- Speaker #0
On n'a qu'une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix. Chaque mois, venez à la rencontre de mes invités qui lèvent le voile sur l'histoire singulière de leur voix. Au programme, des voix parlées, des voix chantées, des voix jouées et des voix parfois malmenées. L'intention ? Vous procurer des émotions, vous faire voyager, vous apporter des conseils et vous proposer un pas de côté pour vous inviter à aimer votre voix. Dans cet épisode, vous allez entendre la voix de Gaëtan Portenard. Gaëtan travaille en tant que photographe au sein du studio Courte Echelle dont la mission est de développer et valoriser les territoires. Il a également cofondé les Têtes de Pioche, un collectif qui crée et anime des randonnées urbaines et périurbaines. Ensemble, nous allons nous questionner sur la place de la voie dans l'exploration urbaine, autrement appelée urbex. Nous avons fait le choix de commencer par vous faire goûter à l'expérience de l'urbex par la voie. Ensuite, j'ai interrogé Gaëtan sur la place de la voie en urbex. et dans sa vie. Bonne écoute !
- Speaker #1
On va aller visiter un ancien lieu abandonné, enfin à l'état d'abandon sur le territoire palois. Un lieu très connu qui a connu une histoire. Une histoire. Et on va y passer, je pense, une ou deux heures. C'est un grand établissement sur quatre étages. On y finira par... par le toit où on a une super vue à la fois sur la ville mais aussi sur les montagnes, si le temps nous le permet. Et pendant notre visite, je raconterai un petit peu l'histoire du lieu et pourquoi il me tient à cœur depuis une dizaine d'années que je le visite maintenant.
- Speaker #0
On peut parler d'Urbex ?
- Speaker #1
Oui, c'est tout à fait de l'urbex, même si c'est en milieu rural. L'urbex, je le définis de manière plutôt large, que ce soit des anciennes usines, des châteaux, des souterrains, des maisons individuelles, que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. C'est totalement dans le thème de l'urbex.
- Speaker #0
Est-ce que moi, j'ai besoin de connaître quelques clés avant de partir en urbex ? Parce que moi, c'est la première fois, je n'ai jamais fait ça.
- Speaker #1
Trois points essentiels. Pas d'entrée par effraction. On ne rentre que si on trouve soit une fenêtre cassée, soit une porte ouverte ou un petit trou dans lequel on peut se faufiler. Deuxième règle du silence pour commencer, pour un petit peu prendre la température du lieu pour voir s'il y a des gens ou pas. On laisse pas de traces et on n'emporte rien avec nous. Et avant de partir, c'est pas une règle d'urbex mais c'est plutôt réconfortant, enfin sécurisant, on prévient quelqu'un. de notre départ. On lui donne le lieu, un point GPS et on lui donne une heure de sortie pour, si elle n'a pas de nouvelles, qu'elle puisse prévenir qui de droit pour venir nous sauver. Là on arrive sur site, on est à 50 mètres du site donc là on va essayer de... de passer en silence parce qu'il y a deux maisons et bon ils ont un petit peu marre de voir des gens passer en permanence il y a un chien au bout, si il a bois, on ignore, on passe juste avant le portail on va passer par la droite dans les fourrés maintenant ils ont mis un portail parce que c'est devenu un peu le supermarché de l'urbex ici Là typiquement on entend quelqu'un qui semble sortir de chez lui donc on va attendre quelques instants pour voir ce qu'il se passe. Il semble pas se faire griller au moment de passer. Patience, c'est souvent ça. Il y a souvent ces surprises là en urbex, c'est qu'on va visiter un lieu mais on est pas sûr de rentrer. Donc on rentre souvent bredouille. Merci. Quand j'arrive dans ce lieu, à chaque fois, je me mets dans le coin là-bas et je fais toujours une photo. Ça fait 15 