Guillaume AkréBonjour à tous, je suis Guillaume Acré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce nouvel épisode de Next Step Coaching. Aujourd'hui, je me penche sur Idiocratie, également appelée Planète Stupide en français. Comment ce long métrage de Mike Judge sorti en 2006 est-il devenu culte ? Pourquoi ce film sorti il y a près de 20 ans est devenu un culte ? est-il régulièrement cité comme visionnaire ? Eh bien voici dans cet épisode et à mon sens les quatre éléments majeurs qui ont consacré ce film comme tel. Je vais expliquer ces quatre points dans la deuxième partie de l'émission après le synopsis. Cette comédie d'anticipation, on pourrait même dire dystopique, pose une question essentielle sur la question de l'intelligence humaine. Le parti pris de ce long métrage est de considérer que celle-ci sera vouée à décroître au fil des décennies. L'idée principale est la suivante. A partir de 2005, les personnes avec un QI faible, ayant majoritairement plus d'enfants que ceux avec un QI élevé, l'intelligence de l'être humain est condamnée à chuter. Et avec la succession des générations, l'humain dans sa globalité, en tout cas aux Etats-Unis, lieu du déroulement de l'intrigue, fonce inexorablement vers une baisse de son QI, avec les conséquences que cela engendre. Je précise... d'emblée que ce film doté d'un humour potache n'est pas exceptionnel, mais cela étant, il a posé quelques questions qui font sens aujourd'hui. Voici donc le synopsis. En 2005, aux Etats-Unis, Joe Bowers est bibliothécaire dans une base militaire. Il est défini comme un officier moyen dans tous les domaines, avec des aptitudes et des capacités lambda, ainsi qu'un QI moyen. Afin de servir à une expérience scientifique, il accepte de se faire congeler. pour une durée d'un an. Il sera accompagné dans cette aventure par Rita, une prostituée. Malheureusement, l'officier en charge du projet se fait licencier et le projet est abandonné, laissant Joe et Rita congelés pour une durée bien plus longue que prévue. Finalement, ils ne sont réveillés qu'en 2505, soit 500 ans après le début de l'expérience. Durant cette période, le monde a changé, mais pas pour le mieux. Le niveau intellectuel général s'est effondré, les gens passent leur temps devant leur écran à regarder des programmes abrutissants, le traitement des déchets est inexistant, la médecine est informatisée et les tribunaux ne rendent plus justice. Très vite, Joe est stigmatisé car il fait tâche dans l'époque de 2500. Il s'exprime correctement, a un sens commun et ne réduit pas tout à la sexualité ou à l'argent. Finalement incarcéré, Il arrive toutefois à s'échapper et est propulsé ministre de l'intérieur à la faveur de son QI, largement au-dessus de la moyenne. Il résoudra une crise majeure en proposant d'arroser des plantations avec de l'eau. Oui, oui, vous avez bien entendu, juste de l'eau. S'en suivra une suite d'aventures pour lui, Rita, le président de la République des Etats-Unis, et son ministère. Alors, pourquoi ce film Idiocratie fascine autant ? aujourd'hui ? Eh bien selon moi, pour quatre raisons essentielles que je vais détailler juste après la pause, à savoir en 1. la baisse inexorable du QI humain, en 2. la surconsommation de masse, en 3. la vulgarité qui gagne du terrain et en 4. l'impact écologique. La baisse du quotient intellectuel humain est un sujet qui est régulièrement traité dans différentes revues comme Science et Avenir, le Nouvel Obs ou encore Society et à travers différentes études depuis quelques années. Je pense notamment à celle des chercheurs norvégiens Bert Bradsberg et Hall Rugerberg qui ont conclu que l'être humain enregistrait une baisse de son QI depuis 1975. Même s'il faut rappeler qu'avoir un QI élevé n'est pas forcément synonyme d'intelligence et qu'il faut rapprocher ces constats avec d'autres éléments de mesure. Je pense notamment au programme PISA, qui signifie Programme International pour le Suivi des Acquis, mis en place par le CDE. Ces études se déroulent tous les 