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#20 – Rejoignez la bande d'Alexis Hanquinquant et du Para triathlon cover
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PAR Amour du sport !

#20 – Rejoignez la bande d'Alexis Hanquinquant et du Para triathlon

#20 – Rejoignez la bande d'Alexis Hanquinquant et du Para triathlon

15min |29/08/2024
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PAR Amour du sport !

#20 – Rejoignez la bande d'Alexis Hanquinquant et du Para triathlon

#20 – Rejoignez la bande d'Alexis Hanquinquant et du Para triathlon

15min |29/08/2024
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Description

C’est une armée qui débarque à Paris… 21 Para triathlètes, c’est près de 10% de la délégation française. Leur chef de file ? Alexis Hanquinquant, champion paralympique en titre dans sa catégorie. Six fois champion du monde et six fois champion d’Europe consécutivement, Hanquinquant court toujours. Accidenté en 2010, il domine depuis 2017 sa discipline sans partage. Porte-drapeau au côté de Nantenin Keita, il se voit bien continuer jusqu’à Los Angeles en 2028. Mais pourquoi continue-t-il de concourir ? Ou peut-être devrait-on dire, pour qui ?

 

Les épreuves de Para triathlon aux Jeux de Paris 2024 ont lieu les 1er et 2 septembre autour du Pont Alexandre III à Paris.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexis Hanquinquant

    Et maintenant, Alexis Hanquinquant va ajouter le plus grand prix du sport à son CV. Il va être crowné champion paralympique. Reste en France, un bon moment, un display dominant. Alexis Hanquinquant sera toujours paralympique, medaliste d'or.

  • Ludivine Munos

    Le Para triathlon, c'est tout simplement un sport accessible à tous. C'est natation, vélo, course à pied, enfilé toujours dans cet ordre-là. C'est un sport très fun, c'est un sport qui est d'extérieur. Donc si on aime la nature, si on aime être dehors, on peut le faire en prothèse, on peut le faire en fauteuil roulant, on peut le faire avec un guide. On est plein d'exemples en équipe de France de paratriathlon, prouvé qu'avec plein de pathologies différentes, c'est un sport accessible à tous. Donc voilà, si vous hésitez... Franchissez de bas.

  • Roland Richard

    C'est un infatigable apôtre de son sport. À 38 ans, Alexis Hanquinquant est un champion fait d'un bois rare. Il exerce une hégémonie féroce sur le paratriathlon. Six titres de champion du monde de suite et un titre paralympique au milieu à Tokyo. Mais cela va au-delà du palmarès. Anquincan est un messager. Un défenseur, un prosélite d'une discipline à l'exigence totale. Parce que rien n'est plus beau, à ses yeux, que de réussir ce qui est le plus difficile. Je m'appelle Ludivine Munoz, nageuse. J'ai remporté 12 médailles aux Jeux paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte donc le Para triathlon à travers l'histoire d'Alexis Hanquinquant.

  • Speaker #3

    L'histoire du paratriathlon nous ramène une trentaine d'années en arrière, Ludivine. Née en 1989, l'Union internationale de triathlon, future World Triathlon, réfléchit tout de suite au développement de sa pratique parasportive. Six ans plus tard, en 1995, se tiennent les premiers championnats du monde. Des règles et des classifications sont peu à peu instituées et en 2016, le paratriathlon devient paralympique. C'est au Brésil. à Rio dans les flots de Copacabana que les paratriathlètes se jettent pour la première fois à l'assaut d'un podium paralympique. Il y a alors 6 titres en jeu et la France décroche tout de suite un premier métal, le bronze, pour Gladys Lemoussu. 5 ans après à Tokyo, nouveau bronze mais cette fois pour Anouk Kurzia avant la consécration grâce à Alexis Hanquinquant, médaillé d'or de sa catégorie. Ce titre est un triomphe pour un homme dont la vie est irriguée par le sport. Anquincan s'informe sur le sport, regarde du sport et... Et bien sûr, fait du sport.

  • Ludivine Munos

    Oui, je suis complètement fondu de sport. Je suis vraiment un passionné de ça. Et les athlètes me font rêver. Les sports me font rêver. Et oui, le sport occupe une grosse partie de ma vie.

  • Roland Richard

    Et ce, depuis tout petit. À 7 ans, le judo. Mais le normand s'excuse à chaque fois qu'il fait tomber un copain sur le tatami. Alors il se met vite au basket. Avec succès. À 15 ans, il est même repéré par un coach. passe un test au SPO Rouen, mais c'est un peu tard pour tenter de devenir professionnel. Son rêve est passé. Alors il se lance dans le monde du travail et devient maçon-carleur. En parallèle, le jeune en quinquant continue le basket qu'il chérit tant jusqu'au milieu des années 2000. À 20 ans, nouvelle expérience. Il franchit le seuil d'une salle de boxe full contact, encouragée par un ami. C'est un coup de foudre. Son mètre 96, son profil assez sec, Son corps aux prédispositions évidentes, sa capacité à intégrer rapidement les consignes, tout cela le pousse sur le devant de la scène. Mai 2010, il devient champion de France en moins de 86 kg.

  • Speaker #3

    Mais quelques semaines plus tard, Ludivine, en août 2010, Alexis Anquincan est victime d'un terrible accident du travail. Sur un chantier, il conduit un mini-chargeur, une sorte de petit tractopelle. L'appareil bascule vers l'avant, Alexis est projeté, et le godet lui retombe sur la jambe droite. Il est hospitalisé, les médecins sauvent sa jambe à coup de nombreuses opérations, mais rien ne sera plus comme avant. Dans ces moments sombres, la lumière vient de sa femme, Eva.

  • Ludivine Munos

    En fait, elle va avoir une phrase assez choc de me dire, tu as l'occasion de repartir de zéro, qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Et moi, en fait, depuis que je suis tout gosse, je rêve d'être sportif de haut niveau, en fait. Donc, je vais tout de suite lui parler de Jeux paralympiques. Et en fait, je n'ai pas à ce moment-là à me faire redescendre un peu sur terre parce que je n'ai même pas essayé une prothèse, en fait.

  • Speaker #3

    Si on parle de prothèse, c'est que trois ans après l'accident, en 2013, la jambe d'Alexis n'est plus qu'un fardeau. Les douleurs sont importantes, l'incapacité de mouvement également, alors il décide de se faire amputer sous le genou. Commence ensuite un long chemin de reconstruction où l'une de ses seules certitudes, c'est qu'il ira au jeu.

  • Ludivine Munos

    J'avais une petite voix qui me disait que j'y arriverais, que j'étais fait sûrement pour ça. Et en fait, je vais partir dans ce délire complètement fou d'essayer de devenir le meilleur paratriathlète possible.

  • Roland Richard

    Pour perdre du poids après une longue période d'immobilité, ils se mettent au vélo. Ils souffrent et commencent à aimer ça. C'est par le cyclisme que l'idée du paratriathlon émerge, et aussi parce que les sports combinés comptent indiscutablement parmi les disciplines les plus redoutables.

  • Ludivine Munos

    C'est un des sports les plus exigeants, c'est un des sports les plus polyvalents. J'étais persuadé que c'était ce sport-là qui allait me remettre le pied à l'étrier, si je puis dire. J'avais vraiment besoin de me prouver à moi que cet accident, il ne m'allait pas me rendre moins fort. Bien au contraire, j'avais besoin de prouver à mes proches que je n'étais pas bon à mettre à la poubelle, que cette jambe en carbone allait me rendre, j'espérais, plus fort.

  • Roland Richard

    Paris gagné. L'ascension du Normand est fulgurante. 2015, il s'inscrit au club de triathlon de sa ville natale, IFTO. 2016, il se présente au championnat de France, déjoue les pronostics et se classe deuxième. En quinquant, devance au passage deux membres de l'équipe de France. L'entraîneur national Nicolas Becker n'en revient pas. Il convainc Alexis de rejoindre une structure d'entraînement plus importante à Rouen. Et le résultat est foudroyant. 2017, un an après, Alexis en quinquant devient champion d'Europe en juin et champion du monde en septembre.

