undefined cover
undefined cover
Culpabilité cover
Culpabilité cover
Nouveaux Chemins

Culpabilité

Culpabilité

14min |13/02/2025|

20

Play
undefined cover
undefined cover
Culpabilité cover
Culpabilité cover
Nouveaux Chemins

Culpabilité

Culpabilité

14min |13/02/2025|

20

Play

Description

3 petites histoires de culpabilité pour illustrer

3 raisons de culpabiliser et

3 façons d'en sortir ! 🧡

A vos oreilles !🎧



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui je vous raconte trois petites histoires de culpabilité. Il y a plusieurs années Hugo avait un ami dont il était très proche et puis un jour cet ami l'a profondément blessé Et Hugo a coupé les ponts avec lui sans lui donner d'explication. Depuis, il culpabilise parce qu'il pense qu'il lui a fait du mal. L'année dernière, Céline a passé le bac en même temps que sa cousine, dont elle est très proche. Elle l'a eu, mais pas sa cousine. Depuis, elle culpabilise d'avoir eu le bac et de pouvoir avancer dans ses études alors que sa cousine, elle, a été obligée de redoubler. Mathieu a une maîtresse. Celle-ci voudrait qu'il quitte sa famille pour venir vivre avec elle et elle dit qu'elle est malheureuse à cause de lui. Par ailleurs, la relation que Mathieu a avec sa femme n'est pas très bonne. Ils n'ont plus de relation intime et sa femme sait qu'il voit une autre femme. Elle est prête à passer l'éponge à condition que Mathieu quitte sa maîtresse et qu'ils reprennent une vie de couple normal. Mais Mathieu ne l'aime plus d'amour. Il l'aime d'amitié. Et puis, ils ont une fille ensemble. Pour rejoindre sa maîtresse, il lui faudrait laisser son enfant. Et ça, ce n'est pas possible. C'est comme ça qu'il culpabilise de faire souffrir ces deux femmes. À votre avis, quelle différence y a-t-il entre ces trois histoires ? Saison 3, épisode 28. À première vue, il n'y en a pas. Hugo, Céline et Mathieu culpabilisent tous les trois. La culpabilité est une émotion très courante qui survient quand on se croit coupable de n'avoir pas respecté nos valeurs personnelles, d'avoir mal agi ou bien de s'être mal comporté ou encore d'avoir eu des pensées contraires à notre éthique. C'est un conflit interne entre nos actions ou nos pensées et notre système de valeurs. C'est aussi une émotion qui génère d'autres émotions. La colère contre soi ou bien la honte de soi. Parfois la tristesse de la situation dans laquelle on se retrouve. Et bien souvent, tout ça accentué par ce qu'on croit être une impossibilité de réparer. Je suis coupable d'avoir commis une faute qui a en général des conséquences sur ma relation aux autres. Donc sur le regard que j'imagine que les autres portent sur moi, mais surtout des conséquences sur le jugement que je porte sur moi-même. Peu importe si cette faute est réelle ou pas. Ce qui importe, c'est le ressenti de la personne. Pour elle, sa culpabilité est légitime parce que son comportement n'a pas été en accord avec ses valeurs. Vous aurez peut-être remarqué que ça ne sert à rien de dire à quelqu'un qui culpabilise qui n'a pas de raison de le faire. On lui dit parfois « arrête de culpabiliser, c'est pas grave » ou « tu te fais des idées » . Mais la plupart du temps, la personne continue à culpabiliser parce que la perception qu'elle a de sa faute n'est pas la même que la nôtre ou plus exactement, son échelle de valeur n'est pas la même que la nôtre et la porte à considérer son erreur comme assez grave pour culpabiliser. Le problème, bien souvent, n'est pas vraiment le fait de culpabiliser. C'est plutôt l'impossibilité dans laquelle nous sommes en général d'en sortir. Pourtant, la culpabilité nous dit que nous avons commis une erreur ou une mauvaise action. Elle nous avertit d'un comportement inadéquat. Mais dans quel but ? Dans le but de nous corriger. La culpabilité est une émotion qui pousse à une prise de conscience et à la recherche d'une amélioration. Mais pour y arriver, il faut deux choses. La première, c'est pouvoir analyser objectivement les circonstances ou les raisons qui ont généré de la culpabilité. Et la deuxième, c'est de bien connaître son échelle de valeur personnelle. C'est donc une émotion assez utile à condition de bien s'en servir. Hugo culpabilise d'avoir coupé les ponts avec son ami sans rien lui dire, sans lui donner d'explication. « C'est comme si j'étais parti comme un voleur, dit-il. Il a dû se demander ce qui se passait et ça a dû lui faire très mal. » Mais Hugo ne regrette pas d'avoir cessé ses relations avec cet ami. Ce qui le fait culpabiliser depuis toutes ces années, c'est qu'il est sûr de lui avoir fait du mal. Et non seulement ça le fait culpabiliser, mais il a honte de lui, honte de son comportement. Il se dit qu'il n'aurait pas dû cesser de le voir sans lui donner d'explication. Deux choses heurtent son système de valeur. Le fait d'avoir agi comme un voleur, ce qui provoque la honte, et le fait d'avoir fait souffrir son ami, ce qui est la vraie raison de sa culpabilité. Aussi, je lui ai demandé s'il avait des preuves que cet ami a souffert de son comportement. Parce qu'il est toujours possible que Hugo culpabilise pour quelque chose qui n'existe pas. Objectivement, il n'en a pas. Hugo continue de culpabiliser parce que, selon son échelle de valeur, il n'a pas besoin de preuves objectives pour juger son comportement injuste, irresponsable ou en un mot, mauvais. Et c'est pour ça également qu'il en a honte. Je lui ai donc proposé d'écrire une lettre d'excuse à son ami, ce qu'il a fait. Ainsi, il a reconnu avoir fait une erreur et il s'est sincèrement excusé. Comme je le disais tout à l'heure, peu importe que cet ami ait vraiment souffert ou pas. Ce qui compte, c'est que Hugo fasse quelque chose pour réparer la faute qu'il pense avoir commise. Et il n'est pas nécessaire non plus que cet ami reçoive cette lettre, puisque la culpabilité de Hugo est un problème interne entre lui et lui-même. C'est pour