ans que je le visite et du coup, ça permet de voir un petit peu l'évolution du spot avec les années. En plus, en l'occurrence, là, c'est... le printemps bien arrosé, donc il y a énormément de végétation. Donc en fait, on ne le voit même pas, le bâtiment. Il est caché par la forêt qui commence à renaître et à reprendre le dessus sur ce long bâtiment qui fait faire 200 mètres de longueur sur cinq étages. Donc là, je fais ma petite photo d'ici. Ça, c'est pour les archives et pour les expos, pour montrer un petit peu la vie d'un lieu abandonné. là ça peut commencer. Ce bâtiment a beaucoup évolué. Parce qu'avant on rentrait par l'accueil principal et on pouvait se balader vraiment sur tous les étages tranquillement. On l'appelait le bâtiment aux mille portes. Quand on l'a visité, ça faisait juste 3-4 ans qu'il avait été fermé. Et du coup, il y avait encore toutes les fenêtres et toutes les portes. Et très rapidement, ça s'est pas mal dégradé. Aujourd'hui, il n'y a plus une seule porte et plus une seule fenêtre. C'est un peu la problématique. sur l'Urbex, c'est que ça s'est vachement démocratisé et avec la démocratisation du coup il y a plus de gens qui viennent et forcément des gens qui ne sont pas forcément attentifs au respect du lieu qui pour moi c'est une règle de base que de respecter le lieu puisque ça a été un il a eu un rôle sur le territoire il peut avoir encore un rôle et du coup c'est un peu se priver de la mémoire d'un territoire que de le dégrader voilà mais déjà dès la fermeture du lieu il y avait déjà quelques lières qui commençaient à rentrer il a pas été entretenu sur la fin parce que les propriétaires savaient qu'ils allaient le quitter et dix ans plus tard j'ai rencontré une personne qui travaillait dans la même entreprise qui était ici mais qui est maintenant sur un autre site et en discutant avec cette personne elle m'a dit je suis la dernière personne à avoir travaillé ici et je me suis dit Du coup, un jour, on a fait plusieurs visites où elle m'a expliqué vraiment toutes les salles et toute l'histoire du lieu. C'est vraiment ça qui est super parce que nous, on le fait au travers du visuel, de ce qu'on peut constater. Après, on fait des recherches, mais d'avoir le témoignage de la dernière personne qui a bossé, c'était vraiment cool. Ça donne vraiment une dimension et du corps à la visite. On va pouvoir y aller. On vient de rentrer dans l'accueil, anciennement l'accueil. Et on va voir. Au début, tout était dégagé et on a accédé aux étages supérieurs par le rez-de-chaussée, par l'entrée principale. Il se trouve que l'escalier n'existe plus, puisque là tu as les marches du quatrième étage qui sont à nos pieds. Et on ne peut même plus traverser ce couloir, parce que là c'est beaucoup trop dangereux. Le toit s'effondre un peu pour revenir à l'intérieur. on va faire le tour plus prudent mais voilà je voulais juste que tu vois un petit peu en dix ans ravagé avant ici on montait tranquillement et il y avait encore les portes c'est d'une des dernières visites que je fais de ce lieu parce que je le trouve vraiment un peu trop dangereux ces 4 il va s'effondrer on va ressortir et on va contourner par l'extérieur pour rejoindre la morgue il a fallu ressortir pour retrouver une heure une entrée, une porte dérobée dans les petits couloirs. L'entrée, on fait très attention, tant que là, il y a des entrées. Et on essaie de tendre l'oreille pour pouvoir éventuellement capter la présence de... de personnes dans le bâtiment que là c'est pas trop parlé et si tu regardes d'où on marche quand t'arrives dans un couloir tu fais comme sur la gauche droite et euh Donc c'est pas le bon. On est trop haut. Faut redescendre un étage.
- Speaker #0
Quelle place a la voix dans l'urbex ?
