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Partir, le podcast voyage et expatriation

Fille de diplomate : grandir à travers les pays - Narmine

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49min |15/08/2024
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Fille de diplomate : grandir à travers les pays - Narmine

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49min |15/08/2024
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Description

Elle a habité dans 5 pays depuis qu'elle est née, qui plus est sur 2 continents différents.


Voici aujourd'hui l'histoire de Narmine !


Son père étant diplomate, il est muté tous les 5 ans environ dans un nouveau pays et Narmine a, par conséquent, suivi le mouv.

On a jusqu'ici parlé de celles et ceux qui partent de leur plein gré, mais dans ce cas là, les enfants suivent juste les parents sans trop avoir le choix.

Elle a donc habité en Tunisie (son pays d'origine), à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en France.

Mais du coup, comment on se construit quand on a des nouveaux environnements et repères tous les 5 ans ?

Qu'il faut sans cesse se réhabituer ?


Et aussi, est-ce qu'il y a une culture laquelle on s'identifie ? ou un pays où on se sent chez soi ?

Perso, en ayant toujours habité en France, et en ayant habité 18 ans dans la même ville, c'est cette ville là que je considère comme mon "chez moi".

Mais si on change tout le temps, ça donne quoi ?

Narmine nous explique tout ça, et nous parle des pays qu'elle a préféré, de ses difficultés et comment ce parcours l'a aidé à avancer dans la vie.


Bonne écoute !


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Si cet épisode t’a plu, tu devrais aussi aimer : https://podcast.ausha.co/partir/vivre-dans-plusieurs-pays-hortense




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous et bienvenue sur Partir, le podcast qui vous montre comment ça se passe d'aller vivre dans un autre pays. Et aujourd'hui, épisode un petit peu différent, parce que jusqu'ici, on a découvert des personnes qui partaient de leur plein gré, mais on n'a pas parlé de celles et ceux qui suivent leur famille, ou qui sont, voilà, par exemple, enfants de parents qui, eux, partent à l'étranger. Et ben, ça a été le cas de Narmin, qui, elle, est fille de diplomate, donc elle a habité dans cinq pays depuis qu'elle est née, et qui plus est, sur deux continents différents. Donc c'est vraiment... construites à travers différentes cultures, différents modes de vie. Et je me demandais, quand on bouge autant, est-ce qu'il y a un pays auquel on se sent appartenir ? Et comment, ouais, on se construit au milieu de toutes ces cultures ? Comment on se réadapte à chaque fois ? Et du coup, voilà, Narmin nous explique un petit peu tout ça dans cet épisode. Donc je vous laisse découvrir son histoire et je vous souhaite une bonne écoute ! Salut Narmin ! Merci de prendre du temps pour faire ce petit... épisode de podcast avec moi. J'ai hâte d'entendre ton parcours, ton histoire et que tu m'en dises un petit peu plus parce qu'au final, on n'en a pas hyper beaucoup parlé de tout ça, même si on se connaît depuis maintenant quelques années. Donc toi, t'es fille de diplomate, tu as du coup habité dans plusieurs pays depuis que t'es née.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc tu vas pouvoir nous raconter un petit peu tout ça, ce que ça fait d'habiter dans plusieurs pays, de se réadapter, ton parcours, etc. Et pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer comment ça se passe quand tu es fille de diplomate ? Quel est un peu le fonctionnement d'être diplomate et une vie de diplomate ?

  • Speaker #1

    Ok, alors déjà merci pour l'invitation. C'est hyper cool. Et ensuite, comment ça se passe être enfant diplomate ? Ça dépend des pays. Moi, je suis enfant diplomate d'une famille tunisienne. dépendant des pays, il y a différentes lois, etc. Nous, en Tunisie, comment ça se passe ? C'est qu'on fait 5 ans, voire 6 ans à l'étranger, ensuite on doit rentrer 1 an ou 2 en Tunisie, et après on repart encore pour des missions, 5-6 ans, etc. Donc plusieurs missions, ça peut aller jusqu'à 4 missions, donc au final jusqu'à à peu près 20 ans d'expatriation, on va dire, où on est envoyé pour aller faire des missions à l'étranger.

  • Speaker #0

    Merci. Ok, et du coup, toi, tu as habité dans quel pays ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai habité à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en Tunisie. Et maintenant, je suis en France.

  • Speaker #0

    Voilà, tu as fait un petit peu le tour, c'est ça. Et tu es née en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Je suis née en Tunisie. Juste après, je suis allée à Malte.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge quand tu as été à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense un an.

  • Speaker #0

    Tu étais petite ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense 4-5 ans. Avec ma mère, on faisait énormément d'aller-retour, comme j'étais pas encore en cours. Donc je dirais que j'étais moitié Malte, moitié Tunisie. Et c'est vraiment juste à côté. C'est à, je crois, 1h30 de vol. Ah oui ? Oui, donc c'est vraiment, vraiment, vraiment à côté.

  • Speaker #0

    Et tu t'en rappelles aujourd'hui un petit peu de ta vie à Malte ?

  • Speaker #1

    Des petits flashs, vraiment des petits flashs. Surtout quand je vois les vidéos. Les vidéos, non, pas des vidéos. Quand je vois des albums, photos avec ma famille, etc. Oui. Mais sinon, je ne me rappelle pas très,

  • Speaker #0

    très bien. Oui, ça te rappelle. Tu as des petits flashbacks. Oui. Mais pas tant que ça. Ils parlent quelle langue à Malte ?

  • Speaker #1

    Anglais et maltais. Ils ont une langue locale. Donc, il y a un mélange un peu d'arabe, d'italien. C'est très rigolo.

  • Speaker #0

    OK. Et du coup, toi, avec tes parents, dans ta vie quotidienne, dès que tu es petite ? Tu parles donc tunisien et anglais aussi ? Alors oui,

  • Speaker #1

    du coup comme je suis allée à Malte, comme c'était de l'anglais là-bas, directement j'étais directe à bilingue anglais-arabe. Et quand je suis rentrée en Tunisie voir ma famille, ma grand-mère, etc. il y avait des périodes où je ne savais plus parler arabe tellement je parlais anglais. C'est ce que ma mère me rappelait.

  • Speaker #0

    Tu sais déjà que tu étais la tête dans l'anglais.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc depuis toute jeune dans l'anglais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après être allée à Malte, vous revenez pendant la disparaissance en Tunisie. Oui. Ensuite, vous allez aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ensuite, mon père a été muté aux Pays-Bas pendant six ans. Et là, du coup, j'ai vécu une partie du primaire et une partie du collège aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment, du coup, pour ta scolarité ? Tu es dans des établissements spéciaux, c'est comment ?

  • Speaker #1

    C'est des lycées français à l'étranger, donc c'est payant. Et généralement, il y a pas mal de diplomates, d'expatriés, de Français qui habitent sur place, notamment des enfants de profs. Par exemple, aux Pays-Bas, il y avait énormément de personnes qui travaillaient sur place, et c'était des Français qui avaient fait ce choix-là, de demander à leur boulot, donc de déménager, etc.

  • Speaker #0

    Donc, aux Pays-Bas, tu étais de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #1

    À peu près, je pense, de mes 10 ans jusqu'à... voire même 9 ans, jusqu'à mes 14 ans,

  • Speaker #0

    un truc comme ça. Oui, donc là, tu es déjà un peu plus âgée. Tu t'en rappelles du coup un petit peu plus. Oui,

  • Speaker #1

    je m'en rappelle.

  • Speaker #0

    Ça se passe comment d'être à l'école, aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué, parce que comme j'avais vécu vraiment en Tunisie, je ne parlais pas très bien français, donc je confondais par exemple énormément un et une. J'avais du mal à m'exprimer vraiment clairement en français. Donc quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué de m'intégrer. Les enfants, c'est méchant. Donc, j'ai vécu... J'avais du mal à m'intégrer, j'avais du mal à rentrer dans le cercle. Et je l'ai très, très mal vécu. Mais bon, ça m'a forgé, donc voilà. Et ensuite, j'avais cumulé pas mal de lacunes parce que je n'ai pas directement commencé dans le système français. Avant d'arriver aux Pays-Bas, j'étais dans le système tunisien. Donc, je parlais arabe, en cours, etc. Donc, il fallait vraiment que c'était une adaptation complète.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais appris le français avant d'arriver aux Pays-Bas dans des écoles françaises ou tu as appris sur place là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai appris avant, comme le français c'est une langue obligatoire dans l'éducation en Tunisie. Mais aussi ma mère m'a fait prendre des cours particuliers, tout le temps, vraiment très intensifs. Pour que quand j'arrive, parce qu'en fait il savait que j'allais partir et qu'il fallait absolument que j'apprenne le français, que je sois au taquet. Et du coup j'ai fait des cours intensifs pour être à peu près... à peu près un niveau, sauf que, en fait, entre faire une formation et être sur place et vraiment pratiquer avec des personnes, c'est vraiment leur langue, c'est pas pareil. Donc, il y a eu vraiment un décalage entre, voilà, moi en Tunisie qui parle français et quand je suis arrivée, que j'étais avec des vrais français, voilà.

  • Speaker #0

    Ouais, forcément, il y a un petit écart de langue, c'est pas la même manière peut-être de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, dans tes cours, c'était français, et dans la vie quotidienne, du coup, c'était quelle langue ?

  • Speaker #1

    Au Pays-Bas ? Au Pays-Bas, à l'extérieur c'était le néerlandais, à la maison c'était l'arabe, et au lycée c'était le français. Et puis le néerlandais au début, je parlais pas néerlandais forcément quand je suis arrivée, je parlais anglais, donc c'était plus anglais les premières années, et en fait quand on est jeune vraiment on capte très rapidement les langues etc. Donc mes parents ils m'ont vachement fait participer à des sports etc. où j'ai été coachée par des néerlandais, et je pense que c'est vraiment C'est ça qui m'a poussée que j'apprenne le néerlandais. J'ai toujours été entourée, en fait, dépendant des environnements, de plusieurs langues, etc.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment dans ta tête, au milieu de toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    Plus jeune, t'es un peu perturbée, je dirais, parce que du coup, dans ta phrase, tu mélanges, enfin, tu peux dire vraiment un début de phrase en arabe, à la fin c'est anglais, et puis tu réfléchis en français, enfin, c'est un peu compliqué. Puis en fait... petit à petit avec le temps ça se restructure tu avances le niveau ton niveau augmente et voilà après bon ça arrive toujours d'avoir des blagues mais ça va quand même quand tu es quand tu as des mots de tous les côtés qui doivent user même

  • Speaker #0

    de réfléchir dans une autre langue et parler dans une autre langue et entendre une troisième langue c'est vrai c'est vrai mais quand on est jeune vraiment une capacité à apprendre qui est incroyable parce que

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte aujourd'hui que j'ai réussi à apprendre des langues, mais vraiment très rapidement, et être vraiment très à l'aise rapidement. Chose qu'aujourd'hui, je pense que j'aurais un peu plus de mal si j'allais vivre par exemple en Espagne et qu'il fallait que j'apprenne l'espagnol. Je l'apprendrais certainement parce que les personnes, je pense, qui ont plusieurs langues en tête, ils ont plus facilement le truc pour apprendre. Mais je n'aurais pas autant de facilité. Je ne vais pas l'apprendre en un an fluide, écrire,

  • Speaker #0

    lire. Ça prend un tête. un peu plus de temps que quand t'es plus jeune. C'est vrai que c'est fou les enfants de la rapidité où t'assimiles les choses,

  • Speaker #1

    t'envisages très tôt, très de ouf.

  • Speaker #0

    Et la vie aux Pays-Bas, ça se passe comment ? T'aimes bien ? Tu t'y sens bien ?

  • Speaker #1

    C'était trop bien. Dans mon lycée, personnellement, ça se passait pas bien. Dans mon environnement avec les personnes avec qui j'étais, j'arrivais pas à m'adapter, j'arrivais pas à rentrer dans le cercle. Mais à l'extérieur, ça se passait bien parce que mes parents ont toujours vraiment tenu à ce que je fasse une activité. culturel ou sportif ou quoi et à l'époque je faisais de la natation et je faisais des plongeons artistiques donc c'était vraiment très stylé et je faisais des compétitions c'était trop bien et c'est des personnes hyper ouvert d'esprit très agréable vraiment les néerlandais très très agréable toutes les religions sont acceptées peu importe comment tu es, la couleur de ton peau, les origines, ce que tu as vécu comment tu es, c'est accepté en fait tant qu'on se respecte l'un et l'autre et ben c'est ok En fait, ils ne viendront jamais dire pourquoi tu mets du jaune avec du rouge.

  • Speaker #0

    Oui, ils sont hyper tolérants.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    accueillant, tant que tu peux être toi-même avec eux. Ouais, ça peut être appréciable.

  • Speaker #1

    Mais, à côté de ça, c'est quand même des personnes assez carrées, dans le sens où, si par exemple, t'as pas le droit de faire pipi dans la rue, tu te prends une amende, t'as pas le droit de jeter ton chewing-gum dans la rue, les mégots, etc., ils sont vraiment très carrés, et y a pas de négociation, tu vas pas dire « Non, je suis vraiment désolée. » Non ! Tu te prends l'amende et c'est tout. Et c'est pour ça, je pense que c'est aussi propre, que les gens respectent la planète, etc. Ouais, c'est vraiment très, très cool, très chouette.

  • Speaker #0

    Par rapport à la Tunisie, tu sens du décalage au niveau des cultures, d'être passée à la Tunisie et d'être passée aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Énorme décalage. Ouais, il est vraiment pour le coup énormissime. Je ne saurais pas le décrire pour le coup, parce que c'est vraiment un décalage sur tout, matériel, financier, politique, social. Donc oui, c'est pas du tout comparable.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vis, toi, à ce moment-là, d'être dans... Bah, issue... d'un pays qui est totalement différent d'un pays où tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, quand t'es jeune, t'es vachement... En tout cas, moi personnellement, j'étais vachement centrée sur moi finalement. Et du coup, je pense que c'était pas quelque chose qui me dérangeait. C'était vraiment m'adapter à l'environnement dans lequel j'étais, etc. J'avais pas du mal à partir de la Tunisie à ce moment-là. Et... En fait, quand t'es jeune, tu le vis pas spécialement mal parce que t'es pas politisé, t'es pas... Enfin, t'as peut-être pas trop... conscience des choses finalement. T'es vraiment dans ta petite bulle, collège, lycée, frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Tu te souviens peut-être un peu de ce qui se fait autour de toi sans te reposer de questions. C'est différent, c'est pas pareil. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu le sais. Tu le sais. Et comme tu bouges jeune, tu le sais déjà très jeune. Donc, c'est pas comme quand t'as 25 ans que tu commences à voyager et là, t'as peut-être le choc. Moi, je pense que j'ai pas trop, trop vécu ce Ausha.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. construite dans la différence et dans ce genre de choses, tu l'as appris peut-être plus facilement.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et t'arrives quand même petit à petit à t'intégrer au lycée avec d'autres Français, à avoir un petit peu une vie sociale,

  • Speaker #1

    ou c'est compliqué ? Aux Pays-Bas ?

  • Speaker #0

    Ouais, aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Aux Pays-Bas, c'était ma dernière année, j'ai réussi à m'intégrer. Au début, j'avais vraiment pas de vie. C'était vraiment compliqué de m'intégrer. Je dirais que j'ai un peu vécu un un peu un harcèlement scolaire et j'en ai jamais parlé jusqu'à ce que...

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    jusqu'à ce que... Ah oui. J'ai compris ce que c'était, et du coup j'ai réussi un peu à poser les mots dessus, mais c'était vraiment très compliqué. J'étais pas... Par exemple, je me rappelle d'un truc, j'avais des amis qui faisaient une grosse... Boom ! Et ils avaient invité toute notre promo, et ils avaient dit, ah bah il ne reste plus de place, on ne peut pas t'inviter. Donc tout le monde était invité, et moi, il ne restait plus de place, je n'avais pas le droit d'être invité. J'avais dit, ok, pas de soucis, c'est pas grave. Et au final, j'étais super triste. Ils avaient vu que j'étais triste et ils m'ont invitée. J'avais tout le temps des petits trucs comme ça.

  • Speaker #0

    Tu ne te sentais pas intégrée dans le groupe. Oui, ça doit être compliqué, surtout à cet âge-là, quand tu es au collège-lycée. C'est encore plus les périodes où...

  • Speaker #1

    Très sensible. Oui, très sensible, où tu te construis. Puis, c'est compliqué parce que tu restes quand même dans le cocon familial. Du coup, tes parents, ils te protègent vachement. Et là, il fallait vraiment que je m'adapte à tout. Et j'étais en plus pas acceptée dans l'environnement, donc c'était un peu compliqué. Mais ça va, je m'en sors bien.

  • Speaker #0

    Au final, t'as pu te construire un peu autour de... Au-delà de ça,

  • Speaker #1

    etc. Ouais.

  • Speaker #0

    Tant mieux. Et du coup, après ta période aux Pays-Bas, retour en Tunisie, là t'es peut-être contente de revenir un peu en Tunisie, quitter ce groupe scolaire, tout ça, où ça se passe pas hyper bien ?

  • Speaker #1

    Bah, en fait, comme la dernière année, ça se passait super bien. C'était très compliqué pour moi, parce que j'ai enfin réussi à m'intégrer, à me sentir vraiment bien. dans mon environnement, je commençais à avoir des amis. Mes amis, elles commençaient... Enfin, on était un cercle d'amis. Ça se passait super bien. Donc, quand je partais, j'étais vraiment très triste. En plus, le pays, je savais que j'étais vraiment dans un pays incroyable et que j'allais certainement pas revenir. Du coup, quand je suis allée en Tunisie, ça m'a fait plaisir, bien sûr, de retrouver mon pays, de retrouver... C'est vraiment des cultures très différentes, le rapport les uns avec les autres. Les Tunisiens sont beaucoup plus chaleureux, par exemple. Voilà, ça fait... C'est la Méditerranée. Et en fait, finalement, on est arrivés en Tunisie. Au bout de 2-3 mois, j'étais déjà un peu passée à autre chose. En fait, quand tu voyages autant et quand tu vis dans plusieurs pays, t'es obligée de faire vite ton deuil parce que sinon, tu n'y arrives pas et tu ne t'adaptes pas au prochain pays. Du coup, t'as un peu la tristesse au début, mais ça part vite. Franchement, ça part assez rapidement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu sais peut-être qu'il y a déjà une prochaine étape qui va venir. Oui. Je dois passer à autre chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Puis j'ai été super bien intégrée en Tunisie. J'ai directement eu des amis. C'était vraiment... J'ai adoré mes années en Tunisie. C'était trop bien.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et après donc ton nouveau passage en Tunisie, cette fois c'est direction

  • Speaker #1

    Kenya. Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il peut nous raconter un petit peu le Kenya, comment ça se passe cette fois ?

  • Speaker #1

    Le Kenya c'était fou. Ouais. Parce que vraiment culture très différente de la Tunisie, de Malte, des Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Ouais là t'arrives dans encore quelque chose de totalement nouveau quoi.

  • Speaker #1

    Exactement, mais vraiment total dans le sens où l'environnement est complètement différent, notamment les bâtiments. Exactement. la langue, enfin ils ont aussi une histoire très différente. Par exemple, quand je suis arrivée, on parlait de tribus etc. C'est quelque chose que moi j'ai pas du tout connu en Tunisie ou même aux Pays-Bas, c'est vraiment très différent. Donc arrivé au Kenya, même par exemple la température, il fait à peu près beau toute l'année. En fait, il y a des périodes de pluie etc. Mais même le temps est différent. Enfin, la nature était différente, les forêts sont différentes. Vraiment, moi quand je suis arrivée, par exemple, la première chose qui m'a marquée, c'est qu'il y avait du sable rouge et j'en ai jamais vu. Et ça a quelque chose qui m'a marquée et je me rappelle, j'ai appelé mes parents et je leur ai dit « Y a du sable rouge ! »

  • Speaker #0

    Les petits détails qui marquent quoi !

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Donc du coup, ça doit vraiment faire un effet bizarre quoi, t'es là vraiment en terre inconnue.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. En fait, par exemple, ils utilisent les motos pour se déplacer, ils appellent ça « boda boda » . Par exemple, tu arrives à l'aéroport, il y a des personnes qui viennent te parler directement pour prendre tes bagages, pour les mettre. C'est vraiment quelque chose qu'en Europe, jamais de la vie, on descend dans l'aéroport. Genre, ils ne vont pas prendre tes affaires. Oui,

  • Speaker #0

    c'est chacun dans son point. Exactement.

  • Speaker #1

    Par exemple, quand tu fais tes courses, tu as quelqu'un qui met tes courses dans un sachet. C'est un employé. Genre, il passe sa journée à mettre tes courses dans un sachet.

  • Speaker #0

    C'est d'autres manières de faire. Exactement. Et t'as quel âge quand t'es arrivée au Kenya ?

  • Speaker #1

    J'étais assez...

  • Speaker #0

    T'étais au lycée encore ?

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au lycée, c'est ça. Je suis arrivée, j'étais au lycée, j'étais... En pleine crise d'adolescence, j'irais.

  • Speaker #0

    Le bon moment pour arriver dans quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Et donc, tu retournes dans un lycée français ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours fait du lycée français. Donc, lycée français de Nairobi, qui était très petit. On était, par exemple, en première, on était 5 personnes en ES, 3 élèves en L. et une quinzaine de personnes en S.

  • Speaker #0

    Ah purée ! Vraiment une classe quoi, limite !

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, exactement !

  • Speaker #0

    Toutes petites.

  • Speaker #1

    Là, ça me changeait encore de mon lycée de Tunis, où on était par exemple 10 classes de 35 élèves. Et là je passe à vraiment cours particulier.

  • Speaker #0

    Tout petit groupe. Ouais c'est vrai ! Ouais c'est ça, on va prendre ça à 5 dans un cours, là t'es vraiment au cœur du truc quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi du coup tes premières impressions quand t'arrives ?

  • Speaker #1

    Quand tu es dans ce nouvel environnement,

  • Speaker #0

    tu te dis quoi en fait quand tu arrives au début ?

  • Speaker #1

    Tu es perdue, tu perds tes repères, tu poses mille questions, tu regardes vraiment partout, tu t'interroges, tu observes énormément. Puis par exemple, quand je suis arrivée au début, je me rappelle que j'avais du mal avec l'argent, dans le sens où les gens étaient vraiment par exemple très très très très très pauvres, et je ne savais pas la valeur que ça avait, par exemple 3 euros pour... Et en fait ça a énormément de valeur. ça peut vraiment leur faire leur course, etc. Et les premières impressions du Kenya, c'est l'aide des extrêmes qui étaient présents dans ce pays, notamment les très très très riches et les vraiment très très très pauvres. Je n'ai jamais vu autant d'extrême pauvreté et je n'ai jamais vu autant d'extrême richesse.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Tu peux le voir dans la rue, dans la vie de tous les jours ? Oui. C'est quelque chose que tu peux noter, tu le remarques comment ?

  • Speaker #1

    Par exemple... ... Les riches, je dirais, ils ont des vraiment très grosses voitures, généralement. Ils ont des chauffeurs, des femmes des ménages. Ils ont des beaux habits. En fait, tu vois rapidement ceux qui partent souvent, par exemple, en Europe, pour acheter des beaux habits, etc. Un peu stylés, un peu décalés. Et puis, les pauvres, en fait, ils cohabitent à côté. Enfin, il y a un gros bidonville, et tu peux facilement y accéder, etc. C'est là où tu vois la pauvreté. Enfin, c'est... Vraiment, c'est quelque chose qui m'a énormément marquée. Et c'est là où je me suis dit... Ok, c'est ça la pauvreté. C'est pas ce qu'on connaît, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Là, t'as vraiment vu une autre phase de la pauvreté.

  • Speaker #1

    Oui. Et du coup, tu prends vachement du recul et tu te dis, ok, mais en fait, j'ai énormément de chance dans ma vie, déjà de voyager, de pouvoir voir tous ces pays, et en plus de pouvoir me déplacer comme je veux, etc.

  • Speaker #0

    Et d'être... Ça fait de la peine, mais c'est bien d'un côté, c'est fou du coup. ces raisonnements-là et ces questionnements-là, ces réflexions-là, en étant juste au lycée. Parce que ça, ça peut être des réflexions que tu as un peu plus tard, quand tu es un peu plus âgé, un peu plus autonome. Mais là, du coup, du fait d'être... de voyager, de voir tout ça, c'est clair que ça doit faire bizarre quand même.

  • Speaker #1

    Après, l'adolescence, c'est quand même une période où tu commences à être...

  • Speaker #0

    À capter quand même.

  • Speaker #1

    Et t'es plus juste centré sur toi, tu regardes quand même le monde, t'observes. Et puis, être centré sur soi, ça fait peut-être pas trop avancer les choses, et c'est aussi une ouverture d'esprit, finalement, de s'intéresser à ce qui se passe localement, etc. Parce que, généralement, les expatriés, ils vont rester entre eux. Ils vont habiter dans des immeubles où il y aura des Français, par exemple. Si c'est des Français, ils vont faire des événements, des soirées, etc. Ils ne vont pas se mélanger. Donc au final, tu habites dans un pays, mais tu n'as aucune idée de comment ça se passe. De comment ça se passe. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Ouais. En fait, tu es comme si tu t'es placé une partie de la France dans un autre pays.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu arrives quand même du coup à vraiment t'imprégner du pays, que ce soit que ça ait été à Malte, aux Pays-Bas ou là, au Kenya. à aller découvrir comment ça se passe, t'intégrer, voir le lifestyle, etc.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Parce que je ne sais pas, je pense que, comme je disais tout à l'heure, en ayant voyagé vraiment très jeune, forcément tu essaies de voir, sociabiliser, etc. Ça s'est vraiment accentué, je pense, au lycée. J'arrive à m'intéresser à la culture, à me l'imprégner, etc. À travers aussi les amitiés que je fais sur place. où ils sont généralement connectés à ce qui se passe autour d'eux. Généralement, ça peut être des locaux, etc. Et eux, vraiment, c'est eux qui vont te montrer les endroits, la culture. Ils vont t'expliquer, voilà, là, politiquement, ça se passe pas bien. Notamment, je pense aux Kenyans, qui d'ailleurs, en ce moment, politiquement, ça se passe pas bien du tout. Merci à mes amis de me dire, voilà, l'histoire, c'est comme ça, ça s'est passé comme ça. Parce que regarder sur Internet, en vrai, c'est bien. Tu sais plus où regarder parce qu'il y a tellement d'infos et du coup, tu sais pas ce qui est juste et ce qui est faux, etc. Du coup, avec des personnes qui l'ont vraiment vécu, qui sont sur place et qui connaissent un peu mieux, qui ont un peu les mêmes idées que toi, je pense, etc. Bah, t'as un peu plus de clarté.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des gens qui sont au coeur du truc et qui peuvent te transmettre les informations au coeur de la chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je dis pas, c'est pas toujours juste. Faut aussi... de soi-même, aller chercher. On peut pas juste écouter ce que les gens disent. Il faut aussi se faire son idée par soi-même. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est clair. Et ça te met... Tu mets combien de temps à peu près pour t'adapter à ce nouveau pays ? À te sentir un peu chez toi aussi, à être... à te dire, j'habite là et je me sens bien.

  • Speaker #1

    Franchement, très rapidement, je dirais deux, trois mois.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Moi je trouve que c'est quand même assez rapide.

  • Speaker #0

    Pour être dans quelque chose de totalement différent de ce que tu connais. Oui. Ouais, j'avoue, franchement, ça va.

  • Speaker #1

    mais aussi parce que je suis dans un cadre où je suis dans un lycée quand j'ai voyagé etc le lycée forcément t'es direct en contact avec des gens alors que quand tu pars adulte notamment dans un cadre de travail par exemple, beaucoup plus compliqué c'est vrai,

  • Speaker #0

    carrément tu vas pas créer des liens pareils, pas la même connexion t'arrives à te faire des amis au Kenya ?

  • Speaker #1

    oui, j'avais des amis qui étaient très différent de toutes les amitiés que j'avais avant qui aimait par exemple énormément la fête bon ben j'étais pas du tout fait tard au final voilà tous les week-ends j'étais en boîte de night quoi c'est ça c'est vraiment très différent par exemple une culture très branchée de musique très branché rappel rap américain pendant rap anglais enfin Ils sont très branchés, dansent, ils sont trop forts, ils savent trop bien danser. Franchement, c'était quelque chose.

  • Speaker #0

    Ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a trop plu.

  • Speaker #0

    Là, tu t'es retrouvée, tu t'es dit ça. Oui.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai pas mal fait de danse aussi dans ma vie. Normalement, elle est prof de sport. Elle a toujours mis énormément d'importance dans le sport. Et en fait, très rapidement, je assistais à ses cours, je faisais énormément d'aérobic, etc. Donc, c'est quelque chose que j'aimais de base. Et là je découvrais un autre monde vraiment cool quoi, où ça bouge dans tous les sens, personne se juge, tout le monde danse, tout le monde chante. C'est juste trop bien,

  • Speaker #0

    trop bien. Le vibe c'est joyeux et tout. Il y a la fierté. Ça doit changer un peu des Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Là même plus.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Et au Kenya du coup c'est quelle langue qu'ils parlent ?

