- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Percher, le podcast qui vous emmène en montagne. Vous aimez randonner, parcourir les sentiers à travers les montagnes, chercher le meilleur point de vue ou atteindre le sommet le plus haut ? Vous suivez les balisages, sélectionnez les randos sur votre topo guide et profitez pleinement de la nature ? Mais est-ce que vous vous êtes déjà demandé comment sont créés ces itinéraires de randonnée que vous appréciez tant ? Dans cet épisode, on va découvrir tous les secrets sur la création des sentiers de randonnée, des chemins vélos, des refuges, pour répondre à toutes vos questions. nous accueillons Julien, spécialiste des activités de pleine nature à la communauté de communes Pyrénées-Catalanes. Il a grandi aux Angles, il connaît parfaitement chaque recoin de la montagne. Julien, bonjour. Bonjour. Alors, est-ce que tu peux nous expliquer le processus de création d'un nouveau sentier de randonnée ou de vélo en montagne ?
- Speaker #1
Il faut savoir que nous, toute notre offre de randonnée, on a quand même 80 circuits de randonnée sur la communauté de communes. Et pour la plupart, c'est de très vieux sentiers. on a hérité des communes. Alors des fois, chaque commune faisait un peu dans son coin sa petite randonnée en fonction du patrimoine ou en fonction de plein de choses. Et après, nous, on les a récupérées un peu telles quelles. Donc des créations, on en fait peu, parce qu'il y en a déjà beaucoup. Mais après, souvent l'histoire de ces sentiers, c'est ça. C'est souvent de vieux chemins ancestraux. Ils sont bordés de pierres. C'est ce qui est intéressant aussi dans ce travail. C'est des fois d'exhumer de vieux sentiers qui ont été abandonnés. pour les faire revivre.
- Speaker #0
En fait, c'est vraiment un vrai patrimoine, les sentiers de randonnée.
- Speaker #1
Oui, c'est des sentiers qu'on retrouve sur le cadastre et qui, des fois, n'apparaissent plus du tout dans la réalité parce qu'avec la voiture, avec les nouveaux modes de déplacement, c'est plus utilité. Donc, le jeu, c'est de les retrouver et de les faire revivre.
- Speaker #0
Quand tu parles du cadastre, qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #1
Le cadastre, c'est ce qui répertorie les parcelles, le découpage des propriétés sur le territoire. et qui donne les indications sur le propriétaire. Des fois, on se rend compte que des sentiers qu'on a l'habitude d'utiliser, ils passent chez des gens qui eux-mêmes des fois ne le savent pas, puisque ça a été hérité de père, des cousins, ça a été divisé, on ne sait plus à qui ça appartient. Des fois, c'est un peu compliqué de retrouver le propriétaire. Mais le cadastre nous aide à ça. Et c'est un peu comme ça qu'on choisit des fois les chemins.
- Speaker #0
Et comment ça se passe ? Par exemple, quelqu'un va se promener ? Il va dire, oh là, ça ressemble à un sentier, on pourrait en faire un sentier officiel de randonnée balisée ?
- Speaker #1
Oui, des fois, c'est comme ça. Des fois, c'est en se baladant sur le cadastre, on retrouve, c'est bizarre, il y a quelque chose qui est tracé, alors que le sentier, il passe à côté. Et ce qu'il faut savoir, c'est que s'il est sur le cadastre, au moins, il est dans le domaine public. Nous, ça nous facilite quand même beaucoup la tâche. Ça évite de passer des conventions avec les propriétaires, de demander des droits d'accès, qu'on peut ouvrir.
- Speaker #0
Tu parles de choisir un petit peu ces chemins qu'on peut ouvrir, hormis le fait que ça passe chez un propriétaire, un domaine public ou privé. Est-ce qu'il y a d'autres critères qui vous font choisir une randonnée ou qui vous font dire, celle-là, on a envie de la remettre un peu plus en avant, même si elle existe il y a longtemps, on a envie de la moderniser ou d'apporter des changements ?
- Speaker #1
Oui, il y a plein de choses. C'est le patrimoine. Le patrimoine, des fois, ça va être une tour, ça va être un vieux pont, ça va être quelque chose qui est important de sauvegarder. ça peut être un point de vue aussi, un endroit qui est sympa, qui est agréable. Voilà, c'est tout ça. On se met toujours à la place du randonneur, comme moi-même. Donc voilà, c'est comme ça qu'on se fait vivre.
