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Enfance et émotions

Enfance et émotions

13min |27/04/2024|

19

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Enfance et émotions

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13min |27/04/2024|

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Description

❌ Ne vous laissez pas intimider par ceux qui vous disent que "votre enfant ne sait pas gérer ses émotions"

Gérer les émotions ! quelle vilaine expression!🤢


Reconnaître ses émotions est le 1er pas vers la connaissance de soi,


👍 C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre.


💪Et vous êtes les mieux placés pour le faire !🧡


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors là, la coupe est pleine. Il est clair que cet enfant, il a quelque chose qui cloche. Il nous fait vivre à tous un enfer tous les jours. Impossible de le maîtriser et surtout impossible de prévoir ses crises. Du haut de ses trois pommes, il fait souffler dans la classe un ouragan d'émotions. Quand il est content, il pousse des cris de joie. Quand il n'obtient pas ce qu'il veut, il crie, mais il frappe aussi. Et puis il pleure. Et encore, s'il ne faisait que pleurer, mais il se roule par terre, il tape des pieds en hurlant. C'est carrément plus possible, quoi. Non, mais vous imaginez dans une classe de maternelle de 28 enfants, s'ils faisaient tous ça ? Moi, je ne m'en sors plus, c'est sûr. Il faut que les parents fassent quelque chose. Ok, ok, ok, stop. On rembobine. C'est un vrai cauchemar pour moi d'entendre ça. Et pourtant, c'est ce que me rapportent nombre de parents. Ils viennent me trouver pour que je fasse quelque chose pour leur enfant. Et en général, c'est à l'école qu'on leur a dit que leur enfant devrait peut-être voir quelqu'un parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. Pour moi, il y a plusieurs problèmes dans cette remarque. D'abord, les enfants n'ont pas de problème. Ils sont submergés par leurs émotions et ça arrive à tout le monde. Ensuite, empêcher quelqu'un, enfant ou adulte, d'exprimer ses émotions, c'est non seulement impossible, mais surtout, c'est une très mauvaise idée. Et enfin, les émotions. Ça ne se gère pas, ça s'explique et ça s'apprivoise. Nouveau chemin, le podcast qui vous révèle les ressorts psychologiques d'une vie épanouie par Laurence Simon, saison 2, épisode 22. Comment ça marche les émotions chez les enfants ? Eh bien, ça marche comme chez les adultes. Les émotions surgissent en réaction ou en accompagnement de ce que nous vivons. Ce sont des adaptations au vécu. C'est pour ça que nous n'avons pas tous les mêmes émotions face à une situation similaire. Imaginons par exemple deux personnes qui marchent tranquillement dans la rue. Elles se promènent et soudain elles sont témoins d'une grave agression qui a lieu sous leur nez, juste devant elles sur le trottoir. Une femme est en train de se faire agresser physiquement par quelqu'un. Elles ont alors chacune d'entre elles deux émotions différentes. L'une a très peur, une peur panique qui la fait fuir. L'autre, en revanche, est instantanément prise d'une colère noire et elle saute sur l'agresseur. Elles pourraient aussi avoir la même émotion, la peur par exemple, mais l'une pourrait s'enfuir et l'autre se battre. Donc les émotions sont le résultat de ce que nous comprenons, de ce que nous sommes en train de vivre et elles peuvent nous faire réagir de façon diamétralement opposée, soit que ce soit une émotion différente, soit que ce soit la même émotion. Mais alors que l'adulte sait reconnaître la colère ou la peur ou une autre émotion, l'enfant, lui, ne fait pas encore cette distinction. Pour un enfant, ce ne sont que des ressentis. Ce qu'il est en train de vivre est agréable ou désagréable, il se sent bien ou pas bien. Et ce ressenti va influencer son comportement. Bien sûr, comme les adultes, ces ressentis sont parfois modérés et parfois très violents, très envahissants. L'enfant se retrouve alors dans une tempête émotionnelle qui le submerge et à laquelle il ne comprend rien. Les émotions sont pour lui des énigmes. Il ne sait pas les reconnaître, encore moins les nommer. Tout ce qu'il ressent, c'est un mélange confus de sensations allant du tumulte à l'apathie, sans qu'il comprenne pourquoi. Pourquoi crie-t-il ? Pourquoi mort-il ? Pourquoi pleure-t-il ? Il n'en sait rien. Il ne fait que réagir à une situation de confort ou d'inconfort. L'enfant est donc d'une certaine façon à la merci de ses émotions, comme certains adultes d'ailleurs, ou la plupart des adultes dans certaines situations. Mais à la différence des adultes, l'enfant ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut donc pas agir ou raisonner sur ce qui lui arrive, sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il fait. Les manifestations des émotions chez les enfants sont souvent débordantes, envahissantes. Une émotion désagréable, la colère ou la frustration par exemple, va provoquer des manifestations violentes. Ils crient, ils frappent, ils tapent du pied, ils se roulent par terre, souvent même tous en même temps. Une émotion agréable, par contre, comme la joie, et il va courir partout, sauter sur le canapé, crier, rire. C'est instinctif. Il ne sait pas pourquoi il se comporte comme ça. Et surtout, il ne sait pas comment s'arrêter. Combien d'enfants s'endorment d'épuisement après une colère ? Combien d'enfants ont répondu je ne sais pas quand on leur demande pourquoi ils ont donné un coup de pied au copain ? Le problème, à mon sens, ne vient pas que ces comportements soient débordants, mais du fait que la plupart des adultes ne savent pas faire face à un enfant qui explose émotionnellement. C'est l'incompréhension et la défaillance des adultes qui posent problème. Donc, certains adultes disent qu'il faut que l'enfant apprenne à gérer ses émotions. Je n'aime pas du tout cette expression gérer les émotions La définition du verbe gérer dans le Larousse, c'est s'occuper activement d'un problème, affronter une situation difficile. Dire, il faut qu'il apprenne à gérer ses émotions, c'est faire