  • Speaker #1

    Ils parlent Swahili principalement. Enfin non, c'est pas vrai. Ils parlent anglais, tout le monde parle anglais, peu importe qui c'est la personne, tout le monde parle anglais, ils parlent Swahili, mais aussi ils ont d'autres langues. Parce qu'ils ont, je n'ai pas envie de dire des bêtises, mais ils ont énormément de tribus, et chaque tribu a sa langue. D'accord.

  • Speaker #0

    Et toi, tu apprends un petit peu la langue scolaire ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu, petit à petit. Franchement, elle est compliquée, parce qu'elle ne ressemble à aucune langue que je connais.

  • Speaker #0

    Pour l'assimiler, c'est un peu plus...

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Même si les chiffres, c'est en arabe, parce qu'il y avait le commerce triangulaire, etc. Il y avait... des Syriens qui venaient, etc. Donc je pense qu'ils parlaient pour les chiffres en arabe, mais à travers mes amis aussi qui connaissent le Swahili. Et en fait, quand on va se balader dans la rue, etc. ils parlaient Swahili, du coup j'écoutais vachement et j'arrivais à capter, c'est comme ça. Mais sinon, je n'ai pas pris de cours, je ne me suis pas dit, il faudrait vraiment que j'apprenne à 100%

  • Speaker #0

    non. Surtout s'il y avait tout le monde qui parlait anglais avec tout le monde.

  • Speaker #1

    Oui, en fait c'est ça.

  • Speaker #0

    On était amenés à plus parler anglais du coup. C'est pas comme si, par exemple, les Pays-Bas, où ils vont parler néerlandais directement. Et tu restes combien de temps au Kenya ?

  • Speaker #1

    Deux, trois ans à peu près.

  • Speaker #0

    Tu n'étais pas restée plus ? Deux, trois ans ? Non. Et après tu retournes en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Non. Après, terminale. Et puis, en fait, ma famille est restée plus longtemps que moi. J'étais obligée de partir à la terminale pour aller faire mes études dans l'université francophone. Et j'avais le choix entre Pays-Bas, Canada, France. Sauf que ça coûte vraiment très cher. pour les personnes non européennes, notamment les Pays-Bas et le Canada, vraiment ça coûte très très très cher.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup la meilleure option ça a été la France.

  • Speaker #0

    Du coup tu débarques en France et c'était en 2019.

  • Speaker #1

    2019, oui c'est ça. L'année où on s'est rencontrées. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et comment ça se passe ton arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Alors je pensais que c'était comme les Pays-Bas, je pensais que l'Europe c'était tout comme ça, tout le monde s'accepte, tout le monde est content, etc. Pas du tout ! J'arrive en France, je trouve que c'était pas si propre que ça, par exemple.

  • Speaker #0

    T'es arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Bah Lyon. Je suis arrivée à Lyon directement. Je suis venue avec mon père parce que je connaissais pas. J'ai pas de famille en France. Enfin j'ai de la famille éloignée mais avec qui je suis pas spécialement en contact. Donc vraiment je suis toute seule en France.

  • Speaker #0

    Là c'était tes débuts de vraiment genre je pars, non pas pour suivre mes parents mais pour moi, étudier de mon côté et être toute seule.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc c'était quand même une aventure pour moi finalement. Carrément. En France. Je suis arrivée avec mon père, il m'a installée, j'étais dans un appart étudiant, et en fait au début t'es perdue.

  • Speaker #0

    rebelote, tu vas te déconventrer.

  • Speaker #1

    Mais moi quand même, parce que comme j'ai fréquenté des Français à peu près toute ma scolarité, vous connaissez un peu les codes,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Vous êtes français. Oui, c'est ça. Un peu comment les Français se comportaient, comment ça allait être un peu culturellement, etc. Même si c'est pas tout à fait représentatif de tout un pays, bien évidemment. Mais j'étais pas complètement dépaysée non plus. Puis il y a quand même et dans l'arabe par exemple, en France,

  • Speaker #0

    Je suis allée dans une grande ville.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe pour toi, ces premiers instants loin de ta famille, en étant dans un tout nouveau pays une fois de plus ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais que j'allais être super contente de quitter mes parents, d'avoir une liberté, de sortir quand je voulais, etc. Et finalement, avec le temps, tu te dis qu'il me manque finalement. Et le fait d'avoir des personnes quand tu rentres, ta maman, etc. me faire un petit câlin, un petit bisou, comment ça va aujourd'hui, etc. Bah du coup, j'étais vraiment livrée à moi-même dans un petit appart 18 mètres carrés. Chambre étudiante, donc c'était... En fait, je suis passée du tout tôt, j'étais avec ma famille, bien entourée, etc. Et d'un coup, tu te retrouves tout seule à l'université, où vraiment, c'est la jungle. C'est les gens qui viennent pas spécialement te parler, t'es dans des gros amphis. Tu passes... Moi, j'étais au lycée, on était quatre dans ma classe, oui c'est vrai. Et là, je passe dans un amphi. Où on est, je sais pas combien, mais on était énormément, quoi. Donc vraiment, j'étais là. Comment je vais suivre les cours ? Ça va être vraiment compliqué.

  • Speaker #0

    Et en plus, c'est pas comme si tu peux rentrer chez tes parents un week-end, quoi. Oui, c'est ça. Alors ils sont vraiment sur un autre continent.

  • Speaker #1

    Exactement. Surtout que quand je suis arrivée en 2019, ça veut dire que quelques mois après, il y a eu le Covid. Donc ça a vraiment compliqué les choses. Pendant le Covid, je suis restée en France. Je suis restée en France, c'est ça. J'ai eu le deuxième confinement. Celui qui a été annoncé en novembre, je suis allée 2-3 mois chez mes parents. Sauf que la Wi-Fi et l'Internet, elles arrêtaient pas de couper tout le temps. Donc j'avais du mal à suivre mes examens à distanciel. L'électricité, elle coupait d'un coup, donc j'avais plus rien. Et j'étais obligée de rentrer, en fait. Alors que j'aurais pu rester finalement, je sais pas, 7 mois. Parce que ça a duré très longtemps, le deuxième confinement. On disait que c'était juste un peu un recours et tout.

  • Speaker #0

    J'avoue que c'était hyper galère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc j'ai dû rentrer rapidement.

  • Speaker #0

    Et tu te sens, ça va, t'arrives à t'adapter quand même globalement à la France, à ce nouveau pays que tu as découvert ?

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, maintenant je me sens bien en France, je me sens chez moi. Quand je pars à l'étranger, j'ai envie d'entrer. Enfin, oui,

  • Speaker #0

    c'est de l'abri de la marche. Oui, super,

  • Speaker #1

    carrément.

  • Speaker #0

    Comment tu perds ça, elle est française ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question ! C'est une question piège ! Bah ça dépend des régions je dirais, maintenant que j'ai un peu découvert certaines régions, dépendant de s'ils sont proches d'une grande ville, d'une petite ville, s'ils ont un peu voyagé, s'ils ont un peu de diversité dans leur entourage etc. Ça peut être vraiment différent, mais je dirais qu'ils sont pas ouverts à parler anglais par exemple. Et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a marquée, c'est qu'il y a un touriste qui va se balader, qui va demander des choses etc. Et on va râler parce qu'on est en France et qu'il parle pas français. Et nous on s'attend à ce qu'on parte à l'étranger, parler français et que les gens nous répondent en français. Mais sinon, j'ai énormément aimé les Alsaciens. Parce que du coup, là en ce moment, j'ai cours à Strasbourg. Et vraiment c'est une culture...

  • Speaker #0

    C'est une mentalité.

  • Speaker #1

    Et c'est une mentalité hyper cool. Et en fait le nord c'est cool finalement. Et c'est pas que le sud qui est chaleureux, etc. Par contre, ce n'est pas la même chaleur, je suis d'accord, mais c'est une gentillesse différente.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'actuellement,

  • Speaker #1

    c'est différent.

  • Speaker #0

    C'est cool que tu aies pu voir différentes régions de la France et différentes mentalités. Je pense que c'est aussi un peu dans les pays comme ça. Selon où tu habites dans le pays, ce n'est pas la même mentalité que tout ça. Tout à fait. Globalement, par rapport au fait d'avoir habité dans plusieurs pays différents et de te construire pendant toute ta vie dans différents pays, c'est quoi que tu kiffes le plus ? dans cette manière de vivre.

  • Speaker #1

    Question assez complexe finalement. Ce que j'aime, c'est le renouveau. C'est vraiment tout laisser et aller se reconstruire, se réouvrir aux gens, trouver du travail par exemple, des études, se refaire un cercle. Vraiment partir de sa zone de confort en fait. Parce que parfois je me dis oui j'ai envie de rester sur place parce que je ne suis jamais restée plus de 5-6 ans dans une ville ou un pays. Et en fait, j'ai quand même un petit truc dans ma tête qui me dit Non, faut que tu partes, faut que tu ailles découvrir autre chose. Il y a plein de trucs à découvrir. Faut que tu sortes de ta zone de confort. Et en fait, voilà, je pense que c'est ça. C'est pour rien nouveau en fait. Ouais, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est pas fatigant d'être tout le temps dans ce nouveau,

  • Speaker #1

    justement ? Euh, non. Alors moi, c'est vraiment, je pense, dans ma personnalité, et c'est quelque chose auquel j'ai été habituée.

  • Speaker #0

    Ouais, ce que j'allais dire, t'as été peignée là-dedans, élevée là-dedans au final.

  • Speaker #1

    C'est ça, et en fait j'étouffe quand je reste trop longtemps dans une ville.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Je peux pas rester, je pense, plus de 5-6 ans à un endroit, avec une vie, voilà, boulot, dodo, métro, non ça c'est pas possible. J'ai besoin vraiment de bouger, de découvrir, même si c'est dans le même pays, c'est pas grave, mais en fait un pays c'est très riche, dépendant où tu vas, à l'est, à l'ouest. Nord-sud est le plus compliqué,

  • Speaker #0

    ou ce que tu aimes le moins finalement, dans cette manière de vivre. Encore une fois, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Les préparations, notamment les déménagements, les cartons, appeler sur place, trouver un appart, enfin tout ça quoi, c'est ça que je trouve le plus complexe. Et synchroniser entre les villes, de dire ok, là j'habite à Lyon par exemple, je dois partir à Besançon, comment je fais ? Qu'est-ce que j'emmène avec moi ? Est-ce que je dois faire deux allers-retours ? Un aller-retour ? Enfin, c'est...

  • Speaker #0

    Ouais, toute l'organisation autour de tout ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Puis j'imagine que ça devait être quelque chose quand c'était d'un pays à un autre, d'un continent à un autre.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Quand je vois déjà un déménagement, genre France à France, une ville à une autre, alors là, tu pars...

  • Speaker #1

    Ah oui, d'un continent à un autre, c'est vraiment très compliqué. Notamment pour mon père, parce que c'est lui qui fait les inscriptions au lycée, etc. Il faut qu'il appelle les lycées français pour voir s'il y a de la place. C'est vraiment toute une organisation à avoir. Il faut se renseigner sur où habiter, dans quel quartier, pour que nous, on soit le mieux placé. Est-ce qu'on va trouver un peu ce qu'on veut, notamment niveau voiture, niveau...

  • Speaker #0

    Votre vie,

  • Speaker #1

    etc. Oui, c'est ça. Exactement, est-ce que ça va être adapté ? Est-ce qu'il faut qu'on fasse un cantonnaire pour emmener nos affaires ? Est-ce qu'on rachète du nouveau ? Est-ce que... Tu vois ? Donc tout ça c'est quand même assez complexe.

  • Speaker #0

    Ouais c'est prenant, c'est... Ouais, prenant.

  • Speaker #1

    Moi je m'en rendais pas compte jusqu'à ce que ce soit moi-même qui me charge de ma vie, qui me charge de la paperasse, de l'administratif, etc. Je m'en rendais pas compte avant. Tu suis une mou. Exactement, je disais, on va au Kenya. D'accord.

  • Speaker #0

    Ok, je suis. On va à l'Arctique. C'est simple. Ouais c'est clair, quand t'es enfant c'est plus simple, tu suis une mou et puis basta quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et je te posais la question, comment tu te sens quand tu arrives dans un pays ? Mais comment tu te sens quand tu quittes un pays où tu viens de passer quand même 5 ans de ta vie, au moins 3 ans, 2 ans, 3 ans, quelques années, et que tu as pris tes marques, tu t'es adaptée, et là, c'est le moment de dire au revoir au final.

  • Speaker #1

    En fait, tu as l'impression de laisser un peu une partie de toi, de ton histoire, là-bas. Du coup, je ne t'en avais pas expliqué, mais du coup, tu as tous ces petits bouts qui te représentent, et en fait, tu pars. Généralement. à moitié content mais aussi à moitié triste. En fait, t'as l'impression que tu vas rater des moments sur place, que les gens vont évoluer, qu'ils vont t'oublier finalement. Et en fait, c'est toi qui finis par juste avoir une autre vie. On n'oublie pas nos amis mais en fait, tu finis par moins les contacter, etc. Puis t'as peur, elles commencent à s'estomper petit à petit. Puis tu te rends compte avec l'âge que tout le monde est pris dans sa vie et que tu partes ou que tu restes. Finalement, on se voit peut-être pas si souvent même si je suis sur place. Donc je dirais que c'est plus par rapport à... Mes amis, le sentiment de tristesse que je peux avoir. Mais ça peut être aussi par rapport à un pays. Par exemple, le Kenya, vraiment, j'étais très triste de partir. Parce que c'était vraiment un pays incroyable, très connecté à la nature. Les gens, ils étaient vraiment très sympas. Et vraiment, moi, j'ai adoré le Kenya. T'as bien fait ton moment. Carrément.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair que ça peut faire bizarre, quoi, quand tu passes du temps avec des gens. Et après, du jour au lendemain, au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ils rebelotent des nouvelles personnes.

  • Speaker #1

    Ouais, mais ils rebelotent, machin. Ouais. Puis parfois, par exemple, quand tu rencontres des personnes et qu'elles te disent « bah voilà, là c'est mon ami du primaire et tout » , ça te fait tilt, tu te dis « ah mais moi j'ai personne que je connais depuis aussi longtemps » . C'est vrai. Donc parfois tu te dis « bah est-ce que finalement mes amitiés elles vont durer ? Est-ce que c'est juste la période où je suis sur place ? » Tu te poses pas mal de questions, parfois tu te sens seule. Il y a des périodes où je me sens seule, où je me dis « bah je me sens appartenir à aucun pays » . Enfin, ou en tout cas, je me sens un peu perdue. Après, je reste bien, évidemment, tunisienne, dans le fond, et je me sens bien en France. Mais parfois, oui, t'as des troubles d'identité, un peu. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais te demander, justement, en ayant été élevée, en ayant construit, toi, un peu, ton identité, ta personnalité, tes valeurs, etc., dans des cultures différentes, dans des pays différents, à des périodes différentes de ta vie, est-ce qu'il y a un endroit où, vraiment, tu te sens chez toi ? auquel tu peux dire, là, vraiment, c'est chez moi ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je dirais que c'est en France. Mais parce que je me suis faite ma vie petit à petit, notamment à travers le sport, à travers mes études, à travers mon boulot, mon entourage. Je choisis aussi où je vais. Je ne suis plus obligée d'aller à cet endroit. Et puis tu t'entoures avec les personnes qui sont un peu de la même mentalité que toi. Puis en fait finalement tu commences à être en harmonie avec ton environnement. Et je dirais que c'est en France. Mais quand je rentre en Tunisie, je me sens aussi chez moi. Mais je ne me sens pas chez moi où j'ai envie de vivre là-bas. Je me sens chez moi, ça me manque, j'ai envie de rentrer. Mais j'ai envie de rentrer parce que mes parents sont là-bas, mes frères et sœurs. en tout cas en ce moment, et aussi parce que voilà la culture est ma manque etc. Mais dans la vie de tous les jours je me vois pas vivre en Tunisie, en tout cas pour l'instant.

  • Speaker #0

    Tu penses pour toi c'est quoi qui fait ce sentiment d'être chez soi ? Est-ce que ça va être le pays et ton quotidien globalement ou est-ce que ça va plus être finalement les personnes ?

  • Speaker #1

    Ton quotidien, clairement, et aussi les personnes. En fait c'est un mélange des deux je pense c'est...

  • Speaker #0

    Les personnes dans ton quotidien !

  • Speaker #1

    Exactement, les personnes dans ton quotidien, comment tu te sens dans ta vie, est-ce que par exemple... Tu fais les bonnes activités ? Est-ce que tu vois les bonnes personnes ? C'est assez dur, je trouve, de te répondre à cette question. Un mélange des deux, je pense.

  • Speaker #0

    Et tu disais parfois que tu te sens seule, tu te sens appartenir un peu à pas de pays, pas de culture, etc. Qu'est-ce que tu ressens, en fait, à ce moment-là, ce sentiment d'être seule, même si tu es un peu entourée, tu as quelques amis ? C'est quoi ? T'as l'impression de ne pas connecter avec ton environnement ? Ou c'est... Tu peux expliquer un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    En fait, t'as l'impression que t'es pas compris. Parce que tu vis quelque chose que les autres ne vivent pas. Personnellement, j'ai personne dans mon entourage qui a vécu une expérience comme moi j'ai pu vivre. Généralement, les gens, ils partent pour un an d'Erasmus, ou ils partent un an, par exemple, de cédure ou quoi. Mais ils n'ont jamais vécu, par exemple... Moi, j'ai vécu à l'étranger pendant à peu près 16 ans. 17 ans, je sais pas combien, mais énormément de temps finalement, où j'ai du tout le temps à m'adapter, etc. En fait, t'as l'impression d'être incompris. Du coup, quand je peux, par exemple, dire « Ah oui, aux Pays-Bas, il s'est passé ça, au Kenya, il s'est passé ça » , j'ai peur de passer pour la relou qui parle tout le temps de ces pays, de là où elle vient, etc.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu sens un décalage entre les autres et toi, au final, parce que t'as pas des personnes qui peuvent comprendre ce que t'as vécu.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parfois, ils ont des discours sur certaines choses, etc., où tu dis, bah, non. En fait, il faut vraiment que tu partes et que tu ailles voir pour comprendre, parce que là, ce que tu dis, bah... C'est pas vrai. C'est pas vrai. En tout cas, les médias, peut-être qu'ils montrent ça, mais c'est pas tout à fait vrai. Il faut vraiment que tu partes et que tu vois de tes propres yeux et ton propre jugement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est pas un peu frustrant, justement, de rencontrer beaucoup de personnes qui ne sont pas parties et de voir que, bah, ils vont... vont peut-être avoir une vision un peu plus fermée du monde, là où toi, tu as une vision très ouverte. Comment tu le vis,

  • Speaker #1

    ça ? En fait, je n'en parle pas spécialement. On ne pose pas énormément de questions, finalement, sur mes voyages, etc. Généralement, les personnes qui ne bougent pas trop, ne se posent pas trop de questions. En fait, ça vient peut-être un peu au fil des questions. Enfin, au fil du temps, je veux dire.

  • Speaker #0

    Peut-être quand tu as plus envie de connaître la personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et encore, franchement, par exemple, je pense à mon entourage à Besançon. La plupart des personnes ne savent pas que j'ai vécu dans autant de pays, que j'ai autant voyagé, etc. Donc c'est juste que c'est quelque chose que je garde pour moi finalement, en fait, dans ce cas-là. Donc je n'en parle pas spécialement et je fais ma life.

  • Speaker #0

    La vie continue quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il y a une culture à laquelle tu t'identifies le plus ?

  • Speaker #1

    Je dirais que je m'identifie à la culture tunisienne, mais aussi à la française. En fait, comme j'ai été éduquée par mes parents, qui sont vraiment très culturels, et vraiment, ils voulaient vraiment nous transmettre notre culture, que c'est pas parce qu'on voyage énormément qu'on perd ce d'où on vient, etc. Et je les remercie d'ailleurs pour ça. Parce que s'ils n'avaient vraiment pas insisté avec cette transmission, je pense qu'aujourd'hui, ça aurait été vraiment compliqué pour mes frères et soeurs et moi de se sentir tunisien. Donc c'est grâce à mes parents. Mais je me sens aussi... française. Comme je suis un peu de culture française, j'ai vécu avec des français, j'ai toujours été dans des lycées français. Enfin, maintenant je vis en France.

  • Speaker #0

    À partir du moment où on se met à chanter les corons.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement ! Les oiseaux vagues...

  • Speaker #0

    Je pense que le rugby ça t'a aidée.

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, moi le rugby vraiment ça m'a rendu bien française, je pense.

  • Speaker #0

    Ouais, puis au final, tu t'es vachement investie aussi dans... Tu étais bénévole au club, tu as fait du sport, tu étais à l'école, tu as fait des sorties, tu as voyagé dans le pays. Tout ça, ça t'aide peut-être à plus t'identifier à la culture.

  • Speaker #1

    Carrément. Je fais des petits jobs, je travaille au marché, j'ai vendu des fruits et des légumes, j'étais à la boulangerie, service civique, j'ai fait des stages. J'ai vraiment énormément bougé et finalement le rugby, ça m'a ouvert énormément de portes.

  • Speaker #0

    Le sport franchement c'est un bon vecteur de lien social.

  • Speaker #1

    Complètement. Et encore plus je pense le rugby comme c'est un sport collectif où tu vis vraiment des choses... des choses exceptionnelles, tu les vis pas n'importe où, n'importe quand.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est pratique aussi parce que quand tu vas dans une nouvelle ville, typiquement là t'es passé de Lyon, t'as rencontré des gens, t'as été un peu dans son île à Strasbourg, tu t'es intégrée à des nouvelles personnes, à une nouvelle équipe et tout, ça va être de ouf.

  • Speaker #1

    Et au final on se retrouve tous avec un point en commun, c'est le sport. Et en fait t'as des gens qui viennent de tous les horizons, qui ont des parcours très différents etc. Et tout le monde est là pour s'aider. C'est dans un fait comme on n'est pas payé, etc. que même les coachs sont pas payés. Donc en fait, le but, c'est vraiment de s'amuser, de se retrouver, de faire ça collectivement. Donc ça a toute son importance. Voilà,

  • Speaker #0

    ça joue beaucoup, c'est sûr. Globalement, tu peux dire que la vie que tu as eue et cette richesse, cette diversité, ça t'a apporté quoi dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'ouverture d'esprit, l'adaptation, l'acceptation de soi. des autres, mais aussi de l'environnement, un peu de tout.

  • Speaker #0

    Comment ça t'a aidé à t'accepter toi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu rencontres tellement de gens super différents que tu finis par être bien dans ta peau parce que tu vois beaucoup de différences. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Pas trop. Dépendant des pays, par exemple, les normes physiques sont différentes. Les critères de beauté sont différents. Et du coup tu peux être super beau dans un pays et puis un peu moins dans d'autres finalement. Mais tu t'en fous parce que au final c'est différent dans tous les cas et peu importe où tu vas aller, les gens ils auront des trucs à te dire. Ouais,

  • Speaker #0

    au final tu t'en viens à te détacher des normes sociales.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te rends compte que la norme sociale c'est pas, il n'y en a pas que une et c'est pas la vérité unique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en voyageant... Tu te rends compte que c'est hyper différent. Du coup, tu prends confiance en toi. Tu te dis, oui, j'ai mon parcours. Je suis comme ça. Tu prends confiance en toi.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est beau. Franchement, que ça aille dans ce sens-là. Aujourd'hui, tu aurais envie d'aller vivre dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Carrément. Par exemple, le Canada. C'est quelque chose qui me tente énormément. J'ai très envie d'y aller. Et l'Amérique latine. Je n'ai pas du tout fait le continent américain. C'est...

  • Speaker #0

    À découvrir quoi ?

  • Speaker #1

    À découvrir, exactement.

  • Speaker #0

    Il y a un des pays dans lesquels tu as vécu avec tes parents, dans lequel tu aimerais bien retourner ?

  • Speaker #1

    Les Pays-Bas. Alors, objectif de vie, c'est d'aller vivre aux Pays-Bas. Je ne sais pas quand, à quel âge,

  • Speaker #0

    combien. Mais tu ne vas pas peut-être là-bas ?

  • Speaker #1

    Ce n'est pas peut-être, c'est finir mal aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    C'est une certitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Ah oui, c'est vraiment une qualité de vie que je n'arrive pas à retrouver pour l'instant. C'est mon objectif, mon goal.

  • Speaker #0

    ultime dans la vie habité au pays.

  • Speaker #1

    Exactement. Et si c'est pas les Pays-Bas ? Sud-Ouest de la France.

  • Speaker #0

    Ok, ouais, donc là, on est vraiment sur deux ambiances différentes.

  • Speaker #1

    C'est ça. J'ai l'impression d'être claire dans ma tête, mais en fait, au final, non.

  • Speaker #0

    Après avoir une maison aux Pays-Bas et au Sud-Ouest, comme ça,

  • Speaker #1

    à la paravise, c'est assez clair.

  • Speaker #0

    Si t'avais un conseil à donner à une personne qui est voudraient habiter dans plusieurs pays, qu'est-ce que ce serait ? À ton avis, qu'est-ce qu'il serait bien que la personne sache ? Qu'est-ce qu'il serait utile pour elle ?

  • Speaker #1

    Oui, genre... Ok, je vois. En fait, il faudrait vraiment que la personne se renseigne avant, essayer de trouver des locaux sur place, bien s'informer sur la sécurité, notamment je pense au Kenya, qui n'est pas un pays très sécurisé, se renseigner sur les normes, sur comment ça se passe. des basiques, comment dire bonjour, merci, au revoir. Vraiment, on ne se rend pas compte, mais là,

  • Speaker #0

    typiquement, on est actuellement au post-final. Et c'est des trucs qu'on ne savait pas, et ça vient, on se retrouve bloquée. Je ne sais pas comment on arrive. Et ça embête, de ne pas pouvoir communiquer,

  • Speaker #1

    alors que c'est des basiques. Donc, il ne faut pas supposer que tout le monde parle anglais. Donc, vraiment, on a essayé de voir un peu la culture, etc. Lire, se renseigner, regarder des vidéos.

  • Speaker #0

    Franchement, se renseigner un peu sur le pays avant de débarquer et pas arriver à la fleur ou fusil touriste où je débarque.

  • Speaker #1

    Parce que sinon, ça peut vraiment, en tout cas pour les personnes qui n'ont pas beaucoup voyagé, ça peut vraiment faire un gros choc culturel. Surtout quand on arrive plein d'ambition, on va s'installer, etc. Parfois, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #0

    Bien souvent, même, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #1

    Exactement. Et en fait, tu regardes les médias, par exemple, l'Afrique, tu as l'impression que c'est vraiment sous-développé, pas très avancé, etc. Eh bien, ce n'est pas vrai. C'est des idées reçues. Le Kenya, c'était hyper développé. Ils étaient en avance sur énormément de choses. Notamment, ils ont interdit le plastique depuis 2016, je crois. Chose que nous, en France... c'est en train d'arriver, mais sachez que plastique là-bas ça passe pas c'est juste des idées reçues et quand t'arrives, vraiment tu peux très très mal vivre et avoir le mal de chez soi le mal du pays et ça c'est quelque chose dont on parle peut-être pas assez les voyages c'est pas juste beau et cool ça peut être vraiment pas cool et vivre des mauvaises expériences en fait si on se concerne pas assez aussi on peut atterrir dans des choses je pense qu'on aimerait bien qu'on n'a pas envie d'atterrir là-bas. Et voilà, dépendant des dangerosités des pays, c'est vraiment très important. Je pense qu'en Europe, globalement, ça reste quand même assez safe, assez... Voilà, c'est les mêmes normes, etc. Mais dès qu'on sera un peu plus... Je pense que...

  • Speaker #0

    Ouais, t'es dans quelque chose de totalement différent, d'autres codes, d'autres manières de faire, de penser, etc.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    On peut être un peu plus surprendre au final. Auquel on s'attend pas et on peut même pas imaginer, quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas de nous avoir partagé ton histoire. Merci à toi. C'est super cool.

  • Speaker #1

    Et voilà. Je n'avais pas été pour ça.

  • Speaker #0

    Non, franchement, c'est bon. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. Perso, j'ai vraiment adoré découvrir cette manière de vivre que je ne connaissais pas du tout. Et en tout cas, tu peux t'abonner à la chaîne pour ne pas louper le prochain épisode. Et tu peux aussi me retrouver sur Instagram. pour échanger sur tout ça sur la page Partir Podcast. À bientôt !

Chapters

  • Intro

    00:06

  • Fonctionnement du diplomate

    01:35

  • Malte

    02:20

  • Les Pays-Bas et le multi-langage

    04:13

  • Retour en Tunisie

    13:38

  • Kenya et découverte culturelle

    15:06

  • Etudes en France

    26:18

  • Le kiff de bouger partout

    31:40

  • Le plus compliqué à gérer

    33:12

  • Quitter un pays

    35:06

  • Se sentir chez soi quand on a constamment déménagé

    37:25

  • Enrichissement personnel

    43:59

  • Conseil pour s'expatrier

    46:31

Description

Elle a habité dans 5 pays depuis qu'elle est née, qui plus est sur 2 continents différents.


