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Nextstep coaching

Bonus : Fiche de poste d'un agent administratif

Bonus : Fiche de poste d'un agent administratif

27min |16/12/2025
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Bonus : Fiche de poste d'un agent administratif

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27min |16/12/2025
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Description

Cet épisode bonus me permet de vous partager un concept qui me tient à coeur depuis un moment : Mesurer les écarts entre la fiche de poste présentée à l'embauche et la réalité du métier.

Si l'idée sur le papier peut sembler intéressante, rares sont les salariés qui ont accepté de témoigner. Jusqu'à ce que "Lambda" (c'est le nom qu'il a choisit) accepte de nous parler des écarts dans son travail d'agent administratif. Et ce, sans langue de bois. C'est un témoignage trop rare et fort, en exclusivité pour nextstep coaching.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Guillaume Acré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce premier épisode intitulé « Fiches de poste de Next Step Coaching » . La thématique de ce podcast est très simple, mesurer les écarts entre la fiche de poste d'un métier et sa réalité vécue par le salarié. Autrement dit, c'est un recueil officieux d'une fiche de poste. officiel. En un sens, c'est un podcast dans lequel les personnes peuvent s'ouvrir sur leurs conditions de travail, leur salaire, le respect qu'on leur témoigne dans le cadre de leur job, aussi bien de la part de leur hiérarchie, de leurs collègues, que de la part du public ou de leurs clients. Bien entendu, lorsque j'ai eu l'idée de cette émission, je me suis rapidement heurté à un problème de taille, la confidentialité. Car si tout le monde est capable d'aborder les difficultés de son métier le soir à la maison ou en famille le week-end avec ses amis, témoigner au micro, c'est autre chose. Peu de personnes étaient partantes au départ pour expliquer réellement leur métier, en mettant de côté l'angélisme, la langue de bois et sans idéaliser non plus leur travail. Parce que mesurer les écarts, c'est aussi et surtout faire le point sur les raisons qui les ont poussées à embrasser cette carrière, et regarder si celles-ci sont toujours valables. Pour ce premier épisode donc, je reçois Lambda, c'est le prénom qu'il a choisi pour conserver l'anonymat, afin d'évoquer sa carrière d'agent des impôts et du recouvrement. Je le remercie énormément pour son témoignage et le temps qu'il m'a accordé pour parler sans filtre de son métier. Bonjour Lambda !

  • Speaker #1

    Et bonjour Guillaume !

  • Speaker #0

    J'espère que tu vas bien.

  • Speaker #1

    Ça va, je te remercie, je suis bien content d'être là.

  • Speaker #0

    Pour ma part, je suis ravi de t'accueillir également et de partager un petit peu de ton quotidien. Alors justement, quel est ton travail actuellement ?

  • Speaker #1

    Donc je suis agent administratif au sein des finances publiques.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que c'est la définition officielle ou alors est-ce que tu as une fiche de poste, une sorte de descriptif de ton métier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait il y a une... Comment dire ? Il y a une fiche de poste assez généraliste concernant les agents administratifs au sein des finances publiques, où on explique un peu les différentes missions qu'on risque de faire, de la gestion administrative, de la rédaction, mais c'est assez généraliste. En fait, il y a tellement de services au sein des finances publiques que c'est lorsqu'on intègre un de ces services qu'on a la description réelle des tâches qu'on va effectuer. Elles ne sont pas disponibles sur une fiche de poste, ce sont souvent les chefs de service qui nous font la description.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire, si je comprends bien, que tu n'as pas forcément un descriptif clair et précis de ton métier.

  • Speaker #1

    Pas forcément, non. D'ailleurs, pour te dire, le poste actuel qui se passe dans un centre de contact, tout ce qui est plateforme téléphonique, lorsque j'avais dû faire une demande de mutation. Parce que de base, je travaillais dans une autre région, et lors de ma demande de mutation, je voulais me rapprocher de chez moi, il y avait une liste de services, dont un qui s'appelait simplement « division des particuliers » .

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Ça ne donnait aucune autre information. Et comme j'étais spécialité dans la fiscalité des particuliers, donc impôts sur le revenu, les taxes d'habitation, etc., j'avais choisi ça. Mais à aucun moment, ils indiquaient que... il était question d'un service téléphonique, ce qui se passait sur une plateforme téléphonique, etc. Donc là, tu vois, il n'y a vraiment aucune information.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire que tu as été amené à bouger, à évoluer sur un poste, et tu ne savais pas quelles seraient tes missions au quotidien. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. En fait, il y avait... Alors, autant il y avait des services qui avaient un intitulé très clair, mais là, c'était juste indiqué « Service de direction, division des particuliers » . Donc je m'attendais un peu à tout et à rien, mais pas forcément à une plateforme téléphonique, j'avoue. J'ai appris par la suite que cet intitulé était assez vague pour éviter, comment dire, parce que la plateforme téléphonique, en fait, ça n'allait pas susciter beaucoup de demandes. Donc c'était un choix de la direction d'être assez vague pour que les gens fassent la demande de ce service sans savoir tout de suite que ça allait être une plateforme téléphonique.

  • Speaker #0

    Alors j'imagine que t'as été surpris parce que c'était pas du tout ce qu'on t'avait vendu ou ce que t'avais acheté plutôt, façon de parler.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Pour te dire, même la chef du précédent service où j'étais, quand je lui disais que je serais au service de direction, division des particuliers, elle m'avait dit « Ah oui, vous serez avec les différents directeurs, vous aiderez à la rédaction, etc. » Des courriers et tout, mais en fait, pas du tout. Même elle, en fait, elle avait beau être chef même de centre, tout un centre, elle n'était pas au courant vraiment du service. Donc, ça a été une surprise, en fait, quand j'ai vu que oui, c'était un centre de contact. C'était assez surprenant.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire donc que même tes supérieurs hiérarchiques ne savaient pas forcément quel métier tu allais effectuer en arrivant.

  • Speaker #1

    Alors quand j'arrive, on m'explique que ça va être un service où je vais devoir aider à distance, soit par mail, soit par téléphone, toutes questions concernant la fiscalité. À l'échelle nationale, vraiment, que ce soit même au niveau des dom-toms, on peut recevoir des appels et puis on a accès au dossier pour renseigner, etc. On parle de renseignements généralistes en général. Et on m'explique que c'est un super service, apparemment. Parce que, justement, c'est là où on peut apprendre des choses assez pointues. Donc, c'est une expérience qui est non négligeable pour évoluer, etc. Mais bon, déjà, à ce moment-là, j'ai un petit doute parce qu'on me dit que le service est génial. Mais il y a un turnover chaque année important. L'année où je suis arrivé dans ce service, il y a une vingtaine d'agents qui venaient de partir.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Et j'entendais que d'autres voulaient partir l'année suivante. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que ça ne sent pas très bon. Mais alors, 20 personnes parties sur un effectif total de combien de personnes ?

  • Speaker #1

    40.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, on parle de la moitié des effectifs.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Sachant que les années suivantes, pour te dire, on avait toujours au moins une dizaine de départs.

  • Speaker #0

    Et alors, par rapport à ça, la hiérarchie, les gens disaient quelque chose, parce que ça fait quand même un sacré gap entre ce qui est promis. Et la réalité, alors c'est un peu le but de ce podcast, mais quand même, là, pardon, ça fait un sacré écart entre les deux.

  • Speaker #1

    Alors la réalité, elle a été toute autre. Aussi, il faut se replacer dans le contexte, c'était pendant encore la période Covid. Alors c'était après le confinement, tout ça.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais on a commencé à nous affecter des missions spéciales qui n'avaient rien à voir avec la fiscalité, au final. Par exemple, l'État délivrait certaines aides pour des entreprises qui ne pouvaient pas ouvrir pendant les périodes de confinement ou de couvre-feu.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et nous, on nous a dit qu'on allait accompagner ces chefs d'entreprise. Donc, bon, là, on oublie la fiscalité et tout ça. On nous explique qu'il y a un site exprès qui a été mis en place par le gouvernement et que, tout simplement, les gens qui vont nous appeler, on va leur répéter ce qui est écrit sur ce site. Donc, déjà là, il y a une différence. Et en plus, on se dit que c'est... quoi l'utilité si on nous appelle juste pour lire ce qu'il y a sur un site accessible à tout le monde. Cette mission s'est transformée en suivi de dossier, tout simplement. Au lieu de répondre à des questions de fiscalité, la question qu'on nous a posée pendant ça a duré un an, c'était où en est mon dossier ? On n'a jamais lu ce qu'il y avait sur le site internet en question, on devait juste se connecter et dire à la personne si on voyait que son dossier était traité ou non. Mais en fait, cette question-là, on y répondait 60 à 70 fois par jour. C'est incroyable quand même. Oui. Et lors de la fin de cette mission, là où on s'est dit, tiens, on va répondre à de la fiscalité. En réalité, non. Le service où j'étais, les principales questions auxquelles je répondais pour te dire, c'était des renouvellements de mots de passe sur la plateforme impôts.gouv. Des gens nous appelaient parce qu'ils avaient oublié leur mot de passe. ils n'avaient pas renouvelé l'adresse mail, etc. Donc, ils nous appelaient pour changer leur mot de passe. Donc, c'était, sans exagérer, ça représentait au moins un tiers des questions que je recevais, si ce n'est plus. Ou sinon, c'était des gens qui nous appelaient parce qu'ils n'arrivaient pas à appeler leur service local. Les centres de finances publiques près de chez eux étaient injoignables ou fermés. Donc, souvent, en fait, ils nous appelaient pour savoir qui devait appeler. Donc, on était plus une... plateforme qui orientait un peu les gens. On ne répondait pas à des questions de fiscalité. C'était assez particulier.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, ça fait un sacré décalage entre ce qu'on t'avait vendu et la réalité et le titre de ton poste, l'intitulé, c'était quoi déjà ?

  • Speaker #1

    Agent administratif des finances publiques.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça fait un certain décalage. Et toi alors, officieusement, comment est-ce que tu définirais ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors, le poste, je le qualifierais d'un peu bullshit job.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Je le qualifierais comme ça parce que c'était vraiment... Ce sont des phrases qu'on répète un peu comme un perroquet. Parce que même à un moment, j'aurais pu m'enregistrer une dizaine de réponses et selon l'appel, j'aurais pu appuyer sur un bouton et puis j'aurais lancé le magnéto sans souci. Au lieu d'être agent administratif, j'aurais aussi donné l'intitulé d'agent service après-vente parce qu'en fait, les gens ne pouvant pas contacter leur service local, appelaient la plateforme nationale par téléphone pour enfin avoir quelqu'un. avec qui ils parlaient de vive voix. Et du coup, ça leur servait pour faire leurs réclamations. On était un peu utilisés comme des fusibles, finalement, parce qu'ils avaient besoin de décharger leur colère sur quelqu'un. Donc la première personne qu'ils avaient enfin au téléphone, ça tombait sur elle.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, par rapport à l'intitulé de poste agent administratif, et la réalité, quel a été ton ressenti par rapport à cette situation ?

  • Speaker #1

    Alors en toute franchise, c'est la pire expérience professionnelle. Parce qu'il y a eu une absence de sens total à cette tâche. On se sent vraiment assez peu utile. Et par rapport à l'utilité qu'on est censé avoir, en tout cas ce qu'on m'avait expliqué, c'est assez illusoire. Et on dépend beaucoup finalement de la personne qui va être chef du service. qui, elle, va affecter la plateforme téléphonique aux différentes missions selon les besoins du gouvernement. Je ne sais pas si tu te souviens, à un moment, suite à l'augmentation du prix du carburant, il y avait eu un chèque que l'État avait donné, enfin, délivré 100 euros pour les personnes égyptes. Voilà. Pour te dire, notre service, un jour, on a reçu un message comme quoi on nous a porté volontaire pour cette mission. Donc là, pareil, pas de fiscalité. Donc... sensation d'être un peu un bouche-trou où on nous met selon les besoins du contexte, les besoins du gouvernement, on doit souvent s'adapter. Alors ça peut être sympa sur le papier, parce qu'on dit ça évite une routine et tout, mais en fait on se rend compte qu'on est très limité en compétences, juste à part dire oui, votre dossier est bien enregistré, oui, c'est en cours. Ou là il y a une erreur éventuellement, mais sinon c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est assez difficile, j'imagine, à vivre au quotidien. Et alors, cette situation, est-ce que tu as déjà eu l'occasion d'en parler avec tes collègues pour savoir si tu étais le seul à penser ça ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça a plus été le côté tous dans le même bateau, justement. Parce que j'ai quand même des collègues dans ce service qui sont là depuis bien plus longtemps et qui n'ont pas bougé pour autant parce que ça leur plaît. Mais ces collègues qui aiment ce métier... se sont quand même rendus compte ces dernières années qu'il y a eu une dégradation du poste. Le côté d'être affecté à de nouvelles missions qui n'ont rien à voir avec la fiscalité, ça, ils n'avaient pas connu ça jusqu'à présent. Et c'est vrai que même chez eux, il y a pas mal de frustration. Et du coup, on commence à voir certains de ces piliers du service demander à partir, ou certains sont résignés. Ils se disent, de toute façon, il me reste 10 ans à faire. Je ne sais pas forcément quel autre service faire, donc autant continuer.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, 10 ans à faire ce métier-là, dans ces conditions-là, ça doit être assez compliqué à vivre.

  • Speaker #1

    Oui, pour te dire, ça a été ressenti par les chefs de service, la direction. Il y a même eu des stages un peu qui ont été faits pour qu'on aille mieux, pour améliorer un peu la relation, mieux appréhender les appels conflictuels, etc. Donc, c'est vraiment un ressenti partagé.

