- Speaker #0
L'évidence économique, ça va être ça, ça va être le fait de devoir justifier le moins de centimes dépensés, de devoir garder tous les tickets de carte bancaire et le soir de montrer à monsieur, voilà, j'ai dépensé ça, ça, ça, ça, ça. Le fait aussi de ne pas avoir accès au compte bancaire, de ne pas avoir sur son téléphone les applications du compte pour voir où en est le compte, etc., de ne pas savoir où on en est. Quand on met une grenouille vivante dans une casserole d'eau bouillante, de suite elle va sortir parce que de suite elle va se rendre compte qu'elle se... qu'elle s'ébrouillante et elle va gicter directement. Par contre, si on met une grenouille vivante dans une casserole d'eau froide, on l'immerge dans une casserole d'eau froide, et qu'on a eu le feu petit à petit, la grenouille ne va pas se rendre compte que l'eau chauffe et que l'eau commence à bouillir, et elle va rester dans cette eau, en se disant que finalement on n'est pas si mal que ça, ça chauffe, ça chauffe, et puis après, boum, elle va mourir, parce qu'elle va se faire ébrouillante. Et la victime de l'ance conjugale, c'est ça, en fait.
- Speaker #1
Tu écoutes Nomadik, le premier podcast qui parle de finances personnelles et d'expatriation. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet un peu sensible, les violences conjugales en expatriation. C'est pas forcément le premier sujet qui te viendrait à l'esprit quand on parle de finances perso, et pourtant, beaucoup sont victimes de violences économiques. Si tu ne sais pas ce que c'est, on va en parler dans cet épisode. Je reçois Sandrine, elle travaille pour Save You. une plateforme qui aide les victimes de violences conjugales, et elle vient discuter avec nous un des plus gros tabous en expatriation, la violence conjugale. On va définir ensemble ce que c'est, le cycle de la violence, et aussi comment obtenir de l'aide pour s'en sortir. Si tu te reconnais dans certains des exemples qu'elle va donner, n'hésite pas à la contacter pour obtenir de l'aide. Tu n'es pas seul, et c'est aussi pour ça qu'on enregistre l'épisode d'aujourd'hui.
- Speaker #0
Bonjour Sandrine,
- Speaker #1
bienvenue sur Nomadik.
- Speaker #0
Bonjour, merci de m'avoir invitée.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux commencer par te présenter et nous dire ce que tu fais chez Save You ?
- Speaker #0
Je suis Sandrine Calhoun, je suis maman de deux enfants, mariée. Je suis ancienne expatriée, j'ai été expatriée deux fois au même endroit au sud de Los Angeles, deux fois trois ans à peu près. Et là je suis rentrée, j'habite de nouveau en France. Et depuis 2022 maintenant, je suis juriste chez Save You. Save You, qu'est-ce que c'est ? C'est une plateforme qui est destinée aux familles françaises, aux nationalités françaises, réparties partout dans le monde, et qui sont en situation de violence intrafamiliale et de violence conjugale. Save You, ça fait partie de The Sorority. The Sorority, c'est une communauté, une application qui a été faite par... par Priscilla Routet-Tria, la fondatrice de The Sorority. À ce jour, sur The Sorority, il y a plus de 270 000 femmes inscrites, femmes ou personnes issues de minorités de genre. C'est une application d'entraide, donc bienveillante, où les personnes, à tout moment, peuvent appuyer sur un bouton d'alerte et les 50 personnes les plus proches, géolocalement, vont être géolocalisées et les plus proches vont pouvoir intervenir par texto, par message, en appelant. en proposant d'appeler si besoin les forces de l'ordre, etc. C'est une communauté qui est ultra réactive à ce jour, répartie partout dans le monde, en lien avec les services locaux, d'aide prise en charge, etc. de violences. On est conventionné avec le ministère de l'Intérieur. Et puis récemment, sur ce regrétier, particulièrement sur Save You, on a été conventionné avec le ministère de l'Europe et les Affaires étrangères et le ministère de la Générale d'égalité et de la Femme.
- Speaker #1
Comment tu as été amenée à travailler sur ce sujet ?
- Speaker #0
À titre personnel, je n'ai jamais été victime de violences conjugales. J'ai fait des études de droit et petit à petit, je me suis orientée vers le droit des victimes, vers le droit pénal, la pression pénale, mais tout orienté côté victime. Et puis, j'ai travaillé dans la service des victimes pendant pratiquement dix ans, avant de partir en expatriation. Quand je suis revenue en expatriation pour ma deuxième fois, je me suis rendue compte que ça m'avait vraiment manqué de ne plus du tout faire ça lors de ma première expat. Donc je suis allée au consulat à Los Angeles, j'ai dit voilà, voilà ce que je sais faire, et comment je peux faire pour aider ? Parce qu'en fait, c'est pas parce qu'on est en expatriation qu'il n'y a pas de violence conjugale. Et à partir du moment où j'ai dit autour de moi, à mes copines, à mes collègues, à les gens avec qui de la communauté française, je vais faire ça, il y a plein de langues qui ont commencé à se dire, en disant, ah ben donc si j'avais su que tu faisais ça avant, peut-être que je t'aurais pu t'en parler, parce que tu connais quelqu'un, alors on m'aurait jamais dit que ça m'arrivait frontalement comme ça, ou alors des fois oui, mais c'est plus rare. Mais c'est tout le temps, je connais quelqu'un qui, j'ai une amie à qui ça arrivait, etc. En fait, on se rend compte petit à petit, en voulant en parler, que ça arrive à beaucoup de monde. Ça reste encore un sujet tabou en expatriation, mais on commence à le savoir de plus en plus. Et ce n'est pas parce qu'on est en expatriation qu'il ne se passe rien. Bien au contraire.
- Speaker #1
C'est toujours un sujet où on a l'impression que... Ça va arriver qu'aux autres. Est-ce que tu peux nous aider à définir un peu ce qu'on appelle les violences conjugales ?
