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Parlons plus bas

#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales

#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales

45min |05/11/2024
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#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales

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Description

[#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales] Dans ce huitième épisode, Anthony Chenu rencontre Jean-Baptiste Darosey, comédien de théâtre.


Après avoir passé son enfance dans la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste rencontre le théâtre. Il se destine à d'abord à l'enseignement mais c'est au cours d'un séjour en Irlande qu'il se tourne vers le métier de comédien, après avoir assisté au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.


Depuis, il enchaîne les rôles dans les pièces à succès comme l'Embarras du choix à la Gaîté Montparnasse. Il a également co-écrit son premier spectacle jeune public avec sa partenaire Julie Costanza : Odyssée, la conférence musicale qui les a conduits sur les routes de France. Le spectacle a été couronné du Trophée de la comédie musicale jeune public et d'une nomination aux Molières.


Anthony Chenu retrouve Jean-Baptiste Darosey au café-restaurant Le Greffulhe avant de parcourir ensemble le Théâtre des Mathurins.


Après avoir passé son enfance à la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste fait la rencontre avec le théâtre. C'est au cours d'un séjour en Irlande que son destin bascule lorsqu'il assiste au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.

Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Extrait musical : Circé, composée par Julie Costanza, interprété par Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey

Novembre 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu, être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. Ce n'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #1

    Parlons Plus Bas,

  • Speaker #0

    podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Dans ce huitième épisode, je retrouve le comédien Jean-Baptiste Darosé. Actuellement à l'affiche de deux pièces à succès, je le rencontre dans un café-restaurant du 8e arrondissement situé juste en face du Théâtre des Maturins. Il me raconte son parcours depuis son enfance en Haute-Saône jusqu'à son arrivée à Paris et sa formation à l'art de la comédie musicale. Il est 10h30.

  • Speaker #0

    On se trouve au Café Greffulhe, qui est en face du Théâtre des Maturins, où je joue actuellement Odyssée, la conférence musicale, et où j'avais joué, juste après le confinement, Dernier Coup de Ciseau, qui joue encore d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de m'accueillir ici. Ensemble, on va parler de ton parcours, de ton actualité de comédien. Pour commencer, est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots le milieu dans lequel tu as grandi et nous parler un peu de tes origines ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens d'un milieu... paysans de la Haute-Saône. La Haute-Saône, c'est en Franche-Comté. Le lieu dit, c'est le village. Ça s'appelle Charger les ports. C'est Charger les ports, P-O-R-T, parce que c'est pas loin de Port-sur-Saône. Un village de 200 habitants dans un milieu paysan. Paysan bio, mes parents étaient paysans bio. Et j'ai grandi là-dedans, dans ce milieu, avec mes trois soeurs, trois grandes soeurs, et avec une implication dans la ferme. assez importante. On prenait part aux différentes activités. On allait traire le soir. Moi, j'allais aider ma mère à traire. On allait moissonner, élaborer. On faisait tout. Et oui, un milieu aussi un peu particulier parce que je pense que ma famille était un bastion aussi de la culture un peu de gauche dans un endroit où, même encore aujourd'hui, le RN a une place... très très importante au niveau des votes. Donc ouais, une sorte de bastion de gauche au milieu d'une marée bleu-marine.

  • Speaker #1

    À quand remonte ton premier souvenir de spectacle ? Est-ce que tu t'en souviens de spectacle ou de théâtre ?

  • Speaker #0

    Il y a des photos où je suis gamin et où je suis maquillé et où je fais du spectacle, mais alors ça, je n'ai aucun souvenir. Donc vraiment, c'est la photo qui date le souvenir. Un de mes plus grands souvenirs, j'ai participé à une association qui s'appelait Justiniana. qui était à Vesoul, qui était dirigée par Charlotte Nessie, qui était la directrice du théâtre de Vesoul. Et le principe, c'était de faire chanter, danser et jouer des enfants de Haute-Saône et de monter des œuvres de Broadway. Donc on a monté Oliver Twist, on a monté West Side Story et on était, nous, des gamins venant de Vesoul, Port-sur-Saône, à faire des jets, à faire des gangs, des orphelins. Et tous les personnages principaux étaient assurés par des pros qui venaient de Paris. Donc il y avait un vrai cachet à ce genre de spectacle. Et on avait un prof de chant qui s'appelait Scott Alan Prouty, qui était prof à l'Opéra de Paris et qui venait nous faire chanter tous les mercredis après. Et cette rencontre avec Charlotte Nessie à la mise en scène au théâtre, Scott Alan Prouty au chant et Vendra Martins. à la danse, il y avait quelque chose de... Je pouvais rêver d'autre chose. Il y a quelque chose d'autre chose qui existait. On avait le droit de faire ça, on avait le droit de faire n'importe quoi. On avait le droit de faire semblant sur scène. Et j'avais... Je crois que j'étais en CM2, donc je devais avoir 10 ans. C'est 10-11 ans, je pense, le CM2. Et c'était génial. D'un autre côté, j'étais un peu frustré parce que c'était tous les mercredis, une semaine sur deux des vacances scolaires et un week-end par mois, je crois. Donc moi qui avais l'habitude... de partir avec mes cousins ou avec des potes le week-end, d'aller s'amuser, faire des fêtes, se retrouver. Du coup, j'étais un peu puni de ça. Mais je savais que c'était... que c'était pour la bonne cause et j'y allais et j'ai kiffé de ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a mis le pied un peu à l'étrier, en tout cas qui t'a créé ce petit désir, cette petite musique intérieure.

  • Speaker #0

    Ouais grave, après je suis d'une famille où ça chantait beaucoup, mon grand-père il chantait beaucoup, ma mère chantait beaucoup à table. Ma mère elle avait un atelier de chant qui s'appelait l'atelier de chant de la Haute-Saône en folie, où il y avait... une vingtaine de personnes, des adultes amateurs qui venaient chanter. Et ce n'était pas en mode, on fait des chansons de groupe, chacun avait sa chanson. On défendait une chanson avec un sujet, avec presque un personnage des fois. Donc ça touchait presque déjà un peu la comédie musicale. Et oui, je pense que c'est ma mère qui m'a donné l'envie de faire ça. En tout cas, qui m'a ouvert la porte et qui m'a dit, tiens, il y a ça qui existe, j'ai envie d'essayer.

  • Speaker #1

    Est-ce que, moi j'ai lu que tu te destinais un temps à l'enseignement, que tu avais obtenu une maîtrise d'histoire d'ailleurs, à quel moment ce parcours-là a été contrarié ?

  • Speaker #0

    Ça c'était une bonne question et j'y ai repensé il n'y a pas longtemps. J'avais fait une licence d'histoire à la fac de Besançon et la dernière année, mon année de maîtrise, je suis parti en Erasmus en Irlande, où j'ai rencontré d'ailleurs des potes qui sont encore mes potes aujourd'hui. Et le but c'était surtout de me barrer, de quitter un peu la haute zone et de quitter tout ça. Quitter en tout cas le... les amis, quitter la famille, de se retrouver juste seul et de se dire qu'est-ce qu'on fait quand on est tout seul. Et là, en fait, j'ai pas du tout bossé. J'ai vraiment fait la fête, mais pendant un an, c'était n'importe quoi. J'avais une envie de tout lâcher, en fait, de casser un peu ce carcan. Et donc, du coup, je me suis retrouvé... Finalement, j'ai quand même eu la maîtrise, donc je sais pas comment je l'ai eue. Je t'avoue, parce qu'entre les exposés en anglais faits devant des classes où les gens, ils comprenaient rien à ce que je disais. Enfin... C'était un peu n'importe quoi. Et les lectures des chapitres d'Harry Potter, où j'en ai lu deux. Je m'en veux encore aujourd'hui. Je me dis, putain, mais pourquoi j'ai pas bossé plus ? Il y avait eu une opportunité de bosser de l'anglais. En tout cas, mes objectifs étaient ailleurs. Et j'avais fait, parce qu'en Irlande, ils ont un peu le même système qu'en Angleterre. Dans les facs, ils ont des activités. Ils ont des activités et c'est presque obligatoire de s'inscrire. Et moi, je me suis dit, vas-y, je vais m'inscrire en comédie musicale. Ou en tout cas en danse. C'était en danse. Et j'ai fait de la danse. Et je me rappelle que mon prof... faisait un spectacle à la fin de l'année, une comédie musicale, West Side Story. Et je suis allé le voir et je me suis dit, putain, qu'est-ce que je fous ? Pourquoi dans ce... Pourquoi j'ai envie d'être prof d'histoire ? Pourquoi je vais passer ma vie dans une salle à causer à des gamins, à leur raconter des histoires, en tout cas à bosser, à être dans un cadre très particulier ? J'ai dit, putain, mais la liberté qu'ils ont sur scène, la liberté des œuvres qu'ont écrits Bernstein et même tous les autres, ça m'est revenu d'un coup, j'ai eu un flashback et je me suis dit, c'est pas ça que j'ai envie de faire, moi j'ai envie de faire de la comédie musicale. Ou en tout cas d'être sur scène. D'être sur scène et d'éprouver cette sensation de jouer quelque chose, d'être un humain. lambda qui joue devant d'autres humains et de balancer cette sensation là, juste de se dire qu'est-ce qui se passe quand quelqu'un est sur scène il est visible par beaucoup de gens et il raconte un propos et qu'est-ce que ça donne et moi c'est ça que j'avais envie de retrouver un peu

  • Speaker #1

    En Irlande, c'était ta deuxième rencontre avec West Side Story.

  • Speaker #0

    Eh ben, exactement. La deuxième rencontre. Puis un peu comme si c'était quelque chose d'un peu enfoui. Parce que j'ai vécu des moments qui n'étaient pas forcément très, très drôles. J'ai perdu ma mère quand j'avais 15 ans. C'est un peu elle qui m'avait offert le CD, qui m'avait fait découvrir un peu West Side Story, en plus de l'atelier de comédie musicale. Et je pense qu'il y avait des choses qui étaient un peu enfouies et que j'avais dit, bon, c'est le passé, je passe à autre chose. Et un peu comme une renaissance en Irlande. J'ai revu ce spectacle-là, je me suis dit, putain, mais ça me fout encore les poils de ouf. Je suis ressorti de là, je n'ai pas pu aller dormir. Je ne sais pas si c'était le théâtre de l'Imérique en Irlande, mais j'ai dû marcher des heures en me disant, non, là, il faut faire un choix, il faut bouger, il faut changer la trajectoire. Et j'ai changé la trajectoire.

  • Speaker #1

    Et tu es rentré à l'ECM, l'école de comédie musicale à Paris, dans le XXe. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es rentré, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis revenu d'Irlande, j'ai pris un billet retour. Forcément, tous les avions s'arrêtent à Paris. Et moi, j'avais vu sur un site internet, j'avais tapé juste École Comédie Musicale Paris Le destin fait que c'est tombé sur l'ECM, en premier. En tout cas, c'est la première page qui tombe quand tu tapes ça sur internet. En tout cas, il y a 10 ans, c'était ça. 12 ans maintenant. Et j'ai envoyé un mail à la directrice, Véronique Fruchard. Et elle m'a envoyé un mail en me disant Bah écoute, oui... Les auditions étaient en mai, mais on était genre en juin ou juillet. Mais si tu veux, on peut te voir en août. On peut faire une troisième session d'audition. Vas-y, banco. Donc, je rentre, j'en parle à personne. Mais vraiment personne. Même mes potes, j'en ai parlé à personne. Je bosse, il fallait apprendre. Il fallait proposer un texte, une chanson et une danse. J'ai bossé ça en Irlande. En attendant que la fac se termine. La chanson, c'était Mamoum. On l'avait bossé dans un stage qui s'appelait À travers champ. Un autre stage l'été où pareil, c'était des stages de comédie musicale. Donc vraiment, j'étais baigné dans le truc. Donc je me suis dit tiens, je reprends ça. La scène, c'était la scène de Daniel Darieux. dans 8 femmes qui joue le personnage de Mamie et qui a vraiment un coup dans le nez et elle annonce à sa fille qu'en fait elle a tué son mari, donc le père de sa fille. Et il est très très beau ce monologue parce que ça raconte, voilà, c'est une nana dans les années, je pense dans les années 40 qui dit non mais en fait avant il n'y avait pas de divorce pas tout ça, donc ton père je l'aimais pas, donc je l'ai tué. Voilà, cette ironie et ce vice qu'il y a chez François Ozon... En tout cas, moi, 8 femmes, c'est quelque chose qui m'a beaucoup porté. De voir 8 nanas dans une énorme baraque bourgeoise chanter, danser, alors qu'il y a un meurtre et qu'il y a un mort dans la chambre d'à côté. C'est toujours ce décalage qui me touche beaucoup. Donc, j'avais pris cette scène-là et en chorégraphie, j'avais repris une chorégraphie qu'on avait créée avec les Chacoliveo, qui était un groupe de danse que j'avais rejoint à Besançon, quand j'étais à la fac, qui était des... potes et ils avaient créé un groupe où c'était de la danse contemporaine. Il n'y avait pas de chef. Tout le monde décidait, tout le monde apportait son avis et c'était une sorte de communauté. Et pareil, tous les ans, on faisait un spectacle et on avait créé une chorégraphie sur la valse à mille temps de Jacques Brel. Et je l'avais repris et je l'avais fait tout seul, en solo. Et j'avais fait ces trois-là, ces trois œuvres-là d'univers totalement différents et... et d'expériences totalement différentes. Et l'audition s'est bien passée. Et on m'a demandé, mais tu serais prêt à venir sur Paris dans un mois ? À l'intérieur, c'était je ne sais pas. Et à l'extérieur, c'était bien sûr. Et j'ai trouvé, après, j'ai trouvé un appart en coloc. J'ai fait un prêt pour payer l'école. Et puis, c'était lancé, quoi.

  • Speaker #1

    À quoi l'école, est-ce qu'elle t'a formé ? Est-ce que tu te rappelles des enseignements, danse, chant, j'imagine, théâtre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. On a eu... C'est vraiment complet. On a eu des cours de danse. cours de danse classique vers la fin aussi on a peu eu les claquettes mais je sais que maintenant il y en a, d'ailleurs si les personnes qui m'écoutent veulent faire l'école de comédie musicale maintenant il y a les claquettes en plus donc je vous conseille vraiment cette école elle est top, elle est top sur deux choses parce qu'elle vous pousse à créer et elle vous pousse à créer votre univers à vous et pas à rentrer dans des moules et des stéréotypes de chanteurs qui doivent belter et qui doivent ressembler à Lara Fabian ou à Matt Pokora et la deuxième chose c'est que c'est euh... Une école où les professeurs travaillent le soir, en fait. Ils sont sur scène, ils mettent en scène. Et en fait, ils sont au courant de ce qui se passe. Ils sont habitués, ils sont sur scène tous les soirs. Donc, ils savent en fait ce qui marche, ce qui ne marche pas. Ils peuvent très vite t'aiguiller, quoi. Donc, il y avait ça, il y avait du théâtre avec Ned Grugic, que j'ai eu pendant deux ans. Et après, j'ai eu Stéphanie Gagneux pendant un an. En danse, j'ai eu Linda Faoro. qui d'ailleurs nous a quitté, j'ai une grosse pensée pour elle, elle nous a quitté cet été. J'ai eu Lucien Calixte, on a eu du clown, on a eu du mime, on a eu de la tragédie avec Pauline Macia, des cours de comédie musicale. En tout cas, on faisait du 10-17 tous les jours. C'était très sérieux. Il fallait être là tout le temps. Trois spectacles par an, donc des hivernales, des printanières et le spectacle de fin d'année. Donc finalement, neuf spectacles en tout. Donc ça fait un petit package quand même. En tout cas, ça fait une sacrée expérience. Puis on ne le jouait pas, genre les hivernales, on pouvait le jouer, je ne sais pas, cinq, six fois quand même. Même plus, je pense. Donc c'est ça aussi qui nous a vraiment amené l'habitude d'être sur scène. Et de désacraliser le fait d'être sur scène. Et qu'en fait, on est sur scène et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On a passé le cap de, on est terrifié, on ne peut plus bouger. Et qu'est-ce qu'on fait après ? À partir de là, on construit quelque chose. Avec cette émotion qui arrive, qu'est-ce qu'on peut créer pour que ce soit chouette ?

  • Speaker #1

    Et on sait que pour beaucoup dans ce milieu, l'insertion dans le monde professionnel est difficile quand on sort des écoles. Est-ce que pour toi ça a été le cas ? Est-ce que tu t'es posé la question ? Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment posé la question. Parce que je ne sais plus quand est-ce que c'était, mais quand j'étais en deuxième année, je me disais, je ne suis pas un mec... hyper barraques, qui tapent des notes. Parce qu'au-delà, même si d'un seul coup, l'école te pousse à être toi-même, toi, au fond de toi, t'as envie de rentrer dans les cases et t'as envie de ressembler un peu à tous ceux qui sont sur scène, qui passent des auditions. Je me dis, je ne suis pas assez musclé, je ne suis pas assez chanteur, je ne suis pas assez danseur, je ne suis pas assez comédien pour prétendre à... participer à des spectacles ou même passer des auditions. Et j'ai eu la chance, c'était à la fin de la deuxième année, et mon professeur d'expression scénique, Guillaume Bouched, à qui je dois beaucoup, qui me regarde et qui me dit Ah mais dis donc, t'es grand toi ! Et c'est tout. Il me dit juste ça, il dit Bon ben, surveille ton téléphone, on va t'appeler. Et je reçois un appel, trois jours après, de l'assistant de Sébastien Azopardi, qui me propose de participer à la prochaine pièce au Palais Royal, La Dame Blanche Et donc du coup, pendant toute ma troisième année, j'étais figurant au Palais Royal, dans la Dame Blanche, où ça jouait tous les soirs, où j'ai joué avec, pour moi, des comédiens qui sont excellents. Benoît Tachoir, Arthur Juniau, Michel Garcia aussi. Et c'était... Ouais, non, c'était... J'ai vraiment beaucoup appris. J'étais en coulisses, j'écoutais tous les soirs. Ah, comment ils font ? Ah, ce soir, il l'a fait différemment, ça marche mieux. Ah tiens, ce soir, il le fait par là. Ah, c'est marrant aussi, ça raconte autre chose. toujours dans le spectacle vivant. C'est-à-dire que c'est tous les soirs. Et puis des fois, ça passe, des fois ça casse. Et puis c'est comme ça, puis on continue.

  • Speaker #1

    Tu as cité justement un nom qui va revenir plusieurs fois dans ton parcours, c'est Sébastien Zopardi. Est-ce que tu peux peut-être dire un peu plus sur votre collaboration, sur votre rencontre ?

  • Speaker #0

    Sébastien, c'est un metteur en scène du théâtre privé qui aujourd'hui est directeur de trois théâtres. Il est à le Palais Royal, il est aussi au Michel, et récemment, il est au Saint-Georges aussi. Et c'est devenu quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé parce que ma première expérience, c'était avec lui au Palais Royal avec la Dame Blanche. Et ensuite, il m'a rappelé à la sortie du confinement. Donc, il y a cinq ans déjà, il m'a proposé de passer l'audition pour Dernier coup de ciseau. Donc, une autre de ses pièces qu'il avait écrit, qu'il a adapté, qui est une enquête policière qui se passe dans un salon de coiffure. Il y a eu un meurtre, il y a quatre suspects, il y a les flics qui enquêtent. Et c'est le public qui doit décider, en tout cas qui doit mener l'enquête et qui doit trouver l'assassin. Donc moi, j'avais déjà vu cette pièce-là quand je suis arrivé sur Paris. Pour moi, c'est un classique, quoi. Et qui me propose cette audition, mais j'étais déjà, mais j'étais aux anges. Qui m'imagine dans le rôle, donc c'était le rôle du producteur, et qui m'imagine dans ce rôle-là. Mais j'étais, mais aux anges. Je passe l'audition, je l'ai. Et je me rappelle qu'il m'avait dit... A la sortie de l'audition, il m'a dit C'est bon, bienvenue dans l'équipe Et il m'a dit Tu verras, tu vas beaucoup progresser dans cette pièce En tout cas, Dernier Coup d'Iso pousse les comédiens à s'améliorer. Et il avait raison. Parce qu'en tout cas, je sens que j'ai trouvé une aisance supplémentaire. Pour moi, l'école, t'apprends beaucoup de choses. T'apprends les bases, t'apprends tout ce que t'as à savoir. Mais l'école d'être sur scène et de jouer tous les soirs, forcément, ça t'amène autre chose.

  • Speaker #1

    Depuis, tu as joué dans plusieurs comédies musicales. Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu appréhendes le chant, la danse, tout ça hors de l'école, le jeu, le théâtre, à l'aune de tous ces rôles que tu as eus depuis ta sortie ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle de mes deux profs d'expression scénique, Christine Bonnard et Guillaume Bouched, que je salue les deux, qui m'ont tellement appris. Il y a deux choses, c'est que la première, c'est que Guillaume Bouchette nous avait dit, mais de toute façon, si vous n'êtes pas chanteur, vous êtes comédien, donc à un moment donné, l'émotion, vous pouvez la faire passer autrement, vous la ferez passer avec une idée, avec un personnage, avec une émotion. Et Christine Benard nous disait, de toute façon, il faut qu'il y ait du kiff, il faut qu'il y ait du kiff tout le temps. Si tu as kiffé, les gens qui t'ont regardé, ils ont kiffé. Et je garde ces deux principes-là en moi. En moi, en tout cas, quand j'essaye de travailler ou d'aborder du chant ou de la danse ou du jeu, c'est du kiff, forcément du kiff. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour me rassurer au niveau peut-être même du chant, parce que je ne me considère pas comme un chanteur, je me considère comme un comédien qui chante. Et bien de me dire que ça passe en fait par le personnage, par l'idée. Et bien si d'un seul coup on croit à ce qu'on chante, forcément la note elle sort et il y a tout qui sort derrière. Donc je pense que c'est ça, je l'aborde vraiment comme ça. Quand je suis sur scène et que je vais jouer, j'essaie de me dire, je pense au spectateur et je me dis, j'ai envie qu'il croit que c'est vrai. En tout cas, oui, il est dans une salle de théâtre, il est sur un siège et on est sur une scène. Mais j'ai envie qu'au bout de dix minutes, il oublie tout ça et qu'il se dise, putain, je suis en train de voir un... J'assiste presque à une télé-réalité, mais un truc où, ouais, c'est des personnages qui vivent devant toi et c'est avec des vraies émotions. Et c'est avec des vrais gens et c'est juste, c'est une histoire qui est écrite. Mais tout le reste, c'est vrai et c'est devant toi, ça respire devant toi.

  • Speaker #1

    Donc, tu l'as dit tout à l'heure, si on se retrouve ici, c'est parce que tu joues l'Odyssée, la conférence musicale au Théâtre des Maturins. Est-ce que tu peux présenter en quelques mots ce spectacle et les parties prises de mise en scène ?

