Speaker #0Il y a une peur dont on parle beaucoup, mais souvent de façon un peu superficielle, la peur d'être vue. On dit j'ai peur du regard des autres, j'ai peur d'être jugée, j'ai peur de ce qu'on va penser de moi. Mais si je suis honnête, ce n'est pas vraiment de ça dont j'ai envie de te parler aujourd'hui. J'ai envie de te parler de ce qu'il y a derrière ces pensées. Parce que dans mon expérience personnelle, professionnelle, humaine, La peur d'être vue n'est presque jamais une peur sociale. C'est une peur intime, une peur existentielle, une peur archaïque. La peur d'être vue, c'est la peur d'être percée à jour. La peur qu'on voit ce que moi-même parfois, j'ai du mal à regarder. Bonjour et bienvenue sur Osez l'âme, le podcast qui te connecte à ton être profond. J'espère par nos partages te réveiller et te révéler pour... Oser être et oser la vie. Mon nom est Betty Dutris, je suis passionnée par le prendre soin, la thérapie, la spiritualité. J'enseigne à l'IFPIA la psychogénéalogie évolutive, la psychoénergétique intuitive et plein d'autres choses. Je suis également autrice du livre La médiumnité spirituelle. J'espère dans cet épisode te donner des clés qui te permettront d'ouvrir ton cœur pour laisser chanter ton âme. Chaque épisode est une invitation à la introspection pour exprimer plus librement toutes les parts de ton être. Il me semble que Jung disait un truc de ce type. Ce à quoi tu résistes persiste, ce que tu regardes se transforme. Et ce que nous résistons le plus souvent à regarder, ce n'est pas notre faiblesse, c'est notre vérité. Je voudrais te partager une expérience très simple, très concrète, mais qui dit énormément de choses. Je danse, alors il fut un temps où quand je dansais, il se passait quelque chose de très particulier. Il y avait deux endroits très différents pour moi. Quand je me mettais au sol, proche de la terre, je me sentais en sécurité, je me sentais soutenue, légitime dans mon corps. Je prenais vraiment de la place sans même y penser. Mais dès que je me redressais, dès que j'étais debout, dès que je me sentais visible, quelque chose se figeait. Mon souffle devenait plus court, mon corps se raidissait, la honte apparaissait sans raison rationnelle. Et il me traversait ce type de pensée. J'invoquais silencieusement. Je priais pour que les autres ne me regardent pas. Ce n'est pas le regard qui fait peur en fait, c'est ce qu'ils pourraient révéler. En thérapie, je rencontre souvent des femmes et des hommes aussi qui vivent exactement ça dans leur vie. Donc pas forcément dans la danse, mais dans la parole, dans ce qu'ils vivent au quotidien, dans la visibilité professionnelle, dans la relation amoureuse, dans la création. dans la spiritualité même. Dès qu'il s'agit d'apparaître un peu plus, le corps dit non, l'esprit dit non. Et quand on écoute vraiment ce nom, il raconte souvent la même histoire. Je n'ai pas le droit. Je n'ai pas le droit d'être trop, je n'ai pas le droit de briller, je n'ai pas le droit d'assumer ce que je sens, ce que je sais, ce que je désire. Et là, on touche quelque chose de très profond. Parce que la peur d'être vu n'est pas seulement la peur d'être jugé, c'est la peur d'être en faute d'exister, comme si être soi était un délit. Winnicott parlait du faux self, comme d'une organisation de survie, un masque construit pour rester, pour être aimé, pour être accepté, pour être en lien. Jung en parlait aussi beaucoup, lui utilisait le mot persona. C'est-à-dire rester dans le personnage, un type de personnage, rester dans un masque pour ne pas laisser voir d'autres choses de nous, pour être accepté là aussi, pour être aimé. Et tout cela fonctionne très bien, jusqu'au jour où l'âme commence à étouffer. À ce moment-là, quelque chose en nous veut sortir, une sensualité, une intelligence, une puissance, une autorité. Une parole. Mais cette part-là a souvent été humiliée très tôt, parfois violemment, parfois subtilement, par des regards, des silences, des moqueries, des injonctions, des interdits. Alors être vu devient dangereux, parce qu'être vu ce n'est pas montrer son corps, c'est montrer son désir. Or le désir, surtout chez les femmes, c'est encore profondément associé à la honte. Freud parlait du conflit entre pulsions et surmoi, mais au-delà de la théorie, ce conflit se vit dans la chair. Je le vois en séance, surtout pour les femmes. Des femmes brillantes, belles, profondes, sensibles. qui ont appris à se diminuer pour ne pas déranger. Elles savent qu'elles ont quelque chose et c'est précisément ça qui leur fait peur. Parce que si je reconnais mon atout, je deviens responsable de ce que j'en fais et je risque de ne plus pouvoir me cacher. La peur d'être vue est souvent la peur d'être vue en train d'assumer. Assumer sa sensualité, assumer sa parole, assumer son intelligence, assumer sa force. Et ça c'est compliqué pour nous les femmes, parce que historiquement on nous a souvent demandé de nous faire petites, on nous a brûlées, on n'avait pas le droit de décider, d'avoir des idées politiques. Je rappelle quand même qu'il y a peu on n'avait pas le droit de vote. En fait c'est tout ça qui est dans l'inconscient collectif. Et c'est encore vécu comme transgressif. Jung disait « Les gens feront tout, aussi absurde que cela puisse paraître, pour éviter d'affronter leur propre âme. » Parce que rencontrer son