lui qu'il doit avant tout réparer sa faute. Si dans un deuxième temps, il souhaite donner cette lettre à son ami, s'il en a la possibilité, et qu'il souhaite le faire, alors c'est bien, il faut le faire, mais ce n'est pas une obligation. Parce que s'excuser, c'est aussi se pardonner à soi-même et se libérer de la culpabilité. Pour Céline, les choses sont un peu plus difficiles à démêler. Elle culpabilise parce qu'elle est triste. Elle est triste que sa cousine n'ait pas eu le bac, elle est triste pour sa cousine, mais elle est triste aussi parce que leur projet de vivre ensemble cette année universitaire est tombé à l'eau. Et elle est triste pour elle-même parce qu'elle a été seule pour vivre cette année-là et ça a été beaucoup plus difficile que si elles avaient été ensemble. Elle culpabilise parce qu'elle se dit que c'est de sa faute. Si elle n'avait pas eu le bac, elle serait encore ensemble. Et ce fort sentiment de culpabilité l'amène petit à petit à l'auto-sabotage. Elle se rend compte qu'elle est en train de s'aborder sa première année universitaire pour pouvoir la refaire avec sa cousine l'année prochaine. Je vous rapporte ici une partie de notre conversation. Est-ce que tu penses que dans le contexte de l'époque, quand vous étiez en train de passer le bac, tu aurais pu faire autrement ? Par exemple, est-ce que tu aurais pu faire exprès de ne pas l'avoir ? Non, on a fait toutes les deux le max pour l'avoir, c'est juste qu'elle ne l'a pas eu. Ok, donc vous aviez toutes les deux le même objectif, vous avez toutes les deux fait le maximum pour l'atteindre. Donc, qu'elle ait eu le bac ou pas, est-ce que ça dépendait de toi ? Non. Donc, c'est la faute à pas de chance ? Ouais. Ok, donc est-ce qu'on peut dire que tu n'y es pour rien, que ce n'est pas de ta faute ? Oui. Bon. Alors aujourd'hui, tu me dis que tu es à la fac et que tu envisages de redoubler exprès pour être au même niveau que ta cousine l'année prochaine, c'est ça ? Bah ouais, un peu. Ok. Mais tu peux me dire pourquoi tu veux faire ça ? Bah, pour qu'on soit ensemble l'année prochaine. Ok. Mais est-ce que tu es sûre que si tu redoubles, elle aura un coup sur son bac ? Non. Et qu'est-ce qui se passerait dans ce cas-là si tu redoublais et qu'elle n'allait pas le bac ? J'aurais fait ça pour rien. Peut-être que je culpabiliserais encore ou bien peut-être que c'est elle qui culpabiliserait. Céline reconnaît qu'elle n'a rien fait de mal, que ce n'est pas de sa faute si sa cousine n'a pas eu le bac. Elle n'a rien fait qui heurte son système de valeurs. Elle a compris que sa culpabilité n'est pas justifiée. On peut dire que c'est une culpabilité excessive qui la pousse... à l'autosabotage, sans certitude infinie, d'obtenir ce qu'elle avait tant espéré. Par contre, elle est triste. C'est maintenant à elle de décider si elle prend le risque de redoubler ou plutôt si prendre ce risque la rendrait moins triste. La dernière histoire est celle de Mathieu. Mathieu est en colère contre lui. parce qu'il ne peut pas répondre aux besoins de ses deux femmes, la femme avec qui il est marié et sa maîtresse. Et il en conçoit de la culpabilité, parce que ce n'est pas dans ses valeurs de faire souffrir qui que ce soit, et à plus forte raison les femmes qu'il aime. Mais dans quelle situation est vraiment Mathieu au juste ? Il ne peut pas reprendre une vie de couple avec sa femme, parce qu'il ne l'aime plus. Et il ne peut pas rejoindre sa maîtresse, parce qu'il serait obligé de quitter son enfant. Or, elle lui demande toutes les deux des choses qu'il ne peut pas leur donner, qu'il ne peut pas faire, sauf à aller contre son système de valeurs. Il est cartelé entre les deux et quoi qu'il choisisse, il ne pourra jamais les contenter toutes les deux. Donc, il culpabilise parce qu'il se sent responsable d'elle, de leur bonheur, au point de considérer que leurs besoins passent avant les siens. D'ailleurs, il ne sait plus quels sont ses besoins. Il n'est plus qu'une boule de culpabilité qui le paralyse et le rend malheureux. Mais il est surtout pris dans un chantage affectif. En substance, elles lui disent toutes les deux « Je suis malheureuse parce que tu ne fais pas ce que je voudrais. Et si tu ne fais pas ce que je te demande, tu vas me rendre encore plus malheureuse. » C'est ce chantage affectif, cette manipulation émotionnelle qui génère en lui une si forte culpabilité et surtout qui l'empêche de prendre une décision. La culpabilité est alors un levier de contrôle. C'est par la culpabilité qu'elle contrôle Mathieu. Pour être clair, c'est parce qu'il culpabilise qu'il reste avec elle deux. Ces deux femmes souffrent de la situation, très certainement, mais au lieu de prendre elles-mêmes une décision pour ne plus souffrir, elles intiment à Mathieu la responsabilité de le faire. Mais comme il culpabilise tellement, il ne peut pas choisir. C'est ainsi que la situation perdure et que tous les trois souffrent. La culpabilité de Matthieu est donc ce qui alimente la souffrance. Et plus cette situation perdurera, plus il culpabilisera. La seule façon pour Matthieu de ne plus culpabiliser, c'est de choisir la troisième voie. Celle qui lui fera comprendre Que sa culpabilité est un moyen de le contrôler, celle qui le recentrera sur ses besoins personnels, sur son échelle de valeur, et qui lui fera quitter cette relation à trois. Finalement, la culpabilité est une émotion qui devrait pousser à la réflexion et à l'action. Quelle raison ai-je de culpabiliser ? Selon ma propre échelle de valeur, ai-je commis une faute, une erreur ? Peut-être. Alors ma culpabilité devrait me servir le cas échéant à m'excuser, à réguler mes comportements ou à apprendre de mes erreurs. Ou bien, suis-je responsable de ce qui me fait culpabiliser ? Apprendre à dire « ce n'est pas de ma faute » Permet de se détacher du contexte. Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Description