- Speaker #0
Les violences conjugales, si c'était que les violences physiques, ce serait simple. On ment tout le monde, on reçoit un coup de poing, on sait qu'on a eu une violence conjugale. Malheureusement, ce n'est pas ça. Ce n'est pas que ça, j'ai envie de dire. C'est souvent ça, mais ce n'est pas que ça. En plus, en expatriation, les personnes qui partent en expatriation, c'est quand même les personnes qui ont, en tout cas en France, une catégorie socio-professionnelle assez élevée. Et du coup, on se dit tout le temps, ça ne peut pas nous arriver, moi, évidence, ça ne va pas m'arriver, mais en réalité, ça arrive à tout le monde. Toutes les catégories socio-professionnelles sont touchées par l'évidence conjugale, toutes les sortes de couples. Donc l'évidence conjugale, qu'est-ce que c'est ? D'un point de vue juridique, ça concerne les couples mariés, axés, en union libre, qui habitent ensemble, qui ont habité ensemble, ou même qui n'ont jamais habité ensemble, mais qui ont eu, à un moment donné, une relation de couple. Donc ça peut être un très jeune couple ou un couple beaucoup plus ancien, avec ou sans enfant, etc. Et ce n'est pas parce que le couple est séparé qu'on appelle plus ça des violences conjugales. Donc dans les violences conjugales, comme je disais, il n'y a pas que les violences physiques, il y a aussi évidemment beaucoup, beaucoup les violences psychologiques, les dénigrements, le fait de rabaisser la personne, le gaslighting. lui faire croire qu'elle ne sert à rien, qu'elle n'y arrivera jamais sans monsieur ou sans madame, enfin sans la personne, l'auteur. Le fait de petit à petit de lui faire perdre tous ses moyens, la victime au bout d'un moment ne va plus pouvoir penser par elle-même, elle ne va plus savoir penser par elle-même. Ça c'est une violence très très importante. Ce qu'on constate aussi énormément, il y a la violence sexuelle, le fait d'imposer une relation sexuelle, le viol entre époux ça existe. La violence aussi liée à l'éducation des enfants. Le fait de dire, si on se sépare, tu ne verras plus les enfants, c'est moi qui garderai les enfants, de toute façon, tu es une mauvaise mère, tu ne sais pas faire, etc. Toutes ces violences-là, liées à l'éducation, c'est la violence conjugale également. Il y a la violence administrative, surtout en expatriation. Le fait qu'il n'y a qu'un seul conjoint qui a les passeports, les documents, les visas, etc. Et puis ensuite, aussi énormément en expatriation, les violences économiques. Les violences économiques... Parce qu'on sait très bien que quand on est conjoint suiveur, c'est quand même 80% des conjoints suiveurs sont encore malheureusement des femmes, dans certains pays, n'importe quel pays, quand on arrive avec un visa, en général on arrête le conjoint suiveur à son visa qui est rattaché à celui, à la personne pour laquelle on a suivi, on est parti en expatriation. Et donc il n'est pas facile d'ouvrir un compte bancaire, et dans certains pays il n'est pas possible d'ouvrir un compte bancaire pour conjoint suiveur. Dans les couples où tout va bien, L'expatriation en soi, c'est une remise en question du couple, de toute manière. Il faut bien que ce soit préparé, il faut qu'on en ait conscience. Le fait d'un seul couple de se retrouver peut-être femme au foyer, mère au foyer, ce n'est pas facile, ce n'est pas évident. Si on n'a pas discuté en amont avant de partir en expatriation, ça peut être compliqué. Mais alors imaginez-vous dans les couples dans lesquels il y a déjà de la violence conjugale, là ça va être encore plus compliqué parce qu'en fait tout va être exacerbé, parce que ça va être beaucoup plus simple pour le conjoint, on va dire le conjoint auteur de violence conjugale. de mettre en place son emprise, de mettre en place son contrôle coercitif, parce qu'en plus, il aura la bonne excuse en disant « Oui, mais de toute façon, on ne peut pas faire autrement, c'est comme ça en expatriation. C'est moi qui gère ton compte, c'est moi qui gère les papiers, c'est moi qui gère l'argent du ménage, etc. » L'avionnance économique, ça va être ça, ça va être le fait de devoir justifier le moins de centimes dépensés, de devoir garder tous les tickets de carte bancaire et le soir, de montrer à un monsieur « Voilà, j'ai dépensé ça, ça, ça, ça, ça. » Le fait aussi de ne pas avoir accès au compte bancaire, de ne pas avoir sur son téléphone les applications du compte pour voir où en est le compte, etc. De ne pas savoir où on en est. Parfois aussi, les conjoints qui utilisent beaucoup la fonction de suquel pour ça vont mettre des crédits au nom de madame, par exemple, des crédits bancaires. Crédit à consommation, crédit immobilier, n'importe quoi, au nom de madame. Comme ça, ensuite, si elle veut se séparer, autant dire que ce n'est pas possible parce qu'elle va avoir... Les crédits, il y a plein à devoir rembourser par la suite, c'est très compliqué pour elles.
- Speaker #1
Comment est-ce que tu arrives à différencier au départ un conflit d'un début de violence ?
- Speaker #0
C'est une bonne question, parce que des fois, c'est compliqué. C'est compliqué à voir où est la limite, et même les victimes, des fois, ne savent pas trop où est la limite. Je vais parler juste d'un point de vue juridique. Je ne donne aucun jugement de valeur, rien du tout. Je suis juriste, donc forcément, je ne passe toujours d'un point de vue juridique en étant dans mes explications. Des conflits de couples, il peut y en avoir dans tous les couples. des couples qui vont bien, des couples qui vont pas bien, des conflits peut y en avoir. Des couples qui divorcent, forcément, bon c'est pas vrai, pas forcément, mais en tout cas des couples qui divorcent, il va y avoir des conflits. On peut se douter que potentiellement il va y avoir des conflits parce qu'un divorce c'est jamais facile, et si on divorce c'est pas pour rien. Pour autant, est-ce que ça va être de la violence conjugale ? Non. Non, parce que dans la différence entre le conflit et la violence, c'est que dans le conflit, les deux vont rester sur un même pied d'égalité, la même statue. Les deux vont pouvoir échanger, les deux vont pouvoir se dire des mots, peut-être avec violence, effectivement, peut-être des insultes, peut-être des menaces. Mais si les deux sont dans ce même pied d'égalité, on ne va pas forcément appeler ça de la violence conjugale. La violence conjugale, c'est vraiment à partir du moment où il y en a un qui prend l'emprise sur l'autre. un qui va prendre le contrôle sur l'autre et que l'autre personne ne va plus pouvoir s'en sortir. Et comme je disais tout à l'heure, quand c'est un coup de poing, effectivement c'est de la violence, donc si c'est de la violence c'est que c'est condamné, du coup c'est la violence conjugale parce que c'est dans une situation de couple. Mais si c'était que ça, ce serait simple. Et la violence conjugale, et c'est là où des fois c'est dur de voir la différence entre le conflit et la violence, c'est que ça va prendre du temps, c'est assez sournois la violence conjugale. Et petit à petit, la victime va rentrer là-dedans et elle ne va pas trop comprendre ce qui se passe. Par rapport à ça, il y a ce qu'on appelle les cycles d'évidence conjugale, avec les quatre phases d'évidence conjugale, avec la tension, la crise, la justification, la part de la lune de miel où tout va mieux. Et ces cycles, en fait, avec ces quatre phases, au début, les phases vont être très espacées. Donc la victime ne va pas se rendre compte qu'elle fait partie d'un cycle. Mais plus ça va aller, Et plus les cycles vont se rapprocher, et plus les phases seront courtes et intenses. Et c'est ça qui va faire que la victime va vraiment être dans cette spirale, elle va avoir l'impression de marcher sur des œufs en permanence, elle ne va rien pouvoir dire, rien savoir dire, et c'est vraiment là qu'on se rend compte que c'est vraiment de l'évidence conjugale, et pas simplement du conflit conjugal. Du coup,
- Speaker #1
c'est très progressif. Est-ce que tu peux nous donner un peu plus de détails sur ces différentes phases du cycle ?
