- Speaker #0
Bonjour les fous de la food ! Ici, c'est Virginie Legrand, chef à domicile épicurienne et hyperactive avec un parcours très atypique. Dans mon podcast, Passion sans modération, vous retrouverez tous les 15 jours des personnalités implantées dans la gastronomie d'aujourd'hui, des vrais amoureux du goût et de la vraie cuisine, des experts tous enrobés d'une passion communicative. On parlera terroir, saveur, créativité, artisanat, on vous racontera des histoires qui croustillent, des initiatives qui pétillent, et qui font briller les yeux. Et on en a bien besoin aujourd'hui. Dans ce podcast, vous allez rencontrer des passionnés qui aiment partager, des entrepreneurs qui aiment se renouveler. Vous allez pénétrer dans les coulisses d'un monde délicieux, nourri aux convictions individuelles et aux engagements collectifs. Vous êtes curieux ? Alors installez-vous à notre table et on va se régaler tous ensemble. Il ne fait aucun doute que la cuisine est bien plus qu'un acte pour se nourrir, c'est une histoire de transmission, d'émotion, de créativité et de rencontre. Derrière chaque engagement pour l'art gastronomique, il y a une histoire, un individu, une sensibilité, une passion inépuisable. Cet épisode, le 55e, promet d'être un bel éloge pour le savoir-faire et l'amour du travail bien fait. Aujourd'hui, je reçois à ma table Catherine Deslois, attachée de presse spécialisée food et gastronomie. Bonjour Catherine.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Benjamin Dahan, consultant en marketing et journaliste. Testeur de bonnes tables et de moins bonnes Bonjour Benjamin Bonjour Virginie Manon Gallet, sommelière, a son compte après avoir exercé en restaurant Elle organise notamment des dîners vignerons, des dégustations et des événements autour du vin Bonjour Manon Bonjour Virginie Et Lucie Renaud, elle a voulu réinventer les fortunes cookies avec sa marque Cachoterie Qui en dit long sur l'originalité du produit Bonjour Lucie Bonjour Je te garde Merci Allez, alors, est-ce que tu peux nous expliquer déjà L'histoire des Fortune Cookies aux Etats-Unis, d'où ça vient ?
- Speaker #2
Alors du coup, c'est pas du tout... Souvent, on pense Fortune Cookies, on pense gâteau chinois. Et en fait, pas du tout. Ça a été créé aux Etats-Unis par un immigré japonais. Et du coup, juste au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il a voulu développer ce produit aux Etats-Unis. Et il s'est servi des restaurants chinois pour développer le produit partout aux Etats-Unis.
- Speaker #0
D'accord. Et donc, Fortune... Tu expliques du coup c'est quoi ces gâteaux là ? Qu'est-ce qu'on met à l'intérieur ?
- Speaker #2
Il y a des néophytes qui ne connaissent pas Du coup les fortune cookies c'est des petits gâteaux Qu'on casse en deux avec un message à l'intérieur Souvent on découvre une fortune Un destin Une phrase inspirationnelle Et moi avec Cachoterie j'ai voulu Ouvrir un petit peu ce champ Pour pouvoir le personnaliser en fonction De vous, des gens
- Speaker #0
Et cachoterie, pourquoi ce nom que je trouve très poétique, très joli ? Ça t'est venu rapidement, instinctivement ou tu l'as travaillé, Muri ?
- Speaker #2
Pas du tout. Ce n'était pas le plus évident parce que je trouve qu'un nom, c'est important. Parce que ça suit et il faut trouver le bon nom pour ne pas avoir à le changer après. Et pour moi, c'était le côté un peu secret, espiègle, et qui puisse se retrouver un peu partout. que ce ne soit pas que un fortune cookie vraiment que ça puisse se développer sur d'autres pâtisseries.
- Speaker #0
Et ce piègle malicieux, j'aime beaucoup. Alors, on en a sur la table. Alors, on va tout de suite le goûter. Tu nous racontes ?
- Speaker #2
Je vais le goûter à ASMR.
- Speaker #0
Ouais, allez, ASMR. Donc, chacun son petit... Donc, raconte-nous ce qu'il y a dans ce bruit. On s'excuse pour l'ingé son. Je bouge. Voilà, c'est pas long.
- Speaker #2
Alors, du coup, je leur ai ramené deux gâteaux. Un que j'ai appelé tout nu parce qu'il n'y a pas de topping dessus, rien. Et un avec du chocolat et des fleurs dessus.
- Speaker #0
Des bleuets.
- Speaker #2
Bleuets. On a bleuets pour Virginie Cartam. Un mélange de fleurs et de la rose. J'adore. Je vais garder ces sons.
- Speaker #0
C'est génial. Incroyable. Oh là là là là.
- Speaker #2
Du coup, c'est à base de sucre de coco et farine de petite épautre. Le but, c'était justement de...
- Speaker #3
C'est hyper bon. J'adore. C'est délicieux.
- Speaker #0
Mais c'est en live.
- Speaker #2
C'était justement de ne pas avoir le côté culpabilité quand on mange un gâteau, de permettre à tout le monde d'en manger, que ce soit des diabétiques ou des personnes qui n'ont pas forcément de problème, et de rendre ça gourmand. Donc, c'était vraiment le plus important pour moi.
- Speaker #0
C'est très bon parce que c'est un peu beurré aussi.
- Speaker #2
Oui, c'est important le beurre. On m'a demandé si je les faisais en vegan. Et en fait, le côté gourmand du beurre, je n'arrive pas à le retrouver.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut lire nos petits mots ? Tu peux. Alors, moi j'ai une citation d'Albert Camus. Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer. Oh, magnifique. Manon ?
- Speaker #3
Vivre est la chose la plus rare au monde, la plupart des gens existent, c'est tout. Et c'est wild.
- Speaker #0
Eh ben dis donc. Monsieur Dahan ?
- Speaker #4
Il faut avoir une grande musique en soi si l'on veut faire danser la vie. Oh ! C'est magnifique.
- Speaker #2
Je crois que c'est ma citation préférée, celle-là.
- Speaker #0
Très très bien. C'est niche.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Et Catherine ? Alors, notre pouvoir ne réside pas dans notre capacité à refaire le monde, mais dans notre habileté à nous recréer nous-mêmes. C'est écrit cachoterie dedans. Je ne sais pas dire.
- Speaker #0
Et du coup, quel a été le déclic où tu t'es dit je veux réinventer ces biscuits, je veux en faire mon métier, je veux me transformer en artisan ?
- Speaker #2
Alors si c'était aussi simple que ça, ça serait.
- Speaker #0
Ah bon ?
- Speaker #2
Avant j'étais contrôleuse de gestion. Pendant le Covid, je trouvais plus de sens à mon métier, même si j'étais dans les énergies. renouvelables, les parcs éoliens et solaires. Et du coup, je me suis dit, en fait, moi, la manière dont j'apporte de l'amour aux gens, c'est grâce à la nourriture. Et du coup, j'ai voulu me professionnaliser et j'ai voulu essayer de voir si ça pouvait être quelque chose où je pouvais me changer de métier. Du coup, j'ai cuisiné pour les sans-abri et pour les soignants pendant le Covid. Et après, j'ai voulu me professionnaliser dans la pâtisserie. Entre-temps, je me suis cassé le bras. Ce qui m'a permis de ne pas passer mon CAP pâtisserie. Et quand tu veux faire de la pâtisserie et que tu n'as pas le CAP, en fait, il reste les biscuits secs. Et je me suis rendue compte qu'au final, c'était quelque chose qui me convenait bien. Parce que c'est le petit truc qu'on peut emmener partout avec soi. Pour moi, la pâtisserie, du coup, c'est vecteur de beaucoup d'amour. Et d'avoir toujours un petit truc dans son sac à ramener quand on se balade, ça me convenait bien et je trouvais le... Le principe des fortune cookies, très chouette, mais vraiment des gâteaux pas bons.
- Speaker #0
C'est quoi tes gâteaux ?
- Speaker #2
Carton,
- Speaker #0
je crois.
- Speaker #2
Du coup, ce n'est pas très compliqué de faire mieux.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Catherine, est-ce que tu peux nous présenter brièvement ton parcours professionnel ? D'où tu viens ? Où tu es ? Où tu vas ?
