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Nouveaux Chemins

Nouveaux Chemins invite Défragmenté-e-s. Episode spécial Podcasthon

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44min |19/03/2025|

12

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Description

Cet épisode Bonus est enregistré dans le cadre du podcasthon.


Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la 3eme édition du Podcasthon. L’idée est de mobiliser des podcasteurs et podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif.💝

Et de diffuser les épisodes simultanément, pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité.💫


Cette année, on est + de 1500 podcast à participer à cet évènement !


Pour la 1er participation de Nouveaux Chemins,

j’ai le grand plaisir d’inviter l’association Défragmenté-e-s qui accompagne et prépare les victimes vers la révélation à leur entourage de leur agressions sexistes et/ou sexuelles.🧡


Dans cet épisode, nous allons parler

✅ de REVELATION,

✅ de circulation et de libération de la parole

✅ de pensées féministes



J'ai eu un grand plaisir à faire cet entretien avec Sarah Merlo, sophrologue et co-fondatrice de l’association Défragmenté-e-s, et beaucoup d'admiration pour le travail indispensable qu'elle fait avec ses 2 collègues.


J'espère vous faire partager mon enthousiasme ! N'hésitez pas à les soutenir avec 👍 🧡 et un don 💰 !


Pour les contacter :


✅ Romane Parcollet : sophrologue spécialisée dans l'accompagnement des victimes de VSS et créatrice du podcast Après le vide (qui donne la parole aux victimes) 


✅ Sophie des Voix de Sophie : pair-aidante auprès des victimes de VSS. 


✅ Sarah Merlo : sophrologue - La trêve sophro : accompagnement de victimes de VSS 


Leur site :

https://defragmentees.fr/


Faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/defragmente-e-s


Bonne écoute !🥰


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la troisième édition du Podcaston. Alors qu'est-ce que c'est que le Podcaston L'idée, c'est de mobiliser des podcasteurs et des podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif et de diffuser les épisodes simultanément pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité. Et cette année, on est plus de 1500 podcasts francophones à participer à cet événement. Sur le site podcaston.org, vous trouverez tous les épisodes de cette édition et tous les liens vers les associations mises en honneur et bien sûr le moyen de les soutenir en faisant un don. Pour la première participation de Nouveau Chemin, j'ai choisi d'inviter l'association Défragmenter. Et comme celles qui en parlent le mieux, ce sont celles-là même qui l'ont créée, je laisse Sarah vous partager son engagement. Bonjour Sarah

  • Speaker #1

    Bonjour Laurence

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour ce premier épisode, enfin la première fois que je participe au podcaston, et de vous recevoir à cette occasion-là. Donc vous, vous avez une association qui s'appelle Défragmentés.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et qui vient en aide aux personnes qui ont subi des violences sexistes ou sexuelles. Et qui les aident à faire ce que vous avez appelé la révélation, c'est-à-dire comment faire pour l'annoncer à leur entourage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Ce qui m'a tout de suite interpellée, c'est le terme de révélation. J'ai trouvé que c'était vraiment un terme déjà très marquant, très... Et là, je me suis dit, wow, révélation, c'est intéressant. Et c'est à partir de ce terme-là que je me suis mise à fouiller pour voir un peu qu'est-ce que vous faites. Donc oui, je voudrais bien, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez m'expliquer D'abord, pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous concentrer sur l'aide à cette révélation

  • Speaker #1

    Alors effectivement, du coup, c'était très bien résumé pour l'association. On accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles dans le moment de la révélation, auprès de leurs proches et de leur entourage. L'idée, en fait, c'est que vu que, en gros, les violences sexistes et sexuelles, elles sont majoritairement... le fait de violences qui sont intrafamiliales ou en tout cas avec des personnes qui sont connues. Et du coup, ça implique que quand on doit parler et quand on a envie de parler des violences qui ont été vécues, c'est parler de violences qui ont été subies et qui ont été faites, qui ont été perpétrées par des personnes qui sont proches de son entourage, à, et on doit le dire, en tout cas la révélation se fait, à d'autres personnes qui sont aussi proches de l'entourage de l'agresseur ou de l'agresseuse. Et donc, si je peux me permettre, je remonte un petit peu dans la genèse du projet. L'idée, c'est qu'elle a émergé d'une certaine manière. Moi, je suis sophrologue, j'accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles en majorité. Et du coup, j'ai rencontré pendant ma... pendant ma pratique thérapeutique, d'autres personnes, d'autres thérapeutes et d'autres praticiennes qui accompagnent des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. On pourra en parler un peu plus après si vous voulez. Mais l'idée, c'est qu'on a fait le constat en discutant qu'évidemment, les violences sexistes et sexuelles, elles provoquent un impact, en tout cas, elles font du mal, elles génèrent de la souffrance et dans la tête et dans le corps. Mais ce n'est pas uniquement les violences qui sont sexistes et sexuelles. Il y a aussi les réactions que les proches ont par rapport au fait qu'on révèle ou qu'on parle de ces violences. Et ça, on l'a constaté avec deux autres personnes, donc une thérapeute et une praticienne. Et du coup, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Il y avait quelque chose sur quoi travailler. Et donc, on s'est dit qu'en fait, on allait... Ne plus laisser seules les personnes qui souhaitaient faire une révélation et en tout cas les accompagner. L'idée c'est d'accompagner ces personnes dans ce moment qui est assez complexe pour que la réaction de l'entourage et des proches puisse être facilitée. En tout cas, on apporte l'ensemble des éléments qui permettent une compréhension pour éviter des réactions qui sont compliquées comme le renversement de culpabilité. le fait d'être complètement incrédule face à ces violences, et puis aussi le déni ou l'absence de réaction parfois, et même une sorte de réaction qui fait que souvent les proches sont dans un système un peu dysfonctionnel où il y a eu beaucoup de souffrance, et ces Ausha se retournent souvent sur leur propre souffrance et ne sont pas forcément à l'écoute. de la personne qui a été victime de ces violences-là.

  • Speaker #0

    Les souffrances de celles des autres, de la personne qui parle.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. C'est exactement ça. C'est vraiment quelque chose d'assez complexe. Et c'est un moment complexe sur lequel, en fait, aujourd'hui, il y a peu ou pas de personnes qui accompagnent. Et souvent, ces victimes sont laissées complètement à l'abandon. C'est une espèce d'angle mort où, en fait, il n'y a pas forcément d'accompagnement qui est proposé.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est aussi, j'imagine, un frein à la révélation. Toutes ces... La personne, elle doit aussi craindre la réaction de son entourage. Et j'imagine que souvent, ça doit être un frein à ce qu'elle puisse faire cette révélation. C'est une façon de l'aider à lever les freins pour elle, pour qu'elle puisse oser le faire.

  • Speaker #1

    En fait, oui, c'est vrai que du coup, il y a plusieurs choses. Il peut y avoir une crainte par rapport au fait de révéler, parce qu'on ne sait pas comment la famille ou les proches, entourage... vont réagir, ça c'est une certitude parce que du coup en fait les éléments que nous on a pu relever, même par exemple il y a la civise qui a rendu un rapport en 2023 où en fait le moment de la révélation est un moment où certes aujourd'hui les gens vont majoritairement croire mais ils vont rien faire, ils vont pas protéger derrière ou en tout cas il y a vraiment une absence d'action. Et donc l'idée en fait c'est vraiment de... d'accompagner sur ce moment-là. Et en tout cas, les victimes sont dans une situation où en fait, il y a une espèce de... Soit il y a de la crainte de savoir comment la famille va réagir. Parfois, est-ce que... Et il y a une forme de culpabilité, parce que parfois, l'agresseur ou l'agresseuse va faire peser sur la victime une forme de responsabilité. Si tu parles, tu vas détruire la famille. Si tu parles, ça va faire du mal à tes frères, tes sœurs, ta mère, ton père. Ou ça dépend de qui a agressé dans... dans ce système de violence, mais en tout cas, il peut y avoir ça. Et après, il peut y avoir la propre culpabilité de la victime qui se sent coupable ou en tout cas se sent responsable de ce que ça va provoquer derrière. Du coup, nous, notre rôle dans tout ça, c'est quand même de remettre les choses en place et de dire à la victime, vous n'êtes responsable de rien. Et en tout cas... La violence qui a été faite, ce n'est pas de votre fait. Ce que vous allez faire, c'est simplement replacer les choses dans le bonheur, de retrouver cette place de victime, de poser la place de l'agresseur ou de l'agresseuse, et puis aussi de parler de l'entourage qui a un rôle pendant les violences qui se sont déroulées, un rôle peut-être de témoin, un rôle de témoin conscient ou inconscient, un rôle de complice peut-être aussi. Et puis de savoir aussi après, en fait, le fait de replacer les choses permet ensuite de pouvoir amorcer une discussion derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez en deux mots expliquer pour les personnes qui nous écoutent, qu'est-ce que c'est la CIVIS

  • Speaker #1

    Oui, c'est une commission qui a été, une commission qui a été, c'est une commission indépendante qui a été, qui est sortie en fait suite au livre de Camille Kouchner. La Familia Grande où en fait Camille Kouchner a parlé de l'inceste dont a été victime son frère. Et du coup par la suite le gouvernement, donc c'est sous Macron d'ailleurs, du coup le gouvernement a demandé à ce qu'une commission indépendante sur les violences qui sont faites sur les enfants, et les violences sexuelles, et du coup il y a une commission qui a été menée, en tout cas créée pour... pour voir un petit peu l'état dans lequel étaient les violences qui étaient faites aux enfants. Il y a eu un rapport public en 2023 qui est sorti, et où en fait il y a eu, alors si je ne me trompe pas, je crois qu'il y a eu plus de 30 000 témoignages, en tout cas 30 000 personnes qui sont venues parler à la civise, et qui ont permis en fait de faire émerger des grands traits de toutes ces violences. Ça a permis de faire un état des lieux en fait de tout ça. Et de ce rapport, il y a un constat qui est fait, c'est qu'il y a à peu près 160 000 enfants par année qui sont victimes de violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles. Il y a aussi le fait, et ça c'est des faits assez marquants, en tout cas un chiffre assez marquant, c'est de dire qu'il y a trois enfants par classe qui sont victimes d'inceste. Donc c'est vraiment un problème de société. Et par contre, justement, en fait, dans ce rapport-ci, il y a aussi la mention qu'il y a un fort déni de société, où en fait, c'est pas parce que, justement, on sait, là, du coup, même avec ce rapport, où il y a en fait un fort déni de société, pour l'instant, en fait, il n'y a pas un accompagnement, il n'y a pas forcément de choses qui sont faites. Alors évidemment, il y a du travail associatif, il faut aussi le mentionner, il y a les associations féministes, il y a tout un... Il y a même plein de personnes qui travaillent dessus, mais en tout cas une prise de conscience par la société, ce n'est pas quelque chose qui est vraiment encore fait. C'est un énorme travail et c'est hyper intéressant. Et nous, on prend certains éléments, notamment sur la révélation. On voit clairement qu'aujourd'hui, les gens à qui on parle, en tout cas les personnes qui accueillent la parole, vont dire oui, je te crois Parce que c'est un petit peu un slogan, c'est important que les personnes croient les victimes, sauf que derrière il faut aujourd'hui qu'on passe à l'action et qu'on protège, ou en tout cas qu'il y ait quelque chose de positif et d'aidant par rapport à cette parole.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, vous disiez que vous êtes plusieurs dans l'association. Est-ce que vous êtes trois à l'initiative de cette association

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est tout à fait ça. Donc, en fait, comme je vous le disais tout à l'heure, en fait, du coup, moi, je suis sophrologue. Et en fait, moi, j'ai une pratique qui est assez individuelle, c'est-à-dire que je n'ai pas d'équipe, je n'ai pas tout un personnel avec qui... parler. Et donc, du coup, moi, j'avais vraiment cette envie de pouvoir discuter et partager de ma pratique avec d'autres personnes qui vivaient les mêmes choses. Donc, Internet fait de belles choses quand même. Et du coup, j'ai pu rencontrer via Instagram Romane Parcollet, qui est sophrologue et qui accompagne, elle aussi, des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. Et du coup, on a pu échanger sur nos pratiques, mais aussi, on a pu échanger sur tout ce dont je vous... Je vous parlais tout à l'heure, Romane, elle a fait quelque chose d'hyper important, en tout cas pour moi, de mon point de vue. C'est de créer un podcast qui s'appelle Après le vide et qui donne la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles, mais aussi de violences psychologiques, etc. Elle élargit et en tout cas, elle donne la parole et c'est donner la parole à des personnes qui sont lambda, on va dire. Du coup, c'est une plateforme ou en tout cas, c'est un endroit. ou de façon assez... C'est un peu sous forme de discussion, c'est vraiment très naturel, très facile, mais en tout cas, elle donne un espace pour les personnes qui ont envie de pouvoir parler. Donc ça, ça a été une chose sur laquelle on a pu discuter, mais en tout cas, elle est très offrée de toutes les VSS, de toutes les violences sexistes et sexuelles. Et puis... J'ai rencontré aussi Sophie, des voix de Sophie. Alors Sophie, elle fait de la paire et danse. Et du coup, c'est vraiment, si je dois expliquer un petit peu brièvement, c'est faire du travail de paire à paire. Donc elle a été victime. Elle se considère aujourd'hui comme une victime qui a fait tout un cheminement. Et donc du coup, elle souhaiterait pouvoir, à la même hauteur, elle se met au même niveau que les autres victimes. de pouvoir partager son expérience parce que le partage fait qu'en fait on se sent mieux, on se sent moins seul, mais on se sent aussi compris, comprise. Et du coup donc voilà, donc il y a un travail de Pair et Danse. Donc elle a une plateforme via WhatsApp, elle permet à des personnes qui ont besoin de parler, même si elles sont suivies ces personnes par des psys, par tout un personnel soignant en fait, mais en tout cas elle permet d'avoir un programme. accès pour pouvoir parler via WhatsApp assez facilement. Et puis après, elle organise des cercles de parole, des ateliers sur la psychoéducation pour pouvoir expliquer ce qu'est le trauma, etc. Et c'est deux personnes que j'ai rencontrées et avec qui on a vraiment partagé le même constat. Et du coup, c'est pour ça qu'on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Donc, il a fallu qu'on monte une structure. Et donc, l'association nous est apparue comme celle qui convenait le plus. Sauf que pour travailler et pour garder l'intérêt général, il fallait que nous, on puisse être sur le terrain et travailler et pouvoir constituer un conseil d'administration. Il y a d'autres personnes qui sont un petit peu dans le noir, qui n'ont pas forcément envie d'être mises en lumière, mais qui ont constitué le conseil d'administration et qui nous aident et qui font plus du travail très administratif quant à rédaction des contrats, etc. Ce genre de choses qui ne nous concernent pas au final, mais nous, on est vraiment sur le cœur de... d'activité sur le terrain.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes trois personnes sur le terrain, ça veut dire que c'est vous trois qui accompagnez les personnes qui frappent chez des fragmentés pour retrouver de l'aide.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors du coup, moi j'ai juste un rôle aujourd'hui qui est de coordination. Donc en gros, je suis la première personne qui parle avec une victime quand elle a envie de contacter l'association. Mais après, en fait, effectivement, on est trois accompagnantes. C'est-à-dire que l'accompagnement peut se faire soit avec Romane, soit avec Sophie, soit avec moi.

  • Speaker #0

    Donc, la personne qui s'adresse à défragmenter, elle va avoir une seule interlocutrice. Elle va travailler avec une de vous trois.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée, c'est quand même d'effectuer un accompagnement. En gros, il va y avoir une relation de confiance qui va s'instaurer avec la personne. Donc, si on... En tout cas, nous, c'est ce qu'on envisage comme ça. Si on passe d'une personne à une autre, même si on peut très bien faire le lien l'une et l'autre, expliquer toutes les choses, nous, on préfère qu'il y ait un lien de confiance qui se crée avec une personne et puis que toutes les choses ne soient pas répétées. Parce que quand on a vécu des violences sexistes et sexuelles, la problématique, c'est que si on doit répéter tout ce qu'on a vécu, il y a un côté retraumatisant. Et donc, c'est une chose qu'on veut éviter. Et donc, plus la personne connaît l'histoire de la victime, enfin, plus l'accompagnant connaît l'histoire de la victime, plus ça peut être fluide dans l'accompagnement aussi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc, du coup, alors l'accompagnement, c'est quoi les grandes lignes de cet accompagnement

  • Speaker #1

    L'accompagnement va se baser sur un outil, un outil que l'accompagnante va construire, mais qui va bien évidemment être construit avec la victime. L'outil, c'est le livret. En gros, ce qu'on propose, c'est qu'aujourd'hui, on propose la rédaction d'un livret qui va parler des violences qui ont été subies. Je m'explique un peu dans la construction du livret, après je pourrai parler de l'accompagnement si c'est ok pour vous. Le livret se construit, en gros, on va parler à la victime, l'accompagnante va passer un moment avec la victime pour pouvoir parler de l'ensemble de sa vie, mais aussi des violences qui ont été vécues. Elle va prendre le maximum d'informations sur tout ce qui s'est passé. Une fois que l'accompagnante a toutes les informations, elle va rédiger, elle, le livret. Pour la victime, comment se construit le livret C'est important parce que c'est une structure qu'on a pensée pour pouvoir parler de la problématique pluridimensionnelle de violences, de faits de violences. Le livret se construit d'une façon assez systématique. On a une introduction. Dans l'introduction, on va expliquer la raison pour laquelle la révélation se fait. Ensuite, on a quatre parties, un développement et puis on a une conclusion. Dans les quatre parties dans le développement, c'est scindé en quatre parties. Pourquoi Parce qu'on va d'abord expliquer le fait de violence, l'objet de la violence. Donc poser des mots, c'est important parce que du coup, on sait tous et toutes sur quoi on part. Donc voilà, on part sur... On essaie en gros de clarifier et de préparer le terrain. La deuxième partie, ça va être sur l'agresseur ou l'agresseuse. L'idée, c'est de dessiner un profil de cette personne. Par exemple, je donne quelques exemples. Est-ce que cette personne est une personne autoritaire Est-ce que cette personne, du coup, elle isole peut-être certains membres de la famille Est-ce que c'est un homme Est-ce que c'est une femme Tout un profil, ça va permettre de dessiner un petit peu le profil de l'agresseur ou de l'agresseuse. La troisième partie est consacrée à la victime. Donc là aussi, c'est important de poser certaines choses. Par exemple, de parler de psychoéducation pour poser des éléments de... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, il y a des choses qui vont émerger. Le psychotrauma, ce sera une des choses qui va émerger. Le psychotrauma a des conséquences sur la vie de la personne. Par exemple, le développement des troubles du comportement alimentaire pour certaines personnes, des addictions pour d'autres. ou des choses qui touchent le quotidien, par exemple la difficulté de garder un travail, etc. Il y a plein de choses qui vont émerger. Et pareil, décrire aussi le moment où peut-être la victime a essayé de parler, etc. Donc on va vraiment parler de tous les éléments, en tout cas pour avoir une image un petit peu complète. Et la dernière partie, elle va concerner l'entourage. Parce que comme je vous disais tout à l'heure, un fait de violence, ce n'est pas uniquement un agresseur, une agresseuse et une victime. C'est ça, mais aussi l'entourage qui gravite autour de ce fait de violence et ses agressions et ses violences. Et l'idée dans cette dernière partie, c'est de poser les rôles de chacun et de chacune. Par exemple, si c'est un cas d'inceste et qu'il y a eu une fratrie et qu'il n'y a eu qu'un enfant qui a été touché, Les autres enfants, par exemple, qui ont vécu dans cette fratrie, sont des victimes collatérales. On les replace dans un certain rôle. Et du coup, là, on peut dire que, clairement, des enfants qui ont été dans ce système de violence sont simplement des victimes collatérales. S'il y a un parent qui n'a pas été protecteur, mais qui a peut-être été témoin, mais même conscient ou inconscient, on pose ça aussi. On dit que c'est un parent non protecteur, qui n'a pas été agresseur. mais qui n'a pas été protecteur, donc qui n'a pas agi pour empêcher ces violences. Donc on replace tout ça. L'idée, ce n'est pas de culpabiliser ou de pointer du doigt, c'est de placer, de remettre les choses dans l'ordre. Et donc la dernière partie, c'est la conclusion. Et la conclusion, elle est importante dans le sens où ça va être le moment où on va poser les attentes de la victime sur qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation. Qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation Quelles sont ses attentes Par exemple, très concrètement, est-ce que... Est-ce qu'elle a envie de porter plainte par rapport à tout ça Ça peut être ça. Comment elle a envie d'être accompagnée par rapport à cette plainte, si jamais elle a envie Ou plus concrètement aussi, enfin tout aussi concrètement, ça peut être aussi, si jamais il y a des fêtes de famille, est-ce qu'elle a envie que l'agresseur ou l'agresseuse soit présente ou présent pendant les fêtes de famille Oui, non, etc. Donc ça, c'est vraiment un moment où, en fait, on pose les attentes de la victime et on ouvre. Aussi, la discussion avec les membres de l'entourage. Donc ça, c'est l'outil qu'on crée avec la victime et avec l'histoire de la victime. En gros, on va se servir des fragments de mémoire de la victime, de tous les éléments de la pensée féministe, donc des livres d'anthropologues, des livres de sociologues, des livres de philosophie, et puis aussi de tous les éléments qu'on a pu récolter. par les associations, en tout cas tout le travail féministe qui a été pensé pour pouvoir penser les violences comme système, plus des éléments de psychoéducation. On les met donc dans ce livret, on les organise de cette manière et ensuite on fait un accompagnement. Et là je passe peut-être sur l'accompagnement à moins que vous ayez d'autres questions par rapport au livret.

