- Speaker #0
Là où les problématiques sont concentrées, c'est dans les quartiers. C'est de plus en plus dur, c'est de plus en plus difficile à tous les niveaux, que ce soit au niveau de la précarité comme de la violence. Donc c'est important d'agir pour pouvoir influencer les futures générations et qui gardent des bons souvenirs de leur quartier. Parlons Plus Bas, podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.
- Speaker #1
Dans cet épisode, je vous propose de revenir sur le parcours d'Abdellah Boudour. Fondateur de la Dictée pour tous, il nous parle de son enfance à Argenteuil et de ses combats pour l'accès à la culture et l'émancipation des habitants des quartiers prioritaires. C'est dans une brasserie de Cormeil en Parisie que je le retrouve. Il est 19h15.
- Speaker #0
Là, c'est une brasserie, je dirais, qui est à la frontière d'Argenteuil-Sartreville et Cormeille-en-Parisie. On va dire que c'est le coin un peu plus classe et propre. On peut accueillir des gens ou inviter, prendre un verre pour les Argenteuillais du quartier du Val d'Argenteuil Nord.
- Speaker #1
Est-ce que tu gardes des souvenirs de ton enfance à Argenteuil ?
- Speaker #0
Oui, j'ai grandi à même pas cinq minutes d'ici au quartier du Val d'Argenteuil Nord, à la Dalle, surtout la cité de l'Aie Normande. C'est toute ma vie. C'est mes meilleurs souvenirs. Jusqu'à aujourd'hui, je suis toujours en lien avec des habitants plus âgés que moi, c'est-à-dire les qui sont devenus, qui sont un grand-mère, grand-mère, grand-père, grand-père, qui m'ont vu grandir. Et les jeunes, les enfants, et surtout mes amis d'enfance, et même des instituteurs, instituteuses, même il y a quelques jours j'en ai croisé une. En bas de chez moi, là, en Normande, on avait la maternelle, l'école primaire et le collège. Donc, on était tous ensemble, la même cité, à faire toute notre classe et grandir ensemble. Et c'est là-bas aussi, après, j'ai entrepris à réaliser des actions, des événements. Et quand on pense à notre enfance, au moment qu'on a passé, que ce soit à l'école ou en dehors de l'école, c'est-à-dire dans notre cité, on en rigole et on en rigole encore. Je suis enfant de la seconde génération. Donc, mes parents, ils avaient la culture française. Chez moi, c'était du Claude François, du Johnny Hallyday. Mon père regardait les westerns, ma mère s'était les séries. Je me rappelle TF1, Les Fées de l'Amour, Arabesque, Columbo. Mon père était fervent supporter de l'Olympique de Marseille, de l'époque de Papin, Wedel. Donc j'ai grandi avec la culture française. Mes parents n'ont pas mis de parabole pour capter les chaînes algériennes ou autres. Donc c'est quand je passais du temps chez mes grands-parents dans le nord de la France. Mes grands-parents maternels, que je discutais avec ma grand-mère par rapport à comment c'était l'école ou autre, ou la vie en Algérie, ou quand je passais jusqu'à mes 7 ans, 8 ans, on va dire plus mes 7 ans, on allait tous les ans en Algérie avec la famille. Après il y a eu ce moment où c'était très difficile en Algérie, où il y a la guerre civile, donc pendant une grande période on n'est pas reparti en Algérie. C'est qu'en discutant avec mes grands-parents que ça m'a rapproché de l'Algérie. Et ce qui m'a rapproché le plus, c'est lorsque j'ai perdu mon grand-père maternel en 2008. C'est ça qui a fait que chaque année, j'essaye d'aller en Algérie, de m'intéresser à l'histoire de l'Algérie. Aujourd'hui, j'essaye de ramener mes enfants aussi à des expositions. C'est ça qui m'a rapproché. de plus à l'Algérie, à connaître le pays, à savoir c'était quoi l'histoire de mon grand-père, en discutant avec la famille en Algérie, en y retournant chaque année. Je n'ai pas envie que mes enfants connaissent et apprennent l'Algérie vachement tard, comme moi je l'ai connue à mes 20 ans. Donc j'essaye à mes enfants de leur transmettre l'histoire, c'est-à-dire déjà géographique, les différentes régions, les différentes cultures, parce que c'est comme en France. Il y a la culture des Bretons, les Marseillais. de l'Alsace, chaque région et bien l'Algérie c'est pareil aussi chacun sa culture et même au niveau de la cuisine ou autre et donc j'essaie de transmettre ça à mes enfants Et je pense que quand ils seront plus grands, je leur parlerai plus des différentes évolutions du pays de l'Algérie avant la dépendance, après pendant la dépendance avec la colonisation avec la France et l'histoire de l'indépendance. En ce moment, j'essaie plus de leur parler de la figure de l'Algérie, cette grande personne qui est l'émir Abdelkader. Donc on essaie d'aller avec des expositions, j'essaie de leur montrer des petits reportages vidéo et de leur parler d'une personne avant de les mettre dans le bain de la politique et de leur parler des présidents et des partis politiques. Donc j'essaie plus de promouvoir les grandes personnes qu'ont fait l'Algérie, les premières personnes, comme aujourd'hui en France avec Napoléon. Avant d'arriver à leur parler de politique, je pense que je leur parlerai quand ils seront majeurs. Et quand je verrai qu'ils sont engagés dans telle ou telle cause et défendent certaines idées. Pour l'instant, ils sont encore petits, ils sont en école primaire. Et je n'ai pas envie de les parasiter en leur parlant tel président, tel président. Et qu'ils sont là à faire la promotion comme si c'était un joueur de foot de l'équipe nationale d'Algérie. Moi, mes enfants, je leur parle d'un Maghreb uni. Même si aujourd'hui, en tant qu'adulte, on sait qu'il y a des discords entre pays voisins. mais moi mon fils avec leur mère qui est algérienne aussi j'ai un de mes enfants quand on va dans les magasins de sport il me réclame des survêtements et des maillots du Maroc je lui achète parce que je me dis je dois pas lui dire on est algérien on va partir que de l'Algérie non, c'est s'il a envie de supporter le Maroc qu'il supporte le Maroc et il va comprendre plus tard que nous on habite à la frontière marocaine et que ça a évolué à un moment c'était à l'Algérie et on se dit peut-être faisait partie de l'Algérie. Et ensuite, ça a évolué avec les frontières. Mais la cuisine, la culture, on est comme les Marocains de Berkène, d'Oujda. Donc, nous, on vient de la ville de Marnia. C'est là où il y a de Tlemcen. Donc, tout se ressemble. Aujourd'hui, j'arrive à transmettre ça à mes enfants. On est unis, on se ressemble, on a des bois communs. Je pense que dans les années à venir, pas les années, surtout les générations à venir, je pense qu'on aura un Maghreb uni et on passera au... au-dessus des tensions politiques.
