Speaker #1Au cœur de notre série sur les journées usines ouvertes 2025, aujourd'hui, je vous emmène avec moi dans ma propre visite d'usine chez Nicomatic. Nicomatic, c'est une entreprise basée en Haute-Savoie, à Bon-en-chablais précisément, et je peux vous le dire d'entrée de jeu, on est à mille lieux des clichés de l'usine poussiéreuse, bruyante et en souffrance. En fait, dès la prise en charge, on sait qu'on est en train de vivre une expérience qui ne va pas être ce à quoi on s'attend d'une usine habituellement, et selon les croyances que l'on peut avoir encore aujourd'hui. Dès le hall d'entrée, l'ambiance est posée. On a un accueil qui est digitalisé, on rentre ses informations soi-même, impression directe de l'étiquette. Le visiteur est identifié, ça va très vite, c'est hyper fluide. L'environnement est lumineux, propre, design soigné. Et là, petit gadget mais qui je trouve fait son effet, on a une armoire qui présente les produits de Nicomatic. Et surtout, quand vous prenez un produit dans la main, l'armoire vous dit ce que c'est. Forcément ça envoie tout de suite et je trouve que c'est de la très grande classe. Et surtout ça intrigue. On sent qu'on va vivre vraiment quelque chose de différent. Une fois accueillis, on se retrouve en salle, juste avant de passer dans l'atelier pour une présentation de l'entreprise. Et ce qui m'a frappée, c'est que Nicomatic a une proposition de valeur extrêmement forte. Ils se sont positionnés sur leur capacité à répondre très vite à des demandes ultra spécifiques. Si vous avez besoin d'un connecteur dans un tout petit espace, globalement, ils sauront délivrer la pièce qu'il vous faut. Oui, on est sur de la petite série, mais comme on est sur des demandes très spécifiques et des demandes pour lesquelles les clients sont prêts à payer, ça permet à Nicomatic de générer de la marge sur cette expertise et sur cette différenciation. Donc chez eux, on ne cherche pas à faire du volume, on cherche à jouer sur la carte de l'agilité et de la réactivité. Et d'ailleurs, l'importance de la création d'une proposition de valeur forte, c'est exactement le sujet que nous évoquions avec Olivier Gros dans les épisodes précédents, qui concernait les stratégies de croissance en PMI. Je vous mets le lien en description, comme ça vous pourrez les rattraper si jamais vous êtes passé à côté. Bon, on a fait assez de théories, maintenant c'est l'heure de passer à la pratique. On veut le voir cet atelier. Alors une fois dans l'atelier, c'est une nouvelle claque. Là, il n'y a pas de tâche d'huile, pas de clé à molette abandonnée, non. Tout est rangé, pensé. Globalement, le fonctionnement semble hyper fluide. On voit que le Lean est appliqué partout, mais on ne sent pas de rigidité. On sent que c'est vraiment une approche Lean qui aide et qui contribue à la fluidité des processus. globalement, c'est une usine dans laquelle on respire, on ne se sent pas du tout étouffé, tout est propre, tout est aéré, il y a des zones pour produire, des zones pour circuler, on ne se marche pas dessus, on avance, globalement, le process coule, et c'est hyper agréable à regarder. Et le truc, c'est qu'on est loin d'être uniquement sur des optimisations matérielles, techniques, de l'atelier. Le management aussi est incroyable. En fait, c'est ça qui fait que Nicomatic est un peu un ovni de l'industrie française, et peut-être qu'on... Honnêtement, j'espère que c'est des stratégies qui vont se développer dans le futur. Mais déjà, ils ont une gouvernance qui tourne tous les trois ans entre les deux frères dirigeants. L'un est très orienté optimisation, l'autre innovation. Alors, c'est des approches qui sont totalement différentes et totalement à l'opposé finalement, mais qui créent du coup un équilibre qui est parfois un peu abrupt à suivre au moment de la transition. Mais c'est aussi ce qui a fait que Nicomatic en est là aujourd'hui. un esprit d'innovation qu'on va optimiser. On innove, on optimise et c'est comme ça qu'on avance. Moi je trouve ça assez intelligent en tout cas. Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est le fonctionnement de l'atelier. Il n'y a pas de pointeuse, il n'y a pas de management hiérarchique au sens classique. L'usine est divisée en mini-usines qui fonctionnent en mode client-fournisseur en interne et à l'intérieur ce sont les équipes elles-mêmes qui définissent leur organisation, leurs horaires, leurs congés. Alors ça peut déstabiliser au début et il y a un peu de casse à l'embauche. Mais ceux qui restent ne veulent plus faire machine arrière. Et dans une région où la Suisse est une concurrente redoutable sur les salaires, il faut bien trouver d'autres armes pour lesquelles se battre. Et clairement, la flexibilité au travail, même en travaillant à l'usine, c'est un levier qui est encore trop peu exploré. Cette décision a une origine assez logique finalement, c'est que le dirigeant ne voulait plus être un goulot d'étranglement. Il ne voulait plus prendre des décisions sur lesquelles il ne se sentait pas être le plus légitime à prendre. Parce que finalement, un problème qui arrive au niveau du terrain, Le temps que ça remonte les différents niveaux managériaux et que le dirigeant prenne la décision, s'il doit récolter toutes les informations pour prendre la meilleure, et puis de toute façon c'est quelqu'un qui est déjà débordé, il va forcément ralentir le processus, peut-être que ce sera la meilleure décision. Mais est-ce qu'il vaut mieux une décision efficace, pas forcément optimisée, mais efficace à un instant T, ou une décision qui est prise très en retard, mais qui sera peut-être la meilleure ? Et encore, dans sa réflexion, il se disait « Je ne suis pas forcément la meilleure personne pour prendre la décision, puisque je ne suis pas sur le terrain. » Donc résultat, ici, la décision se prend au plus près du terrain. Est-ce que ça déraille parfois ? Oui, absolument. Mais dans la vision, toujours, du dirigeant, c'est de se dire « 1% du temps, ça peut dérailler. » Mais en fait, ça ne gâchera jamais les 99 autres pourcents du temps où on a gagné énormément de temps et où on a été capable de tenir nos objectifs de délivrabilité rapide des produits à nos clients. Et puis bon, j'aime bien regarder comment une usine est organisée. Dans l'atelier, on voit aussi bien des postes manuels, mais aussi énormément d'automatisation intelligente. Ce que j'en retiens, c'est que les tâches pénibles ou répétitives sont déléguées à des robots. Et tout est pensé pour réduire les erreurs. Il y a des détrompeurs, des étiquettes électroniques, des kits de montage qui se préparent tout seul en fonction des listes d'approvisionnement. Pour moi, dont le métier, c'est d'apporter justement des solutions digitales aux usines. C'était un petit peu le paradis. Et puis quand même, j'ai un petit coup de cœur pour cette machine qui est capable d'assembler deux petits objets de quelques millimètres seulement et de vérifier par différents postes de contrôle qu'ils sont bien emboîtés. Je n'imagine pas si une personne devait faire ça à longueur de journée. Là, on est clairement sur de la pénibilité évitée. Globalement, c'est une usine qui a compris comment utiliser au mieux l'humain et comment lui faciliter la tâche en lui apportant des outils qui vont lui permettre de faire les bons choix, de ne pas faire d'erreurs et finalement de pouvoir exécuter au mieux les missions sur lesquelles il a de la valeur ajoutée. Globalement, vous l'aurez compris, j'ai été bluffée par cette visite. Nicomatic, c'est une usine nouvelle génération. Un modèle vraiment inspirant pour toutes celles et ceux qui veulent réconcilier performance et bien-être au travail dans le monde de l'industrie. Franchement, pour un événement qui vise à redonner ses lettres de noblesse à l'industrie, c'était juste l'ambassadeur de rêve. Mais je n'étais pas seule dans cette visite. Demain, on écoutera les autres visiteurs. Lycéens, retraités, professionnels. J'ai vraiment effectué ma visite avec des personnes de tous bords. Et ce qui m'intéresse, c'est de savoir s'ils ont été aussi impressionnés que moi. Bon, du coup, réponse dans le prochain épisode.