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OSONS la Mayenne - parcours féminins d'entrepreneurs engagés

OSONS La Mayenne - Saison 2 - Estelle Gillois - Transports Gillois

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17min |02/07/2025
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Description


Une femme dans un monde d’hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le soucis des équipes, le regard franc. 


Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L’odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l’entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. 


Ancré au cœur du pays de Craon, les grands-parents sont d’abord grainetiers, leur fils, Jean-Louis, conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. 

Au retour de l’armée, il se lance dans le transport et crée les transports Gillois en 1962, qu’il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. 


Après une école de commerce et son diplôme d’expertise comptable, Estelle reprend l’entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. 


Ancrage territorial, travail, soucis pour chacun sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l’entreprise. 


Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l’aventure des Transports Gillois.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat, j'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. L'entreprise familiale en Mayenne est une entreprise engagée. La réussite d'un homme dans l'entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale.

  • Speaker #1

    Une femme dans un monde d'hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le souci des équipes et le regard franc. Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L'odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l'entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. Ancrée au cœur du pays de Cran, les grands-parents sont d'abord Grenty. Leur fils Jean-Louis conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. Au retour de l'armée, il se lance dans le transport et crée les Transports Gilois en 1962, qu'il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. Après une école de commerce et son diplôme d'expertise comptable, Estelle reprend l'entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. Attachement au territoire, travail, soucis pour chacun, sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l'entreprise. Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l'aventure des transports gilois. Estelle, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous recevoir ce matin. Pour commencer, je vous propose de nous raconter en quelques mots l'histoire de l'entreprise parce que certes vous êtes la deuxième génération, mais je crois que vous êtes quand même la troisième génération d'entrepreneurs dans la famille.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Mes grands-parents étaient graintiers. comme beaucoup dans le transport. Ils avaient une grainerie et ils ont commencé avec un camion, puis deux à transporter des céréales, des pommes, des engrais, etc. Donc ça a donné l'idée à mon père, au retour de son service militaire, de se lancer dans le transport. Alors mon père conduisait son camion à 14 ans. C'était à l'époque, je ne sais pas si ça se faisait, mais en tout cas c'est ce que lui faisait. Et il a commencé à cet âge-là à aller faire du transport un peu partout en local. Et puis, vite sur la région parisienne, puisqu'ils emmenaient leurs pommes, ils les vendaient dans les rues parisiennes. Donc, il a commencé à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, il a lancé l'entreprise en 62 ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et alors, racontez-nous cette épopée, puisque j'imagine que l'entreprise a dû grandir. Donc, comment en sommes-nous aujourd'hui en 2024 ? à l'entreprise depuis 1962.

  • Speaker #0

    Alors ils ont commencé rue de la gare à Cran, ils plaçaient les trois camions sur la place centrale pour le week-end et ils faisaient la mécanique dans le hangar de la grainerie parce que de la mécanique, ils en faisaient tous les week-ends, il fallait tout le temps refaire les moteurs, on n'est pas du tout sur les mêmes véhicules qu'aujourd'hui. Ils faisaient ronfler tout ça avant de partir, on ne parlait pas d'environnement à l'époque. Il a commencé avec quelques chauffeurs, puis il a augmenté. Et il a déménagé en 1970 pour venir sur le site des Sablonnières, où nous sommes toujours actuellement. Alors nous avons une soixantaine de véhicules, 66 conducteurs. Nous sommes au total 89 salariés. Nous avons une activité nationale, un tout petit peu d'international, avec des taux de linéaire. Donc c'est des rideaux coulissants, des plateaux, quelques citernes alimentaires et des camions remorques avec grue. Donc un certain nombre de spécialités différentes. C'est un choix de ne pas tout faire non plus. On n'a pas de frigo parce que là, je crois que ce serait la fin du bagne. Donc je n'ai pas de frigo. Je n'ai pas non plus de baine parce que j'ai des confrères qui le font très bien. et si on se disperse. On ne va pas jusqu'au fond de la gestion et de l'organisation des choses. Donc c'est quelque chose d'important pour nous. La logistique, mon père s'y est lancé très en amont dès 1975. Et les gens qui, dès 1975, étaient dans la logistique étaient très rares. On a deux spécialités, la logistique vrac, donc stockage de céréales, et la logistique en palette, donc la palette avec du vrac ou sans vrac. avec des préparations et suivi informatique des panneaux. Oh, moi, je suis née en 71, donc au milieu de l'entreprise. La maison est au milieu des camions. Donc, des souvenirs, j'en ai plein. On va dire que je n'en ai pas beaucoup ailleurs, d'ailleurs. Donc, je voyais les camions de tous les côtés. On a eu des bons et des mauvais souvenirs. On a vu les colères du chef d'entreprise. On a vu les bonnes tranches de vie aussi avec les salariés, notamment le samedi midi. On a vu... On a toujours vu des clients venir à la maison, reçus par mes parents. Ça fait partie de notre ADN. On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat. J'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. Quand j'avais 8-9 ans, au début, je voulais être avocate parce que mon père en avait souvent besoin. Et après, très vite, je me suis dirigée... en disant je veux faire une école de commerce pour être très complète, très généraliste. J'ai fait l'ESCA à Angers. Et puis, dans le parcours ESCA, je suis partie sur la partie finance compta. Je suis partie en cabinet comptable faire mon stage de fin d'études et attaquer en même temps les différents UV pour avoir le diplôme d'expert comptable parce que je voulais être diplômée expert comptable pour reprendre la boîte parce que dans le transport, la gestion, c'est mettre au bout.

  • Speaker #1

    Donc vous aviez quand même dès le départ cette idée d'aller travailler dans l'entreprise familiale quand vous avez fait vos études ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait, je voulais reprendre la direction, mon papa était beaucoup plus âgé que moi, donc quand je suis arrivé il a tout de suite pris sa retraite, il m'attendait avec impatience, on a fait quelques mois ensemble et puis il nous a lâchés, c'était un énorme gage de confiance. Parce que lâcher l'entreprise à ses enfants comme ça, avec aussi peu d'expérience, c'était énorme. Je pense qu'il nous a vraiment fait confiance. Il n'a jamais critiqué nos décisions. Il nous a toujours regardé faire. Il a toujours été disponible pour les conseils. Notamment, il avait un peu peur sur le côté mécanique, parce que j'ai repris l'entreprise avec mon frère, qui lui est sur l'exploitation, qui était quelqu'un qui... qui aime les maths, qui aime compter, qui aime calculer ce qu'il va mettre dans les camions et les kilomètres, etc. Mais qui n'aime pas forcément la mécanique. Donc moi, je me suis mis à la mécanique. Et puis j'aime ça. Alors je ne touche pas. Je ne mets pas les mains dedans. Mais par contre, intellectuellement, j'adore comprendre comment c'est fait, comment on ouvre une boîte de vitesse, comment ça fonctionne. Et j'aime faire des diagnostics à distance. Après, j'ai mis en place tout un préventif parce que... Je préfère ne pas avoir à intervenir et que ça fonctionne tout le temps. Ça coûte moins cher et c'est mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Vous nous avez déjà un petit peu partagé sur la transmission que votre papa a très vite lâchée. Donc ça a été une évidence tout de suite. Vous en avez beaucoup parlé en famille.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre qu'on en parlait beaucoup. La question c'était plutôt quand, comment, pourquoi, etc. C'était quand est-ce que tu arrives. Il a eu peur à un moment que je reste dans l'expertise comptable parce que je pense que j'aurais certainement mieux gagné ma vie. Mais l'expertise, par exemple, c'est un métier où on fait toujours un peu la même chose. Alors que dans le transport, ça bouge. On fait de la logistique, on a tout le temps des ennuis. Donc on est toujours en train de trouver des idées. On est toujours obligé de se renouveler. Sinon, ça ne peut pas marcher. Il y a beaucoup plus de vie que dans beaucoup de métiers. Et ça, c'était quelque chose qui me plaisait. Les premiers changements, on est arrivé au moment de grands changements dans le transport. 92, c'est l'ouverture des frontières européennes. C'est l'ouverture à la concurrence en France. Donc c'est l'époque, enfin 96, c'était une très très mauvaise année dans le transport. Donc on est arrivé dans un secteur chahuté avec des entreprises qui ne gagnaient plus d'argent, qui pouvaient même être en difficulté. On est arrivé au moment aussi du contrat de progrès social qui a fait qu'avant on ne payait pas forcément toutes les heures aux salariés, il faut être clair. Une période où on a tout payé aux salariés, donc on a fait des pas énormes vers l'avant. Moi je m'en sens d'autant mieux, on ne va pas se voiler la face. Mais ça a été quand même une transition qui a été difficile. Cela dit, on est parti de peu d'outils à beaucoup d'outils pour gérer. C'est les débuts de la téléphonie mobile. C'est les débuts de l'informatique embarquée qui est arrivée dans le milieu des années 2000. Et en étant à la pointe du progrès tout le temps, on arrive à essayer de prendre toujours de l'avance pour pouvoir... tenir et... et investir et prolonger la vie de l'entreprise s'il la fait rayonner.