- Speaker #1
Moi, j'ai lu que ton père, il avait été très tôt engagé dans le bénévolat aussi. Donc, Argenteuil, plutôt, est-ce que tu peux nous raconter un peu comment il s'était engagé et pour quelle cause ?
- Speaker #0
Mon père, son histoire, il a grandi dans les bidonvilles d'Argenteuil, dans les premiers bidonvilles. Donc, ils étaient obligés d'être solidaires et de s'entraider. Même s'ils étaient scolarisés, ils étaient à l'école, ils étaient jeunes, ils avaient cette fibre et ce devoir de tous s'entraider parce que c'était... à peu près tous la même famille ou la même région d'Algérie qui était dans le même bidonville. Mon père, il m'a dit qu'il a quitté le bidonville, malheureusement pas à cause, mais grâce à un incendie qu'il y a eu parce que quelqu'un a laissé la bouteille de gaz allumée et donc il y a eu un grand incendie pendant la journée. Heureusement que c'était la journée, la plupart des enfants, ils étaient à l'école. Donc la ville d'Argenteuil les a relogés dans des HLM et c'est comme ça que mon père a pu quitter avec sa famille ses parents le bidonville. Et donc, je... En grandissant, mon père était licencié dans le club de foot du quartier. Il est au début en tant que joueur, ensuite en tant que dirigeant. Et quand il était dirigeant, il était bénévole et il passait du temps avec son équipe de foot de jeunes. Il en profitait pour faire des sorties avec eux. Il les ramenait à Paris, dans des matchs de foot du Matra Racing à l'époque. Il les ramenait à la mer quand il faisait beau, faisait des barbecues. Et des fois, il mettait même l'argent de sa poche. Et il me ramenait avec lui quand j'étais petit. Et j'ai toujours ses souvenirs. Et même s'il ramenait des ballons de foot ou des coups qu'il gagnait... Moi, je les prenais à l'âge de mes 16 ans. J'organisais des tournois de foot dans le quartier. Je les faisais gagner aux gens du quartier. Et mon père, il voyait ce que je faisais. Il prenait la coupe, j'enlevais la plaque de son tournoi. J'allais chez le serrurier, je lui disais, ouais, mais coupe, je ne sais pas, 1997, 1999. Et je m'amusais à faire ça. Et voilà, mon père, il a toujours été solidaire. C'est parce qu'il a vu qu'au Bidonville, tout le monde était solidaire. Les parents, tout le monde communiquait, les habitants. Et il a reproduit la même chose dans le club de foot. Et jusqu'à aujourd'hui, il est toujours là. être au service des gens et après c'est une grande fierté pour lui de voir son fils reproduire des belles choses. Mon père il m'a juste transmis, il m'a passé le flambeau mais grâce aujourd'hui à internet et les médias j'ai pu retransmettre ce flambeau et influencer beaucoup de monde de toute génération et c'est ça qui est beau et même dans les maisons d'arrêt des fois il y a des maisons d'arrêt qui me contactent, l'initiative d'organiser une dictée ne vient pas de l'administration ou des professeurs ou des intervenants, c'est carrément des détenus qui ont vu la dictée à travers la télé ou qui ont participé à une dictée avant qu'ils soient enfermés. et qui veulent être responsables et porter cet événement à la maison d'arrêt. Donc je trouve ça beau comment on peut influencer des gens sans calculer, juste en focalisant sur son travail et être au service du public.
- Speaker #1
Tu parlais du football tout à l'heure, ça c'est quelque chose qui va t'unir à ton père déjà premièrement et puis aussi qui va te construire toi en tant qu'adolescent. Est-ce que tu peux nous raconter un peu quelle place le football occupait dans ta vie de jeune adolescent ?