- Speaker #0
Donc la première phase dans le cycle d'évidence conjugale, c'est ce qu'on appelle... la phase de la tension. La tension, c'est-à-dire que ça incline un peu d'anxiété et la victime va tout faire pour apaiser les tensions. Après, je vous donnerai un petit exemple concret de comment ça peut se passer. Pour l'auteur, en tout cas, tout va être prétexte à commencer un peu la crise. C'est-à-dire la jalousie, il va être très... très irritable, il va dénigrer sans cesse sa victime, etc. Il va y avoir des lourds silences, parce que c'est pas... Ça aussi, c'est de la violence psychologique, de ne pas parler à la personne pendant longtemps, de faire comme si elle n'existait pas, de ne pas lui répondre, etc. Donc la première phase, c'est ça, sa phase de tension. Deuxième phase, la crise. La crise, ça va être un coup, une violence physique, mais ça peut aussi être un coup dans le mur pour montrer qu'on est plus fort que tout le monde, casser une assiette, une menace un peu plus que les autres. une menace sur les enfants, enfin tout ce qu'on peut imaginer dans une vraie crise de violence conjugale. À partir de là, la victime, elle, elle va être choquée, elle va être sidérée, elle ne va pas savoir quoi faire, elle va se sentir totalement dévalorisée, elle va être triste, elle va être en colère, elle peut passer par plusieurs choses, mais ça va être cette phase-là de choc et d'état de sidération où elle ne va pas trop savoir comment réagir. Et lui, l'auteur, parce qu'à chaque fois dans cette phase, il y a les conséquences pour la victime, mais il y a aussi les conséquences pour l'auteur. Et donc lui, l'auteur de cette violence, il va être extrêmement stressé. S'il y a cette phase de crise, c'est qu'il perd son contrôle et que du coup, forcément, il va avoir cet état de crise. Et lui, il va essayer de dire, oui, mais ce n'est pas de ma faute, c'est parce que je suis stressé au travail, je suis frustré, à la maison, ça ne va pas, etc. Il va essayer de tout trouver, mais ce ne sera jamais sa faute, en tout cas à lui. Il va toujours dire que c'est la victime qui l'a poussé à bout. Et donc forcément, on en arrive à la troisième phase. qu'il a face à la justification. Donc l'auteur, comme je disais, il va essayer de minimiser, dire non, mais c'est bon, c'est rien, je m'excuse, il ne s'est pas passé grand-chose, ce n'est pas très grave. De toute façon, c'est à cause de toi si j'en suis arrivée là, mais bon, voilà, il va minimiser en tout cas. Il va trouver des excuses. L'alcool, le stress, le travail, le fait qu'il y a de la pression parce que ce nouvel emploi, c'est compliqué, etc. Et la victime, pour le coup, elle aussi. elle aussi, elle va essayer de justifier ce qui s'est passé, de conscientiser ce qui s'est passé, et elle va minimiser, même si c'est inconscient, elle va minimiser la violence qu'elle vient de subir. Elle va se dire, bon, c'est pas si grave que ça, et de toute façon, c'est ma faute. C'est ma faute s'il s'est passé ça, j'aurais pas dû faire ça, c'est pour ça que je disais tout à l'heure, je veux dire, les victimes, quand elles sont vraiment prises dans cette spirale de violence, elles ont toujours l'impression de marcher sur des œufs, et à un moment donné, bam, il y a un œuf qui se casse, et elle se dit, mais c'est ma faute. c'est ma faute, j'aurais dû faire attention, j'aurais dû marcher encore plus doucement. C'est vraiment l'image qui me marque en tout cas, parce que c'est vraiment ça. Et donc là, pendant la justification, elle va se dire, c'est ma faute, je suis responsable, je n'aurais pas dû provoquer cette violence, j'aurais dû faire autrement. Ensuite, la dernière phase, et c'est dans cette dernière phase, la phase de réconciliation, c'est ce qu'on appelle aussi la phase de la lune de miel, la honeymoon. Le partenaire, il va peut-être pas forcément s'excuser pleinement, mais il va commencer peut-être à émettre quelques regrets. Il va dire, ok, bon, on recommence tout à zéro, il va arriver avec des fleurs, il va être sympa, pas en quelques temps, il va montrer plus de gestes d'affection, etc. Et la victime, du coup, elle va être complètement perdue. Elle va se dire, en fait, et elle va se rappeler de ses bons moments. Elle va se dire, en fait, quand il est gentil, il est vraiment gentil, ça se passe très bien. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que finalement je voudrais divorcer, partir, etc. ? Tout va bien, tout va bien, il va se soigner, ça va aller mieux et on va pouvoir s'en sortir. Mais ensuite, très vite, on va repasser à la première phase, donc qui était la phase de tension, où là, d'un seul coup, elle va se dire, non, en fait, ça ne va pas, il y a des choses qui ne vont pas. Et c'est le fait qu'il y ait toutes ces phases, comme ça, tous ces cycles, qui est compliqué. pour une victime de s'en sortir, qui est compliqué pour une victime. On ne sait pas trop quand est-ce qu'elle va vouloir demander de l'aide. Si elle demande de l'aide à un moment donné, et que 3-4 jours après ou 3-4 semaines après, elle n'a plus envie d'en parler, ça peut être un peu déstabilisant pour les personnes qui y reçoivent et qui ont envie d'aider en disant « bah oui, mais elle fait un peu marche en arrière, mais pourquoi ? » Mais ce n'est pas de sa faute, en réalité, c'est juste parce qu'elle est dans ce cycle des violences et qu'en fonction de la phase dans laquelle elle se trouve, elle peut peut-être faire marche en arrière. Quand on est formé en violence conjugale, on comprend, c'est normal. en fait elle n'a pas envie d'être ratée, en fait peut-être qu'elle reste parce qu'elle aime ça, et c'est là qu'on entend tout ce qu'on peut entendre. J'ai un exemple qui me remonte en tête de il y a très longtemps, ce n'est pas un exemple qui s'est passé en expatriation, mais ça pourrait tout à fait être ça. Une dame que je vois assez régulièrement en entretien, parce qu'elle sait qu'elle est victime de violences conjugales, mais elle ne veut pas forcément ni déposer plainte, ni avancer, etc. Et une des dernières fois où je la vois avant le dépôt de plainte, parce que voilà. Monsieur est très très très très très maniaque et quand il rentre le soir il veut que la maison soit nickel. Ils ont un bébé en bas âge, le bébé le