3 petites histoires de culpabilité pour illustrer

3 raisons de culpabiliser et

3 façons d'en sortir ! 🧡

A vos oreilles !🎧



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui je vous raconte trois petites histoires de culpabilité. Il y a plusieurs années Hugo avait un ami dont il était très proche et puis un jour cet ami l'a profondément blessé Et Hugo a coupé les ponts avec lui sans lui donner d'explication. Depuis, il culpabilise parce qu'il pense qu'il lui a fait du mal. L'année dernière, Céline a passé le bac en même temps que sa cousine, dont elle est très proche. Elle l'a eu, mais pas sa cousine. Depuis, elle culpabilise d'avoir eu le bac et de pouvoir avancer dans ses études alors que sa cousine, elle, a été obligée de redoubler. Mathieu a une maîtresse. Celle-ci voudrait qu'il quitte sa famille pour venir vivre avec elle et elle dit qu'elle est malheureuse à cause de lui. Par ailleurs, la relation que Mathieu a avec sa femme n'est pas très bonne. Ils n'ont plus de relation intime et sa femme sait qu'il voit une autre femme. Elle est prête à passer l'éponge à condition que Mathieu quitte sa maîtresse et qu'ils reprennent une vie de couple normal. Mais Mathieu ne l'aime plus d'amour. Il l'aime d'amitié. Et puis, ils ont une fille ensemble. Pour rejoindre sa maîtresse, il lui faudrait laisser son enfant. Et ça, ce n'est pas possible. C'est comme ça qu'il culpabilise de faire souffrir ces deux femmes. À votre avis, quelle différence y a-t-il entre ces trois histoires ? Saison 3, épisode 28. À première vue, il n'y en a pas. Hugo, Céline et Mathieu culpabilisent tous les trois. La culpabilité est une émotion très courante qui survient quand on se croit coupable de n'avoir pas respecté nos valeurs personnelles, d'avoir mal agi ou bien de s'être mal comporté ou encore d'avoir eu des pensées contraires à notre éthique. C'est un conflit interne entre nos actions ou nos pensées et notre système de valeurs. C'est aussi une émotion qui génère d'autres émotions. La colère contre soi ou bien la honte de soi. Parfois la tristesse de la situation dans laquelle on se retrouve. Et bien souvent, tout ça accentué par ce qu'on croit être une impossibilité de réparer. Je suis coupable d'avoir commis une faute qui a en général des conséquences sur ma relation aux autres. Donc sur le regard que j'imagine que les autres portent sur moi, mais surtout des conséquences sur le jugement que je porte sur moi-même. Peu importe si cette faute est réelle ou pas. Ce qui importe, c'est le ressenti de la personne. Pour elle, sa culpabilité est légitime parce que son comportement n'a pas été en accord avec ses valeurs. Vous aurez peut-être remarqué que ça ne sert à rien de dire à quelqu'un qui culpabilise qui n'a pas de raison de le faire. On lui dit parfois « arrête de culpabiliser, c'est pas grave » ou « tu te fais des idées » . Mais la plupart du temps, la personne continue à culpabiliser parce que la perception qu'elle a de sa faute n'est pas la même que la nôtre ou plus exactement, son échelle de valeur n'est pas la même que la nôtre et la porte à considérer son erreur comme assez grave pour culpabiliser. Le problème, bien souvent, n'est pas vraiment le fait de culpabiliser. C'est plutôt l'impossibilité dans laquelle nous sommes en général d'en sortir. Pourtant, la culpabilité nous dit que nous avons commis une erreur ou une mauvaise action. Elle nous avertit d'un comportement inadéquat. Mais dans quel but ? Dans le but de nous corriger. La culpabilité est une émotion qui pousse à une prise de conscience et à la recherche d'une amélioration. Mais pour y arriver, il faut deux choses. La première, c'est pouvoir analyser objectivement les circonstances ou les raisons qui ont généré de la culpabilité. Et la deuxième, c'est de bien connaître son échelle de valeur personnelle. C'est donc une émotion assez utile à condition de bien s'en servir. Hugo culpabilise d'avoir coupé les ponts avec son ami sans rien lui dire, sans lui donner d'explication. « C'est comme si j'étais parti comme un voleur, dit-il. Il a dû se demander ce qui se passait et ça a dû lui faire très mal. » Mais Hugo ne regrette pas d'avoir cessé ses relations avec cet ami. Ce qui le fait culpabiliser depuis toutes ces années, c'est qu'il est sûr de lui avoir fait du mal. Et non seulement ça le fait culpabiliser, mais il a honte de lui, honte de son comportement. Il se dit qu'il n'aurait pas dû cesser de le voir sans lui donner d'explication. Deux choses heurtent son système de valeur. Le fait d'avoir agi comme un voleur, ce qui provoque la honte, et le fait d'avoir fait souffrir son ami, ce qui est la vraie raison de sa culpabilité. Aussi, je lui ai demandé s'il avait des preuves que cet ami a souffert de son comportement. Parce qu'il est toujours possible que Hugo culpabilise pour quelque chose qui n'existe pas. Objectivement, il n'en a pas. Hugo continue de culpabiliser parce que, selon son échelle de valeur, il n'a pas besoin de preuves objectives pour juger son comportement injuste, irresponsable ou en un mot, mauvais. Et c'est pour ça également qu'il en a honte. Je lui ai donc proposé d'écrire une lettre d'excuse à son ami, ce qu'il a fait. Ainsi, il a reconnu avoir fait une erreur et il s'est sincèrement excusé. Comme je le disais tout à l'heure, peu importe que cet ami ait vraiment souffert ou pas. Ce qui compte, c'est que Hugo fasse quelque chose pour réparer la faute qu'il pense avoir commise. Et il n'est pas nécessaire non plus que cet ami reçoive cette lettre, puisque la culpabilité de Hugo est un problème interne entre lui et lui-même. C'est pour lui qu'il doit avant tout réparer sa faute. Si dans un deuxième temps, il souhaite donner cette lettre à son ami, s'il en a la possibilité, et