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Officieux

"Le design, c'est être dans les yeux des gens" - Pierre-Olivier Pigeot, incarner l'identité d'une marque et l'art de vivre au bureau

"Le design, c'est être dans les yeux des gens" - Pierre-Olivier Pigeot, incarner l'identité d'une marque et l'art de vivre au bureau

58min |03/09/2025
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58min |03/09/2025
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Description

🏢 Penser et concevoir le bureau comme un lieu vecteur de sens, de culture et de rassemblement


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Pierre-Olivier Pigeot, associé et co-directeur général de Saguez & Partners, une agence de design global qui mêle design de marque et design intérieur et architectural.


💬 "Le design, c'est être dans les yeux des gens"


Sorti d'une école de commerce, passionné de théâtre et de surf, Pierre-Olivier n'est ni architecte, ni designer. Il en a pourtant fait son quotidien, trouvant dans le design un terrain d'expression idéal pour croiser les régards, décloisonner les disciplines, notamment le conseil et l'architecture, et créer des lieux à l'image de ceux qui les occupent.


🔎 Au programme de cet épisode :


✅ "Workstyle" vs "workplace" : Penser les bureaux comme des lieux choisis, propices à l'art de vivre et plus seulement comme des espaces fonctionnels.


Le bureau comme incarnation de l'identité d'une marque : comment traduire une culture d'entreprise dans les espaces de travail, grâce à une approche hybride entre conseil et création.


L'évolution des "codes" du travail : Le traitement de la hiérarchie dans les espaces, le partage des bureaux, la place des rituels.


L'exemple de projets : Forvis Mazars, Pernod-Ricard, BCG...


Un regard sur les transformations du travail : Télétravail, montée de l'individualisation, arrivée de l'IA... Des évolutions qui interrogent le rôle du bureau comme lieu de lien et de transmission.


Parcours et inspirations : De stagiaire à co-directeur général, Pierre-Olivier partage avec simplicité les rencontres, disciplines et expériences qui ont façonné sa carrière.


🎧 Si vous êtes curieux de comprendre comment un lieu de travail peut devenir un média pour l’entreprise, un outil stratégique et une source d’émotions, je vous recommande sincèrement cet épisode.


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🔗 Retrouvez le site internet de l'agence juste ici : https://saguez-and-partners.com/fr et leur page LinkedIn juste là : https://www.linkedin.com/company/saguez-and-partners/posts/?feedView=all


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Dans cet épisode, je reçois Pierre-Olivier Pigeot. Aujourd'hui co-directeur général de l'agence Saguez & Partners. Pierre-Olivier ne vient ni du monde de l'architecture, ni de celui du design. Il a pourtant trouvé dans cet univers un terrain d'expression passionnant qu'il explore depuis plus de 20 ans en mêlant stratégie de marque et conseil, tout ça avec une vision très fine des usages. Avec lui, on a parlé de l'évolution des bureaux vers des espaces de travail choisis et désirables, de l'émotion qu'un lieu peut susciter, de la manière dont il incarne une culture d'entreprise, mais aussi de ses inspirations, de théâtre, de surf et d'humilité. Je vous recommande sincèrement d'écouter cet épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Je suis vraiment très contente de te recevoir sur le podcast. Alors, on s'est rencontrés dans le cadre de mon travail chez Bouygues Construction, puis lors d'une visite des locaux de Pernod-Ricard que tu avais organisée, où tu m'as présenté Émilie, qui au moment de son passage de flambeau à la fin de l'épisode, m'a demandé d'interviewer Saguez. Donc je suis ravie que tu aies accepté cette double invitation, la mienne et celle d'Émilie.

  • Pierre-Olivier

    Je suis ravi aussi, merci beaucoup de me donner l'occasion de partager un petit peu et mon métier et mon parcours. Je suis ravi en plus de prendre la suite d'Émilie, avec qui on a beaucoup travaillé, on reparlera certainement de son projet au fil de la discussion. Donc c'est un vrai plaisir de cet échange ensemble.

  • Salomé

    On va commencer si tu veux par ma première question qui est un peu ma question rituelle. Est-ce que tu peux te présenter, me parler de ton parcours s'il te plaît ?

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Alors mon parcours, moi j'ai fait une formation de bac économique et social et une école de commerce dont je ne suis pas du tout architecte d'intérieur ou designer ou architecte comme certains peuvent parfois le penser quand on est dans ce type de métier. Donc j'ai fait en fait... Plutôt une formation, je dirais presque par entonnoir, parce que je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire pendant une grande partie de mes études. Et donc, j'ai plutôt fait des choix les moins limitants possibles jusqu'à une école de commerce. Et ce que j'ai trouvé intéressant dans la partie de l'école de commerce que j'ai suivi, qui est le BBA de l'ESSEC à Cergy, c'est que j'ai travaillé pour la junior entreprise de l'école. Et à ce moment-là, j'ai beaucoup compris ou appris, ou en tout cas, je me suis intéressé à des notions de conseil auprès des clients, travailler pour multi-clients. Et j'ai toujours trouvé ça assez intéressant d'être dans cette approche. Et puis également de mener une approche, parce que c'est ce que j'apprenais dans mes cours de marketing, un petit peu de stratégie de marque, d'identité de marque. Tout ça était très flou dans ma tête, mais ça m'a amené un petit peu à creuser ces chemins-là. Je suis parti après en stage à New York, dans le prêt-à-porter, dans la mode. Donc tout ça m'amenait vers des environnements créatifs, chez Newman. Et puis, en rentrant en France, pour faire un petit peu court sur tout mon parcours, j'ai rencontré par hasard dans un dîner de mon ancien dîner de l'ESSEC, Georges Richard, qui était directeur de clientèle chez Saguez & Partners, qui m'a parlé de son métier chez Saguez. Et je me suis dit : "Mais Saguez, qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

  • Salomé

    T'avais quel âge à ce moment-là ?

  • Pierre-Olivier

    J'avais 22 ans, 23 ans.

  • Salomé

    Donc on est vraiment à ta sortie.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. On est à ma sortie d'école. Exactement. Et donc, je rencontre Georges qui me parle de Saguez et le lendemain de ce dîner très sympathique, je vais sur le site de Saguez et je vois ce que fait Saguez & Partners et je me dis mais ça a l'air génial ce truc. Il y a de la création, du conseil... Le site était très sympa en plus. Donc, ça donnait très envie et j'ai eu en tête d'y rentrer absolument parce que j'avais un coup de cœur pour cette entreprise. Ça ne s'est pas fait tout de suite. J'ai commencé à travailler d'abord chez Agnès B, dans le prêt-à-porter, très peu de temps. Et puis après, j'avais rencontré des gens de Saguez. L'opportunité s'est faite. Mais on m'a proposé d'ailleurs de rentrer en stage chez Saguez alors que j'avais déjà travaillé. J'ai fait tout un petit jeu pour arriver à retrouver un stage alors que j'avais déjà fini mes études depuis longtemps. Et je suis arrivé en stagiaire à 23 ans chez Saguez & Partners en me disant, bon, c'est un stage, je veux chercher un boulot. C'est peut-être l'unique chance que j'ai dans ma vie de rentrer dans une agence de design. Saisissons-la et on verra bien ce qui se passera. Et finalement, un peu plus de 20 ans après, j'y suis toujours.

  • Salomé

    On y est encore.

  • Pierre-Olivier

    Oui. Et puis deux petites choses si je te fais mon parcours, ça c'est aussi trois choses qui m'animent parce que ça joue peut-être après sur tout le reste de ce que je fais. Je fais beaucoup de badminton, ça c'est en compétition, ça pousse à beaucoup d'agilité et beaucoup de surf aussi depuis quelques années, ça ça pousse à l'humilité. C'est les deux choses qui sont importantes.

  • Salomé

    Qui demandent de la rigueur et de l'engagement.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, rigueur, engagement, humilité. Et beaucoup de théâtre pendant 25 ans aussi.

  • Salomé

    Ça, c'est un sujet hyper intéressant, je trouve. C'est vrai que, et pourtant, tu vois, je n'ai pas réussi à le remettre plus tard dans l'interview. Donc, ça m'intéresse que tu en parles maintenant. Du théâtre, tu en fais toujours ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, j'ai arrêté depuis quelques années parce qu'en fait, c'était très, très prenant. Les dernières pièces que j'ai montées avec des amis, c'était une forme d'autoproduction où on faisait la mise en scène, de la direction d'acteurs. Je jouais évidemment dans la pièce, le montage des décors, trouver un petit théâtre pour pouvoir faire ses représentations, etc. C'est très, très chronophage. C'est hyper excitant. J'aime beaucoup ça. Après, je me suis mis dans d'autres priorités. Donc, j'ai un petit peu ralenti ou en tout cas arrêté depuis quelques années. Mais la dernière pièce, c'était il y a 5-6 ans à peu près. Et j'en ai fait 25 ans. Donc, j'ai commencé au collège et j'ai dû jouer 50 ou 80 pièces, quelque chose comme ça. Donc oui, c'est beaucoup. Ça m'a appris une vraie culture. Moi, je n'étais pas un grand lecteur, donc ça m'a appris beaucoup de choses. J'ai quand même, voilà, lui Molière, Racine, Ionesco et des dizaines et des dizaines d'autres, du Guitry, du Labiche, tout ça. Donc on apprend énormément de choses. Et puis ça a été très structurant dans ma vie et ça l'est toujours parce que le théâtre, on le commence en très jeune. Ça t'apprend la posture, ça t'apprend à poser ta voix, ça t'apprend à regarder les gens, à habiter une scène. Et de temps en temps, même souvent dans notre métier, on est amené à présenter devant des clients, des partenaires, devant deux personnes, dix personnes, parfois trois ou quatre cents. Et donc, il faut aussi avoir le courage d'aller sur scène devant 300 ou 400 personnes.

  • Salomé

    Alors, tu as commencé assistant chef de projet chez Saguez. Aujourd'hui, tu es co-directeur général de l'agence. Est-ce qu'à un moment donné, tu as senti un tournant dans cette trajectoire ? Parce que tu es peut-être plus loin des projets que tu ne l'étais à un moment donné. Est-ce qu'il y a un moment qui a changé ta façon d'aborder ton métier entre assistant chef de projet et aujourd'hui co-directeur général ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, c'est sûr que ce n'est pas complètement le même métier. Déjà, je suis rentré assistant chef de projet. Je n'avais aucune idée que je resterais aussi longtemps que ça à l'agence. Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru, c'est sûr. Je venais pour tester, voir si ça me plaît. Et puis, je suis resté aussi longtemps que ça. Et à chaque fois, je pense, où j'avais fait un peu le tour d'un métier ou d'un poste, l'agence, et notamment beaucoup Olivier Saguez, m'ont proposé des nouveaux challenges. J'en ai proposé aussi à l'agence. Et donc, il y a toujours eu une émulation et quelque chose qui fait que je ne me suis jamais ennuyé. Et donc, j'ai effectivement énormément évolué entre assistant chef de projet, de la direction clientèle, la direction conseil, puis diriger toute l'activité workstyle, donc qui est dédiée aux environnements de travail, puis la co-direction générale. Et c'est vrai que dans les moments, c'est un peu une continuité qu'on pourrait dire linéaire. Il n'y a pas eu de grande rupture dans tout ce que j'ai fait, presque peut-être un chemin naturel, on va dire. En tout cas, je l'ai vécu un petit peu comme ça. Sans avoir aucune ambition, je ne m'étais jamais dit un jour je voudrais être co-directeur général de l'agence. Absolument pas. Les choses se sont faites ainsi. Mais je dirais qu'il y a trois moments importants. Le moment où j'ai vraiment décidé de vraiment m'occuper de la partie Saguez Workstyle et donc d'être dédié 100% à l'environnement de travail chez Saguez. Et le deuxième moment, c'est au moment où je suis devenu associé. Donc ça, c'était il y a 12 ans à peu près. Bon, déjà, j'étais assez content, j'étais assez fier parce que j'étais le plus jeune associé.

  • Salomé

    J'allais dire que tu n'es déjà pas très vieux,

  • Pierre-Olivier

    Oui, je n'ai pas donné mon âge au début, c'est vrai. Bon, j'ai 44 ans, je le dis maintenant. Et donc, je suis devenu associé. Et bon, il y a beaucoup de... Oui, il y a un peu de fierté parce que c'est... Voilà, on ne le propose pas forcément à tout le monde. Donc, j'ai été flatté et flatté de ça. Et c'est une reconnaissance d'Olivier et des autres associés et puis j'ai trouvé qu'il y avait un vrai marqueur chez les clients, que j'ai trouvé assez intéressant comme levier, c'est qu'en fait, à partir du moment où on dit qu'on est associé, on peut engager l'agence dans les choix, dans des responsabilités, dans des engagements budgétaires. Et donc, ce n'est pas pour le titre et les galons, parce que ça, c'est des choses qui ne m'ont pas du tout intéressé, mais c'est la capacité à décider plus vite, à faire avancer des choses, à ne pas forcément demander l'avis d'Olivier tout le temps, si c'est nécessaire, etc. Et donc ça, j'ai trouvé que ça donnait énormément d'ailes et un champ plus large. Et puis le troisième moment, c'est quand même... En passant, co-directeur général, donc j'assure la direction générale avec Thibault Saguez et Boris Gentine, là, c'est un scope plus large. Après avoir été beaucoup sur l'environnement de travail, là, c'est reprendre un scope plus large de l'agence. Donc, c'est un troisième levier ou une troisième marque qui s'est ouverte depuis deux ans à peu près.

  • Salomé

    D'accord. Alors, justement, on va parler de l'agence. Est-ce que déjà, tu peux présenter l'agence et ses activités ? Parce que c'est vrai que Saguez n'est effectivement pas un space planner du tout.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. En plus, souvent, nos clients nous connaissent bien dans le champ de métier pour lequel ils nous activent. Et donc, très souvent, ils n'ont pas connaissance, malgré toute la communication qu'on peut faire. Ils ont toujours beaucoup de mal à voir qu'on fait beaucoup d'autres choses, alors que pour nous, elles paraissent assez évidentes dans un sens. Donc nous, l'agence Saguez & Partners, on est une agence indépendante qui a été créée en 98 par Olivier Saguez. On est 140 maintenant à l'échelle de notre groupe.

  • Salomé

    Vous étiez combien quand toi t'es arrivé ?

  • Pierre-Olivier

    Quand je suis arrivé, on était 30 à peu près, je crois. 6 quand Olivier a monté l'agence avec quelques personnes qu'il a vite recruté, 30 quand je suis arrivé et maintenant 140. Donc on est une agence de design global et on intervient sur deux champs. Le design de la marque, c'est la stratégie de marque, l'identité de la marque notamment. Donc on travaille pour beaucoup de marques qui peuvent être des marques enseignes ou des marques très corporate. On a créé l'identité du Tour de France, qui est d'actualité. Ils ont eu le premier coup de pédale il y a quelques jours.

  • Salomé

    L'épisode sera effectivement diffusé à la rentrée, mais on est le 7 juillet. Donc, on est vraiment dans une actualité très chaude.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, donc on pourra dévoiler le gagnant. Le gagnant sera connu, en tout cas le vainqueur, le jour de la diffusion. Donc, des identités comme le Tour de France, dans des choses très, on va dire, populaires, mais très fortes, des identités plus institutionnelles comme Air Liquide, Suez. Ça, c'est une grande partie de notre métier. Et puis, il y a les lieux de la marque. Et donc là, on est sur le volet plutôt design intérieur, design architectural. Les deux se répondent, évidemment, parce que quand on travaille pour des concepts de marque enseigne, comme on l'a fait pour Yves Rocher à un moment, on travaille sur la stratégie de marque, le positionnement, l'identité, et puis l'application de cette identité ou de ce territoire de marque dans beaucoup de lieux d'expression. Les magasins, les bureaux. Je prends le cas d'Yves Rocher, c'était les bureaux France, le siège social de l'ensemble du groupe, on a créé un hôtel avec eux, etc. Donc la philosophie de l'agence, c'est toujours de partir de la marque et donc de la singularité d'une marque, d'une entreprise, et de pouvoir incarner cette différenciation et cette singularité sur l'ensemble des champs d'application. Ça peut être des bureaux, ça peut être des boutiques, ça peut être des hôtels ou tout autre type de lieu. Donc nos grands, après si je résume un petit peu, nos grands champs d'intervention, ça va être les lieux de commerce, les magasins, les marques enseignes. On travaille beaucoup pour Leclerc aussi actuellement. On fait beaucoup de choses. Donc, on va dans le commerce, on va du Leclerc à Ritz, sans donner d'échelle de valeur, mais on est dans des choses assez différentes en termes d'univers de marque. Évidemment, on travaille pour les bureaux. On va en parler un petit peu aussi. On travaille pour les hôtels, pour les aéroports. On a designé des trains et des tramways. Voilà un petit peu le champ. Et maintenant, on intervient sur des grands projets. Alors, il y a des grands projets immobiliers type des centres commerciaux ou des grands department stores. On a créé de la Fayette Maison il y a 20 ans. C'est nous qui avons créé ce concept-là, qui existe évidemment toujours. Et puis, on intervient maintenant à l'échelle de quartiers de ville. Et donc, dans tout ça, on cherche la singularité, la différenciation et la notion de parcours et d'expérience. Ce qui est intéressant, en fait, dans tous ces métiers-là, nous, on les trouve connexes, c'est qu'en fait, le métier du designer est d'être dans les yeux des gens. On n'est pas architecte. On n'est pas architecte d'intérieur, on est designer. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    Oui.

  • Pierre-Olivier

    À la fois dans les méthodes, mais on va dire dans la manière de voir les choses. Le designer, il est dans les yeux des gens et dans le regard. Le designer, il est là pour faciliter le quotidien des gens, en fait, dans tous les champs d'application possibles. Il y a des notions un peu d'usage, il y a des notions d'ergonomie dans un sens, pas forcément dans le sens technique du terme, on travaille avec des ergonomes, mais dans un sens pratique et de bon sens, en fait.

  • Salomé

    Mais pourtant, oui, en plus, parce que ce n'est pas très intuitif quand on parle de designer, tu vois... Je trouve qu'on entend vraiment beaucoup la notion d'esthétique, même encore plus que la notion d'usage. Et en fait, finalement, ce n'est pas du tout ce que tu es en train d'expliquer, bien au contraire.

  • Pierre-Olivier

    Non, le design est vraiment sur une approche centrée sur l'utile avant le beau. C'est vrai que je pense que la culture peut-être anglo-saxonne est un peu plus mature là-dessus. En France, le designer, il est vu soit comme un peu un artiste ou comme un designer de mobilier, d'objet. D'ailleurs, on voit bien des gens dans la rue, vous écoutez des gens qui parlent et tu les entends et tu dis « Ah ben ça, c'est design » . Mais en fait, parce qu'il y a une forme un peu bizarre de quelque chose, on voit quelqu'un s'est fait plaisir, il a imaginé quelque chose. Non, c'est pas ça, mais c'est pas une dimension artistique, c'est une question de méthode, c'est une question d'observation et de réponse esthétique, graphique, ergonomique, d'architecture d'intérieur aussi. Évidemment, il y a plein de champs d'application, mais c'est plus une méthode et un regard en fait.

  • Salomé

    D'accord. Alors j'aimerais qu'on se concentre un tout petit peu sur l'activité "Workstyle", qui est l'objet du podcast, le Bureau, qui est l'objet de ton activité aussi, puisque c'est ce que tu diriges chez Saguez. Alors déjà, vous appelez ça "workstyle" et pas "workplace". "Workstyle", c'est un terme qui est assez évocateur, que vous traduisez par l'art de vivre au bureau. Donc qu'est-ce que tu mets derrière et qu'est-ce que ça change dans votre façon de voir les espaces de travail ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on a imaginé le mot en 2012, quand on a vraiment décidé de lancer l'activité bureau. On s'est dit, bon, ce serait bien d'avoir un nom un peu sympa, différenciant justement sur ce marché-là, où on pourrait nous appeler space-planner ou décorateur, parce qu'on travaille aussi bien pour des utilisateurs, pour qui on fait l'aménagement de leurs espaces de travail, que pour des investisseurs, pour lesquels on imagine les socles de services d'immeubles de bureaux. Et comme tu le dis très justement, en fait, dans la notion de workstyle, ça dit beaucoup de choses. La workplace a une notion un peu fonctionnaliste.

  • Salomé

    Oui, le bureau à coté de la fenêtre, la circulation bien dimensionnée.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, place, c'est "work"/"place", c'est deux mots, c'est du travail et un lieu. Après, il y a plein de choses derrière, il y a de la workplace stratégie, etc. Je ne m'ignore pas du tout ce qu'il y a derrière, mais le nom donne un peu une connotation, je dirais, un peu fonctionnaliste. Nous, ce qu'on aime bien dans le nom "workstyle", c'est qu'il y a un imaginaire. On évoque des choses. Il y a, comme tu dis, l'art de vivre au travail. Et donc derrière ça, c'est la notion de bureau inspirant, de bureau décadrant. Avant le Covid, on venait quand même cinq jours par semaine au travail, un certain nombre d'heures. Maintenant, les rythmes ont évolué. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    On commence à y revenir.

  • Pierre-Olivier

    On y revient un petit peu, oui, exactement. Mais on voit que le bureau n'est plus tout à fait une obligation du quotidien de 9h à 19h et que le bureau est plus un lieu choisi dans le parcours de la journée. Justement, dans le parcours du collaborateur, il peut décider de travailler dans un lieu de coworking, dans un lounge à la gare ou à l'aéroport, dans un hôtel si c'est plus pratique qu'en bas de chez lui, plutôt que de prendre les transports et venir après au bureau. Donc le bureau devient un lieu non plus subi, mais un lieu de choix, une destination. Et donc il faut qu'il y ait d'autant plus cette notion d'art de vivre au travail. Les bureaux sont finalement... Enfin, chez soi, on pense à l'art de vivre. On organise les pièces et les espaces en fonction d'un art de vivre. Et tu vas décider de t'installer pour travailler, soit sur ton canapé, parce que la lumière du matin est plutôt sympa. Et à un moment, tu vas peut-être te mettre l'après-midi dans la cuisine, parce qu'en fait, la vue est sympa ou que finalement, il fait un peu moins chaud, parce qu'elle a une meilleure exposition par rapport à la lumière. Et donc, on vit tous avec ces notions-là, très simples, on ne les intellectualise pas. Chez soi, on s'installe là où on a envie, parce que c'est sympa, c'est confortable, etc. En fonction de l'usage qu'on en a. Et dans le bureau, on a complètement oublié ça. Ça s'est beaucoup amélioré ces dernières années, mais ça manquait cruellement d'art de vivre. Et donc, c'est absolument clé pour nous de rajouter cet art de vivre au travail. Et puis, le bureau, il doit susciter des émotions, il doit être inspirant. On s'est beaucoup intéressé aussi aux lieux des artistes. Quand tu regardes justement les lieux de travail d'un certain nombre d'artistes, énormément de peintres ou même d'auteurs, tu vois qu'ils sont dans des lieux qui sont propres, qui sont l'inspiration pour faire un travail qui est certes artistique, mais c'est un travail. Et donc, ils sont dans des lieux qui ont du volume, qui sont ouverts, qui ont des vues dégagées, etc. C'est extrêmement important. On sait que ce n'est pas toujours évident dans les lieux de travail de trouver des bâtiments comme ça. Mais justement, charge à nous, quand une architecture ne le propose pas, comment est-ce que j'arrive à réinventer à l'intérieur ? Comment est-ce que j'arrive à... Il y a toujours des forces dans un bâtiment. Comment j'arrive à les analyser et à les rendre encore plus fortes, à les exagérer et à travailler les points d'inconvénients d'un bâtiment ou les points de difficultés ?

  • Salomé

    Oui, en fait, c'est plus que juste une philosophie, c'est même plus une conviction que vous portez. Alors après, qui est très visible ici, dans ce lieu où on est aujourd'hui, la Manufacture Design, où on ressent tout ce que tu dis depuis tout à l'heure. Déjà, le lieu d'attente où je suis arrivée un petit peu en avance, donc je t'ai attendu quelques minutes, où tu as déjà une machine à café, de quoi te prendre un verre d'eau, tu poses ton téléphone, il y a un chargeur à induction sur le fauteuil. Des choses qui peuvent paraître des détails, mais en fait, on sent une vraie intention dans l'accueil, la convivialité du lieu. Et puis l'envie qu'effectivement, tout soit pensé de manière à ce que ce soit très facile. Il n'y a même pas besoin d'un câble. Tu poses ton téléphone et c'est terminé.

  • Pierre-Olivier

    On a pensé aussi aux micro stress ou aux micros irritants du bureau. Et donc, qui fait que quand on est accueilli dans le lieu, et puis on a une petite bagagerie aussi derrière. Si quelqu'un veut laisser un casque, etc. Il faut que tout soit bien pris en main, bien pris en charge pour qu'en fait, quand quelqu'un vient, que ce soit... Un client, un visiteur, un partenaire, il se décharge de toutes ces choses-là, tout est bien organisé. Après, on se concentre sur ce qu'on doit faire ensemble, on doit travailler, on doit imaginer, on doit décider des choses et le lieu doit servir à ça. Et derrière cette philosophie-là, ou ce qu'on a aménagé en tout cas pour nous, c'est une notion de bureau-hôtel.

  • Salomé

    En termes de méthodologie, comment est-ce que vous y prenez ? Peut-être sur quelque chose de très généraliste. Pour l'agence, on aura l'occasion d'en reparler plus tard exactement comment vous y prenez pour un bureau.

  • Pierre-Olivier

    Alors nous déjà, la spécificité qu'on a à l'agence, dans notre métier d'agence de design, c'est qu'on est très centré sur le conseil et la création. Et on a deux types de profils chez nous, des consultants. On va dire des gens de l'équipe conseil qui sont d'ailleurs dans des profils très variés, des profils d'écoles de commerce comme moi, des personnes qui ont fait des écoles d'ingénieurs, des architectes d'ailleurs, qui sont plutôt dans la partie conseil et pilotage de projet et des profils de personnes qui ont fait des écoles type le CELSA, etc. Donc ça, c'est l'équipe de conseil qui va être vraiment sur le cadrage stratégique du client, l'accompagnement du client, la bonne mise en place d'une méthodologie. La partie négociation financière, parce qu'il faut en faire aussi. Bien sûr, comme dans toute entreprise. Voilà. Et puis, une autre jambe ou une deuxième facette, on va dire, un autre côté du cerveau, qui est les métiers de la création. Donc là, ça peut être des architectes d'intérieur, des architectes DPLG, des designers graphiques et tous les métiers, on va dire, de la création au sens large. Parce qu'après, on peut aussi, dans les projets, inviter des artistes, inviter des rédacteurs, voilà, tous ces métiers. Et donc, on travaille en binôme très fort le conseil et la création. Donc pas du tout organisés comme vont l'être des agences d'architecture ou même certains de nos concurrents dans l'univers du bureau ont beaucoup de profils d'architectes ou d'ingénieurs, on va dire. Mais nous, il y a cette dimension conseil très, très forte. Et donc, ça en fait une spécificité. Et les projets se travaillent toujours en binôme avec la partie conseil qui va apporter cette dimension marque, marketing, différenciation et être un peu dans les yeux du client aussi. Donc savoir retraduire un brief créatif, savoir aussi laisser la création à un moment sans voler ou en tout cas proposer des choses très fortes et être capable aussi de les réorienter. Tout ça est un dialogue entre les différentes équipes pour arriver à une réponse qui est solide et qui est objectivée. On n'est pas dans du subjectif avec « j'aime, j'aime pas, les couleurs, etc. » À un moment dans le projet, oui, il faut choisir les couleurs et donc on a le droit de dire « j'aime, j'aime pas » . Mais c'est objectivé. La réponse créative, elle est objectivée par rapport à un brief qui a été donné par une réponse stratégique, par rapport au moment où se trouve l'entreprise et donc dans la réponse qu'il faut arriver à faire. Pour éviter d'être juste dans cette approche de décoration. Ce n'est pas de la décoration, c'est une réponse stratégique et créative.

  • Salomé

    D'accord. Justement, je pose cette question parce que je trouve que c'est important de replacer bien le contexte. Le bureau est aussi un outil stratégique pour une entreprise, pour différentes raisons, soit effectivement dans une stratégie très économique immobilière, ou alors dans une stratégie d'attraction, rétention des talents. Et justement, toujours dans cette pensée-là, j'aimerais qu'on évoque quelques projets. J'ai reçu Émilie Martin qui m'a parlé du siège de Pernod Ricard, qui est une marque très forte, qui est en plus une marque B2C, où on se rend bien compte que c'est très accessible au grand public. J'aimerais qu'on parle d'exemples où les identités de marques ne sont pas moins fortes, mais sont peut-être moins tangibles, où le branding, en tout cas, est moins évident. Récemment, vous avez travaillé avec Forvis Mazars sur leurs bureaux "Carré Vert" à Levallois. Tu m'as parlé aussi du BCG. Ça, c'est des cabinets de conseil, des cabinets d'audit. Pourquoi ces entreprises ont fait appel à Saguez, déjà, particulièrement ? Avant de parler de ce que vous y avez fait, c'était quoi leurs enjeux ?

  • Pierre-Olivier

    Ils ont, comme beaucoup d'entreprises, c'est sûr, des sujets aujourd'hui, d'attraction, de rétention des talents, de transmission intergénérationnelle vis-à-vis de l'ensemble des collaborateurs. Et puis, on va dire que la plupart des entreprises, au-delà même de BCG et de Mazars, il y a un sujet maintenant d'être dans des lieux médias. C'est-à-dire que les entreprises ont besoin vraiment de prendre de plus en plus la parole. On voit bien que les différentes typologies de réseaux sociaux donnent un champ des possibles de communication qui est beaucoup plus large. et donc il faut que le lieu... soit un lieu beaucoup plus propice à être une entreprise, un lieu média. Donc ça peut être la capacité de faire des podcasts dans des studios, mais c'est aussi la capacité de faire venir ces différentes cibles et prendre la parole dans des lieux spécifiques, des auditoriums, etc. Ou peut-être même dans un jardin. Donc en fait, le lieu doit permettre d'attirer beaucoup plus des publics, beaucoup plus larges. Les enjeux de ces cabinets de conseil sont un peu... plus axés, on va dire, déjà sur la partie du recrutement. Ils sont souvent connus pour avoir des turnovers assez forts. C'est des métiers très exigeants. Pas que les autres ne le sont pas, mais on recrute beaucoup, beaucoup de jeunes diplômés à haut potentiel. Et puis, certains restent de trois ans. Ça va pas mal tourner, etc. Donc, il y a un enjeu de parcours, justement. Si je prends le cas de BCG, il y a un parcours très, très spécifique. Les formats d'entretien qu'ils ont ne sont pas du tout les mêmes que dans d'autres entreprises. Donc, il y a un vrai parcours, mais pour candidats. Il y a un parcours du candidat qui va avoir accès à un certain nombre d'espaces, qui va lui donner aussi une visibilité, une vision de l'expérience de BCG future. Donc, il voit une partie des locaux, mais il ne voit pas tout. Mais il a un condensé ou un concentré de l'expérience BCG. Et puis, le lieu est très, très adapté à ces formats très spécifiques d'entretien. Chez Mazars, ils ont d'autres typologies et d'autres parcours d'entretien. Donc, la notion de parcours qu'ils ont... En fait, ils cherchaient en plus, eux, à se montrer un petit peu différemment. Ils quittaient la Défense après 34 ans à la Défense. Ils quittaient une verticalité, même s'ils étaient dans une mini-tour, entre guillemets, une tour de la Défense, mais une petite tour de la Défense. Là, se remettre à plat dans un vrai campus au cœur de la ville. La Défense, c'est une forme de ville un peu spécifique. C'est pas vraiment une ville, c'est un quartier d'affaires, même si on cherche à y mettre un peu plus de ville dedans et de vie, on va dire. Là, ils sont à Levallois, dans la ville. Ils ont un jardin en plein milieu, donc ça veut dire qu'on sort dans la journée. On passe de l'extérieur à l'intérieur, etc. Et donc, leurs enjeux étaient les notions de parcours aussi, de faire venir leurs visiteurs différemment, de redonner une autre image avec un axe très fort sur la partie... C'est une entreprise qui a des valeurs humaines très, très fortes, qui se ressentent. Elles sont peut-être difficiles à décrire. En fait, elles se ressentent très fortement. Nous, on a eu une espèce de coup de cœur pendant trois ans. On a travaillé avec les gens et l'équipe de Mazars. Ils sont des gens humainement très bons, très faciles, très accessibles, très exigeants. Évidemment, le projet était exigeant, comme la plupart. Mais il y avait cette facilité de dialogue, donc une forme de simplicité. Et justement, ils ne sont pas comme les Big 4, ils se présentent différemment. Donc, il fallait qu'il y ait un peu d'institutionnel dans un sens, mais une forme de décontraction.

  • Salomé

    Ça reste un commissaire aux comptes, où il y a une forme de rigueur.

  • Pierre-Olivier

    Donc, il y a une forme d'institutionnalité. Mais il y a aussi cette approche. Assez simple, assez humaine, assez douce, assez bienveillante. Donc l'exemple des parcours justement pour les collaborateurs ou pour les candidats est assez intéressant parce que quand on regarde dans un autre univers Dior, Dior où les entretiens ne sont pas dans un format spécifique, par contre on a créé tout un parcours où là il faut complètement rentrer dans le patrimoine de Dior, dans l'univers historique de Christian Dior, dans les couleurs, dans ce qui ont été les premiers marqueurs, même en architecture d'intérieur et en aménagement en tout cas des boutiques, etc. C'est souvent un très bon révélateur aussi d'une culture d'entreprise et d'une culture de marque qu'on veut arriver à intégrer dans des bureaux. Et puis pour la petite anecdote, on a fait un petit pot de fin de projet avec Mazars, il y a deux semaines. Et puis Mazars nous a dit : "Mais en fait, le jour où on est allé voir Pernod Ricard" (ils sont allés le voir un an et demi avant de nous consulter. Ça répond à ta question de pourquoi ils ont fait appel à nous.) Ils ont trouvé Pernod Ricard très bien et ils se sont dit : "Mais ceux qui ont réussi à faire Pernod Ricard, à incarner l'univers de Pernod Ricard, ils arriveront bien à incarner notre univers de Mazars."

  • Salomé

    Et comment on incarne un univers où tu dis la simplicité, cette expertise ? Qu'est-ce que, concrètement, moi, je n'ai pas visité Carré Vert, puisque c'est leur nouveau siège, concrètement, comment est-ce que vous avez intégré ces notions-là ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, il y a plusieurs espaces. C'est vrai que sans l'avoir vu, c'est toujours compliqué de l'imaginer.

  • Salomé

    Pernod Ricard, j'avais pu mettre des photos, mais là, je ne pourrais pas en mettre. Donc c'est pour ça que je pose la question.

  • Pierre-Olivier

    Il y a beaucoup de lieux de destination dans ce campus. On lui a donné une vraie dimension de campus. Il avait au départ, dans sa notion architecturale ou dans la composition du bâtiment, ce grand jardin au milieu. On a créé une académie de Mazars, qui est un grand lieu de formation, dans une zone assez atypique du bâtiment qui s'appelle la Biscuiterie. C'était un bâtiment historique, donc on a des volumes assez intéressants.

  • Salomé

    C'est une rénovation, ce n'est pas une construction ?