soir vomit, elle lève les draps en urgence et pour pas que le linge sèche, parce qu'ils n'ont pas de sèche-linge, ils ont un petit appartement, pour pas que le linge sèche dans le salon parce que si monsieur le lendemain matin se réveille et qu'il voit le linge sécher dans le salon, elle sait que ça va provoquer une crise. Donc elle met le linge à sécher sur le sèche-serviette dans la salle de bain. Le soir, monsieur sort, enfin va... sort du lit, va aux toilettes, se prend les pieds dans le linge, dans l'étendoir à linge, parce que les toilettes sont dans la salle de bain, et là, il a pété un câble. Et elle, donc, il a frappé très, très lourdement, tiré les cheveux, tiré du lit, etc. Bon, bref, en fait, les voisins ont appelé la police parce qu'ils ont entendu crier. Les voisins sont... La police, je veux dire, est intervenue. Et moi, cette dame-là, je la vois dans ce cadre-là le lendemain matin avec le médecin légiste. Elle n'est pas morte, c'est le médecin-régiste, parce qu'ils font aussi des constats et des certificats médicaux circonstanciels. Et là, elle me dit, moi je connais le cycle des glandes, donc je sais qu'à ce moment-là, elle en est en sa phase d'justification, elle me dit, mais c'est ma faute, j'aurais jamais dû mettre le sèche-linge, l'étendoir à linge là, parce que forcément c'est dans le passage pour au toit, donc forcément j'aurais dû me douter que mal réveillé, il allait se prendre les pieds dedans. Mais non,
- Speaker #1
c'est horrible. On en avait parlé en off de mon amie et de la raison pour laquelle je voulais vraiment faire un épisode sur le sujet. Elle utilise beaucoup cette phrase de « c'est ma faute » en disant « je ne comprends pas pourquoi moi je réagis comme ça, tout est de ma faute » . Et quand elle explique sa situation, elle est complètement dépendante financièrement alors qu'elle avait une carrière, elle gagnait très bien sa vie. Elle arrive dans un pays où elle ne connaît personne, où c'est très difficile de se créer des liens. et avec un mari qui fait des commentaires quotidiens sur ses dépenses. Une impossibilité pour elle d'avoir accès aux finances du couple. De base, l'expatriation, c'est difficile, c'est dur, et c'est OK de reconnaître que c'est difficile. Et en plus, quand on rajoute cette couche de violence économique, en fait, on se dit, c'est la double peine. Est-ce que ce que je raconte, c'est quelque chose que tu as rencontré ? Et est-ce que l'expatriation aggrave ces violences ?
- Speaker #0
Oui, j'en suis persuadée. Je suis persuadée parce que, comme tu le dis, en expatriation, à la base, ce n'est pas facile. Il y a tout un cheminement. Il faut accepter le fait qu'il va y avoir du changement dans le couple. Mais aussi en expatriation, tout est exacerbé. C'est-à-dire que, quand on arrive, il y a le choc culturel, le blocage de la langue. le fait qu'on puisse pas travailler, etc. Et puis il y a aussi l'image qu'on renvoie. Quand on est expat, vu d'extérieur, les expats, surtout les conjoints-suiveurs, c'est un peu l'image de la vie de luxe. Les femmes, elles sont à la piscine, les pieds en éventail, les doigts de pied en éventail, et puis elles attendent que le monsieur rentre du travail, elles vont chercher les enfants à l'école à 4h30, et puis voilà. À l'école, ça ne finit pas à 4h30. Moi, mes enfants, on finit ça à 2h. Ça ne laisse pas beaucoup de temps. Mais aussi, il faut s'en occuper.
- Speaker #1
C'est vrai ?
- Speaker #0
Mais en réalité, ce n'est pas ça. En réalité, ce n'est pas ça. Sauf que c'est encore plus compliqué pour des femmes qui ont une violence conjugale parce qu'il y a l'isolement de faits géographiques, obligatoirement, mais aussi l'isolement qui est imposé par le conjoint qui va aussi contrôler quand est-ce qu'elle peut appeler sa famille, quand elle appelle. En général, il va être à côté quand même pour essayer d'écouter ce qu'elle dit ou qui va carrément interdire des appels téléphoniques à la famille, aux amis, etc. qui va faire en sorte que les amis et les familles n'aient pas très envie de venir passer quelques semaines en vacances chez le couple. Et pour autant, le conjoint violent en société, devant tout le monde, devant les amis, français ou pas d'ailleurs, la communauté, etc., il va passer, il va être très bien. Parce que les auteurs de violences conjugales ne veulent surtout pas qu'on sache qu'ils sont auteurs de violences conjugales, évidemment. Donc ça va être en société, il va briller, c'est le conjoint parfait, le mari parfait. Et puis comme je disais tout à l'heure, ils vont avoir une catégorie socio-professionnelle assez élevée. En général, ces gens-là, ils ont des postes assez importants quand même. Si on part en expatriation, c'est pas pour rien. Et pour autant, ça ne veut pas dire que dans l'intimité du couple, ce ne sont pas des auteurs de violences conjugales. Et pour la victime, ça va être très compliqué. Parce que ça va aussi dire, si j'en parle, à qui je vais en parler ? Est-ce qu'on va me croire ? Est-ce qu'on ne va pas me croire ? Et puis, comment en parler ? Et où aller ? Surtout si c'est dans un pays où on ne maîtrise pas la langue, ça va être encore plus compliqué, ça va rajouter une couche supplémentaire. Si c'est un pays dans lequel les violences conjugales ne sont pas reconnues, alors là, on n'en parle même pas, il y a des pays qui sont très patriarcaux. et où voilà, la femme, son rôle c'est de rester à la maison et de rien dire. Donc c'est compliqué. C'est très compliqué et effectivement l'expatriation pour moi ça exacerbe tout. Et juste par rapport à ça, j'ai aussi constaté que l'évidence conjugale ne démarre pas en expatriation. Il y a forcément quelque chose avant l'expatriation. Et peut-être qu'au début, comme je disais, ça va être les phases. Et forcément, sa phase, ça va coincider avec la phase de la lune de Myriam. Parce que quand on va arriver en expatriation, ça va être tout beau, tout rose. Et à la fin de la découverte, ça va être sympa. Et les deux vont être un peu dans ce mood-là. Mais en réalité, la vie quotidienne va très vite reprendre le dessus. Les événements conjugales vont très vite reprendre le dessus aussi. Le cycle va se remettre en place. Et sauf que cette fois, elle sera isolée encore plus qu'avant.