qu'il souhaite le faire, alors c'est bien, il faut le faire, mais ce n'est pas une obligation. Parce que s'excuser, c'est aussi se pardonner à soi-même et se libérer de la culpabilité. Pour Céline, les choses sont un peu plus difficiles à démêler. Elle culpabilise parce qu'elle est triste. Elle est triste que sa cousine n'ait pas eu le bac, elle est triste pour sa cousine, mais elle est triste aussi parce que leur projet de vivre ensemble cette année universitaire est tombé à l'eau. Et elle est triste pour elle-même parce qu'elle a été seule pour vivre cette année-là et ça a été beaucoup plus difficile que si elles avaient été ensemble. Elle culpabilise parce qu'elle se dit que c'est de sa faute. Si elle n'avait pas eu le bac, elle serait encore ensemble. Et ce fort sentiment de culpabilité l'amène petit à petit à l'auto-sabotage. Elle se rend compte qu'elle est en train de s'aborder sa première année universitaire pour pouvoir la refaire avec sa cousine l'année prochaine. Je vous rapporte ici une partie de notre conversation. Est-ce que tu penses que dans le contexte de l'époque, quand vous étiez en train de passer le bac, tu aurais pu faire autrement ? Par exemple, est-ce que tu aurais pu faire exprès de ne pas l'avoir ? Non, on a fait toutes les deux le max pour l'avoir, c'est juste qu'elle ne l'a pas eu. Ok, donc vous aviez toutes les deux le même objectif, vous avez toutes les deux fait le maximum pour l'atteindre. Donc, qu'elle ait eu le bac ou pas, est-ce que ça dépendait de toi ? Non. Donc, c'est la faute à pas de chance ? Ouais. Ok, donc est-ce qu'on peut dire que tu n'y es pour rien, que ce n'est pas de ta faute ? Oui. Bon. Alors aujourd'hui, tu me dis que tu es à la fac et que tu envisages de redoubler exprès pour être au même niveau que ta cousine l'année prochaine, c'est ça ? Bah ouais, un peu. Ok. Mais tu peux me dire pourquoi tu veux faire ça ? Bah, pour qu'on soit ensemble l'année prochaine. Ok. Mais est-ce que tu es sûre que si tu redoubles, elle aura un coup sur son bac ? Non. Et qu'est-ce qui se passerait dans ce cas-là si tu redoublais et qu'elle n'allait pas le bac ? J'aurais fait ça pour rien. Peut-être que je culpabiliserais encore ou bien peut-être que c'est elle qui culpabiliserait. Céline reconnaît qu'elle n'a rien fait de mal, que ce n'est pas de sa faute si sa cousine n'a pas eu le bac. Elle n'a rien fait qui heurte son système de valeurs. Elle a compris que sa culpabilité n'est pas justifiée. On peut dire que c'est une culpabilité excessive qui la pousse... à l'autosabotage, sans certitude infinie, d'obtenir ce qu'elle avait tant espéré. Par contre, elle est triste. C'est maintenant à elle de décider si elle prend le risque de redoubler ou plutôt si prendre ce risque la rendrait moins triste. La dernière histoire est celle de Mathieu. Mathieu est en colère contre lui. parce qu'il ne peut pas répondre aux besoins de ses deux femmes, la femme avec qui il est marié et sa maîtresse. Et il en conçoit de la culpabilité, parce que ce n'est pas dans ses valeurs de faire souffrir qui que ce soit, et à plus forte raison les femmes qu'il aime. Mais dans quelle situation est vraiment Mathieu au juste ? Il ne peut pas reprendre une vie de couple avec sa femme, parce qu'il ne l'aime plus. Et il ne peut pas rejoindre sa maîtresse, parce qu'il serait obligé de quitter son enfant. Or, elle lui demande toutes les deux des choses qu'il ne peut pas leur donner, qu'il ne peut pas faire, sauf à aller contre son système de valeurs. Il est cartelé entre les deux et quoi qu'il choisisse, il ne pourra jamais les contenter toutes les deux. Donc, il culpabilise parce qu'il se sent responsable d'elle, de leur bonheur, au point de considérer que leurs besoins passent avant les siens. D'ailleurs, il ne sait plus quels sont ses besoins. Il n'est plus qu'une boule de culpabilité qui le paralyse et le rend malheureux. Mais il est surtout pris dans un chantage affectif. En substance, elles lui disent toutes les deux « Je suis malheureuse parce que tu ne fais pas ce que je voudrais. Et si tu ne fais pas ce que je te demande, tu vas me rendre encore plus malheureuse. » C'est ce chantage affectif, cette manipulation émotionnelle qui génère en lui une si forte culpabilité et surtout qui l'empêche de prendre une décision. La culpabilité est alors un levier de contrôle. C'est par la culpabilité qu'elle contrôle Mathieu. Pour être clair, c'est parce qu'il culpabilise qu'il reste avec elle deux. Ces deux femmes souffrent de la situation, très certainement, mais au lieu de prendre elles-mêmes une décision pour ne plus souffrir, elles intiment à Mathieu la responsabilité de le faire. Mais comme il culpabilise tellement, il ne peut pas choisir. C'est ainsi que la situation perdure et que tous les trois souffrent. La culpabilité de Matthieu est donc ce qui alimente la souffrance. Et plus cette situation perdurera, plus il culpabilisera. La seule façon pour Matthieu de ne plus culpabiliser, c'est de choisir la troisième voie. Celle qui lui fera comprendre Que sa culpabilité est un moyen de le contrôler, celle qui le recentrera sur ses besoins personnels, sur son échelle de valeur, et qui lui fera quitter cette relation à trois. Finalement, la culpabilité est une émotion qui devrait pousser à la réflexion et à l'action. Quelle raison ai-je de culpabiliser ? Selon ma propre échelle de valeur, ai-je commis une faute, une erreur ? Peut-être. Alors ma culpabilité devrait me servir le cas échéant à m'excuser, à réguler mes comportements ou à apprendre de mes erreurs. Ou bien, suis-je responsable de ce qui me fait culpabiliser ? Apprendre à dire « ce n'est pas de ma faute » Permet de se détacher du contexte. Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