- Speaker #1
Très bien, oui. Alors j'ai fait des longues études pour devenir avocate en droit des affaires. Ce que j'ai commencé à faire en début de carrière, c'était pas du tout fait pour moi. Du coup, j'ai eu l'opportunité de changer, de travailler avec un chef étoilé qui prenait son indépendance vis-à-vis de sa famille et qui montait son premier restaurant avec l'ambition d'être étoilée au Michelin. Et donc il m'a embauchée pour gérer un petit peu l'administratif de la création de société, etc. Chose que je ne voulais plus faire. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvée finalement à gérer le projet, l'ouverture du restaurant, la création de concepts un petit peu, de cartes, le recrutement des équipes, la communication évidemment, notamment dans les relations presse, etc. Et c'est comme ça que j'ai mis le pied dans la restauration. J'ai monté deux restaurants avec lui, j'ai fini par m'en aller parce que c'était vraiment, je pense, l'expérience pro la plus intense, positivement et négativement. Mais j'ai adoré ce métier-là et donc je suis partie dans une autre entreprise après où j'ai fait la même chose. Donc j'ai développé des concepts, développé des établissements, des restaurants. Et sauf que là, ça s'est extrêmement bien passé avec ma boss, ma patronne, qui m'a sorti de mon premier boulot en me disant « Écoute ma cocotte, si tu prétends monter des restaurants, il va falloir que tu saches comment les gérer. » Et donc elle m'a fait travailler pendant quasiment un an, six mois, un an, dans les restaurants de cette entreprise, à des postes... poste, voilà. en salle plus, de commis de salle jusqu'à maître d'hôtel, direction de restaurant, etc. pour vraiment apprendre le métier et savoir comment se monte un restaurant. Et en fait, ça m'a tellement plu que j'ai passé le CAP cuisine en candidat libre pour connaître, pareil, pour savoir comment ça marche de l'intérieur, savoir comment parler à un cuisiniste, savoir comment gérer une équipe de cuisine, savoir tout ça, que j'ai fait pendant sept ans. Et suite à ça est arrivé le Covid, qui a mis fin à tout projet de développement. immédiat, c'est-à-dire que mon boulot consistait plus à fermer des restaurants qu'à en ouvrir. Ça me vient d'un petit coup moral. Et donc je suis partie pour monter une boîte qui n'a pas fonctionné. Et suite à ça, mon attachée de presse avec qui je bossais pour les restos m'appelle un jour et me dit « Écoute, j'ai quelqu'un qui doit partir pendant six mois, est-ce que tu peux la remplacer ? » Et je dis « J'ai jamais fait ça de ma vie, ok, mais du coup, débutante quoi. » Non, mais t'inquiète, ça va très bien se passer. Effectivement, j'ai découvert un pan du métier autour de la restauration, parce qu'elle s'occupait surtout de grands chefs, de gastronomie, des choses que je connaissais d'un autre point de vue, en tant que cliente. Elle m'a un peu appris le métier et ça m'a beaucoup plu. C'était hyper intéressant. J'ai poursuivi en freelance pendant un temps. Maintenant, je suis de nouveau dans une agence de relations presse qui s'appelle Oxygen. Et j'en suis très contente.
- Speaker #0
Donc les clients d'aujourd'hui ?
- Speaker #1
Les clients d'aujourd'hui, c'est beaucoup moins des restaurants et des chefs, c'est beaucoup plus des marques qu'on retrouve dans la distribution, donc en supermarché, épicerie, etc. Du sucre, des produits, des alternatives à la viande, des choses hyper très innovantes, très intéressantes et qui me font aussi voir un côté de la food encore très différent, c'est-à-dire ce qu'on va nous acheter au supermarché tous les jours. et ce qui est très intéressant également.
- Speaker #0
Merci beaucoup Catherine. Benjamin ?
- Speaker #4
Oui Virginie.
- Speaker #0
Bonjour Benjamin. Bonjour. Alors, toi, tu es prof.
- Speaker #4
Parmi toutes mes activités. Prof,
- Speaker #0
consultant, gourmet. Tu nous racontes qui es-tu ?
- Speaker #4
Alors j'ai fait des études de communication à l'école française des attachés de presse. J'ai un début de carrière dans le mécénat et le sponsoring, plutôt pour des grandes boîtes, AXA, Vivendi, Universal. Il y a une bascule, à un moment donné je me retrouve sans emploi. Et dans mes critères, je veux rebondir en tant que manager, gagner bien ma vie. Et je postule à plein d'offres d'emploi. Et je suis recruté par un syndicat étudiant. En France, deux grands syndicats étudiants, la Fage et l'UNEF, qu'on entend régulièrement en septembre sur la précarité étudiante. Ça se passe super bien la première année. J'ai un président plus jeune que moi qui est élu pendant un an. On a vraiment une entente, on match vachement bien. Puis l'année suivante, il y a un nouveau président qui est élu, que je pensais être de mon côté. Et la première décision qu'il prend, c'est de me virer. Oh, j'ai ma... Ouais. Mais vraiment ce qu'on peut faire en France, je ne sais pas si... Le licenciement sans préavis, je l'ai vécu, c'est-à-dire que tu as deux heures pour débarrasser le plancher. Et je prends un coup de massue monumental, mais c'est une bascule pour moi. Je vais me réfugier dans un bar à Nation, qui est très fondateur pour moi, qui s'appelle le Dalou. Et là je chiale, vraiment... Tu bois ? Je bois, effectivement. Cette bière, cette hormone, la lousine, c'est l'hormone de la louse. Et je suis abattu. Ça dure une heure, et après, certains voient l'appel de la religion, la lumière, et par esprit de rébellion, le jour même, je crée une contre-fédération, qui s'appelle la Fédération Française des BDE, c'est ça que tu as vu, avec l'idée simple qui est de mettre un peu des bâtons dans les roues, c'est un peu revanchard à cette fédération et ce syndicat, et je crée cette fédération des BDE, d'école de commerce et d'école d'ingénieurs. Je rappelle un ancien contact chez Coca-Cola, qui devait être le sponsor du syndicat d'avant. Et le mec, très smart, très clean, me dit Benjamin, moi j'ai envie de te suivre sur ton nouveau projet de fédération. Et il m'organise un rendez-vous avec tous les chefs de produits Coca-Cola. Et j'ai 30 minutes pour les convaincre. Et cet événement-là, devant un grand groupe d'agroalimentaires comme Coca, va lancer ma carrière. Parce qu'il me dit, c'est bien, la fédération des BDE continue de faire grossir le réseau, mais on veut que tu nous accompagnes en conseil et en marketing sur la cible jeune. Et donc, comment un événement dur à vivre transforme ma carrière et me lance sur le marché du conseil, du consulting, avec des marques, puisque c'est aujourd'hui une de mes activités principales.
- Speaker #0
Mais on se connaît depuis longtemps et je n'avais pas vu cette jeunesse. Donc, merci beaucoup.
- Speaker #2
Et ton syndicat, il existe toujours ?
- Speaker #4
La fédération existe toujours. On fédère à peu près 500 BDE actifs. Les bureaux des étudiants. Bien sûr, c'est la culture en école de commerce, école d'ingénieur, mais il y en a en pharma, en médecine, en soins infirmiers, dans les facs, les universités. Donc, on a 500 BDE actifs et c'est une base de travail pour mes clients. On accompagne aussi beaucoup de BDE sur gérer la vie associative d'une école. C'est des fois des centaines de milliers d'euros qui sont en jeu. Alors, quand tu as 20 ans, 21 ans, tu te retrouves à la tête de sacrés budgets comme ça. Donc, nous, on les accompagne malgré tout là-dessus. pour qu'ils aient les bons réflexes, même en un an, qu'ils ne fassent pas trop de bêtises, qu'ils soient utiles à la vie des étudiants.
- Speaker #0
Merci Benjamin. Manon, la petite dernière. Alors, toi, le nom de ta boîte, c'est Sarment. Alors, pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, tu vas nous l'expliquer. Et quel est le lien entre ce nom et ton métier ?
- Speaker #3
Comme un Sarment de vigne, j'ai choisi le nom parce que c'était pour moi l'idée d'une possibilité de perspective nouvelle. Tous les ans. Donc voilà, un nouveau début et le champ des possibles qui se réouvre de manière renouvelée tous les ans. Et c'est une lettre, c'est une lettre de serment, qu'un mot que je trouve très beau.
- Speaker #0
Et donc tu es sommelière ?
- Speaker #3
Je suis sommelière.
- Speaker #0
Alors c'est quoi une sommelière ?
- Speaker #3
Ça peut être plein de choses différentes. L'approche que j'ai, elle a été influencée par des personnes que j'ai croisées, dont l'approche est comme Franck Thomas par exemple, une approche de la sommellerie qui... tâche le plus possible d'être inclusive et d'inviter des gens qui se sentiraient un peu à l'extérieur de ce monde-là, de les inviter à se sentir tout à fait autorisés à parler, à partir d'eux, et à sortir un peu de l'idée qu'on a qu'il faudrait être très fort en analyse pour... pouvoir exprimer ce qu'on ressent d'un vin. L'idée, c'est de passer d'abord par l'intuition, par ce que notre corps nous dit quand on déguste un vin, pour ensuite aller, c'est un pont vers la dégustation analytique évidemment, mais vraiment de partir de la personne qu'on a en face de nous. C'est cette manière-là d'exercer la sommellerie que je trouve intéressante. La vérité, c'est que très souvent, les grosses bouteilles, les bouteilles chères, c'est pas nous qui les vendons, les gens viennent les chercher. Le vrai travail, il se fait sur une table de personnes qui ont envie de se faire plaisir, qui sait parfois décrire et parfois un peu moins bien ce qu'elles aiment. Et c'est tâcher de le comprendre en 45 secondes, parce que c'est le temps qu'on a à une table, en fait, quand on est dans un restaurant.
