- Speaker #0
Rencontre Sauvage avec les artistes Florentine et Alexandre Lamarche-Ovise, un podcast du Musée de la Chasse et de la Nature. Florentine et Alexandre Lamarche-Ovise, que représentent pour vous ces termes de rencontre sauvage ?
- Speaker #1
Le sauvage c'est ce qui ne vit pas avec nous en fait. Le sauvage finalement c'est peut-être ce qui n'est pas domestiqué. Quand j'étais petite j'étais souvent dans le jardin de mon grand-père. Et j'avais l'impression de domestiquer les cloportes, mais je crois que je ne les ai domestiquées pas parce qu'ils vivaient là. Et du coup c'est peut-être vivre la question de la rencontre, c'est vivre avec l'autre. Je crois que nos dessins parlent de cette rencontre, de cette négociation qu'on pourrait avoir avec l'autre, qui n'a pas la parole, et ça, ça m'intéresse beaucoup. Et que finalement on est aussi des hôtes de plein de choses sauvages à l'intérieur de nous, les microbiotes, les micro-organismes, finalement qu'on pourrait être aussi que du paysage. et j'aime bien ce rapport. à ce qu'on pourrait être le paysage pour l'autre et finalement on est aussi sauvage à nous-mêmes parce qu'on ne connaît pas cet autre qui habite en nous. Et j'aime bien moi toutes ces questions du petit au gros ou du grand. Et finalement le sauvage c'est aussi ça, c'est ce qu'on ne connaît pas ou c'est ce qu'on a qualifié d'inconnu en fait. Donc en tout cas nos dessins ils posent ces questions-là.
- Speaker #0
Est-ce que vous pourriez nous préciser quels sont les animaux qui font partie de votre bestiaire ? Parce qu'il y a un certain nombre d'animaux que vous aimez dessiner et qui sont présents dans l'exposition.
- Speaker #2
Oui, ça c'est vrai, mais c'est vrai aussi que pour l'exposition, il y a beaucoup d'animaux sauvages qu'on n'avait pas vraiment dessinés au préalable dans notre travail. C'est vrai qu'on a beaucoup travaillé au préalable avec des animaux parfois plus domestiques. Et là, c'est vrai qu'on peut trouver dans l'exposition le renard. le sanglier, le loup, le cerf, la grenouille, la chouette, le crocodile plus exotique, le cygne, le hérisson. Et il y a pas mal d'animaux aussi. On s'est servi aussi de certains animaux qu'on rencontre justement dans ce bestiaire médiéval très connu qui est le bestiaire de l'amour de Richard de Fournival. qui nous a dans les grandes lignes quand même pas mal servi pour penser l'exposition.
- Speaker #0
Dans le choix des animaux ou plutôt dans une forme de philosophie ou de regard sur le monde sauvage ?
- Speaker #2
Alors un peu les deux parce que c'est vrai que dans les animaux, pour la plupart c'était des animaux qu'on avait déjà envie de convoquer pour le projet et après c'est plutôt en fait dans le sens philosophique. En effet c'est vrai que ce qui est intéressant dans ce bestiaire c'est qu'il transpose dans des scènes animales, le sentiment amoureux, ou en attendant plutôt la relation entre l'homme et la femme, et la relation vraiment à l'autre. C'est un peu le début de l'amour courtois. Donc ça, ça nous plaisait aussi, je ne sais pas si on peut dire que c'est une métaphore, mais ces éléments-là, pour nous fabriquer la narration dans l'exposition, et de se servir des animaux, pour aussi donner... La possibilité aux visiteurs de, non pas de les incarner, mais de plutôt aussi avoir un propre reflet du monde dans lequel on vit actuellement.
- Speaker #0
Les animaux que vous représentez, il y a une dimension aussi qui est importante, c'est qu'ils ont l'air extrêmement sympathiques. Alors est-ce que ce sont les yeux, le regard qu'ils ont sur nous, mais que ce soit un renard, un loup, une chauve-souris dont j'ai croisé le regard ? on a l'impression qu'ils sont presque là aussi pour entrer en interaction avec nous, pour jouer, est-ce que ce ne serait pas une forme de rencontre ?
- Speaker #1
Alors ça, oui, c'est vrai. Ça, c'est dû à Rufus de Tommy Angerer, qu'on adore, qui a un livre où il y a l'histoire d'une chauve-souris qui sympathise avec un scientifique qui attrapait des papillons. Et en fait, ça, je pense que oui, on essaye de chercher la question du contact avec l'autre. Et donc, les animaux qu'on représente, ils sont sympathiques, parce que finalement on a des gens C'est important de retisser les liens qu'on entretient. Je pense qu'un fermier, avec le meilleur ami de ton père, il connaissait ses vaches, il connaissait chaque prénom de ses vaches, et leur caractère, et c'était hyper beau ce qu'il entretenait, François, avec ses vaches. Et moi je trouve que c'est important aussi de se rappeler qu'on peut retisser ce lien, ou qu'il existe bien sûr, pour certaines personnes.
- Speaker #0
Alors si justement on essayait de caractériser cette rencontre que vous essayez de représenter à travers... Toutes vos œuvres, comment est-ce qu'on pourrait la caractériser ? Alors, nous on parle de rencontres sauvages, mais vous, vous développez les rencontres selon quels axes ?
