- Speaker #0
Bonjour Nicolas !
- Speaker #1
Salut Eden !
- Speaker #0
Comment vas-tu ?
- Speaker #1
Très bien, très bien merci.
- Speaker #0
Je suis ravi de te recevoir pour cet épisode d'Odyssée, un épisode un peu spécial aujourd'hui parce qu'on est à l'EPF. On a quelques étudiants avec nous. C'est un épisode qui est enregistré en live dans ce beau studio de l'EPF et qui a été proposé par Émilie Lamotte du IAC. On est là aujourd'hui pour parler d'entrepreneuriat. c'est un petit peu ton... ton domaine, ton sujet de prédilection. Alors, pour ceux qui nous écoutent là en live, Odyssée, c'est un podcast que je produis avec mon entreprise de jeux digitales. Et ça a pour objectif de documenter le parcours entrepreneurial. Donc, je vais interviewer des entrepreneurs du coin, du territoire, au bois, et pour leur poser des questions sur leur motivation, qu'est-ce qui les a poussés à entreprendre, quelles solutions ils apportent, quels problèmes ils répondent. Et tout ça pour avoir une vision un peu, on va dire, empirique et puis globale de ce que c'est qu'entreprendre. Et ce n'est pas essentiellement ce qu'on voit sur les réseaux sociaux et sur Internet, sur LinkedIn notamment. C'est un petit peu ça la motivation. Et donc, aujourd'hui, j'ai Nicolas en face de moi. Donc Nicolas, tu as étudié pas très très loin d'ici parce que j'ai...
- Speaker #1
Ici même. Ici même ? Oui, je suis Troyen d'origine, je suis né ici.
- Speaker #0
Par contre, à l'IUT, c'est ça ?
- Speaker #1
À l'IUT, oui, oui, j'ai pas fait d'école d'ingé, j'ai plutôt orienté commerce quand même.
- Speaker #0
Ok. Et puis ensuite, tu es parti, tu as été responsable marketing chez Thales. Est-ce que tu peux nous en parler ?
- Speaker #1
Oui, j'ai fait ça après l'EUT Tech Deco que j'ai fait juste à côté. J'ai fait une école de commerce par alternance. L'alternance, ce n'était pas encore très développé d'ailleurs. Il y a maintenant 25 ans, je crois. Ça ne nous rajeunit pas, mais c'est ça. Et j'avais tout simplement à cœur d'avoir en fait une double qualification, c'est-à-dire d'un côté le diplôme. Puis d'autre côté, de l'expérience quand même professionnelle pour me démarquer, et je crois qu'on était à peine 25% de la promo à faire de l'alternance, alors qu'aujourd'hui toutes les écoles proposent 100% d'alternance. Donc j'ai eu la chance de rejoindre le groupe Thalès, puisqu'il y avait une filiale T-MEX à Pont-Sainte-Marie. Tout simplement, donc j'ai intégré le service marketing, puisque quand j'ai fait l'IUT, j'ai eu une vision globale de ce qu'est une entreprise, l'ensemble des fonctions et de la façon Et le côté un peu market, stratégie, ça me bottait bien, le volet com aussi. Et je me suis dit, tiens, j'aimerais bien avoir une première expérience dans ce domaine. Et donc, j'ai rejoint Thales, entreprise pendant laquelle j'ai travaillé pendant trois ans.
- Speaker #0
Ok, d'accord. Ensuite, tu as eu un poste de direction. Tu as été directeur marketing. Comment est-ce que ça s'est passé justement ce passage-là et qu'est-ce que cette expérience professionnelle t'a apporté ?
- Speaker #1
En fait, c'était ma vraie première expérience professionnelle. Avant, c'était des stages, stages purement commerciaux, apprendre à vendre sur le terrain, dans le dur. Très formateur d'ailleurs, c'était plutôt cool. Par contre, j'avais envie quand même de faire autre chose et de toucher un peu autre chose. Donc, avec Thalès, j'ai eu la chance d'avoir des missions super intéressantes. La première, je me souviens, c'était autour du GPS. Il y a 25 ans, ça se développait à peine, plutôt pour le côté militaire, très professionnel, alors qu'aujourd'hui, voilà, on a tous un GPS sur nous, concrètement. Donc, c'était d'essayer, à travers une étude de marché, et puis à travers des pistes de réflexion sur des marchés à venir, et notamment le grand public, d'essayer d'identifier quel sera l'avenir du GPS. Et donc, comme Thalès fabriquait des composants électroniques, c'était de voir le potentiel qu'il pouvait y avoir derrière. Donc j'ai fait une étude... à ce sujet qui avait été reprise et j'étais content parce que j'ai rencontré quelqu'un quelques années après qui m'a dit tiens j'ai retrouvé ton étude etc en l'utilisant un peu aujourd'hui au fil des années bien sûr ça a évolué et après j'ai eu vraiment une opportunité extraordinaire et j'ai continué mon master avec ce groupe là lorsqu'il a fallu créer et mettre en place un CRM pour le groupe Thalès sur l'ensemble des filiales internationales Et ça, ça a été une chance incroyable parce que je voulais avoir une dimension internationale. J'aime bien voyager, j'aime bien découvrir de nouvelles cultures. Et il se posait la question à l'époque, parce qu'aujourd'hui c'est pareil, je te parle de CRM, tu me dis normal. Non, il y a 25 ans, ce n'était pas normal.
- Speaker #0
Ok, alors tu sais ce que j'aime bien faire ? J'aime bien faire une petite pause quand on a des termes comme ça qui ne sont pas connus de tout le monde. CRM, c'est Client Relations Management et c'est en français, c'est en gestion de la relation client. donc c'est un logiciel qui permet de capitaliser, de capter et d'enregistrer en fait toutes les interactions avec les clients d'enregistrer les contacts, nom, prénom, numéro de téléphone email et d'avoir en fait en suivi sur l'activité de ce client-là, du moment où il est prospect, les points de contact, donc appel, réunion, téléphone, etc. C'est toute la durée de vie du client en fait.
- Speaker #1
Oui, en fait, l'idée c'était de centraliser les informations commerciales parce que les plus anciens commerciaux travaillaient encore sur papier. Classique on va dire.
- Speaker #0
Le fameux portefeuille client, c'était un vrai portefeuille client.