  • Speaker #0

    Alors, Odyssée, la conférence musicale, c'est une idée qui vient... d'un concours lancé par l'ECM, pour les sortants de l'ECM, avec Compote de Prod aussi. Il fallait présenter 10 minutes, 10 minutes d'un spectacle musical. Et on était avec Julie Costanza, ma partenaire dans Odyssée, on était sur la famille Adams à ce moment-là. Et on était dans l'ensemble, donc on faisait des ancêtres derrière, on commentait un peu ce qui se passait, on commentait ce qui se passait devant nous. Puis on en avait un peu marre, on s'est dit, viens, pourquoi nous on ne ferait pas un spectacle où nous aussi on serait des personnages principaux et où on jouerait plein de personnages ? Et bien c'était parti, et moi je lui ai dit, moi j'ai fait des études d'histoire, donc du coup je connais un peu l'Odyssée, l'Odyssée c'est génial, il y a plein de personnages, viens on se fait ça. Et donc du coup c'est né de ça, donc on s'est lancé, on a fait 10 minutes, on a présenté 10 minutes au concours, on a gagné, et maintenant ils nous ont dit, on veut le spectacle complet pour l'année prochaine. Donc là, on s'est dit, il faut mettre les bouchées doubles, ça y est, on y va, il faut bosser comme des dingues. Donc, on a demandé à Stéphanie Gagneux de nous aider à la mise en scène. Simon Galland, qui nous a beaucoup aidé aussi au niveau des bruitages, des bandes-sons. Et moi, je me suis occupé du texte. Stéphanie m'a beaucoup aidé. Et Julie s'est occupée de la composition musicale. Et on a créé ça et on a fait donc... Les Trois Bornes, la comédie des Trois Bornes, on a fait le Lucerner, on a fait la Huchette et on a refait le Lucerner. Et maintenant, on est au Théâtre des Maturins jusqu'au 5 janvier et on a déjà fait deux grosses tournées. Donc, on en est à peu près à 200, je crois qu'on a 260 représentations à peu près. Pour décrire le spectacle, c'est en tout cas le parti pris qu'on voulait, nous, c'est de raconter cette histoire de l'Odyssée, mais de la raconter avec un prisme actuel où d'un seul coup, comme ça, les enfants, ils ont l'histoire. parce que c'est un spectacle tout public. Les enfants, ils ont l'histoire d'Odyssée, l'histoire d'Ulysse, le héros. Et en même temps, on met des clins d'œil, des clins d'œil actuels pour les parents qui, d'un seul coup, comment je pourrais dire ça ? On égratigne un peu la figure du héros. Le héros, en fait, il n'est pas si héros que ça. Surtout qu'il a fait ce qu'il a pu. Et puis, on le remet quand même un peu en cause. Parce que le héros, le héros, en attendant, il est quand même... Il est resté 7 ans chez Calypso. Enfin, il est resté beaucoup... Tu vois, il s'est tapé, on peut le dire un peu comme ça, il s'est tapé beaucoup de nanas alors que sa femme l'attend patiemment à la maison et défend sa place en plus de ça. Et donc voilà, on voulait changer aussi un peu les codes. Donc c'est un conférencier qui vient, qui fait une conférence, l'attaché culturel l'a invité, l'attaché culturel commence à prendre un peu trop de place dans la conférence et ça se barre en délire musical où le conférencier et l'attaché culturel font tous les personnages. Le personnage d'Ulysse est interprété par le conférencier. très misogyne et d'un seul coup vers le milieu du spectacle il y a l'attaché culturel qui dit pourquoi c'est vous qui faites Ulysse pourquoi ce serait pas moi en fait et donc du coup ça revient ça requestionne aussi la place du héros pourquoi ce serait pas une femme qui ferait aussi le héros en fait à ce compte là enfin voilà moi j'ai envie que les gamins ils ressortent de là et se disent bah ouais qu'une petite fille de 7 ans qui qui est venait juste voir l'Odyssée, qui ressort et qui se dit en fait, moi aussi, je peux être le héros, je peux être le héros de mon histoire, moi aussi, je peux, d'un seul coup, je peux gérer ma vie, et je peux, en étant une femme, en étant un homme, en étant n'importe qui je veux, j'ai envie de faire ce que je veux de ma vie.

  • Speaker #1

    Est-ce que, alors attention, je vais dévoiler quelque chose, mais on peut quand même s'arrêter sur le fait que vous interprétez tous les deux une somme de personnages impressionnants ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça, on peut en parler sans problème. Toi,

  • Speaker #1

    tu joues quand même, tu passes de Hermès à Circé, à... au conférencier, tu peux nous en parler un peu ?

  • Speaker #0

    Pour moi, celui que j'adore faire, c'est Hermès. parce qu'il a un petit cheveu sur la langue et puis il parle un petit peu comme ça. Il est très pestouille. Dans l'écriture, à la base, Hermès, dans l'Odyssée, il n'est pas très présent. C'est juste qu'on avait fait une scène, on commençait par la première scène, c'était le Conseil des Dieux et au début, on l'avait mis au tout début. Donc ça fait 7 ans que Ulysse est retenu chez Calypso et il faut qu'il rentre. Et le Conseil des Dieux, c'est qu'est-ce qu'on décide ? Il rentre, il ne rentre pas. Et c'était Hermès, dans la vraie Odyssée, c'est Hermès qui gère un peu, qui est le messager des dieux, donc c'est lui qui gère... Il parle, il donne la parole. Et j'ai commencé à trouver un peu ce personnage, un peu à la Dominique Besnéard, avec un petit chiffet sur la langue et puis qui dit toujours des vérités. Mais il dit des vérités, mais il le dit d'une façon où c'est marrant. Et on s'attache beaucoup à ce personnage. Et on s'est dit, tiens, vas-y, on le garde. Et d'un seul coup, il a pris une place. Et après, il est dans le récit, il parle de l'Odyssée à un moment donné. ouais moi j'aime beaucoup ce personnage là et il tranche beaucoup avec Circé la magicienne qui moi je me suis inspiré de Fanny Ardant parce que moi j'adore Fanny Ardant pour moi c'est une icône et ouais je trouvais ça marrant de se dire bah ouais la Circé qui se trimballe avec son saucisson et qui transforme les compagnons d'Ulysse en cochons bah elle pourrait avoir aussi une une certaine fragilité mais c'est marrant c'est hyper marrant de se de se de switcher d'un personnage à l'autre en moins de 5 secondes parce que des fois les changements sont très très rapides Alors là on se trouve dans le Théâtre des Maturins.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, on se trouve dans le hall du Théâtre des Maturins qui se situe à côté de Saint-Nazare Opéra. Et c'est là où nous on joue Odyssée, la conférence musicale. Et je vais vous faire une petite visite.

  • Speaker #0

    On y va.

  • Speaker #1

    Donc moi j'ai eu la chance de jouer dans ce théâtre-là il y a quatre ans dans Dernier coup de ciseau, une pièce de Sébastien Azopardi. Donc là on descend, donc c'est moquette rouge. Et les petits panneaux dorés, c'est assez classe. Et là, je pense qu'ils sont en train de monter. Oui, c'est ça. Coucou, Blandine. Ça va ? Oui, ça va. On fait une petite balade. Voilà, on ne te dérange pas plus longtemps. Ok, merci. Là, ils sont en train de monter. Je pense que c'est Pinocchio, c'est ça, c'est Pinocchio ? Pinocchio, un jeune public qui joue à 14 heures. Et donc ça, on est dans la grande salle des Maturins. Je vais te montrer le lieu. qui moi je trouvais magnifique, ils l'ont refait à neuf là il n'y a pas longtemps.

  • Speaker #0

    Une salle à l'italienne ?

  • Speaker #1

    Tout en rouge et avec un lustre magnifique avec des vitraux. Bon là il n'est pas éclairé mais quand il est éclairé il est vraiment très très beau.

  • Speaker #0

    Un peu art déco ?

  • Speaker #1

    Exactement, art déco, très très beau. Donc voilà, J'ai des bons souvenirs dans cette salle avec Dernier Coup de Ciseau. Au bout d'une heure, la salle s'allume et c'est les spectateurs qui font le show. Autant que les comédiens. C'était après le confinement. Il y avait un truc de qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais continuer d'être comédien ? Est-ce que je vais faire tout ça ? Et puis, un message de Sébastien à Zopardi qui me propose de passer l'audition. Je viens là, je passe l'audition. Un mois et demi après, j'étais sur scène. Et une super expérience. J'ai rencontré des... des personnes vraiment super, des comédiens qui jouent la mort. Salomé Talaboulma, Domiti Biore, Laurent Huny, je trouve que c'est vraiment des comédiens qui envoient vraiment du bois. Et de se dire qu'on fait partie de cette équipe-là, des gens qu'on a admirés sur scène et que maintenant on joue avec eux...

  • Speaker #0

    Parmi tous les rôles que tu as joués, est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ?

  • Speaker #1

    Moi je trouve que le rôle de Max que je joue en ce moment au théâtre de la Gaîté, il m'a beaucoup beaucoup plu. parce que c'est vraiment un personnage où tu peux jouer la comédie, tu peux jouer en même temps, il se passe des choses complètement tragiques dans son parcours et l'interaction avec le public, il y a tout à jouer et c'est un vrai cadeau, un vrai plaisir de jouer Max dans l'embarras du choix. Et donc là on descend et donc juste en dessous de cette grosse salle, il y a la petite salle... qu'ils appellent aussi le studio Maturin. Et c'est là où nous, on joue Odyssée. Donc, pour l'instant, je suis le premier à être arrivé. Donc, on est dans une salle, c'est une salle de 85 places, 84 je crois, qui est toute mimie. et qui pour nous est idéal pour Odyssée parce que on a vraiment un rapport, les gens au premier rang ils sont à 20 centimètres de nos tronches et en plus de ça on a installé des micros cette année donc du coup il y a une ambiance, il y a un super système son dans cette salle et donc du coup les chansons s'envoient vraiment du bois, on sent qu'on est vraiment soutenus donc je vais te montrer un petit peu donc là on a les sièges J'en ai les petits strapontins, magnifiques, tout en rouge. Et on a la petite régie de Bernard. Donc Bernard, c'est notre régisseur qu'on appelle Bernard dans la conférence musicale. Et là, il a sa petite cahute qui se trouve cachée. Donc il ne voit pas la scène, il nous voit grâce à une caméra. Donc je vais te montrer la petite cahute de Bernard. Et c'est par là. Alors, est-ce que j'arriverai à l'allumer, cette petite régie ? Ouais, bon, voilà, c'est pas encore... On est avant tous les shows, donc tout est encore un peu en sommeil. Mais ça va se réveiller très, très vite. Donc, notre Bernard, il est tellement important pour notre spectacle. C'est vraiment un troisième personnage, il balance des tops. Il balance des top hyper précis. Pour nous, c'est vraiment un personnage comme Marie-Louise et comme René. Et puis, on a la petite loge qui est là. Toute petite qu'on partage avec d'autres spectacles aussi.

  • Speaker #0

    Je reconnais des costumes emblématiques de la pièce.

  • Speaker #1

    Les vestes des conférenciers, la cuirasse d'Ulysse, la robe de Circé, la grosse fourrure d'Hermès. Et puis, le gros costume bon là il est il est retourné mais c'est la grosse peau de bête du cyclope parce que le cyclope il envoie quand même il envoie du bois quoi c'est Julie Julie Costanza qui fait qui fait le cyclope et elle le fait divinement bien et bien sûr on a Molière derrière qui qui

  • Speaker #0

    nous salue qui porte chance qui porte chance donc on le garde avec nous lui est-ce que t'as des rituels avant de monter sur scène puisqu'on est dans les loges justement

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, c'est de quitter un peu ma peau, quitter Jean-Baptiste. Je m'enlève mes lunettes, je me mets mes lentilles, depuis peu maintenant, parce qu'il y a beaucoup d'interactions avec le public, donc il faut voir un peu les gens, surtout dans l'embarras du choix. Avec des lumières assez tamisées, si d'un seul coup je m'adresse à quelqu'un, je lui dis Hey toi, Brenda, aide-moi, bébé, pas bébé Et en fait, il se trouve que Brenda, c'est Brandon. Du coup, si d'un seul coup c'est un mec... J'ai déjà fait plusieurs fois l'erreur et je me suis dit qu'il ne faut plus jamais que je fasse ça. Donc maintenant, j'ai des lentilles et puis j'enlève mes boucles d'oreilles. Et puis, on se coiffe. Julie, elle se maquille, moi je ne me maquille plus. Elle trouve que c'est injuste que ce soit que les femmes qui se maquillent. C'est vrai qu'elle a raison. Mais voilà, moi je fais juste ça. On se fait un petit toy-toy avec Julie et avec Bernard. Et puis après, on... on lance la conférence.

  • Speaker #0

    Et donc au plateau, tu peux nous décrire un peu le décor de l'Odyssée en quelques...

  • Speaker #1

    On a un paperboard qui va être à court, un paperboard avec toutes les imageries de l'Odyssée. On a plein de cubes, on en a six qui sont au centre et qui nous aident à faire un trône, un bateau, une autre... poupe de bateau, des rochers, une entrée de grotte. Ça, c'est vraiment Stéphanie Gagneux, c'est une idée de Stéphanie Gagneux, la metteuse en scène, qui a trouvé cette idée des cubes qui, en fait, est une idée très efficace. Parce que on ne pouvait pas, avec le nombre de lieux, le nombre d'accessoires qu'on avait, c'était impossible d'avoir un vrai bateau, d'avoir un vrai trône. Et qu'en fait, les cubes, on fout une voile sur un cube, et ça te fait un bateau. avec des super lumières de Mathilde Meunier, qui a créé ça. On met une couronne, ça fait un trône. On remet une autre lumière, ça fait l'entrée de la grotte du Cyclope, ou les rochers de la caverne de Calypso. et à Jardin on a une carte de la Méditerranée où du coup ça c'est vraiment le support pour René le conférencier où on suit le parcours d'Ulysse dans la Méditerranée avec les différents points l'île des Lotophages, le Cyclope, Calypso ça on s'est inspiré d'un mec qui s'appelle Victor Bérard, c'est un historien si je ne dis pas de bêtises du 18ème ou du 19ème, pardon c'est du 19ème qui a tenté de retracer le parcours de l'Odyssée et on sait que l'Odyssée c'est un mythe donc c'est pas forcément retraçable et lui en fait il s'est dit il y a des petits indices dans l'Odyssée qui nous disent que la grotte d'Eucalyptus elle était sûrement là que Caribe des Silas ils sont ici le cyclope Peut-être que l'œil du cyclope, c'était le trou d'un volcan et qu'en fait, ça se situe au pied d'un volcan. Et qu'en fait, pour eux, le cyclope, les Grecs, le volcan représentait le cyclope. Et ce Victor Bérard, il a fait un parcours. Il a été un peu pris pour un fou à l'époque. Mais nous, on s'était dit, il faut que les gamins aient un support et qu'ils se disent où est-ce qu'on est. Et on s'est dit, tiens, c'est la meilleure idée. Donc, on a une carte de la Méditerranée à Jardin. Et puis après, on a une multitude d'accessoires et de costumes.

  • Speaker #0

    Et donc, cette comédie musicale a donné lieu à l'enregistrement d'un disque.

  • Speaker #1

    Et exactement, on l'a enregistré cet été et on le vend à la fin du spectacle. Et on peut même le vendre aussi par correspondance. Enfin, si en tout cas, il y a des gens qui veulent se le faire livrer, c'est pas de problème, il faut envoyer un mail à tourteprod.com. et pour 15 euros, vous avez un CD qui arrive chez vous.

  • Speaker #0

    Une fois n'est pas coutume, on va écouter un extrait de cette comédie musicale, de ce disque, la chanson de Circé que tu interprètes parmi d'autres personnages.

  • Speaker #2

    Oui, lui qui voyage et vient poser ses bagages. Oh, cochon grillé, c'est moi, Circé, approche-toi.

  • Speaker #1

    Petit marin,

  • Speaker #2

    et oublie tout chagrin, je vais te préparer ma spécialité. Horme et des cochons, tu seras Horme et des cochons, tu seras là de quoi te requinquer et te remettre sur pied en balle de kikéone, fait par la patronne. Orgeux, tu es égoûtante, tu seras orgeux, tu es égoûtante, tu seras. Bon appétit. Vous vous demandez quelle est cette mystérieuse passion, hein ? Ouais. C'est un simple kikéon que j'ai légèrement assaisonné. Mon secret ? Trois branches de datura, et les voilà transformées.

  • Speaker #1

    Eh bien quoi ?

  • Speaker #2

    Dans chaque homme, il y a un porc qui sommeille. Alors désormais, moi, je ne peux m'en empêcher. Je les ramène à leur état d'origine. Un homme de trépé-coujons sera un homme de trépé-coujons. Leur insuicité est la magicienne voyante un bohémien. Je peux vous lire la pire, me plonger dans vos souvenirs. Je travaille aussi à distance pour vous prêter assistance. Je fais les désenvoûtements par correspondance. Je transforme l'eau en vin, les hommes en porcins. Harry Potter n'invente rien, moi je fais ce métier depuis l'Antiquité. Merci de le voir, c'est Joseph Sainte. Je ne vois pas 22 heures. sans poction de garantie. Oh, c'est cesse, ma chance est amie.

  • Speaker #0

    Retour au café Gréfule. C'est un spectacle qui a reçu aussi des prix, tu peux nous en parler, deux prix notamment prestigieux, une nomination et un prix en...

  • Speaker #1

    Et on a eu la chance de recevoir le trophée de la Comédie musicale jeune public 2022. il me semble et c'était une super fierté on était face à des à des spectacles mais immenses des productions où ils étaient 10, 15 sur scène et on se dit bon ils ont été sympas ils nous ont nommés c'était pour on s'est dit bon ça nous fait une petite expérience et ça nous fait une petite visibilité et d'un seul coup le mec il sort l'enveloppe il dit bon bah voilà c'est Odyssée qui a gagné donc tu montes sur scène on n'avait pas prévu de discours rien du tout ça a été chouette parce qu'une vraie reconnaissance euh auprès du public et auprès du milieu. Et il y a beaucoup de gens du milieu qui nous ont dit Ah bah super, tiens, j'ai envie de venir le voir Voilà, comme si d'un seul coup, ça nous estampillait un petit label. Et puis l'année d'après, on a eu la chance d'être nommé au Molière, donc c'est encore un peu la cour des grands. Et pareil, on était face à des bateaux, et là, on s'est dit à des paquebots, et on s'est dit ça, c'est pas possible Et là, on a eu raison, parce qu'on ne l'a pas eu, mais rien que la nomination, ça nous a... Ça nous a fait chaud au cœur. On s'est dit, putain, bah oui, notre spectacle, notre travail, il mérite d'être vu en tout cas. Et on remercie vraiment, on remercie les Molières, on remercie les trophées de la comédie musicale, parce que sans eux, je pense qu'on ne pourrait pas être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ce spectacle, pour certains enfants, c'est parfois la première rencontre avec le théâtre, puisque c'est quand même une cible qui est très jeune pour l'Odyssée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est à partir de 7 ans.

  • Speaker #0

    Comment toi tu l'envisages de te dire que dans la salle il y a des enfants qui peut-être vont rencontrer le théâtre et en faire soit une passion ou leur métier ? Est-ce que ça fait écho à ton propre parcours à toi et comment tu l'envisages ?

  • Speaker #1

    Ah ouais complètement. Moi je me dis de toute façon il faut toujours jouer pour tout le monde. Et si en plus il y a un gamin qui est dans la salle et que c'est la première fois qu'il vient, je trouve ça génial. Parce qu'on commence le spectacle comme une sorte de conférence et qu'il se casse la gueule. Donc c'est un peu comme un accident. Et la plupart du temps ça marche. Et en fait, le gamin, il ne sait pas où il est. Il est vraiment encore entre eux. Il est dans la réalité. C'est-à-dire un mec qui monte sur scène et qui se fait couper par quelqu'un dans la salle. Et le gamin, il ne comprend pas ce qui se passe. Et c'est vrai, ce n'est pas vrai. Il joue, c'est des conférenciers, c'est des comédiens. Et au fur et à mesure, il se rend compte qu'on fait tous les personnages. Donc oui, on est des comédiens. Mais c'est ce petit moment qui peut être très, très court de se dire c'est la réalité, ce n'est pas la réalité. Et c'est ça que j'adore. Et de se dire que le gamin, si on a pu l'embarquer... si on a pu lui faire croire que c'était vrai pour moi c'est gagné et si d'un seul coup ça peut pousser les enfants à aller se former et à faire de la comédie musicale, ben banco les gars allez-y, allez-y,

  • Speaker #0

    il y a de la place pour tout le monde Est-ce que ce spectacle t'a donné envie toi d'écrire et de passer à la mise en scène de maîtriser tous les paramètres est-ce que ça a été un argument pour toi pour avancer de ce point de vue là ?

  • Speaker #1

    En tout cas ça nous a conforté dans le sens on se dit bon, notre travail vaut quelque chose C'était la première fois que j'écrivais, la première fois que Stéphanie mettait en scène, c'était la première fois que Julie composait. Donc c'était un peu notre première. Et on s'est dit, pour un premier essai, c'est pas si mal. Et moi, du coup, ça m'a rassuré. Je me suis dit, j'ai envie de continuer à raconter des histoires. Donc peut-être pas au niveau de la mise en scène pour l'instant, mais encore au niveau de l'écriture, je pense, et de l'interprétation. Donc là, je suis en projet pour un autre spectacle. avec Stéphanie Gagneux, du coup, la metteuse en scène. Un solo un peu autobiographique avec plein de personnages, pareil que l'Odyssée, où ça va switcher très vite. Où je serai seul en scène et où ça raconterait un peu l'histoire d'un gamin de Haute-Saône qui monte à Paris pour faire de la comédie musicale.

  • Speaker #0

    Justement, le podcast arrive pile au bon moment, avant que ce spectacle soit terminé, écrit et joué. Parce que ça raconte ton passage d'un milieu complètement éloigné de celui dans lequel tu évolues aujourd'hui. Est-ce que... Est-ce que c'est quelque chose aujourd'hui que tu vis particulièrement, que tu sens encore aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une question, je ne sais pas, on parle souvent des transfuges de classe, etc. Est-ce que tu le sens ça ? Est-ce que tu le vis au quotidien ça ?

  • Speaker #1

    Je pourrais me sentir comme un transfuge de classe, mais à une échelle très très basse. Je ne suis pas comme les... Enfin, il y en a beaucoup. Moi, je voudrais être voir Louis. qui d'un seul coup a changé totalement de milieu. Au fond de moi, je pense qu'il y avait une voix qui me disait Reste pas là, reste pas là, il y a d'autres choses à vivre. Il y a une autre vie qui t'attend. Et j'ai décidé de le prendre assez vite. Et oui, ça me touche beaucoup parce que d'un autre côté, il y a aussi toute la question de la culpabilité, de se dire On a quitté un milieu, on a quitté une famille, des liens, des liens très forts et en fait on les a quittés, mais c'est pour vivre notre vie. Donc d'un autre côté, bah oui, heureusement qu'on l'a quitté. Et d'un autre côté, tu te dis, bah en fait, on n'est pas là. On n'est pas là quand les autres se retrouvent. Donc à un certain moment, on quitte quand même le groupe. Et puis surtout dans ce spectacle-là aussi, je vais parler de ce milieu paysan, surtout avec la figure du père, que je me suis inspiré beaucoup de mon père. Le milieu de la comédie musicale n'est pas... Tout blanc et le milieu paysan n'est pas tout noir. Il y a des nuances partout en fait. Il y a des paradoxes partout. Et ce n'est pas j'ai quitté l'enfer pour arriver au paradis. Non, c'est juste que j'étais dans un milieu où je ne me sentais pas à ma place et que j'avais envie de vivre autre chose. Parce que c'est souvent ça aussi, on fait souvent l'amalgame. On se dit voilà, on a quitté quelque chose de pas bien pour arriver dans quelque chose de bien. Non. chacun a sa propre vérité, chacun avance. De se dire, en fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu. Parce qu'être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. C'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es un homme engagé ? Et si c'est le cas, c'est quoi pour toi être un comédien engagé ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pièce que j'ai écrite, Odyssée, la conférence musicale, il y a un vrai engagement. C'est un engagement petit. Mais un engagement quand même, au niveau, bah ouais, on dénonce, par exemple, Eol, Eol, il a des traits de dictateur russe actuel, à la place de la femme, dans la société, elle est beaucoup questionnée aussi. Et je me dis, bah ouais, en fait, c'est aussi un engagement, juste de faire questionner. Je ne suis pas du genre à aller au manif et des fois je culpabilise en me disant mais j'aurais dû aller à cette manif et à prendre un peu plus de part dans l'univers politique. Mais je me dis à mon niveau, moi aussi j'essaye de changer un peu les choses. Et après sur les pièces où je ne suis pas auteur, je suis le texte. Donc on est quand même obligé de dire le texte des autres. Donc on ne peut pas faire n'importe quoi. J'essaye de mettre quelques clins d'œil, de se dire, ne nous prenons pas au sérieux. Peut-être l'engagement, c'est peut-être ça aussi, un certain engagement de se dire, on ne se prend pas au sérieux en fait, il n'y a pas mort d'homme. Moi je monte sur scène, je ne vais pas opérer un cœur. Je vais essayer de faire passer du bon moment à des gens. Et si en plus je peux faire passer des messages, c'est encore mieux.

  • Speaker #0

    La dernière question, ce n'est pas une question, c'est le mot de la fin. Donc tu peux utiliser les prochaines minutes pour parler directement aux futurs auditeurs du podcast.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est gentil d'avoir écouté notre entretien avec Anthony. au café-restaurant Le Greffulhe. J'espère que ça vous plaira. Et en ce moment, si vous voulez me voir en vrai, et pas juste ma voix, je suis en ce moment au théâtre des Maturins, avec Odyssée et la Conférence musicale, et tous les week-ends et tous les jours des vacances scolaires, et au théâtre de la Gaîté Montparnasse, dans L'Embarras du Choix, une pièce de Sébastien Zopardi. et Sacha Danino, mis en scène par Sébastien Zopardi, où je joue le personnage de Max, qui se pose beaucoup de questions, le jour de ses 35 ans, et qui ne sait pas choisir, et qui va demander au public de choisir à sa place. Merci beaucoup, et bonne écoute !

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter un épisode du podcast Parlons Plus Bas.

  • Speaker #1

    Cette émission est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Réalisation Anthony Chenu

  • Speaker #2

    Voix off Justine Leroux

  • Speaker #1

    Pour échanger avec nous, rendez-vous sur le compte Instagram de l'émission.

Description

[#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales] Dans ce huitième épisode, Anthony Chenu rencontre Jean-Baptiste Darosey, comédien de théâtre.