de l'émotion un problème. C'est vouloir régler le problème, donc le dompter, le minimiser, ne pas faire sortir l'émotion ou bien faire comme si elle n'existait pas. C'est dire en un mot, ton émotion, je ne veux pas l'avoir, et tu ne dois pas la montrer. Donc, avant même que l'enfant comprenne et apprenne ce que sont les émotions, on lui fait savoir que ce n'est pas bien. Bonjour la culpabilité quand même. Et bonjour la culpabilité pour les parents aussi. S'entendre dire à la sortie de l'école Bon, alors, je pense que votre enfant a un problème, il faudrait peut-être que vous l'emmeniez chez un psy parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. C'est dire, de façon à peine voilée, Vous n'avez pas bien élevé votre enfant. Or, les émotions sont naturelles, tout le monde en a. C'est ce qui donne ses couleurs à la vie. Sans les émotions, pas de nuances dans les relations entre humains, pas d'adaptation juste aux situations et pas de connaissance de soi. Bien sûr, ce n'est pas facile si votre enfant fait une crise de colère ou de frustration dans les rayons du supermarché et qu'il se roule par terre en criant. Mais c'est le signe qu'il a des émotions qu'il exprime Et donc, c'est une excellente nouvelle. Et c'est aussi le signe qu'il a besoin de vous. On ne peut pas demander à un enfant de savoir sans avoir appris. Les émotions, ça ne se gère pas. Il est temps d'accompagner les enfants pour qu'ils puissent les reconnaître, les accepter, les comprendre et en faire une force. Ok, alors comment on fait ça ? Déjà, pour commencer, il faut nommer les émotions. Au moment où elles se manifestent ou tout de suite après. Si Arthur, par exemple, vient de crier, peut-être qu'il est en colère ou bien qu'il a eu peur. Donc on peut lui dire, par exemple, Ouh là, j'ai l'impression que tu es très en colère. Nommer les émotions, c'est déjà faire comprendre à son enfant que ce qui lui arrive est normal, qu'on sait ce que c'est et qu'on va l'aider. C'est déjà normaliser l'émotion. car il est indispensable de normaliser l'émotion au ressenti. Bien sûr que c'est normal que Joseph soit jaloux quand sa sœur est dans les bras de sa maman et pas lui. Bien sûr que c'est normal que Pierre soit en colère parce que son copain lui a pris son jouet. Et évidemment que c'est normal que Fanny soit frustrée parce qu'elle a été obligée de partager sa part de gâteau avec une fille qui en plus n'est même pas sa copine. Il existe aujourd'hui des tas de jeux, de livres, de tableaux pour découvrir les émotions. Celui que j'aime bien, pour ma part, c'est l'émotionmètre, parce que l'enfant peut apporter des nuances sur l'intensité de son émotion et il peut combiner les émotions entre elles. Et c'est un outil qui permet d'expliquer les relations des émotions entre elles, comment une émotion peut être la conséquence d'une autre. Par exemple, j'ai reçu un jour un petit garçon qui avait du mal à accepter l'arrivée de sa petite sœur dans la famille. Alors il était plutôt méchant avec elle, il disait des trucs pas sympas à son sujet et il faisait beaucoup de colère. Donc je lui demande comment il se sent et il me répond en colère. Et quoi d'autre ? je lui demande. Et là, il me dit un peu frustré et jaloux aussi Et il place ses émotions sur l'émotionmètre de sorte que sa forte émotion est la colère, puis la frustration un peu moins et la jalousie encore moins. Après l'avoir félicité parce que c'est pas si facile d'identifier la frustration pour un enfant de 5 ans, je lui dis Je me demande si tu ne serais pas surtout jaloux de ta sœur parce qu'elle accapare beaucoup ta maman et que cette jalousie te frustre puisque tu ne peux plus avoir ta maman pour toi tout seul et que tout ça te met en colère. Ainsi, ce petit garçon a compris le lien qui existe entre ces trois émotions. Avec l'émotionmètre, vous pouvez aussi placer vos propres émotions. Par exemple, à propos d'une situation que vous avez vécue avec votre enfant, vous pouvez, vous aussi, lui montrer que vous avez des émotions, lesquelles et avec quelle intensité. Et ainsi, on partage l'expérience, le ressenti d'une même expérience. Et ainsi, il apprend que non seulement on peut vivre la même expérience et ne pas avoir ressenti la même chose, et il comprend en même temps que lui a ressenti quelque chose de particulier, mais que quelqu'un d'autre a vécu la chose différemment. Et ça, c'est déjà une première ouverture vers l'empathie. Si, à chaque fois que votre enfant manifeste trop bruyamment son émotion, vous lui dites qu'il ne doit pas faire ça, que vous n'êtes pas contente après lui, il reste avec quelque chose qu'il ne comprend pas, mais qu'il ne peut pas maîtriser, et il comprend qu'il a un problème. Si, à l'inverse, à chaque fois qu'il manifeste une émotion, même avec violence, vous l'aidez à la nommer, vous l'aidez à comprendre ce qui le fait agir de la sorte, il apprend à se connaître et il gagne en confiance en lui. Reconnaître les émotions est le premier pas vers la maîtrise de soi. Accepter leur présence, même des plus désagréables, est la clé de l'équilibre intérieur. Comprendre leur origine et leur impact permet de les apprivoiser, de les canaliser et donc d'adapter son comportement, de les extérioriser de façon moins envahissante pour soi et pour les autres. Ainsi, il est possible de transformer ces émotions en une force, de pouvoir faire preuve d'empathie et de compréhension des autres. C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre. Et ça commence par une simple vérité. Les émotions sont là pour nous guider, nous enseigner et nous connecter les uns aux autres. C'est comme un océan tumultueux, c'est pas toujours facile d'y naviguer, mais c'est un voyage vers la compréhension de soi et des autres. À suivre ! Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Description

❌ Ne vous laissez pas intimider par ceux qui vous disent que "votre enfant ne sait pas gérer ses émotions"

Gérer les émotions ! quelle vilaine expression!🤢


Reconnaître ses émotions est le 1er pas vers la connaissance de soi,


👍 C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre.