3 petites histoires de culpabilité pour illustrer

3 raisons de culpabiliser et

3 façons d'en sortir ! 🧡

A vos oreilles !🎧



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui je vous raconte trois petites histoires de culpabilité. Il y a plusieurs années Hugo avait un ami dont il était très proche et puis un jour cet ami l'a profondément blessé Et Hugo a coupé les ponts avec lui sans lui donner d'explication. Depuis, il culpabilise parce qu'il pense qu'il lui a fait du mal. L'année dernière, Céline a passé le bac en même temps que sa cousine, dont elle est très proche. Elle l'a eu, mais pas sa cousine. Depuis, elle culpabilise d'avoir eu le bac et de pouvoir avancer dans ses études alors que sa cousine, elle, a été obligée de redoubler. Mathieu a une maîtresse. Celle-ci voudrait qu'il quitte sa famille pour venir vivre avec elle et elle dit qu'elle est malheureuse à cause de lui. Par ailleurs, la relation que Mathieu a avec sa femme n'est pas très bonne. Ils n'ont plus de relation intime et sa femme sait qu'il voit une autre femme. Elle est prête à passer l'éponge à condition que Mathieu quitte sa maîtresse et qu'ils reprennent une vie de couple normal. Mais Mathieu ne l'aime plus d'amour. Il l'aime d'amitié. Et puis, ils ont une fille ensemble. Pour rejoindre sa maîtresse, il lui faudrait laisser son enfant. Et ça, ce n'est pas possible. C'est comme ça qu'il culpabilise de faire souffrir ces deux femmes. À votre avis, quelle différence y a-t-il entre ces trois histoires ? Saison 3, épisode 28. À première vue, il n'y en a pas. Hugo, Céline et Mathieu culpabilisent tous les trois. La culpabilité est une émotion très courante qui survient quand on se croit coupable de n'avoir pas respecté nos valeurs personnelles, d'avoir mal agi ou bien de s'être mal comporté ou encore d'avoir eu des pensées contraires à notre éthique. C'est un conflit interne entre nos actions ou nos pensées et notre système de valeurs. C'est aussi une émotion qui génère d'autres émotions. La colère contre soi ou bien la honte de soi. Parfois la tristesse de la situation dans laquelle on se retrouve. Et bien souvent, tout ça accentué par ce qu'on croit être une impossibilité de réparer. Je suis coupable d'avoir commis une faute qui a en général des conséquences sur ma relation aux autres. Donc sur le regard que j'imagine que les autres portent sur moi, mais surtout des conséquences sur le jugement que je porte sur moi-même. Peu importe si cette faute est réelle ou pas. Ce qui importe, c'est le ressenti de la personne. Pour elle, sa culpabilité est légitime parce que son comportement n'a pas été en accord avec ses valeurs. Vous aurez peut-être remarqué que ça ne sert à rien de dire à quelqu'un qui culpabilise qui n'a pas de raison de le faire. On lui dit parfois « arrête de culpabiliser, c'est pas grave » ou « tu te fais des idées » . Mais la plupart du temps, la personne continue à culpabiliser parce que la perception qu'elle a de sa faute n'est pas la même que la nôtre ou plus exactement, son échelle de valeur n'est pas la même que la nôtre et la porte à considérer son erreur comme assez grave pour culpabiliser. Le problème, bien souvent, n'est pas vraiment le fait de culpabiliser. C'est plutôt l'impossibilité dans laquelle nous sommes en général d'en sortir. Pourtant, la culpabilité nous dit que nous avons commis une erreur ou une mauvaise action. Elle nous avertit d'un comportement inadéquat. Mais dans quel but ? Dans le but de nous corriger. La culpabilité est une émotion qui pousse à une prise de conscience et à la recherche d'une amélioration. Mais pour y arriver, il faut deux choses. La première, c'est pouvoir analyser objectivement les circonstances ou les raisons qui ont généré de la culpabilité. Et la deuxième, c'est de bien connaître son échelle de valeur personnelle. C'est donc une émotion assez utile à condition de bien s'en servir. Hugo culpabilise d'avoir coupé les ponts avec son ami sans rien lui dire, sans lui donner d'explication. « C'est comme si j'étais parti comme un voleur, dit-il. Il a dû se demander ce qui se passait et ça a dû lui faire très mal. » Mais Hugo ne regrette pas d'avoir cessé ses relations avec cet ami. Ce qui le fait culpabiliser depuis toutes ces années, c'est qu'il est sûr de lui avoir fait du mal. Et non seulement ça le fait culpabiliser, mais il a honte de lui, honte de son comportement. Il se dit qu'il n'aurait pas dû cesser de le voir sans lui donner d'explication. Deux choses heurtent son système de valeur. Le fait d'avoir agi comme un voleur, ce qui provoque la honte, et le fait d'avoir fait souffrir son ami, ce qui est la vraie raison de sa culpabilité. Aussi, je lui ai demandé s'il avait des preuves que cet ami a souffert de son comportement. Parce qu'il est toujours possible que Hugo culpabilise pour quelque chose qui n'existe pas. Objectivement, il n'en a pas. Hugo continue de culpabiliser parce que, selon son échelle de valeur, il n'a pas besoin de preuves objectives pour juger son comportement injuste, irresponsable ou en un mot, mauvais. Et c'est pour ça également qu'il en a honte. Je lui ai donc proposé d'écrire une lettre d'excuse à son ami, ce qu'il a fait. Ainsi, il a reconnu avoir fait une erreur et il s'est sincèrement excusé. Comme je le disais tout à l'heure, peu importe que cet ami ait vraiment souffert ou pas. Ce qui compte, c'est que Hugo fasse quelque chose pour réparer la faute qu'il pense avoir commise. Et il n'est pas nécessaire non plus que cet ami reçoive cette lettre, puisque la culpabilité de Hugo est un problème interne entre lui et lui-même. C'est pour lui qu'il doit avant tout réparer sa faute. Si dans un deuxième temps, il souhaite donner cette lettre à son ami, s'il en a la possibilité, et