- Speaker #0
On fait voir aux gens ce qu'on a envie de voir.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
c'est ça. Et au niveau de… Donc tu me parles de sélectionner des points de vue, du patrimoine. Au niveau de la faune, de la flore et de la biodiversité de ces sentiers, est-ce que des fois, vous vous posez la question, peut-être qu'il ne faut pas le faire parce qu'il y a telle espèce, ou peut-être justement qu'il faut le faire pour mettre en avant telle fleur ou tel arbre, comment ça se passe ?
- Speaker #1
De toute façon, on ne prend jamais les décisions tout seul. Nous, on a la compétence en données, si on peut dire, mais il y a d'autres acteurs sur le territoire, il y a les éleveurs, il y a l'ONF pour la partie forêt, il y a le parc naturel, tout ce qui est biodiversité et tout ça. Donc, de toute façon, les décisions sont toujours prises à plusieurs et des fois, ça nous amène même à modifier des chemins parce qu'il y a une zone humide, comme on a fait par exemple sur les angles, sur le sentier de Rocateil. Donc entre Balserre et le catége de Fongrosse. Il y avait un sentier qui passait dans une zone humide. Une passerelle avait été faite il y a très longtemps, un peu briquée de broc, mais il y avait toujours de l'eau. Et donc plutôt que de refaire des travaux sur place, on a préféré dévier tout simplement le sentier pour le rendre plus accessible et justement protéger cette zone humide. Oui, bien sûr, c'est très important. Et après, pour le mettre en valeur, on a aussi des sentiers thématiques. On a un sentier sur les oiseaux, côté Puy-Valador. On a un sentier sur les arbres. dans le conflans sur Plan S, bien sûr c'est primordial pour nous.
- Speaker #0
Et donc tous ces sentiers sont existants, ils ont plein de petites pépites, on peut voir vraiment plein de choses pendant ces randonnées, mais comment est-ce que ces sentiers sont entretenus ? Parce que j'imagine que des fois quand il y a un point de vue à voir, tout le monde veut y aller. Ça fait du monde sur le passage. Comment est-ce que vous entretenez ces sentiers ? Comment vous savez qu'il faut peut-être entretenir ces sentiers ? Parce qu'il y en a, vous me disiez, 80, voire plus. Ici, elles vont être plus. Comment ça se passe ?
- Speaker #1
C'est 80 sentiers et presque 1 000 kilomètres de sentiers. Sur les 19 communes, pas trop de gens. Il y a plein de choses que tu me demandes. Donc, comment on sait ? Il y a des entretiens qui sont faits chaque année. Je pense aux débroussaillages, par exemple. Il y a des sentiers qui ont besoin d'être débroussaillés une à deux fois dans l'été. justement pour les maintenir s'ils ne sont pas trop utilisés ou si l'herbe pousse vite. Donc il y a toute cette campagne de débroussaillage là. Après, il y a toute la signalétique. Donc c'est les petits panneaux jaunes et la peinture jaune sur les arbres, ça c'est nous. Et après, comment on le sait ? C'est les randonneurs. Souvent, on a des remontées d'informations, soit via la communauté de communes, via le numéro de téléphone de la communauté de communes. Il y a des offices du tourisme aussi, on travaille beaucoup avec des offices du tourisme. Après, il y a une application aussi qui s'appelle Suricate, que vous pouvez flasher sur les topos de guide de randonnée. Ça vous permet de géolocaliser s'il y a un arbre en travers, s'il y a un panneau qui manque. Et nous, après, ça nous revient et on peut intervenir. Après, sinon, on a des agents qui patrouillent. C'est plutôt quand ils interviennent, ils en profitent pour patrouiller en même temps, parce qu'on ne peut pas se permettre de faire que patrouiller. Ce serait sympa.
- Speaker #0
Ce serait sympa.
- Speaker #1
Ce serait sympa. On aurait beaucoup de candidatures, je pense. Mais non, quand on intervient, on en profite pour checker le balisage et l'entretien général du chantier.
- Speaker #0
Donc moi, en tant que randonneuse, si je me rends compte qu'il y a un arbre qui est tombé au milieu de la route, j'ai l'option soit d'appeler la commune Pyrénées-Catalane. soit d'aller sur l'application Suricate.
- Speaker #1
Ou alors, aller à l'office du tourisme au point info des angles.
- Speaker #0
Et toi, du coup, on te signale, il y a des choses un peu particulières qu'on t'a déjà signalées. Tu parlais d'arbres tombés en travers du chemin. Qu'est-ce qui arrive régulièrement ?