Après avoir passé son enfance dans la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste rencontre le théâtre. Il se destine à d'abord à l'enseignement mais c'est au cours d'un séjour en Irlande qu'il se tourne vers le métier de comédien, après avoir assisté au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.


Depuis, il enchaîne les rôles dans les pièces à succès comme l'Embarras du choix à la Gaîté Montparnasse. Il a également co-écrit son premier spectacle jeune public avec sa partenaire Julie Costanza : Odyssée, la conférence musicale qui les a conduits sur les routes de France. Le spectacle a été couronné du Trophée de la comédie musicale jeune public et d'une nomination aux Molières.


Anthony Chenu retrouve Jean-Baptiste Darosey au café-restaurant Le Greffulhe avant de parcourir ensemble le Théâtre des Mathurins.


Après avoir passé son enfance à la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste fait la rencontre avec le théâtre. C'est au cours d'un séjour en Irlande que son destin bascule lorsqu'il assiste au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.

Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Extrait musical : Circé, composée par Julie Costanza, interprété par Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey

Novembre 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu, être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. Ce n'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #1

    Parlons Plus Bas,

  • Speaker #0

    podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Dans ce huitième épisode, je retrouve le comédien Jean-Baptiste Darosé. Actuellement à l'affiche de deux pièces à succès, je le rencontre dans un café-restaurant du 8e arrondissement situé juste en face du Théâtre des Maturins. Il me raconte son parcours depuis son enfance en Haute-Saône jusqu'à son arrivée à Paris et sa formation à l'art de la comédie musicale. Il est 10h30.

  • Speaker #0

    On se trouve au Café Greffulhe, qui est en face du Théâtre des Maturins, où je joue actuellement Odyssée, la conférence musicale, et où j'avais joué, juste après le confinement, Dernier Coup de Ciseau, qui joue encore d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de m'accueillir ici. Ensemble, on va parler de ton parcours, de ton actualité de comédien. Pour commencer, est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots le milieu dans lequel tu as grandi et nous parler un peu de tes origines ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens d'un milieu... paysans de la Haute-Saône. La Haute-Saône, c'est en Franche-Comté. Le lieu dit, c'est le village. Ça s'appelle Charger les ports. C'est Charger les ports, P-O-R-T, parce que c'est pas loin de Port-sur-Saône. Un village de 200 habitants dans un milieu paysan. Paysan bio, mes parents étaient paysans bio. Et j'ai grandi là-dedans, dans ce milieu, avec mes trois soeurs, trois grandes soeurs, et avec une implication dans la ferme. assez importante. On prenait part aux différentes activités. On allait traire le soir. Moi, j'allais aider ma mère à traire. On allait moissonner, élaborer. On faisait tout. Et oui, un milieu aussi un peu particulier parce que je pense que ma famille était un bastion aussi de la culture un peu de gauche dans un endroit où, même encore aujourd'hui, le RN a une place... très très importante au niveau des votes. Donc ouais, une sorte de bastion de gauche au milieu d'une marée bleu-marine.

  • Speaker #1

    À quand remonte ton premier souvenir de spectacle ? Est-ce que tu t'en souviens de spectacle ou de théâtre ?

  • Speaker #0

    Il y a des photos où je suis gamin et où je suis maquillé et où je fais du spectacle, mais alors ça, je n'ai aucun souvenir. Donc vraiment, c'est la photo qui date le souvenir. Un de mes plus grands souvenirs, j'ai participé à une association qui s'appelait Justiniana. qui était à Vesoul, qui était dirigée par Charlotte Nessie, qui était la directrice du théâtre de Vesoul. Et le principe, c'était de faire chanter, danser et jouer des enfants de Haute-Saône et de monter des œuvres de Broadway. Donc on a monté Oliver Twist, on a monté West Side Story et on était, nous, des gamins venant de Vesoul, Port-sur-Saône, à faire des jets, à faire des gangs, des orphelins. Et tous les personnages principaux étaient assurés par des pros qui venaient de Paris. Donc il y avait un vrai cachet à ce genre de spectacle. Et on avait un prof de chant qui s'appelait Scott Alan Prouty, qui était prof à l'Opéra de Paris et qui venait nous faire chanter tous les mercredis après. Et cette rencontre avec Charlotte Nessie à la mise en scène au théâtre, Scott Alan Prouty au chant et Vendra Martins. à la danse, il y avait quelque chose de... Je pouvais rêver d'autre chose. Il y a quelque chose d'autre chose qui existait. On avait le droit de faire ça, on avait le droit de faire n'importe quoi. On avait le droit de faire semblant sur scène. Et j'avais... Je crois que j'étais en CM2, donc je devais avoir 10 ans. C'est 10-11 ans, je pense, le CM2. Et c'était génial. D'un autre côté, j'étais un peu frustré parce que c'était tous les mercredis, une semaine sur deux des vacances scolaires et un week-end par mois, je crois. Donc moi qui avais l'habitude... de partir avec mes cousins ou avec des potes le week-end, d'aller s'amuser, faire des fêtes, se retrouver. Du coup, j'étais un peu puni de ça. Mais je savais que c'était... que c'était pour la bonne cause et j'y allais et j'ai kiffé de ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a mis le pied un peu à l'étrier, en tout cas qui t'a créé ce petit désir, cette petite musique intérieure.

  • Speaker #0

    Ouais grave, après je suis d'une famille où ça chantait beaucoup, mon grand-père il chantait beaucoup, ma mère chantait beaucoup à table. Ma mère elle avait un atelier de chant qui s'appelait l'atelier de chant de la Haute-Saône en folie, où il y avait... une vingtaine de personnes, des adultes amateurs qui venaient chanter. Et ce n'était pas en mode, on fait des chansons de groupe, chacun avait sa chanson. On défendait une chanson avec un sujet, avec presque un personnage des fois. Donc ça touchait presque déjà un peu la comédie musicale. Et oui, je pense que c'est ma mère qui m'a donné l'envie de faire ça. En tout cas, qui m'a ouvert la porte et qui m'a dit, tiens, il y a ça qui existe, j'ai envie d'essayer.

  • Speaker #1

    Est-ce que, moi j'ai lu que tu te destinais un temps à l'enseignement, que tu avais obtenu une maîtrise d'histoire d'ailleurs, à quel moment ce parcours-là a été contrarié ?

  • Speaker #0

    Ça c'était une bonne question et j'y ai repensé il n'y a pas longtemps. J'avais fait une licence d'histoire à la fac de Besançon et la dernière année, mon année de maîtrise, je suis parti en Erasmus en Irlande, où j'ai rencontré d'ailleurs des potes qui sont encore mes potes aujourd'hui. Et le but c'était surtout de me barrer, de quitter un peu la haute zone et de quitter tout ça. Quitter en tout cas le... les amis, quitter la famille, de se retrouver juste seul et de se dire qu'est-ce qu'on fait quand on est tout seul. Et là, en fait, j'ai pas du tout bossé. J'ai vraiment fait la fête, mais pendant un an, c'était n'importe quoi. J'avais une envie de tout lâcher, en fait, de casser un peu ce carcan. Et donc, du coup, je me suis retrouvé... Finalement, j'ai quand même eu la maîtrise, donc je sais pas comment je l'ai eue. Je t'avoue, parce qu'entre les exposés en anglais faits devant des classes où les gens, ils comprenaient rien à ce que je disais. Enfin... C'était un peu n'importe quoi. Et les lectures des chapitres d'Harry Potter, où j'en ai lu deux. Je m'en veux encore aujourd'hui. Je me dis, putain, mais pourquoi j'ai pas bossé plus ? Il y avait eu une opportunité de bosser de l'anglais. En tout cas, mes objectifs étaient ailleurs. Et j'avais fait, parce qu'en Irlande, ils ont un peu le même système qu'en Angleterre. Dans les facs, ils ont des activités. Ils ont des activités et c'est presque obligatoire de s'inscrire. Et moi, je me suis dit, vas-y, je vais m'inscrire en comédie musicale. Ou en tout cas en danse. C'était en danse. Et j'ai fait de la danse. Et je me rappelle que mon prof... faisait un spectacle à la fin de l'année, une comédie musicale, West Side Story. Et je suis allé le voir et je me suis dit, putain, qu'est-ce que je fous ? Pourquoi dans ce... Pourquoi j'ai envie d'être prof d'histoire ? Pourquoi je vais passer ma vie dans une salle à causer à des gamins, à leur raconter des histoires, en tout cas à bosser, à être dans un cadre très particulier ? J'ai dit, putain, mais la liberté qu'ils ont sur scène, la liberté des œuvres qu'ont écrits Bernstein et même tous les autres, ça m'est revenu d'un coup, j'ai eu un flashback et je me suis dit, c'est pas ça que j'ai envie de faire, moi j'ai envie de faire de la comédie musicale. Ou en tout cas d'être sur scène. D'être sur scène et d'éprouver cette sensation de jouer quelque chose, d'être un humain. lambda qui joue devant d'autres humains et de balancer cette sensation là, juste de se dire qu'est-ce qui se passe quand quelqu'un est sur scène il est visible par beaucoup de gens et il raconte un propos et qu'est-ce que ça donne et moi c'est ça que j'avais envie de retrouver un peu

  • Speaker #1

    En Irlande, c'était ta deuxième rencontre avec West Side Story.

  • Speaker #0

    Eh ben, exactement. La deuxième rencontre. Puis un peu comme si c'était quelque chose d'un peu enfoui. Parce que j'ai vécu des moments qui n'étaient pas forcément très, très drôles. J'ai perdu ma mère quand j'avais 15 ans. C'est un peu elle qui m'avait offert le CD, qui m'avait fait découvrir un peu West Side Story, en plus de l'atelier de comédie musicale. Et je pense qu'il y avait des choses qui étaient un peu enfouies et que j'avais dit, bon, c'est le passé, je passe à autre chose. Et un peu comme une renaissance en Irlande. J'ai revu ce spectacle-là, je me suis dit, putain, mais ça me fout encore les poils de ouf. Je suis ressorti de là, je n'ai pas pu aller dormir. Je ne sais pas si c'était le théâtre de l'Imérique en Irlande, mais j'ai dû marcher des heures en me disant, non, là, il faut faire un choix, il faut bouger, il faut changer la trajectoire. Et j'ai changé la trajectoire.

  • Speaker #1

    Et tu es rentré à l'ECM, l'école de comédie musicale à Paris, dans le XXe. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es rentré, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis revenu d'Irlande, j'ai pris un billet retour. Forcément, tous les avions s'arrêtent à Paris. Et moi, j'avais vu sur un site internet, j'avais tapé juste École Comédie Musicale Paris Le destin fait que c'est tombé sur l'ECM, en premier. En tout cas, c'est la première page qui tombe quand tu tapes ça sur internet. En tout cas, il y a 10 ans, c'était ça. 12 ans maintenant. Et j'ai envoyé un mail à la directrice, Véronique Fruchard. Et elle m'a envoyé un mail en me disant Bah écoute, oui... Les auditions étaient en mai, mais on était genre en juin ou juillet. Mais si tu veux, on peut te voir en août. On peut faire une troisième session d'audition. Vas-y, banco. Donc, je rentre, j'en parle à personne. Mais vraiment personne. Même mes potes, j'en ai parlé à personne. Je bosse, il fallait apprendre. Il fallait proposer un texte, une chanson et une danse. J'ai bossé ça en Irlande. En attendant que la fac se termine. La chanson, c'était Mamoum. On l'avait bossé dans un stage qui s'appelait À travers champ. Un autre stage l'été où pareil, c'était des stages de comédie musicale. Donc vraiment, j'étais baigné dans le truc. Donc je me suis dit tiens, je reprends ça. La scène, c'était la scène de Daniel Darieux. dans 8 femmes qui joue le personnage de Mamie et qui a vraiment un coup dans le nez et elle annonce à sa fille qu'en fait elle a tué son mari, donc le père de sa fille. Et il est très très beau ce monologue parce que ça raconte, voilà, c'est une nana dans les années, je pense dans les années 40 qui dit non mais en fait avant il n'y avait pas de divorce pas tout ça, donc ton père je l'aimais pas, donc je l'ai tué. Voilà, cette ironie et ce vice qu'il y a chez François Ozon... En tout cas, moi, 8 femmes, c'est quelque chose qui m'a beaucoup porté. De voir 8 nanas dans une énorme baraque bourgeoise chanter, danser, alors qu'il y a un meurtre et qu'il y a un mort dans la chambre d'à côté. C'est toujours ce décalage qui me touche beaucoup. Donc, j'avais pris cette scène-là et en chorégraphie, j'avais repris une chorégraphie qu'on avait créée avec les Chacoliveo, qui était un groupe de danse que j'avais rejoint à Besançon, quand j'étais à la fac, qui était des... potes et ils avaient créé un groupe où c'était de la danse contemporaine. Il n'y avait pas de chef. Tout le monde décidait, tout le monde apportait son avis et c'était une sorte de communauté. Et pareil, tous les ans, on faisait un spectacle et on avait créé une chorégraphie sur la valse à mille temps de Jacques Brel. Et je l'avais repris et je l'avais fait tout seul, en solo. Et j'avais fait ces trois-là, ces trois œuvres-là d'univers totalement différents et... et d'expériences totalement différentes. Et l'audition s'est bien passée. Et on m'a demandé, mais tu serais prêt à venir sur Paris dans un mois ? À l'intérieur, c'était je ne sais pas. Et à l'extérieur, c'était bien sûr. Et j'ai trouvé, après, j'ai trouvé un appart en coloc. J'ai fait un prêt pour payer l'école. Et puis, c'était lancé, quoi.

  • Speaker #1

    À quoi l'école, est-ce qu'elle t'a formé ? Est-ce que tu te rappelles des enseignements, danse, chant, j'imagine, théâtre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. On a eu... C'est vraiment complet. On a eu des cours de danse. cours de danse classique vers la fin aussi on a peu eu les claquettes mais je sais que maintenant il y en a, d'ailleurs si les personnes qui m'écoutent veulent faire l'école de comédie musicale maintenant il y a les claquettes en plus donc je vous conseille vraiment cette école elle est top, elle est top sur deux choses parce qu'elle vous pousse à créer et elle vous pousse à créer votre univers à vous et pas à rentrer dans des moules et des stéréotypes de chanteurs qui doivent belter et qui doivent ressembler à Lara Fabian ou à Matt Pokora et la deuxième chose c'est que c'est euh... Une école où les professeurs travaillent le soir, en fait. Ils sont sur scène, ils mettent en scène. Et en fait, ils sont au courant de ce qui se passe. Ils sont habitués, ils sont sur scène tous les soirs. Donc, ils savent en fait ce qui marche, ce qui ne marche pas. Ils peuvent très vite t'aiguiller, quoi. Donc, il y avait ça, il y avait du théâtre avec Ned Grugic, que j'ai eu pendant deux ans. Et après, j'ai eu Stéphanie Gagneux pendant un an. En danse, j'ai eu Linda Faoro. qui d'ailleurs nous a quitté, j'ai une grosse pensée pour elle, elle nous a quitté cet été. J'ai eu Lucien Calixte, on a eu du clown, on a eu du mime, on a eu de la tragédie avec Pauline Macia, des cours de comédie musicale. En tout cas, on faisait du 10-17 tous les jours. C'était très sérieux. Il fallait être là tout le temps. Trois spectacles par an, donc des hivernales, des printanières et le spectacle de fin d'année. Donc finalement, neuf spectacles en tout. Donc ça fait un petit package quand même. En tout cas, ça fait une sacrée expérience. Puis on ne le jouait pas, genre les hivernales, on pouvait le jouer, je ne sais pas, cinq, six fois quand même. Même plus, je pense. Donc c'est ça aussi qui nous a vraiment amené l'habitude d'être sur scène. Et de désacraliser le fait d'être sur scène. Et qu'en fait, on est sur scène et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On a passé le cap de, on est terrifié, on ne peut plus bouger. Et qu'est-ce qu'on fait après ? À partir de là, on construit quelque chose. Avec cette émotion qui arrive, qu'est-ce qu'on peut créer pour que ce soit chouette ?

  • Speaker #1

    Et on sait que pour beaucoup dans ce milieu, l'insertion dans le monde professionnel est difficile quand on sort des écoles. Est-ce que pour toi ça a été le cas ? Est-ce que tu t'es posé la question ? Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment posé la question. Parce que je ne sais plus quand est-ce que c'était, mais quand j'étais en deuxième année, je me disais, je ne suis pas un mec... hyper barraques, qui tapent des notes. Parce qu'au-delà, même si d'un seul coup, l'école te pousse à être toi-même, toi, au fond de toi, t'as envie de rentrer dans les cases et t'as envie de ressembler un peu à tous ceux qui sont sur scène, qui passent des auditions. Je me dis, je ne suis pas assez musclé, je ne suis pas assez chanteur, je ne suis pas assez danseur, je ne suis pas assez comédien pour prétendre à... participer à des spectacles ou même passer des auditions. Et j'ai eu la chance, c'était à la fin de la deuxième année, et mon professeur d'expression scénique, Guillaume Bouched, à qui je dois beaucoup, qui me regarde et qui me dit Ah mais dis donc, t'es grand toi ! Et c'est tout. Il me dit juste ça, il dit Bon ben, surveille ton téléphone, on va t'appeler. Et je reçois un appel, trois jours après, de l'assistant de Sébastien Azopardi, qui me propose de participer à la prochaine pièce au Palais Royal, La Dame Blanche Et donc du coup, pendant toute ma troisième année, j'étais figurant au Palais Royal, dans la Dame Blanche, où ça jouait tous les soirs, où j'ai joué avec, pour moi, des comédiens qui sont excellents. Benoît Tachoir, Arthur Juniau, Michel Garcia aussi. Et c'était... Ouais, non, c'était... J'ai vraiment beaucoup appris. J'étais en coulisses, j'écoutais tous les soirs. Ah, comment ils font ? Ah, ce soir, il l'a fait différemment, ça marche mieux. Ah tiens, ce soir, il le fait par là. Ah, c'est marrant aussi, ça raconte autre chose. toujours dans le spectacle vivant. C'est-à-dire que c'est tous les soirs. Et puis des fois, ça passe, des fois ça casse. Et puis c'est comme ça, puis on continue.

  • Speaker #1

    Tu as cité justement un nom qui va revenir plusieurs fois dans ton parcours, c'est Sébastien Zopardi. Est-ce que tu peux peut-être dire un peu plus sur votre collaboration, sur votre rencontre ?

  • Speaker #0

    Sébastien, c'est un metteur en scène du théâtre privé qui aujourd'hui est directeur de trois théâtres. Il est à le Palais Royal, il est aussi au Michel, et récemment, il est au Saint-Georges aussi. Et c'est devenu quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé parce que ma première expérience, c'était avec lui au Palais Royal avec la Dame Blanche. Et ensuite, il m'a rappelé à la sortie du confinement. Donc, il y a cinq ans déjà, il m'a proposé de passer l'audition pour Dernier coup de ciseau. Donc, une autre de ses pièces qu'il avait écrit, qu'il a adapté, qui est une enquête policière qui se passe dans un salon de coiffure. Il y a eu un meurtre, il y a quatre suspects, il y a les flics qui enquêtent. Et c'est le public qui doit décider, en tout cas qui doit mener l'enquête et qui doit trouver l'assassin. Donc moi, j'avais déjà vu cette pièce-là quand je suis arrivé sur Paris. Pour moi, c'est un classique, quoi. Et qui me propose cette audition, mais j'étais déjà, mais j'étais aux anges. Qui m'imagine dans le rôle, donc c'était le rôle du producteur, et qui m'imagine dans ce rôle-là. Mais j'étais, mais aux anges. Je passe l'audition, je l'ai. Et je me rappelle qu'il m'avait dit... A la sortie de l'audition, il m'a dit C'est bon, bienvenue dans l'équipe Et il m'a dit Tu verras, tu vas beaucoup progresser dans cette pièce En tout cas, Dernier Coup d'Iso pousse les comédiens à s'améliorer. Et il avait raison. Parce qu'en tout cas, je sens que j'ai trouvé une aisance supplémentaire. Pour moi, l'école, t'apprends beaucoup de choses. T'apprends les bases, t'apprends tout ce que t'as à savoir. Mais l'école d'être sur scène et de jouer tous les soirs, forcément, ça t'amène autre chose.

  • Speaker #1

    Depuis, tu as joué dans plusieurs comédies musicales. Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu appréhendes le chant, la danse, tout ça hors de l'école, le jeu, le théâtre, à l'aune de tous ces rôles que tu as eus depuis ta sortie ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle de mes deux profs d'expression scénique, Christine Bonnard et Guillaume Bouched, que je salue les deux, qui m'ont tellement appris. Il y a deux choses, c'est que la première, c'est que Guillaume Bouchette nous avait dit, mais de toute façon, si vous n'êtes pas chanteur, vous êtes comédien, donc à un moment donné, l'émotion, vous pouvez la faire passer autrement, vous la ferez passer avec une idée, avec un personnage, avec une émotion. Et Christine Benard nous disait, de toute façon, il faut qu'il y ait du kiff, il faut qu'il y ait du kiff tout le temps. Si tu as kiffé, les gens qui t'ont regardé, ils ont kiffé. Et je garde ces deux principes-là en moi. En moi, en tout cas, quand j'essaye de travailler ou d'aborder du chant ou de la danse ou du jeu, c'est du kiff, forcément du kiff. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour me rassurer au niveau peut-être même du chant, parce que je ne me considère pas comme un chanteur, je me considère comme un comédien qui chante. Et bien de me dire que ça passe en fait par le personnage, par l'idée. Et bien si d'un seul coup on croit à ce qu'on chante, forcément la note elle sort et il y a tout qui sort derrière. Donc je pense que c'est ça, je l'aborde vraiment comme ça. Quand je suis sur scène et que je vais jouer, j'essaie de me dire, je pense au spectateur et je me dis, j'ai envie qu'il croit que c'est vrai. En tout cas, oui, il est dans une salle de théâtre, il est sur un siège et on est sur une scène. Mais j'ai envie qu'au bout de dix minutes, il oublie tout ça et qu'il se dise, putain, je suis en train de voir un... J'assiste presque à une télé-réalité, mais un truc où, ouais, c'est des personnages qui vivent devant toi et c'est avec des vraies émotions. Et c'est avec des vrais gens et c'est juste, c'est une histoire qui est écrite. Mais tout le reste, c'est vrai et c'est devant toi, ça respire devant toi.

  • Speaker #1

    Donc, tu l'as dit tout à l'heure, si on se retrouve ici, c'est parce que tu joues l'Odyssée, la conférence musicale au Théâtre des Maturins. Est-ce que tu peux présenter en quelques mots ce spectacle et les parties prises de mise en scène ?

  • Speaker #0

    Alors, Odyssée, la conférence musicale, c'est une idée qui vient... d'un concours lancé par l'ECM, pour les sortants de l'ECM, avec Compote de Prod aussi. Il fallait présenter 10 minutes, 10 minutes d'un spectacle musical. Et on était avec Julie Costanza, ma partenaire dans Odyssée, on était sur la famille Adams à ce moment-là. Et on était dans l'ensemble, donc on faisait des ancêtres derrière, on commentait un peu ce qui se passait, on commentait ce qui se passait devant nous. Puis on en avait un peu marre, on s'est dit, viens, pourquoi nous on ne ferait pas un spectacle où nous aussi on serait des personnages principaux et où on jouerait plein de personnages ? Et bien c'était parti, et moi je lui ai dit, moi j'ai fait des études d'histoire, donc du coup je connais un peu l'Odyssée, l'Odyssée c'est génial, il y a plein de personnages, viens on se fait ça. Et donc du coup c'est né de ça, donc on s'est lancé, on a fait 10 minutes, on a présenté 10 minutes au concours, on a gagné, et maintenant ils nous ont dit, on veut le spectacle complet pour l'année prochaine. Donc là, on s'est dit, il faut mettre les bouchées doubles, ça y est, on y va, il faut bosser comme des dingues. Donc, on a demandé à Stéphanie Gagneux de nous aider à la mise en scène. Simon Galland, qui nous a beaucoup aidé aussi au niveau des bruitages, des bandes-sons. Et moi, je me suis occupé du texte. Stéphanie m'a beaucoup aidé. Et Julie s'est occupée de la composition musicale. Et on a créé ça et on a fait donc... Les Trois Bornes, la comédie des Trois Bornes, on a fait le Lucerner, on a fait la Huchette et on a refait le Lucerner. Et maintenant, on est au Théâtre des Maturins jusqu'au 5 janvier et on a déjà fait deux grosses tournées. Donc, on en est à peu près à 200, je crois qu'on a 260 représentations à peu près. Pour décrire le spectacle, c'est en tout cas le parti pris qu'on voulait, nous, c'est de raconter cette histoire de l'Odyssée, mais de la raconter avec un prisme actuel où d'un seul coup, comme ça, les enfants, ils ont l'histoire. parce que c'est un spectacle tout public. Les enfants, ils ont l'histoire d'Odyssée, l'histoire d'Ulysse, le héros. Et en même temps, on met des clins d'œil, des clins d'œil actuels pour les parents qui, d'un seul coup, comment je pourrais dire ça ? On égratigne un peu la figure du héros. Le héros, en fait, il n'est pas si héros que ça. Surtout qu'il a fait ce qu'il a pu. Et puis, on le remet quand même un peu en cause. Parce que le héros, le héros, en attendant, il est quand même... Il est resté 7 ans chez Calypso. Enfin, il est resté beaucoup... Tu vois, il s'est tapé, on peut le dire un peu comme ça, il s'est tapé beaucoup de nanas alors que sa femme l'attend patiemment à la maison et défend sa place en plus de ça. Et donc voilà, on voulait changer aussi un peu les codes. Donc c'est un conférencier qui vient, qui fait une conférence, l'attaché culturel l'a invité, l'attaché culturel commence à prendre un peu trop de place dans la conférence et ça se barre en délire musical où le conférencier et l'attaché culturel font tous les personnages. Le personnage d'Ulysse est interprété par le conférencier. très misogyne et d'un seul coup vers le milieu du spectacle il y a l'attaché culturel qui dit pourquoi c'est vous qui faites Ulysse pourquoi ce serait pas moi en fait et donc du coup ça revient ça requestionne aussi la place du héros pourquoi ce serait pas une femme qui ferait aussi le héros en fait à ce compte là enfin voilà moi j'ai envie que les gamins ils ressortent de là et se disent bah ouais qu'une petite fille de 7 ans qui qui est venait juste voir l'Odyssée, qui ressort et qui se dit en fait, moi aussi, je peux être le héros, je peux être le héros de mon histoire, moi aussi, je peux, d'un seul coup, je peux gérer ma vie, et je peux, en étant une femme, en étant un homme, en étant n'importe qui je veux, j'ai envie de faire ce que je veux de ma vie.