- Speaker #1
Si on a déjà conscience de ces violences, et que son conjoint se voit offrir un poste en expatriation, qu'est-ce que tu conseilles de faire ?
- Speaker #0
C'est compliqué. Ça dépend où on en est dans les violences, et où est-ce qu'on en est, et comment on sait, si on voit à quel point on sait qu'on est victime de violences. Mais déjà, mais pour toutes, presque pour toutes les expatriations, bien se renseigner sur le droit qu'on va avoir de travailler ou pas, sur la possibilité d'ouvrir un compte bancaire, et bien mettre de l'argent de côté. Que ce soit en France ou dans le pays d'accueil, comme ça, s'il se passe quoi que ce soit. on a un tout petit pécule, on a une petite marche de manœuvre pour entamer une procédure et juste par rapport à ta copine tu disais qu'elle n'a pas conscience je vais te donner l'image de la femme qui marche sur les oeufs qui d'un seul coup casse un oeuf et dit que c'est sa faute mais il y a aussi une autre image qui est très utilisée je ne suis pas du tout psychologue je suis juriste mais j'aime bien utiliser cette image c'est l'image de la grenouille qu'on met dans une casserole d'eau elle est très connue aussi cette image il y a un livre d'ailleurs qui porte ce nom là l'image c'est quand on met une grenouille vivante dans une casserole d'eau bouillante, de suite elle va sortir parce que de suite elle va se rendre compte qu'elle s'est bouillante et elle va gicler directement. Par contre si on met une grenouille vivante dans une casserole d'eau froide, on l'immerge dans une casserole d'eau froide, et qu'on allume le feu petit à petit, la grenouille ne va pas se rendre compte que l'eau chauffe et que l'eau commence à bouillir et elle va rester dans cette eau en faisant que finalement on n'est pas si mal que ça, ça chauffe, ça chauffe, et puis après boum elle va mourir parce qu'elle va se faire ébouillanter. Et la victime du lance-conjugale c'est ça en fait. Le gars, c'est un thing, il va être tellement puissant, il en prise, le contrôle va être tellement puissant, qu'elle ne va même pas se rendre compte qu'elle est victime de violences conjugales jusqu'au moment où ce sera presque trop tard pour elle. Tout aura été bouclé autour d'elle, elle n'arrivera plus à s'en sortir parce qu'elle n'aura pas pris conscience avant qu'elle était victime de violences conjugales. Donc, elle n'aura pas pris avant les devants, elle n'aura pas avant contacté un avocat, mis l'argent de côté, etc. À partir du moment où on va vraiment se rendre compte qu'elle est en plein là-dedans, ça va être compliqué parce que... elle va avoir l'impression, en tout cas au début, qu'il n'y a plus de solution. Il n'y a plus de solution parce que monsieur contrôle tout, monsieur a les papiers, monsieur a l'argent, monsieur dit que si elle part, elle ne verra plus les enfants, monsieur dit que, parce qu'en fait c'est ça, c'est monsieur dit que et madame qui croit que. Enfin, en tout cas, la victime, l'auteur dit que et la victime croit que. Et donc... en tant que juriste, après, il y a des psychologues qui interviennent sur le sujet. Le but, ça va être de redonner confiance à cette personne. Le but, ça va être d'aider cette personne à prendre conscience qu'elle peut s'en sortir, qu'elle n'est pas cette chose faible que son conjoint veut lui faire croire qu'elle est, que c'est une personne à part entière qui a les capacités d'agir, qu'elle peut y arriver et qu'elle peut s'en sortir et qu'elle s'en sortira.
- Speaker #1
C'est une super image parce que... pour la personne qui est victime, mais aussi pour l'entourage de la personne qui va savoir ce qui se passait à huis clos, finalement, et qui va peut-être se demander pourquoi elle n'a pas parlé avant, et on aurait pu aider d'une façon ou d'une autre.
- Speaker #0
C'est compliqué pour l'entourage, parce que, déjà, la victime, elle ne va pas forcément vouloir qu'on s'en rende compte. Peut-être qu'elle ne le sait pas, donc face à tout le monde, elle va minimiser. Et puis, comme je disais tout à l'heure, l'auteur du lance-conjugale, lui, en société, il brille. C'est le conjoint parfait, c'est le mari parfait, donc c'est compliqué. Mais à partir du moment aussi où on s'en rend compte, où les victimes, où les amis, et tout ça, veulent aider, parfois ça peut être compliqué parce qu'on ne peut pas faire à la base de victime. On ne peut pas que ce soit la meilleure amie, la fille, la mère, la copine, une collègue de travail, etc. Nous, on ne peut rien faire à la base de cette victime. Ça va être à elle de déposer le point, ça va être à elle de partir, ça va être à elle de... mais au moment où elle aura choisi. Sauf que sa temporalité, ça ne va pas forcément être la même que la nôtre. Notre notion d'urgence, ça ne va pas être la même que la sienne. Notre notion de « il faut que tu fasses ça maintenant » , elle va se dire « non, non, ça va, j'ai le temps » . Et peut-être qu'elle aura raison, parce qu'il faut aussi préparer. La préparation, quand on est déviant, ça se prépare aussi. C'est pour ça que ça peut être compliqué pour l'entourage, pour les victimes, et qui parfois vont aussi un peu culpabiliser en disant « jeaurais dû voir avant, j'aurais dû faire plus tôt avant » . À partir du moment où... On se rend compte, dire à la personne, je te crois, je suis là, si tu as envie d'en parler, je suis là. Ne surtout pas lui fermer la porte et surtout pas faire les choses à sa place. Parce que justement, le but, c'est de lui redonner confiance en elle en plus. Donc si on dit, je vais faire ça, ça, ça pour toi, ça revient un peu au même en disant, tu ne sais pas faire, donc je fais pour toi. Non, il faut vraiment lui dire, tu peux faire ci, tu peux faire ça et elle va le faire. Et c'est comme ça que ça va lui redonner confiance et que ça va l'aider.
- Speaker #1
C'est super ce que tu dis, parce qu'on a, avec des bonnes intentions, parfois on fait beaucoup plus de mal qu'on pourrait le croire. Sur le podcast, on parle surtout de finances. Est-ce que tu as des exemples de violences économiques qui t'ont particulièrement marquée ?