- Speaker #0
En bas de ma cité à l'année normande, il y avait un terrain de foot. C'était plus un terrain d'Andes, mais il était squatté que par des footballeurs. Déjà à l'école, je jouais au foot à chaque récréation. On sortait de l'école, on prenait un ballon, on allait au terrain d'Andes jouer au foot. Le foot, c'était vraiment se retrouver entre potes, jouer, passer un bon moment. Et ensuite, on se partageait soit une canette, soit une bouteille de jus de soda avec le peu d'argent qu'on avait. On allait à l'épicerie sur la dalle. Et après, le club de foot, ou des années après, je me suis inscrit. Mon père m'a inscrit, mais... Pour moi, le foot, mes meilleurs souvenirs, ce n'est pas un club de foot, c'est vraiment en bas du quartier, jouer entre les amis. Et c'est ça l'ambiance qu'on a partagé des bons moments. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai des amis qui avaient pris des photos, des vidéos. Et des fois, on les regarde et on voit qu'on était vraiment des mauvais joueurs entre nous. Alors qu'on a grandi ensemble, il y a toujours des personnes, des footballeurs professionnels qui nous ont influencés. Et moi, le premier qui m'a influencé, c'était Eric Cantona. Quand il était à Manchester United, c'était quelqu'un qui était charismatique déjà sur le terrain. Et surtout, sa belle technique. Et malheureusement, dommage qu'il n'a pas gagné de grands trophées avec la France. Mais pour moi, c'est Eric Cantona qui m'a influencé quand j'étais petit. Même quand j'étais en club de foot, c'est là où je portais mes premiers maillots de foot. Donc, je m'amusais à relever le col comme lui.
- Speaker #1
En 2003, alors que tu as seulement 17 ans, tu es élu au Conseil municipal des jeunes d'Argenteuil. Est-ce que tu te souviens de ce qui t'avait motivé à te présenter ?
- Speaker #0
À la base, j'étais dans mon lycée et je voyais des affiches et je les fais juste pour le fun. Après, il y avait une réunion, un genre de cérémonie, c'était dans le conseil municipal. Il y avait plusieurs commissions et il y avait sport, culture ou autre. Et moi, j'ai choisi le sport. Et comme j'organisais déjà avant ça des tournois de foot dans mon quartier, donc là, c'était une opportunité d'organiser un tournoi de foot pour l'ensemble des quartiers d'Argentelle. Et j'ai voulu me dédier et surtout que ça soit au service. de tous les jeunes qui partent en vacances l'été. Donc il y a eu cinq éditions en tout, je crois, ou six. Et quand j'ai pu réaliser ça, c'est ça qui m'a donné aussi cette confiance. De me dire, Abdela, t'es capable maintenant de faire plus grand. Je n'étais pas tout seul, il y avait des agents de la ville. Mais au moins, ils m'ont ramené à toutes les réunions, dans les différents quartiers, pour voir les animateurs. C'était grand pour un jeune de 17 ans de se retrouver dans le conseil municipal des jeunes, surtout dans l'hémicycle de la mairie, de voir M. le maire, l'élu de la jeunesse. Et je ne regrette pas du tout cette expérience. J'ai eu le privilège et une grande récompense que M. le maire Georges Montron, il m'a permis d'aller à la Garden Party avec M. Jacques Chirac, qui était président de la République. Et je me suis retrouvé en double page sur l'Express. Alors que moi, c'est la première fois que je porte un costume. Mes parents m'ont dit, là-bas, il faut porter des costumes et tout ça. Alors que moi, j'étais tout le temps en maillot de foot, tourneau et survêtement. Et à un moment, j'arrive à interpeller au milieu de la foule M. Jacques Chirac. J'habitais toujours au quartier avec mes parents. Donc, mon père m'avait acheté un... un appareil photo jetable. Et sur la double page de l'Express, on voit moi et M. Jacques Chirac pendant que je me prends un selfie, parce qu'à l'époque, ce n'était pas les téléphones. Mais ça va, je me suis bien sorti sur le selfie avec l'appareil jetable. Et tout autour de moi, il n'y a que des gens avec des appareils photo numériques. Je me suis dit, purée, l'Express, ils n'ont choisi que cette photo-là. Et franchement, c'était magnifique. Je me rappelle, dans le jardin de l'Elysée, il y avait des stands. de chaque région et c'est de la spécialité. C'est vrai qu'il y avait beaucoup de monde sur le stand de Champagne ou de Gironde. On ne va pas dire pourquoi. Mais moi, je restais sur le stand du fromage. Oh là là, c'était magnifique. Je me suis régalé. Franchement, cette expérience-là, je me rappelle, on pouvait même se balader dans les salons de l'Elysée. Je me rappelle, j'avais vu Miss France, les joueurs de foot de 98, de l'équipe de France. Franchement, je ne retiens que Miss France. C'est la première fois que je voyais une Miss France face à moi, je la voyais quand elle est. Non, c'était magnifique.
- Speaker #1
Et deux ans plus tard, tu vas lancer l'association Force et Mixité, qui va te permettre notamment, t'en as un peu parlé, de distribuer dans les quartiers des fournitures scolaires. Tu vas aussi pouvoir distribuer des kits alimentaires aussi pour des gens en précarité.
- Speaker #0
Quand j'ai fini le mandat, on m'a dit maintenant, ça y est, ils veulent de tes propres ailes. Donc j'ai été forcé de créer ma propre structure pour bénéficier de... d'un gymnase ou d'une salle pour organiser mes événements et avant ça je me suis pris la tête sur le nom de l'association Je me suis dit, qu'est-ce qui fait d'air ? C'est quoi le nom ? Je me suis dit, la France, elle a une belle mixité qui n'est pas mise en valeur, et c'est une grande force. Donc je me suis dit, force des mixités. Au début, quand je l'ai créée, j'ai 20 ans, 21. Donc je prends conscience des problématiques du quartier. Donc mes actions évoluent avec ma maturité, et je vois des familles dans le besoin. Donc je me dis, Abdella, il faut faire des collectes de denrées alimentaires, de couches pour bébés, produits pour bébés. On aidait les familles monoparentales. On faisait des maraudes où on organisait nous-mêmes le circuit pour aller voir les sans-abri partant d'Argenteuil jusqu'à Paris. Distribution de vêtements, aussi de couverture quand c'était l'hiver. Et après, quand c'était l'été, on faisait des distributions de packs d'eau pour les mamans, pour les personnes âgées dans le quartier, pour éviter que ça soit des charges lourdes pour eux.