  • Speaker #4

    Ces succès,

  • Speaker #3

    le français les construit dans l'eau. En paratriathlon, l'épreuve est un format sprint, comprendre des distances courtes. Dans l'ordre, 750 mètres de natation, 20 kilomètres de cyclisme, 5 kilomètres de course à pied. L'ensemble dure entre une heure et une heure et demie, selon les catégories. Longer ligne, léger, Anquincan est un nageur de haut niveau, qui a brillé dans tout le monde. tous les fleuves, lacs et mers du globe. Alors pourquoi pas dans la Seine ? Il regrette d'ailleurs les polémiques autour de la qualité de l'eau, alimentée par les maladies d'athlètes allemands et néo-zélandais pendant les JO. Le normand ne comprend pas bien ce qu'il décrit comme une diabolisation du fleuve parisien. Alors en quinquant, fervent défenseur de la Seine ?

  • Ludivine Munos

    C'est pas que je suis un fervent défenseur de la Seine, c'est juste que je suis un fervent défenseur du triathlon. Nager dans la Seine, entre guillemets, c'est la conséquence de vouloir le faire en plein Paris, ce triathlon. On a déjà nagé dans des eaux beaucoup plus sales, un peu partout à travers le monde, etc. Je peux comprendre les réticences de beaucoup sur la qualité de l'eau, de la Seine, etc. Mais moi, ce n'est pas forcément tant la qualité qui me pose problème. C'est juste qu'à un moment, je fais du triathlon, je ne fais pas du duathlon.

  • Roland Richard

    Une crainte d'un duathlon. Deux épreuves seulement, donc, nourries par le test event de l'an passé. En 2023, à Paris, le triathlon s'est couru sans l'épreuve de natation parce que la qualité de l'eau ne le permettait pas. Malgré cela, en quinquant, c'est quand même... imposée dans sa catégorie.

  • Speaker #3

    Sa catégorie, justement, Ludivine, c'est la PTS4. Au Jeu paralympique, le paratriathlon se découpe en trois grandes familles de handicaps. Puisqu'on a nommé la classification de Anquincan, commençons par les PTS, qui vont de PTS2 à PTS5. PT pour paratriathlon, S pour standing. Les athlètes qui réalisent donc leur épreuve debout.

  • Ludivine Munos

    PTS2, c'est un handicap considéré très lourd, donc c'est amputé de cuisse. Souvent, ils font le vélo sur une seule jambe, etc. PTS3 c'est deux membres touchés donc soit double amputation soit hémiplégie jambe et bras d'un côté PTS4 donc c'est comme moi c'est soit amputé sous le genou soit amputé d'un bras et PTS5 c'est la catégorie la moins handicapée c'est souvent un bras un peu plus court qu'un autre, ça peut être un handicap de pied donc ce qu'on appelle un pied beau

  • Roland Richard

    C'est en PTS 5 qu'on retrouve par exemple Gladys Lemoussu, médaillée de bronze à Rio et dont le handicap est une agénésie du bras gauche. Il existe ensuite deux autres familles d'épreuves en paratriathlon, celles des athlètes en fauteuil roulant et celles des athlètes non voyants ou mal voyants. Les athlètes en fauteuil roulant ont un handicap des membres inférieurs important. Le parcours cycliste s'effectue en handbike, en vélo à main et la dernière partie en fauteuil d'athlétisme. Je vous laisse imaginer la musculature des bras de nos amis. Ils sont rangés sous la classification PT, WC, WC pour wheelchair, le fauteuil roulant. Enfin, les PT VI, les athlètes avec un handicap visuel comme Anouk Kursia, médaillé de bronze à Tokyo. Ils sont accompagnés d'un athlète voyant qui leur sert de guide. Le guide doit être du même genre que l'athlète en compétition. Et il doit être le même sur les trois parties de l'épreuve. Dans l'eau, ils sont rattachés par un lien. En cyclisme, ils roulent en tandem. Et en course à pied, Roland, ils sont unis par un lien, encore une fois.

  • Speaker #3

    Trois dernières informations concernant les règles pour vous qui nous écoutez. D'abord, le départ s'effectue dans l'eau pour toutes les catégories. Pas de plongeon comme aux Jeux Olympiques. Ensuite, les PTS. hommes et femmes partiront tous le 1er septembre dans la matinée, avec des horaires différents pour la lisibilité de la course. Les PTWC et VI, ce sera le 2 septembre. Enfin, pour les transitions d'un sport à l'autre, des assistants peuvent aider les athlètes selon les handicaps. La transition est souvent présentée comme la quatrième épreuve du triathlon. Il faut donc la préparer. Depuis 2017, Alexis Anquincan et son prothésiste ont réussi à créer une seule prothèse pour le cyclisme et la course à pied. Le gain de temps est important. Pour le reste, il faut s'entraîner. Et quand on vous dit que le paratriathlon, c'est exigeant, vous allez comprendre.

  • Ludivine Munos

    25 à 30 heures d'entraînement par semaine. C'est natation tous les matins du lundi au vendredi. Autour de 6 km de natation par jour. Ça enchaîne un jour sur deux le matin par une course à pied d'environ une heure. Pause pour manger le midi. Et puis l'après-midi, entre 2h30 et 3h de vélo. Et le samedi, c'était souvent place à un petit footing. Et le dimanche, c'était la journée repos.

  • Roland Richard

    Le résultat est... immaculée d'or. Depuis 2017, Alexis Anquin-Camp a réalisé le triplé chaque année. Cela fait six titres consécutifs dans chaque catégorie, puisqu'il n'y a pas eu de compétition en

  • Speaker #5

    2020 en raison du Covid.

  • Roland Richard

    Certains disent que la perfection n'est pas de ce monde. Ici. Elle est le résultat d'un sacré appétit.

  • Ludivine Munos

    Je suis un vrai compétiteur, moi. Ce que j'adore, c'est gagner, c'est l'adrénaline de la course, c'est l'adversité. Et en fait, c'est ça aujourd'hui qui me fait tenir, parce que souvent on m'a posé la question comment tu fais pour continuer alors que tu as tout gagné ? Je pense que c'est ça, en fait, on en veut encore. On veut regoutter à tout ça, on veut cette excitation, ce stress, ce mélange de plein de choses.

  • Speaker #3

    Et même si en quinquant on n'aime pas ça, les pronostics sont unanimes. numéro 1 mondial, auréolé d'une invincibilité en grande compétition internationale depuis 7 ans, le normand est le grand favori. Et le titre à Paris, ce serait encore une autre émotion. Pas vrai ?

  • Ludivine Munos

    Je n'ose même pas quantifier ce que ça pourrait être de gagner à Paris. Quand je vois déjà ce que ça a donné à Tokyo, ma vie a clairement changé après Tokyo. Quelque part, ce qui me rassure aussi, c'est que je l'ai fait à Tokyo. Donc, si jamais ça ne doit pas se faire à Paris, en fait, je n'aurai pas à rougir de ce que j'ai fait.

  • Roland Richard

    Pas à rougir de tous les efforts consentis. Les entraînements, les voyages, les compétitions, tout ça sans voir les siens, sans voir ses enfants Enzo, 12 ans, et Lola, 10 ans, sans être aux côtés de sa femme Eva. Alexis, en quinquant, évoque souvent l'impact de la haute performance sur sa vie de famille. Alors, on a osé lui demander quelle place jouait Eva, justement, dans ses performances ?

  • Ludivine Munos

    Elle est au centre de la pyramide, entre guillemets. C'est la base forte de mon couple, puisque c'est forcément elle qui gère mes absences, qui gère les enfants. Même si maintenant, ils sont plus grands, c'est un peu plus simple. Mais sans son soutien conditionnel, ça ne serait pas pu fonctionner comme ça. C'est impossible.

  • Roland Richard

    Impossible de ne pas l'imaginer penser à elle, à ses enfants, au moment de s'emparer de la bannière tricolore le 28 août. Parce qu'Alexis Anquincan sera le porte-drapeau de la France avec la championne paralympique d'athlétisme Nantana Keita lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Anquincan, dont le cœur bat si singulièrement pour son pays.