- Speaker #1
Souvent, c'est ça. Après, on fait aussi des passerelles au-dessus des ruisseaux ou des passages de clôture aussi. Évidemment, avec les éleveurs. C'est ça qui parfois est abîmé. Donc, le gros d'entretien, c'est ça. Ça va être du balisage aussi. Des fois, il y a des dégradations. volontaire, faut pas se le cacher. Mais voilà après nous on essaye vraiment de partager au maximum les espaces entre toutes les pratiques. La montagne c'est quand même un domaine de multi activités. Il y a le tourisme évidemment donc la rando, le VTT. On essaye de ne pas mettre les gens sur les mêmes sentiers en fonction des pratiques. Et puis après il y a l'élevage, on essaye de lier un peu ces missions.
- Speaker #0
Oui de répondre à tout le monde et d'essayer que la montagne soit un lieu pour vivre avec tout le monde parce que comme tu me disais il y a... le randonneur, le vélo, le cheval aussi. Donc voilà, les sentiers que vous faites, ce n'est pas que pour les piétons, même si c'est un sentier uniquement pour les piétons.
- Speaker #1
Après, c'est vraiment le VTT, on essaie de le garder sur des sentiers spécifiques, ou sur des sentiers étroits, parce que c'est quand même deux pratiques qui ne vont pas vraiment ensemble, il y a une partie rapide, une partie lente, voilà, tout simplement. Donc voilà, on essaie de les séparer. Oui, je pense qu'il y a de la place pour tout le monde.
- Speaker #0
Normalement, oui, en montagne. Sur 1000 km de sentiers, ça devrait aller.
- Speaker #1
1000 km, c'est juste pour la rando. Il y a 700 km aussi pour le VTT.
- Speaker #0
Ah oui, donc 1000 plus 700. 1000 plus 700.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
1000 km pour s'amuser, quoi. Voilà. Et quand on est en randonneur, des fois, j'imagine qu'on peut s'arrêter à des refuges gardés. Ah ouais. C'est vous aussi qui vous en occupez. Est-ce que tu peux m'en parler ?
- Speaker #1
Sur les 19 communes, je crois qu'on a une quinzaine de refuges non gardés. Donc, c'est des cabanes, en fait, qui sont ouvertes à tous. La porte est ouverte. Nous, on s'occupe de l'entretien général. Il y a un poêle à bois à l'intérieur et on fait l'approvisionnement en bois à l'automne. Pour que les gens qui veulent l'utiliser pendant l'hiver aient du bois sur place. Ces cabanes, elles ont plusieurs origines. Souvent, elles appartenaient à l'ONF ou alors c'est d'anciennes cabanes de bergers. Ça fait aussi partie du patrimoine qu'on essaie de sauvegarder. Et là, par exemple, sur les angles, on est en train de refaire le refuge de la Balmette. qui est au carrefour entre le lac de la Balmette, celui des Bouillouses et celui des Campo Reis. C'est un endroit qui est très fréquenté. Et cette cabane, elle était laissée à l'abandon. Et donc, on a tout refait à l'intérieur. On a refait les baflants, on a remis un poêle à bois, on a enlevé la cheminée qui fumait trop.
- Speaker #0
C'est quand même le luxe !
- Speaker #1
Oui, c'est très apprécié. On met un livre d'or dedans et les gens mettent un petit mot. Et c'est très apprécié. Sur les angles, il y a aussi le refuge qui est un peu caché de la Jasse de Calvé, entre le lac de Calvé et le lac de Matomac. C'est un tout petit refuge, une petite cabane en pierre, très très jolie. avec juste deux baflants, un poêle à bois, une table, juste de quoi passer la nuit. Enfin voilà, c'est vraiment un joli spot.
- Speaker #0
Il y a plein de nature aux étoiles.
- Speaker #1
C'est l'initiative de faire un petit feu de camp dehors. J'en profite pour préciser de bien respecter les places à feu, éviter de provoquer des incendies après. Donc ça aussi, c'est nous qui les gérons, les places à feu du départ. Voilà, tout est aménagé, on va passer des bons moments.
- Speaker #0
Et tu me parlais donc de ces petites cabanes de bergers, mais aussi de la place des éleveurs sur les sentiers de randonnée et en montagne. Quand on se promène l'été, souvent on croise des troupeaux. Comment est-ce que ça fonctionne en termes de cheminement ? Est-ce que vous, vous prenez en compte le fait, j'imagine que oui, qu'il y ait des troupeaux sur le chemin ? Quels sont vos moyens de prévention ?