- Speaker #0
Oui, surtout que les divorces. Moi, j'étais aux Etats-Unis, un divorce aux Etats-Unis, en Californie, ça coûte en moyenne 15 000 dollars. Ça coûte très très cher. qu'il y ait des violences, qu'il n'y ait pas de violences, etc. C'est une moyenne. Et quand j'ai été heureuse, j'ai aidé une dame, maintenant qu'il s'en est sorti, donc je sais que je peux en parler, et qu'il m'autorise en plus à parler de sa situation. Je ne donne pas de nom, je ne donne rien du tout, ni de ville, ni rien, mais c'est une dame que j'ai aidée pendant très très longtemps, qui a suivi son conjoint, qui avait trois enfants, ou quatre enfants, dont deux ados et deux un peu plus petits. victimes de violences conjugales bien avant l'expatriation, qui continuent à être victimes de violences conjugales pendant l'expatriation. Ils étaient dans un... dans... Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de petites résidences fermées, gaitées, avec un petit portail devant, et donc ils étaient en appartement dans cette petite communauté. Au final, tout le monde se connaît en plus. Et... voilà. Une énième dispute, en tout cas... de la part du monsieur, lui il voit, il s'accuse comme de la dispute, en tout cas une énième crise de la part de monsieur. Il a pris toutes les affaires de madame, il l'a balancée par le balcon, il lui a dit maintenant tu pars. Sauf qu'elle, elle ne travaille pas, parce qu'elle n'avait pas l'autorisation de travailler, elle n'avait pas de compte bancaire, elle n'avait pas accès au compte, elle n'avait rien, rien, rien du tout. Et du coup elle s'est retrouvée à 11h du soir, il faisait nuit, parce qu'il fait nuit très très très trop aux Etats-Unis en Californie, il faisait nuit depuis très longtemps, elle s'est retrouvée dans cette communauté fermée, Heureusement pour elle, c'était une communauté, donc il y avait un concierge. Le concierge était super sympa, ils ont appelé les forces de l'ordre. Les forces de l'ordre ont autorisé madame à rester dans le logement pour la nuit, et monsieur lui ont fait une éviction du domicile juste pour la nuit. Après le lendemain, tout s'est mis en place. Ça a été long, parce qu'il a fallu lui ouvrir un compte bancaire, il a fallu ouvrir les droits sociaux, donc il a eu des aides pour pouvoir l'aider. Cette dame, alors ses enfants étaient français, mais elle n'avait pas de nationalité française. Elle avait une nationalité européenne, mais pas française. Le consulat de là où elle venait ne donnait pas d'aide comme le consulat français, avec des aides aux expatriés qui peuvent être accordées, par exemple, aux mères isolées. Donc on est passé par d'autres démarches, on a réussi à y trouver un petit fonds pour l'aider, pour aider à déménager, parce qu'il fait qu'elle se loge, qu'elle se rachète tous ses meubles pour elle, pour ses enfants, etc. Donc ça a été un vrai parcours du combattant, mais au final cette dame, et c'est pour ça que je fais ça, parce que je suis hyper fière d'elle, elle travaille maintenant, elle a une situation, elle a un emploi qui est compliqué, elle cumule deux emplois, un qui est juste alimentaire et elle travaille dans un pressing. Il y a un autre où elle aide des personnes pour remplir leur dossier. Elle a un poste en social, mais bon, ça ne se fait pas comme ça. Elle a pu avoir son logement. Elle a ses quatre enfants. Alors, les deux aînés font des allers-retours, je ne sais pas, pas régulièrement, mais les petits restent avec elle beaucoup plus souvent. Elle est heureuse. Elle s'en est sortie. Et maintenant, elle se sent, comme je disais tout à l'heure, elle se sent vachement valorisée parce qu'elle a réussi à faire tout ça. Mais au tout, tout, tout début, quand je l'ai suivie, on a commencé à se faire. On me dit, mais je n'y arriverai jamais. si, si, si, tu vas y arriver, t'inquiète pas, tu vas y arriver. T'es beaucoup plus forte que ce que tu ne penses qu'il y aurait été. Maintenant, c'est ce qu'elle me dit. Elle me dit, t'avais raison, t'avais raison, maintenant j'ai réussi, je m'en suis sortie, regarde. Donc, elle était très contente, elle m'a fait visiter son appartement, j'étais allée la voir, c'est chouette, je suis contente pour toi.
- Speaker #1
Oui, bravo à elle, ça n'a pas dû être un parcours qui était facile. Tu parles beaucoup des comptes bancaires. Est-ce que c'est vraiment la priorité quand on arrive dans un nouveau pays ?
- Speaker #0
Pour moi, oui. Pour moi, oui, parce que, comme je disais, s'il se passe quoi que ce soit après, vu que le conjoint violent, il va tout contrôler, le moins de centimes que madame a récupéré, il va partir dans le compte commun ou le compte de monsieur. Mais s'il y a vraiment un contrôle, une emprise, une violence administrative et financière, madame, elle ne pourra jamais en disposer de cet argent. Donc forcément, ça va être compliqué. Le plus simple, c'est quand même de trouver un compte bancaire. Mais si elle peut, parce que dans certains cas, elle ne peut pas.
- Speaker #1
Et tu parlais aussi de garder un emploi. On a fait plusieurs épisodes sur la carrière internationale, sur l'entreprenariat, sur le télétravail. Je vous encourage vraiment à les écouter. Si vous êtes sans emploi et que vous cherchez à reprendre une activité, surtout pour garder son indépendance financière, comment est-ce qu'on cherche de l'aide quand on est isolé, en expatriation, et qu'on a... ces violences conjugales ?