  • Speaker #0

    Donc un ressenti global, si j'ai bien compris, si je résume, basé sur la frustration. Et alors, pour toi, entre les tâches que tu es censé effectuer et la réalité des tâches qui te sont assignées, comment est-ce que tu qualifierais l'écart entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, autant, quand je regarde la fiche de poste d'agent administratif des impôts, il y a du vrai, je veux dire, au niveau de la gestion, etc. Je ne peux pas dire, c'est clairement les tâches qu'on va faire. Après, il y a quand même un écart non négligeable entre, par exemple, quand je suis arrivé dans cette plateforme téléphonique et que j'ai pu comparer la théorie et la réalité du terrain, j'ai pu voir qu'il y avait quand même une grosse différence. Après, en matière plus générale, en fait, si tu veux, dans la fonction publique, il y a trois grades, A, B, C. Agent administratif, c'est le grade C. Et dans la fiche de poste, on t'indique que tu vas être dirigé par un agent B ou un agent A. Et en fait, ce dont on se rend compte... c'est qu'on fait le même travail, mais exactement le même que les B. C et B font le même travail. La seule chose qui change, c'est la paye, les perspectives d'évolution. Et dans le service en question, la plateforme téléphonique, je me retrouve même formateur et je forme des agents A. Ah oui, quand même. Donc, c'est l'agent C qui forme des A. C'est un moment même, si tu veux, j'ai été... En fait, tu peux être soutien. Si un collègue au téléphone, il bute sur une question d'un usager, il peut faire appel à un soutien et il bascule sur ton téléphone. Plus d'une fois, j'ai été amené à être soutien pour un B ou même un A. C'est là où on voit qu'il y a quand même une différence entre ce qui est annoncé et la réalité. Mais j'avais pu observer ça, pour t'expliquer très rapidement, quand je venais d'arriver dans les finances publiques. à l'accueil, c'était mon tout premier service. C'était un service civique qui faisait l'accueil des usagers. Tu sais, dans un hall de centre des impôts.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et j'avais parlé avec cette personne. Elle m'avait expliqué que dans son contrat, normalement, elle était amenée à juste accueillir les gens, mais à l'entrée du service, du hall d'accueil, leur demander quelles questions ils avaient. Donc, admettons, c'était pour payer, admettons, c'était pour leur déclaration de revenus. Et elle, sa mission à ce service civique, c'était juste de dire, dans ce cas-là, appuyez sur tel bouton pour générer le ticket du guichet qui va être concerné. Elle, c'était juste ça, sa mission. Et en fait, elle s'est retrouvée à faire agent d'accueil. Elle faisait le même travail que moi, par exemple, lorsque je devais faire de l'accueil, sauf qu'elle avait le salaire d'un service civique. Donc, pour te dire, il y avait aussi une énorme différence entre sa fiche de poste et la réalité.

  • Speaker #0

    Déjà, je te remercie par rapport à... l'information. Alors, je savais qu'il y avait des grades, mais je ne savais pas que ça marchait dans le sens inverse. Donc, ça, c'est déjà très bien. Mais ce que tu m'expliques est tout simplement hallucinant. Alors, je dis toujours, comme dicton, que normalement, c'est le parent qui apprend à l'enfant. Enfin, en tout cas, c'est dans l'ordre des choses. Je sais qu'on vit une période avec plein de modifications, plein de rembondissements, que beaucoup de choses sont remises en question, mais normalement, ça fonctionne comme ça. Donc là... tu es en train de m'expliquer que c'est le collaborateur qui forme le supérieur hiérarchique et selon toi d'où vient cet écart parce que c'est irréel complètement selon moi je ne veux pas remettre en doute les compétences des

  • Speaker #1

    A et des B je dirais que ce qui peut jouer c'est le manque de formateurs des gens peut-être du grade B ou A ne cherchent pas forcément à être formateur mais il y en a, attention les formateurs il n'y avait pas que des agencés après ce qui peut manquer c'est la formation initiale si tu veux avant d'entrer pour la première fois dans ton poste quand tu viens d'avoir le concours de A, B ou C peut-être c'est au niveau de cette formation initiale qui dure entre 6 semaines pour un agent C et 8 ou 9 mois je crois pour un agent A c'est peut-être là où il y a des lacunes mais c'est vrai que ça porte un peu à confusion de se dire tiens c'est un agent C qui qui forment des B et des A devant lui. Après, attention, un agent C ne pourra pas peut-être assurer toutes les formations. Il y a des formations qui ne pourront être assurées que par un agent A. Mais en tout cas, en ce qui me concerne, je peux témoigner que quasiment à toutes mes formations, j'avais au moins un A et toujours des B. Et malheureusement, on pourrait penser que du coup, en tant qu'agent C, ça te permettrait d'évoluer.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, dans la fiche de poste, on te le dit assez vite, tu peux évoluer assez facilement dans la fonction publique grâce au concours. Ça, c'est vrai. Rien ne m'empêche de passer un concours B ou A. Le problème derrière, c'est que ça veut dire que je serai muté n'importe où dans le pays. Donc, il faut l'accepter d'être muté à plusieurs centaines de kilomètres à nouveau chez soi.

  • Speaker #0

    Effectivement.

  • Speaker #1

    Mais on te dit, tu n'es pas obligé de passer le concours. Il y a aussi la promotion interne de C. Si tu fais du bon travail, tu vas pouvoir passer B. Sauf que ça... Pareil, entre la théorie et la réalité, c'est différent puisqu'en arrivant sur le terrain, on te fait comprendre que si tu veux passer sur la liste interne, promotion interne, on va dire, liste d'aptitude, pardon, c'est ça le bon mot, en fait, il faut attendre un certain âge. Par exemple, toi, tu as 32 ans. On va te comparer avec un autre collègue qui en a 45. Vous avez les mêmes compétences, voire même toi, tu es un peu meilleur quand même que cet autre collègue. Pour la promotion de liste d'aptitude, on va privilégier ton collègue de 45 ans parce que toi, on va estimer que tu es assez jeune encore pour passer des concours.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Donc voilà, la liste d'aptitudes, cette promotion interne, en réalité, elle est accessible que lorsque tu as la quarantaine, 45 ans passés. voire même des fois c'est utilisé pour les agents qui posent problème, au moins on leur donne une promotion et ils sont obligés de quitter le service où ils posent problème actuellement.

  • Speaker #0

    Alors pour résumer, on peut être une personne de 30 ans, être plus compétent qu'une personne de 40, mais on n'aura pas de promotion parce qu'on est plus jeune que celle de 40 ans. C'est bien ça ? Si je comprends bien la logique. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Si elle veut évoluer sans repasser un concours. Parce que, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, donc en promotion interne.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Si on se base que sur la promotion interne, quelqu'un qui a 25 ans, qui est agent C, qui est très compétent, etc., il ne pourra pas passer sur la liste d'aptitude avant 10-15 ans.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sauf vraiment... Non, vraiment, alors... À part vraiment s'il y a un chef de service qui peut l'aider à ça ou s'il connaît les bonnes personnes, mais j'ai très rarement vu ça, toute franchise.

  • Speaker #0

    Bon alors c'est presque une légende urbaine, à moins que tu aies entendu ça peut-être une fois.

  • Speaker #1

    Non, j'ai dû entendre ça une fois ou deux.

  • Speaker #0

    Ok, alors avec tout ce que tu viens de nous expliquer sur ton métier, est-ce que tu dirais que finalement celui-ci correspond aux attentes que tu en avais ?

  • Speaker #1

    Alors, concernant la plateforme téléphonique, bon, je savais à quoi m'attendre. On ne m'a pas trompé, c'est bien du téléphone, beaucoup de mails. Ça, c'est vrai que ça correspond. Sur la nature, après, du métier à lui-même, le sens, là, par contre, c'est vrai que ça a été à la dégringolade.

  • Speaker #0

    Alors, tu parles de perte de sens, mais je pense que la perception, finalement, qu'on a de soi, au niveau du travail, doit être assez compliquée, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Et vraiment, c'est en étant dans ce contexte-là qu'une fois, un collègue a dit « franchement, on fait un bullshit job » . Et je ne connaissais pas cette expression. Et en me renseignant, on se sent vraiment pas utile, c'est dépourvu de sens, etc. C'est là où j'ai dit « ah bah oui, en fait, il a raison, c'est la définition du métier » .

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai déjà entendu parler de ça. C'est une de mes connaissances. Je crois que c'est tiré d'un livre. c'est ça vient de David Greber, je crois, que c'est Bullshit Job. Je ne l'ai pas encore lu. Mais il faudra que je lise, parce que j'ai déjà entendu parler de cette expression Bullshit Job. Maintenant, j'imagine que ce n'est pas le cas dans tous les métiers de la fonction publique, quand même. Enfin, j'ose espérer.

  • Speaker #1

    Disons que la fonction publique, elle offre quand même quelque chose de précieux. si on accepte le jeu des concours, de la mutation, etc., c'est vrai que ça permet de varier énormément les métiers et aussi d'avoir des promotions intéressantes. Un agent C a la possibilité de passer directement à agent A s'il a réussi le concours. Ce n'est pas dans tous les métiers que tu peux faire ça. Dans le privé, etc., des promotions comme ça, ce n'est pas forcément possible. Tu peux passer le concours à tous les âges. Je veux dire... Quelqu'un qui a la cinquantaine passée peut tout à fait être reçu sur concours. Il a autant de chances qu'un candidat qui a la vingtaine, alors que dans le privé, peut-être que ce serait plus compliqué 50 ans passés d'être attractif sur le marché de l'emploi. Donc à ce niveau-là, c'est ça aussi qui me motivait à me lancer au niveau de la fonction publique parce que c'est une force. Je ne pourrais jamais dire le contraire. En interne, la preuve, j'ai pu être formateur assez rapidement. J'ai pu continuer là. être soutien, etc. J'arrive quand même à varier les missions. Mais malheureusement, la quête de sens, la réalité aussi concernant les promotions, parce que le concours, c'est bien beau, mais comme je te disais, rechanger de région, etc., ce n'est pas forcément quelque chose que tu peux faire tout le temps, dès que tu commences à vouloir fonder une famille ou faire ton trou quelque part. Donc c'est vrai que... Il y a cette désillusion qui s'est faite entre le moment où je me suis lancé dans la fonction publique avec ces perspectives-là, et maintenant la réalité du terrain mêlée à la réalité de la vie, etc.

  • Speaker #0

    Et alors si tu devais donner la métaphore, ou une métaphore, qui colle le plus à ta situation ?

  • Speaker #1

    Alors, cette métaphore, elle ne vient pas de moi, ça vient d'un atelier qu'on avait suivi, justement, il y a quelques temps, parce que dans le service, les agents n'allaient pas bien, donc il y avait eu cette... Cette session avec un formateur pour nous aider à extérioriser un peu ce qui n'allait pas. Et à un moment, il y avait eu un atelier où il y avait plusieurs images. On devait choisir celle qui nous parlait le plus. Et c'est ce que je vais utiliser pour la métaphore. Cette image, en fait, c'était un mouton avec des habits de soldat. Un casque, une veste, un fusil qui tient un peu de travers, puis tu vois que le mouton fait maladroitement un garde-à-vous. Et c'est l'image qui m'a le plus parlé, parce que j'avais vraiment le sentiment d'être ce mouton, c'est-à-dire le mouton pas forcément préparé pour là où on l'envoie. Un peu ridicule avec son uniforme, son fusil qui tient de travers, parce qu'on ne l'arme pas suffisamment. Et puis le côté garde-à-vous et le côté mouton, ça renvoie le mouton, le troupeau qui suit le mouvement sans rien dire. Et c'était vraiment cette image qui m'avait interpellé, parce que j'avais l'impression aussi d'être ce mouton qu'on envoie selon le gré des envies du chef de service, qui des fois c'est... pour servir sa propre carrière, qui va utiliser le service pour faire telle ou telle mission. C'est nous qui sommes envoyés un peu au casse-pipe. Et bon, il n'y a rien qui nous retombe dessus en retour, en positif, du vrai. Donc voilà, le mouton soldat, je trouve que c'était la bonne métaphore.

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, c'est une métaphore brillante et je trouve assez puissante.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça, je ne connaissais pas, mais je la trouve plutôt... pertinentes par rapport à tout ce que tu nous as expliqué. En tout cas, je te remercie pour les infos sur les grades, puisque je ne connaissais pas, donc c'est bien, j'ai appris quelque chose aujourd'hui. Et puis je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

  • Speaker #1

    Ouais déjà, ce sera bien.

  • Speaker #0

    Et puis chapeau à toi, parce que t'as su te remettre en question, tu as su te remettre en cause, et puis tenter d'autres choses, donc ça c'est très bien, parce que ça démontre une réelle envie d'avancer, et puis de changer un peu. l'univers dans lequel tu étais, et d'aspirer à autre chose. Donc vraiment, je suis content pour toi.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, c'est clair. Il ne faut pas se résigner et se dire, ça va être ça pendant les prochaines décennies. Il faut agir pour changer ça, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à toi pour ton témoignage et le temps que tu m'as accordé.

  • Speaker #1

    Merci Guillaume, pareillement.

  • Speaker #0

    Et puis je te souhaite vraiment énormément de bonnes choses pour la suite et une concrétisation de tes projets. A très vite.

  • Speaker #1

    Merci, à toi également.