💪Et vous êtes les mieux placés pour le faire !🧡


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors là, la coupe est pleine. Il est clair que cet enfant, il a quelque chose qui cloche. Il nous fait vivre à tous un enfer tous les jours. Impossible de le maîtriser et surtout impossible de prévoir ses crises. Du haut de ses trois pommes, il fait souffler dans la classe un ouragan d'émotions. Quand il est content, il pousse des cris de joie. Quand il n'obtient pas ce qu'il veut, il crie, mais il frappe aussi. Et puis il pleure. Et encore, s'il ne faisait que pleurer, mais il se roule par terre, il tape des pieds en hurlant. C'est carrément plus possible, quoi. Non, mais vous imaginez dans une classe de maternelle de 28 enfants, s'ils faisaient tous ça ? Moi, je ne m'en sors plus, c'est sûr. Il faut que les parents fassent quelque chose. Ok, ok, ok, stop. On rembobine. C'est un vrai cauchemar pour moi d'entendre ça. Et pourtant, c'est ce que me rapportent nombre de parents. Ils viennent me trouver pour que je fasse quelque chose pour leur enfant. Et en général, c'est à l'école qu'on leur a dit que leur enfant devrait peut-être voir quelqu'un parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. Pour moi, il y a plusieurs problèmes dans cette remarque. D'abord, les enfants n'ont pas de problème. Ils sont submergés par leurs émotions et ça arrive à tout le monde. Ensuite, empêcher quelqu'un, enfant ou adulte, d'exprimer ses émotions, c'est non seulement impossible, mais surtout, c'est une très mauvaise idée. Et enfin, les émotions. Ça ne se gère pas, ça s'explique et ça s'apprivoise. Nouveau chemin, le podcast qui vous révèle les ressorts psychologiques d'une vie épanouie par Laurence Simon, saison 2, épisode 22. Comment ça marche les émotions chez les enfants ? Eh bien, ça marche comme chez les adultes. Les émotions surgissent en réaction ou en accompagnement de ce que nous vivons. Ce sont des adaptations au vécu. C'est pour ça que nous n'avons pas tous les mêmes émotions face à une situation similaire. Imaginons par exemple deux personnes qui marchent tranquillement dans la rue. Elles se promènent et soudain elles sont témoins d'une grave agression qui a lieu sous leur nez, juste devant elles sur le trottoir. Une femme est en train de se faire agresser physiquement par quelqu'un. Elles ont alors chacune d'entre elles deux émotions différentes. L'une a très peur, une peur panique qui la fait fuir. L'autre, en revanche, est instantanément prise d'une colère noire et elle saute sur l'agresseur. Elles pourraient aussi avoir la même émotion, la peur par exemple, mais l'une pourrait s'enfuir et l'autre se battre. Donc les émotions sont le résultat de ce que nous comprenons, de ce que nous sommes en train de vivre et elles peuvent nous faire réagir de façon diamétralement opposée, soit que ce soit une émotion différente, soit que ce soit la même émotion. Mais alors que l'adulte sait reconnaître la colère ou la peur ou une autre émotion, l'enfant, lui, ne fait pas encore cette distinction. Pour un enfant, ce ne sont que des ressentis. Ce qu'il est en train de vivre est agréable ou désagréable, il se sent bien ou pas bien. Et ce ressenti va influencer son comportement. Bien sûr, comme les adultes, ces ressentis sont parfois modérés et parfois très violents, très envahissants. L'enfant se retrouve alors dans une tempête émotionnelle qui le submerge et à laquelle il ne comprend rien. Les émotions sont pour lui des énigmes. Il ne sait pas les reconnaître, encore moins les nommer. Tout ce qu'il ressent, c'est un mélange confus de sensations allant du tumulte à l'apathie, sans qu'il comprenne pourquoi. Pourquoi crie-t-il ? Pourquoi mort-il ? Pourquoi pleure-t-il ? Il n'en sait rien. Il ne fait que réagir à une situation de confort ou d'inconfort. L'enfant est donc d'une certaine façon à la merci de ses émotions, comme certains adultes d'ailleurs, ou la plupart des adultes dans certaines situations. Mais à la différence des adultes, l'enfant ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut donc pas agir ou raisonner sur ce qui lui arrive, sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il fait. Les manifestations des émotions chez les enfants sont souvent débordantes, envahissantes. Une émotion désagréable, la colère ou la frustration par exemple, va provoquer des manifestations violentes. Ils crient, ils frappent, ils tapent du pied, ils se roulent par terre, souvent même tous en même temps. Une émotion agréable, par contre, comme la joie, et il va courir partout, sauter sur le canapé, crier, rire. C'est instinctif. Il ne sait pas pourquoi il se comporte comme ça. Et surtout, il ne sait pas comment s'arrêter. Combien d'enfants s'endorment d'épuisement après une colère ? Combien d'enfants ont répondu je ne sais pas quand on leur demande pourquoi ils ont donné un coup de pied au copain ? Le problème, à mon sens, ne vient pas que ces comportements soient débordants, mais du fait que la plupart des adultes ne savent pas faire face à un enfant qui explose émotionnellement. C'est l'incompréhension et la défaillance des adultes qui posent problème. Donc, certains adultes disent qu'il faut que l'enfant apprenne à gérer ses émotions. Je n'aime pas du tout cette expression gérer les émotions La définition du verbe gérer dans le Larousse, c'est s'occuper activement d'un problème, affronter une situation difficile. Dire, il faut qu'il apprenne à gérer ses émotions, c'est faire de l'émotion un problème. C'est vouloir régler le problème, donc le dompter, le minimiser, ne pas faire sortir l'émotion ou bien faire comme si elle n'existait pas. C'est dire en un mot, ton émotion, je ne veux pas l'avoir, et tu ne dois pas la montrer. Donc, avant même que l'enfant comprenne et apprenne ce que sont les émotions, on