  • Speaker #1

    Revenir à l'aspect familial de l'entreprise, est-ce que vous pensez que c'est un aspect important pour vos collaborateurs ? Comment le vivent-ils ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils vivent plutôt bien parce que je considère qu'on est une grande famille. Les gens qui étaient dans l'entreprise quand j'étais gamine, je les vois toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je pense qu'on porte une attention aux gens qui est complètement différente. et puis cet influx relationnel. Normalement, on le transmet à tous les gens qui sont ici. On essaye d'avoir beaucoup de bienveillance, de détecter quand quelqu'un a un problème pour pouvoir l'aider. Et cet œil familial, je pense que c'est vraiment différent. Et les gens qui sont avec nous, on s'intéresse tous aux gens. Après, on ne va pas faire de l'intrusion dans leur vie privée, évidemment. Mais ceux qui veulent nous en parler parce qu'ils ont des soucis, c'est avec plaisir. Et puis ceux qui ont des bons moments, on est tous ravis aussi pour eux.

  • Speaker #1

    Et pour rester sur cet aspect familial, là vous êtes la deuxième génération au niveau de l'activité développée par votre papa, vous travaillez avec votre frère. Est-ce que la troisième génération se positionne ou émet des souhaits pour rejoindre l'aventure entrepreneuriale familiale ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai repris le schéma familial, j'ai fait des enfants très tard puisque j'avais 36 ans à la naissance de mon fils, 40 de ma fille. Donc il est aujourd'hui en terminale, on en parle beaucoup. Il a envie de reprendre l'entreprise, par contre il n'aura le droit que s'il apprend à gérer, s'il ne dépense pas les sous, s'il est bon gestionnaire, s'il a de l'impétence pour ce métier. Parce que le tout ce n'est pas de se dire j'ai envie de le faire, mais il faut se rendre compte de tout ce qu'il peut y avoir comme problème. Donc ce ne sera pas une obligation du tout pour lui, ce sera s'il a envie et moi ce sera si aussi je le juge capable. Je pense que pour une bonne transmission, il faut une bonne préparation technique. Déjà, c'est la première des choses, parce qu'il faut avoir la technique. Il ne faut pas forcer les gens. Ça, c'est extrêmement important. Je connais des gens qui ont mis leur entreprise dans les mains d'un directeur plutôt que l'entreprise y être soi-même, parce que si on n'est pas fait pour ça, c'est très compliqué. Donc, il ne faut pas se forcer. Il faut vraiment de l'envie quand on fait les choses. Et puis, si on se sent malheureux, je crois qu'il vaut mieux abandonner parce qu'une entreprise mérite de vivre. Et je vois trop d'entreprises qui sont allées vers le bas parce qu'à un moment, on n'ose plus avancer ou qu'on prend des risques inconsidérés. mais là c'est Je dirais que c'est toute entreprise, qu'elle soit familiale ou pas. Mais dans une entreprise familiale, il y a ce côté affect qui est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous diriez qu'il est difficile à gérer, ce côté affect ?

  • Speaker #0

    Tout dépend. Là où une entreprise fonctionne bien, le côté affect n'est pas difficile à gérer. Par contre, quand ça va moins bien, c'est là qu'on peut avoir des prises de décisions difficiles et peut-être parfois un manque de clairvoyance. Ou quand ça se passe mal dans une entreprise entre gens de la même famille, ça peut aussi détruire des familles. Donc c'est quand même extrêmement dangereux.

  • Speaker #1

    Quels sont les atouts de manière générale d'une entreprise famille ?

  • Speaker #0

    Les atouts, c'est que je pense qu'on est tous mués par la même envie de réussir et de réussir dans cette entreprise plutôt que dans notre carrière individuelle. Ça, c'est quelque chose de très clair. C'est-à-dire que la réussite d'un homme dans une entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale. Alors que quelqu'un qui fait une carrière dans une entreprise qui ne lui appartient pas, l'entreprise n'est qu'une étape dans sa vie professionnelle. Et on dit que les gens changent régulièrement d'entreprise. Ça, je pense que c'est relativement important. C'est que moi, réussir ma vie, c'est réussir ma boîte. Alors effectivement je suis née à Cran, de parents crânais. Ça c'est extrêmement important, je suis assez chauvine, on n'arrête pas de me le dire. La Mayenne est une terre que je promeux, que mes parents ont promue. Nous avons eu, dès les années, début des années 80, les premiers camions décorés. On avait des véhicules aux images des courses de Cran, du château de Cran, des Halles. On a continué avec les ardoisières, avec le musée Tatin. Nous avons une remorque pour promouvoir la marque employeur du pays de Cran. Nous travaillons toujours sur la promotion et faire connaître ce territoire. Et puis nous essayons de l'aider au maximum, ce territoire aussi, parce que je pense qu'on est les plus gros fournisseurs de podiums pour toutes les fêtes locales. Nous essayons d'être partout. Et puis, en tant que famille, nous vivons à cran, nous vivons au milieu de nos salariés, au milieu de l'entreprise et au milieu de nos commerces. C'est extrêmement important parce qu'il faut qu'il y ait un arrêt des cadres qui vont habiter dans les grandes villes et qui laissent des déserts. Il faut vraiment s'engager pour notre territoire, pour nos écoles, pour nos associations. parce que sinon les entreprises n'auront plus de main-d'œuvre et la main-d'œuvre Mayennaise elle est géniale. Des gens engagés, des gens intelligents avec l'intelligence du geste, l'intelligence de l'esprit, l'intelligence du comportement et ça c'est génial. Vive la Mayenne !

  • Speaker #1

    Merci pour cette rencontre, merci pour tout ce partage et votre confiance et à très bientôt pour un nouvel épisode.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'était un réel plaisir.

Description


Une femme dans un monde d’hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le soucis des équipes, le regard franc. 


Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L’odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l’entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. 


Ancré au cœur du pays de Craon, les grands-parents sont d’abord grainetiers, leur fils, Jean-Louis, conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. 

Au retour de l’armée, il se lance dans le transport et crée les transports Gillois en 1962, qu’il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. 


Après une école de commerce et son diplôme d’expertise comptable, Estelle reprend l’entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. 


Ancrage territorial, travail, soucis pour chacun sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l’entreprise. 


Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l’aventure des Transports Gillois.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat, j'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. L'entreprise familiale en Mayenne est une entreprise engagée. La réussite d'un homme dans l'entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale.

  • Speaker #1

    Une femme dans un monde d'hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le souci des équipes et le regard franc. Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L'odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l'entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. Ancrée au cœur du pays de Cran, les grands-parents sont d'abord Grenty. Leur fils Jean-Louis conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. Au retour de l'armée, il se lance dans le transport et crée les Transports Gilois en 1962, qu'il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. Après une école de commerce et son diplôme d'expertise comptable, Estelle reprend l'entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. Attachement au territoire, travail, soucis pour chacun, sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l'entreprise. Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l'aventure des transports gilois. Estelle, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous recevoir ce matin. Pour commencer, je vous propose de nous raconter en quelques mots l'histoire de l'entreprise parce que certes vous êtes la deuxième génération, mais je crois que vous êtes quand même la troisième génération d'entrepreneurs dans la famille.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Mes grands-parents étaient graintiers. comme beaucoup dans le transport. Ils avaient une grainerie et ils ont commencé avec un camion, puis deux à transporter des céréales, des pommes, des engrais, etc. Donc ça a donné l'idée à mon père, au retour de son service militaire, de se lancer dans le transport. Alors mon père conduisait son camion à 14 ans. C'était à l'époque, je ne sais pas si ça se faisait, mais en tout cas c'est ce que lui faisait. Et il a commencé à cet âge-là à aller faire du transport un peu partout en local. Et puis, vite sur la région parisienne, puisqu'ils emmenaient leurs pommes, ils les vendaient dans les rues parisiennes. Donc, il a commencé à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, il a lancé l'entreprise en 62 ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et alors, racontez-nous cette épopée, puisque j'imagine que l'entreprise a dû grandir. Donc, comment en sommes-nous aujourd'hui en 2024 ? à l'entreprise depuis 1962.

  • Speaker #0

    Alors ils ont commencé rue de la gare à Cran, ils plaçaient les trois camions sur la place centrale pour le week-end et ils faisaient la mécanique dans le hangar de la grainerie parce que de la mécanique, ils en faisaient tous les week-ends, il fallait tout le temps refaire les moteurs, on n'est pas du tout sur les mêmes véhicules qu'aujourd'hui. Ils faisaient ronfler tout ça avant de partir, on ne parlait pas d'environnement à l'époque. Il a commencé avec quelques chauffeurs, puis il a augmenté. Et il a déménagé en 1970 pour venir sur le site des Sablonnières, où nous sommes toujours actuellement. Alors nous avons une soixantaine de véhicules, 66 conducteurs. Nous sommes au total 89 salariés. Nous avons une activité nationale, un tout petit peu d'international, avec des taux de linéaire. Donc c'est des rideaux coulissants, des plateaux, quelques citernes alimentaires et des camions remorques avec grue. Donc un certain nombre de spécialités différentes. C'est un choix de ne pas tout faire non plus. On n'a pas de frigo parce que là, je crois que ce serait la fin du bagne. Donc je n'ai pas de frigo. Je n'ai pas non plus de baine parce que j'ai des confrères qui le font très bien. et si on se disperse. On ne va pas jusqu'au fond de la gestion et de l'organisation des choses. Donc c'est quelque chose d'important pour nous. La logistique, mon père s'y est lancé très en amont dès 1975. Et les gens qui, dès 1975, étaient dans la logistique étaient très rares. On a deux spécialités, la logistique vrac, donc stockage de céréales, et la logistique en palette, donc la palette avec du vrac ou sans vrac. avec des préparations et suivi informatique des panneaux. Oh, moi, je suis née en 71, donc au milieu de l'entreprise. La maison est au milieu des camions. Donc, des souvenirs, j'en ai plein. On va dire que je n'en ai pas beaucoup ailleurs, d'ailleurs. Donc, je voyais les camions de tous les côtés. On a eu des bons et des mauvais souvenirs. On a vu les colères du chef d'entreprise. On a vu les bonnes tranches de vie aussi avec les salariés, notamment le samedi midi. On a vu... On a toujours vu des clients venir à la maison, reçus par mes parents. Ça fait partie de notre ADN. On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat. J'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. Quand j'avais 8-9 ans, au début, je voulais être avocate parce que mon père en avait souvent besoin. Et après, très vite, je me suis dirigée... en disant je veux faire une école de commerce pour être très complète, très généraliste. J'ai fait l'ESCA à Angers. Et puis, dans le parcours ESCA, je suis partie sur la partie finance compta. Je suis partie en cabinet comptable faire mon stage de fin d'études et attaquer en même temps les différents UV pour avoir le diplôme d'expert comptable parce que je voulais être diplômée expert comptable pour reprendre la boîte parce que dans le transport, la gestion, c'est mettre au bout.

  • Speaker #1

    Donc vous aviez quand même dès le départ cette idée d'aller travailler dans l'entreprise familiale quand vous avez fait vos études ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait, je voulais reprendre la direction, mon papa était beaucoup plus âgé que moi, donc quand je suis arrivé il a tout de suite pris sa retraite, il m'attendait avec impatience, on a fait quelques mois ensemble et puis il nous a lâchés, c'était un énorme gage de confiance. Parce que lâcher l'entreprise à ses enfants comme ça, avec aussi peu d'expérience, c'était énorme. Je pense qu'il nous a vraiment fait confiance. Il n'a jamais critiqué nos décisions. Il nous a toujours regardé faire. Il a toujours été disponible pour les conseils. Notamment, il avait un peu peur sur le côté mécanique, parce que j'ai repris l'entreprise avec mon frère, qui lui est sur l'exploitation, qui était quelqu'un qui... qui aime les maths, qui aime compter, qui aime calculer ce qu'il va mettre dans les camions et les kilomètres, etc. Mais qui n'aime pas forcément la mécanique. Donc moi, je me suis mis à la mécanique. Et puis j'aime ça. Alors je ne touche pas. Je ne mets pas les mains dedans. Mais par contre, intellectuellement, j'adore comprendre comment c'est fait, comment on ouvre une boîte de vitesse, comment ça fonctionne. Et j'aime faire des diagnostics à distance. Après, j'ai mis en place tout un préventif parce que... Je préfère ne pas avoir à intervenir et que ça fonctionne tout le temps. Ça coûte moins cher et c'est mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Vous nous avez déjà un petit peu partagé sur la transmission que votre papa a très vite lâchée. Donc ça a été une évidence tout de suite. Vous en avez beaucoup parlé en famille.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre qu'on en parlait beaucoup. La question c'était plutôt quand, comment, pourquoi, etc. C'était quand est-ce que tu arrives. Il a eu peur à un moment que je reste dans l'expertise comptable parce que je pense que j'aurais certainement mieux gagné ma vie. Mais l'expertise, par exemple, c'est un métier où on fait toujours un peu la même chose. Alors que dans le transport, ça bouge. On fait de la logistique, on a tout le temps des ennuis. Donc on est toujours en train de trouver des idées. On est toujours obligé de se renouveler. Sinon, ça ne peut pas marcher. Il y a beaucoup plus de vie que dans beaucoup de métiers. Et ça, c'était quelque chose qui me plaisait. Les premiers changements, on est arrivé au moment de grands changements dans le transport. 92, c'est l'ouverture des frontières européennes. C'est l'ouverture à la concurrence en France. Donc c'est l'époque, enfin 96, c'était une très très mauvaise année dans le transport. Donc on est arrivé dans un secteur chahuté avec des entreprises qui ne gagnaient plus d'argent, qui pouvaient même être en difficulté. On est arrivé au moment aussi du contrat de progrès social qui a fait qu'avant on ne payait pas forcément toutes les heures aux salariés, il faut être clair. Une période où on a tout payé aux salariés, donc on a fait des pas énormes vers l'avant. Moi je m'en sens d'autant mieux, on ne va pas se voiler la face. Mais ça a été quand même une transition qui a été difficile. Cela dit, on est parti de peu d'outils à beaucoup d'outils pour gérer. C'est les débuts de la téléphonie mobile. C'est les débuts de l'informatique embarquée qui est arrivée dans le milieu des années 2000. Et en étant à la pointe du progrès tout le temps, on arrive à essayer de prendre toujours de l'avance pour pouvoir... tenir et... et investir et prolonger la vie de l'entreprise s'il la fait rayonner.