- Speaker #1
Moi je pense à Jean de La Fontaine, qui utilisait les animaux comme personnification humaine, mais aussi on sait qu'à ce moment-là, on a encore un contact assez dans les campagnes, les gens vivent avec les animaux, on a encore des contacts nous aussi avec les acariens, ou avec le chien, le chat, ou l'air qu'on respire qu'elle-même. Je trouve ça assez beau. C'est pour ça que pour moi la question du seuil de la forêt, c'est vraiment cet endroit où finalement on pourrait basculer vers un endroit où on reviendrait vers des relations plus apaisées. C'est aussi essayer de retrouver de manière naïve et peut-être un peu ironique la question du sauvage finalement, de retrouver ce seuil auquel on appartenait en même temps. Finalement le cochon, c'est l'animal qui est le plus proche. de notre ADN, c'est aussi celui qui réchauffait la ferme quand on avait froid, c'est aussi un animal très intelligent avec qui on entretient les cochonneries, fais pas ton cochon, il y a aussi tout ce jeu qui témoigne d'une relation qu'on a eue à l'autre qui existe et qui est importante à retrouver selon moi.
- Speaker #0
Comment est-ce qu'on pourrait caractériser cette exposition ? d'habiter l'exposition, donc le monde que vous proposez à habiter, il ressemble à quoi ? Comment est-ce qu'on pourrait le décrire ?
- Speaker #2
On peut dire ambivalent. C'est à la fois quelque chose de très positif, c'est comme ça que nous on aime habiter notre pratique, ou proposer l'art, et en même temps pour nous c'était aussi la première fois où on pouvait essayer d'avoir cette situation d'entre deux, avec aussi, non pas une inquiétude, mais une légère anxiété, si c'est le bon mot. On essaye aussi... Avec des outils très simples qui peuvent aussi rappeler la littérature jeunesse, mais avec le noir et blanc ou la couleur, de pouvoir dans le même espace proposer ces deux sentiments, de proposer au spectateur de déambuler dans un espace qu'on a appelé immersif, de naviguer entre ces sentiments-là, et qui donne aussi parfois l'état dans lequel on peut être aujourd'hui.
- Speaker #1
Pour moi c'était vraiment l'idée dans la première salle de plonger dans le dessin, cette idée d'être immergée dans le dessin, sur différents plans, avec différentes textures aussi. Et après l'exposition se déroule dans l'espace d'exposition, donc elle peut devenir le dessin d'observation, parce que du coup il y a un dessin en noir et blanc à côté de l'ours, voilà, polaire, qui est en train de disparaître aujourd'hui, ou qui se transforme en ours brun pour pouvoir survivre. Voilà, il y a une salle, on va dire pédagogique, j'aime pas trop ce terme. mais qui s'adresse plus aux enfants et au service des publics.
- Speaker #0
Participatif.
- Speaker #1
Voilà. Et ça, ça me semble important aussi, que finalement, avec le rapport au dessin, on puisse aussi parler de sujets qui sont tendus en ce moment, mais que tout le monde partage d'une manière ou d'une autre. Mais vraiment, c'est un déroulé, cette exposition. On passe de la salle de la forêt à la salle des sorcières, avec la salle à la fin du rideau. Et c'est aussi... Une scène qui se termine, enfin voilà, c'est rideau, comme une pièce de théâtre finalement, où on a trouvé et on retrouvait les acteurs qui rebondissent, et finalement la dernière pièce c'est un rideau qui se ferme en fait, sur on ne sait pas quel prochain scénario possible.
- Speaker #2
Quand on pénètre dans la salle, il y a un grand rideau de scènes représentés et imprimés sur un vrai rideau qui... ouvre l'espace et sur le mur de droite, effectivement, sont proposées des images qui sont des sérigraphies de rideaux de scène sur lesquelles seront imprimées, sous forme de décalcomanie, des animaux qui sont les animaux de l'exposition et qui sont là comme si c'était la fin du spectacle, et qui quittent le rideau ou qui rentrent ou qui sortent, comme cette image-là, quand à la fin on remercie le public. C'est une œuvre qui sera un peu évolutive puisqu'elle va être aussi... proposée au public, qu'il soit adulte et jeune public, en fonction des ateliers qui sont menés par le musée. Elle va se construire dans le temps d'exposition puisque les gens vont pouvoir décalcomanier sur le mur les animaux. Et donc, entre guillemets, un petit peu par type et à l'œuvre, mais c'était aussi l'idée nous vraiment de faire plus qu'un clin d'œil, mais de renvoyer vraiment aussi à une des références fortes du travail qui est pour nous la littérature jeunesse, dans laquelle on trouve toutes les inventions graphiques et toutes les narrations les plus juste par rapport à ce qu'on aujourd'hui les choix qu'on fait ce qu'on pense c'est un Un système ou une technique qui rappelle aussi celle de l'enfance, qu'on voit un peu moins aujourd'hui, mais qui reste quelque chose de très agréable à faire. Et on voulait finir sur cette note-là, l'exposition.
- Speaker #1
Rejoindre aussi la question du monde sauvage, quand on cherche un animal dans la forêt, on le trouve grâce à sa trace. Du coup, c'était aussi laisser une trace des visiteurs, parce que les décalcomanies, c'est tout petit. Moi, je trouvais ça assez beau. Trouver une trace de gratté sur un mur d'exposition, on n'a jamais le droit de le faire. Je trouvais que c'était assez beau aussi. Nous, on a peint sur un mur, mais je trouvais que c'était chouette pour les visiteurs de pouvoir gratter le mur. Moi, j'ai toujours rêvé de faire ça, de toucher la peinture, de voir quelle texture elle avait.
- Speaker #0
C'était Rencontres Sauvages avec les artistes Florentine et Alexandre Lamarche-Auvis pour leur exposition La Licorne, l'Etoile et la Lune. Un podcast du Musée de la Chasse et de la Nature, réalisé par Céline Duchesnet et Laurent Polré.