  • Speaker #3

    À ses côtés, il y aura beaucoup des 237 athlètes, guides et assistants de la délégation française. 237, dont 21 paratriathlètes. On aura un œil attentif sur les performances de Pierre-Antoine Bell dans la même catégorie qu'en quinquant, avec peut-être deux médaillés français sur le même podium. Mais aussi sur les champions du monde, PTS2, Jules Ripstein, et PTS3, Élise Marc. On souhaite en tout cas à en quinquant le même destin que celui du judoka Teddy Riner, ultra-dominateur dans son sport lui aussi, lorsqu'il avait été porte-drapeau à Rio en 2016 et finalement champion olympique.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous.

Description

C’est une armée qui débarque à Paris… 21 Para triathlètes, c’est près de 10% de la délégation française. Leur chef de file ? Alexis Hanquinquant, champion paralympique en titre dans sa catégorie. Six fois champion du monde et six fois champion d’Europe consécutivement, Hanquinquant court toujours. Accidenté en 2010, il domine depuis 2017 sa discipline sans partage. Porte-drapeau au côté de Nantenin Keita, il se voit bien continuer jusqu’à Los Angeles en 2028. Mais pourquoi continue-t-il de concourir ? Ou peut-être devrait-on dire, pour qui ?

 

Les épreuves de Para triathlon aux Jeux de Paris 2024 ont lieu les 1er et 2 septembre autour du Pont Alexandre III à Paris.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexis Hanquinquant

    Et maintenant, Alexis Hanquinquant va ajouter le plus grand prix du sport à son CV. Il va être crowné champion paralympique. Reste en France, un bon moment, un display dominant. Alexis Hanquinquant sera toujours paralympique, medaliste d'or.

  • Ludivine Munos

    Le Para triathlon, c'est tout simplement un sport accessible à tous. C'est natation, vélo, course à pied, enfilé toujours dans cet ordre-là. C'est un sport très fun, c'est un sport qui est d'extérieur. Donc si on aime la nature, si on aime être dehors, on peut le faire en prothèse, on peut le faire en fauteuil roulant, on peut le faire avec un guide. On est plein d'exemples en équipe de France de paratriathlon, prouvé qu'avec plein de pathologies différentes, c'est un sport accessible à tous. Donc voilà, si vous hésitez... Franchissez de bas.

  • Roland Richard

    C'est un infatigable apôtre de son sport. À 38 ans, Alexis Hanquinquant est un champion fait d'un bois rare. Il exerce une hégémonie féroce sur le paratriathlon. Six titres de champion du monde de suite et un titre paralympique au milieu à Tokyo. Mais cela va au-delà du palmarès. Anquincan est un messager. Un défenseur, un prosélite d'une discipline à l'exigence totale. Parce que rien n'est plus beau, à ses yeux, que de réussir ce qui est le plus difficile. Je m'appelle Ludivine Munoz, nageuse. J'ai remporté 12 médailles aux Jeux paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte donc le Para triathlon à travers l'histoire d'Alexis Hanquinquant.

  • Speaker #3

    L'histoire du paratriathlon nous ramène une trentaine d'années en arrière, Ludivine. Née en 1989, l'Union internationale de triathlon, future World Triathlon, réfléchit tout de suite au développement de sa pratique parasportive. Six ans plus tard, en 1995, se tiennent les premiers championnats du monde. Des règles et des classifications sont peu à peu instituées et en 2016, le paratriathlon devient paralympique. C'est au Brésil. à Rio dans les flots de Copacabana que les paratriathlètes se jettent pour la première fois à l'assaut d'un podium paralympique. Il y a alors 6 titres en jeu et la France décroche tout de suite un premier métal, le bronze, pour Gladys Lemoussu. 5 ans après à Tokyo, nouveau bronze mais cette fois pour Anouk Kurzia avant la consécration grâce à Alexis Hanquinquant, médaillé d'or de sa catégorie. Ce titre est un triomphe pour un homme dont la vie est irriguée par le sport. Anquincan s'informe sur le sport, regarde du sport et... Et bien sûr, fait du sport.

  • Ludivine Munos

    Oui, je suis complètement fondu de sport. Je suis vraiment un passionné de ça. Et les athlètes me font rêver. Les sports me font rêver. Et oui, le sport occupe une grosse partie de ma vie.

  • Roland Richard

    Et ce, depuis tout petit. À 7 ans, le judo. Mais le normand s'excuse à chaque fois qu'il fait tomber un copain sur le tatami. Alors il se met vite au basket. Avec succès. À 15 ans, il est même repéré par un coach. passe un test au SPO Rouen, mais c'est un peu tard pour tenter de devenir professionnel. Son rêve est passé. Alors il se lance dans le monde du travail et devient maçon-carleur. En parallèle, le jeune en quinquant continue le basket qu'il chérit tant jusqu'au milieu des années 2000. À 20 ans, nouvelle expérience. Il franchit le seuil d'une salle de boxe full contact, encouragée par un ami. C'est un coup de foudre. Son mètre 96, son profil assez sec, Son corps aux prédispositions évidentes, sa capacité à intégrer rapidement les consignes, tout cela le pousse sur le devant de la scène. Mai 2010, il devient champion de France en moins de 86 kg.

  • Speaker #3

    Mais quelques semaines plus tard, Ludivine, en août 2010, Alexis Anquincan est victime d'un terrible accident du travail. Sur un chantier, il conduit un mini-chargeur, une sorte de petit tractopelle. L'appareil bascule vers l'avant, Alexis est projeté, et le godet lui retombe sur la jambe droite. Il est hospitalisé, les médecins sauvent sa jambe à coup de nombreuses opérations, mais rien ne sera plus comme avant. Dans ces moments sombres, la lumière vient de sa femme, Eva.

  • Ludivine Munos

    En fait, elle va avoir une phrase assez choc de me dire, tu as l'occasion de repartir de zéro, qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Et moi, en fait, depuis que je suis tout gosse, je rêve d'être sportif de haut niveau, en fait. Donc, je vais tout de suite lui parler de Jeux paralympiques. Et en fait, je n'ai pas à ce moment-là à me faire redescendre un peu sur terre parce que je n'ai même pas essayé une prothèse, en fait.

  • Speaker #3

    Si on parle de prothèse, c'est que trois ans après l'accident, en 2013, la jambe d'Alexis n'est plus qu'un fardeau. Les douleurs sont importantes, l'incapacité de mouvement également, alors il décide de se faire amputer sous le genou. Commence ensuite un long chemin de reconstruction où l'une de ses seules certitudes, c'est qu'il ira au jeu.

  • Ludivine Munos

    J'avais une petite voix qui me disait que j'y arriverais, que j'étais fait sûrement pour ça. Et en fait, je vais partir dans ce délire complètement fou d'essayer de devenir le meilleur paratriathlète possible.

  • Roland Richard

    Pour perdre du poids après une longue période d'immobilité, ils se mettent au vélo. Ils souffrent et commencent à aimer ça. C'est par le cyclisme que l'idée du paratriathlon émerge, et aussi parce que les sports combinés comptent indiscutablement parmi les disciplines les plus redoutables.

  • Ludivine Munos

    C'est un des sports les plus exigeants, c'est un des sports les plus polyvalents. J'étais persuadé que c'était ce sport-là qui allait me remettre le pied à l'étrier, si je puis dire. J'avais vraiment besoin de me prouver à moi que cet accident, il ne m'allait pas me rendre moins fort. Bien au contraire, j'avais besoin de prouver à mes proches que je n'étais pas bon à mettre à la poubelle, que cette jambe en carbone allait me rendre, j'espérais, plus fort.

  • Roland Richard

    Paris gagné. L'ascension du Normand est fulgurante. 2015, il s'inscrit au club de triathlon de sa ville natale, IFTO. 2016, il se présente au championnat de France, déjoue les pronostics et se classe deuxième. En quinquant, devance au passage deux membres de l'équipe de France. L'entraîneur national Nicolas Becker n'en revient pas. Il convainc Alexis de rejoindre une structure d'entraînement plus importante à Rouen. Et le résultat est foudroyant. 2017, un an après, Alexis en quinquant devient champion d'Europe en juin et champion du monde en septembre.