- Speaker #1
Et cette association, elle existe encore aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, elle existe encore, on fait toujours des événements, mais malheureusement, le concept de la dictée a étouffé le nom de l'association. J'ai des bénévoles, j'ai des staffs de toute génération sur la ville d'Argenteuil et même au niveau national. Les moyens humains, ce n'est pas ce qui manque. Ce qui manque, c'est toujours les moyens maternels, les moyens financiers pour réaliser des belles choses. Là où les problématiques sont concentrées, c'est dans les quartiers et c'est de plus en plus dur, c'est de plus en plus difficile. à tous les niveaux, que ce soit au niveau de la précarité comme de la violence. Donc, c'est important d'agir pour pouvoir influencer les futures générations et qu'ils gardent des bons souvenirs de leur quartier.
- Speaker #1
Quel rapport tu avais au mot, à la langue, à la littérature quand tu étais enfant ? Est-ce que c'était quelque chose qui était déjà présent ? Parce qu'on a parlé des dictées, on va en parler d'ailleurs après.
- Speaker #0
C'était les artistes qu'on écoutait, comme Kerry James. comme le groupe IAM, Akhenaten, Shuriken et surtout le groupe Funky Family de Marseille. Avant, à ma génération, avant d'aller à l'école, on mettait tous M6 et on regardait les clips avant d'aller à l'école. C'est les mots, les jeux de mots, les rimes. et parfois on entend des mots de certains artistes et on va les chercher dans le dictionnaire. Et ça m'est arrivé par rapport à Ken Aton et surtout Kerry James. Avant, il y avait un magazine qui s'appelait Star Club, où ils rappaient et il y avait des interviews, je me rappelle de la Funky Family, qui expliquaient leur parcours scolaire. Et je me dis, ces personnes-là, elles sont parties jusqu'en études de droit. Il ne suffit pas de prendre un micro, d'aller dans un studio et de lâcher ce que tu as envie de dire. Ce qui fait la différence aussi, c'est la plume. il faut dire ce qui est, les personnes qui ont plus de savoir, qui étudient le plus, qui lisent aussi beaucoup, c'est des personnes qui arrivent à raconter de belles choses et à transcrire pas mal d'émotions et traiter certains sujets avec une fluidité, sans que ça soit avec de la haine et des insultes. Moi, c'est surtout ça le lien que j'avais avec les mots. C'était surtout ces artistes-là. Et ça a toujours été un plaisir quand je les ai rencontrés, même maintenant avec la dictée, où j'ai pu inviter M. Kerry James ou les artistes du 113 comme Mokobé et Rimka. Et je sais que c'est des personnes qui avaient des belles valeurs à travers leur album. On le voit aujourd'hui, c'est toujours des bonnes personnes parce qu'ils sont engagés, que ce soit à Kerry James, dans plusieurs causes. et surtout les étudiants pour trouver, leur dénicher des bourses pour qu'ils puissent poursuivre leurs études. Laurent Luciano, c'est une personne qui a toujours parlé de son quartier à travers ses musiques, qui est engagé, qui est humble et qui ne l'expose pas dans son quartier Le Pannier et qui a fait beaucoup de choses. Et on ne parle pas assez des anciens du rap, mais Ken Aton a fait beaucoup de choses avec son groupe Shuriken. S'il y a eu la relève du rap marseillais, c'est que IAM a eu beaucoup de choses, et surtout à Kenaton, avec la Funky Family, Psycha de la Rime. Et si Soprano a la carrière qu'il a, c'est qu'au début, il y a des personnes qui ont cru, dont M. AKH.
- Speaker #1
Un jour, d'août 2013, tu vas installer quelques tables, quelques chaises sur la dalle du Val d'Argent, à Argenteuil, juste devant la médiathèque Robert Desnos. Tu organises ta première dictée. Est-ce que tu peux nous raconter comment cet épisode va être déterminant pour la suite ?