  • Speaker #1

    Revenir à l'aspect familial de l'entreprise, est-ce que vous pensez que c'est un aspect important pour vos collaborateurs ? Comment le vivent-ils ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils vivent plutôt bien parce que je considère qu'on est une grande famille. Les gens qui étaient dans l'entreprise quand j'étais gamine, je les vois toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je pense qu'on porte une attention aux gens qui est complètement différente. et puis cet influx relationnel. Normalement, on le transmet à tous les gens qui sont ici. On essaye d'avoir beaucoup de bienveillance, de détecter quand quelqu'un a un problème pour pouvoir l'aider. Et cet œil familial, je pense que c'est vraiment différent. Et les gens qui sont avec nous, on s'intéresse tous aux gens. Après, on ne va pas faire de l'intrusion dans leur vie privée, évidemment. Mais ceux qui veulent nous en parler parce qu'ils ont des soucis, c'est avec plaisir. Et puis ceux qui ont des bons moments, on est tous ravis aussi pour eux.

  • Speaker #1

    Et pour rester sur cet aspect familial, là vous êtes la deuxième génération au niveau de l'activité développée par votre papa, vous travaillez avec votre frère. Est-ce que la troisième génération se positionne ou émet des souhaits pour rejoindre l'aventure entrepreneuriale familiale ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai repris le schéma familial, j'ai fait des enfants très tard puisque j'avais 36 ans à la naissance de mon fils, 40 de ma fille. Donc il est aujourd'hui en terminale, on en parle beaucoup. Il a envie de reprendre l'entreprise, par contre il n'aura le droit que s'il apprend à gérer, s'il ne dépense pas les sous, s'il est bon gestionnaire, s'il a de l'impétence pour ce métier. Parce que le tout ce n'est pas de se dire j'ai envie de le faire, mais il faut se rendre compte de tout ce qu'il peut y avoir comme problème. Donc ce ne sera pas une obligation du tout pour lui, ce sera s'il a envie et moi ce sera si aussi je le juge capable. Je pense que pour une bonne transmission, il faut une bonne préparation technique. Déjà, c'est la première des choses, parce qu'il faut avoir la technique. Il ne faut pas forcer les gens. Ça, c'est extrêmement important. Je connais des gens qui ont mis leur entreprise dans les mains d'un directeur plutôt que l'entreprise y être soi-même, parce que si on n'est pas fait pour ça, c'est très compliqué. Donc, il ne faut pas se forcer. Il faut vraiment de l'envie quand on fait les choses. Et puis, si on se sent malheureux, je crois qu'il vaut mieux abandonner parce qu'une entreprise mérite de vivre. Et je vois trop d'entreprises qui sont allées vers le bas parce qu'à un moment, on n'ose plus avancer ou qu'on prend des risques inconsidérés. mais là c'est Je dirais que c'est toute entreprise, qu'elle soit familiale ou pas. Mais dans une entreprise familiale, il y a ce côté affect qui est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous diriez qu'il est difficile à gérer, ce côté affect ?

  • Speaker #0

    Tout dépend. Là où une entreprise fonctionne bien, le côté affect n'est pas difficile à gérer. Par contre, quand ça va moins bien, c'est là qu'on peut avoir des prises de décisions difficiles et peut-être parfois un manque de clairvoyance. Ou quand ça se passe mal dans une entreprise entre gens de la même famille, ça peut aussi détruire des familles. Donc c'est quand même extrêmement dangereux.

  • Speaker #1

    Quels sont les atouts de manière générale d'une entreprise famille ?

  • Speaker #0

    Les atouts, c'est que je pense qu'on est tous mués par la même envie de réussir et de réussir dans cette entreprise plutôt que dans notre carrière individuelle. Ça, c'est quelque chose de très clair. C'est-à-dire que la réussite d'un homme dans une entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale. Alors que quelqu'un qui fait une carrière dans une entreprise qui ne lui appartient pas, l'entreprise n'est qu'une étape dans sa vie professionnelle. Et on dit que les gens changent régulièrement d'entreprise. Ça, je pense que c'est relativement important. C'est que moi, réussir ma vie, c'est réussir ma boîte. Alors effectivement je suis née à Cran, de parents crânais. Ça c'est extrêmement important, je suis assez chauvine, on n'arrête pas de me le dire. La Mayenne est une terre que je promeux, que mes parents ont promue. Nous avons eu, dès les années, début des années 80, les premiers camions décorés. On avait des véhicules aux images des courses de Cran, du château de Cran, des Halles. On a continué avec les ardoisières, avec le musée Tatin. Nous avons une remorque pour promouvoir la marque employeur du pays de Cran. Nous travaillons toujours sur la promotion et faire connaître ce territoire. Et puis nous essayons de l'aider au maximum, ce territoire aussi, parce que je pense qu'on est les plus gros fournisseurs de podiums pour toutes les fêtes locales. Nous essayons d'être partout. Et puis, en tant que famille, nous vivons à cran, nous vivons au milieu de nos salariés, au milieu de l'entreprise et au milieu de nos commerces. C'est extrêmement important parce qu'il faut qu'il y ait un arrêt des cadres qui vont habiter dans les grandes villes et qui laissent des déserts. Il faut vraiment s'engager pour notre territoire, pour nos écoles, pour nos associations. parce que sinon les entreprises n'auront plus de main-d'œuvre et la main-d'œuvre Mayennaise elle est géniale. Des gens engagés, des gens intelligents avec l'intelligence du geste, l'intelligence de l'esprit, l'intelligence du comportement et ça c'est génial. Vive la Mayenne !

  • Speaker #1

    Merci pour cette rencontre, merci pour tout ce partage et votre confiance et à très bientôt pour un nouvel épisode.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'était un réel plaisir.

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Description


Une femme dans un monde d’hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le soucis des équipes, le regard franc. 


Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L’odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l’entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. 


Ancré au cœur du pays de Craon, les grands-parents sont d’abord grainetiers, leur fils, Jean-Louis, conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. 

Au retour de l’armée, il se lance dans le transport et crée les transports Gillois en 1962, qu’il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. 