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'était une rénovation, le site, exactement. On a travaillé les notions de parcours parce qu'il y a une forme de business lounge quand on arrive à l'accueil pour des partenaires ou collaborateurs de Mazars qui viennent des régions. Il faut qu'eux aussi puissent justement assez facilement s'installer, avoir une petite zone un petit peu de repli avant forcément d'aller voir les équipes. On a créé un deuxième business lounge pour les associés dans l'ensemble du site qui est un petit peu en hauteur. dans un des quatre bâtiments. Et puis, ce qui est intéressant, et là, c'est plutôt dans le détail et dans les usages, on a vraiment travaillé la mixité aussi des espaces et le partage des espaces. Donc, en fait, il y a toujours des notions d'espace. On est dans des espaces ouverts, très dynamiques, mais on a aussi créé un système où les bureaux, notamment de partenaires, peuvent être complètement partagés. Donc, on est plus sur des notions de suite-office, qui est donc un lieu, justement, très ouvert, très humain, très bienveillant, avec très peu de hiérarchie. L'idée, c'est que ce bureau-là, en suite office, c'est plus une salle de réunion utilisée par un partenaire qu'un vrai bureau qui est attribué, qui est défini.

  • Salomé

    Oui, parce qu'en plus, tu dis, il y a des choses qui peuvent se dire qui sont assez confidentielles. Et puis, quand tu dis une hiérarchie effacée, c'est quand même assez antinomique avec ce fonctionnement de cabinet de conseil et d'audit, où chaque année, il y a ces notions de promo, où chaque année, tu augmentes d'un grade, etc. Donc, c'est fort de travailler sur ces aspects-là.

  • Pierre-Olivier

    Mais pendant longtemps, alors... Que ce soit pour ces entreprises ou d'ailleurs si on fait un historique un peu plus large, c'est vrai que l'espace de travail a souvent été, ou en tout cas quand je montais en grade dans une entreprise, j'avais droit à X ou Y mètre carré. La génération, on l'a un peu peut-être connu toi et moi au début, on a commencé à travailler, mais la génération de nos parents, c'était beaucoup plus flagrant. J'étais responsable, j'avais un bureau fermé à deux trames, d'ailleurs on comptait des fenêtres. Et quand j'étais chef, ou petit chef, j'avais trois fenêtres et quand on devenait grand ou grande chef, on avait jusqu'à quatre fenêtres. Ou X fenêtres, chaque entreprise avait créé son système. Et ça a été, je trouve, terrible parce qu'en fait, on a structuré l'espace mentalement, non pas en fonction des usages, mais en fonction...

  • Salomé

    Mais en trame d'un mètre 35.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, en trame d'un mètre 35. Donc, on a conditionné les esprits en trames, on a conditionné le mérite par une forme de visibilité en disant, la personne a un grand bureau, ça veut dire qu'il est important, mais est-ce que ça en fait un bon manager ? Pas sûr. Et ça a été tout le drame quand on est passé à l'environnement de travail ouvert, où en fait, des gens à qui on a promis qu'un jour, ils auraient peut-être un bureau fermé tout seuls parce qu'ils deviendraient responsables d'une équipe, le jour où on a cassé cette échelle-là de valeur, ça a été très difficile à vivre. On l'a vu chez certaines entreprises, dans certaines entreprises, il y a une quinzaine d'années, et ça a été, je pense, difficile pour certains managers qui n'ont pas été formés à manager, mais on les a plutôt mis dans l'objectif d'un jour avoir un grand bureau fermé comme une espèce de graal à atteindre. Or, en fait, le management... Ce n'est pas du tout ça. Et donc, ça pose la question du leadership et comment on fait pour être... Ce n'est pas une question de taille de bureau, on n'incarne pas son leadership là-dedans. Et donc, chez Mazars, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'il y a quand même tout autant d'espaces où je peux m'isoler pour des points de confidentialité, etc. Et ce n'est pas parce que j'aurai un bureau attitré que je dois être vu comme un bon leader de mon équipe, etc. C'est plus par les moments que je crée de cohésion et les moments sur lesquels on va travailler sur des dossiers. Donc, les espaces permettent ça.

  • Salomé

    Et donc là, c'est très récent leur emménagement, je ne sais plus, ça date d'il y a quelques semaines. Là, là, quelques semaines. Vous avez déjà des retours de collaborateurs, d'associés sur le fonctionnement, sur effectivement comment est-ce qu'ils appréhendent les bureaux, comment est-ce qu'ils appréhendent le fait, effectivement, entre associés, de se partager des espaces ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, je dirais qu'en première semaine, premier retour, oui, le bureau, le campus, on va dire, victime de son succès. Beaucoup de monde présent. Les choses se nivellent toujours un peu dans le temps, mais c'est une très bonne nouvelle parce que ça montre bien qu'il y a une envie, qu'il y a un attrait. Il y a eu peu de temps avant l'inauguration ou l'entrée en tout cas des collaborateurs, une première grande réunion avec l'ensemble des associés de Mazars. De mémoire, ils sont 300 ou peut-être plus en France. Je ne veux pas dire trop de bêtises si Alain de Mazars un jour m'écoute. Mais il m'a dit, il m'a dit, il m'a dit, "Mais en fait, le vrai test, c'était ça. C'était déjà de faire venir tous nos associés à cette..." donc ils ont une réunion annuelle ou trimestrielle. Et donc, ils l'ont fait sur le campus. Et il y avait deux fois plus d'associés que d'habitude qui se mettent toujours en visio, deux à trois fois plus. C'était un peu de curiosité, certainement, sur ce lancement de nouveaux sites. Mais là, les retours sont très, très positifs parce qu'il y a un fort pouvoir d'attraction. Donc, ce sera à bien regarder, à moduler dans le temps, justement, parce qu'on est quand même dans des notions d'environnement dynamique, capacité du site à accueillir tout le monde ou pas. On est sur des métiers de conseil où les équipes sont quand même à 80%, 70% chez leurs clients. Et l'idée, c'était aussi de faire venir les collaborateurs qui n'aillent pas que chez le client et chez eux, mais qui reviennent un peu plus sur le campus, justement.

  • Salomé

    C'est un enjeu fort. Donc, tu m'as parlé au départ, effectivement, tu m'as parlé de cet enjeu fort, de dire comment est-ce qu'on renforce le sentiment d'appartenance sur des populations qui sont effectivement en conseil beaucoup à l'extérieur.

  • Pierre-Olivier

    C'est beaucoup plus challengeant, c'est vrai, pour ces types de métiers où on passe la majorité de son temps chez son client et qu'au bout de X missions, on est plus affilié au client peut-être qu'à sa propre entreprise. Donc c'est assez intéressant. Ils ont des challenges très très forts.

  • Salomé

    D'autant plus avec des équipes, enfin ça c'est très propre aussi aux cabinets de conseil, d'audit, mais avec des équipes qui tournent ou ce n'est pas tout le temps les mêmes. Ou en fait même ses collègues, c'est des collègues qui tournent assez régulièrement, pas comme ce qu'on a l'habitude de connaître dans des entreprises très traditionnelles.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est exactement ça. Alors, avec la force, je trouve, de la plupart de ces cabinets de conseil, c'est qu'ils arrivent à cultiver une culture de... à développer, j'irais dire, une culture de promo très forte, que ce soit Mazars, BCG ou d'autres, issus des écoles d'ingénieurs et de commerce, etc. Et puis, ils ont des jeunes diplômés. Mais c'est vrai qu'ils arrivent aussi à beaucoup fédérer là-dessus. Et même si les lieux n'étaient pas toujours très forts, ce sentiment d'appartenance de promo est fort. Donc quand on y rajoute en plus la force d'un lieu, c'est d'autant plus fédérateur pour refaire venir ces équipes-là et arriver à croiser les équipes et créer cette cohésion et cette transparence.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on parle de tes inspirations. Tu ne te définis pas comme un créatif, tu te définis plutôt comme le consultant du binôme créatif-consultant. J'imagine que tu développes quand même une sensibilité à l'esthétique. Donc toi, qu'est-ce qui t'inspire au quotidien ? Dans ton regard sur les lieux, sur les gens, sur...

  • Pierre-Olivier

    Alors oui, je pense avoir développé un petit œil, même si esthétique ou un sens de ça, c'est sûr. Pas de vestiaire. Mais le premier, la première source d'inspiration, et c'est pour ça que je suis rentré dans une agence de design et pour ça que je voulais, même avant, quand j'avais été rapidement chez Agnès B ou Newman, pourquoi je voulais travailler dans un univers créatif, c'est que je voulais être au contact de créatifs. Parce que je ne me considère pas comme créatif moi-même, je le suis dans les choses que je dois faire dans mon métier. Je ne suis pas un designer. J'ai fait pas mal de cours de dessin, d'ailleurs, quand j'étais petit, mais j'ai toujours été très mauvais dessinateur.

  • Salomé

    Et en tant que comédien aussi.

  • Pierre-Olivier

    Oui, sur cet aspect-là, peut-être. Une dimension artistique dans le théâtre, c'est vrai. Mais donc, ce qui m'a toujours motivé, intéressé, c'est de travailler avec des designers. Donc, ce qui m'inspire au départ, c'est déjà de travailler avec les équipes de design. Parce qu'en fait, quand on reçoit un brief du client, quand on écoute un client, on le partage ensemble. La manière dont ils le traduisent est très inspirante, très décadrante. Et puis nous, on va y rapporter un peu notre manière de voir les choses, etc. Mais donc, je suis toujours très fasciné de certaines idées qui peuvent aller trouver, etc., dans des univers complètement connexes ou au contraire, pas complètement connexes avec le client. Et donc ça, c'est une... Ça m'inspire beaucoup. En tout cas, c'est une très forte motivation de travailler avec des profils, je dirais, complètement différents. Après, j'ai une assez forte sensibilité à l'architecture au sens large, aux bâtis, à la ville. Je regarde beaucoup ça. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir le nez et les yeux en l'air, aussi, en pied d'immeuble, pour regarder ce qui se passe. Mais en fait, on vit dans des villes très construites, bien construites, parfois mal construites, mais en fait, on ne prête pas toujours attention à ce qui se passe autour de soi. Pourquoi tel volume est intéressant, tel bâtiment ? Comment est-ce qu'il s'insère ou pas dans un tissu urbain ? Comment, au contraire, il a été raté et pas du tout intégré ? Et donc, qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas ? Qu'est-ce qui fait que les gens le rejettent ? Ou au contraire, qu'est-ce qui fait que les gens l'adoptent ? Et donc, j'essaie d'être assez observateur de tout ça, des différents sites, quand je peux me déplacer, que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, et de regarder un peu ça, de regarder, tiens, qu'est-ce que ça suscite ? Qu'est-ce que ça crée ? Est-ce que ça crée des émotions ? Etc. Et d'être assez sensible, après, au travail qui est fait, d'architecture d'intérieur, d'éclairage, de choses comme ça. Et puis ce qui m'inspire sinon beaucoup c'est le théâtre parce que voilà j'y vais assez régulièrement Je ne sais pas si ça a un impact direct sur mon métier, mais je suis toujours très fasciné. La mise en scène, sur justement le placement de la lumière, le placement des comédiens, le placement du décor.

  • Salomé

    Il y a une passerelle qui se fait qui me paraît très évidente.

  • Pierre-Olivier

    Oui, je dirais, je ne la réutilise pas forcément moi dans mon quotidien. Mais en tout cas, ce que je trouve fascinant dans le théâtre, c'est justement le côté du jeu d'acteur. Il y a les décors qui sont souvent extraordinaires. Il y a la mise en scène, il y a les costumes, l'éclairage. Et tout ça fait quelque chose qui est... C'est souvent, justement, très inspirant, très décadrant et très créatif. C'est une espèce de condensé, une forme de créativité. Il y a des... Je vais voir des pièces pour en citer deux très différentes : "Les gros patinent bien", le sous-titre, d'ailleurs, c'est "Cabaret en carton". C'est extraordinaire, ça montre qu'on peut faire une pièce avec juste des bouts de carton et un gros feutre. Et l'imaginaire qui est créé derrière est absolument fantastique. Il y a "Le porteur d'histoires" aussi qui est extraordinaire comme pièce. Il n'y a absolument aucun décor, tout est mimé, tout est avec trois jeux de lumière. On fait trois continents dans la pièce et "Le porteur d'histoires" c'est absolument magnifique. Et puis dans un autre registre, mais ça c'est parce que j'y étais il y a trois jours, ça fait troisième fois que je vais voir "Le Bourgeois Gentilhomme" à la Comédie Française. On est sur un autre registre. Mais ça, ça montre aussi l'intemporalité de Molière, que je trouve absolument incroyable. 400 ans après, la réinterprétation qui est faite dans un univers peu contemporain, mais qui est ce Christian Haecke, le metteur en scène et qui joue le rôle principal de M. Jourdain, il est allé puiser dans un univers presque du cirque et burlesque, avec de la musique, des trompettes, presque comme aussi un peu Emir Kusturica et tout. Donc, c'est absolument fascinant.

  • Salomé

    Mais en parlant de ça, tu me tends des méga perches sur d'autres questions que je voulais te poser. Première chose, avant de parler du côté très intemporel, qui est ma question suivante, mais d'abord, le côté de ce regard, parce qu'en fait, ce regard critique que tu développes sur ton environnement, sur ce qui se passe dehors, sur la façon dont les gens interagissent avec leur environnement, je suppose que ça, ça t'aide à comprendre ce qu'il fait l'ADN d'une entreprise. Parce que comment est-ce que tu fais pour le comprendre et comment est-ce que tu fais derrière pour le traduire, cet ADN d'une entreprise ?

  • Pierre-Olivier

    Alors déjà, c'est un travail collectif. En fait, la recette est presque assez simple. Un client me l'a posé il y a pas mal d'années aussi en me disant « mais comment vous faites ? Vous venez, vous nous écoutez, vous regardez, puis après vous revenez trois semaines avec de la création. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi votre recette magique ? » Alors la recette, en fait, elle est très simple. de l'écoute, beaucoup d'observations et d'écoute, de la lecture, de ce que notre client va nous donner, et de la capacité à décadrer et à angler les choses. Donc finalement, c'est... En fait, je donne la recette sans la donner dans un sens, mais c'est assez simple. C'est une capacité à vraiment regarder, quand on va chez un client, son lieu, ses sites, ou revisiter sa marque, parce qu'en fait, lui, il est le nez dans le guidon, soit dans ses modes de travail, soit dans son histoire de marque, et il en oublie peut-être. des fondamentaux, etc. Et donc, c'est beaucoup d'écoute, beaucoup de regard. Et après, on croise justement, nous, entre les équipes de stratégie, stratégie workplace, stratégie de marque, parce qu'on cultive aussi ce foisonnement d'idées à l'agence avec très peu de pluridisciplinaire, donc des stratèges de marque, des stratèges workplace, des designers, des architectes. Et de là, on trouve un angle, une réponse créative et qui répond aux enjeux stratégiques du client. Et si je prends un parallèle qui n'est pas sur l'environnement de travail, mais quand on a travaillé pour Yves Rocher, et qu'on a refondé toute la stratégie de marque, l'identité de marque, Yves Rocher, qui était dans ses boutiques, on était beaucoup appelé pour ça au départ, qui était un peu noyé les magasins dans beaucoup de messages publicitaires, promotionnels, etc. qui était le mode un petit peu de vente d'Yves Rocher avec beaucoup de cadeaux, beaucoup de choses comme ça. On en oubliait, ils en avaient oublié un peu leurs fondamentaux. Et en fait, c'était récoltant-fabricant parce que leur premier métier, en fait, c'est d'être récoltant et d'avoir des champs de fleurs et de la cosmétique végétale, et donc de puiser les essences naturelles et essentielles pour après développer les produits. Et donc, c'était récoltant, fabricant du végétal à la peau. C'est revenir à... On n'a pas inventé. On a révélé, en fait, une histoire de marque, un patrimoine de marque. On l'a remis en avant et c'était terminé. Et en fait, tourner un peu le regard, un tout petit peu sur ce qui a pu se dessiner. Enfin, en tout cas, se dessiner, faire un pas de côté. C'est beaucoup ça. Faire un pas de côté et donc revisiter les choses, aller repuiser dans... un patrimoine, une histoire. Regarder aussi demain vers l'avant, vers l'avenir de ce que va devenir l'entreprise, la marque, quels sont ses enjeux stratégiques. Ses ambitions. Aussi, et ses ambitions, ses missions, etc. D'accord. Donc voilà un petit peu comment on fait ça. On met tout dans un shaker, puis après... Voilà. Et après, on triture les idées entre conseil et création, dans des réunions de création, avant que ça sorte. Voilà. On se dit oui, on se dit non. Et puis après, il y a un truc qui est fort aussi chez Saguez, c'est qu' on est notre propre client. Pour aller présenter quelque chose à notre client, on doit en être convaincu. Donc on passe ça à notre tamis, qui est un peu dur parfois. Mais on a besoin de porter une idée, d'en être convaincu. On est une agence de conviction. Certains diront peut-être qu'on est un peu dur ou têtu. Non, on est souple. On est souple, franchement. On écoute nos clients, mais on vient avec des convictions et des idées.

  • Salomé

    Il y a encore un exercice d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, il faut. Mais il faut venir avec des convictions, parce que si tu ne viens pas voir ton client avec des convictions et que tu dis juste oui à tout et tout ce qu'il veut, ce n'est pas du bon service client. Il faut être à son service, lui répondre, mais il faut venir avec des idées et le challenger et se challenger. C'est un travail mutuel, en fait.

  • Salomé

    Et tu parlais du côté très intemporel de Molière. Comment est-ce qu'on fait pour créer une identité pérenne, qui ne tombe pas dans quelque chose qui ne vieillit pas bien ou alors qui paraît rapidement daté ? Parce qu'en fait, il faut éviter d'être simplement sur l'actualité, on va dire, d'une entreprise ou d'une marque à un instant T. Pierre-Olivier : Alors, certains moments, on va peut-être quand même faire une petite emphase parce qu'il y a une évolution de marque, un changement de nom, il y a une fusion. Il faut tenir compte évidemment du moment où on est l'entreprise dans son projet de bureau. Mais il ne faut pas s'arrêter juste à ça, juste à une identité et juste à une couleur. Et donc nous, on travaille vraiment sur cette notion de patrimoine d'entreprise, de culture d'entreprise, et qui donc souvent vient de beaucoup, beaucoup d'années en amont, et de culture du travail. Et donc déjà, sur la partie culture d'entreprise, quand on a travaillé par exemple avec Lu, les petits beurres Lu, qui est devenu et qui après a fusionné Craft et qui est devenu Mondelez, certes, le nom a changé, il y a une communication qui est différente de Mondelez. Mais l'histoire du petit beurre et du beurre nantais de Lu, etc. En fait, ça, c'est le patrimoine de la marque. Et ça, ça va rester. Et donc, il y a des choses qui sont... Et ça parle. Après, il faut la réintroduire dans des formes de modernité, bien sûr. Mais il y a des choses qui sont assez fortes comme ça. Quand on a travaillé avec... Et on travaille toujours avec Thalès. Thalès, c'est aussi des regroupements, plusieurs entités. Ça a été Thomson à un moment. Donc, des noms changent. Thalès, peut-être que dans X années, ça changera. Mais par contre, il y a une culture de l'ingénierie. il y a une culture de la haute technologie, il y a fiabilité. Il y a une culture de l'exploration, parce qu'ils font aussi des satellites, etc. Tout ça, c'est les fondamentaux de la culture de cette entreprise. Les modes de travail évoluent, mais c'est ça qu'on est chargé de comprendre, qu'on essaye de comprendre. Et si le nom de Thalès évolue, je pense que celui-là, je ne fais aucune révélation, mais les fondamentaux de cette culture, cette conquête spatiale, qui est un de leurs champs d'activité, pas le seul, il restera de toute manière. Donc c'est ça qui est important à garder. Et quand on a fait le projet Mazars, on a commencé, ça s'appelait Mazars, après ça s'appelle Forvis-Mazars. C'est la même chose, c'est les mêmes valeurs humaines, etc. Et puis après, on s'attache aussi à la culture du travail. Je cherche à la faire évoluer, mais à bien comprendre justement comment ça fonctionne. On n'accueille pas toujours de la même manière d'une entreprise à une autre. Les publics ne sont pas les mêmes. Oui, Typiquement entre Pernod Ricard et effectivement Forvis Mazars.

  • Pierre-Olivier

    Mazars, il n'y a pas de grand bar. C'est une autre manière. Voilà, c'est très accueillant aussi, mais c'est une autre traduction. Donc, c'est ça qu'on cherche à faire à chaque fois.

  • Salomé

    Aujourd'hui, tu as une vision beaucoup plus transversale de l'agence parce qu'au-delà du workplace, tu es effectivement co-directeur général. Qu'est-ce que ça a changé dans ta manière de penser les projets ou de travailler avec les équipes ?

  • Pierre-Olivier

    Forcément, ça me pousse à revoir mon champ plus large. Là où j'étais très concentré sur la partie bureau, c'est forcément d'embrasser un peu tous les sujets de l'agence, d'y prêter beaucoup plus attention que je ne pouvais le faire avant.

  • Salomé

    Et en dehors des sujets hôtellerie, bureau, etc., ce sont les sujets de publicité et de branding dont tu parles ?

  • Pierre-Olivier

    C'est les sujets de branding, ça peut être les sujets hôtels, les sujets retail, commerce. ou les grands projets, quartiers de ville.

  • Salomé

    Mais ce n'est pas seulement lié à l'immobilier, c'est ça que je veux dire. Pierre-Olivier : Ah oui, non, ce n'est pas que lié à l'immobilier, c'est l'ensemble des champs de l'agence, effectivement. Ce qui a vraiment évolué, c'est d'être un peu plus un catalyseur et un facilitateur que l'ensemble des équipes travaillent ensemble. Donc, on est dans une phase-là où on veut encore plus croiser les regards entre l'ensemble des équipes, des designers, du conseil. On est en train de faire évoluer ça. Donc, mon rôle est de mettre en place aussi cette évolution d'organisation petit à petit. On va encore un cran plus loin dans cette transversalité entre les équipes. Et puis ensuite, une de mes autres missions, c'est aussi d'ouvrir de nouveaux horizons, de nouveaux territoires géographiques. Pas forcément moi tout seul, mais de l'impulser avec d'autres. Parce qu'on va dans d'autres régions d'Europe, du monde. Et puis, il y a une sacrée boucle avec le début de ton parcours, puisque tu as commencé ton parcours à New York et que là, vous avez aussi une implantation à New York.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Oui, tout à fait. Alors, c'est Boris Gentine, qui est donc un directeur de création associé, qui va d'ailleurs y partir en septembre pour vraiment développer. On a déjà 25 personnes aux USA, à New York. Oui, c'est déjà beaucoup. Une équipe très centrée sur l'hôtellerie. Mais on vise à avoir vraiment un deuxième pied, Saguez and Partners, aux États-Unis et pour rayonner sur l'ensemble de ce continent. D'abord sur la partie hospitality, mais aussi en branding, en bureau, petit à petit.

  • Salomé

    Je voudrais qu'on parle des évolutions du métier et de ton regard dessus, notamment le monde du bureau. Depuis 20 ans, ça a beaucoup changé. On a parlé du télétravail, mais il y a aussi des sujets d'hybridation du travail, de sobriété. Toi, dans toutes ces évolutions, qu'est-ce qui te stimule ou t'interpelle le plus ?

  • Pierre-Olivier

    Il y en a deux. Le télétravail, dans un sens où ce qui m'intéresse, c'est de regarder les mouvements de balancier. Je pense qu'on n'est pas du tout encore sur quelque chose de stabilisé. Et donc, on voit bien que post-Covid, il fallait absolument, toutes les entreprises étaient pressées d'offrir deux à trois jours de télétravail, voire plus à certains de leurs collaborateurs ou à l'ensemble de leurs collaborateurs. Tout le monde a signé des accords, plus ou moins. Et puis, on voit aujourd'hui une inflexion par les entreprises, parfois des passages en force, un refus des collaborateurs. On voit que ça devient un acquis social. Donc, il y a deux choses qui sont intéressantes. Il y a l'évolution sur les conditions de travail et le droit du travail. Qu'est-ce que ça va devenir dans dix ans ?

  • Salomé

    Et là, on a vu récemment la Société Générale, les syndicats s'emparer du sujet du télétravail.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Notamment sur des questions un peu de procédure et de passage en force. Et donc, il y a un aspect un peu juridique, légal. C'est intéressant de comprendre comment quels vont être les leviers. Alors que personne ne parlait de télétravail il y a 4 ans, maintenant ça devient un acquis social comme la 5ème semaine de congés payés. Donc c'est assez fort de comprendre. Et donc ça permet aussi de comprendre les moteurs des gens et ce sur quoi... Je ne donne pas d'avis personnel, je suis pour ou contre, ce n'est pas le sujet. Mais de voir quels sont les moteurs des gens, à quel point ils sont sensibles à ça et à quel point ça peut être un stress dans un sens ou dans un autre. Et ce qui est intéressant, donc il y a un volet un peu réglementaire, on va dire légal. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi les entreprises aussi parfois le réduisent. Est-ce que c'est, je ne pense pas que ce soit la peur du présentiel, on a dépassé ce sujet-là, c'est la question de la transmission, de l'interaction entre les gens. Et le télétravail, à haute dose, parce que moi je pense que c'est très bien d'en avoir un petit peu, pousse à une forme d'individualisme. J'organise mon temps personnel, j'organise ma vie, j'organise mes heures de présence, mais je ne pense pas au collectif, je pense moins à la communauté. Les gens le font en règle générale, mais on risque d'avoir ce... Et pour des générations qui n'ont reconnu que ça, des gens très très individualistes dans leur manière de penser les choses. hors l'entreprise. C'est une aventure humaine et c'est un collectif, c'est l'essentiel. S'il n'y a pas le collectif, l'entreprise, elle meurt. Donc le télétravail m'interpelle beaucoup dans ces mouvements de balancier et de voir ce que ça peut donner. L'autre chose aussi, c'est l'émergence des intelligences artificielles. Ça aussi.

  • Salomé

    C'est un grand sujet.

  • Pierre-Olivier

    Qui amélioreront certainement le travail hybride aussi, etc. Il y a beaucoup de choses, mais oui, c'est un vrai bon sujet d'évolution de nos modes de travail, de nos missions et des tâches. C'est un formidable outil dans certains cas, de gain de temps, de capacité exponentielle. Pour d'autres, j'en parle parce qu'en fait, on voit bien que nos équipes dans les métiers créatifs, c'est là où il y a un bouleversement très fort avec des capacités de production via des algorithmes assez extraordinaires. Et c'est vrai qu'on a assez vite vu chez nous un stresscréatifs qui disent...

  • Salomé

    C'est la question que j'allais poser. Est-ce que tu ressentais une tension ou est-ce que tu ressens plutôt que c'est des outils dont ils essayent de s'emparer ?

  • Pierre-Olivier

    Tension au départ des designers et des créatifs en disant je vais perdre mon métier à partir du moment où on a commencé à les former à ça, on leur a dit : "Attention, ton métier n'est plus de produire des 3D demain. Ton métier est d'être capable de faire des briefs créatifs, des prompts pour une IA qui peut-être va générer une vue 3D beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait faire avant. Mais la capacité à mixer des univers créatifs, à lui donner un brief créatif, l'IA elle n'a pas d'intelligence et elle n'a pas de culture. Donc se mixer des univers pour faire un truc créatif."

  • Salomé

    En fait, il y a l'émotion, la sensibilité dont tu parlais tout à l'heure qui là Vraiment, ça ne rentre pas dans un algorithme.

  • Pierre-Olivier

    Le métier du créatif, ça ne va pas être de faire la vue 3D ou forcément de choisir la référence de parquet, etc. C'est être capacité de mixer des univers et de faire un brief créatif et un rendu créatif qui sera unique. L'IA, elle a ses limites là aujourd'hui. Donc c'est travailler plus sur notre créativité, moins sur notre production. C'est un formidable outil pour ça.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Alors la toute première c'est y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui t'accompagne au quotidien ou qui t'inspire ?

  • Pierre-Olivier

    Oui alors j'en ai une à laquelle je ne pense pas tous les jours mais de temps en temps et puis avec cette question ça me permet d'y revenir. C'est une phrase qui dit « Tout vient à point, à qui sait attendre » qui est une maxime, alors au départ je fais un peu de recherche parce que je la connaissais, enfin c'est Rabelais a priori qui aurait écrit cette maxime-là mais... C'était une maxime de mon grand-père qui a mis ça sur son ex-libris. Donc, il a un ex-libris sur les livres qu'il avait qui disait ça. Tout vient à point, à qui sait-il attendre ? Et je trouve qu'en fait, c'est une assez bonne maxime, surtout dans un monde où tout va très, très vite. On est dans du zapping, on est dans de l'hyper-consommation de tout. Je veux dire, ce message s'adresse aux jeunes générations. Prenez le temps des choses. Ça ne veut pas dire... Attendre, tout vient à point à qui c'est attendre, c'est pas attendre les bras croisés, attendre que les choses se fassent, c'est la patience. Travailler les choses, développer les choses, semer des graines, planter les, vous verrez.

  • Salomé

    Il y a une différence entre de la patience et de l'attentisme.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. Mais je trouve que c'est quelque chose qui est bien, c'est qu'il faut laisser le temps aux choses, il faut laisser le temps aux choses de maturer, les choses reviennent, repartent, et prendre du recul sur les choses, et pas être dans l'immédiateté.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière, un moment décisif ou un moment fort ?

  • Pierre-Olivier

    Je dirais que le projet de cette Manufacture 2 a été le plus, peut-être pas le plus décisif, mais c'est un des moments très particuliers finalement où j'ai appris énormément de choses, puisque j'ai piloté ce projet pendant 4 ans. Donc on y est depuis 2016, on a démarré, Olivier avait l'idée depuis 2010 et moi j'ai rejoint le projet fin 2011. Il y avait quasiment, quand je dis rejoindre le projet, il y avait une idée, mais il n'y avait rien qui était calé avec le promoteur, le développeur, etc. J'avais moins d'expérience qu'aujourd'hui dans l'univers du bureau, mais ça m'a appris à connaître beaucoup de choses et d'avoir un rôle qui était un peu différent. Pour le coup, c'était moi le client, ou nous en tout cas, parce que je faisais le chef de projet et j'étais en lien avec Nexity, qui était notre promoteur. Donc c'était utiliser les compétences que j'avais dans l'environnement de travail, mais dans un rôle différent, qui est cette fois être le preneur d'un bâtiment. Donc ça a été très, très enrichissant. J'ai appris et je me mets à la place de tous les preneurs qui signent des bâtiments au fond des BEFA, donc des baux en l'état futur d'achèvement. C'est un chemin semé d'embûches et on n'était peut-être pas les moins avertis sur le sujet, mais on a bien vu les complexités, mais c'était passionnant. Et pourquoi je cite ça ? C'est parce qu'on y est depuis 9 ans et puis on a décidé de rester. Et donc en fait, maintenant, 10 ans après, j'ai un peu l'effet boomerang d'un certain nombre de points parce que forcément, une fin de bail, des choses se recalent, se renégocient. Donc c'est très intéressant de les revoir avec le recul en se disant : "T iens, ce truc-là qu'on n'avait pas bien fait ou qu'on a laissé un peu sous le tapis parce que ça arrive comme ça, en fait, dix ans après, il revient au boomerang et c'est moi qui me reprend mon propre boomerang." Donc, c'est assez sympa. Donc, c'est très intéressant.

  • Salomé

    Encore une leçon d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, peut-être. Non, mais c'est intéressant parce qu'on n'en fait pas souvent des projets comme ça. On fait des projets de bureau pour nous tous les jours, mais le faire pour ses propres équipes ou nos propres équipes, c'est très intéressant. On a appris énormément et on apprend encore là et on fait aussi encore des petites erreurs.

  • Salomé

    C'est chouette d'être son propre laboratoire.

  • Pierre-Olivier

    C'est très bien, oui. Ça, c'est une chance. On nous dit beaucoup, c'est un lieu, c'est votre showroom. Même pas la notion de showroom, parce que le showroom, c'est un lieu d'exposition.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais dire.

  • Pierre-Olivier

    Où il y a un back-office, etc., où on présente trois trucs. Nous, c'est un lieu de travail. C'est un lieu de travail avec nos clients. On a plaisir à accueillir nos clients une journée, une demi-journée. C'est un lieu d'émulation.

  • Salomé

    Enfin, franchement, je mettrais quelques photos. C'est vraiment très agréable de venir. On se sent toujours, effectivement, très accueillis. Tout est très facile, on arrive, c'est simple. Franchement, je trouve que c'est une belle vitrine. Même si ce n'est pas un showroom, c'est une belle vitrine.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est vrai. On a essayé d'être les cordonniers les moins mal chaussés, on va dire. Donc, c'est une belle vitrine.

  • Salomé

    Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ? Alors, il y a une personne que j'aimerais beaucoup entendre et qui m'inspire beaucoup, qui est Nicolas Dufourcq. Il y a deux choses.

  • Pierre-Olivier

    Le directeur général de BPI France, donc.

  • Salomé

    Exactement. Merci de la précision. Tout à fait. Deux choses, on a fait beaucoup de projets avec lui. On a travaillé sur l'identité, on a créé la marque BPI France et l'identité. On a travaillé avec eux. Et puis, on a répondu à différents appels d'offres pour eux, d'aménagement de bureaux. Donc, on les a souvent accompagnés. Je l'ai assez régulièrement côtoyé. J'aime beaucoup son approche très humaine, en tout cas quand on collabore ensemble. Voilà, un truc assez spécifique. Et puis, j'aime beaucoup quand je le lis dans la presse ou que je l'entends aussi ses décryptages sur la société, sur l'économie, plutôt dans un sens évidemment économique, pas du tout lié à l'immobilier, mais j'aime bien les décryptages qu'il a sur la situation actuelle de la France par ailleurs, et ses éclairages que je partage assez souvent, en tout cas en termes de point de vue. Donc je serais intéressé de l'écouter et qu'il raconte un certain nombre de choses sur soit son parcours, soit sa vision des choses actuelles. Je vais tenter. Je ne suis pas sûre d'y arriver, mais je vais tenter.

  • Pierre-Olivier

    Je te donnerai un petit coup de tremplin avec grand plaisir.

  • Salomé

    Où est-ce qu'on peut te suivre et te retrouver ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on peut me suivre, on va dire, sur LinkedIn. Je ne suis pas celui qui fait le plus de posts. Je devrais.

  • Salomé

    Tu vas avoir une excuse avec le podcast.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Non, non, j'ai un petit manque d'assiduité, c'est vrai. Et de temps, je consulte beaucoup, mais je fais peu de posts, pas assez. Donc ça, c'est un endroit où on peut me retrouver. Après, à titre plus personnel, on peut me retrouver sur Instagram. Je n'ai pas créé de compte pro. C'est plutôt les designers qui créent des comptes pro. J'ai un compte personnel, mais qui a un profil ouvert, accessible à tous, avec mon nom, Pierre-Olivier Pigeot. Et on y retrouve, non pas ce que je fais au quotidien qui intéresse personne, dans ma vie privée, mais simplement des photos de bâtiments que je glane au fur et à mesure de visites. Ça peut être un coin de rue dans Paris ou n'importe où, dans des endroits où je peux aller en Europe ou dans le monde. Et j'aime bien montrer ces bâtiments, souvent très atypiques, que je peux trouver, avec des angles de vue un peu particuliers. Donc voilà, je fais ça de temps en temps, je n'ai pas beaucoup de photos.

  • Salomé

    Pour l'avoir parcouru, il est très chouette.

  • Pierre-Olivier

    Bon, ben merci.

  • Salomé

    Merci beaucoup, Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Merci à toi.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Pierre-Olivier qui a accepté de répondre à toutes mes questions avec beaucoup d'enthousiasme. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram. Je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcasts, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🎬 De stagiaire à co-directeur général : le parcours de Pierre-Olivier

    01:14

  • 🏢 Saguez & Partners, une agence de design global au service de la marque et des usages

    09:30

  • 🪑 Le workstyle, l’art de vivre au bureau

    14:15

  • 🧠 La méthodologie Saguez & Partners, le binôme conseil & création

    19:28

  • 🏛️ Le bureau comme outil stratégique, l’exemple de Forvis-Mazars

    21:34

  • 🔭 Sources d’inspiration : théâtre, surf, architecture…

    34:11

  • 🧬 Traduire l’ADN d’une entreprise et créer une identité pérenne

    38:37

  • 🧩 Co-diriger une agence de 140 personnes : transversalité, responsabilité et vision collective

    45:08

  • 📉 Télétravail, IA, individualisation… Le bureau face aux grandes mutations

    47:07

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    51:15

  • Conclusion

    57:57

Description

🏢 Penser et concevoir le bureau comme un lieu vecteur de sens, de culture et de rassemblement


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Pierre-Olivier Pigeot, associé et co-directeur général de Saguez & Partners, une agence de design global qui mêle design de marque et design intérieur et architectural.