  • Speaker #4

    Ces succès,

  • Speaker #3

    le français les construit dans l'eau. En paratriathlon, l'épreuve est un format sprint, comprendre des distances courtes. Dans l'ordre, 750 mètres de natation, 20 kilomètres de cyclisme, 5 kilomètres de course à pied. L'ensemble dure entre une heure et une heure et demie, selon les catégories. Longer ligne, léger, Anquincan est un nageur de haut niveau, qui a brillé dans tout le monde. tous les fleuves, lacs et mers du globe. Alors pourquoi pas dans la Seine ? Il regrette d'ailleurs les polémiques autour de la qualité de l'eau, alimentée par les maladies d'athlètes allemands et néo-zélandais pendant les JO. Le normand ne comprend pas bien ce qu'il décrit comme une diabolisation du fleuve parisien. Alors en quinquant, fervent défenseur de la Seine ?

  • Ludivine Munos

    C'est pas que je suis un fervent défenseur de la Seine, c'est juste que je suis un fervent défenseur du triathlon. Nager dans la Seine, entre guillemets, c'est la conséquence de vouloir le faire en plein Paris, ce triathlon. On a déjà nagé dans des eaux beaucoup plus sales, un peu partout à travers le monde, etc. Je peux comprendre les réticences de beaucoup sur la qualité de l'eau, de la Seine, etc. Mais moi, ce n'est pas forcément tant la qualité qui me pose problème. C'est juste qu'à un moment, je fais du triathlon, je ne fais pas du duathlon.

  • Roland Richard

    Une crainte d'un duathlon. Deux épreuves seulement, donc, nourries par le test event de l'an passé. En 2023, à Paris, le triathlon s'est couru sans l'épreuve de natation parce que la qualité de l'eau ne le permettait pas. Malgré cela, en quinquant, c'est quand même... imposée dans sa catégorie.

  • Speaker #3

    Sa catégorie, justement, Ludivine, c'est la PTS4. Au Jeu paralympique, le paratriathlon se découpe en trois grandes familles de handicaps. Puisqu'on a nommé la classification de Anquincan, commençons par les PTS, qui vont de PTS2 à PTS5. PT pour paratriathlon, S pour standing. Les athlètes qui réalisent donc leur épreuve debout.

  • Ludivine Munos

    PTS2, c'est un handicap considéré très lourd, donc c'est amputé de cuisse. Souvent, ils font le vélo sur une seule jambe, etc. PTS3 c'est deux membres touchés donc soit double amputation soit hémiplégie jambe et bras d'un côté PTS4 donc c'est comme moi c'est soit amputé sous le genou soit amputé d'un bras et PTS5 c'est la catégorie la moins handicapée c'est souvent un bras un peu plus court qu'un autre, ça peut être un handicap de pied donc ce qu'on appelle un pied beau

  • Roland Richard

    C'est en PTS 5 qu'on retrouve par exemple Gladys Lemoussu, médaillée de bronze à Rio et dont le handicap est une agénésie du bras gauche. Il existe ensuite deux autres familles d'épreuves en paratriathlon, celles des athlètes en fauteuil roulant et celles des athlètes non voyants ou mal voyants. Les athlètes en fauteuil roulant ont un handicap des membres inférieurs important. Le parcours cycliste s'effectue en handbike, en vélo à main et la dernière partie en fauteuil d'athlétisme. Je vous laisse imaginer la musculature des bras de nos amis. Ils sont rangés sous la classification PT, WC, WC pour wheelchair, le fauteuil roulant. Enfin, les PT VI, les athlètes avec un handicap visuel comme Anouk Kursia, médaillé de bronze à Tokyo. Ils sont accompagnés d'un athlète voyant qui leur sert de guide. Le guide doit être du même genre que l'athlète en compétition. Et il doit être le même sur les trois parties de l'épreuve. Dans l'eau, ils sont rattachés par un lien. En cyclisme, ils roulent en tandem. Et en course à pied, Roland, ils sont unis par un lien, encore une fois.

  • Speaker #3

    Trois dernières informations concernant les règles pour vous qui nous écoutez. D'abord, le départ s'effectue dans l'eau pour toutes les catégories. Pas de plongeon comme aux Jeux Olympiques. Ensuite, les PTS. hommes et femmes partiront tous le 1er septembre dans la matinée, avec des horaires différents pour la lisibilité de la course. Les PTWC et VI, ce sera le 2 septembre. Enfin, pour les transitions d'un sport à l'autre, des assistants peuvent aider les athlètes selon les handicaps. La transition est souvent présentée comme la quatrième épreuve du triathlon. Il faut donc la préparer. Depuis 2017, Alexis Anquincan et son prothésiste ont réussi à créer une seule prothèse pour le cyclisme et la course à pied. Le gain de temps est important. Pour le reste, il faut s'entraîner. Et quand on vous dit que le paratriathlon, c'est exigeant, vous allez comprendre.

  • Ludivine Munos

    25 à 30 heures d'entraînement par semaine. C'est natation tous les matins du lundi au vendredi. Autour de 6 km de natation par jour. Ça enchaîne un jour sur deux le matin par une course à pied d'environ une heure. Pause pour manger le midi. Et puis l'après-midi, entre 2h30 et 3h de vélo. Et le samedi, c'était souvent place à un petit footing. Et le dimanche, c'était la journée repos.

  • Roland Richard

    Le résultat est... immaculée d'or. Depuis 2017, Alexis Anquin-Camp a réalisé le triplé chaque année. Cela fait six titres consécutifs dans chaque catégorie, puisqu'il n'y a pas eu de compétition en

  • Speaker #5

    2020 en raison du Covid.

  • Roland Richard

    Certains disent que la perfection n'est pas de ce monde. Ici. Elle est le résultat d'un sacré appétit.

  • Ludivine Munos

    Je suis un vrai compétiteur, moi. Ce que j'adore, c'est gagner, c'est l'adrénaline de la course, c'est l'adversité. Et en fait, c'est ça aujourd'hui qui me fait tenir, parce que souvent on m'a posé la question comment tu fais pour continuer alors que tu as tout gagné ? Je pense que c'est ça, en fait, on en veut encore. On veut regoutter à tout ça, on veut cette excitation, ce stress, ce mélange de plein de choses.

  • Speaker #3

    Et même si en quinquant on n'aime pas ça, les pronostics sont unanimes. numéro 1 mondial, auréolé d'une invincibilité en grande compétition internationale depuis 7 ans, le normand est le grand favori. Et le titre à Paris, ce serait encore une autre émotion. Pas vrai ?

  • Ludivine Munos

    Je n'ose même pas quantifier ce que ça pourrait être de gagner à Paris. Quand je vois déjà ce que ça a donné à Tokyo, ma vie a clairement changé après Tokyo. Quelque part, ce qui me rassure aussi, c'est que je l'ai fait à Tokyo. Donc, si jamais ça ne doit pas se faire à Paris, en fait, je n'aurai pas à rougir de ce que j'ai fait.

  • Roland Richard

    Pas à rougir de tous les efforts consentis. Les entraînements, les voyages, les compétitions, tout ça sans voir les siens, sans voir ses enfants Enzo, 12 ans, et Lola, 10 ans, sans être aux côtés de sa femme Eva. Alexis, en quinquant, évoque souvent l'impact de la haute performance sur sa vie de famille. Alors, on a osé lui demander quelle place jouait Eva, justement, dans ses performances ?

  • Ludivine Munos

    Elle est au centre de la pyramide, entre guillemets. C'est la base forte de mon couple, puisque c'est forcément elle qui gère mes absences, qui gère les enfants. Même si maintenant, ils sont plus grands, c'est un peu plus simple. Mais sans son soutien conditionnel, ça ne serait pas pu fonctionner comme ça. C'est impossible.

  • Roland Richard

    Impossible de ne pas l'imaginer penser à elle, à ses enfants, au moment de s'emparer de la bannière tricolore le 28 août. Parce qu'Alexis Anquincan sera le porte-drapeau de la France avec la championne paralympique d'athlétisme Nantana Keita lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Anquincan, dont le cœur bat si singulièrement pour son pays.

  • Speaker #3

    À ses côtés, il y aura beaucoup des 237 athlètes, guides et assistants de la délégation française. 237, dont 21 paratriathlètes. On aura un œil attentif sur les performances de Pierre-Antoine Bell dans la même catégorie qu'en quinquant, avec peut-être deux médaillés français sur le même podium. Mais aussi sur les champions du monde, PTS2, Jules Ripstein, et PTS3, Élise Marc. On souhaite en tout cas à en quinquant le même destin que celui du judoka Teddy Riner, ultra-dominateur dans son sport lui aussi, lorsqu'il avait été porte-drapeau à Rio en 2016 et finalement champion olympique.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous.

