Speaker #0Comment gérer la peur du regard des autres en sport extrême ? Dans cet épisode, je vais te parler d'une séance que j'ai faite hier soir avec un athlète que j'accompagne. Alors je vais garder la confidentialité, mais c'est un rider qui est déjà... plusieurs fois champion du monde au niveau junior. Et je voudrais te parler de cette séance qu'on a faite ensemble parce qu'à un moment donné, je lui dis, tiens, selon toi, ce serait quoi la chose la plus importante sur laquelle on a travaillé maintenant ? Et il me dit, c'est ma peur du regard des autres en compétition. Et il me reste à te raconter comment est-ce que je l'ai accompagné. Et surtout, tu vas voir comment ça peut t'aider toi si tu perçois aussi que le regard des autres peut être quelque chose de très limitant en compétition, surtout dans un sport dans lequel, j'allais dire, on te regarde, mais en fait... N'y a-t-il pas de toute manière beaucoup de sports dans lesquels soit on te regarde, soit tu crois qu'on te regarde ? Bref, c'est parti. Alors, rappelons le Paul. Je lui dis, Paul, reviens dans le moment dans lequel la peur du regard des autres a été particulièrement forte pour toi et impactante. Et là, il me dit, ah bah je me souviens très bien, c'était l'année dernière à telle compétition. Et je l'interromps et je lui pose la question, je lui dis, quand tu dis que tu avais peur du regard des autres à cette compétition, qu'est-ce que tu veux dire par là exactement ? Kim Ji-ha-bang Je sentais que je devais leur prouver quelque chose. Je continue, je dis « Ah oui, qu'est-ce qui fait qu'à cette compétition-là, tu dois leur prouver quelque chose ? » Et il me dit « C'est ma première compétition à tel niveau. Il faut que je leur prouve que je suis à la hauteur et que je mérite ma place. » D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que j'entends ça de la part d'un athlète en sport extrême. Bon, je n'ai pas besoin d'aller plus loin dans le racontage de la séance pour que tu t'imagines l'impact que ça a pu avoir sur ses performances et le fait que ce jour-là, ça ne se soit pas bien passé du tout parce qu'il avait tellement la pression. qu'il est tombé. Et souvent, en sport extrême, quand tu tombes, ça ne se passe pas très bien au niveau des résultats. Alors maintenant, j'aimerais te parler des différentes choses qu'on a observées ensemble, des prises de conscience qu'il a eues, et de ce qui permet de progresser là-dessus pour que la prochaine fois, ça ne se reproduise pas. Et il m'a regardé avec des yeux en mode, ah ouais, ok, là c'est bon, j'ai compris quelque chose qui va tout changer la prochaine fois. Donc j'ai envie que tu puisses bénéficier de ça aussi. La première chose qu'on a remarqué, c'est que quand je lui demande, « Ok, à quoi tu sauras que tu as réussi à leur prouver quelque chose ? » Là, il réalise, il me dit « c'est vrai, je ne sais pas ce qu'il faudrait que je fasse pour leur prouver quelque chose. Je ne sais pas non plus si si je prouvais quelque chose, en fait, ils me regarderaient vraiment faire ce truc-là ou si ça semblerait assez à leurs yeux. » Et finalement, plus on avance, plus il se rend compte qu'il s'est fait l'image qu'il devait leur prouver quelque chose, mais il ne sait pas vraiment comment il pourrait faire pour leur prouver quelque chose, ni est-ce qu'en le faisant, il peut être sûr d'atteindre ce qu'il veut. Et ça, c'est un problème qu'on rencontre souvent avec les sportifs. Quand ils se fixent des objectifs qui ne dépendent pas d'eux-mêmes. Et si je fais un peu un raccourci, la manière dont ça fonctionne dans le cerveau, c'est que si tu dis à ton cerveau, ok, il faut que j'accomplisse quelque chose de vraiment très important, le cerveau te répond, d'accord, c'est quoi ? Et toi tu lui dis, il faut que je fasse plaisir à ces personnes-là. Sauf que lui, le cerveau est très intelligent, il sait qu'il ne sait pas. Il sait qu'il ne sait pas ce que ces personnes-là attendent, et il sait qu'il ne sait pas non plus exactement comment tu pourrais t'y prendre pour le faire. Par conséquent, ce niveau d'incertitude crée un stress important, parce qu'on peut perd du contrôle, on lui demande de faire quelque chose qui n'est pas en contrôle. Si j'avais dit, ok, je veux faire telle figure ou descendre la montagne à telle vitesse, là d'un coup, il aurait repris du contrôle parce que c'est des critères qui