Voici aujourd'hui l'histoire de Narmine !


Son père étant diplomate, il est muté tous les 5 ans environ dans un nouveau pays et Narmine a, par conséquent, suivi le mouv.

On a jusqu'ici parlé de celles et ceux qui partent de leur plein gré, mais dans ce cas là, les enfants suivent juste les parents sans trop avoir le choix.

Elle a donc habité en Tunisie (son pays d'origine), à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en France.

Mais du coup, comment on se construit quand on a des nouveaux environnements et repères tous les 5 ans ?

Qu'il faut sans cesse se réhabituer ?


Et aussi, est-ce qu'il y a une culture laquelle on s'identifie ? ou un pays où on se sent chez soi ?

Perso, en ayant toujours habité en France, et en ayant habité 18 ans dans la même ville, c'est cette ville là que je considère comme mon "chez moi".

Mais si on change tout le temps, ça donne quoi ?

Narmine nous explique tout ça, et nous parle des pays qu'elle a préféré, de ses difficultés et comment ce parcours l'a aidé à avancer dans la vie.


Bonne écoute !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous et bienvenue sur Partir, le podcast qui vous montre comment ça se passe d'aller vivre dans un autre pays. Et aujourd'hui, épisode un petit peu différent, parce que jusqu'ici, on a découvert des personnes qui partaient de leur plein gré, mais on n'a pas parlé de celles et ceux qui suivent leur famille, ou qui sont, voilà, par exemple, enfants de parents qui, eux, partent à l'étranger. Et ben, ça a été le cas de Narmin, qui, elle, est fille de diplomate, donc elle a habité dans cinq pays depuis qu'elle est née, et qui plus est, sur deux continents différents. Donc c'est vraiment... construites à travers différentes cultures, différents modes de vie. Et je me demandais, quand on bouge autant, est-ce qu'il y a un pays auquel on se sent appartenir ? Et comment, ouais, on se construit au milieu de toutes ces cultures ? Comment on se réadapte à chaque fois ? Et du coup, voilà, Narmin nous explique un petit peu tout ça dans cet épisode. Donc je vous laisse découvrir son histoire et je vous souhaite une bonne écoute ! Salut Narmin ! Merci de prendre du temps pour faire ce petit... épisode de podcast avec moi. J'ai hâte d'entendre ton parcours, ton histoire et que tu m'en dises un petit peu plus parce qu'au final, on n'en a pas hyper beaucoup parlé de tout ça, même si on se connaît depuis maintenant quelques années. Donc toi, t'es fille de diplomate, tu as du coup habité dans plusieurs pays depuis que t'es née.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc tu vas pouvoir nous raconter un petit peu tout ça, ce que ça fait d'habiter dans plusieurs pays, de se réadapter, ton parcours, etc. Et pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer comment ça se passe quand tu es fille de diplomate ? Quel est un peu le fonctionnement d'être diplomate et une vie de diplomate ?

  • Speaker #1

    Ok, alors déjà merci pour l'invitation. C'est hyper cool. Et ensuite, comment ça se passe être enfant diplomate ? Ça dépend des pays. Moi, je suis enfant diplomate d'une famille tunisienne. dépendant des pays, il y a différentes lois, etc. Nous, en Tunisie, comment ça se passe ? C'est qu'on fait 5 ans, voire 6 ans à l'étranger, ensuite on doit rentrer 1 an ou 2 en Tunisie, et après on repart encore pour des missions, 5-6 ans, etc. Donc plusieurs missions, ça peut aller jusqu'à 4 missions, donc au final jusqu'à à peu près 20 ans d'expatriation, on va dire, où on est envoyé pour aller faire des missions à l'étranger.

  • Speaker #0

    Merci. Ok, et du coup, toi, tu as habité dans quel pays ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai habité à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en Tunisie. Et maintenant, je suis en France.

  • Speaker #0

    Voilà, tu as fait un petit peu le tour, c'est ça. Et tu es née en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Je suis née en Tunisie. Juste après, je suis allée à Malte.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge quand tu as été à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense un an.

  • Speaker #0

    Tu étais petite ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense 4-5 ans. Avec ma mère, on faisait énormément d'aller-retour, comme j'étais pas encore en cours. Donc je dirais que j'étais moitié Malte, moitié Tunisie. Et c'est vraiment juste à côté. C'est à, je crois, 1h30 de vol. Ah oui ? Oui, donc c'est vraiment, vraiment, vraiment à côté.

  • Speaker #0

    Et tu t'en rappelles aujourd'hui un petit peu de ta vie à Malte ?

  • Speaker #1

    Des petits flashs, vraiment des petits flashs. Surtout quand je vois les vidéos. Les vidéos, non, pas des vidéos. Quand je vois des albums, photos avec ma famille, etc. Oui. Mais sinon, je ne me rappelle pas très,

  • Speaker #0

    très bien. Oui, ça te rappelle. Tu as des petits flashbacks. Oui. Mais pas tant que ça. Ils parlent quelle langue à Malte ?

  • Speaker #1

    Anglais et maltais. Ils ont une langue locale. Donc, il y a un mélange un peu d'arabe, d'italien. C'est très rigolo.

  • Speaker #0

    OK. Et du coup, toi, avec tes parents, dans ta vie quotidienne, dès que tu es petite ? Tu parles donc tunisien et anglais aussi ? Alors oui,

  • Speaker #1

    du coup comme je suis allée à Malte, comme c'était de l'anglais là-bas, directement j'étais directe à bilingue anglais-arabe. Et quand je suis rentrée en Tunisie voir ma famille, ma grand-mère, etc. il y avait des périodes où je ne savais plus parler arabe tellement je parlais anglais. C'est ce que ma mère me rappelait.

  • Speaker #0

    Tu sais déjà que tu étais la tête dans l'anglais.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc depuis toute jeune dans l'anglais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après être allée à Malte, vous revenez pendant la disparaissance en Tunisie. Oui. Ensuite, vous allez aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ensuite, mon père a été muté aux Pays-Bas pendant six ans. Et là, du coup, j'ai vécu une partie du primaire et une partie du collège aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment, du coup, pour ta scolarité ? Tu es dans des établissements spéciaux, c'est comment ?

  • Speaker #1

    C'est des lycées français à l'étranger, donc c'est payant. Et généralement, il y a pas mal de diplomates, d'expatriés, de Français qui habitent sur place, notamment des enfants de profs. Par exemple, aux Pays-Bas, il y avait énormément de personnes qui travaillaient sur place, et c'était des Français qui avaient fait ce choix-là, de demander à leur boulot, donc de déménager, etc.

  • Speaker #0

    Donc, aux Pays-Bas, tu étais de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #1

    À peu près, je pense, de mes 10 ans jusqu'à... voire même 9 ans, jusqu'à mes 14 ans,

  • Speaker #0

    un truc comme ça. Oui, donc là, tu es déjà un peu plus âgée. Tu t'en rappelles du coup un petit peu plus. Oui,

  • Speaker #1

    je m'en rappelle.

  • Speaker #0

    Ça se passe comment d'être à l'école, aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué, parce que comme j'avais vécu vraiment en Tunisie, je ne parlais pas très bien français, donc je confondais par exemple énormément un et une. J'avais du mal à m'exprimer vraiment clairement en français. Donc quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué de m'intégrer. Les enfants, c'est méchant. Donc, j'ai vécu... J'avais du mal à m'intégrer, j'avais du mal à rentrer dans le cercle. Et je l'ai très, très mal vécu. Mais bon, ça m'a forgé, donc voilà. Et ensuite, j'avais cumulé pas mal de lacunes parce que je n'ai pas directement commencé dans le système français. Avant d'arriver aux Pays-Bas, j'étais dans le système tunisien. Donc, je parlais arabe, en cours, etc. Donc, il fallait vraiment que c'était une adaptation complète.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais appris le français avant d'arriver aux Pays-Bas dans des écoles françaises ou tu as appris sur place là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai appris avant, comme le français c'est une langue obligatoire dans l'éducation en Tunisie. Mais aussi ma mère m'a fait prendre des cours particuliers, tout le temps, vraiment très intensifs. Pour que quand j'arrive, parce qu'en fait il savait que j'allais partir et qu'il fallait absolument que j'apprenne le français, que je sois au taquet. Et du coup j'ai fait des cours intensifs pour être à peu près... à peu près un niveau, sauf que, en fait, entre faire une formation et être sur place et vraiment pratiquer avec des personnes, c'est vraiment leur langue, c'est pas pareil. Donc, il y a eu vraiment un décalage entre, voilà, moi en Tunisie qui parle français et quand je suis arrivée, que j'étais avec des vrais français, voilà.

  • Speaker #0

    Ouais, forcément, il y a un petit écart de langue, c'est pas la même manière peut-être de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, dans tes cours, c'était français, et dans la vie quotidienne, du coup, c'était quelle langue ?

  • Speaker #1

    Au Pays-Bas ? Au Pays-Bas, à l'extérieur c'était le néerlandais, à la maison c'était l'arabe, et au lycée c'était le français. Et puis le néerlandais au début, je parlais pas néerlandais forcément quand je suis arrivée, je parlais anglais, donc c'était plus anglais les premières années, et en fait quand on est jeune vraiment on capte très rapidement les langues etc. Donc mes parents ils m'ont vachement fait participer à des sports etc. où j'ai été coachée par des néerlandais, et je pense que c'est vraiment C'est ça qui m'a poussée que j'apprenne le néerlandais. J'ai toujours été entourée, en fait, dépendant des environnements, de plusieurs langues, etc.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment dans ta tête, au milieu de toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    Plus jeune, t'es un peu perturbée, je dirais, parce que du coup, dans ta phrase, tu mélanges, enfin, tu peux dire vraiment un début de phrase en arabe, à la fin c'est anglais, et puis tu réfléchis en français, enfin, c'est un peu compliqué. Puis en fait... petit à petit avec le temps ça se restructure tu avances le niveau ton niveau augmente et voilà après bon ça arrive toujours d'avoir des blagues mais ça va quand même quand tu es quand tu as des mots de tous les côtés qui doivent user même

  • Speaker #0

    de réfléchir dans une autre langue et parler dans une autre langue et entendre une troisième langue c'est vrai c'est vrai mais quand on est jeune vraiment une capacité à apprendre qui est incroyable parce que

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte aujourd'hui que j'ai réussi à apprendre des langues, mais vraiment très rapidement, et être vraiment très à l'aise rapidement. Chose qu'aujourd'hui, je pense que j'aurais un peu plus de mal si j'allais vivre par exemple en Espagne et qu'il fallait que j'apprenne l'espagnol. Je l'apprendrais certainement parce que les personnes, je pense, qui ont plusieurs langues en tête, ils ont plus facilement le truc pour apprendre. Mais je n'aurais pas autant de facilité. Je ne vais pas l'apprendre en un an fluide, écrire,

  • Speaker #0

    lire. Ça prend un tête. un peu plus de temps que quand t'es plus jeune. C'est vrai que c'est fou les enfants de la rapidité où t'assimiles les choses,

  • Speaker #1

    t'envisages très tôt, très de ouf.

  • Speaker #0

    Et la vie aux Pays-Bas, ça se passe comment ? T'aimes bien ? Tu t'y sens bien ?

  • Speaker #1

    C'était trop bien. Dans mon lycée, personnellement, ça se passait pas bien. Dans mon environnement avec les personnes avec qui j'étais, j'arrivais pas à m'adapter, j'arrivais pas à rentrer dans le cercle. Mais à l'extérieur, ça se passait bien parce que mes parents ont toujours vraiment tenu à ce que je fasse une activité. culturel ou sportif ou quoi et à l'époque je faisais de la natation et je faisais des plongeons artistiques donc c'était vraiment très stylé et je faisais des compétitions c'était trop bien et c'est des personnes hyper ouvert d'esprit très agréable vraiment les néerlandais très très agréable toutes les religions sont acceptées peu importe comment tu es, la couleur de ton peau, les origines, ce que tu as vécu comment tu es, c'est accepté en fait tant qu'on se respecte l'un et l'autre et ben c'est ok En fait, ils ne viendront jamais dire pourquoi tu mets du jaune avec du rouge.

  • Speaker #0

    Oui, ils sont hyper tolérants.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    accueillant, tant que tu peux être toi-même avec eux. Ouais, ça peut être appréciable.

  • Speaker #1

    Mais, à côté de ça, c'est quand même des personnes assez carrées, dans le sens où, si par exemple, t'as pas le droit de faire pipi dans la rue, tu te prends une amende, t'as pas le droit de jeter ton chewing-gum dans la rue, les mégots, etc., ils sont vraiment très carrés, et y a pas de négociation, tu vas pas dire « Non, je suis vraiment désolée. » Non ! Tu te prends l'amende et c'est tout. Et c'est pour ça, je pense que c'est aussi propre, que les gens respectent la planète, etc. Ouais, c'est vraiment très, très cool, très chouette.

  • Speaker #0

    Par rapport à la Tunisie, tu sens du décalage au niveau des cultures, d'être passée à la Tunisie et d'être passée aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Énorme décalage. Ouais, il est vraiment pour le coup énormissime. Je ne saurais pas le décrire pour le coup, parce que c'est vraiment un décalage sur tout, matériel, financier, politique, social. Donc oui, c'est pas du tout comparable.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vis, toi, à ce moment-là, d'être dans... Bah, issue... d'un pays qui est totalement différent d'un pays où tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, quand t'es jeune, t'es vachement... En tout cas, moi personnellement, j'étais vachement centrée sur moi finalement. Et du coup, je pense que c'était pas quelque chose qui me dérangeait. C'était vraiment m'adapter à l'environnement dans lequel j'étais, etc. J'avais pas du mal à partir de la Tunisie à ce moment-là. Et... En fait, quand t'es jeune, tu le vis pas spécialement mal parce que t'es pas politisé, t'es pas... Enfin, t'as peut-être pas trop... conscience des choses finalement. T'es vraiment dans ta petite bulle, collège, lycée, frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Tu te souviens peut-être un peu de ce qui se fait autour de toi sans te reposer de questions. C'est différent, c'est pas pareil. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu le sais. Tu le sais. Et comme tu bouges jeune, tu le sais déjà très jeune. Donc, c'est pas comme quand t'as 25 ans que tu commences à voyager et là, t'as peut-être le choc. Moi, je pense que j'ai pas trop, trop vécu ce Ausha.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. construite dans la différence et dans ce genre de choses, tu l'as appris peut-être plus facilement.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et t'arrives quand même petit à petit à t'intégrer au lycée avec d'autres Français, à avoir un petit peu une vie sociale,

  • Speaker #1

    ou c'est compliqué ? Aux Pays-Bas ?

  • Speaker #0

    Ouais, aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Aux Pays-Bas, c'était ma dernière année, j'ai réussi à m'intégrer. Au début, j'avais vraiment pas de vie. C'était vraiment compliqué de m'intégrer. Je dirais que j'ai un peu vécu un un peu un harcèlement scolaire et j'en ai jamais parlé jusqu'à ce que...

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    jusqu'à ce que... Ah oui. J'ai compris ce que c'était, et du coup j'ai réussi un peu à poser les mots dessus, mais c'était vraiment très compliqué. J'étais pas... Par exemple, je me rappelle d'un truc, j'avais des amis qui faisaient une grosse... Boom ! Et ils avaient invité toute notre promo, et ils avaient dit, ah bah il ne reste plus de place, on ne peut pas t'inviter. Donc tout le monde était invité, et moi, il ne restait plus de place, je n'avais pas le droit d'être invité. J'avais dit, ok, pas de soucis, c'est pas grave. Et au final, j'étais super triste. Ils avaient vu que j'étais triste et ils m'ont invitée. J'avais tout le temps des petits trucs comme ça.

  • Speaker #0

    Tu ne te sentais pas intégrée dans le groupe. Oui, ça doit être compliqué, surtout à cet âge-là, quand tu es au collège-lycée. C'est encore plus les périodes où...

  • Speaker #1

    Très sensible. Oui, très sensible, où tu te construis. Puis, c'est compliqué parce que tu restes quand même dans le cocon familial. Du coup, tes parents, ils te protègent vachement. Et là, il fallait vraiment que je m'adapte à tout. Et j'étais en plus pas acceptée dans l'environnement, donc c'était un peu compliqué. Mais ça va, je m'en sors bien.

  • Speaker #0

    Au final, t'as pu te construire un peu autour de... Au-delà de ça,

  • Speaker #1

    etc. Ouais.

  • Speaker #0

    Tant mieux. Et du coup, après ta période aux Pays-Bas, retour en Tunisie, là t'es peut-être contente de revenir un peu en Tunisie, quitter ce groupe scolaire, tout ça, où ça se passe pas hyper bien ?

  • Speaker #1

    Bah, en fait, comme la dernière année, ça se passait super bien. C'était très compliqué pour moi, parce que j'ai enfin réussi à m'intégrer, à me sentir vraiment bien. dans mon environnement, je commençais à avoir des amis. Mes amis, elles commençaient... Enfin, on était un cercle d'amis. Ça se passait super bien. Donc, quand je partais, j'étais vraiment très triste. En plus, le pays, je savais que j'étais vraiment dans un pays incroyable et que j'allais certainement pas revenir. Du coup, quand je suis allée en Tunisie, ça m'a fait plaisir, bien sûr, de retrouver mon pays, de retrouver... C'est vraiment des cultures très différentes, le rapport les uns avec les autres. Les Tunisiens sont beaucoup plus chaleureux, par exemple. Voilà, ça fait... C'est la Méditerranée. Et en fait, finalement, on est arrivés en Tunisie. Au bout de 2-3 mois, j'étais déjà un peu passée à autre chose. En fait, quand tu voyages autant et quand tu vis dans plusieurs pays, t'es obligée de faire vite ton deuil parce que sinon, tu n'y arrives pas et tu ne t'adaptes pas au prochain pays. Du coup, t'as un peu la tristesse au début, mais ça part vite. Franchement, ça part assez rapidement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu sais peut-être qu'il y a déjà une prochaine étape qui va venir. Oui. Je dois passer à autre chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Puis j'ai été super bien intégrée en Tunisie. J'ai directement eu des amis. C'était vraiment... J'ai adoré mes années en Tunisie. C'était trop bien.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et après donc ton nouveau passage en Tunisie, cette fois c'est direction

  • Speaker #1

    Kenya. Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il peut nous raconter un petit peu le Kenya, comment ça se passe cette fois ?

  • Speaker #1

    Le Kenya c'était fou. Ouais. Parce que vraiment culture très différente de la Tunisie, de Malte, des Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Ouais là t'arrives dans encore quelque chose de totalement nouveau quoi.

  • Speaker #1

    Exactement, mais vraiment total dans le sens où l'environnement est complètement différent, notamment les bâtiments. Exactement. la langue, enfin ils ont aussi une histoire très différente. Par exemple, quand je suis arrivée, on parlait de tribus etc. C'est quelque chose que moi j'ai pas du tout connu en Tunisie ou même aux Pays-Bas, c'est vraiment très différent. Donc arrivé au Kenya, même par exemple la température, il fait à peu près beau toute l'année. En fait, il y a des périodes de pluie etc. Mais même le temps est différent. Enfin, la nature était différente, les forêts sont différentes. Vraiment, moi quand je suis arrivée, par exemple, la première chose qui m'a marquée, c'est qu'il y avait du sable rouge et j'en ai jamais vu. Et ça a quelque chose qui m'a marquée et je me rappelle, j'ai appelé mes parents et je leur ai dit « Y a du sable rouge ! »

  • Speaker #0

    Les petits détails qui marquent quoi !

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Donc du coup, ça doit vraiment faire un effet bizarre quoi, t'es là vraiment en terre inconnue.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. En fait, par exemple, ils utilisent les motos pour se déplacer, ils appellent ça « boda boda » . Par exemple, tu arrives à l'aéroport, il y a des personnes qui viennent te parler directement pour prendre tes bagages, pour les mettre. C'est vraiment quelque chose qu'en Europe, jamais de la vie, on descend dans l'aéroport. Genre, ils ne vont pas prendre tes affaires. Oui,

  • Speaker #0

    c'est chacun dans son point. Exactement.

  • Speaker #1

    Par exemple, quand tu fais tes courses, tu as quelqu'un qui met tes courses dans un sachet. C'est un employé. Genre, il passe sa journée à mettre tes courses dans un sachet.

  • Speaker #0

    C'est d'autres manières de faire. Exactement. Et t'as quel âge quand t'es arrivée au Kenya ?

  • Speaker #1

    J'étais assez...

  • Speaker #0

    T'étais au lycée encore ?

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au lycée, c'est ça. Je suis arrivée, j'étais au lycée, j'étais... En pleine crise d'adolescence, j'irais.

  • Speaker #0

    Le bon moment pour arriver dans quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Et donc, tu retournes dans un lycée français ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours fait du lycée français. Donc, lycée français de Nairobi, qui était très petit. On était, par exemple, en première, on était 5 personnes en ES, 3 élèves en L. et une quinzaine de personnes en S.

  • Speaker #0

    Ah purée ! Vraiment une classe quoi, limite !

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, exactement !

  • Speaker #0

    Toutes petites.

  • Speaker #1

    Là, ça me changeait encore de mon lycée de Tunis, où on était par exemple 10 classes de 35 élèves. Et là je passe à vraiment cours particulier.

  • Speaker #0

    Tout petit groupe. Ouais c'est vrai ! Ouais c'est ça, on va prendre ça à 5 dans un cours, là t'es vraiment au cœur du truc quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi du coup tes premières impressions quand t'arrives ?

  • Speaker #1

    Quand tu es dans ce nouvel environnement,

  • Speaker #0

    tu te dis quoi en fait quand tu arrives au début ?

  • Speaker #1

    Tu es perdue, tu perds tes repères, tu poses mille questions, tu regardes vraiment partout, tu t'interroges, tu observes énormément. Puis par exemple, quand je suis arrivée au début, je me rappelle que j'avais du mal avec l'argent, dans le sens où les gens étaient vraiment par exemple très très très très très pauvres, et je ne savais pas la valeur que ça avait, par exemple 3 euros pour... Et en fait ça a énormément de valeur. ça peut vraiment leur faire leur course, etc. Et les premières impressions du Kenya, c'est l'aide des extrêmes qui étaient présents dans ce pays, notamment les très très très riches et les vraiment très très très pauvres. Je n'ai jamais vu autant d'extrême pauvreté et je n'ai jamais vu autant d'extrême richesse.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Tu peux le voir dans la rue, dans la vie de tous les jours ? Oui. C'est quelque chose que tu peux noter, tu le remarques comment ?

  • Speaker #1

    Par exemple... ... Les riches, je dirais, ils ont des vraiment très grosses voitures, généralement. Ils ont des chauffeurs, des femmes des ménages. Ils ont des beaux habits. En fait, tu vois rapidement ceux qui partent souvent, par exemple, en Europe, pour acheter des beaux habits, etc. Un peu stylés, un peu décalés. Et puis, les pauvres, en fait, ils cohabitent à côté. Enfin, il y a un gros bidonville, et tu peux facilement y accéder, etc. C'est là où tu vois la pauvreté. Enfin, c'est... Vraiment, c'est quelque chose qui m'a énormément marquée. Et c'est là où je me suis dit... Ok, c'est ça la pauvreté. C'est pas ce qu'on connaît, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Là, t'as vraiment vu une autre phase de la pauvreté.

  • Speaker #1

    Oui. Et du coup, tu prends vachement du recul et tu te dis, ok, mais en fait, j'ai énormément de chance dans ma vie, déjà de voyager, de pouvoir voir tous ces pays, et en plus de pouvoir me déplacer comme je veux, etc.

  • Speaker #0

    Et d'être... Ça fait de la peine, mais c'est bien d'un côté, c'est fou du coup. ces raisonnements-là et ces questionnements-là, ces réflexions-là, en étant juste au lycée. Parce que ça, ça peut être des réflexions que tu as un peu plus tard, quand tu es un peu plus âgé, un peu plus autonome. Mais là, du coup, du fait d'être... de voyager, de voir tout ça, c'est clair que ça doit faire bizarre quand même.

  • Speaker #1

    Après, l'adolescence, c'est quand même une période où tu commences à être...

  • Speaker #0

    À capter quand même.

  • Speaker #1

    Et t'es plus juste centré sur toi, tu regardes quand même le monde, t'observes. Et puis, être centré sur soi, ça fait peut-être pas trop avancer les choses, et c'est aussi une ouverture d'esprit, finalement, de s'intéresser à ce qui se passe localement, etc. Parce que, généralement, les expatriés, ils vont rester entre eux. Ils vont habiter dans des immeubles où il y aura des Français, par exemple. Si c'est des Français, ils vont faire des événements, des soirées, etc. Ils ne vont pas se mélanger. Donc au final, tu habites dans un pays, mais tu n'as aucune idée de comment ça se passe. De comment ça se passe. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Ouais. En fait, tu es comme si tu t'es placé une partie de la France dans un autre pays.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu arrives quand même du coup à vraiment t'imprégner du pays, que ce soit que ça ait été à Malte, aux Pays-Bas ou là, au Kenya. à aller découvrir comment ça se passe, t'intégrer, voir le lifestyle, etc.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Parce que je ne sais pas, je pense que, comme je disais tout à l'heure, en ayant voyagé vraiment très jeune, forcément tu essaies de voir, sociabiliser, etc. Ça s'est vraiment accentué, je pense, au lycée. J'arrive à m'intéresser à la culture, à me l'imprégner, etc. À travers aussi les amitiés que je fais sur place. où ils sont généralement connectés à ce qui se passe autour d'eux. Généralement, ça peut être des locaux, etc. Et eux, vraiment, c'est eux qui vont te montrer les endroits, la culture. Ils vont t'expliquer, voilà, là, politiquement, ça se passe pas bien. Notamment, je pense aux Kenyans, qui d'ailleurs, en ce moment, politiquement, ça se passe pas bien du tout. Merci à mes amis de me dire, voilà, l'histoire, c'est comme ça, ça s'est passé comme ça. Parce que regarder sur Internet, en vrai, c'est bien. Tu sais plus où regarder parce qu'il y a tellement d'infos et du coup, tu sais pas ce qui est juste et ce qui est faux, etc. Du coup, avec des personnes qui l'ont vraiment vécu, qui sont sur place et qui connaissent un peu mieux, qui ont un peu les mêmes idées que toi, je pense, etc. Bah, t'as un peu plus de clarté.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des gens qui sont au coeur du truc et qui peuvent te transmettre les informations au coeur de la chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je dis pas, c'est pas toujours juste. Faut aussi... de soi-même, aller chercher. On peut pas juste écouter ce que les gens disent. Il faut aussi se faire son idée par soi-même. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est clair. Et ça te met... Tu mets combien de temps à peu près pour t'adapter à ce nouveau pays ? À te sentir un peu chez toi aussi, à être... à te dire, j'habite là et je me sens bien.

  • Speaker #1

    Franchement, très rapidement, je dirais deux, trois mois.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Moi je trouve que c'est quand même assez rapide.

  • Speaker #0

    Pour être dans quelque chose de totalement différent de ce que tu connais. Oui. Ouais, j'avoue, franchement, ça va.

  • Speaker #1

    mais aussi parce que je suis dans un cadre où je suis dans un lycée quand j'ai voyagé etc le lycée forcément t'es direct en contact avec des gens alors que quand tu pars adulte notamment dans un cadre de travail par exemple, beaucoup plus compliqué c'est vrai,

  • Speaker #0

    carrément tu vas pas créer des liens pareils, pas la même connexion t'arrives à te faire des amis au Kenya ?

  • Speaker #1

    oui, j'avais des amis qui étaient très différent de toutes les amitiés que j'avais avant qui aimait par exemple énormément la fête bon ben j'étais pas du tout fait tard au final voilà tous les week-ends j'étais en boîte de night quoi c'est ça c'est vraiment très différent par exemple une culture très branchée de musique très branché rappel rap américain pendant rap anglais enfin Ils sont très branchés, dansent, ils sont trop forts, ils savent trop bien danser. Franchement, c'était quelque chose.

  • Speaker #0

    Ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a trop plu.

  • Speaker #0

    Là, tu t'es retrouvée, tu t'es dit ça. Oui.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai pas mal fait de danse aussi dans ma vie. Normalement, elle est prof de sport. Elle a toujours mis énormément d'importance dans le sport. Et en fait, très rapidement, je assistais à ses cours, je faisais énormément d'aérobic, etc. Donc, c'est quelque chose que j'aimais de base. Et là je découvrais un autre monde vraiment cool quoi, où ça bouge dans tous les sens, personne se juge, tout le monde danse, tout le monde chante. C'est juste trop bien,

  • Speaker #0

    trop bien. Le vibe c'est joyeux et tout. Il y a la fierté. Ça doit changer un peu des Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Là même plus.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Et au Kenya du coup c'est quelle langue qu'ils parlent ?

  • Speaker #1

    Ils parlent Swahili principalement. Enfin non, c'est pas vrai. Ils parlent anglais, tout le monde parle anglais, peu importe qui c'est la personne, tout le monde parle anglais, ils parlent Swahili, mais aussi ils ont d'autres langues. Parce qu'ils ont, je n'ai pas envie de dire des bêtises, mais ils ont énormément de tribus, et chaque tribu a sa langue. D'accord.