  • Speaker #1

    Est-ce que, alors attention, je vais dévoiler quelque chose, mais on peut quand même s'arrêter sur le fait que vous interprétez tous les deux une somme de personnages impressionnants ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça, on peut en parler sans problème. Toi,

  • Speaker #1

    tu joues quand même, tu passes de Hermès à Circé, à... au conférencier, tu peux nous en parler un peu ?

  • Speaker #0

    Pour moi, celui que j'adore faire, c'est Hermès. parce qu'il a un petit cheveu sur la langue et puis il parle un petit peu comme ça. Il est très pestouille. Dans l'écriture, à la base, Hermès, dans l'Odyssée, il n'est pas très présent. C'est juste qu'on avait fait une scène, on commençait par la première scène, c'était le Conseil des Dieux et au début, on l'avait mis au tout début. Donc ça fait 7 ans que Ulysse est retenu chez Calypso et il faut qu'il rentre. Et le Conseil des Dieux, c'est qu'est-ce qu'on décide ? Il rentre, il ne rentre pas. Et c'était Hermès, dans la vraie Odyssée, c'est Hermès qui gère un peu, qui est le messager des dieux, donc c'est lui qui gère... Il parle, il donne la parole. Et j'ai commencé à trouver un peu ce personnage, un peu à la Dominique Besnéard, avec un petit chiffet sur la langue et puis qui dit toujours des vérités. Mais il dit des vérités, mais il le dit d'une façon où c'est marrant. Et on s'attache beaucoup à ce personnage. Et on s'est dit, tiens, vas-y, on le garde. Et d'un seul coup, il a pris une place. Et après, il est dans le récit, il parle de l'Odyssée à un moment donné. ouais moi j'aime beaucoup ce personnage là et il tranche beaucoup avec Circé la magicienne qui moi je me suis inspiré de Fanny Ardant parce que moi j'adore Fanny Ardant pour moi c'est une icône et ouais je trouvais ça marrant de se dire bah ouais la Circé qui se trimballe avec son saucisson et qui transforme les compagnons d'Ulysse en cochons bah elle pourrait avoir aussi une une certaine fragilité mais c'est marrant c'est hyper marrant de se de se de switcher d'un personnage à l'autre en moins de 5 secondes parce que des fois les changements sont très très rapides Alors là on se trouve dans le Théâtre des Maturins.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, on se trouve dans le hall du Théâtre des Maturins qui se situe à côté de Saint-Nazare Opéra. Et c'est là où nous on joue Odyssée, la conférence musicale. Et je vais vous faire une petite visite.

  • Speaker #0

    On y va.

  • Speaker #1

    Donc moi j'ai eu la chance de jouer dans ce théâtre-là il y a quatre ans dans Dernier coup de ciseau, une pièce de Sébastien Azopardi. Donc là on descend, donc c'est moquette rouge. Et les petits panneaux dorés, c'est assez classe. Et là, je pense qu'ils sont en train de monter. Oui, c'est ça. Coucou, Blandine. Ça va ? Oui, ça va. On fait une petite balade. Voilà, on ne te dérange pas plus longtemps. Ok, merci. Là, ils sont en train de monter. Je pense que c'est Pinocchio, c'est ça, c'est Pinocchio ? Pinocchio, un jeune public qui joue à 14 heures. Et donc ça, on est dans la grande salle des Maturins. Je vais te montrer le lieu. qui moi je trouvais magnifique, ils l'ont refait à neuf là il n'y a pas longtemps.

  • Speaker #0

    Une salle à l'italienne ?

  • Speaker #1

    Tout en rouge et avec un lustre magnifique avec des vitraux. Bon là il n'est pas éclairé mais quand il est éclairé il est vraiment très très beau.

  • Speaker #0

    Un peu art déco ?

  • Speaker #1

    Exactement, art déco, très très beau. Donc voilà, J'ai des bons souvenirs dans cette salle avec Dernier Coup de Ciseau. Au bout d'une heure, la salle s'allume et c'est les spectateurs qui font le show. Autant que les comédiens. C'était après le confinement. Il y avait un truc de qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais continuer d'être comédien ? Est-ce que je vais faire tout ça ? Et puis, un message de Sébastien à Zopardi qui me propose de passer l'audition. Je viens là, je passe l'audition. Un mois et demi après, j'étais sur scène. Et une super expérience. J'ai rencontré des... des personnes vraiment super, des comédiens qui jouent la mort. Salomé Talaboulma, Domiti Biore, Laurent Huny, je trouve que c'est vraiment des comédiens qui envoient vraiment du bois. Et de se dire qu'on fait partie de cette équipe-là, des gens qu'on a admirés sur scène et que maintenant on joue avec eux...

  • Speaker #0

    Parmi tous les rôles que tu as joués, est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ?

  • Speaker #1

    Moi je trouve que le rôle de Max que je joue en ce moment au théâtre de la Gaîté, il m'a beaucoup beaucoup plu. parce que c'est vraiment un personnage où tu peux jouer la comédie, tu peux jouer en même temps, il se passe des choses complètement tragiques dans son parcours et l'interaction avec le public, il y a tout à jouer et c'est un vrai cadeau, un vrai plaisir de jouer Max dans l'embarras du choix. Et donc là on descend et donc juste en dessous de cette grosse salle, il y a la petite salle... qu'ils appellent aussi le studio Maturin. Et c'est là où nous, on joue Odyssée. Donc, pour l'instant, je suis le premier à être arrivé. Donc, on est dans une salle, c'est une salle de 85 places, 84 je crois, qui est toute mimie. et qui pour nous est idéal pour Odyssée parce que on a vraiment un rapport, les gens au premier rang ils sont à 20 centimètres de nos tronches et en plus de ça on a installé des micros cette année donc du coup il y a une ambiance, il y a un super système son dans cette salle et donc du coup les chansons s'envoient vraiment du bois, on sent qu'on est vraiment soutenus donc je vais te montrer un petit peu donc là on a les sièges J'en ai les petits strapontins, magnifiques, tout en rouge. Et on a la petite régie de Bernard. Donc Bernard, c'est notre régisseur qu'on appelle Bernard dans la conférence musicale. Et là, il a sa petite cahute qui se trouve cachée. Donc il ne voit pas la scène, il nous voit grâce à une caméra. Donc je vais te montrer la petite cahute de Bernard. Et c'est par là. Alors, est-ce que j'arriverai à l'allumer, cette petite régie ? Ouais, bon, voilà, c'est pas encore... On est avant tous les shows, donc tout est encore un peu en sommeil. Mais ça va se réveiller très, très vite. Donc, notre Bernard, il est tellement important pour notre spectacle. C'est vraiment un troisième personnage, il balance des tops. Il balance des top hyper précis. Pour nous, c'est vraiment un personnage comme Marie-Louise et comme René. Et puis, on a la petite loge qui est là. Toute petite qu'on partage avec d'autres spectacles aussi.

  • Speaker #0

    Je reconnais des costumes emblématiques de la pièce.

  • Speaker #1

    Les vestes des conférenciers, la cuirasse d'Ulysse, la robe de Circé, la grosse fourrure d'Hermès. Et puis, le gros costume bon là il est il est retourné mais c'est la grosse peau de bête du cyclope parce que le cyclope il envoie quand même il envoie du bois quoi c'est Julie Julie Costanza qui fait qui fait le cyclope et elle le fait divinement bien et bien sûr on a Molière derrière qui qui

  • Speaker #0

    nous salue qui porte chance qui porte chance donc on le garde avec nous lui est-ce que t'as des rituels avant de monter sur scène puisqu'on est dans les loges justement

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, c'est de quitter un peu ma peau, quitter Jean-Baptiste. Je m'enlève mes lunettes, je me mets mes lentilles, depuis peu maintenant, parce qu'il y a beaucoup d'interactions avec le public, donc il faut voir un peu les gens, surtout dans l'embarras du choix. Avec des lumières assez tamisées, si d'un seul coup je m'adresse à quelqu'un, je lui dis Hey toi, Brenda, aide-moi, bébé, pas bébé Et en fait, il se trouve que Brenda, c'est Brandon. Du coup, si d'un seul coup c'est un mec... J'ai déjà fait plusieurs fois l'erreur et je me suis dit qu'il ne faut plus jamais que je fasse ça. Donc maintenant, j'ai des lentilles et puis j'enlève mes boucles d'oreilles. Et puis, on se coiffe. Julie, elle se maquille, moi je ne me maquille plus. Elle trouve que c'est injuste que ce soit que les femmes qui se maquillent. C'est vrai qu'elle a raison. Mais voilà, moi je fais juste ça. On se fait un petit toy-toy avec Julie et avec Bernard. Et puis après, on... on lance la conférence.

  • Speaker #0

    Et donc au plateau, tu peux nous décrire un peu le décor de l'Odyssée en quelques...

  • Speaker #1

    On a un paperboard qui va être à court, un paperboard avec toutes les imageries de l'Odyssée. On a plein de cubes, on en a six qui sont au centre et qui nous aident à faire un trône, un bateau, une autre... poupe de bateau, des rochers, une entrée de grotte. Ça, c'est vraiment Stéphanie Gagneux, c'est une idée de Stéphanie Gagneux, la metteuse en scène, qui a trouvé cette idée des cubes qui, en fait, est une idée très efficace. Parce que on ne pouvait pas, avec le nombre de lieux, le nombre d'accessoires qu'on avait, c'était impossible d'avoir un vrai bateau, d'avoir un vrai trône. Et qu'en fait, les cubes, on fout une voile sur un cube, et ça te fait un bateau. avec des super lumières de Mathilde Meunier, qui a créé ça. On met une couronne, ça fait un trône. On remet une autre lumière, ça fait l'entrée de la grotte du Cyclope, ou les rochers de la caverne de Calypso. et à Jardin on a une carte de la Méditerranée où du coup ça c'est vraiment le support pour René le conférencier où on suit le parcours d'Ulysse dans la Méditerranée avec les différents points l'île des Lotophages, le Cyclope, Calypso ça on s'est inspiré d'un mec qui s'appelle Victor Bérard, c'est un historien si je ne dis pas de bêtises du 18ème ou du 19ème, pardon c'est du 19ème qui a tenté de retracer le parcours de l'Odyssée et on sait que l'Odyssée c'est un mythe donc c'est pas forcément retraçable et lui en fait il s'est dit il y a des petits indices dans l'Odyssée qui nous disent que la grotte d'Eucalyptus elle était sûrement là que Caribe des Silas ils sont ici le cyclope Peut-être que l'œil du cyclope, c'était le trou d'un volcan et qu'en fait, ça se situe au pied d'un volcan. Et qu'en fait, pour eux, le cyclope, les Grecs, le volcan représentait le cyclope. Et ce Victor Bérard, il a fait un parcours. Il a été un peu pris pour un fou à l'époque. Mais nous, on s'était dit, il faut que les gamins aient un support et qu'ils se disent où est-ce qu'on est. Et on s'est dit, tiens, c'est la meilleure idée. Donc, on a une carte de la Méditerranée à Jardin. Et puis après, on a une multitude d'accessoires et de costumes.

  • Speaker #0

    Et donc, cette comédie musicale a donné lieu à l'enregistrement d'un disque.

  • Speaker #1

    Et exactement, on l'a enregistré cet été et on le vend à la fin du spectacle. Et on peut même le vendre aussi par correspondance. Enfin, si en tout cas, il y a des gens qui veulent se le faire livrer, c'est pas de problème, il faut envoyer un mail à tourteprod.com. et pour 15 euros, vous avez un CD qui arrive chez vous.

  • Speaker #0

    Une fois n'est pas coutume, on va écouter un extrait de cette comédie musicale, de ce disque, la chanson de Circé que tu interprètes parmi d'autres personnages.

  • Speaker #2

    Oui, lui qui voyage et vient poser ses bagages. Oh, cochon grillé, c'est moi, Circé, approche-toi.

  • Speaker #1

    Petit marin,

  • Speaker #2

    et oublie tout chagrin, je vais te préparer ma spécialité. Horme et des cochons, tu seras Horme et des cochons, tu seras là de quoi te requinquer et te remettre sur pied en balle de kikéone, fait par la patronne. Orgeux, tu es égoûtante, tu seras orgeux, tu es égoûtante, tu seras. Bon appétit. Vous vous demandez quelle est cette mystérieuse passion, hein ? Ouais. C'est un simple kikéon que j'ai légèrement assaisonné. Mon secret ? Trois branches de datura, et les voilà transformées.

  • Speaker #1

    Eh bien quoi ?

  • Speaker #2

    Dans chaque homme, il y a un porc qui sommeille. Alors désormais, moi, je ne peux m'en empêcher. Je les ramène à leur état d'origine. Un homme de trépé-coujons sera un homme de trépé-coujons. Leur insuicité est la magicienne voyante un bohémien. Je peux vous lire la pire, me plonger dans vos souvenirs. Je travaille aussi à distance pour vous prêter assistance. Je fais les désenvoûtements par correspondance. Je transforme l'eau en vin, les hommes en porcins. Harry Potter n'invente rien, moi je fais ce métier depuis l'Antiquité. Merci de le voir, c'est Joseph Sainte. Je ne vois pas 22 heures. sans poction de garantie. Oh, c'est cesse, ma chance est amie.

  • Speaker #0

    Retour au café Gréfule. C'est un spectacle qui a reçu aussi des prix, tu peux nous en parler, deux prix notamment prestigieux, une nomination et un prix en...

  • Speaker #1

    Et on a eu la chance de recevoir le trophée de la Comédie musicale jeune public 2022. il me semble et c'était une super fierté on était face à des à des spectacles mais immenses des productions où ils étaient 10, 15 sur scène et on se dit bon ils ont été sympas ils nous ont nommés c'était pour on s'est dit bon ça nous fait une petite expérience et ça nous fait une petite visibilité et d'un seul coup le mec il sort l'enveloppe il dit bon bah voilà c'est Odyssée qui a gagné donc tu montes sur scène on n'avait pas prévu de discours rien du tout ça a été chouette parce qu'une vraie reconnaissance euh auprès du public et auprès du milieu. Et il y a beaucoup de gens du milieu qui nous ont dit Ah bah super, tiens, j'ai envie de venir le voir Voilà, comme si d'un seul coup, ça nous estampillait un petit label. Et puis l'année d'après, on a eu la chance d'être nommé au Molière, donc c'est encore un peu la cour des grands. Et pareil, on était face à des bateaux, et là, on s'est dit à des paquebots, et on s'est dit ça, c'est pas possible Et là, on a eu raison, parce qu'on ne l'a pas eu, mais rien que la nomination, ça nous a... Ça nous a fait chaud au cœur. On s'est dit, putain, bah oui, notre spectacle, notre travail, il mérite d'être vu en tout cas. Et on remercie vraiment, on remercie les Molières, on remercie les trophées de la comédie musicale, parce que sans eux, je pense qu'on ne pourrait pas être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ce spectacle, pour certains enfants, c'est parfois la première rencontre avec le théâtre, puisque c'est quand même une cible qui est très jeune pour l'Odyssée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est à partir de 7 ans.

  • Speaker #0

    Comment toi tu l'envisages de te dire que dans la salle il y a des enfants qui peut-être vont rencontrer le théâtre et en faire soit une passion ou leur métier ? Est-ce que ça fait écho à ton propre parcours à toi et comment tu l'envisages ?

  • Speaker #1

    Ah ouais complètement. Moi je me dis de toute façon il faut toujours jouer pour tout le monde. Et si en plus il y a un gamin qui est dans la salle et que c'est la première fois qu'il vient, je trouve ça génial. Parce qu'on commence le spectacle comme une sorte de conférence et qu'il se casse la gueule. Donc c'est un peu comme un accident. Et la plupart du temps ça marche. Et en fait, le gamin, il ne sait pas où il est. Il est vraiment encore entre eux. Il est dans la réalité. C'est-à-dire un mec qui monte sur scène et qui se fait couper par quelqu'un dans la salle. Et le gamin, il ne comprend pas ce qui se passe. Et c'est vrai, ce n'est pas vrai. Il joue, c'est des conférenciers, c'est des comédiens. Et au fur et à mesure, il se rend compte qu'on fait tous les personnages. Donc oui, on est des comédiens. Mais c'est ce petit moment qui peut être très, très court de se dire c'est la réalité, ce n'est pas la réalité. Et c'est ça que j'adore. Et de se dire que le gamin, si on a pu l'embarquer... si on a pu lui faire croire que c'était vrai pour moi c'est gagné et si d'un seul coup ça peut pousser les enfants à aller se former et à faire de la comédie musicale, ben banco les gars allez-y, allez-y,

  • Speaker #0

    il y a de la place pour tout le monde Est-ce que ce spectacle t'a donné envie toi d'écrire et de passer à la mise en scène de maîtriser tous les paramètres est-ce que ça a été un argument pour toi pour avancer de ce point de vue là ?

  • Speaker #1

    En tout cas ça nous a conforté dans le sens on se dit bon, notre travail vaut quelque chose C'était la première fois que j'écrivais, la première fois que Stéphanie mettait en scène, c'était la première fois que Julie composait. Donc c'était un peu notre première. Et on s'est dit, pour un premier essai, c'est pas si mal. Et moi, du coup, ça m'a rassuré. Je me suis dit, j'ai envie de continuer à raconter des histoires. Donc peut-être pas au niveau de la mise en scène pour l'instant, mais encore au niveau de l'écriture, je pense, et de l'interprétation. Donc là, je suis en projet pour un autre spectacle. avec Stéphanie Gagneux, du coup, la metteuse en scène. Un solo un peu autobiographique avec plein de personnages, pareil que l'Odyssée, où ça va switcher très vite. Où je serai seul en scène et où ça raconterait un peu l'histoire d'un gamin de Haute-Saône qui monte à Paris pour faire de la comédie musicale.

  • Speaker #0

    Justement, le podcast arrive pile au bon moment, avant que ce spectacle soit terminé, écrit et joué. Parce que ça raconte ton passage d'un milieu complètement éloigné de celui dans lequel tu évolues aujourd'hui. Est-ce que... Est-ce que c'est quelque chose aujourd'hui que tu vis particulièrement, que tu sens encore aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une question, je ne sais pas, on parle souvent des transfuges de classe, etc. Est-ce que tu le sens ça ? Est-ce que tu le vis au quotidien ça ?

  • Speaker #1

    Je pourrais me sentir comme un transfuge de classe, mais à une échelle très très basse. Je ne suis pas comme les... Enfin, il y en a beaucoup. Moi, je voudrais être voir Louis. qui d'un seul coup a changé totalement de milieu. Au fond de moi, je pense qu'il y avait une voix qui me disait Reste pas là, reste pas là, il y a d'autres choses à vivre. Il y a une autre vie qui t'attend. Et j'ai décidé de le prendre assez vite. Et oui, ça me touche beaucoup parce que d'un autre côté, il y a aussi toute la question de la culpabilité, de se dire On a quitté un milieu, on a quitté une famille, des liens, des liens très forts et en fait on les a quittés, mais c'est pour vivre notre vie. Donc d'un autre côté, bah oui, heureusement qu'on l'a quitté. Et d'un autre côté, tu te dis, bah en fait, on n'est pas là. On n'est pas là quand les autres se retrouvent. Donc à un certain moment, on quitte quand même le groupe. Et puis surtout dans ce spectacle-là aussi, je vais parler de ce milieu paysan, surtout avec la figure du père, que je me suis inspiré beaucoup de mon père. Le milieu de la comédie musicale n'est pas... Tout blanc et le milieu paysan n'est pas tout noir. Il y a des nuances partout en fait. Il y a des paradoxes partout. Et ce n'est pas j'ai quitté l'enfer pour arriver au paradis. Non, c'est juste que j'étais dans un milieu où je ne me sentais pas à ma place et que j'avais envie de vivre autre chose. Parce que c'est souvent ça aussi, on fait souvent l'amalgame. On se dit voilà, on a quitté quelque chose de pas bien pour arriver dans quelque chose de bien. Non. chacun a sa propre vérité, chacun avance. De se dire, en fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu. Parce qu'être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. C'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es un homme engagé ? Et si c'est le cas, c'est quoi pour toi être un comédien engagé ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pièce que j'ai écrite, Odyssée, la conférence musicale, il y a un vrai engagement. C'est un engagement petit. Mais un engagement quand même, au niveau, bah ouais, on dénonce, par exemple, Eol, Eol, il a des traits de dictateur russe actuel, à la place de la femme, dans la société, elle est beaucoup questionnée aussi. Et je me dis, bah ouais, en fait, c'est aussi un engagement, juste de faire questionner. Je ne suis pas du genre à aller au manif et des fois je culpabilise en me disant mais j'aurais dû aller à cette manif et à prendre un peu plus de part dans l'univers politique. Mais je me dis à mon niveau, moi aussi j'essaye de changer un peu les choses. Et après sur les pièces où je ne suis pas auteur, je suis le texte. Donc on est quand même obligé de dire le texte des autres. Donc on ne peut pas faire n'importe quoi. J'essaye de mettre quelques clins d'œil, de se dire, ne nous prenons pas au sérieux. Peut-être l'engagement, c'est peut-être ça aussi, un certain engagement de se dire, on ne se prend pas au sérieux en fait, il n'y a pas mort d'homme. Moi je monte sur scène, je ne vais pas opérer un cœur. Je vais essayer de faire passer du bon moment à des gens. Et si en plus je peux faire passer des messages, c'est encore mieux.

  • Speaker #0

    La dernière question, ce n'est pas une question, c'est le mot de la fin. Donc tu peux utiliser les prochaines minutes pour parler directement aux futurs auditeurs du podcast.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est gentil d'avoir écouté notre entretien avec Anthony. au café-restaurant Le Greffulhe. J'espère que ça vous plaira. Et en ce moment, si vous voulez me voir en vrai, et pas juste ma voix, je suis en ce moment au théâtre des Maturins, avec Odyssée et la Conférence musicale, et tous les week-ends et tous les jours des vacances scolaires, et au théâtre de la Gaîté Montparnasse, dans L'Embarras du Choix, une pièce de Sébastien Zopardi. et Sacha Danino, mis en scène par Sébastien Zopardi, où je joue le personnage de Max, qui se pose beaucoup de questions, le jour de ses 35 ans, et qui ne sait pas choisir, et qui va demander au public de choisir à sa place. Merci beaucoup, et bonne écoute !

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter un épisode du podcast Parlons Plus Bas.

  • Speaker #1

    Cette émission est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Réalisation Anthony Chenu

  • Speaker #2

    Voix off Justine Leroux

  • Speaker #1

    Pour échanger avec nous, rendez-vous sur le compte Instagram de l'émission.

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Description

[#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales] Dans ce huitième épisode, Anthony Chenu rencontre Jean-Baptiste Darosey, comédien de théâtre.


Après avoir passé son enfance dans la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste rencontre le théâtre. Il se destine à d'abord à l'enseignement mais c'est au cours d'un séjour en Irlande qu'il se tourne vers le métier de comédien, après avoir assisté au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.


