- Speaker #0
Un moment où je pose mes valises chez moi, dans le morbillant, et je commence à m'intéresser à mon jardin. Je me dis, cette espèce de révélation de ma reconversion, ce sera dans les fleurs.
- Speaker #1
Changer de cap, c'est embrasser l'avenir avec audace. Et si vous vous inspiriez de celles et ceux qui ont osé franchir le pas vers une nouvelle vie professionnelle ? Bienvenue dans Nouveau Cap, le podcast idéal qui explore les parcours de reconversion professionnelle. Je suis Pauline et je serai votre passeuse d'histoire dans cette aventure palpitante. Mon invité est basé à Pleskop, à quelques kilomètres de Vannes. Bonjour Tiffaine ! Bonjour Pauline ! Alors je suis trop contente de t'avoir à mes côtés parce que ton parcours de vie professionnelle est très...
- Speaker #0
dis bon, divers,
- Speaker #1
il se passe plein de choses tout le temps !
- Speaker #0
Ouais, c'est vrai !
- Speaker #1
Alors juste pour te présenter rapidement ce que je sais sur toi. Tu as 35 ans, très jeune, tu as beaucoup bougé. On peut dire que tu n'es jamais resté trop dans une ville très longtemps. Puis tu as fait une école de commerce, puis finalement tu t'es rappelé que tu avais une passion, c'était la voile et que tu voulais travailler là-dedans. Est-ce que jusque-là, j'ai tout bon ? Oui,
- Speaker #0
tu as tout bon.
- Speaker #1
Ok. Alors, tu as un très beau parcours dans le domaine de la voile, est-ce que tu peux un petit peu nous en parler ?
- Speaker #0
Oui, avec plaisir. Moi, en fait, je suis... Obsédée par l'élément eau depuis toujours, je faisais de la voile, de la planche à voile, j'étais monitrice de planche à voile au glénant, etc. Et puis, au moment de choisir mes études, j'étais bonne élève et sans envie particulière d'autre que de faire de la voile. Et donc, mes parents m'ont un peu encouragée à me voir botter les fesses pour que je continue sur une voie la plus généraliste possible. Et puis, je me suis retrouvée en... Prépa à l'école de commerce. Et puis, là où ça s'est vraiment décidé, c'était dès les premiers stages et les premières périodes de césure. Et là, j'ai pu aller sur l'île de White, au sud de l'Angleterre, dans l'entreprise d'Hélène MacArthur, qui était un peu mon idole navigatrice à l'époque. Et donc, j'ai fait plus de 10 ou 11 mois de stage là-bas. Et ça a marqué le début de tout mon premier chapitre de vie professionnelle dans la course au large.
- Speaker #1
Là, tu avais terminé tes études et donc tu as fait ton stage sur l'île de White et tu ne vas pas trop repartir de l'île finalement.
- Speaker #0
Alors en fait, c'était mon premier pied dans la course au large et il me restait encore une année de fin d'études à faire que j'ai faite en Nouvelle-Zélande. Et en étant en Nouvelle-Zélande, il y a une autre course autour du monde de voile qui est passée.
- Speaker #1
Donc tu obtiens ton diplôme déjà ? Oui. Et tu décides de faire quoi, là ?
- Speaker #0
J'ai postulé un peu partout. Et puis, assez vite, il y a une équipe d'anciennes personnes que j'avais connues en stage qui m'ont recontactée, qui est arrivée à Lorient avec une équipe franco-anglo-chinoise et qui avait besoin d'aide. À l'origine, c'était que pour leurs deux mois à Lorient. Et puis, en fait, en deux jours, ça s'est transformé sur... Tiens, dans deux mois, on part en tour du monde et on voudrait bien t'embarquer, quoi. Donc, c'était le début de grandes aventures et beaucoup de voyages autour du monde dans cet univers.
- Speaker #1
Parce que concrètement, tu fais de la voile, mais tu travailles aussi derrière. Il y a d'autres choses à faire que de s'éclater dans l'eau.