- Speaker #0
Donc tu travailles avec quel type de vigneron ? Comment se cristallise le lien ?
- Speaker #3
Le lien, c'est d'abord des rencontres. Je travaille avec des gens pour lesquels j'ai de l'estime. Ça peut aider,
- Speaker #0
ça, effectivement.
- Speaker #3
Avec des vins vivants, je trouve qu'il y a assez de gens qui font ce métier-là de manière très sincère, avec une foi profonde dans ce qu'ils font, qui se mettent au service du vivant. Et c'est ce que j'ai envie de défendre quand on termine le geste. Finalement, moi, ce que je fais, c'est un peu la partie la plus facile du boulot, qui est de terminer le geste, mais il faut essayer de le faire bien. Et j'ai envie de le faire avec des vins qui sont le véhicule de ce que je crois pouvoir être une manière qu'on a d'influencer le monde dans lequel on vit, de manière positive.
- Speaker #0
C'est beau, c'est très poétique tout ça. Merci beaucoup Manon. Lucie, on parle de poésie, de mots, alors je fais le pont facile. Toi, tu as été aidée dans ta reconversion professionnelle par un incubateur spécialisé dans la food. Comment ça s'est passé l'accompagnement, les réticences, les exaltations, les rencontres, les défis ?
- Speaker #2
Beaucoup de rencontres, parce que comme je le disais avant, ce n'était pas du tout mon secteur, pas du tout mon métier, pas du tout les gens qui sont autour de moi. mais sans plus... des cadres dans des grosses boîtes que dans la restauration. Donc ça m'a permis d'avoir un pied déjà dans le monde de la restauration. Ça m'a permis aussi de trouver mes premiers clients, ce qui était bien.
- Speaker #0
C'est le point de départ.
- Speaker #2
Et ça m'a permis aussi d'avoir des belles amitiés dans le milieu et de pouvoir s'entraider. sur les premiers pas, sur les premiers mois d'une activité, quand on ne sait pas vraiment ce qu'on fait et où on va. En fait, c'est hyper important de se sentir soutenu.
- Speaker #0
D'être assuré.
- Speaker #2
Et d'être assuré aussi. Donc vraiment, c'était une très belle expérience.
- Speaker #0
Donc ils t'ont accompagné à la fois juridiquement, administrativement, financièrement, ou c'était plus du conseil brut et une mise en marche en fait ?
- Speaker #2
J'ai fait deux incubateurs, Empower, qui est un incubateur spécialisé dans l'accompagnement des femmes entrepreneurs, sur les premiers pas des entrepreneurs, et Baluchon, qui est un incubateur spécialisé dans la food. Empower, c'était plus pour toute la partie administrative, j'ai fait une école de commerce, donc les BDA, je connais un peu. Moi, j'étais plus BDA, mais...
- Speaker #4
Quelle école tu as fait ?
- Speaker #2
L'ESG, qui est devenue PSB maintenant.
- Speaker #4
Oui, tu as fait.
- Speaker #2
Et du coup, on peut voir, c'était plus sur la partie admin. Et Baluchon, plus sur la partie technique. J'ai pu avoir accès à une cuisine pro, première cuisine pro pour faire mes tests et passer, je ne sais plus combien de temps, mais peut-être trois semaines, à essayer plein de recettes différentes, me rendre compte que le beurre, c'était quand même hyper important dans la pâtisserie et qu'on ne pouvait pas mettre de l'huile à la place du beurre comme ça, faire plein de tests. Voilà, et essayer, en fait. Ça m'a permis d'essayer et de me cadrer sur cette partie-là.
- Speaker #0
Oui, à la fois expérimenter et en même temps garder ton socle pour avancer sereinement. Ça, c'était il y a combien de temps, du coup ?
- Speaker #2
C'était il y a un an. Donc,
- Speaker #0
ça a été rapide.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Merci. Benjamin ? Oui. Alors, Benjamin, toi, tu testes beaucoup de tables.
- Speaker #4
Tout à fait.
- Speaker #0
Alors, à quelle fréquence et surtout dans quel cadre ?
- Speaker #4
Alors juste, je vais expliquer comment j'ai glissé du conseil marketing.
- Speaker #0
Mais tu expliques ce que tu veux, le micro il t'a de quoi ?
- Speaker #4
Non mais en 2013, le Parisien est venu me chercher sur mon expertise étudiante et il cherchait à rajeunir leur audience. Et ils ont monté une rubrique étudiante et un cahier éducation dans le Parisien. J'ai accepté de produire des contenus. Donc de 2013 à 2023, j'ai eu une page dans le Parisien étudiant. qui était un cahier à part, je suis revenu à mes premiers amours parce que quand j'ai fait mon école d'attaché de presse, je rêvais secrètement d'être journaliste. Et j'ai eu la chance quand même de vivre un truc incroyable pendant que j'étais en stage, j'ai travaillé pour la coupe du monde de foot 98, celle qu'on a gagnée en France. Après, le destin m'a emmené ailleurs, mais j'avais toujours l'ambition d'être journaliste d'une façon ou d'une autre. Mon agence m'a pris du temps, mais j'ai dit aux Parisiens, ok, en parallèle, je veux bien produire des contenus. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire, bon plan, un peu fourre-tout. Et puis après, j'ai travaillé sur l'agenda des sorties, des adresses, et j'ai commencé à tester des restos. C'est ça le début de l'aventure, de tester des restos et j'en ai testé un nombre incalculable depuis des années. C'est une chance.
- Speaker #0
Oui, tu m'as fait tester un resto. Oui,
- Speaker #4
c'est vrai.
- Speaker #0
Notamment. Donc toi, tu as fait des bonnes tables et des moins bonnes tables. C'est quoi les critères pour toi ?
- Speaker #4
J'essaye de... Je reçois beaucoup d'infos, des sollicitations, d'être vierge quand je vais dans un resto. Je ne veux pas lire le communiqué de presse, j'essaye d'y aller vraiment en toute neutralité. Mon avis a évolué, maintenant je cherche beaucoup plus une expérience, même si je ne veux pas m'éloigner du plaisir de l'assiette. Mais je veux qu'il se passe quelque chose dès que j'ouvre la porte. Donc c'est la déco, c'est le service, on parlait tout à l'heure de faïence et d'autres, c'est la vaisselle, c'est plein de petits détails. Après j'essaye de m'éloigner des... trop beaux plats. C'est vrai qu'en ce moment, c'est beaucoup des plats un peu instagrammables et autres. On pourra en reparler peut-être. Mais je cherche vraiment une enveloppe globale. J'ai testé récemment un petit resto qui s'appelle Opti Curieux, pas loin de Belleville, pas très loin d'ici. Et voilà, il y avait tout, les ingrédients, un rideau décorant et qu'on ouvre la porte. Et on a un effet wow, une bibliothèque, des livres. Petit lieu ? Petit lieu, vin couvert. Mais super table. Et là, c'était pas une demande, c'était une demande via Instagram, d'une amie du propriétaire. Et j'ai adoré, tout était parfait. Lui, il se décrit comme un bistronome goûteux et musical, parce que le chef est un ancien musicien. Donc, pendant qu'on dîne, il y a une histoire. Et pendant qu'on dîne, il y a de la musique classique. Et voilà, j'ai trouvé ça formidable. Donc, c'est ça, tester des tables. Pour en tester des très bonnes, il faut en tester des moins bonnes, effectivement.
- Speaker #0
Merci, très intéressant. Catherine, toi, tu es dans la communication, dans le branding. Est-ce que tu peux me donner... Trois éléments vraiment branding phares pour que la marque soit impactante, mémorable et vivante à succès.