qu'il souhaite le faire, alors c'est bien, il faut le faire, mais ce n'est pas une obligation. Parce que s'excuser, c'est aussi se pardonner à soi-même et se libérer de la culpabilité. Pour Céline, les choses sont un peu plus difficiles à démêler. Elle culpabilise parce qu'elle est triste. Elle est triste que sa cousine n'ait pas eu le bac, elle est triste pour sa cousine, mais elle est triste aussi parce que leur projet de vivre ensemble cette année universitaire est tombé à l'eau. Et elle est triste pour elle-même parce qu'elle a été seule pour vivre cette année-là et ça a été beaucoup plus difficile que si elles avaient été ensemble. Elle culpabilise parce qu'elle se dit que c'est de sa faute. Si elle n'avait pas eu le bac, elle serait encore ensemble. Et ce fort sentiment de culpabilité l'amène petit à petit à l'auto-sabotage. Elle se rend compte qu'elle est en train de s'aborder sa première année universitaire pour pouvoir la refaire avec sa cousine l'année prochaine. Je vous rapporte ici une partie de notre conversation. Est-ce que tu penses que dans le contexte de l'époque, quand vous étiez en train de passer le bac, tu aurais pu faire autrement ? Par exemple, est-ce que tu aurais pu faire exprès de ne pas l'avoir ? Non, on a fait toutes les deux le max pour l'avoir, c'est juste qu'elle ne l'a pas eu. Ok, donc vous aviez toutes les deux le même objectif, vous avez toutes les deux fait le maximum pour l'atteindre. Donc, qu'elle ait eu le bac ou pas, est-ce que ça dépendait de toi ? Non. Donc, c'est la faute à pas de chance ? Ouais. Ok, donc est-ce qu'on peut dire que tu n'y es pour rien, que ce n'est pas de ta faute ? Oui. Bon. Alors aujourd'hui, tu me dis que tu es à la fac et que tu envisages de redoubler exprès pour être au même niveau que ta cousine l'année prochaine, c'est ça ? Bah ouais, un peu. Ok. Mais tu peux me dire pourquoi tu veux faire ça ? Bah, pour qu'on soit ensemble l'année prochaine. Ok. Mais est-ce que tu es sûre que si tu redoubles, elle aura un coup sur son bac ? Non. Et qu'est-ce qui se passerait dans ce cas-là si tu redoublais et qu'elle n'allait pas le bac ? J'aurais fait ça pour rien. Peut-être que je culpabiliserais encore ou bien peut-être que c'est elle qui culpabiliserait. Céline reconnaît qu'elle n'a rien fait de mal, que ce n'est pas de sa faute si sa cousine n'a pas eu le bac. Elle n'a rien fait qui heurte son système de valeurs. Elle a compris que sa culpabilité n'est pas justifiée. On peut dire que c'est une culpabilité excessive qui la pousse... à l'autosabotage, sans certitude infinie, d'obtenir ce qu'elle avait tant espéré. Par contre, elle est triste. C'est maintenant à elle de décider si elle prend le risque de redoubler ou plutôt si prendre ce risque la rendrait moins triste. La dernière histoire est celle de Mathieu. Mathieu est en colère contre lui. parce qu'il ne peut pas répondre aux besoins de ses deux femmes, la femme avec qui il est marié et sa maîtresse. Et il en conçoit de la culpabilité, parce que ce n'est pas dans ses valeurs de faire souffrir qui que ce soit, et à plus forte raison les femmes qu'il aime. Mais dans quelle situation est vraiment Mathieu au juste ? Il ne peut pas reprendre une vie de couple avec sa femme, parce qu'il ne l'aime plus. Et il ne peut pas rejoindre sa maîtresse, parce qu'il serait obligé de quitter son enfant. Or, elle lui demande toutes les deux des choses qu'il ne peut pas leur donner, qu'il ne peut pas faire, sauf à aller contre son système de valeurs. Il est cartelé entre les deux et quoi qu'il choisisse, il ne pourra jamais les contenter toutes les deux. Donc, il culpabilise parce qu'il se sent responsable d'elle, de leur bonheur, au point de considérer que leurs besoins passent avant les siens. D'ailleurs, il ne sait plus quels sont ses besoins. Il n'est plus qu'une boule de culpabilité qui le paralyse et le rend malheureux. Mais il est surtout pris dans un chantage affectif. En substance, elles lui disent toutes les deux « Je suis malheureuse parce que tu ne fais pas ce que je voudrais. Et si tu ne fais pas ce que je te demande, tu vas me rendre encore plus malheureuse. » C'est ce chantage affectif, cette manipulation émotionnelle qui génère en lui une si forte culpabilité et surtout qui l'empêche de prendre une décision. La culpabilité est alors un levier de contrôle. C'est par la culpabilité qu'elle contrôle Mathieu. Pour être clair, c'est parce qu'il culpabilise qu'il reste avec elle deux. Ces deux femmes souffrent de la situation, très certainement, mais au lieu de prendre elles-mêmes une décision pour ne plus souffrir, elles intiment à Mathieu la responsabilité de le faire. Mais comme il culpabilise tellement, il ne peut pas choisir. C'est ainsi que la situation perdure et que tous les trois souffrent. La culpabilité de Matthieu est donc ce qui alimente la souffrance. Et plus cette situation perdurera, plus il culpabilisera. La seule façon pour Matthieu de ne plus culpabiliser, c'est de choisir la troisième voie. Celle qui lui fera comprendre Que sa culpabilité est un moyen de le contrôler, celle qui le recentrera sur ses besoins personnels, sur son échelle de valeur, et qui lui fera quitter cette relation à trois. Finalement, la culpabilité est une émotion qui devrait pousser à la réflexion et à l'action. Quelle raison ai-je de culpabiliser ? Selon ma propre échelle de valeur, ai-je commis une faute, une erreur ? Peut-être. Alors ma culpabilité devrait me servir le cas échéant à m'excuser, à réguler mes comportements ou à apprendre de mes erreurs. Ou bien, suis-je responsable de ce qui me fait culpabiliser ? Apprendre à dire « ce n'est pas de ma faute » Permet de se détacher du contexte. Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Description