lui fait savoir que ce n'est pas bien. Bonjour la culpabilité quand même. Et bonjour la culpabilité pour les parents aussi. S'entendre dire à la sortie de l'école Bon, alors, je pense que votre enfant a un problème, il faudrait peut-être que vous l'emmeniez chez un psy parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. C'est dire, de façon à peine voilée, Vous n'avez pas bien élevé votre enfant. Or, les émotions sont naturelles, tout le monde en a. C'est ce qui donne ses couleurs à la vie. Sans les émotions, pas de nuances dans les relations entre humains, pas d'adaptation juste aux situations et pas de connaissance de soi. Bien sûr, ce n'est pas facile si votre enfant fait une crise de colère ou de frustration dans les rayons du supermarché et qu'il se roule par terre en criant. Mais c'est le signe qu'il a des émotions qu'il exprime Et donc, c'est une excellente nouvelle. Et c'est aussi le signe qu'il a besoin de vous. On ne peut pas demander à un enfant de savoir sans avoir appris. Les émotions, ça ne se gère pas. Il est temps d'accompagner les enfants pour qu'ils puissent les reconnaître, les accepter, les comprendre et en faire une force. Ok, alors comment on fait ça ? Déjà, pour commencer, il faut nommer les émotions. Au moment où elles se manifestent ou tout de suite après. Si Arthur, par exemple, vient de crier, peut-être qu'il est en colère ou bien qu'il a eu peur. Donc on peut lui dire, par exemple, Ouh là, j'ai l'impression que tu es très en colère. Nommer les émotions, c'est déjà faire comprendre à son enfant que ce qui lui arrive est normal, qu'on sait ce que c'est et qu'on va l'aider. C'est déjà normaliser l'émotion. car il est indispensable de normaliser l'émotion au ressenti. Bien sûr que c'est normal que Joseph soit jaloux quand sa sœur est dans les bras de sa maman et pas lui. Bien sûr que c'est normal que Pierre soit en colère parce que son copain lui a pris son jouet. Et évidemment que c'est normal que Fanny soit frustrée parce qu'elle a été obligée de partager sa part de gâteau avec une fille qui en plus n'est même pas sa copine. Il existe aujourd'hui des tas de jeux, de livres, de tableaux pour découvrir les émotions. Celui que j'aime bien, pour ma part, c'est l'émotionmètre, parce que l'enfant peut apporter des nuances sur l'intensité de son émotion et il peut combiner les émotions entre elles. Et c'est un outil qui permet d'expliquer les relations des émotions entre elles, comment une émotion peut être la conséquence d'une autre. Par exemple, j'ai reçu un jour un petit garçon qui avait du mal à accepter l'arrivée de sa petite sœur dans la famille. Alors il était plutôt méchant avec elle, il disait des trucs pas sympas à son sujet et il faisait beaucoup de colère. Donc je lui demande comment il se sent et il me répond en colère. Et quoi d'autre ? je lui demande. Et là, il me dit un peu frustré et jaloux aussi Et il place ses émotions sur l'émotionmètre de sorte que sa forte émotion est la colère, puis la frustration un peu moins et la jalousie encore moins. Après l'avoir félicité parce que c'est pas si facile d'identifier la frustration pour un enfant de 5 ans, je lui dis Je me demande si tu ne serais pas surtout jaloux de ta sœur parce qu'elle accapare beaucoup ta maman et que cette jalousie te frustre puisque tu ne peux plus avoir ta maman pour toi tout seul et que tout ça te met en colère. Ainsi, ce petit garçon a compris le lien qui existe entre ces trois émotions. Avec l'émotionmètre, vous pouvez aussi placer vos propres émotions. Par exemple, à propos d'une situation que vous avez vécue avec votre enfant, vous pouvez, vous aussi, lui montrer que vous avez des émotions, lesquelles et avec quelle intensité. Et ainsi, on partage l'expérience, le ressenti d'une même expérience. Et ainsi, il apprend que non seulement on peut vivre la même expérience et ne pas avoir ressenti la même chose, et il comprend en même temps que lui a ressenti quelque chose de particulier, mais que quelqu'un d'autre a vécu la chose différemment. Et ça, c'est déjà une première ouverture vers l'empathie. Si, à chaque fois que votre enfant manifeste trop bruyamment son émotion, vous lui dites qu'il ne doit pas faire ça, que vous n'êtes pas contente après lui, il reste avec quelque chose qu'il ne comprend pas, mais qu'il ne peut pas maîtriser, et il comprend qu'il a un problème. Si, à l'inverse, à chaque fois qu'il manifeste une émotion, même avec violence, vous l'aidez à la nommer, vous l'aidez à comprendre ce qui le fait agir de la sorte, il apprend à se connaître et il gagne en confiance en lui. Reconnaître les émotions est le premier pas vers la maîtrise de soi. Accepter leur présence, même des plus désagréables, est la clé de l'équilibre intérieur. Comprendre leur origine et leur impact permet de les apprivoiser, de les canaliser et donc d'adapter son comportement, de les extérioriser de façon moins envahissante pour soi et pour les autres. Ainsi, il est possible de transformer ces émotions en une force, de pouvoir faire preuve d'empathie et de compréhension des autres. C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre. Et ça commence par une simple vérité. Les émotions sont là pour nous guider, nous enseigner et nous connecter les uns aux autres. C'est comme un océan tumultueux, c'est pas toujours facile d'y naviguer, mais c'est un voyage vers la compréhension de soi et des autres. À suivre ! Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

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❌ Ne vous laissez pas intimider par ceux qui vous disent que "votre enfant ne sait pas gérer ses émotions"

Gérer les émotions ! quelle vilaine expression!🤢


Reconnaître ses émotions est le 1er pas vers la connaissance de soi,


👍 C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre.