Après une école de commerce et son diplôme d’expertise comptable, Estelle reprend l’entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. 


Ancrage territorial, travail, soucis pour chacun sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l’entreprise. 


Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l’aventure des Transports Gillois.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat, j'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. L'entreprise familiale en Mayenne est une entreprise engagée. La réussite d'un homme dans l'entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale.

  • Speaker #1

    Une femme dans un monde d'hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le souci des équipes et le regard franc. Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L'odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l'entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. Ancrée au cœur du pays de Cran, les grands-parents sont d'abord Grenty. Leur fils Jean-Louis conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. Au retour de l'armée, il se lance dans le transport et crée les Transports Gilois en 1962, qu'il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. Après une école de commerce et son diplôme d'expertise comptable, Estelle reprend l'entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. Attachement au territoire, travail, soucis pour chacun, sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l'entreprise. Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l'aventure des transports gilois. Estelle, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous recevoir ce matin. Pour commencer, je vous propose de nous raconter en quelques mots l'histoire de l'entreprise parce que certes vous êtes la deuxième génération, mais je crois que vous êtes quand même la troisième génération d'entrepreneurs dans la famille.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Mes grands-parents étaient graintiers. comme beaucoup dans le transport. Ils avaient une grainerie et ils ont commencé avec un camion, puis deux à transporter des céréales, des pommes, des engrais, etc. Donc ça a donné l'idée à mon père, au retour de son service militaire, de se lancer dans le transport. Alors mon père conduisait son camion à 14 ans. C'était à l'époque, je ne sais pas si ça se faisait, mais en tout cas c'est ce que lui faisait. Et il a commencé à cet âge-là à aller faire du transport un peu partout en local. Et puis, vite sur la région parisienne, puisqu'ils emmenaient leurs pommes, ils les vendaient dans les rues parisiennes. Donc, il a commencé à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, il a lancé l'entreprise en 62 ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et alors, racontez-nous cette épopée, puisque j'imagine que l'entreprise a dû grandir. Donc, comment en sommes-nous aujourd'hui en 2024 ? à l'entreprise depuis 1962.

  • Speaker #0

    Alors ils ont commencé rue de la gare à Cran, ils plaçaient les trois camions sur la place centrale pour le week-end et ils faisaient la mécanique dans le hangar de la grainerie parce que de la mécanique, ils en faisaient tous les week-ends, il fallait tout le temps refaire les moteurs, on n'est pas du tout sur les mêmes véhicules qu'aujourd'hui. Ils faisaient ronfler tout ça avant de partir, on ne parlait pas d'environnement à l'époque. Il a commencé avec quelques chauffeurs, puis il a augmenté. Et il a déménagé en 1970 pour venir sur le site des Sablonnières, où nous sommes toujours actuellement. Alors nous avons une soixantaine de véhicules, 66 conducteurs. Nous sommes au total 89 salariés. Nous avons une activité nationale, un tout petit peu d'international, avec des taux de linéaire. Donc c'est des rideaux coulissants, des plateaux, quelques citernes alimentaires et des camions remorques avec grue. Donc un certain nombre de spécialités différentes. C'est un choix de ne pas tout faire non plus. On n'a pas de frigo parce que là, je crois que ce serait la fin du bagne. Donc je n'ai pas de frigo. Je n'ai pas non plus de baine parce que j'ai des confrères qui le font très bien. et si on se disperse. On ne va pas jusqu'au fond de la gestion et de l'organisation des choses. Donc c'est quelque chose d'important pour nous. La logistique, mon père s'y est lancé très en amont dès 1975. Et les gens qui, dès 1975, étaient dans la logistique étaient très rares. On a deux spécialités, la logistique vrac, donc stockage de céréales, et la logistique en palette, donc la palette avec du vrac ou sans vrac. avec des préparations et suivi informatique des panneaux. Oh, moi, je suis née en 71, donc au milieu de l'entreprise. La maison est au milieu des camions. Donc, des souvenirs, j'en ai plein. On va dire que je n'en ai pas beaucoup ailleurs, d'ailleurs. Donc, je voyais les camions de tous les côtés. On a eu des bons et des mauvais souvenirs. On a vu les colères du chef d'entreprise. On a vu les bonnes tranches de vie aussi avec les salariés, notamment le samedi midi. On a vu... On a toujours vu des clients venir à la maison, reçus par mes parents. Ça fait partie de notre ADN. On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat. J'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. Quand j'avais 8-9 ans, au début, je voulais être avocate parce que mon père en avait souvent besoin. Et après, très vite, je me suis dirigée... en disant je veux faire une école de commerce pour être très complète, très généraliste. J'ai fait l'ESCA à Angers. Et puis, dans le parcours ESCA, je suis partie sur la partie finance compta. Je suis partie en cabinet comptable faire mon stage de fin d'études et attaquer en même temps les différents UV pour avoir le diplôme d'expert comptable parce que je voulais être diplômée expert comptable pour reprendre la boîte parce que dans le transport, la gestion, c'est mettre au bout.

  • Speaker #1

    Donc vous aviez quand même dès le départ cette idée d'aller travailler dans l'entreprise familiale quand vous avez fait vos études ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait, je voulais reprendre la direction, mon papa était beaucoup plus âgé que moi, donc quand je suis arrivé il a tout de suite pris sa retraite, il m'attendait avec impatience, on a fait quelques mois ensemble et puis il nous a lâchés, c'était un énorme gage de confiance. Parce que lâcher l'entreprise à ses enfants comme ça, avec aussi peu d'expérience, c'était énorme. Je pense qu'il nous a vraiment fait confiance. Il n'a jamais critiqué nos décisions. Il nous a toujours regardé faire. Il a toujours été disponible pour les conseils. Notamment, il avait un peu peur sur le côté mécanique, parce que j'ai repris l'entreprise avec mon frère, qui lui est sur l'exploitation, qui était quelqu'un qui... qui aime les maths, qui aime compter, qui aime calculer ce qu'il va mettre dans les camions et les kilomètres, etc. Mais qui n'aime pas forcément la mécanique. Donc moi, je me suis mis à la mécanique. Et puis j'aime ça. Alors je ne touche pas. Je ne mets pas les mains dedans. Mais par contre, intellectuellement, j'adore comprendre comment c'est fait, comment on ouvre une boîte de vitesse, comment ça fonctionne. Et j'aime faire des diagnostics à distance. Après, j'ai mis en place tout un préventif parce que... Je préfère ne pas avoir à intervenir et que ça fonctionne tout le temps. Ça coûte moins cher et c'est mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Vous nous avez déjà un petit peu partagé sur la transmission que votre papa a très vite lâchée. Donc ça a été une évidence tout de suite. Vous en avez beaucoup parlé en famille.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre qu'on en parlait beaucoup. La question c'était plutôt quand, comment, pourquoi, etc. C'était quand est-ce que tu arrives. Il a eu peur à un moment que je reste dans l'expertise comptable parce que je pense que j'aurais certainement mieux gagné ma vie. Mais l'expertise, par exemple, c'est un métier où on fait toujours un peu la même chose. Alors que dans le transport, ça bouge. On fait de la logistique, on a tout le temps des ennuis. Donc on est toujours en train de trouver des idées. On est toujours obligé de se renouveler. Sinon, ça ne peut pas marcher. Il y a beaucoup plus de vie que dans beaucoup de métiers. Et ça, c'était quelque chose qui me plaisait. Les premiers changements, on est arrivé au moment de grands changements dans le transport. 92, c'est l'ouverture des frontières européennes. C'est l'ouverture à la concurrence en France. Donc c'est l'époque, enfin 96, c'était une très très mauvaise année dans le transport. Donc on est arrivé dans un secteur chahuté avec des entreprises qui ne gagnaient plus d'argent, qui pouvaient même être en difficulté. On est arrivé au moment aussi du contrat de progrès social qui a fait qu'avant on ne payait pas forcément toutes les heures aux salariés, il faut être clair. Une période où on a tout payé aux salariés, donc on a fait des pas énormes vers l'avant. Moi je m'en sens d'autant mieux, on ne va pas se voiler la face. Mais ça a été quand même une transition qui a été difficile. Cela dit, on est parti de peu d'outils à beaucoup d'outils pour gérer. C'est les débuts de la téléphonie mobile. C'est les débuts de l'informatique embarquée qui est arrivée dans le milieu des années 2000. Et en étant à la pointe du progrès tout le temps, on arrive à essayer de prendre toujours de l'avance pour pouvoir... tenir et... et investir et prolonger la vie de l'entreprise s'il la fait rayonner.