- Speaker #1
Pour éviter, parce que souvent, il y a des passages couture qu'il faut ouvrir et refermer, et souvent, elles ne sont pas refermées. Ça pose des problèmes pour les éleveurs. Ce qu'on met en place, c'est des petits passages, un peu comme les passages canadiens, les passages à vaches, mais on les fait en bois, pour permettre le passage des piétons et des cyclistes. Des fois, c'est renforcé avec une petite canne. avec un retour automatique, vous avez pu croiser des cannes noires et jaunes. Donc ça, ça s'ouvre et puis ça se referme tout seul et ça permet de garder le troupeau dans l'enclos qui est aidé par l'éleveur. Donc vraiment,
- Speaker #0
tout le monde vit ensemble. Et tu as dû peut-être observer, depuis que tu travailles aux activités de pleine nature, un changement dans la façon dont les gens utilisent les sentiers de randonnée. Est-ce qu'ils sont plus en se disant je prépare vraiment ma rando, je suis le balisage Ou plutôt sur le feeling en disant Ah, ça a l'air sympa, je vais aller par là-bas.
- Speaker #1
C'est souvent la deuxième option. Ce qu'on remarque, c'est que les gens aiment avoir de petites balades et ils aiment bien avoir quelque chose en plus. Je parlais de sentiers thématiques tout à l'heure. C'est quelque chose qui plaît beaucoup, ça rend la balade un peu plus calente, un peu plus sympa. Si on a des enfants, ça permet de les intéresser un peu plus. Après, on a toujours des grands randonneurs, si je peux dire, qui vont faire la balade, qui vont partir à la journée. Ceux-là, en général, ils sont préparés, ils ont tout ce qu'il faut dans le sac, ils ont les bonnes chaussures, ils ont... Ce qu'on remarque aussi, c'est évidemment la multiplication des applications de randonnée. Et ça, c'est un problème parce que, comme je disais tout à l'heure, tous les sentiers qu'on entretient, ils sont sécurisés. On a le droit d'y passer, on a des conventions. Alors que n'importe qui partage une trace, la trace de sa balade, peut-être qu'il est passé chez quelqu'un sans le savoir. Peut-être qu'il est passé à une zone protégée, il ne le sait pas, voilà. Et donc, ce qui est important, c'est de faire savoir bien les sentiers qui sont officiels. Il n'y a pas de problème, ils sont balisés. En plus, vous ne vous perdrez pas, le balisage est au top.
- Speaker #0
Tu me parles des applications, donc de toutes ces nouvelles technologies et ces moyens de randonnée. Quelle place ça a pris aujourd'hui, vous, sur les randonnées ? Dans le sens, aujourd'hui, on va suivre plutôt une carte avec un topo guide ou est-ce qu'on va plutôt être sur l'application du téléphone pour suivre ces randos ?
- Speaker #1
On a les deux. On a un topo guide qui est en vente avec une carte. Et on continue à le vendre, à le rééditer chaque année parce que les gens aiment avoir un support. Ça fait aussi un souvenir quand ils rentrent chez eux. Ça permet de se remettre des images aussi quand on se raconte les vacances. Et après, de l'autre côté, on a aussi évidemment les applications. On a toutes les traces GPX et tout le topo guide en téléchargement gratuit sur le site Internet. Donc, on a vraiment les deux qui cohabitent.
- Speaker #0
Ça peut convenir à tout le monde, tout le monde y accueille. Et enfin, pour finir, est-ce que tu peux nous parler de ton sentier de randonnée préféré aux angles et pourquoi ? Le choix est dur !
- Speaker #1
Oui, le choix est dur parce qu'il y a des points de vue, parce qu'il y a des zones très sympas. J'aime beaucoup le sentier des Iglésiettes, parce que c'est très joli, c'est bucolique, c'est très ouvert, pas du tout encaissé dans la montagne. Il y a le petit ruisseau qui passe, c'est vraiment très joli. Et puis après, en remontant vers l'étang de la Balmette, qui est très joli, ça permettra de passer au refus qui est refait. Ça vous amène après tout en haut du Roque d'Aude, sur le Mont-Héaré, avec les points de vue sur les Bouillouses, sur le Carlit, sur toutes les montagnes alentours. C'est vraiment un très très joli point.
- Speaker #0
Bon bah super, merci Julien pour toutes tes infos. Et puis on a hâte d'aller randonner sur les sentiers. Merci d'avoir rejoint Perchés pour ce périple en altitude. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser une note, un commentaire ou à nous le dire sur les réseaux sociaux des Angles, le village de station. A la prochaine pour une nouvelle association éditive.