- Speaker #1
Oui, mais donc du coup, il n'y avait pas forcément toujours la transmission de l'information. si, imaginons... Il y avait une maladie où ils partaient à la retraite, ils partaient quand même à vrai savoir et ça pénalisait quand même l'entreprise. Au final, il ne pouvait pas y avoir une suite logique et puis pour le client quand même qu'il y a une continuité dans la relation. Et donc, il y a eu cette réflexion qui avait été abordée et j'ai travaillé avec un ingénieur informaticien parce que l'idée c'était de créer un logiciel. Je n'ai absolument pas ces compétences. Par contre, mes compétences, moi, elles étaient plutôt axées sur l'identification des besoins. Donc j'allais tout simplement voir les commerciaux, j'allais voir les services marketing, j'allais voir la direction et je leur demandais ce qu'ils souhaitaient exactement aujourd'hui. Comment est-ce qu'ils travaillaient, quelles étaient les informations indispensables et de manière générale quelles étaient en fait leurs attentes. Et par rapport à ça, je traduisais ça avec l'ingé informaticien avec lequel je travaillais pour lui dire voilà aujourd'hui ce que je souhaite faire. Et j'ai été confronté quand même à une petite difficulté, c'est que j'avais la vision d'un technicien d'un côté. L'informaticien qui me disait, ouais je vais le faire comme ça, c'est plus simple. Et je lui disais, oui mais c'est pas ce qu'on veut. Et donc c'est de la gestion de projet, voilà, j'ai appris aussi avec ça.
- Speaker #0
Gestion de projet, et puis là c'est l'élaboration du cahier des charges, qui est absolument indispensable pour ce genre de projet-là. Et puis là c'est l'expérience utilisateur, parce que t'as aussi un côté, l'ingénieur qui va te dire, ou l'informaticien qui va te dire, c'est mieux comme ça de son point de vue. Après du côté expérience utilisateur, c'est non, c'est pas efficient, c'est pas efficace, c'est pas comme ça que nous on travaille. C'est vrai que c'est un exercice super intéressant, je trouve, à faire. Pour toi, qui étais néophyte là-dedans, ça a dû être une sacrée expérience.
- Speaker #1
Oui, c'était extraordinaire parce qu'il y a quand même eu la cerise sur le gâteau. Et je trouve que c'est ce qui m'a un petit peu mis aussi la voie dans ce que je continue de faire. C'est qu'outre le fait de réaliser ce CRM, j'étais en charge de former le personnel international sur cet outil pour qu'il puisse l'utiliser dans les meilleures conditions. Donc d'un côté, créer un guide d'utilisation qu'on peut voir pour qu'il puisse savoir tout simplement comment l'utiliser. Et puis après, une formation. Donc je me suis déplacé dans les filiales internationales. Donc je suis allé en Asie, je suis allé un peu partout en Europe. La seule que je n'ai pas pu faire, c'était aux États-Unis. Mais bon, j'étais déjà très, très content quand tu as 20 piges de partir à l'international comme ça. C'est extraordinaire.
- Speaker #0
T'avais quel âge ?
- Speaker #1
J'ai commencé à 21 ans, donc de 21 à 23 ans.
- Speaker #0
Waouh, c'est ouf !
- Speaker #1
Donc c'était, voilà, t'es un gamin, tu découvres énormément de choses, tu visites de nouveaux pays, donc c'était une expérience super enrichissante qui m'a beaucoup appris et qui m'a fait aimer aussi l'aspect formation, l'aspect pédagogie qui m'a jamais lâché en fait après.
- Speaker #0
Ouais, je vois d'où ça vient ! On continue dans ton parcours, ensuite tu deviens directeur général du coup ou directeur fondateur d'Aglopole, Provence Initiative ?
- Speaker #1
Non, il y a eu PME Performance en fait quand je suis sorti des études, donc j'ai fini cette mission avec Thales, que j'avais poursuivi avec un master en marketing que j'ai fait sur Montpellier puisque je suis parti à ce moment-là dans le sud de la France. Et au sortir des études, j'avais encore des contacts avec deux, trois potes d'école de commerce. Et puis on se tâtait un peu sur ce qu'on allait devoir faire. Et puis on partageait en fait une vision un peu commune. C'était que les dirigeants d'entreprise, concrètement, avaient une compétence technique. Ils savaient très bien... Un restaurateur, il sait faire la cuisine, les... On va dire les gérants du BTP savent construire des maisons, c'est pas leur souci l'aspect technique. Leur souci ça va être ma capacité à trouver de la clientèle, ça va être ma capacité à gérer une entreprise, à m'occuper des ressources humaines, à communiquer. Et en fait ces compétences-là, on faisait un peu un constat commun sur le fait que les dirigeants avaient besoin d'être formés, de monter en compétences. Et comme on avait à cœur d'avoir, et moi le premier, des responsabilités, on avait la lucidité de savoir que personne nous en donnerait. Tu sors des études, tu as très peu d'expérience, tu ne vas pas arriver dans une boîte où on va te filer des responsabilités, c'est normal. Donc le meilleur moyen d'en avoir, c'était encore de créer son entreprise et puis d'aller jusqu'au bout de cette démarche et de se dire on a envie aussi d'aider les dirigeants d'entreprise. Moi, personnellement, qu'est-ce qui m'a poussé en fait à aller dans ce sens-là ? Parce que je suis issu d'une famille d'entrepreneurs. J'ai vu mon père connaître les galères d'un chef d'entreprise, c'est-à-dire que typiquement, il y a 25 ans, le niveau moyen d'études d'un dirigeant d'entreprise, c'était inférieur ou égal au bac. C'était pas plus haut. Aujourd'hui, ça a vachement évolué, bien sûr. Et il y avait vraiment des besoins qui étaient constatés. Moi, des fois, on était à table, j'entendais le mot client, problème de trésorerie, gestion du personnel, recrutement. Voilà, il y a des notions, j'étais baigné quelque part assez jeune par rapport à ça, et ça m'interpellait. Et c'est ce constat qu'on avait fait en commun avec mes associés de l'époque, où on partageait un peu cette vision en se disant, il faudrait qu'on fasse quelque chose pour ça. D'où l'idée de créer PME Performance, donc un organisme de formation destiné aux dirigeants d'entreprise, qui avait pour vocation de faire monter en compétence les dirigeants sur un certain nombre de domaines. Et donc on avait à terme une dizaine de domaines de compétence. la gestion d'entreprise, l'informatique, la création de sites web, le niveau RH, le développement commercial, la gestion d'entreprise, ce genre de choses.