  • Speaker #0

    Alors oui, par rapport au livret, il y a une chose qui m'interpelle, vous avez dit que ce livret c'est l'accompagnatrice qui le rédige. Pourquoi vous avez choisi que ce soit l'accompagnatrice et pas la victime ou en collaboration entre les deux

  • Speaker #1

    Alors en fait, le fait de faire le choix de le rédiger par l'accompagnante, c'est vraiment un choix effectivement plutôt... En fait, il a été pensé parce que quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a parfois pas la possibilité ou pas tous les outils pour pouvoir... poser par écrit tout ce dont on a envie de parler. Et puis, on n'a peut-être pas forcément tous les outils. Par exemple, si on a été victime d'inceste, peut-être qu'on n'a pas en tête le fait que l'inceste, c'est quelque chose qui passe de génération en génération. Et une accompagnante, elle a ça en tête. Elle a vraiment tout ce background derrière qui lui permet de dire Ah oui, d'accord. possiblement en fait là on voit qu'il ya quelque chose de systématique qui s'est mis il ya effectivement une violence qui a été générée quand enfin d'une génération qui est passé à une autre et c'est etc nous ça nous permet en fait une victime a pas forcément tous les éléments en tête on dit pas qu'on les a tous et enfin que toutes les accompagnantes ont tous mais nous on va aller chercher si jamais il ya des choses et en tout cas nous on en discute entre accompagnantes pour dire ah oui effectivement ça c'est Ça, c'est par exemple l'inceste de génération à génération, où par exemple, ça va se réitérer de père en père. Même incesteur incesté, ça va être un petit peu réitéré de la même manière. Donc nous, on va pouvoir poser ça. Une victime n'est pas forcément en mesure d'avoir tous ces éléments. Et aussi, il y a cette problématique avec... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a pas forcément la possibilité de dire... les choses de façon construite et très pédagogique. Bien sûr. Parce qu'en fait, on n'a que des fragments de mémoire parfois, parce qu'on n'a pas une mémoire biographique bien pensée, puis aussi parce qu'on a l'émotionnel aussi, parce qu'on a ça aussi. Donc peut-être que parfois, on va se perdre dans les choses. Donc nous, l'idée, on prend toutes les infos et on les organise pour que ce soit le plus entendable et le plus compréhensible possible pour les personnes qui vont recevoir ça. Et aussi parce que simplement, c'est difficile de se plonger dans ça. Et le fait de faire des livrets, le fait de le faire par quelqu'un surtout, d'autres, c'est une manière pour la victime de simplement dire et après de ne pas avoir cette charge.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le livret sert à construire la parole qui va être délivrée, à construire la révélation pour qu'elle soit... Comment dire, je ne sais pas, qu'elle soit organisée, qu'elle soit entendable, qu'elle ait un sens et que la personne... C'est une sorte de guide en fait vers la révélation.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est vraiment un outil. En fait, on est en train, là du coup, pour vous donner un exemple, on a reçu une subvention de la Fondation Sodebo. Et donc on suit actuellement deux personnes en ce moment. Et on voit... que la rédaction, ou en tout cas, ne serait-ce que la lecture de la première version, elle suscite quelque chose chez la victime. Donc il y a certainement des prises de conscience, il y a le fait de se sentir peut-être un peu plus légitimé sur ce qu'on ressent, parce que parfois on ne se souvient pas de tout. Donc en fait, on se pose toujours la question de savoir si... si on ne l'a pas soit inventé, soit est-ce qu'on n'a pas exagéré, etc. Et nous, on vient juste reposer ça et remettre dans un contexte de violence en disant... Même si, par exemple, vous n'avez que des morceaux ou que des fragments de mémoire, ce n'est pas pour autant que ça délégitime ce que vous êtes en train de vivre ou la souffrance que vous avez. Et pareil, ce n'est pas parce que, je ne sais pas si c'est votre père, votre mère, votre ongle, votre tante, que c'est OK. Il n'y a pas, par exemple, ça peut être, dans les cas d'inceste parfois, quand l'inceste a lieu par un adulte sur un enfant, il y a... Très souvent, donc ça, c'est dans le berceau des dominations de Dorothée Ducy, qui est anthropologue et qui a travaillé sur l'inceste. Elle dit que les adultes se racontent une histoire d'amour avec l'enfant. Et donc, ça donne une confusion, ça implique une confusion chez la victime qui a un rapport avec les relations amoureuses, entre guillemets, je mets 10 milliards de guillemets, qui sont... Elles sont pas OK en fait, elle a un rapport qui n'est pas OK. Et donc là, nous, on vient aussi dire que ça, c'est quelque chose qui est typique, qui se retrouve dans l'inceste, et donc ça permet aussi des prises de conscience par rapport à ces éléments qui peuvent être, pour la victime, très compliqués à démêler. Donc oui, il y a un travail aussi pour la victime, mais vraiment, on le pense comme un outil, vraiment comme un outil.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez à la fois confrontant, rassurant, ça doit être hyper impactant ça pour la victime.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui, en effet. Alors du coup, comme on est à nos débuts et pour être tout à fait transparente, du coup, on tâtonne parfois. Donc du coup, les lectures, par la suite, nous, on va proposer, donc en fait, on va faire en fonction. Nous, ce qu'on veut faire, c'est qu'on met au centre. de l'accompagnement à la victime, la personne. On veut que ce soit le plus doux possible, même si c'est extrêmement violent, mais en tout cas, on veut que ça aille du mieux possible. Donc là, on a constaté que la lecture du livret, si ces personnes le font seules, ça peut être très violent. Donc ce qu'on va proposer, c'est que soit on le fait avec elles, soit on le fait... Enfin voilà, on réfléchit, et surtout, nous, c'est qu'on veut absolument que les... les personnes puissent avoir cet accompagnement le plus fluide possible, si c'est possible. Et en tout cas, nous, on est toujours dans l'adaptation et toujours dans l'attention portée à la personne qui va être accompagnée.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est un accompagnement qui peut durer combien de temps Alors oui, du coup, c'est vrai que ça va me permettre de pouvoir rebondir sur comment ça se passe concrètement un accompagnement. Parce que là, on a parlé de l'outil et donc un accompagnement, si je vous les résume en plusieurs étapes. Donc la première étape, ça va être évidemment le contact avec moi. C'est une prise de contact. Moi, je peux, c'est vraiment très rapide. C'est une petite demi-heure. Les personnes m'expliquent, me donnent un peu les infos personnelles administratives dont j'ai besoin, enfin dont on a besoin pour l'assaut et pour continuer derrière. Et puis, ça me permet aussi d'expliquer l'association, parce que comme elle n'est pas connue, de toute façon, l'association, il faut expliquer, il faut être sûr que la personne en face ait compris l'objet de... Exactement, exactement. Et du coup, ça, c'est un premier contact. Et ensuite, une fois qu'on a ce premier contact et que du coup, on dit c'est OK, on peut essayer, on peut tenter l'accompagnement, on peut se lancer dans l'accompagnement. Du coup, il y a donc le... le contact avec une des trois accompagnantes, soit Sophie, soit Romane, soit moi. Et du coup, il y a tout un moment où on va poser des questions, on va faire émerger les choses, etc. Donc ça, c'est ce dont je vous parlais pour pouvoir construire le livrier. Donc il y a ce contact, on fait émerger les choses, il y a le moment de la rédaction qui est fait par l'accompagnante. Et une fois qu'on a finalisé ce moment de rédaction, évidemment, il y a des allers-retours. avec la victime pour pouvoir parler de tout ça et puis peut-être corriger des éléments ou ajouter des choses parce qu'il y a des choses qui ont émergé. Donc il y a des allers-retours, il y en a trois. On en fait trois au maximum parce qu'après, il faut qu'on clôt malgré tout les choses. Donc le moment de rédaction est terminé. Et ensuite, on prépare la personne mentalement et même logistiquement au moment de la révélation si elle en a envie. Nous, on donne la possibilité de s'arrêter là si elle a envie. Mais si elle a envie de continuer, évidemment, nous, on l'accompagne. Donc, on prépare la personne. Donc, ça veut dire concrètement savoir quand, où, avec qui, dans quel contexte, si on le fait en visio, si on le fait en présentiel, si on le fait au téléphone, si on le fait... Voilà, donc vraiment très logistiquement, on prépare ça. Et on prépare aussi mentalement. On prépare mentalement parce que du coup, comme on le disait tout à l'heure, une révélation, ça peut mal se passer. Donc, il peut y avoir de l'incrédulité, du silence, du déni, du retournement de... de culpabilité, etc. Ça peut aussi bien se passer, on ne va pas l'écarter non plus, mais l'idée, c'est de préparer mentalement en disant, voici les possibilités. On enlève, entre guillemets, un petit peu le choc des réactions qui pourraient arriver. En tout cas, on essaye de présenter l'éventail des possibilités pour que, même si ça peut arriver, en tout cas, la personne, la victime, ne soit pas sous le choc. et qu'elle s'attend et qu'elle se prépare à ça. Donc voilà, ça c'est le moment de préparation. Il y a le moment de la révélation, donc en fonction de la personne, en fonction de ses besoins et de comment il a été défini. Et puis après, il y a un suivi post-révélation. Le suivi post-révélation, il est hyper important pour nous parce que l'idée, c'est de continuer à faire circuler la parole, pour plusieurs raisons. Déjà parce que les personnes qui vont recevoir cette révélation, Peut-être qu'elles vont être un peu sidérées sur le moment et elles ne vont pas avoir toutes les questions ou elles ne vont pas avoir le temps de réagir et de poser toutes les questions dont elles ont envie d'avoir une réponse. Et donc, du coup, notre travail derrière, c'est aussi de se dire qu'on peut être une personne présente pour pouvoir répondre à vos questions et peut-être pas forcément solliciter la victime, mais du coup, être présente pour ça. Ça peut aussi être un moment où on est... avec la victime, nous en tant qu'accompagnante et l'entourage, pour continuer la discussion. En tout cas, l'idée, c'est qu'on continue à faire circuler la parole, parce que quand on continue à faire circuler la parole, on empêche la chape de plomb de retomber, parce que ça, c'est possible, que le silence revienne, et que ça redevienne un tabou. Et surtout, c'est que quand on continue à en parler... Il y a eu des études qui ont été faites, et notamment au Canada, avec vraiment un travail sur la circulation de la parole, qui permettent de montrer qu'en fait, ça permet de briser les cercles de violence. Ça arrête le cercle de violence. Alors, on ne peut pas dire aujourd'hui que pour nous, c'est le cas. Donc, on tend vers ça, on va tendre vers ça. Mais parce que c'est un peu notre objectif, effectivement. La violence s'arrête avec la victime et sa génération. C'est vrai que c'est quand même quelque chose vers lequel on aime ritendre. Mais déjà, première chose, on veut que la victime puisse faire sa révélation et continuer à parler de ça assez librement. Et surtout que l'entourage puisse être en mesure aussi d'évoquer ces sujets-là sans blesser la personne, avec le plus d'outils possibles. pour que quand on ne sera plus là, il y aura quand même cette discussion, en tout cas ce moyen de parler. Voilà, ça c'est tout l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Ok, c'est vraiment super. C'est quelque chose d'utilité personnelle et d'utilité publique que vous faites.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, honnêtement, comme on est au début, on va dire qu'on tente, on essaye, on voit, parce qu'on a ciblé une chose qui est pour nous... n'avait pas encore de choses et après on avance à tâtons. Donc pour nous on reste quand même, on reste sur, on tente, on voit et on essaye de faire au mieux, du mieux qu'on peut parce que du coup comme il n'y a pas de guide, en vrai il n'y a aucun guide pour faire, pour parler, il n'y a aucun guide pour recevoir la parole donc voilà. Donc pour l'instant nous on tâtonne, voilà on tâtonne mais on tâtonne avec tous les éléments qu'on a, on a quand même... On a quand même toute la pensée féministe qui a écrit énormément de choses. On a des podcasts, on a plein d'outils. Et puis on s'entoure si jamais on a des questions sur certaines choses. On fait au mieux.

  • Speaker #1

    Alors je vous ai, pas aujourd'hui, mais dans nos discussions qu'on a eues avant, je vous ai entendu dire croire est un verbe d'action Oui,

  • Speaker #0

    alors c'est pas de moi. Oui,

  • Speaker #1

    oui, mais d'accord. Mais qu'est-ce que vous entendez par là

  • Speaker #0

    Alors déjà, c'est de Cécile C. Et du coup, elle a sorti un livre. C'est le journal de sortie d'inceste. Et du coup, elle a toute une partie où elle parle de croire, c'est un verbe d'action. Et je pense qu'en fait, elle a touché du doigt un point sur lequel je pense, les personnes étaient, même la société n'était pas forcément encore... En tout cas, elle l'a mis en lumière. Je trouve que c'est l'une des personnes qui a pu mettre en lumière ça. C'est-à-dire que je pense qu'on connaît tous et toutes maintenant le slogan je te crois Je pense que c'est quelque chose qui est passé dans la société. Et effectivement, c'est ce que montre le rapport de la civile, c'est qu'effectivement, les gens disent je te crois Et que majoritairement, c'est le cas. Sauf que... aujourd'hui, et je pense que c'est un peu l'étape suivante, le je te crois ne suffit plus. C'est je te crois et je te protège Par exemple, c'est Arnaud Gallet avec l'association qu'il a cofondée, ou en tout cas dans laquelle il est président. On sent en fait qu'il y a effectivement cette volonté de, bien sûr, on croit, mais après il y a une action à faire, c'est de protéger. Et aujourd'hui, nous, on met l'action sur ça parce que le moment de révélation, est un moment important. Si jamais l'entourage ou les proches qui reçoivent l'information, cette révélation, et que ces personnes disent oui, je te crois mais que derrière il y a une forme de... où il n'y a rien, par exemple, il ne se passe rien du tout, où les attentes de la victime ne sont pas... ne sont pas écoutées. Par exemple, si on continue d'inviter, si l'attente de la victime est de ne pas participer aux fêtes de famille, si jamais il y a l'agresseur ou l'agresseuse, et que rien n'est fait, il n'y a aucune action. En fait, ça ne change pas le système. Ça ne change pas le système de dysfonctionnel et de violence. Et donc, effectivement, ça demande, quand on dit je te protège ou en tout cas que je te crois est un verbe d'action, ça implique une action de la part de l'entourage. On ne peut pas simplement croire, il faut vraiment agir. Donc ça peut passer par des actions comme ce que je vous disais par rapport au fait de famille, mais ça peut être autre chose. Si le besoin, par exemple, exprimé par une victime, c'est... Par exemple, je prends l'exemple d'un parent qui n'a pas été protecteur, qui n'a rien fait, qui n'a pas été agresseur, mais pas protecteur. Est-ce que, par exemple, ça peut être le fait de reprendre ce rôle de protecteur par quelques... possibilités, par quelques actions possibles. En fait, c'est plutôt dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Donc ça, c'est aussi une prise de conscience que l'entourage doit avoir.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. En gros, là, c'est vraiment un enjeu dont nous, on n'a pas le pouvoir. On n'a aucune possibilité d'action. En fait, si l'entourage ne veut pas agir, on n'aura pas de possibilité. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on peut pas, c'est ce qu'on dit aux victimes, on ne pourra pas promettre que... que l'entourage va réagir. Par contre, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on donne tous les moyens. On va donner tous les outils. C'est pour ça que je vous parlais d'outils. Nous, on va donner cet outil avec tous les moyens possibles que nous, on peut offrir, qu'on peut permettre pour que l'entourage prenne conscience des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, tout ça, j'imagine qu'il y a besoin d'une aire de la guerre pour faire tout ça. Et après, en même temps, c'est aussi l'objectif du podcaston, donc ça tombe super bien. Comment est-ce que vous trouvez les financements pour tout ça

  • Speaker #0

    Alors, du coup, on a déjà eu une subvention de la Fondation de Sodebo, comme je vous disais, et c'est pour trois accompagnements. Donc en fait, ça reste assez... C'est très bien, ça nous permet de commencer et vraiment, on les remercie. Mais effectivement, pour continuer, il va falloir un peu plus d'argent. En gros, si je vous... Concrètement, je vous parle, un accompagnement, ça nous coûte entre 865 et 1000 euros. Ça dépend en fait des déplacements qu'on doit faire, etc. Mais c'est à peu près ça. L'idée, c'est qu'à chaque accompagnement, on est à peu près cette somme-là. Donc, nous, on fait des demandes de subventions auprès de fondations d'entreprises, auprès de diverses structures. Mais évidemment, les demandes de subventions, il y en a beaucoup qui le font, et beaucoup d'associations qui le font, et puis il y a un certain délai. Ensuite, on a notre campagne de crowdfunding pour le lancement. qui est disponible sur notre compte Hello Asso.

  • Speaker #1

    On trouve le lien sur votre site Internet, il me semble.

  • Speaker #0

    Oui, on trouve le lien sur le site Internet. Vous pouvez taper Hello Asso et défragmenter. Du coup, vous allez pouvoir trouver notre campagne. Et aussi, on l'a sur Instagram. En bio, il y a la possibilité d'être envoyé directement dessus. Donc ça, on a une première campagne de crowdfunding. Et du coup, ça, c'est un petit peu... de tout le montant dont on aurait besoin pour faire toute l'année et l'ensemble des accompagnements qu'on s'est fixés pour l'année 2024-2025. On a eu aussi une initiative personnelle d'une personne qui s'appelle Iris Mililoba et qui, en prenant connaissance de notre association, elle connaît des voix de Sophie, et du coup, elle est sportive et elle a décidé de courir l'Ultra Trail de l'Ardèche le 20 avril. Elle a été victime d'inceste aussi, et donc c'est un sujet qui la touche. Il y a une campagne que nous, on a montée via LOSO aussi, pour pouvoir la soutenir. Elle souhaite par son action récolter 8 accompagnements. C'est un montant de 8 650, donc ça monte tout doucement. Donc voilà, c'est vraiment... C'est vraiment quelque chose qu'on aimerait, qu'on aimerait, qui puisse grandir et continuer. Et puis voilà, après, et après, c'est... Enfin voilà, donc ce que je voulais dire, c'était qu'aujourd'hui, on commence à avoir des personnes qui sont sur liste d'attente. En gros, en fait, on a plus ou moins, en fait, on a à peu près sept personnes en ce moment sur liste d'attente, ce qui est quand même beaucoup, parce que du coup... Du coup, ça fait quand même beaucoup de personnes qui attendent, pour nous en tout cas, pour nos débuts. Et donc, on aimerait vraiment pouvoir répondre à ça. Et voilà, c'est un petit peu l'idée.

  • Speaker #1

    Et donc, je précise à nouveau que sur la page du podcaston, à la page de cet épisode, on peut trouver tous les liens pour faire des dons. Et puis, je mettrai aussi, moi, dans la description de l'épisode, tous les liens. pour vous contacter toutes les trois et puis pour vous soutenir.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à vous, Laurence. Merci de nous avoir permis de mettre en lumière notre association.

  • Speaker #1

    Écoutez, on reste en contact de toute façon. Et puis, je souhaite une longue vie à défragmenter. Merci à vous pour cet entretien qui a été très instructif et très enthousiasmant. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, Laurence.

  • Speaker #1

    Et à bientôt, Sarah. Au revoir.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Nouveaux chemins est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simond, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, n'hésitez pas à laisser des commentaires, des étoiles, à le partager et à vous abonner. Rendez-vous dans trois semaines pour le prochain épisode.