  • Speaker #0

    Voilà, vous venez d'écouter le premier épisode de Fiches de Poste, le podcast qui mesure les écarts entre le poste qu'on vous a promis et sa réalité. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode dans l'émission Next Step Coaching. A bientôt !

Description

Cet épisode bonus me permet de vous partager un concept qui me tient à coeur depuis un moment : Mesurer les écarts entre la fiche de poste présentée à l'embauche et la réalité du métier.

Si l'idée sur le papier peut sembler intéressante, rares sont les salariés qui ont accepté de témoigner. Jusqu'à ce que "Lambda" (c'est le nom qu'il a choisit) accepte de nous parler des écarts dans son travail d'agent administratif. Et ce, sans langue de bois. C'est un témoignage trop rare et fort, en exclusivité pour nextstep coaching.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Guillaume Acré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce premier épisode intitulé « Fiches de poste de Next Step Coaching » . La thématique de ce podcast est très simple, mesurer les écarts entre la fiche de poste d'un métier et sa réalité vécue par le salarié. Autrement dit, c'est un recueil officieux d'une fiche de poste. officiel. En un sens, c'est un podcast dans lequel les personnes peuvent s'ouvrir sur leurs conditions de travail, leur salaire, le respect qu'on leur témoigne dans le cadre de leur job, aussi bien de la part de leur hiérarchie, de leurs collègues, que de la part du public ou de leurs clients. Bien entendu, lorsque j'ai eu l'idée de cette émission, je me suis rapidement heurté à un problème de taille, la confidentialité. Car si tout le monde est capable d'aborder les difficultés de son métier le soir à la maison ou en famille le week-end avec ses amis, témoigner au micro, c'est autre chose. Peu de personnes étaient partantes au départ pour expliquer réellement leur métier, en mettant de côté l'angélisme, la langue de bois et sans idéaliser non plus leur travail. Parce que mesurer les écarts, c'est aussi et surtout faire le point sur les raisons qui les ont poussées à embrasser cette carrière, et regarder si celles-ci sont toujours valables. Pour ce premier épisode donc, je reçois Lambda, c'est le prénom qu'il a choisi pour conserver l'anonymat, afin d'évoquer sa carrière d'agent des impôts et du recouvrement. Je le remercie énormément pour son témoignage et le temps qu'il m'a accordé pour parler sans filtre de son métier. Bonjour Lambda !

  • Speaker #1

    Et bonjour Guillaume !

  • Speaker #0

    J'espère que tu vas bien.

  • Speaker #1

    Ça va, je te remercie, je suis bien content d'être là.

  • Speaker #0

    Pour ma part, je suis ravi de t'accueillir également et de partager un petit peu de ton quotidien. Alors justement, quel est ton travail actuellement ?

  • Speaker #1

    Donc je suis agent administratif au sein des finances publiques.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que c'est la définition officielle ou alors est-ce que tu as une fiche de poste, une sorte de descriptif de ton métier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait il y a une... Comment dire ? Il y a une fiche de poste assez généraliste concernant les agents administratifs au sein des finances publiques, où on explique un peu les différentes missions qu'on risque de faire, de la gestion administrative, de la rédaction, mais c'est assez généraliste. En fait, il y a tellement de services au sein des finances publiques que c'est lorsqu'on intègre un de ces services qu'on a la description réelle des tâches qu'on va effectuer. Elles ne sont pas disponibles sur une fiche de poste, ce sont souvent les chefs de service qui nous font la description.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire, si je comprends bien, que tu n'as pas forcément un descriptif clair et précis de ton métier.

  • Speaker #1

    Pas forcément, non. D'ailleurs, pour te dire, le poste actuel qui se passe dans un centre de contact, tout ce qui est plateforme téléphonique, lorsque j'avais dû faire une demande de mutation. Parce que de base, je travaillais dans une autre région, et lors de ma demande de mutation, je voulais me rapprocher de chez moi, il y avait une liste de services, dont un qui s'appelait simplement « division des particuliers » .

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Ça ne donnait aucune autre information. Et comme j'étais spécialité dans la fiscalité des particuliers, donc impôts sur le revenu, les taxes d'habitation, etc., j'avais choisi ça. Mais à aucun moment, ils indiquaient que... il était question d'un service téléphonique, ce qui se passait sur une plateforme téléphonique, etc. Donc là, tu vois, il n'y a vraiment aucune information.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire que tu as été amené à bouger, à évoluer sur un poste, et tu ne savais pas quelles seraient tes missions au quotidien. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. En fait, il y avait... Alors, autant il y avait des services qui avaient un intitulé très clair, mais là, c'était juste indiqué « Service de direction, division des particuliers » . Donc je m'attendais un peu à tout et à rien, mais pas forcément à une plateforme téléphonique, j'avoue. J'ai appris par la suite que cet intitulé était assez vague pour éviter, comment dire, parce que la plateforme téléphonique, en fait, ça n'allait pas susciter beaucoup de demandes. Donc c'était un choix de la direction d'être assez vague pour que les gens fassent la demande de ce service sans savoir tout de suite que ça allait être une plateforme téléphonique.

  • Speaker #0

    Alors j'imagine que t'as été surpris parce que c'était pas du tout ce qu'on t'avait vendu ou ce que t'avais acheté plutôt, façon de parler.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Pour te dire, même la chef du précédent service où j'étais, quand je lui disais que je serais au service de direction, division des particuliers, elle m'avait dit « Ah oui, vous serez avec les différents directeurs, vous aiderez à la rédaction, etc. » Des courriers et tout, mais en fait, pas du tout. Même elle, en fait, elle avait beau être chef même de centre, tout un centre, elle n'était pas au courant vraiment du service. Donc, ça a été une surprise, en fait, quand j'ai vu que oui, c'était un centre de contact. C'était assez surprenant.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire donc que même tes supérieurs hiérarchiques ne savaient pas forcément quel métier tu allais effectuer en arrivant.

  • Speaker #1

    Alors quand j'arrive, on m'explique que ça va être un service où je vais devoir aider à distance, soit par mail, soit par téléphone, toutes questions concernant la fiscalité. À l'échelle nationale, vraiment, que ce soit même au niveau des dom-toms, on peut recevoir des appels et puis on a accès au dossier pour renseigner, etc. On parle de renseignements généralistes en général. Et on m'explique que c'est un super service, apparemment. Parce que, justement, c'est là où on peut apprendre des choses assez pointues. Donc, c'est une expérience qui est non négligeable pour évoluer, etc. Mais bon, déjà, à ce moment-là, j'ai un petit doute parce qu'on me dit que le service est génial. Mais il y a un turnover chaque année important. L'année où je suis arrivé dans ce service, il y a une vingtaine d'agents qui venaient de partir.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Et j'entendais que d'autres voulaient partir l'année suivante. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que ça ne sent pas très bon. Mais alors, 20 personnes parties sur un effectif total de combien de personnes ?

  • Speaker #1

    40.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, on parle de la moitié des effectifs.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Sachant que les années suivantes, pour te dire, on avait toujours au moins une dizaine de départs.

  • Speaker #0

    Et alors, par rapport à ça, la hiérarchie, les gens disaient quelque chose, parce que ça fait quand même un sacré gap entre ce qui est promis. Et la réalité, alors c'est un peu le but de ce podcast, mais quand même, là, pardon, ça fait un sacré écart entre les deux.

  • Speaker #1

    Alors la réalité, elle a été toute autre. Aussi, il faut se replacer dans le contexte, c'était pendant encore la période Covid. Alors c'était après le confinement, tout ça.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais on a commencé à nous affecter des missions spéciales qui n'avaient rien à voir avec la fiscalité, au final. Par exemple, l'État délivrait certaines aides pour des entreprises qui ne pouvaient pas ouvrir pendant les périodes de confinement ou de couvre-feu.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et nous, on nous a dit qu'on allait accompagner ces chefs d'entreprise. Donc, bon, là, on oublie la fiscalité et tout ça. On nous explique qu'il y a un site exprès qui a été mis en place par le gouvernement et que, tout simplement, les gens qui vont nous appeler, on va leur répéter ce qui est écrit sur ce site. Donc, déjà là, il y a une différence. Et en plus, on se dit que c'est... quoi l'utilité si on nous appelle juste pour lire ce qu'il y a sur un site accessible à tout le monde. Cette mission s'est transformée en suivi de dossier, tout simplement. Au lieu de répondre à des questions de fiscalité, la question qu'on nous a posée pendant ça a duré un an, c'était où en est mon dossier ? On n'a jamais lu ce qu'il y avait sur le site internet en question, on devait juste se connecter et dire à la personne si on voyait que son dossier était traité ou non. Mais en fait, cette question-là, on y répondait 60 à 70 fois par jour. C'est incroyable quand même. Oui. Et lors de la fin de cette mission, là où on s'est dit, tiens, on va répondre à de la fiscalité. En réalité, non. Le service où j'étais, les principales questions auxquelles je répondais pour te dire, c'était des renouvellements de mots de passe sur la plateforme impôts.gouv. Des gens nous appelaient parce qu'ils avaient oublié leur mot de passe. ils n'avaient pas renouvelé l'adresse mail, etc. Donc, ils nous appelaient pour changer leur mot de passe. Donc, c'était, sans exagérer, ça représentait au moins un tiers des questions que je recevais, si ce n'est plus. Ou sinon, c'était des gens qui nous appelaient parce qu'ils n'arrivaient pas à appeler leur service local. Les centres de finances publiques près de chez eux étaient injoignables ou fermés. Donc, souvent, en fait, ils nous appelaient pour savoir qui devait appeler. Donc, on était plus une... plateforme qui orientait un peu les gens. On ne répondait pas à des questions de fiscalité. C'était assez particulier.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, ça fait un sacré décalage entre ce qu'on t'avait vendu et la réalité et le titre de ton poste, l'intitulé, c'était quoi déjà ?

  • Speaker #1

    Agent administratif des finances publiques.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça fait un certain décalage. Et toi alors, officieusement, comment est-ce que tu définirais ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors, le poste, je le qualifierais d'un peu bullshit job.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Je le qualifierais comme ça parce que c'était vraiment... Ce sont des phrases qu'on répète un peu comme un perroquet. Parce que même à un moment, j'aurais pu m'enregistrer une dizaine de réponses et selon l'appel, j'aurais pu appuyer sur un bouton et puis j'aurais lancé le magnéto sans souci. Au lieu d'être agent administratif, j'aurais aussi donné l'intitulé d'agent service après-vente parce qu'en fait, les gens ne pouvant pas contacter leur service local, appelaient la plateforme nationale par téléphone pour enfin avoir quelqu'un. avec qui ils parlaient de vive voix. Et du coup, ça leur servait pour faire leurs réclamations. On était un peu utilisés comme des fusibles, finalement, parce qu'ils avaient besoin de décharger leur colère sur quelqu'un. Donc la première personne qu'ils avaient enfin au téléphone, ça tombait sur elle.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, par rapport à l'intitulé de poste agent administratif, et la réalité, quel a été ton ressenti par rapport à cette situation ?

  • Speaker #1

    Alors en toute franchise, c'est la pire expérience professionnelle. Parce qu'il y a eu une absence de sens total à cette tâche. On se sent vraiment assez peu utile. Et par rapport à l'utilité qu'on est censé avoir, en tout cas ce qu'on m'avait expliqué, c'est assez illusoire. Et on dépend beaucoup finalement de la personne qui va être chef du service. qui, elle, va affecter la plateforme téléphonique aux différentes missions selon les besoins du gouvernement. Je ne sais pas si tu te souviens, à un moment, suite à l'augmentation du prix du carburant, il y avait eu un chèque que l'État avait donné, enfin, délivré 100 euros pour les personnes égyptes. Voilà. Pour te dire, notre service, un jour, on a reçu un message comme quoi on nous a porté volontaire pour cette mission. Donc là, pareil, pas de fiscalité. Donc... sensation d'être un peu un bouche-trou où on nous met selon les besoins du contexte, les besoins du gouvernement, on doit souvent s'adapter. Alors ça peut être sympa sur le papier, parce qu'on dit ça évite une routine et tout, mais en fait on se rend compte qu'on est très limité en compétences, juste à part dire oui, votre dossier est bien enregistré, oui, c'est en cours. Ou là il y a une erreur éventuellement, mais sinon c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est assez difficile, j'imagine, à vivre au quotidien. Et alors, cette situation, est-ce que tu as déjà eu l'occasion d'en parler avec tes collègues pour savoir si tu étais le seul à penser ça ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça a plus été le côté tous dans le même bateau, justement. Parce que j'ai quand même des collègues dans ce service qui sont là depuis bien plus longtemps et qui n'ont pas bougé pour autant parce que ça leur plaît. Mais ces collègues qui aiment ce métier... se sont quand même rendus compte ces dernières années qu'il y a eu une dégradation du poste. Le côté d'être affecté à de nouvelles missions qui n'ont rien à voir avec la fiscalité, ça, ils n'avaient pas connu ça jusqu'à présent. Et c'est vrai que même chez eux, il y a pas mal de frustration. Et du coup, on commence à voir certains de ces piliers du service demander à partir, ou certains sont résignés. Ils se disent, de toute façon, il me reste 10 ans à faire. Je ne sais pas forcément quel autre service faire, donc autant continuer.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, 10 ans à faire ce métier-là, dans ces conditions-là, ça doit être assez compliqué à vivre.

  • Speaker #1

    Oui, pour te dire, ça a été ressenti par les chefs de service, la direction. Il y a même eu des stages un peu qui ont été faits pour qu'on aille mieux, pour améliorer un peu la relation, mieux appréhender les appels conflictuels, etc. Donc, c'est vraiment un ressenti partagé.