- Speaker #0
Ok, vous aviez les compétences en interne ou vous avez fait appel à des compétences externes ?
- Speaker #1
Non, on a fait appel à des professionnels. On travaillait avec une vingtaine de formateurs consultants indépendants et nous le rôle c'était de commercialiser des formations auprès des dirigeants de reprise. Parce que j'avais 24 ans quand j'ai créé PME Performance avec mes deux associés. Tu n'as pas la légitimité vis-à-vis des dirigeants d'entreprise. Donc d'ailleurs, c'était rigolo si je ne me présentais même pas en tant que dirigeant de la société.
- Speaker #0
Tu te présentais comme un commercial ?
- Speaker #1
Un commercial.
- Speaker #0
Ok. Et là, pour le coup, c'était crédible pour les dirigeants d'entreprise ? À leurs yeux,
- Speaker #1
mais je me demande si ce n'est pas une erreur, mais je ne me sentais pas légitime. Mais on parlait déjà le même langage parce que je comprenais. Déjà, ce qu'ils étaient en train de vivre, parce qu'à la maison, je le voyais aussi. En fait, je le voyais aussi et je voulais apporter des solutions et une réponse par rapport à ça.
- Speaker #0
Ok, ça marche. J'entends ce que tu dis et c'est vraiment une problématique qui est partagée par les dirigeants d'entreprise qui se lancent surtout très jeunes. Aujourd'hui, ça se voit beaucoup moins parce qu'il y a beaucoup de jeunes, très jeunes entrepreneurs qui se lancent. Hier soir, j'étais en visio avec un jeune de 20 ans qui a commencé à 15 ans. Il a commencé en vendant des sneakers sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, il gère une agence qui fait pas mal d'argent. Et il m'a semblé crédible parce qu'en fait, on parlait le même langage justement. Tu vois, donc aujourd'hui, c'est plus un souci. Je peux comprendre qu'il y a une vingtaine d'années, ça l'était.
- Speaker #1
Ça a changé, ça a évolué. Ce regard a évolué. Quand t'as 20 piges et que tu as face de toi un dirigeant que ça fait 10-15 ans qu'il a sa boîte, c'est compliqué de se positionner au même niveau. C'est pas que je ne me pensais pas être capable, c'est que c'est toujours, t'es face au jugement de la personne qui est en face de toi et on n'avait pas la même mentalité. Donc généralement... Je le referais, je le ferais peut-être autrement aujourd'hui, je l'assumerais beaucoup plus tôt, mais ça n'a pas à empêcher en fait. C'était juste comprendre que c'était d'ailleurs notre slogan, un réseau d'experts au service des petites entreprises. On avait vraiment autour de nous des experts dans leur domaine et c'est ça qu'on vendait, c'est ça qui plaisait aujourd'hui.
- Speaker #0
Exactement, c'était ça votre valeur ajoutée, c'était de faire réseau et de pouvoir ramener des experts pour accompagner la montée en compétence des petites entreprises.
- Speaker #1
Avec vraiment un focus, un positionnement très clair. le spécialiste des formations des dirigeants d'entreprise. Et là où ça a plutôt bien fonctionné, c'est qu'on s'est rapidement positionné dans ce sens et au bout de trois ans, on était leader régional en Midi-Pyrénées, puisque cette société est sur Toulouse, des dirigeants d'entreprise. On avait formé à peu près 700 entrepreneurs, ce qui avait permis à l'entreprise de grandir assez rapidement, d'embaucher et d'avoir une première expérience, quelque part aussi concrète de ce qu'est... Gérer et créer une entreprise de A à Z, voilà.
- Speaker #0
Ça durait 4-5 ans, c'est ça ? Oui.
- Speaker #1
C'est ce que je m'étais fixé, oui.
- Speaker #0
Ah d'accord, donc tu t'étais déjà donné en fait une limite, une durée limitée en fait à cette activité ?
- Speaker #1
Oui, parce que j'étais descendu au soleil, ça c'est mon côté méditerranéen, Montpellier, Sofia Antipolis, et puis ce projet, mes associés étaient sur Toulouse. Donc je suis parti sur Toulouse parce qu'il y avait aussi un réel potentiel sur Toulouse. J'avais appliqué ce que j'avais appris en cours avec une belle étude de marché, comme il se doit pour optimiser la réussite et le lancement de cette activité. Et Toulouse me plaisait moins, grande ville, pas le même climat. Et je n'étais pas forcément descendu pour ça. Et puis moi, j'aime bien fixer des objectifs temporels, avec des échéances de 5-10 ans maximum. Et là, je m'étais fixé 5 ans. C'était clair depuis le départ, je m'étais fixé 5 ans. Et au bout de 5 ans, de faire en sorte que je puisse partir sereinement, les laisser continuer. Et puis moi, vaguer à d'autres occupations avec d'autres projets en tête. Ok.
- Speaker #0
Comment s'est organisée ta sortie ? Est-ce que tu es reparti avec un pactole ?
- Speaker #1
J'ai revendu mes parts, oui. J'ai revendu mes parts. Mais c'est plus par conviction après personnelle d'autres projets que j'avais en tête. puis il y a quelque chose quand même à cette période qui a J'ai changé beaucoup de choses dans ma vie, c'est l'arrivée de mon enfant. L'humain a pris le dessus sur les ambitions professionnelles. Parce que j'ai quitté PME, je devais avoir 28 ans. J'avais recréé une autre boîte entre temps, j'ai fait plusieurs projets. Je commençais à être beaucoup à la maison, à être quand même pas mal au travail, mais c'était un choix. Puis l'arrivée d'un enfant m'a fait... complètement viré de bord. Je me suis dit, non, en fait, ma priorité, tu te trompes, limite, tu te trompes. C'est pas ça ta priorité dans la vie. Ta priorité, c'est ta famille, c'est de voir tes enfants au quotidien, d'en profiter au maximum. Donc, je me suis dit, j'ai envie de faire autre chose. Et déjà, un projet de vie, c'est concrètement retourner au bord de la mer parce que c'est ce qui me botte aujourd'hui. Voilà. Donc, je suis parti là-bas.
- Speaker #0
Oh mais t'en es loin aujourd'hui de la mer, tu vas nous expliquer.
