'avoir un spectacle plus long et de changer de costume, de changer de corée, de rentrer en coulisses, de dire Ah tiens, là, il faut que je remette un autre élément de costume et je repars ou Je sors de scène pour réapparaître d'un autre côté Ça, c'est vraiment génial. C'est une énergie qui est incroyable pendant une heure, d'être concentré et d'être dans un univers totalement différent. Ouais, je sais pas, il y avait pas que le stress d'oublier parce que normalement t'es censé avoir tes chorés en tête quand t'arrives au spectacle et puis chaque tableau est un peu différent avec un style différent. Mais c'est d'ailleurs ce qui m'avait plu quand je suis parti dans ce village de vacances, c'était le fait d'être sur scène pendant une heure et d'avoir les changements de costumes, d'avoir plein de chorés, d'interpréter des personnages et qui me manquent un peu dans la salsa.
- Speaker #1
Ça me fait penser, du coup, si on repart un peu sur le côté cours-pédagogie et un peu philosophie ou habitudes qu'on a, finalement, dans les écoles de salsa, et dans la tienne, c'est le cas, il y a plusieurs niveaux. Il y aurait de quoi faire presque un spectacle de fin d'année. Et en fait, on ne le fait pas. Ou en tout cas, pas du tout de la même manière que les écoles de Jazz. Au niveau amateur, en tout cas, pourquoi ? Pourquoi on ne le fait pas ?
- Speaker #0
Je n'ai pas une réponse exacte, mais je... Je pense que c'est pas dans les mœurs en France. Je pense que ça se fait dans d'autres pays. Je pense qu'en Italie, ça se fait beaucoup. Dans le cas de mon école, elle est trop jeune pour ça. Et je pense aussi que les élèves, ils ont peur de la scène. En fait, ce qui est difficile, je prends mon cas de l'année dernière, par exemple. J'ai proposé un petit spectacle de fin d'année. Et j'ai perdu quelques élèves en cours parce qu'ils ne voulaient pas faire.
- Speaker #1
Parce qu'il y avait cette échéance. Oui,
- Speaker #0
parce qu'ils n'avaient pas envie d'être sur scène, ils avaient peur d'être sur scène, d'être ridicules. Alors au contraire, il y en a que ça a surmotivé, qu'ils voulaient absolument être sur scène, montrer leur progrès. Mais voilà, du coup, il y a un petit risque de... Alors soit tu rajoutes un cours en plus différent, qui est spécifique pour le spectacle.
- Speaker #1
Ça ne fait pas partie de toute façon de nos habitudes et de notre philosophie.
- Speaker #0
Oui, après...
- Speaker #1
C'est ça, mais...
- Speaker #0
Je pense que c'est quelque chose que j'aimerais amener dans l'avenir si mon école grandit assez et que j'ai de quoi faire ça. Parce que malgré tout, c'est quand même... En fait, c'est rigolo parce qu'on a tout un système d'ateliers chorégraphiques où le but, c'est d'aller sur scène. Mais c'est indépendant des cours et ça reste des trucs de trois minutes. C'est vrai qu'on a très peu de choses qui...
- Speaker #1
Oui, qui arrivent sur des soirées en one shot.
- Speaker #0
Alors, j'ai eu le cas dans des écoles sur Paris où c'était... J'étais engagé par une école de contemporains qui intégrait un cours de salsa dans leur proposition de cours. Et du coup, dans leur spectacle de fin d'année, on avait une choré qui était intégrée avec le reste. Donc ça, c'était intéressant parce que du coup, on était quand même avec tous les autres élèves dans les coulisses. Et puis, tu attends ton tour, tu fais ta choré et puis tu es content d'avoir partagé ça avec les enfants, les adultes. Mais voilà, c'était une très grosse structure. Je pense qu'une école de salsa pure, elle n'a pas encore cette structure qui est assez grande pour le faire. Après, je viens de réaliser que Salsabor, par exemple, ils le font. Salsa'Lianza, ils l'ont aussi. Ils ont un gala de fin d'année, ils présentent plusieurs chorégraphies de chaque niveau, les profs font des chorés. Mais je pense que c'est parce que c'est des écoles qui sont assez anciennes et qui ont assez de cours et assez de profs pour proposer leur spectacle.
- Speaker #1
Oui, il y a une heure de spectacle. Puis il y a aussi que quand on fait de la salsa, on n'a pas forcément le même âge que quand on fait du jazz,
- Speaker #0
etc.
- Speaker #1
Il y a moins de côté aussi, démonstration, présentation à la famille. il y a peut-être ça aussi qui joue,
- Speaker #0
même si je pense qu'il y a beaucoup de familles qui se font contentes de nous voir danser c'est vrai que je pense que tu touches un point à l'attrait de la scène, il s'affaiblit peut-être avec l'âge, même moi je sens que j'ai moins envie d'aller sur scène que avant, et d'ailleurs l'année dernière j'ai fait un spectacle parce que c'est certaines élèves qui m'ont poussé à le faire mais qui ont la vingtaine et on a emmené tout le monde dans l'idée mais du coup les plus âgés étaient un peu moins partants.