- Speaker #0
Mon rôle professionnel n'est pas navigatrice. On a des navigateurs qui sont vraiment, pour le coup, des athlètes de haut niveau. C'est un peu comme dans la formule, il y a tout un paddock autour d'eux pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. à la fois l'outil, donc le bateau, il y a une équipe technique, il y a une équipe qui s'occupe plutôt des sponsors. Et moi, assez vite, je me retrouve en charge de l'équipe logistique et des opérations. Donc, c'est l'équipe un peu qui est le ciment de tout. C'est-à-dire que le but du jeu, c'est que tout le monde soit capable de travailler sans trop se poser de questions, quel que soit l'endroit où on est sur Terre. Donc, il faut que le matériel soit là. Donc, les containers, il y a des trucs de douane, des trucs de... ce qu'on appelle shipping, donc de l'envoi de containers, etc. Il faut que si le bateau casse, il y ait les pièces qui arrivent pour le réparer. Si le bateau casse son mât au milieu du Pacifique et qu'on doit envoyer trois personnes de l'équipe technique au fin fond de la Patagonie, il faut qu'ils y aillent.
- Speaker #1
Tu as l'air encore passionnée par tout ce que tu as fait.
- Speaker #0
Oui, c'était des années complètement folles. C'est une vie parallèle. Tu ne sais pas où tu dors le jour d'après,
- Speaker #1
non ? Tu es tout le temps dans un avion.
- Speaker #0
C'est ça. Mon rythme, c'est… Sur 180 jours, j'en passe moins de 60. en France. Et donc tous les autres, c'est soit des nuits en avion ou soit des nuits à l'hôtel. Pour le coup, vraiment déraciné, mais en fait, tu crées une sorte de famille professionnelle où tu partages des choses beaucoup plus fortes que dans un job normal qu'on retrouve dans le monde normal, on va dire.
- Speaker #1
Tu n'es pas en manque de rapport humain.
- Speaker #0
Pas du tout, au contraire. Même parfois, tu as un peu envie d'être tout seul puisque c'est intense.
- Speaker #1
Et donc, il y a un gros déclic qui se passe parce que tu remportes la Volvo Ocean Race. Ça va, je le dis bien. Oui. Mais parce que moi, je ne connais pas du tout ce milieu-là. Et quand tu m'en as parlé, j'ai compris que c'était incroyable de gagner ça.
- Speaker #0
Oui. C'est une course qui me faisait rêver depuis que j'étais petite. Toute petite voileuse de planche à voile et tout. Depuis le début de mon arrivée dans la course au large. Et c'est une course où... Tous les vieux loups de mer disent que ça ne se gagne qu'une fois dans une carrière. C'est un peu la plus dure que tu peux gagner dans cet univers de la course au large. Après, si tu fais d'autres types de voiles, ça peut être les JO, mais dans cette course au large, dans les océans, c'est le truc le plus dur à gagner. C'est un peu mon premier point de bascule. Parce que tout d'un coup, je coche une case, j'arrive à un rêve et je n'ai jamais réfléchi à autre chose que ça. et je me souviens que ce jour-là, on marchait pour accueillir le bateau au ponton et on avait un coach mental dans l'équipe, pour l'ensemble de l'équipe et il marchait avec moi et il me dit qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? et il me connaissait tellement bien en fait, au bout de deux ans, il savait déjà que j'allais switcher j'avais prévu du repos après la course et du coup cet été-là, c'était l'été 2018 j'ai acté le fait que je me donnais deux ans pour explorer ce qui allait pouvoir me plaire comme autre univers en dehors de la course au large. En fait, ça avait été tellement intense les dix dernières années que je ne connaissais rien d'autre.
- Speaker #1
Et tu as une autre révélation ? Tu commences à t'intéresser un peu à la planète et tu te rends compte que tu as pris beaucoup d'avions, mangé beaucoup d'avocats et que tu n'avais jamais réfléchi à ça finalement.