Description

Cet épisode Bonus est enregistré dans le cadre du podcasthon.


Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la 3eme édition du Podcasthon. L’idée est de mobiliser des podcasteurs et podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif.💝

Et de diffuser les épisodes simultanément, pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité.💫


Cette année, on est + de 1500 podcast à participer à cet évènement !


Pour la 1er participation de Nouveaux Chemins,

j’ai le grand plaisir d’inviter l’association Défragmenté-e-s qui accompagne et prépare les victimes vers la révélation à leur entourage de leur agressions sexistes et/ou sexuelles.🧡


Dans cet épisode, nous allons parler

✅ de REVELATION,

✅ de circulation et de libération de la parole

✅ de pensées féministes



J'ai eu un grand plaisir à faire cet entretien avec Sarah Merlo, sophrologue et co-fondatrice de l’association Défragmenté-e-s, et beaucoup d'admiration pour le travail indispensable qu'elle fait avec ses 2 collègues.


J'espère vous faire partager mon enthousiasme ! N'hésitez pas à les soutenir avec 👍 🧡 et un don 💰 !


Pour les contacter :


✅ Romane Parcollet : sophrologue spécialisée dans l'accompagnement des victimes de VSS et créatrice du podcast Après le vide (qui donne la parole aux victimes) 


✅ Sophie des Voix de Sophie : pair-aidante auprès des victimes de VSS. 


✅ Sarah Merlo : sophrologue - La trêve sophro : accompagnement de victimes de VSS 


Leur site :

https://defragmentees.fr/


Faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/defragmente-e-s


Bonne écoute !🥰


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la troisième édition du Podcaston. Alors qu'est-ce que c'est que le Podcaston L'idée, c'est de mobiliser des podcasteurs et des podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif et de diffuser les épisodes simultanément pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité. Et cette année, on est plus de 1500 podcasts francophones à participer à cet événement. Sur le site podcaston.org, vous trouverez tous les épisodes de cette édition et tous les liens vers les associations mises en honneur et bien sûr le moyen de les soutenir en faisant un don. Pour la première participation de Nouveau Chemin, j'ai choisi d'inviter l'association Défragmenter. Et comme celles qui en parlent le mieux, ce sont celles-là même qui l'ont créée, je laisse Sarah vous partager son engagement. Bonjour Sarah

  • Speaker #1

    Bonjour Laurence

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour ce premier épisode, enfin la première fois que je participe au podcaston, et de vous recevoir à cette occasion-là. Donc vous, vous avez une association qui s'appelle Défragmentés.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et qui vient en aide aux personnes qui ont subi des violences sexistes ou sexuelles. Et qui les aident à faire ce que vous avez appelé la révélation, c'est-à-dire comment faire pour l'annoncer à leur entourage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Ce qui m'a tout de suite interpellée, c'est le terme de révélation. J'ai trouvé que c'était vraiment un terme déjà très marquant, très... Et là, je me suis dit, wow, révélation, c'est intéressant. Et c'est à partir de ce terme-là que je me suis mise à fouiller pour voir un peu qu'est-ce que vous faites. Donc oui, je voudrais bien, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez m'expliquer D'abord, pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous concentrer sur l'aide à cette révélation

  • Speaker #1

    Alors effectivement, du coup, c'était très bien résumé pour l'association. On accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles dans le moment de la révélation, auprès de leurs proches et de leur entourage. L'idée, en fait, c'est que vu que, en gros, les violences sexistes et sexuelles, elles sont majoritairement... le fait de violences qui sont intrafamiliales ou en tout cas avec des personnes qui sont connues. Et du coup, ça implique que quand on doit parler et quand on a envie de parler des violences qui ont été vécues, c'est parler de violences qui ont été subies et qui ont été faites, qui ont été perpétrées par des personnes qui sont proches de son entourage, à, et on doit le dire, en tout cas la révélation se fait, à d'autres personnes qui sont aussi proches de l'entourage de l'agresseur ou de l'agresseuse. Et donc, si je peux me permettre, je remonte un petit peu dans la genèse du projet. L'idée, c'est qu'elle a émergé d'une certaine manière. Moi, je suis sophrologue, j'accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles en majorité. Et du coup, j'ai rencontré pendant ma... pendant ma pratique thérapeutique, d'autres personnes, d'autres thérapeutes et d'autres praticiennes qui accompagnent des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. On pourra en parler un peu plus après si vous voulez. Mais l'idée, c'est qu'on a fait le constat en discutant qu'évidemment, les violences sexistes et sexuelles, elles provoquent un impact, en tout cas, elles font du mal, elles génèrent de la souffrance et dans la tête et dans le corps. Mais ce n'est pas uniquement les violences qui sont sexistes et sexuelles. Il y a aussi les réactions que les proches ont par rapport au fait qu'on révèle ou qu'on parle de ces violences. Et ça, on l'a constaté avec deux autres personnes, donc une thérapeute et une praticienne. Et du coup, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Il y avait quelque chose sur quoi travailler. Et donc, on s'est dit qu'en fait, on allait... Ne plus laisser seules les personnes qui souhaitaient faire une révélation et en tout cas les accompagner. L'idée c'est d'accompagner ces personnes dans ce moment qui est assez complexe pour que la réaction de l'entourage et des proches puisse être facilitée. En tout cas, on apporte l'ensemble des éléments qui permettent une compréhension pour éviter des réactions qui sont compliquées comme le renversement de culpabilité. le fait d'être complètement incrédule face à ces violences, et puis aussi le déni ou l'absence de réaction parfois, et même une sorte de réaction qui fait que souvent les proches sont dans un système un peu dysfonctionnel où il y a eu beaucoup de souffrance, et ces Ausha se retournent souvent sur leur propre souffrance et ne sont pas forcément à l'écoute. de la personne qui a été victime de ces violences-là.

  • Speaker #0

    Les souffrances de celles des autres, de la personne qui parle.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. C'est exactement ça. C'est vraiment quelque chose d'assez complexe. Et c'est un moment complexe sur lequel, en fait, aujourd'hui, il y a peu ou pas de personnes qui accompagnent. Et souvent, ces victimes sont laissées complètement à l'abandon. C'est une espèce d'angle mort où, en fait, il n'y a pas forcément d'accompagnement qui est proposé.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est aussi, j'imagine, un frein à la révélation. Toutes ces... La personne, elle doit aussi craindre la réaction de son entourage. Et j'imagine que souvent, ça doit être un frein à ce qu'elle puisse faire cette révélation. C'est une façon de l'aider à lever les freins pour elle, pour qu'elle puisse oser le faire.

  • Speaker #1

    En fait, oui, c'est vrai que du coup, il y a plusieurs choses. Il peut y avoir une crainte par rapport au fait de révéler, parce qu'on ne sait pas comment la famille ou les proches, entourage... vont réagir, ça c'est une certitude parce que du coup en fait les éléments que nous on a pu relever, même par exemple il y a la civise qui a rendu un rapport en 2023 où en fait le moment de la révélation est un moment où certes aujourd'hui les gens vont majoritairement croire mais ils vont rien faire, ils vont pas protéger derrière ou en tout cas il y a vraiment une absence d'action. Et donc l'idée en fait c'est vraiment de... d'accompagner sur ce moment-là. Et en tout cas, les victimes sont dans une situation où en fait, il y a une espèce de... Soit il y a de la crainte de savoir comment la famille va réagir. Parfois, est-ce que... Et il y a une forme de culpabilité, parce que parfois, l'agresseur ou l'agresseuse va faire peser sur la victime une forme de responsabilité. Si tu parles, tu vas détruire la famille. Si tu parles, ça va faire du mal à tes frères, tes sœurs, ta mère, ton père. Ou ça dépend de qui a agressé dans... dans ce système de violence, mais en tout cas, il peut y avoir ça. Et après, il peut y avoir la propre culpabilité de la victime qui se sent coupable ou en tout cas se sent responsable de ce que ça va provoquer derrière. Du coup, nous, notre rôle dans tout ça, c'est quand même de remettre les choses en place et de dire à la victime, vous n'êtes responsable de rien. Et en tout cas... La violence qui a été faite, ce n'est pas de votre fait. Ce que vous allez faire, c'est simplement replacer les choses dans le bonheur, de retrouver cette place de victime, de poser la place de l'agresseur ou de l'agresseuse, et puis aussi de parler de l'entourage qui a un rôle pendant les violences qui se sont déroulées, un rôle peut-être de témoin, un rôle de témoin conscient ou inconscient, un rôle de complice peut-être aussi. Et puis de savoir aussi après, en fait, le fait de replacer les choses permet ensuite de pouvoir amorcer une discussion derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez en deux mots expliquer pour les personnes qui nous écoutent, qu'est-ce que c'est la CIVIS

  • Speaker #1

    Oui, c'est une commission qui a été, une commission qui a été, c'est une commission indépendante qui a été, qui est sortie en fait suite au livre de Camille Kouchner. La Familia Grande où en fait Camille Kouchner a parlé de l'inceste dont a été victime son frère. Et du coup par la suite le gouvernement, donc c'est sous Macron d'ailleurs, du coup le gouvernement a demandé à ce qu'une commission indépendante sur les violences qui sont faites sur les enfants, et les violences sexuelles, et du coup il y a une commission qui a été menée, en tout cas créée pour... pour voir un petit peu l'état dans lequel étaient les violences qui étaient faites aux enfants. Il y a eu un rapport public en 2023 qui est sorti, et où en fait il y a eu, alors si je ne me trompe pas, je crois qu'il y a eu plus de 30 000 témoignages, en tout cas 30 000 personnes qui sont venues parler à la civise, et qui ont permis en fait de faire émerger des grands traits de toutes ces violences. Ça a permis de faire un état des lieux en fait de tout ça. Et de ce rapport, il y a un constat qui est fait, c'est qu'il y a à peu près 160 000 enfants par année qui sont victimes de violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles. Il y a aussi le fait, et ça c'est des faits assez marquants, en tout cas un chiffre assez marquant, c'est de dire qu'il y a trois enfants par classe qui sont victimes d'inceste. Donc c'est vraiment un problème de société. Et par contre, justement, en fait, dans ce rapport-ci, il y a aussi la mention qu'il y a un fort déni de société, où en fait, c'est pas parce que, justement, on sait, là, du coup, même avec ce rapport, où il y a en fait un fort déni de société, pour l'instant, en fait, il n'y a pas un accompagnement, il n'y a pas forcément de choses qui sont faites. Alors évidemment, il y a du travail associatif, il faut aussi le mentionner, il y a les associations féministes, il y a tout un... Il y a même plein de personnes qui travaillent dessus, mais en tout cas une prise de conscience par la société, ce n'est pas quelque chose qui est vraiment encore fait. C'est un énorme travail et c'est hyper intéressant. Et nous, on prend certains éléments, notamment sur la révélation. On voit clairement qu'aujourd'hui, les gens à qui on parle, en tout cas les personnes qui accueillent la parole, vont dire oui, je te crois Parce que c'est un petit peu un slogan, c'est important que les personnes croient les victimes, sauf que derrière il faut aujourd'hui qu'on passe à l'action et qu'on protège, ou en tout cas qu'il y ait quelque chose de positif et d'aidant par rapport à cette parole.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, vous disiez que vous êtes plusieurs dans l'association. Est-ce que vous êtes trois à l'initiative de cette association

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est tout à fait ça. Donc, en fait, comme je vous le disais tout à l'heure, en fait, du coup, moi, je suis sophrologue. Et en fait, moi, j'ai une pratique qui est assez individuelle, c'est-à-dire que je n'ai pas d'équipe, je n'ai pas tout un personnel avec qui... parler. Et donc, du coup, moi, j'avais vraiment cette envie de pouvoir discuter et partager de ma pratique avec d'autres personnes qui vivaient les mêmes choses. Donc, Internet fait de belles choses quand même. Et du coup, j'ai pu rencontrer via Instagram Romane Parcollet, qui est sophrologue et qui accompagne, elle aussi, des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. Et du coup, on a pu échanger sur nos pratiques, mais aussi, on a pu échanger sur tout ce dont je vous... Je vous parlais tout à l'heure, Romane, elle a fait quelque chose d'hyper important, en tout cas pour moi, de mon point de vue. C'est de créer un podcast qui s'appelle Après le vide et qui donne la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles, mais aussi de violences psychologiques, etc. Elle élargit et en tout cas, elle donne la parole et c'est donner la parole à des personnes qui sont lambda, on va dire. Du coup, c'est une plateforme ou en tout cas, c'est un endroit. ou de façon assez... C'est un peu sous forme de discussion, c'est vraiment très naturel, très facile, mais en tout cas, elle donne un espace pour les personnes qui ont envie de pouvoir parler. Donc ça, ça a été une chose sur laquelle on a pu discuter, mais en tout cas, elle est très offrée de toutes les VSS, de toutes les violences sexistes et sexuelles. Et puis... J'ai rencontré aussi Sophie, des voix de Sophie. Alors Sophie, elle fait de la paire et danse. Et du coup, c'est vraiment, si je dois expliquer un petit peu brièvement, c'est faire du travail de paire à paire. Donc elle a été victime. Elle se considère aujourd'hui comme une victime qui a fait tout un cheminement. Et donc du coup, elle souhaiterait pouvoir, à la même hauteur, elle se met au même niveau que les autres victimes. de pouvoir partager son expérience parce que le partage fait qu'en fait on se sent mieux, on se sent moins seul, mais on se sent aussi compris, comprise. Et du coup donc voilà, donc il y a un travail de Pair et Danse. Donc elle a une plateforme via WhatsApp, elle permet à des personnes qui ont besoin de parler, même si elles sont suivies ces personnes par des psys, par tout un personnel soignant en fait, mais en tout cas elle permet d'avoir un programme. accès pour pouvoir parler via WhatsApp assez facilement. Et puis après, elle organise des cercles de parole, des ateliers sur la psychoéducation pour pouvoir expliquer ce qu'est le trauma, etc. Et c'est deux personnes que j'ai rencontrées et avec qui on a vraiment partagé le même constat. Et du coup, c'est pour ça qu'on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Donc, il a fallu qu'on monte une structure. Et donc, l'association nous est apparue comme celle qui convenait le plus. Sauf que pour travailler et pour garder l'intérêt général, il fallait que nous, on puisse être sur le terrain et travailler et pouvoir constituer un conseil d'administration. Il y a d'autres personnes qui sont un petit peu dans le noir, qui n'ont pas forcément envie d'être mises en lumière, mais qui ont constitué le conseil d'administration et qui nous aident et qui font plus du travail très administratif quant à rédaction des contrats, etc. Ce genre de choses qui ne nous concernent pas au final, mais nous, on est vraiment sur le cœur de... d'activité sur le terrain.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes trois personnes sur le terrain, ça veut dire que c'est vous trois qui accompagnez les personnes qui frappent chez des fragmentés pour retrouver de l'aide.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors du coup, moi j'ai juste un rôle aujourd'hui qui est de coordination. Donc en gros, je suis la première personne qui parle avec une victime quand elle a envie de contacter l'association. Mais après, en fait, effectivement, on est trois accompagnantes. C'est-à-dire que l'accompagnement peut se faire soit avec Romane, soit avec Sophie, soit avec moi.

  • Speaker #0

    Donc, la personne qui s'adresse à défragmenter, elle va avoir une seule interlocutrice. Elle va travailler avec une de vous trois.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée, c'est quand même d'effectuer un accompagnement. En gros, il va y avoir une relation de confiance qui va s'instaurer avec la personne. Donc, si on... En tout cas, nous, c'est ce qu'on envisage comme ça. Si on passe d'une personne à une autre, même si on peut très bien faire le lien l'une et l'autre, expliquer toutes les choses, nous, on préfère qu'il y ait un lien de confiance qui se crée avec une personne et puis que toutes les choses ne soient pas répétées. Parce que quand on a vécu des violences sexistes et sexuelles, la problématique, c'est que si on doit répéter tout ce qu'on a vécu, il y a un côté retraumatisant. Et donc, c'est une chose qu'on veut éviter. Et donc, plus la personne connaît l'histoire de la victime, enfin, plus l'accompagnant connaît l'histoire de la victime, plus ça peut être fluide dans l'accompagnement aussi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc, du coup, alors l'accompagnement, c'est quoi les grandes lignes de cet accompagnement

  • Speaker #1

    L'accompagnement va se baser sur un outil, un outil que l'accompagnante va construire, mais qui va bien évidemment être construit avec la victime. L'outil, c'est le livret. En gros, ce qu'on propose, c'est qu'aujourd'hui, on propose la rédaction d'un livret qui va parler des violences qui ont été subies. Je m'explique un peu dans la construction du livret, après je pourrai parler de l'accompagnement si c'est ok pour vous. Le livret se construit, en gros, on va parler à la victime, l'accompagnante va passer un moment avec la victime pour pouvoir parler de l'ensemble de sa vie, mais aussi des violences qui ont été vécues. Elle va prendre le maximum d'informations sur tout ce qui s'est passé. Une fois que l'accompagnante a toutes les informations, elle va rédiger, elle, le livret. Pour la victime, comment se construit le livret C'est important parce que c'est une structure qu'on a pensée pour pouvoir parler de la problématique pluridimensionnelle de violences, de faits de violences. Le livret se construit d'une façon assez systématique. On a une introduction. Dans l'introduction, on va expliquer la raison pour laquelle la révélation se fait. Ensuite, on a quatre parties, un développement et puis on a une conclusion. Dans les quatre parties dans le développement, c'est scindé en quatre parties. Pourquoi Parce qu'on va d'abord expliquer le fait de violence, l'objet de la violence. Donc poser des mots, c'est important parce que du coup, on sait tous et toutes sur quoi on part. Donc voilà, on part sur... On essaie en gros de clarifier et de préparer le terrain. La deuxième partie, ça va être sur l'agresseur ou l'agresseuse. L'idée, c'est de dessiner un profil de cette personne. Par exemple, je donne quelques exemples. Est-ce que cette personne est une personne autoritaire Est-ce que cette personne, du coup, elle isole peut-être certains membres de la famille Est-ce que c'est un homme Est-ce que c'est une femme Tout un profil, ça va permettre de dessiner un petit peu le profil de l'agresseur ou de l'agresseuse. La troisième partie est consacrée à la victime. Donc là aussi, c'est important de poser certaines choses. Par exemple, de parler de psychoéducation pour poser des éléments de... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, il y a des choses qui vont émerger. Le psychotrauma, ce sera une des choses qui va émerger. Le psychotrauma a des conséquences sur la vie de la personne. Par exemple, le développement des troubles du comportement alimentaire pour certaines personnes, des addictions pour d'autres. ou des choses qui touchent le quotidien, par exemple la difficulté de garder un travail, etc. Il y a plein de choses qui vont émerger. Et pareil, décrire aussi le moment où peut-être la victime a essayé de parler, etc. Donc on va vraiment parler de tous les éléments, en tout cas pour avoir une image un petit peu complète. Et la dernière partie, elle va concerner l'entourage. Parce que comme je vous disais tout à l'heure, un fait de violence, ce n'est pas uniquement un agresseur, une agresseuse et une victime. C'est ça, mais aussi l'entourage qui gravite autour de ce fait de violence et ses agressions et ses violences. Et l'idée dans cette dernière partie, c'est de poser les rôles de chacun et de chacune. Par exemple, si c'est un cas d'inceste et qu'il y a eu une fratrie et qu'il n'y a eu qu'un enfant qui a été touché, Les autres enfants, par exemple, qui ont vécu dans cette fratrie, sont des victimes collatérales. On les replace dans un certain rôle. Et du coup, là, on peut dire que, clairement, des enfants qui ont été dans ce système de violence sont simplement des victimes collatérales. S'il y a un parent qui n'a pas été protecteur, mais qui a peut-être été témoin, mais même conscient ou inconscient, on pose ça aussi. On dit que c'est un parent non protecteur, qui n'a pas été agresseur. mais qui n'a pas été protecteur, donc qui n'a pas agi pour empêcher ces violences. Donc on replace tout ça. L'idée, ce n'est pas de culpabiliser ou de pointer du doigt, c'est de placer, de remettre les choses dans l'ordre. Et donc la dernière partie, c'est la conclusion. Et la conclusion, elle est importante dans le sens où ça va être le moment où on va poser les attentes de la victime sur qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation. Qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation Quelles sont ses attentes Par exemple, très concrètement, est-ce que... Est-ce qu'elle a envie de porter plainte par rapport à tout ça Ça peut être ça. Comment elle a envie d'être accompagnée par rapport à cette plainte, si jamais elle a envie Ou plus concrètement aussi, enfin tout aussi concrètement, ça peut être aussi, si jamais il y a des fêtes de famille, est-ce qu'elle a envie que l'agresseur ou l'agresseuse soit présente ou présent pendant les fêtes de famille Oui, non, etc. Donc ça, c'est vraiment un moment où, en fait, on pose les attentes de la victime et on ouvre. Aussi, la discussion avec les membres de l'entourage. Donc ça, c'est l'outil qu'on crée avec la victime et avec l'histoire de la victime. En gros, on va se servir des fragments de mémoire de la victime, de tous les éléments de la pensée féministe, donc des livres d'anthropologues, des livres de sociologues, des livres de philosophie, et puis aussi de tous les éléments qu'on a pu récolter. par les associations, en tout cas tout le travail féministe qui a été pensé pour pouvoir penser les violences comme système, plus des éléments de psychoéducation. On les met donc dans ce livret, on les organise de cette manière et ensuite on fait un accompagnement. Et là je passe peut-être sur l'accompagnement à moins que vous ayez d'autres questions par rapport au livret.