- Speaker #1
la voix c'est hyper important en urbex parce que ça reste une pratique plus ou moins illégale plus que moins donc du coup faut essayer toujours d'être le plus discret possible dans ces expériences-là pour pouvoir même au-delà de la notion de se faire repérer par quelqu'un ou des animaux, parce que parfois on en croise, ça crée une ambiance et ça permet aussi d'ouvrir les autres sens à la vie. à l'observation, que ce soit l'ouïe, l'odorat, la vue. Donc c'est hyper important de... En général, on parle le moins possible. Et quand on... En tout cas, quand on rentre, quand on est en approche du site, c'est silence total. On s'observe beaucoup. Ça se passe beaucoup par le regard. Et une fois qu'on est dedans, il y a une petite période où il y a un premier tour d'état des lieux, on va dire. Et après, on commence un petit peu à se détendre, à plutôt chanter. et le risque typiquement dans le lieu où on est aujourd'hui parce que c'est un lieu que je connais beaucoup et quand on commence à prendre des habitudes c'est là qu'on devient moins prudent et tout à l'heure on a eu des éclats de rire des pas sur le bris de verre qu'on essaye d'éviter de faire quand on fait une première visite et la telle chose qu'on s'autorise sur un lieu qu'on ne connait pas sinon on ne se sait pas la règle c'est quand même de ne pas trop se séparer mais si on se perd de vue ne serait-ce qu'une dizaine de mètres parce qu'il y a une personne qui va dans une salle et l'autre dans une autre on fait un petit sifflet et quand on veut savoir où est la personne et du coup c'est on fait juste ça et l'autre personne répond sur un autre ton comme ça on sait que ok on est là on n'est pas trop loin on fait nos petits crapauds c'est mignon et quand... pardon je fais un... J'attends 4-5 secondes. Et si au bout de 4-5 secondes, je n'entends pas de réponse, je fais et là, on se répond comme ça. En tout cas, le maître mot, c'est un petit peu au début. en tout cas le silence, et quand on s'est bien approprié les lieux, qu'on est sûr d'être tout seul, on peut expérimenter la voix, avec les échos, les sons étouffés, la voix qui porte, mais toujours quand même une grosse attention sur les sons qui nous entourent.
- Speaker #0
Est-ce que ça, c'est quelque chose qui a évolué dans ta pratique ? Parce que l'urbex, tu en fais depuis longtemps, peut-être que tu peux nous dire un mot sur ça, déjà ton histoire avec l'urbex, et comment ça a évolué ?
- Speaker #1
La première fois que je suis parti en urbex, j'y connaissais absolument rien. On m'a embarqué dans une aventure dans les anciennes carrières et catacombes de Paris. Et on était un groupe de douze. Donc, question silence, discrétion et contemplation. on n'y était pas trop. Ma première expérience, ça a été plutôt une fête, une expédition. C'était du grand n'importe quoi. Mais parce que c'est un lieu qui s'y prête aussi, parce que dans les Qatar, si on est à 20 ou 50 ans, de mettre d'un groupe, on n'entend absolument plus rien, les sons sont très étouffés. Mais très rapidement par contre, j'ai reçu une alerte, une fois en urbex, on marchait en mode détendu, et là on a entendu un son et on s'est dit oula, en fait la personne ou l'animal nous a déjà entendu, nous on ne fait que l'entendre maintenant, donc dans quelle mesure on s'est mis, soit on s'est grillé, soit on s'est mis en danger. s'il y a des personnes mal intentionnées qui sont dans le coin, ou simplement qui veulent jouer avec nous pour nous faire peur. Parce qu'il y a des gens qui font du urbex maintenant juste pour le grand frisson, ce qui n'est absolument pas ma démarche.
- Speaker #0
Toi justement, tu peux nous dire quelques mots sur ta démarche ?