- Speaker #1
Mais souvent, ça reste un bon souvenir.
- Speaker #0
Oui, je pense qu'ils sont contents de l'avoir fait. Et je pense que c'est plus l'appréhension, de ne pas savoir où tu vas, ce que tu vas faire, et le regard des autres. Mais une fois qu'ils ont vu la choré, qu'ils ont compris qu'ils n'allaient pas être tout seuls, et qu'on n'allait pas voir qu'eux, une personne, et que tu es fondu dans la masse, et surtout l'expérience dans l'équipe, ça s'est très bien passé entre les élèves. Je pense qu'ils étaient contents de l'avoir fait ensemble.
- Speaker #1
C'est des moments particuliers, avec du stress, etc. Et de l'entraide, de mettre en place du costume, de la coiffure. C'est des moments que je trouve très chouettes.
- Speaker #0
Oui, quand ça se passe bien, c'est très chouette. quand il y a de la bienveillance et de l'entraide, c'est très cool. Ce n'est pas toujours le cas.
- Speaker #1
Sur des niveaux amateurs, en tout cas, normalement, ça se passe bien. Pas toujours.
- Speaker #0
Je n'ai pas toujours eu le cas.
- Speaker #1
Parce qu'au niveau professionnel, il y a un enjeu. Et je peux comprendre que parfois, effectivement, ça ne se passe pas toujours bien.
- Speaker #0
Il y a quand même l'enjeu, quand tu es en couple, de dire j'ai quand même envie d'avoir un partenaire qui assure. Un ou une partenaire.
- Speaker #1
Ah oui tu parles de quand tu es en couple.
- Speaker #0
Oui. Quand tu dois danser la salsa tu dois faire une démonstration à deux. Donc... j'ai pas envie de tomber avec machin qui danse mal ou avec bidule. Et du coup toi en tant que chorégraphe, moi à chaque fois j'essaie de me débrouiller pour avoir des changements de partenaires pour qu'ils soient pas entre guillemets bloqués avec celui qu'ils veulent pas ou alors ça peu vite être complexe. Puis y'a toujours ceux qui aiment pas le costume, et puis y'en a un et... Bon c'est des choses que j'ai pas forcément envie de gérer mais je pense qu'il y a quand même plus d'avantages que d'inconvénients et je l'ai revu l'année dernière que ça a bien marché. Donc on va retenter. On va voir comment se passe l'année. C'est une piste que j'ai envie d'explorer en tout cas. C'est une piste à développer parce qu'effectivement, je pense que c'est en plus une bonne vitrine de l'école. Donc ça joue clairement sur la communication et l'image de l'école.
- Speaker #1
J'ai une dernière question pour toi. Quelle est la place de la salsa dans ta vie aujourd'hui, dans ton quotidien ?
- Speaker #0
Déjà, la salsa m'a permis de voyager et de voir des choses incroyables que je n'aurais jamais eues avec un métier normal. J'ai eu une chance incroyable de pouvoir voyager, voyager vraiment beaucoup. J'ai eu plein d'opportunités de travail, de rencontres et d'événements qui ont été vraiment géniales. Et c'est vrai que maintenant, c'est à part entière ma vie, parce que maintenant que j'essaie de développer l'école, mais bon, ça a toujours été le cas, mais encore plus maintenant, peut-être. Surtout que j'ai un peu délaissé le côté sport dernièrement, donc c'est vraiment, je suis à fond, je focus sur la salsa, et je cherche tout le temps à essayer de trouver des nouvelles idées, ou des nouvelles manières, des nouvelles pédagogies, des nouveaux exercices pour améliorer les cours. Donc ouais, la salsa, et encore ! J'ai eu un moment un peu un passage à vide dernièrement avec le Covid. Je pense qu'il y a eu une petite lassitude du nombre d'années. C'est juste que ça a changé en fait. Je suis moins... Les premières années, j'étais complètement addict aux soirées. Je faisais toutes les soirées, je dansais toute la soirée, etc. Maintenant, je le vois différemment et c'est vrai que... Maintenant, j'organise des soirées aussi. Je passe du côté plus organisateur que consommateur. Et ça me plaît bien dans mon parcours de vie, là où j'en suis. J'aime bien me mettre un peu en retrait sur le côté scénique et le côté social, et plus du côté organisateur.
- Speaker #1
Merci Romain.
- Speaker #0
Merci Manon.
- Speaker #2
Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. Moi, c'est Manon. Et la semaine prochaine, je t'emmène à la rencontre de Ella. De nouveau. nous discuterons ensemble de danse et plus particulièrement des liens qui existent entre la salsa et les danses latines ou sportives. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaique Salsa sur Instagram. A lundi prochain !