- Speaker #0
Le monde des petites entreprises est fascinant. C'est un mélange unique de débrouillardise et d'adaptabilité. Mais parfois, on manque de compétences clés pour aller plus loin. Tu le ressens aussi ? Alors ce podcast est fait pour toi. Je suis Perrine Thiébaut, consultante en transformation numérique et je déniche pour toi les meilleurs outils, méthodes et technologies pour gagner en efficacité. Seule ou avec mes invités, je te partage des conseils actionnables pour avancer en toute sérénité. Alors, prêt à oser l'efficacité ?
- Speaker #1
Troisième épisode de notre série PME, se démarquer, innover ou disparaître. La question du jour, c'est comment passer de sous-traitant à innovateur en propre ? Parce que quand on lance son entreprise, on cherche à répondre à un besoin de marché et on peut facilement entrer dans le piège d'être un exécutant pour ses clients sans pouvoir réellement dégager une valeur différenciante qui nous permet de durer. On va explorer dans cet épisode comment on change de modèle. Alors Olivier, pour une entreprise qui serait coincée dans un modèle d'exécution justement, Pourquoi tu lui suggérerais d'en sortir et de créer sa propre valeur ?
- Speaker #2
Peut-être avant de répondre directement à ta question, je voudrais quand même rappeler le fait que d'être sous-prétent n'est pas une maladie, n'est pas une tare. Il y a des entreprises, des PME, des étudiants qui vivent et qui se développent depuis des décennies sur de la sous-prétence qui font ça très bien. Par contre, pour revenir à ta question, évidemment, il y a des bénéfices qui sont associés à basculer de sous-prétent à produit en propre. Pour en citer quelques-uns, des marges supérieures, des marges améliorées, une maîtrise totale du produit et de sa production. On peut aussi parler de renforcer sa marque et sa visibilité par rapport à un sous-traitant qui sera très peu visible et très peu connu. On peut parler de réduire sa dépendance aux donneurs d'ordre et donc d'avoir la maîtrise de son destin, d'avoir les choses en main et de ne pas être dépendant de ses donneurs d'ordre. Voilà peut-être quelques bénéfices qu'on peut citer.
- Speaker #1
Ça marche. Et quand on veut faire ce pivot, du coup, c'est quoi les premières étapes à mettre en place pour bien réussir la transition ?
- Speaker #2
Alors, moi, je préconise toujours de faire un diagnostic finalement de l'entreprise, de s'assurer qu'on pose bien, qu'on comprend bien ses forces, son expertise, son savoir-faire. Et puis, la deuxième étape clé, c'est de faire un diagnostic marché, en fait, d'identifier des opportunités de marché. Pour s'assurer que l'entreprise bascule sur l'innovation, sur là où il y a de l'attraction commerciale, là où il y a un marché potentiel à acquérir.
- Speaker #1
Ok. Et est-ce qu'il y a des risques à sortir d'un marché ? Parce que la réponse est oui, évidemment. Mais on va dire quand on est à l'aise d'être sous-traitant, de passer sur un nouveau modèle. Alors, tu l'as présenté, c'est certes plus lucratif a priori, mais ça doit présenter quand même quelques risques de pivoter finalement.
- Speaker #2
Bien sûr, quand on innove et qu'on change de métier, il y a... Il y a forcément toujours des risques associés. L'innovation ne peut pas se faire sans risque. Le changement de métier, de passer sous-traitant, faire un produit en propre, ne peut pas se faire sans risque associé. Mais il faut évidemment s'assurer qu'on ait la trésorerie pour investir en recherche et développement. Bien souvent, il va falloir acquérir de la compétence et de l'expertise qui n'existent pas en interne. Mais il y a un élément qui est clé dans tout ça, c'est d'installer finalement un état d'esprit, une innovation, un mindset. Et tout ça ne fait pas du jour au lendemain, ça demande du temps, c'est de la complexité supérieure. Donc il faut s'assurer de mettre en place des expertises, des compétences, à la fois R&D techniques, mais aussi des compétences marketing et commerciales, puisque quand on est sous-prétendant, on n'en a pas forcément besoin. Donc il y a cette acquisition de nouvelles compétences, mais encore une fois, pour moi, le point de départ pour minimiser les risques, c'est de s'assurer que l'entreprise installe un esprit, un état d'état. et l'innovation une gouvernance qui permettent à l'organisation, à l'entreprise, aux personnes qui la représentent, de l'innover et de se sentir complètement encouragé et infusé à innover.
- Speaker #1
Justement, cette culture de l'innovation, tu préconises qu'elle soit ancrée avant de se lancer ou est-ce que c'est quelque chose qui peut s'apprendre au fur et à mesure où on effectue notre pivot ?