- Speaker #0
Il y a plusieurs possibilités, parce que déjà, en général, là où on habite, il y a aussi les réseaux locaux d'accompagnement sur place. On ne les connaît pas forcément, sauf si c'est la barrière de la langue, etc. Mais je pense que quand on est victime d'une violence conjugale, qu'on a envie de s'en sortir, le plus important, c'est d'en parler. D'en parler, de ne pas avoir peur, de ne pas avoir honte d'en parler. À qui est-ce qu'on va en parler ? Ça, c'est quelque chose. On a beau être très nombreux partout dans le monde, ça reste une petite communauté et on sait très bien que tout le monde se connaît. Mais ça peut être un bien comme ça peut être un frein au début pour libérer la parole et pour en parler, mais ça peut aussi être quelque chose de positif parce que du coup on va aussi se sentir un peu soutenu. Mais voilà, pour moi en tout cas c'est important d'en parler. C'est aussi pour ça qu'on existe, c'est la vie où on existe aussi pour ça, pour les victimes qui ne savent pas forcément où. Merci. où aller et vers qui s'orienter. Et donc, nous, notre rôle, ça va être aussi de mettre en réseau les associations locales, le consulat, s'il y a besoin, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, s'il y a besoin de rapatriement en urgence, des choses comme ça. On est là pour essayer d'aider un peu au maximum, en tout cas, toutes ces personnes-là, où aller au consulat. Tous les consulats, non pas les services sociaux, mais quand même, les grandes villes. Et puis même s'il n'y a pas de service social, il y a forcément quelqu'un qui pourrait écouter. Au moins vérifier que son dossier administratif est à jour, qu'on est bien inscrit sur la liste des Français et de l'étranger. Parce que s'il y a besoin d'un passeport en urgence, etc., au moins si le consulat est déjà au courant de la situation, ça va pouvoir aider, ça va pouvoir accélérer la situation.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux donner un exemple d'une situation où vous avez travaillé avec le consulat pour aider une famille qui en avait besoin ?
- Speaker #0
Dans notre protocole, on n'intervient pas directement en lien avec les consulats. Chez Save You, on a une vingtaine d'écoutantes réparties partout dans le monde. On est toutes bénévoles et toutes formées à l'écoute active. Ça veut dire qu'on a un background de psychos, assistantes sociales, juristes, il y a des infirmières. On sait toutes faire des entretiens à l'écoute active. plus ou moins comme une formation à l'avance conjugale et les personnes qui en ont pas moi je peux faire apprendre à ta une petite formation pour qu'on ait tout un peu un socle commun de connaissances vingtaine d'écoutants très parti partout dans le monde et moi en plus donc je suis juriste donc je sois j'entre j'interviens pour les situations un peu plus compliquées c'est un peu plus juridique on essaie un peu de démêler et tout ça On conseille toujours aux personnes avec qui on est en contact de prendre un tâche avec leur consulat ou leurs ambassades. Pour autant, l'écoutante, son rôle, ça ne va pas être, elle, de prendre un tâche avec le consulat à la place de la victime, de dire « voilà, je suis en contact avec cette personne » . Par contre, si jamais il y a vraiment une situation de conflit, de violence extrême, avec un besoin de rapatriement en urgence, etc., nous, dans notre protocole, et c'est pour ça qu'on a mentionné aussi que le ministère de l'Europe a des affaires étrangères, On est directement en lien avec eux. On est directement en lien avec le bureau de la protection des mineurs et des familles. Comme ça, si besoin, on le fait remonter. Et c'est ensuite le MAE qui va faire redescendre au consulat, aux postes locaux. C'est comme ça qu'on fonctionne.
- Speaker #1
Est-ce que généralement, les personnes contactent CW en premier ou contactent d'abord leur consulat ? Qu'est-ce que tu as remarqué ?
- Speaker #0
Ça dépend. Non, ça, ça dépend. En général, en fait, on est... le logo c'est à vous et le lien c'est à vous et apparaît sur les sites des consulats donc si la personne va sur le site de son consulat et qu'est ce que je peux avoir comme aide et qu'elle nous voit, du coup elle peut contacter comme ça. Peut-être souvent aussi on dit j'ai pris contact avec mon consulat ils nous ont conseillé de faire appel à vous donc du coup c'est comme ça qu'on les a. Mais aussi inversement il y en a qui viennent directement par le bouche à oreille par les réseaux sociaux etc et nous pour le coup on leur dit Est-ce que vous êtes bien un jour sur votre registre ? Où vous en êtes ? Est-ce que vous avez prévenu votre consulat ? Des fois oui, des fois non. C'est un peu 50-50.
- Speaker #1
Dans tous les cas, il ne faut pas rester seul. Il faut chercher des personnes qui peuvent aider directement ou indirectement, mais au moins qui connaissent le sujet et qui après peuvent donner des pistes pour pouvoir s'en sortir. Exactement. Est-ce qu'il y a des ressources spécifiques ? pour les Français et l'étranger qui sont victimes de violences ?
- Speaker #0
Déjà, sur le site SaveYou et The Sorority, on a pas mal de liens, on a pas mal de fiches techniques. Est-ce que je suis victime ? Est-ce que je suis violent ? Est-ce que je suis auteur de violences ? Si je suis témoin ? Pas mal de ressources aussi par rapport à The Sorority. C'est l'application d'entraide communautaire. Quand on va dessus, il y a une petite map-monde. On peut cliquer dessus et on voit... toutes les personnes qui sont affectées, donc c'est les petites personnes avec les cheveux bleus, il y a toutes les petites maisons roses. Et toutes les petites maisons roses, c'est tous les services d'aide aux victimes locaux partout dans le monde. Donc déjà, ça peut être une première piste. Il faut voir autour de nous, où est-ce que je peux me renseigner ? Où est-ce qu'il y a des lieux sûrs ? Où est-ce que je peux déjà prendre des aides, des informations ?
- Speaker #1
Ça, c'est super. On mettra le lien dans la description. pour les personnes qui en ont besoin. Ensuite,
- Speaker #0
sur chaque site normalement de consulat et d'ambassade, il y a une refonte totale qui va de pied pour que tout soit uniformisé parce que pour l'instant, c'est un peu compliqué d'un site d'un consulat à un autre, c'est différent. Il y a quand même beaucoup d'informations en règle générale sur des avocats référents, sur des médecins référents, sur les services sociaux, les aides qu'ils peuvent mettre en place, etc. Et même si on ne le sait pas, et ce que je disais tout à l'heure aussi, pour les Français étrangers, les aides sociales, elles s'appliquent. On peut faire une demande d'aide, des demandes de bourse par exemple, pour les enfants qui sont scolarisés en lycée français. Il y a des aides sociales, il y a des aides ponctuelles qui peuvent être accordées pour les personnes en situation d'isolement, notamment les mères isolées en instant de séparation, elles peuvent avoir une aide ponctuelle, plus ou moins l'onde. Ce qu'on ne sait pas aussi, c'est que quand on est en France et que l'un des deux conjoints ne paye pas la pension alimentaire, on peut se retourner vers la CAF pour demander ce qui est... que la CAF paye la pension alimentaire, mais quand on est étranger, ça se peut aussi. Il y a un bureau qui s'appelle le Bureau de recouvrement des créances. C'est un bureau qui est géré par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. On peut aussi les saisir. Donc, il y a plein de petites solutions comme ça, d'un point de vue financier, vu que c'est un sujet qui nous intéresse particulièrement, qu'on ne connaît pas forcément. Et quand on part étranger, on ne sait pas forcément que ça existe, mais ça existe.