dépendent de moi et pas des autres. Donc déjà, la première chose qu'on remarque, c'est qu'il s'est fixé un objectif qui est assez inatteignable. Et comme tous les objectifs inatteignables, pas au sens où ils sont durs, mais au sens où ils sont irréalistes, parce qu'il est difficile de savoir quoi prouver, à qui, combien de temps ça va marcher. En fait, vouloir prouver quelque chose aux autres n'est sans doute juste pas une idée pertinente. Et là tu te dis peut-être Ah ouais mais moi je sens quand même que je dois prouver des choses Attends, reste dans la suite de l'épisode et tu vas comprendre. La deuxième chose très importante qu'on remarque dans cette séance, c'est quand je lui dis « Pourquoi à cette compétition-là tu dois prouver que ? » Ce que l'athlète me répond, c'est « J'ai déjà prouvé sur l'autre circuit de compétition de quoi j'étais capable, et donc là, en arrivant sur ce nouveau circuit, il faut que je prouve que je suis à la hauteur d'être sur le circuit du niveau du dessus. » Ça arrive souvent quand, par exemple, un athlète gagne chez les jeunes et monte au niveau du dessus. Il se dit « maintenant, il faut que je prouve que ce n'était pas du hasard quand j'étais chez les jeunes » . Et donc, lui, appelons-le Paul, il a ce truc en tête de « c'est cette compétition qui va déterminer si je suis à la hauteur ou pas » . Et en fait, la manière dont il étire l'histoire dans sa tête, c'est « cette compétition va dire si je suis à la hauteur de réaliser mon rêve ou pas, de devenir un jour champion du monde » . Parce qu'à cette compétition du niveau supérieur, on va voir si je suis à la hauteur ou pas. On va voir si je mérite d'avoir ma place ici. Et en fait, quand je le questionne là-dessus, je lui dis, tiens, avec du recul, qu'est-ce que tu penses d'un athlète qui arrive sur une compétition et qui te dit, moi, c'est à cette compétition que toute ma vie se joue. Soit je gagne et ça veut dire que je pourrais être champion un jour, soit je rate et c'est foutu. Et ça, c'est trop drôle. Il répond, je lui dirais, calme-toi. Oui parce que est-ce que une compétition peut déterminer la suite de la carrière d'un athlète qui joue le jeu long, c'est-à-dire qui est là pour évoluer, pour progresser, pour durer. Non, on peut tout à fait imaginer que même s'il rate sa première compétition au niveau supérieur, ça ne l'empêche pas plus tard de faire de bonnes compétitions, voire même ça va favoriser le fait qu'il y arrive. Et ça, ce sera la troisième prise de conscience que je veux te partager, c'est qu'il s'est rendu compte, puisque là, il s'est passé pas mal de temps entre... Cette scène dans laquelle je vais dire reviens dans la scène et raconte-moi le moment où le regard des autres a un impact particulièrement négatif pour toi, il s'est passé plus d'un an depuis et grâce au fait qu'il se soit passé tout ça, il s'est rendu compte à quel point cette compétition l'a fait progresser, l'a fait grandir en tant qu'athlète. Et donc il est capable de me dire maintenant, en fait je me rends compte que d'échouer à ce moment-là, ce n'était pas vraiment un problème grâce à tout ce que j'ai appris en échouant sur le coup. Et donc ça, c'est une autre façon d'aider les athlètes à se libérer de la croyance que... cette prochaine compétition, il faut absolument la réussir et il faut absolument prouver aux autres que tu es à la hauteur. Justement parce que si tu ne prouves rien, tu peux quand même profiter de cette situation pour continuer de progresser ensuite. Et notamment, qui n'a jamais entendu un athlète à qui on a dit « tu n'y arriveras jamais » . Et ces mots ont été le déclencheur d'un feu intérieur de folie chez l'athlète qui l'a drivé pendant des jours, des semaines ou des mois pour aller atteindre un plus haut niveau. Je me souviens par exemple que quand je suis arrivé en Staps, ma première année à l'université, Le premier jour, je m'assois dans la salle, on est 500, il y a un enseignant qui passe, je me souviens très bien, il s'appelait Philippe. Et Philippe, il dit à tout le monde, ok, qui vient de bac STG dans la salle ? Donc là, on lève la main, bac STMG pour les plus jeunes, ou bac G pour les anciens qui m'écoutent. Donc moi, j'ai fait le bac STG, je lève la main, et il dit, franchement, à la STG, vous n'avez rien à faire ici, parce que de toute façon, vous avez 1% de chance de succès, donc partez maintenant. Et