- Speaker #1
Oui, je peux. Alors la première chose, et c'est un petit peu difficile et beaucoup de marques n'en ont pas, mais c'est tellement important, c'est au-delà du produit, c'est la vision. C'est qu'est-ce qu'on apporte à notre client, qu'est-ce qu'on va donner. Alors qu'est-ce qui est différent peut-être, mais il y a aussi beaucoup de marques qui font les mêmes choses. Mais celles qui vont avoir une vision, voire plus loin que juste la vente de ce premier produit, sont les plus intéressantes et sont celles qui vont vraiment réussir. Ensuite, il y a évidemment un élément graphique, visuel, parce que la chose dont on va se souvenir, ça va être un dessin, ça va être peut-être un slogan, ça va être une harmonie, quelque chose de visuel dans tous les cas. Alors bien sûr, ça laisse place à l'imagination parce que... Plein de marques ont plein de façons différentes de faire les choses. On peut avoir en tête des logos, des slogans. Moi, je pense que j'aime beaucoup Apple, par exemple. Je trouve que c'est un cas d'école hyper intéressant. On peut penser à Chanel, on peut penser à Nike. Il y a vraiment beaucoup de choses comme ça. Et enfin, le dernier élément hyper important, c'est à quelle émotion de notre client fait-on appel ? Parce que les humains sont faits d'émotions, de ressentis. Et tout, alors je ne sais pas si Benjamin va confirmer ce que je dis, mais en marketing, c'est vraiment ça qu'on va cibler, c'est vraiment ça qu'on va faire appel pour déclencher un acte d'achat, pour déclencher un affect avec une marque. On va faire appel à une émotion particulière. Est-ce que ça va être un sentiment d'appartenance ? Est-ce que ça va être, j'en sais rien, une amitié ? Est-ce que ça va être une envie d'être élégant ? Est-ce que ça va être... Voilà, c'est toutes ces choses-là qui font une belle marque, en fait.
- Speaker #0
Que penses-tu,
- Speaker #4
Benjamin ? Je suis assez d'accord. En plus, Apple, j'en parle souvent dans mes cours. Et Chanel, par exemple, je ne sais pas si tu as vu la collab qu'ils ont faite avec Angèle. Je trouve ça génial de voir comment Angèle a composé ce titre à New York. Et en plus, maintenant, elle a créé un titre. Et je trouve que dans l'ancrage d'une marque, c'est intéressant.
- Speaker #1
Et qui a pu rajeunir. Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Merci, très intéressant. Manon, quelles sont les tendances actuelles dans le monde du vin que tu observes ? Qui t'attire ? mais qui aussi créent des réticences. On peut être coup de gueule.
- Speaker #3
Vaste sujet. Non, une des choses auxquelles je pense, parce qu'on en parle régulièrement, c'est la difficulté pour les jeunes sommeliers et les jeunes sommelières d'accéder au vin, ce qui n'était pas le cas il y a 50, il y a 30 ans. L'accès au vin, c'est que le vin devient, est devenu et continue de devenir, et ça n'a pas dans le bon sens, spéculatif, et pour certaines régions et certains vignerons, ultra spéculatif, ce qui dessert la cause. Je pense qu'accéder au vin pour les jeunes sommeliers, c'est un sujet. qui, pour beaucoup, choisissent les établissements dans lesquels ils vont aller travailler pour un certain nombre d'années, en fonction de la carte des vins et de ce qui va leur permettre de faire leur bibliothèque tout simplement et de goûter ces vins-là, auxquels ils n'auraient pas accès s'ils n'étaient pas dans ces établissements-là. Voilà, donc ça, c'est plutôt ce que je regrette. Et ce qui m'attire, c'est évidemment tout l'esprit d'initiative, tout l'effervescence. Je suis plutôt très optimiste en général. Et je trouve qu'en dépit de plein de choses qui ne vont pas et qui ne vont pas du tout, Plein de gens s'unissent dans un élan de bonne volonté, d'idées de créativité, qu'il y a plein de choses extraordinaires qui se passent. Enfin, les vins vivants prennent de plus en plus de place. Je pense qu'il ne faut pas oublier d'inclure tout le monde, et qu'on est aussi parfois dans une posture, et qu'on oublie aussi parfois de ne pas faire de leçons de morale aux gens, et de les inviter vraiment, et d'autoriser la discussion, je veux dire, et d'accueillir les questions, et puis pas une pédagogie, je veux dire. qui parlent du dessus, qui acceptent que pendant longtemps, on a bu des vins qui étaient faits comme ça pour plein de raisons, dont certaines sont entendables, je veux dire, et qu'on a envie de faire autrement, qu'on n'a plus envie que les vignerons s'empoisonnent en cultivant les vignes, qu'on n'a plus envie d'épuiser les sols, que ce n'est plus les vins qu'on a envie de boire. Je pense que si on veut aller loin là-dedans, il faut aussi essayer d'emmener les gens avec nous plutôt que de les faire réagir de manière un peu négative, parce qu'ils se sentent jugés, et qu'on a aussi parfois un jargon, et qu'on pose un peu, et que c'est un peu l'équipe des... Des gens cools. Et voilà, je pense qu'il faut éviter ça. Mais ça, ça m'enthousiasme. mais évidemment qu'on ait envie de boire et de manger autrement, je trouve que c'est extraordinaire.
- Speaker #0
Merci Manon. Lucie, alors justement on parle de cette philosophie un petit peu moderne, contemporaine, de respect de la nature et de l'environnement. Toi, entre justement les produits constitutifs que tu utilises et l'emballage, comment tu réponds à toutes ces exigences ?
- Speaker #2
Veste question.
- Speaker #0
Là encore sans jugement académique et supérieur.
- Speaker #2
J'ai toujours été très écolo. J'ai toujours voulu bosser dans des boîtes qui avaient un... un lien avec l'écologie. Et du coup, pour monter mon projet, c'était hyper important de garder toutes ces valeurs-là. Et je suis partie avec une idée en me disant il faut avoir des produits bio, il faut avoir des emballages qui sont biodégradables, il faut, il faut, il faut. Donc je suis partie avec cette idée-là. Et après, la réalité rattrape un petit peu tout ça.
- Speaker #0
Le pragmatisme peut-être.
- Speaker #2
Tout à fait. J'étais partie par exemple avec des emballages biodégradables. Parce que pour moi, je ne voulais pas mettre du plastique en plus sur le marché. Et je me suis rendu compte qu'en fait, le plastique biodégradable, il fait passer l'air. Et donc, pour des biscuits secs, c'est un petit peu compliqué. Et j'ai eu une... C'est un peu mon gros fail, avec une très belle commande pour les Etats-Unis, qui allait toucher énormément de gens alors que ça faisait que six mois que j'étais lancée. Et mes gâteaux sont arrivés tout mous là-bas. Donc, mauvaise expérience avec mon client. Pas de visibilité non plus derrière tout ça, parce que je voulais absolument être... Écolo, donc j'ai un peu changé ça. Je pense que quand j'aurai plus d'argent, plus de temps pour développer et pour vraiment chercher un emballage spécifique qui soit en accord avec mes valeurs et avec le produit, on verra. Mais du coup, pour l'instant, je le propose en bonbonne, en vrac, pour les personnes qui sont en région parisienne, pour éviter les emballages.
- Speaker #0
Donc je laisse le choix, c'est pas moi, là je vous en ai ramené avec des emballages pour chacun, mais je laisse le choix aux gens de se dire, en fait moi je vous propose un bocal consigné. C'est ça,
- Speaker #1
vous avez posé la question du verre, du coup il est consigné, donc ça veut dire concrètement, ils viennent chercher la bonbonne, ou alors tu livres la bonbonne, ils récupèrent les biscuits, ils en font ce qu'ils veulent et ils te rendent la bonbonne. Voilà. C'est canon ça.
- Speaker #0
Et pareil pour les coffee shop, je leur livre des gâteaux. en bonbonne. Et comme ça, au moins, il n'y a pas de...
- Speaker #1
Et comme le vrac, en fait, comme la farine.
- Speaker #0
Après, j'ai pas mal d'envois aussi, parce que les gâteaux peuvent s'envoyer, mais le vrac et la poste, pour l'instant,
- Speaker #1
on n'est pas... Surtout des gâteaux croquants comme ça, ils peuvent arriver. Tu vois, un crumble,
- Speaker #0
tu as une miette du caspi de cachoterie,
- Speaker #1
en fait. Mais après,
- Speaker #0
on peut les mettre partout, dans les yaourts. Mais c'est ça !
- Speaker #1
C'est un granola maison.
- Speaker #0
Mais voilà, il reste les mots, mais il ne reste pas les gâteaux. Donc, il faut que je travaille là-dessus, parce que c'est important pour moi aussi, mais on ne peut pas tout faire, et je suis toute seule, donc je fais par étapes, et voilà.
- Speaker #1
Alors, justement, les mots, donc tu dis que tu peux demander, enfin, les gens peuvent te donner les slogans qu'ils veulent, les messages personnalisés, c'est quoi le message le plus dingue, slash insolite, que l'on t'ait demandé de mettre à l'intérieur de tes biscuits ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si c'est par rapport à l'émotion dont tu parlais tout à l'heure que j'essaye de dégager via cachoterie ou autre, mais les gens utilisent beaucoup ce moyen pour véhiculer des messages d'amour. Que ce soit pour Noël, j'ai eu pas mal de calendriers de l'Avent où les gens écrivaient des « je t'aime parce que » . à leurs proches.