- Speaker #1
Je t'expliquerai tout ça, bien sûr.
- Speaker #0
Du coup on continue, et justement je reviens sur l'après. C'est à ce moment-là que tu deviens directeur fondateur d'Aglopole, Provence Initiative ?
- Speaker #1
C'est ça, c'est ça. En fait, j'ai eu plusieurs opportunités, et pour la première fois, je cherchais peut-être un boulot de salarié. Parce que je n'ai jamais été salarié auparavant. Je suis sorti des études, j'ai créé tout de suite plusieurs entreprises, tu vois. Mais je me suis dit, je vais me rapprocher. Et j'ai été... Donc déjà, j'ai eu les mêmes galères que les jeunes que je vois ici au rond. C'est de trouver un emploi, trouver un emploi qui convient. T'as beau avoir quand même quelques bagages, je visais des postes de direction. À 28 piges, des postes de direction, tu restes quand même jeune et t'étais en... concurrence avec des gens qui avaient 15-20 ans de bouteille. Pour les postes que je visais, je visais des postes ambitieux, tout simplement. J'ai été contacté par ADECO Expert qui souhaitait créer une agence sur Montpellier, donc un retour aux sources sur Montpellier. Ça me bottait vraiment bien. Ils avaient le choix de me prendre pour créer une agence qui permette de recruter en fait des cadres et dirigeants d'entreprises. Et donc, c'était la création d'une agence de A à Z. Donc, super projet, très belles conditions. On parle quand même du groupe Adéco, etc. Mais j'ai refusé. J'ai refusé parce qu'il fallait que j'attende six mois. Le projet avait été décalé de six mois. Et honnêtement, je ne me voyais pas rien faire pendant six mois. C'est contre nature. Et j'ai dit, écoutez, non, merci. Et puis après, il y a eu ce projet à Salon de Provence de créer une plateforme initiative. Une plateforme initiative, donc Initiative France, c'est le premier réseau national d'accompagnement des porteurs de projets. Et donc, il s'occupe d'aider n'importe quel porteur de projet en lui octroyant un accompagnement et une aide financière avec des prêts d'honneur. Donc des prêts personnels à taux zéro qui permettent souvent de servir d'effet de levier pour obtenir des prêts bancaires un peu plus facilement, faciliter les gens à créer dans de bonnes conditions, on va dire, les... leur projet d'entreprise. Voilà, ça c'est un projet qui m'a botté tout de suite et que je trouvais tellement logique par rapport à ce que je souhaitais faire. Donc, je me suis lancé. Tout simplement, ça c'était fin 2008. Et c'est une plateforme que j'ai créée, développée et puis dirigée pendant 12 ans, jusqu'en 2020. Et j'ai pris... Alors ce n'est pas simple, bien évidemment, on aura peut-être l'occasion de revenir, mais j'ai pris un vrai kiff pendant 12 ans à gérer ça, parce que c'était extrêmement enrichissant.
- Speaker #0
Justement, parlons-en des galères, tu disais que ce n'était pas simple. Je pense qu'on a aussi une vision quand on se lance, quand on imagine son entreprise, son activité. On n'anticipe pas, on n'imagine pas les difficultés que ça peut engendrer derrière. Est-ce que tu peux rapidement nous dire quelles sont les galères auxquelles tu as été confronté ? Comment est-ce que tu les as résolues ? Si tu les as toutes résolues ?
- Speaker #1
On essaye. De toute façon, chaque projet a ses opportunités et puis ses menaces ou ses difficultés. C'est vrai, c'est toujours comme ça. Là, le principal défi, c'était de m'attaquer à quelque chose que je ne connaissais absolument pas. La politique.
- Speaker #0
Ah, évidemment.
- Speaker #1
Donc, puisque c'est une plateforme qui était sous la forme associative, loi 1901, et donc qui au départ fonctionnait principalement avec des fonds publics, des subventions. Donc subvention de la collectivité locale, aujourd'hui ex-Marseille-Provence. du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, du conseil régional PACA, de BPI et de l'Europe. Donc on avait effectivement là une notion où il fallait effectivement présenter d'une certaine façon. En fait, ce n'était pas purement du business parce que même si j'ai énormément développé la structure, on y reviendra et on a réussi à vraiment avoir une part de fonds privés importante qui était nécessaire pour la pérennité de la structure. Il y avait quand même tout ce travail, un de réseau, deux relations publiques, un peu de travail politique, donc travailler avec beaucoup d'élus. Et j'ai énormément appris dans ce domaine, et c'est un domaine que je ne connaissais absolument pas. Donc ça, ça a été vraiment le gros défi. J'étais plutôt un extraterrestre dans ce domaine, avec ma vision business entrepreneurial, où là, il fallait présenter les choses autrement.
- Speaker #0
Bien sûr. Qu'est-ce qui était attendu de toi, sachant que, effectivement, quand il y a des subventions, on attend aussi des livrables, savoir quel est le volume de personnes que tu as accompagnées, les sorties, etc. Je pense que tu devais avoir des bilans à rédiger tous les ans pour justifier aussi les dépenses, justifier les subventions qui t'étaient confiées. Et puis il y a aussi cet enjeu d'équilibrer la structure avec un certain pourcentage de subventions, mais aussi un certain pourcentage... de fonds propres, on va dire, ou de fonds extérieurs aux subventions. Si tu peux nous donner, en fait, justement, cette échelle-là, en termes de pourcentage, c'est-à-dire combien de subventions, combien de...
- Speaker #1
Quand on a commencé, étant donné que c'était comme une volonté politique de mettre en place une plateforme sur un territoire, on était à 80% de fonds publics. Les deux, trois premières années, logique, le temps qu'on démarre, etc. J'ai démarré seul. Puis après, j'ai eu une assistante administrative et puis on a fini. On était six personnes, je crois, plus surtout 70 bénévoles. Et ça, c'était une richesse incroyable. Je pense qu'on y reviendra aussi sur le fait de pouvoir s'appuyer sur des compétences clés, souvent d'anciens dirigeants ou d'acteurs économiques qui souhaitaient participer à une contribution collective. et c'était vraiment super intéressant. Maintenant, j'ai vite compris... que ça n'allait pas durer longtemps. Et en fait, il y a un truc que je déteste, c'est d'être dépendant des autres. Ça, c'est quelque chose que je n'aime pas de manière générale et encore moins dans le business. Donc, la question que je me posais, c'est comment je peux faire pour éviter d'être dépendant du bon vouloir des élus en fonction de leurs priorités ?