💪Et vous êtes les mieux placés pour le faire !🧡


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors là, la coupe est pleine. Il est clair que cet enfant, il a quelque chose qui cloche. Il nous fait vivre à tous un enfer tous les jours. Impossible de le maîtriser et surtout impossible de prévoir ses crises. Du haut de ses trois pommes, il fait souffler dans la classe un ouragan d'émotions. Quand il est content, il pousse des cris de joie. Quand il n'obtient pas ce qu'il veut, il crie, mais il frappe aussi. Et puis il pleure. Et encore, s'il ne faisait que pleurer, mais il se roule par terre, il tape des pieds en hurlant. C'est carrément plus possible, quoi. Non, mais vous imaginez dans une classe de maternelle de 28 enfants, s'ils faisaient tous ça ? Moi, je ne m'en sors plus, c'est sûr. Il faut que les parents fassent quelque chose. Ok, ok, ok, stop. On rembobine. C'est un vrai cauchemar pour moi d'entendre ça. Et pourtant, c'est ce que me rapportent nombre de parents. Ils viennent me trouver pour que je fasse quelque chose pour leur enfant. Et en général, c'est à l'école qu'on leur a dit que leur enfant devrait peut-être voir quelqu'un parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. Pour moi, il y a plusieurs problèmes dans cette remarque. D'abord, les enfants n'ont pas de problème. Ils sont submergés par leurs émotions et ça arrive à tout le monde. Ensuite, empêcher quelqu'un, enfant ou adulte, d'exprimer ses émotions, c'est non seulement impossible, mais surtout, c'est une très mauvaise idée. Et enfin, les émotions. Ça ne se gère pas, ça s'explique et ça s'apprivoise. Nouveau chemin, le podcast qui vous révèle les ressorts psychologiques d'une vie épanouie par Laurence Simon, saison 2, épisode 22. Comment ça marche les émotions chez les enfants ? Eh bien, ça marche comme chez les adultes. Les émotions surgissent en réaction ou en accompagnement de ce que nous vivons. Ce sont des adaptations au vécu. C'est pour ça que nous n'avons pas tous les mêmes émotions face à une situation similaire. Imaginons par exemple deux personnes qui marchent tranquillement dans la rue. Elles se promènent et soudain elles sont témoins d'une grave agression qui a lieu sous leur nez, juste devant elles sur le trottoir. Une femme est en train de se faire agresser physiquement par quelqu'un. Elles ont alors chacune d'entre elles deux émotions différentes. L'une a très peur, une peur panique qui la fait fuir. L'autre, en revanche, est instantanément prise d'une colère noire et elle saute sur l'agresseur. Elles pourraient aussi avoir la même émotion, la peur par exemple, mais l'une pourrait s'enfuir et l'autre se battre. Donc les émotions sont le résultat de ce que nous comprenons, de ce que nous sommes en train de vivre et elles peuvent nous faire réagir de façon diamétralement opposée, soit que ce soit une émotion différente, soit que ce soit la même émotion. Mais alors que l'adulte sait reconnaître la colère ou la peur ou une autre émotion, l'enfant, lui, ne fait pas encore cette distinction. Pour un enfant, ce ne sont que des ressentis. Ce qu'il est en train de vivre est agréable ou désagréable, il se sent bien ou pas bien. Et ce ressenti va influencer son comportement. Bien sûr, comme les adultes, ces ressentis sont parfois modérés et parfois très violents, très envahissants. L'enfant se retrouve alors dans une tempête émotionnelle qui le submerge et à laquelle il ne comprend rien. Les émotions sont pour lui des énigmes. Il ne sait pas les reconnaître, encore moins les nommer. Tout ce qu'il ressent, c'est un mélange confus de sensations allant du tumulte à l'apathie, sans qu'il comprenne pourquoi. Pourquoi crie-t-il ? Pourquoi mort-il ? Pourquoi pleure-t-il ? Il n'en sait rien. Il ne fait que réagir à une situation de confort ou d'inconfort. L'enfant est donc d'une certaine façon à la merci de ses émotions, comme certains adultes d'ailleurs, ou la plupart des adultes dans certaines situations. Mais à la différence des adultes, l'enfant ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut donc pas agir ou raisonner sur ce qui lui arrive, sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il fait. Les manifestations des émotions chez les enfants sont souvent débordantes, envahissantes. Une émotion désagréable, la colère ou la frustration par exemple, va provoquer des manifestations violentes. Ils crient, ils frappent, ils tapent du pied, ils se roulent par terre, souvent même tous en même temps. Une émotion agréable, par contre, comme la joie, et il va courir partout, sauter sur le canapé, crier, rire. C'est instinctif. Il ne sait pas pourquoi il se comporte comme ça. Et surtout, il ne sait pas comment s'arrêter. Combien d'enfants s'endorment d'épuisement après une colère ? Combien d'enfants ont répondu je ne sais pas quand on leur demande pourquoi ils ont donné un coup de pied au copain ? Le problème, à mon sens, ne vient pas que ces comportements soient débordants, mais du fait que la plupart des adultes ne savent pas faire face à un enfant qui explose émotionnellement. C'est l'incompréhension et la défaillance des adultes qui posent problème. Donc, certains adultes disent qu'il faut que l'enfant apprenne à gérer ses émotions. Je n'aime pas du tout cette expression gérer les émotions La définition du verbe gérer dans le Larousse, c'est s'occuper activement d'un problème, affronter une situation difficile. Dire, il faut qu'il apprenne à gérer ses émotions, c'est faire de l'émotion un problème. C'est vouloir régler le problème, donc le dompter, le minimiser, ne pas faire sortir l'émotion ou bien faire comme si elle n'existait