Depuis, il enchaîne les rôles dans les pièces à succès comme l'Embarras du choix à la Gaîté Montparnasse. Il a également co-écrit son premier spectacle jeune public avec sa partenaire Julie Costanza : Odyssée, la conférence musicale qui les a conduits sur les routes de France. Le spectacle a été couronné du Trophée de la comédie musicale jeune public et d'une nomination aux Molières.


Anthony Chenu retrouve Jean-Baptiste Darosey au café-restaurant Le Greffulhe avant de parcourir ensemble le Théâtre des Mathurins.


Après avoir passé son enfance à la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste fait la rencontre avec le théâtre. C'est au cours d'un séjour en Irlande que son destin bascule lorsqu'il assiste au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.

Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Extrait musical : Circé, composée par Julie Costanza, interprété par Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey

Novembre 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu, être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. Ce n'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #1

    Parlons Plus Bas,

  • Speaker #0

    podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Dans ce huitième épisode, je retrouve le comédien Jean-Baptiste Darosé. Actuellement à l'affiche de deux pièces à succès, je le rencontre dans un café-restaurant du 8e arrondissement situé juste en face du Théâtre des Maturins. Il me raconte son parcours depuis son enfance en Haute-Saône jusqu'à son arrivée à Paris et sa formation à l'art de la comédie musicale. Il est 10h30.

  • Speaker #0

    On se trouve au Café Greffulhe, qui est en face du Théâtre des Maturins, où je joue actuellement Odyssée, la conférence musicale, et où j'avais joué, juste après le confinement, Dernier Coup de Ciseau, qui joue encore d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de m'accueillir ici. Ensemble, on va parler de ton parcours, de ton actualité de comédien. Pour commencer, est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots le milieu dans lequel tu as grandi et nous parler un peu de tes origines ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens d'un milieu... paysans de la Haute-Saône. La Haute-Saône, c'est en Franche-Comté. Le lieu dit, c'est le village. Ça s'appelle Charger les ports. C'est Charger les ports, P-O-R-T, parce que c'est pas loin de Port-sur-Saône. Un village de 200 habitants dans un milieu paysan. Paysan bio, mes parents étaient paysans bio. Et j'ai grandi là-dedans, dans ce milieu, avec mes trois soeurs, trois grandes soeurs, et avec une implication dans la ferme. assez importante. On prenait part aux différentes activités. On allait traire le soir. Moi, j'allais aider ma mère à traire. On allait moissonner, élaborer. On faisait tout. Et oui, un milieu aussi un peu particulier parce que je pense que ma famille était un bastion aussi de la culture un peu de gauche dans un endroit où, même encore aujourd'hui, le RN a une place... très très importante au niveau des votes. Donc ouais, une sorte de bastion de gauche au milieu d'une marée bleu-marine.

  • Speaker #1

    À quand remonte ton premier souvenir de spectacle ? Est-ce que tu t'en souviens de spectacle ou de théâtre ?

  • Speaker #0

    Il y a des photos où je suis gamin et où je suis maquillé et où je fais du spectacle, mais alors ça, je n'ai aucun souvenir. Donc vraiment, c'est la photo qui date le souvenir. Un de mes plus grands souvenirs, j'ai participé à une association qui s'appelait Justiniana. qui était à Vesoul, qui était dirigée par Charlotte Nessie, qui était la directrice du théâtre de Vesoul. Et le principe, c'était de faire chanter, danser et jouer des enfants de Haute-Saône et de monter des œuvres de Broadway. Donc on a monté Oliver Twist, on a monté West Side Story et on était, nous, des gamins venant de Vesoul, Port-sur-Saône, à faire des jets, à faire des gangs, des orphelins. Et tous les personnages principaux étaient assurés par des pros qui venaient de Paris. Donc il y avait un vrai cachet à ce genre de spectacle. Et on avait un prof de chant qui s'appelait Scott Alan Prouty, qui était prof à l'Opéra de Paris et qui venait nous faire chanter tous les mercredis après. Et cette rencontre avec Charlotte Nessie à la mise en scène au théâtre, Scott Alan Prouty au chant et Vendra Martins. à la danse, il y avait quelque chose de... Je pouvais rêver d'autre chose. Il y a quelque chose d'autre chose qui existait. On avait le droit de faire ça, on avait le droit de faire n'importe quoi. On avait le droit de faire semblant sur scène. Et j'avais... Je crois que j'étais en CM2, donc je devais avoir 10 ans. C'est 10-11 ans, je pense, le CM2. Et c'était génial. D'un autre côté, j'étais un peu frustré parce que c'était tous les mercredis, une semaine sur deux des vacances scolaires et un week-end par mois, je crois. Donc moi qui avais l'habitude... de partir avec mes cousins ou avec des potes le week-end, d'aller s'amuser, faire des fêtes, se retrouver. Du coup, j'étais un peu puni de ça. Mais je savais que c'était... que c'était pour la bonne cause et j'y allais et j'ai kiffé de ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a mis le pied un peu à l'étrier, en tout cas qui t'a créé ce petit désir, cette petite musique intérieure.

  • Speaker #0

    Ouais grave, après je suis d'une famille où ça chantait beaucoup, mon grand-père il chantait beaucoup, ma mère chantait beaucoup à table. Ma mère elle avait un atelier de chant qui s'appelait l'atelier de chant de la Haute-Saône en folie, où il y avait... une vingtaine de personnes, des adultes amateurs qui venaient chanter. Et ce n'était pas en mode, on fait des chansons de groupe, chacun avait sa chanson. On défendait une chanson avec un sujet, avec presque un personnage des fois. Donc ça touchait presque déjà un peu la comédie musicale. Et oui, je pense que c'est ma mère qui m'a donné l'envie de faire ça. En tout cas, qui m'a ouvert la porte et qui m'a dit, tiens, il y a ça qui existe, j'ai envie d'essayer.

  • Speaker #1

    Est-ce que, moi j'ai lu que tu te destinais un temps à l'enseignement, que tu avais obtenu une maîtrise d'histoire d'ailleurs, à quel moment ce parcours-là a été contrarié ?

  • Speaker #0

    Ça c'était une bonne question et j'y ai repensé il n'y a pas longtemps. J'avais fait une licence d'histoire à la fac de Besançon et la dernière année, mon année de maîtrise, je suis parti en Erasmus en Irlande, où j'ai rencontré d'ailleurs des potes qui sont encore mes potes aujourd'hui. Et le but c'était surtout de me barrer, de quitter un peu la haute zone et de quitter tout ça. Quitter en tout cas le... les amis, quitter la famille, de se retrouver juste seul et de se dire qu'est-ce qu'on fait quand on est tout seul. Et là, en fait, j'ai pas du tout bossé. J'ai vraiment fait la fête, mais pendant un an, c'était n'importe quoi. J'avais une envie de tout lâcher, en fait, de casser un peu ce carcan. Et donc, du coup, je me suis retrouvé... Finalement, j'ai quand même eu la maîtrise, donc je sais pas comment je l'ai eue. Je t'avoue, parce qu'entre les exposés en anglais faits devant des classes où les gens, ils comprenaient rien à ce que je disais. Enfin... C'était un peu n'importe quoi. Et les lectures des chapitres d'Harry Potter, où j'en ai lu deux. Je m'en veux encore aujourd'hui. Je me dis, putain, mais pourquoi j'ai pas bossé plus ? Il y avait eu une opportunité de bosser de l'anglais. En tout cas, mes objectifs étaient ailleurs. Et j'avais fait, parce qu'en Irlande, ils ont un peu le même système qu'en Angleterre. Dans les facs, ils ont des activités. Ils ont des activités et c'est presque obligatoire de s'inscrire. Et moi, je me suis dit, vas-y, je vais m'inscrire en comédie musicale. Ou en tout cas en danse. C'était en danse. Et j'ai fait de la danse. Et je me rappelle que mon prof... faisait un spectacle à la fin de l'année, une comédie musicale, West Side Story. Et je suis allé le voir et je me suis dit, putain, qu'est-ce que je fous ? Pourquoi dans ce... Pourquoi j'ai envie d'être prof d'histoire ? Pourquoi je vais passer ma vie dans une salle à causer à des gamins, à leur raconter des histoires, en tout cas à bosser, à être dans un cadre très particulier ? J'ai dit, putain, mais la liberté qu'ils ont sur scène, la liberté des œuvres qu'ont écrits Bernstein et même tous les autres, ça m'est revenu d'un coup, j'ai eu un flashback et je me suis dit, c'est pas ça que j'ai envie de faire, moi j'ai envie de faire de la comédie musicale. Ou en tout cas d'être sur scène. D'être sur scène et d'éprouver cette sensation de jouer quelque chose, d'être un humain. lambda qui joue devant d'autres humains et de balancer cette sensation là, juste de se dire qu'est-ce qui se passe quand quelqu'un est sur scène il est visible par beaucoup de gens et il raconte un propos et qu'est-ce que ça donne et moi c'est ça que j'avais envie de retrouver un peu

  • Speaker #1

    En Irlande, c'était ta deuxième rencontre avec West Side Story.

  • Speaker #0

    Eh ben, exactement. La deuxième rencontre. Puis un peu comme si c'était quelque chose d'un peu enfoui. Parce que j'ai vécu des moments qui n'étaient pas forcément très, très drôles. J'ai perdu ma mère quand j'avais 15 ans. C'est un peu elle qui m'avait offert le CD, qui m'avait fait découvrir un peu West Side Story, en plus de l'atelier de comédie musicale. Et je pense qu'il y avait des choses qui étaient un peu enfouies et que j'avais dit, bon, c'est le passé, je passe à autre chose. Et un peu comme une renaissance en Irlande. J'ai revu ce spectacle-là, je me suis dit, putain, mais ça me fout encore les poils de ouf. Je suis ressorti de là, je n'ai pas pu aller dormir. Je ne sais pas si c'était le théâtre de l'Imérique en Irlande, mais j'ai dû marcher des heures en me disant, non, là, il faut faire un choix, il faut bouger, il faut changer la trajectoire. Et j'ai changé la trajectoire.

  • Speaker #1

    Et tu es rentré à l'ECM, l'école de comédie musicale à Paris, dans le XXe. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es rentré, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis revenu d'Irlande, j'ai pris un billet retour. Forcément, tous les avions s'arrêtent à Paris. Et moi, j'avais vu sur un site internet, j'avais tapé juste École Comédie Musicale Paris Le destin fait que c'est tombé sur l'ECM, en premier. En tout cas, c'est la première page qui tombe quand tu tapes ça sur internet. En tout cas, il y a 10 ans, c'était ça. 12 ans maintenant. Et j'ai envoyé un mail à la directrice, Véronique Fruchard. Et elle m'a envoyé un mail en me disant Bah écoute, oui... Les auditions étaient en mai, mais on était genre en juin ou juillet. Mais si tu veux, on peut te voir en août. On peut faire une troisième session d'audition. Vas-y, banco. Donc, je rentre, j'en parle à personne. Mais vraiment personne. Même mes potes, j'en ai parlé à personne. Je bosse, il fallait apprendre. Il fallait proposer un texte, une chanson et une danse. J'ai bossé ça en Irlande. En attendant que la fac se termine. La chanson, c'était Mamoum. On l'avait bossé dans un stage qui s'appelait À travers champ. Un autre stage l'été où pareil, c'était des stages de comédie musicale. Donc vraiment, j'étais baigné dans le truc. Donc je me suis dit tiens, je reprends ça. La scène, c'était la scène de Daniel Darieux. dans 8 femmes qui joue le personnage de Mamie et qui a vraiment un coup dans le nez et elle annonce à sa fille qu'en fait elle a tué son mari, donc le père de sa fille. Et il est très très beau ce monologue parce que ça raconte, voilà, c'est une nana dans les années, je pense dans les années 40 qui dit non mais en fait avant il n'y avait pas de divorce pas tout ça, donc ton père je l'aimais pas, donc je l'ai tué. Voilà, cette ironie et ce vice qu'il y a chez François Ozon... En tout cas, moi, 8 femmes, c'est quelque chose qui m'a beaucoup porté. De voir 8 nanas dans une énorme baraque bourgeoise chanter, danser, alors qu'il y a un meurtre et qu'il y a un mort dans la chambre d'à côté. C'est toujours ce décalage qui me touche beaucoup. Donc, j'avais pris cette scène-là et en chorégraphie, j'avais repris une chorégraphie qu'on avait créée avec les Chacoliveo, qui était un groupe de danse que j'avais rejoint à Besançon, quand j'étais à la fac, qui était des... potes et ils avaient créé un groupe où c'était de la danse contemporaine. Il n'y avait pas de chef. Tout le monde décidait, tout le monde apportait son avis et c'était une sorte de communauté. Et pareil, tous les ans, on faisait un spectacle et on avait créé une chorégraphie sur la valse à mille temps de Jacques Brel. Et je l'avais repris et je l'avais fait tout seul, en solo. Et j'avais fait ces trois-là, ces trois œuvres-là d'univers totalement différents et... et d'expériences totalement différentes. Et l'audition s'est bien passée. Et on m'a demandé, mais tu serais prêt à venir sur Paris dans un mois ? À l'intérieur, c'était je ne sais pas. Et à l'extérieur, c'était bien sûr. Et j'ai trouvé, après, j'ai trouvé un appart en coloc. J'ai fait un prêt pour payer l'école. Et puis, c'était lancé, quoi.

  • Speaker #1

    À quoi l'école, est-ce qu'elle t'a formé ? Est-ce que tu te rappelles des enseignements, danse, chant, j'imagine, théâtre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. On a eu... C'est vraiment complet. On a eu des cours de danse. cours de danse classique vers la fin aussi on a peu eu les claquettes mais je sais que maintenant il y en a, d'ailleurs si les personnes qui m'écoutent veulent faire l'école de comédie musicale maintenant il y a les claquettes en plus donc je vous conseille vraiment cette école elle est top, elle est top sur deux choses parce qu'elle vous pousse à créer et elle vous pousse à créer votre univers à vous et pas à rentrer dans des moules et des stéréotypes de chanteurs qui doivent belter et qui doivent ressembler à Lara Fabian ou à Matt Pokora et la deuxième chose c'est que c'est euh... Une école où les professeurs travaillent le soir, en fait. Ils sont sur scène, ils mettent en scène. Et en fait, ils sont au courant de ce qui se passe. Ils sont habitués, ils sont sur scène tous les soirs. Donc, ils savent en fait ce qui marche, ce qui ne marche pas. Ils peuvent très vite t'aiguiller, quoi. Donc, il y avait ça, il y avait du théâtre avec Ned Grugic, que j'ai eu pendant deux ans. Et après, j'ai eu Stéphanie Gagneux pendant un an. En danse, j'ai eu Linda Faoro. qui d'ailleurs nous a quitté, j'ai une grosse pensée pour elle, elle nous a quitté cet été. J'ai eu Lucien Calixte, on a eu du clown, on a eu du mime, on a eu de la tragédie avec Pauline Macia, des cours de comédie musicale. En tout cas, on faisait du 10-17 tous les jours. C'était très sérieux. Il fallait être là tout le temps. Trois spectacles par an, donc des hivernales, des printanières et le spectacle de fin d'année. Donc finalement, neuf spectacles en tout. Donc ça fait un petit package quand même. En tout cas, ça fait une sacrée expérience. Puis on ne le jouait pas, genre les hivernales, on pouvait le jouer, je ne sais pas, cinq, six fois quand même. Même plus, je pense. Donc c'est ça aussi qui nous a vraiment amené l'habitude d'être sur scène. Et de désacraliser le fait d'être sur scène. Et qu'en fait, on est sur scène et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On a passé le cap de, on est terrifié, on ne peut plus bouger. Et qu'est-ce qu'on fait après ? À partir de là, on construit quelque chose. Avec cette émotion qui arrive, qu'est-ce qu'on peut créer pour que ce soit chouette ?

  • Speaker #1

    Et on sait que pour beaucoup dans ce milieu, l'insertion dans le monde professionnel est difficile quand on sort des écoles. Est-ce que pour toi ça a été le cas ? Est-ce que tu t'es posé la question ? Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment posé la question. Parce que je ne sais plus quand est-ce que c'était, mais quand j'étais en deuxième année, je me disais, je ne suis pas un mec... hyper barraques, qui tapent des notes. Parce qu'au-delà, même si d'un seul coup, l'école te pousse à être toi-même, toi, au fond de toi, t'as envie de rentrer dans les cases et t'as envie de ressembler un peu à tous ceux qui sont sur scène, qui passent des auditions. Je me dis, je ne suis pas assez musclé, je ne suis pas assez chanteur, je ne suis pas assez danseur, je ne suis pas assez comédien pour prétendre à... participer à des spectacles ou même passer des auditions. Et j'ai eu la chance, c'était à la fin de la deuxième année, et mon professeur d'expression scénique, Guillaume Bouched, à qui je dois beaucoup, qui me regarde et qui me dit Ah mais dis donc, t'es grand toi ! Et c'est tout. Il me dit juste ça, il dit Bon ben, surveille ton téléphone, on va t'appeler. Et je reçois un appel, trois jours après, de l'assistant de Sébastien Azopardi, qui me propose de participer à la prochaine pièce au Palais Royal, La Dame Blanche Et donc du coup, pendant toute ma troisième année, j'étais figurant au Palais Royal, dans la Dame Blanche, où ça jouait tous les soirs, où j'ai joué avec, pour moi, des comédiens qui sont excellents. Benoît Tachoir, Arthur Juniau, Michel Garcia aussi. Et c'était... Ouais, non, c'était... J'ai vraiment beaucoup appris. J'étais en coulisses, j'écoutais tous les soirs. Ah, comment ils font ? Ah, ce soir, il l'a fait différemment, ça marche mieux. Ah tiens, ce soir, il le fait par là. Ah, c'est marrant aussi, ça raconte autre chose. toujours dans le spectacle vivant. C'est-à-dire que c'est tous les soirs. Et puis des fois, ça passe, des fois ça casse. Et puis c'est comme ça, puis on continue.

  • Speaker #1

    Tu as cité justement un nom qui va revenir plusieurs fois dans ton parcours, c'est Sébastien Zopardi. Est-ce que tu peux peut-être dire un peu plus sur votre collaboration, sur votre rencontre ?

  • Speaker #0

    Sébastien, c'est un metteur en scène du théâtre privé qui aujourd'hui est directeur de trois théâtres. Il est à le Palais Royal, il est aussi au Michel, et récemment, il est au Saint-Georges aussi. Et c'est devenu quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé parce que ma première expérience, c'était avec lui au Palais Royal avec la Dame Blanche. Et ensuite, il m'a rappelé à la sortie du confinement. Donc, il y a cinq ans déjà, il m'a proposé de passer l'audition pour Dernier coup de ciseau. Donc, une autre de ses pièces qu'il avait écrit, qu'il a adapté, qui est une enquête policière qui se passe dans un salon de coiffure. Il y a eu un meurtre, il y a quatre suspects, il y a les flics qui enquêtent. Et c'est le public qui doit décider, en tout cas qui doit mener l'enquête et qui doit trouver l'assassin. Donc moi, j'avais déjà vu cette pièce-là quand je suis arrivé sur Paris. Pour moi, c'est un classique, quoi. Et qui me propose cette audition, mais j'étais déjà, mais j'étais aux anges. Qui m'imagine dans le rôle, donc c'était le rôle du producteur, et qui m'imagine dans ce rôle-là. Mais j'étais, mais aux anges. Je passe l'audition, je l'ai. Et je me rappelle qu'il m'avait dit... A la sortie de l'audition, il m'a dit C'est bon, bienvenue dans l'équipe Et il m'a dit Tu verras, tu vas beaucoup progresser dans cette pièce En tout cas, Dernier Coup d'Iso pousse les comédiens à s'améliorer. Et il avait raison. Parce qu'en tout cas, je sens que j'ai trouvé une aisance supplémentaire. Pour moi, l'école, t'apprends beaucoup de choses. T'apprends les bases, t'apprends tout ce que t'as à savoir. Mais l'école d'être sur scène et de jouer tous les soirs, forcément, ça t'amène autre chose.

  • Speaker #1

    Depuis, tu as joué dans plusieurs comédies musicales. Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu appréhendes le chant, la danse, tout ça hors de l'école, le jeu, le théâtre, à l'aune de tous ces rôles que tu as eus depuis ta sortie ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle de mes deux profs d'expression scénique, Christine Bonnard et Guillaume Bouched, que je salue les deux, qui m'ont tellement appris. Il y a deux choses, c'est que la première, c'est que Guillaume Bouchette nous avait dit, mais de toute façon, si vous n'êtes pas chanteur, vous êtes comédien, donc à un moment donné, l'émotion, vous pouvez la faire passer autrement, vous la ferez passer avec une idée, avec un personnage, avec une émotion. Et Christine Benard nous disait, de toute façon, il faut qu'il y ait du kiff, il faut qu'il y ait du kiff tout le temps. Si tu as kiffé, les gens qui t'ont regardé, ils ont kiffé. Et je garde ces deux principes-là en moi. En moi, en tout cas, quand j'essaye de travailler ou d'aborder du chant ou de la danse ou du jeu, c'est du kiff, forcément du kiff. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour me rassurer au niveau peut-être même du chant, parce que je ne me considère pas comme un chanteur, je me considère comme un comédien qui chante. Et bien de me dire que ça passe en fait par le personnage, par l'idée. Et bien si d'un seul coup on croit à ce qu'on chante, forcément la note elle sort et il y a tout qui sort derrière. Donc je pense que c'est ça, je l'aborde vraiment comme ça. Quand je suis sur scène et que je vais jouer, j'essaie de me dire, je pense au spectateur et je me dis, j'ai envie qu'il croit que c'est vrai. En tout cas, oui, il est dans une salle de théâtre, il est sur un siège et on est sur une scène. Mais j'ai envie qu'au bout de dix minutes, il oublie tout ça et qu'il se dise, putain, je suis en train de voir un... J'assiste presque à une télé-réalité, mais un truc où, ouais, c'est des personnages qui vivent devant toi et c'est avec des vraies émotions. Et c'est avec des vrais gens et c'est juste, c'est une histoire qui est écrite. Mais tout le reste, c'est vrai et c'est devant toi, ça respire devant toi.

  • Speaker #1

    Donc, tu l'as dit tout à l'heure, si on se retrouve ici, c'est parce que tu joues l'Odyssée, la conférence musicale au Théâtre des Maturins. Est-ce que tu peux présenter en quelques mots ce spectacle et les parties prises de mise en scène ?

  • Speaker #0

    Alors, Odyssée, la conférence musicale, c'est une idée qui vient... d'un concours lancé par l'ECM, pour les sortants de l'ECM, avec Compote de Prod aussi. Il fallait présenter 10 minutes, 10 minutes d'un spectacle musical. Et on était avec Julie Costanza, ma partenaire dans Odyssée, on était sur la famille Adams à ce moment-là. Et on était dans l'ensemble, donc on faisait des ancêtres derrière, on commentait un peu ce qui se passait, on commentait ce qui se passait devant nous. Puis on en avait un peu marre, on s'est dit, viens, pourquoi nous on ne ferait pas un spectacle où nous aussi on serait des personnages principaux et où on jouerait plein de personnages ? Et bien c'était parti, et moi je lui ai dit, moi j'ai fait des études d'histoire, donc du coup je connais un peu l'Odyssée, l'Odyssée c'est génial, il y a plein de personnages, viens on se fait ça. Et donc du coup c'est né de ça, donc on s'est lancé, on a fait 10 minutes, on a présenté 10 minutes au concours, on a gagné, et maintenant ils nous ont dit, on veut le spectacle complet pour l'année prochaine. Donc là, on s'est dit, il faut mettre les bouchées doubles, ça y est, on y va, il faut bosser comme des dingues. Donc, on a demandé à Stéphanie Gagneux de nous aider à la mise en scène. Simon Galland, qui nous a beaucoup aidé aussi au niveau des bruitages, des bandes-sons. Et moi, je me suis occupé du texte. Stéphanie m'a beaucoup aidé. Et Julie s'est occupée de la composition musicale. Et on a créé ça et on a fait donc... Les Trois Bornes, la comédie des Trois Bornes, on a fait le Lucerner, on a fait la Huchette et on a refait le Lucerner. Et maintenant, on est au Théâtre des Maturins jusqu'au 5 janvier et on a déjà fait deux grosses tournées. Donc, on en est à peu près à 200, je crois qu'on a 260 représentations à peu près. Pour décrire le spectacle, c'est en tout cas le parti pris qu'on voulait, nous, c'est de raconter cette histoire de l'Odyssée, mais de la raconter avec un prisme actuel où d'un seul coup, comme ça, les enfants, ils ont l'histoire. parce que c'est un spectacle tout public. Les enfants, ils ont l'histoire d'Odyssée, l'histoire d'Ulysse, le héros. Et en même temps, on met des clins d'œil, des clins d'œil actuels pour les parents qui, d'un seul coup, comment je pourrais dire ça ? On égratigne un peu la figure du héros. Le héros, en fait, il n'est pas si héros que ça. Surtout qu'il a fait ce qu'il a pu. Et puis, on le remet quand même un peu en cause. Parce que le héros, le héros, en attendant, il est quand même... Il est resté 7 ans chez Calypso. Enfin, il est resté beaucoup... Tu vois, il s'est tapé, on peut le dire un peu comme ça, il s'est tapé beaucoup de nanas alors que sa femme l'attend patiemment à la maison et défend sa place en plus de ça. Et donc voilà, on voulait changer aussi un peu les codes. Donc c'est un conférencier qui vient, qui fait une conférence, l'attaché culturel l'a invité, l'attaché culturel commence à prendre un peu trop de place dans la conférence et ça se barre en délire musical où le conférencier et l'attaché culturel font tous les personnages. Le personnage d'Ulysse est interprété par le conférencier. très misogyne et d'un seul coup vers le milieu du spectacle il y a l'attaché culturel qui dit pourquoi c'est vous qui faites Ulysse pourquoi ce serait pas moi en fait et donc du coup ça revient ça requestionne aussi la place du héros pourquoi ce serait pas une femme qui ferait aussi le héros en fait à ce compte là enfin voilà moi j'ai envie que les gamins ils ressortent de là et se disent bah ouais qu'une petite fille de 7 ans qui qui est venait juste voir l'Odyssée, qui ressort et qui se dit en fait, moi aussi, je peux être le héros, je peux être le héros de mon histoire, moi aussi, je peux, d'un seul coup, je peux gérer ma vie, et je peux, en étant une femme, en étant un homme, en étant n'importe qui je veux, j'ai envie de faire ce que je veux de ma vie.