- Speaker #0
En fonction de l'actualité politique, des élections, etc. Et voilà, exactement. Ça redistribue les cartes.
- Speaker #1
Et je ne peux pas être dépendant, c'est-à-dire que j'étais au courant peut-être en septembre de la subvention que j'allais avoir sur l'année en cours. En attendant, tu avais un gros point d'interrogation.
- Speaker #0
Avance de trésor, etc.
- Speaker #1
Et je ne peux pas rester comme ça, ce n'est pas possible. C'était vraiment contre nature, encore une fois. Donc, j'ai commencé à réfléchir à ce que je pouvais mettre en place. Donc, comment je vais pouvoir récupérer des fonds privés ? Avec potentiellement la création d'un réseau, un réseau d'entrepreneurs où il y a des adhésions, où du coup, il y a des événements à mettre en place. La création de... On y revient, de formation. où on va former les dirigeants d'entreprise. Donc on avait une dizaine de formations dans lesquelles les dirigeants pouvaient s'inscrire pour pouvoir participer. Donc je faisais intervenir des professionnels là aussi dans le domaine. Et puis il y avait aussi la volonté quelque part de vendre des fois quelques prestations. Puisqu'on faisait de l'accompagnement, bien évidemment au sein du réseau Initiative France, l'accompagnement est entièrement gratuit. mais néanmoins on arrivait à trouver des prestations complémentaires qui permettaient de générer des revenus, qui permettaient d'avoir de la visibilité et donc de pouvoir embaucher pour le développement, parce que l'idée, c'était d'avoir déjà cette visibilité pour minimiser les risques et de pouvoir embaucher derrière. Parce que dans le milieu associatif, tu connais un petit peu, derrière, sinon, c'est compliqué. C'est un gros point d'interrogation chaque année par rapport aux subventions ou non qui vont tomber.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Et la dernière étape, et ce qui a très bien marché aussi, c'était la mise en place de partenariats, ou à travers... L'ampleur que prenait cette association, puisqu'on a fini, on était quand même le premier réseau d'entrepreneurs local, donc il y avait une vraie visibilité, une attractivité naturelle et les gens souhaitaient être visibles par rapport à ça. Et donc, ils souhaitaient potentiellement être visibles sur les plaquettes, visibles lorsqu'on faisait des événements. Et donc, on avait un pack bien marketé qui permettait aux entreprises de pouvoir bénéficier de cette visibilité et donc qui permettait de générer quand même des revenus. conséquent parce qu'au final on avait dépassé le seuil des 50% de fonds privés. Et au niveau national, je crois qu'on était dans le top 3, pour ne pas dire de bêtises, dans finalement les associations qui avaient le plus de fonds privés. On me sollicitait finalement pour même savoir comment je m'y prenais, généralement pour avoir globalement autant de fonds privés, parce que toutes les associations sont dans le même cas de figure, et aujourd'hui c'est toujours d'actualité.
- Speaker #0
Bien sûr, toujours d'actualité. Tu parlais, et c'est un vrai tour de force, d'avoir réussi à... rééquilibrer la balance justement de ces flux-là et de ces fonds. Tu parlais de l'importance des bénévoles, tu l'as souligné, 70 bénévoles. Tu parlais d'anciens dirigeants d'entreprise. Ici, en local, on a l'association EG qui rassemble des anciens dirigeants d'entreprise, directeurs qui ont eu de gros postes et qui aujourd'hui accompagnent des jeunes dirigeants. Est-ce que c'était ce type de bénévole que tu avais ? Complètement.
- Speaker #1
En fait, j'avais beaucoup de retraités parce que ça mobilisait du temps, puisque concrètement, in fine, en fin d'année, on accompagnait une centaine d'entrepreneurs par an, sachant qu'il faut les accompagner pendant trois ans. Calculez ça, il faut accompagner 300 entrepreneurs par an. Ça nécessite des moyens, des moyens humains qu'on n'a pas forcément. Et donc, la nécessité de s'appuyer sur des gens qui, gentiment, acceptent de donner de leur temps, de partager leur expérience. pour pouvoir accompagner celles et ceux qu'on a un peu le plus besoin. Donc, c'était concrètement beaucoup de profils d'anciens dirigeants qui préféraient être avec nous plutôt qu'à la maison. Parce qu'avec humour, il y en a souvent qui me disaient Nicolas, tu ne voudrais pas me solliciter pour un truc ? Sinon, je vais rester à la maison. Ma femme va me demander de m'occuper du jardin ou de faire autre chose. Et je n'ai pas envie. Je préfère être ici aux côtés des dirigeants. Donc, c'est vrai que c'était un appui vraiment formidable. Et qu'est-ce que j'ai appris à leur côté aussi ? je leur ai fait une... La promesse, en fait, aussi, lorsque j'ai quitté API, c'était de pouvoir leur dire « Je vous rendrai tout ce que vous m'avez apporté. » Enfin, « Je vous rendrai. » « Je rendrai, tout simplement, aux associations ce que vous m'avez apporté et je serai bénévole à mon tour. » Et c'est ce que je fais, entre autres, aujourd'hui. On y reviendra.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai. Et puis, je pense qu'après, on arrive justement à ton retour dans l'aube, si je ne me trompe pas. Et à ta prise de poste en tant que directeur d'exploitation de la Technopole de l'Aube. Je crois que tu l'as rejointe en 2021.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
C'est ça. Donc, on s'est croisés. Moi, j'ai quitté la Technopole pendant le confinement, d'ailleurs. Et donc, toi, en 2021, tu rejoins la Technopole en tant que directeur.