moi, à l'époque, j'en ai beaucoup voulu. Je me suis dit, mais pour qui il se prend ? Il ne croit pas en moi, il ne me connaît même pas. Il me dit que je ne devrais pas être là, que je n'ai rien à faire ici, que j'aurais dû faire un bac scientifique. Et bien qu'à l'époque, j'avais beaucoup de colère envers lui, je crois que ça m'a aidé à passer moins de temps en soirée étudiant et plus de temps à la bibliothèque universitaire parce que je voulais prouver qu'on se trompe sur les bacs STG et que si on est passionné, on peut apprendre. Ça ne dépend pas de là d'où on vient. Dans cet épisode, on a déjà vu plusieurs atouts pour dépasser la peur du regard des autres, notamment un, de se fixer des objectifs qui dépendent plus de soi. 2. D'arrêter de croire que cette compétition qui arrive, c'est la dernière dans laquelle je pourrais accomplir quelque chose et sinon ma vie de sportif, elle est terminée, ce qui augmente évidemment mon jeu. Et 3. Selon ce dont je voudrais te parler maintenant, c'est que j'ai posé la question à mon athlète, je lui ai dit, toi en arrivant à cette compétition-là, de quoi est-ce que tu avais le plus besoin ? Et il me dit, j'avais besoin de confiance en moi. Je lui ai dit, comment ça, tu peux m'en dire un peu plus ? Il lui a dit « Ah oui, avec ce que j'ai accompli avant, et là le fait d'être sur un circuit d'un plus haut niveau, Je ressentais le besoin d'avoir plus confiance en moi. Donc je le coupe et je lui dis « ouais, en fait, tu voulais te rassurer sur le fait que t'avais ta place ici et que t'étais à la hauteur » . Et il me dit « oui, c'est exactement ça » . Et à ce moment-là, ce qu'on s'aperçoit, et je t'invite à mettre toute ton attention là-dessus, c'est que à qui il cherchait à prouver à ce moment-là, c'est pas réellement aux autres. Les autres, c'est juste un homme de paille dans cette situation. Ce qu'il cherche réellement à prouver, c'est auprès de lui-même. Puisque comme lui-même a un gros doute envers ses capacités et se dit « si je rate cette compétition, ça veut dire que je ne serai pas en mesure de réaliser mon rêve, ça veut dire que je ne serai pas à la hauteur » , c'est lui qu'il cherche à réaliser en prenant le départ de cette compétition. Et là, on tient quelque chose de particulièrement intéressant, parce qu'on passe du premier point que je te disais, où le problème c'est « arrête de te fixer des objectifs qui ne dépendent pas de toi et sur lesquels tu peux pas ou peu agir » , comme « je voudrais plaire aux autres et qu'ils me jugent de valeur » . Là, on en revient au fait que... Quand il remarque que c'est pas aux autres qu'il veut prouver quelque chose, mais à lui-même, et que les autres c'est juste une représentation de l'esprit, ben les choses changent. Parce que d'un coup, quand c'est à toi-même que tu te rends compte que tu veux prouver les choses, d'un coup t'as beaucoup plus de pouvoir, puisque tu es toi-même. Tu peux décider de quelles sont tes attentes, tu peux décider de à quoi tu seras fier de toi ou pas, tu peux décider de qu'est-ce qu'il faut faire ou ne pas faire pour te prouver que. Et si par exemple, lui il décide... qu'être à la hauteur ce jour-là, c'est oser faire un passage dont il serait fier. S'il décide qu'être à la hauteur ce jour-là, c'est oser prendre des risques ou jouer pour gagner, peu importe les conséquences que ça pourrait avoir, comme le fait de rater, de chuter par exemple. Et bien d'un coup, une fois qu'il a beaucoup plus de clarté sur ce qui fait qu'il peut être rassuré sur son niveau, c'est beaucoup plus facile de se rassurer soi-même, voire même... de supprimer finalement tous les critères qui font qu'on ne se sentait pas rassuré. Et je crois sincèrement que c'est un des plus gros apprentissages que la préparation mentale ça peut amener, c'est-à-dire que nous les êtres humains on passe la plupart de notre temps à se dire « Ah, qu'est-ce que les autres attendent de moi ? Est-ce que je vais être à la hauteur de ce qu'on pense de moi ? » Et finalement, si tu ramènes ça à « Non mais attends, qu'est-ce que moi je pense de moi ? Qu'est-ce qui est important pour moi d'atteindre ? Et qu'est-ce que je devrais faire dans telle ou telle situation pour être fier de moi ? » En fait, d'un coup, ça devient beaucoup plus facile de réaliser ce qu'on souhaite. et beaucoup moins stressant. Mais ça amène un problème, c'est que tu