- Speaker #1
La première fois, je suis parti en urbex à Paris. J'étais en fin de master patrimoine et je cherchais un lieu pour mon mémoire. Et un jour, je croise mon voisin sur son... sur le palier de l'étage, et il était tout rempli de calcaire, tout crade, et je lui disais, mais d'où tu viens ? Il me dit, on a été à Paris, on a été visiter les catacombes, je lui dis, ah ouais, mais c'est quoi ce truc ? Il me dit, ah mais la prochaine fois... fois, viens avec nous, je pense que tu vas aimer. Je suis parti comme ça, la fleur au fusil, j'ai fait confiance. On s'est perdu dans ces 300 km de Dédale et en revenant, je me suis dit, mais en fait là, j'ai mon sujet de mémoire parce que les anciennes carrières, c'est l'histoire de Paris, de l'UTES à aujourd'hui, avec toutes les étapes qu'on peut retrouver dans l'architecture ou dans les salles qui ont été aménagées. ou des nouvelles pratiques, que ce soit la musique, la peinture. À partir de là, j'ai commencé à m'intéresser au sujet, à me questionner sur tous les bâtiments que je voyais, sur le rôle qu'ils avaient eu sur le territoire, pourquoi ils ont été abandonnés, en tout cas pourquoi ils sont à l'état d'abandon, parce que les lieux ne sont jamais abandonnés, il y a toujours un propriétaire derrière, ce qui fait que c'est illégal d'ailleurs. Et qu'est-ce qu'on pourrait en faire ? Et comment on pourrait le revaloriser auprès de la population ? En l'occurrence, moi, c'est la pratique de la photo, comment magnifier le site. Et c'est un peu à partir de là que j'ai chopé un petit peu ce que j'appelle le syndrome du volet fermé. Dès que je vois un volet fermé, en me baladant, je me dis, ah, potentiellement, là, il y a quelque chose à faire, donc je vais vérifier. Déjà, je me renseigne s'il n'y a pas... Si les gens ne sont pas... On passe simplement en vacances. Et après, si je vois que c'est vraiment l'état d'abandon, je vois s'il y a moyen de rentrer ou pas. Le souci intéressant, c'est que parfois, on ne peut pas rentrer. Mais ça fait partie du jeu.
- Speaker #0
J'imagine qu'il y a des émotions fortes qui se passent en urbex. Est-ce que tu as des anecdotes à nous raconter par rapport à ça ? Des moments où toi, tu as ressenti des choses fortes ou même peut-être tu as entendu chez quelqu'un quelque chose qui t'a montré sa panique, sa peur ? Oui.
- Speaker #1
Le coup de la panique et de la peur, oui. C'est pour ça que je vais rarement en urbex. J'y vais essentiellement avec une ou deux personnes bien identifiées parce que je sais comment elles vont réagir et qu'elles ne se drôment pas à la panique. Après, on n'a jamais eu d'accident, donc le truc ne s'est pas posé. Mais en tout cas, ce sont des personnes en qui j'ai confiance. Je sais qu'ils ne dégraderont rien, qu'on ne fera pas aller n'importe quoi pendant la visite. Du coup, ça, c'est assez rassurant. Et après, en anecdote... c'est toujours différent que ce soit pour le coup les anciennes carrières de Paris c'est une grosse pression c'est la préparation parce qu'on y passe deux jours donc il y a un temps de préparation qui est très important il faut imaginer le tracé sachant que les plans ils valent ce qu'ils valent ils sont pas vraiment fiables et puis quand j'ai des 100 on descend pas à 2 parce que passer deux jours dans ces dédales c'est trop flippant donc c'est 3 minimum et Et c'est 5 maximum pour qu'on puisse déambuler tranquillement et que tout le monde puisse profiter du paysage. Si on peut appeler ça le paysage. Le paysage souterrain. Et là, je suis la seule personne qui connaît vraiment les parcours ou comment on s'orientait. Donc là, c'est coup de pression. En général, une demi-heure avant, quand on est en train de se préparer à l'entrée, je n'ai plus envie du tout de rentrer. C'est comme si on passait un oral, en fait. On peut débuter à l'exemple. l'excitation assez cool, je vais passer ce diplôme, ça va être génial, et puis quand ça arrive, je dis non, mais en fait je vaux rien, ça va mal se passer, et une fois que je rentre, c'est comme si j'étais chez moi, il y a le truc qui remonte, et après ça se passe relativement bien. La seule crainte que j'ai en général, c'est les