  • Speaker #0

    Et toi, tu apprends un petit peu la langue scolaire ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu, petit à petit. Franchement, elle est compliquée, parce qu'elle ne ressemble à aucune langue que je connais.

  • Speaker #0

    Pour l'assimiler, c'est un peu plus...

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Même si les chiffres, c'est en arabe, parce qu'il y avait le commerce triangulaire, etc. Il y avait... des Syriens qui venaient, etc. Donc je pense qu'ils parlaient pour les chiffres en arabe, mais à travers mes amis aussi qui connaissent le Swahili. Et en fait, quand on va se balader dans la rue, etc. ils parlaient Swahili, du coup j'écoutais vachement et j'arrivais à capter, c'est comme ça. Mais sinon, je n'ai pas pris de cours, je ne me suis pas dit, il faudrait vraiment que j'apprenne à 100%

  • Speaker #0

    non. Surtout s'il y avait tout le monde qui parlait anglais avec tout le monde.

  • Speaker #1

    Oui, en fait c'est ça.

  • Speaker #0

    On était amenés à plus parler anglais du coup. C'est pas comme si, par exemple, les Pays-Bas, où ils vont parler néerlandais directement. Et tu restes combien de temps au Kenya ?

  • Speaker #1

    Deux, trois ans à peu près.

  • Speaker #0

    Tu n'étais pas restée plus ? Deux, trois ans ? Non. Et après tu retournes en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Non. Après, terminale. Et puis, en fait, ma famille est restée plus longtemps que moi. J'étais obligée de partir à la terminale pour aller faire mes études dans l'université francophone. Et j'avais le choix entre Pays-Bas, Canada, France. Sauf que ça coûte vraiment très cher. pour les personnes non européennes, notamment les Pays-Bas et le Canada, vraiment ça coûte très très très cher.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup la meilleure option ça a été la France.

  • Speaker #0

    Du coup tu débarques en France et c'était en 2019.

  • Speaker #1

    2019, oui c'est ça. L'année où on s'est rencontrées. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et comment ça se passe ton arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Alors je pensais que c'était comme les Pays-Bas, je pensais que l'Europe c'était tout comme ça, tout le monde s'accepte, tout le monde est content, etc. Pas du tout ! J'arrive en France, je trouve que c'était pas si propre que ça, par exemple.

  • Speaker #0

    T'es arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Bah Lyon. Je suis arrivée à Lyon directement. Je suis venue avec mon père parce que je connaissais pas. J'ai pas de famille en France. Enfin j'ai de la famille éloignée mais avec qui je suis pas spécialement en contact. Donc vraiment je suis toute seule en France.

  • Speaker #0

    Là c'était tes débuts de vraiment genre je pars, non pas pour suivre mes parents mais pour moi, étudier de mon côté et être toute seule.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc c'était quand même une aventure pour moi finalement. Carrément. En France. Je suis arrivée avec mon père, il m'a installée, j'étais dans un appart étudiant, et en fait au début t'es perdue.

  • Speaker #0

    rebelote, tu vas te déconventrer.

  • Speaker #1

    Mais moi quand même, parce que comme j'ai fréquenté des Français à peu près toute ma scolarité, vous connaissez un peu les codes,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Vous êtes français. Oui, c'est ça. Un peu comment les Français se comportaient, comment ça allait être un peu culturellement, etc. Même si c'est pas tout à fait représentatif de tout un pays, bien évidemment. Mais j'étais pas complètement dépaysée non plus. Puis il y a quand même et dans l'arabe par exemple, en France,

  • Speaker #0

    Je suis allée dans une grande ville.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe pour toi, ces premiers instants loin de ta famille, en étant dans un tout nouveau pays une fois de plus ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais que j'allais être super contente de quitter mes parents, d'avoir une liberté, de sortir quand je voulais, etc. Et finalement, avec le temps, tu te dis qu'il me manque finalement. Et le fait d'avoir des personnes quand tu rentres, ta maman, etc. me faire un petit câlin, un petit bisou, comment ça va aujourd'hui, etc. Bah du coup, j'étais vraiment livrée à moi-même dans un petit appart 18 mètres carrés. Chambre étudiante, donc c'était... En fait, je suis passée du tout tôt, j'étais avec ma famille, bien entourée, etc. Et d'un coup, tu te retrouves tout seule à l'université, où vraiment, c'est la jungle. C'est les gens qui viennent pas spécialement te parler, t'es dans des gros amphis. Tu passes... Moi, j'étais au lycée, on était quatre dans ma classe, oui c'est vrai. Et là, je passe dans un amphi. Où on est, je sais pas combien, mais on était énormément, quoi. Donc vraiment, j'étais là. Comment je vais suivre les cours ? Ça va être vraiment compliqué.

  • Speaker #0

    Et en plus, c'est pas comme si tu peux rentrer chez tes parents un week-end, quoi. Oui, c'est ça. Alors ils sont vraiment sur un autre continent.

  • Speaker #1

    Exactement. Surtout que quand je suis arrivée en 2019, ça veut dire que quelques mois après, il y a eu le Covid. Donc ça a vraiment compliqué les choses. Pendant le Covid, je suis restée en France. Je suis restée en France, c'est ça. J'ai eu le deuxième confinement. Celui qui a été annoncé en novembre, je suis allée 2-3 mois chez mes parents. Sauf que la Wi-Fi et l'Internet, elles arrêtaient pas de couper tout le temps. Donc j'avais du mal à suivre mes examens à distanciel. L'électricité, elle coupait d'un coup, donc j'avais plus rien. Et j'étais obligée de rentrer, en fait. Alors que j'aurais pu rester finalement, je sais pas, 7 mois. Parce que ça a duré très longtemps, le deuxième confinement. On disait que c'était juste un peu un recours et tout.

  • Speaker #0

    J'avoue que c'était hyper galère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc j'ai dû rentrer rapidement.

  • Speaker #0

    Et tu te sens, ça va, t'arrives à t'adapter quand même globalement à la France, à ce nouveau pays que tu as découvert ?

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, maintenant je me sens bien en France, je me sens chez moi. Quand je pars à l'étranger, j'ai envie d'entrer. Enfin, oui,

  • Speaker #0

    c'est de l'abri de la marche. Oui, super,

  • Speaker #1

    carrément.

  • Speaker #0

    Comment tu perds ça, elle est française ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question ! C'est une question piège ! Bah ça dépend des régions je dirais, maintenant que j'ai un peu découvert certaines régions, dépendant de s'ils sont proches d'une grande ville, d'une petite ville, s'ils ont un peu voyagé, s'ils ont un peu de diversité dans leur entourage etc. Ça peut être vraiment différent, mais je dirais qu'ils sont pas ouverts à parler anglais par exemple. Et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a marquée, c'est qu'il y a un touriste qui va se balader, qui va demander des choses etc. Et on va râler parce qu'on est en France et qu'il parle pas français. Et nous on s'attend à ce qu'on parte à l'étranger, parler français et que les gens nous répondent en français. Mais sinon, j'ai énormément aimé les Alsaciens. Parce que du coup, là en ce moment, j'ai cours à Strasbourg. Et vraiment c'est une culture...

  • Speaker #0

    C'est une mentalité.

  • Speaker #1

    Et c'est une mentalité hyper cool. Et en fait le nord c'est cool finalement. Et c'est pas que le sud qui est chaleureux, etc. Par contre, ce n'est pas la même chaleur, je suis d'accord, mais c'est une gentillesse différente.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'actuellement,

  • Speaker #1

    c'est différent.

  • Speaker #0

    C'est cool que tu aies pu voir différentes régions de la France et différentes mentalités. Je pense que c'est aussi un peu dans les pays comme ça. Selon où tu habites dans le pays, ce n'est pas la même mentalité que tout ça. Tout à fait. Globalement, par rapport au fait d'avoir habité dans plusieurs pays différents et de te construire pendant toute ta vie dans différents pays, c'est quoi que tu kiffes le plus ? dans cette manière de vivre.

  • Speaker #1

    Question assez complexe finalement. Ce que j'aime, c'est le renouveau. C'est vraiment tout laisser et aller se reconstruire, se réouvrir aux gens, trouver du travail par exemple, des études, se refaire un cercle. Vraiment partir de sa zone de confort en fait. Parce que parfois je me dis oui j'ai envie de rester sur place parce que je ne suis jamais restée plus de 5-6 ans dans une ville ou un pays. Et en fait, j'ai quand même un petit truc dans ma tête qui me dit Non, faut que tu partes, faut que tu ailles découvrir autre chose. Il y a plein de trucs à découvrir. Faut que tu sortes de ta zone de confort. Et en fait, voilà, je pense que c'est ça. C'est pour rien nouveau en fait. Ouais, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est pas fatigant d'être tout le temps dans ce nouveau,

  • Speaker #1

    justement ? Euh, non. Alors moi, c'est vraiment, je pense, dans ma personnalité, et c'est quelque chose auquel j'ai été habituée.

  • Speaker #0

    Ouais, ce que j'allais dire, t'as été peignée là-dedans, élevée là-dedans au final.

  • Speaker #1

    C'est ça, et en fait j'étouffe quand je reste trop longtemps dans une ville.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Je peux pas rester, je pense, plus de 5-6 ans à un endroit, avec une vie, voilà, boulot, dodo, métro, non ça c'est pas possible. J'ai besoin vraiment de bouger, de découvrir, même si c'est dans le même pays, c'est pas grave, mais en fait un pays c'est très riche, dépendant où tu vas, à l'est, à l'ouest. Nord-sud est le plus compliqué,

  • Speaker #0

    ou ce que tu aimes le moins finalement, dans cette manière de vivre. Encore une fois, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Les préparations, notamment les déménagements, les cartons, appeler sur place, trouver un appart, enfin tout ça quoi, c'est ça que je trouve le plus complexe. Et synchroniser entre les villes, de dire ok, là j'habite à Lyon par exemple, je dois partir à Besançon, comment je fais ? Qu'est-ce que j'emmène avec moi ? Est-ce que je dois faire deux allers-retours ? Un aller-retour ? Enfin, c'est...

  • Speaker #0

    Ouais, toute l'organisation autour de tout ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Puis j'imagine que ça devait être quelque chose quand c'était d'un pays à un autre, d'un continent à un autre.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Quand je vois déjà un déménagement, genre France à France, une ville à une autre, alors là, tu pars...

  • Speaker #1

    Ah oui, d'un continent à un autre, c'est vraiment très compliqué. Notamment pour mon père, parce que c'est lui qui fait les inscriptions au lycée, etc. Il faut qu'il appelle les lycées français pour voir s'il y a de la place. C'est vraiment toute une organisation à avoir. Il faut se renseigner sur où habiter, dans quel quartier, pour que nous, on soit le mieux placé. Est-ce qu'on va trouver un peu ce qu'on veut, notamment niveau voiture, niveau...

  • Speaker #0

    Votre vie,

  • Speaker #1

    etc. Oui, c'est ça. Exactement, est-ce que ça va être adapté ? Est-ce qu'il faut qu'on fasse un cantonnaire pour emmener nos affaires ? Est-ce qu'on rachète du nouveau ? Est-ce que... Tu vois ? Donc tout ça c'est quand même assez complexe.

  • Speaker #0

    Ouais c'est prenant, c'est... Ouais, prenant.

  • Speaker #1

    Moi je m'en rendais pas compte jusqu'à ce que ce soit moi-même qui me charge de ma vie, qui me charge de la paperasse, de l'administratif, etc. Je m'en rendais pas compte avant. Tu suis une mou. Exactement, je disais, on va au Kenya. D'accord.

  • Speaker #0

    Ok, je suis. On va à l'Arctique. C'est simple. Ouais c'est clair, quand t'es enfant c'est plus simple, tu suis une mou et puis basta quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et je te posais la question, comment tu te sens quand tu arrives dans un pays ? Mais comment tu te sens quand tu quittes un pays où tu viens de passer quand même 5 ans de ta vie, au moins 3 ans, 2 ans, 3 ans, quelques années, et que tu as pris tes marques, tu t'es adaptée, et là, c'est le moment de dire au revoir au final.

  • Speaker #1

    En fait, tu as l'impression de laisser un peu une partie de toi, de ton histoire, là-bas. Du coup, je ne t'en avais pas expliqué, mais du coup, tu as tous ces petits bouts qui te représentent, et en fait, tu pars. Généralement. à moitié content mais aussi à moitié triste. En fait, t'as l'impression que tu vas rater des moments sur place, que les gens vont évoluer, qu'ils vont t'oublier finalement. Et en fait, c'est toi qui finis par juste avoir une autre vie. On n'oublie pas nos amis mais en fait, tu finis par moins les contacter, etc. Puis t'as peur, elles commencent à s'estomper petit à petit. Puis tu te rends compte avec l'âge que tout le monde est pris dans sa vie et que tu partes ou que tu restes. Finalement, on se voit peut-être pas si souvent même si je suis sur place. Donc je dirais que c'est plus par rapport à... Mes amis, le sentiment de tristesse que je peux avoir. Mais ça peut être aussi par rapport à un pays. Par exemple, le Kenya, vraiment, j'étais très triste de partir. Parce que c'était vraiment un pays incroyable, très connecté à la nature. Les gens, ils étaient vraiment très sympas. Et vraiment, moi, j'ai adoré le Kenya. T'as bien fait ton moment. Carrément.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair que ça peut faire bizarre, quoi, quand tu passes du temps avec des gens. Et après, du jour au lendemain, au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ils rebelotent des nouvelles personnes.

  • Speaker #1

    Ouais, mais ils rebelotent, machin. Ouais. Puis parfois, par exemple, quand tu rencontres des personnes et qu'elles te disent « bah voilà, là c'est mon ami du primaire et tout » , ça te fait tilt, tu te dis « ah mais moi j'ai personne que je connais depuis aussi longtemps » . C'est vrai. Donc parfois tu te dis « bah est-ce que finalement mes amitiés elles vont durer ? Est-ce que c'est juste la période où je suis sur place ? » Tu te poses pas mal de questions, parfois tu te sens seule. Il y a des périodes où je me sens seule, où je me dis « bah je me sens appartenir à aucun pays » . Enfin, ou en tout cas, je me sens un peu perdue. Après, je reste bien, évidemment, tunisienne, dans le fond, et je me sens bien en France. Mais parfois, oui, t'as des troubles d'identité, un peu. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais te demander, justement, en ayant été élevée, en ayant construit, toi, un peu, ton identité, ta personnalité, tes valeurs, etc., dans des cultures différentes, dans des pays différents, à des périodes différentes de ta vie, est-ce qu'il y a un endroit où, vraiment, tu te sens chez toi ? auquel tu peux dire, là, vraiment, c'est chez moi ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je dirais que c'est en France. Mais parce que je me suis faite ma vie petit à petit, notamment à travers le sport, à travers mes études, à travers mon boulot, mon entourage. Je choisis aussi où je vais. Je ne suis plus obligée d'aller à cet endroit. Et puis tu t'entoures avec les personnes qui sont un peu de la même mentalité que toi. Puis en fait finalement tu commences à être en harmonie avec ton environnement. Et je dirais que c'est en France. Mais quand je rentre en Tunisie, je me sens aussi chez moi. Mais je ne me sens pas chez moi où j'ai envie de vivre là-bas. Je me sens chez moi, ça me manque, j'ai envie de rentrer. Mais j'ai envie de rentrer parce que mes parents sont là-bas, mes frères et sœurs. en tout cas en ce moment, et aussi parce que voilà la culture est ma manque etc. Mais dans la vie de tous les jours je me vois pas vivre en Tunisie, en tout cas pour l'instant.

  • Speaker #0

    Tu penses pour toi c'est quoi qui fait ce sentiment d'être chez soi ? Est-ce que ça va être le pays et ton quotidien globalement ou est-ce que ça va plus être finalement les personnes ?

  • Speaker #1

    Ton quotidien, clairement, et aussi les personnes. En fait c'est un mélange des deux je pense c'est...

  • Speaker #0

    Les personnes dans ton quotidien !

  • Speaker #1

    Exactement, les personnes dans ton quotidien, comment tu te sens dans ta vie, est-ce que par exemple... Tu fais les bonnes activités ? Est-ce que tu vois les bonnes personnes ? C'est assez dur, je trouve, de te répondre à cette question. Un mélange des deux, je pense.

  • Speaker #0

    Et tu disais parfois que tu te sens seule, tu te sens appartenir un peu à pas de pays, pas de culture, etc. Qu'est-ce que tu ressens, en fait, à ce moment-là, ce sentiment d'être seule, même si tu es un peu entourée, tu as quelques amis ? C'est quoi ? T'as l'impression de ne pas connecter avec ton environnement ? Ou c'est... Tu peux expliquer un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    En fait, t'as l'impression que t'es pas compris. Parce que tu vis quelque chose que les autres ne vivent pas. Personnellement, j'ai personne dans mon entourage qui a vécu une expérience comme moi j'ai pu vivre. Généralement, les gens, ils partent pour un an d'Erasmus, ou ils partent un an, par exemple, de cédure ou quoi. Mais ils n'ont jamais vécu, par exemple... Moi, j'ai vécu à l'étranger pendant à peu près 16 ans. 17 ans, je sais pas combien, mais énormément de temps finalement, où j'ai du tout le temps à m'adapter, etc. En fait, t'as l'impression d'être incompris. Du coup, quand je peux, par exemple, dire « Ah oui, aux Pays-Bas, il s'est passé ça, au Kenya, il s'est passé ça » , j'ai peur de passer pour la relou qui parle tout le temps de ces pays, de là où elle vient, etc.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu sens un décalage entre les autres et toi, au final, parce que t'as pas des personnes qui peuvent comprendre ce que t'as vécu.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parfois, ils ont des discours sur certaines choses, etc., où tu dis, bah, non. En fait, il faut vraiment que tu partes et que tu ailles voir pour comprendre, parce que là, ce que tu dis, bah... C'est pas vrai. C'est pas vrai. En tout cas, les médias, peut-être qu'ils montrent ça, mais c'est pas tout à fait vrai. Il faut vraiment que tu partes et que tu vois de tes propres yeux et ton propre jugement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est pas un peu frustrant, justement, de rencontrer beaucoup de personnes qui ne sont pas parties et de voir que, bah, ils vont... vont peut-être avoir une vision un peu plus fermée du monde, là où toi, tu as une vision très ouverte. Comment tu le vis,

  • Speaker #1

    ça ? En fait, je n'en parle pas spécialement. On ne pose pas énormément de questions, finalement, sur mes voyages, etc. Généralement, les personnes qui ne bougent pas trop, ne se posent pas trop de questions. En fait, ça vient peut-être un peu au fil des questions. Enfin, au fil du temps, je veux dire.

  • Speaker #0

    Peut-être quand tu as plus envie de connaître la personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et encore, franchement, par exemple, je pense à mon entourage à Besançon. La plupart des personnes ne savent pas que j'ai vécu dans autant de pays, que j'ai autant voyagé, etc. Donc c'est juste que c'est quelque chose que je garde pour moi finalement, en fait, dans ce cas-là. Donc je n'en parle pas spécialement et je fais ma life.

  • Speaker #0

    La vie continue quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il y a une culture à laquelle tu t'identifies le plus ?

  • Speaker #1

    Je dirais que je m'identifie à la culture tunisienne, mais aussi à la française. En fait, comme j'ai été éduquée par mes parents, qui sont vraiment très culturels, et vraiment, ils voulaient vraiment nous transmettre notre culture, que c'est pas parce qu'on voyage énormément qu'on perd ce d'où on vient, etc. Et je les remercie d'ailleurs pour ça. Parce que s'ils n'avaient vraiment pas insisté avec cette transmission, je pense qu'aujourd'hui, ça aurait été vraiment compliqué pour mes frères et soeurs et moi de se sentir tunisien. Donc c'est grâce à mes parents. Mais je me sens aussi... française. Comme je suis un peu de culture française, j'ai vécu avec des français, j'ai toujours été dans des lycées français. Enfin, maintenant je vis en France.

  • Speaker #0

    À partir du moment où on se met à chanter les corons.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement ! Les oiseaux vagues...

  • Speaker #0

    Je pense que le rugby ça t'a aidée.

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, moi le rugby vraiment ça m'a rendu bien française, je pense.

  • Speaker #0

    Ouais, puis au final, tu t'es vachement investie aussi dans... Tu étais bénévole au club, tu as fait du sport, tu étais à l'école, tu as fait des sorties, tu as voyagé dans le pays. Tout ça, ça t'aide peut-être à plus t'identifier à la culture.

  • Speaker #1

    Carrément. Je fais des petits jobs, je travaille au marché, j'ai vendu des fruits et des légumes, j'étais à la boulangerie, service civique, j'ai fait des stages. J'ai vraiment énormément bougé et finalement le rugby, ça m'a ouvert énormément de portes.

  • Speaker #0

    Le sport franchement c'est un bon vecteur de lien social.

  • Speaker #1

    Complètement. Et encore plus je pense le rugby comme c'est un sport collectif où tu vis vraiment des choses... des choses exceptionnelles, tu les vis pas n'importe où, n'importe quand.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est pratique aussi parce que quand tu vas dans une nouvelle ville, typiquement là t'es passé de Lyon, t'as rencontré des gens, t'as été un peu dans son île à Strasbourg, tu t'es intégrée à des nouvelles personnes, à une nouvelle équipe et tout, ça va être de ouf.

  • Speaker #1

    Et au final on se retrouve tous avec un point en commun, c'est le sport. Et en fait t'as des gens qui viennent de tous les horizons, qui ont des parcours très différents etc. Et tout le monde est là pour s'aider. C'est dans un fait comme on n'est pas payé, etc. que même les coachs sont pas payés. Donc en fait, le but, c'est vraiment de s'amuser, de se retrouver, de faire ça collectivement. Donc ça a toute son importance. Voilà,

  • Speaker #0

    ça joue beaucoup, c'est sûr. Globalement, tu peux dire que la vie que tu as eue et cette richesse, cette diversité, ça t'a apporté quoi dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'ouverture d'esprit, l'adaptation, l'acceptation de soi. des autres, mais aussi de l'environnement, un peu de tout.

  • Speaker #0

    Comment ça t'a aidé à t'accepter toi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu rencontres tellement de gens super différents que tu finis par être bien dans ta peau parce que tu vois beaucoup de différences. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Pas trop. Dépendant des pays, par exemple, les normes physiques sont différentes. Les critères de beauté sont différents. Et du coup tu peux être super beau dans un pays et puis un peu moins dans d'autres finalement. Mais tu t'en fous parce que au final c'est différent dans tous les cas et peu importe où tu vas aller, les gens ils auront des trucs à te dire. Ouais,

  • Speaker #0

    au final tu t'en viens à te détacher des normes sociales.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te rends compte que la norme sociale c'est pas, il n'y en a pas que une et c'est pas la vérité unique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en voyageant... Tu te rends compte que c'est hyper différent. Du coup, tu prends confiance en toi. Tu te dis, oui, j'ai mon parcours. Je suis comme ça. Tu prends confiance en toi.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est beau. Franchement, que ça aille dans ce sens-là. Aujourd'hui, tu aurais envie d'aller vivre dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Carrément. Par exemple, le Canada. C'est quelque chose qui me tente énormément. J'ai très envie d'y aller. Et l'Amérique latine. Je n'ai pas du tout fait le continent américain. C'est...

  • Speaker #0

    À découvrir quoi ?

  • Speaker #1

    À découvrir, exactement.

  • Speaker #0

    Il y a un des pays dans lesquels tu as vécu avec tes parents, dans lequel tu aimerais bien retourner ?

  • Speaker #1

    Les Pays-Bas. Alors, objectif de vie, c'est d'aller vivre aux Pays-Bas. Je ne sais pas quand, à quel âge,

  • Speaker #0

    combien. Mais tu ne vas pas peut-être là-bas ?

  • Speaker #1

    Ce n'est pas peut-être, c'est finir mal aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    C'est une certitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Ah oui, c'est vraiment une qualité de vie que je n'arrive pas à retrouver pour l'instant. C'est mon objectif, mon goal.

  • Speaker #0

    ultime dans la vie habité au pays.

  • Speaker #1

    Exactement. Et si c'est pas les Pays-Bas ? Sud-Ouest de la France.

  • Speaker #0

    Ok, ouais, donc là, on est vraiment sur deux ambiances différentes.

  • Speaker #1

    C'est ça. J'ai l'impression d'être claire dans ma tête, mais en fait, au final, non.

  • Speaker #0

    Après avoir une maison aux Pays-Bas et au Sud-Ouest, comme ça,

  • Speaker #1

    à la paravise, c'est assez clair.

  • Speaker #0

    Si t'avais un conseil à donner à une personne qui est voudraient habiter dans plusieurs pays, qu'est-ce que ce serait ? À ton avis, qu'est-ce qu'il serait bien que la personne sache ? Qu'est-ce qu'il serait utile pour elle ?

  • Speaker #1

    Oui, genre... Ok, je vois. En fait, il faudrait vraiment que la personne se renseigne avant, essayer de trouver des locaux sur place, bien s'informer sur la sécurité, notamment je pense au Kenya, qui n'est pas un pays très sécurisé, se renseigner sur les normes, sur comment ça se passe. des basiques, comment dire bonjour, merci, au revoir. Vraiment, on ne se rend pas compte, mais là,

  • Speaker #0

    typiquement, on est actuellement au post-final. Et c'est des trucs qu'on ne savait pas, et ça vient, on se retrouve bloquée. Je ne sais pas comment on arrive. Et ça embête, de ne pas pouvoir communiquer,

  • Speaker #1

    alors que c'est des basiques. Donc, il ne faut pas supposer que tout le monde parle anglais. Donc, vraiment, on a essayé de voir un peu la culture, etc. Lire, se renseigner, regarder des vidéos.

  • Speaker #0

    Franchement, se renseigner un peu sur le pays avant de débarquer et pas arriver à la fleur ou fusil touriste où je débarque.

  • Speaker #1

    Parce que sinon, ça peut vraiment, en tout cas pour les personnes qui n'ont pas beaucoup voyagé, ça peut vraiment faire un gros choc culturel. Surtout quand on arrive plein d'ambition, on va s'installer, etc. Parfois, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #0

    Bien souvent, même, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #1

    Exactement. Et en fait, tu regardes les médias, par exemple, l'Afrique, tu as l'impression que c'est vraiment sous-développé, pas très avancé, etc. Eh bien, ce n'est pas vrai. C'est des idées reçues. Le Kenya, c'était hyper développé. Ils étaient en avance sur énormément de choses. Notamment, ils ont interdit le plastique depuis 2016, je crois. Chose que nous, en France... c'est en train d'arriver, mais sachez que plastique là-bas ça passe pas c'est juste des idées reçues et quand t'arrives, vraiment tu peux très très mal vivre et avoir le mal de chez soi le mal du pays et ça c'est quelque chose dont on parle peut-être pas assez les voyages c'est pas juste beau et cool ça peut être vraiment pas cool et vivre des mauvaises expériences en fait si on se concerne pas assez aussi on peut atterrir dans des choses je pense qu'on aimerait bien qu'on n'a pas envie d'atterrir là-bas. Et voilà, dépendant des dangerosités des pays, c'est vraiment très important. Je pense qu'en Europe, globalement, ça reste quand même assez safe, assez... Voilà, c'est les mêmes normes, etc. Mais dès qu'on sera un peu plus... Je pense que...

  • Speaker #0

    Ouais, t'es dans quelque chose de totalement différent, d'autres codes, d'autres manières de faire, de penser, etc.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    On peut être un peu plus surprendre au final. Auquel on s'attend pas et on peut même pas imaginer, quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas de nous avoir partagé ton histoire. Merci à toi. C'est super cool.

  • Speaker #1

    Et voilà. Je n'avais pas été pour ça.

  • Speaker #0

    Non, franchement, c'est bon. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. Perso, j'ai vraiment adoré découvrir cette manière de vivre que je ne connaissais pas du tout. Et en tout cas, tu peux t'abonner à la chaîne pour ne pas louper le prochain épisode. Et tu peux aussi me retrouver sur Instagram. pour échanger sur tout ça sur la page Partir Podcast. À bientôt !

Chapters

  • Intro

    00:06

  • Fonctionnement du diplomate

    01:35

  • Malte

    02:20

  • Les Pays-Bas et le multi-langage

    04:13

  • Retour en Tunisie

    13:38

  • Kenya et découverte culturelle

    15:06

  • Etudes en France

    26:18

  • Le kiff de bouger partout

    31:40

  • Le plus compliqué à gérer

    33:12

  • Quitter un pays

    35:06

  • Se sentir chez soi quand on a constamment déménagé

    37:25

  • Enrichissement personnel

    43:59

  • Conseil pour s'expatrier

    46:31

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Description

Elle a habité dans 5 pays depuis qu'elle est née, qui plus est sur 2 continents différents.


Voici aujourd'hui l'histoire de Narmine !


Son père étant diplomate, il est muté tous les 5 ans environ dans un nouveau pays et Narmine a, par conséquent, suivi le mouv.

On a jusqu'ici parlé de celles et ceux qui partent de leur plein gré, mais dans ce cas là, les enfants suivent juste les parents sans trop avoir le choix.