- Speaker #1
On a besoin d'amour.
- Speaker #0
Vraiment, c'est un shoot d'amour qui arrive. C'est génial. Et après, ce n'est pas tant un mot insolite, mais c'est plus une wedding planner qui m'a demandé de cacher une bague à l'intérieur. Et du coup, ça, c'était pas mal de se dire qu'on peut développer aussi ce gâteau, pas qu'avec les mots, mais j'ai eu un peu l'impression d'être dans Peau d'Anne. Je ne sais pas si vous l'avez vu. Mais de cacher la bague dans un gâteau et me dire, c'est vachement cool quand même de pouvoir faire ça avec un gâteau et de proposer une manière différente de s'engager avec ça.
- Speaker #1
Non, mais c'est que surtout, tes biscuits, c'est vraiment le support d'émotions brutes. Voilà.
- Speaker #0
Et du coup, c'est une enveloppe qui est bonne. J'ai essayé de faire en sorte que ce soit bon. Mais c'est une enveloppe pour plein de choses différentes derrière. Et après vient la question de... Est-ce que je laisse les gens écrire ce qu'ils veulent dans les messages ? Est-ce que si c'est des messages de, pas de haine, mais de t'es une connasse ou des choses comme ça, est-ce qu'on y va ? Parce que ça peut être drôle, mais d'un autre côté, je ne suis pas forcément fan de cette idée-là, parce que pour moi, les mots ont beaucoup de valeur. Et en fait, ce n'est pas que je vais vendre des gâteaux, c'est aussi que je vends une émotion. Et je ne suis pas sûre de vouloir aller sur ce genre d'insultes.
- Speaker #1
Merci, Lucie. Benjamin, alors toi, tu es prof, prof de communication et de marketing. Qu'est-ce que tu enseignes à tes étudiants dans l'interdépendance entre la communication et la gastronomie ?
- Speaker #2
J'aurais dû la bosser, cette question. Non, après, moi, j'essaie de partager ma passion du market, de la com. J'ai la chance de faire le grand écart entre des grandes marques. En ce moment, je travaille avec Danone, avec Andros, avec une marque de cappuccino. Et puis, mes tests restos. Et en plus, mes étudiants suivent mes aventures que je partage sur LinkedIn. Donc, il y a ce côté transmission. Et puis, de montrer que, comme tu disais très bien, on peut décrypter des marques du quotidien. Donc, j'essaye de le faire. Pourquoi ils mangent de la pâte à tartiner ? Pourquoi ils ont des achats d'impulsion ? Qu'ils aient une grille de lecture sur comment ils consomment. Donc il y a un peu un vœu pire aussi d'éducation. Et puis la gastronomie, c'est de se dire, notamment ceux qui, moi j'enseigne notamment à Paris, il y a plein de restos à bon prix, un rapport qualité-prix intéressant, donc il faut juste être curieux. Donc j'essaye de les éveiller à ça. Je pense qu'ils sont contents. Alors bien sûr, ils ont, cette génération, beaucoup de junk food, fast food. Mais je suis content de voir que certains ont suivi des conseils, développent leur curiosité et se disent, c'est pas parce que j'habite à Paris que je dois me ruiner pour manger bien, sain, différent, vivre une expérience. Et c'est ça que j'aime transmettre.
- Speaker #1
Merci Benjamin. Catherine, alors, toi si tu avais une baguette magique, quel serait le projet de grande ampleur, si on te dit, ok, tout est possible, que tu aimerais mener ? En équipe ou seule ? La vision, voilà,
- Speaker #3
ta vision. Je vais parler de quelque chose qui est connu, un projet que j'adore, que j'ai vu se monter sans y avoir participé et auquel peut-être un jour j'aimerais beaucoup participer, c'est justement Taste of Paris, on en parlait tout à l'heure. Je trouve que ça rassemble tout ce que j'aime. C'est un événement, alors j'adore l'événementiel, donc j'ai travaillé dans la restauration et effectivement... L'événementiel en fait partie et c'est quelque chose avec énormément d'adrénaline. Tu connais ça Virginie ? Oui, on a le temps. C'est un événement de communication sur la gastronomie, sur des beaux produits. Et sur des personnalités. Sur des personnalités, bien sûr. Et donc la personne Mathilde Elville qui a importé Taste of Paris.
- Speaker #1
Qui est venue dans le podcast. Il faudrait qu'on dise dans quel épisode.
- Speaker #2
Je ne savais pas que c'était un import.
- Speaker #3
Oui, en fait, elle a découvert ça, il me semble, à Londres ou à New York. Et donc, elle a décidé d'importer ça à Paris il y a, je crois, 10-15 ans, quelque chose comme ça. Et elle a vraiment tout fait toute seule. Elle a contacté le Grand Palais, Raymond, etc. Et c'est une aventure passionnante. Donc voilà, ce serait le style de choses auxquelles j'aimerais contribuer un jour.
- Speaker #1
Très bien. Donc le rendez-vous, c'est du 8 au 11.
- Speaker #3
Exactement. Et on y sera.
- Speaker #1
On y sera. Évidemment. Alors... Première partie finie. Oh, mais deuxième partie. Ah oui, deuxième partie. Donc, moi je suis une ancienne prof de lettres. Je ne sais pas si vous le saviez, mais d'être chef, j'étais prof de lettres pendant 12 ans. Donc les mots, l'émotion, la littérature, tout ça, j'adore. Donc là, je vais vous lire un petit passage et après je vous poserai une question. Mais quand d'un passé ancien, rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seule, plus frêle, mais plus vivace, plus immatérielle. Plus persistante, plus fidèle, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. Quel est votre Madeleine de Proust ?
- Speaker #2
Je passe en dernier.
- Speaker #0
Je vais aller te dire à toi.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui vous vient ? Ah oui, c'est dur. La malheur de Proust, en général, c'est l'évocation. Certains me disent des tablés, des souvenirs du partage, et d'autres me disent clairement « là, je me souviens de la brioche de Mamie Micheline, je me souviens du coq au vin de mon oncle Robert » . Est-ce qu'il y a quelque chose qui évoque ça dans votre famille, dans votre subconscient inconscient ? Ah bah tu vois, finalement tu vas passer en premier !
- Speaker #2
Non mais tu l'as expliqué, ça m'évoque des souvenirs avec ma grand-mère et ses plats inimitables.
- Speaker #1
Comment s'appelle ta grand-mère ? Où s'appelait ?
- Speaker #2
Elle s'appelait Esther. Esther ? Et elle est partie avec son petit livre de cuisine qu'on n'a jamais retrouvé finalement, son petit livre de recettes. Les secrets d'Esther. Les secrets d'Esther, c'est beau. Mais ça partait d'un chocolat chaud. Son goût de chocolat chaud, pourtant je la regardais et je n'ai jamais retrouvé le goût du chocolat chaud. Donc,
- Speaker #1
chocolat fondu ?
- Speaker #2
Il y avait de la poudre, mais à un moment donné, je ne sais pas, elle devait me créer une diversion. Et j'ai essayé, j'étais là, mais...
- Speaker #1
Tu avais quel âge ?
- Speaker #2
J'avais 10-12 ans. Et après, ces plats... Je n'ai jamais retrouvé le goût. Ces enfants ont essayé de copier, mais ne se sont jamais approchés de la recette originale. Donc, c'est des moments de partage uniques. En plus, des fois, elles ne me faisaient que des plats pour moi, pour me faire plaisir.
- Speaker #1
Côté maman ou côté papa ?
- Speaker #2
Côté papa, oui. Donc, oui, inimitable recette. Donc ça, c'est des sensations que je garde en tête à vie.
- Speaker #1
Ok, on pense à Esther.
- Speaker #2
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
La prochaine.
- Speaker #3
Moi je veux bien si jamais.
- Speaker #1
Vous allez passer tous.
- Speaker #3
Moi c'est le pan con tomate, donc un monument de la gastronomie espagnole. Et moi c'est plus un souvenir amical, c'est mes premières vacances entre copines, toutes seules sans parents, où on va dans ce café au bord de la plage et on commande un café et on se dit mais on peut pas... on ne peut pas petit déjeuner, il n'y a pas de viennoiserie, c'est l'enfer. Et donc, le barman, la personne qui était là, il me dit, je vous offre le pain de cône tomaté. Et là, vraiment, c'était le premier matin des vacances à Mallorque, face à la mer. Et je pense qu'à chaque fois que j'en mange un ou que j'en fais un, je repense à ça et je me dis, c'était quand même la liberté des 20 ans.
- Speaker #1
Donc, frotter à l'ail ?