rencontres, c'est même pas une crainte, c'est une prudence, et en général ça se passe plutôt bien, et après on a des anecdotes, il y en a. à chaque visite en fait, parce que vu que je ne me cantonne pas à un seul type de bâtiment, ça va être de l'émerveillement sur un château où il y a encore le piano qui est encore là, parce que les pianos, on les laisse toujours à l'endroit où ils ont été déménagés ou emménagés. Sur une usine, ça va être des odeurs, des lumières, de la charpente métallique, donc ça va être plus sur le côté architecture. Et... Et après, les sensations où je me sens le moins à l'aise, c'est sur les maisons individuelles. Parce que souvent, il y a un gros témoignage. Très souvent, ce sont des maisons qui ont été abandonnées du jour au lendemain. Pour des raisons diverses et variées. Ça peut être une personne qui a été arrêtée, mise en garde à vue, et qui n'a pas eu le temps de rentrer chez elle. Du coup, on rentre et il y a encore le petit déj'à... il y a vraiment toute la vie et là c'est des sensations, enfin t'as l'impression de rentrer dans l'intimité des gens et il y a une forme de voyeurisme que j'aime pas trop et en même temps c'est assez saisissant parce que si ça fait 20 ans tu te dis ah ouais putain, encore une télé cathodique, truc de fou quoi mais les sensations elles sont toujours différentes. Par contre, je n'ai jamais eu le sentiment de me mettre en danger, parce que c'est le premier truc auquel on fait attention. Des endroits un peu plus... un peu plus moyen que d'autres dans lesquels je ne retournerai pas parce que c'était trop dangereux mais parfois on est tombé sur des chaises de dentiste mais à l'ancienne en mode chaises de torture alors on rentre et on se dit il a dit se passer des choses là en ce moment on est dans dans la morgue donc j'ai appris il n'y a pas longtemps que c'était une morgue, c'était il y a deux ans que j'ai appris donc nous on venait ici, on se disait que c'était une salle d'application pour apprendre à s'arracher les dents, faire des points de suture mais non en fait là puis de quoi là l'endroit où on... est donc il y avait un chariot avec un petit robinet pour écouler les matières corporelles voilà c'est ce type là après on va aller dans une autre salle et je ne sais pas si je te le dis maintenant ou après je te le dis après mais voilà, là c'est des sensations aussi hyper intéressantes en fait, moi je n'ai pas d'attente quand je vais visiter, je veux découvrir et me laisser imprégner de toutes ces émotions
- Speaker #0
Et tout à l'heure, tu parlais de possibilités de jeu avec la voix. Donc ça, ça m'intéresse de savoir si ici, tu as déjà fait ce genre de choses. Parce que moi, j'ai l'impression d'être dans un décor presque de cinéma, face à un côté presque théâtral. Donc est-ce que c'est quelque chose que tu as expérimenté avec les amis avec qui tu viens ici ?
- Speaker #1
Alors ici, la particularité, c'est que c'est un site que je connais vraiment très très bien. Comme je le disais tout à l'heure, j'ai rencontré la dernière personne qui a travaillé ici, donc je connais un petit peu tous les recoins. On a pu faire des petits déj, des apéros, des nocturnes. On a tourné un clip musical ici. Du coup, la personne chantait dans le lieu. C'est un lieu qui résonne beaucoup. Sur la voix en particulier, non. Mais je pense que j'ai utilisé à peu près toutes les tonalités possibles et inimaginables ici. Que ce soit en très bas, comme un...... Je ne vais pas crier, on le fera peut-être tout à l'heure. Voilà, il y a eu une soirée où on n'a pas maîtrisé trop le truc, on s'est laissé un petit peu embarquer par l'ambiance. C'était entre Noël et le jour de l'an, en pleine nuit, et on était dans le... théâtre un peu plus loin et voilà on a mis du michael jackson on était cinq ans on a dansé sur michael jackson dans le théâtre, chose absolument pas à faire c'était l'expérience du moment qu'on ne reproduira pas avec une petite boule à facettes Elle est tout à fait dans le détail. Ici, plutôt, c'est un lieu où je me sens à l'aise. Là, jusqu'à maintenant, un peu chuchoté. Là, je sens que déjà, la voix augmente un peu. Et après, on fera du hard rock.