  • Speaker #1

    Revenir à l'aspect familial de l'entreprise, est-ce que vous pensez que c'est un aspect important pour vos collaborateurs ? Comment le vivent-ils ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils vivent plutôt bien parce que je considère qu'on est une grande famille. Les gens qui étaient dans l'entreprise quand j'étais gamine, je les vois toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je pense qu'on porte une attention aux gens qui est complètement différente. et puis cet influx relationnel. Normalement, on le transmet à tous les gens qui sont ici. On essaye d'avoir beaucoup de bienveillance, de détecter quand quelqu'un a un problème pour pouvoir l'aider. Et cet œil familial, je pense que c'est vraiment différent. Et les gens qui sont avec nous, on s'intéresse tous aux gens. Après, on ne va pas faire de l'intrusion dans leur vie privée, évidemment. Mais ceux qui veulent nous en parler parce qu'ils ont des soucis, c'est avec plaisir. Et puis ceux qui ont des bons moments, on est tous ravis aussi pour eux.

  • Speaker #1

    Et pour rester sur cet aspect familial, là vous êtes la deuxième génération au niveau de l'activité développée par votre papa, vous travaillez avec votre frère. Est-ce que la troisième génération se positionne ou émet des souhaits pour rejoindre l'aventure entrepreneuriale familiale ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai repris le schéma familial, j'ai fait des enfants très tard puisque j'avais 36 ans à la naissance de mon fils, 40 de ma fille. Donc il est aujourd'hui en terminale, on en parle beaucoup. Il a envie de reprendre l'entreprise, par contre il n'aura le droit que s'il apprend à gérer, s'il ne dépense pas les sous, s'il est bon gestionnaire, s'il a de l'impétence pour ce métier. Parce que le tout ce n'est pas de se dire j'ai envie de le faire, mais il faut se rendre compte de tout ce qu'il peut y avoir comme problème. Donc ce ne sera pas une obligation du tout pour lui, ce sera s'il a envie et moi ce sera si aussi je le juge capable. Je pense que pour une bonne transmission, il faut une bonne préparation technique. Déjà, c'est la première des choses, parce qu'il faut avoir la technique. Il ne faut pas forcer les gens. Ça, c'est extrêmement important. Je connais des gens qui ont mis leur entreprise dans les mains d'un directeur plutôt que l'entreprise y être soi-même, parce que si on n'est pas fait pour ça, c'est très compliqué. Donc, il ne faut pas se forcer. Il faut vraiment de l'envie quand on fait les choses. Et puis, si on se sent malheureux, je crois qu'il vaut mieux abandonner parce qu'une entreprise mérite de vivre. Et je vois trop d'entreprises qui sont allées vers le bas parce qu'à un moment, on n'ose plus avancer ou qu'on prend des risques inconsidérés. mais là c'est Je dirais que c'est toute entreprise, qu'elle soit familiale ou pas. Mais dans une entreprise familiale, il y a ce côté affect qui est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous diriez qu'il est difficile à gérer, ce côté affect ?

  • Speaker #0

    Tout dépend. Là où une entreprise fonctionne bien, le côté affect n'est pas difficile à gérer. Par contre, quand ça va moins bien, c'est là qu'on peut avoir des prises de décisions difficiles et peut-être parfois un manque de clairvoyance. Ou quand ça se passe mal dans une entreprise entre gens de la même famille, ça peut aussi détruire des familles. Donc c'est quand même extrêmement dangereux.

  • Speaker #1

    Quels sont les atouts de manière générale d'une entreprise famille ?

  • Speaker #0

    Les atouts, c'est que je pense qu'on est tous mués par la même envie de réussir et de réussir dans cette entreprise plutôt que dans notre carrière individuelle. Ça, c'est quelque chose de très clair. C'est-à-dire que la réussite d'un homme dans une entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale. Alors que quelqu'un qui fait une carrière dans une entreprise qui ne lui appartient pas, l'entreprise n'est qu'une étape dans sa vie professionnelle. Et on dit que les gens changent régulièrement d'entreprise. Ça, je pense que c'est relativement important. C'est que moi, réussir ma vie, c'est réussir ma boîte. Alors effectivement je suis née à Cran, de parents crânais. Ça c'est extrêmement important, je suis assez chauvine, on n'arrête pas de me le dire. La Mayenne est une terre que je promeux, que mes parents ont promue. Nous avons eu, dès les années, début des années 80, les premiers camions décorés. On avait des véhicules aux images des courses de Cran, du château de Cran, des Halles. On a continué avec les ardoisières, avec le musée Tatin. Nous avons une remorque pour promouvoir la marque employeur du pays de Cran. Nous travaillons toujours sur la promotion et faire connaître ce territoire. Et puis nous essayons de l'aider au maximum, ce territoire aussi, parce que je pense qu'on est les plus gros fournisseurs de podiums pour toutes les fêtes locales. Nous essayons d'être partout. Et puis, en tant que famille, nous vivons à cran, nous vivons au milieu de nos salariés, au milieu de l'entreprise et au milieu de nos commerces. C'est extrêmement important parce qu'il faut qu'il y ait un arrêt des cadres qui vont habiter dans les grandes villes et qui laissent des déserts. Il faut vraiment s'engager pour notre territoire, pour nos écoles, pour nos associations. parce que sinon les entreprises n'auront plus de main-d'œuvre et la main-d'œuvre Mayennaise elle est géniale. Des gens engagés, des gens intelligents avec l'intelligence du geste, l'intelligence de l'esprit, l'intelligence du comportement et ça c'est génial. Vive la Mayenne !

  • Speaker #1

    Merci pour cette rencontre, merci pour tout ce partage et votre confiance et à très bientôt pour un nouvel épisode.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'était un réel plaisir.

Description


Une femme dans un monde d’hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le soucis des équipes, le regard franc. 


Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L’odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l’entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. 


Ancré au cœur du pays de Craon, les grands-parents sont d’abord grainetiers, leur fils, Jean-Louis, conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. 

Au retour de l’armée, il se lance dans le transport et crée les transports Gillois en 1962, qu’il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. 


Après une école de commerce et son diplôme d’expertise comptable, Estelle reprend l’entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. 


Ancrage territorial, travail, soucis pour chacun sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l’entreprise. 


Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l’aventure des Transports Gillois.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat, j'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. L'entreprise familiale en Mayenne est une entreprise engagée. La réussite d'un homme dans l'entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale.

  • Speaker #1

    Une femme dans un monde d'hommes. Une voix assurée, la passion du métier, le souci des équipes et le regard franc. Estelle Gillois est née au milieu des camions et de leurs chauffeurs. L'odeur du caoutchouc a bercé son enfance. Plus familière des coups de tampon que de la corde à sauter, l'entreprise familiale de transport et de logistique était une évidence. Ancrée au cœur du pays de Cran, les grands-parents sont d'abord Grenty. Leur fils Jean-Louis conduit leur camion dès ses 14 ans et se passionne pour la mécanique. Au retour de l'armée, il se lance dans le transport et crée les Transports Gilois en 1962, qu'il associe rapidement à une activité de logistique dans les années 70. Après une école de commerce et son diplôme d'expertise comptable, Estelle reprend l'entreprise avec son frère Léopold. Elle se passionne alors pour la mécanique et les pneumatiques. Attachement au territoire, travail, soucis pour chacun, sont des valeurs fortes portées par la famille et incarnées dans l'entreprise. Estelle nous accueille ce matin dans son bureau au cœur de l'aventure des transports gilois. Estelle, bonjour.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous recevoir ce matin. Pour commencer, je vous propose de nous raconter en quelques mots l'histoire de l'entreprise parce que certes vous êtes la deuxième génération, mais je crois que vous êtes quand même la troisième génération d'entrepreneurs dans la famille.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Mes grands-parents étaient graintiers. comme beaucoup dans le transport. Ils avaient une grainerie et ils ont commencé avec un camion, puis deux à transporter des céréales, des pommes, des engrais, etc. Donc ça a donné l'idée à mon père, au retour de son service militaire, de se lancer dans le transport. Alors mon père conduisait son camion à 14 ans. C'était à l'époque, je ne sais pas si ça se faisait, mais en tout cas c'est ce que lui faisait. Et il a commencé à cet âge-là à aller faire du transport un peu partout en local. Et puis, vite sur la région parisienne, puisqu'ils emmenaient leurs pommes, ils les vendaient dans les rues parisiennes. Donc, il a commencé à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, il a lancé l'entreprise en 62 ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et alors, racontez-nous cette épopée, puisque j'imagine que l'entreprise a dû grandir. Donc, comment en sommes-nous aujourd'hui en 2024 ? à l'entreprise depuis 1962.

  • Speaker #0

    Alors ils ont commencé rue de la gare à Cran, ils plaçaient les trois camions sur la place centrale pour le week-end et ils faisaient la mécanique dans le hangar de la grainerie parce que de la mécanique, ils en faisaient tous les week-ends, il fallait tout le temps refaire les moteurs, on n'est pas du tout sur les mêmes véhicules qu'aujourd'hui. Ils faisaient ronfler tout ça avant de partir, on ne parlait pas d'environnement à l'époque. Il a commencé avec quelques chauffeurs, puis il a augmenté. Et il a déménagé en 1970 pour venir sur le site des Sablonnières, où nous sommes toujours actuellement. Alors nous avons une soixantaine de véhicules, 66 conducteurs. Nous sommes au total 89 salariés. Nous avons une activité nationale, un tout petit peu d'international, avec des taux de linéaire. Donc c'est des rideaux coulissants, des plateaux, quelques citernes alimentaires et des camions remorques avec grue. Donc un certain nombre de spécialités différentes. C'est un choix de ne pas tout faire non plus. On n'a pas de frigo parce que là, je crois que ce serait la fin du bagne. Donc je n'ai pas de frigo. Je n'ai pas non plus de baine parce que j'ai des confrères qui le font très bien. et si on se disperse. On ne va pas jusqu'au fond de la gestion et de l'organisation des choses. Donc c'est quelque chose d'important pour nous. La logistique, mon père s'y est lancé très en amont dès 1975. Et les gens qui, dès 1975, étaient dans la logistique étaient très rares. On a deux spécialités, la logistique vrac, donc stockage de céréales, et la logistique en palette, donc la palette avec du vrac ou sans vrac. avec des préparations et suivi informatique des panneaux. Oh, moi, je suis née en 71, donc au milieu de l'entreprise. La maison est au milieu des camions. Donc, des souvenirs, j'en ai plein. On va dire que je n'en ai pas beaucoup ailleurs, d'ailleurs. Donc, je voyais les camions de tous les côtés. On a eu des bons et des mauvais souvenirs. On a vu les colères du chef d'entreprise. On a vu les bonnes tranches de vie aussi avec les salariés, notamment le samedi midi. On a vu... On a toujours vu des clients venir à la maison, reçus par mes parents. Ça fait partie de notre ADN. On avait 7-8 ans, on était déjà intégrés dans l'entreprise. Moi, je faisais déjà du secrétariat. J'ai commencé à tamponner des carnets, j'avais 6 ans. Quand j'avais 8-9 ans, au début, je voulais être avocate parce que mon père en avait souvent besoin. Et après, très vite, je me suis dirigée... en disant je veux faire une école de commerce pour être très complète, très généraliste. J'ai fait l'ESCA à Angers. Et puis, dans le parcours ESCA, je suis partie sur la partie finance compta. Je suis partie en cabinet comptable faire mon stage de fin d'études et attaquer en même temps les différents UV pour avoir le diplôme d'expert comptable parce que je voulais être diplômée expert comptable pour reprendre la boîte parce que dans le transport, la gestion, c'est mettre au bout.

  • Speaker #1

    Donc vous aviez quand même dès le départ cette idée d'aller travailler dans l'entreprise familiale quand vous avez fait vos études ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait, je voulais reprendre la direction, mon papa était beaucoup plus âgé que moi, donc quand je suis arrivé il a tout de suite pris sa retraite, il m'attendait avec impatience, on a fait quelques mois ensemble et puis il nous a lâchés, c'était un énorme gage de confiance. Parce que lâcher l'entreprise à ses enfants comme ça, avec aussi peu d'expérience, c'était énorme. Je pense qu'il nous a vraiment fait confiance. Il n'a jamais critiqué nos décisions. Il nous a toujours regardé faire. Il a toujours été disponible pour les conseils. Notamment, il avait un peu peur sur le côté mécanique, parce que j'ai repris l'entreprise avec mon frère, qui lui est sur l'exploitation, qui était quelqu'un qui... qui aime les maths, qui aime compter, qui aime calculer ce qu'il va mettre dans les camions et les kilomètres, etc. Mais qui n'aime pas forcément la mécanique. Donc moi, je me suis mis à la mécanique. Et puis j'aime ça. Alors je ne touche pas. Je ne mets pas les mains dedans. Mais par contre, intellectuellement, j'adore comprendre comment c'est fait, comment on ouvre une boîte de vitesse, comment ça fonctionne. Et j'aime faire des diagnostics à distance. Après, j'ai mis en place tout un préventif parce que... Je préfère ne pas avoir à intervenir et que ça fonctionne tout le temps. Ça coûte moins cher et c'est mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Vous nous avez déjà un petit peu partagé sur la transmission que votre papa a très vite lâchée. Donc ça a été une évidence tout de suite. Vous en avez beaucoup parlé en famille.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre qu'on en parlait beaucoup. La question c'était plutôt quand, comment, pourquoi, etc. C'était quand est-ce que tu arrives. Il a eu peur à un moment que je reste dans l'expertise comptable parce que je pense que j'aurais certainement mieux gagné ma vie. Mais l'expertise, par exemple, c'est un métier où on fait toujours un peu la même chose. Alors que dans le transport, ça bouge. On fait de la logistique, on a tout le temps des ennuis. Donc on est toujours en train de trouver des idées. On est toujours obligé de se renouveler. Sinon, ça ne peut pas marcher. Il y a beaucoup plus de vie que dans beaucoup de métiers. Et ça, c'était quelque chose qui me plaisait. Les premiers changements, on est arrivé au moment de grands changements dans le transport. 92, c'est l'ouverture des frontières européennes. C'est l'ouverture à la concurrence en France. Donc c'est l'époque, enfin 96, c'était une très très mauvaise année dans le transport. Donc on est arrivé dans un secteur chahuté avec des entreprises qui ne gagnaient plus d'argent, qui pouvaient même être en difficulté. On est arrivé au moment aussi du contrat de progrès social qui a fait qu'avant on ne payait pas forcément toutes les heures aux salariés, il faut être clair. Une période où on a tout payé aux salariés, donc on a fait des pas énormes vers l'avant. Moi je m'en sens d'autant mieux, on ne va pas se voiler la face. Mais ça a été quand même une transition qui a été difficile. Cela dit, on est parti de peu d'outils à beaucoup d'outils pour gérer. C'est les débuts de la téléphonie mobile. C'est les débuts de l'informatique embarquée qui est arrivée dans le milieu des années 2000. Et en étant à la pointe du progrès tout le temps, on arrive à essayer de prendre toujours de l'avance pour pouvoir... tenir et... et investir et prolonger la vie de l'entreprise s'il la fait rayonner.