💬 "Le design, c'est être dans les yeux des gens"


Sorti d'une école de commerce, passionné de théâtre et de surf, Pierre-Olivier n'est ni architecte, ni designer. Il en a pourtant fait son quotidien, trouvant dans le design un terrain d'expression idéal pour croiser les régards, décloisonner les disciplines, notamment le conseil et l'architecture, et créer des lieux à l'image de ceux qui les occupent.


🔎 Au programme de cet épisode :


✅ "Workstyle" vs "workplace" : Penser les bureaux comme des lieux choisis, propices à l'art de vivre et plus seulement comme des espaces fonctionnels.


Le bureau comme incarnation de l'identité d'une marque : comment traduire une culture d'entreprise dans les espaces de travail, grâce à une approche hybride entre conseil et création.


L'évolution des "codes" du travail : Le traitement de la hiérarchie dans les espaces, le partage des bureaux, la place des rituels.


L'exemple de projets : Forvis Mazars, Pernod-Ricard, BCG...


Un regard sur les transformations du travail : Télétravail, montée de l'individualisation, arrivée de l'IA... Des évolutions qui interrogent le rôle du bureau comme lieu de lien et de transmission.


Parcours et inspirations : De stagiaire à co-directeur général, Pierre-Olivier partage avec simplicité les rencontres, disciplines et expériences qui ont façonné sa carrière.


🎧 Si vous êtes curieux de comprendre comment un lieu de travail peut devenir un média pour l’entreprise, un outil stratégique et une source d’émotions, je vous recommande sincèrement cet épisode.


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Dans cet épisode, je reçois Pierre-Olivier Pigeot. Aujourd'hui co-directeur général de l'agence Saguez & Partners. Pierre-Olivier ne vient ni du monde de l'architecture, ni de celui du design. Il a pourtant trouvé dans cet univers un terrain d'expression passionnant qu'il explore depuis plus de 20 ans en mêlant stratégie de marque et conseil, tout ça avec une vision très fine des usages. Avec lui, on a parlé de l'évolution des bureaux vers des espaces de travail choisis et désirables, de l'émotion qu'un lieu peut susciter, de la manière dont il incarne une culture d'entreprise, mais aussi de ses inspirations, de théâtre, de surf et d'humilité. Je vous recommande sincèrement d'écouter cet épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Je suis vraiment très contente de te recevoir sur le podcast. Alors, on s'est rencontrés dans le cadre de mon travail chez Bouygues Construction, puis lors d'une visite des locaux de Pernod-Ricard que tu avais organisée, où tu m'as présenté Émilie, qui au moment de son passage de flambeau à la fin de l'épisode, m'a demandé d'interviewer Saguez. Donc je suis ravie que tu aies accepté cette double invitation, la mienne et celle d'Émilie.

  • Pierre-Olivier

    Je suis ravi aussi, merci beaucoup de me donner l'occasion de partager un petit peu et mon métier et mon parcours. Je suis ravi en plus de prendre la suite d'Émilie, avec qui on a beaucoup travaillé, on reparlera certainement de son projet au fil de la discussion. Donc c'est un vrai plaisir de cet échange ensemble.

  • Salomé

    On va commencer si tu veux par ma première question qui est un peu ma question rituelle. Est-ce que tu peux te présenter, me parler de ton parcours s'il te plaît ?

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Alors mon parcours, moi j'ai fait une formation de bac économique et social et une école de commerce dont je ne suis pas du tout architecte d'intérieur ou designer ou architecte comme certains peuvent parfois le penser quand on est dans ce type de métier. Donc j'ai fait en fait... Plutôt une formation, je dirais presque par entonnoir, parce que je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire pendant une grande partie de mes études. Et donc, j'ai plutôt fait des choix les moins limitants possibles jusqu'à une école de commerce. Et ce que j'ai trouvé intéressant dans la partie de l'école de commerce que j'ai suivi, qui est le BBA de l'ESSEC à Cergy, c'est que j'ai travaillé pour la junior entreprise de l'école. Et à ce moment-là, j'ai beaucoup compris ou appris, ou en tout cas, je me suis intéressé à des notions de conseil auprès des clients, travailler pour multi-clients. Et j'ai toujours trouvé ça assez intéressant d'être dans cette approche. Et puis également de mener une approche, parce que c'est ce que j'apprenais dans mes cours de marketing, un petit peu de stratégie de marque, d'identité de marque. Tout ça était très flou dans ma tête, mais ça m'a amené un petit peu à creuser ces chemins-là. Je suis parti après en stage à New York, dans le prêt-à-porter, dans la mode. Donc tout ça m'amenait vers des environnements créatifs, chez Newman. Et puis, en rentrant en France, pour faire un petit peu court sur tout mon parcours, j'ai rencontré par hasard dans un dîner de mon ancien dîner de l'ESSEC, Georges Richard, qui était directeur de clientèle chez Saguez & Partners, qui m'a parlé de son métier chez Saguez. Et je me suis dit : "Mais Saguez, qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

  • Salomé

    T'avais quel âge à ce moment-là ?

  • Pierre-Olivier

    J'avais 22 ans, 23 ans.

  • Salomé

    Donc on est vraiment à ta sortie.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. On est à ma sortie d'école. Exactement. Et donc, je rencontre Georges qui me parle de Saguez et le lendemain de ce dîner très sympathique, je vais sur le site de Saguez et je vois ce que fait Saguez & Partners et je me dis mais ça a l'air génial ce truc. Il y a de la création, du conseil... Le site était très sympa en plus. Donc, ça donnait très envie et j'ai eu en tête d'y rentrer absolument parce que j'avais un coup de cœur pour cette entreprise. Ça ne s'est pas fait tout de suite. J'ai commencé à travailler d'abord chez Agnès B, dans le prêt-à-porter, très peu de temps. Et puis après, j'avais rencontré des gens de Saguez. L'opportunité s'est faite. Mais on m'a proposé d'ailleurs de rentrer en stage chez Saguez alors que j'avais déjà travaillé. J'ai fait tout un petit jeu pour arriver à retrouver un stage alors que j'avais déjà fini mes études depuis longtemps. Et je suis arrivé en stagiaire à 23 ans chez Saguez & Partners en me disant, bon, c'est un stage, je veux chercher un boulot. C'est peut-être l'unique chance que j'ai dans ma vie de rentrer dans une agence de design. Saisissons-la et on verra bien ce qui se passera. Et finalement, un peu plus de 20 ans après, j'y suis toujours.

  • Salomé

    On y est encore.

  • Pierre-Olivier

    Oui. Et puis deux petites choses si je te fais mon parcours, ça c'est aussi trois choses qui m'animent parce que ça joue peut-être après sur tout le reste de ce que je fais. Je fais beaucoup de badminton, ça c'est en compétition, ça pousse à beaucoup d'agilité et beaucoup de surf aussi depuis quelques années, ça ça pousse à l'humilité. C'est les deux choses qui sont importantes.

  • Salomé

    Qui demandent de la rigueur et de l'engagement.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, rigueur, engagement, humilité. Et beaucoup de théâtre pendant 25 ans aussi.

  • Salomé

    Ça, c'est un sujet hyper intéressant, je trouve. C'est vrai que, et pourtant, tu vois, je n'ai pas réussi à le remettre plus tard dans l'interview. Donc, ça m'intéresse que tu en parles maintenant. Du théâtre, tu en fais toujours ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, j'ai arrêté depuis quelques années parce qu'en fait, c'était très, très prenant. Les dernières pièces que j'ai montées avec des amis, c'était une forme d'autoproduction où on faisait la mise en scène, de la direction d'acteurs. Je jouais évidemment dans la pièce, le montage des décors, trouver un petit théâtre pour pouvoir faire ses représentations, etc. C'est très, très chronophage. C'est hyper excitant. J'aime beaucoup ça. Après, je me suis mis dans d'autres priorités. Donc, j'ai un petit peu ralenti ou en tout cas arrêté depuis quelques années. Mais la dernière pièce, c'était il y a 5-6 ans à peu près. Et j'en ai fait 25 ans. Donc, j'ai commencé au collège et j'ai dû jouer 50 ou 80 pièces, quelque chose comme ça. Donc oui, c'est beaucoup. Ça m'a appris une vraie culture. Moi, je n'étais pas un grand lecteur, donc ça m'a appris beaucoup de choses. J'ai quand même, voilà, lui Molière, Racine, Ionesco et des dizaines et des dizaines d'autres, du Guitry, du Labiche, tout ça. Donc on apprend énormément de choses. Et puis ça a été très structurant dans ma vie et ça l'est toujours parce que le théâtre, on le commence en très jeune. Ça t'apprend la posture, ça t'apprend à poser ta voix, ça t'apprend à regarder les gens, à habiter une scène. Et de temps en temps, même souvent dans notre métier, on est amené à présenter devant des clients, des partenaires, devant deux personnes, dix personnes, parfois trois ou quatre cents. Et donc, il faut aussi avoir le courage d'aller sur scène devant 300 ou 400 personnes.

  • Salomé

    Alors, tu as commencé assistant chef de projet chez Saguez. Aujourd'hui, tu es co-directeur général de l'agence. Est-ce qu'à un moment donné, tu as senti un tournant dans cette trajectoire ? Parce que tu es peut-être plus loin des projets que tu ne l'étais à un moment donné. Est-ce qu'il y a un moment qui a changé ta façon d'aborder ton métier entre assistant chef de projet et aujourd'hui co-directeur général ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, c'est sûr que ce n'est pas complètement le même métier. Déjà, je suis rentré assistant chef de projet. Je n'avais aucune idée que je resterais aussi longtemps que ça à l'agence. Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru, c'est sûr. Je venais pour tester, voir si ça me plaît. Et puis, je suis resté aussi longtemps que ça. Et à chaque fois, je pense, où j'avais fait un peu le tour d'un métier ou d'un poste, l'agence, et notamment beaucoup Olivier Saguez, m'ont proposé des nouveaux challenges. J'en ai proposé aussi à l'agence. Et donc, il y a toujours eu une émulation et quelque chose qui fait que je ne me suis jamais ennuyé. Et donc, j'ai effectivement énormément évolué entre assistant chef de projet, de la direction clientèle, la direction conseil, puis diriger toute l'activité workstyle, donc qui est dédiée aux environnements de travail, puis la co-direction générale. Et c'est vrai que dans les moments, c'est un peu une continuité qu'on pourrait dire linéaire. Il n'y a pas eu de grande rupture dans tout ce que j'ai fait, presque peut-être un chemin naturel, on va dire. En tout cas, je l'ai vécu un petit peu comme ça. Sans avoir aucune ambition, je ne m'étais jamais dit un jour je voudrais être co-directeur général de l'agence. Absolument pas. Les choses se sont faites ainsi. Mais je dirais qu'il y a trois moments importants. Le moment où j'ai vraiment décidé de vraiment m'occuper de la partie Saguez Workstyle et donc d'être dédié 100% à l'environnement de travail chez Saguez. Et le deuxième moment, c'est au moment où je suis devenu associé. Donc ça, c'était il y a 12 ans à peu près. Bon, déjà, j'étais assez content, j'étais assez fier parce que j'étais le plus jeune associé.

  • Salomé

    J'allais dire que tu n'es déjà pas très vieux,

  • Pierre-Olivier

    Oui, je n'ai pas donné mon âge au début, c'est vrai. Bon, j'ai 44 ans, je le dis maintenant. Et donc, je suis devenu associé. Et bon, il y a beaucoup de... Oui, il y a un peu de fierté parce que c'est... Voilà, on ne le propose pas forcément à tout le monde. Donc, j'ai été flatté et flatté de ça. Et c'est une reconnaissance d'Olivier et des autres associés et puis j'ai trouvé qu'il y avait un vrai marqueur chez les clients, que j'ai trouvé assez intéressant comme levier, c'est qu'en fait, à partir du moment où on dit qu'on est associé, on peut engager l'agence dans les choix, dans des responsabilités, dans des engagements budgétaires. Et donc, ce n'est pas pour le titre et les galons, parce que ça, c'est des choses qui ne m'ont pas du tout intéressé, mais c'est la capacité à décider plus vite, à faire avancer des choses, à ne pas forcément demander l'avis d'Olivier tout le temps, si c'est nécessaire, etc. Et donc ça, j'ai trouvé que ça donnait énormément d'ailes et un champ plus large. Et puis le troisième moment, c'est quand même... En passant, co-directeur général, donc j'assure la direction générale avec Thibault Saguez et Boris Gentine, là, c'est un scope plus large. Après avoir été beaucoup sur l'environnement de travail, là, c'est reprendre un scope plus large de l'agence. Donc, c'est un troisième levier ou une troisième marque qui s'est ouverte depuis deux ans à peu près.

  • Salomé

    D'accord. Alors, justement, on va parler de l'agence. Est-ce que déjà, tu peux présenter l'agence et ses activités ? Parce que c'est vrai que Saguez n'est effectivement pas un space planner du tout.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. En plus, souvent, nos clients nous connaissent bien dans le champ de métier pour lequel ils nous activent. Et donc, très souvent, ils n'ont pas connaissance, malgré toute la communication qu'on peut faire. Ils ont toujours beaucoup de mal à voir qu'on fait beaucoup d'autres choses, alors que pour nous, elles paraissent assez évidentes dans un sens. Donc nous, l'agence Saguez & Partners, on est une agence indépendante qui a été créée en 98 par Olivier Saguez. On est 140 maintenant à l'échelle de notre groupe.

  • Salomé

    Vous étiez combien quand toi t'es arrivé ?

  • Pierre-Olivier

    Quand je suis arrivé, on était 30 à peu près, je crois. 6 quand Olivier a monté l'agence avec quelques personnes qu'il a vite recruté, 30 quand je suis arrivé et maintenant 140. Donc on est une agence de design global et on intervient sur deux champs. Le design de la marque, c'est la stratégie de marque, l'identité de la marque notamment. Donc on travaille pour beaucoup de marques qui peuvent être des marques enseignes ou des marques très corporate. On a créé l'identité du Tour de France, qui est d'actualité. Ils ont eu le premier coup de pédale il y a quelques jours.

  • Salomé

    L'épisode sera effectivement diffusé à la rentrée, mais on est le 7 juillet. Donc, on est vraiment dans une actualité très chaude.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, donc on pourra dévoiler le gagnant. Le gagnant sera connu, en tout cas le vainqueur, le jour de la diffusion. Donc, des identités comme le Tour de France, dans des choses très, on va dire, populaires, mais très fortes, des identités plus institutionnelles comme Air Liquide, Suez. Ça, c'est une grande partie de notre métier. Et puis, il y a les lieux de la marque. Et donc là, on est sur le volet plutôt design intérieur, design architectural. Les deux se répondent, évidemment, parce que quand on travaille pour des concepts de marque enseigne, comme on l'a fait pour Yves Rocher à un moment, on travaille sur la stratégie de marque, le positionnement, l'identité, et puis l'application de cette identité ou de ce territoire de marque dans beaucoup de lieux d'expression. Les magasins, les bureaux. Je prends le cas d'Yves Rocher, c'était les bureaux France, le siège social de l'ensemble du groupe, on a créé un hôtel avec eux, etc. Donc la philosophie de l'agence, c'est toujours de partir de la marque et donc de la singularité d'une marque, d'une entreprise, et de pouvoir incarner cette différenciation et cette singularité sur l'ensemble des champs d'application. Ça peut être des bureaux, ça peut être des boutiques, ça peut être des hôtels ou tout autre type de lieu. Donc nos grands, après si je résume un petit peu, nos grands champs d'intervention, ça va être les lieux de commerce, les magasins, les marques enseignes. On travaille beaucoup pour Leclerc aussi actuellement. On fait beaucoup de choses. Donc, on va dans le commerce, on va du Leclerc à Ritz, sans donner d'échelle de valeur, mais on est dans des choses assez différentes en termes d'univers de marque. Évidemment, on travaille pour les bureaux. On va en parler un petit peu aussi. On travaille pour les hôtels, pour les aéroports. On a designé des trains et des tramways. Voilà un petit peu le champ. Et maintenant, on intervient sur des grands projets. Alors, il y a des grands projets immobiliers type des centres commerciaux ou des grands department stores. On a créé de la Fayette Maison il y a 20 ans. C'est nous qui avons créé ce concept-là, qui existe évidemment toujours. Et puis, on intervient maintenant à l'échelle de quartiers de ville. Et donc, dans tout ça, on cherche la singularité, la différenciation et la notion de parcours et d'expérience. Ce qui est intéressant, en fait, dans tous ces métiers-là, nous, on les trouve connexes, c'est qu'en fait, le métier du designer est d'être dans les yeux des gens. On n'est pas architecte. On n'est pas architecte d'intérieur, on est designer. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    Oui.

  • Pierre-Olivier

    À la fois dans les méthodes, mais on va dire dans la manière de voir les choses. Le designer, il est dans les yeux des gens et dans le regard. Le designer, il est là pour faciliter le quotidien des gens, en fait, dans tous les champs d'application possibles. Il y a des notions un peu d'usage, il y a des notions d'ergonomie dans un sens, pas forcément dans le sens technique du terme, on travaille avec des ergonomes, mais dans un sens pratique et de bon sens, en fait.

  • Salomé

    Mais pourtant, oui, en plus, parce que ce n'est pas très intuitif quand on parle de designer, tu vois... Je trouve qu'on entend vraiment beaucoup la notion d'esthétique, même encore plus que la notion d'usage. Et en fait, finalement, ce n'est pas du tout ce que tu es en train d'expliquer, bien au contraire.

  • Pierre-Olivier

    Non, le design est vraiment sur une approche centrée sur l'utile avant le beau. C'est vrai que je pense que la culture peut-être anglo-saxonne est un peu plus mature là-dessus. En France, le designer, il est vu soit comme un peu un artiste ou comme un designer de mobilier, d'objet. D'ailleurs, on voit bien des gens dans la rue, vous écoutez des gens qui parlent et tu les entends et tu dis « Ah ben ça, c'est design » . Mais en fait, parce qu'il y a une forme un peu bizarre de quelque chose, on voit quelqu'un s'est fait plaisir, il a imaginé quelque chose. Non, c'est pas ça, mais c'est pas une dimension artistique, c'est une question de méthode, c'est une question d'observation et de réponse esthétique, graphique, ergonomique, d'architecture d'intérieur aussi. Évidemment, il y a plein de champs d'application, mais c'est plus une méthode et un regard en fait.

  • Salomé

    D'accord. Alors j'aimerais qu'on se concentre un tout petit peu sur l'activité "Workstyle", qui est l'objet du podcast, le Bureau, qui est l'objet de ton activité aussi, puisque c'est ce que tu diriges chez Saguez. Alors déjà, vous appelez ça "workstyle" et pas "workplace". "Workstyle", c'est un terme qui est assez évocateur, que vous traduisez par l'art de vivre au bureau. Donc qu'est-ce que tu mets derrière et qu'est-ce que ça change dans votre façon de voir les espaces de travail ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on a imaginé le mot en 2012, quand on a vraiment décidé de lancer l'activité bureau. On s'est dit, bon, ce serait bien d'avoir un nom un peu sympa, différenciant justement sur ce marché-là, où on pourrait nous appeler space-planner ou décorateur, parce qu'on travaille aussi bien pour des utilisateurs, pour qui on fait l'aménagement de leurs espaces de travail, que pour des investisseurs, pour lesquels on imagine les socles de services d'immeubles de bureaux. Et comme tu le dis très justement, en fait, dans la notion de workstyle, ça dit beaucoup de choses. La workplace a une notion un peu fonctionnaliste.

  • Salomé

    Oui, le bureau à coté de la fenêtre, la circulation bien dimensionnée.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, place, c'est "work"/"place", c'est deux mots, c'est du travail et un lieu. Après, il y a plein de choses derrière, il y a de la workplace stratégie, etc. Je ne m'ignore pas du tout ce qu'il y a derrière, mais le nom donne un peu une connotation, je dirais, un peu fonctionnaliste. Nous, ce qu'on aime bien dans le nom "workstyle", c'est qu'il y a un imaginaire. On évoque des choses. Il y a, comme tu dis, l'art de vivre au travail. Et donc derrière ça, c'est la notion de bureau inspirant, de bureau décadrant. Avant le Covid, on venait quand même cinq jours par semaine au travail, un certain nombre d'heures. Maintenant, les rythmes ont évolué. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    On commence à y revenir.

  • Pierre-Olivier

    On y revient un petit peu, oui, exactement. Mais on voit que le bureau n'est plus tout à fait une obligation du quotidien de 9h à 19h et que le bureau est plus un lieu choisi dans le parcours de la journée. Justement, dans le parcours du collaborateur, il peut décider de travailler dans un lieu de coworking, dans un lounge à la gare ou à l'aéroport, dans un hôtel si c'est plus pratique qu'en bas de chez lui, plutôt que de prendre les transports et venir après au bureau. Donc le bureau devient un lieu non plus subi, mais un lieu de choix, une destination. Et donc il faut qu'il y ait d'autant plus cette notion d'art de vivre au travail. Les bureaux sont finalement... Enfin, chez soi, on pense à l'art de vivre. On organise les pièces et les espaces en fonction d'un art de vivre. Et tu vas décider de t'installer pour travailler, soit sur ton canapé, parce que la lumière du matin est plutôt sympa. Et à un moment, tu vas peut-être te mettre l'après-midi dans la cuisine, parce qu'en fait, la vue est sympa ou que finalement, il fait un peu moins chaud, parce qu'elle a une meilleure exposition par rapport à la lumière. Et donc, on vit tous avec ces notions-là, très simples, on ne les intellectualise pas. Chez soi, on s'installe là où on a envie, parce que c'est sympa, c'est confortable, etc. En fonction de l'usage qu'on en a. Et dans le bureau, on a complètement oublié ça. Ça s'est beaucoup amélioré ces dernières années, mais ça manquait cruellement d'art de vivre. Et donc, c'est absolument clé pour nous de rajouter cet art de vivre au travail. Et puis, le bureau, il doit susciter des émotions, il doit être inspirant. On s'est beaucoup intéressé aussi aux lieux des artistes. Quand tu regardes justement les lieux de travail d'un certain nombre d'artistes, énormément de peintres ou même d'auteurs, tu vois qu'ils sont dans des lieux qui sont propres, qui sont l'inspiration pour faire un travail qui est certes artistique, mais c'est un travail. Et donc, ils sont dans des lieux qui ont du volume, qui sont ouverts, qui ont des vues dégagées, etc. C'est extrêmement important. On sait que ce n'est pas toujours évident dans les lieux de travail de trouver des bâtiments comme ça. Mais justement, charge à nous, quand une architecture ne le propose pas, comment est-ce que j'arrive à réinventer à l'intérieur ? Comment est-ce que j'arrive à... Il y a toujours des forces dans un bâtiment. Comment j'arrive à les analyser et à les rendre encore plus fortes, à les exagérer et à travailler les points d'inconvénients d'un bâtiment ou les points de difficultés ?

  • Salomé

    Oui, en fait, c'est plus que juste une philosophie, c'est même plus une conviction que vous portez. Alors après, qui est très visible ici, dans ce lieu où on est aujourd'hui, la Manufacture Design, où on ressent tout ce que tu dis depuis tout à l'heure. Déjà, le lieu d'attente où je suis arrivée un petit peu en avance, donc je t'ai attendu quelques minutes, où tu as déjà une machine à café, de quoi te prendre un verre d'eau, tu poses ton téléphone, il y a un chargeur à induction sur le fauteuil. Des choses qui peuvent paraître des détails, mais en fait, on sent une vraie intention dans l'accueil, la convivialité du lieu. Et puis l'envie qu'effectivement, tout soit pensé de manière à ce que ce soit très facile. Il n'y a même pas besoin d'un câble. Tu poses ton téléphone et c'est terminé.

  • Pierre-Olivier

    On a pensé aussi aux micro stress ou aux micros irritants du bureau. Et donc, qui fait que quand on est accueilli dans le lieu, et puis on a une petite bagagerie aussi derrière. Si quelqu'un veut laisser un casque, etc. Il faut que tout soit bien pris en main, bien pris en charge pour qu'en fait, quand quelqu'un vient, que ce soit... Un client, un visiteur, un partenaire, il se décharge de toutes ces choses-là, tout est bien organisé. Après, on se concentre sur ce qu'on doit faire ensemble, on doit travailler, on doit imaginer, on doit décider des choses et le lieu doit servir à ça. Et derrière cette philosophie-là, ou ce qu'on a aménagé en tout cas pour nous, c'est une notion de bureau-hôtel.

  • Salomé

    En termes de méthodologie, comment est-ce que vous y prenez ? Peut-être sur quelque chose de très généraliste. Pour l'agence, on aura l'occasion d'en reparler plus tard exactement comment vous y prenez pour un bureau.

  • Pierre-Olivier

    Alors nous déjà, la spécificité qu'on a à l'agence, dans notre métier d'agence de design, c'est qu'on est très centré sur le conseil et la création. Et on a deux types de profils chez nous, des consultants. On va dire des gens de l'équipe conseil qui sont d'ailleurs dans des profils très variés, des profils d'écoles de commerce comme moi, des personnes qui ont fait des écoles d'ingénieurs, des architectes d'ailleurs, qui sont plutôt dans la partie conseil et pilotage de projet et des profils de personnes qui ont fait des écoles type le CELSA, etc. Donc ça, c'est l'équipe de conseil qui va être vraiment sur le cadrage stratégique du client, l'accompagnement du client, la bonne mise en place d'une méthodologie. La partie négociation financière, parce qu'il faut en faire aussi. Bien sûr, comme dans toute entreprise. Voilà. Et puis, une autre jambe ou une deuxième facette, on va dire, un autre côté du cerveau, qui est les métiers de la création. Donc là, ça peut être des architectes d'intérieur, des architectes DPLG, des designers graphiques et tous les métiers, on va dire, de la création au sens large. Parce qu'après, on peut aussi, dans les projets, inviter des artistes, inviter des rédacteurs, voilà, tous ces métiers. Et donc, on travaille en binôme très fort le conseil et la création. Donc pas du tout organisés comme vont l'être des agences d'architecture ou même certains de nos concurrents dans l'univers du bureau ont beaucoup de profils d'architectes ou d'ingénieurs, on va dire. Mais nous, il y a cette dimension conseil très, très forte. Et donc, ça en fait une spécificité. Et les projets se travaillent toujours en binôme avec la partie conseil qui va apporter cette dimension marque, marketing, différenciation et être un peu dans les yeux du client aussi. Donc savoir retraduire un brief créatif, savoir aussi laisser la création à un moment sans voler ou en tout cas proposer des choses très fortes et être capable aussi de les réorienter. Tout ça est un dialogue entre les différentes équipes pour arriver à une réponse qui est solide et qui est objectivée. On n'est pas dans du subjectif avec « j'aime, j'aime pas, les couleurs, etc. » À un moment dans le projet, oui, il faut choisir les couleurs et donc on a le droit de dire « j'aime, j'aime pas » . Mais c'est objectivé. La réponse créative, elle est objectivée par rapport à un brief qui a été donné par une réponse stratégique, par rapport au moment où se trouve l'entreprise et donc dans la réponse qu'il faut arriver à faire. Pour éviter d'être juste dans cette approche de décoration. Ce n'est pas de la décoration, c'est une réponse stratégique et créative.

  • Salomé

    D'accord. Justement, je pose cette question parce que je trouve que c'est important de replacer bien le contexte. Le bureau est aussi un outil stratégique pour une entreprise, pour différentes raisons, soit effectivement dans une stratégie très économique immobilière, ou alors dans une stratégie d'attraction, rétention des talents. Et justement, toujours dans cette pensée-là, j'aimerais qu'on évoque quelques projets. J'ai reçu Émilie Martin qui m'a parlé du siège de Pernod Ricard, qui est une marque très forte, qui est en plus une marque B2C, où on se rend bien compte que c'est très accessible au grand public. J'aimerais qu'on parle d'exemples où les identités de marques ne sont pas moins fortes, mais sont peut-être moins tangibles, où le branding, en tout cas, est moins évident. Récemment, vous avez travaillé avec Forvis Mazars sur leurs bureaux "Carré Vert" à Levallois. Tu m'as parlé aussi du BCG. Ça, c'est des cabinets de conseil, des cabinets d'audit. Pourquoi ces entreprises ont fait appel à Saguez, déjà, particulièrement ? Avant de parler de ce que vous y avez fait, c'était quoi leurs enjeux ?

  • Pierre-Olivier

    Ils ont, comme beaucoup d'entreprises, c'est sûr, des sujets aujourd'hui, d'attraction, de rétention des talents, de transmission intergénérationnelle vis-à-vis de l'ensemble des collaborateurs. Et puis, on va dire que la plupart des entreprises, au-delà même de BCG et de Mazars, il y a un sujet maintenant d'être dans des lieux médias. C'est-à-dire que les entreprises ont besoin vraiment de prendre de plus en plus la parole. On voit bien que les différentes typologies de réseaux sociaux donnent un champ des possibles de communication qui est beaucoup plus large. et donc il faut que le lieu... soit un lieu beaucoup plus propice à être une entreprise, un lieu média. Donc ça peut être la capacité de faire des podcasts dans des studios, mais c'est aussi la capacité de faire venir ces différentes cibles et prendre la parole dans des lieux spécifiques, des auditoriums, etc. Ou peut-être même dans un jardin. Donc en fait, le lieu doit permettre d'attirer beaucoup plus des publics, beaucoup plus larges. Les enjeux de ces cabinets de conseil sont un peu... plus axés, on va dire, déjà sur la partie du recrutement. Ils sont souvent connus pour avoir des turnovers assez forts. C'est des métiers très exigeants. Pas que les autres ne le sont pas, mais on recrute beaucoup, beaucoup de jeunes diplômés à haut potentiel. Et puis, certains restent de trois ans. Ça va pas mal tourner, etc. Donc, il y a un enjeu de parcours, justement. Si je prends le cas de BCG, il y a un parcours très, très spécifique. Les formats d'entretien qu'ils ont ne sont pas du tout les mêmes que dans d'autres entreprises. Donc, il y a un vrai parcours, mais pour candidats. Il y a un parcours du candidat qui va avoir accès à un certain nombre d'espaces, qui va lui donner aussi une visibilité, une vision de l'expérience de BCG future. Donc, il voit une partie des locaux, mais il ne voit pas tout. Mais il a un condensé ou un concentré de l'expérience BCG. Et puis, le lieu est très, très adapté à ces formats très spécifiques d'entretien. Chez Mazars, ils ont d'autres typologies et d'autres parcours d'entretien. Donc, la notion de parcours qu'ils ont... En fait, ils cherchaient en plus, eux, à se montrer un petit peu différemment. Ils quittaient la Défense après 34 ans à la Défense. Ils quittaient une verticalité, même s'ils étaient dans une mini-tour, entre guillemets, une tour de la Défense, mais une petite tour de la Défense. Là, se remettre à plat dans un vrai campus au cœur de la ville. La Défense, c'est une forme de ville un peu spécifique. C'est pas vraiment une ville, c'est un quartier d'affaires, même si on cherche à y mettre un peu plus de ville dedans et de vie, on va dire. Là, ils sont à Levallois, dans la ville. Ils ont un jardin en plein milieu, donc ça veut dire qu'on sort dans la journée. On passe de l'extérieur à l'intérieur, etc. Et donc, leurs enjeux étaient les notions de parcours aussi, de faire venir leurs visiteurs différemment, de redonner une autre image avec un axe très fort sur la partie... C'est une entreprise qui a des valeurs humaines très, très fortes, qui se ressentent. Elles sont peut-être difficiles à décrire. En fait, elles se ressentent très fortement. Nous, on a eu une espèce de coup de cœur pendant trois ans. On a travaillé avec les gens et l'équipe de Mazars. Ils sont des gens humainement très bons, très faciles, très accessibles, très exigeants. Évidemment, le projet était exigeant, comme la plupart. Mais il y avait cette facilité de dialogue, donc une forme de simplicité. Et justement, ils ne sont pas comme les Big 4, ils se présentent différemment. Donc, il fallait qu'il y ait un peu d'institutionnel dans un sens, mais une forme de décontraction.

  • Salomé

    Ça reste un commissaire aux comptes, où il y a une forme de rigueur.

  • Pierre-Olivier

    Donc, il y a une forme d'institutionnalité. Mais il y a aussi cette approche. Assez simple, assez humaine, assez douce, assez bienveillante. Donc l'exemple des parcours justement pour les collaborateurs ou pour les candidats est assez intéressant parce que quand on regarde dans un autre univers Dior, Dior où les entretiens ne sont pas dans un format spécifique, par contre on a créé tout un parcours où là il faut complètement rentrer dans le patrimoine de Dior, dans l'univers historique de Christian Dior, dans les couleurs, dans ce qui ont été les premiers marqueurs, même en architecture d'intérieur et en aménagement en tout cas des boutiques, etc. C'est souvent un très bon révélateur aussi d'une culture d'entreprise et d'une culture de marque qu'on veut arriver à intégrer dans des bureaux. Et puis pour la petite anecdote, on a fait un petit pot de fin de projet avec Mazars, il y a deux semaines. Et puis Mazars nous a dit : "Mais en fait, le jour où on est allé voir Pernod Ricard" (ils sont allés le voir un an et demi avant de nous consulter. Ça répond à ta question de pourquoi ils ont fait appel à nous.) Ils ont trouvé Pernod Ricard très bien et ils se sont dit : "Mais ceux qui ont réussi à faire Pernod Ricard, à incarner l'univers de Pernod Ricard, ils arriveront bien à incarner notre univers de Mazars."

  • Salomé

    Et comment on incarne un univers où tu dis la simplicité, cette expertise ? Qu'est-ce que, concrètement, moi, je n'ai pas visité Carré Vert, puisque c'est leur nouveau siège, concrètement, comment est-ce que vous avez intégré ces notions-là ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, il y a plusieurs espaces. C'est vrai que sans l'avoir vu, c'est toujours compliqué de l'imaginer.

  • Salomé

    Pernod Ricard, j'avais pu mettre des photos, mais là, je ne pourrais pas en mettre. Donc c'est pour ça que je pose la question.

  • Pierre-Olivier

    Il y a beaucoup de lieux de destination dans ce campus. On lui a donné une vraie dimension de campus. Il avait au départ, dans sa notion architecturale ou dans la composition du bâtiment, ce grand jardin au milieu. On a créé une académie de Mazars, qui est un grand lieu de formation, dans une zone assez atypique du bâtiment qui s'appelle la Biscuiterie. C'était un bâtiment historique, donc on a des volumes assez intéressants.

  • Salomé

    C'est une rénovation, ce n'est pas une construction ?

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'était une rénovation, le site, exactement. On a travaillé les notions de parcours parce qu'il y a une forme de business lounge quand on arrive à l'accueil pour des partenaires ou collaborateurs de Mazars qui viennent des régions. Il faut qu'eux aussi puissent justement assez facilement s'installer, avoir une petite zone un petit peu de repli avant forcément d'aller voir les équipes. On a créé un deuxième business lounge pour les associés dans l'ensemble du site qui est un petit peu en hauteur. dans un des quatre bâtiments. Et puis, ce qui est intéressant, et là, c'est plutôt dans le détail et dans les usages, on a vraiment travaillé la mixité aussi des espaces et le partage des espaces. Donc, en fait, il y a toujours des notions d'espace. On est dans des espaces ouverts, très dynamiques, mais on a aussi créé un système où les bureaux, notamment de partenaires, peuvent être complètement partagés. Donc, on est plus sur des notions de suite-office, qui est donc un lieu, justement, très ouvert, très humain, très bienveillant, avec très peu de hiérarchie. L'idée, c'est que ce bureau-là, en suite office, c'est plus une salle de réunion utilisée par un partenaire qu'un vrai bureau qui est attribué, qui est défini.