- Speaker #0
On va au théâtre.
- Speaker #1
Il y a une super représentation ce soir. On a réussi à rejoindre le théâtre donc, avec un petit peu de crainte parce qu'en trois mois en fait le lieu s'est pas mal dégradé avec les pluies qu'il y a eu. Et tout à l'heure on parlait de la voie, des expériences de la voie dans les lieux abandonnés et ici précisément. J'avais été interviewé sur la pratique de l'urbex par des étudiants et on l'avait fait dans le théâtre. On avait beaucoup cru, on avait fait une mise en scène sur la scène. On avait posé deux bidets et une toilette pour poser les micros et compagnie. C'était assez rigolo, c'était du Bernard Pivot. mais sans la classe et du coup je parlais un petit peu comme là, je parle un petit peu en maîtrisant ma voix et lui me disait, non non, il faut que tu parles fort c'est la première fois en fait en urbain que je fais allez on y va ça avait été un truc intéressant justement sur la voix et sur le fait que on ne puisse pas normalement parler librement, à haute voix mais là c'était nécessaire pour les besoins de l'interview on s'est mis dans une petite pièce un peu à l'écart parce que j'avais envie de te poser la question suivante quelle est la place de la voix dans ta vie à toi si on parle de la voix en général c'est quelque chose que j'affectionne particulièrement sur quand j'écoute des émissions à la radio on sent toutes les radios leur signature vocale avec le travail du centre design je crois et il ya des radios que je supporte pas parce qu'il y a une reverb ou alors ça crie ou quoi et d'autres radios qui sont beaucoup plus posées ou ça t'adoucit la voix parfois on a eu fait des rencontres à france bleu beharn et quand je m'écoute après la radio c'est genre ouais le mec il a une voix de baril white. Ça donne vachement les graves de la voix, c'est un peu intéressant. Et souvent, quand j'écoute une voix, je me fais tout de suite une représentation d'un visage qui, 90% du temps, ne correspond pas du tout. Et parfois, je n'aime pas une voix. Je pense notamment à Fabrice Drouel. Au début, j'avais beaucoup de mal à l'entendre, parce qu'il a une diction spécifique, il a une voix un petit peu nasignarde, comme ça. et en fait au fur et à mesure c'est devenu une voix que j'adore et c'est un peu c'est un peu ton copain quoi c'est une voix rassurante tu rentres dans son univers et il te transporte Ma voix, moi, c'est plus compliqué. Je sais que quand je parle, je fais beaucoup de hi, hi, hi des trucs comme ça. Ça me met un support de m'entendre parler pour ça. Et je pense que je me trahis, mais je pensais beaucoup de personnes. Je me trahis beaucoup par la voix, sur l'excitation, la peur, ou la méfiance, ou l'aspect j'ai envie de séduire Je pensais tout le monde comme ça, mais en tout cas, j'ai un peu de mal avec ma voix. J'ai appris il y a peu de temps que j'avais un rire reconnaissable entre tous. J'ai revu une amie que je connais depuis... tout petit et je l'accueillais sur un lieu et on se parlait pas encore et discutait avec d'autres gens et j'ai eu un éclat de rire, elle fait Ah ça c'est Gaëtan qui rie ! Je dis Merde, je l'ai toujours pas changé ce rire à la con ! Non voilà, ce rire-là, un peu gêné, non assumé. Donc j'adore la voix, j'aime pas la mienne, j'apprends à l'adopter et selon les situations, ouais. Parfois je me dis que là elle est cool, elle est posée. En fait c'est histoire de poser sa voix et c'est une histoire de respiration. Par exemple sur le chant, quand je suis tout seul dans ma voiture, je peux chanter à tue-tête. Il y a quelqu'un qui fait... Un peu ridicule. C'est l'acceptation de soi, c'est un travail de toute une vie je pense.