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Description

C’est une armée qui débarque à Paris… 21 Para triathlètes, c’est près de 10% de la délégation française. Leur chef de file ? Alexis Hanquinquant, champion paralympique en titre dans sa catégorie. Six fois champion du monde et six fois champion d’Europe consécutivement, Hanquinquant court toujours. Accidenté en 2010, il domine depuis 2017 sa discipline sans partage. Porte-drapeau au côté de Nantenin Keita, il se voit bien continuer jusqu’à Los Angeles en 2028. Mais pourquoi continue-t-il de concourir ? Ou peut-être devrait-on dire, pour qui ?

 

Les épreuves de Para triathlon aux Jeux de Paris 2024 ont lieu les 1er et 2 septembre autour du Pont Alexandre III à Paris.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexis Hanquinquant

    Et maintenant, Alexis Hanquinquant va ajouter le plus grand prix du sport à son CV. Il va être crowné champion paralympique. Reste en France, un bon moment, un display dominant. Alexis Hanquinquant sera toujours paralympique, medaliste d'or.

  • Ludivine Munos

    Le Para triathlon, c'est tout simplement un sport accessible à tous. C'est natation, vélo, course à pied, enfilé toujours dans cet ordre-là. C'est un sport très fun, c'est un sport qui est d'extérieur. Donc si on aime la nature, si on aime être dehors, on peut le faire en prothèse, on peut le faire en fauteuil roulant, on peut le faire avec un guide. On est plein d'exemples en équipe de France de paratriathlon, prouvé qu'avec plein de pathologies différentes, c'est un sport accessible à tous. Donc voilà, si vous hésitez... Franchissez de bas.

  • Roland Richard

    C'est un infatigable apôtre de son sport. À 38 ans, Alexis Hanquinquant est un champion fait d'un bois rare. Il exerce une hégémonie féroce sur le paratriathlon. Six titres de champion du monde de suite et un titre paralympique au milieu à Tokyo. Mais cela va au-delà du palmarès. Anquincan est un messager. Un défenseur, un prosélite d'une discipline à l'exigence totale. Parce que rien n'est plus beau, à ses yeux, que de réussir ce qui est le plus difficile. Je m'appelle Ludivine Munoz, nageuse. J'ai remporté 12 médailles aux Jeux paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte donc le Para triathlon à travers l'histoire d'Alexis Hanquinquant.

  • Speaker #3

    L'histoire du paratriathlon nous ramène une trentaine d'années en arrière, Ludivine. Née en 1989, l'Union internationale de triathlon, future World Triathlon, réfléchit tout de suite au développement de sa pratique parasportive. Six ans plus tard, en 1995, se tiennent les premiers championnats du monde. Des règles et des classifications sont peu à peu instituées et en 2016, le paratriathlon devient paralympique. C'est au Brésil. à Rio dans les flots de Copacabana que les paratriathlètes se jettent pour la première fois à l'assaut d'un podium paralympique. Il y a alors 6 titres en jeu et la France décroche tout de suite un premier métal, le bronze, pour Gladys Lemoussu. 5 ans après à Tokyo, nouveau bronze mais cette fois pour Anouk Kurzia avant la consécration grâce à Alexis Hanquinquant, médaillé d'or de sa catégorie. Ce titre est un triomphe pour un homme dont la vie est irriguée par le sport. Anquincan s'informe sur le sport, regarde du sport et... Et bien sûr, fait du sport.

  • Ludivine Munos

    Oui, je suis complètement fondu de sport. Je suis vraiment un passionné de ça. Et les athlètes me font rêver. Les sports me font rêver. Et oui, le sport occupe une grosse partie de ma vie.

  • Roland Richard

    Et ce, depuis tout petit. À 7 ans, le judo. Mais le normand s'excuse à chaque fois qu'il fait tomber un copain sur le tatami. Alors il se met vite au basket. Avec succès. À 15 ans, il est même repéré par un coach. passe un test au SPO Rouen, mais c'est un peu tard pour tenter de devenir professionnel. Son rêve est passé. Alors il se lance dans le monde du travail et devient maçon-carleur. En parallèle, le jeune en quinquant continue le basket qu'il chérit tant jusqu'au milieu des années 2000. À 20 ans, nouvelle expérience. Il franchit le seuil d'une salle de boxe full contact, encouragée par un ami. C'est un coup de foudre. Son mètre 96, son profil assez sec, Son corps aux prédispositions évidentes, sa capacité à intégrer rapidement les consignes, tout cela le pousse sur le devant de la scène. Mai 2010, il devient champion de France en moins de 86 kg.

  • Speaker #3

    Mais quelques semaines plus tard, Ludivine, en août 2010, Alexis Anquincan est victime d'un terrible accident du travail. Sur un chantier, il conduit un mini-chargeur, une sorte de petit tractopelle. L'appareil bascule vers l'avant, Alexis est projeté, et le godet lui retombe sur la jambe droite. Il est hospitalisé, les médecins sauvent sa jambe à coup de nombreuses opérations, mais rien ne sera plus comme avant. Dans ces moments sombres, la lumière vient de sa femme, Eva.

  • Ludivine Munos

    En fait, elle va avoir une phrase assez choc de me dire, tu as l'occasion de repartir de zéro, qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Et moi, en fait, depuis que je suis tout gosse, je rêve d'être sportif de haut niveau, en fait. Donc, je vais tout de suite lui parler de Jeux paralympiques. Et en fait, je n'ai pas à ce moment-là à me faire redescendre un peu sur terre parce que je n'ai même pas essayé une prothèse, en fait.

  • Speaker #3

    Si on parle de prothèse, c'est que trois ans après l'accident, en 2013, la jambe d'Alexis n'est plus qu'un fardeau. Les douleurs sont importantes, l'incapacité de mouvement également, alors il décide de se faire amputer sous le genou. Commence ensuite un long chemin de reconstruction où l'une de ses seules certitudes, c'est qu'il ira au jeu.

  • Ludivine Munos

    J'avais une petite voix qui me disait que j'y arriverais, que j'étais fait sûrement pour ça. Et en fait, je vais partir dans ce délire complètement fou d'essayer de devenir le meilleur paratriathlète possible.

  • Roland Richard

    Pour perdre du poids après une longue période d'immobilité, ils se mettent au vélo. Ils souffrent et commencent à aimer ça. C'est par le cyclisme que l'idée du paratriathlon émerge, et aussi parce que les sports combinés comptent indiscutablement parmi les disciplines les plus redoutables.

  • Ludivine Munos

    C'est un des sports les plus exigeants, c'est un des sports les plus polyvalents. J'étais persuadé que c'était ce sport-là qui allait me remettre le pied à l'étrier, si je puis dire. J'avais vraiment besoin de me prouver à moi que cet accident, il ne m'allait pas me rendre moins fort. Bien au contraire, j'avais besoin de prouver à mes proches que je n'étais pas bon à mettre à la poubelle, que cette jambe en carbone allait me rendre, j'espérais, plus fort.

  • Roland Richard

    Paris gagné. L'ascension du Normand est fulgurante. 2015, il s'inscrit au club de triathlon de sa ville natale, IFTO. 2016, il se présente au championnat de France, déjoue les pronostics et se classe deuxième. En quinquant, devance au passage deux membres de l'équipe de France. L'entraîneur national Nicolas Becker n'en revient pas. Il convainc Alexis de rejoindre une structure d'entraînement plus importante à Rouen. Et le résultat est foudroyant. 2017, un an après, Alexis en quinquant devient champion d'Europe en juin et champion du monde en septembre.