- Speaker #3
Frotter à l'ail, et alors pas de morceaux de tomate, mais vraiment le sucre de la tomate. Voilà, exactement. Avec un petit peu de sel et un petit peu d'huile d'olive. C'est merveilleux. Facile à refaire du coup.
- Speaker #1
Oui, très facile. Plus facile que le chocolat d'Esther.
- Speaker #0
C'est compliqué d'en choisir un. Parce que pour moi, la gastronomie et la nourriture, c'est beaucoup autour du souvenir. Et donc déjà, quand je voyage, je préfère aller dans des pays où la gastronomie est bonne, parce que c'est quand même le plus important. Mais tu vois, tu parlais de pan con tomate. J'ai travaillé à Madrid pendant quelques temps. Et du coup, ça me rappelle directement des souvenirs. Les choux à la crème de mon père, j'avais une tante qui faisait des biscuits roulés à la génoise avec énormément de confiture qui nous en faisait à chaque fois qu'on venait. À chaque fois, ce n'était pas très bon. Mais en fait, pour moi, c'est tellement lié au souvenir, la nourriture, que c'est compliqué d'en choisir un.
- Speaker #1
Là, tu en as donné deux déjà.
- Speaker #0
Je pourrais en donner 25.
- Speaker #1
Merci. Manon ?
- Speaker #4
Oui, il y en a énormément.
- Speaker #1
Dites comme ça vient.
- Speaker #4
Film mental. Non, je pense aux cerises. On avait un cerisier dans le jardin de la maison familiale qui a d'abord été celle de mes grands-parents qu'ils ont ensuite donné à mes parents pour qu'ils puissent s'installer quand ils m'ont eue. Donc j'ai adoré manger ces cerises, le cerisier en fleurs. Du coup, c'est un ensemble, c'est des goûts, mais ceci des couleurs. Quand t'es enfant, il y a des odeurs qui te rassurent. Je pense au parfum de ma maman, au marché de nuit que j'adorais. En fait, je trouvais ça incroyable d'être dans un endroit qui est... C'est un monde à l'intérieur du monde, quand normalement les marchés, c'est la journée. Puis là, c'était le soir. C'est des souvenirs très, très précieux. On y mangeait, à mon avis, des choses qui étaient moyennes, mais qui me semblaient les meilleures sur Terre. Voilà, puis du coup, c'est des sensations tactiles. Il y a plein de choses. Et je veux dire, c'est hyper dur. La première fois que j'ai goûté le vin de Pierre Auvernoy dans le Jurac, un vigneron extraordinaire et un être humain très rare. enfin c'est C'est des choses dont je me rappellerai toujours. Et je pense que tout ce qui peut venir nous chercher à cet endroit-là, de vivant et de... Je ne sais pas, qui peut s'ouvrir aux autres et au monde chez nous, est hyper précieux. Et donc là, il y a mille trucs qui arrivent.
- Speaker #1
Merci, c'est un joli partage, Manon. Très émouvant. Alors, comment est née à tous les quatre votre sensibilité pour la cuisine ? Ah ! Catherine ?
- Speaker #3
Moi, c'était... Alors, j'avais déjà, de par ma famille, mes parents aimaient bien aller au resto, aimaient bien la bonne chair, mais j'ai découvert par la suite qu'en fait, ils n'aimaient pas les bons restos. Et donc, j'ai découvert ça avec le premier chef avec lequel j'ai travaillé, où en fait, j'aimais bien manger et aller au resto. Mais là, j'ai découvert la gastronomie, j'ai découvert les produits, j'ai découvert... C'était quelqu'un qui accordait beaucoup d'importance au fait d'aller espionner et checker la concurrence. Donc, on allait très régulièrement voir ce que faisaient les autres. Et franchement, c'était meilleur. Mais ça paraît comme un petit luxe, comme peut-être quelque chose d'inutile. Mais en fait, ça aide à développer une culture et une culture du goût. Et donc, c'est lui qui m'a vraiment appris ça. Ce que j'ai développé vers la suite, du coup, en passant le CAP, etc.
- Speaker #1
Super.
- Speaker #0
Les autres ? Je pense que c'est le voyage. J'ai eu la chance de beaucoup voyager. Et en fait, chaque pays va avoir une manière de manger différente, des saveurs, des épices, des modes de cuisson. Et oui, je pense que c'est ça, surtout.
- Speaker #1
Benjamin ?
- Speaker #2
Je crois que c'est grâce à mon métier d'avoir testé autant de restos, c'est autant de rencontres avec des chefs. Je crois que c'est ça que j'adore, c'est les histoires qu'ils m'en racontent. Du petit resto à l'étoilé, après j'ai des souvenirs impérissables, j'ai eu la chance de tester l'assiette champenoise à Reims. c'est fabuleux, c'est un voyage je me souviens je me disais je venais pour une heure, une heure et demie et à l'entrée le voiturier me dit il faudra prévoir trois heures c'est une dégustation qu'on vous a préparée et effectivement même ces trois heures on ne les voit pas passer et ça me fait des souvenirs c'est très bel
- Speaker #1
Tout le monde n'en parle. C'est trois étoiles. Il faut mettre de côté, là.
- Speaker #4
Ça s'organise dans tous les jours.
- Speaker #1
335 euros. A peu près. Sans les vins ?
- Speaker #2
Je ne sais plus. Je crois que c'est... Peut-être sans les vins. C'est un but. Mais ça les vaut.
- Speaker #1
335 euros avant l'inflation ?
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #2
Non, c'est exceptionnel. Je crois que tu rentres dans l'établissement, il y a tout qui se passe. Même le pain, le pomme.
- Speaker #1
Au Papa Noël, je lance une idée.
- Speaker #0
C'est exceptionnel. Il a le temps de le présenter.
- Speaker #1
Merci Benjamin. Manon ?
- Speaker #4
Je pense que ça venait de souvenirs en famille, de moments heureux. Dehors, de repas partagés, bon ou moins bon. De ce qui fait qu'on n'est pas seul, que les autres ont leur petite vie, les adultes quand on est enfant rigolent, se retrouvent, etc. Je pense que la cuisine c'est ça. Du coup c'est très profondément ancré. J'imagine que c'est passé par les odeurs d'abord. Et que le fait de cuisiner transformait quelque chose de... de physique, quoi. Et une manière d'aller plus loin.
- Speaker #1
Tu as grandi dans quelle région ?
- Speaker #4
Dans le 77, à Torsil.
- Speaker #1
Ah oui, donc de France.
- Speaker #4
Et de France.
- Speaker #1
Lucie ?
- Speaker #0
Ça y est.
- Speaker #1
Tu as dit ? Tout le monde a dit ? J'ai été happée. Moi, c'est mon papa, c'est Patrice, qui m'a donné envie. Je suis assez iconoclase sur plein de plans, parce que c'est ni ma grand-mère ni ma maman qui m'a donné envie de cuisiner, c'est mon papa, qui était un... qui est un très fin gourmet, qui m'a emmenée sur les marchés, dans les beaux restaurants, etc. Donc peut-être que je vais lui soumettre qu'on aille chez un allemand. Papa, tu m'offres ça pour Noël, s'il te plaît. Et en fait, c'est lui qui m'a, comment dire, construit cette culture du goût, aussi de la vérité du palais, des papilles. Et en fait, j'ai beaucoup aimé cuisiner très très vite. Et après, j'ai attendu 12 ans avant d'en faire mon métier. Merci papa. En fait, on se rend compte quand même qu'on est très influencés aussi par ceux qui nous entourent. J'ai une fille de 16 ans et j'ai envie de lui donner aussi ce même élan. Parenthèse fermée, je parle très peu de moi dans les podcasts en général. Autre question, quel est le plat de brasserie pour lequel vous êtes monomaniaque ?
- Speaker #4
Des très bonnes frites.
- Speaker #1
Ah ouais ? Ah ouais, bien sûr.
- Speaker #4
Très bonne sauce, bleu, poivre et des très bonnes frites.
- Speaker #1
Pas mal,
- Speaker #2
ça. Moi, entrecôte frite berlaise. Simple, classique.
- Speaker #1
Ou Catherine ?
- Speaker #3
Moi, j'ai dû changer parce que je suis récemment devenue végétarienne, donc c'est hyper compliqué. Avant, j'étais plus aussi sur l'entrecôte. Mais maintenant, c'est le poireau vinaigrette. Il y a l'œuf mayo, mais je ne suis pas très mayo. Et c'est un bon étalon, je trouve, de ce que peut être la qualité d'une brasse.
- Speaker #1
La cuisson,
- Speaker #3
la cuisson du poireau,
- Speaker #1
la cuisson de la vinaigrette aussi.
- Speaker #0
Je ne suis pas très fan de viande.