  • Salomé

    Oui, parce qu'en plus, tu dis, il y a des choses qui peuvent se dire qui sont assez confidentielles. Et puis, quand tu dis une hiérarchie effacée, c'est quand même assez antinomique avec ce fonctionnement de cabinet de conseil et d'audit, où chaque année, il y a ces notions de promo, où chaque année, tu augmentes d'un grade, etc. Donc, c'est fort de travailler sur ces aspects-là.

  • Pierre-Olivier

    Mais pendant longtemps, alors... Que ce soit pour ces entreprises ou d'ailleurs si on fait un historique un peu plus large, c'est vrai que l'espace de travail a souvent été, ou en tout cas quand je montais en grade dans une entreprise, j'avais droit à X ou Y mètre carré. La génération, on l'a un peu peut-être connu toi et moi au début, on a commencé à travailler, mais la génération de nos parents, c'était beaucoup plus flagrant. J'étais responsable, j'avais un bureau fermé à deux trames, d'ailleurs on comptait des fenêtres. Et quand j'étais chef, ou petit chef, j'avais trois fenêtres et quand on devenait grand ou grande chef, on avait jusqu'à quatre fenêtres. Ou X fenêtres, chaque entreprise avait créé son système. Et ça a été, je trouve, terrible parce qu'en fait, on a structuré l'espace mentalement, non pas en fonction des usages, mais en fonction...

  • Salomé

    Mais en trame d'un mètre 35.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, en trame d'un mètre 35. Donc, on a conditionné les esprits en trames, on a conditionné le mérite par une forme de visibilité en disant, la personne a un grand bureau, ça veut dire qu'il est important, mais est-ce que ça en fait un bon manager ? Pas sûr. Et ça a été tout le drame quand on est passé à l'environnement de travail ouvert, où en fait, des gens à qui on a promis qu'un jour, ils auraient peut-être un bureau fermé tout seuls parce qu'ils deviendraient responsables d'une équipe, le jour où on a cassé cette échelle-là de valeur, ça a été très difficile à vivre. On l'a vu chez certaines entreprises, dans certaines entreprises, il y a une quinzaine d'années, et ça a été, je pense, difficile pour certains managers qui n'ont pas été formés à manager, mais on les a plutôt mis dans l'objectif d'un jour avoir un grand bureau fermé comme une espèce de graal à atteindre. Or, en fait, le management... Ce n'est pas du tout ça. Et donc, ça pose la question du leadership et comment on fait pour être... Ce n'est pas une question de taille de bureau, on n'incarne pas son leadership là-dedans. Et donc, chez Mazars, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'il y a quand même tout autant d'espaces où je peux m'isoler pour des points de confidentialité, etc. Et ce n'est pas parce que j'aurai un bureau attitré que je dois être vu comme un bon leader de mon équipe, etc. C'est plus par les moments que je crée de cohésion et les moments sur lesquels on va travailler sur des dossiers. Donc, les espaces permettent ça.

  • Salomé

    Et donc là, c'est très récent leur emménagement, je ne sais plus, ça date d'il y a quelques semaines. Là, là, quelques semaines. Vous avez déjà des retours de collaborateurs, d'associés sur le fonctionnement, sur effectivement comment est-ce qu'ils appréhendent les bureaux, comment est-ce qu'ils appréhendent le fait, effectivement, entre associés, de se partager des espaces ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, je dirais qu'en première semaine, premier retour, oui, le bureau, le campus, on va dire, victime de son succès. Beaucoup de monde présent. Les choses se nivellent toujours un peu dans le temps, mais c'est une très bonne nouvelle parce que ça montre bien qu'il y a une envie, qu'il y a un attrait. Il y a eu peu de temps avant l'inauguration ou l'entrée en tout cas des collaborateurs, une première grande réunion avec l'ensemble des associés de Mazars. De mémoire, ils sont 300 ou peut-être plus en France. Je ne veux pas dire trop de bêtises si Alain de Mazars un jour m'écoute. Mais il m'a dit, il m'a dit, il m'a dit, "Mais en fait, le vrai test, c'était ça. C'était déjà de faire venir tous nos associés à cette..." donc ils ont une réunion annuelle ou trimestrielle. Et donc, ils l'ont fait sur le campus. Et il y avait deux fois plus d'associés que d'habitude qui se mettent toujours en visio, deux à trois fois plus. C'était un peu de curiosité, certainement, sur ce lancement de nouveaux sites. Mais là, les retours sont très, très positifs parce qu'il y a un fort pouvoir d'attraction. Donc, ce sera à bien regarder, à moduler dans le temps, justement, parce qu'on est quand même dans des notions d'environnement dynamique, capacité du site à accueillir tout le monde ou pas. On est sur des métiers de conseil où les équipes sont quand même à 80%, 70% chez leurs clients. Et l'idée, c'était aussi de faire venir les collaborateurs qui n'aillent pas que chez le client et chez eux, mais qui reviennent un peu plus sur le campus, justement.

  • Salomé

    C'est un enjeu fort. Donc, tu m'as parlé au départ, effectivement, tu m'as parlé de cet enjeu fort, de dire comment est-ce qu'on renforce le sentiment d'appartenance sur des populations qui sont effectivement en conseil beaucoup à l'extérieur.

  • Pierre-Olivier

    C'est beaucoup plus challengeant, c'est vrai, pour ces types de métiers où on passe la majorité de son temps chez son client et qu'au bout de X missions, on est plus affilié au client peut-être qu'à sa propre entreprise. Donc c'est assez intéressant. Ils ont des challenges très très forts.

  • Salomé

    D'autant plus avec des équipes, enfin ça c'est très propre aussi aux cabinets de conseil, d'audit, mais avec des équipes qui tournent ou ce n'est pas tout le temps les mêmes. Ou en fait même ses collègues, c'est des collègues qui tournent assez régulièrement, pas comme ce qu'on a l'habitude de connaître dans des entreprises très traditionnelles.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est exactement ça. Alors, avec la force, je trouve, de la plupart de ces cabinets de conseil, c'est qu'ils arrivent à cultiver une culture de... à développer, j'irais dire, une culture de promo très forte, que ce soit Mazars, BCG ou d'autres, issus des écoles d'ingénieurs et de commerce, etc. Et puis, ils ont des jeunes diplômés. Mais c'est vrai qu'ils arrivent aussi à beaucoup fédérer là-dessus. Et même si les lieux n'étaient pas toujours très forts, ce sentiment d'appartenance de promo est fort. Donc quand on y rajoute en plus la force d'un lieu, c'est d'autant plus fédérateur pour refaire venir ces équipes-là et arriver à croiser les équipes et créer cette cohésion et cette transparence.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on parle de tes inspirations. Tu ne te définis pas comme un créatif, tu te définis plutôt comme le consultant du binôme créatif-consultant. J'imagine que tu développes quand même une sensibilité à l'esthétique. Donc toi, qu'est-ce qui t'inspire au quotidien ? Dans ton regard sur les lieux, sur les gens, sur...

  • Pierre-Olivier

    Alors oui, je pense avoir développé un petit œil, même si esthétique ou un sens de ça, c'est sûr. Pas de vestiaire. Mais le premier, la première source d'inspiration, et c'est pour ça que je suis rentré dans une agence de design et pour ça que je voulais, même avant, quand j'avais été rapidement chez Agnès B ou Newman, pourquoi je voulais travailler dans un univers créatif, c'est que je voulais être au contact de créatifs. Parce que je ne me considère pas comme créatif moi-même, je le suis dans les choses que je dois faire dans mon métier. Je ne suis pas un designer. J'ai fait pas mal de cours de dessin, d'ailleurs, quand j'étais petit, mais j'ai toujours été très mauvais dessinateur.

  • Salomé

    Et en tant que comédien aussi.

  • Pierre-Olivier

    Oui, sur cet aspect-là, peut-être. Une dimension artistique dans le théâtre, c'est vrai. Mais donc, ce qui m'a toujours motivé, intéressé, c'est de travailler avec des designers. Donc, ce qui m'inspire au départ, c'est déjà de travailler avec les équipes de design. Parce qu'en fait, quand on reçoit un brief du client, quand on écoute un client, on le partage ensemble. La manière dont ils le traduisent est très inspirante, très décadrante. Et puis nous, on va y rapporter un peu notre manière de voir les choses, etc. Mais donc, je suis toujours très fasciné de certaines idées qui peuvent aller trouver, etc., dans des univers complètement connexes ou au contraire, pas complètement connexes avec le client. Et donc ça, c'est une... Ça m'inspire beaucoup. En tout cas, c'est une très forte motivation de travailler avec des profils, je dirais, complètement différents. Après, j'ai une assez forte sensibilité à l'architecture au sens large, aux bâtis, à la ville. Je regarde beaucoup ça. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir le nez et les yeux en l'air, aussi, en pied d'immeuble, pour regarder ce qui se passe. Mais en fait, on vit dans des villes très construites, bien construites, parfois mal construites, mais en fait, on ne prête pas toujours attention à ce qui se passe autour de soi. Pourquoi tel volume est intéressant, tel bâtiment ? Comment est-ce qu'il s'insère ou pas dans un tissu urbain ? Comment, au contraire, il a été raté et pas du tout intégré ? Et donc, qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas ? Qu'est-ce qui fait que les gens le rejettent ? Ou au contraire, qu'est-ce qui fait que les gens l'adoptent ? Et donc, j'essaie d'être assez observateur de tout ça, des différents sites, quand je peux me déplacer, que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, et de regarder un peu ça, de regarder, tiens, qu'est-ce que ça suscite ? Qu'est-ce que ça crée ? Est-ce que ça crée des émotions ? Etc. Et d'être assez sensible, après, au travail qui est fait, d'architecture d'intérieur, d'éclairage, de choses comme ça. Et puis ce qui m'inspire sinon beaucoup c'est le théâtre parce que voilà j'y vais assez régulièrement Je ne sais pas si ça a un impact direct sur mon métier, mais je suis toujours très fasciné. La mise en scène, sur justement le placement de la lumière, le placement des comédiens, le placement du décor.

  • Salomé

    Il y a une passerelle qui se fait qui me paraît très évidente.

  • Pierre-Olivier

    Oui, je dirais, je ne la réutilise pas forcément moi dans mon quotidien. Mais en tout cas, ce que je trouve fascinant dans le théâtre, c'est justement le côté du jeu d'acteur. Il y a les décors qui sont souvent extraordinaires. Il y a la mise en scène, il y a les costumes, l'éclairage. Et tout ça fait quelque chose qui est... C'est souvent, justement, très inspirant, très décadrant et très créatif. C'est une espèce de condensé, une forme de créativité. Il y a des... Je vais voir des pièces pour en citer deux très différentes : "Les gros patinent bien", le sous-titre, d'ailleurs, c'est "Cabaret en carton". C'est extraordinaire, ça montre qu'on peut faire une pièce avec juste des bouts de carton et un gros feutre. Et l'imaginaire qui est créé derrière est absolument fantastique. Il y a "Le porteur d'histoires" aussi qui est extraordinaire comme pièce. Il n'y a absolument aucun décor, tout est mimé, tout est avec trois jeux de lumière. On fait trois continents dans la pièce et "Le porteur d'histoires" c'est absolument magnifique. Et puis dans un autre registre, mais ça c'est parce que j'y étais il y a trois jours, ça fait troisième fois que je vais voir "Le Bourgeois Gentilhomme" à la Comédie Française. On est sur un autre registre. Mais ça, ça montre aussi l'intemporalité de Molière, que je trouve absolument incroyable. 400 ans après, la réinterprétation qui est faite dans un univers peu contemporain, mais qui est ce Christian Haecke, le metteur en scène et qui joue le rôle principal de M. Jourdain, il est allé puiser dans un univers presque du cirque et burlesque, avec de la musique, des trompettes, presque comme aussi un peu Emir Kusturica et tout. Donc, c'est absolument fascinant.

  • Salomé

    Mais en parlant de ça, tu me tends des méga perches sur d'autres questions que je voulais te poser. Première chose, avant de parler du côté très intemporel, qui est ma question suivante, mais d'abord, le côté de ce regard, parce qu'en fait, ce regard critique que tu développes sur ton environnement, sur ce qui se passe dehors, sur la façon dont les gens interagissent avec leur environnement, je suppose que ça, ça t'aide à comprendre ce qu'il fait l'ADN d'une entreprise. Parce que comment est-ce que tu fais pour le comprendre et comment est-ce que tu fais derrière pour le traduire, cet ADN d'une entreprise ?

  • Pierre-Olivier

    Alors déjà, c'est un travail collectif. En fait, la recette est presque assez simple. Un client me l'a posé il y a pas mal d'années aussi en me disant « mais comment vous faites ? Vous venez, vous nous écoutez, vous regardez, puis après vous revenez trois semaines avec de la création. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi votre recette magique ? » Alors la recette, en fait, elle est très simple. de l'écoute, beaucoup d'observations et d'écoute, de la lecture, de ce que notre client va nous donner, et de la capacité à décadrer et à angler les choses. Donc finalement, c'est... En fait, je donne la recette sans la donner dans un sens, mais c'est assez simple. C'est une capacité à vraiment regarder, quand on va chez un client, son lieu, ses sites, ou revisiter sa marque, parce qu'en fait, lui, il est le nez dans le guidon, soit dans ses modes de travail, soit dans son histoire de marque, et il en oublie peut-être. des fondamentaux, etc. Et donc, c'est beaucoup d'écoute, beaucoup de regard. Et après, on croise justement, nous, entre les équipes de stratégie, stratégie workplace, stratégie de marque, parce qu'on cultive aussi ce foisonnement d'idées à l'agence avec très peu de pluridisciplinaire, donc des stratèges de marque, des stratèges workplace, des designers, des architectes. Et de là, on trouve un angle, une réponse créative et qui répond aux enjeux stratégiques du client. Et si je prends un parallèle qui n'est pas sur l'environnement de travail, mais quand on a travaillé pour Yves Rocher, et qu'on a refondé toute la stratégie de marque, l'identité de marque, Yves Rocher, qui était dans ses boutiques, on était beaucoup appelé pour ça au départ, qui était un peu noyé les magasins dans beaucoup de messages publicitaires, promotionnels, etc. qui était le mode un petit peu de vente d'Yves Rocher avec beaucoup de cadeaux, beaucoup de choses comme ça. On en oubliait, ils en avaient oublié un peu leurs fondamentaux. Et en fait, c'était récoltant-fabricant parce que leur premier métier, en fait, c'est d'être récoltant et d'avoir des champs de fleurs et de la cosmétique végétale, et donc de puiser les essences naturelles et essentielles pour après développer les produits. Et donc, c'était récoltant, fabricant du végétal à la peau. C'est revenir à... On n'a pas inventé. On a révélé, en fait, une histoire de marque, un patrimoine de marque. On l'a remis en avant et c'était terminé. Et en fait, tourner un peu le regard, un tout petit peu sur ce qui a pu se dessiner. Enfin, en tout cas, se dessiner, faire un pas de côté. C'est beaucoup ça. Faire un pas de côté et donc revisiter les choses, aller repuiser dans... un patrimoine, une histoire. Regarder aussi demain vers l'avant, vers l'avenir de ce que va devenir l'entreprise, la marque, quels sont ses enjeux stratégiques. Ses ambitions. Aussi, et ses ambitions, ses missions, etc. D'accord. Donc voilà un petit peu comment on fait ça. On met tout dans un shaker, puis après... Voilà. Et après, on triture les idées entre conseil et création, dans des réunions de création, avant que ça sorte. Voilà. On se dit oui, on se dit non. Et puis après, il y a un truc qui est fort aussi chez Saguez, c'est qu' on est notre propre client. Pour aller présenter quelque chose à notre client, on doit en être convaincu. Donc on passe ça à notre tamis, qui est un peu dur parfois. Mais on a besoin de porter une idée, d'en être convaincu. On est une agence de conviction. Certains diront peut-être qu'on est un peu dur ou têtu. Non, on est souple. On est souple, franchement. On écoute nos clients, mais on vient avec des convictions et des idées.

  • Salomé

    Il y a encore un exercice d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, il faut. Mais il faut venir avec des convictions, parce que si tu ne viens pas voir ton client avec des convictions et que tu dis juste oui à tout et tout ce qu'il veut, ce n'est pas du bon service client. Il faut être à son service, lui répondre, mais il faut venir avec des idées et le challenger et se challenger. C'est un travail mutuel, en fait.

  • Salomé

    Et tu parlais du côté très intemporel de Molière. Comment est-ce qu'on fait pour créer une identité pérenne, qui ne tombe pas dans quelque chose qui ne vieillit pas bien ou alors qui paraît rapidement daté ? Parce qu'en fait, il faut éviter d'être simplement sur l'actualité, on va dire, d'une entreprise ou d'une marque à un instant T. Pierre-Olivier : Alors, certains moments, on va peut-être quand même faire une petite emphase parce qu'il y a une évolution de marque, un changement de nom, il y a une fusion. Il faut tenir compte évidemment du moment où on est l'entreprise dans son projet de bureau. Mais il ne faut pas s'arrêter juste à ça, juste à une identité et juste à une couleur. Et donc nous, on travaille vraiment sur cette notion de patrimoine d'entreprise, de culture d'entreprise, et qui donc souvent vient de beaucoup, beaucoup d'années en amont, et de culture du travail. Et donc déjà, sur la partie culture d'entreprise, quand on a travaillé par exemple avec Lu, les petits beurres Lu, qui est devenu et qui après a fusionné Craft et qui est devenu Mondelez, certes, le nom a changé, il y a une communication qui est différente de Mondelez. Mais l'histoire du petit beurre et du beurre nantais de Lu, etc. En fait, ça, c'est le patrimoine de la marque. Et ça, ça va rester. Et donc, il y a des choses qui sont... Et ça parle. Après, il faut la réintroduire dans des formes de modernité, bien sûr. Mais il y a des choses qui sont assez fortes comme ça. Quand on a travaillé avec... Et on travaille toujours avec Thalès. Thalès, c'est aussi des regroupements, plusieurs entités. Ça a été Thomson à un moment. Donc, des noms changent. Thalès, peut-être que dans X années, ça changera. Mais par contre, il y a une culture de l'ingénierie. il y a une culture de la haute technologie, il y a fiabilité. Il y a une culture de l'exploration, parce qu'ils font aussi des satellites, etc. Tout ça, c'est les fondamentaux de la culture de cette entreprise. Les modes de travail évoluent, mais c'est ça qu'on est chargé de comprendre, qu'on essaye de comprendre. Et si le nom de Thalès évolue, je pense que celui-là, je ne fais aucune révélation, mais les fondamentaux de cette culture, cette conquête spatiale, qui est un de leurs champs d'activité, pas le seul, il restera de toute manière. Donc c'est ça qui est important à garder. Et quand on a fait le projet Mazars, on a commencé, ça s'appelait Mazars, après ça s'appelle Forvis-Mazars. C'est la même chose, c'est les mêmes valeurs humaines, etc. Et puis après, on s'attache aussi à la culture du travail. Je cherche à la faire évoluer, mais à bien comprendre justement comment ça fonctionne. On n'accueille pas toujours de la même manière d'une entreprise à une autre. Les publics ne sont pas les mêmes. Oui, Typiquement entre Pernod Ricard et effectivement Forvis Mazars.

  • Pierre-Olivier

    Mazars, il n'y a pas de grand bar. C'est une autre manière. Voilà, c'est très accueillant aussi, mais c'est une autre traduction. Donc, c'est ça qu'on cherche à faire à chaque fois.

  • Salomé

    Aujourd'hui, tu as une vision beaucoup plus transversale de l'agence parce qu'au-delà du workplace, tu es effectivement co-directeur général. Qu'est-ce que ça a changé dans ta manière de penser les projets ou de travailler avec les équipes ?

  • Pierre-Olivier

    Forcément, ça me pousse à revoir mon champ plus large. Là où j'étais très concentré sur la partie bureau, c'est forcément d'embrasser un peu tous les sujets de l'agence, d'y prêter beaucoup plus attention que je ne pouvais le faire avant.

  • Salomé

    Et en dehors des sujets hôtellerie, bureau, etc., ce sont les sujets de publicité et de branding dont tu parles ?

  • Pierre-Olivier

    C'est les sujets de branding, ça peut être les sujets hôtels, les sujets retail, commerce. ou les grands projets, quartiers de ville.

  • Salomé

    Mais ce n'est pas seulement lié à l'immobilier, c'est ça que je veux dire. Pierre-Olivier : Ah oui, non, ce n'est pas que lié à l'immobilier, c'est l'ensemble des champs de l'agence, effectivement. Ce qui a vraiment évolué, c'est d'être un peu plus un catalyseur et un facilitateur que l'ensemble des équipes travaillent ensemble. Donc, on est dans une phase-là où on veut encore plus croiser les regards entre l'ensemble des équipes, des designers, du conseil. On est en train de faire évoluer ça. Donc, mon rôle est de mettre en place aussi cette évolution d'organisation petit à petit. On va encore un cran plus loin dans cette transversalité entre les équipes. Et puis ensuite, une de mes autres missions, c'est aussi d'ouvrir de nouveaux horizons, de nouveaux territoires géographiques. Pas forcément moi tout seul, mais de l'impulser avec d'autres. Parce qu'on va dans d'autres régions d'Europe, du monde. Et puis, il y a une sacrée boucle avec le début de ton parcours, puisque tu as commencé ton parcours à New York et que là, vous avez aussi une implantation à New York.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Oui, tout à fait. Alors, c'est Boris Gentine, qui est donc un directeur de création associé, qui va d'ailleurs y partir en septembre pour vraiment développer. On a déjà 25 personnes aux USA, à New York. Oui, c'est déjà beaucoup. Une équipe très centrée sur l'hôtellerie. Mais on vise à avoir vraiment un deuxième pied, Saguez and Partners, aux États-Unis et pour rayonner sur l'ensemble de ce continent. D'abord sur la partie hospitality, mais aussi en branding, en bureau, petit à petit.

  • Salomé

    Je voudrais qu'on parle des évolutions du métier et de ton regard dessus, notamment le monde du bureau. Depuis 20 ans, ça a beaucoup changé. On a parlé du télétravail, mais il y a aussi des sujets d'hybridation du travail, de sobriété. Toi, dans toutes ces évolutions, qu'est-ce qui te stimule ou t'interpelle le plus ?

  • Pierre-Olivier

    Il y en a deux. Le télétravail, dans un sens où ce qui m'intéresse, c'est de regarder les mouvements de balancier. Je pense qu'on n'est pas du tout encore sur quelque chose de stabilisé. Et donc, on voit bien que post-Covid, il fallait absolument, toutes les entreprises étaient pressées d'offrir deux à trois jours de télétravail, voire plus à certains de leurs collaborateurs ou à l'ensemble de leurs collaborateurs. Tout le monde a signé des accords, plus ou moins. Et puis, on voit aujourd'hui une inflexion par les entreprises, parfois des passages en force, un refus des collaborateurs. On voit que ça devient un acquis social. Donc, il y a deux choses qui sont intéressantes. Il y a l'évolution sur les conditions de travail et le droit du travail. Qu'est-ce que ça va devenir dans dix ans ?

  • Salomé

    Et là, on a vu récemment la Société Générale, les syndicats s'emparer du sujet du télétravail.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Notamment sur des questions un peu de procédure et de passage en force. Et donc, il y a un aspect un peu juridique, légal. C'est intéressant de comprendre comment quels vont être les leviers. Alors que personne ne parlait de télétravail il y a 4 ans, maintenant ça devient un acquis social comme la 5ème semaine de congés payés. Donc c'est assez fort de comprendre. Et donc ça permet aussi de comprendre les moteurs des gens et ce sur quoi... Je ne donne pas d'avis personnel, je suis pour ou contre, ce n'est pas le sujet. Mais de voir quels sont les moteurs des gens, à quel point ils sont sensibles à ça et à quel point ça peut être un stress dans un sens ou dans un autre. Et ce qui est intéressant, donc il y a un volet un peu réglementaire, on va dire légal. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi les entreprises aussi parfois le réduisent. Est-ce que c'est, je ne pense pas que ce soit la peur du présentiel, on a dépassé ce sujet-là, c'est la question de la transmission, de l'interaction entre les gens. Et le télétravail, à haute dose, parce que moi je pense que c'est très bien d'en avoir un petit peu, pousse à une forme d'individualisme. J'organise mon temps personnel, j'organise ma vie, j'organise mes heures de présence, mais je ne pense pas au collectif, je pense moins à la communauté. Les gens le font en règle générale, mais on risque d'avoir ce... Et pour des générations qui n'ont reconnu que ça, des gens très très individualistes dans leur manière de penser les choses. hors l'entreprise. C'est une aventure humaine et c'est un collectif, c'est l'essentiel. S'il n'y a pas le collectif, l'entreprise, elle meurt. Donc le télétravail m'interpelle beaucoup dans ces mouvements de balancier et de voir ce que ça peut donner. L'autre chose aussi, c'est l'émergence des intelligences artificielles. Ça aussi.

  • Salomé

    C'est un grand sujet.

  • Pierre-Olivier

    Qui amélioreront certainement le travail hybride aussi, etc. Il y a beaucoup de choses, mais oui, c'est un vrai bon sujet d'évolution de nos modes de travail, de nos missions et des tâches. C'est un formidable outil dans certains cas, de gain de temps, de capacité exponentielle. Pour d'autres, j'en parle parce qu'en fait, on voit bien que nos équipes dans les métiers créatifs, c'est là où il y a un bouleversement très fort avec des capacités de production via des algorithmes assez extraordinaires. Et c'est vrai qu'on a assez vite vu chez nous un stresscréatifs qui disent...

  • Salomé

    C'est la question que j'allais poser. Est-ce que tu ressentais une tension ou est-ce que tu ressens plutôt que c'est des outils dont ils essayent de s'emparer ?

  • Pierre-Olivier

    Tension au départ des designers et des créatifs en disant je vais perdre mon métier à partir du moment où on a commencé à les former à ça, on leur a dit : "Attention, ton métier n'est plus de produire des 3D demain. Ton métier est d'être capable de faire des briefs créatifs, des prompts pour une IA qui peut-être va générer une vue 3D beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait faire avant. Mais la capacité à mixer des univers créatifs, à lui donner un brief créatif, l'IA elle n'a pas d'intelligence et elle n'a pas de culture. Donc se mixer des univers pour faire un truc créatif."

  • Salomé

    En fait, il y a l'émotion, la sensibilité dont tu parlais tout à l'heure qui là Vraiment, ça ne rentre pas dans un algorithme.

  • Pierre-Olivier

    Le métier du créatif, ça ne va pas être de faire la vue 3D ou forcément de choisir la référence de parquet, etc. C'est être capacité de mixer des univers et de faire un brief créatif et un rendu créatif qui sera unique. L'IA, elle a ses limites là aujourd'hui. Donc c'est travailler plus sur notre créativité, moins sur notre production. C'est un formidable outil pour ça.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Alors la toute première c'est y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui t'accompagne au quotidien ou qui t'inspire ?

  • Pierre-Olivier

    Oui alors j'en ai une à laquelle je ne pense pas tous les jours mais de temps en temps et puis avec cette question ça me permet d'y revenir. C'est une phrase qui dit « Tout vient à point, à qui sait attendre » qui est une maxime, alors au départ je fais un peu de recherche parce que je la connaissais, enfin c'est Rabelais a priori qui aurait écrit cette maxime-là mais... C'était une maxime de mon grand-père qui a mis ça sur son ex-libris. Donc, il a un ex-libris sur les livres qu'il avait qui disait ça. Tout vient à point, à qui sait-il attendre ? Et je trouve qu'en fait, c'est une assez bonne maxime, surtout dans un monde où tout va très, très vite. On est dans du zapping, on est dans de l'hyper-consommation de tout. Je veux dire, ce message s'adresse aux jeunes générations. Prenez le temps des choses. Ça ne veut pas dire... Attendre, tout vient à point à qui c'est attendre, c'est pas attendre les bras croisés, attendre que les choses se fassent, c'est la patience. Travailler les choses, développer les choses, semer des graines, planter les, vous verrez.

  • Salomé

    Il y a une différence entre de la patience et de l'attentisme.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. Mais je trouve que c'est quelque chose qui est bien, c'est qu'il faut laisser le temps aux choses, il faut laisser le temps aux choses de maturer, les choses reviennent, repartent, et prendre du recul sur les choses, et pas être dans l'immédiateté.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière, un moment décisif ou un moment fort ?

  • Pierre-Olivier

    Je dirais que le projet de cette Manufacture 2 a été le plus, peut-être pas le plus décisif, mais c'est un des moments très particuliers finalement où j'ai appris énormément de choses, puisque j'ai piloté ce projet pendant 4 ans. Donc on y est depuis 2016, on a démarré, Olivier avait l'idée depuis 2010 et moi j'ai rejoint le projet fin 2011. Il y avait quasiment, quand je dis rejoindre le projet, il y avait une idée, mais il n'y avait rien qui était calé avec le promoteur, le développeur, etc. J'avais moins d'expérience qu'aujourd'hui dans l'univers du bureau, mais ça m'a appris à connaître beaucoup de choses et d'avoir un rôle qui était un peu différent. Pour le coup, c'était moi le client, ou nous en tout cas, parce que je faisais le chef de projet et j'étais en lien avec Nexity, qui était notre promoteur. Donc c'était utiliser les compétences que j'avais dans l'environnement de travail, mais dans un rôle différent, qui est cette fois être le preneur d'un bâtiment. Donc ça a été très, très enrichissant. J'ai appris et je me mets à la place de tous les preneurs qui signent des bâtiments au fond des BEFA, donc des baux en l'état futur d'achèvement. C'est un chemin semé d'embûches et on n'était peut-être pas les moins avertis sur le sujet, mais on a bien vu les complexités, mais c'était passionnant. Et pourquoi je cite ça ? C'est parce qu'on y est depuis 9 ans et puis on a décidé de rester. Et donc en fait, maintenant, 10 ans après, j'ai un peu l'effet boomerang d'un certain nombre de points parce que forcément, une fin de bail, des choses se recalent, se renégocient. Donc c'est très intéressant de les revoir avec le recul en se disant : "T iens, ce truc-là qu'on n'avait pas bien fait ou qu'on a laissé un peu sous le tapis parce que ça arrive comme ça, en fait, dix ans après, il revient au boomerang et c'est moi qui me reprend mon propre boomerang." Donc, c'est assez sympa. Donc, c'est très intéressant.

  • Salomé

    Encore une leçon d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, peut-être. Non, mais c'est intéressant parce qu'on n'en fait pas souvent des projets comme ça. On fait des projets de bureau pour nous tous les jours, mais le faire pour ses propres équipes ou nos propres équipes, c'est très intéressant. On a appris énormément et on apprend encore là et on fait aussi encore des petites erreurs.

  • Salomé

    C'est chouette d'être son propre laboratoire.

  • Pierre-Olivier

    C'est très bien, oui. Ça, c'est une chance. On nous dit beaucoup, c'est un lieu, c'est votre showroom. Même pas la notion de showroom, parce que le showroom, c'est un lieu d'exposition.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais dire.

  • Pierre-Olivier

    Où il y a un back-office, etc., où on présente trois trucs. Nous, c'est un lieu de travail. C'est un lieu de travail avec nos clients. On a plaisir à accueillir nos clients une journée, une demi-journée. C'est un lieu d'émulation.

  • Salomé

    Enfin, franchement, je mettrais quelques photos. C'est vraiment très agréable de venir. On se sent toujours, effectivement, très accueillis. Tout est très facile, on arrive, c'est simple. Franchement, je trouve que c'est une belle vitrine. Même si ce n'est pas un showroom, c'est une belle vitrine.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est vrai. On a essayé d'être les cordonniers les moins mal chaussés, on va dire. Donc, c'est une belle vitrine.

  • Salomé

    Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ? Alors, il y a une personne que j'aimerais beaucoup entendre et qui m'inspire beaucoup, qui est Nicolas Dufourcq. Il y a deux choses.

  • Pierre-Olivier

    Le directeur général de BPI France, donc.

  • Salomé

    Exactement. Merci de la précision. Tout à fait. Deux choses, on a fait beaucoup de projets avec lui. On a travaillé sur l'identité, on a créé la marque BPI France et l'identité. On a travaillé avec eux. Et puis, on a répondu à différents appels d'offres pour eux, d'aménagement de bureaux. Donc, on les a souvent accompagnés. Je l'ai assez régulièrement côtoyé. J'aime beaucoup son approche très humaine, en tout cas quand on collabore ensemble. Voilà, un truc assez spécifique. Et puis, j'aime beaucoup quand je le lis dans la presse ou que je l'entends aussi ses décryptages sur la société, sur l'économie, plutôt dans un sens évidemment économique, pas du tout lié à l'immobilier, mais j'aime bien les décryptages qu'il a sur la situation actuelle de la France par ailleurs, et ses éclairages que je partage assez souvent, en tout cas en termes de point de vue. Donc je serais intéressé de l'écouter et qu'il raconte un certain nombre de choses sur soit son parcours, soit sa vision des choses actuelles. Je vais tenter. Je ne suis pas sûre d'y arriver, mais je vais tenter.

  • Pierre-Olivier

    Je te donnerai un petit coup de tremplin avec grand plaisir.

  • Salomé

    Où est-ce qu'on peut te suivre et te retrouver ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on peut me suivre, on va dire, sur LinkedIn. Je ne suis pas celui qui fait le plus de posts. Je devrais.

  • Salomé

    Tu vas avoir une excuse avec le podcast.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Non, non, j'ai un petit manque d'assiduité, c'est vrai. Et de temps, je consulte beaucoup, mais je fais peu de posts, pas assez. Donc ça, c'est un endroit où on peut me retrouver. Après, à titre plus personnel, on peut me retrouver sur Instagram. Je n'ai pas créé de compte pro. C'est plutôt les designers qui créent des comptes pro. J'ai un compte personnel, mais qui a un profil ouvert, accessible à tous, avec mon nom, Pierre-Olivier Pigeot. Et on y retrouve, non pas ce que je fais au quotidien qui intéresse personne, dans ma vie privée, mais simplement des photos de bâtiments que je glane au fur et à mesure de visites. Ça peut être un coin de rue dans Paris ou n'importe où, dans des endroits où je peux aller en Europe ou dans le monde. Et j'aime bien montrer ces bâtiments, souvent très atypiques, que je peux trouver, avec des angles de vue un peu particuliers. Donc voilà, je fais ça de temps en temps, je n'ai pas beaucoup de photos.

  • Salomé

    Pour l'avoir parcouru, il est très chouette.

  • Pierre-Olivier

    Bon, ben merci.

  • Salomé

    Merci beaucoup, Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Merci à toi.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Pierre-Olivier qui a accepté de répondre à toutes mes questions avec beaucoup d'enthousiasme. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram. Je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcasts, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🎬 De stagiaire à co-directeur général : le parcours de Pierre-Olivier

    01:14

  • 🏢 Saguez & Partners, une agence de design global au service de la marque et des usages

    09:30

  • 🪑 Le workstyle, l’art de vivre au bureau

    14:15

  • 🧠 La méthodologie Saguez & Partners, le binôme conseil & création

    19:28

  • 🏛️ Le bureau comme outil stratégique, l’exemple de Forvis-Mazars

    21:34

  • 🔭 Sources d’inspiration : théâtre, surf, architecture…

    34:11

  • 🧬 Traduire l’ADN d’une entreprise et créer une identité pérenne

    38:37

  • 🧩 Co-diriger une agence de 140 personnes : transversalité, responsabilité et vision collective

    45:08

  • 📉 Télétravail, IA, individualisation… Le bureau face aux grandes mutations

    47:07

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    51:15

  • Conclusion

    57:57

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Description

🏢 Penser et concevoir le bureau comme un lieu vecteur de sens, de culture et de rassemblement


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Pierre-Olivier Pigeot, associé et co-directeur général de Saguez & Partners, une agence de design global qui mêle design de marque et design intérieur et architectural.