  • Speaker #4

    Ces succès,

  • Speaker #3

    le français les construit dans l'eau. En paratriathlon, l'épreuve est un format sprint, comprendre des distances courtes. Dans l'ordre, 750 mètres de natation, 20 kilomètres de cyclisme, 5 kilomètres de course à pied. L'ensemble dure entre une heure et une heure et demie, selon les catégories. Longer ligne, léger, Anquincan est un nageur de haut niveau, qui a brillé dans tout le monde. tous les fleuves, lacs et mers du globe. Alors pourquoi pas dans la Seine ? Il regrette d'ailleurs les polémiques autour de la qualité de l'eau, alimentée par les maladies d'athlètes allemands et néo-zélandais pendant les JO. Le normand ne comprend pas bien ce qu'il décrit comme une diabolisation du fleuve parisien. Alors en quinquant, fervent défenseur de la Seine ?

  • Ludivine Munos

    C'est pas que je suis un fervent défenseur de la Seine, c'est juste que je suis un fervent défenseur du triathlon. Nager dans la Seine, entre guillemets, c'est la conséquence de vouloir le faire en plein Paris, ce triathlon. On a déjà nagé dans des eaux beaucoup plus sales, un peu partout à travers le monde, etc. Je peux comprendre les réticences de beaucoup sur la qualité de l'eau, de la Seine, etc. Mais moi, ce n'est pas forcément tant la qualité qui me pose problème. C'est juste qu'à un moment, je fais du triathlon, je ne fais pas du duathlon.

  • Roland Richard

    Une crainte d'un duathlon. Deux épreuves seulement, donc, nourries par le test event de l'an passé. En 2023, à Paris, le triathlon s'est couru sans l'épreuve de natation parce que la qualité de l'eau ne le permettait pas. Malgré cela, en quinquant, c'est quand même... imposée dans sa catégorie.

  • Speaker #3

    Sa catégorie, justement, Ludivine, c'est la PTS4. Au Jeu paralympique, le paratriathlon se découpe en trois grandes familles de handicaps. Puisqu'on a nommé la classification de Anquincan, commençons par les PTS, qui vont de PTS2 à PTS5. PT pour paratriathlon, S pour standing. Les athlètes qui réalisent donc leur épreuve debout.

  • Ludivine Munos

    PTS2, c'est un handicap considéré très lourd, donc c'est amputé de cuisse. Souvent, ils font le vélo sur une seule jambe, etc. PTS3 c'est deux membres touchés donc soit double amputation soit hémiplégie jambe et bras d'un côté PTS4 donc c'est comme moi c'est soit amputé sous le genou soit amputé d'un bras et PTS5 c'est la catégorie la moins handicapée c'est souvent un bras un peu plus court qu'un autre, ça peut être un handicap de pied donc ce qu'on appelle un pied beau

  • Roland Richard

    C'est en PTS 5 qu'on retrouve par exemple Gladys Lemoussu, médaillée de bronze à Rio et dont le handicap est une agénésie du bras gauche. Il existe ensuite deux autres familles d'épreuves en paratriathlon, celles des athlètes en fauteuil roulant et celles des athlètes non voyants ou mal voyants. Les athlètes en fauteuil roulant ont un handicap des membres inférieurs important. Le parcours cycliste s'effectue en handbike, en vélo à main et la dernière partie en fauteuil d'athlétisme. Je vous laisse imaginer la musculature des bras de nos amis. Ils sont rangés sous la classification PT, WC, WC pour wheelchair, le fauteuil roulant. Enfin, les PT VI, les athlètes avec un handicap visuel comme Anouk Kursia, médaillé de bronze à Tokyo. Ils sont accompagnés d'un athlète voyant qui leur sert de guide. Le guide doit être du même genre que l'athlète en compétition. Et il doit être le même sur les trois parties de l'épreuve. Dans l'eau, ils sont rattachés par un lien. En cyclisme, ils roulent en tandem. Et en course à pied, Roland, ils sont unis par un lien, encore une fois.

  • Speaker #3

    Trois dernières informations concernant les règles pour vous qui nous écoutez. D'abord, le départ s'effectue dans l'eau pour toutes les catégories. Pas de plongeon comme aux Jeux Olympiques. Ensuite, les PTS. hommes et femmes partiront tous le 1er septembre dans la matinée, avec des horaires différents pour la lisibilité de la course. Les PTWC et VI, ce sera le 2 septembre. Enfin, pour les transitions d'un sport à l'autre, des assistants peuvent aider les athlètes selon les handicaps. La transition est souvent présentée comme la quatrième épreuve du triathlon. Il faut donc la préparer. Depuis 2017, Alexis Anquincan et son prothésiste ont réussi à créer une seule prothèse pour le cyclisme et la course à pied. Le gain de temps est important. Pour le reste, il faut s'entraîner. Et quand on vous dit que le paratriathlon, c'est exigeant, vous allez comprendre.

  • Ludivine Munos

    25 à 30 heures d'entraînement par semaine. C'est natation tous les matins du lundi au vendredi. Autour de 6 km de natation par jour. Ça enchaîne un jour sur deux le matin par une course à pied d'environ une heure. Pause pour manger le midi. Et puis l'après-midi, entre 2h30 et 3h de vélo. Et le samedi, c'était souvent place à un petit footing. Et le dimanche, c'était la journée repos.

  • Roland Richard

    Le résultat est... immaculée d'or. Depuis 2017, Alexis Anquin-Camp a réalisé le triplé chaque année. Cela fait six titres consécutifs dans chaque catégorie, puisqu'il n'y a pas eu de compétition en

  • Speaker #5

    2020 en raison du Covid.

  • Roland Richard

    Certains disent que la perfection n'est pas de ce monde. Ici. Elle est le résultat d'un sacré appétit.

  • Ludivine Munos

    Je suis un vrai compétiteur, moi. Ce que j'adore, c'est gagner, c'est l'adrénaline de la course, c'est l'adversité. Et en fait, c'est ça aujourd'hui qui me fait tenir, parce que souvent on m'a posé la question comment tu fais pour continuer alors que tu as tout gagné ? Je pense que c'est ça, en fait, on en veut encore. On veut regoutter à tout ça, on veut cette excitation, ce stress, ce mélange de plein de choses.

  • Speaker #3

    Et même si en quinquant on n'aime pas ça, les pronostics sont unanimes. numéro 1 mondial, auréolé d'une invincibilité en grande compétition internationale depuis 7 ans, le normand est le grand favori. Et le titre à Paris, ce serait encore une autre émotion. Pas vrai ?

  • Ludivine Munos

    Je n'ose même pas quantifier ce que ça pourrait être de gagner à Paris. Quand je vois déjà ce que ça a donné à Tokyo, ma vie a clairement changé après Tokyo. Quelque part, ce qui me rassure aussi, c'est que je l'ai fait à Tokyo. Donc, si jamais ça ne doit pas se faire à Paris, en fait, je n'aurai pas à rougir de ce que j'ai fait.

  • Roland Richard

    Pas à rougir de tous les efforts consentis. Les entraînements, les voyages, les compétitions, tout ça sans voir les siens, sans voir ses enfants Enzo, 12 ans, et Lola, 10 ans, sans être aux côtés de sa femme Eva. Alexis, en quinquant, évoque souvent l'impact de la haute performance sur sa vie de famille. Alors, on a osé lui demander quelle place jouait Eva, justement, dans ses performances ?

  • Ludivine Munos

    Elle est au centre de la pyramide, entre guillemets. C'est la base forte de mon couple, puisque c'est forcément elle qui gère mes absences, qui gère les enfants. Même si maintenant, ils sont plus grands, c'est un peu plus simple. Mais sans son soutien conditionnel, ça ne serait pas pu fonctionner comme ça. C'est impossible.

  • Roland Richard

    Impossible de ne pas l'imaginer penser à elle, à ses enfants, au moment de s'emparer de la bannière tricolore le 28 août. Parce qu'Alexis Anquincan sera le porte-drapeau de la France avec la championne paralympique d'athlétisme Nantana Keita lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Anquincan, dont le cœur bat si singulièrement pour son pays.

  • Speaker #3

    À ses côtés, il y aura beaucoup des 237 athlètes, guides et assistants de la délégation française. 237, dont 21 paratriathlètes. On aura un œil attentif sur les performances de Pierre-Antoine Bell dans la même catégorie qu'en quinquant, avec peut-être deux médaillés français sur le même podium. Mais aussi sur les champions du monde, PTS2, Jules Ripstein, et PTS3, Élise Marc. On souhaite en tout cas à en quinquant le même destin que celui du judoka Teddy Riner, ultra-dominateur dans son sport lui aussi, lorsqu'il avait été porte-drapeau à Rio en 2016 et finalement champion olympique.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous.

