Speaker #0Dans la vie, certaines personnes se dépassent pendant que d'autres se font dépasser. Bienvenue sur Obsession Progression, le podcast des compétiteurs qui sont obsessifs de l'amélioration. Je m'appelle Nathan Delacoste, je suis préparateur mental spécialisé dans les sports extrêmes. J'accompagne surtout des athlètes internationaux comme les skiers et snowboarders en équipe de France. Dans ce podcast, je partage les coulisses des séances et des prises de conscience avec l'intention d'un évente mental au plus haut niveau, en entraînant l'humain derrière la machine. Pour cette quête de performance, je vous parle à la fois mindset, cohésion de groupe, discours avant match, résilience et gestion des émotions. Prenez une bonne dose d'inspiration à chaque épisode, ils sont rendus possibles par Ready to Rock. Pour ce tout premier épisode, rentrons dans le vif du sujet directement avec un sujet qui me semble comme essentiel en préparation mentale, c'est la préparation mentale du coach. Et surtout, la manière dont le coach perçoit ses propres émotions. A mon avis, c'est un facteur au centre de la performance, de la performance de la relation entraîneur-entraîné, de la performance du travail du coach. Et c'est pourtant complètement délaissé aujourd'hui. Et pour vous montrer ça, je vais vous raconter l'expérience que j'ai commencée par vivre il y a quelques années et comment ça a changé ma vision de l'entraînement. A l'époque, j'étais étudiant en STAPS. Il y avait un stage à faire et du coup, je participe à un stage. Je me formais comme préparateur physique en STAPS. Et donc, je vais dans ce club de basket. auquel je propose mes services de préparateur physique en même temps que l'entraînement du coach principal de basket. Par exemple, avec les joueurs qui sont sur le côté, quand le coach fait un 55 sur le terrain, moi je m'occupe des joueurs en plus et je leur fais faire la préparation physique au bord du terrain. C'était un peu à l'arrache, mais bon, à l'époque c'était comme ça, les stages dans le monde amateur, et ça m'a permis de rencontrer des athlètes, et notamment de rencontrer ce coach, qui, il paraît, était un grand ponte du domaine dans ce club de la région Grenopost. Et ce que j'ai pu remarquer à ce moment-là, c'est à quel point, Le coach ne maîtrisait pas ses émotions. Il était dans cet état où, dès que les joueurs n'arrivaient pas à mettre en place le système de jeu qu'il leur demande, il se mettait en colère. Il se mettait en colère au point de leur hurler dessus, au point de prendre un ballon, mettre des coups de pied dedans, alors que tous les coachs de basket vous diront qu'il ne faut pas mettre des coups de pied dans un ballon, au point de prendre un des joueurs de l'équipe et de le transformer en bouc émissaire, de lui sauter dessus dès qu'il faisait une erreur. Et ces émotions qu'il avait à l'entraînement, évidemment, elles étaient multipliées les jours des matchs. Quand j'allais voir mon équipe, l'équipe que j'entraînais chaque semaine jouer les week-ends, j'étais là, assis dans les tribunes, à observer que les joueurs, en situation de tir ouverte, c'est-à-dire à un moment où normalement un bon joueur de basket prend le shoot, faisaient juste la passe à côté, par peur que s'ils ratent, le coach leur hurle dessus. Parce qu'en fait, c'est ce à quoi ils étaient condamnés. Soit ils prenaient le tir, ils marquaient, et c'était normal, le coach n'attend pas moins. Soit ils se rataient, et ils se faisaient démonter par le coach. Et du coup, dans ce premier épisode de podcast, j'ai envie qu'on aille un peu plus loin sur cette idée qu'en tant que coach, tes émotions déterminent beaucoup la qualité de l'entraînement que tu vas avoir avec les athlètes, et même les décisions que les athlètes prennent quand t'es là, quand t'es pas là. Finalement, à la fin de mon stage, j'ai arrêté de bosser avec cet entraîneur, et il m'a fait prendre conscience d'un truc, c'est que t'as beau être un ponte de la tactique, de la technique, être formateur au niveau régional peut-être, etc. Si tu passes à côté... de l'essentiel, à côté de c'est quoi les émotions que j'ai au moment que je communique quelque chose, ben ces athlètes ils pourront pas mettre en place le meilleur système de jeu parce qu'ils ont peur de ta réaction s'ils font pas ce que tu leur demandes sans même parler du bien-être des athlètes juste d'un point de vue de la performance il manque quelque chose et pour aller plus loin dans ce premier épisode de podcast ce que je refais remarquer c'est que