💬 "Le design, c'est être dans les yeux des gens"


Sorti d'une école de commerce, passionné de théâtre et de surf, Pierre-Olivier n'est ni architecte, ni designer. Il en a pourtant fait son quotidien, trouvant dans le design un terrain d'expression idéal pour croiser les régards, décloisonner les disciplines, notamment le conseil et l'architecture, et créer des lieux à l'image de ceux qui les occupent.


🔎 Au programme de cet épisode :


✅ "Workstyle" vs "workplace" : Penser les bureaux comme des lieux choisis, propices à l'art de vivre et plus seulement comme des espaces fonctionnels.


Le bureau comme incarnation de l'identité d'une marque : comment traduire une culture d'entreprise dans les espaces de travail, grâce à une approche hybride entre conseil et création.


L'évolution des "codes" du travail : Le traitement de la hiérarchie dans les espaces, le partage des bureaux, la place des rituels.


L'exemple de projets : Forvis Mazars, Pernod-Ricard, BCG...


Un regard sur les transformations du travail : Télétravail, montée de l'individualisation, arrivée de l'IA... Des évolutions qui interrogent le rôle du bureau comme lieu de lien et de transmission.


Parcours et inspirations : De stagiaire à co-directeur général, Pierre-Olivier partage avec simplicité les rencontres, disciplines et expériences qui ont façonné sa carrière.


🎧 Si vous êtes curieux de comprendre comment un lieu de travail peut devenir un média pour l’entreprise, un outil stratégique et une source d’émotions, je vous recommande sincèrement cet épisode.


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Dans cet épisode, je reçois Pierre-Olivier Pigeot. Aujourd'hui co-directeur général de l'agence Saguez & Partners. Pierre-Olivier ne vient ni du monde de l'architecture, ni de celui du design. Il a pourtant trouvé dans cet univers un terrain d'expression passionnant qu'il explore depuis plus de 20 ans en mêlant stratégie de marque et conseil, tout ça avec une vision très fine des usages. Avec lui, on a parlé de l'évolution des bureaux vers des espaces de travail choisis et désirables, de l'émotion qu'un lieu peut susciter, de la manière dont il incarne une culture d'entreprise, mais aussi de ses inspirations, de théâtre, de surf et d'humilité. Je vous recommande sincèrement d'écouter cet épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Je suis vraiment très contente de te recevoir sur le podcast. Alors, on s'est rencontrés dans le cadre de mon travail chez Bouygues Construction, puis lors d'une visite des locaux de Pernod-Ricard que tu avais organisée, où tu m'as présenté Émilie, qui au moment de son passage de flambeau à la fin de l'épisode, m'a demandé d'interviewer Saguez. Donc je suis ravie que tu aies accepté cette double invitation, la mienne et celle d'Émilie.

  • Pierre-Olivier

    Je suis ravi aussi, merci beaucoup de me donner l'occasion de partager un petit peu et mon métier et mon parcours. Je suis ravi en plus de prendre la suite d'Émilie, avec qui on a beaucoup travaillé, on reparlera certainement de son projet au fil de la discussion. Donc c'est un vrai plaisir de cet échange ensemble.

  • Salomé

    On va commencer si tu veux par ma première question qui est un peu ma question rituelle. Est-ce que tu peux te présenter, me parler de ton parcours s'il te plaît ?

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Alors mon parcours, moi j'ai fait une formation de bac économique et social et une école de commerce dont je ne suis pas du tout architecte d'intérieur ou designer ou architecte comme certains peuvent parfois le penser quand on est dans ce type de métier. Donc j'ai fait en fait... Plutôt une formation, je dirais presque par entonnoir, parce que je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire pendant une grande partie de mes études. Et donc, j'ai plutôt fait des choix les moins limitants possibles jusqu'à une école de commerce. Et ce que j'ai trouvé intéressant dans la partie de l'école de commerce que j'ai suivi, qui est le BBA de l'ESSEC à Cergy, c'est que j'ai travaillé pour la junior entreprise de l'école. Et à ce moment-là, j'ai beaucoup compris ou appris, ou en tout cas, je me suis intéressé à des notions de conseil auprès des clients, travailler pour multi-clients. Et j'ai toujours trouvé ça assez intéressant d'être dans cette approche. Et puis également de mener une approche, parce que c'est ce que j'apprenais dans mes cours de marketing, un petit peu de stratégie de marque, d'identité de marque. Tout ça était très flou dans ma tête, mais ça m'a amené un petit peu à creuser ces chemins-là. Je suis parti après en stage à New York, dans le prêt-à-porter, dans la mode. Donc tout ça m'amenait vers des environnements créatifs, chez Newman. Et puis, en rentrant en France, pour faire un petit peu court sur tout mon parcours, j'ai rencontré par hasard dans un dîner de mon ancien dîner de l'ESSEC, Georges Richard, qui était directeur de clientèle chez Saguez & Partners, qui m'a parlé de son métier chez Saguez. Et je me suis dit : "Mais Saguez, qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

  • Salomé

    T'avais quel âge à ce moment-là ?

  • Pierre-Olivier

    J'avais 22 ans, 23 ans.

  • Salomé

    Donc on est vraiment à ta sortie.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. On est à ma sortie d'école. Exactement. Et donc, je rencontre Georges qui me parle de Saguez et le lendemain de ce dîner très sympathique, je vais sur le site de Saguez et je vois ce que fait Saguez & Partners et je me dis mais ça a l'air génial ce truc. Il y a de la création, du conseil... Le site était très sympa en plus. Donc, ça donnait très envie et j'ai eu en tête d'y rentrer absolument parce que j'avais un coup de cœur pour cette entreprise. Ça ne s'est pas fait tout de suite. J'ai commencé à travailler d'abord chez Agnès B, dans le prêt-à-porter, très peu de temps. Et puis après, j'avais rencontré des gens de Saguez. L'opportunité s'est faite. Mais on m'a proposé d'ailleurs de rentrer en stage chez Saguez alors que j'avais déjà travaillé. J'ai fait tout un petit jeu pour arriver à retrouver un stage alors que j'avais déjà fini mes études depuis longtemps. Et je suis arrivé en stagiaire à 23 ans chez Saguez & Partners en me disant, bon, c'est un stage, je veux chercher un boulot. C'est peut-être l'unique chance que j'ai dans ma vie de rentrer dans une agence de design. Saisissons-la et on verra bien ce qui se passera. Et finalement, un peu plus de 20 ans après, j'y suis toujours.

  • Salomé

    On y est encore.

  • Pierre-Olivier

    Oui. Et puis deux petites choses si je te fais mon parcours, ça c'est aussi trois choses qui m'animent parce que ça joue peut-être après sur tout le reste de ce que je fais. Je fais beaucoup de badminton, ça c'est en compétition, ça pousse à beaucoup d'agilité et beaucoup de surf aussi depuis quelques années, ça ça pousse à l'humilité. C'est les deux choses qui sont importantes.

  • Salomé

    Qui demandent de la rigueur et de l'engagement.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, rigueur, engagement, humilité. Et beaucoup de théâtre pendant 25 ans aussi.

  • Salomé

    Ça, c'est un sujet hyper intéressant, je trouve. C'est vrai que, et pourtant, tu vois, je n'ai pas réussi à le remettre plus tard dans l'interview. Donc, ça m'intéresse que tu en parles maintenant. Du théâtre, tu en fais toujours ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, j'ai arrêté depuis quelques années parce qu'en fait, c'était très, très prenant. Les dernières pièces que j'ai montées avec des amis, c'était une forme d'autoproduction où on faisait la mise en scène, de la direction d'acteurs. Je jouais évidemment dans la pièce, le montage des décors, trouver un petit théâtre pour pouvoir faire ses représentations, etc. C'est très, très chronophage. C'est hyper excitant. J'aime beaucoup ça. Après, je me suis mis dans d'autres priorités. Donc, j'ai un petit peu ralenti ou en tout cas arrêté depuis quelques années. Mais la dernière pièce, c'était il y a 5-6 ans à peu près. Et j'en ai fait 25 ans. Donc, j'ai commencé au collège et j'ai dû jouer 50 ou 80 pièces, quelque chose comme ça. Donc oui, c'est beaucoup. Ça m'a appris une vraie culture. Moi, je n'étais pas un grand lecteur, donc ça m'a appris beaucoup de choses. J'ai quand même, voilà, lui Molière, Racine, Ionesco et des dizaines et des dizaines d'autres, du Guitry, du Labiche, tout ça. Donc on apprend énormément de choses. Et puis ça a été très structurant dans ma vie et ça l'est toujours parce que le théâtre, on le commence en très jeune. Ça t'apprend la posture, ça t'apprend à poser ta voix, ça t'apprend à regarder les gens, à habiter une scène. Et de temps en temps, même souvent dans notre métier, on est amené à présenter devant des clients, des partenaires, devant deux personnes, dix personnes, parfois trois ou quatre cents. Et donc, il faut aussi avoir le courage d'aller sur scène devant 300 ou 400 personnes.

  • Salomé

    Alors, tu as commencé assistant chef de projet chez Saguez. Aujourd'hui, tu es co-directeur général de l'agence. Est-ce qu'à un moment donné, tu as senti un tournant dans cette trajectoire ? Parce que tu es peut-être plus loin des projets que tu ne l'étais à un moment donné. Est-ce qu'il y a un moment qui a changé ta façon d'aborder ton métier entre assistant chef de projet et aujourd'hui co-directeur général ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, c'est sûr que ce n'est pas complètement le même métier. Déjà, je suis rentré assistant chef de projet. Je n'avais aucune idée que je resterais aussi longtemps que ça à l'agence. Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru, c'est sûr. Je venais pour tester, voir si ça me plaît. Et puis, je suis resté aussi longtemps que ça. Et à chaque fois, je pense, où j'avais fait un peu le tour d'un métier ou d'un poste, l'agence, et notamment beaucoup Olivier Saguez, m'ont proposé des nouveaux challenges. J'en ai proposé aussi à l'agence. Et donc, il y a toujours eu une émulation et quelque chose qui fait que je ne me suis jamais ennuyé. Et donc, j'ai effectivement énormément évolué entre assistant chef de projet, de la direction clientèle, la direction conseil, puis diriger toute l'activité workstyle, donc qui est dédiée aux environnements de travail, puis la co-direction générale. Et c'est vrai que dans les moments, c'est un peu une continuité qu'on pourrait dire linéaire. Il n'y a pas eu de grande rupture dans tout ce que j'ai fait, presque peut-être un chemin naturel, on va dire. En tout cas, je l'ai vécu un petit peu comme ça. Sans avoir aucune ambition, je ne m'étais jamais dit un jour je voudrais être co-directeur général de l'agence. Absolument pas. Les choses se sont faites ainsi. Mais je dirais qu'il y a trois moments importants. Le moment où j'ai vraiment décidé de vraiment m'occuper de la partie Saguez Workstyle et donc d'être dédié 100% à l'environnement de travail chez Saguez. Et le deuxième moment, c'est au moment où je suis devenu associé. Donc ça, c'était il y a 12 ans à peu près. Bon, déjà, j'étais assez content, j'étais assez fier parce que j'étais le plus jeune associé.

  • Salomé

    J'allais dire que tu n'es déjà pas très vieux,

  • Pierre-Olivier

    Oui, je n'ai pas donné mon âge au début, c'est vrai. Bon, j'ai 44 ans, je le dis maintenant. Et donc, je suis devenu associé. Et bon, il y a beaucoup de... Oui, il y a un peu de fierté parce que c'est... Voilà, on ne le propose pas forcément à tout le monde. Donc, j'ai été flatté et flatté de ça. Et c'est une reconnaissance d'Olivier et des autres associés et puis j'ai trouvé qu'il y avait un vrai marqueur chez les clients, que j'ai trouvé assez intéressant comme levier, c'est qu'en fait, à partir du moment où on dit qu'on est associé, on peut engager l'agence dans les choix, dans des responsabilités, dans des engagements budgétaires. Et donc, ce n'est pas pour le titre et les galons, parce que ça, c'est des choses qui ne m'ont pas du tout intéressé, mais c'est la capacité à décider plus vite, à faire avancer des choses, à ne pas forcément demander l'avis d'Olivier tout le temps, si c'est nécessaire, etc. Et donc ça, j'ai trouvé que ça donnait énormément d'ailes et un champ plus large. Et puis le troisième moment, c'est quand même... En passant, co-directeur général, donc j'assure la direction générale avec Thibault Saguez et Boris Gentine, là, c'est un scope plus large. Après avoir été beaucoup sur l'environnement de travail, là, c'est reprendre un scope plus large de l'agence. Donc, c'est un troisième levier ou une troisième marque qui s'est ouverte depuis deux ans à peu près.

  • Salomé

    D'accord. Alors, justement, on va parler de l'agence. Est-ce que déjà, tu peux présenter l'agence et ses activités ? Parce que c'est vrai que Saguez n'est effectivement pas un space planner du tout.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. En plus, souvent, nos clients nous connaissent bien dans le champ de métier pour lequel ils nous activent. Et donc, très souvent, ils n'ont pas connaissance, malgré toute la communication qu'on peut faire. Ils ont toujours beaucoup de mal à voir qu'on fait beaucoup d'autres choses, alors que pour nous, elles paraissent assez évidentes dans un sens. Donc nous, l'agence Saguez & Partners, on est une agence indépendante qui a été créée en 98 par Olivier Saguez. On est 140 maintenant à l'échelle de notre groupe.

  • Salomé

    Vous étiez combien quand toi t'es arrivé ?

  • Pierre-Olivier

    Quand je suis arrivé, on était 30 à peu près, je crois. 6 quand Olivier a monté l'agence avec quelques personnes qu'il a vite recruté, 30 quand je suis arrivé et maintenant 140. Donc on est une agence de design global et on intervient sur deux champs. Le design de la marque, c'est la stratégie de marque, l'identité de la marque notamment. Donc on travaille pour beaucoup de marques qui peuvent être des marques enseignes ou des marques très corporate. On a créé l'identité du Tour de France, qui est d'actualité. Ils ont eu le premier coup de pédale il y a quelques jours.

  • Salomé

    L'épisode sera effectivement diffusé à la rentrée, mais on est le 7 juillet. Donc, on est vraiment dans une actualité très chaude.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, donc on pourra dévoiler le gagnant. Le gagnant sera connu, en tout cas le vainqueur, le jour de la diffusion. Donc, des identités comme le Tour de France, dans des choses très, on va dire, populaires, mais très fortes, des identités plus institutionnelles comme Air Liquide, Suez. Ça, c'est une grande partie de notre métier. Et puis, il y a les lieux de la marque. Et donc là, on est sur le volet plutôt design intérieur, design architectural. Les deux se répondent, évidemment, parce que quand on travaille pour des concepts de marque enseigne, comme on l'a fait pour Yves Rocher à un moment, on travaille sur la stratégie de marque, le positionnement, l'identité, et puis l'application de cette identité ou de ce territoire de marque dans beaucoup de lieux d'expression. Les magasins, les bureaux. Je prends le cas d'Yves Rocher, c'était les bureaux France, le siège social de l'ensemble du groupe, on a créé un hôtel avec eux, etc. Donc la philosophie de l'agence, c'est toujours de partir de la marque et donc de la singularité d'une marque, d'une entreprise, et de pouvoir incarner cette différenciation et cette singularité sur l'ensemble des champs d'application. Ça peut être des bureaux, ça peut être des boutiques, ça peut être des hôtels ou tout autre type de lieu. Donc nos grands, après si je résume un petit peu, nos grands champs d'intervention, ça va être les lieux de commerce, les magasins, les marques enseignes. On travaille beaucoup pour Leclerc aussi actuellement. On fait beaucoup de choses. Donc, on va dans le commerce, on va du Leclerc à Ritz, sans donner d'échelle de valeur, mais on est dans des choses assez différentes en termes d'univers de marque. Évidemment, on travaille pour les bureaux. On va en parler un petit peu aussi. On travaille pour les hôtels, pour les aéroports. On a designé des trains et des tramways. Voilà un petit peu le champ. Et maintenant, on intervient sur des grands projets. Alors, il y a des grands projets immobiliers type des centres commerciaux ou des grands department stores. On a créé de la Fayette Maison il y a 20 ans. C'est nous qui avons créé ce concept-là, qui existe évidemment toujours. Et puis, on intervient maintenant à l'échelle de quartiers de ville. Et donc, dans tout ça, on cherche la singularité, la différenciation et la notion de parcours et d'expérience. Ce qui est intéressant, en fait, dans tous ces métiers-là, nous, on les trouve connexes, c'est qu'en fait, le métier du designer est d'être dans les yeux des gens. On n'est pas architecte. On n'est pas architecte d'intérieur, on est designer. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    Oui.

  • Pierre-Olivier

    À la fois dans les méthodes, mais on va dire dans la manière de voir les choses. Le designer, il est dans les yeux des gens et dans le regard. Le designer, il est là pour faciliter le quotidien des gens, en fait, dans tous les champs d'application possibles. Il y a des notions un peu d'usage, il y a des notions d'ergonomie dans un sens, pas forcément dans le sens technique du terme, on travaille avec des ergonomes, mais dans un sens pratique et de bon sens, en fait.

  • Salomé

    Mais pourtant, oui, en plus, parce que ce n'est pas très intuitif quand on parle de designer, tu vois... Je trouve qu'on entend vraiment beaucoup la notion d'esthétique, même encore plus que la notion d'usage. Et en fait, finalement, ce n'est pas du tout ce que tu es en train d'expliquer, bien au contraire.

  • Pierre-Olivier

    Non, le design est vraiment sur une approche centrée sur l'utile avant le beau. C'est vrai que je pense que la culture peut-être anglo-saxonne est un peu plus mature là-dessus. En France, le designer, il est vu soit comme un peu un artiste ou comme un designer de mobilier, d'objet. D'ailleurs, on voit bien des gens dans la rue, vous écoutez des gens qui parlent et tu les entends et tu dis « Ah ben ça, c'est design » . Mais en fait, parce qu'il y a une forme un peu bizarre de quelque chose, on voit quelqu'un s'est fait plaisir, il a imaginé quelque chose. Non, c'est pas ça, mais c'est pas une dimension artistique, c'est une question de méthode, c'est une question d'observation et de réponse esthétique, graphique, ergonomique, d'architecture d'intérieur aussi. Évidemment, il y a plein de champs d'application, mais c'est plus une méthode et un regard en fait.

  • Salomé

    D'accord. Alors j'aimerais qu'on se concentre un tout petit peu sur l'activité "Workstyle", qui est l'objet du podcast, le Bureau, qui est l'objet de ton activité aussi, puisque c'est ce que tu diriges chez Saguez. Alors déjà, vous appelez ça "workstyle" et pas "workplace". "Workstyle", c'est un terme qui est assez évocateur, que vous traduisez par l'art de vivre au bureau. Donc qu'est-ce que tu mets derrière et qu'est-ce que ça change dans votre façon de voir les espaces de travail ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on a imaginé le mot en 2012, quand on a vraiment décidé de lancer l'activité bureau. On s'est dit, bon, ce serait bien d'avoir un nom un peu sympa, différenciant justement sur ce marché-là, où on pourrait nous appeler space-planner ou décorateur, parce qu'on travaille aussi bien pour des utilisateurs, pour qui on fait l'aménagement de leurs espaces de travail, que pour des investisseurs, pour lesquels on imagine les socles de services d'immeubles de bureaux. Et comme tu le dis très justement, en fait, dans la notion de workstyle, ça dit beaucoup de choses. La workplace a une notion un peu fonctionnaliste.

  • Salomé

    Oui, le bureau à coté de la fenêtre, la circulation bien dimensionnée.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, place, c'est "work"/"place", c'est deux mots, c'est du travail et un lieu. Après, il y a plein de choses derrière, il y a de la workplace stratégie, etc. Je ne m'ignore pas du tout ce qu'il y a derrière, mais le nom donne un peu une connotation, je dirais, un peu fonctionnaliste. Nous, ce qu'on aime bien dans le nom "workstyle", c'est qu'il y a un imaginaire. On évoque des choses. Il y a, comme tu dis, l'art de vivre au travail. Et donc derrière ça, c'est la notion de bureau inspirant, de bureau décadrant. Avant le Covid, on venait quand même cinq jours par semaine au travail, un certain nombre d'heures. Maintenant, les rythmes ont évolué. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    On commence à y revenir.

  • Pierre-Olivier

    On y revient un petit peu, oui, exactement. Mais on voit que le bureau n'est plus tout à fait une obligation du quotidien de 9h à 19h et que le bureau est plus un lieu choisi dans le parcours de la journée. Justement, dans le parcours du collaborateur, il peut décider de travailler dans un lieu de coworking, dans un lounge à la gare ou à l'aéroport, dans un hôtel si c'est plus pratique qu'en bas de chez lui, plutôt que de prendre les transports et venir après au bureau. Donc le bureau devient un lieu non plus subi, mais un lieu de choix, une destination. Et donc il faut qu'il y ait d'autant plus cette notion d'art de vivre au travail. Les bureaux sont finalement... Enfin, chez soi, on pense à l'art de vivre. On organise les pièces et les espaces en fonction d'un art de vivre. Et tu vas décider de t'installer pour travailler, soit sur ton canapé, parce que la lumière du matin est plutôt sympa. Et à un moment, tu vas peut-être te mettre l'après-midi dans la cuisine, parce qu'en fait, la vue est sympa ou que finalement, il fait un peu moins chaud, parce qu'elle a une meilleure exposition par rapport à la lumière. Et donc, on vit tous avec ces notions-là, très simples, on ne les intellectualise pas. Chez soi, on s'installe là où on a envie, parce que c'est sympa, c'est confortable, etc. En fonction de l'usage qu'on en a. Et dans le bureau, on a complètement oublié ça. Ça s'est beaucoup amélioré ces dernières années, mais ça manquait cruellement d'art de vivre. Et donc, c'est absolument clé pour nous de rajouter cet art de vivre au travail. Et puis, le bureau, il doit susciter des émotions, il doit être inspirant. On s'est beaucoup intéressé aussi aux lieux des artistes. Quand tu regardes justement les lieux de travail d'un certain nombre d'artistes, énormément de peintres ou même d'auteurs, tu vois qu'ils sont dans des lieux qui sont propres, qui sont l'inspiration pour faire un travail qui est certes artistique, mais c'est un travail. Et donc, ils sont dans des lieux qui ont du volume, qui sont ouverts, qui ont des vues dégagées, etc. C'est extrêmement important. On sait que ce n'est pas toujours évident dans les lieux de travail de trouver des bâtiments comme ça. Mais justement, charge à nous, quand une architecture ne le propose pas, comment est-ce que j'arrive à réinventer à l'intérieur ? Comment est-ce que j'arrive à... Il y a toujours des forces dans un bâtiment. Comment j'arrive à les analyser et à les rendre encore plus fortes, à les exagérer et à travailler les points d'inconvénients d'un bâtiment ou les points de difficultés ?

  • Salomé

    Oui, en fait, c'est plus que juste une philosophie, c'est même plus une conviction que vous portez. Alors après, qui est très visible ici, dans ce lieu où on est aujourd'hui, la Manufacture Design, où on ressent tout ce que tu dis depuis tout à l'heure. Déjà, le lieu d'attente où je suis arrivée un petit peu en avance, donc je t'ai attendu quelques minutes, où tu as déjà une machine à café, de quoi te prendre un verre d'eau, tu poses ton téléphone, il y a un chargeur à induction sur le fauteuil. Des choses qui peuvent paraître des détails, mais en fait, on sent une vraie intention dans l'accueil, la convivialité du lieu. Et puis l'envie qu'effectivement, tout soit pensé de manière à ce que ce soit très facile. Il n'y a même pas besoin d'un câble. Tu poses ton téléphone et c'est terminé.

  • Pierre-Olivier

    On a pensé aussi aux micro stress ou aux micros irritants du bureau. Et donc, qui fait que quand on est accueilli dans le lieu, et puis on a une petite bagagerie aussi derrière. Si quelqu'un veut laisser un casque, etc. Il faut que tout soit bien pris en main, bien pris en charge pour qu'en fait, quand quelqu'un vient, que ce soit... Un client, un visiteur, un partenaire, il se décharge de toutes ces choses-là, tout est bien organisé. Après, on se concentre sur ce qu'on doit faire ensemble, on doit travailler, on doit imaginer, on doit décider des choses et le lieu doit servir à ça. Et derrière cette philosophie-là, ou ce qu'on a aménagé en tout cas pour nous, c'est une notion de bureau-hôtel.

  • Salomé

    En termes de méthodologie, comment est-ce que vous y prenez ? Peut-être sur quelque chose de très généraliste. Pour l'agence, on aura l'occasion d'en reparler plus tard exactement comment vous y prenez pour un bureau.

  • Pierre-Olivier

    Alors nous déjà, la spécificité qu'on a à l'agence, dans notre métier d'agence de design, c'est qu'on est très centré sur le conseil et la création. Et on a deux types de profils chez nous, des consultants. On va dire des gens de l'équipe conseil qui sont d'ailleurs dans des profils très variés, des profils d'écoles de commerce comme moi, des personnes qui ont fait des écoles d'ingénieurs, des architectes d'ailleurs, qui sont plutôt dans la partie conseil et pilotage de projet et des profils de personnes qui ont fait des écoles type le CELSA, etc. Donc ça, c'est l'équipe de conseil qui va être vraiment sur le cadrage stratégique du client, l'accompagnement du client, la bonne mise en place d'une méthodologie. La partie négociation financière, parce qu'il faut en faire aussi. Bien sûr, comme dans toute entreprise. Voilà. Et puis, une autre jambe ou une deuxième facette, on va dire, un autre côté du cerveau, qui est les métiers de la création. Donc là, ça peut être des architectes d'intérieur, des architectes DPLG, des designers graphiques et tous les métiers, on va dire, de la création au sens large. Parce qu'après, on peut aussi, dans les projets, inviter des artistes, inviter des rédacteurs, voilà, tous ces métiers. Et donc, on travaille en binôme très fort le conseil et la création. Donc pas du tout organisés comme vont l'être des agences d'architecture ou même certains de nos concurrents dans l'univers du bureau ont beaucoup de profils d'architectes ou d'ingénieurs, on va dire. Mais nous, il y a cette dimension conseil très, très forte. Et donc, ça en fait une spécificité. Et les projets se travaillent toujours en binôme avec la partie conseil qui va apporter cette dimension marque, marketing, différenciation et être un peu dans les yeux du client aussi. Donc savoir retraduire un brief créatif, savoir aussi laisser la création à un moment sans voler ou en tout cas proposer des choses très fortes et être capable aussi de les réorienter. Tout ça est un dialogue entre les différentes équipes pour arriver à une réponse qui est solide et qui est objectivée. On n'est pas dans du subjectif avec « j'aime, j'aime pas, les couleurs, etc. » À un moment dans le projet, oui, il faut choisir les couleurs et donc on a le droit de dire « j'aime, j'aime pas » . Mais c'est objectivé. La réponse créative, elle est objectivée par rapport à un brief qui a été donné par une réponse stratégique, par rapport au moment où se trouve l'entreprise et donc dans la réponse qu'il faut arriver à faire. Pour éviter d'être juste dans cette approche de décoration. Ce n'est pas de la décoration, c'est une réponse stratégique et créative.

  • Salomé

    D'accord. Justement, je pose cette question parce que je trouve que c'est important de replacer bien le contexte. Le bureau est aussi un outil stratégique pour une entreprise, pour différentes raisons, soit effectivement dans une stratégie très économique immobilière, ou alors dans une stratégie d'attraction, rétention des talents. Et justement, toujours dans cette pensée-là, j'aimerais qu'on évoque quelques projets. J'ai reçu Émilie Martin qui m'a parlé du siège de Pernod Ricard, qui est une marque très forte, qui est en plus une marque B2C, où on se rend bien compte que c'est très accessible au grand public. J'aimerais qu'on parle d'exemples où les identités de marques ne sont pas moins fortes, mais sont peut-être moins tangibles, où le branding, en tout cas, est moins évident. Récemment, vous avez travaillé avec Forvis Mazars sur leurs bureaux "Carré Vert" à Levallois. Tu m'as parlé aussi du BCG. Ça, c'est des cabinets de conseil, des cabinets d'audit. Pourquoi ces entreprises ont fait appel à Saguez, déjà, particulièrement ? Avant de parler de ce que vous y avez fait, c'était quoi leurs enjeux ?

  • Pierre-Olivier

    Ils ont, comme beaucoup d'entreprises, c'est sûr, des sujets aujourd'hui, d'attraction, de rétention des talents, de transmission intergénérationnelle vis-à-vis de l'ensemble des collaborateurs. Et puis, on va dire que la plupart des entreprises, au-delà même de BCG et de Mazars, il y a un sujet maintenant d'être dans des lieux médias. C'est-à-dire que les entreprises ont besoin vraiment de prendre de plus en plus la parole. On voit bien que les différentes typologies de réseaux sociaux donnent un champ des possibles de communication qui est beaucoup plus large. et donc il faut que le lieu... soit un lieu beaucoup plus propice à être une entreprise, un lieu média. Donc ça peut être la capacité de faire des podcasts dans des studios, mais c'est aussi la capacité de faire venir ces différentes cibles et prendre la parole dans des lieux spécifiques, des auditoriums, etc. Ou peut-être même dans un jardin. Donc en fait, le lieu doit permettre d'attirer beaucoup plus des publics, beaucoup plus larges. Les enjeux de ces cabinets de conseil sont un peu... plus axés, on va dire, déjà sur la partie du recrutement. Ils sont souvent connus pour avoir des turnovers assez forts. C'est des métiers très exigeants. Pas que les autres ne le sont pas, mais on recrute beaucoup, beaucoup de jeunes diplômés à haut potentiel. Et puis, certains restent de trois ans. Ça va pas mal tourner, etc. Donc, il y a un enjeu de parcours, justement. Si je prends le cas de BCG, il y a un parcours très, très spécifique. Les formats d'entretien qu'ils ont ne sont pas du tout les mêmes que dans d'autres entreprises. Donc, il y a un vrai parcours, mais pour candidats. Il y a un parcours du candidat qui va avoir accès à un certain nombre d'espaces, qui va lui donner aussi une visibilité, une vision de l'expérience de BCG future. Donc, il voit une partie des locaux, mais il ne voit pas tout. Mais il a un condensé ou un concentré de l'expérience BCG. Et puis, le lieu est très, très adapté à ces formats très spécifiques d'entretien. Chez Mazars, ils ont d'autres typologies et d'autres parcours d'entretien. Donc, la notion de parcours qu'ils ont... En fait, ils cherchaient en plus, eux, à se montrer un petit peu différemment. Ils quittaient la Défense après 34 ans à la Défense. Ils quittaient une verticalité, même s'ils étaient dans une mini-tour, entre guillemets, une tour de la Défense, mais une petite tour de la Défense. Là, se remettre à plat dans un vrai campus au cœur de la ville. La Défense, c'est une forme de ville un peu spécifique. C'est pas vraiment une ville, c'est un quartier d'affaires, même si on cherche à y mettre un peu plus de ville dedans et de vie, on va dire. Là, ils sont à Levallois, dans la ville. Ils ont un jardin en plein milieu, donc ça veut dire qu'on sort dans la journée. On passe de l'extérieur à l'intérieur, etc. Et donc, leurs enjeux étaient les notions de parcours aussi, de faire venir leurs visiteurs différemment, de redonner une autre image avec un axe très fort sur la partie... C'est une entreprise qui a des valeurs humaines très, très fortes, qui se ressentent. Elles sont peut-être difficiles à décrire. En fait, elles se ressentent très fortement. Nous, on a eu une espèce de coup de cœur pendant trois ans. On a travaillé avec les gens et l'équipe de Mazars. Ils sont des gens humainement très bons, très faciles, très accessibles, très exigeants. Évidemment, le projet était exigeant, comme la plupart. Mais il y avait cette facilité de dialogue, donc une forme de simplicité. Et justement, ils ne sont pas comme les Big 4, ils se présentent différemment. Donc, il fallait qu'il y ait un peu d'institutionnel dans un sens, mais une forme de décontraction.

  • Salomé

    Ça reste un commissaire aux comptes, où il y a une forme de rigueur.

  • Pierre-Olivier

    Donc, il y a une forme d'institutionnalité. Mais il y a aussi cette approche. Assez simple, assez humaine, assez douce, assez bienveillante. Donc l'exemple des parcours justement pour les collaborateurs ou pour les candidats est assez intéressant parce que quand on regarde dans un autre univers Dior, Dior où les entretiens ne sont pas dans un format spécifique, par contre on a créé tout un parcours où là il faut complètement rentrer dans le patrimoine de Dior, dans l'univers historique de Christian Dior, dans les couleurs, dans ce qui ont été les premiers marqueurs, même en architecture d'intérieur et en aménagement en tout cas des boutiques, etc. C'est souvent un très bon révélateur aussi d'une culture d'entreprise et d'une culture de marque qu'on veut arriver à intégrer dans des bureaux. Et puis pour la petite anecdote, on a fait un petit pot de fin de projet avec Mazars, il y a deux semaines. Et puis Mazars nous a dit : "Mais en fait, le jour où on est allé voir Pernod Ricard" (ils sont allés le voir un an et demi avant de nous consulter. Ça répond à ta question de pourquoi ils ont fait appel à nous.) Ils ont trouvé Pernod Ricard très bien et ils se sont dit : "Mais ceux qui ont réussi à faire Pernod Ricard, à incarner l'univers de Pernod Ricard, ils arriveront bien à incarner notre univers de Mazars."

  • Salomé

    Et comment on incarne un univers où tu dis la simplicité, cette expertise ? Qu'est-ce que, concrètement, moi, je n'ai pas visité Carré Vert, puisque c'est leur nouveau siège, concrètement, comment est-ce que vous avez intégré ces notions-là ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, il y a plusieurs espaces. C'est vrai que sans l'avoir vu, c'est toujours compliqué de l'imaginer.

  • Salomé

    Pernod Ricard, j'avais pu mettre des photos, mais là, je ne pourrais pas en mettre. Donc c'est pour ça que je pose la question.

  • Pierre-Olivier

    Il y a beaucoup de lieux de destination dans ce campus. On lui a donné une vraie dimension de campus. Il avait au départ, dans sa notion architecturale ou dans la composition du bâtiment, ce grand jardin au milieu. On a créé une académie de Mazars, qui est un grand lieu de formation, dans une zone assez atypique du bâtiment qui s'appelle la Biscuiterie. C'était un bâtiment historique, donc on a des volumes assez intéressants.

  • Salomé

    C'est une rénovation, ce n'est pas une construction ?

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'était une rénovation, le site, exactement. On a travaillé les notions de parcours parce qu'il y a une forme de business lounge quand on arrive à l'accueil pour des partenaires ou collaborateurs de Mazars qui viennent des régions. Il faut qu'eux aussi puissent justement assez facilement s'installer, avoir une petite zone un petit peu de repli avant forcément d'aller voir les équipes. On a créé un deuxième business lounge pour les associés dans l'ensemble du site qui est un petit peu en hauteur. dans un des quatre bâtiments. Et puis, ce qui est intéressant, et là, c'est plutôt dans le détail et dans les usages, on a vraiment travaillé la mixité aussi des espaces et le partage des espaces. Donc, en fait, il y a toujours des notions d'espace. On est dans des espaces ouverts, très dynamiques, mais on a aussi créé un système où les bureaux, notamment de partenaires, peuvent être complètement partagés. Donc, on est plus sur des notions de suite-office, qui est donc un lieu, justement, très ouvert, très humain, très bienveillant, avec très peu de hiérarchie. L'idée, c'est que ce bureau-là, en suite office, c'est plus une salle de réunion utilisée par un partenaire qu'un vrai bureau qui est attribué, qui est défini.