Description

C’est une armée qui débarque à Paris… 21 Para triathlètes, c’est près de 10% de la délégation française. Leur chef de file ? Alexis Hanquinquant, champion paralympique en titre dans sa catégorie. Six fois champion du monde et six fois champion d’Europe consécutivement, Hanquinquant court toujours. Accidenté en 2010, il domine depuis 2017 sa discipline sans partage. Porte-drapeau au côté de Nantenin Keita, il se voit bien continuer jusqu’à Los Angeles en 2028. Mais pourquoi continue-t-il de concourir ? Ou peut-être devrait-on dire, pour qui ?

 

Les épreuves de Para triathlon aux Jeux de Paris 2024 ont lieu les 1er et 2 septembre autour du Pont Alexandre III à Paris.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexis Hanquinquant

    Et maintenant, Alexis Hanquinquant va ajouter le plus grand prix du sport à son CV. Il va être crowné champion paralympique. Reste en France, un bon moment, un display dominant. Alexis Hanquinquant sera toujours paralympique, medaliste d'or.

  • Ludivine Munos

    Le Para triathlon, c'est tout simplement un sport accessible à tous. C'est natation, vélo, course à pied, enfilé toujours dans cet ordre-là. C'est un sport très fun, c'est un sport qui est d'extérieur. Donc si on aime la nature, si on aime être dehors, on peut le faire en prothèse, on peut le faire en fauteuil roulant, on peut le faire avec un guide. On est plein d'exemples en équipe de France de paratriathlon, prouvé qu'avec plein de pathologies différentes, c'est un sport accessible à tous. Donc voilà, si vous hésitez... Franchissez de bas.

  • Roland Richard

    C'est un infatigable apôtre de son sport. À 38 ans, Alexis Hanquinquant est un champion fait d'un bois rare. Il exerce une hégémonie féroce sur le paratriathlon. Six titres de champion du monde de suite et un titre paralympique au milieu à Tokyo. Mais cela va au-delà du palmarès. Anquincan est un messager. Un défenseur, un prosélite d'une discipline à l'exigence totale. Parce que rien n'est plus beau, à ses yeux, que de réussir ce qui est le plus difficile. Je m'appelle Ludivine Munoz, nageuse. J'ai remporté 12 médailles aux Jeux paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte donc le Para triathlon à travers l'histoire d'Alexis Hanquinquant.

  • Speaker #3

    L'histoire du paratriathlon nous ramène une trentaine d'années en arrière, Ludivine. Née en 1989, l'Union internationale de triathlon, future World Triathlon, réfléchit tout de suite au développement de sa pratique parasportive. Six ans plus tard, en 1995, se tiennent les premiers championnats du monde. Des règles et des classifications sont peu à peu instituées et en 2016, le paratriathlon devient paralympique. C'est au Brésil. à Rio dans les flots de Copacabana que les paratriathlètes se jettent pour la première fois à l'assaut d'un podium paralympique. Il y a alors 6 titres en jeu et la France décroche tout de suite un premier métal, le bronze, pour Gladys Lemoussu. 5 ans après à Tokyo, nouveau bronze mais cette fois pour Anouk Kurzia avant la consécration grâce à Alexis Hanquinquant, médaillé d'or de sa catégorie. Ce titre est un triomphe pour un homme dont la vie est irriguée par le sport. Anquincan s'informe sur le sport, regarde du sport et... Et bien sûr, fait du sport.

  • Ludivine Munos

    Oui, je suis complètement fondu de sport. Je suis vraiment un passionné de ça. Et les athlètes me font rêver. Les sports me font rêver. Et oui, le sport occupe une grosse partie de ma vie.

  • Roland Richard

    Et ce, depuis tout petit. À 7 ans, le judo. Mais le normand s'excuse à chaque fois qu'il fait tomber un copain sur le tatami. Alors il se met vite au basket. Avec succès. À 15 ans, il est même repéré par un coach. passe un test au SPO Rouen, mais c'est un peu tard pour tenter de devenir professionnel. Son rêve est passé. Alors il se lance dans le monde du travail et devient maçon-carleur. En parallèle, le jeune en quinquant continue le basket qu'il chérit tant jusqu'au milieu des années 2000. À 20 ans, nouvelle expérience. Il franchit le seuil d'une salle de boxe full contact, encouragée par un ami. C'est un coup de foudre. Son mètre 96, son profil assez sec, Son corps aux prédispositions évidentes, sa capacité à intégrer rapidement les consignes, tout cela le pousse sur le devant de la scène. Mai 2010, il devient champion de France en moins de 86 kg.

  • Speaker #3

    Mais quelques semaines plus tard, Ludivine, en août 2010, Alexis Anquincan est victime d'un terrible accident du travail. Sur un chantier, il conduit un mini-chargeur, une sorte de petit tractopelle. L'appareil bascule vers l'avant, Alexis est projeté, et le godet lui retombe sur la jambe droite. Il est hospitalisé, les médecins sauvent sa jambe à coup de nombreuses opérations, mais rien ne sera plus comme avant. Dans ces moments sombres, la lumière vient de sa femme, Eva.

  • Ludivine Munos

    En fait, elle va avoir une phrase assez choc de me dire, tu as l'occasion de repartir de zéro, qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Et moi, en fait, depuis que je suis tout gosse, je rêve d'être sportif de haut niveau, en fait. Donc, je vais tout de suite lui parler de Jeux paralympiques. Et en fait, je n'ai pas à ce moment-là à me faire redescendre un peu sur terre parce que je n'ai même pas essayé une prothèse, en fait.

  • Speaker #3

    Si on parle de prothèse, c'est que trois ans après l'accident, en 2013, la jambe d'Alexis n'est plus qu'un fardeau. Les douleurs sont importantes, l'incapacité de mouvement également, alors il décide de se faire amputer sous le genou. Commence ensuite un long chemin de reconstruction où l'une de ses seules certitudes, c'est qu'il ira au jeu.

  • Ludivine Munos

    J'avais une petite voix qui me disait que j'y arriverais, que j'étais fait sûrement pour ça. Et en fait, je vais partir dans ce délire complètement fou d'essayer de devenir le meilleur paratriathlète possible.

  • Roland Richard

    Pour perdre du poids après une longue période d'immobilité, ils se mettent au vélo. Ils souffrent et commencent à aimer ça. C'est par le cyclisme que l'idée du paratriathlon émerge, et aussi parce que les sports combinés comptent indiscutablement parmi les disciplines les plus redoutables.

  • Ludivine Munos

    C'est un des sports les plus exigeants, c'est un des sports les plus polyvalents. J'étais persuadé que c'était ce sport-là qui allait me remettre le pied à l'étrier, si je puis dire. J'avais vraiment besoin de me prouver à moi que cet accident, il ne m'allait pas me rendre moins fort. Bien au contraire, j'avais besoin de prouver à mes proches que je n'étais pas bon à mettre à la poubelle, que cette jambe en carbone allait me rendre, j'espérais, plus fort.

  • Roland Richard

    Paris gagné. L'ascension du Normand est fulgurante. 2015, il s'inscrit au club de triathlon de sa ville natale, IFTO. 2016, il se présente au championnat de France, déjoue les pronostics et se classe deuxième. En quinquant, devance au passage deux membres de l'équipe de France. L'entraîneur national Nicolas Becker n'en revient pas. Il convainc Alexis de rejoindre une structure d'entraînement plus importante à Rouen. Et le résultat est foudroyant. 2017, un an après, Alexis en quinquant devient champion d'Europe en juin et champion du monde en septembre.

  • Speaker #4

    Ces succès,

  • Speaker #3

    le français les construit dans l'eau. En paratriathlon, l'épreuve est un format sprint, comprendre des distances courtes. Dans l'ordre, 750 mètres de natation, 20 kilomètres de cyclisme, 5 kilomètres de course à pied. L'ensemble dure entre une heure et une heure et demie, selon les catégories. Longer ligne, léger, Anquincan est un nageur de haut niveau, qui a brillé dans tout le monde. tous les fleuves, lacs et mers du globe. Alors pourquoi pas dans la Seine ? Il regrette d'ailleurs les polémiques autour de la qualité de l'eau, alimentée par les maladies d'athlètes allemands et néo-zélandais pendant les JO. Le normand ne comprend pas bien ce qu'il décrit comme une diabolisation du fleuve parisien. Alors en quinquant, fervent défenseur de la Seine ?