- Speaker #2
Oui, encore une fois, il y a des éléments de départ qui sont plutôt des éléments structurants, de gouvernance, de s'assurer que la direction, la gouvernance soit établie et mettre en place des leviers, des opportunités d'eux. Après, de nouveau, tout ça ne se fait pas du jour au lendemain, donc il faut savoir aussi jalonner et définir, poser un cadre, mais aussi se donner le temps de progresser et de devenir. une entreprise plus innovante et tout ça, c'est du temps et de l'énergie, ça ne se fait pas en 24 heures.
- Speaker #1
Est-ce que ça existe un sous-traitant innovant qui reste finalement un sous-traitant, mais qui est choisi par d'autres entreprises par sa capacité à apporter un petit plus finalement par rapport à ce qui lui est demandé ? Est-ce qu'on peut avoir le beurre et l'argent du beurre finalement ?
- Speaker #2
Non, bien sûr. Un bon sous-traitant se doit de toute façon d'être différent, de se différencier de sa concurrence. Ça va être par sa qualité et sa capacité à exécuter, d'exécuter dans les délais impartis, dans les coûts, l'aspect économique. Donc un sous-traitant de toute façon doit se différencier. On ne sait pas de la différenciation que quand on innove en propre. On se doit d'être différent et de se différencier de sa concurrence même quand on est sous-traitant.
- Speaker #1
Ok. Et au moment de se lancer, parce qu'on parle souvent de la notion d'Ikigai, le principe de trouver quelque chose qu'on aime faire, qu'on sait faire et pour lequel il y a un marché, donc pour lequel on peut être payé pour. Est-ce qu'on retrouve cette notion-là dans le fait de bien choisir son produit, le produit à lancer pour finalement créer notre valeur et avoir un produit en propre ?
- Speaker #2
Alors effectivement, il y a deux types d'approches. Il y a plutôt partir d'une page blanche. ce qu'on appelle la stratégie Blue Ocean, l'océan bleu, où on part d'une tâche blanche et qui, quelque part, risque maximum parce qu'on va pousser l'innovation très loin et sans avoir beaucoup de historique ou de background. Moi, je recommande aux PME industrielles, et notamment celles qui, historiquement, sont sous-traitantes, de prendre une approche plus modérée, moins risquée. avec les deux éléments que j'évoquais tout à l'heure, c'est-à-dire de partir d'un diagnostic, de poser un diagnostic des forces, du savoir-faire, des expertises de la PME, et de trouver ce diagnostic avec des opportunités de marché qu'on identifie, et s'assurer qu'il y a bien un maillage entre ce que les forces, le savoir-faire, l'expertise de la PME sont, et ce que ces opportunités de marché sont et permettent. Donc voilà, c'est ici que j'avais un... Une recommandation à faire pour la majorité des PME industrielles qui souhaitent innover en propre, c'est de poser un diagnostic de leur force, de leur savoir-faire, de leur expertise et aussi de faire une étude de marché, d'identifier des opportunités de marché et de croiser ces deux éléments clés et de voir là où il y a le meilleur manuel.
- Speaker #1
Ok, merci. Il y a quelques semaines, on parlait sur le podcast d'Innovation Collective avec Hendrik Meunier. Je vous invite à écouter les épisodes qui sont assez complémentaires avec ce qu'on est en train de se dire aujourd'hui. Est-ce que tu conseilles d'innover seul ou en partenariat ? Est-ce qu'on peut trouver ailleurs finalement une petite étincelle supplémentaire pour trouver son produit de market fit ou pour trouver le bon sujet ? Et est-ce que tu vois des avantages, des risques à partir seul ou en collaboration sur ces sujets ?