3 ans et testent les compétences des élèves de 15 ans sur des matières comme la lecture, les sciences, les mathématiques, ainsi que sur leur créativité. Ces dernières sont très prisées parce qu'elles mesurent l'équité dans l'enseignement, la capacité des élèves testés à résoudre différents problèmes dans des matières dont nous avons besoin au quotidien, comme le français ou les maths, et sont testées dans près de 80 pays. Et ces études impartiales semblent corroborer le sentiment général d'une baisse de QI, de quotient intellectuel, en tout cas sur certains continents. Et au-delà d'un vague sentiment, Nous sommes parfois confrontés dans notre quotidien à cette baisse de niveau sur le français, par exemple. Il suffit de se balader sur les réseaux sociaux pour constater que le niveau d'orthographe a drastiquement baissé. Ces diverses observations valideraient sur ce premier item la théorie du long métrage, à savoir que dans Idiocratie, l'être humain est ridiculisé puisqu'il n'est plus capable de raisonnement basique, de faire preuve d'une once de réflexion ou même d'empathie, abreuvé qu'il est par les écrans disséminés. un peu partout dans la ville. Ces écrans nous offrent une transition toute trouvée avec le point numéro 2, la surconsommation de masse. L'humain est cerné par les écrans, matraqué par la publicité et les programmes abrutissants. Il est abreuvé d'offres en tout genre, partout, même dans le milieu hospitalier. Cette surconsommation est notamment symbolisée par les codes-barres tatoués sur les bras de la population. De nos jours, tout s'achète et tout se vend. c'est un fait, mais le futur dans Planète Stupide fait froid dans le dos, puisque la seule alternative proposée à l'homme en 2500 est le consumérisme. De fait, le long métrage projette indéniablement une part de réalité à laquelle nous sommes déjà confrontés. Nous sommes quotidiennement incités à consommer par le biais de la publicité via nos écrans, un peu dans l'esprit Black Mirror pour ceux qui connaissent cette série. Mais ce n'est pas tout, en effet... difficile de ne pas faire le lien avec les réseaux sociaux actuels dans lesquels chacun d'entre nous est sommé de se vendre par le biais d'un storytelling permanent. Enfin, comment ne pas faire le lien aussi entre la marchandisation des corps évoqués dans le film et les sorts récents de plateformes telles que MIM ou ONLYFAN qui permettent à chacun ou chacune d'entre nous de vendre des photos ou vidéos de son corps. Le troisième point concerne la vulgarité qui gagne du terrain. Ce parti pris a forcément fait écho chez le peuple américain en 2016 et en 2024 lors des élections présidentielles. Donald Trump ayant fait de la vulgarité une marque de fabrique dans ses interactions avec les médias ou ses opposants. Ce langage fleuri lui est régulièrement reproché mais il a déjà expliqué que cette forme de communication lui permettait d'être libre dans ses propos. et surtout proche de ses électeurs. Mais, quoi qu'il en soit, cette forme de communication révèle un nivellement vers le bas, puisqu'on peut imaginer qu'un responsable politique n'a pas forcément besoin de s'abaisser à ce niveau de vulgarité. Là aussi, Idiocratie avait vu juste, en imaginant un président de la trempe de Dwayne Camacho, joué superbement par Terry Crew, porter sur l'incorrection permanente. D'ailleurs, le parallèle a régulièrement été fait lors des élections américaines de 2016 expliquant qu'Idiocratie était censé être un film et non un documentaire. Cette phrase étant souvent reprise dans les commentaires sur les réseaux sociaux dès qu'on fait référence à ce long métrage. J'évoque les Etats-Unis, mais nous ne sommes pas en reste non plus dans l'hexagone avec nos responsables politiques qui se sont également laissés aller dans l'inconvenance. Je pense bien sûr au « Casse-toi pauvre con » de Nicolas Sarkozy mais aussi au bras d'honneur balancé par l'ancien ministre de la Justice, Dupond-Moretti, en 2023. Il existe bien d'autres exemples, bien entendu. L'idée