- Speaker #0
J'ai fait ça samedi matin. 28 août 2013, j'ai mis que 46, on s'est retrouvé à 250 participants. C'est que les habitants, ils m'ont redonné ce que j'ai donné depuis toutes ces années. Ça ne veut pas dire que l'histoire, elle est finie, c'est-à-dire que je réalise toujours encore des choses dans mon quartier. Mais là, c'était d'impliquer les gens à écrire, à faire un effort, à vouloir s'affronter, à retrouver confiance avec l'écriture, parce que certains, ça faisait des années, ils avaient arrêté l'école. Peut-être qu'il y en a depuis l'école primaire. parce qu'il y a des personnes âgées du quartier. L'école s'est arrêtée parce qu'il y avait la guerre. Et donc, se retrouver autour du patrimoine linguistique, c'était beau. Et de le faire dans le quartier, ça cassait le cliché qu'on avait. Cette belle histoire de 28 août 2013, il y a eu un buzz énorme à travers les réseaux sociaux où les gens m'appelaient, m'envoyaient des messages pour organiser ce même type d'événement dans leur quartier. Et j'ai fait ça pendant des années, jusqu'à ce que j'ai eu l'opportunité, grâce à Annick Bouquet, qui est élu à Versailles, qui m'a ouvert les portes du château de Versailles pour... pouvoir organiser un événement à la Galerie des Batailles en 2017 pour la première. Et depuis ce jour-là, je me suis dit... Il faut que je fasse un championnat national et je réunis les gens dans les lieux historiques parce que quand ils marchaient, je voyais leurs yeux, ils brillaient. Ils étaient plus fiers et plus heureux que moi d'avoir ramené la dictée à un événement qui est né dans un quartier, dans le lieu des grands rois de France. Et on a pu faire ça après. Palais de l'Elysée, le toit de l'Arc de Triomphe, Château de Versailles encore une fois, la Tour Eiffel, l'Assemblée Nationale, le Sénat, les grands stades de foot, Parc des Princes, Groupama Stadium. Je n'oublierai jamais que cette réussite a bien commencé parce que c'est un succès dans ma ville et ça continue de l'être. Et maintenant, je délègue le concept pour que chacun organise des championnats dans leur ville et qu'ils ressortent les meilleurs pour pouvoir s'affronter lors des grandes finales chaque année. là on est au coeur de la dalle d'argenteuil toujours on s'est toujours battu pour la réputation entre ce côté là de la cité les normandes où j'ai grandi on disait ici c'est la dalle 1 et les gens de l'autre côté l'autre cité au coudray disait c'est la dalle 2 Donc on s'est toujours battu pour savoir c'est qui la dalle 1 et la dalle 2. Il faut qu'on demande à l'architecte, il a commencé par où la construction avec l'équipe ?
- Speaker #1
On est juste à côté de la médiathèque d'Esnos, là où tu as commencé ta première dictée.
- Speaker #0
Tout à fait, c'est ici, juste en bas là il y a l'école primaire, et derrière il y a le collège, collé à l'école primaire il y a le maternel. Et c'est ici que j'ai posé mes premières tables, mes premières chaises, mes premiers stylos, mes premières feuilles, qui étaient des feuilles de classeur. On n'avait pas encore personnalisé nos feuilles. Et c'est ici qu'on a lu le premier texte et on a corrigé les premières copies à l'intérieur de la bibliothèque. Et après, on a pu réaliser d'autres dictées dans le quartier. Juste en bas, je l'ai fait dans la cour de l'école. Et après, ici, j'ai rempli toute la dalle avec Maïten Abiraben. Il y avait encore plus de monde et tout ça.
- Speaker #1
Tu te souviens du premier texte que tu as fait lire ?
- Speaker #0
Je crois que c'était d'Artagnan, je crois. C'est un texte de D'Artagnan. Là, il y a un papa. C'est le papa d'un ami d'enfance. Vous êtes le papa à Kamel ? Kamel ? Oui. C'est Abdela, vous lui dites Abdela. Hein ? Vous lui dites Abdela, Abdela. Ah. Là, c'est toi qui fais les dictées. Ah, oui. Ça va ? Ça va et vous ? Ça va. La santé, ça va ? Ça va, Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Ça fait plaisir de vous voir, monsieur. BarakAllahu. Il va bien, Kamel ? Oui, il est en Provence, oui. Oui, il va bien ? Oui, ça va. Ah, Alhamdoulilah. Je lui dis, je dis qu'il m'invite à... Au Maroc, Inch'Allah. Inch'Allah. Inch'Allah. Va avec. Inch'Allah, je vous le dis. Quand il vient, il faut lui dire, je vais dire, Abdel, il a déjà vécu au Maroc. Inch'Allah. Ah ouais, ça va. Connaissons-le vous, monsieur. Aïe, merci beaucoup. Aïe, monsieur. Aïe, monsieur. Assalamu alaikum. Aïe, assalamu alaikum. Ceux qui sont restés, la majorité, c'est les parents. Parce que c'est leur environnement, c'est la majorité des années qu'ils ont passées ici. Après, nous, les enfants, on est tous éparpillés à gauche-droite, comme son fils est là en province. Il y en a qui préfèrent rester ici, il y en a qui préfèrent partir. Ça fait toujours plaisir de recroiser les personnes et surtout de voir qu'ils se portent bien et en bonne santé.
- Speaker #1
Et donc là, face à nous, il y a quelques commerces qui ont fermé récemment. Elle a changé cette dalle en quelques années ?
- Speaker #0
À la base, les commerces partaient de là-bas. Sur la gauche, il y avait un pub. C'était tous les papas, les anciens, les grands, ils se fréquentaient là-bas. qui faisait tabac et café juste à côté avec une grande boulangerie, à côté une auto-école. Et c'était varié, même derrière, il y avait plein de commerces, qui étaient des fruits et légumes, il y avait des œufs frais, de la ferme, il y avait de tout. Et même ici, alors que maintenant, tu peux croiser 2-3 salons de coiffure, 2 boulangeries. Ça manque de variété comme il y avait à l'époque. À l'époque, il y avait un grand taxiphone qui était juste là, comme je te disais, qui faisait l'angle. Et même tu pouvais faire tes photocopies, c'est-à-dire que ça vivait. Et maintenant, pour moi, ça manque de variété comme j'ai connu quand j'étais petit. Et c'est ça qui faisait que tout le monde se retrouvait, tout le monde faisait ses courses. Et il y avait le grand Leclerc au bout. Mais maintenant, depuis Leclerc, il n'y a plus de grande enceinte. Il y avait le grand Leclerc là-bas. Et le petit franprix ici, là.