âme, c'est rencontrer sa lumière et son ombre. Et parfois la lumière fait plus peur que l'ombre. Je vois aussi l'autre versant, la peur d'être vu dans sa maladresse, dans son ridicule, dans son inexpérience. Cette peur-là dit la même chose, si on me voit comme je me ressens à l'intérieur, je ne survivrai pas. C'est la peur de la honte. La honte n'est pas la culpabilité, ce sont deux choses très différentes. La culpabilité dit j'ai mal fait, la honte dit je suis mal. Et c'est exactement ça qui se réveille quand on est figé par la peur d'apparaître. La peur d'être vu, c'est la peur d'être vu humaine. Pas idéale, pas maîtrisée, pas parfaite, juste vivante. Alors beaucoup choisissent une stratégie inconsciente, vouloir être vu mais se cacher. Créer mais ne pas montrer. parler mais pas trop fort, exister mais en s'excusant et ça crée une tension immense parce que l'âme, elle, veut apparaître. Je suis sûre que tu peux te reconnaître dans ce que je viens de dire, en tout cas moi je me reconnais encore aujourd'hui là-dedans. Ilman disait que l'âme cherche toujours une forme et si on ne lui en donne pas une consciemment, elle la cherchera dans le symptôme. fatigue, anxiété, blocage, autosabotage, alors comment on fait ? Pas en se forçant, pas avec des exigences, ni en se disant il faut, mais en allant rencontrer ce que je refuse de voir, ou ce que je refuse d'être vu en train d'assumer. En allant rencontrer vraiment... ce qui me fait honte, ce qui me gêne, ce qui provoque des émotions désagréables, parce que j'ai peur de moi-même. Parce qu'en vérité, on parle beaucoup du regard de l'autre, mais c'est aussi de moi à moi. Allez, je te propose un petit temps de pratique pour aller voir ça, pour aller rencontrer cette lumière à l'intérieur de toi. Un temps de rencontre. Pas seulement avec une peur, mais plutôt avec ce qui veut vivre derrière cette peur, ou derrière cette honte, derrière cette angoisse. Allez, ce qui est là pour toi, dans la lumière. Installe-toi confortablement. Si tu le peux, ferme les yeux, laisse ton souffle. S'allonger doucement, de façon naturelle. Une respiration ronde, tranquille. Et reviens à cette part de toi dont on a parlé tout à l'heure, cette part que tu as peur de laisser apparaître, cette part que tu caches, que tu contiens, que tu surveilles. Ne cherche pas à la comprendre, ne cherche pas à la nommer avec des mots, laisse-la simplement prendre une forme. Peut-être tu peux l'accueillir en termes de sensations, d'émotions, peut-être sentir une énergie quelque part là dans ton corps. Et si cette part était une énergie, comment serait-elle ? Une couleur, une densité, chaud, froid, expansive, concentrée, fluide, structurée, peu importe, laisse venir ce qui est là. Puis laisse cette énergie devenir une présence, un archétype. Sans réfléchir, laisse venir une image symbolique. Ça peut être très simple ou très précis. Une femme debout, avec des caractéristiques précises, peut-être qu'elle te fait penser à quelque chose de la mythologie, une histoire que tu as déjà entendue, une prêtresse, une reine, ou tout autre chose, un enfant sauvage, une voix, un feu, un animal, une couleur. Laisse venir ce qui est là pour toi. Maintenant, imagine que cette énergie se rapproche de toi. Elle ne te regarde pas, elle ne te juge pas, elle est toi. Puis imagine que cette énergie devient ton habit, comme un manteau, une robe, une cape, une seconde peau. Laisse-la se déposer sur ton corps. Ressens que ça change dans ta posture. dans ta respiration, dans ton regard intérieur. Et comment tu te tiens quand tu portes cet habit-là ? Comment tu respires ? Comment tu occupes l'espace ? Et observe simplement le langage de ton corps. Peut-être que ton corps se redresse, il s'alourdit, il s'ouvre, il se détend. ou toute autre chose, laisse venir accueil. Puis pose-toi cette question, si je laissais cette énergie me traverser un peu plus dans ma vie, qu'est-ce qui changerait ? Peut-être dans ta manière d'être au monde, dans ta manière de parler, de marcher, peut-être un nouveau rôle que tu pourrais prendre dans la société, dans ta famille. Une manière de poser une limite, de créer, d'aimer, de te montrer. Reste quelques instants avec cette sensation. Et rappelle-toi ceci, tu n'as pas à devenir quelqu'un d'autre, tu n'as pas à forcer. Il n'y a personne à convaincre. Cette énergie est déjà en toi. Elle cherche juste une forme consciente. Et quand tu seras prêt, t'imagines que cet habit symbolique reste disponible, que tu peux le remettre quand tu en as besoin, et le retirer quand c'est juste, il est à toi. Et peut-être que la prochaine fois, quand tu sentiras cette peur d'être visible, cette peur d'être vu, quand cela apparaîtra tu pourras simplement te demander quelle part de moi demanderait être incarnée plutôt que cachée et je t'invite à prendre une grande respiration et à revenir dans l'huissier maintenant et c'est exactement ça Voilà pour cet épisode, j'espère qu'il t'a plu. Si tu veux soutenir le podcast, tu peux t'abonner, tu peux t'inscrire à la newsletter IJPIA. Like, commente, tu peux m'envoyer des messages, je réponds avec beaucoup de plaisir à chaque fois. Je te dis à lundi prochain pour un nouvel épisode. Ce sera peut-être les derniers pour cette saison. Allez, je t'en parlerai un peu plus la prochaine fois. Prends bien soin de toi, je t'embrasse, à bientôt.