  • Salomé

    Oui, parce qu'en plus, tu dis, il y a des choses qui peuvent se dire qui sont assez confidentielles. Et puis, quand tu dis une hiérarchie effacée, c'est quand même assez antinomique avec ce fonctionnement de cabinet de conseil et d'audit, où chaque année, il y a ces notions de promo, où chaque année, tu augmentes d'un grade, etc. Donc, c'est fort de travailler sur ces aspects-là.

  • Pierre-Olivier

    Mais pendant longtemps, alors... Que ce soit pour ces entreprises ou d'ailleurs si on fait un historique un peu plus large, c'est vrai que l'espace de travail a souvent été, ou en tout cas quand je montais en grade dans une entreprise, j'avais droit à X ou Y mètre carré. La génération, on l'a un peu peut-être connu toi et moi au début, on a commencé à travailler, mais la génération de nos parents, c'était beaucoup plus flagrant. J'étais responsable, j'avais un bureau fermé à deux trames, d'ailleurs on comptait des fenêtres. Et quand j'étais chef, ou petit chef, j'avais trois fenêtres et quand on devenait grand ou grande chef, on avait jusqu'à quatre fenêtres. Ou X fenêtres, chaque entreprise avait créé son système. Et ça a été, je trouve, terrible parce qu'en fait, on a structuré l'espace mentalement, non pas en fonction des usages, mais en fonction...

  • Salomé

    Mais en trame d'un mètre 35.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, en trame d'un mètre 35. Donc, on a conditionné les esprits en trames, on a conditionné le mérite par une forme de visibilité en disant, la personne a un grand bureau, ça veut dire qu'il est important, mais est-ce que ça en fait un bon manager ? Pas sûr. Et ça a été tout le drame quand on est passé à l'environnement de travail ouvert, où en fait, des gens à qui on a promis qu'un jour, ils auraient peut-être un bureau fermé tout seuls parce qu'ils deviendraient responsables d'une équipe, le jour où on a cassé cette échelle-là de valeur, ça a été très difficile à vivre. On l'a vu chez certaines entreprises, dans certaines entreprises, il y a une quinzaine d'années, et ça a été, je pense, difficile pour certains managers qui n'ont pas été formés à manager, mais on les a plutôt mis dans l'objectif d'un jour avoir un grand bureau fermé comme une espèce de graal à atteindre. Or, en fait, le management... Ce n'est pas du tout ça. Et donc, ça pose la question du leadership et comment on fait pour être... Ce n'est pas une question de taille de bureau, on n'incarne pas son leadership là-dedans. Et donc, chez Mazars, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'il y a quand même tout autant d'espaces où je peux m'isoler pour des points de confidentialité, etc. Et ce n'est pas parce que j'aurai un bureau attitré que je dois être vu comme un bon leader de mon équipe, etc. C'est plus par les moments que je crée de cohésion et les moments sur lesquels on va travailler sur des dossiers. Donc, les espaces permettent ça.

  • Salomé

    Et donc là, c'est très récent leur emménagement, je ne sais plus, ça date d'il y a quelques semaines. Là, là, quelques semaines. Vous avez déjà des retours de collaborateurs, d'associés sur le fonctionnement, sur effectivement comment est-ce qu'ils appréhendent les bureaux, comment est-ce qu'ils appréhendent le fait, effectivement, entre associés, de se partager des espaces ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, je dirais qu'en première semaine, premier retour, oui, le bureau, le campus, on va dire, victime de son succès. Beaucoup de monde présent. Les choses se nivellent toujours un peu dans le temps, mais c'est une très bonne nouvelle parce que ça montre bien qu'il y a une envie, qu'il y a un attrait. Il y a eu peu de temps avant l'inauguration ou l'entrée en tout cas des collaborateurs, une première grande réunion avec l'ensemble des associés de Mazars. De mémoire, ils sont 300 ou peut-être plus en France. Je ne veux pas dire trop de bêtises si Alain de Mazars un jour m'écoute. Mais il m'a dit, il m'a dit, il m'a dit, "Mais en fait, le vrai test, c'était ça. C'était déjà de faire venir tous nos associés à cette..." donc ils ont une réunion annuelle ou trimestrielle. Et donc, ils l'ont fait sur le campus. Et il y avait deux fois plus d'associés que d'habitude qui se mettent toujours en visio, deux à trois fois plus. C'était un peu de curiosité, certainement, sur ce lancement de nouveaux sites. Mais là, les retours sont très, très positifs parce qu'il y a un fort pouvoir d'attraction. Donc, ce sera à bien regarder, à moduler dans le temps, justement, parce qu'on est quand même dans des notions d'environnement dynamique, capacité du site à accueillir tout le monde ou pas. On est sur des métiers de conseil où les équipes sont quand même à 80%, 70% chez leurs clients. Et l'idée, c'était aussi de faire venir les collaborateurs qui n'aillent pas que chez le client et chez eux, mais qui reviennent un peu plus sur le campus, justement.

  • Salomé

    C'est un enjeu fort. Donc, tu m'as parlé au départ, effectivement, tu m'as parlé de cet enjeu fort, de dire comment est-ce qu'on renforce le sentiment d'appartenance sur des populations qui sont effectivement en conseil beaucoup à l'extérieur.

  • Pierre-Olivier

    C'est beaucoup plus challengeant, c'est vrai, pour ces types de métiers où on passe la majorité de son temps chez son client et qu'au bout de X missions, on est plus affilié au client peut-être qu'à sa propre entreprise. Donc c'est assez intéressant. Ils ont des challenges très très forts.

  • Salomé

    D'autant plus avec des équipes, enfin ça c'est très propre aussi aux cabinets de conseil, d'audit, mais avec des équipes qui tournent ou ce n'est pas tout le temps les mêmes. Ou en fait même ses collègues, c'est des collègues qui tournent assez régulièrement, pas comme ce qu'on a l'habitude de connaître dans des entreprises très traditionnelles.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est exactement ça. Alors, avec la force, je trouve, de la plupart de ces cabinets de conseil, c'est qu'ils arrivent à cultiver une culture de... à développer, j'irais dire, une culture de promo très forte, que ce soit Mazars, BCG ou d'autres, issus des écoles d'ingénieurs et de commerce, etc. Et puis, ils ont des jeunes diplômés. Mais c'est vrai qu'ils arrivent aussi à beaucoup fédérer là-dessus. Et même si les lieux n'étaient pas toujours très forts, ce sentiment d'appartenance de promo est fort. Donc quand on y rajoute en plus la force d'un lieu, c'est d'autant plus fédérateur pour refaire venir ces équipes-là et arriver à croiser les équipes et créer cette cohésion et cette transparence.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on parle de tes inspirations. Tu ne te définis pas comme un créatif, tu te définis plutôt comme le consultant du binôme créatif-consultant. J'imagine que tu développes quand même une sensibilité à l'esthétique. Donc toi, qu'est-ce qui t'inspire au quotidien ? Dans ton regard sur les lieux, sur les gens, sur...

  • Pierre-Olivier

    Alors oui, je pense avoir développé un petit œil, même si esthétique ou un sens de ça, c'est sûr. Pas de vestiaire. Mais le premier, la première source d'inspiration, et c'est pour ça que je suis rentré dans une agence de design et pour ça que je voulais, même avant, quand j'avais été rapidement chez Agnès B ou Newman, pourquoi je voulais travailler dans un univers créatif, c'est que je voulais être au contact de créatifs. Parce que je ne me considère pas comme créatif moi-même, je le suis dans les choses que je dois faire dans mon métier. Je ne suis pas un designer. J'ai fait pas mal de cours de dessin, d'ailleurs, quand j'étais petit, mais j'ai toujours été très mauvais dessinateur.

  • Salomé

    Et en tant que comédien aussi.

  • Pierre-Olivier

    Oui, sur cet aspect-là, peut-être. Une dimension artistique dans le théâtre, c'est vrai. Mais donc, ce qui m'a toujours motivé, intéressé, c'est de travailler avec des designers. Donc, ce qui m'inspire au départ, c'est déjà de travailler avec les équipes de design. Parce qu'en fait, quand on reçoit un brief du client, quand on écoute un client, on le partage ensemble. La manière dont ils le traduisent est très inspirante, très décadrante. Et puis nous, on va y rapporter un peu notre manière de voir les choses, etc. Mais donc, je suis toujours très fasciné de certaines idées qui peuvent aller trouver, etc., dans des univers complètement connexes ou au contraire, pas complètement connexes avec le client. Et donc ça, c'est une... Ça m'inspire beaucoup. En tout cas, c'est une très forte motivation de travailler avec des profils, je dirais, complètement différents. Après, j'ai une assez forte sensibilité à l'architecture au sens large, aux bâtis, à la ville. Je regarde beaucoup ça. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir le nez et les yeux en l'air, aussi, en pied d'immeuble, pour regarder ce qui se passe. Mais en fait, on vit dans des villes très construites, bien construites, parfois mal construites, mais en fait, on ne prête pas toujours attention à ce qui se passe autour de soi. Pourquoi tel volume est intéressant, tel bâtiment ? Comment est-ce qu'il s'insère ou pas dans un tissu urbain ? Comment, au contraire, il a été raté et pas du tout intégré ? Et donc, qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas ? Qu'est-ce qui fait que les gens le rejettent ? Ou au contraire, qu'est-ce qui fait que les gens l'adoptent ? Et donc, j'essaie d'être assez observateur de tout ça, des différents sites, quand je peux me déplacer, que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, et de regarder un peu ça, de regarder, tiens, qu'est-ce que ça suscite ? Qu'est-ce que ça crée ? Est-ce que ça crée des émotions ? Etc. Et d'être assez sensible, après, au travail qui est fait, d'architecture d'intérieur, d'éclairage, de choses comme ça. Et puis ce qui m'inspire sinon beaucoup c'est le théâtre parce que voilà j'y vais assez régulièrement Je ne sais pas si ça a un impact direct sur mon métier, mais je suis toujours très fasciné. La mise en scène, sur justement le placement de la lumière, le placement des comédiens, le placement du décor.

  • Salomé

    Il y a une passerelle qui se fait qui me paraît très évidente.

  • Pierre-Olivier

    Oui, je dirais, je ne la réutilise pas forcément moi dans mon quotidien. Mais en tout cas, ce que je trouve fascinant dans le théâtre, c'est justement le côté du jeu d'acteur. Il y a les décors qui sont souvent extraordinaires. Il y a la mise en scène, il y a les costumes, l'éclairage. Et tout ça fait quelque chose qui est... C'est souvent, justement, très inspirant, très décadrant et très créatif. C'est une espèce de condensé, une forme de créativité. Il y a des... Je vais voir des pièces pour en citer deux très différentes : "Les gros patinent bien", le sous-titre, d'ailleurs, c'est "Cabaret en carton". C'est extraordinaire, ça montre qu'on peut faire une pièce avec juste des bouts de carton et un gros feutre. Et l'imaginaire qui est créé derrière est absolument fantastique. Il y a "Le porteur d'histoires" aussi qui est extraordinaire comme pièce. Il n'y a absolument aucun décor, tout est mimé, tout est avec trois jeux de lumière. On fait trois continents dans la pièce et "Le porteur d'histoires" c'est absolument magnifique. Et puis dans un autre registre, mais ça c'est parce que j'y étais il y a trois jours, ça fait troisième fois que je vais voir "Le Bourgeois Gentilhomme" à la Comédie Française. On est sur un autre registre. Mais ça, ça montre aussi l'intemporalité de Molière, que je trouve absolument incroyable. 400 ans après, la réinterprétation qui est faite dans un univers peu contemporain, mais qui est ce Christian Haecke, le metteur en scène et qui joue le rôle principal de M. Jourdain, il est allé puiser dans un univers presque du cirque et burlesque, avec de la musique, des trompettes, presque comme aussi un peu Emir Kusturica et tout. Donc, c'est absolument fascinant.

  • Salomé

    Mais en parlant de ça, tu me tends des méga perches sur d'autres questions que je voulais te poser. Première chose, avant de parler du côté très intemporel, qui est ma question suivante, mais d'abord, le côté de ce regard, parce qu'en fait, ce regard critique que tu développes sur ton environnement, sur ce qui se passe dehors, sur la façon dont les gens interagissent avec leur environnement, je suppose que ça, ça t'aide à comprendre ce qu'il fait l'ADN d'une entreprise. Parce que comment est-ce que tu fais pour le comprendre et comment est-ce que tu fais derrière pour le traduire, cet ADN d'une entreprise ?

  • Pierre-Olivier

    Alors déjà, c'est un travail collectif. En fait, la recette est presque assez simple. Un client me l'a posé il y a pas mal d'années aussi en me disant « mais comment vous faites ? Vous venez, vous nous écoutez, vous regardez, puis après vous revenez trois semaines avec de la création. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi votre recette magique ? » Alors la recette, en fait, elle est très simple. de l'écoute, beaucoup d'observations et d'écoute, de la lecture, de ce que notre client va nous donner, et de la capacité à décadrer et à angler les choses. Donc finalement, c'est... En fait, je donne la recette sans la donner dans un sens, mais c'est assez simple. C'est une capacité à vraiment regarder, quand on va chez un client, son lieu, ses sites, ou revisiter sa marque, parce qu'en fait, lui, il est le nez dans le guidon, soit dans ses modes de travail, soit dans son histoire de marque, et il en oublie peut-être. des fondamentaux, etc. Et donc, c'est beaucoup d'écoute, beaucoup de regard. Et après, on croise justement, nous, entre les équipes de stratégie, stratégie workplace, stratégie de marque, parce qu'on cultive aussi ce foisonnement d'idées à l'agence avec très peu de pluridisciplinaire, donc des stratèges de marque, des stratèges workplace, des designers, des architectes. Et de là, on trouve un angle, une réponse créative et qui répond aux enjeux stratégiques du client. Et si je prends un parallèle qui n'est pas sur l'environnement de travail, mais quand on a travaillé pour Yves Rocher, et qu'on a refondé toute la stratégie de marque, l'identité de marque, Yves Rocher, qui était dans ses boutiques, on était beaucoup appelé pour ça au départ, qui était un peu noyé les magasins dans beaucoup de messages publicitaires, promotionnels, etc. qui était le mode un petit peu de vente d'Yves Rocher avec beaucoup de cadeaux, beaucoup de choses comme ça. On en oubliait, ils en avaient oublié un peu leurs fondamentaux. Et en fait, c'était récoltant-fabricant parce que leur premier métier, en fait, c'est d'être récoltant et d'avoir des champs de fleurs et de la cosmétique végétale, et donc de puiser les essences naturelles et essentielles pour après développer les produits. Et donc, c'était récoltant, fabricant du végétal à la peau. C'est revenir à... On n'a pas inventé. On a révélé, en fait, une histoire de marque, un patrimoine de marque. On l'a remis en avant et c'était terminé. Et en fait, tourner un peu le regard, un tout petit peu sur ce qui a pu se dessiner. Enfin, en tout cas, se dessiner, faire un pas de côté. C'est beaucoup ça. Faire un pas de côté et donc revisiter les choses, aller repuiser dans... un patrimoine, une histoire. Regarder aussi demain vers l'avant, vers l'avenir de ce que va devenir l'entreprise, la marque, quels sont ses enjeux stratégiques. Ses ambitions. Aussi, et ses ambitions, ses missions, etc. D'accord. Donc voilà un petit peu comment on fait ça. On met tout dans un shaker, puis après... Voilà. Et après, on triture les idées entre conseil et création, dans des réunions de création, avant que ça sorte. Voilà. On se dit oui, on se dit non. Et puis après, il y a un truc qui est fort aussi chez Saguez, c'est qu' on est notre propre client. Pour aller présenter quelque chose à notre client, on doit en être convaincu. Donc on passe ça à notre tamis, qui est un peu dur parfois. Mais on a besoin de porter une idée, d'en être convaincu. On est une agence de conviction. Certains diront peut-être qu'on est un peu dur ou têtu. Non, on est souple. On est souple, franchement. On écoute nos clients, mais on vient avec des convictions et des idées.

  • Salomé

    Il y a encore un exercice d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, il faut. Mais il faut venir avec des convictions, parce que si tu ne viens pas voir ton client avec des convictions et que tu dis juste oui à tout et tout ce qu'il veut, ce n'est pas du bon service client. Il faut être à son service, lui répondre, mais il faut venir avec des idées et le challenger et se challenger. C'est un travail mutuel, en fait.

  • Salomé

    Et tu parlais du côté très intemporel de Molière. Comment est-ce qu'on fait pour créer une identité pérenne, qui ne tombe pas dans quelque chose qui ne vieillit pas bien ou alors qui paraît rapidement daté ? Parce qu'en fait, il faut éviter d'être simplement sur l'actualité, on va dire, d'une entreprise ou d'une marque à un instant T. Pierre-Olivier : Alors, certains moments, on va peut-être quand même faire une petite emphase parce qu'il y a une évolution de marque, un changement de nom, il y a une fusion. Il faut tenir compte évidemment du moment où on est l'entreprise dans son projet de bureau. Mais il ne faut pas s'arrêter juste à ça, juste à une identité et juste à une couleur. Et donc nous, on travaille vraiment sur cette notion de patrimoine d'entreprise, de culture d'entreprise, et qui donc souvent vient de beaucoup, beaucoup d'années en amont, et de culture du travail. Et donc déjà, sur la partie culture d'entreprise, quand on a travaillé par exemple avec Lu, les petits beurres Lu, qui est devenu et qui après a fusionné Craft et qui est devenu Mondelez, certes, le nom a changé, il y a une communication qui est différente de Mondelez. Mais l'histoire du petit beurre et du beurre nantais de Lu, etc. En fait, ça, c'est le patrimoine de la marque. Et ça, ça va rester. Et donc, il y a des choses qui sont... Et ça parle. Après, il faut la réintroduire dans des formes de modernité, bien sûr. Mais il y a des choses qui sont assez fortes comme ça. Quand on a travaillé avec... Et on travaille toujours avec Thalès. Thalès, c'est aussi des regroupements, plusieurs entités. Ça a été Thomson à un moment. Donc, des noms changent. Thalès, peut-être que dans X années, ça changera. Mais par contre, il y a une culture de l'ingénierie. il y a une culture de la haute technologie, il y a fiabilité. Il y a une culture de l'exploration, parce qu'ils font aussi des satellites, etc. Tout ça, c'est les fondamentaux de la culture de cette entreprise. Les modes de travail évoluent, mais c'est ça qu'on est chargé de comprendre, qu'on essaye de comprendre. Et si le nom de Thalès évolue, je pense que celui-là, je ne fais aucune révélation, mais les fondamentaux de cette culture, cette conquête spatiale, qui est un de leurs champs d'activité, pas le seul, il restera de toute manière. Donc c'est ça qui est important à garder. Et quand on a fait le projet Mazars, on a commencé, ça s'appelait Mazars, après ça s'appelle Forvis-Mazars. C'est la même chose, c'est les mêmes valeurs humaines, etc. Et puis après, on s'attache aussi à la culture du travail. Je cherche à la faire évoluer, mais à bien comprendre justement comment ça fonctionne. On n'accueille pas toujours de la même manière d'une entreprise à une autre. Les publics ne sont pas les mêmes. Oui, Typiquement entre Pernod Ricard et effectivement Forvis Mazars.

  • Pierre-Olivier

    Mazars, il n'y a pas de grand bar. C'est une autre manière. Voilà, c'est très accueillant aussi, mais c'est une autre traduction. Donc, c'est ça qu'on cherche à faire à chaque fois.

  • Salomé

    Aujourd'hui, tu as une vision beaucoup plus transversale de l'agence parce qu'au-delà du workplace, tu es effectivement co-directeur général. Qu'est-ce que ça a changé dans ta manière de penser les projets ou de travailler avec les équipes ?

  • Pierre-Olivier

    Forcément, ça me pousse à revoir mon champ plus large. Là où j'étais très concentré sur la partie bureau, c'est forcément d'embrasser un peu tous les sujets de l'agence, d'y prêter beaucoup plus attention que je ne pouvais le faire avant.

  • Salomé

    Et en dehors des sujets hôtellerie, bureau, etc., ce sont les sujets de publicité et de branding dont tu parles ?

  • Pierre-Olivier

    C'est les sujets de branding, ça peut être les sujets hôtels, les sujets retail, commerce. ou les grands projets, quartiers de ville.

  • Salomé

    Mais ce n'est pas seulement lié à l'immobilier, c'est ça que je veux dire. Pierre-Olivier : Ah oui, non, ce n'est pas que lié à l'immobilier, c'est l'ensemble des champs de l'agence, effectivement. Ce qui a vraiment évolué, c'est d'être un peu plus un catalyseur et un facilitateur que l'ensemble des équipes travaillent ensemble. Donc, on est dans une phase-là où on veut encore plus croiser les regards entre l'ensemble des équipes, des designers, du conseil. On est en train de faire évoluer ça. Donc, mon rôle est de mettre en place aussi cette évolution d'organisation petit à petit. On va encore un cran plus loin dans cette transversalité entre les équipes. Et puis ensuite, une de mes autres missions, c'est aussi d'ouvrir de nouveaux horizons, de nouveaux territoires géographiques. Pas forcément moi tout seul, mais de l'impulser avec d'autres. Parce qu'on va dans d'autres régions d'Europe, du monde. Et puis, il y a une sacrée boucle avec le début de ton parcours, puisque tu as commencé ton parcours à New York et que là, vous avez aussi une implantation à New York.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Oui, tout à fait. Alors, c'est Boris Gentine, qui est donc un directeur de création associé, qui va d'ailleurs y partir en septembre pour vraiment développer. On a déjà 25 personnes aux USA, à New York. Oui, c'est déjà beaucoup. Une équipe très centrée sur l'hôtellerie. Mais on vise à avoir vraiment un deuxième pied, Saguez and Partners, aux États-Unis et pour rayonner sur l'ensemble de ce continent. D'abord sur la partie hospitality, mais aussi en branding, en bureau, petit à petit.

  • Salomé

    Je voudrais qu'on parle des évolutions du métier et de ton regard dessus, notamment le monde du bureau. Depuis 20 ans, ça a beaucoup changé. On a parlé du télétravail, mais il y a aussi des sujets d'hybridation du travail, de sobriété. Toi, dans toutes ces évolutions, qu'est-ce qui te stimule ou t'interpelle le plus ?

  • Pierre-Olivier

    Il y en a deux. Le télétravail, dans un sens où ce qui m'intéresse, c'est de regarder les mouvements de balancier. Je pense qu'on n'est pas du tout encore sur quelque chose de stabilisé. Et donc, on voit bien que post-Covid, il fallait absolument, toutes les entreprises étaient pressées d'offrir deux à trois jours de télétravail, voire plus à certains de leurs collaborateurs ou à l'ensemble de leurs collaborateurs. Tout le monde a signé des accords, plus ou moins. Et puis, on voit aujourd'hui une inflexion par les entreprises, parfois des passages en force, un refus des collaborateurs. On voit que ça devient un acquis social. Donc, il y a deux choses qui sont intéressantes. Il y a l'évolution sur les conditions de travail et le droit du travail. Qu'est-ce que ça va devenir dans dix ans ?

  • Salomé

    Et là, on a vu récemment la Société Générale, les syndicats s'emparer du sujet du télétravail.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Notamment sur des questions un peu de procédure et de passage en force. Et donc, il y a un aspect un peu juridique, légal. C'est intéressant de comprendre comment quels vont être les leviers. Alors que personne ne parlait de télétravail il y a 4 ans, maintenant ça devient un acquis social comme la 5ème semaine de congés payés. Donc c'est assez fort de comprendre. Et donc ça permet aussi de comprendre les moteurs des gens et ce sur quoi... Je ne donne pas d'avis personnel, je suis pour ou contre, ce n'est pas le sujet. Mais de voir quels sont les moteurs des gens, à quel point ils sont sensibles à ça et à quel point ça peut être un stress dans un sens ou dans un autre. Et ce qui est intéressant, donc il y a un volet un peu réglementaire, on va dire légal. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi les entreprises aussi parfois le réduisent. Est-ce que c'est, je ne pense pas que ce soit la peur du présentiel, on a dépassé ce sujet-là, c'est la question de la transmission, de l'interaction entre les gens. Et le télétravail, à haute dose, parce que moi je pense que c'est très bien d'en avoir un petit peu, pousse à une forme d'individualisme. J'organise mon temps personnel, j'organise ma vie, j'organise mes heures de présence, mais je ne pense pas au collectif, je pense moins à la communauté. Les gens le font en règle générale, mais on risque d'avoir ce... Et pour des générations qui n'ont reconnu que ça, des gens très très individualistes dans leur manière de penser les choses. hors l'entreprise. C'est une aventure humaine et c'est un collectif, c'est l'essentiel. S'il n'y a pas le collectif, l'entreprise, elle meurt. Donc le télétravail m'interpelle beaucoup dans ces mouvements de balancier et de voir ce que ça peut donner. L'autre chose aussi, c'est l'émergence des intelligences artificielles. Ça aussi.

  • Salomé

    C'est un grand sujet.

  • Pierre-Olivier

    Qui amélioreront certainement le travail hybride aussi, etc. Il y a beaucoup de choses, mais oui, c'est un vrai bon sujet d'évolution de nos modes de travail, de nos missions et des tâches. C'est un formidable outil dans certains cas, de gain de temps, de capacité exponentielle. Pour d'autres, j'en parle parce qu'en fait, on voit bien que nos équipes dans les métiers créatifs, c'est là où il y a un bouleversement très fort avec des capacités de production via des algorithmes assez extraordinaires. Et c'est vrai qu'on a assez vite vu chez nous un stresscréatifs qui disent...

  • Salomé

    C'est la question que j'allais poser. Est-ce que tu ressentais une tension ou est-ce que tu ressens plutôt que c'est des outils dont ils essayent de s'emparer ?

  • Pierre-Olivier

    Tension au départ des designers et des créatifs en disant je vais perdre mon métier à partir du moment où on a commencé à les former à ça, on leur a dit : "Attention, ton métier n'est plus de produire des 3D demain. Ton métier est d'être capable de faire des briefs créatifs, des prompts pour une IA qui peut-être va générer une vue 3D beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait faire avant. Mais la capacité à mixer des univers créatifs, à lui donner un brief créatif, l'IA elle n'a pas d'intelligence et elle n'a pas de culture. Donc se mixer des univers pour faire un truc créatif."

  • Salomé

    En fait, il y a l'émotion, la sensibilité dont tu parlais tout à l'heure qui là Vraiment, ça ne rentre pas dans un algorithme.

  • Pierre-Olivier

    Le métier du créatif, ça ne va pas être de faire la vue 3D ou forcément de choisir la référence de parquet, etc. C'est être capacité de mixer des univers et de faire un brief créatif et un rendu créatif qui sera unique. L'IA, elle a ses limites là aujourd'hui. Donc c'est travailler plus sur notre créativité, moins sur notre production. C'est un formidable outil pour ça.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Alors la toute première c'est y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui t'accompagne au quotidien ou qui t'inspire ?

  • Pierre-Olivier

    Oui alors j'en ai une à laquelle je ne pense pas tous les jours mais de temps en temps et puis avec cette question ça me permet d'y revenir. C'est une phrase qui dit « Tout vient à point, à qui sait attendre » qui est une maxime, alors au départ je fais un peu de recherche parce que je la connaissais, enfin c'est Rabelais a priori qui aurait écrit cette maxime-là mais... C'était une maxime de mon grand-père qui a mis ça sur son ex-libris. Donc, il a un ex-libris sur les livres qu'il avait qui disait ça. Tout vient à point, à qui sait-il attendre ? Et je trouve qu'en fait, c'est une assez bonne maxime, surtout dans un monde où tout va très, très vite. On est dans du zapping, on est dans de l'hyper-consommation de tout. Je veux dire, ce message s'adresse aux jeunes générations. Prenez le temps des choses. Ça ne veut pas dire... Attendre, tout vient à point à qui c'est attendre, c'est pas attendre les bras croisés, attendre que les choses se fassent, c'est la patience. Travailler les choses, développer les choses, semer des graines, planter les, vous verrez.

  • Salomé

    Il y a une différence entre de la patience et de l'attentisme.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. Mais je trouve que c'est quelque chose qui est bien, c'est qu'il faut laisser le temps aux choses, il faut laisser le temps aux choses de maturer, les choses reviennent, repartent, et prendre du recul sur les choses, et pas être dans l'immédiateté.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière, un moment décisif ou un moment fort ?

  • Pierre-Olivier

    Je dirais que le projet de cette Manufacture 2 a été le plus, peut-être pas le plus décisif, mais c'est un des moments très particuliers finalement où j'ai appris énormément de choses, puisque j'ai piloté ce projet pendant 4 ans. Donc on y est depuis 2016, on a démarré, Olivier avait l'idée depuis 2010 et moi j'ai rejoint le projet fin 2011. Il y avait quasiment, quand je dis rejoindre le projet, il y avait une idée, mais il n'y avait rien qui était calé avec le promoteur, le développeur, etc. J'avais moins d'expérience qu'aujourd'hui dans l'univers du bureau, mais ça m'a appris à connaître beaucoup de choses et d'avoir un rôle qui était un peu différent. Pour le coup, c'était moi le client, ou nous en tout cas, parce que je faisais le chef de projet et j'étais en lien avec Nexity, qui était notre promoteur. Donc c'était utiliser les compétences que j'avais dans l'environnement de travail, mais dans un rôle différent, qui est cette fois être le preneur d'un bâtiment. Donc ça a été très, très enrichissant. J'ai appris et je me mets à la place de tous les preneurs qui signent des bâtiments au fond des BEFA, donc des baux en l'état futur d'achèvement. C'est un chemin semé d'embûches et on n'était peut-être pas les moins avertis sur le sujet, mais on a bien vu les complexités, mais c'était passionnant. Et pourquoi je cite ça ? C'est parce qu'on y est depuis 9 ans et puis on a décidé de rester. Et donc en fait, maintenant, 10 ans après, j'ai un peu l'effet boomerang d'un certain nombre de points parce que forcément, une fin de bail, des choses se recalent, se renégocient. Donc c'est très intéressant de les revoir avec le recul en se disant : "T iens, ce truc-là qu'on n'avait pas bien fait ou qu'on a laissé un peu sous le tapis parce que ça arrive comme ça, en fait, dix ans après, il revient au boomerang et c'est moi qui me reprend mon propre boomerang." Donc, c'est assez sympa. Donc, c'est très intéressant.

  • Salomé

    Encore une leçon d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, peut-être. Non, mais c'est intéressant parce qu'on n'en fait pas souvent des projets comme ça. On fait des projets de bureau pour nous tous les jours, mais le faire pour ses propres équipes ou nos propres équipes, c'est très intéressant. On a appris énormément et on apprend encore là et on fait aussi encore des petites erreurs.

  • Salomé

    C'est chouette d'être son propre laboratoire.

  • Pierre-Olivier

    C'est très bien, oui. Ça, c'est une chance. On nous dit beaucoup, c'est un lieu, c'est votre showroom. Même pas la notion de showroom, parce que le showroom, c'est un lieu d'exposition.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais dire.

  • Pierre-Olivier

    Où il y a un back-office, etc., où on présente trois trucs. Nous, c'est un lieu de travail. C'est un lieu de travail avec nos clients. On a plaisir à accueillir nos clients une journée, une demi-journée. C'est un lieu d'émulation.

  • Salomé

    Enfin, franchement, je mettrais quelques photos. C'est vraiment très agréable de venir. On se sent toujours, effectivement, très accueillis. Tout est très facile, on arrive, c'est simple. Franchement, je trouve que c'est une belle vitrine. Même si ce n'est pas un showroom, c'est une belle vitrine.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est vrai. On a essayé d'être les cordonniers les moins mal chaussés, on va dire. Donc, c'est une belle vitrine.

  • Salomé

    Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ? Alors, il y a une personne que j'aimerais beaucoup entendre et qui m'inspire beaucoup, qui est Nicolas Dufourcq. Il y a deux choses.

  • Pierre-Olivier

    Le directeur général de BPI France, donc.

  • Salomé

    Exactement. Merci de la précision. Tout à fait. Deux choses, on a fait beaucoup de projets avec lui. On a travaillé sur l'identité, on a créé la marque BPI France et l'identité. On a travaillé avec eux. Et puis, on a répondu à différents appels d'offres pour eux, d'aménagement de bureaux. Donc, on les a souvent accompagnés. Je l'ai assez régulièrement côtoyé. J'aime beaucoup son approche très humaine, en tout cas quand on collabore ensemble. Voilà, un truc assez spécifique. Et puis, j'aime beaucoup quand je le lis dans la presse ou que je l'entends aussi ses décryptages sur la société, sur l'économie, plutôt dans un sens évidemment économique, pas du tout lié à l'immobilier, mais j'aime bien les décryptages qu'il a sur la situation actuelle de la France par ailleurs, et ses éclairages que je partage assez souvent, en tout cas en termes de point de vue. Donc je serais intéressé de l'écouter et qu'il raconte un certain nombre de choses sur soit son parcours, soit sa vision des choses actuelles. Je vais tenter. Je ne suis pas sûre d'y arriver, mais je vais tenter.

  • Pierre-Olivier

    Je te donnerai un petit coup de tremplin avec grand plaisir.

  • Salomé

    Où est-ce qu'on peut te suivre et te retrouver ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on peut me suivre, on va dire, sur LinkedIn. Je ne suis pas celui qui fait le plus de posts. Je devrais.

  • Salomé

    Tu vas avoir une excuse avec le podcast.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Non, non, j'ai un petit manque d'assiduité, c'est vrai. Et de temps, je consulte beaucoup, mais je fais peu de posts, pas assez. Donc ça, c'est un endroit où on peut me retrouver. Après, à titre plus personnel, on peut me retrouver sur Instagram. Je n'ai pas créé de compte pro. C'est plutôt les designers qui créent des comptes pro. J'ai un compte personnel, mais qui a un profil ouvert, accessible à tous, avec mon nom, Pierre-Olivier Pigeot. Et on y retrouve, non pas ce que je fais au quotidien qui intéresse personne, dans ma vie privée, mais simplement des photos de bâtiments que je glane au fur et à mesure de visites. Ça peut être un coin de rue dans Paris ou n'importe où, dans des endroits où je peux aller en Europe ou dans le monde. Et j'aime bien montrer ces bâtiments, souvent très atypiques, que je peux trouver, avec des angles de vue un peu particuliers. Donc voilà, je fais ça de temps en temps, je n'ai pas beaucoup de photos.

  • Salomé

    Pour l'avoir parcouru, il est très chouette.

  • Pierre-Olivier

    Bon, ben merci.

  • Salomé

    Merci beaucoup, Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Merci à toi.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Pierre-Olivier qui a accepté de répondre à toutes mes questions avec beaucoup d'enthousiasme. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram. Je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcasts, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🎬 De stagiaire à co-directeur général : le parcours de Pierre-Olivier

    01:14

  • 🏢 Saguez & Partners, une agence de design global au service de la marque et des usages

    09:30

  • 🪑 Le workstyle, l’art de vivre au bureau

    14:15

  • 🧠 La méthodologie Saguez & Partners, le binôme conseil & création

    19:28

  • 🏛️ Le bureau comme outil stratégique, l’exemple de Forvis-Mazars

    21:34

  • 🔭 Sources d’inspiration : théâtre, surf, architecture…

    34:11

  • 🧬 Traduire l’ADN d’une entreprise et créer une identité pérenne

    38:37

  • 🧩 Co-diriger une agence de 140 personnes : transversalité, responsabilité et vision collective

    45:08

  • 📉 Télétravail, IA, individualisation… Le bureau face aux grandes mutations

    47:07

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    51:15

  • Conclusion

    57:57

Description

🏢 Penser et concevoir le bureau comme un lieu vecteur de sens, de culture et de rassemblement


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Pierre-Olivier Pigeot, associé et co-directeur général de Saguez & Partners, une agence de design global qui mêle design de marque et design intérieur et architectural.