  • Speaker #0

    Alors oui, par rapport au livret, il y a une chose qui m'interpelle, vous avez dit que ce livret c'est l'accompagnatrice qui le rédige. Pourquoi vous avez choisi que ce soit l'accompagnatrice et pas la victime ou en collaboration entre les deux

  • Speaker #1

    Alors en fait, le fait de faire le choix de le rédiger par l'accompagnante, c'est vraiment un choix effectivement plutôt... En fait, il a été pensé parce que quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a parfois pas la possibilité ou pas tous les outils pour pouvoir... poser par écrit tout ce dont on a envie de parler. Et puis, on n'a peut-être pas forcément tous les outils. Par exemple, si on a été victime d'inceste, peut-être qu'on n'a pas en tête le fait que l'inceste, c'est quelque chose qui passe de génération en génération. Et une accompagnante, elle a ça en tête. Elle a vraiment tout ce background derrière qui lui permet de dire Ah oui, d'accord. possiblement en fait là on voit qu'il ya quelque chose de systématique qui s'est mis il ya effectivement une violence qui a été générée quand enfin d'une génération qui est passé à une autre et c'est etc nous ça nous permet en fait une victime a pas forcément tous les éléments en tête on dit pas qu'on les a tous et enfin que toutes les accompagnantes ont tous mais nous on va aller chercher si jamais il ya des choses et en tout cas nous on en discute entre accompagnantes pour dire ah oui effectivement ça c'est Ça, c'est par exemple l'inceste de génération à génération, où par exemple, ça va se réitérer de père en père. Même incesteur incesté, ça va être un petit peu réitéré de la même manière. Donc nous, on va pouvoir poser ça. Une victime n'est pas forcément en mesure d'avoir tous ces éléments. Et aussi, il y a cette problématique avec... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a pas forcément la possibilité de dire... les choses de façon construite et très pédagogique. Bien sûr. Parce qu'en fait, on n'a que des fragments de mémoire parfois, parce qu'on n'a pas une mémoire biographique bien pensée, puis aussi parce qu'on a l'émotionnel aussi, parce qu'on a ça aussi. Donc peut-être que parfois, on va se perdre dans les choses. Donc nous, l'idée, on prend toutes les infos et on les organise pour que ce soit le plus entendable et le plus compréhensible possible pour les personnes qui vont recevoir ça. Et aussi parce que simplement, c'est difficile de se plonger dans ça. Et le fait de faire des livrets, le fait de le faire par quelqu'un surtout, d'autres, c'est une manière pour la victime de simplement dire et après de ne pas avoir cette charge.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le livret sert à construire la parole qui va être délivrée, à construire la révélation pour qu'elle soit... Comment dire, je ne sais pas, qu'elle soit organisée, qu'elle soit entendable, qu'elle ait un sens et que la personne... C'est une sorte de guide en fait vers la révélation.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est vraiment un outil. En fait, on est en train, là du coup, pour vous donner un exemple, on a reçu une subvention de la Fondation Sodebo. Et donc on suit actuellement deux personnes en ce moment. Et on voit... que la rédaction, ou en tout cas, ne serait-ce que la lecture de la première version, elle suscite quelque chose chez la victime. Donc il y a certainement des prises de conscience, il y a le fait de se sentir peut-être un peu plus légitimé sur ce qu'on ressent, parce que parfois on ne se souvient pas de tout. Donc en fait, on se pose toujours la question de savoir si... si on ne l'a pas soit inventé, soit est-ce qu'on n'a pas exagéré, etc. Et nous, on vient juste reposer ça et remettre dans un contexte de violence en disant... Même si, par exemple, vous n'avez que des morceaux ou que des fragments de mémoire, ce n'est pas pour autant que ça délégitime ce que vous êtes en train de vivre ou la souffrance que vous avez. Et pareil, ce n'est pas parce que, je ne sais pas si c'est votre père, votre mère, votre ongle, votre tante, que c'est OK. Il n'y a pas, par exemple, ça peut être, dans les cas d'inceste parfois, quand l'inceste a lieu par un adulte sur un enfant, il y a... Très souvent, donc ça, c'est dans le berceau des dominations de Dorothée Ducy, qui est anthropologue et qui a travaillé sur l'inceste. Elle dit que les adultes se racontent une histoire d'amour avec l'enfant. Et donc, ça donne une confusion, ça implique une confusion chez la victime qui a un rapport avec les relations amoureuses, entre guillemets, je mets 10 milliards de guillemets, qui sont... Elles sont pas OK en fait, elle a un rapport qui n'est pas OK. Et donc là, nous, on vient aussi dire que ça, c'est quelque chose qui est typique, qui se retrouve dans l'inceste, et donc ça permet aussi des prises de conscience par rapport à ces éléments qui peuvent être, pour la victime, très compliqués à démêler. Donc oui, il y a un travail aussi pour la victime, mais vraiment, on le pense comme un outil, vraiment comme un outil.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez à la fois confrontant, rassurant, ça doit être hyper impactant ça pour la victime.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui, en effet. Alors du coup, comme on est à nos débuts et pour être tout à fait transparente, du coup, on tâtonne parfois. Donc du coup, les lectures, par la suite, nous, on va proposer, donc en fait, on va faire en fonction. Nous, ce qu'on veut faire, c'est qu'on met au centre. de l'accompagnement à la victime, la personne. On veut que ce soit le plus doux possible, même si c'est extrêmement violent, mais en tout cas, on veut que ça aille du mieux possible. Donc là, on a constaté que la lecture du livret, si ces personnes le font seules, ça peut être très violent. Donc ce qu'on va proposer, c'est que soit on le fait avec elles, soit on le fait... Enfin voilà, on réfléchit, et surtout, nous, c'est qu'on veut absolument que les... les personnes puissent avoir cet accompagnement le plus fluide possible, si c'est possible. Et en tout cas, nous, on est toujours dans l'adaptation et toujours dans l'attention portée à la personne qui va être accompagnée.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est un accompagnement qui peut durer combien de temps Alors oui, du coup, c'est vrai que ça va me permettre de pouvoir rebondir sur comment ça se passe concrètement un accompagnement. Parce que là, on a parlé de l'outil et donc un accompagnement, si je vous les résume en plusieurs étapes. Donc la première étape, ça va être évidemment le contact avec moi. C'est une prise de contact. Moi, je peux, c'est vraiment très rapide. C'est une petite demi-heure. Les personnes m'expliquent, me donnent un peu les infos personnelles administratives dont j'ai besoin, enfin dont on a besoin pour l'assaut et pour continuer derrière. Et puis, ça me permet aussi d'expliquer l'association, parce que comme elle n'est pas connue, de toute façon, l'association, il faut expliquer, il faut être sûr que la personne en face ait compris l'objet de... Exactement, exactement. Et du coup, ça, c'est un premier contact. Et ensuite, une fois qu'on a ce premier contact et que du coup, on dit c'est OK, on peut essayer, on peut tenter l'accompagnement, on peut se lancer dans l'accompagnement. Du coup, il y a donc le... le contact avec une des trois accompagnantes, soit Sophie, soit Romane, soit moi. Et du coup, il y a tout un moment où on va poser des questions, on va faire émerger les choses, etc. Donc ça, c'est ce dont je vous parlais pour pouvoir construire le livrier. Donc il y a ce contact, on fait émerger les choses, il y a le moment de la rédaction qui est fait par l'accompagnante. Et une fois qu'on a finalisé ce moment de rédaction, évidemment, il y a des allers-retours. avec la victime pour pouvoir parler de tout ça et puis peut-être corriger des éléments ou ajouter des choses parce qu'il y a des choses qui ont émergé. Donc il y a des allers-retours, il y en a trois. On en fait trois au maximum parce qu'après, il faut qu'on clôt malgré tout les choses. Donc le moment de rédaction est terminé. Et ensuite, on prépare la personne mentalement et même logistiquement au moment de la révélation si elle en a envie. Nous, on donne la possibilité de s'arrêter là si elle a envie. Mais si elle a envie de continuer, évidemment, nous, on l'accompagne. Donc, on prépare la personne. Donc, ça veut dire concrètement savoir quand, où, avec qui, dans quel contexte, si on le fait en visio, si on le fait en présentiel, si on le fait au téléphone, si on le fait... Voilà, donc vraiment très logistiquement, on prépare ça. Et on prépare aussi mentalement. On prépare mentalement parce que du coup, comme on le disait tout à l'heure, une révélation, ça peut mal se passer. Donc, il peut y avoir de l'incrédulité, du silence, du déni, du retournement de... de culpabilité, etc. Ça peut aussi bien se passer, on ne va pas l'écarter non plus, mais l'idée, c'est de préparer mentalement en disant, voici les possibilités. On enlève, entre guillemets, un petit peu le choc des réactions qui pourraient arriver. En tout cas, on essaye de présenter l'éventail des possibilités pour que, même si ça peut arriver, en tout cas, la personne, la victime, ne soit pas sous le choc. et qu'elle s'attend et qu'elle se prépare à ça. Donc voilà, ça c'est le moment de préparation. Il y a le moment de la révélation, donc en fonction de la personne, en fonction de ses besoins et de comment il a été défini. Et puis après, il y a un suivi post-révélation. Le suivi post-révélation, il est hyper important pour nous parce que l'idée, c'est de continuer à faire circuler la parole, pour plusieurs raisons. Déjà parce que les personnes qui vont recevoir cette révélation, Peut-être qu'elles vont être un peu sidérées sur le moment et elles ne vont pas avoir toutes les questions ou elles ne vont pas avoir le temps de réagir et de poser toutes les questions dont elles ont envie d'avoir une réponse. Et donc, du coup, notre travail derrière, c'est aussi de se dire qu'on peut être une personne présente pour pouvoir répondre à vos questions et peut-être pas forcément solliciter la victime, mais du coup, être présente pour ça. Ça peut aussi être un moment où on est... avec la victime, nous en tant qu'accompagnante et l'entourage, pour continuer la discussion. En tout cas, l'idée, c'est qu'on continue à faire circuler la parole, parce que quand on continue à faire circuler la parole, on empêche la chape de plomb de retomber, parce que ça, c'est possible, que le silence revienne, et que ça redevienne un tabou. Et surtout, c'est que quand on continue à en parler... Il y a eu des études qui ont été faites, et notamment au Canada, avec vraiment un travail sur la circulation de la parole, qui permettent de montrer qu'en fait, ça permet de briser les cercles de violence. Ça arrête le cercle de violence. Alors, on ne peut pas dire aujourd'hui que pour nous, c'est le cas. Donc, on tend vers ça, on va tendre vers ça. Mais parce que c'est un peu notre objectif, effectivement. La violence s'arrête avec la victime et sa génération. C'est vrai que c'est quand même quelque chose vers lequel on aime ritendre. Mais déjà, première chose, on veut que la victime puisse faire sa révélation et continuer à parler de ça assez librement. Et surtout que l'entourage puisse être en mesure aussi d'évoquer ces sujets-là sans blesser la personne, avec le plus d'outils possibles. pour que quand on ne sera plus là, il y aura quand même cette discussion, en tout cas ce moyen de parler. Voilà, ça c'est tout l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Ok, c'est vraiment super. C'est quelque chose d'utilité personnelle et d'utilité publique que vous faites.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, honnêtement, comme on est au début, on va dire qu'on tente, on essaye, on voit, parce qu'on a ciblé une chose qui est pour nous... n'avait pas encore de choses et après on avance à tâtons. Donc pour nous on reste quand même, on reste sur, on tente, on voit et on essaye de faire au mieux, du mieux qu'on peut parce que du coup comme il n'y a pas de guide, en vrai il n'y a aucun guide pour faire, pour parler, il n'y a aucun guide pour recevoir la parole donc voilà. Donc pour l'instant nous on tâtonne, voilà on tâtonne mais on tâtonne avec tous les éléments qu'on a, on a quand même... On a quand même toute la pensée féministe qui a écrit énormément de choses. On a des podcasts, on a plein d'outils. Et puis on s'entoure si jamais on a des questions sur certaines choses. On fait au mieux.

  • Speaker #1

    Alors je vous ai, pas aujourd'hui, mais dans nos discussions qu'on a eues avant, je vous ai entendu dire croire est un verbe d'action Oui,

  • Speaker #0

    alors c'est pas de moi. Oui,

  • Speaker #1

    oui, mais d'accord. Mais qu'est-ce que vous entendez par là

  • Speaker #0

    Alors déjà, c'est de Cécile C. Et du coup, elle a sorti un livre. C'est le journal de sortie d'inceste. Et du coup, elle a toute une partie où elle parle de croire, c'est un verbe d'action. Et je pense qu'en fait, elle a touché du doigt un point sur lequel je pense, les personnes étaient, même la société n'était pas forcément encore... En tout cas, elle l'a mis en lumière. Je trouve que c'est l'une des personnes qui a pu mettre en lumière ça. C'est-à-dire que je pense qu'on connaît tous et toutes maintenant le slogan je te crois Je pense que c'est quelque chose qui est passé dans la société. Et effectivement, c'est ce que montre le rapport de la civile, c'est qu'effectivement, les gens disent je te crois Et que majoritairement, c'est le cas. Sauf que... aujourd'hui, et je pense que c'est un peu l'étape suivante, le je te crois ne suffit plus. C'est je te crois et je te protège Par exemple, c'est Arnaud Gallet avec l'association qu'il a cofondée, ou en tout cas dans laquelle il est président. On sent en fait qu'il y a effectivement cette volonté de, bien sûr, on croit, mais après il y a une action à faire, c'est de protéger. Et aujourd'hui, nous, on met l'action sur ça parce que le moment de révélation, est un moment important. Si jamais l'entourage ou les proches qui reçoivent l'information, cette révélation, et que ces personnes disent oui, je te crois mais que derrière il y a une forme de... où il n'y a rien, par exemple, il ne se passe rien du tout, où les attentes de la victime ne sont pas... ne sont pas écoutées. Par exemple, si on continue d'inviter, si l'attente de la victime est de ne pas participer aux fêtes de famille, si jamais il y a l'agresseur ou l'agresseuse, et que rien n'est fait, il n'y a aucune action. En fait, ça ne change pas le système. Ça ne change pas le système de dysfonctionnel et de violence. Et donc, effectivement, ça demande, quand on dit je te protège ou en tout cas que je te crois est un verbe d'action, ça implique une action de la part de l'entourage. On ne peut pas simplement croire, il faut vraiment agir. Donc ça peut passer par des actions comme ce que je vous disais par rapport au fait de famille, mais ça peut être autre chose. Si le besoin, par exemple, exprimé par une victime, c'est... Par exemple, je prends l'exemple d'un parent qui n'a pas été protecteur, qui n'a rien fait, qui n'a pas été agresseur, mais pas protecteur. Est-ce que, par exemple, ça peut être le fait de reprendre ce rôle de protecteur par quelques... possibilités, par quelques actions possibles. En fait, c'est plutôt dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Donc ça, c'est aussi une prise de conscience que l'entourage doit avoir.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. En gros, là, c'est vraiment un enjeu dont nous, on n'a pas le pouvoir. On n'a aucune possibilité d'action. En fait, si l'entourage ne veut pas agir, on n'aura pas de possibilité. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on peut pas, c'est ce qu'on dit aux victimes, on ne pourra pas promettre que... que l'entourage va réagir. Par contre, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on donne tous les moyens. On va donner tous les outils. C'est pour ça que je vous parlais d'outils. Nous, on va donner cet outil avec tous les moyens possibles que nous, on peut offrir, qu'on peut permettre pour que l'entourage prenne conscience des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, tout ça, j'imagine qu'il y a besoin d'une aire de la guerre pour faire tout ça. Et après, en même temps, c'est aussi l'objectif du podcaston, donc ça tombe super bien. Comment est-ce que vous trouvez les financements pour tout ça

  • Speaker #0

    Alors, du coup, on a déjà eu une subvention de la Fondation de Sodebo, comme je vous disais, et c'est pour trois accompagnements. Donc en fait, ça reste assez... C'est très bien, ça nous permet de commencer et vraiment, on les remercie. Mais effectivement, pour continuer, il va falloir un peu plus d'argent. En gros, si je vous... Concrètement, je vous parle, un accompagnement, ça nous coûte entre 865 et 1000 euros. Ça dépend en fait des déplacements qu'on doit faire, etc. Mais c'est à peu près ça. L'idée, c'est qu'à chaque accompagnement, on est à peu près cette somme-là. Donc, nous, on fait des demandes de subventions auprès de fondations d'entreprises, auprès de diverses structures. Mais évidemment, les demandes de subventions, il y en a beaucoup qui le font, et beaucoup d'associations qui le font, et puis il y a un certain délai. Ensuite, on a notre campagne de crowdfunding pour le lancement. qui est disponible sur notre compte Hello Asso.

  • Speaker #1

    On trouve le lien sur votre site Internet, il me semble.

  • Speaker #0

    Oui, on trouve le lien sur le site Internet. Vous pouvez taper Hello Asso et défragmenter. Du coup, vous allez pouvoir trouver notre campagne. Et aussi, on l'a sur Instagram. En bio, il y a la possibilité d'être envoyé directement dessus. Donc ça, on a une première campagne de crowdfunding. Et du coup, ça, c'est un petit peu... de tout le montant dont on aurait besoin pour faire toute l'année et l'ensemble des accompagnements qu'on s'est fixés pour l'année 2024-2025. On a eu aussi une initiative personnelle d'une personne qui s'appelle Iris Mililoba et qui, en prenant connaissance de notre association, elle connaît des voix de Sophie, et du coup, elle est sportive et elle a décidé de courir l'Ultra Trail de l'Ardèche le 20 avril. Elle a été victime d'inceste aussi, et donc c'est un sujet qui la touche. Il y a une campagne que nous, on a montée via LOSO aussi, pour pouvoir la soutenir. Elle souhaite par son action récolter 8 accompagnements. C'est un montant de 8 650, donc ça monte tout doucement. Donc voilà, c'est vraiment... C'est vraiment quelque chose qu'on aimerait, qu'on aimerait, qui puisse grandir et continuer. Et puis voilà, après, et après, c'est... Enfin voilà, donc ce que je voulais dire, c'était qu'aujourd'hui, on commence à avoir des personnes qui sont sur liste d'attente. En gros, en fait, on a plus ou moins, en fait, on a à peu près sept personnes en ce moment sur liste d'attente, ce qui est quand même beaucoup, parce que du coup... Du coup, ça fait quand même beaucoup de personnes qui attendent, pour nous en tout cas, pour nos débuts. Et donc, on aimerait vraiment pouvoir répondre à ça. Et voilà, c'est un petit peu l'idée.

  • Speaker #1

    Et donc, je précise à nouveau que sur la page du podcaston, à la page de cet épisode, on peut trouver tous les liens pour faire des dons. Et puis, je mettrai aussi, moi, dans la description de l'épisode, tous les liens. pour vous contacter toutes les trois et puis pour vous soutenir.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à vous, Laurence. Merci de nous avoir permis de mettre en lumière notre association.

  • Speaker #1

    Écoutez, on reste en contact de toute façon. Et puis, je souhaite une longue vie à défragmenter. Merci à vous pour cet entretien qui a été très instructif et très enthousiasmant. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, Laurence.

  • Speaker #1

    Et à bientôt, Sarah. Au revoir.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Nouveaux chemins est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simond, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, n'hésitez pas à laisser des commentaires, des étoiles, à le partager et à vous abonner. Rendez-vous dans trois semaines pour le prochain épisode.

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Description

Cet épisode Bonus est enregistré dans le cadre du podcasthon.


Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la 3eme édition du Podcasthon. L’idée est de mobiliser des podcasteurs et podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif.💝

Et de diffuser les épisodes simultanément, pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité.💫


Cette année, on est + de 1500 podcast à participer à cet évènement !


Pour la 1er participation de Nouveaux Chemins,

j’ai le grand plaisir d’inviter l’association Défragmenté-e-s qui accompagne et prépare les victimes vers la révélation à leur entourage de leur agressions sexistes et/ou sexuelles.🧡


Dans cet épisode, nous allons parler

✅ de REVELATION,

✅ de circulation et de libération de la parole

✅ de pensées féministes



J'ai eu un grand plaisir à faire cet entretien avec Sarah Merlo, sophrologue et co-fondatrice de l’association Défragmenté-e-s, et beaucoup d'admiration pour le travail indispensable qu'elle fait avec ses 2 collègues.


J'espère vous faire partager mon enthousiasme ! N'hésitez pas à les soutenir avec 👍 🧡 et un don 💰 !


Pour les contacter :


✅ Romane Parcollet : sophrologue spécialisée dans l'accompagnement des victimes de VSS et créatrice du podcast Après le vide (qui donne la parole aux victimes) 


✅ Sophie des Voix de Sophie : pair-aidante auprès des victimes de VSS. 


✅ Sarah Merlo : sophrologue - La trêve sophro : accompagnement de victimes de VSS 


Leur site :

https://defragmentees.fr/


Faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/defragmente-e-s


Bonne écoute !🥰


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la troisième édition du Podcaston. Alors qu'est-ce que c'est que le Podcaston L'idée, c'est de mobiliser des podcasteurs et des podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif et de diffuser les épisodes simultanément pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité. Et cette année, on est plus de 1500 podcasts francophones à participer à cet événement. Sur le site podcaston.org, vous trouverez tous les épisodes de cette édition et tous les liens vers les associations mises en honneur et bien sûr le moyen de les soutenir en faisant un don. Pour la première participation de Nouveau Chemin, j'ai choisi d'inviter l'association Défragmenter. Et comme celles qui en parlent le mieux, ce sont celles-là même qui l'ont créée, je laisse Sarah vous partager son engagement. Bonjour Sarah

  • Speaker #1

    Bonjour Laurence

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour ce premier épisode, enfin la première fois que je participe au podcaston, et de vous recevoir à cette occasion-là. Donc vous, vous avez une association qui s'appelle Défragmentés.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et qui vient en aide aux personnes qui ont subi des violences sexistes ou sexuelles. Et qui les aident à faire ce que vous avez appelé la révélation, c'est-à-dire comment faire pour l'annoncer à leur entourage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Ce qui m'a tout de suite interpellée, c'est le terme de révélation. J'ai trouvé que c'était vraiment un terme déjà très marquant, très... Et là, je me suis dit, wow, révélation, c'est intéressant. Et c'est à partir de ce terme-là que je me suis mise à fouiller pour voir un peu qu'est-ce que vous faites. Donc oui, je voudrais bien, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez m'expliquer D'abord, pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous concentrer sur l'aide à cette révélation

  • Speaker #1

    Alors effectivement, du coup, c'était très bien résumé pour l'association. On accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles dans le moment de la révélation, auprès de leurs proches et de leur entourage. L'idée, en fait, c'est que vu que, en gros, les violences sexistes et sexuelles, elles sont majoritairement... le fait de violences qui sont intrafamiliales ou en tout cas avec des personnes qui sont connues. Et du coup, ça implique que quand on doit parler et quand on a envie de parler des violences qui ont été vécues, c'est parler de violences qui ont été subies et qui ont été faites, qui ont été perpétrées par des personnes qui sont proches de son entourage, à, et on doit le dire, en tout cas la révélation se fait, à d'autres personnes qui sont aussi proches de l'entourage de l'agresseur ou de l'agresseuse. Et donc, si je peux me permettre, je remonte un petit peu dans la genèse du projet. L'idée, c'est qu'elle a émergé d'une certaine manière. Moi, je suis sophrologue, j'accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles en majorité. Et du coup, j'ai rencontré pendant ma... pendant ma pratique thérapeutique, d'autres personnes, d'autres thérapeutes et d'autres praticiennes qui accompagnent des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. On pourra en parler un peu plus après si vous voulez. Mais l'idée, c'est qu'on a fait le constat en discutant qu'évidemment, les violences sexistes et sexuelles, elles provoquent un impact, en tout cas, elles font du mal, elles génèrent de la souffrance et dans la tête et dans le corps. Mais ce n'est pas uniquement les violences qui sont sexistes et sexuelles. Il y a aussi les réactions que les proches ont par rapport au fait qu'on révèle ou qu'on parle de ces violences. Et ça, on l'a constaté avec deux autres personnes, donc une thérapeute et une praticienne. Et du coup, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Il y avait quelque chose sur quoi travailler. Et donc, on s'est dit qu'en fait, on allait... Ne plus laisser seules les personnes qui souhaitaient faire une révélation et en tout cas les accompagner. L'idée c'est d'accompagner ces personnes dans ce moment qui est assez complexe pour que la réaction de l'entourage et des proches puisse être facilitée. En tout cas, on apporte l'ensemble des éléments qui permettent une compréhension pour éviter des réactions qui sont compliquées comme le renversement de culpabilité. le fait d'être complètement incrédule face à ces violences, et puis aussi le déni ou l'absence de réaction parfois, et même une sorte de réaction qui fait que souvent les proches sont dans un système un peu dysfonctionnel où il y a eu beaucoup de souffrance, et ces Ausha se retournent souvent sur leur propre souffrance et ne sont pas forcément à l'écoute. de la personne qui a été victime de ces violences-là.

  • Speaker #0

    Les souffrances de celles des autres, de la personne qui parle.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. C'est exactement ça. C'est vraiment quelque chose d'assez complexe. Et c'est un moment complexe sur lequel, en fait, aujourd'hui, il y a peu ou pas de personnes qui accompagnent. Et souvent, ces victimes sont laissées complètement à l'abandon. C'est une espèce d'angle mort où, en fait, il n'y a pas forcément d'accompagnement qui est proposé.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est aussi, j'imagine, un frein à la révélation. Toutes ces... La personne, elle doit aussi craindre la réaction de son entourage. Et j'imagine que souvent, ça doit être un frein à ce qu'elle puisse faire cette révélation. C'est une façon de l'aider à lever les freins pour elle, pour qu'elle puisse oser le faire.

  • Speaker #1

    En fait, oui, c'est vrai que du coup, il y a plusieurs choses. Il peut y avoir une crainte par rapport au fait de révéler, parce qu'on ne sait pas comment la famille ou les proches, entourage... vont réagir, ça c'est une certitude parce que du coup en fait les éléments que nous on a pu relever, même par exemple il y a la civise qui a rendu un rapport en 2023 où en fait le moment de la révélation est un moment où certes aujourd'hui les gens vont majoritairement croire mais ils vont rien faire, ils vont pas protéger derrière ou en tout cas il y a vraiment une absence d'action. Et donc l'idée en fait c'est vraiment de... d'accompagner sur ce moment-là. Et en tout cas, les victimes sont dans une situation où en fait, il y a une espèce de... Soit il y a de la crainte de savoir comment la famille va réagir. Parfois, est-ce que... Et il y a une forme de culpabilité, parce que parfois, l'agresseur ou l'agresseuse va faire peser sur la victime une forme de responsabilité. Si tu parles, tu vas détruire la famille. Si tu parles, ça va faire du mal à tes frères, tes sœurs, ta mère, ton père. Ou ça dépend de qui a agressé dans... dans ce système de violence, mais en tout cas, il peut y avoir ça. Et après, il peut y avoir la propre culpabilité de la victime qui se sent coupable ou en tout cas se sent responsable de ce que ça va provoquer derrière. Du coup, nous, notre rôle dans tout ça, c'est quand même de remettre les choses en place et de dire à la victime, vous n'êtes responsable de rien. Et en tout cas... La violence qui a été faite, ce n'est pas de votre fait. Ce que vous allez faire, c'est simplement replacer les choses dans le bonheur, de retrouver cette place de victime, de poser la place de l'agresseur ou de l'agresseuse, et puis aussi de parler de l'entourage qui a un rôle pendant les violences qui se sont déroulées, un rôle peut-être de témoin, un rôle de témoin conscient ou inconscient, un rôle de complice peut-être aussi. Et puis de savoir aussi après, en fait, le fait de replacer les choses permet ensuite de pouvoir amorcer une discussion derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez en deux mots expliquer pour les personnes qui nous écoutent, qu'est-ce que c'est la CIVIS

  • Speaker #1

    Oui, c'est une commission qui a été, une commission qui a été, c'est une commission indépendante qui a été, qui est sortie en fait suite au livre de Camille Kouchner. La Familia Grande où en fait Camille Kouchner a parlé de l'inceste dont a été victime son frère. Et du coup par la suite le gouvernement, donc c'est sous Macron d'ailleurs, du coup le gouvernement a demandé à ce qu'une commission indépendante sur les violences qui sont faites sur les enfants, et les violences sexuelles, et du coup il y a une commission qui a été menée, en tout cas créée pour... pour voir un petit peu l'état dans lequel étaient les violences qui étaient faites aux enfants. Il y a eu un rapport public en 2023 qui est sorti, et où en fait il y a eu, alors si je ne me trompe pas, je crois qu'il y a eu plus de 30 000 témoignages, en tout cas 30 000 personnes qui sont venues parler à la civise, et qui ont permis en fait de faire émerger des grands traits de toutes ces violences. Ça a permis de faire un état des lieux en fait de tout ça. Et de ce rapport, il y a un constat qui est fait, c'est qu'il y a à peu près 160 000 enfants par année qui sont victimes de violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles. Il y a aussi le fait, et ça c'est des faits assez marquants, en tout cas un chiffre assez marquant, c'est de dire qu'il y a trois enfants par classe qui sont victimes d'inceste. Donc c'est vraiment un problème de société. Et par contre, justement, en fait, dans ce rapport-ci, il y a aussi la mention qu'il y a un fort déni de société, où en fait, c'est pas parce que, justement, on sait, là, du coup, même avec ce rapport, où il y a en fait un fort déni de société, pour l'instant, en fait, il n'y a pas un accompagnement, il n'y a pas forcément de choses qui sont faites. Alors évidemment, il y a du travail associatif, il faut aussi le mentionner, il y a les associations féministes, il y a tout un... Il y a même plein de personnes qui travaillent dessus, mais en tout cas une prise de conscience par la société, ce n'est pas quelque chose qui est vraiment encore fait. C'est un énorme travail et c'est hyper intéressant. Et nous, on prend certains éléments, notamment sur la révélation. On voit clairement qu'aujourd'hui, les gens à qui on parle, en tout cas les personnes qui accueillent la parole, vont dire oui, je te crois Parce que c'est un petit peu un slogan, c'est important que les personnes croient les victimes, sauf que derrière il faut aujourd'hui qu'on passe à l'action et qu'on protège, ou en tout cas qu'il y ait quelque chose de positif et d'aidant par rapport à cette parole.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, vous disiez que vous êtes plusieurs dans l'association. Est-ce que vous êtes trois à l'initiative de cette association

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est tout à fait ça. Donc, en fait, comme je vous le disais tout à l'heure, en fait, du coup, moi, je suis sophrologue. Et en fait, moi, j'ai une pratique qui est assez individuelle, c'est-à-dire que je n'ai pas d'équipe, je n'ai pas tout un personnel avec qui... parler. Et donc, du coup, moi, j'avais vraiment cette envie de pouvoir discuter et partager de ma pratique avec d'autres personnes qui vivaient les mêmes choses. Donc, Internet fait de belles choses quand même. Et du coup, j'ai pu rencontrer via Instagram Romane Parcollet, qui est sophrologue et qui accompagne, elle aussi, des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. Et du coup, on a pu échanger sur nos pratiques, mais aussi, on a pu échanger sur tout ce dont je vous... Je vous parlais tout à l'heure, Romane, elle a fait quelque chose d'hyper important, en tout cas pour moi, de mon point de vue. C'est de créer un podcast qui s'appelle Après le vide et qui donne la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles, mais aussi de violences psychologiques, etc. Elle élargit et en tout cas, elle donne la parole et c'est donner la parole à des personnes qui sont lambda, on va dire. Du coup, c'est une plateforme ou en tout cas, c'est un endroit. ou de façon assez... C'est un peu sous forme de discussion, c'est vraiment très naturel, très facile, mais en tout cas, elle donne un espace pour les personnes qui ont envie de pouvoir parler. Donc ça, ça a été une chose sur laquelle on a pu discuter, mais en tout cas, elle est très offrée de toutes les VSS, de toutes les violences sexistes et sexuelles. Et puis... J'ai rencontré aussi Sophie, des voix de Sophie. Alors Sophie, elle fait de la paire et danse. Et du coup, c'est vraiment, si je dois expliquer un petit peu brièvement, c'est faire du travail de paire à paire. Donc elle a été victime. Elle se considère aujourd'hui comme une victime qui a fait tout un cheminement. Et donc du coup, elle souhaiterait pouvoir, à la même hauteur, elle se met au même niveau que les autres victimes. de pouvoir partager son expérience parce que le partage fait qu'en fait on se sent mieux, on se sent moins seul, mais on se sent aussi compris, comprise. Et du coup donc voilà, donc il y a un travail de Pair et Danse. Donc elle a une plateforme via WhatsApp, elle permet à des personnes qui ont besoin de parler, même si elles sont suivies ces personnes par des psys, par tout un personnel soignant en fait, mais en tout cas elle permet d'avoir un programme. accès pour pouvoir parler via WhatsApp assez facilement. Et puis après, elle organise des cercles de parole, des ateliers sur la psychoéducation pour pouvoir expliquer ce qu'est le trauma, etc. Et c'est deux personnes que j'ai rencontrées et avec qui on a vraiment partagé le même constat. Et du coup, c'est pour ça qu'on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Donc, il a fallu qu'on monte une structure. Et donc, l'association nous est apparue comme celle qui convenait le plus. Sauf que pour travailler et pour garder l'intérêt général, il fallait que nous, on puisse être sur le terrain et travailler et pouvoir constituer un conseil d'administration. Il y a d'autres personnes qui sont un petit peu dans le noir, qui n'ont pas forcément envie d'être mises en lumière, mais qui ont constitué le conseil d'administration et qui nous aident et qui font plus du travail très administratif quant à rédaction des contrats, etc. Ce genre de choses qui ne nous concernent pas au final, mais nous, on est vraiment sur le cœur de... d'activité sur le terrain.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes trois personnes sur le terrain, ça veut dire que c'est vous trois qui accompagnez les personnes qui frappent chez des fragmentés pour retrouver de l'aide.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors du coup, moi j'ai juste un rôle aujourd'hui qui est de coordination. Donc en gros, je suis la première personne qui parle avec une victime quand elle a envie de contacter l'association. Mais après, en fait, effectivement, on est trois accompagnantes. C'est-à-dire que l'accompagnement peut se faire soit avec Romane, soit avec Sophie, soit avec moi.

  • Speaker #0

    Donc, la personne qui s'adresse à défragmenter, elle va avoir une seule interlocutrice. Elle va travailler avec une de vous trois.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée, c'est quand même d'effectuer un accompagnement. En gros, il va y avoir une relation de confiance qui va s'instaurer avec la personne. Donc, si on... En tout cas, nous, c'est ce qu'on envisage comme ça. Si on passe d'une personne à une autre, même si on peut très bien faire le lien l'une et l'autre, expliquer toutes les choses, nous, on préfère qu'il y ait un lien de confiance qui se crée avec une personne et puis que toutes les choses ne soient pas répétées. Parce que quand on a vécu des violences sexistes et sexuelles, la problématique, c'est que si on doit répéter tout ce qu'on a vécu, il y a un côté retraumatisant. Et donc, c'est une chose qu'on veut éviter. Et donc, plus la personne connaît l'histoire de la victime, enfin, plus l'accompagnant connaît l'histoire de la victime, plus ça peut être fluide dans l'accompagnement aussi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc, du coup, alors l'accompagnement, c'est quoi les grandes lignes de cet accompagnement

  • Speaker #1

    L'accompagnement va se baser sur un outil, un outil que l'accompagnante va construire, mais qui va bien évidemment être construit avec la victime. L'outil, c'est le livret. En gros, ce qu'on propose, c'est qu'aujourd'hui, on propose la rédaction d'un livret qui va parler des violences qui ont été subies. Je m'explique un peu dans la construction du livret, après je pourrai parler de l'accompagnement si c'est ok pour vous. Le livret se construit, en gros, on va parler à la victime, l'accompagnante va passer un moment avec la victime pour pouvoir parler de l'ensemble de sa vie, mais aussi des violences qui ont été vécues. Elle va prendre le maximum d'informations sur tout ce qui s'est passé. Une fois que l'accompagnante a toutes les informations, elle va rédiger, elle, le livret. Pour la victime, comment se construit le livret C'est important parce que c'est une structure qu'on a pensée pour pouvoir parler de la problématique pluridimensionnelle de violences, de faits de violences. Le livret se construit d'une façon assez systématique. On a une introduction. Dans l'introduction, on va expliquer la raison pour laquelle la révélation se fait. Ensuite, on a quatre parties, un développement et puis on a une conclusion. Dans les quatre parties dans le développement, c'est scindé en quatre parties. Pourquoi Parce qu'on va d'abord expliquer le fait de violence, l'objet de la violence. Donc poser des mots, c'est important parce que du coup, on sait tous et toutes sur quoi on part. Donc voilà, on part sur... On essaie en gros de clarifier et de préparer le terrain. La deuxième partie, ça va être sur l'agresseur ou l'agresseuse. L'idée, c'est de dessiner un profil de cette personne. Par exemple, je donne quelques exemples. Est-ce que cette personne est une personne autoritaire Est-ce que cette personne, du coup, elle isole peut-être certains membres de la famille Est-ce que c'est un homme Est-ce que c'est une femme Tout un profil, ça va permettre de dessiner un petit peu le profil de l'agresseur ou de l'agresseuse. La troisième partie est consacrée à la victime. Donc là aussi, c'est important de poser certaines choses. Par exemple, de parler de psychoéducation pour poser des éléments de... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, il y a des choses qui vont émerger. Le psychotrauma, ce sera une des choses qui va émerger. Le psychotrauma a des conséquences sur la vie de la personne. Par exemple, le développement des troubles du comportement alimentaire pour certaines personnes, des addictions pour d'autres. ou des choses qui touchent le quotidien, par exemple la difficulté de garder un travail, etc. Il y a plein de choses qui vont émerger. Et pareil, décrire aussi le moment où peut-être la victime a essayé de parler, etc. Donc on va vraiment parler de tous les éléments, en tout cas pour avoir une image un petit peu complète. Et la dernière partie, elle va concerner l'entourage. Parce que comme je vous disais tout à l'heure, un fait de violence, ce n'est pas uniquement un agresseur, une agresseuse et une victime. C'est ça, mais aussi l'entourage qui gravite autour de ce fait de violence et ses agressions et ses violences. Et l'idée dans cette dernière partie, c'est de poser les rôles de chacun et de chacune. Par exemple, si c'est un cas d'inceste et qu'il y a eu une fratrie et qu'il n'y a eu qu'un enfant qui a été touché, Les autres enfants, par exemple, qui ont vécu dans cette fratrie, sont des victimes collatérales. On les replace dans un certain rôle. Et du coup, là, on peut dire que, clairement, des enfants qui ont été dans ce système de violence sont simplement des victimes collatérales. S'il y a un parent qui n'a pas été protecteur, mais qui a peut-être été témoin, mais même conscient ou inconscient, on pose ça aussi. On dit que c'est un parent non protecteur, qui n'a pas été agresseur. mais qui n'a pas été protecteur, donc qui n'a pas agi pour empêcher ces violences. Donc on replace tout ça. L'idée, ce n'est pas de culpabiliser ou de pointer du doigt, c'est de placer, de remettre les choses dans l'ordre. Et donc la dernière partie, c'est la conclusion. Et la conclusion, elle est importante dans le sens où ça va être le moment où on va poser les attentes de la victime sur qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation. Qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation Quelles sont ses attentes Par exemple, très concrètement, est-ce que... Est-ce qu'elle a envie de porter plainte par rapport à tout ça Ça peut être ça. Comment elle a envie d'être accompagnée par rapport à cette plainte, si jamais elle a envie Ou plus concrètement aussi, enfin tout aussi concrètement, ça peut être aussi, si jamais il y a des fêtes de famille, est-ce qu'elle a envie que l'agresseur ou l'agresseuse soit présente ou présent pendant les fêtes de famille Oui, non, etc. Donc ça, c'est vraiment un moment où, en fait, on pose les attentes de la victime et on ouvre. Aussi, la discussion avec les membres de l'entourage. Donc ça, c'est l'outil qu'on crée avec la victime et avec l'histoire de la victime. En gros, on va se servir des fragments de mémoire de la victime, de tous les éléments de la pensée féministe, donc des livres d'anthropologues, des livres de sociologues, des livres de philosophie, et puis aussi de tous les éléments qu'on a pu récolter. par les associations, en tout cas tout le travail féministe qui a été pensé pour pouvoir penser les violences comme système, plus des éléments de psychoéducation. On les met donc dans ce livret, on les organise de cette manière et ensuite on fait un accompagnement. Et là je passe peut-être sur l'accompagnement à moins que vous ayez d'autres questions par rapport au livret.