plus tard je suis devenu coach pour la fédération française de ski coach préparateur physique pardon Et quand j'ai été bosser là-bas, du coup, j'ai bossé avec les équipes de France Jeunes en ski-snowboard, en fait, avec le Pôle France à Albertville. Et j'ai vécu une expérience étonnante dans laquelle les jeunes filles que j'accompagnais là-bas, donc l'histoire, c'est que jusqu'à 15 ans, elles font du sport de pleine nature, elles sont assez talentueuses, en fait. Et puis un jour, elles arrivent dans ce Pôle France au meilleur niveau français et on leur demande de faire quelque chose qu'elles n'ont jamais fait avant, c'est-à-dire de faire de la muscu, genre cinq fois par semaine, en plus des séances de cyclisme, des séances de gymnastique, etc. Et on était à la fin d'un cycle d'entraînement genre bien difficile, et je mène une séance, je m'en souviens très bien, c'était un vendredi, la séance elle commençait à 14h. Et à cette séance là, les filles elles font pas du tout ce que je leur demande. Genre, je vais faire le début de séance de cyclisme avec elles, et elles sont censées respecter certaines zones de fréquence cardiaque, et quand je leur demande est-ce que t'es bien dans la zone, elles y sont pas. Mais elles me disent oui oui j'y suis. Elles voulaient pas vraiment faire la séance. Et au fil de la séance avec elles, j'ai l'impression de pousser dans une direction genre... pour leur faire respecter le cadre de séance, celui à qui, moi, on m'a demandé. À l'époque, j'étais préparateur physique, mais pas celui qui décide de la planification. Et j'essaye tant bien que mal de faire le rôle qu'on me donne et de pousser ces filles à se pousser, justement. Sauf que la séance passe, on retourne dans la salle de muscu après le cyclisme pour faire un bloc de travail, et elles ne s'investissent pas à fond. Tu vas comprendre dans un instant pourquoi je suis devenu préparateur mental à la suite de cette expérience, mais pour l'instant, je suis là, je suis préparateur physique, j'accompagne ces filles. Et ça faisait déjà quelques semaines que je ressentais à l'entraînement qu'elles mettaient pas l'intensité qu'elles devraient. Et ça commençait à devenir dur pour moi d'accompagner ces athlètes censés être de haut niveau, mais qui sont pas vraiment motivés en fait. Sauf que je me demandais bien pourquoi elles étaient pas vraiment motivées, et j'ai remarqué à l'époque que l'absence, en tout cas la peur de prendre du muscle, la peur de prendre des jambes, la peur de voir son corps se transformer quand t'as 15 ans et que d'un coup t'as plein de croyances autour de la musculation et que tu te mets à faire de la muscu 5 fois par semaine, bah ça c'est un des gros leviers qui empêchait, je pense, les filles de se donner à fond. et qui pourtant n'étaient pas du tout accompagnés en préparation mentale sur place, parce qu'on ne leur proposait pas ça. Parfois j'ai l'impression que c'était un peu pousse et tais-toi. Bref, et je vis cette séance avec elle le vendredi après-midi, et à la fin de la séance, tiens-toi bien, la séance se termine. Et c'était tellement douloureux pour moi que je rentre dans le bureau des préparateurs physiques, après avoir passé l'après-midi à pousser, à faire ce métier qui me passionne à l'époque, d'aider les gens à s'entraîner dur, mais à le faire avec des gens qui ne veulent pas s'entraîner dur. Je rentre dans le bureau, je m'assois, et je me mets à pleurer. A l'époque... C'est hyper dur pour moi de pleurer, j'ai tous les peurs sociales qu'il y a autour du fait de pleurer, peut-être celles que toi t'as aujourd'hui quand tu m'écoutes, par exemple le fait que c'est pas bien, que t'as l'air faible quand tu fais ça, qu'on va te critiquer, que t'as l'air ridicule, que t'es pas solide, et que si t'es préparateur physique, tu dois d'être solide. Bref, j'ai ça, et je suis dans le bureau, c'est plus fort que moi, c'est un petit bureau en plus, et les autres coachs sont là, me voient pleurer, certains me relancent par rapport à ça, me posent des questions, en tout cas, il y a cette scène qui se déroule. Et ce qui est un peu étonnant, c'est que quelques mois plus tard, une saison passe, et l'été d'après, c'est le moment où je dois être réengagé par la FEDE pour bosser comme préparateur physique pour eux. Et j'apprends que la FEDE se sépare de moi, qu'ils ne renouvellent pas mon contrat, et même qu'ils ont pris quelqu'un d'autre à la place. Et au moment où, d'ailleurs à nouveau, c'était tellement un métier qui me passionnait, et pour moi c'était ma vie de