- Speaker #0
Le deuxième petit point de bascule, c'est juste quelques mois après, c'est un moment où je pose mes valises chez moi. Et je commence en Bretagne. En Bretagne, oui, dans le Morbihan et je commence à m'intéresser à mon jardin. Et c'est mon premier jardin parce qu'en fait, du coup, comme tu disais tout à l'heure, j'étais tout le temps à l'hôtel et tout. Pour la première fois, je vois une plante. que j'ai mise en terre. Trois mois plus tard, elle a poussé et ça fait un truc magique. Parfois, c'est coloré, parfois, ça grandit. Et en fait, tout d'un coup, je me recrée des racines. En fait, je ne m'étais pas rendue compte à quel point j'étais déconnectée de la vie réelle. Entre-temps, je me suis aussi engagée bénévolement à la SNSM, la Société Nationale de Secours en Mer. Et du coup, je me retrouve parfois, certaines semaines, à être en train de sauver quelqu'un qui est en train de se noyer. Et puis, la semaine d'après, je suis à New York ou à San Francisco sur une course. Et en fait, il y a eu une anecdote où un de nos marins, un matin de course, n'a pas eu un des éléments de son petit déjeuner, c'était une bouteille de lait à temps. Et il a pété un câble. Et en fait, dans son contexte à lui, il est un matin de course, il y a d'énormes enjeux pour lui, sportifs, de carrière ensuite, etc. Et donc, je pense qu'il a raison. Et en fait, moi, dans mon contexte à moi, trois jours avant, j'ai sauvé une vie dans le golfe du Morbihan. Et du coup, même si lui avait raison, j'ai perçu que j'allais probablement bientôt plus être la bonne personne pour les accompagner à fond. Et leur donner ce dont ils avaient besoin. Oui, t'étais arrivée au bout de quelque chose. Et du coup, je me retrouve quelques mois encore plus loin, à San Francisco, un matin. Je me dis, cette espèce de révélation de ma reconversion, ce sera dans les fleurs. Je commence à en parler à mes deux voisins de bureau avec qui j'étais super proche. Je pense qu'il y a quelqu'un qui a explosé de rire. Et l'autre qui a dit, bon, vivement, que tu sois en vacances. Tu t'inquiètes, tu vas prendre quelques jours et après tu vas revenir et tu seras recontente d'être avec nous. Et donc,
- Speaker #1
tu te dis ça, tu rentres en France et t'en parles à d'autres gens, j'imagine. T'avais un conjoint à l'époque.
- Speaker #0
Ouais. Que t'as toujours.
- Speaker #1
Oui. Et tu lui en parles.
- Speaker #0
Oui. Et lui te dit quoi ? Alors lui... Et le seul qui réagit dans le bon sens, on va dire, il me dit, si tu es motivé, tu es convaincu et tu penses que tu peux ou dois le faire, il faut y aller. Après, j'en parle à ma mère, elle explose de rire, je pense d'inquiétude, de nervosité. J'en parle à mon père, il me dit, mais Tiffaine, tu es à peu près au top de ta carrière dans un univers. C'est vrai que je bossais quand même pour des équipes, les trucs les plus prestigieux de la voile.
- Speaker #1
Et comment tu amorces cette transition ? Déjà, il faut que tu arrêtes. Tu quittes ton job.