dois choisir. Jusqu'à aujourd'hui, peut-être que tout le monde t'a dit qu'est-ce qu'on attendait de toi. Le système sportif t'a sans doute dit « Ah, un bon rider, il fait ça » . Le système sportif t'a sans doute dit « Pour être en équipe de France, il faut être capable de faire ça » . Les entraîneurs t'ont sans doute dit « Moi, le type d'athlète que j'aime, c'est le type d'athlète qui fait ça » . Mais ce dont je parle maintenant, c'est d'être capable de choisir tes propres critères. Et tant que tu n'es pas capable de choisir les critères selon lesquels tu te juges de valeur, tu seras soumis au fait d'attendre que les autres posent des critères sur toi et vois si tu parviens à les attendre ou non. Et je crois qu'il n'y a pas de meilleur moyen de se détacher de ça et de se détacher des critères que les autres peuvent avoir que de trouver ses propres critères à soi. Et c'est quelque chose qu'on retrouve dans plein d'autres domaines. Je pense notamment à tous ces entrepreneurs que j'accompagne, les préparateurs mentaux que j'aide à vivre de leur passion. Je me souviens, ils viennent me voir et ils me disent Merci. On attend, mes parents ils attendent ça de moi. Ou mon conjoint, ma conjointe, elle attend ça de moi. Par exemple, elle attend que je reste fonctionnaire, parce que ça assure une sécurité dans mon emploi. Mes parents, ils attendent de moi que je fasse un job classique, et la préparation mentale, c'est pas classique, ça fait peur, on sait même pas si on peut vivre de ça. Tant que ces personnes ne décident pas qu'est-ce qui est un critère important de réussite pour eux, mais laissent choisir les autres, par exemple laissent leurs parents dire, Une réussite professionnelle, c'est une profession dans laquelle tu as une sécurité financière assurée. Ça empêchera toujours ces personnes d'oser se lancer. Alors que si elles décident que réussir professionnellement, c'est poursuivre ce qui les passionne, faire ce qu'elles aiment, là tout est différent. Alors si, par rapport à une prochaine séance, je ne sais pas si c'est un examen, parce qu'il y a beaucoup d'athlètes que j'accompagne qui ont un double projet, qui sont évidemment étudiants. Si c'est une prochaine compétition, si c'est les Jeux Olympiques qui arrivent, j'ai plusieurs athlètes qui les préparent cet hiver. Si dans tous ces moments-là, t'as une peur qui vient en mode « Qu'est-ce que les autres vont penser de moi ? » et j'ai peur de pas être à la hauteur du regard des autres, détache-toi de l'attente irréaliste de pouvoir y répondre. De toute façon, je ne crois pas que tu puisses être aimé par 100% des gens. Je le vois bien depuis, d'ailleurs, que ma notoriété a augmenté sur Internet, à quel point 50% des gens adorent mon travail. Merci si c'est toi qui écoutes ce podcast, d'ailleurs. Et 50% des gens le détestent. Et en fait, c'est OK. C'est OK à partir du moment où j'ai mes propres critères de qu'est-ce qui est de bien travailler, qu'est-ce qui est d'être quelqu'un de bien à mes yeux. Et donc toi, justement, détache-toi de ces critères des autres et fais en sorte de trouver tes propres critères à toi. Et là, je fais juste une petite pause parce que tu vas me dire peut-être « Ah ouais, mais moi, je suis dans un sport à jugement, et donc Nathan, j'ai pas d'autre choix que de plaire aux autres. » C'est vrai, il faut plaire aux juges dans les sports à jugement. mais déjà le plus souvent les problèmes des athlètes que j'accompagne c'est pas les juges c'est c'est Les athlètes des autres disciplines, par exemple, les snowboarders se comparent aux skieurs en se disant qu'ils sont moins bons, les filles se comparent aux mecs en se disant qu'elles sont moins fortes, les jeunes se comparent aux plus âgés en se disant qu'ils ne sont pas à la hauteur. Ça, je l'ai vu dans tous les sports extrêmes dans lesquels j'ai accompagné. Des fois, ça s'inverse, mais il y a toujours ce type de comparaison, presque toujours. Et donc, indépendamment des juges, même dans des sports qui sont jugés, je crois que d'abord, on peut travailler sur... toutes les autres personnes qui nous regardent, des parents, aux coéquipiers, en passant par les entraîneurs, les fédérations, les adversaires et les autres pratiquants. Et ensuite, oui, il reste les juges et aux juges, il va falloir leur plaire. Déjà, ça va être plus facile quand tu ne porteras pas sur ton dos la pression