  • Speaker #0

    Donc un ressenti global, si j'ai bien compris, si je résume, basé sur la frustration. Et alors, pour toi, entre les tâches que tu es censé effectuer et la réalité des tâches qui te sont assignées, comment est-ce que tu qualifierais l'écart entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, autant, quand je regarde la fiche de poste d'agent administratif des impôts, il y a du vrai, je veux dire, au niveau de la gestion, etc. Je ne peux pas dire, c'est clairement les tâches qu'on va faire. Après, il y a quand même un écart non négligeable entre, par exemple, quand je suis arrivé dans cette plateforme téléphonique et que j'ai pu comparer la théorie et la réalité du terrain, j'ai pu voir qu'il y avait quand même une grosse différence. Après, en matière plus générale, en fait, si tu veux, dans la fonction publique, il y a trois grades, A, B, C. Agent administratif, c'est le grade C. Et dans la fiche de poste, on t'indique que tu vas être dirigé par un agent B ou un agent A. Et en fait, ce dont on se rend compte... c'est qu'on fait le même travail, mais exactement le même que les B. C et B font le même travail. La seule chose qui change, c'est la paye, les perspectives d'évolution. Et dans le service en question, la plateforme téléphonique, je me retrouve même formateur et je forme des agents A. Ah oui, quand même. Donc, c'est l'agent C qui forme des A. C'est un moment même, si tu veux, j'ai été... En fait, tu peux être soutien. Si un collègue au téléphone, il bute sur une question d'un usager, il peut faire appel à un soutien et il bascule sur ton téléphone. Plus d'une fois, j'ai été amené à être soutien pour un B ou même un A. C'est là où on voit qu'il y a quand même une différence entre ce qui est annoncé et la réalité. Mais j'avais pu observer ça, pour t'expliquer très rapidement, quand je venais d'arriver dans les finances publiques. à l'accueil, c'était mon tout premier service. C'était un service civique qui faisait l'accueil des usagers. Tu sais, dans un hall de centre des impôts.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et j'avais parlé avec cette personne. Elle m'avait expliqué que dans son contrat, normalement, elle était amenée à juste accueillir les gens, mais à l'entrée du service, du hall d'accueil, leur demander quelles questions ils avaient. Donc, admettons, c'était pour payer, admettons, c'était pour leur déclaration de revenus. Et elle, sa mission à ce service civique, c'était juste de dire, dans ce cas-là, appuyez sur tel bouton pour générer le ticket du guichet qui va être concerné. Elle, c'était juste ça, sa mission. Et en fait, elle s'est retrouvée à faire agent d'accueil. Elle faisait le même travail que moi, par exemple, lorsque je devais faire de l'accueil, sauf qu'elle avait le salaire d'un service civique. Donc, pour te dire, il y avait aussi une énorme différence entre sa fiche de poste et la réalité.

  • Speaker #0

    Déjà, je te remercie par rapport à... l'information. Alors, je savais qu'il y avait des grades, mais je ne savais pas que ça marchait dans le sens inverse. Donc, ça, c'est déjà très bien. Mais ce que tu m'expliques est tout simplement hallucinant. Alors, je dis toujours, comme dicton, que normalement, c'est le parent qui apprend à l'enfant. Enfin, en tout cas, c'est dans l'ordre des choses. Je sais qu'on vit une période avec plein de modifications, plein de rembondissements, que beaucoup de choses sont remises en question, mais normalement, ça fonctionne comme ça. Donc là... tu es en train de m'expliquer que c'est le collaborateur qui forme le supérieur hiérarchique et selon toi d'où vient cet écart parce que c'est irréel complètement selon moi je ne veux pas remettre en doute les compétences des

  • Speaker #1

    A et des B je dirais que ce qui peut jouer c'est le manque de formateurs des gens peut-être du grade B ou A ne cherchent pas forcément à être formateur mais il y en a, attention les formateurs il n'y avait pas que des agencés après ce qui peut manquer c'est la formation initiale si tu veux avant d'entrer pour la première fois dans ton poste quand tu viens d'avoir le concours de A, B ou C peut-être c'est au niveau de cette formation initiale qui dure entre 6 semaines pour un agent C et 8 ou 9 mois je crois pour un agent A c'est peut-être là où il y a des lacunes mais c'est vrai que ça porte un peu à confusion de se dire tiens c'est un agent C qui qui forment des B et des A devant lui. Après, attention, un agent C ne pourra pas peut-être assurer toutes les formations. Il y a des formations qui ne pourront être assurées que par un agent A. Mais en tout cas, en ce qui me concerne, je peux témoigner que quasiment à toutes mes formations, j'avais au moins un A et toujours des B. Et malheureusement, on pourrait penser que du coup, en tant qu'agent C, ça te permettrait d'évoluer.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, dans la fiche de poste, on te le dit assez vite, tu peux évoluer assez facilement dans la fonction publique grâce au concours. Ça, c'est vrai. Rien ne m'empêche de passer un concours B ou A. Le problème derrière, c'est que ça veut dire que je serai muté n'importe où dans le pays. Donc, il faut l'accepter d'être muté à plusieurs centaines de kilomètres à nouveau chez soi.

  • Speaker #0

    Effectivement.

  • Speaker #1

    Mais on te dit, tu n'es pas obligé de passer le concours. Il y a aussi la promotion interne de C. Si tu fais du bon travail, tu vas pouvoir passer B. Sauf que ça... Pareil, entre la théorie et la réalité, c'est différent puisqu'en arrivant sur le terrain, on te fait comprendre que si tu veux passer sur la liste interne, promotion interne, on va dire, liste d'aptitude, pardon, c'est ça le bon mot, en fait, il faut attendre un certain âge. Par exemple, toi, tu as 32 ans. On va te comparer avec un autre collègue qui en a 45. Vous avez les mêmes compétences, voire même toi, tu es un peu meilleur quand même que cet autre collègue. Pour la promotion de liste d'aptitude, on va privilégier ton collègue de 45 ans parce que toi, on va estimer que tu es assez jeune encore pour passer des concours.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Donc voilà, la liste d'aptitudes, cette promotion interne, en réalité, elle est accessible que lorsque tu as la quarantaine, 45 ans passés. voire même des fois c'est utilisé pour les agents qui posent problème, au moins on leur donne une promotion et ils sont obligés de quitter le service où ils posent problème actuellement.

  • Speaker #0

    Alors pour résumer, on peut être une personne de 30 ans, être plus compétent qu'une personne de 40, mais on n'aura pas de promotion parce qu'on est plus jeune que celle de 40 ans. C'est bien ça ? Si je comprends bien la logique. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Si elle veut évoluer sans repasser un concours. Parce que, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, donc en promotion interne.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Si on se base que sur la promotion interne, quelqu'un qui a 25 ans, qui est agent C, qui est très compétent, etc., il ne pourra pas passer sur la liste d'aptitude avant 10-15 ans.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sauf vraiment... Non, vraiment, alors... À part vraiment s'il y a un chef de service qui peut l'aider à ça ou s'il connaît les bonnes personnes, mais j'ai très rarement vu ça, toute franchise.

  • Speaker #0

    Bon alors c'est presque une légende urbaine, à moins que tu aies entendu ça peut-être une fois.

  • Speaker #1

    Non, j'ai dû entendre ça une fois ou deux.

  • Speaker #0

    Ok, alors avec tout ce que tu viens de nous expliquer sur ton métier, est-ce que tu dirais que finalement celui-ci correspond aux attentes que tu en avais ?

  • Speaker #1

    Alors, concernant la plateforme téléphonique, bon, je savais à quoi m'attendre. On ne m'a pas trompé, c'est bien du téléphone, beaucoup de mails. Ça, c'est vrai que ça correspond. Sur la nature, après, du métier à lui-même, le sens, là, par contre, c'est vrai que ça a été à la dégringolade.

  • Speaker #0

    Alors, tu parles de perte de sens, mais je pense que la perception, finalement, qu'on a de soi, au niveau du travail, doit être assez compliquée, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Et vraiment, c'est en étant dans ce contexte-là qu'une fois, un collègue a dit « franchement, on fait un bullshit job » . Et je ne connaissais pas cette expression. Et en me renseignant, on se sent vraiment pas utile, c'est dépourvu de sens, etc. C'est là où j'ai dit « ah bah oui, en fait, il a raison, c'est la définition du métier » .

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai déjà entendu parler de ça. C'est une de mes connaissances. Je crois que c'est tiré d'un livre. c'est ça vient de David Greber, je crois, que c'est Bullshit Job. Je ne l'ai pas encore lu. Mais il faudra que je lise, parce que j'ai déjà entendu parler de cette expression Bullshit Job. Maintenant, j'imagine que ce n'est pas le cas dans tous les métiers de la fonction publique, quand même. Enfin, j'ose espérer.

  • Speaker #1

    Disons que la fonction publique, elle offre quand même quelque chose de précieux. si on accepte le jeu des concours, de la mutation, etc., c'est vrai que ça permet de varier énormément les métiers et aussi d'avoir des promotions intéressantes. Un agent C a la possibilité de passer directement à agent A s'il a réussi le concours. Ce n'est pas dans tous les métiers que tu peux faire ça. Dans le privé, etc., des promotions comme ça, ce n'est pas forcément possible. Tu peux passer le concours à tous les âges. Je veux dire... Quelqu'un qui a la cinquantaine passée peut tout à fait être reçu sur concours. Il a autant de chances qu'un candidat qui a la vingtaine, alors que dans le privé, peut-être que ce serait plus compliqué 50 ans passés d'être attractif sur le marché de l'emploi. Donc à ce niveau-là, c'est ça aussi qui me motivait à me lancer au niveau de la fonction publique parce que c'est une force. Je ne pourrais jamais dire le contraire. En interne, la preuve, j'ai pu être formateur assez rapidement. J'ai pu continuer là. être soutien, etc. J'arrive quand même à varier les missions. Mais malheureusement, la quête de sens, la réalité aussi concernant les promotions, parce que le concours, c'est bien beau, mais comme je te disais, rechanger de région, etc., ce n'est pas forcément quelque chose que tu peux faire tout le temps, dès que tu commences à vouloir fonder une famille ou faire ton trou quelque part. Donc c'est vrai que... Il y a cette désillusion qui s'est faite entre le moment où je me suis lancé dans la fonction publique avec ces perspectives-là, et maintenant la réalité du terrain mêlée à la réalité de la vie, etc.

  • Speaker #0

    Et alors si tu devais donner la métaphore, ou une métaphore, qui colle le plus à ta situation ?

  • Speaker #1

    Alors, cette métaphore, elle ne vient pas de moi, ça vient d'un atelier qu'on avait suivi, justement, il y a quelques temps, parce que dans le service, les agents n'allaient pas bien, donc il y avait eu cette... Cette session avec un formateur pour nous aider à extérioriser un peu ce qui n'allait pas. Et à un moment, il y avait eu un atelier où il y avait plusieurs images. On devait choisir celle qui nous parlait le plus. Et c'est ce que je vais utiliser pour la métaphore. Cette image, en fait, c'était un mouton avec des habits de soldat. Un casque, une veste, un fusil qui tient un peu de travers, puis tu vois que le mouton fait maladroitement un garde-à-vous. Et c'est l'image qui m'a le plus parlé, parce que j'avais vraiment le sentiment d'être ce mouton, c'est-à-dire le mouton pas forcément préparé pour là où on l'envoie. Un peu ridicule avec son uniforme, son fusil qui tient de travers, parce qu'on ne l'arme pas suffisamment. Et puis le côté garde-à-vous et le côté mouton, ça renvoie le mouton, le troupeau qui suit le mouvement sans rien dire. Et c'était vraiment cette image qui m'avait interpellé, parce que j'avais l'impression aussi d'être ce mouton qu'on envoie selon le gré des envies du chef de service, qui des fois c'est... pour servir sa propre carrière, qui va utiliser le service pour faire telle ou telle mission. C'est nous qui sommes envoyés un peu au casse-pipe. Et bon, il n'y a rien qui nous retombe dessus en retour, en positif, du vrai. Donc voilà, le mouton soldat, je trouve que c'était la bonne métaphore.

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, c'est une métaphore brillante et je trouve assez puissante.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça, je ne connaissais pas, mais je la trouve plutôt... pertinentes par rapport à tout ce que tu nous as expliqué. En tout cas, je te remercie pour les infos sur les grades, puisque je ne connaissais pas, donc c'est bien, j'ai appris quelque chose aujourd'hui. Et puis je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

  • Speaker #1

    Ouais déjà, ce sera bien.

  • Speaker #0

    Et puis chapeau à toi, parce que t'as su te remettre en question, tu as su te remettre en cause, et puis tenter d'autres choses, donc ça c'est très bien, parce que ça démontre une réelle envie d'avancer, et puis de changer un peu. l'univers dans lequel tu étais, et d'aspirer à autre chose. Donc vraiment, je suis content pour toi.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, c'est clair. Il ne faut pas se résigner et se dire, ça va être ça pendant les prochaines décennies. Il faut agir pour changer ça, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à toi pour ton témoignage et le temps que tu m'as accordé.

  • Speaker #1

    Merci Guillaume, pareillement.

  • Speaker #0

    Et puis je te souhaite vraiment énormément de bonnes choses pour la suite et une concrétisation de tes projets. A très vite.

  • Speaker #1

    Merci, à toi également.

  • Speaker #0

    Voilà, vous venez d'écouter le premier épisode de Fiches de Poste, le podcast qui mesure les écarts entre le poste qu'on vous a promis et sa réalité. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode dans l'émission Next Step Coaching. A bientôt !