- Speaker #0
Mon premier réflexe, ça a été d'aller... Quelques jours après le retour de San Francisco, à une matinée, ça s'appelait les Cafés de la Création, qui étaient organisés par le Crédit Agricole du Morbihan, je pense. Et il y avait plein d'acteurs, ils réunissaient plein d'acteurs de l'entrepreneuriat. Et je dis, voilà, moi j'aimerais bien... Au début, je voulais faire un flower truck, donc comme les food trucks, mais avec des fleurs dedans. Ils trouvaient ça génial. Et pour la première fois, j'avais des gens en face de moi qui trouvaient ça génial. Et je disais, ah bon, c'est cool. Et ce jour-là, j'ai aussi rencontré une asso. qui s'appelle Entreprendre au féminin Bretagne, qui me parle d'un programme qui s'appelle Émergence Entreprendre et qui démarre à l'automne. Donc là, on devait être en mai, je pense. Et que ça permettait à un groupe de femmes, à travers des journées thématiques, de faire émerger leur projet. Et donc j'ai fait ça, c'est-à-dire que je me suis inscrite. Et donc quelques mois plus tard, je me retrouve avec 19 autres femmes de tous les âges, de tous les parcours. Un jour par semaine, pendant trois mois, accompagnée sur ces thèmes. Et en parallèle, je continue à bosser dans la voile. Et le dernier jour de cette formation, elles font venir plein de femmes qui se sont lancées, qui témoignent. Et petit électrochoc, je me dis, et on était en décembre, du coup, décembre 2019. Je me dis, OK, Tiffany, soit tu décides et tu te donnes six mois, et si dans six mois... Tu décides de ne pas y aller, au moins tu auras exploré ton truc. Soit tu te retrouves à 60 ans et tu diras Ah, j'aurais aimé ! et tu taperas dessus tellement tu n'auras pas l'air de ne pas l'avoir fait. Et donc après, les mois qui ont suivi, complexe parce qu'il y a eu le confinement. Et en même temps, ça m'a un peu cadrée dans le parcours de reconversion. Oui,
- Speaker #1
ça t'a donné un peu de temps chez toi. Ça ne me fait pas.
- Speaker #0
Oui, exactement. J'ai vu des fleurs pousser.
- Speaker #1
Et tu as été accompagnée par d'autres organismes ? Tu as lancé d'autres démarches pour être aidée ?
- Speaker #0
Alors, je pense que les six premiers mois, j'étais vachement en autonomie. Je me suis auto-constituée un petit parcours de formation. Je suis allée chez des fleuristes qui donnaient des formations sur tel ou tel thème. Parfois, c'était un style créatif. Parfois, c'était le zéro déchet. En parallèle, je suis aussi allée rencontrer... J'avais déjà cette idée de le faire qu'avec des fleurs françaises. Donc, je suis allée rencontrer les producteurs et productrices installés en Bretagne autour de chez moi pour... Savoir de quand à quand ils avaient des fleurs, est-ce qu'ils accepteraient de m'en vendre pour que je puisse me lancer et tout. Et puis est arrivé le confinement et le confinement m'a un peu cadré dans le sens où il a fallu que je me pose et que j'écrive le business plan finalement.
- Speaker #1
Ça tu savais le faire ?
- Speaker #0
En fait je suis allée sur internet, j'ai regardé business plan, j'ai pris cinq modèles, je me suis lancée et là c'était un organisme, un indépendant qui faisait un webinaire. grâce à Entreprendre au Féminin Bretagne, sur rédiger son business plan. Je lui ai envoyé ensuite et il m'a aidée sur le prévisionnel. Et il m'a aidée vraiment les derniers deux mois avant de se dire je vais voir une banque et j'y vais quoi.
- Speaker #1
Et les finances, comment tu faisais ? Parce que tu avais de l'argent de côté ? Oui,
- Speaker #0
j'avais mis de l'argent de côté parce que je n'avais pas été salariée en France. Ah oui,
- Speaker #1
donc tu n'avais pas le droit au chômage.