💬 "Le design, c'est être dans les yeux des gens"


Sorti d'une école de commerce, passionné de théâtre et de surf, Pierre-Olivier n'est ni architecte, ni designer. Il en a pourtant fait son quotidien, trouvant dans le design un terrain d'expression idéal pour croiser les régards, décloisonner les disciplines, notamment le conseil et l'architecture, et créer des lieux à l'image de ceux qui les occupent.


🔎 Au programme de cet épisode :


✅ "Workstyle" vs "workplace" : Penser les bureaux comme des lieux choisis, propices à l'art de vivre et plus seulement comme des espaces fonctionnels.


Le bureau comme incarnation de l'identité d'une marque : comment traduire une culture d'entreprise dans les espaces de travail, grâce à une approche hybride entre conseil et création.


L'évolution des "codes" du travail : Le traitement de la hiérarchie dans les espaces, le partage des bureaux, la place des rituels.


L'exemple de projets : Forvis Mazars, Pernod-Ricard, BCG...


Un regard sur les transformations du travail : Télétravail, montée de l'individualisation, arrivée de l'IA... Des évolutions qui interrogent le rôle du bureau comme lieu de lien et de transmission.


Parcours et inspirations : De stagiaire à co-directeur général, Pierre-Olivier partage avec simplicité les rencontres, disciplines et expériences qui ont façonné sa carrière.


🎧 Si vous êtes curieux de comprendre comment un lieu de travail peut devenir un média pour l’entreprise, un outil stratégique et une source d’émotions, je vous recommande sincèrement cet épisode.


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Dans cet épisode, je reçois Pierre-Olivier Pigeot. Aujourd'hui co-directeur général de l'agence Saguez & Partners. Pierre-Olivier ne vient ni du monde de l'architecture, ni de celui du design. Il a pourtant trouvé dans cet univers un terrain d'expression passionnant qu'il explore depuis plus de 20 ans en mêlant stratégie de marque et conseil, tout ça avec une vision très fine des usages. Avec lui, on a parlé de l'évolution des bureaux vers des espaces de travail choisis et désirables, de l'émotion qu'un lieu peut susciter, de la manière dont il incarne une culture d'entreprise, mais aussi de ses inspirations, de théâtre, de surf et d'humilité. Je vous recommande sincèrement d'écouter cet épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Je suis vraiment très contente de te recevoir sur le podcast. Alors, on s'est rencontrés dans le cadre de mon travail chez Bouygues Construction, puis lors d'une visite des locaux de Pernod-Ricard que tu avais organisée, où tu m'as présenté Émilie, qui au moment de son passage de flambeau à la fin de l'épisode, m'a demandé d'interviewer Saguez. Donc je suis ravie que tu aies accepté cette double invitation, la mienne et celle d'Émilie.

  • Pierre-Olivier

    Je suis ravi aussi, merci beaucoup de me donner l'occasion de partager un petit peu et mon métier et mon parcours. Je suis ravi en plus de prendre la suite d'Émilie, avec qui on a beaucoup travaillé, on reparlera certainement de son projet au fil de la discussion. Donc c'est un vrai plaisir de cet échange ensemble.

  • Salomé

    On va commencer si tu veux par ma première question qui est un peu ma question rituelle. Est-ce que tu peux te présenter, me parler de ton parcours s'il te plaît ?

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Alors mon parcours, moi j'ai fait une formation de bac économique et social et une école de commerce dont je ne suis pas du tout architecte d'intérieur ou designer ou architecte comme certains peuvent parfois le penser quand on est dans ce type de métier. Donc j'ai fait en fait... Plutôt une formation, je dirais presque par entonnoir, parce que je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire pendant une grande partie de mes études. Et donc, j'ai plutôt fait des choix les moins limitants possibles jusqu'à une école de commerce. Et ce que j'ai trouvé intéressant dans la partie de l'école de commerce que j'ai suivi, qui est le BBA de l'ESSEC à Cergy, c'est que j'ai travaillé pour la junior entreprise de l'école. Et à ce moment-là, j'ai beaucoup compris ou appris, ou en tout cas, je me suis intéressé à des notions de conseil auprès des clients, travailler pour multi-clients. Et j'ai toujours trouvé ça assez intéressant d'être dans cette approche. Et puis également de mener une approche, parce que c'est ce que j'apprenais dans mes cours de marketing, un petit peu de stratégie de marque, d'identité de marque. Tout ça était très flou dans ma tête, mais ça m'a amené un petit peu à creuser ces chemins-là. Je suis parti après en stage à New York, dans le prêt-à-porter, dans la mode. Donc tout ça m'amenait vers des environnements créatifs, chez Newman. Et puis, en rentrant en France, pour faire un petit peu court sur tout mon parcours, j'ai rencontré par hasard dans un dîner de mon ancien dîner de l'ESSEC, Georges Richard, qui était directeur de clientèle chez Saguez & Partners, qui m'a parlé de son métier chez Saguez. Et je me suis dit : "Mais Saguez, qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

  • Salomé

    T'avais quel âge à ce moment-là ?

  • Pierre-Olivier

    J'avais 22 ans, 23 ans.

  • Salomé

    Donc on est vraiment à ta sortie.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. On est à ma sortie d'école. Exactement. Et donc, je rencontre Georges qui me parle de Saguez et le lendemain de ce dîner très sympathique, je vais sur le site de Saguez et je vois ce que fait Saguez & Partners et je me dis mais ça a l'air génial ce truc. Il y a de la création, du conseil... Le site était très sympa en plus. Donc, ça donnait très envie et j'ai eu en tête d'y rentrer absolument parce que j'avais un coup de cœur pour cette entreprise. Ça ne s'est pas fait tout de suite. J'ai commencé à travailler d'abord chez Agnès B, dans le prêt-à-porter, très peu de temps. Et puis après, j'avais rencontré des gens de Saguez. L'opportunité s'est faite. Mais on m'a proposé d'ailleurs de rentrer en stage chez Saguez alors que j'avais déjà travaillé. J'ai fait tout un petit jeu pour arriver à retrouver un stage alors que j'avais déjà fini mes études depuis longtemps. Et je suis arrivé en stagiaire à 23 ans chez Saguez & Partners en me disant, bon, c'est un stage, je veux chercher un boulot. C'est peut-être l'unique chance que j'ai dans ma vie de rentrer dans une agence de design. Saisissons-la et on verra bien ce qui se passera. Et finalement, un peu plus de 20 ans après, j'y suis toujours.

  • Salomé

    On y est encore.

  • Pierre-Olivier

    Oui. Et puis deux petites choses si je te fais mon parcours, ça c'est aussi trois choses qui m'animent parce que ça joue peut-être après sur tout le reste de ce que je fais. Je fais beaucoup de badminton, ça c'est en compétition, ça pousse à beaucoup d'agilité et beaucoup de surf aussi depuis quelques années, ça ça pousse à l'humilité. C'est les deux choses qui sont importantes.

  • Salomé

    Qui demandent de la rigueur et de l'engagement.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, rigueur, engagement, humilité. Et beaucoup de théâtre pendant 25 ans aussi.

  • Salomé

    Ça, c'est un sujet hyper intéressant, je trouve. C'est vrai que, et pourtant, tu vois, je n'ai pas réussi à le remettre plus tard dans l'interview. Donc, ça m'intéresse que tu en parles maintenant. Du théâtre, tu en fais toujours ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, j'ai arrêté depuis quelques années parce qu'en fait, c'était très, très prenant. Les dernières pièces que j'ai montées avec des amis, c'était une forme d'autoproduction où on faisait la mise en scène, de la direction d'acteurs. Je jouais évidemment dans la pièce, le montage des décors, trouver un petit théâtre pour pouvoir faire ses représentations, etc. C'est très, très chronophage. C'est hyper excitant. J'aime beaucoup ça. Après, je me suis mis dans d'autres priorités. Donc, j'ai un petit peu ralenti ou en tout cas arrêté depuis quelques années. Mais la dernière pièce, c'était il y a 5-6 ans à peu près. Et j'en ai fait 25 ans. Donc, j'ai commencé au collège et j'ai dû jouer 50 ou 80 pièces, quelque chose comme ça. Donc oui, c'est beaucoup. Ça m'a appris une vraie culture. Moi, je n'étais pas un grand lecteur, donc ça m'a appris beaucoup de choses. J'ai quand même, voilà, lui Molière, Racine, Ionesco et des dizaines et des dizaines d'autres, du Guitry, du Labiche, tout ça. Donc on apprend énormément de choses. Et puis ça a été très structurant dans ma vie et ça l'est toujours parce que le théâtre, on le commence en très jeune. Ça t'apprend la posture, ça t'apprend à poser ta voix, ça t'apprend à regarder les gens, à habiter une scène. Et de temps en temps, même souvent dans notre métier, on est amené à présenter devant des clients, des partenaires, devant deux personnes, dix personnes, parfois trois ou quatre cents. Et donc, il faut aussi avoir le courage d'aller sur scène devant 300 ou 400 personnes.

  • Salomé

    Alors, tu as commencé assistant chef de projet chez Saguez. Aujourd'hui, tu es co-directeur général de l'agence. Est-ce qu'à un moment donné, tu as senti un tournant dans cette trajectoire ? Parce que tu es peut-être plus loin des projets que tu ne l'étais à un moment donné. Est-ce qu'il y a un moment qui a changé ta façon d'aborder ton métier entre assistant chef de projet et aujourd'hui co-directeur général ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, c'est sûr que ce n'est pas complètement le même métier. Déjà, je suis rentré assistant chef de projet. Je n'avais aucune idée que je resterais aussi longtemps que ça à l'agence. Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru, c'est sûr. Je venais pour tester, voir si ça me plaît. Et puis, je suis resté aussi longtemps que ça. Et à chaque fois, je pense, où j'avais fait un peu le tour d'un métier ou d'un poste, l'agence, et notamment beaucoup Olivier Saguez, m'ont proposé des nouveaux challenges. J'en ai proposé aussi à l'agence. Et donc, il y a toujours eu une émulation et quelque chose qui fait que je ne me suis jamais ennuyé. Et donc, j'ai effectivement énormément évolué entre assistant chef de projet, de la direction clientèle, la direction conseil, puis diriger toute l'activité workstyle, donc qui est dédiée aux environnements de travail, puis la co-direction générale. Et c'est vrai que dans les moments, c'est un peu une continuité qu'on pourrait dire linéaire. Il n'y a pas eu de grande rupture dans tout ce que j'ai fait, presque peut-être un chemin naturel, on va dire. En tout cas, je l'ai vécu un petit peu comme ça. Sans avoir aucune ambition, je ne m'étais jamais dit un jour je voudrais être co-directeur général de l'agence. Absolument pas. Les choses se sont faites ainsi. Mais je dirais qu'il y a trois moments importants. Le moment où j'ai vraiment décidé de vraiment m'occuper de la partie Saguez Workstyle et donc d'être dédié 100% à l'environnement de travail chez Saguez. Et le deuxième moment, c'est au moment où je suis devenu associé. Donc ça, c'était il y a 12 ans à peu près. Bon, déjà, j'étais assez content, j'étais assez fier parce que j'étais le plus jeune associé.

  • Salomé

    J'allais dire que tu n'es déjà pas très vieux,

  • Pierre-Olivier

    Oui, je n'ai pas donné mon âge au début, c'est vrai. Bon, j'ai 44 ans, je le dis maintenant. Et donc, je suis devenu associé. Et bon, il y a beaucoup de... Oui, il y a un peu de fierté parce que c'est... Voilà, on ne le propose pas forcément à tout le monde. Donc, j'ai été flatté et flatté de ça. Et c'est une reconnaissance d'Olivier et des autres associés et puis j'ai trouvé qu'il y avait un vrai marqueur chez les clients, que j'ai trouvé assez intéressant comme levier, c'est qu'en fait, à partir du moment où on dit qu'on est associé, on peut engager l'agence dans les choix, dans des responsabilités, dans des engagements budgétaires. Et donc, ce n'est pas pour le titre et les galons, parce que ça, c'est des choses qui ne m'ont pas du tout intéressé, mais c'est la capacité à décider plus vite, à faire avancer des choses, à ne pas forcément demander l'avis d'Olivier tout le temps, si c'est nécessaire, etc. Et donc ça, j'ai trouvé que ça donnait énormément d'ailes et un champ plus large. Et puis le troisième moment, c'est quand même... En passant, co-directeur général, donc j'assure la direction générale avec Thibault Saguez et Boris Gentine, là, c'est un scope plus large. Après avoir été beaucoup sur l'environnement de travail, là, c'est reprendre un scope plus large de l'agence. Donc, c'est un troisième levier ou une troisième marque qui s'est ouverte depuis deux ans à peu près.

  • Salomé

    D'accord. Alors, justement, on va parler de l'agence. Est-ce que déjà, tu peux présenter l'agence et ses activités ? Parce que c'est vrai que Saguez n'est effectivement pas un space planner du tout.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. En plus, souvent, nos clients nous connaissent bien dans le champ de métier pour lequel ils nous activent. Et donc, très souvent, ils n'ont pas connaissance, malgré toute la communication qu'on peut faire. Ils ont toujours beaucoup de mal à voir qu'on fait beaucoup d'autres choses, alors que pour nous, elles paraissent assez évidentes dans un sens. Donc nous, l'agence Saguez & Partners, on est une agence indépendante qui a été créée en 98 par Olivier Saguez. On est 140 maintenant à l'échelle de notre groupe.

  • Salomé

    Vous étiez combien quand toi t'es arrivé ?

  • Pierre-Olivier

    Quand je suis arrivé, on était 30 à peu près, je crois. 6 quand Olivier a monté l'agence avec quelques personnes qu'il a vite recruté, 30 quand je suis arrivé et maintenant 140. Donc on est une agence de design global et on intervient sur deux champs. Le design de la marque, c'est la stratégie de marque, l'identité de la marque notamment. Donc on travaille pour beaucoup de marques qui peuvent être des marques enseignes ou des marques très corporate. On a créé l'identité du Tour de France, qui est d'actualité. Ils ont eu le premier coup de pédale il y a quelques jours.

  • Salomé

    L'épisode sera effectivement diffusé à la rentrée, mais on est le 7 juillet. Donc, on est vraiment dans une actualité très chaude.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, donc on pourra dévoiler le gagnant. Le gagnant sera connu, en tout cas le vainqueur, le jour de la diffusion. Donc, des identités comme le Tour de France, dans des choses très, on va dire, populaires, mais très fortes, des identités plus institutionnelles comme Air Liquide, Suez. Ça, c'est une grande partie de notre métier. Et puis, il y a les lieux de la marque. Et donc là, on est sur le volet plutôt design intérieur, design architectural. Les deux se répondent, évidemment, parce que quand on travaille pour des concepts de marque enseigne, comme on l'a fait pour Yves Rocher à un moment, on travaille sur la stratégie de marque, le positionnement, l'identité, et puis l'application de cette identité ou de ce territoire de marque dans beaucoup de lieux d'expression. Les magasins, les bureaux. Je prends le cas d'Yves Rocher, c'était les bureaux France, le siège social de l'ensemble du groupe, on a créé un hôtel avec eux, etc. Donc la philosophie de l'agence, c'est toujours de partir de la marque et donc de la singularité d'une marque, d'une entreprise, et de pouvoir incarner cette différenciation et cette singularité sur l'ensemble des champs d'application. Ça peut être des bureaux, ça peut être des boutiques, ça peut être des hôtels ou tout autre type de lieu. Donc nos grands, après si je résume un petit peu, nos grands champs d'intervention, ça va être les lieux de commerce, les magasins, les marques enseignes. On travaille beaucoup pour Leclerc aussi actuellement. On fait beaucoup de choses. Donc, on va dans le commerce, on va du Leclerc à Ritz, sans donner d'échelle de valeur, mais on est dans des choses assez différentes en termes d'univers de marque. Évidemment, on travaille pour les bureaux. On va en parler un petit peu aussi. On travaille pour les hôtels, pour les aéroports. On a designé des trains et des tramways. Voilà un petit peu le champ. Et maintenant, on intervient sur des grands projets. Alors, il y a des grands projets immobiliers type des centres commerciaux ou des grands department stores. On a créé de la Fayette Maison il y a 20 ans. C'est nous qui avons créé ce concept-là, qui existe évidemment toujours. Et puis, on intervient maintenant à l'échelle de quartiers de ville. Et donc, dans tout ça, on cherche la singularité, la différenciation et la notion de parcours et d'expérience. Ce qui est intéressant, en fait, dans tous ces métiers-là, nous, on les trouve connexes, c'est qu'en fait, le métier du designer est d'être dans les yeux des gens. On n'est pas architecte. On n'est pas architecte d'intérieur, on est designer. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    Oui.

  • Pierre-Olivier

    À la fois dans les méthodes, mais on va dire dans la manière de voir les choses. Le designer, il est dans les yeux des gens et dans le regard. Le designer, il est là pour faciliter le quotidien des gens, en fait, dans tous les champs d'application possibles. Il y a des notions un peu d'usage, il y a des notions d'ergonomie dans un sens, pas forcément dans le sens technique du terme, on travaille avec des ergonomes, mais dans un sens pratique et de bon sens, en fait.

  • Salomé

    Mais pourtant, oui, en plus, parce que ce n'est pas très intuitif quand on parle de designer, tu vois... Je trouve qu'on entend vraiment beaucoup la notion d'esthétique, même encore plus que la notion d'usage. Et en fait, finalement, ce n'est pas du tout ce que tu es en train d'expliquer, bien au contraire.

  • Pierre-Olivier

    Non, le design est vraiment sur une approche centrée sur l'utile avant le beau. C'est vrai que je pense que la culture peut-être anglo-saxonne est un peu plus mature là-dessus. En France, le designer, il est vu soit comme un peu un artiste ou comme un designer de mobilier, d'objet. D'ailleurs, on voit bien des gens dans la rue, vous écoutez des gens qui parlent et tu les entends et tu dis « Ah ben ça, c'est design » . Mais en fait, parce qu'il y a une forme un peu bizarre de quelque chose, on voit quelqu'un s'est fait plaisir, il a imaginé quelque chose. Non, c'est pas ça, mais c'est pas une dimension artistique, c'est une question de méthode, c'est une question d'observation et de réponse esthétique, graphique, ergonomique, d'architecture d'intérieur aussi. Évidemment, il y a plein de champs d'application, mais c'est plus une méthode et un regard en fait.

  • Salomé

    D'accord. Alors j'aimerais qu'on se concentre un tout petit peu sur l'activité "Workstyle", qui est l'objet du podcast, le Bureau, qui est l'objet de ton activité aussi, puisque c'est ce que tu diriges chez Saguez. Alors déjà, vous appelez ça "workstyle" et pas "workplace". "Workstyle", c'est un terme qui est assez évocateur, que vous traduisez par l'art de vivre au bureau. Donc qu'est-ce que tu mets derrière et qu'est-ce que ça change dans votre façon de voir les espaces de travail ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on a imaginé le mot en 2012, quand on a vraiment décidé de lancer l'activité bureau. On s'est dit, bon, ce serait bien d'avoir un nom un peu sympa, différenciant justement sur ce marché-là, où on pourrait nous appeler space-planner ou décorateur, parce qu'on travaille aussi bien pour des utilisateurs, pour qui on fait l'aménagement de leurs espaces de travail, que pour des investisseurs, pour lesquels on imagine les socles de services d'immeubles de bureaux. Et comme tu le dis très justement, en fait, dans la notion de workstyle, ça dit beaucoup de choses. La workplace a une notion un peu fonctionnaliste.

  • Salomé

    Oui, le bureau à coté de la fenêtre, la circulation bien dimensionnée.

  • Pierre-Olivier

    Voilà, place, c'est "work"/"place", c'est deux mots, c'est du travail et un lieu. Après, il y a plein de choses derrière, il y a de la workplace stratégie, etc. Je ne m'ignore pas du tout ce qu'il y a derrière, mais le nom donne un peu une connotation, je dirais, un peu fonctionnaliste. Nous, ce qu'on aime bien dans le nom "workstyle", c'est qu'il y a un imaginaire. On évoque des choses. Il y a, comme tu dis, l'art de vivre au travail. Et donc derrière ça, c'est la notion de bureau inspirant, de bureau décadrant. Avant le Covid, on venait quand même cinq jours par semaine au travail, un certain nombre d'heures. Maintenant, les rythmes ont évolué. C'est un petit peu différent.

  • Salomé

    On commence à y revenir.

  • Pierre-Olivier

    On y revient un petit peu, oui, exactement. Mais on voit que le bureau n'est plus tout à fait une obligation du quotidien de 9h à 19h et que le bureau est plus un lieu choisi dans le parcours de la journée. Justement, dans le parcours du collaborateur, il peut décider de travailler dans un lieu de coworking, dans un lounge à la gare ou à l'aéroport, dans un hôtel si c'est plus pratique qu'en bas de chez lui, plutôt que de prendre les transports et venir après au bureau. Donc le bureau devient un lieu non plus subi, mais un lieu de choix, une destination. Et donc il faut qu'il y ait d'autant plus cette notion d'art de vivre au travail. Les bureaux sont finalement... Enfin, chez soi, on pense à l'art de vivre. On organise les pièces et les espaces en fonction d'un art de vivre. Et tu vas décider de t'installer pour travailler, soit sur ton canapé, parce que la lumière du matin est plutôt sympa. Et à un moment, tu vas peut-être te mettre l'après-midi dans la cuisine, parce qu'en fait, la vue est sympa ou que finalement, il fait un peu moins chaud, parce qu'elle a une meilleure exposition par rapport à la lumière. Et donc, on vit tous avec ces notions-là, très simples, on ne les intellectualise pas. Chez soi, on s'installe là où on a envie, parce que c'est sympa, c'est confortable, etc. En fonction de l'usage qu'on en a. Et dans le bureau, on a complètement oublié ça. Ça s'est beaucoup amélioré ces dernières années, mais ça manquait cruellement d'art de vivre. Et donc, c'est absolument clé pour nous de rajouter cet art de vivre au travail. Et puis, le bureau, il doit susciter des émotions, il doit être inspirant. On s'est beaucoup intéressé aussi aux lieux des artistes. Quand tu regardes justement les lieux de travail d'un certain nombre d'artistes, énormément de peintres ou même d'auteurs, tu vois qu'ils sont dans des lieux qui sont propres, qui sont l'inspiration pour faire un travail qui est certes artistique, mais c'est un travail. Et donc, ils sont dans des lieux qui ont du volume, qui sont ouverts, qui ont des vues dégagées, etc. C'est extrêmement important. On sait que ce n'est pas toujours évident dans les lieux de travail de trouver des bâtiments comme ça. Mais justement, charge à nous, quand une architecture ne le propose pas, comment est-ce que j'arrive à réinventer à l'intérieur ? Comment est-ce que j'arrive à... Il y a toujours des forces dans un bâtiment. Comment j'arrive à les analyser et à les rendre encore plus fortes, à les exagérer et à travailler les points d'inconvénients d'un bâtiment ou les points de difficultés ?

  • Salomé

    Oui, en fait, c'est plus que juste une philosophie, c'est même plus une conviction que vous portez. Alors après, qui est très visible ici, dans ce lieu où on est aujourd'hui, la Manufacture Design, où on ressent tout ce que tu dis depuis tout à l'heure. Déjà, le lieu d'attente où je suis arrivée un petit peu en avance, donc je t'ai attendu quelques minutes, où tu as déjà une machine à café, de quoi te prendre un verre d'eau, tu poses ton téléphone, il y a un chargeur à induction sur le fauteuil. Des choses qui peuvent paraître des détails, mais en fait, on sent une vraie intention dans l'accueil, la convivialité du lieu. Et puis l'envie qu'effectivement, tout soit pensé de manière à ce que ce soit très facile. Il n'y a même pas besoin d'un câble. Tu poses ton téléphone et c'est terminé.

  • Pierre-Olivier

    On a pensé aussi aux micro stress ou aux micros irritants du bureau. Et donc, qui fait que quand on est accueilli dans le lieu, et puis on a une petite bagagerie aussi derrière. Si quelqu'un veut laisser un casque, etc. Il faut que tout soit bien pris en main, bien pris en charge pour qu'en fait, quand quelqu'un vient, que ce soit... Un client, un visiteur, un partenaire, il se décharge de toutes ces choses-là, tout est bien organisé. Après, on se concentre sur ce qu'on doit faire ensemble, on doit travailler, on doit imaginer, on doit décider des choses et le lieu doit servir à ça. Et derrière cette philosophie-là, ou ce qu'on a aménagé en tout cas pour nous, c'est une notion de bureau-hôtel.

  • Salomé

    En termes de méthodologie, comment est-ce que vous y prenez ? Peut-être sur quelque chose de très généraliste. Pour l'agence, on aura l'occasion d'en reparler plus tard exactement comment vous y prenez pour un bureau.

  • Pierre-Olivier

    Alors nous déjà, la spécificité qu'on a à l'agence, dans notre métier d'agence de design, c'est qu'on est très centré sur le conseil et la création. Et on a deux types de profils chez nous, des consultants. On va dire des gens de l'équipe conseil qui sont d'ailleurs dans des profils très variés, des profils d'écoles de commerce comme moi, des personnes qui ont fait des écoles d'ingénieurs, des architectes d'ailleurs, qui sont plutôt dans la partie conseil et pilotage de projet et des profils de personnes qui ont fait des écoles type le CELSA, etc. Donc ça, c'est l'équipe de conseil qui va être vraiment sur le cadrage stratégique du client, l'accompagnement du client, la bonne mise en place d'une méthodologie. La partie négociation financière, parce qu'il faut en faire aussi. Bien sûr, comme dans toute entreprise. Voilà. Et puis, une autre jambe ou une deuxième facette, on va dire, un autre côté du cerveau, qui est les métiers de la création. Donc là, ça peut être des architectes d'intérieur, des architectes DPLG, des designers graphiques et tous les métiers, on va dire, de la création au sens large. Parce qu'après, on peut aussi, dans les projets, inviter des artistes, inviter des rédacteurs, voilà, tous ces métiers. Et donc, on travaille en binôme très fort le conseil et la création. Donc pas du tout organisés comme vont l'être des agences d'architecture ou même certains de nos concurrents dans l'univers du bureau ont beaucoup de profils d'architectes ou d'ingénieurs, on va dire. Mais nous, il y a cette dimension conseil très, très forte. Et donc, ça en fait une spécificité. Et les projets se travaillent toujours en binôme avec la partie conseil qui va apporter cette dimension marque, marketing, différenciation et être un peu dans les yeux du client aussi. Donc savoir retraduire un brief créatif, savoir aussi laisser la création à un moment sans voler ou en tout cas proposer des choses très fortes et être capable aussi de les réorienter. Tout ça est un dialogue entre les différentes équipes pour arriver à une réponse qui est solide et qui est objectivée. On n'est pas dans du subjectif avec « j'aime, j'aime pas, les couleurs, etc. » À un moment dans le projet, oui, il faut choisir les couleurs et donc on a le droit de dire « j'aime, j'aime pas » . Mais c'est objectivé. La réponse créative, elle est objectivée par rapport à un brief qui a été donné par une réponse stratégique, par rapport au moment où se trouve l'entreprise et donc dans la réponse qu'il faut arriver à faire. Pour éviter d'être juste dans cette approche de décoration. Ce n'est pas de la décoration, c'est une réponse stratégique et créative.

  • Salomé

    D'accord. Justement, je pose cette question parce que je trouve que c'est important de replacer bien le contexte. Le bureau est aussi un outil stratégique pour une entreprise, pour différentes raisons, soit effectivement dans une stratégie très économique immobilière, ou alors dans une stratégie d'attraction, rétention des talents. Et justement, toujours dans cette pensée-là, j'aimerais qu'on évoque quelques projets. J'ai reçu Émilie Martin qui m'a parlé du siège de Pernod Ricard, qui est une marque très forte, qui est en plus une marque B2C, où on se rend bien compte que c'est très accessible au grand public. J'aimerais qu'on parle d'exemples où les identités de marques ne sont pas moins fortes, mais sont peut-être moins tangibles, où le branding, en tout cas, est moins évident. Récemment, vous avez travaillé avec Forvis Mazars sur leurs bureaux "Carré Vert" à Levallois. Tu m'as parlé aussi du BCG. Ça, c'est des cabinets de conseil, des cabinets d'audit. Pourquoi ces entreprises ont fait appel à Saguez, déjà, particulièrement ? Avant de parler de ce que vous y avez fait, c'était quoi leurs enjeux ?

  • Pierre-Olivier

    Ils ont, comme beaucoup d'entreprises, c'est sûr, des sujets aujourd'hui, d'attraction, de rétention des talents, de transmission intergénérationnelle vis-à-vis de l'ensemble des collaborateurs. Et puis, on va dire que la plupart des entreprises, au-delà même de BCG et de Mazars, il y a un sujet maintenant d'être dans des lieux médias. C'est-à-dire que les entreprises ont besoin vraiment de prendre de plus en plus la parole. On voit bien que les différentes typologies de réseaux sociaux donnent un champ des possibles de communication qui est beaucoup plus large. et donc il faut que le lieu... soit un lieu beaucoup plus propice à être une entreprise, un lieu média. Donc ça peut être la capacité de faire des podcasts dans des studios, mais c'est aussi la capacité de faire venir ces différentes cibles et prendre la parole dans des lieux spécifiques, des auditoriums, etc. Ou peut-être même dans un jardin. Donc en fait, le lieu doit permettre d'attirer beaucoup plus des publics, beaucoup plus larges. Les enjeux de ces cabinets de conseil sont un peu... plus axés, on va dire, déjà sur la partie du recrutement. Ils sont souvent connus pour avoir des turnovers assez forts. C'est des métiers très exigeants. Pas que les autres ne le sont pas, mais on recrute beaucoup, beaucoup de jeunes diplômés à haut potentiel. Et puis, certains restent de trois ans. Ça va pas mal tourner, etc. Donc, il y a un enjeu de parcours, justement. Si je prends le cas de BCG, il y a un parcours très, très spécifique. Les formats d'entretien qu'ils ont ne sont pas du tout les mêmes que dans d'autres entreprises. Donc, il y a un vrai parcours, mais pour candidats. Il y a un parcours du candidat qui va avoir accès à un certain nombre d'espaces, qui va lui donner aussi une visibilité, une vision de l'expérience de BCG future. Donc, il voit une partie des locaux, mais il ne voit pas tout. Mais il a un condensé ou un concentré de l'expérience BCG. Et puis, le lieu est très, très adapté à ces formats très spécifiques d'entretien. Chez Mazars, ils ont d'autres typologies et d'autres parcours d'entretien. Donc, la notion de parcours qu'ils ont... En fait, ils cherchaient en plus, eux, à se montrer un petit peu différemment. Ils quittaient la Défense après 34 ans à la Défense. Ils quittaient une verticalité, même s'ils étaient dans une mini-tour, entre guillemets, une tour de la Défense, mais une petite tour de la Défense. Là, se remettre à plat dans un vrai campus au cœur de la ville. La Défense, c'est une forme de ville un peu spécifique. C'est pas vraiment une ville, c'est un quartier d'affaires, même si on cherche à y mettre un peu plus de ville dedans et de vie, on va dire. Là, ils sont à Levallois, dans la ville. Ils ont un jardin en plein milieu, donc ça veut dire qu'on sort dans la journée. On passe de l'extérieur à l'intérieur, etc. Et donc, leurs enjeux étaient les notions de parcours aussi, de faire venir leurs visiteurs différemment, de redonner une autre image avec un axe très fort sur la partie... C'est une entreprise qui a des valeurs humaines très, très fortes, qui se ressentent. Elles sont peut-être difficiles à décrire. En fait, elles se ressentent très fortement. Nous, on a eu une espèce de coup de cœur pendant trois ans. On a travaillé avec les gens et l'équipe de Mazars. Ils sont des gens humainement très bons, très faciles, très accessibles, très exigeants. Évidemment, le projet était exigeant, comme la plupart. Mais il y avait cette facilité de dialogue, donc une forme de simplicité. Et justement, ils ne sont pas comme les Big 4, ils se présentent différemment. Donc, il fallait qu'il y ait un peu d'institutionnel dans un sens, mais une forme de décontraction.

  • Salomé

    Ça reste un commissaire aux comptes, où il y a une forme de rigueur.

  • Pierre-Olivier

    Donc, il y a une forme d'institutionnalité. Mais il y a aussi cette approche. Assez simple, assez humaine, assez douce, assez bienveillante. Donc l'exemple des parcours justement pour les collaborateurs ou pour les candidats est assez intéressant parce que quand on regarde dans un autre univers Dior, Dior où les entretiens ne sont pas dans un format spécifique, par contre on a créé tout un parcours où là il faut complètement rentrer dans le patrimoine de Dior, dans l'univers historique de Christian Dior, dans les couleurs, dans ce qui ont été les premiers marqueurs, même en architecture d'intérieur et en aménagement en tout cas des boutiques, etc. C'est souvent un très bon révélateur aussi d'une culture d'entreprise et d'une culture de marque qu'on veut arriver à intégrer dans des bureaux. Et puis pour la petite anecdote, on a fait un petit pot de fin de projet avec Mazars, il y a deux semaines. Et puis Mazars nous a dit : "Mais en fait, le jour où on est allé voir Pernod Ricard" (ils sont allés le voir un an et demi avant de nous consulter. Ça répond à ta question de pourquoi ils ont fait appel à nous.) Ils ont trouvé Pernod Ricard très bien et ils se sont dit : "Mais ceux qui ont réussi à faire Pernod Ricard, à incarner l'univers de Pernod Ricard, ils arriveront bien à incarner notre univers de Mazars."

  • Salomé

    Et comment on incarne un univers où tu dis la simplicité, cette expertise ? Qu'est-ce que, concrètement, moi, je n'ai pas visité Carré Vert, puisque c'est leur nouveau siège, concrètement, comment est-ce que vous avez intégré ces notions-là ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, il y a plusieurs espaces. C'est vrai que sans l'avoir vu, c'est toujours compliqué de l'imaginer.

  • Salomé

    Pernod Ricard, j'avais pu mettre des photos, mais là, je ne pourrais pas en mettre. Donc c'est pour ça que je pose la question.

  • Pierre-Olivier

    Il y a beaucoup de lieux de destination dans ce campus. On lui a donné une vraie dimension de campus. Il avait au départ, dans sa notion architecturale ou dans la composition du bâtiment, ce grand jardin au milieu. On a créé une académie de Mazars, qui est un grand lieu de formation, dans une zone assez atypique du bâtiment qui s'appelle la Biscuiterie. C'était un bâtiment historique, donc on a des volumes assez intéressants.

  • Salomé

    C'est une rénovation, ce n'est pas une construction ?

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'était une rénovation, le site, exactement. On a travaillé les notions de parcours parce qu'il y a une forme de business lounge quand on arrive à l'accueil pour des partenaires ou collaborateurs de Mazars qui viennent des régions. Il faut qu'eux aussi puissent justement assez facilement s'installer, avoir une petite zone un petit peu de repli avant forcément d'aller voir les équipes. On a créé un deuxième business lounge pour les associés dans l'ensemble du site qui est un petit peu en hauteur. dans un des quatre bâtiments. Et puis, ce qui est intéressant, et là, c'est plutôt dans le détail et dans les usages, on a vraiment travaillé la mixité aussi des espaces et le partage des espaces. Donc, en fait, il y a toujours des notions d'espace. On est dans des espaces ouverts, très dynamiques, mais on a aussi créé un système où les bureaux, notamment de partenaires, peuvent être complètement partagés. Donc, on est plus sur des notions de suite-office, qui est donc un lieu, justement, très ouvert, très humain, très bienveillant, avec très peu de hiérarchie. L'idée, c'est que ce bureau-là, en suite office, c'est plus une salle de réunion utilisée par un partenaire qu'un vrai bureau qui est attribué, qui est défini.