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Description

Cet épisode bonus me permet de vous partager un concept qui me tient à coeur depuis un moment : Mesurer les écarts entre la fiche de poste présentée à l'embauche et la réalité du métier.

Si l'idée sur le papier peut sembler intéressante, rares sont les salariés qui ont accepté de témoigner. Jusqu'à ce que "Lambda" (c'est le nom qu'il a choisit) accepte de nous parler des écarts dans son travail d'agent administratif. Et ce, sans langue de bois. C'est un témoignage trop rare et fort, en exclusivité pour nextstep coaching.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Guillaume Acré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce premier épisode intitulé « Fiches de poste de Next Step Coaching » . La thématique de ce podcast est très simple, mesurer les écarts entre la fiche de poste d'un métier et sa réalité vécue par le salarié. Autrement dit, c'est un recueil officieux d'une fiche de poste. officiel. En un sens, c'est un podcast dans lequel les personnes peuvent s'ouvrir sur leurs conditions de travail, leur salaire, le respect qu'on leur témoigne dans le cadre de leur job, aussi bien de la part de leur hiérarchie, de leurs collègues, que de la part du public ou de leurs clients. Bien entendu, lorsque j'ai eu l'idée de cette émission, je me suis rapidement heurté à un problème de taille, la confidentialité. Car si tout le monde est capable d'aborder les difficultés de son métier le soir à la maison ou en famille le week-end avec ses amis, témoigner au micro, c'est autre chose. Peu de personnes étaient partantes au départ pour expliquer réellement leur métier, en mettant de côté l'angélisme, la langue de bois et sans idéaliser non plus leur travail. Parce que mesurer les écarts, c'est aussi et surtout faire le point sur les raisons qui les ont poussées à embrasser cette carrière, et regarder si celles-ci sont toujours valables. Pour ce premier épisode donc, je reçois Lambda, c'est le prénom qu'il a choisi pour conserver l'anonymat, afin d'évoquer sa carrière d'agent des impôts et du recouvrement. Je le remercie énormément pour son témoignage et le temps qu'il m'a accordé pour parler sans filtre de son métier. Bonjour Lambda !

  • Speaker #1

    Et bonjour Guillaume !

  • Speaker #0

    J'espère que tu vas bien.

  • Speaker #1

    Ça va, je te remercie, je suis bien content d'être là.

  • Speaker #0

    Pour ma part, je suis ravi de t'accueillir également et de partager un petit peu de ton quotidien. Alors justement, quel est ton travail actuellement ?

  • Speaker #1

    Donc je suis agent administratif au sein des finances publiques.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que c'est la définition officielle ou alors est-ce que tu as une fiche de poste, une sorte de descriptif de ton métier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait il y a une... Comment dire ? Il y a une fiche de poste assez généraliste concernant les agents administratifs au sein des finances publiques, où on explique un peu les différentes missions qu'on risque de faire, de la gestion administrative, de la rédaction, mais c'est assez généraliste. En fait, il y a tellement de services au sein des finances publiques que c'est lorsqu'on intègre un de ces services qu'on a la description réelle des tâches qu'on va effectuer. Elles ne sont pas disponibles sur une fiche de poste, ce sont souvent les chefs de service qui nous font la description.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire, si je comprends bien, que tu n'as pas forcément un descriptif clair et précis de ton métier.

  • Speaker #1

    Pas forcément, non. D'ailleurs, pour te dire, le poste actuel qui se passe dans un centre de contact, tout ce qui est plateforme téléphonique, lorsque j'avais dû faire une demande de mutation. Parce que de base, je travaillais dans une autre région, et lors de ma demande de mutation, je voulais me rapprocher de chez moi, il y avait une liste de services, dont un qui s'appelait simplement « division des particuliers » .

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Ça ne donnait aucune autre information. Et comme j'étais spécialité dans la fiscalité des particuliers, donc impôts sur le revenu, les taxes d'habitation, etc., j'avais choisi ça. Mais à aucun moment, ils indiquaient que... il était question d'un service téléphonique, ce qui se passait sur une plateforme téléphonique, etc. Donc là, tu vois, il n'y a vraiment aucune information.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire que tu as été amené à bouger, à évoluer sur un poste, et tu ne savais pas quelles seraient tes missions au quotidien. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. En fait, il y avait... Alors, autant il y avait des services qui avaient un intitulé très clair, mais là, c'était juste indiqué « Service de direction, division des particuliers » . Donc je m'attendais un peu à tout et à rien, mais pas forcément à une plateforme téléphonique, j'avoue. J'ai appris par la suite que cet intitulé était assez vague pour éviter, comment dire, parce que la plateforme téléphonique, en fait, ça n'allait pas susciter beaucoup de demandes. Donc c'était un choix de la direction d'être assez vague pour que les gens fassent la demande de ce service sans savoir tout de suite que ça allait être une plateforme téléphonique.

  • Speaker #0

    Alors j'imagine que t'as été surpris parce que c'était pas du tout ce qu'on t'avait vendu ou ce que t'avais acheté plutôt, façon de parler.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Pour te dire, même la chef du précédent service où j'étais, quand je lui disais que je serais au service de direction, division des particuliers, elle m'avait dit « Ah oui, vous serez avec les différents directeurs, vous aiderez à la rédaction, etc. » Des courriers et tout, mais en fait, pas du tout. Même elle, en fait, elle avait beau être chef même de centre, tout un centre, elle n'était pas au courant vraiment du service. Donc, ça a été une surprise, en fait, quand j'ai vu que oui, c'était un centre de contact. C'était assez surprenant.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire donc que même tes supérieurs hiérarchiques ne savaient pas forcément quel métier tu allais effectuer en arrivant.

  • Speaker #1

    Alors quand j'arrive, on m'explique que ça va être un service où je vais devoir aider à distance, soit par mail, soit par téléphone, toutes questions concernant la fiscalité. À l'échelle nationale, vraiment, que ce soit même au niveau des dom-toms, on peut recevoir des appels et puis on a accès au dossier pour renseigner, etc. On parle de renseignements généralistes en général. Et on m'explique que c'est un super service, apparemment. Parce que, justement, c'est là où on peut apprendre des choses assez pointues. Donc, c'est une expérience qui est non négligeable pour évoluer, etc. Mais bon, déjà, à ce moment-là, j'ai un petit doute parce qu'on me dit que le service est génial. Mais il y a un turnover chaque année important. L'année où je suis arrivé dans ce service, il y a une vingtaine d'agents qui venaient de partir.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Et j'entendais que d'autres voulaient partir l'année suivante. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que ça ne sent pas très bon. Mais alors, 20 personnes parties sur un effectif total de combien de personnes ?

  • Speaker #1

    40.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, on parle de la moitié des effectifs.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Sachant que les années suivantes, pour te dire, on avait toujours au moins une dizaine de départs.

  • Speaker #0

    Et alors, par rapport à ça, la hiérarchie, les gens disaient quelque chose, parce que ça fait quand même un sacré gap entre ce qui est promis. Et la réalité, alors c'est un peu le but de ce podcast, mais quand même, là, pardon, ça fait un sacré écart entre les deux.

  • Speaker #1

    Alors la réalité, elle a été toute autre. Aussi, il faut se replacer dans le contexte, c'était pendant encore la période Covid. Alors c'était après le confinement, tout ça.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais on a commencé à nous affecter des missions spéciales qui n'avaient rien à voir avec la fiscalité, au final. Par exemple, l'État délivrait certaines aides pour des entreprises qui ne pouvaient pas ouvrir pendant les périodes de confinement ou de couvre-feu.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et nous, on nous a dit qu'on allait accompagner ces chefs d'entreprise. Donc, bon, là, on oublie la fiscalité et tout ça. On nous explique qu'il y a un site exprès qui a été mis en place par le gouvernement et que, tout simplement, les gens qui vont nous appeler, on va leur répéter ce qui est écrit sur ce site. Donc, déjà là, il y a une différence. Et en plus, on se dit que c'est... quoi l'utilité si on nous appelle juste pour lire ce qu'il y a sur un site accessible à tout le monde. Cette mission s'est transformée en suivi de dossier, tout simplement. Au lieu de répondre à des questions de fiscalité, la question qu'on nous a posée pendant ça a duré un an, c'était où en est mon dossier ? On n'a jamais lu ce qu'il y avait sur le site internet en question, on devait juste se connecter et dire à la personne si on voyait que son dossier était traité ou non. Mais en fait, cette question-là, on y répondait 60 à 70 fois par jour. C'est incroyable quand même. Oui. Et lors de la fin de cette mission, là où on s'est dit, tiens, on va répondre à de la fiscalité. En réalité, non. Le service où j'étais, les principales questions auxquelles je répondais pour te dire, c'était des renouvellements de mots de passe sur la plateforme impôts.gouv. Des gens nous appelaient parce qu'ils avaient oublié leur mot de passe. ils n'avaient pas renouvelé l'adresse mail, etc. Donc, ils nous appelaient pour changer leur mot de passe. Donc, c'était, sans exagérer, ça représentait au moins un tiers des questions que je recevais, si ce n'est plus. Ou sinon, c'était des gens qui nous appelaient parce qu'ils n'arrivaient pas à appeler leur service local. Les centres de finances publiques près de chez eux étaient injoignables ou fermés. Donc, souvent, en fait, ils nous appelaient pour savoir qui devait appeler. Donc, on était plus une... plateforme qui orientait un peu les gens. On ne répondait pas à des questions de fiscalité. C'était assez particulier.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, ça fait un sacré décalage entre ce qu'on t'avait vendu et la réalité et le titre de ton poste, l'intitulé, c'était quoi déjà ?

  • Speaker #1

    Agent administratif des finances publiques.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça fait un certain décalage. Et toi alors, officieusement, comment est-ce que tu définirais ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors, le poste, je le qualifierais d'un peu bullshit job.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Je le qualifierais comme ça parce que c'était vraiment... Ce sont des phrases qu'on répète un peu comme un perroquet. Parce que même à un moment, j'aurais pu m'enregistrer une dizaine de réponses et selon l'appel, j'aurais pu appuyer sur un bouton et puis j'aurais lancé le magnéto sans souci. Au lieu d'être agent administratif, j'aurais aussi donné l'intitulé d'agent service après-vente parce qu'en fait, les gens ne pouvant pas contacter leur service local, appelaient la plateforme nationale par téléphone pour enfin avoir quelqu'un. avec qui ils parlaient de vive voix. Et du coup, ça leur servait pour faire leurs réclamations. On était un peu utilisés comme des fusibles, finalement, parce qu'ils avaient besoin de décharger leur colère sur quelqu'un. Donc la première personne qu'ils avaient enfin au téléphone, ça tombait sur elle.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, par rapport à l'intitulé de poste agent administratif, et la réalité, quel a été ton ressenti par rapport à cette situation ?

  • Speaker #1

    Alors en toute franchise, c'est la pire expérience professionnelle. Parce qu'il y a eu une absence de sens total à cette tâche. On se sent vraiment assez peu utile. Et par rapport à l'utilité qu'on est censé avoir, en tout cas ce qu'on m'avait expliqué, c'est assez illusoire. Et on dépend beaucoup finalement de la personne qui va être chef du service. qui, elle, va affecter la plateforme téléphonique aux différentes missions selon les besoins du gouvernement. Je ne sais pas si tu te souviens, à un moment, suite à l'augmentation du prix du carburant, il y avait eu un chèque que l'État avait donné, enfin, délivré 100 euros pour les personnes égyptes. Voilà. Pour te dire, notre service, un jour, on a reçu un message comme quoi on nous a porté volontaire pour cette mission. Donc là, pareil, pas de fiscalité. Donc... sensation d'être un peu un bouche-trou où on nous met selon les besoins du contexte, les besoins du gouvernement, on doit souvent s'adapter. Alors ça peut être sympa sur le papier, parce qu'on dit ça évite une routine et tout, mais en fait on se rend compte qu'on est très limité en compétences, juste à part dire oui, votre dossier est bien enregistré, oui, c'est en cours. Ou là il y a une erreur éventuellement, mais sinon c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est assez difficile, j'imagine, à vivre au quotidien. Et alors, cette situation, est-ce que tu as déjà eu l'occasion d'en parler avec tes collègues pour savoir si tu étais le seul à penser ça ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça a plus été le côté tous dans le même bateau, justement. Parce que j'ai quand même des collègues dans ce service qui sont là depuis bien plus longtemps et qui n'ont pas bougé pour autant parce que ça leur plaît. Mais ces collègues qui aiment ce métier... se sont quand même rendus compte ces dernières années qu'il y a eu une dégradation du poste. Le côté d'être affecté à de nouvelles missions qui n'ont rien à voir avec la fiscalité, ça, ils n'avaient pas connu ça jusqu'à présent. Et c'est vrai que même chez eux, il y a pas mal de frustration. Et du coup, on commence à voir certains de ces piliers du service demander à partir, ou certains sont résignés. Ils se disent, de toute façon, il me reste 10 ans à faire. Je ne sais pas forcément quel autre service faire, donc autant continuer.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, 10 ans à faire ce métier-là, dans ces conditions-là, ça doit être assez compliqué à vivre.

  • Speaker #1

    Oui, pour te dire, ça a été ressenti par les chefs de service, la direction. Il y a même eu des stages un peu qui ont été faits pour qu'on aille mieux, pour améliorer un peu la relation, mieux appréhender les appels conflictuels, etc. Donc, c'est vraiment un ressenti partagé.