- Speaker #1
On voit quand même que c'est un lieu où les gens se croisent encore, ils circulent. Je pense qu'ils rentrent chez eux ou ils passent de commerce en commerce.
- Speaker #0
Plus comme avant. Plus comme avant. Il y avait beaucoup de... Il y avait beaucoup plus de monde qui restait ici et qui discutait. Et surtout entre le café et le clair, ça ne s'arrêtait pas. La plupart des gens du quartier en ont plein qui prennent directement le bus et qui vont directement soit à Carrefour, à Sartreville ou à Auchan, dans l'autre quartier au Val-Sud. Syf, salam alaykoum, ça va frérot ? Bien ? Tranquille ? Ah ah ah ah ! Coupe, on coupe, on coupe ! Alhamdoulilah et toi ? Les enfants ça va ? Alhamdoulilah, tranquille. La dictée ? Ouais, l'histoire ici commence à commencer et tout. Inch'Allah. Ben, clovek, merci ! Merci frérot. Minis, minis, Inch'Allah ! Minis !
- Speaker #1
Il a dit Abdelaboudour, c'est le maire.
- Speaker #0
Moi, je suis content. C'est de revenir de temps en temps et de voir mon bâtiment qui n'a pas bougé.
- Speaker #1
À quelques mètres d'ici, c'est la résidence où tu es ?
- Speaker #0
Oui, c'est ça. La cité, elle est énorme. Parce que ça me ferait quelque chose. Le jour où ils détruisent mon quartier, ma cité, c'est mes souvenirs et c'est toute mon enfance. Donc, j'espère que ce bâtiment... Il sera classé à l'UNESCO patrimoine historique. On ne le touche jamais. Est-ce que c'est possible ça ?
- Speaker #1
Ça se demande.
- Speaker #0
Il faut demander à qui ?
- Speaker #1
Au ministère.
- Speaker #0
Au ministère de qui ?
- Speaker #1
La culture.
- Speaker #0
La culture. Je ne pense pas qu'il s'est gardé des beaux souvenirs.
- Speaker #1
Retour à la brasserie. Tu as commencé à évoquer un peu les lieux dans lesquels tu as organisé des grandes dictées. Je pense notamment à la basilique de Saint-Denis où tu avais réuni près de 1000 personnes. Est-ce qu'il y a un lieu qui t'a particulièrement marqué dans toute cette liste ?
- Speaker #0
Dans toute la liste, le lieu historique que je retiens et qui m'a marqué, c'est le Palais de l'Elysée et l'Institut de France. Palais de l'Elysée parce que de voir la première dame de France, Brigitte Macron, lire une dictée et que son mari, le président, vient remettre les prix. Si en 2013, on me dit ça, je me dis non gros. Je ne sais pas ce que tu fumes, mais en tout cas, il faut arrêter, il faut arrêter. Et l'Institut de France, parce que je me dis, Abdela, tu aimes juste organiser des événements. Et là, l'Institut de France, l'académicien Éric Orsenat, t'a validé. Donc, il n'y a plus rien à dire. Il n'y a plus rien à dire.
- Speaker #1
Parmi les lecteurs que tu as eus, les lecteurs célèbres qui viennent intervenir dans les dictées, on peut citer Maïtena Biraben, Dadjou, Gad Elmaleh, Aïda Touiri, mais aussi des linguistes. Brigitte Macron, tu l'as citée tout à l'heure. Quelle qualité il faut avoir pour être un bon lecteur de la dictée pour tous ?
- Speaker #0
Une... Une personne qui réussit à être lecteur d'une dictée pour tous, être bon lecteur, c'est une personne qui aime le public, qui aime la proximité avec les gens. Toutes les personnes que tu viens de citer sont des personnes qui ont marqué les esprits des dictées. Et jusqu'à aujourd'hui, des participants m'en parlent encore d'eux. Et il y en a bien d'autres, comme Gaden Malé, comme Leïla Bekti, la comédienne, et des personnes moins connues comme Vicky Bogart, Émilie Tranenguen, Raphaël Liem, Faïza Genlé. qui a écrit un best-seller, bref, j'en ai. Eh bien, ces personnes-là, ils ont été aimables avec le public. Aller à leur rite, de répéter, de rigoler, de détendre l'atmosphère, c'est ça qui fait le charme et qui fait le succès de l'événement. Ça se repose sur le lecteur ou la lectrice. Le public, quand il le sent, il le redonne. Et c'est ça qui est magique.
- Speaker #1
Et comment tu choisis les textes ? Est-ce que c'est avec le lecteur ? Est-ce que c'est avec le lieu qui accueille ? Comment ça se fait, cette sélection ?