Elle a donc habité en Tunisie (son pays d'origine), à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en France.

Mais du coup, comment on se construit quand on a des nouveaux environnements et repères tous les 5 ans ?

Qu'il faut sans cesse se réhabituer ?


Et aussi, est-ce qu'il y a une culture laquelle on s'identifie ? ou un pays où on se sent chez soi ?

Perso, en ayant toujours habité en France, et en ayant habité 18 ans dans la même ville, c'est cette ville là que je considère comme mon "chez moi".

Mais si on change tout le temps, ça donne quoi ?

Narmine nous explique tout ça, et nous parle des pays qu'elle a préféré, de ses difficultés et comment ce parcours l'a aidé à avancer dans la vie.


Bonne écoute !


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Infos utiles :


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Disponible à l'écoute sur toutes les plateformes : https://smartlink.ausha.co/partir

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Si cet épisode t’a plu, tu devrais aussi aimer : https://podcast.ausha.co/partir/vivre-dans-plusieurs-pays-hortense




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous et bienvenue sur Partir, le podcast qui vous montre comment ça se passe d'aller vivre dans un autre pays. Et aujourd'hui, épisode un petit peu différent, parce que jusqu'ici, on a découvert des personnes qui partaient de leur plein gré, mais on n'a pas parlé de celles et ceux qui suivent leur famille, ou qui sont, voilà, par exemple, enfants de parents qui, eux, partent à l'étranger. Et ben, ça a été le cas de Narmin, qui, elle, est fille de diplomate, donc elle a habité dans cinq pays depuis qu'elle est née, et qui plus est, sur deux continents différents. Donc c'est vraiment... construites à travers différentes cultures, différents modes de vie. Et je me demandais, quand on bouge autant, est-ce qu'il y a un pays auquel on se sent appartenir ? Et comment, ouais, on se construit au milieu de toutes ces cultures ? Comment on se réadapte à chaque fois ? Et du coup, voilà, Narmin nous explique un petit peu tout ça dans cet épisode. Donc je vous laisse découvrir son histoire et je vous souhaite une bonne écoute ! Salut Narmin ! Merci de prendre du temps pour faire ce petit... épisode de podcast avec moi. J'ai hâte d'entendre ton parcours, ton histoire et que tu m'en dises un petit peu plus parce qu'au final, on n'en a pas hyper beaucoup parlé de tout ça, même si on se connaît depuis maintenant quelques années. Donc toi, t'es fille de diplomate, tu as du coup habité dans plusieurs pays depuis que t'es née.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc tu vas pouvoir nous raconter un petit peu tout ça, ce que ça fait d'habiter dans plusieurs pays, de se réadapter, ton parcours, etc. Et pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer comment ça se passe quand tu es fille de diplomate ? Quel est un peu le fonctionnement d'être diplomate et une vie de diplomate ?

  • Speaker #1

    Ok, alors déjà merci pour l'invitation. C'est hyper cool. Et ensuite, comment ça se passe être enfant diplomate ? Ça dépend des pays. Moi, je suis enfant diplomate d'une famille tunisienne. dépendant des pays, il y a différentes lois, etc. Nous, en Tunisie, comment ça se passe ? C'est qu'on fait 5 ans, voire 6 ans à l'étranger, ensuite on doit rentrer 1 an ou 2 en Tunisie, et après on repart encore pour des missions, 5-6 ans, etc. Donc plusieurs missions, ça peut aller jusqu'à 4 missions, donc au final jusqu'à à peu près 20 ans d'expatriation, on va dire, où on est envoyé pour aller faire des missions à l'étranger.

  • Speaker #0

    Merci. Ok, et du coup, toi, tu as habité dans quel pays ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai habité à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en Tunisie. Et maintenant, je suis en France.

  • Speaker #0

    Voilà, tu as fait un petit peu le tour, c'est ça. Et tu es née en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Je suis née en Tunisie. Juste après, je suis allée à Malte.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge quand tu as été à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense un an.

  • Speaker #0

    Tu étais petite ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense 4-5 ans. Avec ma mère, on faisait énormément d'aller-retour, comme j'étais pas encore en cours. Donc je dirais que j'étais moitié Malte, moitié Tunisie. Et c'est vraiment juste à côté. C'est à, je crois, 1h30 de vol. Ah oui ? Oui, donc c'est vraiment, vraiment, vraiment à côté.

  • Speaker #0

    Et tu t'en rappelles aujourd'hui un petit peu de ta vie à Malte ?

  • Speaker #1

    Des petits flashs, vraiment des petits flashs. Surtout quand je vois les vidéos. Les vidéos, non, pas des vidéos. Quand je vois des albums, photos avec ma famille, etc. Oui. Mais sinon, je ne me rappelle pas très,

  • Speaker #0

    très bien. Oui, ça te rappelle. Tu as des petits flashbacks. Oui. Mais pas tant que ça. Ils parlent quelle langue à Malte ?

  • Speaker #1

    Anglais et maltais. Ils ont une langue locale. Donc, il y a un mélange un peu d'arabe, d'italien. C'est très rigolo.

  • Speaker #0

    OK. Et du coup, toi, avec tes parents, dans ta vie quotidienne, dès que tu es petite ? Tu parles donc tunisien et anglais aussi ? Alors oui,

  • Speaker #1

    du coup comme je suis allée à Malte, comme c'était de l'anglais là-bas, directement j'étais directe à bilingue anglais-arabe. Et quand je suis rentrée en Tunisie voir ma famille, ma grand-mère, etc. il y avait des périodes où je ne savais plus parler arabe tellement je parlais anglais. C'est ce que ma mère me rappelait.

  • Speaker #0

    Tu sais déjà que tu étais la tête dans l'anglais.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc depuis toute jeune dans l'anglais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après être allée à Malte, vous revenez pendant la disparaissance en Tunisie. Oui. Ensuite, vous allez aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ensuite, mon père a été muté aux Pays-Bas pendant six ans. Et là, du coup, j'ai vécu une partie du primaire et une partie du collège aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment, du coup, pour ta scolarité ? Tu es dans des établissements spéciaux, c'est comment ?

  • Speaker #1

    C'est des lycées français à l'étranger, donc c'est payant. Et généralement, il y a pas mal de diplomates, d'expatriés, de Français qui habitent sur place, notamment des enfants de profs. Par exemple, aux Pays-Bas, il y avait énormément de personnes qui travaillaient sur place, et c'était des Français qui avaient fait ce choix-là, de demander à leur boulot, donc de déménager, etc.

  • Speaker #0

    Donc, aux Pays-Bas, tu étais de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #1

    À peu près, je pense, de mes 10 ans jusqu'à... voire même 9 ans, jusqu'à mes 14 ans,

  • Speaker #0

    un truc comme ça. Oui, donc là, tu es déjà un peu plus âgée. Tu t'en rappelles du coup un petit peu plus. Oui,

  • Speaker #1

    je m'en rappelle.

  • Speaker #0

    Ça se passe comment d'être à l'école, aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué, parce que comme j'avais vécu vraiment en Tunisie, je ne parlais pas très bien français, donc je confondais par exemple énormément un et une. J'avais du mal à m'exprimer vraiment clairement en français. Donc quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué de m'intégrer. Les enfants, c'est méchant. Donc, j'ai vécu... J'avais du mal à m'intégrer, j'avais du mal à rentrer dans le cercle. Et je l'ai très, très mal vécu. Mais bon, ça m'a forgé, donc voilà. Et ensuite, j'avais cumulé pas mal de lacunes parce que je n'ai pas directement commencé dans le système français. Avant d'arriver aux Pays-Bas, j'étais dans le système tunisien. Donc, je parlais arabe, en cours, etc. Donc, il fallait vraiment que c'était une adaptation complète.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais appris le français avant d'arriver aux Pays-Bas dans des écoles françaises ou tu as appris sur place là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai appris avant, comme le français c'est une langue obligatoire dans l'éducation en Tunisie. Mais aussi ma mère m'a fait prendre des cours particuliers, tout le temps, vraiment très intensifs. Pour que quand j'arrive, parce qu'en fait il savait que j'allais partir et qu'il fallait absolument que j'apprenne le français, que je sois au taquet. Et du coup j'ai fait des cours intensifs pour être à peu près... à peu près un niveau, sauf que, en fait, entre faire une formation et être sur place et vraiment pratiquer avec des personnes, c'est vraiment leur langue, c'est pas pareil. Donc, il y a eu vraiment un décalage entre, voilà, moi en Tunisie qui parle français et quand je suis arrivée, que j'étais avec des vrais français, voilà.

  • Speaker #0

    Ouais, forcément, il y a un petit écart de langue, c'est pas la même manière peut-être de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, dans tes cours, c'était français, et dans la vie quotidienne, du coup, c'était quelle langue ?

  • Speaker #1

    Au Pays-Bas ? Au Pays-Bas, à l'extérieur c'était le néerlandais, à la maison c'était l'arabe, et au lycée c'était le français. Et puis le néerlandais au début, je parlais pas néerlandais forcément quand je suis arrivée, je parlais anglais, donc c'était plus anglais les premières années, et en fait quand on est jeune vraiment on capte très rapidement les langues etc. Donc mes parents ils m'ont vachement fait participer à des sports etc. où j'ai été coachée par des néerlandais, et je pense que c'est vraiment C'est ça qui m'a poussée que j'apprenne le néerlandais. J'ai toujours été entourée, en fait, dépendant des environnements, de plusieurs langues, etc.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment dans ta tête, au milieu de toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    Plus jeune, t'es un peu perturbée, je dirais, parce que du coup, dans ta phrase, tu mélanges, enfin, tu peux dire vraiment un début de phrase en arabe, à la fin c'est anglais, et puis tu réfléchis en français, enfin, c'est un peu compliqué. Puis en fait... petit à petit avec le temps ça se restructure tu avances le niveau ton niveau augmente et voilà après bon ça arrive toujours d'avoir des blagues mais ça va quand même quand tu es quand tu as des mots de tous les côtés qui doivent user même

  • Speaker #0

    de réfléchir dans une autre langue et parler dans une autre langue et entendre une troisième langue c'est vrai c'est vrai mais quand on est jeune vraiment une capacité à apprendre qui est incroyable parce que

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte aujourd'hui que j'ai réussi à apprendre des langues, mais vraiment très rapidement, et être vraiment très à l'aise rapidement. Chose qu'aujourd'hui, je pense que j'aurais un peu plus de mal si j'allais vivre par exemple en Espagne et qu'il fallait que j'apprenne l'espagnol. Je l'apprendrais certainement parce que les personnes, je pense, qui ont plusieurs langues en tête, ils ont plus facilement le truc pour apprendre. Mais je n'aurais pas autant de facilité. Je ne vais pas l'apprendre en un an fluide, écrire,

  • Speaker #0

    lire. Ça prend un tête. un peu plus de temps que quand t'es plus jeune. C'est vrai que c'est fou les enfants de la rapidité où t'assimiles les choses,

  • Speaker #1

    t'envisages très tôt, très de ouf.

  • Speaker #0

    Et la vie aux Pays-Bas, ça se passe comment ? T'aimes bien ? Tu t'y sens bien ?

  • Speaker #1

    C'était trop bien. Dans mon lycée, personnellement, ça se passait pas bien. Dans mon environnement avec les personnes avec qui j'étais, j'arrivais pas à m'adapter, j'arrivais pas à rentrer dans le cercle. Mais à l'extérieur, ça se passait bien parce que mes parents ont toujours vraiment tenu à ce que je fasse une activité. culturel ou sportif ou quoi et à l'époque je faisais de la natation et je faisais des plongeons artistiques donc c'était vraiment très stylé et je faisais des compétitions c'était trop bien et c'est des personnes hyper ouvert d'esprit très agréable vraiment les néerlandais très très agréable toutes les religions sont acceptées peu importe comment tu es, la couleur de ton peau, les origines, ce que tu as vécu comment tu es, c'est accepté en fait tant qu'on se respecte l'un et l'autre et ben c'est ok En fait, ils ne viendront jamais dire pourquoi tu mets du jaune avec du rouge.

  • Speaker #0

    Oui, ils sont hyper tolérants.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    accueillant, tant que tu peux être toi-même avec eux. Ouais, ça peut être appréciable.

  • Speaker #1

    Mais, à côté de ça, c'est quand même des personnes assez carrées, dans le sens où, si par exemple, t'as pas le droit de faire pipi dans la rue, tu te prends une amende, t'as pas le droit de jeter ton chewing-gum dans la rue, les mégots, etc., ils sont vraiment très carrés, et y a pas de négociation, tu vas pas dire « Non, je suis vraiment désolée. » Non ! Tu te prends l'amende et c'est tout. Et c'est pour ça, je pense que c'est aussi propre, que les gens respectent la planète, etc. Ouais, c'est vraiment très, très cool, très chouette.

  • Speaker #0

    Par rapport à la Tunisie, tu sens du décalage au niveau des cultures, d'être passée à la Tunisie et d'être passée aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Énorme décalage. Ouais, il est vraiment pour le coup énormissime. Je ne saurais pas le décrire pour le coup, parce que c'est vraiment un décalage sur tout, matériel, financier, politique, social. Donc oui, c'est pas du tout comparable.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vis, toi, à ce moment-là, d'être dans... Bah, issue... d'un pays qui est totalement différent d'un pays où tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, quand t'es jeune, t'es vachement... En tout cas, moi personnellement, j'étais vachement centrée sur moi finalement. Et du coup, je pense que c'était pas quelque chose qui me dérangeait. C'était vraiment m'adapter à l'environnement dans lequel j'étais, etc. J'avais pas du mal à partir de la Tunisie à ce moment-là. Et... En fait, quand t'es jeune, tu le vis pas spécialement mal parce que t'es pas politisé, t'es pas... Enfin, t'as peut-être pas trop... conscience des choses finalement. T'es vraiment dans ta petite bulle, collège, lycée, frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Tu te souviens peut-être un peu de ce qui se fait autour de toi sans te reposer de questions. C'est différent, c'est pas pareil. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu le sais. Tu le sais. Et comme tu bouges jeune, tu le sais déjà très jeune. Donc, c'est pas comme quand t'as 25 ans que tu commences à voyager et là, t'as peut-être le choc. Moi, je pense que j'ai pas trop, trop vécu ce Ausha.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. construite dans la différence et dans ce genre de choses, tu l'as appris peut-être plus facilement.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et t'arrives quand même petit à petit à t'intégrer au lycée avec d'autres Français, à avoir un petit peu une vie sociale,

  • Speaker #1

    ou c'est compliqué ? Aux Pays-Bas ?

  • Speaker #0

    Ouais, aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Aux Pays-Bas, c'était ma dernière année, j'ai réussi à m'intégrer. Au début, j'avais vraiment pas de vie. C'était vraiment compliqué de m'intégrer. Je dirais que j'ai un peu vécu un un peu un harcèlement scolaire et j'en ai jamais parlé jusqu'à ce que...

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    jusqu'à ce que... Ah oui. J'ai compris ce que c'était, et du coup j'ai réussi un peu à poser les mots dessus, mais c'était vraiment très compliqué. J'étais pas... Par exemple, je me rappelle d'un truc, j'avais des amis qui faisaient une grosse... Boom ! Et ils avaient invité toute notre promo, et ils avaient dit, ah bah il ne reste plus de place, on ne peut pas t'inviter. Donc tout le monde était invité, et moi, il ne restait plus de place, je n'avais pas le droit d'être invité. J'avais dit, ok, pas de soucis, c'est pas grave. Et au final, j'étais super triste. Ils avaient vu que j'étais triste et ils m'ont invitée. J'avais tout le temps des petits trucs comme ça.

  • Speaker #0

    Tu ne te sentais pas intégrée dans le groupe. Oui, ça doit être compliqué, surtout à cet âge-là, quand tu es au collège-lycée. C'est encore plus les périodes où...

  • Speaker #1

    Très sensible. Oui, très sensible, où tu te construis. Puis, c'est compliqué parce que tu restes quand même dans le cocon familial. Du coup, tes parents, ils te protègent vachement. Et là, il fallait vraiment que je m'adapte à tout. Et j'étais en plus pas acceptée dans l'environnement, donc c'était un peu compliqué. Mais ça va, je m'en sors bien.

  • Speaker #0

    Au final, t'as pu te construire un peu autour de... Au-delà de ça,

  • Speaker #1

    etc. Ouais.

  • Speaker #0

    Tant mieux. Et du coup, après ta période aux Pays-Bas, retour en Tunisie, là t'es peut-être contente de revenir un peu en Tunisie, quitter ce groupe scolaire, tout ça, où ça se passe pas hyper bien ?

  • Speaker #1

    Bah, en fait, comme la dernière année, ça se passait super bien. C'était très compliqué pour moi, parce que j'ai enfin réussi à m'intégrer, à me sentir vraiment bien. dans mon environnement, je commençais à avoir des amis. Mes amis, elles commençaient... Enfin, on était un cercle d'amis. Ça se passait super bien. Donc, quand je partais, j'étais vraiment très triste. En plus, le pays, je savais que j'étais vraiment dans un pays incroyable et que j'allais certainement pas revenir. Du coup, quand je suis allée en Tunisie, ça m'a fait plaisir, bien sûr, de retrouver mon pays, de retrouver... C'est vraiment des cultures très différentes, le rapport les uns avec les autres. Les Tunisiens sont beaucoup plus chaleureux, par exemple. Voilà, ça fait... C'est la Méditerranée. Et en fait, finalement, on est arrivés en Tunisie. Au bout de 2-3 mois, j'étais déjà un peu passée à autre chose. En fait, quand tu voyages autant et quand tu vis dans plusieurs pays, t'es obligée de faire vite ton deuil parce que sinon, tu n'y arrives pas et tu ne t'adaptes pas au prochain pays. Du coup, t'as un peu la tristesse au début, mais ça part vite. Franchement, ça part assez rapidement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu sais peut-être qu'il y a déjà une prochaine étape qui va venir. Oui. Je dois passer à autre chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Puis j'ai été super bien intégrée en Tunisie. J'ai directement eu des amis. C'était vraiment... J'ai adoré mes années en Tunisie. C'était trop bien.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et après donc ton nouveau passage en Tunisie, cette fois c'est direction

  • Speaker #1

    Kenya. Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il peut nous raconter un petit peu le Kenya, comment ça se passe cette fois ?

  • Speaker #1

    Le Kenya c'était fou. Ouais. Parce que vraiment culture très différente de la Tunisie, de Malte, des Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Ouais là t'arrives dans encore quelque chose de totalement nouveau quoi.

  • Speaker #1

    Exactement, mais vraiment total dans le sens où l'environnement est complètement différent, notamment les bâtiments. Exactement. la langue, enfin ils ont aussi une histoire très différente. Par exemple, quand je suis arrivée, on parlait de tribus etc. C'est quelque chose que moi j'ai pas du tout connu en Tunisie ou même aux Pays-Bas, c'est vraiment très différent. Donc arrivé au Kenya, même par exemple la température, il fait à peu près beau toute l'année. En fait, il y a des périodes de pluie etc. Mais même le temps est différent. Enfin, la nature était différente, les forêts sont différentes. Vraiment, moi quand je suis arrivée, par exemple, la première chose qui m'a marquée, c'est qu'il y avait du sable rouge et j'en ai jamais vu. Et ça a quelque chose qui m'a marquée et je me rappelle, j'ai appelé mes parents et je leur ai dit « Y a du sable rouge ! »

  • Speaker #0

    Les petits détails qui marquent quoi !

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Donc du coup, ça doit vraiment faire un effet bizarre quoi, t'es là vraiment en terre inconnue.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. En fait, par exemple, ils utilisent les motos pour se déplacer, ils appellent ça « boda boda » . Par exemple, tu arrives à l'aéroport, il y a des personnes qui viennent te parler directement pour prendre tes bagages, pour les mettre. C'est vraiment quelque chose qu'en Europe, jamais de la vie, on descend dans l'aéroport. Genre, ils ne vont pas prendre tes affaires. Oui,

  • Speaker #0

    c'est chacun dans son point. Exactement.

  • Speaker #1

    Par exemple, quand tu fais tes courses, tu as quelqu'un qui met tes courses dans un sachet. C'est un employé. Genre, il passe sa journée à mettre tes courses dans un sachet.

  • Speaker #0

    C'est d'autres manières de faire. Exactement. Et t'as quel âge quand t'es arrivée au Kenya ?

  • Speaker #1

    J'étais assez...

  • Speaker #0

    T'étais au lycée encore ?

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au lycée, c'est ça. Je suis arrivée, j'étais au lycée, j'étais... En pleine crise d'adolescence, j'irais.

  • Speaker #0

    Le bon moment pour arriver dans quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Et donc, tu retournes dans un lycée français ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours fait du lycée français. Donc, lycée français de Nairobi, qui était très petit. On était, par exemple, en première, on était 5 personnes en ES, 3 élèves en L. et une quinzaine de personnes en S.

  • Speaker #0

    Ah purée ! Vraiment une classe quoi, limite !

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, exactement !

  • Speaker #0

    Toutes petites.

  • Speaker #1

    Là, ça me changeait encore de mon lycée de Tunis, où on était par exemple 10 classes de 35 élèves. Et là je passe à vraiment cours particulier.

  • Speaker #0

    Tout petit groupe. Ouais c'est vrai ! Ouais c'est ça, on va prendre ça à 5 dans un cours, là t'es vraiment au cœur du truc quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi du coup tes premières impressions quand t'arrives ?

  • Speaker #1

    Quand tu es dans ce nouvel environnement,

  • Speaker #0

    tu te dis quoi en fait quand tu arrives au début ?

  • Speaker #1

    Tu es perdue, tu perds tes repères, tu poses mille questions, tu regardes vraiment partout, tu t'interroges, tu observes énormément. Puis par exemple, quand je suis arrivée au début, je me rappelle que j'avais du mal avec l'argent, dans le sens où les gens étaient vraiment par exemple très très très très très pauvres, et je ne savais pas la valeur que ça avait, par exemple 3 euros pour... Et en fait ça a énormément de valeur. ça peut vraiment leur faire leur course, etc. Et les premières impressions du Kenya, c'est l'aide des extrêmes qui étaient présents dans ce pays, notamment les très très très riches et les vraiment très très très pauvres. Je n'ai jamais vu autant d'extrême pauvreté et je n'ai jamais vu autant d'extrême richesse.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Tu peux le voir dans la rue, dans la vie de tous les jours ? Oui. C'est quelque chose que tu peux noter, tu le remarques comment ?

  • Speaker #1

    Par exemple... ... Les riches, je dirais, ils ont des vraiment très grosses voitures, généralement. Ils ont des chauffeurs, des femmes des ménages. Ils ont des beaux habits. En fait, tu vois rapidement ceux qui partent souvent, par exemple, en Europe, pour acheter des beaux habits, etc. Un peu stylés, un peu décalés. Et puis, les pauvres, en fait, ils cohabitent à côté. Enfin, il y a un gros bidonville, et tu peux facilement y accéder, etc. C'est là où tu vois la pauvreté. Enfin, c'est... Vraiment, c'est quelque chose qui m'a énormément marquée. Et c'est là où je me suis dit... Ok, c'est ça la pauvreté. C'est pas ce qu'on connaît, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Là, t'as vraiment vu une autre phase de la pauvreté.

  • Speaker #1

    Oui. Et du coup, tu prends vachement du recul et tu te dis, ok, mais en fait, j'ai énormément de chance dans ma vie, déjà de voyager, de pouvoir voir tous ces pays, et en plus de pouvoir me déplacer comme je veux, etc.

  • Speaker #0

    Et d'être... Ça fait de la peine, mais c'est bien d'un côté, c'est fou du coup. ces raisonnements-là et ces questionnements-là, ces réflexions-là, en étant juste au lycée. Parce que ça, ça peut être des réflexions que tu as un peu plus tard, quand tu es un peu plus âgé, un peu plus autonome. Mais là, du coup, du fait d'être... de voyager, de voir tout ça, c'est clair que ça doit faire bizarre quand même.

  • Speaker #1

    Après, l'adolescence, c'est quand même une période où tu commences à être...

  • Speaker #0

    À capter quand même.

  • Speaker #1

    Et t'es plus juste centré sur toi, tu regardes quand même le monde, t'observes. Et puis, être centré sur soi, ça fait peut-être pas trop avancer les choses, et c'est aussi une ouverture d'esprit, finalement, de s'intéresser à ce qui se passe localement, etc. Parce que, généralement, les expatriés, ils vont rester entre eux. Ils vont habiter dans des immeubles où il y aura des Français, par exemple. Si c'est des Français, ils vont faire des événements, des soirées, etc. Ils ne vont pas se mélanger. Donc au final, tu habites dans un pays, mais tu n'as aucune idée de comment ça se passe. De comment ça se passe. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Ouais. En fait, tu es comme si tu t'es placé une partie de la France dans un autre pays.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu arrives quand même du coup à vraiment t'imprégner du pays, que ce soit que ça ait été à Malte, aux Pays-Bas ou là, au Kenya. à aller découvrir comment ça se passe, t'intégrer, voir le lifestyle, etc.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Parce que je ne sais pas, je pense que, comme je disais tout à l'heure, en ayant voyagé vraiment très jeune, forcément tu essaies de voir, sociabiliser, etc. Ça s'est vraiment accentué, je pense, au lycée. J'arrive à m'intéresser à la culture, à me l'imprégner, etc. À travers aussi les amitiés que je fais sur place. où ils sont généralement connectés à ce qui se passe autour d'eux. Généralement, ça peut être des locaux, etc. Et eux, vraiment, c'est eux qui vont te montrer les endroits, la culture. Ils vont t'expliquer, voilà, là, politiquement, ça se passe pas bien. Notamment, je pense aux Kenyans, qui d'ailleurs, en ce moment, politiquement, ça se passe pas bien du tout. Merci à mes amis de me dire, voilà, l'histoire, c'est comme ça, ça s'est passé comme ça. Parce que regarder sur Internet, en vrai, c'est bien. Tu sais plus où regarder parce qu'il y a tellement d'infos et du coup, tu sais pas ce qui est juste et ce qui est faux, etc. Du coup, avec des personnes qui l'ont vraiment vécu, qui sont sur place et qui connaissent un peu mieux, qui ont un peu les mêmes idées que toi, je pense, etc. Bah, t'as un peu plus de clarté.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des gens qui sont au coeur du truc et qui peuvent te transmettre les informations au coeur de la chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je dis pas, c'est pas toujours juste. Faut aussi... de soi-même, aller chercher. On peut pas juste écouter ce que les gens disent. Il faut aussi se faire son idée par soi-même. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est clair. Et ça te met... Tu mets combien de temps à peu près pour t'adapter à ce nouveau pays ? À te sentir un peu chez toi aussi, à être... à te dire, j'habite là et je me sens bien.

  • Speaker #1

    Franchement, très rapidement, je dirais deux, trois mois.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Moi je trouve que c'est quand même assez rapide.

  • Speaker #0

    Pour être dans quelque chose de totalement différent de ce que tu connais. Oui. Ouais, j'avoue, franchement, ça va.

  • Speaker #1

    mais aussi parce que je suis dans un cadre où je suis dans un lycée quand j'ai voyagé etc le lycée forcément t'es direct en contact avec des gens alors que quand tu pars adulte notamment dans un cadre de travail par exemple, beaucoup plus compliqué c'est vrai,

  • Speaker #0

    carrément tu vas pas créer des liens pareils, pas la même connexion t'arrives à te faire des amis au Kenya ?

  • Speaker #1

    oui, j'avais des amis qui étaient très différent de toutes les amitiés que j'avais avant qui aimait par exemple énormément la fête bon ben j'étais pas du tout fait tard au final voilà tous les week-ends j'étais en boîte de night quoi c'est ça c'est vraiment très différent par exemple une culture très branchée de musique très branché rappel rap américain pendant rap anglais enfin Ils sont très branchés, dansent, ils sont trop forts, ils savent trop bien danser. Franchement, c'était quelque chose.

  • Speaker #0

    Ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a trop plu.

  • Speaker #0

    Là, tu t'es retrouvée, tu t'es dit ça. Oui.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai pas mal fait de danse aussi dans ma vie. Normalement, elle est prof de sport. Elle a toujours mis énormément d'importance dans le sport. Et en fait, très rapidement, je assistais à ses cours, je faisais énormément d'aérobic, etc. Donc, c'est quelque chose que j'aimais de base. Et là je découvrais un autre monde vraiment cool quoi, où ça bouge dans tous les sens, personne se juge, tout le monde danse, tout le monde chante. C'est juste trop bien,

  • Speaker #0

    trop bien. Le vibe c'est joyeux et tout. Il y a la fierté. Ça doit changer un peu des Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Là même plus.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Et au Kenya du coup c'est quelle langue qu'ils parlent ?

  • Speaker #1

    Ils parlent Swahili principalement. Enfin non, c'est pas vrai. Ils parlent anglais, tout le monde parle anglais, peu importe qui c'est la personne, tout le monde parle anglais, ils parlent Swahili, mais aussi ils ont d'autres langues. Parce qu'ils ont, je n'ai pas envie de dire des bêtises, mais ils ont énormément de tribus, et chaque tribu a sa langue. D'accord.