  • Speaker #1

    Est-ce que, alors attention, je vais dévoiler quelque chose, mais on peut quand même s'arrêter sur le fait que vous interprétez tous les deux une somme de personnages impressionnants ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça, on peut en parler sans problème. Toi,

  • Speaker #1

    tu joues quand même, tu passes de Hermès à Circé, à... au conférencier, tu peux nous en parler un peu ?

  • Speaker #0

    Pour moi, celui que j'adore faire, c'est Hermès. parce qu'il a un petit cheveu sur la langue et puis il parle un petit peu comme ça. Il est très pestouille. Dans l'écriture, à la base, Hermès, dans l'Odyssée, il n'est pas très présent. C'est juste qu'on avait fait une scène, on commençait par la première scène, c'était le Conseil des Dieux et au début, on l'avait mis au tout début. Donc ça fait 7 ans que Ulysse est retenu chez Calypso et il faut qu'il rentre. Et le Conseil des Dieux, c'est qu'est-ce qu'on décide ? Il rentre, il ne rentre pas. Et c'était Hermès, dans la vraie Odyssée, c'est Hermès qui gère un peu, qui est le messager des dieux, donc c'est lui qui gère... Il parle, il donne la parole. Et j'ai commencé à trouver un peu ce personnage, un peu à la Dominique Besnéard, avec un petit chiffet sur la langue et puis qui dit toujours des vérités. Mais il dit des vérités, mais il le dit d'une façon où c'est marrant. Et on s'attache beaucoup à ce personnage. Et on s'est dit, tiens, vas-y, on le garde. Et d'un seul coup, il a pris une place. Et après, il est dans le récit, il parle de l'Odyssée à un moment donné. ouais moi j'aime beaucoup ce personnage là et il tranche beaucoup avec Circé la magicienne qui moi je me suis inspiré de Fanny Ardant parce que moi j'adore Fanny Ardant pour moi c'est une icône et ouais je trouvais ça marrant de se dire bah ouais la Circé qui se trimballe avec son saucisson et qui transforme les compagnons d'Ulysse en cochons bah elle pourrait avoir aussi une une certaine fragilité mais c'est marrant c'est hyper marrant de se de se de switcher d'un personnage à l'autre en moins de 5 secondes parce que des fois les changements sont très très rapides Alors là on se trouve dans le Théâtre des Maturins.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, on se trouve dans le hall du Théâtre des Maturins qui se situe à côté de Saint-Nazare Opéra. Et c'est là où nous on joue Odyssée, la conférence musicale. Et je vais vous faire une petite visite.

  • Speaker #0

    On y va.

  • Speaker #1

    Donc moi j'ai eu la chance de jouer dans ce théâtre-là il y a quatre ans dans Dernier coup de ciseau, une pièce de Sébastien Azopardi. Donc là on descend, donc c'est moquette rouge. Et les petits panneaux dorés, c'est assez classe. Et là, je pense qu'ils sont en train de monter. Oui, c'est ça. Coucou, Blandine. Ça va ? Oui, ça va. On fait une petite balade. Voilà, on ne te dérange pas plus longtemps. Ok, merci. Là, ils sont en train de monter. Je pense que c'est Pinocchio, c'est ça, c'est Pinocchio ? Pinocchio, un jeune public qui joue à 14 heures. Et donc ça, on est dans la grande salle des Maturins. Je vais te montrer le lieu. qui moi je trouvais magnifique, ils l'ont refait à neuf là il n'y a pas longtemps.

  • Speaker #0

    Une salle à l'italienne ?

  • Speaker #1

    Tout en rouge et avec un lustre magnifique avec des vitraux. Bon là il n'est pas éclairé mais quand il est éclairé il est vraiment très très beau.

  • Speaker #0

    Un peu art déco ?

  • Speaker #1

    Exactement, art déco, très très beau. Donc voilà, J'ai des bons souvenirs dans cette salle avec Dernier Coup de Ciseau. Au bout d'une heure, la salle s'allume et c'est les spectateurs qui font le show. Autant que les comédiens. C'était après le confinement. Il y avait un truc de qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais continuer d'être comédien ? Est-ce que je vais faire tout ça ? Et puis, un message de Sébastien à Zopardi qui me propose de passer l'audition. Je viens là, je passe l'audition. Un mois et demi après, j'étais sur scène. Et une super expérience. J'ai rencontré des... des personnes vraiment super, des comédiens qui jouent la mort. Salomé Talaboulma, Domiti Biore, Laurent Huny, je trouve que c'est vraiment des comédiens qui envoient vraiment du bois. Et de se dire qu'on fait partie de cette équipe-là, des gens qu'on a admirés sur scène et que maintenant on joue avec eux...

  • Speaker #0

    Parmi tous les rôles que tu as joués, est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ?

  • Speaker #1

    Moi je trouve que le rôle de Max que je joue en ce moment au théâtre de la Gaîté, il m'a beaucoup beaucoup plu. parce que c'est vraiment un personnage où tu peux jouer la comédie, tu peux jouer en même temps, il se passe des choses complètement tragiques dans son parcours et l'interaction avec le public, il y a tout à jouer et c'est un vrai cadeau, un vrai plaisir de jouer Max dans l'embarras du choix. Et donc là on descend et donc juste en dessous de cette grosse salle, il y a la petite salle... qu'ils appellent aussi le studio Maturin. Et c'est là où nous, on joue Odyssée. Donc, pour l'instant, je suis le premier à être arrivé. Donc, on est dans une salle, c'est une salle de 85 places, 84 je crois, qui est toute mimie. et qui pour nous est idéal pour Odyssée parce que on a vraiment un rapport, les gens au premier rang ils sont à 20 centimètres de nos tronches et en plus de ça on a installé des micros cette année donc du coup il y a une ambiance, il y a un super système son dans cette salle et donc du coup les chansons s'envoient vraiment du bois, on sent qu'on est vraiment soutenus donc je vais te montrer un petit peu donc là on a les sièges J'en ai les petits strapontins, magnifiques, tout en rouge. Et on a la petite régie de Bernard. Donc Bernard, c'est notre régisseur qu'on appelle Bernard dans la conférence musicale. Et là, il a sa petite cahute qui se trouve cachée. Donc il ne voit pas la scène, il nous voit grâce à une caméra. Donc je vais te montrer la petite cahute de Bernard. Et c'est par là. Alors, est-ce que j'arriverai à l'allumer, cette petite régie ? Ouais, bon, voilà, c'est pas encore... On est avant tous les shows, donc tout est encore un peu en sommeil. Mais ça va se réveiller très, très vite. Donc, notre Bernard, il est tellement important pour notre spectacle. C'est vraiment un troisième personnage, il balance des tops. Il balance des top hyper précis. Pour nous, c'est vraiment un personnage comme Marie-Louise et comme René. Et puis, on a la petite loge qui est là. Toute petite qu'on partage avec d'autres spectacles aussi.

  • Speaker #0

    Je reconnais des costumes emblématiques de la pièce.

  • Speaker #1

    Les vestes des conférenciers, la cuirasse d'Ulysse, la robe de Circé, la grosse fourrure d'Hermès. Et puis, le gros costume bon là il est il est retourné mais c'est la grosse peau de bête du cyclope parce que le cyclope il envoie quand même il envoie du bois quoi c'est Julie Julie Costanza qui fait qui fait le cyclope et elle le fait divinement bien et bien sûr on a Molière derrière qui qui

  • Speaker #0

    nous salue qui porte chance qui porte chance donc on le garde avec nous lui est-ce que t'as des rituels avant de monter sur scène puisqu'on est dans les loges justement

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, c'est de quitter un peu ma peau, quitter Jean-Baptiste. Je m'enlève mes lunettes, je me mets mes lentilles, depuis peu maintenant, parce qu'il y a beaucoup d'interactions avec le public, donc il faut voir un peu les gens, surtout dans l'embarras du choix. Avec des lumières assez tamisées, si d'un seul coup je m'adresse à quelqu'un, je lui dis Hey toi, Brenda, aide-moi, bébé, pas bébé Et en fait, il se trouve que Brenda, c'est Brandon. Du coup, si d'un seul coup c'est un mec... J'ai déjà fait plusieurs fois l'erreur et je me suis dit qu'il ne faut plus jamais que je fasse ça. Donc maintenant, j'ai des lentilles et puis j'enlève mes boucles d'oreilles. Et puis, on se coiffe. Julie, elle se maquille, moi je ne me maquille plus. Elle trouve que c'est injuste que ce soit que les femmes qui se maquillent. C'est vrai qu'elle a raison. Mais voilà, moi je fais juste ça. On se fait un petit toy-toy avec Julie et avec Bernard. Et puis après, on... on lance la conférence.

  • Speaker #0

    Et donc au plateau, tu peux nous décrire un peu le décor de l'Odyssée en quelques...

  • Speaker #1

    On a un paperboard qui va être à court, un paperboard avec toutes les imageries de l'Odyssée. On a plein de cubes, on en a six qui sont au centre et qui nous aident à faire un trône, un bateau, une autre... poupe de bateau, des rochers, une entrée de grotte. Ça, c'est vraiment Stéphanie Gagneux, c'est une idée de Stéphanie Gagneux, la metteuse en scène, qui a trouvé cette idée des cubes qui, en fait, est une idée très efficace. Parce que on ne pouvait pas, avec le nombre de lieux, le nombre d'accessoires qu'on avait, c'était impossible d'avoir un vrai bateau, d'avoir un vrai trône. Et qu'en fait, les cubes, on fout une voile sur un cube, et ça te fait un bateau. avec des super lumières de Mathilde Meunier, qui a créé ça. On met une couronne, ça fait un trône. On remet une autre lumière, ça fait l'entrée de la grotte du Cyclope, ou les rochers de la caverne de Calypso. et à Jardin on a une carte de la Méditerranée où du coup ça c'est vraiment le support pour René le conférencier où on suit le parcours d'Ulysse dans la Méditerranée avec les différents points l'île des Lotophages, le Cyclope, Calypso ça on s'est inspiré d'un mec qui s'appelle Victor Bérard, c'est un historien si je ne dis pas de bêtises du 18ème ou du 19ème, pardon c'est du 19ème qui a tenté de retracer le parcours de l'Odyssée et on sait que l'Odyssée c'est un mythe donc c'est pas forcément retraçable et lui en fait il s'est dit il y a des petits indices dans l'Odyssée qui nous disent que la grotte d'Eucalyptus elle était sûrement là que Caribe des Silas ils sont ici le cyclope Peut-être que l'œil du cyclope, c'était le trou d'un volcan et qu'en fait, ça se situe au pied d'un volcan. Et qu'en fait, pour eux, le cyclope, les Grecs, le volcan représentait le cyclope. Et ce Victor Bérard, il a fait un parcours. Il a été un peu pris pour un fou à l'époque. Mais nous, on s'était dit, il faut que les gamins aient un support et qu'ils se disent où est-ce qu'on est. Et on s'est dit, tiens, c'est la meilleure idée. Donc, on a une carte de la Méditerranée à Jardin. Et puis après, on a une multitude d'accessoires et de costumes.

  • Speaker #0

    Et donc, cette comédie musicale a donné lieu à l'enregistrement d'un disque.

  • Speaker #1

    Et exactement, on l'a enregistré cet été et on le vend à la fin du spectacle. Et on peut même le vendre aussi par correspondance. Enfin, si en tout cas, il y a des gens qui veulent se le faire livrer, c'est pas de problème, il faut envoyer un mail à tourteprod.com. et pour 15 euros, vous avez un CD qui arrive chez vous.

  • Speaker #0

    Une fois n'est pas coutume, on va écouter un extrait de cette comédie musicale, de ce disque, la chanson de Circé que tu interprètes parmi d'autres personnages.

  • Speaker #2

    Oui, lui qui voyage et vient poser ses bagages. Oh, cochon grillé, c'est moi, Circé, approche-toi.

  • Speaker #1

    Petit marin,

  • Speaker #2

    et oublie tout chagrin, je vais te préparer ma spécialité. Horme et des cochons, tu seras Horme et des cochons, tu seras là de quoi te requinquer et te remettre sur pied en balle de kikéone, fait par la patronne. Orgeux, tu es égoûtante, tu seras orgeux, tu es égoûtante, tu seras. Bon appétit. Vous vous demandez quelle est cette mystérieuse passion, hein ? Ouais. C'est un simple kikéon que j'ai légèrement assaisonné. Mon secret ? Trois branches de datura, et les voilà transformées.

  • Speaker #1

    Eh bien quoi ?

  • Speaker #2

    Dans chaque homme, il y a un porc qui sommeille. Alors désormais, moi, je ne peux m'en empêcher. Je les ramène à leur état d'origine. Un homme de trépé-coujons sera un homme de trépé-coujons. Leur insuicité est la magicienne voyante un bohémien. Je peux vous lire la pire, me plonger dans vos souvenirs. Je travaille aussi à distance pour vous prêter assistance. Je fais les désenvoûtements par correspondance. Je transforme l'eau en vin, les hommes en porcins. Harry Potter n'invente rien, moi je fais ce métier depuis l'Antiquité. Merci de le voir, c'est Joseph Sainte. Je ne vois pas 22 heures. sans poction de garantie. Oh, c'est cesse, ma chance est amie.

  • Speaker #0

    Retour au café Gréfule. C'est un spectacle qui a reçu aussi des prix, tu peux nous en parler, deux prix notamment prestigieux, une nomination et un prix en...

  • Speaker #1

    Et on a eu la chance de recevoir le trophée de la Comédie musicale jeune public 2022. il me semble et c'était une super fierté on était face à des à des spectacles mais immenses des productions où ils étaient 10, 15 sur scène et on se dit bon ils ont été sympas ils nous ont nommés c'était pour on s'est dit bon ça nous fait une petite expérience et ça nous fait une petite visibilité et d'un seul coup le mec il sort l'enveloppe il dit bon bah voilà c'est Odyssée qui a gagné donc tu montes sur scène on n'avait pas prévu de discours rien du tout ça a été chouette parce qu'une vraie reconnaissance euh auprès du public et auprès du milieu. Et il y a beaucoup de gens du milieu qui nous ont dit Ah bah super, tiens, j'ai envie de venir le voir Voilà, comme si d'un seul coup, ça nous estampillait un petit label. Et puis l'année d'après, on a eu la chance d'être nommé au Molière, donc c'est encore un peu la cour des grands. Et pareil, on était face à des bateaux, et là, on s'est dit à des paquebots, et on s'est dit ça, c'est pas possible Et là, on a eu raison, parce qu'on ne l'a pas eu, mais rien que la nomination, ça nous a... Ça nous a fait chaud au cœur. On s'est dit, putain, bah oui, notre spectacle, notre travail, il mérite d'être vu en tout cas. Et on remercie vraiment, on remercie les Molières, on remercie les trophées de la comédie musicale, parce que sans eux, je pense qu'on ne pourrait pas être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ce spectacle, pour certains enfants, c'est parfois la première rencontre avec le théâtre, puisque c'est quand même une cible qui est très jeune pour l'Odyssée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est à partir de 7 ans.

  • Speaker #0

    Comment toi tu l'envisages de te dire que dans la salle il y a des enfants qui peut-être vont rencontrer le théâtre et en faire soit une passion ou leur métier ? Est-ce que ça fait écho à ton propre parcours à toi et comment tu l'envisages ?

  • Speaker #1

    Ah ouais complètement. Moi je me dis de toute façon il faut toujours jouer pour tout le monde. Et si en plus il y a un gamin qui est dans la salle et que c'est la première fois qu'il vient, je trouve ça génial. Parce qu'on commence le spectacle comme une sorte de conférence et qu'il se casse la gueule. Donc c'est un peu comme un accident. Et la plupart du temps ça marche. Et en fait, le gamin, il ne sait pas où il est. Il est vraiment encore entre eux. Il est dans la réalité. C'est-à-dire un mec qui monte sur scène et qui se fait couper par quelqu'un dans la salle. Et le gamin, il ne comprend pas ce qui se passe. Et c'est vrai, ce n'est pas vrai. Il joue, c'est des conférenciers, c'est des comédiens. Et au fur et à mesure, il se rend compte qu'on fait tous les personnages. Donc oui, on est des comédiens. Mais c'est ce petit moment qui peut être très, très court de se dire c'est la réalité, ce n'est pas la réalité. Et c'est ça que j'adore. Et de se dire que le gamin, si on a pu l'embarquer... si on a pu lui faire croire que c'était vrai pour moi c'est gagné et si d'un seul coup ça peut pousser les enfants à aller se former et à faire de la comédie musicale, ben banco les gars allez-y, allez-y,

  • Speaker #0

    il y a de la place pour tout le monde Est-ce que ce spectacle t'a donné envie toi d'écrire et de passer à la mise en scène de maîtriser tous les paramètres est-ce que ça a été un argument pour toi pour avancer de ce point de vue là ?

  • Speaker #1

    En tout cas ça nous a conforté dans le sens on se dit bon, notre travail vaut quelque chose C'était la première fois que j'écrivais, la première fois que Stéphanie mettait en scène, c'était la première fois que Julie composait. Donc c'était un peu notre première. Et on s'est dit, pour un premier essai, c'est pas si mal. Et moi, du coup, ça m'a rassuré. Je me suis dit, j'ai envie de continuer à raconter des histoires. Donc peut-être pas au niveau de la mise en scène pour l'instant, mais encore au niveau de l'écriture, je pense, et de l'interprétation. Donc là, je suis en projet pour un autre spectacle. avec Stéphanie Gagneux, du coup, la metteuse en scène. Un solo un peu autobiographique avec plein de personnages, pareil que l'Odyssée, où ça va switcher très vite. Où je serai seul en scène et où ça raconterait un peu l'histoire d'un gamin de Haute-Saône qui monte à Paris pour faire de la comédie musicale.

  • Speaker #0

    Justement, le podcast arrive pile au bon moment, avant que ce spectacle soit terminé, écrit et joué. Parce que ça raconte ton passage d'un milieu complètement éloigné de celui dans lequel tu évolues aujourd'hui. Est-ce que... Est-ce que c'est quelque chose aujourd'hui que tu vis particulièrement, que tu sens encore aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une question, je ne sais pas, on parle souvent des transfuges de classe, etc. Est-ce que tu le sens ça ? Est-ce que tu le vis au quotidien ça ?

  • Speaker #1

    Je pourrais me sentir comme un transfuge de classe, mais à une échelle très très basse. Je ne suis pas comme les... Enfin, il y en a beaucoup. Moi, je voudrais être voir Louis. qui d'un seul coup a changé totalement de milieu. Au fond de moi, je pense qu'il y avait une voix qui me disait Reste pas là, reste pas là, il y a d'autres choses à vivre. Il y a une autre vie qui t'attend. Et j'ai décidé de le prendre assez vite. Et oui, ça me touche beaucoup parce que d'un autre côté, il y a aussi toute la question de la culpabilité, de se dire On a quitté un milieu, on a quitté une famille, des liens, des liens très forts et en fait on les a quittés, mais c'est pour vivre notre vie. Donc d'un autre côté, bah oui, heureusement qu'on l'a quitté. Et d'un autre côté, tu te dis, bah en fait, on n'est pas là. On n'est pas là quand les autres se retrouvent. Donc à un certain moment, on quitte quand même le groupe. Et puis surtout dans ce spectacle-là aussi, je vais parler de ce milieu paysan, surtout avec la figure du père, que je me suis inspiré beaucoup de mon père. Le milieu de la comédie musicale n'est pas... Tout blanc et le milieu paysan n'est pas tout noir. Il y a des nuances partout en fait. Il y a des paradoxes partout. Et ce n'est pas j'ai quitté l'enfer pour arriver au paradis. Non, c'est juste que j'étais dans un milieu où je ne me sentais pas à ma place et que j'avais envie de vivre autre chose. Parce que c'est souvent ça aussi, on fait souvent l'amalgame. On se dit voilà, on a quitté quelque chose de pas bien pour arriver dans quelque chose de bien. Non. chacun a sa propre vérité, chacun avance. De se dire, en fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu. Parce qu'être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. C'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es un homme engagé ? Et si c'est le cas, c'est quoi pour toi être un comédien engagé ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pièce que j'ai écrite, Odyssée, la conférence musicale, il y a un vrai engagement. C'est un engagement petit. Mais un engagement quand même, au niveau, bah ouais, on dénonce, par exemple, Eol, Eol, il a des traits de dictateur russe actuel, à la place de la femme, dans la société, elle est beaucoup questionnée aussi. Et je me dis, bah ouais, en fait, c'est aussi un engagement, juste de faire questionner. Je ne suis pas du genre à aller au manif et des fois je culpabilise en me disant mais j'aurais dû aller à cette manif et à prendre un peu plus de part dans l'univers politique. Mais je me dis à mon niveau, moi aussi j'essaye de changer un peu les choses. Et après sur les pièces où je ne suis pas auteur, je suis le texte. Donc on est quand même obligé de dire le texte des autres. Donc on ne peut pas faire n'importe quoi. J'essaye de mettre quelques clins d'œil, de se dire, ne nous prenons pas au sérieux. Peut-être l'engagement, c'est peut-être ça aussi, un certain engagement de se dire, on ne se prend pas au sérieux en fait, il n'y a pas mort d'homme. Moi je monte sur scène, je ne vais pas opérer un cœur. Je vais essayer de faire passer du bon moment à des gens. Et si en plus je peux faire passer des messages, c'est encore mieux.

  • Speaker #0

    La dernière question, ce n'est pas une question, c'est le mot de la fin. Donc tu peux utiliser les prochaines minutes pour parler directement aux futurs auditeurs du podcast.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est gentil d'avoir écouté notre entretien avec Anthony. au café-restaurant Le Greffulhe. J'espère que ça vous plaira. Et en ce moment, si vous voulez me voir en vrai, et pas juste ma voix, je suis en ce moment au théâtre des Maturins, avec Odyssée et la Conférence musicale, et tous les week-ends et tous les jours des vacances scolaires, et au théâtre de la Gaîté Montparnasse, dans L'Embarras du Choix, une pièce de Sébastien Zopardi. et Sacha Danino, mis en scène par Sébastien Zopardi, où je joue le personnage de Max, qui se pose beaucoup de questions, le jour de ses 35 ans, et qui ne sait pas choisir, et qui va demander au public de choisir à sa place. Merci beaucoup, et bonne écoute !

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter un épisode du podcast Parlons Plus Bas.

  • Speaker #1

    Cette émission est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Réalisation Anthony Chenu

  • Speaker #2

    Voix off Justine Leroux

  • Speaker #1

    Pour échanger avec nous, rendez-vous sur le compte Instagram de l'émission.

Description

[#8 Jean-Baptiste Darosey : La vie en comédies musicales] Dans ce huitième épisode, Anthony Chenu rencontre Jean-Baptiste Darosey, comédien de théâtre.


Après avoir passé son enfance dans la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste rencontre le théâtre. Il se destine à d'abord à l'enseignement mais c'est au cours d'un séjour en Irlande qu'il se tourne vers le métier de comédien, après avoir assisté au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.


