Speaker #0Bienvenue sur OrthoBoost, le podcast qui booste les orthos. Je m'appelle Barbara, je suis orthophoniste, formatrice et coach professionnel et je t'invite chaque semaine à me retrouver dans un nouvel épisode pour recharger ton énergie et booster ton quotidien. Bonjour et bienvenue dans cet épisode d'OrthoBoost. Tu écoutes aujourd'hui le troisième épisode de notre trilogie consacrée à l'écologie de soi. On a d'abord exploré comment retrouver son équilibre intérieur, puis comment préserver son énergie. Et aujourd'hui, on va parler d'un sujet central dans nos métiers de relations d'aide. Comment rester relié à l'autre sans se perdre. Parce qu'en orthophonie, la relation est notre premier outil thérapeutique. C'est vrai aussi pour beaucoup d'autres métiers d'accompagnement. Mais cette relation peut devenir aussi une source d'épuisement si on ne sait pas protéger son espace intérieur. Alors dans cet épisode, j'ai envie de t'inviter à réfléchir à ton écologie relationnelle, à la qualité de ta présence, à tes limites aussi, et à ta façon d'être en lien. Autrement dit, je te propose de réfléchir à comment être pleinement avec l'autre tout en restant pleinement toi. On va commencer par voir ensemble quelles sont les relations qui nous nourrissent et celles qui nous vident. Nos relations professionnelles sont un peu comme des écosystèmes et certaines d'entre elles viennent nous remplir alors que d'autres ont tendance à nous épuiser. L'enjeu c'est d'apprendre à les reconnaître pour ajuster notre posture. Les relations nourrissantes sont celles dans lesquelles tu ressors plus vivante, plus en confiance, plus connectée. à ton métier. Le patient avec qui tu sens une alliance fluide, par exemple, le parent reconnaissant qui collabore, ou encore la collègue avec qui tu peux partager sans être jugé. Ces relations te donnent de l'énergie parce qu'elles reposent sur un échange équilibré et un respect mutuel. Et puis, il y a les relations énergivores. À l'inverse, ce sont celles qui puisent dans tes ressources. Le parent qui remet sans cesse en question ton travail, un patient dépendant ou agressif, une équipe peut-être dans laquelle tu te sens invisible. Ce sont des situations où la relation devient unidirectionnelle et c'est ça le problème. C'est que tu donnes mais tu ne reçois plus et à force ton espace intérieur se rétrécit. On pourrait se dire que l'écologie relationnelle c'est un peu savoir doser l'ouverture, être assez ouvert sans l'être trop. Et quand tu ressens des déséquilibres, ça ne veut pas dire que tu es trop sensible. Ce que ça veut dire, c'est que ton système d'alerte fonctionne, ton système d'alerte relationnel. Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle et c'est super important, parce que c'est ce qui va te permettre de te poser des limites. On peut se demander quelles sont les postures écologiques dans la communication. Alors je vais t'en proposer plusieurs. La première, c'est la congruence. La congruence, c'est être vrai. Sans être brute. Carl Rogers nous parle de congruence comme la capacité à être authentique, à exprimer ce qu'on ressent sans se masquer. C'est une posture écologique parce qu'elle évite la dissonance intérieure. Quand je dis oui alors que je pense non, en fait je me trahis. Quand je me force à sourire alors que je suis épuisée et que j'en ai marre, je me mens à moi-même. Être congruent, ça peut être par exemple dire « je comprends tout à fait votre inquiétude, mais voilà quelles sont mes limites d'orthophoniste » . C'est dire la vérité avec bienveillance. Cette authenticité, loin de fragiliser la relation, a plutôt tendance à la solidifier, à la renforcer. Parce qu'elle est vraie, elle est stable, elle est prévisible. Et du coup, les patients ont plutôt tendance à bien le vivre et à apprécier cette congruence. Deuxième posture intéressante, c'est l'écoute de soi. Souvent, on parle d'écoute active et on pense à la manière dont on écoute l'autre, mais on pense rarement à soi-même. et à l'écoute réflexive qu'on pourrait s'offrir. Est-ce que ça t'arrive de prendre un temps pour toi avant d'écouter l'autre ? Et à te demander comment est-ce que tu te sens dans la relation ? Comment tu te sens dans l'interaction ? Est-ce que tu es à l'aise ? Comment est-ce que tu te sens à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu es sur la défensive ? Est-ce que tu es fatigué ? Est-ce que tu es en empathie ? En fait, le fait de réfléchir à tout ça, ça te permet d'être dans l'autorégulation émotionnelle. Et c'est la base d'une posture juste. Elle te permet de ne pas absorber ce qui ne t'appartient pas et de le laisser à ton patient. L'écoute thérapeutique, en fait, c'est pas porter l'autre, c'est plutôt l'accompagner. C'est la différence entre l'empathie et la fusion. L'empathie, je comprends ce que tu vis. La fusion, je