  • Speaker #0

    Et toi, tu apprends un petit peu la langue scolaire ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu, petit à petit. Franchement, elle est compliquée, parce qu'elle ne ressemble à aucune langue que je connais.

  • Speaker #0

    Pour l'assimiler, c'est un peu plus...

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Même si les chiffres, c'est en arabe, parce qu'il y avait le commerce triangulaire, etc. Il y avait... des Syriens qui venaient, etc. Donc je pense qu'ils parlaient pour les chiffres en arabe, mais à travers mes amis aussi qui connaissent le Swahili. Et en fait, quand on va se balader dans la rue, etc. ils parlaient Swahili, du coup j'écoutais vachement et j'arrivais à capter, c'est comme ça. Mais sinon, je n'ai pas pris de cours, je ne me suis pas dit, il faudrait vraiment que j'apprenne à 100%

  • Speaker #0

    non. Surtout s'il y avait tout le monde qui parlait anglais avec tout le monde.

  • Speaker #1

    Oui, en fait c'est ça.

  • Speaker #0

    On était amenés à plus parler anglais du coup. C'est pas comme si, par exemple, les Pays-Bas, où ils vont parler néerlandais directement. Et tu restes combien de temps au Kenya ?

  • Speaker #1

    Deux, trois ans à peu près.

  • Speaker #0

    Tu n'étais pas restée plus ? Deux, trois ans ? Non. Et après tu retournes en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Non. Après, terminale. Et puis, en fait, ma famille est restée plus longtemps que moi. J'étais obligée de partir à la terminale pour aller faire mes études dans l'université francophone. Et j'avais le choix entre Pays-Bas, Canada, France. Sauf que ça coûte vraiment très cher. pour les personnes non européennes, notamment les Pays-Bas et le Canada, vraiment ça coûte très très très cher.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup la meilleure option ça a été la France.

  • Speaker #0

    Du coup tu débarques en France et c'était en 2019.

  • Speaker #1

    2019, oui c'est ça. L'année où on s'est rencontrées. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et comment ça se passe ton arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Alors je pensais que c'était comme les Pays-Bas, je pensais que l'Europe c'était tout comme ça, tout le monde s'accepte, tout le monde est content, etc. Pas du tout ! J'arrive en France, je trouve que c'était pas si propre que ça, par exemple.

  • Speaker #0

    T'es arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Bah Lyon. Je suis arrivée à Lyon directement. Je suis venue avec mon père parce que je connaissais pas. J'ai pas de famille en France. Enfin j'ai de la famille éloignée mais avec qui je suis pas spécialement en contact. Donc vraiment je suis toute seule en France.

  • Speaker #0

    Là c'était tes débuts de vraiment genre je pars, non pas pour suivre mes parents mais pour moi, étudier de mon côté et être toute seule.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc c'était quand même une aventure pour moi finalement. Carrément. En France. Je suis arrivée avec mon père, il m'a installée, j'étais dans un appart étudiant, et en fait au début t'es perdue.

  • Speaker #0

    rebelote, tu vas te déconventrer.

  • Speaker #1

    Mais moi quand même, parce que comme j'ai fréquenté des Français à peu près toute ma scolarité, vous connaissez un peu les codes,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Vous êtes français. Oui, c'est ça. Un peu comment les Français se comportaient, comment ça allait être un peu culturellement, etc. Même si c'est pas tout à fait représentatif de tout un pays, bien évidemment. Mais j'étais pas complètement dépaysée non plus. Puis il y a quand même et dans l'arabe par exemple, en France,

  • Speaker #0

    Je suis allée dans une grande ville.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe pour toi, ces premiers instants loin de ta famille, en étant dans un tout nouveau pays une fois de plus ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais que j'allais être super contente de quitter mes parents, d'avoir une liberté, de sortir quand je voulais, etc. Et finalement, avec le temps, tu te dis qu'il me manque finalement. Et le fait d'avoir des personnes quand tu rentres, ta maman, etc. me faire un petit câlin, un petit bisou, comment ça va aujourd'hui, etc. Bah du coup, j'étais vraiment livrée à moi-même dans un petit appart 18 mètres carrés. Chambre étudiante, donc c'était... En fait, je suis passée du tout tôt, j'étais avec ma famille, bien entourée, etc. Et d'un coup, tu te retrouves tout seule à l'université, où vraiment, c'est la jungle. C'est les gens qui viennent pas spécialement te parler, t'es dans des gros amphis. Tu passes... Moi, j'étais au lycée, on était quatre dans ma classe, oui c'est vrai. Et là, je passe dans un amphi. Où on est, je sais pas combien, mais on était énormément, quoi. Donc vraiment, j'étais là. Comment je vais suivre les cours ? Ça va être vraiment compliqué.

  • Speaker #0

    Et en plus, c'est pas comme si tu peux rentrer chez tes parents un week-end, quoi. Oui, c'est ça. Alors ils sont vraiment sur un autre continent.

  • Speaker #1

    Exactement. Surtout que quand je suis arrivée en 2019, ça veut dire que quelques mois après, il y a eu le Covid. Donc ça a vraiment compliqué les choses. Pendant le Covid, je suis restée en France. Je suis restée en France, c'est ça. J'ai eu le deuxième confinement. Celui qui a été annoncé en novembre, je suis allée 2-3 mois chez mes parents. Sauf que la Wi-Fi et l'Internet, elles arrêtaient pas de couper tout le temps. Donc j'avais du mal à suivre mes examens à distanciel. L'électricité, elle coupait d'un coup, donc j'avais plus rien. Et j'étais obligée de rentrer, en fait. Alors que j'aurais pu rester finalement, je sais pas, 7 mois. Parce que ça a duré très longtemps, le deuxième confinement. On disait que c'était juste un peu un recours et tout.

  • Speaker #0

    J'avoue que c'était hyper galère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc j'ai dû rentrer rapidement.

  • Speaker #0

    Et tu te sens, ça va, t'arrives à t'adapter quand même globalement à la France, à ce nouveau pays que tu as découvert ?

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, maintenant je me sens bien en France, je me sens chez moi. Quand je pars à l'étranger, j'ai envie d'entrer. Enfin, oui,

  • Speaker #0

    c'est de l'abri de la marche. Oui, super,

  • Speaker #1

    carrément.

  • Speaker #0

    Comment tu perds ça, elle est française ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question ! C'est une question piège ! Bah ça dépend des régions je dirais, maintenant que j'ai un peu découvert certaines régions, dépendant de s'ils sont proches d'une grande ville, d'une petite ville, s'ils ont un peu voyagé, s'ils ont un peu de diversité dans leur entourage etc. Ça peut être vraiment différent, mais je dirais qu'ils sont pas ouverts à parler anglais par exemple. Et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a marquée, c'est qu'il y a un touriste qui va se balader, qui va demander des choses etc. Et on va râler parce qu'on est en France et qu'il parle pas français. Et nous on s'attend à ce qu'on parte à l'étranger, parler français et que les gens nous répondent en français. Mais sinon, j'ai énormément aimé les Alsaciens. Parce que du coup, là en ce moment, j'ai cours à Strasbourg. Et vraiment c'est une culture...

  • Speaker #0

    C'est une mentalité.

  • Speaker #1

    Et c'est une mentalité hyper cool. Et en fait le nord c'est cool finalement. Et c'est pas que le sud qui est chaleureux, etc. Par contre, ce n'est pas la même chaleur, je suis d'accord, mais c'est une gentillesse différente.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'actuellement,

  • Speaker #1

    c'est différent.

  • Speaker #0

    C'est cool que tu aies pu voir différentes régions de la France et différentes mentalités. Je pense que c'est aussi un peu dans les pays comme ça. Selon où tu habites dans le pays, ce n'est pas la même mentalité que tout ça. Tout à fait. Globalement, par rapport au fait d'avoir habité dans plusieurs pays différents et de te construire pendant toute ta vie dans différents pays, c'est quoi que tu kiffes le plus ? dans cette manière de vivre.

  • Speaker #1

    Question assez complexe finalement. Ce que j'aime, c'est le renouveau. C'est vraiment tout laisser et aller se reconstruire, se réouvrir aux gens, trouver du travail par exemple, des études, se refaire un cercle. Vraiment partir de sa zone de confort en fait. Parce que parfois je me dis oui j'ai envie de rester sur place parce que je ne suis jamais restée plus de 5-6 ans dans une ville ou un pays. Et en fait, j'ai quand même un petit truc dans ma tête qui me dit Non, faut que tu partes, faut que tu ailles découvrir autre chose. Il y a plein de trucs à découvrir. Faut que tu sortes de ta zone de confort. Et en fait, voilà, je pense que c'est ça. C'est pour rien nouveau en fait. Ouais, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est pas fatigant d'être tout le temps dans ce nouveau,

  • Speaker #1

    justement ? Euh, non. Alors moi, c'est vraiment, je pense, dans ma personnalité, et c'est quelque chose auquel j'ai été habituée.

  • Speaker #0

    Ouais, ce que j'allais dire, t'as été peignée là-dedans, élevée là-dedans au final.

  • Speaker #1

    C'est ça, et en fait j'étouffe quand je reste trop longtemps dans une ville.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Je peux pas rester, je pense, plus de 5-6 ans à un endroit, avec une vie, voilà, boulot, dodo, métro, non ça c'est pas possible. J'ai besoin vraiment de bouger, de découvrir, même si c'est dans le même pays, c'est pas grave, mais en fait un pays c'est très riche, dépendant où tu vas, à l'est, à l'ouest. Nord-sud est le plus compliqué,

  • Speaker #0

    ou ce que tu aimes le moins finalement, dans cette manière de vivre. Encore une fois, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Les préparations, notamment les déménagements, les cartons, appeler sur place, trouver un appart, enfin tout ça quoi, c'est ça que je trouve le plus complexe. Et synchroniser entre les villes, de dire ok, là j'habite à Lyon par exemple, je dois partir à Besançon, comment je fais ? Qu'est-ce que j'emmène avec moi ? Est-ce que je dois faire deux allers-retours ? Un aller-retour ? Enfin, c'est...

  • Speaker #0

    Ouais, toute l'organisation autour de tout ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Puis j'imagine que ça devait être quelque chose quand c'était d'un pays à un autre, d'un continent à un autre.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Quand je vois déjà un déménagement, genre France à France, une ville à une autre, alors là, tu pars...

  • Speaker #1

    Ah oui, d'un continent à un autre, c'est vraiment très compliqué. Notamment pour mon père, parce que c'est lui qui fait les inscriptions au lycée, etc. Il faut qu'il appelle les lycées français pour voir s'il y a de la place. C'est vraiment toute une organisation à avoir. Il faut se renseigner sur où habiter, dans quel quartier, pour que nous, on soit le mieux placé. Est-ce qu'on va trouver un peu ce qu'on veut, notamment niveau voiture, niveau...

  • Speaker #0

    Votre vie,

  • Speaker #1

    etc. Oui, c'est ça. Exactement, est-ce que ça va être adapté ? Est-ce qu'il faut qu'on fasse un cantonnaire pour emmener nos affaires ? Est-ce qu'on rachète du nouveau ? Est-ce que... Tu vois ? Donc tout ça c'est quand même assez complexe.

  • Speaker #0

    Ouais c'est prenant, c'est... Ouais, prenant.

  • Speaker #1

    Moi je m'en rendais pas compte jusqu'à ce que ce soit moi-même qui me charge de ma vie, qui me charge de la paperasse, de l'administratif, etc. Je m'en rendais pas compte avant. Tu suis une mou. Exactement, je disais, on va au Kenya. D'accord.

  • Speaker #0

    Ok, je suis. On va à l'Arctique. C'est simple. Ouais c'est clair, quand t'es enfant c'est plus simple, tu suis une mou et puis basta quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et je te posais la question, comment tu te sens quand tu arrives dans un pays ? Mais comment tu te sens quand tu quittes un pays où tu viens de passer quand même 5 ans de ta vie, au moins 3 ans, 2 ans, 3 ans, quelques années, et que tu as pris tes marques, tu t'es adaptée, et là, c'est le moment de dire au revoir au final.

  • Speaker #1

    En fait, tu as l'impression de laisser un peu une partie de toi, de ton histoire, là-bas. Du coup, je ne t'en avais pas expliqué, mais du coup, tu as tous ces petits bouts qui te représentent, et en fait, tu pars. Généralement. à moitié content mais aussi à moitié triste. En fait, t'as l'impression que tu vas rater des moments sur place, que les gens vont évoluer, qu'ils vont t'oublier finalement. Et en fait, c'est toi qui finis par juste avoir une autre vie. On n'oublie pas nos amis mais en fait, tu finis par moins les contacter, etc. Puis t'as peur, elles commencent à s'estomper petit à petit. Puis tu te rends compte avec l'âge que tout le monde est pris dans sa vie et que tu partes ou que tu restes. Finalement, on se voit peut-être pas si souvent même si je suis sur place. Donc je dirais que c'est plus par rapport à... Mes amis, le sentiment de tristesse que je peux avoir. Mais ça peut être aussi par rapport à un pays. Par exemple, le Kenya, vraiment, j'étais très triste de partir. Parce que c'était vraiment un pays incroyable, très connecté à la nature. Les gens, ils étaient vraiment très sympas. Et vraiment, moi, j'ai adoré le Kenya. T'as bien fait ton moment. Carrément.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair que ça peut faire bizarre, quoi, quand tu passes du temps avec des gens. Et après, du jour au lendemain, au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ils rebelotent des nouvelles personnes.

  • Speaker #1

    Ouais, mais ils rebelotent, machin. Ouais. Puis parfois, par exemple, quand tu rencontres des personnes et qu'elles te disent « bah voilà, là c'est mon ami du primaire et tout » , ça te fait tilt, tu te dis « ah mais moi j'ai personne que je connais depuis aussi longtemps » . C'est vrai. Donc parfois tu te dis « bah est-ce que finalement mes amitiés elles vont durer ? Est-ce que c'est juste la période où je suis sur place ? » Tu te poses pas mal de questions, parfois tu te sens seule. Il y a des périodes où je me sens seule, où je me dis « bah je me sens appartenir à aucun pays » . Enfin, ou en tout cas, je me sens un peu perdue. Après, je reste bien, évidemment, tunisienne, dans le fond, et je me sens bien en France. Mais parfois, oui, t'as des troubles d'identité, un peu. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais te demander, justement, en ayant été élevée, en ayant construit, toi, un peu, ton identité, ta personnalité, tes valeurs, etc., dans des cultures différentes, dans des pays différents, à des périodes différentes de ta vie, est-ce qu'il y a un endroit où, vraiment, tu te sens chez toi ? auquel tu peux dire, là, vraiment, c'est chez moi ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je dirais que c'est en France. Mais parce que je me suis faite ma vie petit à petit, notamment à travers le sport, à travers mes études, à travers mon boulot, mon entourage. Je choisis aussi où je vais. Je ne suis plus obligée d'aller à cet endroit. Et puis tu t'entoures avec les personnes qui sont un peu de la même mentalité que toi. Puis en fait finalement tu commences à être en harmonie avec ton environnement. Et je dirais que c'est en France. Mais quand je rentre en Tunisie, je me sens aussi chez moi. Mais je ne me sens pas chez moi où j'ai envie de vivre là-bas. Je me sens chez moi, ça me manque, j'ai envie de rentrer. Mais j'ai envie de rentrer parce que mes parents sont là-bas, mes frères et sœurs. en tout cas en ce moment, et aussi parce que voilà la culture est ma manque etc. Mais dans la vie de tous les jours je me vois pas vivre en Tunisie, en tout cas pour l'instant.

  • Speaker #0

    Tu penses pour toi c'est quoi qui fait ce sentiment d'être chez soi ? Est-ce que ça va être le pays et ton quotidien globalement ou est-ce que ça va plus être finalement les personnes ?

  • Speaker #1

    Ton quotidien, clairement, et aussi les personnes. En fait c'est un mélange des deux je pense c'est...

  • Speaker #0

    Les personnes dans ton quotidien !

  • Speaker #1

    Exactement, les personnes dans ton quotidien, comment tu te sens dans ta vie, est-ce que par exemple... Tu fais les bonnes activités ? Est-ce que tu vois les bonnes personnes ? C'est assez dur, je trouve, de te répondre à cette question. Un mélange des deux, je pense.

  • Speaker #0

    Et tu disais parfois que tu te sens seule, tu te sens appartenir un peu à pas de pays, pas de culture, etc. Qu'est-ce que tu ressens, en fait, à ce moment-là, ce sentiment d'être seule, même si tu es un peu entourée, tu as quelques amis ? C'est quoi ? T'as l'impression de ne pas connecter avec ton environnement ? Ou c'est... Tu peux expliquer un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    En fait, t'as l'impression que t'es pas compris. Parce que tu vis quelque chose que les autres ne vivent pas. Personnellement, j'ai personne dans mon entourage qui a vécu une expérience comme moi j'ai pu vivre. Généralement, les gens, ils partent pour un an d'Erasmus, ou ils partent un an, par exemple, de cédure ou quoi. Mais ils n'ont jamais vécu, par exemple... Moi, j'ai vécu à l'étranger pendant à peu près 16 ans. 17 ans, je sais pas combien, mais énormément de temps finalement, où j'ai du tout le temps à m'adapter, etc. En fait, t'as l'impression d'être incompris. Du coup, quand je peux, par exemple, dire « Ah oui, aux Pays-Bas, il s'est passé ça, au Kenya, il s'est passé ça » , j'ai peur de passer pour la relou qui parle tout le temps de ces pays, de là où elle vient, etc.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu sens un décalage entre les autres et toi, au final, parce que t'as pas des personnes qui peuvent comprendre ce que t'as vécu.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parfois, ils ont des discours sur certaines choses, etc., où tu dis, bah, non. En fait, il faut vraiment que tu partes et que tu ailles voir pour comprendre, parce que là, ce que tu dis, bah... C'est pas vrai. C'est pas vrai. En tout cas, les médias, peut-être qu'ils montrent ça, mais c'est pas tout à fait vrai. Il faut vraiment que tu partes et que tu vois de tes propres yeux et ton propre jugement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est pas un peu frustrant, justement, de rencontrer beaucoup de personnes qui ne sont pas parties et de voir que, bah, ils vont... vont peut-être avoir une vision un peu plus fermée du monde, là où toi, tu as une vision très ouverte. Comment tu le vis,

  • Speaker #1

    ça ? En fait, je n'en parle pas spécialement. On ne pose pas énormément de questions, finalement, sur mes voyages, etc. Généralement, les personnes qui ne bougent pas trop, ne se posent pas trop de questions. En fait, ça vient peut-être un peu au fil des questions. Enfin, au fil du temps, je veux dire.

  • Speaker #0

    Peut-être quand tu as plus envie de connaître la personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et encore, franchement, par exemple, je pense à mon entourage à Besançon. La plupart des personnes ne savent pas que j'ai vécu dans autant de pays, que j'ai autant voyagé, etc. Donc c'est juste que c'est quelque chose que je garde pour moi finalement, en fait, dans ce cas-là. Donc je n'en parle pas spécialement et je fais ma life.

  • Speaker #0

    La vie continue quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il y a une culture à laquelle tu t'identifies le plus ?

  • Speaker #1

    Je dirais que je m'identifie à la culture tunisienne, mais aussi à la française. En fait, comme j'ai été éduquée par mes parents, qui sont vraiment très culturels, et vraiment, ils voulaient vraiment nous transmettre notre culture, que c'est pas parce qu'on voyage énormément qu'on perd ce d'où on vient, etc. Et je les remercie d'ailleurs pour ça. Parce que s'ils n'avaient vraiment pas insisté avec cette transmission, je pense qu'aujourd'hui, ça aurait été vraiment compliqué pour mes frères et soeurs et moi de se sentir tunisien. Donc c'est grâce à mes parents. Mais je me sens aussi... française. Comme je suis un peu de culture française, j'ai vécu avec des français, j'ai toujours été dans des lycées français. Enfin, maintenant je vis en France.

  • Speaker #0

    À partir du moment où on se met à chanter les corons.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement ! Les oiseaux vagues...

  • Speaker #0

    Je pense que le rugby ça t'a aidée.

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, moi le rugby vraiment ça m'a rendu bien française, je pense.

  • Speaker #0

    Ouais, puis au final, tu t'es vachement investie aussi dans... Tu étais bénévole au club, tu as fait du sport, tu étais à l'école, tu as fait des sorties, tu as voyagé dans le pays. Tout ça, ça t'aide peut-être à plus t'identifier à la culture.

  • Speaker #1

    Carrément. Je fais des petits jobs, je travaille au marché, j'ai vendu des fruits et des légumes, j'étais à la boulangerie, service civique, j'ai fait des stages. J'ai vraiment énormément bougé et finalement le rugby, ça m'a ouvert énormément de portes.

  • Speaker #0

    Le sport franchement c'est un bon vecteur de lien social.

  • Speaker #1

    Complètement. Et encore plus je pense le rugby comme c'est un sport collectif où tu vis vraiment des choses... des choses exceptionnelles, tu les vis pas n'importe où, n'importe quand.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est pratique aussi parce que quand tu vas dans une nouvelle ville, typiquement là t'es passé de Lyon, t'as rencontré des gens, t'as été un peu dans son île à Strasbourg, tu t'es intégrée à des nouvelles personnes, à une nouvelle équipe et tout, ça va être de ouf.

  • Speaker #1

    Et au final on se retrouve tous avec un point en commun, c'est le sport. Et en fait t'as des gens qui viennent de tous les horizons, qui ont des parcours très différents etc. Et tout le monde est là pour s'aider. C'est dans un fait comme on n'est pas payé, etc. que même les coachs sont pas payés. Donc en fait, le but, c'est vraiment de s'amuser, de se retrouver, de faire ça collectivement. Donc ça a toute son importance. Voilà,

  • Speaker #0

    ça joue beaucoup, c'est sûr. Globalement, tu peux dire que la vie que tu as eue et cette richesse, cette diversité, ça t'a apporté quoi dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'ouverture d'esprit, l'adaptation, l'acceptation de soi. des autres, mais aussi de l'environnement, un peu de tout.

  • Speaker #0

    Comment ça t'a aidé à t'accepter toi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu rencontres tellement de gens super différents que tu finis par être bien dans ta peau parce que tu vois beaucoup de différences. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Pas trop. Dépendant des pays, par exemple, les normes physiques sont différentes. Les critères de beauté sont différents. Et du coup tu peux être super beau dans un pays et puis un peu moins dans d'autres finalement. Mais tu t'en fous parce que au final c'est différent dans tous les cas et peu importe où tu vas aller, les gens ils auront des trucs à te dire. Ouais,

  • Speaker #0

    au final tu t'en viens à te détacher des normes sociales.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te rends compte que la norme sociale c'est pas, il n'y en a pas que une et c'est pas la vérité unique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en voyageant... Tu te rends compte que c'est hyper différent. Du coup, tu prends confiance en toi. Tu te dis, oui, j'ai mon parcours. Je suis comme ça. Tu prends confiance en toi.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est beau. Franchement, que ça aille dans ce sens-là. Aujourd'hui, tu aurais envie d'aller vivre dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Carrément. Par exemple, le Canada. C'est quelque chose qui me tente énormément. J'ai très envie d'y aller. Et l'Amérique latine. Je n'ai pas du tout fait le continent américain. C'est...

  • Speaker #0

    À découvrir quoi ?

  • Speaker #1

    À découvrir, exactement.

  • Speaker #0

    Il y a un des pays dans lesquels tu as vécu avec tes parents, dans lequel tu aimerais bien retourner ?

  • Speaker #1

    Les Pays-Bas. Alors, objectif de vie, c'est d'aller vivre aux Pays-Bas. Je ne sais pas quand, à quel âge,

  • Speaker #0

    combien. Mais tu ne vas pas peut-être là-bas ?

  • Speaker #1

    Ce n'est pas peut-être, c'est finir mal aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    C'est une certitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Ah oui, c'est vraiment une qualité de vie que je n'arrive pas à retrouver pour l'instant. C'est mon objectif, mon goal.

  • Speaker #0

    ultime dans la vie habité au pays.

  • Speaker #1

    Exactement. Et si c'est pas les Pays-Bas ? Sud-Ouest de la France.

  • Speaker #0

    Ok, ouais, donc là, on est vraiment sur deux ambiances différentes.

  • Speaker #1

    C'est ça. J'ai l'impression d'être claire dans ma tête, mais en fait, au final, non.

  • Speaker #0

    Après avoir une maison aux Pays-Bas et au Sud-Ouest, comme ça,

  • Speaker #1

    à la paravise, c'est assez clair.

  • Speaker #0

    Si t'avais un conseil à donner à une personne qui est voudraient habiter dans plusieurs pays, qu'est-ce que ce serait ? À ton avis, qu'est-ce qu'il serait bien que la personne sache ? Qu'est-ce qu'il serait utile pour elle ?

  • Speaker #1

    Oui, genre... Ok, je vois. En fait, il faudrait vraiment que la personne se renseigne avant, essayer de trouver des locaux sur place, bien s'informer sur la sécurité, notamment je pense au Kenya, qui n'est pas un pays très sécurisé, se renseigner sur les normes, sur comment ça se passe. des basiques, comment dire bonjour, merci, au revoir. Vraiment, on ne se rend pas compte, mais là,

  • Speaker #0

    typiquement, on est actuellement au post-final. Et c'est des trucs qu'on ne savait pas, et ça vient, on se retrouve bloquée. Je ne sais pas comment on arrive. Et ça embête, de ne pas pouvoir communiquer,

  • Speaker #1

    alors que c'est des basiques. Donc, il ne faut pas supposer que tout le monde parle anglais. Donc, vraiment, on a essayé de voir un peu la culture, etc. Lire, se renseigner, regarder des vidéos.

  • Speaker #0

    Franchement, se renseigner un peu sur le pays avant de débarquer et pas arriver à la fleur ou fusil touriste où je débarque.

  • Speaker #1

    Parce que sinon, ça peut vraiment, en tout cas pour les personnes qui n'ont pas beaucoup voyagé, ça peut vraiment faire un gros choc culturel. Surtout quand on arrive plein d'ambition, on va s'installer, etc. Parfois, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #0

    Bien souvent, même, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #1

    Exactement. Et en fait, tu regardes les médias, par exemple, l'Afrique, tu as l'impression que c'est vraiment sous-développé, pas très avancé, etc. Eh bien, ce n'est pas vrai. C'est des idées reçues. Le Kenya, c'était hyper développé. Ils étaient en avance sur énormément de choses. Notamment, ils ont interdit le plastique depuis 2016, je crois. Chose que nous, en France... c'est en train d'arriver, mais sachez que plastique là-bas ça passe pas c'est juste des idées reçues et quand t'arrives, vraiment tu peux très très mal vivre et avoir le mal de chez soi le mal du pays et ça c'est quelque chose dont on parle peut-être pas assez les voyages c'est pas juste beau et cool ça peut être vraiment pas cool et vivre des mauvaises expériences en fait si on se concerne pas assez aussi on peut atterrir dans des choses je pense qu'on aimerait bien qu'on n'a pas envie d'atterrir là-bas. Et voilà, dépendant des dangerosités des pays, c'est vraiment très important. Je pense qu'en Europe, globalement, ça reste quand même assez safe, assez... Voilà, c'est les mêmes normes, etc. Mais dès qu'on sera un peu plus... Je pense que...

  • Speaker #0

    Ouais, t'es dans quelque chose de totalement différent, d'autres codes, d'autres manières de faire, de penser, etc.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    On peut être un peu plus surprendre au final. Auquel on s'attend pas et on peut même pas imaginer, quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas de nous avoir partagé ton histoire. Merci à toi. C'est super cool.

  • Speaker #1

    Et voilà. Je n'avais pas été pour ça.

  • Speaker #0

    Non, franchement, c'est bon. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. Perso, j'ai vraiment adoré découvrir cette manière de vivre que je ne connaissais pas du tout. Et en tout cas, tu peux t'abonner à la chaîne pour ne pas louper le prochain épisode. Et tu peux aussi me retrouver sur Instagram. pour échanger sur tout ça sur la page Partir Podcast. À bientôt !

Chapters

  • Intro

    00:06

  • Fonctionnement du diplomate

    01:35

  • Malte

    02:20

  • Les Pays-Bas et le multi-langage

    04:13

  • Retour en Tunisie

    13:38

  • Kenya et découverte culturelle

    15:06

  • Etudes en France

    26:18

  • Le kiff de bouger partout

    31:40

  • Le plus compliqué à gérer

    33:12

  • Quitter un pays

    35:06

  • Se sentir chez soi quand on a constamment déménagé

    37:25

  • Enrichissement personnel

    43:59

  • Conseil pour s'expatrier

    46:31

Description

Elle a habité dans 5 pays depuis qu'elle est née, qui plus est sur 2 continents différents.


Voici aujourd'hui l'histoire de Narmine !


Son père étant diplomate, il est muté tous les 5 ans environ dans un nouveau pays et Narmine a, par conséquent, suivi le mouv.

On a jusqu'ici parlé de celles et ceux qui partent de leur plein gré, mais dans ce cas là, les enfants suivent juste les parents sans trop avoir le choix.

Elle a donc habité en Tunisie (son pays d'origine), à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en France.