Depuis, il enchaîne les rôles dans les pièces à succès comme l'Embarras du choix à la Gaîté Montparnasse. Il a également co-écrit son premier spectacle jeune public avec sa partenaire Julie Costanza : Odyssée, la conférence musicale qui les a conduits sur les routes de France. Le spectacle a été couronné du Trophée de la comédie musicale jeune public et d'une nomination aux Molières.


Anthony Chenu retrouve Jean-Baptiste Darosey au café-restaurant Le Greffulhe avant de parcourir ensemble le Théâtre des Mathurins.


Après avoir passé son enfance à la ferme de ses parents en Haute-Saône, Jean-Baptiste fait la rencontre avec le théâtre. C'est au cours d'un séjour en Irlande que son destin bascule lorsqu'il assiste au spectacle West Side Story au Théâtre de Limerick. Arrivé à Paris, il intègre l'École de Comédie musicale et en sort diplômé trois ans plus tard.

Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Extrait musical : Circé, composée par Julie Costanza, interprété par Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey

Novembre 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu, être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. Ce n'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #1

    Parlons Plus Bas,

  • Speaker #0

    podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Dans ce huitième épisode, je retrouve le comédien Jean-Baptiste Darosé. Actuellement à l'affiche de deux pièces à succès, je le rencontre dans un café-restaurant du 8e arrondissement situé juste en face du Théâtre des Maturins. Il me raconte son parcours depuis son enfance en Haute-Saône jusqu'à son arrivée à Paris et sa formation à l'art de la comédie musicale. Il est 10h30.

  • Speaker #0

    On se trouve au Café Greffulhe, qui est en face du Théâtre des Maturins, où je joue actuellement Odyssée, la conférence musicale, et où j'avais joué, juste après le confinement, Dernier Coup de Ciseau, qui joue encore d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de m'accueillir ici. Ensemble, on va parler de ton parcours, de ton actualité de comédien. Pour commencer, est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots le milieu dans lequel tu as grandi et nous parler un peu de tes origines ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens d'un milieu... paysans de la Haute-Saône. La Haute-Saône, c'est en Franche-Comté. Le lieu dit, c'est le village. Ça s'appelle Charger les ports. C'est Charger les ports, P-O-R-T, parce que c'est pas loin de Port-sur-Saône. Un village de 200 habitants dans un milieu paysan. Paysan bio, mes parents étaient paysans bio. Et j'ai grandi là-dedans, dans ce milieu, avec mes trois soeurs, trois grandes soeurs, et avec une implication dans la ferme. assez importante. On prenait part aux différentes activités. On allait traire le soir. Moi, j'allais aider ma mère à traire. On allait moissonner, élaborer. On faisait tout. Et oui, un milieu aussi un peu particulier parce que je pense que ma famille était un bastion aussi de la culture un peu de gauche dans un endroit où, même encore aujourd'hui, le RN a une place... très très importante au niveau des votes. Donc ouais, une sorte de bastion de gauche au milieu d'une marée bleu-marine.

  • Speaker #1

    À quand remonte ton premier souvenir de spectacle ? Est-ce que tu t'en souviens de spectacle ou de théâtre ?

  • Speaker #0

    Il y a des photos où je suis gamin et où je suis maquillé et où je fais du spectacle, mais alors ça, je n'ai aucun souvenir. Donc vraiment, c'est la photo qui date le souvenir. Un de mes plus grands souvenirs, j'ai participé à une association qui s'appelait Justiniana. qui était à Vesoul, qui était dirigée par Charlotte Nessie, qui était la directrice du théâtre de Vesoul. Et le principe, c'était de faire chanter, danser et jouer des enfants de Haute-Saône et de monter des œuvres de Broadway. Donc on a monté Oliver Twist, on a monté West Side Story et on était, nous, des gamins venant de Vesoul, Port-sur-Saône, à faire des jets, à faire des gangs, des orphelins. Et tous les personnages principaux étaient assurés par des pros qui venaient de Paris. Donc il y avait un vrai cachet à ce genre de spectacle. Et on avait un prof de chant qui s'appelait Scott Alan Prouty, qui était prof à l'Opéra de Paris et qui venait nous faire chanter tous les mercredis après. Et cette rencontre avec Charlotte Nessie à la mise en scène au théâtre, Scott Alan Prouty au chant et Vendra Martins. à la danse, il y avait quelque chose de... Je pouvais rêver d'autre chose. Il y a quelque chose d'autre chose qui existait. On avait le droit de faire ça, on avait le droit de faire n'importe quoi. On avait le droit de faire semblant sur scène. Et j'avais... Je crois que j'étais en CM2, donc je devais avoir 10 ans. C'est 10-11 ans, je pense, le CM2. Et c'était génial. D'un autre côté, j'étais un peu frustré parce que c'était tous les mercredis, une semaine sur deux des vacances scolaires et un week-end par mois, je crois. Donc moi qui avais l'habitude... de partir avec mes cousins ou avec des potes le week-end, d'aller s'amuser, faire des fêtes, se retrouver. Du coup, j'étais un peu puni de ça. Mais je savais que c'était... que c'était pour la bonne cause et j'y allais et j'ai kiffé de ouf.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a mis le pied un peu à l'étrier, en tout cas qui t'a créé ce petit désir, cette petite musique intérieure.

  • Speaker #0

    Ouais grave, après je suis d'une famille où ça chantait beaucoup, mon grand-père il chantait beaucoup, ma mère chantait beaucoup à table. Ma mère elle avait un atelier de chant qui s'appelait l'atelier de chant de la Haute-Saône en folie, où il y avait... une vingtaine de personnes, des adultes amateurs qui venaient chanter. Et ce n'était pas en mode, on fait des chansons de groupe, chacun avait sa chanson. On défendait une chanson avec un sujet, avec presque un personnage des fois. Donc ça touchait presque déjà un peu la comédie musicale. Et oui, je pense que c'est ma mère qui m'a donné l'envie de faire ça. En tout cas, qui m'a ouvert la porte et qui m'a dit, tiens, il y a ça qui existe, j'ai envie d'essayer.

  • Speaker #1

    Est-ce que, moi j'ai lu que tu te destinais un temps à l'enseignement, que tu avais obtenu une maîtrise d'histoire d'ailleurs, à quel moment ce parcours-là a été contrarié ?

  • Speaker #0

    Ça c'était une bonne question et j'y ai repensé il n'y a pas longtemps. J'avais fait une licence d'histoire à la fac de Besançon et la dernière année, mon année de maîtrise, je suis parti en Erasmus en Irlande, où j'ai rencontré d'ailleurs des potes qui sont encore mes potes aujourd'hui. Et le but c'était surtout de me barrer, de quitter un peu la haute zone et de quitter tout ça. Quitter en tout cas le... les amis, quitter la famille, de se retrouver juste seul et de se dire qu'est-ce qu'on fait quand on est tout seul. Et là, en fait, j'ai pas du tout bossé. J'ai vraiment fait la fête, mais pendant un an, c'était n'importe quoi. J'avais une envie de tout lâcher, en fait, de casser un peu ce carcan. Et donc, du coup, je me suis retrouvé... Finalement, j'ai quand même eu la maîtrise, donc je sais pas comment je l'ai eue. Je t'avoue, parce qu'entre les exposés en anglais faits devant des classes où les gens, ils comprenaient rien à ce que je disais. Enfin... C'était un peu n'importe quoi. Et les lectures des chapitres d'Harry Potter, où j'en ai lu deux. Je m'en veux encore aujourd'hui. Je me dis, putain, mais pourquoi j'ai pas bossé plus ? Il y avait eu une opportunité de bosser de l'anglais. En tout cas, mes objectifs étaient ailleurs. Et j'avais fait, parce qu'en Irlande, ils ont un peu le même système qu'en Angleterre. Dans les facs, ils ont des activités. Ils ont des activités et c'est presque obligatoire de s'inscrire. Et moi, je me suis dit, vas-y, je vais m'inscrire en comédie musicale. Ou en tout cas en danse. C'était en danse. Et j'ai fait de la danse. Et je me rappelle que mon prof... faisait un spectacle à la fin de l'année, une comédie musicale, West Side Story. Et je suis allé le voir et je me suis dit, putain, qu'est-ce que je fous ? Pourquoi dans ce... Pourquoi j'ai envie d'être prof d'histoire ? Pourquoi je vais passer ma vie dans une salle à causer à des gamins, à leur raconter des histoires, en tout cas à bosser, à être dans un cadre très particulier ? J'ai dit, putain, mais la liberté qu'ils ont sur scène, la liberté des œuvres qu'ont écrits Bernstein et même tous les autres, ça m'est revenu d'un coup, j'ai eu un flashback et je me suis dit, c'est pas ça que j'ai envie de faire, moi j'ai envie de faire de la comédie musicale. Ou en tout cas d'être sur scène. D'être sur scène et d'éprouver cette sensation de jouer quelque chose, d'être un humain. lambda qui joue devant d'autres humains et de balancer cette sensation là, juste de se dire qu'est-ce qui se passe quand quelqu'un est sur scène il est visible par beaucoup de gens et il raconte un propos et qu'est-ce que ça donne et moi c'est ça que j'avais envie de retrouver un peu

  • Speaker #1

    En Irlande, c'était ta deuxième rencontre avec West Side Story.

  • Speaker #0

    Eh ben, exactement. La deuxième rencontre. Puis un peu comme si c'était quelque chose d'un peu enfoui. Parce que j'ai vécu des moments qui n'étaient pas forcément très, très drôles. J'ai perdu ma mère quand j'avais 15 ans. C'est un peu elle qui m'avait offert le CD, qui m'avait fait découvrir un peu West Side Story, en plus de l'atelier de comédie musicale. Et je pense qu'il y avait des choses qui étaient un peu enfouies et que j'avais dit, bon, c'est le passé, je passe à autre chose. Et un peu comme une renaissance en Irlande. J'ai revu ce spectacle-là, je me suis dit, putain, mais ça me fout encore les poils de ouf. Je suis ressorti de là, je n'ai pas pu aller dormir. Je ne sais pas si c'était le théâtre de l'Imérique en Irlande, mais j'ai dû marcher des heures en me disant, non, là, il faut faire un choix, il faut bouger, il faut changer la trajectoire. Et j'ai changé la trajectoire.

  • Speaker #1

    Et tu es rentré à l'ECM, l'école de comédie musicale à Paris, dans le XXe. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es rentré, comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh ben, je suis revenu d'Irlande, j'ai pris un billet retour. Forcément, tous les avions s'arrêtent à Paris. Et moi, j'avais vu sur un site internet, j'avais tapé juste École Comédie Musicale Paris Le destin fait que c'est tombé sur l'ECM, en premier. En tout cas, c'est la première page qui tombe quand tu tapes ça sur internet. En tout cas, il y a 10 ans, c'était ça. 12 ans maintenant. Et j'ai envoyé un mail à la directrice, Véronique Fruchard. Et elle m'a envoyé un mail en me disant Bah écoute, oui... Les auditions étaient en mai, mais on était genre en juin ou juillet. Mais si tu veux, on peut te voir en août. On peut faire une troisième session d'audition. Vas-y, banco. Donc, je rentre, j'en parle à personne. Mais vraiment personne. Même mes potes, j'en ai parlé à personne. Je bosse, il fallait apprendre. Il fallait proposer un texte, une chanson et une danse. J'ai bossé ça en Irlande. En attendant que la fac se termine. La chanson, c'était Mamoum. On l'avait bossé dans un stage qui s'appelait À travers champ. Un autre stage l'été où pareil, c'était des stages de comédie musicale. Donc vraiment, j'étais baigné dans le truc. Donc je me suis dit tiens, je reprends ça. La scène, c'était la scène de Daniel Darieux. dans 8 femmes qui joue le personnage de Mamie et qui a vraiment un coup dans le nez et elle annonce à sa fille qu'en fait elle a tué son mari, donc le père de sa fille. Et il est très très beau ce monologue parce que ça raconte, voilà, c'est une nana dans les années, je pense dans les années 40 qui dit non mais en fait avant il n'y avait pas de divorce pas tout ça, donc ton père je l'aimais pas, donc je l'ai tué. Voilà, cette ironie et ce vice qu'il y a chez François Ozon... En tout cas, moi, 8 femmes, c'est quelque chose qui m'a beaucoup porté. De voir 8 nanas dans une énorme baraque bourgeoise chanter, danser, alors qu'il y a un meurtre et qu'il y a un mort dans la chambre d'à côté. C'est toujours ce décalage qui me touche beaucoup. Donc, j'avais pris cette scène-là et en chorégraphie, j'avais repris une chorégraphie qu'on avait créée avec les Chacoliveo, qui était un groupe de danse que j'avais rejoint à Besançon, quand j'étais à la fac, qui était des... potes et ils avaient créé un groupe où c'était de la danse contemporaine. Il n'y avait pas de chef. Tout le monde décidait, tout le monde apportait son avis et c'était une sorte de communauté. Et pareil, tous les ans, on faisait un spectacle et on avait créé une chorégraphie sur la valse à mille temps de Jacques Brel. Et je l'avais repris et je l'avais fait tout seul, en solo. Et j'avais fait ces trois-là, ces trois œuvres-là d'univers totalement différents et... et d'expériences totalement différentes. Et l'audition s'est bien passée. Et on m'a demandé, mais tu serais prêt à venir sur Paris dans un mois ? À l'intérieur, c'était je ne sais pas. Et à l'extérieur, c'était bien sûr. Et j'ai trouvé, après, j'ai trouvé un appart en coloc. J'ai fait un prêt pour payer l'école. Et puis, c'était lancé, quoi.

  • Speaker #1

    À quoi l'école, est-ce qu'elle t'a formé ? Est-ce que tu te rappelles des enseignements, danse, chant, j'imagine, théâtre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. On a eu... C'est vraiment complet. On a eu des cours de danse. cours de danse classique vers la fin aussi on a peu eu les claquettes mais je sais que maintenant il y en a, d'ailleurs si les personnes qui m'écoutent veulent faire l'école de comédie musicale maintenant il y a les claquettes en plus donc je vous conseille vraiment cette école elle est top, elle est top sur deux choses parce qu'elle vous pousse à créer et elle vous pousse à créer votre univers à vous et pas à rentrer dans des moules et des stéréotypes de chanteurs qui doivent belter et qui doivent ressembler à Lara Fabian ou à Matt Pokora et la deuxième chose c'est que c'est euh... Une école où les professeurs travaillent le soir, en fait. Ils sont sur scène, ils mettent en scène. Et en fait, ils sont au courant de ce qui se passe. Ils sont habitués, ils sont sur scène tous les soirs. Donc, ils savent en fait ce qui marche, ce qui ne marche pas. Ils peuvent très vite t'aiguiller, quoi. Donc, il y avait ça, il y avait du théâtre avec Ned Grugic, que j'ai eu pendant deux ans. Et après, j'ai eu Stéphanie Gagneux pendant un an. En danse, j'ai eu Linda Faoro. qui d'ailleurs nous a quitté, j'ai une grosse pensée pour elle, elle nous a quitté cet été. J'ai eu Lucien Calixte, on a eu du clown, on a eu du mime, on a eu de la tragédie avec Pauline Macia, des cours de comédie musicale. En tout cas, on faisait du 10-17 tous les jours. C'était très sérieux. Il fallait être là tout le temps. Trois spectacles par an, donc des hivernales, des printanières et le spectacle de fin d'année. Donc finalement, neuf spectacles en tout. Donc ça fait un petit package quand même. En tout cas, ça fait une sacrée expérience. Puis on ne le jouait pas, genre les hivernales, on pouvait le jouer, je ne sais pas, cinq, six fois quand même. Même plus, je pense. Donc c'est ça aussi qui nous a vraiment amené l'habitude d'être sur scène. Et de désacraliser le fait d'être sur scène. Et qu'en fait, on est sur scène et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On a passé le cap de, on est terrifié, on ne peut plus bouger. Et qu'est-ce qu'on fait après ? À partir de là, on construit quelque chose. Avec cette émotion qui arrive, qu'est-ce qu'on peut créer pour que ce soit chouette ?

  • Speaker #1

    Et on sait que pour beaucoup dans ce milieu, l'insertion dans le monde professionnel est difficile quand on sort des écoles. Est-ce que pour toi ça a été le cas ? Est-ce que tu t'es posé la question ? Comment ça s'est passé pour toi ?

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment posé la question. Parce que je ne sais plus quand est-ce que c'était, mais quand j'étais en deuxième année, je me disais, je ne suis pas un mec... hyper barraques, qui tapent des notes. Parce qu'au-delà, même si d'un seul coup, l'école te pousse à être toi-même, toi, au fond de toi, t'as envie de rentrer dans les cases et t'as envie de ressembler un peu à tous ceux qui sont sur scène, qui passent des auditions. Je me dis, je ne suis pas assez musclé, je ne suis pas assez chanteur, je ne suis pas assez danseur, je ne suis pas assez comédien pour prétendre à... participer à des spectacles ou même passer des auditions. Et j'ai eu la chance, c'était à la fin de la deuxième année, et mon professeur d'expression scénique, Guillaume Bouched, à qui je dois beaucoup, qui me regarde et qui me dit Ah mais dis donc, t'es grand toi ! Et c'est tout. Il me dit juste ça, il dit Bon ben, surveille ton téléphone, on va t'appeler. Et je reçois un appel, trois jours après, de l'assistant de Sébastien Azopardi, qui me propose de participer à la prochaine pièce au Palais Royal, La Dame Blanche Et donc du coup, pendant toute ma troisième année, j'étais figurant au Palais Royal, dans la Dame Blanche, où ça jouait tous les soirs, où j'ai joué avec, pour moi, des comédiens qui sont excellents. Benoît Tachoir, Arthur Juniau, Michel Garcia aussi. Et c'était... Ouais, non, c'était... J'ai vraiment beaucoup appris. J'étais en coulisses, j'écoutais tous les soirs. Ah, comment ils font ? Ah, ce soir, il l'a fait différemment, ça marche mieux. Ah tiens, ce soir, il le fait par là. Ah, c'est marrant aussi, ça raconte autre chose. toujours dans le spectacle vivant. C'est-à-dire que c'est tous les soirs. Et puis des fois, ça passe, des fois ça casse. Et puis c'est comme ça, puis on continue.

  • Speaker #1

    Tu as cité justement un nom qui va revenir plusieurs fois dans ton parcours, c'est Sébastien Zopardi. Est-ce que tu peux peut-être dire un peu plus sur votre collaboration, sur votre rencontre ?

  • Speaker #0

    Sébastien, c'est un metteur en scène du théâtre privé qui aujourd'hui est directeur de trois théâtres. Il est à le Palais Royal, il est aussi au Michel, et récemment, il est au Saint-Georges aussi. Et c'est devenu quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé parce que ma première expérience, c'était avec lui au Palais Royal avec la Dame Blanche. Et ensuite, il m'a rappelé à la sortie du confinement. Donc, il y a cinq ans déjà, il m'a proposé de passer l'audition pour Dernier coup de ciseau. Donc, une autre de ses pièces qu'il avait écrit, qu'il a adapté, qui est une enquête policière qui se passe dans un salon de coiffure. Il y a eu un meurtre, il y a quatre suspects, il y a les flics qui enquêtent. Et c'est le public qui doit décider, en tout cas qui doit mener l'enquête et qui doit trouver l'assassin. Donc moi, j'avais déjà vu cette pièce-là quand je suis arrivé sur Paris. Pour moi, c'est un classique, quoi. Et qui me propose cette audition, mais j'étais déjà, mais j'étais aux anges. Qui m'imagine dans le rôle, donc c'était le rôle du producteur, et qui m'imagine dans ce rôle-là. Mais j'étais, mais aux anges. Je passe l'audition, je l'ai. Et je me rappelle qu'il m'avait dit... A la sortie de l'audition, il m'a dit C'est bon, bienvenue dans l'équipe Et il m'a dit Tu verras, tu vas beaucoup progresser dans cette pièce En tout cas, Dernier Coup d'Iso pousse les comédiens à s'améliorer. Et il avait raison. Parce qu'en tout cas, je sens que j'ai trouvé une aisance supplémentaire. Pour moi, l'école, t'apprends beaucoup de choses. T'apprends les bases, t'apprends tout ce que t'as à savoir. Mais l'école d'être sur scène et de jouer tous les soirs, forcément, ça t'amène autre chose.

  • Speaker #1

    Depuis, tu as joué dans plusieurs comédies musicales. Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu appréhendes le chant, la danse, tout ça hors de l'école, le jeu, le théâtre, à l'aune de tous ces rôles que tu as eus depuis ta sortie ?

  • Speaker #0

    Je me rappelle de mes deux profs d'expression scénique, Christine Bonnard et Guillaume Bouched, que je salue les deux, qui m'ont tellement appris. Il y a deux choses, c'est que la première, c'est que Guillaume Bouchette nous avait dit, mais de toute façon, si vous n'êtes pas chanteur, vous êtes comédien, donc à un moment donné, l'émotion, vous pouvez la faire passer autrement, vous la ferez passer avec une idée, avec un personnage, avec une émotion. Et Christine Benard nous disait, de toute façon, il faut qu'il y ait du kiff, il faut qu'il y ait du kiff tout le temps. Si tu as kiffé, les gens qui t'ont regardé, ils ont kiffé. Et je garde ces deux principes-là en moi. En moi, en tout cas, quand j'essaye de travailler ou d'aborder du chant ou de la danse ou du jeu, c'est du kiff, forcément du kiff. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour me rassurer au niveau peut-être même du chant, parce que je ne me considère pas comme un chanteur, je me considère comme un comédien qui chante. Et bien de me dire que ça passe en fait par le personnage, par l'idée. Et bien si d'un seul coup on croit à ce qu'on chante, forcément la note elle sort et il y a tout qui sort derrière. Donc je pense que c'est ça, je l'aborde vraiment comme ça. Quand je suis sur scène et que je vais jouer, j'essaie de me dire, je pense au spectateur et je me dis, j'ai envie qu'il croit que c'est vrai. En tout cas, oui, il est dans une salle de théâtre, il est sur un siège et on est sur une scène. Mais j'ai envie qu'au bout de dix minutes, il oublie tout ça et qu'il se dise, putain, je suis en train de voir un... J'assiste presque à une télé-réalité, mais un truc où, ouais, c'est des personnages qui vivent devant toi et c'est avec des vraies émotions. Et c'est avec des vrais gens et c'est juste, c'est une histoire qui est écrite. Mais tout le reste, c'est vrai et c'est devant toi, ça respire devant toi.

  • Speaker #1

    Donc, tu l'as dit tout à l'heure, si on se retrouve ici, c'est parce que tu joues l'Odyssée, la conférence musicale au Théâtre des Maturins. Est-ce que tu peux présenter en quelques mots ce spectacle et les parties prises de mise en scène ?

  • Speaker #0

    Alors, Odyssée, la conférence musicale, c'est une idée qui vient... d'un concours lancé par l'ECM, pour les sortants de l'ECM, avec Compote de Prod aussi. Il fallait présenter 10 minutes, 10 minutes d'un spectacle musical. Et on était avec Julie Costanza, ma partenaire dans Odyssée, on était sur la famille Adams à ce moment-là. Et on était dans l'ensemble, donc on faisait des ancêtres derrière, on commentait un peu ce qui se passait, on commentait ce qui se passait devant nous. Puis on en avait un peu marre, on s'est dit, viens, pourquoi nous on ne ferait pas un spectacle où nous aussi on serait des personnages principaux et où on jouerait plein de personnages ? Et bien c'était parti, et moi je lui ai dit, moi j'ai fait des études d'histoire, donc du coup je connais un peu l'Odyssée, l'Odyssée c'est génial, il y a plein de personnages, viens on se fait ça. Et donc du coup c'est né de ça, donc on s'est lancé, on a fait 10 minutes, on a présenté 10 minutes au concours, on a gagné, et maintenant ils nous ont dit, on veut le spectacle complet pour l'année prochaine. Donc là, on s'est dit, il faut mettre les bouchées doubles, ça y est, on y va, il faut bosser comme des dingues. Donc, on a demandé à Stéphanie Gagneux de nous aider à la mise en scène. Simon Galland, qui nous a beaucoup aidé aussi au niveau des bruitages, des bandes-sons. Et moi, je me suis occupé du texte. Stéphanie m'a beaucoup aidé. Et Julie s'est occupée de la composition musicale. Et on a créé ça et on a fait donc... Les Trois Bornes, la comédie des Trois Bornes, on a fait le Lucerner, on a fait la Huchette et on a refait le Lucerner. Et maintenant, on est au Théâtre des Maturins jusqu'au 5 janvier et on a déjà fait deux grosses tournées. Donc, on en est à peu près à 200, je crois qu'on a 260 représentations à peu près. Pour décrire le spectacle, c'est en tout cas le parti pris qu'on voulait, nous, c'est de raconter cette histoire de l'Odyssée, mais de la raconter avec un prisme actuel où d'un seul coup, comme ça, les enfants, ils ont l'histoire. parce que c'est un spectacle tout public. Les enfants, ils ont l'histoire d'Odyssée, l'histoire d'Ulysse, le héros. Et en même temps, on met des clins d'œil, des clins d'œil actuels pour les parents qui, d'un seul coup, comment je pourrais dire ça ? On égratigne un peu la figure du héros. Le héros, en fait, il n'est pas si héros que ça. Surtout qu'il a fait ce qu'il a pu. Et puis, on le remet quand même un peu en cause. Parce que le héros, le héros, en attendant, il est quand même... Il est resté 7 ans chez Calypso. Enfin, il est resté beaucoup... Tu vois, il s'est tapé, on peut le dire un peu comme ça, il s'est tapé beaucoup de nanas alors que sa femme l'attend patiemment à la maison et défend sa place en plus de ça. Et donc voilà, on voulait changer aussi un peu les codes. Donc c'est un conférencier qui vient, qui fait une conférence, l'attaché culturel l'a invité, l'attaché culturel commence à prendre un peu trop de place dans la conférence et ça se barre en délire musical où le conférencier et l'attaché culturel font tous les personnages. Le personnage d'Ulysse est interprété par le conférencier. très misogyne et d'un seul coup vers le milieu du spectacle il y a l'attaché culturel qui dit pourquoi c'est vous qui faites Ulysse pourquoi ce serait pas moi en fait et donc du coup ça revient ça requestionne aussi la place du héros pourquoi ce serait pas une femme qui ferait aussi le héros en fait à ce compte là enfin voilà moi j'ai envie que les gamins ils ressortent de là et se disent bah ouais qu'une petite fille de 7 ans qui qui est venait juste voir l'Odyssée, qui ressort et qui se dit en fait, moi aussi, je peux être le héros, je peux être le héros de mon histoire, moi aussi, je peux, d'un seul coup, je peux gérer ma vie, et je peux, en étant une femme, en étant un homme, en étant n'importe qui je veux, j'ai envie de faire ce que je veux de ma vie.