  • Speaker #1

    Revenir à l'aspect familial de l'entreprise, est-ce que vous pensez que c'est un aspect important pour vos collaborateurs ? Comment le vivent-ils ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils vivent plutôt bien parce que je considère qu'on est une grande famille. Les gens qui étaient dans l'entreprise quand j'étais gamine, je les vois toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je pense qu'on porte une attention aux gens qui est complètement différente. et puis cet influx relationnel. Normalement, on le transmet à tous les gens qui sont ici. On essaye d'avoir beaucoup de bienveillance, de détecter quand quelqu'un a un problème pour pouvoir l'aider. Et cet œil familial, je pense que c'est vraiment différent. Et les gens qui sont avec nous, on s'intéresse tous aux gens. Après, on ne va pas faire de l'intrusion dans leur vie privée, évidemment. Mais ceux qui veulent nous en parler parce qu'ils ont des soucis, c'est avec plaisir. Et puis ceux qui ont des bons moments, on est tous ravis aussi pour eux.

  • Speaker #1

    Et pour rester sur cet aspect familial, là vous êtes la deuxième génération au niveau de l'activité développée par votre papa, vous travaillez avec votre frère. Est-ce que la troisième génération se positionne ou émet des souhaits pour rejoindre l'aventure entrepreneuriale familiale ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai repris le schéma familial, j'ai fait des enfants très tard puisque j'avais 36 ans à la naissance de mon fils, 40 de ma fille. Donc il est aujourd'hui en terminale, on en parle beaucoup. Il a envie de reprendre l'entreprise, par contre il n'aura le droit que s'il apprend à gérer, s'il ne dépense pas les sous, s'il est bon gestionnaire, s'il a de l'impétence pour ce métier. Parce que le tout ce n'est pas de se dire j'ai envie de le faire, mais il faut se rendre compte de tout ce qu'il peut y avoir comme problème. Donc ce ne sera pas une obligation du tout pour lui, ce sera s'il a envie et moi ce sera si aussi je le juge capable. Je pense que pour une bonne transmission, il faut une bonne préparation technique. Déjà, c'est la première des choses, parce qu'il faut avoir la technique. Il ne faut pas forcer les gens. Ça, c'est extrêmement important. Je connais des gens qui ont mis leur entreprise dans les mains d'un directeur plutôt que l'entreprise y être soi-même, parce que si on n'est pas fait pour ça, c'est très compliqué. Donc, il ne faut pas se forcer. Il faut vraiment de l'envie quand on fait les choses. Et puis, si on se sent malheureux, je crois qu'il vaut mieux abandonner parce qu'une entreprise mérite de vivre. Et je vois trop d'entreprises qui sont allées vers le bas parce qu'à un moment, on n'ose plus avancer ou qu'on prend des risques inconsidérés. mais là c'est Je dirais que c'est toute entreprise, qu'elle soit familiale ou pas. Mais dans une entreprise familiale, il y a ce côté affect qui est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous diriez qu'il est difficile à gérer, ce côté affect ?

  • Speaker #0

    Tout dépend. Là où une entreprise fonctionne bien, le côté affect n'est pas difficile à gérer. Par contre, quand ça va moins bien, c'est là qu'on peut avoir des prises de décisions difficiles et peut-être parfois un manque de clairvoyance. Ou quand ça se passe mal dans une entreprise entre gens de la même famille, ça peut aussi détruire des familles. Donc c'est quand même extrêmement dangereux.

  • Speaker #1

    Quels sont les atouts de manière générale d'une entreprise famille ?

  • Speaker #0

    Les atouts, c'est que je pense qu'on est tous mués par la même envie de réussir et de réussir dans cette entreprise plutôt que dans notre carrière individuelle. Ça, c'est quelque chose de très clair. C'est-à-dire que la réussite d'un homme dans une entreprise familiale, c'est la réussite de la famille et de l'entreprise familiale. Alors que quelqu'un qui fait une carrière dans une entreprise qui ne lui appartient pas, l'entreprise n'est qu'une étape dans sa vie professionnelle. Et on dit que les gens changent régulièrement d'entreprise. Ça, je pense que c'est relativement important. C'est que moi, réussir ma vie, c'est réussir ma boîte. Alors effectivement je suis née à Cran, de parents crânais. Ça c'est extrêmement important, je suis assez chauvine, on n'arrête pas de me le dire. La Mayenne est une terre que je promeux, que mes parents ont promue. Nous avons eu, dès les années, début des années 80, les premiers camions décorés. On avait des véhicules aux images des courses de Cran, du château de Cran, des Halles. On a continué avec les ardoisières, avec le musée Tatin. Nous avons une remorque pour promouvoir la marque employeur du pays de Cran. Nous travaillons toujours sur la promotion et faire connaître ce territoire. Et puis nous essayons de l'aider au maximum, ce territoire aussi, parce que je pense qu'on est les plus gros fournisseurs de podiums pour toutes les fêtes locales. Nous essayons d'être partout. Et puis, en tant que famille, nous vivons à cran, nous vivons au milieu de nos salariés, au milieu de l'entreprise et au milieu de nos commerces. C'est extrêmement important parce qu'il faut qu'il y ait un arrêt des cadres qui vont habiter dans les grandes villes et qui laissent des déserts. Il faut vraiment s'engager pour notre territoire, pour nos écoles, pour nos associations. parce que sinon les entreprises n'auront plus de main-d'œuvre et la main-d'œuvre Mayennaise elle est géniale. Des gens engagés, des gens intelligents avec l'intelligence du geste, l'intelligence de l'esprit, l'intelligence du comportement et ça c'est génial. Vive la Mayenne !

  • Speaker #1

    Merci pour cette rencontre, merci pour tout ce partage et votre confiance et à très bientôt pour un nouvel épisode.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'était un réel plaisir.

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