Mais du coup, comment on se construit quand on a des nouveaux environnements et repères tous les 5 ans ?

Qu'il faut sans cesse se réhabituer ?


Et aussi, est-ce qu'il y a une culture laquelle on s'identifie ? ou un pays où on se sent chez soi ?

Perso, en ayant toujours habité en France, et en ayant habité 18 ans dans la même ville, c'est cette ville là que je considère comme mon "chez moi".

Mais si on change tout le temps, ça donne quoi ?

Narmine nous explique tout ça, et nous parle des pays qu'elle a préféré, de ses difficultés et comment ce parcours l'a aidé à avancer dans la vie.


Bonne écoute !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous et bienvenue sur Partir, le podcast qui vous montre comment ça se passe d'aller vivre dans un autre pays. Et aujourd'hui, épisode un petit peu différent, parce que jusqu'ici, on a découvert des personnes qui partaient de leur plein gré, mais on n'a pas parlé de celles et ceux qui suivent leur famille, ou qui sont, voilà, par exemple, enfants de parents qui, eux, partent à l'étranger. Et ben, ça a été le cas de Narmin, qui, elle, est fille de diplomate, donc elle a habité dans cinq pays depuis qu'elle est née, et qui plus est, sur deux continents différents. Donc c'est vraiment... construites à travers différentes cultures, différents modes de vie. Et je me demandais, quand on bouge autant, est-ce qu'il y a un pays auquel on se sent appartenir ? Et comment, ouais, on se construit au milieu de toutes ces cultures ? Comment on se réadapte à chaque fois ? Et du coup, voilà, Narmin nous explique un petit peu tout ça dans cet épisode. Donc je vous laisse découvrir son histoire et je vous souhaite une bonne écoute ! Salut Narmin ! Merci de prendre du temps pour faire ce petit... épisode de podcast avec moi. J'ai hâte d'entendre ton parcours, ton histoire et que tu m'en dises un petit peu plus parce qu'au final, on n'en a pas hyper beaucoup parlé de tout ça, même si on se connaît depuis maintenant quelques années. Donc toi, t'es fille de diplomate, tu as du coup habité dans plusieurs pays depuis que t'es née.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Donc tu vas pouvoir nous raconter un petit peu tout ça, ce que ça fait d'habiter dans plusieurs pays, de se réadapter, ton parcours, etc. Et pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer comment ça se passe quand tu es fille de diplomate ? Quel est un peu le fonctionnement d'être diplomate et une vie de diplomate ?

  • Speaker #1

    Ok, alors déjà merci pour l'invitation. C'est hyper cool. Et ensuite, comment ça se passe être enfant diplomate ? Ça dépend des pays. Moi, je suis enfant diplomate d'une famille tunisienne. dépendant des pays, il y a différentes lois, etc. Nous, en Tunisie, comment ça se passe ? C'est qu'on fait 5 ans, voire 6 ans à l'étranger, ensuite on doit rentrer 1 an ou 2 en Tunisie, et après on repart encore pour des missions, 5-6 ans, etc. Donc plusieurs missions, ça peut aller jusqu'à 4 missions, donc au final jusqu'à à peu près 20 ans d'expatriation, on va dire, où on est envoyé pour aller faire des missions à l'étranger.

  • Speaker #0

    Merci. Ok, et du coup, toi, tu as habité dans quel pays ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai habité à Malte, aux Pays-Bas, au Kenya et en Tunisie. Et maintenant, je suis en France.

  • Speaker #0

    Voilà, tu as fait un petit peu le tour, c'est ça. Et tu es née en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Je suis née en Tunisie. Juste après, je suis allée à Malte.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge quand tu as été à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense un an.

  • Speaker #0

    Tu étais petite ? Oui. Oui,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps à Malte ?

  • Speaker #1

    Je pense 4-5 ans. Avec ma mère, on faisait énormément d'aller-retour, comme j'étais pas encore en cours. Donc je dirais que j'étais moitié Malte, moitié Tunisie. Et c'est vraiment juste à côté. C'est à, je crois, 1h30 de vol. Ah oui ? Oui, donc c'est vraiment, vraiment, vraiment à côté.

  • Speaker #0

    Et tu t'en rappelles aujourd'hui un petit peu de ta vie à Malte ?

  • Speaker #1

    Des petits flashs, vraiment des petits flashs. Surtout quand je vois les vidéos. Les vidéos, non, pas des vidéos. Quand je vois des albums, photos avec ma famille, etc. Oui. Mais sinon, je ne me rappelle pas très,

  • Speaker #0

    très bien. Oui, ça te rappelle. Tu as des petits flashbacks. Oui. Mais pas tant que ça. Ils parlent quelle langue à Malte ?

  • Speaker #1

    Anglais et maltais. Ils ont une langue locale. Donc, il y a un mélange un peu d'arabe, d'italien. C'est très rigolo.

  • Speaker #0

    OK. Et du coup, toi, avec tes parents, dans ta vie quotidienne, dès que tu es petite ? Tu parles donc tunisien et anglais aussi ? Alors oui,

  • Speaker #1

    du coup comme je suis allée à Malte, comme c'était de l'anglais là-bas, directement j'étais directe à bilingue anglais-arabe. Et quand je suis rentrée en Tunisie voir ma famille, ma grand-mère, etc. il y avait des périodes où je ne savais plus parler arabe tellement je parlais anglais. C'est ce que ma mère me rappelait.

  • Speaker #0

    Tu sais déjà que tu étais la tête dans l'anglais.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Donc depuis toute jeune dans l'anglais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après être allée à Malte, vous revenez pendant la disparaissance en Tunisie. Oui. Ensuite, vous allez aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ensuite, mon père a été muté aux Pays-Bas pendant six ans. Et là, du coup, j'ai vécu une partie du primaire et une partie du collège aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment, du coup, pour ta scolarité ? Tu es dans des établissements spéciaux, c'est comment ?

  • Speaker #1

    C'est des lycées français à l'étranger, donc c'est payant. Et généralement, il y a pas mal de diplomates, d'expatriés, de Français qui habitent sur place, notamment des enfants de profs. Par exemple, aux Pays-Bas, il y avait énormément de personnes qui travaillaient sur place, et c'était des Français qui avaient fait ce choix-là, de demander à leur boulot, donc de déménager, etc.

  • Speaker #0

    Donc, aux Pays-Bas, tu étais de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #1

    À peu près, je pense, de mes 10 ans jusqu'à... voire même 9 ans, jusqu'à mes 14 ans,

  • Speaker #0

    un truc comme ça. Oui, donc là, tu es déjà un peu plus âgée. Tu t'en rappelles du coup un petit peu plus. Oui,

  • Speaker #1

    je m'en rappelle.

  • Speaker #0

    Ça se passe comment d'être à l'école, aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué, parce que comme j'avais vécu vraiment en Tunisie, je ne parlais pas très bien français, donc je confondais par exemple énormément un et une. J'avais du mal à m'exprimer vraiment clairement en français. Donc quand je suis arrivée, c'était vraiment compliqué de m'intégrer. Les enfants, c'est méchant. Donc, j'ai vécu... J'avais du mal à m'intégrer, j'avais du mal à rentrer dans le cercle. Et je l'ai très, très mal vécu. Mais bon, ça m'a forgé, donc voilà. Et ensuite, j'avais cumulé pas mal de lacunes parce que je n'ai pas directement commencé dans le système français. Avant d'arriver aux Pays-Bas, j'étais dans le système tunisien. Donc, je parlais arabe, en cours, etc. Donc, il fallait vraiment que c'était une adaptation complète.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais appris le français avant d'arriver aux Pays-Bas dans des écoles françaises ou tu as appris sur place là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai appris avant, comme le français c'est une langue obligatoire dans l'éducation en Tunisie. Mais aussi ma mère m'a fait prendre des cours particuliers, tout le temps, vraiment très intensifs. Pour que quand j'arrive, parce qu'en fait il savait que j'allais partir et qu'il fallait absolument que j'apprenne le français, que je sois au taquet. Et du coup j'ai fait des cours intensifs pour être à peu près... à peu près un niveau, sauf que, en fait, entre faire une formation et être sur place et vraiment pratiquer avec des personnes, c'est vraiment leur langue, c'est pas pareil. Donc, il y a eu vraiment un décalage entre, voilà, moi en Tunisie qui parle français et quand je suis arrivée, que j'étais avec des vrais français, voilà.

  • Speaker #0

    Ouais, forcément, il y a un petit écart de langue, c'est pas la même manière peut-être de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et donc, dans tes cours, c'était français, et dans la vie quotidienne, du coup, c'était quelle langue ?

  • Speaker #1

    Au Pays-Bas ? Au Pays-Bas, à l'extérieur c'était le néerlandais, à la maison c'était l'arabe, et au lycée c'était le français. Et puis le néerlandais au début, je parlais pas néerlandais forcément quand je suis arrivée, je parlais anglais, donc c'était plus anglais les premières années, et en fait quand on est jeune vraiment on capte très rapidement les langues etc. Donc mes parents ils m'ont vachement fait participer à des sports etc. où j'ai été coachée par des néerlandais, et je pense que c'est vraiment C'est ça qui m'a poussée que j'apprenne le néerlandais. J'ai toujours été entourée, en fait, dépendant des environnements, de plusieurs langues, etc.

  • Speaker #0

    Et ça se passe comment dans ta tête, au milieu de toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    Plus jeune, t'es un peu perturbée, je dirais, parce que du coup, dans ta phrase, tu mélanges, enfin, tu peux dire vraiment un début de phrase en arabe, à la fin c'est anglais, et puis tu réfléchis en français, enfin, c'est un peu compliqué. Puis en fait... petit à petit avec le temps ça se restructure tu avances le niveau ton niveau augmente et voilà après bon ça arrive toujours d'avoir des blagues mais ça va quand même quand tu es quand tu as des mots de tous les côtés qui doivent user même

  • Speaker #0

    de réfléchir dans une autre langue et parler dans une autre langue et entendre une troisième langue c'est vrai c'est vrai mais quand on est jeune vraiment une capacité à apprendre qui est incroyable parce que

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte aujourd'hui que j'ai réussi à apprendre des langues, mais vraiment très rapidement, et être vraiment très à l'aise rapidement. Chose qu'aujourd'hui, je pense que j'aurais un peu plus de mal si j'allais vivre par exemple en Espagne et qu'il fallait que j'apprenne l'espagnol. Je l'apprendrais certainement parce que les personnes, je pense, qui ont plusieurs langues en tête, ils ont plus facilement le truc pour apprendre. Mais je n'aurais pas autant de facilité. Je ne vais pas l'apprendre en un an fluide, écrire,

  • Speaker #0

    lire. Ça prend un tête. un peu plus de temps que quand t'es plus jeune. C'est vrai que c'est fou les enfants de la rapidité où t'assimiles les choses,

  • Speaker #1

    t'envisages très tôt, très de ouf.

  • Speaker #0

    Et la vie aux Pays-Bas, ça se passe comment ? T'aimes bien ? Tu t'y sens bien ?

  • Speaker #1

    C'était trop bien. Dans mon lycée, personnellement, ça se passait pas bien. Dans mon environnement avec les personnes avec qui j'étais, j'arrivais pas à m'adapter, j'arrivais pas à rentrer dans le cercle. Mais à l'extérieur, ça se passait bien parce que mes parents ont toujours vraiment tenu à ce que je fasse une activité. culturel ou sportif ou quoi et à l'époque je faisais de la natation et je faisais des plongeons artistiques donc c'était vraiment très stylé et je faisais des compétitions c'était trop bien et c'est des personnes hyper ouvert d'esprit très agréable vraiment les néerlandais très très agréable toutes les religions sont acceptées peu importe comment tu es, la couleur de ton peau, les origines, ce que tu as vécu comment tu es, c'est accepté en fait tant qu'on se respecte l'un et l'autre et ben c'est ok En fait, ils ne viendront jamais dire pourquoi tu mets du jaune avec du rouge.

  • Speaker #0

    Oui, ils sont hyper tolérants.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    accueillant, tant que tu peux être toi-même avec eux. Ouais, ça peut être appréciable.

  • Speaker #1

    Mais, à côté de ça, c'est quand même des personnes assez carrées, dans le sens où, si par exemple, t'as pas le droit de faire pipi dans la rue, tu te prends une amende, t'as pas le droit de jeter ton chewing-gum dans la rue, les mégots, etc., ils sont vraiment très carrés, et y a pas de négociation, tu vas pas dire « Non, je suis vraiment désolée. » Non ! Tu te prends l'amende et c'est tout. Et c'est pour ça, je pense que c'est aussi propre, que les gens respectent la planète, etc. Ouais, c'est vraiment très, très cool, très chouette.

  • Speaker #0

    Par rapport à la Tunisie, tu sens du décalage au niveau des cultures, d'être passée à la Tunisie et d'être passée aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Énorme décalage. Ouais, il est vraiment pour le coup énormissime. Je ne saurais pas le décrire pour le coup, parce que c'est vraiment un décalage sur tout, matériel, financier, politique, social. Donc oui, c'est pas du tout comparable.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vis, toi, à ce moment-là, d'être dans... Bah, issue... d'un pays qui est totalement différent d'un pays où tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, quand t'es jeune, t'es vachement... En tout cas, moi personnellement, j'étais vachement centrée sur moi finalement. Et du coup, je pense que c'était pas quelque chose qui me dérangeait. C'était vraiment m'adapter à l'environnement dans lequel j'étais, etc. J'avais pas du mal à partir de la Tunisie à ce moment-là. Et... En fait, quand t'es jeune, tu le vis pas spécialement mal parce que t'es pas politisé, t'es pas... Enfin, t'as peut-être pas trop... conscience des choses finalement. T'es vraiment dans ta petite bulle, collège, lycée, frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Tu te souviens peut-être un peu de ce qui se fait autour de toi sans te reposer de questions. C'est différent, c'est pas pareil. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu le sais. Tu le sais. Et comme tu bouges jeune, tu le sais déjà très jeune. Donc, c'est pas comme quand t'as 25 ans que tu commences à voyager et là, t'as peut-être le choc. Moi, je pense que j'ai pas trop, trop vécu ce Ausha.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai. construite dans la différence et dans ce genre de choses, tu l'as appris peut-être plus facilement.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et t'arrives quand même petit à petit à t'intégrer au lycée avec d'autres Français, à avoir un petit peu une vie sociale,

  • Speaker #1

    ou c'est compliqué ? Aux Pays-Bas ?

  • Speaker #0

    Ouais, aux Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Aux Pays-Bas, c'était ma dernière année, j'ai réussi à m'intégrer. Au début, j'avais vraiment pas de vie. C'était vraiment compliqué de m'intégrer. Je dirais que j'ai un peu vécu un un peu un harcèlement scolaire et j'en ai jamais parlé jusqu'à ce que...

  • Speaker #0

    Ouais,

  • Speaker #1

    jusqu'à ce que... Ah oui. J'ai compris ce que c'était, et du coup j'ai réussi un peu à poser les mots dessus, mais c'était vraiment très compliqué. J'étais pas... Par exemple, je me rappelle d'un truc, j'avais des amis qui faisaient une grosse... Boom ! Et ils avaient invité toute notre promo, et ils avaient dit, ah bah il ne reste plus de place, on ne peut pas t'inviter. Donc tout le monde était invité, et moi, il ne restait plus de place, je n'avais pas le droit d'être invité. J'avais dit, ok, pas de soucis, c'est pas grave. Et au final, j'étais super triste. Ils avaient vu que j'étais triste et ils m'ont invitée. J'avais tout le temps des petits trucs comme ça.

  • Speaker #0

    Tu ne te sentais pas intégrée dans le groupe. Oui, ça doit être compliqué, surtout à cet âge-là, quand tu es au collège-lycée. C'est encore plus les périodes où...

  • Speaker #1

    Très sensible. Oui, très sensible, où tu te construis. Puis, c'est compliqué parce que tu restes quand même dans le cocon familial. Du coup, tes parents, ils te protègent vachement. Et là, il fallait vraiment que je m'adapte à tout. Et j'étais en plus pas acceptée dans l'environnement, donc c'était un peu compliqué. Mais ça va, je m'en sors bien.

  • Speaker #0

    Au final, t'as pu te construire un peu autour de... Au-delà de ça,

  • Speaker #1

    etc. Ouais.

  • Speaker #0

    Tant mieux. Et du coup, après ta période aux Pays-Bas, retour en Tunisie, là t'es peut-être contente de revenir un peu en Tunisie, quitter ce groupe scolaire, tout ça, où ça se passe pas hyper bien ?

  • Speaker #1

    Bah, en fait, comme la dernière année, ça se passait super bien. C'était très compliqué pour moi, parce que j'ai enfin réussi à m'intégrer, à me sentir vraiment bien. dans mon environnement, je commençais à avoir des amis. Mes amis, elles commençaient... Enfin, on était un cercle d'amis. Ça se passait super bien. Donc, quand je partais, j'étais vraiment très triste. En plus, le pays, je savais que j'étais vraiment dans un pays incroyable et que j'allais certainement pas revenir. Du coup, quand je suis allée en Tunisie, ça m'a fait plaisir, bien sûr, de retrouver mon pays, de retrouver... C'est vraiment des cultures très différentes, le rapport les uns avec les autres. Les Tunisiens sont beaucoup plus chaleureux, par exemple. Voilà, ça fait... C'est la Méditerranée. Et en fait, finalement, on est arrivés en Tunisie. Au bout de 2-3 mois, j'étais déjà un peu passée à autre chose. En fait, quand tu voyages autant et quand tu vis dans plusieurs pays, t'es obligée de faire vite ton deuil parce que sinon, tu n'y arrives pas et tu ne t'adaptes pas au prochain pays. Du coup, t'as un peu la tristesse au début, mais ça part vite. Franchement, ça part assez rapidement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu sais peut-être qu'il y a déjà une prochaine étape qui va venir. Oui. Je dois passer à autre chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Puis j'ai été super bien intégrée en Tunisie. J'ai directement eu des amis. C'était vraiment... J'ai adoré mes années en Tunisie. C'était trop bien.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et après donc ton nouveau passage en Tunisie, cette fois c'est direction

  • Speaker #1

    Kenya. Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il peut nous raconter un petit peu le Kenya, comment ça se passe cette fois ?

  • Speaker #1

    Le Kenya c'était fou. Ouais. Parce que vraiment culture très différente de la Tunisie, de Malte, des Pays-Bas.

  • Speaker #0

    Ouais là t'arrives dans encore quelque chose de totalement nouveau quoi.

  • Speaker #1

    Exactement, mais vraiment total dans le sens où l'environnement est complètement différent, notamment les bâtiments. Exactement. la langue, enfin ils ont aussi une histoire très différente. Par exemple, quand je suis arrivée, on parlait de tribus etc. C'est quelque chose que moi j'ai pas du tout connu en Tunisie ou même aux Pays-Bas, c'est vraiment très différent. Donc arrivé au Kenya, même par exemple la température, il fait à peu près beau toute l'année. En fait, il y a des périodes de pluie etc. Mais même le temps est différent. Enfin, la nature était différente, les forêts sont différentes. Vraiment, moi quand je suis arrivée, par exemple, la première chose qui m'a marquée, c'est qu'il y avait du sable rouge et j'en ai jamais vu. Et ça a quelque chose qui m'a marquée et je me rappelle, j'ai appelé mes parents et je leur ai dit « Y a du sable rouge ! »

  • Speaker #0

    Les petits détails qui marquent quoi !

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Donc du coup, ça doit vraiment faire un effet bizarre quoi, t'es là vraiment en terre inconnue.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. En fait, par exemple, ils utilisent les motos pour se déplacer, ils appellent ça « boda boda » . Par exemple, tu arrives à l'aéroport, il y a des personnes qui viennent te parler directement pour prendre tes bagages, pour les mettre. C'est vraiment quelque chose qu'en Europe, jamais de la vie, on descend dans l'aéroport. Genre, ils ne vont pas prendre tes affaires. Oui,

  • Speaker #0

    c'est chacun dans son point. Exactement.

  • Speaker #1

    Par exemple, quand tu fais tes courses, tu as quelqu'un qui met tes courses dans un sachet. C'est un employé. Genre, il passe sa journée à mettre tes courses dans un sachet.

  • Speaker #0

    C'est d'autres manières de faire. Exactement. Et t'as quel âge quand t'es arrivée au Kenya ?

  • Speaker #1

    J'étais assez...

  • Speaker #0

    T'étais au lycée encore ?

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au lycée, c'est ça. Je suis arrivée, j'étais au lycée, j'étais... En pleine crise d'adolescence, j'irais.

  • Speaker #0

    Le bon moment pour arriver dans quelque chose de nouveau.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Et donc, tu retournes dans un lycée français ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours fait du lycée français. Donc, lycée français de Nairobi, qui était très petit. On était, par exemple, en première, on était 5 personnes en ES, 3 élèves en L. et une quinzaine de personnes en S.

  • Speaker #0

    Ah purée ! Vraiment une classe quoi, limite !

  • Speaker #1

    Oui c'est ça, exactement !

  • Speaker #0

    Toutes petites.

  • Speaker #1

    Là, ça me changeait encore de mon lycée de Tunis, où on était par exemple 10 classes de 35 élèves. Et là je passe à vraiment cours particulier.

  • Speaker #0

    Tout petit groupe. Ouais c'est vrai ! Ouais c'est ça, on va prendre ça à 5 dans un cours, là t'es vraiment au cœur du truc quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi du coup tes premières impressions quand t'arrives ?

  • Speaker #1

    Quand tu es dans ce nouvel environnement,

  • Speaker #0

    tu te dis quoi en fait quand tu arrives au début ?

  • Speaker #1

    Tu es perdue, tu perds tes repères, tu poses mille questions, tu regardes vraiment partout, tu t'interroges, tu observes énormément. Puis par exemple, quand je suis arrivée au début, je me rappelle que j'avais du mal avec l'argent, dans le sens où les gens étaient vraiment par exemple très très très très très pauvres, et je ne savais pas la valeur que ça avait, par exemple 3 euros pour... Et en fait ça a énormément de valeur. ça peut vraiment leur faire leur course, etc. Et les premières impressions du Kenya, c'est l'aide des extrêmes qui étaient présents dans ce pays, notamment les très très très riches et les vraiment très très très pauvres. Je n'ai jamais vu autant d'extrême pauvreté et je n'ai jamais vu autant d'extrême richesse.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Tu peux le voir dans la rue, dans la vie de tous les jours ? Oui. C'est quelque chose que tu peux noter, tu le remarques comment ?

  • Speaker #1

    Par exemple... ... Les riches, je dirais, ils ont des vraiment très grosses voitures, généralement. Ils ont des chauffeurs, des femmes des ménages. Ils ont des beaux habits. En fait, tu vois rapidement ceux qui partent souvent, par exemple, en Europe, pour acheter des beaux habits, etc. Un peu stylés, un peu décalés. Et puis, les pauvres, en fait, ils cohabitent à côté. Enfin, il y a un gros bidonville, et tu peux facilement y accéder, etc. C'est là où tu vois la pauvreté. Enfin, c'est... Vraiment, c'est quelque chose qui m'a énormément marquée. Et c'est là où je me suis dit... Ok, c'est ça la pauvreté. C'est pas ce qu'on connaît, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Là, t'as vraiment vu une autre phase de la pauvreté.

  • Speaker #1

    Oui. Et du coup, tu prends vachement du recul et tu te dis, ok, mais en fait, j'ai énormément de chance dans ma vie, déjà de voyager, de pouvoir voir tous ces pays, et en plus de pouvoir me déplacer comme je veux, etc.

  • Speaker #0

    Et d'être... Ça fait de la peine, mais c'est bien d'un côté, c'est fou du coup. ces raisonnements-là et ces questionnements-là, ces réflexions-là, en étant juste au lycée. Parce que ça, ça peut être des réflexions que tu as un peu plus tard, quand tu es un peu plus âgé, un peu plus autonome. Mais là, du coup, du fait d'être... de voyager, de voir tout ça, c'est clair que ça doit faire bizarre quand même.

  • Speaker #1

    Après, l'adolescence, c'est quand même une période où tu commences à être...

  • Speaker #0

    À capter quand même.

  • Speaker #1

    Et t'es plus juste centré sur toi, tu regardes quand même le monde, t'observes. Et puis, être centré sur soi, ça fait peut-être pas trop avancer les choses, et c'est aussi une ouverture d'esprit, finalement, de s'intéresser à ce qui se passe localement, etc. Parce que, généralement, les expatriés, ils vont rester entre eux. Ils vont habiter dans des immeubles où il y aura des Français, par exemple. Si c'est des Français, ils vont faire des événements, des soirées, etc. Ils ne vont pas se mélanger. Donc au final, tu habites dans un pays, mais tu n'as aucune idée de comment ça se passe. De comment ça se passe. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Ouais. En fait, tu es comme si tu t'es placé une partie de la France dans un autre pays.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu arrives quand même du coup à vraiment t'imprégner du pays, que ce soit que ça ait été à Malte, aux Pays-Bas ou là, au Kenya. à aller découvrir comment ça se passe, t'intégrer, voir le lifestyle, etc.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Parce que je ne sais pas, je pense que, comme je disais tout à l'heure, en ayant voyagé vraiment très jeune, forcément tu essaies de voir, sociabiliser, etc. Ça s'est vraiment accentué, je pense, au lycée. J'arrive à m'intéresser à la culture, à me l'imprégner, etc. À travers aussi les amitiés que je fais sur place. où ils sont généralement connectés à ce qui se passe autour d'eux. Généralement, ça peut être des locaux, etc. Et eux, vraiment, c'est eux qui vont te montrer les endroits, la culture. Ils vont t'expliquer, voilà, là, politiquement, ça se passe pas bien. Notamment, je pense aux Kenyans, qui d'ailleurs, en ce moment, politiquement, ça se passe pas bien du tout. Merci à mes amis de me dire, voilà, l'histoire, c'est comme ça, ça s'est passé comme ça. Parce que regarder sur Internet, en vrai, c'est bien. Tu sais plus où regarder parce qu'il y a tellement d'infos et du coup, tu sais pas ce qui est juste et ce qui est faux, etc. Du coup, avec des personnes qui l'ont vraiment vécu, qui sont sur place et qui connaissent un peu mieux, qui ont un peu les mêmes idées que toi, je pense, etc. Bah, t'as un peu plus de clarté.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des gens qui sont au coeur du truc et qui peuvent te transmettre les informations au coeur de la chose.

  • Speaker #1

    C'est ça. Après, je dis pas, c'est pas toujours juste. Faut aussi... de soi-même, aller chercher. On peut pas juste écouter ce que les gens disent. Il faut aussi se faire son idée par soi-même. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est clair. Et ça te met... Tu mets combien de temps à peu près pour t'adapter à ce nouveau pays ? À te sentir un peu chez toi aussi, à être... à te dire, j'habite là et je me sens bien.

  • Speaker #1

    Franchement, très rapidement, je dirais deux, trois mois.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Moi je trouve que c'est quand même assez rapide.

  • Speaker #0

    Pour être dans quelque chose de totalement différent de ce que tu connais. Oui. Ouais, j'avoue, franchement, ça va.

  • Speaker #1

    mais aussi parce que je suis dans un cadre où je suis dans un lycée quand j'ai voyagé etc le lycée forcément t'es direct en contact avec des gens alors que quand tu pars adulte notamment dans un cadre de travail par exemple, beaucoup plus compliqué c'est vrai,

  • Speaker #0

    carrément tu vas pas créer des liens pareils, pas la même connexion t'arrives à te faire des amis au Kenya ?

  • Speaker #1

    oui, j'avais des amis qui étaient très différent de toutes les amitiés que j'avais avant qui aimait par exemple énormément la fête bon ben j'étais pas du tout fait tard au final voilà tous les week-ends j'étais en boîte de night quoi c'est ça c'est vraiment très différent par exemple une culture très branchée de musique très branché rappel rap américain pendant rap anglais enfin Ils sont très branchés, dansent, ils sont trop forts, ils savent trop bien danser. Franchement, c'était quelque chose.

  • Speaker #0

    Ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a trop plu.

  • Speaker #0

    Là, tu t'es retrouvée, tu t'es dit ça. Oui.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai pas mal fait de danse aussi dans ma vie. Normalement, elle est prof de sport. Elle a toujours mis énormément d'importance dans le sport. Et en fait, très rapidement, je assistais à ses cours, je faisais énormément d'aérobic, etc. Donc, c'est quelque chose que j'aimais de base. Et là je découvrais un autre monde vraiment cool quoi, où ça bouge dans tous les sens, personne se juge, tout le monde danse, tout le monde chante. C'est juste trop bien,

  • Speaker #0

    trop bien. Le vibe c'est joyeux et tout. Il y a la fierté. Ça doit changer un peu des Pays-Bas.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Là même plus.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Et au Kenya du coup c'est quelle langue qu'ils parlent ?

  • Speaker #1

    Ils parlent Swahili principalement. Enfin non, c'est pas vrai. Ils parlent anglais, tout le monde parle anglais, peu importe qui c'est la personne, tout le monde parle anglais, ils parlent Swahili, mais aussi ils ont d'autres langues. Parce qu'ils ont, je n'ai pas envie de dire des bêtises, mais ils ont énormément de tribus, et chaque tribu a sa langue. D'accord.