  • Speaker #1

    Est-ce que, alors attention, je vais dévoiler quelque chose, mais on peut quand même s'arrêter sur le fait que vous interprétez tous les deux une somme de personnages impressionnants ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça, on peut en parler sans problème. Toi,

  • Speaker #1

    tu joues quand même, tu passes de Hermès à Circé, à... au conférencier, tu peux nous en parler un peu ?

  • Speaker #0

    Pour moi, celui que j'adore faire, c'est Hermès. parce qu'il a un petit cheveu sur la langue et puis il parle un petit peu comme ça. Il est très pestouille. Dans l'écriture, à la base, Hermès, dans l'Odyssée, il n'est pas très présent. C'est juste qu'on avait fait une scène, on commençait par la première scène, c'était le Conseil des Dieux et au début, on l'avait mis au tout début. Donc ça fait 7 ans que Ulysse est retenu chez Calypso et il faut qu'il rentre. Et le Conseil des Dieux, c'est qu'est-ce qu'on décide ? Il rentre, il ne rentre pas. Et c'était Hermès, dans la vraie Odyssée, c'est Hermès qui gère un peu, qui est le messager des dieux, donc c'est lui qui gère... Il parle, il donne la parole. Et j'ai commencé à trouver un peu ce personnage, un peu à la Dominique Besnéard, avec un petit chiffet sur la langue et puis qui dit toujours des vérités. Mais il dit des vérités, mais il le dit d'une façon où c'est marrant. Et on s'attache beaucoup à ce personnage. Et on s'est dit, tiens, vas-y, on le garde. Et d'un seul coup, il a pris une place. Et après, il est dans le récit, il parle de l'Odyssée à un moment donné. ouais moi j'aime beaucoup ce personnage là et il tranche beaucoup avec Circé la magicienne qui moi je me suis inspiré de Fanny Ardant parce que moi j'adore Fanny Ardant pour moi c'est une icône et ouais je trouvais ça marrant de se dire bah ouais la Circé qui se trimballe avec son saucisson et qui transforme les compagnons d'Ulysse en cochons bah elle pourrait avoir aussi une une certaine fragilité mais c'est marrant c'est hyper marrant de se de se de switcher d'un personnage à l'autre en moins de 5 secondes parce que des fois les changements sont très très rapides Alors là on se trouve dans le Théâtre des Maturins.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, on se trouve dans le hall du Théâtre des Maturins qui se situe à côté de Saint-Nazare Opéra. Et c'est là où nous on joue Odyssée, la conférence musicale. Et je vais vous faire une petite visite.

  • Speaker #0

    On y va.

  • Speaker #1

    Donc moi j'ai eu la chance de jouer dans ce théâtre-là il y a quatre ans dans Dernier coup de ciseau, une pièce de Sébastien Azopardi. Donc là on descend, donc c'est moquette rouge. Et les petits panneaux dorés, c'est assez classe. Et là, je pense qu'ils sont en train de monter. Oui, c'est ça. Coucou, Blandine. Ça va ? Oui, ça va. On fait une petite balade. Voilà, on ne te dérange pas plus longtemps. Ok, merci. Là, ils sont en train de monter. Je pense que c'est Pinocchio, c'est ça, c'est Pinocchio ? Pinocchio, un jeune public qui joue à 14 heures. Et donc ça, on est dans la grande salle des Maturins. Je vais te montrer le lieu. qui moi je trouvais magnifique, ils l'ont refait à neuf là il n'y a pas longtemps.

  • Speaker #0

    Une salle à l'italienne ?

  • Speaker #1

    Tout en rouge et avec un lustre magnifique avec des vitraux. Bon là il n'est pas éclairé mais quand il est éclairé il est vraiment très très beau.

  • Speaker #0

    Un peu art déco ?

  • Speaker #1

    Exactement, art déco, très très beau. Donc voilà, J'ai des bons souvenirs dans cette salle avec Dernier Coup de Ciseau. Au bout d'une heure, la salle s'allume et c'est les spectateurs qui font le show. Autant que les comédiens. C'était après le confinement. Il y avait un truc de qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais continuer d'être comédien ? Est-ce que je vais faire tout ça ? Et puis, un message de Sébastien à Zopardi qui me propose de passer l'audition. Je viens là, je passe l'audition. Un mois et demi après, j'étais sur scène. Et une super expérience. J'ai rencontré des... des personnes vraiment super, des comédiens qui jouent la mort. Salomé Talaboulma, Domiti Biore, Laurent Huny, je trouve que c'est vraiment des comédiens qui envoient vraiment du bois. Et de se dire qu'on fait partie de cette équipe-là, des gens qu'on a admirés sur scène et que maintenant on joue avec eux...

  • Speaker #0

    Parmi tous les rôles que tu as joués, est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ?

  • Speaker #1

    Moi je trouve que le rôle de Max que je joue en ce moment au théâtre de la Gaîté, il m'a beaucoup beaucoup plu. parce que c'est vraiment un personnage où tu peux jouer la comédie, tu peux jouer en même temps, il se passe des choses complètement tragiques dans son parcours et l'interaction avec le public, il y a tout à jouer et c'est un vrai cadeau, un vrai plaisir de jouer Max dans l'embarras du choix. Et donc là on descend et donc juste en dessous de cette grosse salle, il y a la petite salle... qu'ils appellent aussi le studio Maturin. Et c'est là où nous, on joue Odyssée. Donc, pour l'instant, je suis le premier à être arrivé. Donc, on est dans une salle, c'est une salle de 85 places, 84 je crois, qui est toute mimie. et qui pour nous est idéal pour Odyssée parce que on a vraiment un rapport, les gens au premier rang ils sont à 20 centimètres de nos tronches et en plus de ça on a installé des micros cette année donc du coup il y a une ambiance, il y a un super système son dans cette salle et donc du coup les chansons s'envoient vraiment du bois, on sent qu'on est vraiment soutenus donc je vais te montrer un petit peu donc là on a les sièges J'en ai les petits strapontins, magnifiques, tout en rouge. Et on a la petite régie de Bernard. Donc Bernard, c'est notre régisseur qu'on appelle Bernard dans la conférence musicale. Et là, il a sa petite cahute qui se trouve cachée. Donc il ne voit pas la scène, il nous voit grâce à une caméra. Donc je vais te montrer la petite cahute de Bernard. Et c'est par là. Alors, est-ce que j'arriverai à l'allumer, cette petite régie ? Ouais, bon, voilà, c'est pas encore... On est avant tous les shows, donc tout est encore un peu en sommeil. Mais ça va se réveiller très, très vite. Donc, notre Bernard, il est tellement important pour notre spectacle. C'est vraiment un troisième personnage, il balance des tops. Il balance des top hyper précis. Pour nous, c'est vraiment un personnage comme Marie-Louise et comme René. Et puis, on a la petite loge qui est là. Toute petite qu'on partage avec d'autres spectacles aussi.

  • Speaker #0

    Je reconnais des costumes emblématiques de la pièce.

  • Speaker #1

    Les vestes des conférenciers, la cuirasse d'Ulysse, la robe de Circé, la grosse fourrure d'Hermès. Et puis, le gros costume bon là il est il est retourné mais c'est la grosse peau de bête du cyclope parce que le cyclope il envoie quand même il envoie du bois quoi c'est Julie Julie Costanza qui fait qui fait le cyclope et elle le fait divinement bien et bien sûr on a Molière derrière qui qui

  • Speaker #0

    nous salue qui porte chance qui porte chance donc on le garde avec nous lui est-ce que t'as des rituels avant de monter sur scène puisqu'on est dans les loges justement

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, c'est de quitter un peu ma peau, quitter Jean-Baptiste. Je m'enlève mes lunettes, je me mets mes lentilles, depuis peu maintenant, parce qu'il y a beaucoup d'interactions avec le public, donc il faut voir un peu les gens, surtout dans l'embarras du choix. Avec des lumières assez tamisées, si d'un seul coup je m'adresse à quelqu'un, je lui dis Hey toi, Brenda, aide-moi, bébé, pas bébé Et en fait, il se trouve que Brenda, c'est Brandon. Du coup, si d'un seul coup c'est un mec... J'ai déjà fait plusieurs fois l'erreur et je me suis dit qu'il ne faut plus jamais que je fasse ça. Donc maintenant, j'ai des lentilles et puis j'enlève mes boucles d'oreilles. Et puis, on se coiffe. Julie, elle se maquille, moi je ne me maquille plus. Elle trouve que c'est injuste que ce soit que les femmes qui se maquillent. C'est vrai qu'elle a raison. Mais voilà, moi je fais juste ça. On se fait un petit toy-toy avec Julie et avec Bernard. Et puis après, on... on lance la conférence.

  • Speaker #0

    Et donc au plateau, tu peux nous décrire un peu le décor de l'Odyssée en quelques...

  • Speaker #1

    On a un paperboard qui va être à court, un paperboard avec toutes les imageries de l'Odyssée. On a plein de cubes, on en a six qui sont au centre et qui nous aident à faire un trône, un bateau, une autre... poupe de bateau, des rochers, une entrée de grotte. Ça, c'est vraiment Stéphanie Gagneux, c'est une idée de Stéphanie Gagneux, la metteuse en scène, qui a trouvé cette idée des cubes qui, en fait, est une idée très efficace. Parce que on ne pouvait pas, avec le nombre de lieux, le nombre d'accessoires qu'on avait, c'était impossible d'avoir un vrai bateau, d'avoir un vrai trône. Et qu'en fait, les cubes, on fout une voile sur un cube, et ça te fait un bateau. avec des super lumières de Mathilde Meunier, qui a créé ça. On met une couronne, ça fait un trône. On remet une autre lumière, ça fait l'entrée de la grotte du Cyclope, ou les rochers de la caverne de Calypso. et à Jardin on a une carte de la Méditerranée où du coup ça c'est vraiment le support pour René le conférencier où on suit le parcours d'Ulysse dans la Méditerranée avec les différents points l'île des Lotophages, le Cyclope, Calypso ça on s'est inspiré d'un mec qui s'appelle Victor Bérard, c'est un historien si je ne dis pas de bêtises du 18ème ou du 19ème, pardon c'est du 19ème qui a tenté de retracer le parcours de l'Odyssée et on sait que l'Odyssée c'est un mythe donc c'est pas forcément retraçable et lui en fait il s'est dit il y a des petits indices dans l'Odyssée qui nous disent que la grotte d'Eucalyptus elle était sûrement là que Caribe des Silas ils sont ici le cyclope Peut-être que l'œil du cyclope, c'était le trou d'un volcan et qu'en fait, ça se situe au pied d'un volcan. Et qu'en fait, pour eux, le cyclope, les Grecs, le volcan représentait le cyclope. Et ce Victor Bérard, il a fait un parcours. Il a été un peu pris pour un fou à l'époque. Mais nous, on s'était dit, il faut que les gamins aient un support et qu'ils se disent où est-ce qu'on est. Et on s'est dit, tiens, c'est la meilleure idée. Donc, on a une carte de la Méditerranée à Jardin. Et puis après, on a une multitude d'accessoires et de costumes.

  • Speaker #0

    Et donc, cette comédie musicale a donné lieu à l'enregistrement d'un disque.

  • Speaker #1

    Et exactement, on l'a enregistré cet été et on le vend à la fin du spectacle. Et on peut même le vendre aussi par correspondance. Enfin, si en tout cas, il y a des gens qui veulent se le faire livrer, c'est pas de problème, il faut envoyer un mail à tourteprod.com. et pour 15 euros, vous avez un CD qui arrive chez vous.

  • Speaker #0

    Une fois n'est pas coutume, on va écouter un extrait de cette comédie musicale, de ce disque, la chanson de Circé que tu interprètes parmi d'autres personnages.

  • Speaker #2

    Oui, lui qui voyage et vient poser ses bagages. Oh, cochon grillé, c'est moi, Circé, approche-toi.

  • Speaker #1

    Petit marin,

  • Speaker #2

    et oublie tout chagrin, je vais te préparer ma spécialité. Horme et des cochons, tu seras Horme et des cochons, tu seras là de quoi te requinquer et te remettre sur pied en balle de kikéone, fait par la patronne. Orgeux, tu es égoûtante, tu seras orgeux, tu es égoûtante, tu seras. Bon appétit. Vous vous demandez quelle est cette mystérieuse passion, hein ? Ouais. C'est un simple kikéon que j'ai légèrement assaisonné. Mon secret ? Trois branches de datura, et les voilà transformées.

  • Speaker #1

    Eh bien quoi ?

  • Speaker #2

    Dans chaque homme, il y a un porc qui sommeille. Alors désormais, moi, je ne peux m'en empêcher. Je les ramène à leur état d'origine. Un homme de trépé-coujons sera un homme de trépé-coujons. Leur insuicité est la magicienne voyante un bohémien. Je peux vous lire la pire, me plonger dans vos souvenirs. Je travaille aussi à distance pour vous prêter assistance. Je fais les désenvoûtements par correspondance. Je transforme l'eau en vin, les hommes en porcins. Harry Potter n'invente rien, moi je fais ce métier depuis l'Antiquité. Merci de le voir, c'est Joseph Sainte. Je ne vois pas 22 heures. sans poction de garantie. Oh, c'est cesse, ma chance est amie.

  • Speaker #0

    Retour au café Gréfule. C'est un spectacle qui a reçu aussi des prix, tu peux nous en parler, deux prix notamment prestigieux, une nomination et un prix en...

  • Speaker #1

    Et on a eu la chance de recevoir le trophée de la Comédie musicale jeune public 2022. il me semble et c'était une super fierté on était face à des à des spectacles mais immenses des productions où ils étaient 10, 15 sur scène et on se dit bon ils ont été sympas ils nous ont nommés c'était pour on s'est dit bon ça nous fait une petite expérience et ça nous fait une petite visibilité et d'un seul coup le mec il sort l'enveloppe il dit bon bah voilà c'est Odyssée qui a gagné donc tu montes sur scène on n'avait pas prévu de discours rien du tout ça a été chouette parce qu'une vraie reconnaissance euh auprès du public et auprès du milieu. Et il y a beaucoup de gens du milieu qui nous ont dit Ah bah super, tiens, j'ai envie de venir le voir Voilà, comme si d'un seul coup, ça nous estampillait un petit label. Et puis l'année d'après, on a eu la chance d'être nommé au Molière, donc c'est encore un peu la cour des grands. Et pareil, on était face à des bateaux, et là, on s'est dit à des paquebots, et on s'est dit ça, c'est pas possible Et là, on a eu raison, parce qu'on ne l'a pas eu, mais rien que la nomination, ça nous a... Ça nous a fait chaud au cœur. On s'est dit, putain, bah oui, notre spectacle, notre travail, il mérite d'être vu en tout cas. Et on remercie vraiment, on remercie les Molières, on remercie les trophées de la comédie musicale, parce que sans eux, je pense qu'on ne pourrait pas être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ce spectacle, pour certains enfants, c'est parfois la première rencontre avec le théâtre, puisque c'est quand même une cible qui est très jeune pour l'Odyssée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est à partir de 7 ans.

  • Speaker #0

    Comment toi tu l'envisages de te dire que dans la salle il y a des enfants qui peut-être vont rencontrer le théâtre et en faire soit une passion ou leur métier ? Est-ce que ça fait écho à ton propre parcours à toi et comment tu l'envisages ?

  • Speaker #1

    Ah ouais complètement. Moi je me dis de toute façon il faut toujours jouer pour tout le monde. Et si en plus il y a un gamin qui est dans la salle et que c'est la première fois qu'il vient, je trouve ça génial. Parce qu'on commence le spectacle comme une sorte de conférence et qu'il se casse la gueule. Donc c'est un peu comme un accident. Et la plupart du temps ça marche. Et en fait, le gamin, il ne sait pas où il est. Il est vraiment encore entre eux. Il est dans la réalité. C'est-à-dire un mec qui monte sur scène et qui se fait couper par quelqu'un dans la salle. Et le gamin, il ne comprend pas ce qui se passe. Et c'est vrai, ce n'est pas vrai. Il joue, c'est des conférenciers, c'est des comédiens. Et au fur et à mesure, il se rend compte qu'on fait tous les personnages. Donc oui, on est des comédiens. Mais c'est ce petit moment qui peut être très, très court de se dire c'est la réalité, ce n'est pas la réalité. Et c'est ça que j'adore. Et de se dire que le gamin, si on a pu l'embarquer... si on a pu lui faire croire que c'était vrai pour moi c'est gagné et si d'un seul coup ça peut pousser les enfants à aller se former et à faire de la comédie musicale, ben banco les gars allez-y, allez-y,

  • Speaker #0

    il y a de la place pour tout le monde Est-ce que ce spectacle t'a donné envie toi d'écrire et de passer à la mise en scène de maîtriser tous les paramètres est-ce que ça a été un argument pour toi pour avancer de ce point de vue là ?

  • Speaker #1

    En tout cas ça nous a conforté dans le sens on se dit bon, notre travail vaut quelque chose C'était la première fois que j'écrivais, la première fois que Stéphanie mettait en scène, c'était la première fois que Julie composait. Donc c'était un peu notre première. Et on s'est dit, pour un premier essai, c'est pas si mal. Et moi, du coup, ça m'a rassuré. Je me suis dit, j'ai envie de continuer à raconter des histoires. Donc peut-être pas au niveau de la mise en scène pour l'instant, mais encore au niveau de l'écriture, je pense, et de l'interprétation. Donc là, je suis en projet pour un autre spectacle. avec Stéphanie Gagneux, du coup, la metteuse en scène. Un solo un peu autobiographique avec plein de personnages, pareil que l'Odyssée, où ça va switcher très vite. Où je serai seul en scène et où ça raconterait un peu l'histoire d'un gamin de Haute-Saône qui monte à Paris pour faire de la comédie musicale.

  • Speaker #0

    Justement, le podcast arrive pile au bon moment, avant que ce spectacle soit terminé, écrit et joué. Parce que ça raconte ton passage d'un milieu complètement éloigné de celui dans lequel tu évolues aujourd'hui. Est-ce que... Est-ce que c'est quelque chose aujourd'hui que tu vis particulièrement, que tu sens encore aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une question, je ne sais pas, on parle souvent des transfuges de classe, etc. Est-ce que tu le sens ça ? Est-ce que tu le vis au quotidien ça ?

  • Speaker #1

    Je pourrais me sentir comme un transfuge de classe, mais à une échelle très très basse. Je ne suis pas comme les... Enfin, il y en a beaucoup. Moi, je voudrais être voir Louis. qui d'un seul coup a changé totalement de milieu. Au fond de moi, je pense qu'il y avait une voix qui me disait Reste pas là, reste pas là, il y a d'autres choses à vivre. Il y a une autre vie qui t'attend. Et j'ai décidé de le prendre assez vite. Et oui, ça me touche beaucoup parce que d'un autre côté, il y a aussi toute la question de la culpabilité, de se dire On a quitté un milieu, on a quitté une famille, des liens, des liens très forts et en fait on les a quittés, mais c'est pour vivre notre vie. Donc d'un autre côté, bah oui, heureusement qu'on l'a quitté. Et d'un autre côté, tu te dis, bah en fait, on n'est pas là. On n'est pas là quand les autres se retrouvent. Donc à un certain moment, on quitte quand même le groupe. Et puis surtout dans ce spectacle-là aussi, je vais parler de ce milieu paysan, surtout avec la figure du père, que je me suis inspiré beaucoup de mon père. Le milieu de la comédie musicale n'est pas... Tout blanc et le milieu paysan n'est pas tout noir. Il y a des nuances partout en fait. Il y a des paradoxes partout. Et ce n'est pas j'ai quitté l'enfer pour arriver au paradis. Non, c'est juste que j'étais dans un milieu où je ne me sentais pas à ma place et que j'avais envie de vivre autre chose. Parce que c'est souvent ça aussi, on fait souvent l'amalgame. On se dit voilà, on a quitté quelque chose de pas bien pour arriver dans quelque chose de bien. Non. chacun a sa propre vérité, chacun avance. De se dire, en fait, ça me touche beaucoup les gens qui essayent et qui veulent et qui peuvent changer de vie, changer de milieu. Parce qu'être fils de paysan dans un village de 200 habitants et de se dire que 15 ans après, on joue dans des théâtres parisiens prestigieux, des super pièces à succès. C'est pas forcément envisageable dans la tête d'un gamin de 15 ans.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es un homme engagé ? Et si c'est le cas, c'est quoi pour toi être un comédien engagé ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pièce que j'ai écrite, Odyssée, la conférence musicale, il y a un vrai engagement. C'est un engagement petit. Mais un engagement quand même, au niveau, bah ouais, on dénonce, par exemple, Eol, Eol, il a des traits de dictateur russe actuel, à la place de la femme, dans la société, elle est beaucoup questionnée aussi. Et je me dis, bah ouais, en fait, c'est aussi un engagement, juste de faire questionner. Je ne suis pas du genre à aller au manif et des fois je culpabilise en me disant mais j'aurais dû aller à cette manif et à prendre un peu plus de part dans l'univers politique. Mais je me dis à mon niveau, moi aussi j'essaye de changer un peu les choses. Et après sur les pièces où je ne suis pas auteur, je suis le texte. Donc on est quand même obligé de dire le texte des autres. Donc on ne peut pas faire n'importe quoi. J'essaye de mettre quelques clins d'œil, de se dire, ne nous prenons pas au sérieux. Peut-être l'engagement, c'est peut-être ça aussi, un certain engagement de se dire, on ne se prend pas au sérieux en fait, il n'y a pas mort d'homme. Moi je monte sur scène, je ne vais pas opérer un cœur. Je vais essayer de faire passer du bon moment à des gens. Et si en plus je peux faire passer des messages, c'est encore mieux.

  • Speaker #0

    La dernière question, ce n'est pas une question, c'est le mot de la fin. Donc tu peux utiliser les prochaines minutes pour parler directement aux futurs auditeurs du podcast.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est gentil d'avoir écouté notre entretien avec Anthony. au café-restaurant Le Greffulhe. J'espère que ça vous plaira. Et en ce moment, si vous voulez me voir en vrai, et pas juste ma voix, je suis en ce moment au théâtre des Maturins, avec Odyssée et la Conférence musicale, et tous les week-ends et tous les jours des vacances scolaires, et au théâtre de la Gaîté Montparnasse, dans L'Embarras du Choix, une pièce de Sébastien Zopardi. et Sacha Danino, mis en scène par Sébastien Zopardi, où je joue le personnage de Max, qui se pose beaucoup de questions, le jour de ses 35 ans, et qui ne sait pas choisir, et qui va demander au public de choisir à sa place. Merci beaucoup, et bonne écoute !

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter un épisode du podcast Parlons Plus Bas.

  • Speaker #1

    Cette émission est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Réalisation Anthony Chenu

  • Speaker #2

    Voix off Justine Leroux

  • Speaker #1

    Pour échanger avec nous, rendez-vous sur le compte Instagram de l'émission.

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