- Speaker #0
J'essaie de choisir des... souvent des textes par rapport à la période. Si on va être à la rentrée scolaire, ça va être plus un texte autour de l'école. Les vacances, ça va être plus, on va parler de vacances. La veille de la fête des mères, on va parler plus de la famille et du statut de la maman. Ou même une grande héroïne. J'ai déjà fait des textes sur Simone Veil ou d'autres grandes personnalités françaises ou internationales ou des grandes causes contre le racisme ou autre. Donc, j'essaye. J'essaye. Après, quand je suis dans les maisons d'arrêt, j'essaie de ramener un texte qui va les faire voyager et qui va peut-être décrire une ambiance ou un événement. Pendant mes dictées, je distribue des livres gratuitement à l'ensemble des participants. Je veux donner cet accès à la culture. Pourquoi ? Parce que j'ai grandi dans un quartier où j'avais une bibliothèque. C'était le seul refuge qu'on avait. Il n'y avait pas d'association, de centre social ou autre. Donc, on allait tous à la bibliothèque. Quand il pleuvait, il faisait froid ou autre, on se réfugiait. et on était forcé par le directeur Gabriel Lacroix que je salue, à prendre un livre. Donc c'est ça qui m'a aidé. C'est ça aussi qui a fait que j'organise ma première dictée en collaboration avec la médiathèque Robert Desnos. Et c'est ça qui me donne aussi cette confiance. Parce que ce n'est pas l'école qui m'a donné la confiance aujourd'hui d'organiser des dictées. J'avais des mauvaises notes à la dictée. C'est cette relation que j'avais avec la bibliothèque, avec la médiathèque, avec l'accès aux livres gratuitement. Les livres que les instituteurs et les institutrices nous donnaient à lire. C'était 200 pages, 100 pages, 400 pages. J'ai acheté le rouge et le noir, je ne l'ai même pas ouvert. Ce que je veux donner au public, aux participants de tout âge, c'est de s'enrichir de vocabulaire et de se nourrir d'ambition, c'est en lisant aussi. Ne pas rester dans son environnement et rester qu'avec des gens de son environnement. Il faut se mélanger. C'est très difficile quand tout est en bas de sa cité, comme moi, à être dans la maternelle, école primaire, collège, lycée, qu'avec les gens du quartier. Le choc, il est... Il est brutal pour un jeune. Quand ils se retrouvent dans le milieu professionnel, on n'a pas forcément les codes, pas forcément la bonne façon peut-être de réagir à certaines situations. Donc, il y a une certaine frustration en nous qui n'est pas facile à gérer. Tout ça, c'est à combattre. Et j'essaie de le combattre avec la culture.
- Speaker #1
Et tu as reçu l'insigne de chevalier des arts et lettres des mains de la ministre de la Culture, Rima Abdulmalak, le 25 mars 2023 à Sanoa, à l'occasion d'une dictée. Est-ce que tu peux nous raconter ce que tu as ressenti à ce moment-là ?
- Speaker #0
Jusqu'à... Tu m'en rappelles là, j'ai oublié, mais j'ai des frissons et je suis ému parce qu'il y avait mes enfants. Mes enfants, ils savent ce que je fais, je les ramène de temps en temps. C'était une grande fierté pour eux. Ils ont vu leur papa ému, il y avait mes parents. Donc, c'est une grande reconnaissance de la République française d'avoir cet insigne. J'ai lu pas mal de personnalités, ils l'ont eu. des grands écrivains, des grandes actrices, des scénaristes, des réalisateurs, des peintres. Plein de gens de la culture l'ont eu. Et moi, de la voir, je me dis, je me retrouve dans la cour des grands et il ne faut pas s'arrêter à ça. Il faut continuer pour prouver qu'ils ne se sont pas trompés de t'avoir décoré.
- Speaker #1
L'aventure de la dictée s'est aussi poursuivie en 2022 avec la sortie d'un livre, Dicté pour tous, qui a été rédigé par Sonia Salih, qui est professeure de lettre moderne à Marseille.
- Speaker #0
Il y a une boîte d'édition qui m'a sollicité, deux books supérieurs que je salue, pour faire un livre avec les textes édictés, original, c'est-à-dire des textes écrits par les écrivains et écrivaines lors d'un dictée. Sonia Sali, c'est quelqu'un que j'ai rencontré lors des dictées à Marseille et depuis a toujours été au service du concept, bénévolement à nous envoyer des textes, nous conseiller, rédiger des corrections, même améliorer notre concept. Donc quand on m'a proposé d'écrire un livre, naturellement la première personne à qui j'ai pensé était Sonia Sali, parce que moi, je ne suis qu'un animateur. J'aime animer, j'aime organiser des événements. Je ne suis pas un expert de l'orthographe, du vocabulaire. Il était tout à fait légitime de faire ça avec une professeure de français parce qu'à chaque dictée, j'essaye de faire passer un message aux enfants, scolarisés, aux jeunes, mais surtout aux parents, de respecter l'éducation nationale et tous les agents qui y sont et surtout les professeurs et instituteurs. Car c'est des personnes qui sont passionnées. C'est des personnes qui s'investissent pour la réussite des élèves. Et c'était une forme de reconnaissance et de valorisation. à travers tout ce corps de l'éducation nationale en m'associant avec une professeure de français qui est Sona Sali.
- Speaker #1
En 2019, tu as tourné un court-métrage qui questionne la condition aussi féminine dans les quartiers, qui s'appelle La femme n'est pas pour une suspension Quelles sont les femmes autour de toi qui t'ont aidé à comprendre ce qu'elles vivaient et ce que vivait une jeune fille en banlieue de manière générale ?