  • Ludivine Munos

    C'est pas que je suis un fervent défenseur de la Seine, c'est juste que je suis un fervent défenseur du triathlon. Nager dans la Seine, entre guillemets, c'est la conséquence de vouloir le faire en plein Paris, ce triathlon. On a déjà nagé dans des eaux beaucoup plus sales, un peu partout à travers le monde, etc. Je peux comprendre les réticences de beaucoup sur la qualité de l'eau, de la Seine, etc. Mais moi, ce n'est pas forcément tant la qualité qui me pose problème. C'est juste qu'à un moment, je fais du triathlon, je ne fais pas du duathlon.

  • Roland Richard

    Une crainte d'un duathlon. Deux épreuves seulement, donc, nourries par le test event de l'an passé. En 2023, à Paris, le triathlon s'est couru sans l'épreuve de natation parce que la qualité de l'eau ne le permettait pas. Malgré cela, en quinquant, c'est quand même... imposée dans sa catégorie.

  • Speaker #3

    Sa catégorie, justement, Ludivine, c'est la PTS4. Au Jeu paralympique, le paratriathlon se découpe en trois grandes familles de handicaps. Puisqu'on a nommé la classification de Anquincan, commençons par les PTS, qui vont de PTS2 à PTS5. PT pour paratriathlon, S pour standing. Les athlètes qui réalisent donc leur épreuve debout.

  • Ludivine Munos

    PTS2, c'est un handicap considéré très lourd, donc c'est amputé de cuisse. Souvent, ils font le vélo sur une seule jambe, etc. PTS3 c'est deux membres touchés donc soit double amputation soit hémiplégie jambe et bras d'un côté PTS4 donc c'est comme moi c'est soit amputé sous le genou soit amputé d'un bras et PTS5 c'est la catégorie la moins handicapée c'est souvent un bras un peu plus court qu'un autre, ça peut être un handicap de pied donc ce qu'on appelle un pied beau

  • Roland Richard

    C'est en PTS 5 qu'on retrouve par exemple Gladys Lemoussu, médaillée de bronze à Rio et dont le handicap est une agénésie du bras gauche. Il existe ensuite deux autres familles d'épreuves en paratriathlon, celles des athlètes en fauteuil roulant et celles des athlètes non voyants ou mal voyants. Les athlètes en fauteuil roulant ont un handicap des membres inférieurs important. Le parcours cycliste s'effectue en handbike, en vélo à main et la dernière partie en fauteuil d'athlétisme. Je vous laisse imaginer la musculature des bras de nos amis. Ils sont rangés sous la classification PT, WC, WC pour wheelchair, le fauteuil roulant. Enfin, les PT VI, les athlètes avec un handicap visuel comme Anouk Kursia, médaillé de bronze à Tokyo. Ils sont accompagnés d'un athlète voyant qui leur sert de guide. Le guide doit être du même genre que l'athlète en compétition. Et il doit être le même sur les trois parties de l'épreuve. Dans l'eau, ils sont rattachés par un lien. En cyclisme, ils roulent en tandem. Et en course à pied, Roland, ils sont unis par un lien, encore une fois.

  • Speaker #3

    Trois dernières informations concernant les règles pour vous qui nous écoutez. D'abord, le départ s'effectue dans l'eau pour toutes les catégories. Pas de plongeon comme aux Jeux Olympiques. Ensuite, les PTS. hommes et femmes partiront tous le 1er septembre dans la matinée, avec des horaires différents pour la lisibilité de la course. Les PTWC et VI, ce sera le 2 septembre. Enfin, pour les transitions d'un sport à l'autre, des assistants peuvent aider les athlètes selon les handicaps. La transition est souvent présentée comme la quatrième épreuve du triathlon. Il faut donc la préparer. Depuis 2017, Alexis Anquincan et son prothésiste ont réussi à créer une seule prothèse pour le cyclisme et la course à pied. Le gain de temps est important. Pour le reste, il faut s'entraîner. Et quand on vous dit que le paratriathlon, c'est exigeant, vous allez comprendre.

  • Ludivine Munos

    25 à 30 heures d'entraînement par semaine. C'est natation tous les matins du lundi au vendredi. Autour de 6 km de natation par jour. Ça enchaîne un jour sur deux le matin par une course à pied d'environ une heure. Pause pour manger le midi. Et puis l'après-midi, entre 2h30 et 3h de vélo. Et le samedi, c'était souvent place à un petit footing. Et le dimanche, c'était la journée repos.

  • Roland Richard

    Le résultat est... immaculée d'or. Depuis 2017, Alexis Anquin-Camp a réalisé le triplé chaque année. Cela fait six titres consécutifs dans chaque catégorie, puisqu'il n'y a pas eu de compétition en

  • Speaker #5

    2020 en raison du Covid.

  • Roland Richard

    Certains disent que la perfection n'est pas de ce monde. Ici. Elle est le résultat d'un sacré appétit.

  • Ludivine Munos

    Je suis un vrai compétiteur, moi. Ce que j'adore, c'est gagner, c'est l'adrénaline de la course, c'est l'adversité. Et en fait, c'est ça aujourd'hui qui me fait tenir, parce que souvent on m'a posé la question comment tu fais pour continuer alors que tu as tout gagné ? Je pense que c'est ça, en fait, on en veut encore. On veut regoutter à tout ça, on veut cette excitation, ce stress, ce mélange de plein de choses.

  • Speaker #3

    Et même si en quinquant on n'aime pas ça, les pronostics sont unanimes. numéro 1 mondial, auréolé d'une invincibilité en grande compétition internationale depuis 7 ans, le normand est le grand favori. Et le titre à Paris, ce serait encore une autre émotion. Pas vrai ?

  • Ludivine Munos

    Je n'ose même pas quantifier ce que ça pourrait être de gagner à Paris. Quand je vois déjà ce que ça a donné à Tokyo, ma vie a clairement changé après Tokyo. Quelque part, ce qui me rassure aussi, c'est que je l'ai fait à Tokyo. Donc, si jamais ça ne doit pas se faire à Paris, en fait, je n'aurai pas à rougir de ce que j'ai fait.

  • Roland Richard

    Pas à rougir de tous les efforts consentis. Les entraînements, les voyages, les compétitions, tout ça sans voir les siens, sans voir ses enfants Enzo, 12 ans, et Lola, 10 ans, sans être aux côtés de sa femme Eva. Alexis, en quinquant, évoque souvent l'impact de la haute performance sur sa vie de famille. Alors, on a osé lui demander quelle place jouait Eva, justement, dans ses performances ?

  • Ludivine Munos

    Elle est au centre de la pyramide, entre guillemets. C'est la base forte de mon couple, puisque c'est forcément elle qui gère mes absences, qui gère les enfants. Même si maintenant, ils sont plus grands, c'est un peu plus simple. Mais sans son soutien conditionnel, ça ne serait pas pu fonctionner comme ça. C'est impossible.

  • Roland Richard

    Impossible de ne pas l'imaginer penser à elle, à ses enfants, au moment de s'emparer de la bannière tricolore le 28 août. Parce qu'Alexis Anquincan sera le porte-drapeau de la France avec la championne paralympique d'athlétisme Nantana Keita lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Anquincan, dont le cœur bat si singulièrement pour son pays.

  • Speaker #3

    À ses côtés, il y aura beaucoup des 237 athlètes, guides et assistants de la délégation française. 237, dont 21 paratriathlètes. On aura un œil attentif sur les performances de Pierre-Antoine Bell dans la même catégorie qu'en quinquant, avec peut-être deux médaillés français sur le même podium. Mais aussi sur les champions du monde, PTS2, Jules Ripstein, et PTS3, Élise Marc. On souhaite en tout cas à en quinquant le même destin que celui du judoka Teddy Riner, ultra-dominateur dans son sport lui aussi, lorsqu'il avait été porte-drapeau à Rio en 2016 et finalement champion olympique.

  • Speaker #6

    Bonjour à tous.

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