3 petites histoires de culpabilité pour illustrer

3 raisons de culpabiliser et

3 façons d'en sortir ! 🧡

A vos oreilles !🎧



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui je vous raconte trois petites histoires de culpabilité. Il y a plusieurs années Hugo avait un ami dont il était très proche et puis un jour cet ami l'a profondément blessé Et Hugo a coupé les ponts avec lui sans lui donner d'explication. Depuis, il culpabilise parce qu'il pense qu'il lui a fait du mal. L'année dernière, Céline a passé le bac en même temps que sa cousine, dont elle est très proche. Elle l'a eu, mais pas sa cousine. Depuis, elle culpabilise d'avoir eu le bac et de pouvoir avancer dans ses études alors que sa cousine, elle, a été obligée de redoubler. Mathieu a une maîtresse. Celle-ci voudrait qu'il quitte sa famille pour venir vivre avec elle et elle dit qu'elle est malheureuse à cause de lui. Par ailleurs, la relation que Mathieu a avec sa femme n'est pas très bonne. Ils n'ont plus de relation intime et sa femme sait qu'il voit une autre femme. Elle est prête à passer l'éponge à condition que Mathieu quitte sa maîtresse et qu'ils reprennent une vie de couple normal. Mais Mathieu ne l'aime plus d'amour. Il l'aime d'amitié. Et puis, ils ont une fille ensemble. Pour rejoindre sa maîtresse, il lui faudrait laisser son enfant. Et ça, ce n'est pas possible. C'est comme ça qu'il culpabilise de faire souffrir ces deux femmes. À votre avis, quelle différence y a-t-il entre ces trois histoires ? Saison 3, épisode 28. À première vue, il n'y en a pas. Hugo, Céline et Mathieu culpabilisent tous les trois. La culpabilité est une émotion très courante qui survient quand on se croit coupable de n'avoir pas respecté nos valeurs personnelles, d'avoir mal agi ou bien de s'être mal comporté ou encore d'avoir eu des pensées contraires à notre éthique. C'est un conflit interne entre nos actions ou nos pensées et notre système de valeurs. C'est aussi une émotion qui génère d'autres émotions. La colère contre soi ou bien la honte de soi. Parfois la tristesse de la situation dans laquelle on se retrouve. Et bien souvent, tout ça accentué par ce qu'on croit être une impossibilité de réparer. Je suis coupable d'avoir commis une faute qui a en général des conséquences sur ma relation aux autres. Donc sur le regard que j'imagine que les autres portent sur moi, mais surtout des conséquences sur le jugement que je porte sur moi-même. Peu importe si cette faute est réelle ou pas. Ce qui importe, c'est le ressenti de la personne. Pour elle, sa culpabilité est légitime parce que son comportement n'a pas été en accord avec ses valeurs. Vous aurez peut-être remarqué que ça ne sert à rien de dire à quelqu'un qui culpabilise qui n'a pas de raison de le faire. On lui dit parfois « arrête de culpabiliser, c'est pas grave » ou « tu te fais des idées » . Mais la plupart du temps, la personne continue à culpabiliser parce que la perception qu'elle a de sa faute n'est pas la même que la nôtre ou plus exactement, son échelle de valeur n'est pas la même que la nôtre et la porte à considérer son erreur comme assez grave pour culpabiliser. Le problème, bien souvent, n'est pas vraiment le fait de culpabiliser. C'est plutôt l'impossibilité dans laquelle nous sommes en général d'en sortir. Pourtant, la culpabilité nous dit que nous avons commis une erreur ou une mauvaise action. Elle nous avertit d'un comportement inadéquat. Mais dans quel but ? Dans le but de nous corriger. La culpabilité est une émotion qui pousse à une prise de conscience et à la recherche d'une amélioration. Mais pour y arriver, il faut deux choses. La première, c'est pouvoir analyser objectivement les circonstances ou les raisons qui ont généré de la culpabilité. Et la deuxième, c'est de bien connaître son échelle de valeur personnelle. C'est donc une émotion assez utile à condition de bien s'en servir. Hugo culpabilise d'avoir coupé les ponts avec son ami sans rien lui dire, sans lui donner d'explication. « C'est comme si j'étais parti comme un voleur, dit-il. Il a dû se demander ce qui se passait et ça a dû lui faire très mal. » Mais Hugo ne regrette pas d'avoir cessé ses relations avec cet ami. Ce qui le fait culpabiliser depuis toutes ces années, c'est qu'il est sûr de lui avoir fait du mal. Et non seulement ça le fait culpabiliser, mais il a honte de lui, honte de son comportement. Il se dit qu'il n'aurait pas dû cesser de le voir sans lui donner d'explication. Deux choses heurtent son système de valeur. Le fait d'avoir agi comme un voleur, ce qui provoque la honte, et le fait d'avoir fait souffrir son ami, ce qui est la vraie raison de sa culpabilité. Aussi, je lui ai demandé s'il avait des preuves que cet ami a souffert de son comportement. Parce qu'il est toujours possible que Hugo culpabilise pour quelque chose qui n'existe pas. Objectivement, il n'en a pas. Hugo continue de culpabiliser parce que, selon son échelle de valeur, il n'a pas besoin de preuves objectives pour juger son comportement injuste, irresponsable ou en un mot, mauvais. Et c'est pour ça également qu'il en a honte. Je lui ai donc proposé d'écrire une lettre d'excuse à son ami, ce qu'il a fait. Ainsi, il a reconnu avoir fait une erreur et il s'est sincèrement excusé. Comme je le disais tout à l'heure, peu importe que cet ami ait vraiment souffert ou pas. Ce qui compte, c'est que Hugo fasse quelque chose pour réparer la faute qu'il pense avoir commise. Et il n'est pas nécessaire non plus que cet ami reçoive cette lettre, puisque la culpabilité de Hugo est un problème interne entre lui et lui-même. C'est pour lui qu'il doit avant tout réparer sa faute. Si dans un deuxième temps, il souhaite donner cette lettre à son ami, s'il en a la possibilité, et