  • Speaker #0

    Donc un ressenti global, si j'ai bien compris, si je résume, basé sur la frustration. Et alors, pour toi, entre les tâches que tu es censé effectuer et la réalité des tâches qui te sont assignées, comment est-ce que tu qualifierais l'écart entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, autant, quand je regarde la fiche de poste d'agent administratif des impôts, il y a du vrai, je veux dire, au niveau de la gestion, etc. Je ne peux pas dire, c'est clairement les tâches qu'on va faire. Après, il y a quand même un écart non négligeable entre, par exemple, quand je suis arrivé dans cette plateforme téléphonique et que j'ai pu comparer la théorie et la réalité du terrain, j'ai pu voir qu'il y avait quand même une grosse différence. Après, en matière plus générale, en fait, si tu veux, dans la fonction publique, il y a trois grades, A, B, C. Agent administratif, c'est le grade C. Et dans la fiche de poste, on t'indique que tu vas être dirigé par un agent B ou un agent A. Et en fait, ce dont on se rend compte... c'est qu'on fait le même travail, mais exactement le même que les B. C et B font le même travail. La seule chose qui change, c'est la paye, les perspectives d'évolution. Et dans le service en question, la plateforme téléphonique, je me retrouve même formateur et je forme des agents A. Ah oui, quand même. Donc, c'est l'agent C qui forme des A. C'est un moment même, si tu veux, j'ai été... En fait, tu peux être soutien. Si un collègue au téléphone, il bute sur une question d'un usager, il peut faire appel à un soutien et il bascule sur ton téléphone. Plus d'une fois, j'ai été amené à être soutien pour un B ou même un A. C'est là où on voit qu'il y a quand même une différence entre ce qui est annoncé et la réalité. Mais j'avais pu observer ça, pour t'expliquer très rapidement, quand je venais d'arriver dans les finances publiques. à l'accueil, c'était mon tout premier service. C'était un service civique qui faisait l'accueil des usagers. Tu sais, dans un hall de centre des impôts.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et j'avais parlé avec cette personne. Elle m'avait expliqué que dans son contrat, normalement, elle était amenée à juste accueillir les gens, mais à l'entrée du service, du hall d'accueil, leur demander quelles questions ils avaient. Donc, admettons, c'était pour payer, admettons, c'était pour leur déclaration de revenus. Et elle, sa mission à ce service civique, c'était juste de dire, dans ce cas-là, appuyez sur tel bouton pour générer le ticket du guichet qui va être concerné. Elle, c'était juste ça, sa mission. Et en fait, elle s'est retrouvée à faire agent d'accueil. Elle faisait le même travail que moi, par exemple, lorsque je devais faire de l'accueil, sauf qu'elle avait le salaire d'un service civique. Donc, pour te dire, il y avait aussi une énorme différence entre sa fiche de poste et la réalité.

  • Speaker #0

    Déjà, je te remercie par rapport à... l'information. Alors, je savais qu'il y avait des grades, mais je ne savais pas que ça marchait dans le sens inverse. Donc, ça, c'est déjà très bien. Mais ce que tu m'expliques est tout simplement hallucinant. Alors, je dis toujours, comme dicton, que normalement, c'est le parent qui apprend à l'enfant. Enfin, en tout cas, c'est dans l'ordre des choses. Je sais qu'on vit une période avec plein de modifications, plein de rembondissements, que beaucoup de choses sont remises en question, mais normalement, ça fonctionne comme ça. Donc là... tu es en train de m'expliquer que c'est le collaborateur qui forme le supérieur hiérarchique et selon toi d'où vient cet écart parce que c'est irréel complètement selon moi je ne veux pas remettre en doute les compétences des

  • Speaker #1

    A et des B je dirais que ce qui peut jouer c'est le manque de formateurs des gens peut-être du grade B ou A ne cherchent pas forcément à être formateur mais il y en a, attention les formateurs il n'y avait pas que des agencés après ce qui peut manquer c'est la formation initiale si tu veux avant d'entrer pour la première fois dans ton poste quand tu viens d'avoir le concours de A, B ou C peut-être c'est au niveau de cette formation initiale qui dure entre 6 semaines pour un agent C et 8 ou 9 mois je crois pour un agent A c'est peut-être là où il y a des lacunes mais c'est vrai que ça porte un peu à confusion de se dire tiens c'est un agent C qui qui forment des B et des A devant lui. Après, attention, un agent C ne pourra pas peut-être assurer toutes les formations. Il y a des formations qui ne pourront être assurées que par un agent A. Mais en tout cas, en ce qui me concerne, je peux témoigner que quasiment à toutes mes formations, j'avais au moins un A et toujours des B. Et malheureusement, on pourrait penser que du coup, en tant qu'agent C, ça te permettrait d'évoluer.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, dans la fiche de poste, on te le dit assez vite, tu peux évoluer assez facilement dans la fonction publique grâce au concours. Ça, c'est vrai. Rien ne m'empêche de passer un concours B ou A. Le problème derrière, c'est que ça veut dire que je serai muté n'importe où dans le pays. Donc, il faut l'accepter d'être muté à plusieurs centaines de kilomètres à nouveau chez soi.

  • Speaker #0

    Effectivement.

  • Speaker #1

    Mais on te dit, tu n'es pas obligé de passer le concours. Il y a aussi la promotion interne de C. Si tu fais du bon travail, tu vas pouvoir passer B. Sauf que ça... Pareil, entre la théorie et la réalité, c'est différent puisqu'en arrivant sur le terrain, on te fait comprendre que si tu veux passer sur la liste interne, promotion interne, on va dire, liste d'aptitude, pardon, c'est ça le bon mot, en fait, il faut attendre un certain âge. Par exemple, toi, tu as 32 ans. On va te comparer avec un autre collègue qui en a 45. Vous avez les mêmes compétences, voire même toi, tu es un peu meilleur quand même que cet autre collègue. Pour la promotion de liste d'aptitude, on va privilégier ton collègue de 45 ans parce que toi, on va estimer que tu es assez jeune encore pour passer des concours.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Donc voilà, la liste d'aptitudes, cette promotion interne, en réalité, elle est accessible que lorsque tu as la quarantaine, 45 ans passés. voire même des fois c'est utilisé pour les agents qui posent problème, au moins on leur donne une promotion et ils sont obligés de quitter le service où ils posent problème actuellement.

  • Speaker #0

    Alors pour résumer, on peut être une personne de 30 ans, être plus compétent qu'une personne de 40, mais on n'aura pas de promotion parce qu'on est plus jeune que celle de 40 ans. C'est bien ça ? Si je comprends bien la logique. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Si elle veut évoluer sans repasser un concours. Parce que, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, donc en promotion interne.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Si on se base que sur la promotion interne, quelqu'un qui a 25 ans, qui est agent C, qui est très compétent, etc., il ne pourra pas passer sur la liste d'aptitude avant 10-15 ans.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sauf vraiment... Non, vraiment, alors... À part vraiment s'il y a un chef de service qui peut l'aider à ça ou s'il connaît les bonnes personnes, mais j'ai très rarement vu ça, toute franchise.

  • Speaker #0

    Bon alors c'est presque une légende urbaine, à moins que tu aies entendu ça peut-être une fois.

  • Speaker #1

    Non, j'ai dû entendre ça une fois ou deux.

  • Speaker #0

    Ok, alors avec tout ce que tu viens de nous expliquer sur ton métier, est-ce que tu dirais que finalement celui-ci correspond aux attentes que tu en avais ?

  • Speaker #1

    Alors, concernant la plateforme téléphonique, bon, je savais à quoi m'attendre. On ne m'a pas trompé, c'est bien du téléphone, beaucoup de mails. Ça, c'est vrai que ça correspond. Sur la nature, après, du métier à lui-même, le sens, là, par contre, c'est vrai que ça a été à la dégringolade.

  • Speaker #0

    Alors, tu parles de perte de sens, mais je pense que la perception, finalement, qu'on a de soi, au niveau du travail, doit être assez compliquée, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Et vraiment, c'est en étant dans ce contexte-là qu'une fois, un collègue a dit « franchement, on fait un bullshit job » . Et je ne connaissais pas cette expression. Et en me renseignant, on se sent vraiment pas utile, c'est dépourvu de sens, etc. C'est là où j'ai dit « ah bah oui, en fait, il a raison, c'est la définition du métier » .

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai déjà entendu parler de ça. C'est une de mes connaissances. Je crois que c'est tiré d'un livre. c'est ça vient de David Greber, je crois, que c'est Bullshit Job. Je ne l'ai pas encore lu. Mais il faudra que je lise, parce que j'ai déjà entendu parler de cette expression Bullshit Job. Maintenant, j'imagine que ce n'est pas le cas dans tous les métiers de la fonction publique, quand même. Enfin, j'ose espérer.

  • Speaker #1

    Disons que la fonction publique, elle offre quand même quelque chose de précieux. si on accepte le jeu des concours, de la mutation, etc., c'est vrai que ça permet de varier énormément les métiers et aussi d'avoir des promotions intéressantes. Un agent C a la possibilité de passer directement à agent A s'il a réussi le concours. Ce n'est pas dans tous les métiers que tu peux faire ça. Dans le privé, etc., des promotions comme ça, ce n'est pas forcément possible. Tu peux passer le concours à tous les âges. Je veux dire... Quelqu'un qui a la cinquantaine passée peut tout à fait être reçu sur concours. Il a autant de chances qu'un candidat qui a la vingtaine, alors que dans le privé, peut-être que ce serait plus compliqué 50 ans passés d'être attractif sur le marché de l'emploi. Donc à ce niveau-là, c'est ça aussi qui me motivait à me lancer au niveau de la fonction publique parce que c'est une force. Je ne pourrais jamais dire le contraire. En interne, la preuve, j'ai pu être formateur assez rapidement. J'ai pu continuer là. être soutien, etc. J'arrive quand même à varier les missions. Mais malheureusement, la quête de sens, la réalité aussi concernant les promotions, parce que le concours, c'est bien beau, mais comme je te disais, rechanger de région, etc., ce n'est pas forcément quelque chose que tu peux faire tout le temps, dès que tu commences à vouloir fonder une famille ou faire ton trou quelque part. Donc c'est vrai que... Il y a cette désillusion qui s'est faite entre le moment où je me suis lancé dans la fonction publique avec ces perspectives-là, et maintenant la réalité du terrain mêlée à la réalité de la vie, etc.

  • Speaker #0

    Et alors si tu devais donner la métaphore, ou une métaphore, qui colle le plus à ta situation ?

  • Speaker #1

    Alors, cette métaphore, elle ne vient pas de moi, ça vient d'un atelier qu'on avait suivi, justement, il y a quelques temps, parce que dans le service, les agents n'allaient pas bien, donc il y avait eu cette... Cette session avec un formateur pour nous aider à extérioriser un peu ce qui n'allait pas. Et à un moment, il y avait eu un atelier où il y avait plusieurs images. On devait choisir celle qui nous parlait le plus. Et c'est ce que je vais utiliser pour la métaphore. Cette image, en fait, c'était un mouton avec des habits de soldat. Un casque, une veste, un fusil qui tient un peu de travers, puis tu vois que le mouton fait maladroitement un garde-à-vous. Et c'est l'image qui m'a le plus parlé, parce que j'avais vraiment le sentiment d'être ce mouton, c'est-à-dire le mouton pas forcément préparé pour là où on l'envoie. Un peu ridicule avec son uniforme, son fusil qui tient de travers, parce qu'on ne l'arme pas suffisamment. Et puis le côté garde-à-vous et le côté mouton, ça renvoie le mouton, le troupeau qui suit le mouvement sans rien dire. Et c'était vraiment cette image qui m'avait interpellé, parce que j'avais l'impression aussi d'être ce mouton qu'on envoie selon le gré des envies du chef de service, qui des fois c'est... pour servir sa propre carrière, qui va utiliser le service pour faire telle ou telle mission. C'est nous qui sommes envoyés un peu au casse-pipe. Et bon, il n'y a rien qui nous retombe dessus en retour, en positif, du vrai. Donc voilà, le mouton soldat, je trouve que c'était la bonne métaphore.

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, c'est une métaphore brillante et je trouve assez puissante.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça, je ne connaissais pas, mais je la trouve plutôt... pertinentes par rapport à tout ce que tu nous as expliqué. En tout cas, je te remercie pour les infos sur les grades, puisque je ne connaissais pas, donc c'est bien, j'ai appris quelque chose aujourd'hui. Et puis je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

  • Speaker #1

    Ouais déjà, ce sera bien.

  • Speaker #0

    Et puis chapeau à toi, parce que t'as su te remettre en question, tu as su te remettre en cause, et puis tenter d'autres choses, donc ça c'est très bien, parce que ça démontre une réelle envie d'avancer, et puis de changer un peu. l'univers dans lequel tu étais, et d'aspirer à autre chose. Donc vraiment, je suis content pour toi.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, c'est clair. Il ne faut pas se résigner et se dire, ça va être ça pendant les prochaines décennies. Il faut agir pour changer ça, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à toi pour ton témoignage et le temps que tu m'as accordé.

  • Speaker #1

    Merci Guillaume, pareillement.

  • Speaker #0

    Et puis je te souhaite vraiment énormément de bonnes choses pour la suite et une concrétisation de tes projets. A très vite.

  • Speaker #1

    Merci, à toi également.

  • Speaker #0

    Voilà, vous venez d'écouter le premier épisode de Fiches de Poste, le podcast qui mesure les écarts entre le poste qu'on vous a promis et sa réalité. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode dans l'émission Next Step Coaching. A bientôt !