- Speaker #0
Je le vois. Quand j'étais jeune, j'entendais mes propres amis d'enfance, copains d'école ou autres, avoir certains propos sur les filles ou avoir à... certaines images du statut de la femme ou de leur sœur. Alors que moi, je suis enfant de la seconde génération et je n'ai pas eu cette éducation. Ma sœur, elle a les mêmes droits et devoirs que moi, la même liberté que moi. Donc, je ne comprenais pas la différence qu'il y avait. Et tout ça, en fait, je l'ai appris plus tard avec le recul. Tout est une question d'éducation. Quand mes parents nous ont élevés avec cette liberté-là, c'est pour ça que moi, j'étais choqué des propos quand j'entendais dans le quartier. Et c'est pour ça que je me suis dit, Abdella, qu'est-ce qu'on fait ? Tu restes là à être... tête baissée et pas réagir parce qu'ouvrir sa bouche et crier plus fort que l'autre ou débattre, je ne pense pas que ça va changer les choses. Le meilleur, c'est d'agir. Et mes premières actions, ça a été quoi ? Toujours de mettre en avant les filles du quartier. Quand j'ai commencé les dictées dans mon quartier, à mettre des lectrices au milieu du quartier, à prendre un texte qui parle de Simone Veil et parler d'autre chose, d'agir le 8 mars. à notre sauce, à notre forme, avec notre cil, pas forcément faire un débat et pousser les gens à réagir dessus. Et jusqu'à aujourd'hui, j'aurais pu faire le texte avec un professeur. Non, j'ai voulu le faire avec une femme. Je veux valoriser et influencer à travers les personnes que j'invite. C'est pas moi, mais j'essaie de toujours penser comment donner l'envie aux filles de réussir, donner l'envie d'espérer. Parce qu'il y a plein de filles qui ont de l'ambition. Il y a plein de femmes qui ont de l'ambition, qui veulent réaliser des choses. Des femmes, elles ont peut-être plusieurs enfants, des femmes peut-être seules, peut-être des femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants, des femmes invalides. Elles veulent réaliser des choses. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut prendre des personnes qui ont rencontré les mêmes problématiques qu'eux et qui ont réussi et partager leur discours. Celle qui l'a très bien fait au quartier, c'est Maïtena Beraben, c'est Faïza Ghen, Saïda Touiri, Émilie Tranen-Buyen. Toutes ces femmes-là que j'invite, Maïra Menguissé, toutes les femmes que j'invite, ils partagent leur parcours, leur discours, qui est positif. envers les mamans et quand je leur montre Maïtena, Biraben, Faizaga et autres, ça fait un défi que j'ai déjà vu interpeller Aïda Touiri et dire c'est grâce à vous que j'ai voulu faire mes études de journaliste et je n'ai pas lâché. Alors qu'Aïda Touiri faisait juste son job mais le fait que c'est une femme acharnée et rigoureuse, ça se ressent. On ressent quand des gens sont passionnés et sont investis dans leurs tâches et dans leur travail.
- Speaker #1
Est-ce que tu dirais de toi que tu es un homme engagé ?
- Speaker #0
Je suis un homme engagé. Tout d'abord, je suis engagé pour ma famille, pour mon quartier, pour les quartiers. parce qu'on vit tous les mêmes problèmes. Et ensuite, pour le pays, j'ai récupéré le chapeau du Bernard Pivot ou l'ambassadeur de la francophonie. Carrément, tellement il y a de ministres qui viennent à mes événements, on m'appelle ministre de la Dicté. Donc, je suis engagé et engagé surtout pour le pays parce que je me dis que tout ça, c'est grâce au pays. L'école, elle est gratuite ici. C'est un privilège. J'ai rencontré des instituteurs, instituteurs qui m'ont donné aussi d'apprendre à certaines périodes. j'ai rencontré des belles personnes des personnes qui n'ont pas grandi dans un quartier mais qui sont autant engagées que moi même plus engagées que moi comme je parle de Maïten Abiraben ou Gaden Malé ou Brigitte Macron et même je retiens la rencontre avec Roselyne Bachelot qui a été formidable c'est elle qui m'invite à faire l'ouverture de lancement de la dictionnaire de la francophonie et la dictée avec les leslemanis mais moi aujourd'hui je veux être vraiment engagé pour les futures générations et mon prochain objectif d'engagement. Ça fait des années que je travaille dessus et je pense que là, c'est parti pour le faire. C'est contre le harcèlement scolaire. Il y a tellement de suicides, d'enfants qui arrêtent l'école. Ça fait des années que des enfants se plaignent des conditions de harcèlement et des professeurs qui sont impuissants parce qu'ils ne sont pas accompagnés et formés par l'éducation nationale par rapport à cette situation. Et pourquoi pas réussir à réunir autant de personnalités que j'ai fait avec l'adjecté contre ce fléau qu'est le harcèlement.
- Speaker #1
Et puis pour terminer, je le propose aussi à tout le monde, dans les prochaines minutes, tu peux t'adresser directement aux auditeurs du podcast qui te connaissent ou pas.
- Speaker #0
A ceux et celles qui ont écouté, sachez que je parle sans prétention et j'essaie d'être modeste, je suis toujours focalisé à mes prochains événements. C'est beau ce qu'on a pu réaliser parce qu'il y a toute une équipe, c'est les participants qui font le succès de l'événement et toujours croire à ses projets, à ses objectifs. N'importe quel âge, n'importe quel lieu où on vit, que ce soit les grandes villes, les petites villes ou les banlieues. On est à une époque où on peut communiquer à travers les réseaux sociaux. Et comme je l'ai dit à travers le podcast, on peut valoriser la communication. Et ceux et celles qui ont besoin de conseils ou autres, ou de mise en leur relation, croyez-moi, vous pouvez me contacter et je serai à votre service. Vous venez d'écouter un épisode du podcast Parlons Plus Bas. Cette émission est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Réalisation Anthony Chenu Voix off Justine Leroux Pour échanger avec nous, rendez-vous sur le compte Instagram de l'émission.