qu'il souhaite le faire, alors c'est bien, il faut le faire, mais ce n'est pas une obligation. Parce que s'excuser, c'est aussi se pardonner à soi-même et se libérer de la culpabilité. Pour Céline, les choses sont un peu plus difficiles à démêler. Elle culpabilise parce qu'elle est triste. Elle est triste que sa cousine n'ait pas eu le bac, elle est triste pour sa cousine, mais elle est triste aussi parce que leur projet de vivre ensemble cette année universitaire est tombé à l'eau. Et elle est triste pour elle-même parce qu'elle a été seule pour vivre cette année-là et ça a été beaucoup plus difficile que si elles avaient été ensemble. Elle culpabilise parce qu'elle se dit que c'est de sa faute. Si elle n'avait pas eu le bac, elle serait encore ensemble. Et ce fort sentiment de culpabilité l'amène petit à petit à l'auto-sabotage. Elle se rend compte qu'elle est en train de s'aborder sa première année universitaire pour pouvoir la refaire avec sa cousine l'année prochaine. Je vous rapporte ici une partie de notre conversation. Est-ce que tu penses que dans le contexte de l'époque, quand vous étiez en train de passer le bac, tu aurais pu faire autrement ? Par exemple, est-ce que tu aurais pu faire exprès de ne pas l'avoir ? Non, on a fait toutes les deux le max pour l'avoir, c'est juste qu'elle ne l'a pas eu. Ok, donc vous aviez toutes les deux le même objectif, vous avez toutes les deux fait le maximum pour l'atteindre. Donc, qu'elle ait eu le bac ou pas, est-ce que ça dépendait de toi ? Non. Donc, c'est la faute à pas de chance ? Ouais. Ok, donc est-ce qu'on peut dire que tu n'y es pour rien, que ce n'est pas de ta faute ? Oui. Bon. Alors aujourd'hui, tu me dis que tu es à la fac et que tu envisages de redoubler exprès pour être au même niveau que ta cousine l'année prochaine, c'est ça ? Bah ouais, un peu. Ok. Mais tu peux me dire pourquoi tu veux faire ça ? Bah, pour qu'on soit ensemble l'année prochaine. Ok. Mais est-ce que tu es sûre que si tu redoubles, elle aura un coup sur son bac ? Non. Et qu'est-ce qui se passerait dans ce cas-là si tu redoublais et qu'elle n'allait pas le bac ? J'aurais fait ça pour rien. Peut-être que je culpabiliserais encore ou bien peut-être que c'est elle qui culpabiliserait. Céline reconnaît qu'elle n'a rien fait de mal, que ce n'est pas de sa faute si sa cousine n'a pas eu le bac. Elle n'a rien fait qui heurte son système de valeurs. Elle a compris que sa culpabilité n'est pas justifiée. On peut dire que c'est une culpabilité excessive qui la pousse... à l'autosabotage, sans certitude infinie, d'obtenir ce qu'elle avait tant espéré. Par contre, elle est triste. C'est maintenant à elle de décider si elle prend le risque de redoubler ou plutôt si prendre ce risque la rendrait moins triste. La dernière histoire est celle de Mathieu. Mathieu est en colère contre lui. parce qu'il ne peut pas répondre aux besoins de ses deux femmes, la femme avec qui il est marié et sa maîtresse. Et il en conçoit de la culpabilité, parce que ce n'est pas dans ses valeurs de faire souffrir qui que ce soit, et à plus forte raison les femmes qu'il aime. Mais dans quelle situation est vraiment Mathieu au juste ? Il ne peut pas reprendre une vie de couple avec sa femme, parce qu'il ne l'aime plus. Et il ne peut pas rejoindre sa maîtresse, parce qu'il serait obligé de quitter son enfant. Or, elle lui demande toutes les deux des choses qu'il ne peut pas leur donner, qu'il ne peut pas faire, sauf à aller contre son système de valeurs. Il est cartelé entre les deux et quoi qu'il choisisse, il ne pourra jamais les contenter toutes les deux. Donc, il culpabilise parce qu'il se sent responsable d'elle, de leur bonheur, au point de considérer que leurs besoins passent avant les siens. D'ailleurs, il ne sait plus quels sont ses besoins. Il n'est plus qu'une boule de culpabilité qui le paralyse et le rend malheureux. Mais il est surtout pris dans un chantage affectif. En substance, elles lui disent toutes les deux « Je suis malheureuse parce que tu ne fais pas ce que je voudrais. Et si tu ne fais pas ce que je te demande, tu vas me rendre encore plus malheureuse. » C'est ce chantage affectif, cette manipulation émotionnelle qui génère en lui une si forte culpabilité et surtout qui l'empêche de prendre une décision. La culpabilité est alors un levier de contrôle. C'est par la culpabilité qu'elle contrôle Mathieu. Pour être clair, c'est parce qu'il culpabilise qu'il reste avec elle deux. Ces deux femmes souffrent de la situation, très certainement, mais au lieu de prendre elles-mêmes une décision pour ne plus souffrir, elles intiment à Mathieu la responsabilité de le faire. Mais comme il culpabilise tellement, il ne peut pas choisir. C'est ainsi que la situation perdure et que tous les trois souffrent. La culpabilité de Matthieu est donc ce qui alimente la souffrance. Et plus cette situation perdurera, plus il culpabilisera. La seule façon pour Matthieu de ne plus culpabiliser, c'est de choisir la troisième voie. Celle qui lui fera comprendre Que sa culpabilité est un moyen de le contrôler, celle qui le recentrera sur ses besoins personnels, sur son échelle de valeur, et qui lui fera quitter cette relation à trois. Finalement, la culpabilité est une émotion qui devrait pousser à la réflexion et à l'action. Quelle raison ai-je de culpabiliser ? Selon ma propre échelle de valeur, ai-je commis une faute, une erreur ? Peut-être. Alors ma culpabilité devrait me servir le cas échéant à m'excuser, à réguler mes comportements ou à apprendre de mes erreurs. Ou bien, suis-je responsable de ce qui me fait culpabiliser ? Apprendre à dire « ce n'est pas de ma faute » Permet de se détacher du contexte. Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like