- Speaker #0
Je n'avais pas le droit au chômage, je n'avais pas le droit au CPF et compagnie. Et donc du coup, je le savais. Et... et comme j'avais prévu de le faire sous deux ans, j'avais mis pendant deux ans des sous de côté. Là, le confinement se termine et donc moi, je suis prête à... Je sais faire des bouquets. J'ai des productrices et des producteurs. J'ai un logo. J'ai un business plan et tout. Et là, je me dis... Et là, quelqu'un me dit, comment on te paye ? Et là, je me rends compte qu'en fait... Je dis, en ligne, parce que j'avais visualisé que ce serait en ligne. Ah, mais sur quel site ? Ah oui, oui, il me faut un site. Et donc... Je me lance dans le site et là, la personne qui s'occupe du site, parce que moi, je ne suis vraiment pas assez patiente pour m'occuper, me dit Tiffaine, tu as les conditions générales de vente et tu as un RIB professionnel et tout ? Et je suis là Non, alors j'appelle la banque, il me faudrait un RIB professionnel. Ok, il nous faut vos statuts et ainsi de suite et ainsi de suite. Et donc en fait, on était en mai et l'entreprise, elle est effectivement née le 1er août 2020 parce que j'étais hyper enthousiaste. Oui, OK, je pouvais faire des bouquets, mais j'avais aucune structure derrière. Donc,
- Speaker #1
au départ, t'as pas de lieu.
- Speaker #0
J'ai pas de lieu, je suis dans ma chambre d'amis.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Chez moi, toute la première année, en fait. Donc,
- Speaker #1
jusqu'à fin décembre 2020, tu es dans ta chambre d'amis.
- Speaker #0
Bah, du coup, même du 1er août 2020 au 1er août 2021, je suis chez moi au Bonneau.
- Speaker #1
Et là, tu vends des fleurs.
- Speaker #0
Et j'en ai des fleurs. Et t'y arrives. Et j'y arrive, alors après, c'est... j'ai pas des commandes tous les jours, c'est aussi beaucoup de découvertes du métier J'ai plein d'anecdotes de moments où je n'ai pas commandé les bonnes fleurs. Une fois, mélanger les mots entre un bouquet de deuil et un bouquet de naissance. En fait, c'est la dame de la naissance qui s'en est rendue compte. Elle me dit, je ne suis pas sûre que ça vienne de ma sœur. Je lui dis, si, le bouquet, il est de votre sœur. Et en fait, elle me dit, oui, mais le mot. Et là, je regarde et c'était... Toutes nos pensées vous accompagnent dans cette nouvelle épreuve. Tu vois, toute cette année-là, c'était l'année des petites boulettes.
- Speaker #1
Je comprends.
- Speaker #0
Mais il l'est trop.
- Speaker #1
Il la fallait cette année-là. Et cette année-là, elle t'a confirmé que tu voulais aller plus loin dans cette entreprise. Et comment tu as mis ça en œuvre ?
- Speaker #0
Je suis allée toquer à la porte de plusieurs réseaux et plusieurs incubateurs, accélérateurs. Le premier qui a eu confiance en moi, Dans le projet, en tout cas, c'était le parcours accélérateur de la fondation Le Rock Les Mousquetaires, qui proposait pendant six mois un accompagnement de sept à dix entrepreneurs qui avaient des projets à peu près à ce stade de maturité, c'est-à-dire un début et puis qui demandaient qu'à évoluer. Et puis, ça m'a tellement aidée que dans les mois qui ont suivi la fin, j'ai candidaté. sur le programme Women Act Boost de l'asso Empower. C'était génial aussi parce que c'était 25 femmes qui agissaient dans des structures de l'économie sociale et solidaire.
- Speaker #1
Tu voulais absolument avoir un certain nombre d'agréments. C'est obligatoire, ça ?
- Speaker #0
Non, ce n'est pas du tout obligatoire. Ça s'est même fait en chemin. En fait, je pense qu'un des points de départ, c'était ce parcours avec les autres femmes de l'économie sociale et solidaire. Et ensuite, à force d'être engagée et de communiquer comme entreprise engagée, on m'a invitée à témoigner sur des événements ou des journées de l'économie de demain, des choses comme ça, où je rencontrais des personnes, où je découvrais des podcasts, où je découvrais des bouquins. de personnes qui étaient allées beaucoup plus loin. Et c'est dans cette phase-là, je pense que c'était entre fin 2021, début 2022, que j'ai découvert le fait que les entreprises à mission, c'était un truc qui existait. Et du coup, je me suis renseignée. Et puis après, il a fallu rebosser les statuts. Et donc, il a fallu plusieurs mois. Et en parallèle, on a déposé une demande d'agrément ESUS. Donc, c'est Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale. C'est un agrément d'État qui, en gros, t'engage en tant que structure à apporter ton utilité sociale avant un quelconque bénéfice économique, on va dire.