  • Speaker #0

    Alors oui, par rapport au livret, il y a une chose qui m'interpelle, vous avez dit que ce livret c'est l'accompagnatrice qui le rédige. Pourquoi vous avez choisi que ce soit l'accompagnatrice et pas la victime ou en collaboration entre les deux

  • Speaker #1

    Alors en fait, le fait de faire le choix de le rédiger par l'accompagnante, c'est vraiment un choix effectivement plutôt... En fait, il a été pensé parce que quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a parfois pas la possibilité ou pas tous les outils pour pouvoir... poser par écrit tout ce dont on a envie de parler. Et puis, on n'a peut-être pas forcément tous les outils. Par exemple, si on a été victime d'inceste, peut-être qu'on n'a pas en tête le fait que l'inceste, c'est quelque chose qui passe de génération en génération. Et une accompagnante, elle a ça en tête. Elle a vraiment tout ce background derrière qui lui permet de dire Ah oui, d'accord. possiblement en fait là on voit qu'il ya quelque chose de systématique qui s'est mis il ya effectivement une violence qui a été générée quand enfin d'une génération qui est passé à une autre et c'est etc nous ça nous permet en fait une victime a pas forcément tous les éléments en tête on dit pas qu'on les a tous et enfin que toutes les accompagnantes ont tous mais nous on va aller chercher si jamais il ya des choses et en tout cas nous on en discute entre accompagnantes pour dire ah oui effectivement ça c'est Ça, c'est par exemple l'inceste de génération à génération, où par exemple, ça va se réitérer de père en père. Même incesteur incesté, ça va être un petit peu réitéré de la même manière. Donc nous, on va pouvoir poser ça. Une victime n'est pas forcément en mesure d'avoir tous ces éléments. Et aussi, il y a cette problématique avec... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a pas forcément la possibilité de dire... les choses de façon construite et très pédagogique. Bien sûr. Parce qu'en fait, on n'a que des fragments de mémoire parfois, parce qu'on n'a pas une mémoire biographique bien pensée, puis aussi parce qu'on a l'émotionnel aussi, parce qu'on a ça aussi. Donc peut-être que parfois, on va se perdre dans les choses. Donc nous, l'idée, on prend toutes les infos et on les organise pour que ce soit le plus entendable et le plus compréhensible possible pour les personnes qui vont recevoir ça. Et aussi parce que simplement, c'est difficile de se plonger dans ça. Et le fait de faire des livrets, le fait de le faire par quelqu'un surtout, d'autres, c'est une manière pour la victime de simplement dire et après de ne pas avoir cette charge.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le livret sert à construire la parole qui va être délivrée, à construire la révélation pour qu'elle soit... Comment dire, je ne sais pas, qu'elle soit organisée, qu'elle soit entendable, qu'elle ait un sens et que la personne... C'est une sorte de guide en fait vers la révélation.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est vraiment un outil. En fait, on est en train, là du coup, pour vous donner un exemple, on a reçu une subvention de la Fondation Sodebo. Et donc on suit actuellement deux personnes en ce moment. Et on voit... que la rédaction, ou en tout cas, ne serait-ce que la lecture de la première version, elle suscite quelque chose chez la victime. Donc il y a certainement des prises de conscience, il y a le fait de se sentir peut-être un peu plus légitimé sur ce qu'on ressent, parce que parfois on ne se souvient pas de tout. Donc en fait, on se pose toujours la question de savoir si... si on ne l'a pas soit inventé, soit est-ce qu'on n'a pas exagéré, etc. Et nous, on vient juste reposer ça et remettre dans un contexte de violence en disant... Même si, par exemple, vous n'avez que des morceaux ou que des fragments de mémoire, ce n'est pas pour autant que ça délégitime ce que vous êtes en train de vivre ou la souffrance que vous avez. Et pareil, ce n'est pas parce que, je ne sais pas si c'est votre père, votre mère, votre ongle, votre tante, que c'est OK. Il n'y a pas, par exemple, ça peut être, dans les cas d'inceste parfois, quand l'inceste a lieu par un adulte sur un enfant, il y a... Très souvent, donc ça, c'est dans le berceau des dominations de Dorothée Ducy, qui est anthropologue et qui a travaillé sur l'inceste. Elle dit que les adultes se racontent une histoire d'amour avec l'enfant. Et donc, ça donne une confusion, ça implique une confusion chez la victime qui a un rapport avec les relations amoureuses, entre guillemets, je mets 10 milliards de guillemets, qui sont... Elles sont pas OK en fait, elle a un rapport qui n'est pas OK. Et donc là, nous, on vient aussi dire que ça, c'est quelque chose qui est typique, qui se retrouve dans l'inceste, et donc ça permet aussi des prises de conscience par rapport à ces éléments qui peuvent être, pour la victime, très compliqués à démêler. Donc oui, il y a un travail aussi pour la victime, mais vraiment, on le pense comme un outil, vraiment comme un outil.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez à la fois confrontant, rassurant, ça doit être hyper impactant ça pour la victime.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui, en effet. Alors du coup, comme on est à nos débuts et pour être tout à fait transparente, du coup, on tâtonne parfois. Donc du coup, les lectures, par la suite, nous, on va proposer, donc en fait, on va faire en fonction. Nous, ce qu'on veut faire, c'est qu'on met au centre. de l'accompagnement à la victime, la personne. On veut que ce soit le plus doux possible, même si c'est extrêmement violent, mais en tout cas, on veut que ça aille du mieux possible. Donc là, on a constaté que la lecture du livret, si ces personnes le font seules, ça peut être très violent. Donc ce qu'on va proposer, c'est que soit on le fait avec elles, soit on le fait... Enfin voilà, on réfléchit, et surtout, nous, c'est qu'on veut absolument que les... les personnes puissent avoir cet accompagnement le plus fluide possible, si c'est possible. Et en tout cas, nous, on est toujours dans l'adaptation et toujours dans l'attention portée à la personne qui va être accompagnée.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est un accompagnement qui peut durer combien de temps Alors oui, du coup, c'est vrai que ça va me permettre de pouvoir rebondir sur comment ça se passe concrètement un accompagnement. Parce que là, on a parlé de l'outil et donc un accompagnement, si je vous les résume en plusieurs étapes. Donc la première étape, ça va être évidemment le contact avec moi. C'est une prise de contact. Moi, je peux, c'est vraiment très rapide. C'est une petite demi-heure. Les personnes m'expliquent, me donnent un peu les infos personnelles administratives dont j'ai besoin, enfin dont on a besoin pour l'assaut et pour continuer derrière. Et puis, ça me permet aussi d'expliquer l'association, parce que comme elle n'est pas connue, de toute façon, l'association, il faut expliquer, il faut être sûr que la personne en face ait compris l'objet de... Exactement, exactement. Et du coup, ça, c'est un premier contact. Et ensuite, une fois qu'on a ce premier contact et que du coup, on dit c'est OK, on peut essayer, on peut tenter l'accompagnement, on peut se lancer dans l'accompagnement. Du coup, il y a donc le... le contact avec une des trois accompagnantes, soit Sophie, soit Romane, soit moi. Et du coup, il y a tout un moment où on va poser des questions, on va faire émerger les choses, etc. Donc ça, c'est ce dont je vous parlais pour pouvoir construire le livrier. Donc il y a ce contact, on fait émerger les choses, il y a le moment de la rédaction qui est fait par l'accompagnante. Et une fois qu'on a finalisé ce moment de rédaction, évidemment, il y a des allers-retours. avec la victime pour pouvoir parler de tout ça et puis peut-être corriger des éléments ou ajouter des choses parce qu'il y a des choses qui ont émergé. Donc il y a des allers-retours, il y en a trois. On en fait trois au maximum parce qu'après, il faut qu'on clôt malgré tout les choses. Donc le moment de rédaction est terminé. Et ensuite, on prépare la personne mentalement et même logistiquement au moment de la révélation si elle en a envie. Nous, on donne la possibilité de s'arrêter là si elle a envie. Mais si elle a envie de continuer, évidemment, nous, on l'accompagne. Donc, on prépare la personne. Donc, ça veut dire concrètement savoir quand, où, avec qui, dans quel contexte, si on le fait en visio, si on le fait en présentiel, si on le fait au téléphone, si on le fait... Voilà, donc vraiment très logistiquement, on prépare ça. Et on prépare aussi mentalement. On prépare mentalement parce que du coup, comme on le disait tout à l'heure, une révélation, ça peut mal se passer. Donc, il peut y avoir de l'incrédulité, du silence, du déni, du retournement de... de culpabilité, etc. Ça peut aussi bien se passer, on ne va pas l'écarter non plus, mais l'idée, c'est de préparer mentalement en disant, voici les possibilités. On enlève, entre guillemets, un petit peu le choc des réactions qui pourraient arriver. En tout cas, on essaye de présenter l'éventail des possibilités pour que, même si ça peut arriver, en tout cas, la personne, la victime, ne soit pas sous le choc. et qu'elle s'attend et qu'elle se prépare à ça. Donc voilà, ça c'est le moment de préparation. Il y a le moment de la révélation, donc en fonction de la personne, en fonction de ses besoins et de comment il a été défini. Et puis après, il y a un suivi post-révélation. Le suivi post-révélation, il est hyper important pour nous parce que l'idée, c'est de continuer à faire circuler la parole, pour plusieurs raisons. Déjà parce que les personnes qui vont recevoir cette révélation, Peut-être qu'elles vont être un peu sidérées sur le moment et elles ne vont pas avoir toutes les questions ou elles ne vont pas avoir le temps de réagir et de poser toutes les questions dont elles ont envie d'avoir une réponse. Et donc, du coup, notre travail derrière, c'est aussi de se dire qu'on peut être une personne présente pour pouvoir répondre à vos questions et peut-être pas forcément solliciter la victime, mais du coup, être présente pour ça. Ça peut aussi être un moment où on est... avec la victime, nous en tant qu'accompagnante et l'entourage, pour continuer la discussion. En tout cas, l'idée, c'est qu'on continue à faire circuler la parole, parce que quand on continue à faire circuler la parole, on empêche la chape de plomb de retomber, parce que ça, c'est possible, que le silence revienne, et que ça redevienne un tabou. Et surtout, c'est que quand on continue à en parler... Il y a eu des études qui ont été faites, et notamment au Canada, avec vraiment un travail sur la circulation de la parole, qui permettent de montrer qu'en fait, ça permet de briser les cercles de violence. Ça arrête le cercle de violence. Alors, on ne peut pas dire aujourd'hui que pour nous, c'est le cas. Donc, on tend vers ça, on va tendre vers ça. Mais parce que c'est un peu notre objectif, effectivement. La violence s'arrête avec la victime et sa génération. C'est vrai que c'est quand même quelque chose vers lequel on aime ritendre. Mais déjà, première chose, on veut que la victime puisse faire sa révélation et continuer à parler de ça assez librement. Et surtout que l'entourage puisse être en mesure aussi d'évoquer ces sujets-là sans blesser la personne, avec le plus d'outils possibles. pour que quand on ne sera plus là, il y aura quand même cette discussion, en tout cas ce moyen de parler. Voilà, ça c'est tout l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Ok, c'est vraiment super. C'est quelque chose d'utilité personnelle et d'utilité publique que vous faites.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, honnêtement, comme on est au début, on va dire qu'on tente, on essaye, on voit, parce qu'on a ciblé une chose qui est pour nous... n'avait pas encore de choses et après on avance à tâtons. Donc pour nous on reste quand même, on reste sur, on tente, on voit et on essaye de faire au mieux, du mieux qu'on peut parce que du coup comme il n'y a pas de guide, en vrai il n'y a aucun guide pour faire, pour parler, il n'y a aucun guide pour recevoir la parole donc voilà. Donc pour l'instant nous on tâtonne, voilà on tâtonne mais on tâtonne avec tous les éléments qu'on a, on a quand même... On a quand même toute la pensée féministe qui a écrit énormément de choses. On a des podcasts, on a plein d'outils. Et puis on s'entoure si jamais on a des questions sur certaines choses. On fait au mieux.

  • Speaker #1

    Alors je vous ai, pas aujourd'hui, mais dans nos discussions qu'on a eues avant, je vous ai entendu dire croire est un verbe d'action Oui,

  • Speaker #0

    alors c'est pas de moi. Oui,

  • Speaker #1

    oui, mais d'accord. Mais qu'est-ce que vous entendez par là

  • Speaker #0

    Alors déjà, c'est de Cécile C. Et du coup, elle a sorti un livre. C'est le journal de sortie d'inceste. Et du coup, elle a toute une partie où elle parle de croire, c'est un verbe d'action. Et je pense qu'en fait, elle a touché du doigt un point sur lequel je pense, les personnes étaient, même la société n'était pas forcément encore... En tout cas, elle l'a mis en lumière. Je trouve que c'est l'une des personnes qui a pu mettre en lumière ça. C'est-à-dire que je pense qu'on connaît tous et toutes maintenant le slogan je te crois Je pense que c'est quelque chose qui est passé dans la société. Et effectivement, c'est ce que montre le rapport de la civile, c'est qu'effectivement, les gens disent je te crois Et que majoritairement, c'est le cas. Sauf que... aujourd'hui, et je pense que c'est un peu l'étape suivante, le je te crois ne suffit plus. C'est je te crois et je te protège Par exemple, c'est Arnaud Gallet avec l'association qu'il a cofondée, ou en tout cas dans laquelle il est président. On sent en fait qu'il y a effectivement cette volonté de, bien sûr, on croit, mais après il y a une action à faire, c'est de protéger. Et aujourd'hui, nous, on met l'action sur ça parce que le moment de révélation, est un moment important. Si jamais l'entourage ou les proches qui reçoivent l'information, cette révélation, et que ces personnes disent oui, je te crois mais que derrière il y a une forme de... où il n'y a rien, par exemple, il ne se passe rien du tout, où les attentes de la victime ne sont pas... ne sont pas écoutées. Par exemple, si on continue d'inviter, si l'attente de la victime est de ne pas participer aux fêtes de famille, si jamais il y a l'agresseur ou l'agresseuse, et que rien n'est fait, il n'y a aucune action. En fait, ça ne change pas le système. Ça ne change pas le système de dysfonctionnel et de violence. Et donc, effectivement, ça demande, quand on dit je te protège ou en tout cas que je te crois est un verbe d'action, ça implique une action de la part de l'entourage. On ne peut pas simplement croire, il faut vraiment agir. Donc ça peut passer par des actions comme ce que je vous disais par rapport au fait de famille, mais ça peut être autre chose. Si le besoin, par exemple, exprimé par une victime, c'est... Par exemple, je prends l'exemple d'un parent qui n'a pas été protecteur, qui n'a rien fait, qui n'a pas été agresseur, mais pas protecteur. Est-ce que, par exemple, ça peut être le fait de reprendre ce rôle de protecteur par quelques... possibilités, par quelques actions possibles. En fait, c'est plutôt dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Donc ça, c'est aussi une prise de conscience que l'entourage doit avoir.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. En gros, là, c'est vraiment un enjeu dont nous, on n'a pas le pouvoir. On n'a aucune possibilité d'action. En fait, si l'entourage ne veut pas agir, on n'aura pas de possibilité. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on peut pas, c'est ce qu'on dit aux victimes, on ne pourra pas promettre que... que l'entourage va réagir. Par contre, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on donne tous les moyens. On va donner tous les outils. C'est pour ça que je vous parlais d'outils. Nous, on va donner cet outil avec tous les moyens possibles que nous, on peut offrir, qu'on peut permettre pour que l'entourage prenne conscience des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, tout ça, j'imagine qu'il y a besoin d'une aire de la guerre pour faire tout ça. Et après, en même temps, c'est aussi l'objectif du podcaston, donc ça tombe super bien. Comment est-ce que vous trouvez les financements pour tout ça

  • Speaker #0

    Alors, du coup, on a déjà eu une subvention de la Fondation de Sodebo, comme je vous disais, et c'est pour trois accompagnements. Donc en fait, ça reste assez... C'est très bien, ça nous permet de commencer et vraiment, on les remercie. Mais effectivement, pour continuer, il va falloir un peu plus d'argent. En gros, si je vous... Concrètement, je vous parle, un accompagnement, ça nous coûte entre 865 et 1000 euros. Ça dépend en fait des déplacements qu'on doit faire, etc. Mais c'est à peu près ça. L'idée, c'est qu'à chaque accompagnement, on est à peu près cette somme-là. Donc, nous, on fait des demandes de subventions auprès de fondations d'entreprises, auprès de diverses structures. Mais évidemment, les demandes de subventions, il y en a beaucoup qui le font, et beaucoup d'associations qui le font, et puis il y a un certain délai. Ensuite, on a notre campagne de crowdfunding pour le lancement. qui est disponible sur notre compte Hello Asso.

  • Speaker #1

    On trouve le lien sur votre site Internet, il me semble.

  • Speaker #0

    Oui, on trouve le lien sur le site Internet. Vous pouvez taper Hello Asso et défragmenter. Du coup, vous allez pouvoir trouver notre campagne. Et aussi, on l'a sur Instagram. En bio, il y a la possibilité d'être envoyé directement dessus. Donc ça, on a une première campagne de crowdfunding. Et du coup, ça, c'est un petit peu... de tout le montant dont on aurait besoin pour faire toute l'année et l'ensemble des accompagnements qu'on s'est fixés pour l'année 2024-2025. On a eu aussi une initiative personnelle d'une personne qui s'appelle Iris Mililoba et qui, en prenant connaissance de notre association, elle connaît des voix de Sophie, et du coup, elle est sportive et elle a décidé de courir l'Ultra Trail de l'Ardèche le 20 avril. Elle a été victime d'inceste aussi, et donc c'est un sujet qui la touche. Il y a une campagne que nous, on a montée via LOSO aussi, pour pouvoir la soutenir. Elle souhaite par son action récolter 8 accompagnements. C'est un montant de 8 650, donc ça monte tout doucement. Donc voilà, c'est vraiment... C'est vraiment quelque chose qu'on aimerait, qu'on aimerait, qui puisse grandir et continuer. Et puis voilà, après, et après, c'est... Enfin voilà, donc ce que je voulais dire, c'était qu'aujourd'hui, on commence à avoir des personnes qui sont sur liste d'attente. En gros, en fait, on a plus ou moins, en fait, on a à peu près sept personnes en ce moment sur liste d'attente, ce qui est quand même beaucoup, parce que du coup... Du coup, ça fait quand même beaucoup de personnes qui attendent, pour nous en tout cas, pour nos débuts. Et donc, on aimerait vraiment pouvoir répondre à ça. Et voilà, c'est un petit peu l'idée.

  • Speaker #1

    Et donc, je précise à nouveau que sur la page du podcaston, à la page de cet épisode, on peut trouver tous les liens pour faire des dons. Et puis, je mettrai aussi, moi, dans la description de l'épisode, tous les liens. pour vous contacter toutes les trois et puis pour vous soutenir.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à vous, Laurence. Merci de nous avoir permis de mettre en lumière notre association.

  • Speaker #1

    Écoutez, on reste en contact de toute façon. Et puis, je souhaite une longue vie à défragmenter. Merci à vous pour cet entretien qui a été très instructif et très enthousiasmant. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, Laurence.

  • Speaker #1

    Et à bientôt, Sarah. Au revoir.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Nouveaux chemins est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simond, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, n'hésitez pas à laisser des commentaires, des étoiles, à le partager et à vous abonner. Rendez-vous dans trois semaines pour le prochain épisode.

Description

Cet épisode Bonus est enregistré dans le cadre du podcasthon.


Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la 3eme édition du Podcasthon. L’idée est de mobiliser des podcasteurs et podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif.💝

Et de diffuser les épisodes simultanément, pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité.💫


Cette année, on est + de 1500 podcast à participer à cet évènement !


Pour la 1er participation de Nouveaux Chemins,

j’ai le grand plaisir d’inviter l’association Défragmenté-e-s qui accompagne et prépare les victimes vers la révélation à leur entourage de leur agressions sexistes et/ou sexuelles.🧡


Dans cet épisode, nous allons parler

✅ de REVELATION,

✅ de circulation et de libération de la parole

✅ de pensées féministes



J'ai eu un grand plaisir à faire cet entretien avec Sarah Merlo, sophrologue et co-fondatrice de l’association Défragmenté-e-s, et beaucoup d'admiration pour le travail indispensable qu'elle fait avec ses 2 collègues.


J'espère vous faire partager mon enthousiasme ! N'hésitez pas à les soutenir avec 👍 🧡 et un don 💰 !


Pour les contacter :


✅ Romane Parcollet : sophrologue spécialisée dans l'accompagnement des victimes de VSS et créatrice du podcast Après le vide (qui donne la parole aux victimes) 


✅ Sophie des Voix de Sophie : pair-aidante auprès des victimes de VSS. 


✅ Sarah Merlo : sophrologue - La trêve sophro : accompagnement de victimes de VSS 


Leur site :

https://defragmentees.fr/


Faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/defragmente-e-s


Bonne écoute !🥰


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette semaine, du 15 au 21 mars, se déroule la troisième édition du Podcaston. Alors qu'est-ce que c'est que le Podcaston L'idée, c'est de mobiliser des podcasteurs et des podcasteuses pour mettre en lumière le monde associatif et de diffuser les épisodes simultanément pour créer une vague de contenus inspirants et de générosité. Et cette année, on est plus de 1500 podcasts francophones à participer à cet événement. Sur le site podcaston.org, vous trouverez tous les épisodes de cette édition et tous les liens vers les associations mises en honneur et bien sûr le moyen de les soutenir en faisant un don. Pour la première participation de Nouveau Chemin, j'ai choisi d'inviter l'association Défragmenter. Et comme celles qui en parlent le mieux, ce sont celles-là même qui l'ont créée, je laisse Sarah vous partager son engagement. Bonjour Sarah

  • Speaker #1

    Bonjour Laurence

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour ce premier épisode, enfin la première fois que je participe au podcaston, et de vous recevoir à cette occasion-là. Donc vous, vous avez une association qui s'appelle Défragmentés.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et qui vient en aide aux personnes qui ont subi des violences sexistes ou sexuelles. Et qui les aident à faire ce que vous avez appelé la révélation, c'est-à-dire comment faire pour l'annoncer à leur entourage.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Ce qui m'a tout de suite interpellée, c'est le terme de révélation. J'ai trouvé que c'était vraiment un terme déjà très marquant, très... Et là, je me suis dit, wow, révélation, c'est intéressant. Et c'est à partir de ce terme-là que je me suis mise à fouiller pour voir un peu qu'est-ce que vous faites. Donc oui, je voudrais bien, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez m'expliquer D'abord, pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous concentrer sur l'aide à cette révélation

  • Speaker #1

    Alors effectivement, du coup, c'était très bien résumé pour l'association. On accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles dans le moment de la révélation, auprès de leurs proches et de leur entourage. L'idée, en fait, c'est que vu que, en gros, les violences sexistes et sexuelles, elles sont majoritairement... le fait de violences qui sont intrafamiliales ou en tout cas avec des personnes qui sont connues. Et du coup, ça implique que quand on doit parler et quand on a envie de parler des violences qui ont été vécues, c'est parler de violences qui ont été subies et qui ont été faites, qui ont été perpétrées par des personnes qui sont proches de son entourage, à, et on doit le dire, en tout cas la révélation se fait, à d'autres personnes qui sont aussi proches de l'entourage de l'agresseur ou de l'agresseuse. Et donc, si je peux me permettre, je remonte un petit peu dans la genèse du projet. L'idée, c'est qu'elle a émergé d'une certaine manière. Moi, je suis sophrologue, j'accompagne des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles en majorité. Et du coup, j'ai rencontré pendant ma... pendant ma pratique thérapeutique, d'autres personnes, d'autres thérapeutes et d'autres praticiennes qui accompagnent des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. On pourra en parler un peu plus après si vous voulez. Mais l'idée, c'est qu'on a fait le constat en discutant qu'évidemment, les violences sexistes et sexuelles, elles provoquent un impact, en tout cas, elles font du mal, elles génèrent de la souffrance et dans la tête et dans le corps. Mais ce n'est pas uniquement les violences qui sont sexistes et sexuelles. Il y a aussi les réactions que les proches ont par rapport au fait qu'on révèle ou qu'on parle de ces violences. Et ça, on l'a constaté avec deux autres personnes, donc une thérapeute et une praticienne. Et du coup, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Il y avait quelque chose sur quoi travailler. Et donc, on s'est dit qu'en fait, on allait... Ne plus laisser seules les personnes qui souhaitaient faire une révélation et en tout cas les accompagner. L'idée c'est d'accompagner ces personnes dans ce moment qui est assez complexe pour que la réaction de l'entourage et des proches puisse être facilitée. En tout cas, on apporte l'ensemble des éléments qui permettent une compréhension pour éviter des réactions qui sont compliquées comme le renversement de culpabilité. le fait d'être complètement incrédule face à ces violences, et puis aussi le déni ou l'absence de réaction parfois, et même une sorte de réaction qui fait que souvent les proches sont dans un système un peu dysfonctionnel où il y a eu beaucoup de souffrance, et ces Ausha se retournent souvent sur leur propre souffrance et ne sont pas forcément à l'écoute. de la personne qui a été victime de ces violences-là.

  • Speaker #0

    Les souffrances de celles des autres, de la personne qui parle.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. C'est exactement ça. C'est vraiment quelque chose d'assez complexe. Et c'est un moment complexe sur lequel, en fait, aujourd'hui, il y a peu ou pas de personnes qui accompagnent. Et souvent, ces victimes sont laissées complètement à l'abandon. C'est une espèce d'angle mort où, en fait, il n'y a pas forcément d'accompagnement qui est proposé.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est aussi, j'imagine, un frein à la révélation. Toutes ces... La personne, elle doit aussi craindre la réaction de son entourage. Et j'imagine que souvent, ça doit être un frein à ce qu'elle puisse faire cette révélation. C'est une façon de l'aider à lever les freins pour elle, pour qu'elle puisse oser le faire.

  • Speaker #1

    En fait, oui, c'est vrai que du coup, il y a plusieurs choses. Il peut y avoir une crainte par rapport au fait de révéler, parce qu'on ne sait pas comment la famille ou les proches, entourage... vont réagir, ça c'est une certitude parce que du coup en fait les éléments que nous on a pu relever, même par exemple il y a la civise qui a rendu un rapport en 2023 où en fait le moment de la révélation est un moment où certes aujourd'hui les gens vont majoritairement croire mais ils vont rien faire, ils vont pas protéger derrière ou en tout cas il y a vraiment une absence d'action. Et donc l'idée en fait c'est vraiment de... d'accompagner sur ce moment-là. Et en tout cas, les victimes sont dans une situation où en fait, il y a une espèce de... Soit il y a de la crainte de savoir comment la famille va réagir. Parfois, est-ce que... Et il y a une forme de culpabilité, parce que parfois, l'agresseur ou l'agresseuse va faire peser sur la victime une forme de responsabilité. Si tu parles, tu vas détruire la famille. Si tu parles, ça va faire du mal à tes frères, tes sœurs, ta mère, ton père. Ou ça dépend de qui a agressé dans... dans ce système de violence, mais en tout cas, il peut y avoir ça. Et après, il peut y avoir la propre culpabilité de la victime qui se sent coupable ou en tout cas se sent responsable de ce que ça va provoquer derrière. Du coup, nous, notre rôle dans tout ça, c'est quand même de remettre les choses en place et de dire à la victime, vous n'êtes responsable de rien. Et en tout cas... La violence qui a été faite, ce n'est pas de votre fait. Ce que vous allez faire, c'est simplement replacer les choses dans le bonheur, de retrouver cette place de victime, de poser la place de l'agresseur ou de l'agresseuse, et puis aussi de parler de l'entourage qui a un rôle pendant les violences qui se sont déroulées, un rôle peut-être de témoin, un rôle de témoin conscient ou inconscient, un rôle de complice peut-être aussi. Et puis de savoir aussi après, en fait, le fait de replacer les choses permet ensuite de pouvoir amorcer une discussion derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez en deux mots expliquer pour les personnes qui nous écoutent, qu'est-ce que c'est la CIVIS

  • Speaker #1

    Oui, c'est une commission qui a été, une commission qui a été, c'est une commission indépendante qui a été, qui est sortie en fait suite au livre de Camille Kouchner. La Familia Grande où en fait Camille Kouchner a parlé de l'inceste dont a été victime son frère. Et du coup par la suite le gouvernement, donc c'est sous Macron d'ailleurs, du coup le gouvernement a demandé à ce qu'une commission indépendante sur les violences qui sont faites sur les enfants, et les violences sexuelles, et du coup il y a une commission qui a été menée, en tout cas créée pour... pour voir un petit peu l'état dans lequel étaient les violences qui étaient faites aux enfants. Il y a eu un rapport public en 2023 qui est sorti, et où en fait il y a eu, alors si je ne me trompe pas, je crois qu'il y a eu plus de 30 000 témoignages, en tout cas 30 000 personnes qui sont venues parler à la civise, et qui ont permis en fait de faire émerger des grands traits de toutes ces violences. Ça a permis de faire un état des lieux en fait de tout ça. Et de ce rapport, il y a un constat qui est fait, c'est qu'il y a à peu près 160 000 enfants par année qui sont victimes de violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles. Il y a aussi le fait, et ça c'est des faits assez marquants, en tout cas un chiffre assez marquant, c'est de dire qu'il y a trois enfants par classe qui sont victimes d'inceste. Donc c'est vraiment un problème de société. Et par contre, justement, en fait, dans ce rapport-ci, il y a aussi la mention qu'il y a un fort déni de société, où en fait, c'est pas parce que, justement, on sait, là, du coup, même avec ce rapport, où il y a en fait un fort déni de société, pour l'instant, en fait, il n'y a pas un accompagnement, il n'y a pas forcément de choses qui sont faites. Alors évidemment, il y a du travail associatif, il faut aussi le mentionner, il y a les associations féministes, il y a tout un... Il y a même plein de personnes qui travaillent dessus, mais en tout cas une prise de conscience par la société, ce n'est pas quelque chose qui est vraiment encore fait. C'est un énorme travail et c'est hyper intéressant. Et nous, on prend certains éléments, notamment sur la révélation. On voit clairement qu'aujourd'hui, les gens à qui on parle, en tout cas les personnes qui accueillent la parole, vont dire oui, je te crois Parce que c'est un petit peu un slogan, c'est important que les personnes croient les victimes, sauf que derrière il faut aujourd'hui qu'on passe à l'action et qu'on protège, ou en tout cas qu'il y ait quelque chose de positif et d'aidant par rapport à cette parole.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, vous disiez que vous êtes plusieurs dans l'association. Est-ce que vous êtes trois à l'initiative de cette association

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est tout à fait ça. Donc, en fait, comme je vous le disais tout à l'heure, en fait, du coup, moi, je suis sophrologue. Et en fait, moi, j'ai une pratique qui est assez individuelle, c'est-à-dire que je n'ai pas d'équipe, je n'ai pas tout un personnel avec qui... parler. Et donc, du coup, moi, j'avais vraiment cette envie de pouvoir discuter et partager de ma pratique avec d'autres personnes qui vivaient les mêmes choses. Donc, Internet fait de belles choses quand même. Et du coup, j'ai pu rencontrer via Instagram Romane Parcollet, qui est sophrologue et qui accompagne, elle aussi, des personnes qui sont victimes de violences sexistes et sexuelles. Et du coup, on a pu échanger sur nos pratiques, mais aussi, on a pu échanger sur tout ce dont je vous... Je vous parlais tout à l'heure, Romane, elle a fait quelque chose d'hyper important, en tout cas pour moi, de mon point de vue. C'est de créer un podcast qui s'appelle Après le vide et qui donne la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles, mais aussi de violences psychologiques, etc. Elle élargit et en tout cas, elle donne la parole et c'est donner la parole à des personnes qui sont lambda, on va dire. Du coup, c'est une plateforme ou en tout cas, c'est un endroit. ou de façon assez... C'est un peu sous forme de discussion, c'est vraiment très naturel, très facile, mais en tout cas, elle donne un espace pour les personnes qui ont envie de pouvoir parler. Donc ça, ça a été une chose sur laquelle on a pu discuter, mais en tout cas, elle est très offrée de toutes les VSS, de toutes les violences sexistes et sexuelles. Et puis... J'ai rencontré aussi Sophie, des voix de Sophie. Alors Sophie, elle fait de la paire et danse. Et du coup, c'est vraiment, si je dois expliquer un petit peu brièvement, c'est faire du travail de paire à paire. Donc elle a été victime. Elle se considère aujourd'hui comme une victime qui a fait tout un cheminement. Et donc du coup, elle souhaiterait pouvoir, à la même hauteur, elle se met au même niveau que les autres victimes. de pouvoir partager son expérience parce que le partage fait qu'en fait on se sent mieux, on se sent moins seul, mais on se sent aussi compris, comprise. Et du coup donc voilà, donc il y a un travail de Pair et Danse. Donc elle a une plateforme via WhatsApp, elle permet à des personnes qui ont besoin de parler, même si elles sont suivies ces personnes par des psys, par tout un personnel soignant en fait, mais en tout cas elle permet d'avoir un programme. accès pour pouvoir parler via WhatsApp assez facilement. Et puis après, elle organise des cercles de parole, des ateliers sur la psychoéducation pour pouvoir expliquer ce qu'est le trauma, etc. Et c'est deux personnes que j'ai rencontrées et avec qui on a vraiment partagé le même constat. Et du coup, c'est pour ça qu'on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Donc, il a fallu qu'on monte une structure. Et donc, l'association nous est apparue comme celle qui convenait le plus. Sauf que pour travailler et pour garder l'intérêt général, il fallait que nous, on puisse être sur le terrain et travailler et pouvoir constituer un conseil d'administration. Il y a d'autres personnes qui sont un petit peu dans le noir, qui n'ont pas forcément envie d'être mises en lumière, mais qui ont constitué le conseil d'administration et qui nous aident et qui font plus du travail très administratif quant à rédaction des contrats, etc. Ce genre de choses qui ne nous concernent pas au final, mais nous, on est vraiment sur le cœur de... d'activité sur le terrain.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes trois personnes sur le terrain, ça veut dire que c'est vous trois qui accompagnez les personnes qui frappent chez des fragmentés pour retrouver de l'aide.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors du coup, moi j'ai juste un rôle aujourd'hui qui est de coordination. Donc en gros, je suis la première personne qui parle avec une victime quand elle a envie de contacter l'association. Mais après, en fait, effectivement, on est trois accompagnantes. C'est-à-dire que l'accompagnement peut se faire soit avec Romane, soit avec Sophie, soit avec moi.

  • Speaker #0

    Donc, la personne qui s'adresse à défragmenter, elle va avoir une seule interlocutrice. Elle va travailler avec une de vous trois.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée, c'est quand même d'effectuer un accompagnement. En gros, il va y avoir une relation de confiance qui va s'instaurer avec la personne. Donc, si on... En tout cas, nous, c'est ce qu'on envisage comme ça. Si on passe d'une personne à une autre, même si on peut très bien faire le lien l'une et l'autre, expliquer toutes les choses, nous, on préfère qu'il y ait un lien de confiance qui se crée avec une personne et puis que toutes les choses ne soient pas répétées. Parce que quand on a vécu des violences sexistes et sexuelles, la problématique, c'est que si on doit répéter tout ce qu'on a vécu, il y a un côté retraumatisant. Et donc, c'est une chose qu'on veut éviter. Et donc, plus la personne connaît l'histoire de la victime, enfin, plus l'accompagnant connaît l'histoire de la victime, plus ça peut être fluide dans l'accompagnement aussi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc, du coup, alors l'accompagnement, c'est quoi les grandes lignes de cet accompagnement

  • Speaker #1

    L'accompagnement va se baser sur un outil, un outil que l'accompagnante va construire, mais qui va bien évidemment être construit avec la victime. L'outil, c'est le livret. En gros, ce qu'on propose, c'est qu'aujourd'hui, on propose la rédaction d'un livret qui va parler des violences qui ont été subies. Je m'explique un peu dans la construction du livret, après je pourrai parler de l'accompagnement si c'est ok pour vous. Le livret se construit, en gros, on va parler à la victime, l'accompagnante va passer un moment avec la victime pour pouvoir parler de l'ensemble de sa vie, mais aussi des violences qui ont été vécues. Elle va prendre le maximum d'informations sur tout ce qui s'est passé. Une fois que l'accompagnante a toutes les informations, elle va rédiger, elle, le livret. Pour la victime, comment se construit le livret C'est important parce que c'est une structure qu'on a pensée pour pouvoir parler de la problématique pluridimensionnelle de violences, de faits de violences. Le livret se construit d'une façon assez systématique. On a une introduction. Dans l'introduction, on va expliquer la raison pour laquelle la révélation se fait. Ensuite, on a quatre parties, un développement et puis on a une conclusion. Dans les quatre parties dans le développement, c'est scindé en quatre parties. Pourquoi Parce qu'on va d'abord expliquer le fait de violence, l'objet de la violence. Donc poser des mots, c'est important parce que du coup, on sait tous et toutes sur quoi on part. Donc voilà, on part sur... On essaie en gros de clarifier et de préparer le terrain. La deuxième partie, ça va être sur l'agresseur ou l'agresseuse. L'idée, c'est de dessiner un profil de cette personne. Par exemple, je donne quelques exemples. Est-ce que cette personne est une personne autoritaire Est-ce que cette personne, du coup, elle isole peut-être certains membres de la famille Est-ce que c'est un homme Est-ce que c'est une femme Tout un profil, ça va permettre de dessiner un petit peu le profil de l'agresseur ou de l'agresseuse. La troisième partie est consacrée à la victime. Donc là aussi, c'est important de poser certaines choses. Par exemple, de parler de psychoéducation pour poser des éléments de... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, il y a des choses qui vont émerger. Le psychotrauma, ce sera une des choses qui va émerger. Le psychotrauma a des conséquences sur la vie de la personne. Par exemple, le développement des troubles du comportement alimentaire pour certaines personnes, des addictions pour d'autres. ou des choses qui touchent le quotidien, par exemple la difficulté de garder un travail, etc. Il y a plein de choses qui vont émerger. Et pareil, décrire aussi le moment où peut-être la victime a essayé de parler, etc. Donc on va vraiment parler de tous les éléments, en tout cas pour avoir une image un petit peu complète. Et la dernière partie, elle va concerner l'entourage. Parce que comme je vous disais tout à l'heure, un fait de violence, ce n'est pas uniquement un agresseur, une agresseuse et une victime. C'est ça, mais aussi l'entourage qui gravite autour de ce fait de violence et ses agressions et ses violences. Et l'idée dans cette dernière partie, c'est de poser les rôles de chacun et de chacune. Par exemple, si c'est un cas d'inceste et qu'il y a eu une fratrie et qu'il n'y a eu qu'un enfant qui a été touché, Les autres enfants, par exemple, qui ont vécu dans cette fratrie, sont des victimes collatérales. On les replace dans un certain rôle. Et du coup, là, on peut dire que, clairement, des enfants qui ont été dans ce système de violence sont simplement des victimes collatérales. S'il y a un parent qui n'a pas été protecteur, mais qui a peut-être été témoin, mais même conscient ou inconscient, on pose ça aussi. On dit que c'est un parent non protecteur, qui n'a pas été agresseur. mais qui n'a pas été protecteur, donc qui n'a pas agi pour empêcher ces violences. Donc on replace tout ça. L'idée, ce n'est pas de culpabiliser ou de pointer du doigt, c'est de placer, de remettre les choses dans l'ordre. Et donc la dernière partie, c'est la conclusion. Et la conclusion, elle est importante dans le sens où ça va être le moment où on va poser les attentes de la victime sur qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation. Qu'est-ce qu'elle a envie de faire après la révélation Quelles sont ses attentes Par exemple, très concrètement, est-ce que... Est-ce qu'elle a envie de porter plainte par rapport à tout ça Ça peut être ça. Comment elle a envie d'être accompagnée par rapport à cette plainte, si jamais elle a envie Ou plus concrètement aussi, enfin tout aussi concrètement, ça peut être aussi, si jamais il y a des fêtes de famille, est-ce qu'elle a envie que l'agresseur ou l'agresseuse soit présente ou présent pendant les fêtes de famille Oui, non, etc. Donc ça, c'est vraiment un moment où, en fait, on pose les attentes de la victime et on ouvre. Aussi, la discussion avec les membres de l'entourage. Donc ça, c'est l'outil qu'on crée avec la victime et avec l'histoire de la victime. En gros, on va se servir des fragments de mémoire de la victime, de tous les éléments de la pensée féministe, donc des livres d'anthropologues, des livres de sociologues, des livres de philosophie, et puis aussi de tous les éléments qu'on a pu récolter. par les associations, en tout cas tout le travail féministe qui a été pensé pour pouvoir penser les violences comme système, plus des éléments de psychoéducation. On les met donc dans ce livret, on les organise de cette manière et ensuite on fait un accompagnement. Et là je passe peut-être sur l'accompagnement à moins que vous ayez d'autres questions par rapport au livret.