- Speaker #1
C'est super parce que tu nous donnes Je ne dirais pas une solution, mais une voie pour sortir. Parce que la question financière, quand même, elle se pose, surtout si on est complètement sous emprise et on n'a plus rien du tout. Comment est-ce que je fais pour nourrir mes enfants ? En fait, si je décide de partir, quelles sont les premières étapes pour me reconstruire et pouvoir retrouver une vie, même si ce n'est pas celle qui peut-être financièrement était aussi confortable que celle qu'on quitte, qui nous permet au moins de retrouver... notre liberté.
- Speaker #0
Sachant que quand on est étranger, après une séparation comme tu disais, il y a deux cas de figure. Il y a vraiment les personnes qui vont vouloir rester dans le pays d'accueil parce que les enfants sont scolarisés. parce qu'on s'y plaît, parce que le climat est sympa, parce qu'on a quand même, on s'est fait une communauté, qu'on a des amis, etc. Mais aussi des personnes qui n'ont pas la séparation ou voulaient rentrer dans le pays d'origine, en France ou ailleurs, parce que ça serait quand même peut-être plus facile, parce qu'il y a un emploi qui attend, parce qu'il y a de la famille qui attend. Ça, il n'y a pas de généralité, ça dépend vraiment d'une situation, de comment c'était avant l'expatriation, depuis combien de temps ils sont en expatriation, etc. Et ça, c'est aussi un véritable sujet de savoir comment est-ce qu'on fait pour rentrer en France. Est-ce que je peux rentrer en France avec mes enfants ? Si oui, dans quelles conditions ? Et faire attention à ce qu'on entend, parce que des fois, on entend tout et n'importe quoi.
- Speaker #1
C'est vrai. Je te remercie, Sandrine. Si cet épisode t'a aidée ou tu as besoin d'informations supplémentaires, il ne faut surtout pas hésiter à contacter Sandrine. Si vous connaissez quelqu'un autour de vous, que ça pourrait intéresser, n'hésitez pas à partager cet épisode. Sandrine, comment est-ce qu'on te contacte ?
- Speaker #0
Via l'adresse mail ou le site Join Us Auréity ou via l'adresse mail et le questionnaire Save You. On n'a pas le numéro de téléphone, on n'a plus, on l'a eu un temps, mais on n'a plus parce qu'on n'est pas un service d'urgence. On est bénévole, donc on essaie de faire au fur et à mesure. Ne pas hésiter à nous envoyer un mail, on répond à tous les mails. que ça fasse partie de notre panel de prise en charge ou pas, mais on répond à tous les mails. Et à partir du moment où vous envoyez un mail, on va vous demander, on va bien vérifier que vous êtes de nationalité française, que vous vivez encore à l'étranger, et que vous êtes bien victime de violences conjugales, sans faire du chemin de valeur. Pour nous, tout ce que vous nous direz, ça fera partie de violences conjugales. On ne va pas dire non, ça, ça, ça, ça allait, ça, ça allait pas. Voilà. À partir de là, on va vous envoyer un questionnaire, un recueil donné. avec toutes les informations dont nous on a besoin, vous envoyez votre pièce d'identité. Et donc, comme je disais tout à l'heure, à partir de là, nous on vous attribue une écoutante, ou moi directement, si c'est plus juridique, je veux dire, ou une écoutante, sachant que c'est moi qui ouvre le groupe, c'est un groupe WhatsApp qu'on ouvre. Comme ça, je vois un peu tout ce qui s'échange entre l'écoutante et la personne. Si besoin, j'interviens. Et puis en fonction, on fait remonter les besoins, on donne les ressources qu'il y a en France, même si on est à l'étranger. On donne les ressources, on essaie de donner les ressources localement, là où la personne se trouve, et puis on avance comme ça.
- Speaker #1
Combien dure généralement ce lien entre la victime et ses vieux ?
- Speaker #0
Il y a des personnes qu'on suit depuis plus d'un an, un an, un an et demi, deux ans, parce que les procédures de divorce sont très très très très longues. Certaines fois, il y en a qui vont nous contacter une ou deux fois. Elles vont avoir besoin peut-être juste d'une aide ponctuelle en disant « voilà, je vis ça » . Des fois, c'est juste une confirmation que ce qu'elles vivent, c'est bien la violence conjugale, que ce n'est pas normal et qu'elles peuvent se faire aider. Et puis, on n'aura plus de nouvelles. Et puis, peut-être six mois après ou huit mois après, elles vont nous recontacter. « Ah, vous m'aviez aidé en juillet l'année dernière, ça me permet de revenir vers vous » . Et pour nous, c'est OK. Il n'y a pas de souci. De toute façon, on a ouvert la fiche, l'écoutante est toujours active, donc c'est bon. il n'y a pas de problème. Comme je disais tout à l'heure, on ne fait vraiment aucun jugement de valeur. On connaît la temporalité des victimes, qui n'est pas forcément la même, surtout en expatriation, où les délais ne peuvent pas être très très longs. Administrativement, c'est très long. Mais non, on n'a pas de... En moyenne, je dirais peut-être 6 mois, si il fallait vraiment faire une moyenne. On a aidé plus de... Je ne sais plus les chiffres. Depuis le début de l'année, on en est à plus de 70 familles aidées. On est trois arrêts. Ça fait beaucoup depuis le début de l'année.
- Speaker #1
Ça fait beaucoup. Et si tu écoutes cet épisode de podcast et tu es concerné par ce sujet, tu n'es pas seul, n'hésite pas à contacter Sandrine. Je mettrai toutes les informations en dessous de l'épisode. Est-ce que tu voudrais dire quelque chose à cette personne qui est concernée et qui nous écoute ?
- Speaker #0
Comme tu viens de dire, elle n'est pas seule. C'est pas la seule à vivre cette situation. C'est pas normal de vivre ça. Sa façon de réagir, quelle que soit ce que vont dire les autres personnes, sa façon de réagir, elle est normale. Tout le monde va réagir de façon différente. Par contre, ce qui n'est pas normal, c'est de vivre ce qu'elle vit. Et donc, à partir de là, elle peut se faire aider. Elle a des droits, elle n'est pas seule, et on est là.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Sandrine. N'hésitez pas à nous mettre un commentaire, à nous envoyer un mail, un message. On est présents vraiment sur toutes les plateformes avec Nomadik. Si c'est un sujet que vous souhaiteriez approfondir, si vous avez des questions, on pourrait refaire un autre épisode ou peut-être avoir un épisode avec une personne qui a réussi à s'en sortir et nous expliquer comment elle l'a fait. Merci à tous pour l'épisode d'aujourd'hui. Merci Sandrine. On se retrouve la semaine prochaine.