bosser avec des snowboardeurs et des skiers de haut niveau, ce jour-là aussi, je pleure. Là tu commences peut-être à te dire que je suis une madeleine, en tout cas à l'époque j'en parlais pas comme ça. Et ce qui se passe c'est qu'au moment où je vis ça, au moment où dans cette réunion j'apprends à la FEDE que je suis mis de côté, qu'ils renouvellent pas mon contrat et que je travaillerais plus à haut niveau avec ces jeunes, il y a un des dirigeants qui vient me voir et qui me dit écoute Nathan, j'ai proposé toi comme responsable du pôle freestyle auprès des jeunes à la Fédération Française de Ski pour entraîner les freestylers en ski, les freestylers en snowboard et être le référent de la préparation physique pour ce groupe-là. Et en fait, quand j'ai proposé ta candidature en réunion, moi je savais même pas ça, mais quand il a proposé mon nom en réunion, un des autres dirigeants lui a répondu On peut pas confier à Nathan un groupe d'entraînement alors qu'il a déjà pleuré devant les athlètes, il sera pas capable de les accompagner. Et sur le coup, ça m'a enfoncé encore plus la blessure dans la peau, tu vois, en mode, déjà que je m'en voulais d'avoir pleuré à l'époque, de pleurer ce jour-là où la Fédé se sépare de moi, et en plus il vient me voir et il me dit Mec, c'est parce que tu pleures qu'on peut plus bosser avec toi ou en tout cas c'était une des raisons d'après lui et que si j'étais plus solide j'aurais pu travailler avec le groupe qui m'intéressait avec du recul je pense que ce jour là il m'a renvoyé sa propre incompétence à propos du leadership et à propos de qu'est-ce qui fait un bon accompagnant mais on y reviendra peut-être plus tard dans ce podcast ou dans un autre podcast en tout cas ce qui s'est passé d'assez drôle dans les années qui ont suivi c'est qu'après m'être séparé de la FED Je suis devenu préparateur mental, je me suis rendu compte qu'il manquait quelque chose dans ce milieu où parfois mes collègues étaient plus intéressés à compter le nombre de répétitions, à compter le poids sur les barres, à compter les temps de récup, qu'à faire en sorte que les athlètes puissent vraiment compter sur eux. Et je me suis dit à ce moment-là qu'on devrait s'occuper de ces jeunes, qu'on devrait s'intéresser pas seulement à ce qu'il faut mettre sur leurs barres, mais à leur motivation, à pourquoi ils sont là, à pourquoi ils se mènent ce projet de haut niveau. Et aujourd'hui... Depuis quelques années d'ailleurs, je suis accrédité comme préparateur mental par la Fédération Française de Ski, avec qui je m'entends très bien et surtout, je ne le renvoie pas du tout si l'un d'entre vous écoute ce podcast, j'ai beaucoup appris grâce à ça et je suis ravi de là où je suis aujourd'hui. Surtout que récemment, j'ai comme bouclé la boucle, j'ai donné une conférence pour la FFS devant des dizaines d'intervenants, c'était à Chamonix, je m'en souviens bien. Et tenez-vous bien, il s'est passé un truc d'assez drôle à cette conférence, c'est que je parlais d'un sujet difficile pour moi, ou cette fois-ci je suis monté sur scène pour parler d'un accompagnement qui s'est mal passé. en préparation mentale, bah oui parce que des fois les accompagnements ça peut aussi mal se passer, je pense que c'est bien de le reconnaître en tout cas ça s'était mal passé à un moment donné et depuis avec cet athlète ça va très très bien mais quand j'étais sur scène j'en ai parlé et ça m'a tellement touché que pendant un moment j'ai eu à la fois des larmes de gratitude pour la situation que je venais vivre avec cet athlète et aussi pour le fait de partager une des difficultés devant d'autres préparateurs mentaux, devant d'autres personnes accréditées par la FFS, devant d'autres professionnels et là, tenez vous bien, ce jour là J'ai été applaudi par des dizaines de personnes pour les larmes que j'avais sur scène. Comme si à ce moment-là, il y avait eu un changement à la Fédération française de ski. Et d'un coup, ce qui avant, quelques années auparavant, m'avait peut-être coûté ma place, m'avait amené à être rejeté et à devoir travailler sur moi, finalement c'était devenu comme quelque chose qu'on accueille, qu'on félicite. Et c'était assez choquant pour moi de voir ça, parce que je trouve que ça ressemble un peu à la transformation personnelle que j'ai eue pendant ces années-là. En mode, à l'époque, pleurer, être sensible, c'est quelque chose que je rejetais en moi. Depuis, j'ai bossé sur moi et aujourd'hui, je pense que c'est une des qualités qui m'amène à être un si bon coach mental, à