- Speaker #1
Alors, je ne pensais jamais revenir sur toi. Honnêtement, c'était quelque chose que j'écartais. Mais il s'est passé plusieurs choses en 2020. La crise du Covid, qui fait réfléchir sur un certain nombre de choses et notamment tes priorités. Deux, crise de la quarantaine, ça existe. Ça existe, je l'ai vécu, ça existe. Et puis trois, j'avais fait le tour aussi. Ça faisait douze ans que j'étais dans la même structure. On l'avait super bien développé. Ça tournait tout seul. Le plus dur était fait. Et j'avais besoin encore de challenge. et donc j'avais en tête la... possibilité, en tout cas l'opportunité, de créer une pépinière d'entreprise, un espace de coworking, pépinière d'entreprise, d'avoir des locaux un peu plus grands, donc un vrai projet avec une autre dimension par rapport à l'association qu'on avait, mais qui était complètement complémentaire et légitime, vu la place qu'on avait après sur le territoire. Ce projet a été complètement néanti lorsque le Covid est arrivé, et euh... Voilà, je cherchais autre chose en fait. Il était temps aussi peut-être de donner un nouveau souffle et puis moi j'avais envie d'autres projets. Donc tout ça mis bout à bout, je me suis posé certaines questions en me disant quelles sont tes prochaines priorités ces dix prochaines années.
- Speaker #0
Hop, papier, stylo, qu'est-ce que je veux faire ? Qu'est-ce qui est le plus important ? La première chose qui est revenue, c'est la famille. J'ai encore beaucoup de famille sur trois. Donc, avec mon épouse et mes deux enfants, on a fait nos valises. Et puis on est revenus en octobre 2020 sur trois. Je savais pertinemment ce que j'allais faire. Parce que souvent, quand on ne sait pas ce qu'on veut... Et bien on prend le problème à l'envers, on se dit qu'est-ce que tu ne veux plus ? Et je l'ai pris en fait complètement comme ça, et globalement je me suis aperçu que j'ai envie de continuer à prendre énormément de plaisir dans ce que je fais, j'ai envie peut-être de mettre certains côtés qui musèrent un peu au travail, et de me concentrer surtout sur ce que j'aime, c'est accompagner. Parce que lorsque par défaut tu as une structure qui grandit, tu es obligé de prendre de la hauteur, tu ne peux pas gérer toi-même, il y a de la délégation bien évidemment. Tu gères du personnel et finalement j'ai l'impression de gérer que les problèmes. Je parle pas que du personnel, mais de gérer, voilà, j'assume mes responsabilités de gérer les problèmes. Mais je m'éloignais des entrepreneurs. J'avais plus un rôle de gestionnaire, de pilote. Et à un moment donné, il y a quelque chose qui me manquait. Donc quand je suis revenu sur Troyes, j'ai créé NC Consulting, donc un cabinet de conseil. aux entreprises qui proposent des prestations d'accompagnement, de formation et de coaching, principalement toujours aux dirigeants d'entreprises. Donc je reste dans mon cœur de métier. Je reste dans ce que j'aime faire. Par contre, maintenant, je le fais seul pour rester sur le terrain, être au contact des dirigeants. Et puis, je crée en juillet 2021 cette structure. Et de là, je fais certaines rencontres. Et dans mes premiers clients, sur trois, j'ai notamment le groupe Wisechool, où je fais la rencontre des dirigeants de Wisechool, qui me proposent après coup de potentiellement reprendre des responsabilités au sein de la technopole. J'ai hésité, parce que je ne me voyais pas être salarié, en fait, dans ce contexte. Mais je me suis dit, c'est quand même... Quelque chose qui ressemble énormément à ce que tu as fait. Ton projet de pépinière, il est sur place et il est plutôt sympa, puisque c'est un formidable outil sur le territoire. C'est un formidable outil. Et je me suis dit, pourquoi pas ? Je n'ai pas envie d'avoir de regrets, je n'aime pas. Donc, je vais essayer. Et donc, il y avait certaines missions à très court terme qu'il fallait absolument réaliser sur six mois. C'était notamment l'organisation du bel événement Plug&Start. et l'organisation aussi de Game of Brain qu'il fallait faire ces deux manifs dans des délais très courts etc donc j'ai accepté cette mission que j'ai menée à bien et après j'ai tout simplement à l'issue de ces missions préféré continuer à faire ce pour quoi j'étais venu à Troyes c'est à dire rester spécifiquement et en solo sur l'accompagnement
- Speaker #1
Ok, écoute, c'est super intéressant tout ça, c'est un beau parcours en tout cas. On sent la passion et puis la mission que tu te donnes en fait d'accompagner les dirigeants d'entreprise qui sont de plus en plus nombreux quand même, même si en regardant les chiffres, j'ai vu qu'il y avait quand même un peu plus de 66 000 cessations d'activité en 2024. Donc en fait, ça remonte à la création d'entreprise. Il y a de plus en plus d'entrepreneurs aujourd'hui, peut-être que dans la salle dans laquelle on est là. Avec les jeunes qui sont là, il y en a peut-être qui ont envie d'entreprendre. Et j'ai envie de te poser la question, justement, avec ton parcours, quels seraient les conseils que tu pourrais donner à des entrepreneurs qui se lancent aujourd'hui ?
- Speaker #0
Là, j'ai des jeunes, on a des jeunes un peu autour de nous, mais concrètement, c'est d'oser, à votre âge, se faire de ma part. Vous n'avez pas encore trop d'attaches personnelles, peut-être pas encore d'enfants. Donc, il y a des périodes dans la vie qui sont un petit peu plus simples pour créer, puisque après, il y a d'autres facteurs qui viennent en compte et qui viennent généralement un peu bousculer vos projets ou vos ambitions. Donc, concrètement, c'est d'oser, d'oser entreprendre, d'oser d'aller jusqu'au bout, parce que quoi qu'il arrive, vous allez apprendre. Une illustre personne qui est Nelson Mandela disait « soit je gagne, soit j'apprends » . Et par défaut, vous allez apprendre de cette expérience et c'est ce qui va faire que vous allez grandir personnellement, professionnellement. Et donc, vous allez pouvoir apprendre et c'est ce que vous allez vendre demain. Vous allez acquérir des compétences, des soft skills et ce sont des genres de compétences que vous allez pouvoir, derrière, transposer dans d'autres secteurs d'activité, dans d'autres entreprises. C'est ce qui va faire que vous allez vous construire aussi. Il ne faut pas que vous ayez peur de la concurrence. Parce que la concurrence, c'est sain. Heureusement qu'il y a de la concurrence. Généralement, quand il n'y a pas de concurrence, c'est qu'il n'y a pas forcément du business non plus. Et quand il y a de la concurrence, c'est quand même plutôt bon signe. Et puis, faites-vous accompagner. Ça, c'est important. Vous n'avez pas toutes les clés. J'aurais aimé bénéficier moi-même d'accompagnement plus jeune. Je n'avais pas la connaissance, en fait. Je ne savais pas qu'il y avait beaucoup de structures d'accompagnement, d'associations qui existaient. Et ça m'aurait fait gagner du temps. Ça m'aurait fait gagner du temps, ça m'aurait permis de monter en compétence peut-être plus rapidement, parce que quand on crée, il faut éviter les mauvaises erreurs, on les paye cash. Donc l'idée c'est d'en faire le moins possible. On en fera tous, vous en ferez, ça fait partie de la vie, mais si on peut les limiter, voilà, c'est toujours mieux.