  • Salomé

    Oui, parce qu'en plus, tu dis, il y a des choses qui peuvent se dire qui sont assez confidentielles. Et puis, quand tu dis une hiérarchie effacée, c'est quand même assez antinomique avec ce fonctionnement de cabinet de conseil et d'audit, où chaque année, il y a ces notions de promo, où chaque année, tu augmentes d'un grade, etc. Donc, c'est fort de travailler sur ces aspects-là.

  • Pierre-Olivier

    Mais pendant longtemps, alors... Que ce soit pour ces entreprises ou d'ailleurs si on fait un historique un peu plus large, c'est vrai que l'espace de travail a souvent été, ou en tout cas quand je montais en grade dans une entreprise, j'avais droit à X ou Y mètre carré. La génération, on l'a un peu peut-être connu toi et moi au début, on a commencé à travailler, mais la génération de nos parents, c'était beaucoup plus flagrant. J'étais responsable, j'avais un bureau fermé à deux trames, d'ailleurs on comptait des fenêtres. Et quand j'étais chef, ou petit chef, j'avais trois fenêtres et quand on devenait grand ou grande chef, on avait jusqu'à quatre fenêtres. Ou X fenêtres, chaque entreprise avait créé son système. Et ça a été, je trouve, terrible parce qu'en fait, on a structuré l'espace mentalement, non pas en fonction des usages, mais en fonction...

  • Salomé

    Mais en trame d'un mètre 35.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, en trame d'un mètre 35. Donc, on a conditionné les esprits en trames, on a conditionné le mérite par une forme de visibilité en disant, la personne a un grand bureau, ça veut dire qu'il est important, mais est-ce que ça en fait un bon manager ? Pas sûr. Et ça a été tout le drame quand on est passé à l'environnement de travail ouvert, où en fait, des gens à qui on a promis qu'un jour, ils auraient peut-être un bureau fermé tout seuls parce qu'ils deviendraient responsables d'une équipe, le jour où on a cassé cette échelle-là de valeur, ça a été très difficile à vivre. On l'a vu chez certaines entreprises, dans certaines entreprises, il y a une quinzaine d'années, et ça a été, je pense, difficile pour certains managers qui n'ont pas été formés à manager, mais on les a plutôt mis dans l'objectif d'un jour avoir un grand bureau fermé comme une espèce de graal à atteindre. Or, en fait, le management... Ce n'est pas du tout ça. Et donc, ça pose la question du leadership et comment on fait pour être... Ce n'est pas une question de taille de bureau, on n'incarne pas son leadership là-dedans. Et donc, chez Mazars, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'il y a quand même tout autant d'espaces où je peux m'isoler pour des points de confidentialité, etc. Et ce n'est pas parce que j'aurai un bureau attitré que je dois être vu comme un bon leader de mon équipe, etc. C'est plus par les moments que je crée de cohésion et les moments sur lesquels on va travailler sur des dossiers. Donc, les espaces permettent ça.

  • Salomé

    Et donc là, c'est très récent leur emménagement, je ne sais plus, ça date d'il y a quelques semaines. Là, là, quelques semaines. Vous avez déjà des retours de collaborateurs, d'associés sur le fonctionnement, sur effectivement comment est-ce qu'ils appréhendent les bureaux, comment est-ce qu'ils appréhendent le fait, effectivement, entre associés, de se partager des espaces ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, je dirais qu'en première semaine, premier retour, oui, le bureau, le campus, on va dire, victime de son succès. Beaucoup de monde présent. Les choses se nivellent toujours un peu dans le temps, mais c'est une très bonne nouvelle parce que ça montre bien qu'il y a une envie, qu'il y a un attrait. Il y a eu peu de temps avant l'inauguration ou l'entrée en tout cas des collaborateurs, une première grande réunion avec l'ensemble des associés de Mazars. De mémoire, ils sont 300 ou peut-être plus en France. Je ne veux pas dire trop de bêtises si Alain de Mazars un jour m'écoute. Mais il m'a dit, il m'a dit, il m'a dit, "Mais en fait, le vrai test, c'était ça. C'était déjà de faire venir tous nos associés à cette..." donc ils ont une réunion annuelle ou trimestrielle. Et donc, ils l'ont fait sur le campus. Et il y avait deux fois plus d'associés que d'habitude qui se mettent toujours en visio, deux à trois fois plus. C'était un peu de curiosité, certainement, sur ce lancement de nouveaux sites. Mais là, les retours sont très, très positifs parce qu'il y a un fort pouvoir d'attraction. Donc, ce sera à bien regarder, à moduler dans le temps, justement, parce qu'on est quand même dans des notions d'environnement dynamique, capacité du site à accueillir tout le monde ou pas. On est sur des métiers de conseil où les équipes sont quand même à 80%, 70% chez leurs clients. Et l'idée, c'était aussi de faire venir les collaborateurs qui n'aillent pas que chez le client et chez eux, mais qui reviennent un peu plus sur le campus, justement.

  • Salomé

    C'est un enjeu fort. Donc, tu m'as parlé au départ, effectivement, tu m'as parlé de cet enjeu fort, de dire comment est-ce qu'on renforce le sentiment d'appartenance sur des populations qui sont effectivement en conseil beaucoup à l'extérieur.

  • Pierre-Olivier

    C'est beaucoup plus challengeant, c'est vrai, pour ces types de métiers où on passe la majorité de son temps chez son client et qu'au bout de X missions, on est plus affilié au client peut-être qu'à sa propre entreprise. Donc c'est assez intéressant. Ils ont des challenges très très forts.

  • Salomé

    D'autant plus avec des équipes, enfin ça c'est très propre aussi aux cabinets de conseil, d'audit, mais avec des équipes qui tournent ou ce n'est pas tout le temps les mêmes. Ou en fait même ses collègues, c'est des collègues qui tournent assez régulièrement, pas comme ce qu'on a l'habitude de connaître dans des entreprises très traditionnelles.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est exactement ça. Alors, avec la force, je trouve, de la plupart de ces cabinets de conseil, c'est qu'ils arrivent à cultiver une culture de... à développer, j'irais dire, une culture de promo très forte, que ce soit Mazars, BCG ou d'autres, issus des écoles d'ingénieurs et de commerce, etc. Et puis, ils ont des jeunes diplômés. Mais c'est vrai qu'ils arrivent aussi à beaucoup fédérer là-dessus. Et même si les lieux n'étaient pas toujours très forts, ce sentiment d'appartenance de promo est fort. Donc quand on y rajoute en plus la force d'un lieu, c'est d'autant plus fédérateur pour refaire venir ces équipes-là et arriver à croiser les équipes et créer cette cohésion et cette transparence.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on parle de tes inspirations. Tu ne te définis pas comme un créatif, tu te définis plutôt comme le consultant du binôme créatif-consultant. J'imagine que tu développes quand même une sensibilité à l'esthétique. Donc toi, qu'est-ce qui t'inspire au quotidien ? Dans ton regard sur les lieux, sur les gens, sur...

  • Pierre-Olivier

    Alors oui, je pense avoir développé un petit œil, même si esthétique ou un sens de ça, c'est sûr. Pas de vestiaire. Mais le premier, la première source d'inspiration, et c'est pour ça que je suis rentré dans une agence de design et pour ça que je voulais, même avant, quand j'avais été rapidement chez Agnès B ou Newman, pourquoi je voulais travailler dans un univers créatif, c'est que je voulais être au contact de créatifs. Parce que je ne me considère pas comme créatif moi-même, je le suis dans les choses que je dois faire dans mon métier. Je ne suis pas un designer. J'ai fait pas mal de cours de dessin, d'ailleurs, quand j'étais petit, mais j'ai toujours été très mauvais dessinateur.

  • Salomé

    Et en tant que comédien aussi.

  • Pierre-Olivier

    Oui, sur cet aspect-là, peut-être. Une dimension artistique dans le théâtre, c'est vrai. Mais donc, ce qui m'a toujours motivé, intéressé, c'est de travailler avec des designers. Donc, ce qui m'inspire au départ, c'est déjà de travailler avec les équipes de design. Parce qu'en fait, quand on reçoit un brief du client, quand on écoute un client, on le partage ensemble. La manière dont ils le traduisent est très inspirante, très décadrante. Et puis nous, on va y rapporter un peu notre manière de voir les choses, etc. Mais donc, je suis toujours très fasciné de certaines idées qui peuvent aller trouver, etc., dans des univers complètement connexes ou au contraire, pas complètement connexes avec le client. Et donc ça, c'est une... Ça m'inspire beaucoup. En tout cas, c'est une très forte motivation de travailler avec des profils, je dirais, complètement différents. Après, j'ai une assez forte sensibilité à l'architecture au sens large, aux bâtis, à la ville. Je regarde beaucoup ça. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir le nez et les yeux en l'air, aussi, en pied d'immeuble, pour regarder ce qui se passe. Mais en fait, on vit dans des villes très construites, bien construites, parfois mal construites, mais en fait, on ne prête pas toujours attention à ce qui se passe autour de soi. Pourquoi tel volume est intéressant, tel bâtiment ? Comment est-ce qu'il s'insère ou pas dans un tissu urbain ? Comment, au contraire, il a été raté et pas du tout intégré ? Et donc, qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas ? Qu'est-ce qui fait que les gens le rejettent ? Ou au contraire, qu'est-ce qui fait que les gens l'adoptent ? Et donc, j'essaie d'être assez observateur de tout ça, des différents sites, quand je peux me déplacer, que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, et de regarder un peu ça, de regarder, tiens, qu'est-ce que ça suscite ? Qu'est-ce que ça crée ? Est-ce que ça crée des émotions ? Etc. Et d'être assez sensible, après, au travail qui est fait, d'architecture d'intérieur, d'éclairage, de choses comme ça. Et puis ce qui m'inspire sinon beaucoup c'est le théâtre parce que voilà j'y vais assez régulièrement Je ne sais pas si ça a un impact direct sur mon métier, mais je suis toujours très fasciné. La mise en scène, sur justement le placement de la lumière, le placement des comédiens, le placement du décor.

  • Salomé

    Il y a une passerelle qui se fait qui me paraît très évidente.

  • Pierre-Olivier

    Oui, je dirais, je ne la réutilise pas forcément moi dans mon quotidien. Mais en tout cas, ce que je trouve fascinant dans le théâtre, c'est justement le côté du jeu d'acteur. Il y a les décors qui sont souvent extraordinaires. Il y a la mise en scène, il y a les costumes, l'éclairage. Et tout ça fait quelque chose qui est... C'est souvent, justement, très inspirant, très décadrant et très créatif. C'est une espèce de condensé, une forme de créativité. Il y a des... Je vais voir des pièces pour en citer deux très différentes : "Les gros patinent bien", le sous-titre, d'ailleurs, c'est "Cabaret en carton". C'est extraordinaire, ça montre qu'on peut faire une pièce avec juste des bouts de carton et un gros feutre. Et l'imaginaire qui est créé derrière est absolument fantastique. Il y a "Le porteur d'histoires" aussi qui est extraordinaire comme pièce. Il n'y a absolument aucun décor, tout est mimé, tout est avec trois jeux de lumière. On fait trois continents dans la pièce et "Le porteur d'histoires" c'est absolument magnifique. Et puis dans un autre registre, mais ça c'est parce que j'y étais il y a trois jours, ça fait troisième fois que je vais voir "Le Bourgeois Gentilhomme" à la Comédie Française. On est sur un autre registre. Mais ça, ça montre aussi l'intemporalité de Molière, que je trouve absolument incroyable. 400 ans après, la réinterprétation qui est faite dans un univers peu contemporain, mais qui est ce Christian Haecke, le metteur en scène et qui joue le rôle principal de M. Jourdain, il est allé puiser dans un univers presque du cirque et burlesque, avec de la musique, des trompettes, presque comme aussi un peu Emir Kusturica et tout. Donc, c'est absolument fascinant.

  • Salomé

    Mais en parlant de ça, tu me tends des méga perches sur d'autres questions que je voulais te poser. Première chose, avant de parler du côté très intemporel, qui est ma question suivante, mais d'abord, le côté de ce regard, parce qu'en fait, ce regard critique que tu développes sur ton environnement, sur ce qui se passe dehors, sur la façon dont les gens interagissent avec leur environnement, je suppose que ça, ça t'aide à comprendre ce qu'il fait l'ADN d'une entreprise. Parce que comment est-ce que tu fais pour le comprendre et comment est-ce que tu fais derrière pour le traduire, cet ADN d'une entreprise ?

  • Pierre-Olivier

    Alors déjà, c'est un travail collectif. En fait, la recette est presque assez simple. Un client me l'a posé il y a pas mal d'années aussi en me disant « mais comment vous faites ? Vous venez, vous nous écoutez, vous regardez, puis après vous revenez trois semaines avec de la création. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi votre recette magique ? » Alors la recette, en fait, elle est très simple. de l'écoute, beaucoup d'observations et d'écoute, de la lecture, de ce que notre client va nous donner, et de la capacité à décadrer et à angler les choses. Donc finalement, c'est... En fait, je donne la recette sans la donner dans un sens, mais c'est assez simple. C'est une capacité à vraiment regarder, quand on va chez un client, son lieu, ses sites, ou revisiter sa marque, parce qu'en fait, lui, il est le nez dans le guidon, soit dans ses modes de travail, soit dans son histoire de marque, et il en oublie peut-être. des fondamentaux, etc. Et donc, c'est beaucoup d'écoute, beaucoup de regard. Et après, on croise justement, nous, entre les équipes de stratégie, stratégie workplace, stratégie de marque, parce qu'on cultive aussi ce foisonnement d'idées à l'agence avec très peu de pluridisciplinaire, donc des stratèges de marque, des stratèges workplace, des designers, des architectes. Et de là, on trouve un angle, une réponse créative et qui répond aux enjeux stratégiques du client. Et si je prends un parallèle qui n'est pas sur l'environnement de travail, mais quand on a travaillé pour Yves Rocher, et qu'on a refondé toute la stratégie de marque, l'identité de marque, Yves Rocher, qui était dans ses boutiques, on était beaucoup appelé pour ça au départ, qui était un peu noyé les magasins dans beaucoup de messages publicitaires, promotionnels, etc. qui était le mode un petit peu de vente d'Yves Rocher avec beaucoup de cadeaux, beaucoup de choses comme ça. On en oubliait, ils en avaient oublié un peu leurs fondamentaux. Et en fait, c'était récoltant-fabricant parce que leur premier métier, en fait, c'est d'être récoltant et d'avoir des champs de fleurs et de la cosmétique végétale, et donc de puiser les essences naturelles et essentielles pour après développer les produits. Et donc, c'était récoltant, fabricant du végétal à la peau. C'est revenir à... On n'a pas inventé. On a révélé, en fait, une histoire de marque, un patrimoine de marque. On l'a remis en avant et c'était terminé. Et en fait, tourner un peu le regard, un tout petit peu sur ce qui a pu se dessiner. Enfin, en tout cas, se dessiner, faire un pas de côté. C'est beaucoup ça. Faire un pas de côté et donc revisiter les choses, aller repuiser dans... un patrimoine, une histoire. Regarder aussi demain vers l'avant, vers l'avenir de ce que va devenir l'entreprise, la marque, quels sont ses enjeux stratégiques. Ses ambitions. Aussi, et ses ambitions, ses missions, etc. D'accord. Donc voilà un petit peu comment on fait ça. On met tout dans un shaker, puis après... Voilà. Et après, on triture les idées entre conseil et création, dans des réunions de création, avant que ça sorte. Voilà. On se dit oui, on se dit non. Et puis après, il y a un truc qui est fort aussi chez Saguez, c'est qu' on est notre propre client. Pour aller présenter quelque chose à notre client, on doit en être convaincu. Donc on passe ça à notre tamis, qui est un peu dur parfois. Mais on a besoin de porter une idée, d'en être convaincu. On est une agence de conviction. Certains diront peut-être qu'on est un peu dur ou têtu. Non, on est souple. On est souple, franchement. On écoute nos clients, mais on vient avec des convictions et des idées.

  • Salomé

    Il y a encore un exercice d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, il faut. Mais il faut venir avec des convictions, parce que si tu ne viens pas voir ton client avec des convictions et que tu dis juste oui à tout et tout ce qu'il veut, ce n'est pas du bon service client. Il faut être à son service, lui répondre, mais il faut venir avec des idées et le challenger et se challenger. C'est un travail mutuel, en fait.

  • Salomé

    Et tu parlais du côté très intemporel de Molière. Comment est-ce qu'on fait pour créer une identité pérenne, qui ne tombe pas dans quelque chose qui ne vieillit pas bien ou alors qui paraît rapidement daté ? Parce qu'en fait, il faut éviter d'être simplement sur l'actualité, on va dire, d'une entreprise ou d'une marque à un instant T. Pierre-Olivier : Alors, certains moments, on va peut-être quand même faire une petite emphase parce qu'il y a une évolution de marque, un changement de nom, il y a une fusion. Il faut tenir compte évidemment du moment où on est l'entreprise dans son projet de bureau. Mais il ne faut pas s'arrêter juste à ça, juste à une identité et juste à une couleur. Et donc nous, on travaille vraiment sur cette notion de patrimoine d'entreprise, de culture d'entreprise, et qui donc souvent vient de beaucoup, beaucoup d'années en amont, et de culture du travail. Et donc déjà, sur la partie culture d'entreprise, quand on a travaillé par exemple avec Lu, les petits beurres Lu, qui est devenu et qui après a fusionné Craft et qui est devenu Mondelez, certes, le nom a changé, il y a une communication qui est différente de Mondelez. Mais l'histoire du petit beurre et du beurre nantais de Lu, etc. En fait, ça, c'est le patrimoine de la marque. Et ça, ça va rester. Et donc, il y a des choses qui sont... Et ça parle. Après, il faut la réintroduire dans des formes de modernité, bien sûr. Mais il y a des choses qui sont assez fortes comme ça. Quand on a travaillé avec... Et on travaille toujours avec Thalès. Thalès, c'est aussi des regroupements, plusieurs entités. Ça a été Thomson à un moment. Donc, des noms changent. Thalès, peut-être que dans X années, ça changera. Mais par contre, il y a une culture de l'ingénierie. il y a une culture de la haute technologie, il y a fiabilité. Il y a une culture de l'exploration, parce qu'ils font aussi des satellites, etc. Tout ça, c'est les fondamentaux de la culture de cette entreprise. Les modes de travail évoluent, mais c'est ça qu'on est chargé de comprendre, qu'on essaye de comprendre. Et si le nom de Thalès évolue, je pense que celui-là, je ne fais aucune révélation, mais les fondamentaux de cette culture, cette conquête spatiale, qui est un de leurs champs d'activité, pas le seul, il restera de toute manière. Donc c'est ça qui est important à garder. Et quand on a fait le projet Mazars, on a commencé, ça s'appelait Mazars, après ça s'appelle Forvis-Mazars. C'est la même chose, c'est les mêmes valeurs humaines, etc. Et puis après, on s'attache aussi à la culture du travail. Je cherche à la faire évoluer, mais à bien comprendre justement comment ça fonctionne. On n'accueille pas toujours de la même manière d'une entreprise à une autre. Les publics ne sont pas les mêmes. Oui, Typiquement entre Pernod Ricard et effectivement Forvis Mazars.

  • Pierre-Olivier

    Mazars, il n'y a pas de grand bar. C'est une autre manière. Voilà, c'est très accueillant aussi, mais c'est une autre traduction. Donc, c'est ça qu'on cherche à faire à chaque fois.

  • Salomé

    Aujourd'hui, tu as une vision beaucoup plus transversale de l'agence parce qu'au-delà du workplace, tu es effectivement co-directeur général. Qu'est-ce que ça a changé dans ta manière de penser les projets ou de travailler avec les équipes ?

  • Pierre-Olivier

    Forcément, ça me pousse à revoir mon champ plus large. Là où j'étais très concentré sur la partie bureau, c'est forcément d'embrasser un peu tous les sujets de l'agence, d'y prêter beaucoup plus attention que je ne pouvais le faire avant.

  • Salomé

    Et en dehors des sujets hôtellerie, bureau, etc., ce sont les sujets de publicité et de branding dont tu parles ?

  • Pierre-Olivier

    C'est les sujets de branding, ça peut être les sujets hôtels, les sujets retail, commerce. ou les grands projets, quartiers de ville.

  • Salomé

    Mais ce n'est pas seulement lié à l'immobilier, c'est ça que je veux dire. Pierre-Olivier : Ah oui, non, ce n'est pas que lié à l'immobilier, c'est l'ensemble des champs de l'agence, effectivement. Ce qui a vraiment évolué, c'est d'être un peu plus un catalyseur et un facilitateur que l'ensemble des équipes travaillent ensemble. Donc, on est dans une phase-là où on veut encore plus croiser les regards entre l'ensemble des équipes, des designers, du conseil. On est en train de faire évoluer ça. Donc, mon rôle est de mettre en place aussi cette évolution d'organisation petit à petit. On va encore un cran plus loin dans cette transversalité entre les équipes. Et puis ensuite, une de mes autres missions, c'est aussi d'ouvrir de nouveaux horizons, de nouveaux territoires géographiques. Pas forcément moi tout seul, mais de l'impulser avec d'autres. Parce qu'on va dans d'autres régions d'Europe, du monde. Et puis, il y a une sacrée boucle avec le début de ton parcours, puisque tu as commencé ton parcours à New York et que là, vous avez aussi une implantation à New York.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Oui, tout à fait. Alors, c'est Boris Gentine, qui est donc un directeur de création associé, qui va d'ailleurs y partir en septembre pour vraiment développer. On a déjà 25 personnes aux USA, à New York. Oui, c'est déjà beaucoup. Une équipe très centrée sur l'hôtellerie. Mais on vise à avoir vraiment un deuxième pied, Saguez and Partners, aux États-Unis et pour rayonner sur l'ensemble de ce continent. D'abord sur la partie hospitality, mais aussi en branding, en bureau, petit à petit.

  • Salomé

    Je voudrais qu'on parle des évolutions du métier et de ton regard dessus, notamment le monde du bureau. Depuis 20 ans, ça a beaucoup changé. On a parlé du télétravail, mais il y a aussi des sujets d'hybridation du travail, de sobriété. Toi, dans toutes ces évolutions, qu'est-ce qui te stimule ou t'interpelle le plus ?

  • Pierre-Olivier

    Il y en a deux. Le télétravail, dans un sens où ce qui m'intéresse, c'est de regarder les mouvements de balancier. Je pense qu'on n'est pas du tout encore sur quelque chose de stabilisé. Et donc, on voit bien que post-Covid, il fallait absolument, toutes les entreprises étaient pressées d'offrir deux à trois jours de télétravail, voire plus à certains de leurs collaborateurs ou à l'ensemble de leurs collaborateurs. Tout le monde a signé des accords, plus ou moins. Et puis, on voit aujourd'hui une inflexion par les entreprises, parfois des passages en force, un refus des collaborateurs. On voit que ça devient un acquis social. Donc, il y a deux choses qui sont intéressantes. Il y a l'évolution sur les conditions de travail et le droit du travail. Qu'est-ce que ça va devenir dans dix ans ?

  • Salomé

    Et là, on a vu récemment la Société Générale, les syndicats s'emparer du sujet du télétravail.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Notamment sur des questions un peu de procédure et de passage en force. Et donc, il y a un aspect un peu juridique, légal. C'est intéressant de comprendre comment quels vont être les leviers. Alors que personne ne parlait de télétravail il y a 4 ans, maintenant ça devient un acquis social comme la 5ème semaine de congés payés. Donc c'est assez fort de comprendre. Et donc ça permet aussi de comprendre les moteurs des gens et ce sur quoi... Je ne donne pas d'avis personnel, je suis pour ou contre, ce n'est pas le sujet. Mais de voir quels sont les moteurs des gens, à quel point ils sont sensibles à ça et à quel point ça peut être un stress dans un sens ou dans un autre. Et ce qui est intéressant, donc il y a un volet un peu réglementaire, on va dire légal. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi les entreprises aussi parfois le réduisent. Est-ce que c'est, je ne pense pas que ce soit la peur du présentiel, on a dépassé ce sujet-là, c'est la question de la transmission, de l'interaction entre les gens. Et le télétravail, à haute dose, parce que moi je pense que c'est très bien d'en avoir un petit peu, pousse à une forme d'individualisme. J'organise mon temps personnel, j'organise ma vie, j'organise mes heures de présence, mais je ne pense pas au collectif, je pense moins à la communauté. Les gens le font en règle générale, mais on risque d'avoir ce... Et pour des générations qui n'ont reconnu que ça, des gens très très individualistes dans leur manière de penser les choses. hors l'entreprise. C'est une aventure humaine et c'est un collectif, c'est l'essentiel. S'il n'y a pas le collectif, l'entreprise, elle meurt. Donc le télétravail m'interpelle beaucoup dans ces mouvements de balancier et de voir ce que ça peut donner. L'autre chose aussi, c'est l'émergence des intelligences artificielles. Ça aussi.

  • Salomé

    C'est un grand sujet.

  • Pierre-Olivier

    Qui amélioreront certainement le travail hybride aussi, etc. Il y a beaucoup de choses, mais oui, c'est un vrai bon sujet d'évolution de nos modes de travail, de nos missions et des tâches. C'est un formidable outil dans certains cas, de gain de temps, de capacité exponentielle. Pour d'autres, j'en parle parce qu'en fait, on voit bien que nos équipes dans les métiers créatifs, c'est là où il y a un bouleversement très fort avec des capacités de production via des algorithmes assez extraordinaires. Et c'est vrai qu'on a assez vite vu chez nous un stresscréatifs qui disent...

  • Salomé

    C'est la question que j'allais poser. Est-ce que tu ressentais une tension ou est-ce que tu ressens plutôt que c'est des outils dont ils essayent de s'emparer ?

  • Pierre-Olivier

    Tension au départ des designers et des créatifs en disant je vais perdre mon métier à partir du moment où on a commencé à les former à ça, on leur a dit : "Attention, ton métier n'est plus de produire des 3D demain. Ton métier est d'être capable de faire des briefs créatifs, des prompts pour une IA qui peut-être va générer une vue 3D beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait faire avant. Mais la capacité à mixer des univers créatifs, à lui donner un brief créatif, l'IA elle n'a pas d'intelligence et elle n'a pas de culture. Donc se mixer des univers pour faire un truc créatif."

  • Salomé

    En fait, il y a l'émotion, la sensibilité dont tu parlais tout à l'heure qui là Vraiment, ça ne rentre pas dans un algorithme.

  • Pierre-Olivier

    Le métier du créatif, ça ne va pas être de faire la vue 3D ou forcément de choisir la référence de parquet, etc. C'est être capacité de mixer des univers et de faire un brief créatif et un rendu créatif qui sera unique. L'IA, elle a ses limites là aujourd'hui. Donc c'est travailler plus sur notre créativité, moins sur notre production. C'est un formidable outil pour ça.

  • Salomé

    J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Alors la toute première c'est y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui t'accompagne au quotidien ou qui t'inspire ?

  • Pierre-Olivier

    Oui alors j'en ai une à laquelle je ne pense pas tous les jours mais de temps en temps et puis avec cette question ça me permet d'y revenir. C'est une phrase qui dit « Tout vient à point, à qui sait attendre » qui est une maxime, alors au départ je fais un peu de recherche parce que je la connaissais, enfin c'est Rabelais a priori qui aurait écrit cette maxime-là mais... C'était une maxime de mon grand-père qui a mis ça sur son ex-libris. Donc, il a un ex-libris sur les livres qu'il avait qui disait ça. Tout vient à point, à qui sait-il attendre ? Et je trouve qu'en fait, c'est une assez bonne maxime, surtout dans un monde où tout va très, très vite. On est dans du zapping, on est dans de l'hyper-consommation de tout. Je veux dire, ce message s'adresse aux jeunes générations. Prenez le temps des choses. Ça ne veut pas dire... Attendre, tout vient à point à qui c'est attendre, c'est pas attendre les bras croisés, attendre que les choses se fassent, c'est la patience. Travailler les choses, développer les choses, semer des graines, planter les, vous verrez.

  • Salomé

    Il y a une différence entre de la patience et de l'attentisme.

  • Pierre-Olivier

    Exactement, oui. Mais je trouve que c'est quelque chose qui est bien, c'est qu'il faut laisser le temps aux choses, il faut laisser le temps aux choses de maturer, les choses reviennent, repartent, et prendre du recul sur les choses, et pas être dans l'immédiateté.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière, un moment décisif ou un moment fort ?

  • Pierre-Olivier

    Je dirais que le projet de cette Manufacture 2 a été le plus, peut-être pas le plus décisif, mais c'est un des moments très particuliers finalement où j'ai appris énormément de choses, puisque j'ai piloté ce projet pendant 4 ans. Donc on y est depuis 2016, on a démarré, Olivier avait l'idée depuis 2010 et moi j'ai rejoint le projet fin 2011. Il y avait quasiment, quand je dis rejoindre le projet, il y avait une idée, mais il n'y avait rien qui était calé avec le promoteur, le développeur, etc. J'avais moins d'expérience qu'aujourd'hui dans l'univers du bureau, mais ça m'a appris à connaître beaucoup de choses et d'avoir un rôle qui était un peu différent. Pour le coup, c'était moi le client, ou nous en tout cas, parce que je faisais le chef de projet et j'étais en lien avec Nexity, qui était notre promoteur. Donc c'était utiliser les compétences que j'avais dans l'environnement de travail, mais dans un rôle différent, qui est cette fois être le preneur d'un bâtiment. Donc ça a été très, très enrichissant. J'ai appris et je me mets à la place de tous les preneurs qui signent des bâtiments au fond des BEFA, donc des baux en l'état futur d'achèvement. C'est un chemin semé d'embûches et on n'était peut-être pas les moins avertis sur le sujet, mais on a bien vu les complexités, mais c'était passionnant. Et pourquoi je cite ça ? C'est parce qu'on y est depuis 9 ans et puis on a décidé de rester. Et donc en fait, maintenant, 10 ans après, j'ai un peu l'effet boomerang d'un certain nombre de points parce que forcément, une fin de bail, des choses se recalent, se renégocient. Donc c'est très intéressant de les revoir avec le recul en se disant : "T iens, ce truc-là qu'on n'avait pas bien fait ou qu'on a laissé un peu sous le tapis parce que ça arrive comme ça, en fait, dix ans après, il revient au boomerang et c'est moi qui me reprend mon propre boomerang." Donc, c'est assez sympa. Donc, c'est très intéressant.

  • Salomé

    Encore une leçon d'humilité.

  • Pierre-Olivier

    Oui, peut-être. Non, mais c'est intéressant parce qu'on n'en fait pas souvent des projets comme ça. On fait des projets de bureau pour nous tous les jours, mais le faire pour ses propres équipes ou nos propres équipes, c'est très intéressant. On a appris énormément et on apprend encore là et on fait aussi encore des petites erreurs.

  • Salomé

    C'est chouette d'être son propre laboratoire.

  • Pierre-Olivier

    C'est très bien, oui. Ça, c'est une chance. On nous dit beaucoup, c'est un lieu, c'est votre showroom. Même pas la notion de showroom, parce que le showroom, c'est un lieu d'exposition.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais dire.

  • Pierre-Olivier

    Où il y a un back-office, etc., où on présente trois trucs. Nous, c'est un lieu de travail. C'est un lieu de travail avec nos clients. On a plaisir à accueillir nos clients une journée, une demi-journée. C'est un lieu d'émulation.

  • Salomé

    Enfin, franchement, je mettrais quelques photos. C'est vraiment très agréable de venir. On se sent toujours, effectivement, très accueillis. Tout est très facile, on arrive, c'est simple. Franchement, je trouve que c'est une belle vitrine. Même si ce n'est pas un showroom, c'est une belle vitrine.

  • Pierre-Olivier

    Oui, c'est vrai. On a essayé d'être les cordonniers les moins mal chaussés, on va dire. Donc, c'est une belle vitrine.

  • Salomé

    Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ? Alors, il y a une personne que j'aimerais beaucoup entendre et qui m'inspire beaucoup, qui est Nicolas Dufourcq. Il y a deux choses.

  • Pierre-Olivier

    Le directeur général de BPI France, donc.

  • Salomé

    Exactement. Merci de la précision. Tout à fait. Deux choses, on a fait beaucoup de projets avec lui. On a travaillé sur l'identité, on a créé la marque BPI France et l'identité. On a travaillé avec eux. Et puis, on a répondu à différents appels d'offres pour eux, d'aménagement de bureaux. Donc, on les a souvent accompagnés. Je l'ai assez régulièrement côtoyé. J'aime beaucoup son approche très humaine, en tout cas quand on collabore ensemble. Voilà, un truc assez spécifique. Et puis, j'aime beaucoup quand je le lis dans la presse ou que je l'entends aussi ses décryptages sur la société, sur l'économie, plutôt dans un sens évidemment économique, pas du tout lié à l'immobilier, mais j'aime bien les décryptages qu'il a sur la situation actuelle de la France par ailleurs, et ses éclairages que je partage assez souvent, en tout cas en termes de point de vue. Donc je serais intéressé de l'écouter et qu'il raconte un certain nombre de choses sur soit son parcours, soit sa vision des choses actuelles. Je vais tenter. Je ne suis pas sûre d'y arriver, mais je vais tenter.

  • Pierre-Olivier

    Je te donnerai un petit coup de tremplin avec grand plaisir.

  • Salomé

    Où est-ce qu'on peut te suivre et te retrouver ?

  • Pierre-Olivier

    Alors, on peut me suivre, on va dire, sur LinkedIn. Je ne suis pas celui qui fait le plus de posts. Je devrais.

  • Salomé

    Tu vas avoir une excuse avec le podcast.

  • Pierre-Olivier

    Exactement. Non, non, j'ai un petit manque d'assiduité, c'est vrai. Et de temps, je consulte beaucoup, mais je fais peu de posts, pas assez. Donc ça, c'est un endroit où on peut me retrouver. Après, à titre plus personnel, on peut me retrouver sur Instagram. Je n'ai pas créé de compte pro. C'est plutôt les designers qui créent des comptes pro. J'ai un compte personnel, mais qui a un profil ouvert, accessible à tous, avec mon nom, Pierre-Olivier Pigeot. Et on y retrouve, non pas ce que je fais au quotidien qui intéresse personne, dans ma vie privée, mais simplement des photos de bâtiments que je glane au fur et à mesure de visites. Ça peut être un coin de rue dans Paris ou n'importe où, dans des endroits où je peux aller en Europe ou dans le monde. Et j'aime bien montrer ces bâtiments, souvent très atypiques, que je peux trouver, avec des angles de vue un peu particuliers. Donc voilà, je fais ça de temps en temps, je n'ai pas beaucoup de photos.

  • Salomé

    Pour l'avoir parcouru, il est très chouette.

  • Pierre-Olivier

    Bon, ben merci.

  • Salomé

    Merci beaucoup, Pierre-Olivier.

  • Pierre-Olivier

    Merci à toi.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Pierre-Olivier qui a accepté de répondre à toutes mes questions avec beaucoup d'enthousiasme. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram. Je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcasts, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🎬 De stagiaire à co-directeur général : le parcours de Pierre-Olivier

    01:14

  • 🏢 Saguez & Partners, une agence de design global au service de la marque et des usages

    09:30

  • 🪑 Le workstyle, l’art de vivre au bureau

    14:15

  • 🧠 La méthodologie Saguez & Partners, le binôme conseil & création

    19:28

  • 🏛️ Le bureau comme outil stratégique, l’exemple de Forvis-Mazars

    21:34

  • 🔭 Sources d’inspiration : théâtre, surf, architecture…

    34:11

  • 🧬 Traduire l’ADN d’une entreprise et créer une identité pérenne

    38:37

  • 🧩 Co-diriger une agence de 140 personnes : transversalité, responsabilité et vision collective

    45:08

  • 📉 Télétravail, IA, individualisation… Le bureau face aux grandes mutations

    47:07

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    51:15

  • Conclusion

    57:57

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