- Speaker #1
Mais tu as le droit, c'est pas à peine de dire ça. Non,
- Speaker #0
mais c'est pour amener. J'aime beaucoup boudin noir puré. Et je n'aime pas tant la viande que ça. Mais alors ça, c'est vrai que si je le vois sur une carte, je n'arrive pas à retirer mon oeil dessus. Je me dis, allez, quand même.
- Speaker #1
Très, très bon, ça, effectivement. Bien. Qu'est-ce qu'il y a toujours dans votre réfrigérateur ?
- Speaker #0
Du beurre. Beaucoup de beurre.
- Speaker #4
Un morceau de fromage.
- Speaker #1
Ouais, pas mal. Quel type de fromage ? Qu'est-ce que t'aimes comme fromage ?
- Speaker #4
J'aime tous les fromages.
- Speaker #1
D'accord, c'est bien le problème. Je sens dans ton regard que c'est un problème.
- Speaker #4
Je dirais comté, tomme de brebis, con coyote. C'est quand même le grand classique de ce qu'il y a dans le frigo.
- Speaker #1
D'accord, très bien.
- Speaker #2
Moi du comté aussi.
- Speaker #1
Quel affinage ?
- Speaker #2
18 ou 24 mois. Oui,
- Speaker #1
au moins.
- Speaker #2
Mais depuis que j'ai fait un pèlerinage dans le Jura, j'ai été converti au comté.
- Speaker #4
C'est dur de revenir. Le plus vieux possible, moi j'aurais tendance à dire.
- Speaker #1
J'ai goûté du 48, là, il n'y a pas longtemps, c'était... Christo de sel. Incroyable. Puissant. Puissant. Puissant. Et toi, Catherine ?
- Speaker #3
Je vais être originale du parmesan. Même délire. Mais c'est vrai que ça assaisonne. C'est plus pour le côté assaisonnement que le côté gourmand de manger un fromage. Je trouve que ça se...
- Speaker #1
Ça sale tout de suite. Oui, exactement. Si tu mets ça au-dessus d'un plat.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Quelle est la personne avec laquelle vous aimeriez dîner ? Publique. Personne publique. Mais ça peut être une personne morte aussi. Décédée,
- Speaker #0
c'est un peu brutal.
- Speaker #1
On imagine tout ce qu'on veut. Ça peut être quelqu'un du XIVe siècle.
- Speaker #0
J'ai écouté un podcast de José Garcia il n'y a pas longtemps et il m'a fait mourir de rire. Et je me suis dit qu'en fait, j'adorerais le rencontrer juste pour me marrer pendant tout un repas.
- Speaker #4
Garcia de Cône au dîner.
- Speaker #0
Ah ouais,
- Speaker #1
pas mal. Il fait du rosé, je ne sais pas ce que ça donne. Ok, d'accord.
- Speaker #0
Mais la bouteille est très belle. Je ne sais pas ce que tu en penses.
- Speaker #4
Alors que je n'ai pas goûté, je ne savais pas que...
- Speaker #3
Le rosé Garcia.
- Speaker #4
Le rosé Garcia.
- Speaker #1
Le rosé Garcia. C'est comme j'ai vu il n'y a pas longtemps, Éric Judor, d'Éric et Ramzy, il a sorti une gamme de rhum qui s'appelle le jus d'or des apostrophes. J'ai trouvé ça génial. Franchement, en termes de marketing C'est vachement bien
- Speaker #2
Ça marche, Augustin Trapenard
- Speaker #1
Ça marche très bien Il est encore en vie Il est le premier coeur de radio
- Speaker #2
Et de télé, tu sais, l'émission sur les livres Je l'ai rencontré à l'occasion d'une grande dictée au Grand Palais Sur le salon du livre Et je le trouve formidable
- Speaker #1
Allez, on l'invite Il y a deux personnes intéressantes À des niveaux différents
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut faire un grand dîner ?
- Speaker #2
Ça serait bien, oui.
- Speaker #0
Parce que je veux bien aussi.
- Speaker #3
Moi, ce serait Camille Cotin. J'adore cette personnalité. Moi aussi. J'adore. Je trouve qu'elle transmet quelque chose. Après, je pense que je m'identifie. C'est un grand mot. Mais c'est quelqu'un qui a un regard sur notre époque et sur la façon dont on la vit, dont on la voit, qui est hyper intéressant et très drôle.
- Speaker #1
C'est elle qui faisait Connasse.
- Speaker #3
C'est elle qui faisait Connasse. C'est elle qui faisait Dupontant. J'ai adoré.
- Speaker #1
On disait Connasse. C'est une belle Connasse.
- Speaker #3
Exactement.
- Speaker #4
J'hésite.
- Speaker #1
À vite les deux.
- Speaker #4
Je peux inviter tout le monde ?
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #4
J'adorerais pouvoir redîner avec ma grand-mère. Ça me ferait très plaisir de re-rencontrer ma grand-mère adulte, Germaine. Avec qui j'avais une très belle relation, que j'aime beaucoup et dont le souvenir est très heureux. Je serais très heureuse de pouvoir dîner avec elle pour quelque chose qui est réel. Ils sont tous les deux vivants et pourvu que ça dure le plus longtemps possible, je dirais Pascaline Lepeltier et Joseph Roca, qui sont pour moi les deux sommeliers et sommelières les plus inspirants aujourd'hui.
- Speaker #1
Tu as eu l'occasion de les rencontrer ?
- Speaker #4
De rencontrer Pascaline Lepeltier, brièvement, oui. Et Joseph Roca, pas encore.
- Speaker #1
Elle a été meilleure sommelière en quelle année ?
- Speaker #4
2018.
- Speaker #1
2018. Merci beaucoup. J'aimerais que vous me complétiez la phrase. Pour moi, cuisiner, c'est... Qu'est-ce que représente pour vous la cuisine ? On a parlé tout à l'heure de la jeunesse, la sensibilité, les vocations. Mais c'est quoi pour vous ? Partager.
- Speaker #0
Pour moi, c'est partager. Parce que c'est un peu ce qu'on dit depuis le début, c'est des grandes tablées, c'est que tout le monde puisse se retrouver ensemble pour discuter et manger un bon plat.
- Speaker #2
Je peux dire pareil, partagez.
- Speaker #1
Oui, tu vas développer parce que tu parles.
- Speaker #2
Oui, je trouve ça merveilleux, des personnes comme toi, des chefs comme ça, qui ont le goût de faire et qui voient juste le plaisir des autres. Je crois que ça, c'est la plus belle récompense que vous pouvez avoir. Nous, on est clients, consommateurs, on partage un moment avec vous, mais moi, je suis hyper fier de des gens comme toi, qui travaillent un peu au service des autres et qui se récompensent dans les attitudes, les petites réactions, les petits mots. Parce que les reconnaissances sont assez fugaces dans ton métier, mais il faut les prendre et c'est ça que j'aime, le partage.
- Speaker #1
En plus, moi, le fait de le faire à domicile, j'en ai beaucoup plus. Beaucoup plus souvent. Parce que le dialogue, il est direct, il est immédiat. Et non, c'est vrai qu'on cherche aussi beaucoup ça et quand on l'a, c'est magique.
- Speaker #4
Je dirais nourrir et se nourrir, mais nourrir au sens large, quoi.
- Speaker #1
Oui, spirituel, culturel.
- Speaker #4
D'une assiette où je me dis, j'ai bien mangé, quoi. Cette idée-là que ce n'est pas une idée. à la fois l'idée de nourrir, émotionnellement, intellectuellement, philosophiquement, mais aussi cette idée-là, quelqu'un a cuisiné pour me nourrir et je sors et je me dis, voilà, j'ai bien mangé. Et ce sentiment-là, je le trouve chouette.
- Speaker #3
Moi, ce serait un exutoire dans le sens où, vraiment, quand je vais pas bien, mais aussi quand je vais très bien, en fait, c'est une activité dans laquelle je...
- Speaker #1
Tu fais beaucoup de vidéos qui sont canons, d'ailleurs, sur ton Instagram. Non, mais c'est vrai, c'est vachement chouette ce que tu fais.
- Speaker #3
J'essaye de trouver des petites recettes et j'adore ça. Et vraiment, ça me fait passer quand ça ne va pas. Mais même quand ça va, ça prend du temps. C'est quelque chose de manuel. C'est quelque chose dans lequel on peut complètement se relâcher. En tout cas, c'est mon cas. Et du coup, effectivement, un exutoire qui amène justement aussi quelque chose d'hyper positif. Donc le partage, parce qu'effectivement, je ne cuisine pas pour moi toute seule. Parce que sinon, de toute façon, je ne sais pas faire des petites quantités. Mais voilà, donc exutoire et partage.
- Speaker #1
ensuite. Parce que de toute façon, qui aime cuisiner pour lui-même ?
- Speaker #0
Moi, j'y arrive pas.