- Speaker #2
Effectivement, le sujet de l'innovation collaborative est un sujet aussi passionnant. En anglicisme, on parle d'open innovation. C'était d'ailleurs le sujet de la conférence que j'ai organisée dans le cadre de la French Tech Jeune Voix Français. en novembre 2024, le lendemain dernier, où on a réuni des start-up, des PME, des LCI, des grands groupes, mais aussi des institutions académiques et scientifiques à se poser, à dialoguer, et éventuellement à identifier des partenariats possibles. Mais pour revenir à ta question, et d'ailleurs l'un des panélistes qui est intervenu pour cet événement, Romain Gandia, qui est enseignant-chercheur et co-président de la chaire IOPEN de l'Université Savoie-Montblanc, le disait très bien. le démontre dans ses travaux de recherche. Pour réussir une innovation collaborative, il faut déjà avoir un minimum de pré-réquis, un minimum de maturité en termes d'innovation en interne. C'est compliqué de réussir de l'innovation collaborative quand on est soi-même une organisation qui n'a pas l'habitude, qui n'a pas de process de gouvernance liée à l'innovation. Donc c'est souvent... Une deuxième étape, mais par contre, l'innovation collaborative a plein d'avantages. Un avantage d'aller plus vite, un avantage d'accéder à des expertises externes qui sont déjà solides, plutôt que de repartir peut-être d'une page blanche. Une meilleure adaptation au marché, une trahibilité aussi. Parce qu'on s'associe avec un partenaire prévisible, avec une sorte d'image de marque, et bien ça va renforcer sa propre image. donc c'est aussi réduire ses coûts de R&D si on accède à de la technologie à de la R&D qui est déjà mieux maîtrisée en externe tout ça va permettre d'aller plus vite de réduire les délais, les coûts on parle dans le jargon de technology ready-net-level et de manufacturing ready-net-level TRL ou MRL évidemment quand on fait de l'innovation ouverte tout ça va pouvoir nous permettre de réduire les délais et les coûts
- Speaker #1
donc la principale problématique ce serait d'avoir deux entreprises qui n'ont pas la même maturité par rapport à l'innovation qui fait que ça ne marcherait pas si on prend par exemple la collaboration startup grand groupe un grand groupe qui ne serait pas prêt, qui n'aurait pas une stratégie d'innovation forte ne pourrait pas travailler avec une startup qui elle vide l'innovation c'est un peu ça ?
- Speaker #2
Oui complètement et puis au delà de cette question État d'esprit, mindset, gouvernance, innovation, il y a aussi évidemment entre un grand groupe et une start-up, la gestion du temps, la complexité des organisations n'est pas la même, une start-up doit se développer rapidement, elle a une échelle de temps qui n'a rien à voir avec une multinationale ou un grand groupe. Donc il y a des complexités, il y a des risques à toucher à ce que je dis, à cette innovation ouverte. de l'innovation collaborative, il y a des sujets autour de la propriété intellectuelle, des aspects juridiques, de confidentialité, encore une fois ces complexités de grands écarts entre un grand groupe et une start-up en termes de gestion du temps et de la gestion des ressources, qui sont souvent parfois clépeurs dans des grands groupes et très peu dans des start-ups, donc il y a toutes ces difficultés, mais encore une fois... L'innovation collaborative peut avoir un réel bénéfice en termes d'aller plus vite et de réduire ses coûts de R&D, ses coûts d'investissement, parce qu'on collabore avec une expertise complémentaire à la nôtre.
- Speaker #1
On l'a bien senti, j'avais assisté à la conférence Open Innovation, c'était très très intéressant. On l'a bien senti, cette différence de timing entre grands groupes et startups, c'est un sujet qui revenait assez régulièrement de point de friction sur certains sujets qu'ils pouvaient partager, de ne pas avoir... pas avoir le même calendrier, tout simplement. Pour un sous-traitant qui voudrait changer de modèle, est-ce que tu aurais un top 3 des erreurs courantes que tu peux voir chez les personnes que tu accompagnes et comment les éviter ? Un petit peu pour les rassurer et se dire que quand on connaît bien les erreurs, on peut les éviter et on peut se lancer en minimisant les risques.
- Speaker #2
Je vais revenir sur la première, ce que j'évoquais tout à l'heure, c'est partir d'une page blanche, de l'autre en bleu, ça peut être sympa, très stimulant, formidable. Moi j'encourage les PME industriels qui veulent faire le niveau de sous-traitance à innovation propre à partir de choses plus pragmatiques. Et donc encore une fois d'associer ce diagnostic des forces, des expertises et des savoir-faire. Mais aussi surtout de le compléter par l'écoute, l'observation des marchés. S'assurer qu'on part sur des développements, des innovations où il y a un vrai besoin, des points de friction, des problèmes à résoudre. chose que beaucoup d'entreprises ne font pas en fait, elles ont une idée technique, technologique, en se disant c'est la meilleure idée du lieu, on a la meilleure idée au monde, donc voilà, c'est la principale erreur à éviter, c'est de coupler, de faire un bon diagnostic de ces forces, de ces expertises, mais aussi et surtout de l'associer avec un diagnostic marqué, d'identifier des opportunités, s'assurer que c'est des besoins, des attentes. qu'il soit clairement exprimé ou qu'il soit plus laissant. Mais en tout cas, d'identifier, d'observer des points de friction, des pain points et de transformer ces pain points, ces points de friction, ces besoins en opportunités marchées.
- Speaker #1
Ok, très bien. Ça nous fait de belles perspectives d'avenir pour exister en tant que société à part entière et pas juste en tant qu'exécutant si c'est vraiment la direction qu'on veut donner à son entreprise. Et donc, dans le prochain épisode, on va répondre à la question comment utiliser la transformation digitale comme levier de croissance. Forcément, c'est le sujet qui m'anime d'autant plus puisqu'on est quand même sur le podcast pour réussir sa transformation numérique en tant que société industrielle.