- Speaker #1
Clairement. Et justement, qu'est-ce que tu viens de dire que tu n'as pas eu ? Quelles sont les ressources, quels sont les outils qui te... ton et des toi dans ton parcours entrepreneurial, même récent en fait, parce que tu es toujours entrepreneur aujourd'hui. Des fois, on a des livres qui nous aident, qui nous font prendre conscience d'un truc. Des fois, on regarde un film qui nous rebooste. Qu'est-ce que toi, tu as pu trouver sur ton chemin qui t'a aidé ?
- Speaker #0
Après, tu as toujours des personnes inspirantes, ce que j'appelle des références, dans un bon sens comme dans l'autre, mais ça te donne une référence et toi, tu dis, tiens, ça c'est plutôt bien, j'aimerais faire la même chose. Et à l'inverse, sur ces éléments-là, je préférerais les faire à ma manière, d'une autre façon, donc se servir de référence. La première référence, c'est mon père, le fait de l'avoir vu, parce que concrètement, tu démarres, tu n'as aucun bagage de formation, tu commences à bosser à 14 ans, tu subis un licenciement économique à 40 ans, et que derrière, tu crées une boîte, tu as 30 salariés, tu fais plusieurs millions de chiffres d'affaires, ça impose le respect de la façon dont ça a été géré. Et en disant, mince, toi t'arrives avec des bagages bien supérieurs, t'as eu la chance de pouvoir faire des études, t'as eu des expériences intéressantes, et que derrière aussi, j'ai rencontré d'autres gens très inspirants qui m'ont beaucoup appris, bah derrière, tu te forges ta propre personnalité, tes propres convictions, ta propre vision, tu l'assumes et tu vas jusqu'au bout. Donc il y a déjà des personnes que tu rencontres, à travers aussi ton réseau, parce que ce que j'aime c'est échanger avec mes pairs, avec d'autres dirigeants. On connaît tous les mêmes problématiques, on a tous les mêmes joies, les mêmes galères. Et c'est ce qui me plaît en fait, c'est qu'on se comprend. En fait on se comprend et c'est vrai que j'aime confronter des idées, challenger, travailler, collaborer avec les autres parce que même si je souhaite être seul et rester seul pour l'instant. Ça ne m'empêche pas de jouer collectif et d'intégrer, de faire partie des réseaux et d'avoir des projets avec d'autres.
- Speaker #1
De toute façon, tu es joueur de foot, donc le collectif, tu connais bien.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est vrai.
- Speaker #1
J'aimerais te poser la question. On a toujours des moments où... J'appelle ça les moments level up, tu vois. Les moments où tu... prends conscience de quelque chose, des moments qui te transforment, vraiment, qui te font changer, qui te font vriller. Est-ce que tu as eu ce genre de moment-là dans ta vie, peut-être un peu salariale, entrepreneuriale, des moments qui t'ont fait changer de direction ?
- Speaker #0
Je l'évoquais tout à l'heure, personnellement, c'est l'arrivée de mon premier enfant qui m'a fait, je ne peux pas dire vriller, mais qui m'a fait changer ma vision de la vie professionnelle, ce que je souhaitais faire. Et je me suis dit, Je vais faire toujours ce que j'aime, mais j'ai envie de le faire différemment. Donc ça, c'est un élément qui m'a vraiment marqué. Et puis après, plus à titre pro, ça va être... Quand j'ai pris conscience, tout simplement, que je ne pouvais pas plaire à tout le monde, à travers des projets, à travers des convictions, parce qu'on cherche toujours des consensus, tu sais, de travailler un peu avec les autres, mais à un moment donné, on a vraiment des avis différents. Il faut assumer tout simplement ses choix et de le faire avec respect et bienveillance, bien évidemment, mais de pouvoir les assumer et aller jusqu'au bout de ses idées. Ça aussi, c'est un conseil. C'est quand vous avez une idée, l'idée, c'est quand même d'être à l'écoute. d'entendre les opinions des autres, bien évidemment. Mais si vous avez une idée et que vous êtes convaincu que c'est une bonne, il faut aller jusqu'au bout. Ça, ça me semble important. Après, d'autres choses qui marquent après un dirigeant, c'est qu'à un moment donné, tu ne peux pas faire tout seul. Et ça, je l'ai appris dans mes premières expériences, où tu as toutes les casquettes quand tu entreprends. Tu veux être le commercial, le gestionnaire, le bon copain de tes salariés, mais en même temps, il faut quand même avoir un petit peu de fermeté. d'être un peu directif, d'être aussi un peu collaboratif. Tu dois être de partout et c'est compliqué d'être bon partout. Donc, savoir s'entourer, ça, c'est important. De s'entourer même de gens, et c'est souvent ce que je donne comme conseil, de s'entourer de gens plus compétents que soi, pour nous pouvoir nous concentrer sur notre réelle valeur ajoutée qu'on apporte à la société. On est très bon dans des domaines, on est moins bon dans d'autres. D'avoir conscience de ça avec une bonne connaissance de soi et derrière, pouvoir chercher des profils qui permettent justement ... d'avoir une bonne complémentarité, une bonne cohésion d'équipe et qui permet généralement d'avoir de la performance et faire qu'une entreprise va tout simplement réussir son pari, être rentable et puis elle ait capacité derrière les moyens de se développer.
- Speaker #1
Tu en vois beaucoup des dirigeants qui n'arrivent pas à faire tout ça et qui sont débordés par leur activité et qui baissent les bras ?