  • Speaker #0

    Et toi, tu apprends un petit peu la langue scolaire ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu, petit à petit. Franchement, elle est compliquée, parce qu'elle ne ressemble à aucune langue que je connais.

  • Speaker #0

    Pour l'assimiler, c'est un peu plus...

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Même si les chiffres, c'est en arabe, parce qu'il y avait le commerce triangulaire, etc. Il y avait... des Syriens qui venaient, etc. Donc je pense qu'ils parlaient pour les chiffres en arabe, mais à travers mes amis aussi qui connaissent le Swahili. Et en fait, quand on va se balader dans la rue, etc. ils parlaient Swahili, du coup j'écoutais vachement et j'arrivais à capter, c'est comme ça. Mais sinon, je n'ai pas pris de cours, je ne me suis pas dit, il faudrait vraiment que j'apprenne à 100%

  • Speaker #0

    non. Surtout s'il y avait tout le monde qui parlait anglais avec tout le monde.

  • Speaker #1

    Oui, en fait c'est ça.

  • Speaker #0

    On était amenés à plus parler anglais du coup. C'est pas comme si, par exemple, les Pays-Bas, où ils vont parler néerlandais directement. Et tu restes combien de temps au Kenya ?

  • Speaker #1

    Deux, trois ans à peu près.

  • Speaker #0

    Tu n'étais pas restée plus ? Deux, trois ans ? Non. Et après tu retournes en Tunisie ?

  • Speaker #1

    Non. Après, terminale. Et puis, en fait, ma famille est restée plus longtemps que moi. J'étais obligée de partir à la terminale pour aller faire mes études dans l'université francophone. Et j'avais le choix entre Pays-Bas, Canada, France. Sauf que ça coûte vraiment très cher. pour les personnes non européennes, notamment les Pays-Bas et le Canada, vraiment ça coûte très très très cher.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup la meilleure option ça a été la France.

  • Speaker #0

    Du coup tu débarques en France et c'était en 2019.

  • Speaker #1

    2019, oui c'est ça. L'année où on s'est rencontrées. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Et comment ça se passe ton arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Alors je pensais que c'était comme les Pays-Bas, je pensais que l'Europe c'était tout comme ça, tout le monde s'accepte, tout le monde est content, etc. Pas du tout ! J'arrive en France, je trouve que c'était pas si propre que ça, par exemple.

  • Speaker #0

    T'es arrivée en France ?

  • Speaker #1

    Bah Lyon. Je suis arrivée à Lyon directement. Je suis venue avec mon père parce que je connaissais pas. J'ai pas de famille en France. Enfin j'ai de la famille éloignée mais avec qui je suis pas spécialement en contact. Donc vraiment je suis toute seule en France.

  • Speaker #0

    Là c'était tes débuts de vraiment genre je pars, non pas pour suivre mes parents mais pour moi, étudier de mon côté et être toute seule.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc c'était quand même une aventure pour moi finalement. Carrément. En France. Je suis arrivée avec mon père, il m'a installée, j'étais dans un appart étudiant, et en fait au début t'es perdue.

  • Speaker #0

    rebelote, tu vas te déconventrer.

  • Speaker #1

    Mais moi quand même, parce que comme j'ai fréquenté des Français à peu près toute ma scolarité, vous connaissez un peu les codes,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Vous êtes français. Oui, c'est ça. Un peu comment les Français se comportaient, comment ça allait être un peu culturellement, etc. Même si c'est pas tout à fait représentatif de tout un pays, bien évidemment. Mais j'étais pas complètement dépaysée non plus. Puis il y a quand même et dans l'arabe par exemple, en France,

  • Speaker #0

    Je suis allée dans une grande ville.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe pour toi, ces premiers instants loin de ta famille, en étant dans un tout nouveau pays une fois de plus ?

  • Speaker #1

    Au début, je pensais que j'allais être super contente de quitter mes parents, d'avoir une liberté, de sortir quand je voulais, etc. Et finalement, avec le temps, tu te dis qu'il me manque finalement. Et le fait d'avoir des personnes quand tu rentres, ta maman, etc. me faire un petit câlin, un petit bisou, comment ça va aujourd'hui, etc. Bah du coup, j'étais vraiment livrée à moi-même dans un petit appart 18 mètres carrés. Chambre étudiante, donc c'était... En fait, je suis passée du tout tôt, j'étais avec ma famille, bien entourée, etc. Et d'un coup, tu te retrouves tout seule à l'université, où vraiment, c'est la jungle. C'est les gens qui viennent pas spécialement te parler, t'es dans des gros amphis. Tu passes... Moi, j'étais au lycée, on était quatre dans ma classe, oui c'est vrai. Et là, je passe dans un amphi. Où on est, je sais pas combien, mais on était énormément, quoi. Donc vraiment, j'étais là. Comment je vais suivre les cours ? Ça va être vraiment compliqué.

  • Speaker #0

    Et en plus, c'est pas comme si tu peux rentrer chez tes parents un week-end, quoi. Oui, c'est ça. Alors ils sont vraiment sur un autre continent.

  • Speaker #1

    Exactement. Surtout que quand je suis arrivée en 2019, ça veut dire que quelques mois après, il y a eu le Covid. Donc ça a vraiment compliqué les choses. Pendant le Covid, je suis restée en France. Je suis restée en France, c'est ça. J'ai eu le deuxième confinement. Celui qui a été annoncé en novembre, je suis allée 2-3 mois chez mes parents. Sauf que la Wi-Fi et l'Internet, elles arrêtaient pas de couper tout le temps. Donc j'avais du mal à suivre mes examens à distanciel. L'électricité, elle coupait d'un coup, donc j'avais plus rien. Et j'étais obligée de rentrer, en fait. Alors que j'aurais pu rester finalement, je sais pas, 7 mois. Parce que ça a duré très longtemps, le deuxième confinement. On disait que c'était juste un peu un recours et tout.

  • Speaker #0

    J'avoue que c'était hyper galère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc j'ai dû rentrer rapidement.

  • Speaker #0

    Et tu te sens, ça va, t'arrives à t'adapter quand même globalement à la France, à ce nouveau pays que tu as découvert ?

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, maintenant je me sens bien en France, je me sens chez moi. Quand je pars à l'étranger, j'ai envie d'entrer. Enfin, oui,

  • Speaker #0

    c'est de l'abri de la marche. Oui, super,

  • Speaker #1

    carrément.

  • Speaker #0

    Comment tu perds ça, elle est française ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question ! C'est une question piège ! Bah ça dépend des régions je dirais, maintenant que j'ai un peu découvert certaines régions, dépendant de s'ils sont proches d'une grande ville, d'une petite ville, s'ils ont un peu voyagé, s'ils ont un peu de diversité dans leur entourage etc. Ça peut être vraiment différent, mais je dirais qu'ils sont pas ouverts à parler anglais par exemple. Et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a marquée, c'est qu'il y a un touriste qui va se balader, qui va demander des choses etc. Et on va râler parce qu'on est en France et qu'il parle pas français. Et nous on s'attend à ce qu'on parte à l'étranger, parler français et que les gens nous répondent en français. Mais sinon, j'ai énormément aimé les Alsaciens. Parce que du coup, là en ce moment, j'ai cours à Strasbourg. Et vraiment c'est une culture...

  • Speaker #0

    C'est une mentalité.

  • Speaker #1

    Et c'est une mentalité hyper cool. Et en fait le nord c'est cool finalement. Et c'est pas que le sud qui est chaleureux, etc. Par contre, ce n'est pas la même chaleur, je suis d'accord, mais c'est une gentillesse différente.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'actuellement,

  • Speaker #1

    c'est différent.

  • Speaker #0

    C'est cool que tu aies pu voir différentes régions de la France et différentes mentalités. Je pense que c'est aussi un peu dans les pays comme ça. Selon où tu habites dans le pays, ce n'est pas la même mentalité que tout ça. Tout à fait. Globalement, par rapport au fait d'avoir habité dans plusieurs pays différents et de te construire pendant toute ta vie dans différents pays, c'est quoi que tu kiffes le plus ? dans cette manière de vivre.

  • Speaker #1

    Question assez complexe finalement. Ce que j'aime, c'est le renouveau. C'est vraiment tout laisser et aller se reconstruire, se réouvrir aux gens, trouver du travail par exemple, des études, se refaire un cercle. Vraiment partir de sa zone de confort en fait. Parce que parfois je me dis oui j'ai envie de rester sur place parce que je ne suis jamais restée plus de 5-6 ans dans une ville ou un pays. Et en fait, j'ai quand même un petit truc dans ma tête qui me dit Non, faut que tu partes, faut que tu ailles découvrir autre chose. Il y a plein de trucs à découvrir. Faut que tu sortes de ta zone de confort. Et en fait, voilà, je pense que c'est ça. C'est pour rien nouveau en fait. Ouais, c'est ça. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est pas fatigant d'être tout le temps dans ce nouveau,

  • Speaker #1

    justement ? Euh, non. Alors moi, c'est vraiment, je pense, dans ma personnalité, et c'est quelque chose auquel j'ai été habituée.

  • Speaker #0

    Ouais, ce que j'allais dire, t'as été peignée là-dedans, élevée là-dedans au final.

  • Speaker #1

    C'est ça, et en fait j'étouffe quand je reste trop longtemps dans une ville.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Je peux pas rester, je pense, plus de 5-6 ans à un endroit, avec une vie, voilà, boulot, dodo, métro, non ça c'est pas possible. J'ai besoin vraiment de bouger, de découvrir, même si c'est dans le même pays, c'est pas grave, mais en fait un pays c'est très riche, dépendant où tu vas, à l'est, à l'ouest. Nord-sud est le plus compliqué,

  • Speaker #0

    ou ce que tu aimes le moins finalement, dans cette manière de vivre. Encore une fois, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Les préparations, notamment les déménagements, les cartons, appeler sur place, trouver un appart, enfin tout ça quoi, c'est ça que je trouve le plus complexe. Et synchroniser entre les villes, de dire ok, là j'habite à Lyon par exemple, je dois partir à Besançon, comment je fais ? Qu'est-ce que j'emmène avec moi ? Est-ce que je dois faire deux allers-retours ? Un aller-retour ? Enfin, c'est...

  • Speaker #0

    Ouais, toute l'organisation autour de tout ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Puis j'imagine que ça devait être quelque chose quand c'était d'un pays à un autre, d'un continent à un autre.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Quand je vois déjà un déménagement, genre France à France, une ville à une autre, alors là, tu pars...

  • Speaker #1

    Ah oui, d'un continent à un autre, c'est vraiment très compliqué. Notamment pour mon père, parce que c'est lui qui fait les inscriptions au lycée, etc. Il faut qu'il appelle les lycées français pour voir s'il y a de la place. C'est vraiment toute une organisation à avoir. Il faut se renseigner sur où habiter, dans quel quartier, pour que nous, on soit le mieux placé. Est-ce qu'on va trouver un peu ce qu'on veut, notamment niveau voiture, niveau...

  • Speaker #0

    Votre vie,

  • Speaker #1

    etc. Oui, c'est ça. Exactement, est-ce que ça va être adapté ? Est-ce qu'il faut qu'on fasse un cantonnaire pour emmener nos affaires ? Est-ce qu'on rachète du nouveau ? Est-ce que... Tu vois ? Donc tout ça c'est quand même assez complexe.

  • Speaker #0

    Ouais c'est prenant, c'est... Ouais, prenant.

  • Speaker #1

    Moi je m'en rendais pas compte jusqu'à ce que ce soit moi-même qui me charge de ma vie, qui me charge de la paperasse, de l'administratif, etc. Je m'en rendais pas compte avant. Tu suis une mou. Exactement, je disais, on va au Kenya. D'accord.

  • Speaker #0

    Ok, je suis. On va à l'Arctique. C'est simple. Ouais c'est clair, quand t'es enfant c'est plus simple, tu suis une mou et puis basta quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et je te posais la question, comment tu te sens quand tu arrives dans un pays ? Mais comment tu te sens quand tu quittes un pays où tu viens de passer quand même 5 ans de ta vie, au moins 3 ans, 2 ans, 3 ans, quelques années, et que tu as pris tes marques, tu t'es adaptée, et là, c'est le moment de dire au revoir au final.

  • Speaker #1

    En fait, tu as l'impression de laisser un peu une partie de toi, de ton histoire, là-bas. Du coup, je ne t'en avais pas expliqué, mais du coup, tu as tous ces petits bouts qui te représentent, et en fait, tu pars. Généralement. à moitié content mais aussi à moitié triste. En fait, t'as l'impression que tu vas rater des moments sur place, que les gens vont évoluer, qu'ils vont t'oublier finalement. Et en fait, c'est toi qui finis par juste avoir une autre vie. On n'oublie pas nos amis mais en fait, tu finis par moins les contacter, etc. Puis t'as peur, elles commencent à s'estomper petit à petit. Puis tu te rends compte avec l'âge que tout le monde est pris dans sa vie et que tu partes ou que tu restes. Finalement, on se voit peut-être pas si souvent même si je suis sur place. Donc je dirais que c'est plus par rapport à... Mes amis, le sentiment de tristesse que je peux avoir. Mais ça peut être aussi par rapport à un pays. Par exemple, le Kenya, vraiment, j'étais très triste de partir. Parce que c'était vraiment un pays incroyable, très connecté à la nature. Les gens, ils étaient vraiment très sympas. Et vraiment, moi, j'ai adoré le Kenya. T'as bien fait ton moment. Carrément.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair que ça peut faire bizarre, quoi, quand tu passes du temps avec des gens. Et après, du jour au lendemain, au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ils rebelotent des nouvelles personnes.

  • Speaker #1

    Ouais, mais ils rebelotent, machin. Ouais. Puis parfois, par exemple, quand tu rencontres des personnes et qu'elles te disent « bah voilà, là c'est mon ami du primaire et tout » , ça te fait tilt, tu te dis « ah mais moi j'ai personne que je connais depuis aussi longtemps » . C'est vrai. Donc parfois tu te dis « bah est-ce que finalement mes amitiés elles vont durer ? Est-ce que c'est juste la période où je suis sur place ? » Tu te poses pas mal de questions, parfois tu te sens seule. Il y a des périodes où je me sens seule, où je me dis « bah je me sens appartenir à aucun pays » . Enfin, ou en tout cas, je me sens un peu perdue. Après, je reste bien, évidemment, tunisienne, dans le fond, et je me sens bien en France. Mais parfois, oui, t'as des troubles d'identité, un peu. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais te demander, justement, en ayant été élevée, en ayant construit, toi, un peu, ton identité, ta personnalité, tes valeurs, etc., dans des cultures différentes, dans des pays différents, à des périodes différentes de ta vie, est-ce qu'il y a un endroit où, vraiment, tu te sens chez toi ? auquel tu peux dire, là, vraiment, c'est chez moi ?

  • Speaker #1

    Actuellement, je dirais que c'est en France. Mais parce que je me suis faite ma vie petit à petit, notamment à travers le sport, à travers mes études, à travers mon boulot, mon entourage. Je choisis aussi où je vais. Je ne suis plus obligée d'aller à cet endroit. Et puis tu t'entoures avec les personnes qui sont un peu de la même mentalité que toi. Puis en fait finalement tu commences à être en harmonie avec ton environnement. Et je dirais que c'est en France. Mais quand je rentre en Tunisie, je me sens aussi chez moi. Mais je ne me sens pas chez moi où j'ai envie de vivre là-bas. Je me sens chez moi, ça me manque, j'ai envie de rentrer. Mais j'ai envie de rentrer parce que mes parents sont là-bas, mes frères et sœurs. en tout cas en ce moment, et aussi parce que voilà la culture est ma manque etc. Mais dans la vie de tous les jours je me vois pas vivre en Tunisie, en tout cas pour l'instant.

  • Speaker #0

    Tu penses pour toi c'est quoi qui fait ce sentiment d'être chez soi ? Est-ce que ça va être le pays et ton quotidien globalement ou est-ce que ça va plus être finalement les personnes ?

  • Speaker #1

    Ton quotidien, clairement, et aussi les personnes. En fait c'est un mélange des deux je pense c'est...

  • Speaker #0

    Les personnes dans ton quotidien !

  • Speaker #1

    Exactement, les personnes dans ton quotidien, comment tu te sens dans ta vie, est-ce que par exemple... Tu fais les bonnes activités ? Est-ce que tu vois les bonnes personnes ? C'est assez dur, je trouve, de te répondre à cette question. Un mélange des deux, je pense.

  • Speaker #0

    Et tu disais parfois que tu te sens seule, tu te sens appartenir un peu à pas de pays, pas de culture, etc. Qu'est-ce que tu ressens, en fait, à ce moment-là, ce sentiment d'être seule, même si tu es un peu entourée, tu as quelques amis ? C'est quoi ? T'as l'impression de ne pas connecter avec ton environnement ? Ou c'est... Tu peux expliquer un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    En fait, t'as l'impression que t'es pas compris. Parce que tu vis quelque chose que les autres ne vivent pas. Personnellement, j'ai personne dans mon entourage qui a vécu une expérience comme moi j'ai pu vivre. Généralement, les gens, ils partent pour un an d'Erasmus, ou ils partent un an, par exemple, de cédure ou quoi. Mais ils n'ont jamais vécu, par exemple... Moi, j'ai vécu à l'étranger pendant à peu près 16 ans. 17 ans, je sais pas combien, mais énormément de temps finalement, où j'ai du tout le temps à m'adapter, etc. En fait, t'as l'impression d'être incompris. Du coup, quand je peux, par exemple, dire « Ah oui, aux Pays-Bas, il s'est passé ça, au Kenya, il s'est passé ça » , j'ai peur de passer pour la relou qui parle tout le temps de ces pays, de là où elle vient, etc.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu sens un décalage entre les autres et toi, au final, parce que t'as pas des personnes qui peuvent comprendre ce que t'as vécu.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parfois, ils ont des discours sur certaines choses, etc., où tu dis, bah, non. En fait, il faut vraiment que tu partes et que tu ailles voir pour comprendre, parce que là, ce que tu dis, bah... C'est pas vrai. C'est pas vrai. En tout cas, les médias, peut-être qu'ils montrent ça, mais c'est pas tout à fait vrai. Il faut vraiment que tu partes et que tu vois de tes propres yeux et ton propre jugement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est pas un peu frustrant, justement, de rencontrer beaucoup de personnes qui ne sont pas parties et de voir que, bah, ils vont... vont peut-être avoir une vision un peu plus fermée du monde, là où toi, tu as une vision très ouverte. Comment tu le vis,

  • Speaker #1

    ça ? En fait, je n'en parle pas spécialement. On ne pose pas énormément de questions, finalement, sur mes voyages, etc. Généralement, les personnes qui ne bougent pas trop, ne se posent pas trop de questions. En fait, ça vient peut-être un peu au fil des questions. Enfin, au fil du temps, je veux dire.

  • Speaker #0

    Peut-être quand tu as plus envie de connaître la personne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et encore, franchement, par exemple, je pense à mon entourage à Besançon. La plupart des personnes ne savent pas que j'ai vécu dans autant de pays, que j'ai autant voyagé, etc. Donc c'est juste que c'est quelque chose que je garde pour moi finalement, en fait, dans ce cas-là. Donc je n'en parle pas spécialement et je fais ma life.

  • Speaker #0

    La vie continue quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il y a une culture à laquelle tu t'identifies le plus ?

  • Speaker #1

    Je dirais que je m'identifie à la culture tunisienne, mais aussi à la française. En fait, comme j'ai été éduquée par mes parents, qui sont vraiment très culturels, et vraiment, ils voulaient vraiment nous transmettre notre culture, que c'est pas parce qu'on voyage énormément qu'on perd ce d'où on vient, etc. Et je les remercie d'ailleurs pour ça. Parce que s'ils n'avaient vraiment pas insisté avec cette transmission, je pense qu'aujourd'hui, ça aurait été vraiment compliqué pour mes frères et soeurs et moi de se sentir tunisien. Donc c'est grâce à mes parents. Mais je me sens aussi... française. Comme je suis un peu de culture française, j'ai vécu avec des français, j'ai toujours été dans des lycées français. Enfin, maintenant je vis en France.

  • Speaker #0

    À partir du moment où on se met à chanter les corons.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement ! Les oiseaux vagues...

  • Speaker #0

    Je pense que le rugby ça t'a aidée.

  • Speaker #1

    Ah bah carrément oui, moi le rugby vraiment ça m'a rendu bien française, je pense.

  • Speaker #0

    Ouais, puis au final, tu t'es vachement investie aussi dans... Tu étais bénévole au club, tu as fait du sport, tu étais à l'école, tu as fait des sorties, tu as voyagé dans le pays. Tout ça, ça t'aide peut-être à plus t'identifier à la culture.

  • Speaker #1

    Carrément. Je fais des petits jobs, je travaille au marché, j'ai vendu des fruits et des légumes, j'étais à la boulangerie, service civique, j'ai fait des stages. J'ai vraiment énormément bougé et finalement le rugby, ça m'a ouvert énormément de portes.

  • Speaker #0

    Le sport franchement c'est un bon vecteur de lien social.

  • Speaker #1

    Complètement. Et encore plus je pense le rugby comme c'est un sport collectif où tu vis vraiment des choses... des choses exceptionnelles, tu les vis pas n'importe où, n'importe quand.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est pratique aussi parce que quand tu vas dans une nouvelle ville, typiquement là t'es passé de Lyon, t'as rencontré des gens, t'as été un peu dans son île à Strasbourg, tu t'es intégrée à des nouvelles personnes, à une nouvelle équipe et tout, ça va être de ouf.

  • Speaker #1

    Et au final on se retrouve tous avec un point en commun, c'est le sport. Et en fait t'as des gens qui viennent de tous les horizons, qui ont des parcours très différents etc. Et tout le monde est là pour s'aider. C'est dans un fait comme on n'est pas payé, etc. que même les coachs sont pas payés. Donc en fait, le but, c'est vraiment de s'amuser, de se retrouver, de faire ça collectivement. Donc ça a toute son importance. Voilà,

  • Speaker #0

    ça joue beaucoup, c'est sûr. Globalement, tu peux dire que la vie que tu as eue et cette richesse, cette diversité, ça t'a apporté quoi dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'ouverture d'esprit, l'adaptation, l'acceptation de soi. des autres, mais aussi de l'environnement, un peu de tout.

  • Speaker #0

    Comment ça t'a aidé à t'accepter toi ?

  • Speaker #1

    En fait, tu rencontres tellement de gens super différents que tu finis par être bien dans ta peau parce que tu vois beaucoup de différences. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Pas trop. Dépendant des pays, par exemple, les normes physiques sont différentes. Les critères de beauté sont différents. Et du coup tu peux être super beau dans un pays et puis un peu moins dans d'autres finalement. Mais tu t'en fous parce que au final c'est différent dans tous les cas et peu importe où tu vas aller, les gens ils auront des trucs à te dire. Ouais,

  • Speaker #0

    au final tu t'en viens à te détacher des normes sociales.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te rends compte que la norme sociale c'est pas, il n'y en a pas que une et c'est pas la vérité unique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et en voyageant... Tu te rends compte que c'est hyper différent. Du coup, tu prends confiance en toi. Tu te dis, oui, j'ai mon parcours. Je suis comme ça. Tu prends confiance en toi.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est beau. Franchement, que ça aille dans ce sens-là. Aujourd'hui, tu aurais envie d'aller vivre dans d'autres pays.

  • Speaker #1

    Carrément. Par exemple, le Canada. C'est quelque chose qui me tente énormément. J'ai très envie d'y aller. Et l'Amérique latine. Je n'ai pas du tout fait le continent américain. C'est...

  • Speaker #0

    À découvrir quoi ?

  • Speaker #1

    À découvrir, exactement.

  • Speaker #0

    Il y a un des pays dans lesquels tu as vécu avec tes parents, dans lequel tu aimerais bien retourner ?

  • Speaker #1

    Les Pays-Bas. Alors, objectif de vie, c'est d'aller vivre aux Pays-Bas. Je ne sais pas quand, à quel âge,

  • Speaker #0

    combien. Mais tu ne vas pas peut-être là-bas ?

  • Speaker #1

    Ce n'est pas peut-être, c'est finir mal aux Pays-Bas.

  • Speaker #0

    C'est une certitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Ah oui, c'est vraiment une qualité de vie que je n'arrive pas à retrouver pour l'instant. C'est mon objectif, mon goal.

  • Speaker #0

    ultime dans la vie habité au pays.

  • Speaker #1

    Exactement. Et si c'est pas les Pays-Bas ? Sud-Ouest de la France.

  • Speaker #0

    Ok, ouais, donc là, on est vraiment sur deux ambiances différentes.

  • Speaker #1

    C'est ça. J'ai l'impression d'être claire dans ma tête, mais en fait, au final, non.

  • Speaker #0

    Après avoir une maison aux Pays-Bas et au Sud-Ouest, comme ça,

  • Speaker #1

    à la paravise, c'est assez clair.

  • Speaker #0

    Si t'avais un conseil à donner à une personne qui est voudraient habiter dans plusieurs pays, qu'est-ce que ce serait ? À ton avis, qu'est-ce qu'il serait bien que la personne sache ? Qu'est-ce qu'il serait utile pour elle ?

  • Speaker #1

    Oui, genre... Ok, je vois. En fait, il faudrait vraiment que la personne se renseigne avant, essayer de trouver des locaux sur place, bien s'informer sur la sécurité, notamment je pense au Kenya, qui n'est pas un pays très sécurisé, se renseigner sur les normes, sur comment ça se passe. des basiques, comment dire bonjour, merci, au revoir. Vraiment, on ne se rend pas compte, mais là,

  • Speaker #0

    typiquement, on est actuellement au post-final. Et c'est des trucs qu'on ne savait pas, et ça vient, on se retrouve bloquée. Je ne sais pas comment on arrive. Et ça embête, de ne pas pouvoir communiquer,

  • Speaker #1

    alors que c'est des basiques. Donc, il ne faut pas supposer que tout le monde parle anglais. Donc, vraiment, on a essayé de voir un peu la culture, etc. Lire, se renseigner, regarder des vidéos.

  • Speaker #0

    Franchement, se renseigner un peu sur le pays avant de débarquer et pas arriver à la fleur ou fusil touriste où je débarque.

  • Speaker #1

    Parce que sinon, ça peut vraiment, en tout cas pour les personnes qui n'ont pas beaucoup voyagé, ça peut vraiment faire un gros choc culturel. Surtout quand on arrive plein d'ambition, on va s'installer, etc. Parfois, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #0

    Bien souvent, même, ça ne se passe pas comme on pense.

  • Speaker #1

    Exactement. Et en fait, tu regardes les médias, par exemple, l'Afrique, tu as l'impression que c'est vraiment sous-développé, pas très avancé, etc. Eh bien, ce n'est pas vrai. C'est des idées reçues. Le Kenya, c'était hyper développé. Ils étaient en avance sur énormément de choses. Notamment, ils ont interdit le plastique depuis 2016, je crois. Chose que nous, en France... c'est en train d'arriver, mais sachez que plastique là-bas ça passe pas c'est juste des idées reçues et quand t'arrives, vraiment tu peux très très mal vivre et avoir le mal de chez soi le mal du pays et ça c'est quelque chose dont on parle peut-être pas assez les voyages c'est pas juste beau et cool ça peut être vraiment pas cool et vivre des mauvaises expériences en fait si on se concerne pas assez aussi on peut atterrir dans des choses je pense qu'on aimerait bien qu'on n'a pas envie d'atterrir là-bas. Et voilà, dépendant des dangerosités des pays, c'est vraiment très important. Je pense qu'en Europe, globalement, ça reste quand même assez safe, assez... Voilà, c'est les mêmes normes, etc. Mais dès qu'on sera un peu plus... Je pense que...

  • Speaker #0

    Ouais, t'es dans quelque chose de totalement différent, d'autres codes, d'autres manières de faire, de penser, etc.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    On peut être un peu plus surprendre au final. Auquel on s'attend pas et on peut même pas imaginer, quoi.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas de nous avoir partagé ton histoire. Merci à toi. C'est super cool.

  • Speaker #1

    Et voilà. Je n'avais pas été pour ça.

  • Speaker #0

    Non, franchement, c'est bon. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. Perso, j'ai vraiment adoré découvrir cette manière de vivre que je ne connaissais pas du tout. Et en tout cas, tu peux t'abonner à la chaîne pour ne pas louper le prochain épisode. Et tu peux aussi me retrouver sur Instagram. pour échanger sur tout ça sur la page Partir Podcast. À bientôt !

Chapters

  • Intro

    00:06

  • Fonctionnement du diplomate

    01:35

  • Malte

    02:20

  • Les Pays-Bas et le multi-langage

    04:13

  • Retour en Tunisie

    13:38

  • Kenya et découverte culturelle

    15:06

  • Etudes en France

    26:18

  • Le kiff de bouger partout

    31:40

  • Le plus compliqué à gérer

    33:12

  • Quitter un pays

    35:06

  • Se sentir chez soi quand on a constamment déménagé

    37:25

  • Enrichissement personnel

    43:59

  • Conseil pour s'expatrier

    46:31

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