ressens et je prends à ta place. L'écologie relationnelle, c'est donc cette juste distance émotionnelle. Troisième posture que je te propose, c'est le cadre. Le cadre, c'est ce qui soutient la relation sans que tu aies à la porter seule. D'ailleurs, ici, on parle de cadre thérapeutique, mais en fait, le cadre est important dans chaque relation, y compris les relations intimes. Le cadre définit les règles du jeu. En orthophonie, ça peut être, par exemple, la fréquence des séances, leur durée, le rôle de chacun, la responsabilité de chacun. Ce qui est intéressant avec le cadre, c'est que lorsqu'un cadre est posé, tu peux t'y référer. Par exemple, si un parent t'envoie plein de messages en dehors des séances, le cadre te permet de répondre dans les limites prévues. ou de lui rappeler les limites prévues. Si un patient arrive systématiquement en retard, le cadre te donne un point d'appui pour recadrer sans t'épuiser. Le cadre, ce n'est pas une barrière, même si c'est souvent vu comme ça. C'est plutôt une espèce de contenant qui va protéger la relation pour qu'elle reste professionnelle, équilibrée et saine. Quatrième posture que je te propose, c'est ce qu'on appelle les reformulations empathiques. Quand une situation devient tendue ou émotionnellement chargée, La reformulation empathique te permet de ramener de la clarté sans être sur la défensive. Par exemple, le parent pas content qui te dit « j'ai l'impression que ça n'avance pas, c'est toujours pareil » , eh bien tu peux l'accepter, l'entendre en disant « je comprends votre frustration » . C'est difficile de ne pas avoir le changement immédiat. Si vous voulez, on fait le point ensemble pour prendre conscience des différents progrès. Ça peut aussi être... la collègue qui vous dit, ben dis donc, t'as encore pas le temps de venir manger avec nous, franchement, tu pourrais faire un effort, et la réponse écologique pourrait être, je sais que c'est important pour toi, mais là, pour moi, j'ai besoin de prendre le temps de finir de rédiger mes comptes rendus pour être à tête reposée ce soir. La reformulation, c'est une manière de rester en lien sans se justifier, et c'est une compétence clé de l'écologie relationnelle. Alors pour finir, l'écologie relationnelle, c'est aussi une question de posture intérieure. Savoir où je me place dans la relation. Premièrement, attention, dans nos métiers, on a tendance à vouloir sauver les patients plutôt que de les aider. Aider, c'est marcher à côté du patient sur son propre chemin. C'est s'adapter à son rythme. Sauver, c'est vouloir le porter et marcher sur le chemin à sa place. L'un épuise et l'autre nourrit. Cette différence va tout changer. dans la façon dont tu vas vivre le soin. Lorsque tu accompagnes le patient, tu n'es pas responsable de tout son chemin. Tu as une partie de responsabilité uniquement, mais lui fait le reste. Je ne sais pas si tu te souviens, mais on a parlé des positions de vie dans un des épisodes précédents. Pour rappel, il y a quatre positions. La première, je suis OK, tu es OK, plus plus, la relation est équilibrée et peut fonctionner. Deuxième, je ne suis pas ok, tu es ok, la position moins plus qui mène à la suradaptation et à l'épuisement. La troisième, je suis ok, tu n'es pas ok, qui ici est le plus moins et qui est un signe de contrôle, de rigidité et voire de dénigrement de l'autre, de supériorité. La dernière, je ne suis pas ok, tu n'es pas ok, ici il n'y a plus d'espoir, c'est le découragement. L'écologie relationnelle vise à revenir au plus-plus. Je suis ok, tu es ok. Une position d'égalité, de respect mutuel, de confiance dans les ressources de chacun. Si tu ne te souviens pas tout à fait de cet épisode ou si tu ne l'as pas encore écouté, je t'invite à aller le faire, comme ça tu auras des informations un petit peu plus approfondies. Tu viens de parcourir avec moi les trois dimensions de l'écologie relationnelle. Reconnaître les relations qui te nourrissent ou te vident. Adopter une communication congruente et protectrice et ajuster ton positionnement pour préserver ton équilibre. Alors je t'invite à te poser cette semaine une question simple. Dans mes relations professionnelles, où ai-je besoin de remettre un peu d'écologie ? Peut-être en posant une limite, en reformulant différemment, ou simplement en t'autorisant à être toi sans suradaptation. Parce que prendre soin de la relation, c'est aussi prendre soin de toi. Et c'est probablement la plus belle forme de professionnalisme. Je te remercie d'avoir suivi cette trilogie sur l'écologie de soi. Si elle t'a parlé, n'hésite pas à la partager à une collègue à qui ce message pourrait faire du bien. Et surtout, rappelle-toi, l'écologie de soi, en fait, c'est pas un luxe. C'est simplement une manière d'habiter pleinement ta vie et ton métier. Je te dis à très bientôt dans OrthoBoost. Musique