- Speaker #0
Oui, on en rencontre. On en rencontre, c'est le métier le plus difficile, celui d'entreprendre. Quelque part, ça ne s'apprend pas. C'est rare, même s'il y a des formations qui existent, mais on reste sur de la théorie. On reste sur de la théorie, une fois qu'on a compris la théorie qu'il faut aller sur le terrain et qu'il faut le faire pour de vrai, c'est là qu'on est utile. En tout cas, c'est là que je me sens utile. C'est pour ça que je fais ça. En fait, je le fais vraiment par conviction. parce que j'aurais pu faire une chose très simple c'était de reprendre la boîte de mon père qu'est-ce qu'il faisait d'ailleurs ? il était dans le bâtiment dans le bâtiment maçonnerie générale et c'était une boîte qui tournait bien et il a jamais compris que je n'ai pas repris cette entreprise sauf que moi j'ai pas été élevé comme ça c'est pas simple et j'avais à coeur même d'apporter quelque part autre chose et ma propre contribution Bon après avec un petit peu d'humour, surtout qu'il était dans le bâtiment, je lui disais tu sais papa il y a d'autres moyens de gagner des briques et je vais te le prouver. Mais il avait du mal à comprendre parce que c'était un projet de vie aussi pour lui je pense de créer une entreprise, de pouvoir la léguer quelque part, à la transmettre à ses enfants et je le voyais pas comme ça, c'était trop facile. J'avais à coeur moi d'apporter une contribution aussi supplémentaire et d'être légitime. par rapport à ce que je faisais, par ce que j'avais envie de créer, et non pas d'être le fils d'eux.
- Speaker #1
Exactement. Mais c'était un modèle qui se faisait beaucoup, tu sais, le fameux père et fils.
- Speaker #0
Ça existe toujours, et tant mieux. Et tant mieux, je veux dire, c'est pas parce que tu reprends d'ailleurs que c'est simple. On reste dans le cadre d'une transmission, mais c'est pas comme ça que je voyais les choses.
- Speaker #1
Ok. Est-ce que tu es fier de ton choix, ou est-ce que tu l'assumes complètement aujourd'hui ?
- Speaker #0
Je suis fier, oui, je l'assume. Non, non, parce qu'après, il faut que tu fasses quelque chose qui te ressemble dans des secteurs d'activité qui te ressemblent. C'était une magnifique opportunité, mais j'avais outre envie de réussir, j'avais aussi envie, l'envie de faire réussir les autres, les pairs, pour apporter potentiellement ce que lui n'avait pas eu et de me dire là, il y a quelque chose qui me touche. J'ai envie d'y apporter ma patte. J'ai envie de leur trouver des solutions. Et j'ai envie d'aider les entrepreneurs à développer leur activité, à créer des emplois et à pérenniser leur activité. J'étais vraiment dans cette démarche et je le suis, je crois, toujours aujourd'hui.
- Speaker #1
Justement, quels sont tes futurs projets ? On arrive à la fin de l'émission et j'ai envie de te poser la question. C'est quoi le next level pour toi ? Est-ce que tu as de grands projets qui arrivent ?
- Speaker #0
Quand je suis arrivé et je suis revenu sur trois, je me suis fixé dix ans. Ça fait cinq aujourd'hui.
- Speaker #1
Tes fameuses limites temporelles.
- Speaker #0
Toujours des caps. Parce que bon, on doit bosser officiellement à peu près 45 ans. On va voir comment ça évolue. C'est inconcevable que je fasse 45 ans la même chose, avec la même structure, parce que j'aime entreprendre, créer, puis une fois que c'est acquis, une fois qu'on a réussi quelque chose, j'ai envie d'autre chose, etc. C'est comme ça, se challenger un peu, c'est ce qui me motive, qui me fait que je me lève le matin et que j'ai envie d'y aller. Donc ces 10 ans, je pense que d'ici 5 ans, on se posera la question de retourner dans le sud de la France. La mer ! C'est plus ou moins acté. Voilà, j'y travaille dès aujourd'hui, j'ai des investissements pour. L'idée, c'est d'y retourner. Après, en attendant, j'aimerais peut-être qu'à travers le cabinet de conseil, que j'ai une réflexion peut-être un peu plus profonde et large et que je travaille encore plus avec le réseau. Ça, c'est ce qui m'intéresse, c'est le partage. En fait, il y a quelque chose qui m'anime, c'est de transmettre ce que l'on sait, c'est de partager un peu des choses avec les autres. Généralement, on a une vision commune, en plus sur ces sujets. et de participer à travers des associations, d'autres projets, à des causes un peu plus nobles, qui nous dépassent un peu personnellement, où il y a l'intérêt collectif qui prime sur l'intérêt individuel, et plutôt aller sur ces sujets, parce que, voilà, aujourd'hui, je n'ai pas d'entreprise à transmettre, mais je pense que j'ai des années d'expérience à partager, et j'ai envie d'essayer d'y contribuer encore un peu plus.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis, est-ce que tu peux développer un peu, parce que là, tu parles de... de collectif, tu parles de projets qui nous dépassent, en l'occurrence tu parles de quoi spécifiquement là, quand tu parles de ça ?
- Speaker #0
Après je suis ouvert de manière générale aux projets qui sont en place, l'idée c'est pas forcément moi personnellement de créer un projet mais c'est de m'associer sur des projets existants pour participer, aujourd'hui je suis bénévole au sein d'Initiative Aube, au sein du réseau Entreprendre Du groupe Saint-Jo aussi ? Alors là oui, puisque j'interviens dans cinq écoles. Donc l'idée de transmettre que je mettais, il faut savoir que j'interviens dans pas mal d'écoles locales parce que j'aime transmettre cette passion de manière générale, avec cette fibre pédagogique pour expliquer le plus simplement possible ce qui peut paraître un peu compliqué peut-être des fois pour d'autres. Et c'est en ça, c'est de contribuer au développement personnel. Aujourd'hui je forme maintenant beaucoup plus des jeunes, mais... Contribuer au développement personnel de ces professionnels et futurs professionnels et me dire tiens, modestement, j'y suis peut-être un tout petit peu pour quelque chose ou ils auront compris quelque chose qui va leur permettre d'avancer. Et ça, c'est une belle gratification en fait.
- Speaker #1
Magnifique. Merci. Merci pour ton temps. On peut applaudir Nicolas. J'ai été ravi de te recevoir sur cette émission en plus très spéciale parce que c'est la première fois qu'elle est enregistrée en live. Et puis si ça vous intéresse, on se fait un petit tour, ça a révélé des questions chez vous, on se fait un petit échange rapide de questions à tous.