- Speaker #0
Et par rapport à ton métier, on peut en avoir une représentation de quelque chose de plutôt visuel. Comment ça s'articule pour toi ? la place de la voix, l'utilisation que t'en fais si tu dois être avec d'autres personnes sur du portrait ou sur d'autres missions ?
- Speaker #1
ça doit être une des raisons pour lesquelles je fais pas de portrait parce que moi j'ai pas à m'adresser à une personne, lui donner des ordres c'est un peu compliqué parce que j'aime bien taquiner et donc du coup ça passe ou ça casse avec les gens et le rapport avec la photo c'est ce qu'il y a de bien C'est que du coup, je suis planqué derrière mon appareil photo et vu que je fais pas mal de photos de territoire ou de spectacle, j'ai juste à me taire. Ça me va très très bien. Ça me va très très bien, ça me taire. C'est bien.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des voix qui te touchent en particulier ou qui t'inspirent ?
- Speaker #1
Chez les hommes, j'aime bien les voix très graves, genre Gérard Darman. Et à l'opposé, du Alain Chabat, qui n'a pas du tout la même voix, mais qui a une voix... Très très velours, très posée, très rassurante. Et chez les femmes, je me rends compte que j'aime aussi ce type de voix un peu veloutée. Je ne sais pas si on peut l'appeler veloutée, je ne l'arrive pas en fait. Je vis une voix, mais je ne l'intellectualise pas. Mais une voix plutôt veloutée, plutôt grave. Les aigus, non, moins les aigus. Par contre, j'aime les voix engagées. Quand je sens une passion dans la voix, ça me fait vibrer direct parce que la personne t'emporte à travers de son récit. Et à l'inverse, une voix qui va un petit peu chevroter, ça va peut-être me toucher, mais ça peut vite m'agacer aussi.
- Speaker #0
Justement, tu parles d'engagement. Est-ce qu'il y a des sujets qui t'amènent à élever la voix ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. Typiquement, quand je m'entends parler parfois, dès qu'on me lance sur un sujet où je suis chaud, où je trouve qu'il y a de l'injustice, directement dans les tours, je deviens un moulin à parole, je ne m'arrête pas, je ne m'arrête pas, je ne m'arrête pas, et le son passe pour le coup dans les aigus plutôt que dans les graves.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous dire les sujets qui te font monter dans les tours directs ?
- Speaker #1
Si on dispose de trois heures devant nous, je peux. Tous les sujets liés à l'injustice, c'est quelque chose qui me parle direct, ça me fait partir direct dans les tours. Je suis aussi passionné de politique au sens vie de la cité. J'aime bien avoir ces débats et j'aime bien aussi sortir du débat. Limite me poser en porte-à-faux par rapport à mon interlocuteur, même si je suis d'accord avec lui, mais plutôt le pousser dans ses derniers retranchements pour essayer de faire bouger les lignes, et me faire bouger aussi les lignes par la même occasion. J'aime bien être dans la contradiction. Actuellement, il y a pas mal de sujets. Le sujet de l'environnement, sur lequel j'essaye d'être le plus détaché possible, parce que ça génère beaucoup de crispations. Et je pense que pour le coup, si on n'a pas un regard très factuel sur les choses et qu'on parle juste avec le cœur, on devient vite un éco-terroriste, puisque c'est le mot à la mode pour qualifier les écolos, les personnes sensibles à l'environnement, pour les discréditer. Ce qui a toujours été le cas d'ailleurs sur les grands combats, que ce soit des combats féministes ou politiques, en général on discrédite. Quand on n'arrive plus à discréditer, on enferme ou on maltraite. Et à la fin, c'est la minorité qui gagne, quoi qu'il arrive. Mais il faut souvent du temps. Et là, pour le coup, la question du féminisme, de la place des femmes dans la société, ça, c'est un sujet qui me tient à cœur, mais depuis toujours, sans forcément faire de la revendication. Mais en tout cas, avoir une approche... C'est même pas lié aux femmes elles-mêmes, c'est lié toujours à l'inégalité ou à l'injustice. Et en l'occurrence, le nombre d'injustices dont les femmes sont... victime, je pense qu'il y a du gros sujet, et c'est pas encore gagné.