Description

Cet épisode bonus me permet de vous partager un concept qui me tient à coeur depuis un moment : Mesurer les écarts entre la fiche de poste présentée à l'embauche et la réalité du métier.

Si l'idée sur le papier peut sembler intéressante, rares sont les salariés qui ont accepté de témoigner. Jusqu'à ce que "Lambda" (c'est le nom qu'il a choisit) accepte de nous parler des écarts dans son travail d'agent administratif. Et ce, sans langue de bois. C'est un témoignage trop rare et fort, en exclusivité pour nextstep coaching.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Guillaume Acré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce premier épisode intitulé « Fiches de poste de Next Step Coaching » . La thématique de ce podcast est très simple, mesurer les écarts entre la fiche de poste d'un métier et sa réalité vécue par le salarié. Autrement dit, c'est un recueil officieux d'une fiche de poste. officiel. En un sens, c'est un podcast dans lequel les personnes peuvent s'ouvrir sur leurs conditions de travail, leur salaire, le respect qu'on leur témoigne dans le cadre de leur job, aussi bien de la part de leur hiérarchie, de leurs collègues, que de la part du public ou de leurs clients. Bien entendu, lorsque j'ai eu l'idée de cette émission, je me suis rapidement heurté à un problème de taille, la confidentialité. Car si tout le monde est capable d'aborder les difficultés de son métier le soir à la maison ou en famille le week-end avec ses amis, témoigner au micro, c'est autre chose. Peu de personnes étaient partantes au départ pour expliquer réellement leur métier, en mettant de côté l'angélisme, la langue de bois et sans idéaliser non plus leur travail. Parce que mesurer les écarts, c'est aussi et surtout faire le point sur les raisons qui les ont poussées à embrasser cette carrière, et regarder si celles-ci sont toujours valables. Pour ce premier épisode donc, je reçois Lambda, c'est le prénom qu'il a choisi pour conserver l'anonymat, afin d'évoquer sa carrière d'agent des impôts et du recouvrement. Je le remercie énormément pour son témoignage et le temps qu'il m'a accordé pour parler sans filtre de son métier. Bonjour Lambda !

  • Speaker #1

    Et bonjour Guillaume !

  • Speaker #0

    J'espère que tu vas bien.

  • Speaker #1

    Ça va, je te remercie, je suis bien content d'être là.

  • Speaker #0

    Pour ma part, je suis ravi de t'accueillir également et de partager un petit peu de ton quotidien. Alors justement, quel est ton travail actuellement ?

  • Speaker #1

    Donc je suis agent administratif au sein des finances publiques.

  • Speaker #0

    Alors est-ce que c'est la définition officielle ou alors est-ce que tu as une fiche de poste, une sorte de descriptif de ton métier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait il y a une... Comment dire ? Il y a une fiche de poste assez généraliste concernant les agents administratifs au sein des finances publiques, où on explique un peu les différentes missions qu'on risque de faire, de la gestion administrative, de la rédaction, mais c'est assez généraliste. En fait, il y a tellement de services au sein des finances publiques que c'est lorsqu'on intègre un de ces services qu'on a la description réelle des tâches qu'on va effectuer. Elles ne sont pas disponibles sur une fiche de poste, ce sont souvent les chefs de service qui nous font la description.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire, si je comprends bien, que tu n'as pas forcément un descriptif clair et précis de ton métier.

  • Speaker #1

    Pas forcément, non. D'ailleurs, pour te dire, le poste actuel qui se passe dans un centre de contact, tout ce qui est plateforme téléphonique, lorsque j'avais dû faire une demande de mutation. Parce que de base, je travaillais dans une autre région, et lors de ma demande de mutation, je voulais me rapprocher de chez moi, il y avait une liste de services, dont un qui s'appelait simplement « division des particuliers » .

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Ça ne donnait aucune autre information. Et comme j'étais spécialité dans la fiscalité des particuliers, donc impôts sur le revenu, les taxes d'habitation, etc., j'avais choisi ça. Mais à aucun moment, ils indiquaient que... il était question d'un service téléphonique, ce qui se passait sur une plateforme téléphonique, etc. Donc là, tu vois, il n'y a vraiment aucune information.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire que tu as été amené à bouger, à évoluer sur un poste, et tu ne savais pas quelles seraient tes missions au quotidien. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. En fait, il y avait... Alors, autant il y avait des services qui avaient un intitulé très clair, mais là, c'était juste indiqué « Service de direction, division des particuliers » . Donc je m'attendais un peu à tout et à rien, mais pas forcément à une plateforme téléphonique, j'avoue. J'ai appris par la suite que cet intitulé était assez vague pour éviter, comment dire, parce que la plateforme téléphonique, en fait, ça n'allait pas susciter beaucoup de demandes. Donc c'était un choix de la direction d'être assez vague pour que les gens fassent la demande de ce service sans savoir tout de suite que ça allait être une plateforme téléphonique.

  • Speaker #0

    Alors j'imagine que t'as été surpris parce que c'était pas du tout ce qu'on t'avait vendu ou ce que t'avais acheté plutôt, façon de parler.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Pour te dire, même la chef du précédent service où j'étais, quand je lui disais que je serais au service de direction, division des particuliers, elle m'avait dit « Ah oui, vous serez avec les différents directeurs, vous aiderez à la rédaction, etc. » Des courriers et tout, mais en fait, pas du tout. Même elle, en fait, elle avait beau être chef même de centre, tout un centre, elle n'était pas au courant vraiment du service. Donc, ça a été une surprise, en fait, quand j'ai vu que oui, c'était un centre de contact. C'était assez surprenant.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire donc que même tes supérieurs hiérarchiques ne savaient pas forcément quel métier tu allais effectuer en arrivant.

  • Speaker #1

    Alors quand j'arrive, on m'explique que ça va être un service où je vais devoir aider à distance, soit par mail, soit par téléphone, toutes questions concernant la fiscalité. À l'échelle nationale, vraiment, que ce soit même au niveau des dom-toms, on peut recevoir des appels et puis on a accès au dossier pour renseigner, etc. On parle de renseignements généralistes en général. Et on m'explique que c'est un super service, apparemment. Parce que, justement, c'est là où on peut apprendre des choses assez pointues. Donc, c'est une expérience qui est non négligeable pour évoluer, etc. Mais bon, déjà, à ce moment-là, j'ai un petit doute parce qu'on me dit que le service est génial. Mais il y a un turnover chaque année important. L'année où je suis arrivé dans ce service, il y a une vingtaine d'agents qui venaient de partir.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Et j'entendais que d'autres voulaient partir l'année suivante. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que ça ne sent pas très bon. Mais alors, 20 personnes parties sur un effectif total de combien de personnes ?

  • Speaker #1

    40.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, on parle de la moitié des effectifs.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Sachant que les années suivantes, pour te dire, on avait toujours au moins une dizaine de départs.

  • Speaker #0

    Et alors, par rapport à ça, la hiérarchie, les gens disaient quelque chose, parce que ça fait quand même un sacré gap entre ce qui est promis. Et la réalité, alors c'est un peu le but de ce podcast, mais quand même, là, pardon, ça fait un sacré écart entre les deux.

  • Speaker #1

    Alors la réalité, elle a été toute autre. Aussi, il faut se replacer dans le contexte, c'était pendant encore la période Covid. Alors c'était après le confinement, tout ça.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais on a commencé à nous affecter des missions spéciales qui n'avaient rien à voir avec la fiscalité, au final. Par exemple, l'État délivrait certaines aides pour des entreprises qui ne pouvaient pas ouvrir pendant les périodes de confinement ou de couvre-feu.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Et nous, on nous a dit qu'on allait accompagner ces chefs d'entreprise. Donc, bon, là, on oublie la fiscalité et tout ça. On nous explique qu'il y a un site exprès qui a été mis en place par le gouvernement et que, tout simplement, les gens qui vont nous appeler, on va leur répéter ce qui est écrit sur ce site. Donc, déjà là, il y a une différence. Et en plus, on se dit que c'est... quoi l'utilité si on nous appelle juste pour lire ce qu'il y a sur un site accessible à tout le monde. Cette mission s'est transformée en suivi de dossier, tout simplement. Au lieu de répondre à des questions de fiscalité, la question qu'on nous a posée pendant ça a duré un an, c'était où en est mon dossier ? On n'a jamais lu ce qu'il y avait sur le site internet en question, on devait juste se connecter et dire à la personne si on voyait que son dossier était traité ou non. Mais en fait, cette question-là, on y répondait 60 à 70 fois par jour. C'est incroyable quand même. Oui. Et lors de la fin de cette mission, là où on s'est dit, tiens, on va répondre à de la fiscalité. En réalité, non. Le service où j'étais, les principales questions auxquelles je répondais pour te dire, c'était des renouvellements de mots de passe sur la plateforme impôts.gouv. Des gens nous appelaient parce qu'ils avaient oublié leur mot de passe. ils n'avaient pas renouvelé l'adresse mail, etc. Donc, ils nous appelaient pour changer leur mot de passe. Donc, c'était, sans exagérer, ça représentait au moins un tiers des questions que je recevais, si ce n'est plus. Ou sinon, c'était des gens qui nous appelaient parce qu'ils n'arrivaient pas à appeler leur service local. Les centres de finances publiques près de chez eux étaient injoignables ou fermés. Donc, souvent, en fait, ils nous appelaient pour savoir qui devait appeler. Donc, on était plus une... plateforme qui orientait un peu les gens. On ne répondait pas à des questions de fiscalité. C'était assez particulier.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc là, ça fait un sacré décalage entre ce qu'on t'avait vendu et la réalité et le titre de ton poste, l'intitulé, c'était quoi déjà ?

  • Speaker #1

    Agent administratif des finances publiques.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça fait un certain décalage. Et toi alors, officieusement, comment est-ce que tu définirais ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors, le poste, je le qualifierais d'un peu bullshit job.

  • Speaker #0

    Ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Je le qualifierais comme ça parce que c'était vraiment... Ce sont des phrases qu'on répète un peu comme un perroquet. Parce que même à un moment, j'aurais pu m'enregistrer une dizaine de réponses et selon l'appel, j'aurais pu appuyer sur un bouton et puis j'aurais lancé le magnéto sans souci. Au lieu d'être agent administratif, j'aurais aussi donné l'intitulé d'agent service après-vente parce qu'en fait, les gens ne pouvant pas contacter leur service local, appelaient la plateforme nationale par téléphone pour enfin avoir quelqu'un. avec qui ils parlaient de vive voix. Et du coup, ça leur servait pour faire leurs réclamations. On était un peu utilisés comme des fusibles, finalement, parce qu'ils avaient besoin de décharger leur colère sur quelqu'un. Donc la première personne qu'ils avaient enfin au téléphone, ça tombait sur elle.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, par rapport à l'intitulé de poste agent administratif, et la réalité, quel a été ton ressenti par rapport à cette situation ?

  • Speaker #1

    Alors en toute franchise, c'est la pire expérience professionnelle. Parce qu'il y a eu une absence de sens total à cette tâche. On se sent vraiment assez peu utile. Et par rapport à l'utilité qu'on est censé avoir, en tout cas ce qu'on m'avait expliqué, c'est assez illusoire. Et on dépend beaucoup finalement de la personne qui va être chef du service. qui, elle, va affecter la plateforme téléphonique aux différentes missions selon les besoins du gouvernement. Je ne sais pas si tu te souviens, à un moment, suite à l'augmentation du prix du carburant, il y avait eu un chèque que l'État avait donné, enfin, délivré 100 euros pour les personnes égyptes. Voilà. Pour te dire, notre service, un jour, on a reçu un message comme quoi on nous a porté volontaire pour cette mission. Donc là, pareil, pas de fiscalité. Donc... sensation d'être un peu un bouche-trou où on nous met selon les besoins du contexte, les besoins du gouvernement, on doit souvent s'adapter. Alors ça peut être sympa sur le papier, parce qu'on dit ça évite une routine et tout, mais en fait on se rend compte qu'on est très limité en compétences, juste à part dire oui, votre dossier est bien enregistré, oui, c'est en cours. Ou là il y a une erreur éventuellement, mais sinon c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est assez difficile, j'imagine, à vivre au quotidien. Et alors, cette situation, est-ce que tu as déjà eu l'occasion d'en parler avec tes collègues pour savoir si tu étais le seul à penser ça ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça a plus été le côté tous dans le même bateau, justement. Parce que j'ai quand même des collègues dans ce service qui sont là depuis bien plus longtemps et qui n'ont pas bougé pour autant parce que ça leur plaît. Mais ces collègues qui aiment ce métier... se sont quand même rendus compte ces dernières années qu'il y a eu une dégradation du poste. Le côté d'être affecté à de nouvelles missions qui n'ont rien à voir avec la fiscalité, ça, ils n'avaient pas connu ça jusqu'à présent. Et c'est vrai que même chez eux, il y a pas mal de frustration. Et du coup, on commence à voir certains de ces piliers du service demander à partir, ou certains sont résignés. Ils se disent, de toute façon, il me reste 10 ans à faire. Je ne sais pas forcément quel autre service faire, donc autant continuer.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, 10 ans à faire ce métier-là, dans ces conditions-là, ça doit être assez compliqué à vivre.

  • Speaker #1

    Oui, pour te dire, ça a été ressenti par les chefs de service, la direction. Il y a même eu des stages un peu qui ont été faits pour qu'on aille mieux, pour améliorer un peu la relation, mieux appréhender les appels conflictuels, etc. Donc, c'est vraiment un ressenti partagé.