  • Speaker #0

    Alors oui, par rapport au livret, il y a une chose qui m'interpelle, vous avez dit que ce livret c'est l'accompagnatrice qui le rédige. Pourquoi vous avez choisi que ce soit l'accompagnatrice et pas la victime ou en collaboration entre les deux

  • Speaker #1

    Alors en fait, le fait de faire le choix de le rédiger par l'accompagnante, c'est vraiment un choix effectivement plutôt... En fait, il a été pensé parce que quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a parfois pas la possibilité ou pas tous les outils pour pouvoir... poser par écrit tout ce dont on a envie de parler. Et puis, on n'a peut-être pas forcément tous les outils. Par exemple, si on a été victime d'inceste, peut-être qu'on n'a pas en tête le fait que l'inceste, c'est quelque chose qui passe de génération en génération. Et une accompagnante, elle a ça en tête. Elle a vraiment tout ce background derrière qui lui permet de dire Ah oui, d'accord. possiblement en fait là on voit qu'il ya quelque chose de systématique qui s'est mis il ya effectivement une violence qui a été générée quand enfin d'une génération qui est passé à une autre et c'est etc nous ça nous permet en fait une victime a pas forcément tous les éléments en tête on dit pas qu'on les a tous et enfin que toutes les accompagnantes ont tous mais nous on va aller chercher si jamais il ya des choses et en tout cas nous on en discute entre accompagnantes pour dire ah oui effectivement ça c'est Ça, c'est par exemple l'inceste de génération à génération, où par exemple, ça va se réitérer de père en père. Même incesteur incesté, ça va être un petit peu réitéré de la même manière. Donc nous, on va pouvoir poser ça. Une victime n'est pas forcément en mesure d'avoir tous ces éléments. Et aussi, il y a cette problématique avec... Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, on n'a pas forcément la possibilité de dire... les choses de façon construite et très pédagogique. Bien sûr. Parce qu'en fait, on n'a que des fragments de mémoire parfois, parce qu'on n'a pas une mémoire biographique bien pensée, puis aussi parce qu'on a l'émotionnel aussi, parce qu'on a ça aussi. Donc peut-être que parfois, on va se perdre dans les choses. Donc nous, l'idée, on prend toutes les infos et on les organise pour que ce soit le plus entendable et le plus compréhensible possible pour les personnes qui vont recevoir ça. Et aussi parce que simplement, c'est difficile de se plonger dans ça. Et le fait de faire des livrets, le fait de le faire par quelqu'un surtout, d'autres, c'est une manière pour la victime de simplement dire et après de ne pas avoir cette charge.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le livret sert à construire la parole qui va être délivrée, à construire la révélation pour qu'elle soit... Comment dire, je ne sais pas, qu'elle soit organisée, qu'elle soit entendable, qu'elle ait un sens et que la personne... C'est une sorte de guide en fait vers la révélation.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est vraiment un outil. En fait, on est en train, là du coup, pour vous donner un exemple, on a reçu une subvention de la Fondation Sodebo. Et donc on suit actuellement deux personnes en ce moment. Et on voit... que la rédaction, ou en tout cas, ne serait-ce que la lecture de la première version, elle suscite quelque chose chez la victime. Donc il y a certainement des prises de conscience, il y a le fait de se sentir peut-être un peu plus légitimé sur ce qu'on ressent, parce que parfois on ne se souvient pas de tout. Donc en fait, on se pose toujours la question de savoir si... si on ne l'a pas soit inventé, soit est-ce qu'on n'a pas exagéré, etc. Et nous, on vient juste reposer ça et remettre dans un contexte de violence en disant... Même si, par exemple, vous n'avez que des morceaux ou que des fragments de mémoire, ce n'est pas pour autant que ça délégitime ce que vous êtes en train de vivre ou la souffrance que vous avez. Et pareil, ce n'est pas parce que, je ne sais pas si c'est votre père, votre mère, votre ongle, votre tante, que c'est OK. Il n'y a pas, par exemple, ça peut être, dans les cas d'inceste parfois, quand l'inceste a lieu par un adulte sur un enfant, il y a... Très souvent, donc ça, c'est dans le berceau des dominations de Dorothée Ducy, qui est anthropologue et qui a travaillé sur l'inceste. Elle dit que les adultes se racontent une histoire d'amour avec l'enfant. Et donc, ça donne une confusion, ça implique une confusion chez la victime qui a un rapport avec les relations amoureuses, entre guillemets, je mets 10 milliards de guillemets, qui sont... Elles sont pas OK en fait, elle a un rapport qui n'est pas OK. Et donc là, nous, on vient aussi dire que ça, c'est quelque chose qui est typique, qui se retrouve dans l'inceste, et donc ça permet aussi des prises de conscience par rapport à ces éléments qui peuvent être, pour la victime, très compliqués à démêler. Donc oui, il y a un travail aussi pour la victime, mais vraiment, on le pense comme un outil, vraiment comme un outil.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez à la fois confrontant, rassurant, ça doit être hyper impactant ça pour la victime.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui, en effet. Alors du coup, comme on est à nos débuts et pour être tout à fait transparente, du coup, on tâtonne parfois. Donc du coup, les lectures, par la suite, nous, on va proposer, donc en fait, on va faire en fonction. Nous, ce qu'on veut faire, c'est qu'on met au centre. de l'accompagnement à la victime, la personne. On veut que ce soit le plus doux possible, même si c'est extrêmement violent, mais en tout cas, on veut que ça aille du mieux possible. Donc là, on a constaté que la lecture du livret, si ces personnes le font seules, ça peut être très violent. Donc ce qu'on va proposer, c'est que soit on le fait avec elles, soit on le fait... Enfin voilà, on réfléchit, et surtout, nous, c'est qu'on veut absolument que les... les personnes puissent avoir cet accompagnement le plus fluide possible, si c'est possible. Et en tout cas, nous, on est toujours dans l'adaptation et toujours dans l'attention portée à la personne qui va être accompagnée.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est un accompagnement qui peut durer combien de temps Alors oui, du coup, c'est vrai que ça va me permettre de pouvoir rebondir sur comment ça se passe concrètement un accompagnement. Parce que là, on a parlé de l'outil et donc un accompagnement, si je vous les résume en plusieurs étapes. Donc la première étape, ça va être évidemment le contact avec moi. C'est une prise de contact. Moi, je peux, c'est vraiment très rapide. C'est une petite demi-heure. Les personnes m'expliquent, me donnent un peu les infos personnelles administratives dont j'ai besoin, enfin dont on a besoin pour l'assaut et pour continuer derrière. Et puis, ça me permet aussi d'expliquer l'association, parce que comme elle n'est pas connue, de toute façon, l'association, il faut expliquer, il faut être sûr que la personne en face ait compris l'objet de... Exactement, exactement. Et du coup, ça, c'est un premier contact. Et ensuite, une fois qu'on a ce premier contact et que du coup, on dit c'est OK, on peut essayer, on peut tenter l'accompagnement, on peut se lancer dans l'accompagnement. Du coup, il y a donc le... le contact avec une des trois accompagnantes, soit Sophie, soit Romane, soit moi. Et du coup, il y a tout un moment où on va poser des questions, on va faire émerger les choses, etc. Donc ça, c'est ce dont je vous parlais pour pouvoir construire le livrier. Donc il y a ce contact, on fait émerger les choses, il y a le moment de la rédaction qui est fait par l'accompagnante. Et une fois qu'on a finalisé ce moment de rédaction, évidemment, il y a des allers-retours. avec la victime pour pouvoir parler de tout ça et puis peut-être corriger des éléments ou ajouter des choses parce qu'il y a des choses qui ont émergé. Donc il y a des allers-retours, il y en a trois. On en fait trois au maximum parce qu'après, il faut qu'on clôt malgré tout les choses. Donc le moment de rédaction est terminé. Et ensuite, on prépare la personne mentalement et même logistiquement au moment de la révélation si elle en a envie. Nous, on donne la possibilité de s'arrêter là si elle a envie. Mais si elle a envie de continuer, évidemment, nous, on l'accompagne. Donc, on prépare la personne. Donc, ça veut dire concrètement savoir quand, où, avec qui, dans quel contexte, si on le fait en visio, si on le fait en présentiel, si on le fait au téléphone, si on le fait... Voilà, donc vraiment très logistiquement, on prépare ça. Et on prépare aussi mentalement. On prépare mentalement parce que du coup, comme on le disait tout à l'heure, une révélation, ça peut mal se passer. Donc, il peut y avoir de l'incrédulité, du silence, du déni, du retournement de... de culpabilité, etc. Ça peut aussi bien se passer, on ne va pas l'écarter non plus, mais l'idée, c'est de préparer mentalement en disant, voici les possibilités. On enlève, entre guillemets, un petit peu le choc des réactions qui pourraient arriver. En tout cas, on essaye de présenter l'éventail des possibilités pour que, même si ça peut arriver, en tout cas, la personne, la victime, ne soit pas sous le choc. et qu'elle s'attend et qu'elle se prépare à ça. Donc voilà, ça c'est le moment de préparation. Il y a le moment de la révélation, donc en fonction de la personne, en fonction de ses besoins et de comment il a été défini. Et puis après, il y a un suivi post-révélation. Le suivi post-révélation, il est hyper important pour nous parce que l'idée, c'est de continuer à faire circuler la parole, pour plusieurs raisons. Déjà parce que les personnes qui vont recevoir cette révélation, Peut-être qu'elles vont être un peu sidérées sur le moment et elles ne vont pas avoir toutes les questions ou elles ne vont pas avoir le temps de réagir et de poser toutes les questions dont elles ont envie d'avoir une réponse. Et donc, du coup, notre travail derrière, c'est aussi de se dire qu'on peut être une personne présente pour pouvoir répondre à vos questions et peut-être pas forcément solliciter la victime, mais du coup, être présente pour ça. Ça peut aussi être un moment où on est... avec la victime, nous en tant qu'accompagnante et l'entourage, pour continuer la discussion. En tout cas, l'idée, c'est qu'on continue à faire circuler la parole, parce que quand on continue à faire circuler la parole, on empêche la chape de plomb de retomber, parce que ça, c'est possible, que le silence revienne, et que ça redevienne un tabou. Et surtout, c'est que quand on continue à en parler... Il y a eu des études qui ont été faites, et notamment au Canada, avec vraiment un travail sur la circulation de la parole, qui permettent de montrer qu'en fait, ça permet de briser les cercles de violence. Ça arrête le cercle de violence. Alors, on ne peut pas dire aujourd'hui que pour nous, c'est le cas. Donc, on tend vers ça, on va tendre vers ça. Mais parce que c'est un peu notre objectif, effectivement. La violence s'arrête avec la victime et sa génération. C'est vrai que c'est quand même quelque chose vers lequel on aime ritendre. Mais déjà, première chose, on veut que la victime puisse faire sa révélation et continuer à parler de ça assez librement. Et surtout que l'entourage puisse être en mesure aussi d'évoquer ces sujets-là sans blesser la personne, avec le plus d'outils possibles. pour que quand on ne sera plus là, il y aura quand même cette discussion, en tout cas ce moyen de parler. Voilà, ça c'est tout l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Ok, c'est vraiment super. C'est quelque chose d'utilité personnelle et d'utilité publique que vous faites.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, honnêtement, comme on est au début, on va dire qu'on tente, on essaye, on voit, parce qu'on a ciblé une chose qui est pour nous... n'avait pas encore de choses et après on avance à tâtons. Donc pour nous on reste quand même, on reste sur, on tente, on voit et on essaye de faire au mieux, du mieux qu'on peut parce que du coup comme il n'y a pas de guide, en vrai il n'y a aucun guide pour faire, pour parler, il n'y a aucun guide pour recevoir la parole donc voilà. Donc pour l'instant nous on tâtonne, voilà on tâtonne mais on tâtonne avec tous les éléments qu'on a, on a quand même... On a quand même toute la pensée féministe qui a écrit énormément de choses. On a des podcasts, on a plein d'outils. Et puis on s'entoure si jamais on a des questions sur certaines choses. On fait au mieux.

  • Speaker #1

    Alors je vous ai, pas aujourd'hui, mais dans nos discussions qu'on a eues avant, je vous ai entendu dire croire est un verbe d'action Oui,

  • Speaker #0

    alors c'est pas de moi. Oui,

  • Speaker #1

    oui, mais d'accord. Mais qu'est-ce que vous entendez par là

  • Speaker #0

    Alors déjà, c'est de Cécile C. Et du coup, elle a sorti un livre. C'est le journal de sortie d'inceste. Et du coup, elle a toute une partie où elle parle de croire, c'est un verbe d'action. Et je pense qu'en fait, elle a touché du doigt un point sur lequel je pense, les personnes étaient, même la société n'était pas forcément encore... En tout cas, elle l'a mis en lumière. Je trouve que c'est l'une des personnes qui a pu mettre en lumière ça. C'est-à-dire que je pense qu'on connaît tous et toutes maintenant le slogan je te crois Je pense que c'est quelque chose qui est passé dans la société. Et effectivement, c'est ce que montre le rapport de la civile, c'est qu'effectivement, les gens disent je te crois Et que majoritairement, c'est le cas. Sauf que... aujourd'hui, et je pense que c'est un peu l'étape suivante, le je te crois ne suffit plus. C'est je te crois et je te protège Par exemple, c'est Arnaud Gallet avec l'association qu'il a cofondée, ou en tout cas dans laquelle il est président. On sent en fait qu'il y a effectivement cette volonté de, bien sûr, on croit, mais après il y a une action à faire, c'est de protéger. Et aujourd'hui, nous, on met l'action sur ça parce que le moment de révélation, est un moment important. Si jamais l'entourage ou les proches qui reçoivent l'information, cette révélation, et que ces personnes disent oui, je te crois mais que derrière il y a une forme de... où il n'y a rien, par exemple, il ne se passe rien du tout, où les attentes de la victime ne sont pas... ne sont pas écoutées. Par exemple, si on continue d'inviter, si l'attente de la victime est de ne pas participer aux fêtes de famille, si jamais il y a l'agresseur ou l'agresseuse, et que rien n'est fait, il n'y a aucune action. En fait, ça ne change pas le système. Ça ne change pas le système de dysfonctionnel et de violence. Et donc, effectivement, ça demande, quand on dit je te protège ou en tout cas que je te crois est un verbe d'action, ça implique une action de la part de l'entourage. On ne peut pas simplement croire, il faut vraiment agir. Donc ça peut passer par des actions comme ce que je vous disais par rapport au fait de famille, mais ça peut être autre chose. Si le besoin, par exemple, exprimé par une victime, c'est... Par exemple, je prends l'exemple d'un parent qui n'a pas été protecteur, qui n'a rien fait, qui n'a pas été agresseur, mais pas protecteur. Est-ce que, par exemple, ça peut être le fait de reprendre ce rôle de protecteur par quelques... possibilités, par quelques actions possibles. En fait, c'est plutôt dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Donc ça, c'est aussi une prise de conscience que l'entourage doit avoir.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça. En gros, là, c'est vraiment un enjeu dont nous, on n'a pas le pouvoir. On n'a aucune possibilité d'action. En fait, si l'entourage ne veut pas agir, on n'aura pas de possibilité. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on peut pas, c'est ce qu'on dit aux victimes, on ne pourra pas promettre que... que l'entourage va réagir. Par contre, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on donne tous les moyens. On va donner tous les outils. C'est pour ça que je vous parlais d'outils. Nous, on va donner cet outil avec tous les moyens possibles que nous, on peut offrir, qu'on peut permettre pour que l'entourage prenne conscience des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, tout ça, j'imagine qu'il y a besoin d'une aire de la guerre pour faire tout ça. Et après, en même temps, c'est aussi l'objectif du podcaston, donc ça tombe super bien. Comment est-ce que vous trouvez les financements pour tout ça

  • Speaker #0

    Alors, du coup, on a déjà eu une subvention de la Fondation de Sodebo, comme je vous disais, et c'est pour trois accompagnements. Donc en fait, ça reste assez... C'est très bien, ça nous permet de commencer et vraiment, on les remercie. Mais effectivement, pour continuer, il va falloir un peu plus d'argent. En gros, si je vous... Concrètement, je vous parle, un accompagnement, ça nous coûte entre 865 et 1000 euros. Ça dépend en fait des déplacements qu'on doit faire, etc. Mais c'est à peu près ça. L'idée, c'est qu'à chaque accompagnement, on est à peu près cette somme-là. Donc, nous, on fait des demandes de subventions auprès de fondations d'entreprises, auprès de diverses structures. Mais évidemment, les demandes de subventions, il y en a beaucoup qui le font, et beaucoup d'associations qui le font, et puis il y a un certain délai. Ensuite, on a notre campagne de crowdfunding pour le lancement. qui est disponible sur notre compte Hello Asso.

  • Speaker #1

    On trouve le lien sur votre site Internet, il me semble.

  • Speaker #0

    Oui, on trouve le lien sur le site Internet. Vous pouvez taper Hello Asso et défragmenter. Du coup, vous allez pouvoir trouver notre campagne. Et aussi, on l'a sur Instagram. En bio, il y a la possibilité d'être envoyé directement dessus. Donc ça, on a une première campagne de crowdfunding. Et du coup, ça, c'est un petit peu... de tout le montant dont on aurait besoin pour faire toute l'année et l'ensemble des accompagnements qu'on s'est fixés pour l'année 2024-2025. On a eu aussi une initiative personnelle d'une personne qui s'appelle Iris Mililoba et qui, en prenant connaissance de notre association, elle connaît des voix de Sophie, et du coup, elle est sportive et elle a décidé de courir l'Ultra Trail de l'Ardèche le 20 avril. Elle a été victime d'inceste aussi, et donc c'est un sujet qui la touche. Il y a une campagne que nous, on a montée via LOSO aussi, pour pouvoir la soutenir. Elle souhaite par son action récolter 8 accompagnements. C'est un montant de 8 650, donc ça monte tout doucement. Donc voilà, c'est vraiment... C'est vraiment quelque chose qu'on aimerait, qu'on aimerait, qui puisse grandir et continuer. Et puis voilà, après, et après, c'est... Enfin voilà, donc ce que je voulais dire, c'était qu'aujourd'hui, on commence à avoir des personnes qui sont sur liste d'attente. En gros, en fait, on a plus ou moins, en fait, on a à peu près sept personnes en ce moment sur liste d'attente, ce qui est quand même beaucoup, parce que du coup... Du coup, ça fait quand même beaucoup de personnes qui attendent, pour nous en tout cas, pour nos débuts. Et donc, on aimerait vraiment pouvoir répondre à ça. Et voilà, c'est un petit peu l'idée.

  • Speaker #1

    Et donc, je précise à nouveau que sur la page du podcaston, à la page de cet épisode, on peut trouver tous les liens pour faire des dons. Et puis, je mettrai aussi, moi, dans la description de l'épisode, tous les liens. pour vous contacter toutes les trois et puis pour vous soutenir.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à vous, Laurence. Merci de nous avoir permis de mettre en lumière notre association.

  • Speaker #1

    Écoutez, on reste en contact de toute façon. Et puis, je souhaite une longue vie à défragmenter. Merci à vous pour cet entretien qui a été très instructif et très enthousiasmant. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci, Laurence.

  • Speaker #1

    Et à bientôt, Sarah. Au revoir.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Nouveaux chemins est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simond, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, n'hésitez pas à laisser des commentaires, des étoiles, à le partager et à vous abonner. Rendez-vous dans trois semaines pour le prochain épisode.

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