- Speaker #1
Mais bon, il y en a quand même un ou pas ? Parce qu'aujourd'hui, tu n'es plus dans ta chambre d'amis.
- Speaker #0
Je ne suis plus dans ma chambre d'amis. En fait, depuis le début de l'histoire des Bodanemon, chaque année, on a l'activité qui a doublé. Donc, c'est à la fois progressif et à la fois extrêmement rapide. Et du coup, je restais accompagnée. C'est-à-dire qu'après, au Ménac Boost, j'ai demandé... a intégré le Village by CA à Vannes, qui est une structure d'accélérateur d'entrepreneurs innovants. Moi, je suis certaine que si on n'a pas de résultats économiques, on ne peut pas avoir d'impact.
- Speaker #1
Aujourd'hui, tu as deux lieux. Est-ce que tu peux nous en parler ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Donc, le lieu où tout se passe, le cœur battant un peu des bottes d'anémone, c'est l'atelier. Pour l'instant, c'est un grand hangar qui fait 250 mètres carrés, dans lequel on fait arriver les fleurs de toutes nos fermes florales partenaires. Et donc vraiment, c'est le lieu de création. Et puis l'autre lieu, c'est notre ferme florale, qui est comme un immense jardin rempli de fleurs. Enfin, en tout cas, quand il fait beau, quand il ne pleut pas tout l'hiver. Et c'est là qu'on produit une partie des fleurs qu'on utilise. Mais c'est une toute petite ferme florale et qui est vraiment là pour notre approvisionnement en renfort pendant la saison d'été.
- Speaker #1
Tu avais le choix d'être fleuriste de manière assez classique et puis non. Toi, tu ne fais jamais comme tout le monde. Tu préfères devenir une fleuriste éco-responsable. Qu'est-ce que ça change ? Qu'est-ce que ça engendre surtout ?
- Speaker #0
En fait, quand j'ai commencé à m'intéresser au monde de la fleur en tant que futur métier, je me suis rendue compte que tu as 9 fleurs sur 10 en France qui sont importées quand tu vas dans n'importe quel point de vente. En moyenne, elles parcourent 10 000 kilomètres. Elles sont cultivées avec des intrants chimiques. dont la majorité des produits sont interdits en Union européenne, mais on peut les importer avec des produits non alimentaires. Et puis, quand elles poussent un peu plus proche de chez nous, notamment en Hollande, qui est un grand hub de la fleur dans le monde, elles poussent avec ce qu'on appelle des méthodes de forçage de végétaux, donc des serres chauffées et éclairées artificiellement jour et nuit pour simuler des conditions de productivité optimales d'un plant de fleur. Et en fait, du coup, quand je me suis rendue compte de ça, ça a mis un arrêt d'être. Et moi, je me suis dit, mais c'est mort. En fait, il est hors de question que le futur métier que je suis en plus en train de créer détruise mon terrain de jeu, qui est toujours l'océan. Et jusqu'à ce que je commence à aller rencontrer des producteurs et des productrices en Bretagne, j'attendais ces rencontres avec impatience pour savoir si je continuais dans cette voie-là ou si j'envisageais une reconversion dans autre chose.
- Speaker #1
Par rapport à ta vie d'avant, on peut dire que tu es beaucoup plus sédentaire maintenant ?
- Speaker #0
Oui. Mais par contre, l'intensité est au moins aussi forte.