de devoir plaire à tous les autres et que tu n'auras plus qu'à plaire aux juges. Comme ça, tu pourras mieux rider, sans doute. Et ensuite, quand il s'agit de plaire aux juges, là, de la même manière, Tous les juges ne jugent pas exactement de la même façon. Sinon, on n'aurait qu'un juge, on n'aurait pas besoin d'avoir cinq juges pour savoir, ou trois, ou six, ça dépend des disciplines, pour savoir comment bien juger. Chaque juge a un peu son propre point de vue. Par conséquent, ça crée une incertitude qui est, je ne sais pas exactement comment est-ce que je peux faire pour plaire à un juge, parce qu'ils ne jugent pas tous de la même façon, ce sont des humains. Et donc, si je n'ai pas 100% de certitude sur qu'est-ce que je peux faire pour plaire au juge, sur quoi est-ce que je peux retrouver de la certitude ? Par exemple. Je peux décider que si j'ose envoyer cette figure plutôt que celle-ci, probablement que ça vaut plus de points. Et je peux aussi décider que si selon moi, c'est mieux d'envoyer cette figure que celle-ci, parce que selon moi, elle est meilleure, je peux accepter le prix à payer si jamais les juges ne sont pas d'accord avec moi. Et c'est une chose que j'ai remarqué en observant des athlètes qui rident au plus haut niveau international dans des sports jugés, c'est que souvent, ils vont s'autoriser à avoir leur propre définition. de ce que c'est que de bien rider dans leur discipline. Et plutôt que de se dire, qu'est-ce que les juges attendent de moi ? Ils vont essayer d'imposer leur vision au juge, et de dire, si moi je crois que ce run-là, il est incroyable, je vais faire ce run-là. Alors évidemment, si on parle du ski de boss et que tu fais que des sauts de roi, probablement que tu ne parviendras pas à convaincre les juges. Mais je crois que de nombreuses fois, dans les sports extrêmes, notamment avec des tricks, je pense au halfpipe, au freeride, au ski de boss, etc. Tu as une part qui dépend de toi, dans le choix, et donc comment tu peux faire pour que ce que tu fais ça plaise aux autres Et après tout, dans la préparation mentale, souvent pour moi, il ne s'agit pas d'ajouter des choses, d'ajouter des trucs en plus pour plaire au juge, mais surtout d'aider les athlètes que j'accompagne à enlever les choses qui les empêchent de faire ce qu'ils savent faire. Et c'est ça dont on parle depuis le début de l'épisode finalement, ce n'est pas de rajouter des choses, c'est de supprimer des obstacles. L'athlète dont je te parlais, Paul, il arrive en compétition et il a cet obstacle de « cette compétition, il faut que je la réussisse, sinon je vais rater ma carrière. Cette compétition, il faut que je prouve aux autres, sinon on va me trouver nul. » Et tout ça agisse comme des obstacles mentaux. qui l'empêche de réaliser son meilleur ride. Alors, à ce stade, travaille sur ce que j'ai dit là pour te libérer, toi, de tes obstacles. Souvent, c'est difficile de le faire pour soi-même. D'ailleurs, c'est marrant, moi, la veille de cette séance avec un athlète, je me faisais coacher par mon coach. Et des fois, on a du mal à voir ce qu'on ne voit pas à propos de soi. Il faut que quelqu'un dont c'est le métier nous le montre, parfois. et en tout cas moi c'est pour ça que j'aime me faire accompagner régulièrement et en même temps ce que j'ai voulu construire à ce moment-là chez cet athlète C'est une forme d'autonomie, c'est lui donner les moyens pour être capable dans le futur, quand il fait face à une peur du regard des autres, être en mesure de prendre du recul sur cette peur comme on l'a fait dans la séance et d'avoir des prises de conscience, de se recentrer sur qu'est-ce qui dépend uniquement de moi, quels sont mes critères à moi. Et on pourrait même parler après tout de si ça ne plaît pas aux autres et qu'ils ne te trouvent pas à la hauteur. Et alors ? D'ailleurs, en quoi est-ce que ça peut être utile pour toi que les autres ne te trouvent pas à la hauteur ? En quoi ça peut être utile pour toi ? de ne pas être de valeur aux yeux des autres. Et là, ça te rappelle peut-être la situation où je t'ai parlé en Staps tout à l'heure. Et donc finalement, quand tu t'aperçois de tout ça, tu te rends compte que le problème, ce n'est pas les autres, c'est toi. Et c'est surtout de trouver des choses qui dépendent plus de toi et d'agir dessus. Je te laisse là-dessus. On se retrouve dans le prochain épisode.