Guillaume AkréBonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Next Step Coaching. Je suis Guillaume Akré, coach, ravi de vous accueillir pour ce nouvel épisode. Alors, au cours de ce podcast, je parle de coaching, bien entendu, de problématiques d'entreprise, mais aussi de tendances qui modifient nos rapports aux autres. Cette semaine, le sujet de ce podcast est lié au livre que j'ai lu dernièrement à savoir celui de Louis de Diesbach intitulé « Liker sa servitude » qui commente nos rapports aux réseaux sociaux. L'auteur pose d'ailleurs cette simple question « Pourquoi acceptons-nous de nous soumettre au numérique ? » Car si nous utilisons majoritairement les réseaux sociaux, rares sont les personnes qui se demandent comment fonctionnent les algorithmes et surtout pourquoi ont-ils été conçus de cette façon. Au cours de l'ouvrage, l'auteur fait souvent référence au pacte faustien qui provient du personnage Faust, héros d'un conte allemand. Pour rappel, conclure ce type de pacte signifie abandonner ses valeurs et ses principes contre des bénéfices ou des richesses. Cet ouvrage, je l'ai trouvé vraiment pertinent parce qu'il s'intéresse à chaque acteur numérique. Les entreprises, les gouvernements et bien entendu, les consommateurs. Le livre est divisé en trois parties. Une première qui rappelle la genèse des réseaux sociaux et leurs dispositifs pour nous rendre dépendants. La seconde est liée par ricochet à notre perception du monde et à notre enfermement métaphorique dans une chambre d'écho. Enfin, la dernière traite des diverses politiques mise en place pour atténuer la portée des réseaux et offre des perspectives sur le futur. Les premiers chapitres du livre dressent un état des lieux et rappellent que les réseaux sociaux ont été conçus à l'origine pour d'autres dessins que ceux que nous connaissons aujourd'hui, à savoir connecter les individus entre eux, partager leurs passions ou diverses problématiques, bref, en une phrase, créer du lien. Cela étant dit, on peut aisément comprendre qu'un réseau social ne peut pas se financer uniquement avec des vocations. Il faut trouver des sources de financement, notamment via les frais sur les transactions, comme eBay. ou la publicité comme Instagram ou Google. Les différentes plateformes ont donc permis aux nombreux utilisateurs d'accéder gratuitement aux applications en échange d'une captation de notre surplus comportemental. Alors de quoi s'agit-il ? Ce sont des tendances, des préférences, des analyses de comportement qui, une fois cartographiées, enferment les individus dans des profils de consommateurs. Ce concept de surplus comportemental a été créé notamment par Shoshana Zudoff, professeur à Harvard. Et notre surplus comportemental sera ensuite revendu aux annonceurs qui, de leur côté, vont créer de la publicité individualisée. Et pour que cette publicité soit efficace, les plateformes se sont rendues compte qu'elles avaient besoin de temps pour exploiter les données de nos comportements en ligne. C'est donc la raison pour laquelle chaque plateforme souhaitent garder ses utilisateurs un maximum de temps. Parce que la captation de notre attention permet d'affiner le marketing dont nous sommes la cible. Et les algorithmes sont ainsi devenus une arme imparable de profilage et de marketing personnalisé. Louis de Diezbach s'intéresse également à la notion de liberté et d'autonomie pour enchaîner sur les différents dispositifs d'asservissement. Concernant l'addiction, L'auteur nous rappelle à quel point les techniques utilisées par les réseaux sociaux sont implacables, s'appuyant notamment sur la théorie des deux systèmes de pensée exposée par Daniel Kahneman. Ce livre, sorti en 2011, explique que l'être humain a deux systèmes de pensée et qu'il navigue constamment entre ces deux modes. Notre système de pensée numéro un est rapide, instinctif, émotionnel et ne nécessite pas d'efforts particuliers en termes de concentration. Le système 2, quant à lui, est plus lent car il nécessite plus de réflexion, de concentration, donc d'attention. C'est de ce système de pensée dont nous avons besoin, par exemple, pour résoudre des problèmes complexes. Ainsi, nous comprenons aisément que les réseaux sociaux vont surtout solliciter notre premier système de pensée, stimulant et encourageant ainsi une compréhension rapide, instinctive et émotionnelle de ce qui est exposé sur nos fils d'actualité. Et reléguant au placard, notre second système, plus lent et réfléchi. Mais ce n'est pas tout, les réseaux sociaux stimulent également un besoin humain, celui de la sociabilité. Celle-ci est encouragée via les likes, les notifications, les commentaires sous nos publications et nos amis virtuels. Lorsque ce besoin est comblé, de la dopamine se libère, provoquant ainsi une sensation de bien-être. Rappelons au passage que l'humain n'est pas. addict aux réseaux sociaux, il est addict à la sensation de bien-être que ces derniers lui procurent. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose. En ce qui concerne les mécanismes d'addiction, l'auteur explique comment les utilisateurs se retrouvent virtuellement enfermés sur les plateformes sociales. Via la publicité bien entendu, mais également via le concept du nudge. Alors qu'est-ce que c'est ? Eh bien nudge, on pourrait le traduire par coup de pouce. Eh bien ce fameux coup de pouce modifie finalement notre comportement. Mais il existe aussi le rabbit hole ou les chambres déco. Ces techniques, finalement, privent l'humain d'une notion de choix, ou plutôt lui donnent l'illusion d'avoir le choix alors qu'il n'en est rien. D'ailleurs, à ce titre, notons que le Center for Human Technology, fondé par Tristan Harris et Roger McNamee, des anciens employés de Facebook, eh bien ces derniers ont répertorié sept schémas sur la façon dont les réseaux sociaux déforment notre réalité. Les voici. Nous avons donc en 1 l'extrapolation des émotions, En 2, l'inondation d'informations. En 3, le micro-ciblage publicitaire. En 4, l'indignation morale. En 5, la création de contenus viraux. En 6, la décrédibilisation journalistique. Et en 7, la polarisation du débat public. Alors, je rappelle au passage que cette organisation sensibilise les concepteurs, les entreprises et les utilisateurs sur les addictions, avérées ou plausibles. liées au numérique, et qu'elle a notamment dénoncé la façon dont certaines entreprises de la tech concevaient leurs algorithmes, puisque ces derniers sont souvent élaborés pour faire craindre aux utilisateurs de louper une information importante, les obligeant à se connecter plusieurs fois par jour, ou encore renforcer le désir de recevoir une approbation sociale, encourageant par exemple un comportement grégaire de certains profils, et enfin de stimuler le besoin de reconnaissance via les likes que j'ai évoqués ou encore les j'aime. Au final, ces technologies, en optimisant un système de récompense variable et intermittent, favorisent une dépendance de l'humain, un peu comme le système des machines à sous, vous savez, dans les casinos, et limitent son autonomie. La dernière partie du livre, quant à elle, traite du pourquoi de notre servitude pour comprendre les raisons qui nous poussent à accepter celle-ci. Et comme l'écrit Louis de Diesbach, nous ajoutons nous-mêmes une forme de dépendance, ce qui nous rend finalement à moitié victime, mais aussi à moitié complice. Parce qu'au fond, la question n'est pas uniquement de savoir si les réseaux sociaux nous manipulent, mais plutôt pourquoi nous l'acceptons. Il énumère bien entendu plusieurs pistes, mais celle qui ressort le plus et ce souhait du plaisir à consommer de façon hédoniste sans produire d'effort. Et de fait, l'auteur revient sur l'évolution de nos sociétés après la seconde guerre mondiale, impliquant le développement d'une culture de l'individualisme. Chaque génération successive ayant été habituée à consommer dans une logique individualiste, avec la possession de sa maison, sa voiture ou encore ses loisirs, eh bien le prolongement s'est effectué jusque... dans les sphères de nos applications et dans le feed de ces dernières. Mais le paradoxe de l'individualisme adapté aux réseaux sociaux, c'est que celui-ci reproduit une forme de régarité. Par exemple, il suffit qu'une nouvelle tendance apparaisse, une trend, pour que des milliers, voire des millions d'utilisateurs reproduisent cette dernière. Ce qui de fait conforte cette idée selon laquelle chaque humain est unique, mais bien souvent rangé à l'opinion de tous, engendrant de facto une polarisation des idées et des débats. Et le point intéressant soulevé dans ce livre réside aussi dans notre responsabilité sur l'utilisation des réseaux sociaux, car les algorithmes ne sont au fond que les orientations et les traductions de nos comportements et de nos émotions humaines. En résumé, si certaines plateformes sont décriées et accusées de nombreux mots, c'est aussi et surtout parce que ces derniers sont générés par les humains. Et la fin du livre, quant à elle, explore plusieurs pistes sur l'avenir des réseaux sociaux, les actions de certains gouvernements comme les RGPD, ce qui a été mis en œuvre et ce qu'il est encore possible de mettre en place pour réguler les plateformes. Pour conclure, je pense que vous l'aurez compris, j'ai vraiment apprécié ce bouquin, likez sa servitude de Louis de Diezbach, déjà parce qu'il met tous les acteurs face à leur propre contradiction, un peu comme un effet miroir. Et puis, il explique les tenants, les aboutissants et il n'est lu de rien. Voilà, donc c'est vraiment un livre essentiel pour comprendre notre rapport au numérique et améliorer son utilisation. Voilà, nous sommes arrivés au terme de cet épisode. N'oubliez pas de laisser une note sur votre plateforme d'écoute, comme d'habitude, et de vous abonner au podcast Le Cas Échéant. On se retrouve bien entendu sur LinkedIn si vous souhaitez échanger Le Cas Échéant. et d'ici là... Je vous souhaite une bonne continuation. Je vous dis à très vite. Bye bye.