- Speaker #1
Oui, puisque c'est ton entreprise. Aujourd'hui, tu as des employés ?
- Speaker #0
Oui, j'ai une équipe de quatre personnes.
- Speaker #1
Incroyable, en si peu de temps.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Bon, ton parcours, il est dingue parce qu'on a l'impression vraiment que tout se fait avec toi comme une fleur. Voilà, grâce à toi, tout grandit très vite et très bien. Tu es heureuse aujourd'hui ?
- Speaker #0
Je suis hyper heureuse parce que j'ai une forme de... de fierté d'être en train de prouver que, contrairement à tout ce qu'on m'a dit quand j'ai essayé de me lancer, on peut travailler avec uniquement des fleurs françaises, des fleurs de saison en zéro déchet. Et du coup, on est en train un peu, avec cette entreprise, d'ouvrir la voie. Et il y a une autre chose que les gens souvent me sont surpris, c'est de voir aussi mon équipe, petit à petit, qui s'étoffe. Et en fait, je leur confie un sujet, elles se l'approprient et elles le font mille fois mieux que moi.
- Speaker #1
Et si tu pouvais donner un conseil plus général ? Aux personnes qui souhaitent se reconvertir, qui hésitent encore un peu ou beaucoup, qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour leur donner confiance ?
- Speaker #0
Alors, il y a un premier truc, c'est d'écouter, soit de rencontrer, mais souvent quand on veut se reconvertir, on a un petit peu timide et un petit peu peur d'exprimer ça. plein de podcasts sur la reconversion.
- Speaker #1
Oui, je ne te le fais pas dire.
- Speaker #0
Déjà, il y a des témoignages d'entrepreneurs qui ont fait des reconversions. Il n'y a pas que les entrepreneurs qui ont fait des reconversions non plus. Et donc, ça, ça peut être un super moyen déjà pour se dire, est-ce que j'y vais ? Est-ce que je n'y vais pas ? Est-ce que c'est le bon moment dans mon chemin de vie ? Et une fois qu'ils prennent cette décision, mon conseil vraiment dans tout ce que j'ai vécu moi et ce que j'ai observé après, c'est de se de se détacher, de se créer un cocon en dehors des proches. Parce qu'en fait, les proches te connaissent et ils te connaissent dans ton contexte actuel et donc ils sont inquiets de te voir changer, de te voir perdre une certaine stabilité, alors que toi t'en as besoin, mais du coup d'aller se mettre dans un groupe de... Comme moi j'ai pu faire avec Entrepreneurs Féminins Bretagne, de personnes qui sont dans cette même dynamique, qui ne te connaissent pas d'avant, qui t'accueillent avec ce projet et qui ont envie de t'aider à le porter. Ça change tout.
- Speaker #1
Des phrases un peu limitantes qui, probablement, vont te persuader que c'est la vérité.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Écoute, Tiffaine, merci beaucoup pour tout ce que tu nous as transmis,
- Speaker #0
pour toutes tes valeurs aussi.
- Speaker #1
Et puis, j'espère que ça va inspirer beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens après l'écoute de cet épisode.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Pauline. À bientôt. À bientôt.
- Speaker #1
Merci à toutes et à tous d'avoir écouté cet épisode de Nouveau Cap. J'espère que vous avez passé un bon moment. Ce podcast vous est proposé par IDEO, le service public de l'orientation en Bretagne. IDEO vous accompagne dans vos aventures professionnelles, que vous soyez collégien, lycéen, apprenti, étudiant et adulte en recherche d'emploi ou en reconversion. Le site IDEO vous permet de vous accompagner dans vos aventures professionnelles. ideo.bretagne.bzh vous offre des informations essentielles sur les métiers, les formations, les aides, les financements et les lieux d'information. N'oubliez pas que chaque pas vers le changement est une occasion de grandir et de se réaliser pleinement. Alors restez à l'écoute pour de nouvelles histoires inspirantes sur Nouveau Cap.