  • Speaker #0

    Donc un ressenti global, si j'ai bien compris, si je résume, basé sur la frustration. Et alors, pour toi, entre les tâches que tu es censé effectuer et la réalité des tâches qui te sont assignées, comment est-ce que tu qualifierais l'écart entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, autant, quand je regarde la fiche de poste d'agent administratif des impôts, il y a du vrai, je veux dire, au niveau de la gestion, etc. Je ne peux pas dire, c'est clairement les tâches qu'on va faire. Après, il y a quand même un écart non négligeable entre, par exemple, quand je suis arrivé dans cette plateforme téléphonique et que j'ai pu comparer la théorie et la réalité du terrain, j'ai pu voir qu'il y avait quand même une grosse différence. Après, en matière plus générale, en fait, si tu veux, dans la fonction publique, il y a trois grades, A, B, C. Agent administratif, c'est le grade C. Et dans la fiche de poste, on t'indique que tu vas être dirigé par un agent B ou un agent A. Et en fait, ce dont on se rend compte... c'est qu'on fait le même travail, mais exactement le même que les B. C et B font le même travail. La seule chose qui change, c'est la paye, les perspectives d'évolution. Et dans le service en question, la plateforme téléphonique, je me retrouve même formateur et je forme des agents A. Ah oui, quand même. Donc, c'est l'agent C qui forme des A. C'est un moment même, si tu veux, j'ai été... En fait, tu peux être soutien. Si un collègue au téléphone, il bute sur une question d'un usager, il peut faire appel à un soutien et il bascule sur ton téléphone. Plus d'une fois, j'ai été amené à être soutien pour un B ou même un A. C'est là où on voit qu'il y a quand même une différence entre ce qui est annoncé et la réalité. Mais j'avais pu observer ça, pour t'expliquer très rapidement, quand je venais d'arriver dans les finances publiques. à l'accueil, c'était mon tout premier service. C'était un service civique qui faisait l'accueil des usagers. Tu sais, dans un hall de centre des impôts.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et j'avais parlé avec cette personne. Elle m'avait expliqué que dans son contrat, normalement, elle était amenée à juste accueillir les gens, mais à l'entrée du service, du hall d'accueil, leur demander quelles questions ils avaient. Donc, admettons, c'était pour payer, admettons, c'était pour leur déclaration de revenus. Et elle, sa mission à ce service civique, c'était juste de dire, dans ce cas-là, appuyez sur tel bouton pour générer le ticket du guichet qui va être concerné. Elle, c'était juste ça, sa mission. Et en fait, elle s'est retrouvée à faire agent d'accueil. Elle faisait le même travail que moi, par exemple, lorsque je devais faire de l'accueil, sauf qu'elle avait le salaire d'un service civique. Donc, pour te dire, il y avait aussi une énorme différence entre sa fiche de poste et la réalité.

  • Speaker #0

    Déjà, je te remercie par rapport à... l'information. Alors, je savais qu'il y avait des grades, mais je ne savais pas que ça marchait dans le sens inverse. Donc, ça, c'est déjà très bien. Mais ce que tu m'expliques est tout simplement hallucinant. Alors, je dis toujours, comme dicton, que normalement, c'est le parent qui apprend à l'enfant. Enfin, en tout cas, c'est dans l'ordre des choses. Je sais qu'on vit une période avec plein de modifications, plein de rembondissements, que beaucoup de choses sont remises en question, mais normalement, ça fonctionne comme ça. Donc là... tu es en train de m'expliquer que c'est le collaborateur qui forme le supérieur hiérarchique et selon toi d'où vient cet écart parce que c'est irréel complètement selon moi je ne veux pas remettre en doute les compétences des

  • Speaker #1

    A et des B je dirais que ce qui peut jouer c'est le manque de formateurs des gens peut-être du grade B ou A ne cherchent pas forcément à être formateur mais il y en a, attention les formateurs il n'y avait pas que des agencés après ce qui peut manquer c'est la formation initiale si tu veux avant d'entrer pour la première fois dans ton poste quand tu viens d'avoir le concours de A, B ou C peut-être c'est au niveau de cette formation initiale qui dure entre 6 semaines pour un agent C et 8 ou 9 mois je crois pour un agent A c'est peut-être là où il y a des lacunes mais c'est vrai que ça porte un peu à confusion de se dire tiens c'est un agent C qui qui forment des B et des A devant lui. Après, attention, un agent C ne pourra pas peut-être assurer toutes les formations. Il y a des formations qui ne pourront être assurées que par un agent A. Mais en tout cas, en ce qui me concerne, je peux témoigner que quasiment à toutes mes formations, j'avais au moins un A et toujours des B. Et malheureusement, on pourrait penser que du coup, en tant qu'agent C, ça te permettrait d'évoluer.

  • Speaker #0

    Ben oui.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, dans la fiche de poste, on te le dit assez vite, tu peux évoluer assez facilement dans la fonction publique grâce au concours. Ça, c'est vrai. Rien ne m'empêche de passer un concours B ou A. Le problème derrière, c'est que ça veut dire que je serai muté n'importe où dans le pays. Donc, il faut l'accepter d'être muté à plusieurs centaines de kilomètres à nouveau chez soi.

  • Speaker #0

    Effectivement.

  • Speaker #1

    Mais on te dit, tu n'es pas obligé de passer le concours. Il y a aussi la promotion interne de C. Si tu fais du bon travail, tu vas pouvoir passer B. Sauf que ça... Pareil, entre la théorie et la réalité, c'est différent puisqu'en arrivant sur le terrain, on te fait comprendre que si tu veux passer sur la liste interne, promotion interne, on va dire, liste d'aptitude, pardon, c'est ça le bon mot, en fait, il faut attendre un certain âge. Par exemple, toi, tu as 32 ans. On va te comparer avec un autre collègue qui en a 45. Vous avez les mêmes compétences, voire même toi, tu es un peu meilleur quand même que cet autre collègue. Pour la promotion de liste d'aptitude, on va privilégier ton collègue de 45 ans parce que toi, on va estimer que tu es assez jeune encore pour passer des concours.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Donc voilà, la liste d'aptitudes, cette promotion interne, en réalité, elle est accessible que lorsque tu as la quarantaine, 45 ans passés. voire même des fois c'est utilisé pour les agents qui posent problème, au moins on leur donne une promotion et ils sont obligés de quitter le service où ils posent problème actuellement.

  • Speaker #0

    Alors pour résumer, on peut être une personne de 30 ans, être plus compétent qu'une personne de 40, mais on n'aura pas de promotion parce qu'on est plus jeune que celle de 40 ans. C'est bien ça ? Si je comprends bien la logique. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Si elle veut évoluer sans repasser un concours. Parce que, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, donc en promotion interne.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Si on se base que sur la promotion interne, quelqu'un qui a 25 ans, qui est agent C, qui est très compétent, etc., il ne pourra pas passer sur la liste d'aptitude avant 10-15 ans.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Sauf vraiment... Non, vraiment, alors... À part vraiment s'il y a un chef de service qui peut l'aider à ça ou s'il connaît les bonnes personnes, mais j'ai très rarement vu ça, toute franchise.

  • Speaker #0

    Bon alors c'est presque une légende urbaine, à moins que tu aies entendu ça peut-être une fois.

  • Speaker #1

    Non, j'ai dû entendre ça une fois ou deux.

  • Speaker #0

    Ok, alors avec tout ce que tu viens de nous expliquer sur ton métier, est-ce que tu dirais que finalement celui-ci correspond aux attentes que tu en avais ?

  • Speaker #1

    Alors, concernant la plateforme téléphonique, bon, je savais à quoi m'attendre. On ne m'a pas trompé, c'est bien du téléphone, beaucoup de mails. Ça, c'est vrai que ça correspond. Sur la nature, après, du métier à lui-même, le sens, là, par contre, c'est vrai que ça a été à la dégringolade.

  • Speaker #0

    Alors, tu parles de perte de sens, mais je pense que la perception, finalement, qu'on a de soi, au niveau du travail, doit être assez compliquée, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Et vraiment, c'est en étant dans ce contexte-là qu'une fois, un collègue a dit « franchement, on fait un bullshit job » . Et je ne connaissais pas cette expression. Et en me renseignant, on se sent vraiment pas utile, c'est dépourvu de sens, etc. C'est là où j'ai dit « ah bah oui, en fait, il a raison, c'est la définition du métier » .

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai déjà entendu parler de ça. C'est une de mes connaissances. Je crois que c'est tiré d'un livre. c'est ça vient de David Greber, je crois, que c'est Bullshit Job. Je ne l'ai pas encore lu. Mais il faudra que je lise, parce que j'ai déjà entendu parler de cette expression Bullshit Job. Maintenant, j'imagine que ce n'est pas le cas dans tous les métiers de la fonction publique, quand même. Enfin, j'ose espérer.

  • Speaker #1

    Disons que la fonction publique, elle offre quand même quelque chose de précieux. si on accepte le jeu des concours, de la mutation, etc., c'est vrai que ça permet de varier énormément les métiers et aussi d'avoir des promotions intéressantes. Un agent C a la possibilité de passer directement à agent A s'il a réussi le concours. Ce n'est pas dans tous les métiers que tu peux faire ça. Dans le privé, etc., des promotions comme ça, ce n'est pas forcément possible. Tu peux passer le concours à tous les âges. Je veux dire... Quelqu'un qui a la cinquantaine passée peut tout à fait être reçu sur concours. Il a autant de chances qu'un candidat qui a la vingtaine, alors que dans le privé, peut-être que ce serait plus compliqué 50 ans passés d'être attractif sur le marché de l'emploi. Donc à ce niveau-là, c'est ça aussi qui me motivait à me lancer au niveau de la fonction publique parce que c'est une force. Je ne pourrais jamais dire le contraire. En interne, la preuve, j'ai pu être formateur assez rapidement. J'ai pu continuer là. être soutien, etc. J'arrive quand même à varier les missions. Mais malheureusement, la quête de sens, la réalité aussi concernant les promotions, parce que le concours, c'est bien beau, mais comme je te disais, rechanger de région, etc., ce n'est pas forcément quelque chose que tu peux faire tout le temps, dès que tu commences à vouloir fonder une famille ou faire ton trou quelque part. Donc c'est vrai que... Il y a cette désillusion qui s'est faite entre le moment où je me suis lancé dans la fonction publique avec ces perspectives-là, et maintenant la réalité du terrain mêlée à la réalité de la vie, etc.

  • Speaker #0

    Et alors si tu devais donner la métaphore, ou une métaphore, qui colle le plus à ta situation ?

  • Speaker #1

    Alors, cette métaphore, elle ne vient pas de moi, ça vient d'un atelier qu'on avait suivi, justement, il y a quelques temps, parce que dans le service, les agents n'allaient pas bien, donc il y avait eu cette... Cette session avec un formateur pour nous aider à extérioriser un peu ce qui n'allait pas. Et à un moment, il y avait eu un atelier où il y avait plusieurs images. On devait choisir celle qui nous parlait le plus. Et c'est ce que je vais utiliser pour la métaphore. Cette image, en fait, c'était un mouton avec des habits de soldat. Un casque, une veste, un fusil qui tient un peu de travers, puis tu vois que le mouton fait maladroitement un garde-à-vous. Et c'est l'image qui m'a le plus parlé, parce que j'avais vraiment le sentiment d'être ce mouton, c'est-à-dire le mouton pas forcément préparé pour là où on l'envoie. Un peu ridicule avec son uniforme, son fusil qui tient de travers, parce qu'on ne l'arme pas suffisamment. Et puis le côté garde-à-vous et le côté mouton, ça renvoie le mouton, le troupeau qui suit le mouvement sans rien dire. Et c'était vraiment cette image qui m'avait interpellé, parce que j'avais l'impression aussi d'être ce mouton qu'on envoie selon le gré des envies du chef de service, qui des fois c'est... pour servir sa propre carrière, qui va utiliser le service pour faire telle ou telle mission. C'est nous qui sommes envoyés un peu au casse-pipe. Et bon, il n'y a rien qui nous retombe dessus en retour, en positif, du vrai. Donc voilà, le mouton soldat, je trouve que c'était la bonne métaphore.

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, c'est une métaphore brillante et je trouve assez puissante.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Donc ça, je ne connaissais pas, mais je la trouve plutôt... pertinentes par rapport à tout ce que tu nous as expliqué. En tout cas, je te remercie pour les infos sur les grades, puisque je ne connaissais pas, donc c'est bien, j'ai appris quelque chose aujourd'hui. Et puis je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

  • Speaker #1

    Ouais déjà, ce sera bien.

  • Speaker #0

    Et puis chapeau à toi, parce que t'as su te remettre en question, tu as su te remettre en cause, et puis tenter d'autres choses, donc ça c'est très bien, parce que ça démontre une réelle envie d'avancer, et puis de changer un peu. l'univers dans lequel tu étais, et d'aspirer à autre chose. Donc vraiment, je suis content pour toi.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, c'est clair. Il ne faut pas se résigner et se dire, ça va être ça pendant les prochaines décennies. Il faut agir pour changer ça, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à toi pour ton témoignage et le temps que tu m'as accordé.

  • Speaker #1

    Merci Guillaume, pareillement.

  • Speaker #0

    Et puis je te souhaite vraiment énormément de bonnes choses pour la suite et une concrétisation de tes projets. A très vite.

  • Speaker #1

    Merci, à toi également.

  • Speaker #0

    Voilà, vous venez d'écouter le premier épisode de Fiches de Poste, le podcast qui mesure les écarts entre le poste qu'on vous a promis et sa réalité. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode dans l'émission Next Step Coaching. A bientôt !

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