pas. C'est dire en un mot, ton émotion, je ne veux pas l'avoir, et tu ne dois pas la montrer. Donc, avant même que l'enfant comprenne et apprenne ce que sont les émotions, on lui fait savoir que ce n'est pas bien. Bonjour la culpabilité quand même. Et bonjour la culpabilité pour les parents aussi. S'entendre dire à la sortie de l'école Bon, alors, je pense que votre enfant a un problème, il faudrait peut-être que vous l'emmeniez chez un psy parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. C'est dire, de façon à peine voilée, Vous n'avez pas bien élevé votre enfant. Or, les émotions sont naturelles, tout le monde en a. C'est ce qui donne ses couleurs à la vie. Sans les émotions, pas de nuances dans les relations entre humains, pas d'adaptation juste aux situations et pas de connaissance de soi. Bien sûr, ce n'est pas facile si votre enfant fait une crise de colère ou de frustration dans les rayons du supermarché et qu'il se roule par terre en criant. Mais c'est le signe qu'il a des émotions qu'il exprime Et donc, c'est une excellente nouvelle. Et c'est aussi le signe qu'il a besoin de vous. On ne peut pas demander à un enfant de savoir sans avoir appris. Les émotions, ça ne se gère pas. Il est temps d'accompagner les enfants pour qu'ils puissent les reconnaître, les accepter, les comprendre et en faire une force. Ok, alors comment on fait ça ? Déjà, pour commencer, il faut nommer les émotions. Au moment où elles se manifestent ou tout de suite après. Si Arthur, par exemple, vient de crier, peut-être qu'il est en colère ou bien qu'il a eu peur. Donc on peut lui dire, par exemple, Ouh là, j'ai l'impression que tu es très en colère. Nommer les émotions, c'est déjà faire comprendre à son enfant que ce qui lui arrive est normal, qu'on sait ce que c'est et qu'on va l'aider. C'est déjà normaliser l'émotion. car il est indispensable de normaliser l'émotion au ressenti. Bien sûr que c'est normal que Joseph soit jaloux quand sa sœur est dans les bras de sa maman et pas lui. Bien sûr que c'est normal que Pierre soit en colère parce que son copain lui a pris son jouet. Et évidemment que c'est normal que Fanny soit frustrée parce qu'elle a été obligée de partager sa part de gâteau avec une fille qui en plus n'est même pas sa copine. Il existe aujourd'hui des tas de jeux, de livres, de tableaux pour découvrir les émotions. Celui que j'aime bien, pour ma part, c'est l'émotionmètre, parce que l'enfant peut apporter des nuances sur l'intensité de son émotion et il peut combiner les émotions entre elles. Et c'est un outil qui permet d'expliquer les relations des émotions entre elles, comment une émotion peut être la conséquence d'une autre. Par exemple, j'ai reçu un jour un petit garçon qui avait du mal à accepter l'arrivée de sa petite sœur dans la famille. Alors il était plutôt méchant avec elle, il disait des trucs pas sympas à son sujet et il faisait beaucoup de colère. Donc je lui demande comment il se sent et il me répond en colère. Et quoi d'autre ? je lui demande. Et là, il me dit un peu frustré et jaloux aussi Et il place ses émotions sur l'émotionmètre de sorte que sa forte émotion est la colère, puis la frustration un peu moins et la jalousie encore moins. Après l'avoir félicité parce que c'est pas si facile d'identifier la frustration pour un enfant de 5 ans, je lui dis Je me demande si tu ne serais pas surtout jaloux de ta sœur parce qu'elle accapare beaucoup ta maman et que cette jalousie te frustre puisque tu ne peux plus avoir ta maman pour toi tout seul et que tout ça te met en colère. Ainsi, ce petit garçon a compris le lien qui existe entre ces trois émotions. Avec l'émotionmètre, vous pouvez aussi placer vos propres émotions. Par exemple, à propos d'une situation que vous avez vécue avec votre enfant, vous pouvez, vous aussi, lui montrer que vous avez des émotions, lesquelles et avec quelle intensité. Et ainsi, on partage l'expérience, le ressenti d'une même expérience. Et ainsi, il apprend que non seulement on peut vivre la même expérience et ne pas avoir ressenti la même chose, et il comprend en même temps que lui a ressenti quelque chose de particulier, mais que quelqu'un d'autre a vécu la chose différemment. Et ça, c'est déjà une première ouverture vers l'empathie. Si, à chaque fois que votre enfant manifeste trop bruyamment son émotion, vous lui dites qu'il ne doit pas faire ça, que vous n'êtes pas contente après lui, il reste avec quelque chose qu'il ne comprend pas, mais qu'il ne peut pas maîtriser, et il comprend qu'il a un problème. Si, à l'inverse, à chaque fois qu'il manifeste une émotion, même avec violence, vous l'aidez à la nommer, vous l'aidez à comprendre ce qui le fait agir de la sorte, il apprend à se connaître et il gagne en confiance en lui. Reconnaître les émotions est le premier pas vers la maîtrise de soi. Accepter leur présence, même des plus désagréables, est la clé de l'équilibre intérieur. Comprendre leur origine et leur impact permet de les apprivoiser, de les canaliser et donc d'adapter son comportement, de les extérioriser de façon moins envahissante pour soi et pour les autres. Ainsi, il est possible de transformer ces émotions en une force, de pouvoir faire preuve d'empathie et de compréhension des autres. C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre. Et ça commence par une simple vérité. Les émotions sont là pour nous guider, nous enseigner et nous connecter les uns aux autres. C'est comme un océan tumultueux, c'est pas toujours facile d'y naviguer, mais c'est un voyage vers la compréhension de soi et des autres. À suivre ! Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