- Speaker #0
À l'inverse, est-ce qu'il y a des sujets qui te laissent sans voix ? C'est-à-dire des sujets sur lesquels il y a tellement d'émotions, par exemple, que il n'y a rien qui sort.
- Speaker #1
Plus le lien à la contemplation. Quand je vis une émotion liée à la nature, à la marche, en général, je n'arrive pas à verbaliser ce que je vois. Je le vis, et puis voilà. Ou alors, le cinéma. Le cinéma, il y a beaucoup de gens qui en sortant de la salle disent Oui, il a dit ça, il a aimé ça Moi, je n'aime pas trop partager ça. C'est hyper compliqué de retranscrire ce que tu as vécu ou de polluer comment l'autre l'a vécu. Après, on peut y venir un peu plus tard. Mais en général, quand je sors du cinéma, je reste plutôt très silencieux et je laisse venir de redescendre le truc. Il faut éventuellement en reparler avec une nuit de sommeil qui vient un petit peu mettre tout ça dans l'ordre. Mais tout ce qui est lié à la contemplation, à la beauté, en général, je ne parle pas. Je ne parle pas en rando, je ne parle pas beaucoup. En urbex, je ne parle pas beaucoup, la preuve.
- Speaker #0
Pour finir Gaëtan, est-ce que tu as un dernier message à nous faire passer ?
- Speaker #2
Le pour finir, il n'est pas réel parce qu'il y a la redescente à faire. Donc c'est fini une fois qu'on a ouvert la porte. Parce qu'il y a des gens qui nous attendent à l'extérieur. le quatrième étage, peut-être qu'il se sera effondré d'ici notre retour. Mais en tout cas, c'était une expérience hyper intéressante de visiter un lieu avec quelqu'un que je ne connais pas, finalement on se connaît, parce qu'on est assez peu, donc tu es l'une des seules personnes que j'ai amené en Irbex sans connaître, en faisant confiance, à deux en plus.
- Speaker #1
Et...
- Speaker #2
Et le fait de parler d'un autre sujet que l'urbex en urbex,
- Speaker #1
je trouve ça aussi hyper intéressant parce que ça me sort de la zone de confort. Et du coup, le fait d'être sur un lieu, sur une thématique particulière, mais de parler d'autre chose, ça ouvre les portes. Donc mon message, ce sera un grand merci.
- Speaker #2
C'était cool.
- Speaker #0
C'est moi qui te remercie parce que c'est vraiment trop chouette. Maintenant, il reste à savoir si on va pouvoir écouter cette bande sonore parce qu'on ne sait pas si on va revenir. Parmi les vivants,
- Speaker #3
à suivre.
- Speaker #2
À faire à suivre.
- Speaker #4
Vous l'aurez compris, nous sommes bien rentrés sains et saufs de cette aventure. Je remercie à nouveau Gaëtan Portenard de nous avoir initiés à l'expérience de l'urbex par la voix et d'avoir répondu à mes questions avec beaucoup de sincérité. Vous trouverez les informations le concernant dans la description de cet épisode.
- Speaker #3
Merci à vous d'avoir écouté cet épisode d'On n'a qu'une voix jusqu'au bout. S'il vous a plu, abonnez-vous dès maintenant pour ne pas manquer la voix de mes prochains invités. Et pour soutenir mon podcast, je vous propose de le noter et de le commenter sur votre application d'écoute préférée. Enfin, un merci tout particulier à Émilie Décla, qui a créé et interprété toutes les musiques d'On n'a qu'une voix. Retrouvez l'actualité du podcast sur le compte Instagram ou LinkedIn, entre voix et mots. À bientôt !