- Speaker #4
Moi, j'aime bien. Oui, toute seule ? Ouais, non, ça s'apprend, mais je trouve que c'est un moment agréable de... Quand on a le temps et quand on peut le faire, je sais pas si on peut le faire tous les jours et à tous les repas, mais prendre le temps de se cuisiner quelque chose, même de simple, mais de le faire pour soi et en conscience, tu vas te dire ok, je vais me faire à manger. C'est hyper agréable.
- Speaker #1
C'est intéressant.
- Speaker #4
Je veux faire ce cadeau, quoi.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, le cadeau. C'est très philosophique aujourd'hui. Je ne regrette absolument pas de vous avoir invité. J'ai une petite question. C'est la première fois que je vais la poser. Elle est un peu compliquée. Parce que même moi, je ne saurais pas y répondre. Donc, on va y aller ensemble. Quelle est la plus belle leçon que tu as apprise grâce à la gastronomie ?
- Speaker #0
La patience.
- Speaker #1
Explique-moi.
- Speaker #0
La première fois que j'ai fait une brioche, vraiment, je ne vous la conseille pas. C'était horrible. Il n'y avait rien qu'elle aille trop...
- Speaker #1
Parce qu'elle n'avait pas poussé ?
- Speaker #0
Oui, elle n'avait pas poussé. C'était vraiment pas bon. C'était hyper dur. Et en fait, je pense que c'est la chose que je préfère cuisiner. La brioche qui sort du four, avec tout le monde qui la partage. J'adore la brioche pour ça. Mais c'est la chose que j'ai appris le plus. Et le côté patience de laisser pousser une brioche. patience, de bien comprendre tous les éléments, comment ils fonctionnent ensemble, etc.
- Speaker #1
Bien.
- Speaker #2
L'humilité. C'est vrai, je pense qu'à chaque fois, les gens partent d'une feuille blanche, même s'il y a des recettes qu'ils maîtrisent à la perfection. Peut-être que tu vis ça aussi. Il y a de recommencer à séduire, de refaire une recette. Puis il y a des facteurs. Je pense qu'il y a aussi ce côté imprévisible, que tu ne maîtrises pas les aléas. Donc, être humble, parce que chaque repas est différent, chaque prestation est différente. Donc, je vois ça comme ça.
- Speaker #1
Merci, très beau. Manon ?
- Speaker #4
Plein de choses de nouveau. J'ai l'impression qu'il faut faire le tri, sinon ça dure des heures. Le présent, je trouve que ça... Tu vois, quand tu manges un truc qui a été cuisiné par quelqu'un, qui se présente comme il est devant toi et qui te donne ça dans l'assiette qui te sert, il y a un truc qui te remet dans l'ici et maintenant, qui est un truc dont on s'échappe en permanence. En fait, on cavale, on fait plein de trucs, plus ou moins inconscients.
- Speaker #1
On s'ancre, tu veux dire qu'on s'ancre.
- Speaker #4
Et tu es là où tu es, avec les gens avec qui tu es, précisément à l'endroit où tu te trouves. avec cette bouchée-là. Et je trouve que quand la cuisine ou le vin permet ça, c'est un moment extraordinaire.
- Speaker #1
C'est quoi la région de vin que tu aimes le plus ?
- Speaker #4
Je suis très attachée au Jura, mais je ne sais pas si j'ai une région préférée. Ça dépend beaucoup des moments, des personnes, de la saison, de ton humeur. Il y a des fois où, en fonction de la manière dont tu te sens, de ce que tu traverses, tu vas avoir besoin d'un vin dont la qualité, le toucher est différent, par exemple. Donc je dirais que ça dépend beaucoup, mais oui, j'ai un attachement particulier au Jura. En général.
- Speaker #1
La leçon que tout le monde a répondu à la leçon ?
- Speaker #3
Non ? Moi, non. Moi, c'est la curiosité. Parce qu'en fait, j'étais la plus grosse connasse du monde quand j'étais cliente de restaurant, quand je ne travaillais pas. Et j'ai découvert l'envers du décor. Et là, je me suis dit, en fait, quand tu vas te plaindre d'un petit truc qui ne va pas, essaye d'aller chercher un tout petit peu plus loin, de savoir ce qui s'est passé avant qu'on t'amène l'assiette et avant que... essaie de comprendre le décor, essaie de comprendre ce qui s'est passé tout simplement et de te mettre à la place de quelqu'un qui a travaillé. Toi, tu es là pour ton plaisir. Mais lui, ça fait plusieurs heures qu'il est là. Exactement, dans le chaud, dans le froid, à pleurer, à tout ça. Et donc, va voir un peu plus loin. Et je pense que ça, c'est un enseignement parce que la connasse qui trouve que c'est trop salé, trop sucré, trop machin, trop ça. Et en fait... Voilà, juste d'un de suite aller voir le client et lui dire, mais en fait, expliquez-moi et puis moi, je vais vous raconter comment ça s'est passé pour nous. Et puis, on va trouver un terrain d'entente et puis c'est pas grave. Voilà.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour cette première question. Première fois, belle réponse. Dernière question. Comment définissez-vous la passion ?
- Speaker #3
La passion, c'est ce pourquoi tu te lèves le matin. C'est-à-dire que tu te lèves et tu as envie de te lever et tu as envie d'y aller. Et je pense que c'est ça qui... Moi, j'ai la chance de faire quelque chose que j'aime beaucoup.
- Speaker #1
Je pense que c'est le point commun de tous mes habités. Oui,
- Speaker #0
absolument.
- Speaker #3
C'est ce qui te donne envie d'y aller le matin et de te lever tôt, même si tu es fatiguée. Monsieur Benjamin.
- Speaker #2
La passion, c'est quelque chose pour moi d'assez dévorant. Je me sens en vie, j'ai la chance comme vous, de faire plein de choses différentes, qui me motivent, juste quand le réveil sonne, de me dire je vais avoir une belle journée, je vais avoir une belle semaine, je vais partager plein de choses différentes, avec ces travers, parce que la passion, il y a des fois aussi un excès. C'est souffrant. Je le vis aussi ça, maîtriser, se canaliser, mais c'est quelque chose de... Quand t'es animé, quand t'as la flamme, Tu sais pourquoi tu es là.
- Speaker #1
Merci Benjamin. Lucie ?
- Speaker #0
J'ai envie de dire un peu oublier ses peurs, un peu comme ce que tu disais sur la vie, sur le pourquoi on se lève le matin. En fait, la passion, ça permet de balayer toutes les choses sur lesquelles on n'est pas sûr et se dire de toute façon, j'aime ce que je fais, j'aime pourquoi je le fais, j'ai un truc dévorant qui me pousse à y aller et ce n'est pas grave, j'ai peur.
- Speaker #1
Donc un rempart contre l'insécurité. Oui. C'est joli.
- Speaker #0
C'est toi qui l'as dit.
- Speaker #1
Oui, mais c'est toi qui l'as dit. Je garde.
- Speaker #2
Je dirais, la première chose à laquelle j'ai pensé, c'est un mouvement, mais pas forcément ultra rapide, parce que je pense que ça autorise aussi parfois à être très contemplatif et très heureux d'un mouvement hyper lent. J'ai ce rapport-là au cinéma aussi. Du coup, c'est un truc qui permet de ne plus jamais se sentir seule. Pas que la solitude soit nécessairement une chose triste, mais voilà. qui t'accompagne quoi, quoi qu'il arrive quoi qu'il se passe et en dépit de toutes les circonstances c'est quelque chose qui est ton petit bonheur quoi et qui te suit,
- Speaker #1
j'adore Très très beau, je vais être obligée de conclure
- Speaker #0
Oh
- Speaker #1
Alors depuis bientôt 3 ans j'aime plus que tout faire rayonner les artisans les créateurs et les entrepreneurs passionnés cette conversation polyphonique a fait vibrer beaucoup de cordes en moi et je pense également à l'intérieur de toute mon audience une marmite de belles valeurs, une cocotte de conseils avisés de très belles histoires émouvantes à écouter. Merci à mes quatre invités. Merci Benjamin. Merci Virginie. Merci Catherine. Merci. Merci Lucie. Merci. Merci Manon. Et merci. Ne cessons jamais d'être curieux, créatifs, ouverts, émerveillés et inspirés. Et à très vite pour de nouvelles rencontres savoureuses. Ça y est, notre rencontre prend fin. J'espère que l'inspiration et l'immersion dans l'univers de tous mes invités vous ont mis dos à la bouche. La conversation vous a plu ? Les confidences vous ont émus ? Merci de laisser un avis et vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes et pour le propulser encore plus loin. N'oubliez pas de faire un petit tour sur mon site internet communique-passion.fr et de vous abonner à ma newsletter. A très vite pour de nouvelles aventures gastronomiques !