n'est pas de stigmatiser une personnalité en particulier, mais cette tendance démontre que la fonction politique, de manière générale, n'est plus sacralisée. Le dernier point concerne l'impact écologique. Premièrement, le traitement des déchets est inexistant. C'est d'ailleurs grâce à cette absence de gestion des résidus que la trame du film peut se mettre en place avec le retour de Joe Bowers en 2500. Les immeubles tiennent debout avec des cordes tendues entre eux, ce qui pose par ricochet la question du niveau de compétence des architectes. L'aménagement des villes est oppressant, laissant place à une urbanisation sans précédent. Mais ce n'est pas tout. En 2500, l'homme est incapable de résoudre une problématique simple, celui de faire pousser la végétation. Ce raisonnement élémentaire peut prêter à sourire de nos jours, mais n'est pas complètement dénué d'intérêt si l'on se projette dans 400 ans. Et, tout au long du film, l'absence de réflexion globale sur l'écologie interpelle, puisque le film démontre que le sort de la planète ne pèse pas lourd face aux préoccupations hédonistes de l'être humain. Enfin, Cette idiocratie évoque habilement la surpopulation, donnée importante dans le rapport de l'humain avec son habitat naturel. Pour rappel, les projections des World Population Prospect des Nations Unies estiment que la population mondiale continuera à croître fortement sur les décennies à venir, passant de 8 milliards en 2024 à plus de 10 milliards en 2100. Ce qui deviendrait problématique puisque la Terre n'aurait plus assez de ressources dans le futur pour absorber. un tel niveau de population. En conclusion, idiocratie fait ressortir les failles d'un système, l'abrutissement des masses débouchant sur une incompétence généralisée qui suinte de partout. L'humain a restreint la communication avec son environnement et ne sait plus résoudent des problèmes d'une facilité confondante. La publicité est omniprésente, et avec elle, la consommation devient la seule voie existentielle. La bouffitude, généralisée de la population, transpire au cours du récit et fait mal. marquant, cette dernière en retire une sorte de fierté. Du côté de l'État, la santé par le biais des hôpitaux ne fonctionne plus, la justice n'est plus rendue et la classe politique, qui devrait montrer l'exemple et prendre en considération les problématiques du peuple, utilise la démagogie pour diriger le pays et en est réduite. à la vulgarité la plus élémentaire. Enfin, nous l'avons vu, l'écologie est absente des débats. Finalement, la fascination qu'exerce Idiocratie près de 20 ans après sa sortie est assez simple. Le film de Mike Judge résonne aujourd'hui car il nous offre toute une palette de situations grinçantes sur le futur de l'humanité, son présumé niveau d'intelligence, son rapport aux autres, à son environnement et à la planète. Comme si nous avions pris conscience que ce film qui n'était au fond qu'une bonne blague cinématographique, avait vu juste sur de multiples aspects de notre quotidien. Ce récit d'anticipation, qui prêta à sourire lors de sa sortie, fait finalement réfléchir aujourd'hui, puisqu'il est considéré depuis comme un documentaire sur l'évolution de l'être humain. Enfin, le film se déroule aux Etats-Unis, mais bien qu'aucun autre pays ne soit mentionné, nous pouvons facilement projeter cette version du futur dans un autre pays occidental. Et c'est justement tout l'intérêt de cette farce de Mike Judge. Nous voici donc arrivés au terme de cet épisode. J'espère qu'il aura été à la hauteur de vos attentes et surtout qu'il vous aura donné envie de regarder Idiocratie, le film de Mike Judge. Avant de vous quitter, je vous rappelle que vous pouvez vous abonner à ce podcast suivant votre plateforme d'écoute. Et n'oubliez pas non plus de laisser quelques étoiles, le maximum c'est 5 souvent, pour récompenser le travail qui est effectué en amont, et pour donner un petit coup de boost sur le futur de celui-ci. 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