Description

❌ Ne vous laissez pas intimider par ceux qui vous disent que "votre enfant ne sait pas gérer ses émotions"

Gérer les émotions ! quelle vilaine expression!🤢


Reconnaître ses émotions est le 1er pas vers la connaissance de soi,


👍 C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre.


💪Et vous êtes les mieux placés pour le faire !🧡


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors là, la coupe est pleine. Il est clair que cet enfant, il a quelque chose qui cloche. Il nous fait vivre à tous un enfer tous les jours. Impossible de le maîtriser et surtout impossible de prévoir ses crises. Du haut de ses trois pommes, il fait souffler dans la classe un ouragan d'émotions. Quand il est content, il pousse des cris de joie. Quand il n'obtient pas ce qu'il veut, il crie, mais il frappe aussi. Et puis il pleure. Et encore, s'il ne faisait que pleurer, mais il se roule par terre, il tape des pieds en hurlant. C'est carrément plus possible, quoi. Non, mais vous imaginez dans une classe de maternelle de 28 enfants, s'ils faisaient tous ça ? Moi, je ne m'en sors plus, c'est sûr. Il faut que les parents fassent quelque chose. Ok, ok, ok, stop. On rembobine. C'est un vrai cauchemar pour moi d'entendre ça. Et pourtant, c'est ce que me rapportent nombre de parents. Ils viennent me trouver pour que je fasse quelque chose pour leur enfant. Et en général, c'est à l'école qu'on leur a dit que leur enfant devrait peut-être voir quelqu'un parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. Pour moi, il y a plusieurs problèmes dans cette remarque. D'abord, les enfants n'ont pas de problème. Ils sont submergés par leurs émotions et ça arrive à tout le monde. Ensuite, empêcher quelqu'un, enfant ou adulte, d'exprimer ses émotions, c'est non seulement impossible, mais surtout, c'est une très mauvaise idée. Et enfin, les émotions. Ça ne se gère pas, ça s'explique et ça s'apprivoise. Nouveau chemin, le podcast qui vous révèle les ressorts psychologiques d'une vie épanouie par Laurence Simon, saison 2, épisode 22. Comment ça marche les émotions chez les enfants ? Eh bien, ça marche comme chez les adultes. Les émotions surgissent en réaction ou en accompagnement de ce que nous vivons. Ce sont des adaptations au vécu. C'est pour ça que nous n'avons pas tous les mêmes émotions face à une situation similaire. Imaginons par exemple deux personnes qui marchent tranquillement dans la rue. Elles se promènent et soudain elles sont témoins d'une grave agression qui a lieu sous leur nez, juste devant elles sur le trottoir. Une femme est en train de se faire agresser physiquement par quelqu'un. Elles ont alors chacune d'entre elles deux émotions différentes. L'une a très peur, une peur panique qui la fait fuir. L'autre, en revanche, est instantanément prise d'une colère noire et elle saute sur l'agresseur. Elles pourraient aussi avoir la même émotion, la peur par exemple, mais l'une pourrait s'enfuir et l'autre se battre. Donc les émotions sont le résultat de ce que nous comprenons, de ce que nous sommes en train de vivre et elles peuvent nous faire réagir de façon diamétralement opposée, soit que ce soit une émotion différente, soit que ce soit la même émotion. Mais alors que l'adulte sait reconnaître la colère ou la peur ou une autre émotion, l'enfant, lui, ne fait pas encore cette distinction. Pour un enfant, ce ne sont que des ressentis. Ce qu'il est en train de vivre est agréable ou désagréable, il se sent bien ou pas bien. Et ce ressenti va influencer son comportement. Bien sûr, comme les adultes, ces ressentis sont parfois modérés et parfois très violents, très envahissants. L'enfant se retrouve alors dans une tempête émotionnelle qui le submerge et à laquelle il ne comprend rien. Les émotions sont pour lui des énigmes. Il ne sait pas les reconnaître, encore moins les nommer. Tout ce qu'il ressent, c'est un mélange confus de sensations allant du tumulte à l'apathie, sans qu'il comprenne pourquoi. Pourquoi crie-t-il ? Pourquoi mort-il ? Pourquoi pleure-t-il ? Il n'en sait rien. Il ne fait que réagir à une situation de confort ou d'inconfort. L'enfant est donc d'une certaine façon à la merci de ses émotions, comme certains adultes d'ailleurs, ou la plupart des adultes dans certaines situations. Mais à la différence des adultes, l'enfant ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut donc pas agir ou raisonner sur ce qui lui arrive, sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il fait. Les manifestations des émotions chez les enfants sont souvent débordantes, envahissantes. Une émotion désagréable, la colère ou la frustration par exemple, va provoquer des manifestations violentes. Ils crient, ils frappent, ils tapent du pied, ils se roulent par terre, souvent même tous en même temps. Une émotion agréable, par contre, comme la joie, et il va courir partout, sauter sur le canapé, crier, rire. C'est instinctif. Il ne sait pas pourquoi il se comporte comme ça. Et surtout, il ne sait pas comment s'arrêter. Combien d'enfants s'endorment d'épuisement après une colère ? Combien d'enfants ont répondu je ne sais pas quand on leur demande pourquoi ils ont donné un coup de pied au copain ? Le problème, à mon sens, ne vient pas que ces comportements soient débordants, mais du fait que la plupart des adultes ne savent pas faire face à un enfant qui explose émotionnellement. C'est l'incompréhension et la défaillance des adultes qui posent problème. Donc, certains adultes disent qu'il faut que l'enfant apprenne à gérer ses émotions. Je n'aime pas du tout cette expression gérer les émotions La définition du verbe gérer dans le Larousse, c'est s'occuper activement d'un problème, affronter une situation difficile. Dire, il faut qu'il apprenne à gérer ses émotions, c'est faire de l'émotion un problème. C'est vouloir régler le problème, donc le dompter, le minimiser, ne pas faire sortir l'émotion ou bien faire comme si elle n'existait pas. C'est