avoir une telle écoute et cette capacité à rentrer en relation avec les athlètes et les coachs que j'accompagne et à les dépasser ce qu'eux-mêmes rencontrent parce que je ne suis pas le seul dans le monde du sport à avoir cette peur de paraître faible si j'ai des émotions. Je devrais dire à avoir dans le passé parce qu'aujourd'hui, j'ai de la chance, je n'ai plus ça. Et du coup, mon intention dans ce podcast... Si toi, tu es un coach ou une coach avec une grande sensibilité, soit une grande sensibilité en toi ou en ce que vivent les athlètes, je voudrais te dire qu'on est ensemble. Je suis là, et peut-être que ce sera le bon endroit pour toi, ce podcast, pour remarquer que c'est OK si tu ressens ça, et que ça peut vraiment être un atout pour toi, même dans un milieu où parfois ça ne paraît pas apprécié. Mon rôle, c'est, avec ce podcast, de t'aider à mettre en lumière et d'utiliser cette force-là. Parce qu'une fois que tu n'as plus peur de tes émotions, une fois que tu n'as plus peur d'être en colère, d'être en pleurs, de ressentir ce que tu ressens, d'avoir de la tristesse, de la déception, de la frustration par rapport à ce qui se passe, au lieu de subir tes émotions en tant que coach, tu vas enfin pouvoir les mettre au service de ton coaching, au service de ta communication. Je crois que ce qui fait un grand leader aujourd'hui, c'est la manière dont il communique. Et un leader qui communique sans émotions, en fait, c'est un robot. Et c'est pour ça que je crois qu'aujourd'hui, on n'est pas prêt de se faire remplacer par des robots dans le game, dans le métier, parce que les émotions, elles font passer le message. Et du coup, si tu es ce coach-là avec cette grande sensibilité, peut-être... une idée pour toi en repartant de ce podcast, c'est comment je peux mettre ça au service de mon coaching ? Et si toi qui m'écoutes, tu ne ressens pas ça, je t'invite à te demander, est-ce qu'il y a quelque chose qui te coupe de tes émotions ? Comme une expérience que tu as vécue qui t'a amené à bloquer ce truc-là parce que tu as perçu que c'était mal, qu'il ne fallait pas le faire, que ça allait être mal perçu autour de toi. Et je pense que si tu vas fouiller un peu, sur le plan émotionnel et que tu vas reconnaître qu'est-ce que tu vis, ça peut t'aider dans le futur à transformer l'impact que tu as dans ton coaching, parce que tes athlètes qui donnent tout sur le terrain, sang, sueur, des fois ils ont aussi des larmes, quand ils donnent tout pour un projet, qu'ils n'atteignent pas l'objectif qu'ils veulent, et justement si tu es capable de connecter avec eux, pas en mode, vas-y tu pleures, je vais pleurer aussi, on est deux madeleines et on va se victimiser dans le monde, mais plutôt en mode, ok, je suis à l'aise avec ce qui est en train de se passer en face de moi, parce que comme je ne juge pas les émotions, comme je ne les rejette pas, je peux les accueillir et je peux guider l'athlète vers, par exemple, rebondir pour sa prochaine manche en ski alpin s'il est déçu de sa première. Je peux le guider. Et ce qui va me permettre d'être capable de guider ça, c'est le fait qu'à l'égard de mes émotions à moi, je sois capable, capable d'y être attentif, capable de ne pas les rejeter. Voilà le message que je voulais te faire passer pour aujourd'hui. Alors quoi qu'il arrive... Peu importe les émotions que tu ressens, souviens-toi d'entraîner l'humain derrière la machine, et que c'est particulièrement important de ne pas passer à côté de cet aspect essentiel de la performance de la relation entraîneur-entraînée. Et je te dis à très vite, ciao ! On dit souvent que le mental c'est 70% de la performance à haut niveau, pourtant rares sont ceux qui l'entraînent au moins de 10% du temps. En écoutant jusqu'ici, t'as donné à la dimension mentale un peu plus de la place qu'elle mérite chaque semaine. Bien joué ! Ma mission ambitieuse, c'est d'aider le monde du sport à se transformer en profondeur et je veux faire en sorte que plus aucun coach ne passe à côté de la psychologie de ses athlètes. C'est pour accomplir ça que je crée une tonne de vidéos sur YouTube et des épisodes comme celui que tu viens d'écouter. Alors, je ne vais pas te demander d'inscrire The Force, tes amis au podcast, et en même temps, si tu peux en parler à quelqu'un qui va l'adorer, quelqu'un à qui ça serait utile, ta recommandation, elle signifie beaucoup pour moi. Si chaque auditeur en parle juste à deux autres, l'année prochaine, on sera des milliers de fois plus nombreux avec l'obsession-progression. Salut !