dire en un mot, ton émotion, je ne veux pas l'avoir, et tu ne dois pas la montrer. Donc, avant même que l'enfant comprenne et apprenne ce que sont les émotions, on lui fait savoir que ce n'est pas bien. Bonjour la culpabilité quand même. Et bonjour la culpabilité pour les parents aussi. S'entendre dire à la sortie de l'école Bon, alors, je pense que votre enfant a un problème, il faudrait peut-être que vous l'emmeniez chez un psy parce qu'il ne sait pas gérer ses émotions. C'est dire, de façon à peine voilée, Vous n'avez pas bien élevé votre enfant. Or, les émotions sont naturelles, tout le monde en a. C'est ce qui donne ses couleurs à la vie. Sans les émotions, pas de nuances dans les relations entre humains, pas d'adaptation juste aux situations et pas de connaissance de soi. Bien sûr, ce n'est pas facile si votre enfant fait une crise de colère ou de frustration dans les rayons du supermarché et qu'il se roule par terre en criant. Mais c'est le signe qu'il a des émotions qu'il exprime Et donc, c'est une excellente nouvelle. Et c'est aussi le signe qu'il a besoin de vous. On ne peut pas demander à un enfant de savoir sans avoir appris. Les émotions, ça ne se gère pas. Il est temps d'accompagner les enfants pour qu'ils puissent les reconnaître, les accepter, les comprendre et en faire une force. Ok, alors comment on fait ça ? Déjà, pour commencer, il faut nommer les émotions. Au moment où elles se manifestent ou tout de suite après. Si Arthur, par exemple, vient de crier, peut-être qu'il est en colère ou bien qu'il a eu peur. Donc on peut lui dire, par exemple, Ouh là, j'ai l'impression que tu es très en colère. Nommer les émotions, c'est déjà faire comprendre à son enfant que ce qui lui arrive est normal, qu'on sait ce que c'est et qu'on va l'aider. C'est déjà normaliser l'émotion. car il est indispensable de normaliser l'émotion au ressenti. Bien sûr que c'est normal que Joseph soit jaloux quand sa sœur est dans les bras de sa maman et pas lui. Bien sûr que c'est normal que Pierre soit en colère parce que son copain lui a pris son jouet. Et évidemment que c'est normal que Fanny soit frustrée parce qu'elle a été obligée de partager sa part de gâteau avec une fille qui en plus n'est même pas sa copine. Il existe aujourd'hui des tas de jeux, de livres, de tableaux pour découvrir les émotions. Celui que j'aime bien, pour ma part, c'est l'émotionmètre, parce que l'enfant peut apporter des nuances sur l'intensité de son émotion et il peut combiner les émotions entre elles. Et c'est un outil qui permet d'expliquer les relations des émotions entre elles, comment une émotion peut être la conséquence d'une autre. Par exemple, j'ai reçu un jour un petit garçon qui avait du mal à accepter l'arrivée de sa petite sœur dans la famille. Alors il était plutôt méchant avec elle, il disait des trucs pas sympas à son sujet et il faisait beaucoup de colère. Donc je lui demande comment il se sent et il me répond en colère. Et quoi d'autre ? je lui demande. Et là, il me dit un peu frustré et jaloux aussi Et il place ses émotions sur l'émotionmètre de sorte que sa forte émotion est la colère, puis la frustration un peu moins et la jalousie encore moins. Après l'avoir félicité parce que c'est pas si facile d'identifier la frustration pour un enfant de 5 ans, je lui dis Je me demande si tu ne serais pas surtout jaloux de ta sœur parce qu'elle accapare beaucoup ta maman et que cette jalousie te frustre puisque tu ne peux plus avoir ta maman pour toi tout seul et que tout ça te met en colère. Ainsi, ce petit garçon a compris le lien qui existe entre ces trois émotions. Avec l'émotionmètre, vous pouvez aussi placer vos propres émotions. Par exemple, à propos d'une situation que vous avez vécue avec votre enfant, vous pouvez, vous aussi, lui montrer que vous avez des émotions, lesquelles et avec quelle intensité. Et ainsi, on partage l'expérience, le ressenti d'une même expérience. Et ainsi, il apprend que non seulement on peut vivre la même expérience et ne pas avoir ressenti la même chose, et il comprend en même temps que lui a ressenti quelque chose de particulier, mais que quelqu'un d'autre a vécu la chose différemment. Et ça, c'est déjà une première ouverture vers l'empathie. Si, à chaque fois que votre enfant manifeste trop bruyamment son émotion, vous lui dites qu'il ne doit pas faire ça, que vous n'êtes pas contente après lui, il reste avec quelque chose qu'il ne comprend pas, mais qu'il ne peut pas maîtriser, et il comprend qu'il a un problème. Si, à l'inverse, à chaque fois qu'il manifeste une émotion, même avec violence, vous l'aidez à la nommer, vous l'aidez à comprendre ce qui le fait agir de la sorte, il apprend à se connaître et il gagne en confiance en lui. Reconnaître les émotions est le premier pas vers la maîtrise de soi. Accepter leur présence, même des plus désagréables, est la clé de l'équilibre intérieur. Comprendre leur origine et leur impact permet de les apprivoiser, de les canaliser et donc d'adapter son comportement, de les extérioriser de façon moins envahissante pour soi et pour les autres. Ainsi, il est possible de transformer ces émotions en une force, de pouvoir faire preuve d'empathie et de compréhension des autres. C'est une leçon que chaque enfant mérite d'apprendre. Et ça commence par une simple vérité. Les émotions sont là pour nous guider, nous enseigner et nous connecter les uns aux autres. C'est comme un océan tumultueux, c'est pas toujours facile d'y naviguer, mais c'est un voyage vers la compréhension de soi et des autres. À suivre ! Nouveau chemin est un podcast conçu, écrit et réalisé par Laurence Simon, psychopraticienne en thérapie systémique de l'école de Palo Alto. Vous pouvez l'écouter sur votre application favorite. Et pour le soutenir, laissez des commentaires et des étoiles, partagez-le, abonnez-vous. Rendez-vous dans 15 jours pour le prochain épisode.

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